Sam, le prisonnier des songes
Par Bulent Alagun
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À propos de ce livre électronique
Lorsque l'être inconscient, qui sommeille en chacun d'entre nous, a décidé de se réveiller et de prendre le dessus, le résultat peut être extraordinaire mais tout aussi dévastateur. Tantôt confronté à un tueur en série, tantôt mêlé aux élections en cours, Samuel Penton devra faire face, aidé par son esprit hors du commun. Ce livre décrit l'expérience douloureuse qu'il a vécue, prisonnier de son esprit, Samuel va lutter pour conserver la pleine conscience de ses actes.
Bulent Alagun
Bulent Alagun est né en Turquie. Sa famille émigre en France alors qu'il n'a qu'un an. Il suivra des études scientifiques, en parallèle, passionné par la littérature et le cinéma, il écrit quelques nouvelles, notamment dans le domaine de la science-fiction.
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Avis sur Sam, le prisonnier des songes
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Aperçu du livre
Sam, le prisonnier des songes - Bulent Alagun
Mercredi 8 février - Ma vie
L'histoire que je vais vous compter est celle d'un prisonnier, enfermé derrière les barreaux de son propre imaginaire. Je suis ce prisonnier. Je m'appelle Samuel Penton, mais tout le monde me surnomme Sam. J'ai trente-sept ans, je vis à Clefercity depuis plus de trente ans, je suis célibataire. Je travaille dans l'informatique, plus précisément dans le domaine des logiciels de comptabilité. Autant vous dire tout de suite qu'il n'y a pas de travail plus ennuyeux que le mien sur cette planète. En effet, il consiste à développer des modules pour nos progiciels de comptabilité. Je suis dans un groupe international employant près de trente mille salariés.
Toujours le même paysage au travers de la vitre sale du train. La dame en face de moi tricote un pull, il me semble du moins qu'il s'agit d'un pull. Le train s'arrête dans la ville de Trillian, il y a généralement beaucoup de passagers qui montent à cette gare. La dame en face de moi vient de descendre, c'est dommage, j'étais amusé par le mouvement rapide et ordonné de ses aiguilles à tricoter. Il fait gris ce matin, comme c'est souvent le cas dans cette région. Le train s'arrête maintenant à nouveau, j'observe le désordre créé par les personnes qui montent qui croisent celles qui descendent, se bousculant les unes les autres, certaines pressées de trouver une place assise, d'autres ne sachant où se diriger. Je ne peux m'empêcher de regarder le visage de toutes ces personnes; j'ai toujours été intrigué par l'expression des visages. Parfois facile à lire, parfois d'un vide abyssal, ne traduisant aucun sentiment. C'est ce regard vide qui est le plus souvent affiché dans le train. Que peuvent penser ces personnes? J'aimerais pouvoir lire en eux, au plus profond de leur esprit, découvrir leur vie, leurs espoirs, leurs craintes, leurs joies, leurs déceptions. C'est comme découvrir un trésor, caché en chacun d'entre nous, un coffre s'ouvrant à tout un monde de sentiments et de pensées. Le train traverse maintenant la ville de Varmesie, ville magnifique avec son musée des arts modernes. Le trajet est usant. J'arrive bientôt à destination, je vais me replonger dans mes lignes de code. Quel ennui!
Toujours le même paysage, toujours les mêmes maisons, les mêmes arbres, les mêmes arrêts, seuls les passagers changent. Tous les jours de nouveaux visages. Autant de nouveaux trésors enfouis qui ne demandent qu'à être découverts. Je ne peux percer le mystère de l'esprit, ce mystère qui nous rend parfois tristes sans aucune raison apparente.
Je suis là, à tapoter sur ce clavier, à regarder cet écran d'ordinateur à longueur de journée. J'aimerais pouvoir le projeter contre un mur, de toutes mes forces, l'exploser en mille morceaux, et terminer les morceaux encore intacts au marteau, jusqu'à obtenir de la poudre d'ordinateur. Mais je ne peux pas. Je ne peux pas, car je suis un être normal. Et les gens normaux ne font pas ce genre de choses. Ils peuvent le penser, mais ils ne le font pas. Une barrière les en empêche. Une barrière de l'esprit qui nous permet de rester normaux, de rester dans le moule de l'être normal. Je vais continuer mon logiciel et cesser de me perdre dans des pensées inappropriées.
