Tout ce que tu voudras
Après la mort de sa grand-mère, Juliette, qui venait de fêter ses 40 ans, décida d’écrire son journal intime. Elle voulait coucher sur le papier les affres de ce deuil qui lui mettait le cœur en miettes. Jeanne, âgée de 90 ans, s’était endormie un soir comme les autres et ne s’était plus jamais réveillée. Au moins avait-elle vu les prémices du printemps, cette saison qu’elle affectionnait particulièrement. Chaque année, c’était l’occasion de se rappeler le fameux printemps où elle avait rencontré Gustave, son cher amour ! Il lui avait fait six enfants et elle ne s’était jamais vraiment remise de son décès trente ans plus tôt.
La vieille dame reposait désormais auprès de son amour dans le vieux cimetière de son minuscule village, à quelques kilomètres de Saint-Cyprien, en Languedoc-Roussillon.
La famille l’y avait accompagnée, la veille, sous un soleil éblouissant pour la saison, et le curé avait dû hausser le ton pour passer au-dessus du chant des oiseaux qui semblaient s’être donné rendez-vous, ce matin-là, pour rendre un dernier hommage à celle qui les nourrissait en hiver et les soignait quand ils étaient blessés.
La famille ignorait encore ce qu’il adviendrait de la maison. Mais Juliette refusait catégoriquement de la voir partir entre les mains d’étrangers. C’était une grande bâtisse avec un joli parc d’un hectare où il faisait bon se retrouver pour les vacances, chaque été. Juliette et sa mère avaient décidé d’y demeurer quelques jours, le temps de mettre un peu d’ordre dans les affaires de la défunte. La jeune femme poussa la porte de la mansarde qui lui servait de chambre quand elle séjournait chez sa grand-mère.
De cette chambre, située au deuxième étage, contre le grenier, elle pouvait voir le parc par une petite lucarne, ainsi que le clocher de Saint-Cyprien et quelques fermes des alentours. Le papier peint fleuri datait d’un peu avant sa naissance, tout comme le couvre-lit de dentelle qu’elle avait toujours connu sur ce lit métallique qui grinçait au moindre mouvement.
D’un pas vacillant, les larmes aux
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