
ART - Venise vaut bien deux expositions. Les musées Jacquemart-André et Maillol proposent à partir de septembre une plongée dans la lagune par le prisme d'une des formes les plus célébrées de la tradition vénitienne, la "veduta", peinture détaillée d'un paysage urbain importée de l'école flamande en Italie. Les "vedute" offrent une ode à la cité lacustre, entre reproduction des ponts, canaux et gondoles, ainsi qu'un art des peintures, vues pittoresque et minutieuses symbolisées à la fois par Antonio Canal, dit Canaletto (1697-1768) et par Francesco Guardi (1712-1793), son compatriote du XVIIIe siècle dont on fête le tricentenaire.
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Le Musée Jacquemart-André présente à partir du vendredi 14 septembre une exposition consacrée aux "deux maîtres de Venise" qui incarnent deux grandes tendances de l'art des "vedute". Canaletto soutient une approche scientifique de la perspective et un sens du détail poussé quand Guardi préfère plonger Venise dans une ambiance onirique parfois fantasmée. Plus d'une cinquantaine de chefs-d'œuvre des deux peintres accompagnés par d'autres spécialistes du courant comme Gaspar van Wittel ou Bernardo Bellotto rendent gloire à la ville et sa lagune.
Dans un jeu scénographique et didactique - les œuvres des deux artistes sont parfois face-à-face ou côte à côte - l’exposition amène à apprécier les deux styles. De la rigueur et de l'approche savante de Canaletto, on passe à l'émotion et la chaleur recherchées par Guardi.
Canaletto en solo
De son côté, le musée Maillol propose une exposition consacrée uniquement à Canaletto. Cinquante peintures du maître vénitien, surtout des grands formats, et un Carnet de croquis exceptionnellement prêté par la Ville de Venise, doivent permettre de mieux comprendre l’évolution de son œuvre et rendre aussi hommage aux lieux, îles, places et monuments que le peintre aura chéris.
Des fêtes fastueuses et légendaires - la Régate sur le Grand Canal est au musée Jacquemart-André -, des places et canaux aux campi, les tableaux font revivre la Sérénissime, faisant de Venise un véritable objet poétique, mythique et théâtral, de la place Saint-Marc à ses mystérieuses ruelles. Les lignes délicates des architectures, les couleurs subtiles des ciels et de l’eau jaillissent grâce à une technique infaillible et l'utilisation notamment de la "camera obscura", considérée comme l'ancêtre de l'appareil photographique, pour donner force et expression à leurs chefs-d'œuvre.
Venise éternelle
Alors que les visiteurs de Maillol pourront apprécier l'efficacité de la chambre optique grâce à une reconstitution de l'outil utilisé par Canaletto, ils auront aussi l'occasion de se remémorer Venise de différentes manières. Dans les Inrockuptibles, la journaliste Diane Lisarelli revenait sur la beauté de cette "ville d'art hors du temps où chaque ruelle cache cent trésors" et de sa célèbre plage du Lido qui "protège la cité éternelle de la colère de la mer, il est le rempart naturel d’une ville inventée, créée ex nihilo grâce à l’effort et au génie des hommes."
D'autres surprises, comme les "caprices", une facette moins connue de la production des "védutistes", sont aussi exposées. Dans ces tableaux si particuliers, au milieu de ruines gagnées par la végétation, on reconnaît à travers des paysages fantaisistes de véritables éléments d’architecture classique. La réalité vénitienne y est décomposée puis recomposée dans des vues imaginaires et poétiques.
Découvrez dans le diaporama ci-dessous quelques uns des tableaux exposés au musée Jacquemart-André: