De la poussière dans les yeux
Une légère secousse me tire de mon sommeil. Je me suis endormi, la tête posée sur l’avant-bras et, un peu déboussolé, il me faut quelques secondes pour me rappeler où je me trouve et qui est l’homme qui vient de me réveiller. La mémoire me revient rapidement. Je suis à Nouadhibou, pointe Est de la Mauritanie. Et ce grand gaillard moustachu à la peau caramel et aux cheveux noirs, c’est Brahim, le militaire que j’ai rencontré tout à l’heure en entrant dans ce restaurant.
– Le train arrive, m’annonce celui-ci en tendant un doigt vers l’extérieur du bâtiment.
Des cris me parviennent et je distingue en effet par l’ouverture illuminée de soleil des silhouettes s’agiter à contre-jour.
Il y a quelques heures maintenant que j’ai franchi le seuil de ce restaurant typique pour un Mauritanien, mais parfaitement atypique pour un Occidental tel que moi. Une construction sommaire faite de toiles tendues et de planches récupérées, à l’enseigne abrasée par le sable, dressée au milieu du désert comme un mirage. La femme qui m’a accueilli a bien tenté de nouer le dialogue, mais s’est heurtée à la barrière de la langue. Tandis qu’elle essayait de me faire comprendre quelque chose à grand renfort de gestes, une voix masculine est venue à notre rescousse. – Asseoir toi, a dit l’homme en uniforme assis sur ma droite. Elle va apporter du thé à toi.
D’un geste de la main, il m’a invité à sa table.
Malgré un accent arabe prononcé, son français était plutôt bon et j’étais ravi de pouvoir converser dans ma langue natale.
– Vous parlez français ? ai-je demandé en prenant place.
– Un petit, m’a-t-il répondu en faisant le geste universel avec son pouce et son index pour indiquer une petite quantité. J’ai appris à l’école et, après, tout seul.
Il a souri à son tour, fier de lui, et je l’ai félicité d’un mouvement de tête. Il se débrouillait bien et ses petites erreurs rendaient le dialogue
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