Je suis à la gare, j'attends ma bien-aimée. Elle arrive du nord de la ville, on se retrouve parfois ici pour prendre un verre ou pour dîner ensemble. C'est le cas ce soir. Il y a une excellente pizzeria dans le centre commercial, en face de la gare. J'attends, appuyé sur la balustrade. J'observe tout ce monde. Tous ces êtres qui s'agitent dans tous les sens, à l'image d'une fourmilière. Un flux incessant d'êtres humains. La nuit tombe lentement sur la ville, et je me dis qu'une journée de plus se termine, une journée sans sens et sans but, une journée sans objectif ni projet, une journée complètement vide. Pourquoi sommes-nous ici, quel est notre but sur cette planète ? Naître, travailler et mourir. Cela me paraît dénué de sens. Un sentiment au fond de moi me dit que j'ai quelque chose à faire, une tâche à accomplir, une mission à mener. En fait, j'ai la sensation que nous avons tous une mission à mener. Une douce voix m'interrompt dans mes pensées, quel plaisir de savoir que l'on est aimé. Je me retourne et admire le joli visage souriant de Lisa.
"Tu m'avais l'air bien pensif, mon chéri, me, dit elle.
- Ce n'est rien, je rêvassais.
- Que dirais-tu de manger au San Raphael ?
- Avec plaisir, j'aime beaucoup leurs tomates / mozzarella."
Voici une des réponses à mes questions existentielles : dîner en tête à tête avec sa bien-aimée. Loin des soucis du monde. Nous marchons main dans la main en direction du restaurant, qui se trouve à deux pas d'ici. Je serre sa main, elle se retourne et me sourit tendrement. Elle est magnifique. Nous arrivons au restaurant, un jeune homme nous guide à une table près de la fenêtre, d'où nous pouvons apercevoir la gare et la grande place que j'observais tout à l'heure.
Mardi 14 février - Au travail
Le lendemain, au travail, nous avons une réunion d'équipes, où sont conviés mes collègues de bureau, ainsi que notre responsable. Nous devons fournir la nouvelle version de notre logiciel pour la fin de semaine, car notre client principal va faire un déploiement massif avant la fin du mois. Encore une semaine qui risque d'être mouvementée. Mon bureau se compose de quatre personnes : Theo, qui se trouve juste en face de moi, à ma gauche, Amy, arrivée cette année dans la société et en face d'elle, se trouve Frederic, il est le plus ancien de l'équipe. L'ambiance est agréable, il n'y a pas de concurrence ou d'esprit de compétition. Nous nous retrouvons le midi pour manger ensemble. Theo est le collègue avec qui je m'entends le mieux. Nous sommes des amis depuis longtemps, c'est grâce à moi qu'il avait intégré notre société. Nous avions, d'ailleurs, eu tous les deux, droit à une cooptation. Nous nous retrouvons parfois le soir après le travail, au café d'en face, le Bislane, pour prendre un verre et discuter de nos vies. Il me parle de ses rencontres, il n'a toujours pas trouvé l'âme sœur, mais ne désespère pas. Nous avons, d'ailleurs, décidé de prendre un verre ce soir, il doit me raconter sa rencontre d'hier soir avec une certaine Jenny. Il serait temps que je me mette au travail si on veut faire cette livraison dans les délais.
Mardi 14 février - Au café d'en face : le Bislane
Cela fait déjà quinze minutes que j'attends Theo, il devait terminer la tâche sur laquelle il travaillait, il en avait à priori pour cinq minutes tout au plus. Nous autres ingénieurs sommes incapables d'être ponctuel. Tant pis pour lui, je vais commander un jus de fruits sans l'attendre. Le barman; Tommy nous connaît bien, en effet, nous sommes des habitués de ce café. Il nous offre régulièrement des tournées gratuites. Voici Theo qui arrive, avec son blouson de travers et son sac à dos encore ouvert, je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire, c'est un sacré numéro. Alors qu'il s'assoit, je lui lance:
"Tu en as mis du temps.
- Je n'arrivais pas à trouver le bon algorithme pour gérer la requête.