Grandes peurs et petits espoirs
Ah ! la Renaissance ! Flamboyant renouveau des arts et des lettres, redécouverte éclairée de la littérature et de la philosophie antique, spectaculaire diffusion des connaissances dans une Europe enfin arrachée au sépulcre où un affreux Moyen Âge l’avait ensevelie. Peut-être… Sauf que c’est aussi le moment où le continent se retrouve submergé par une vague d’angoisse d’une virulence inédite dans son histoire, une frousse viscérale de l’imminence de la fin des temps, qui va laisser chacun fragile et ébranlé par les prédictions les plus enflammées. Cette fascination redoublée pour l’Apocalypse trouve ses racines dans une conjonction d’événements fort troublants pour le bon chrétien de l’époque, qui finit par ne plus savoir à quels saints ou prédicateurs se vouer.
INONDATIONS, PESTE, SYPHILIS, AVANCÉE OTTOMANE... L’EUROPE EST SUBMERGÉE PAR L’ANGOISSE
En ce début de XVI siècle, la progression apparemment inexorable de l’Empire ottoman, depuis la chute de Constantinople en mai 1453, ne cesse de tourmenter les populations. Après siècle, qui ravagent villes et campagnes d’Europe en poussées régulières tous les cinq à douze ans. Les « flèches empoisonnées de Cupidon » s’abattent ainsi sur le pauvre peuple déjà harcelé par la « mort noire ». Non, décidément, le monde ne tourne plus rond. Ou plus précisément, maintenant c’est la Terre et les autres planètes qui tournent autour du Soleil comme l’affirme dès 1530 un certain Nicolas Copernic. Une nouvelle hiérarchie des corps célestes qui conduira même en octobre 1582 à un abandon du bon vieux calendrier julien pour un autre imposé par le pape Grégoire III.
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