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Brosses au vingtième siècle
Brosses au vingtième siècle
Brosses au vingtième siècle
Livre électronique131 pages1 heure

Brosses au vingtième siècle

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À propos de ce livre électronique

Je suis née à Brosses, au Moulinot, en 1920.
Mes parents exploitaient cette petite ferme après leurs parents.
La vie a bien changé depuis mon ancêtre tailleur de pierres venu rénover la basilique de Vézelay sous Violet le Duc.
LangueFrançais
Date de sortie4 févr. 2016
ISBN9782322002993
Brosses au vingtième siècle
Auteur

Rose Vincent

À 95 ans, je me souviens de ma jeunesse . Mes parents parlaient de nos ancêtres à la veillée.

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    Aperçu du livre

    Brosses au vingtième siècle - Rose Vincent

    Table des matières

    Les ancêtres d’Antonie Buet

    Les ancêtres Poulin

    Mes ancêtres

    Brosses

    La vie à Brosses

    Le ru de Brosses

    L’école

    La vie dans les familles

    Le mariage

    La nourriture

    Les fêtes

    La religion

    Le travail

    La première communion

    Les élections

    La guerre

    De l’après-guerre à maintenant

    Autres histoires

    Et, une génération plus tard

    Notre jeunesse

    Brosses octobre 2015

    Vers 1820 la basilique de Vézelay est détruite par un incendie. Quelques années plus tard il n’en restait qu’un gros tas de cailloux, recouvert de ronces et d’orties. L’architecte Violet le Duc, étant de passage à Vézelay ,en fut très attristé et décida de la reconstruire. Il y amena les meilleurs bâtisseurs de France qui l’ont rebâtie au même endroit sur le style roman comme elle existe aujourd’hui.

    Il fit venir huit sculpteurs, on disait à cette époque des tailleurs de pierres, les meilleurs qu’il connaissait, pour y effectuer toutes les sculptures sacrées de la vie catholique. Parmi ces ouvriers un monsieur Zimmer a été notre ancêtre. Il venait d’Alsace vers 1830, et pour sa part a sculpté le portail d’entrée ; il y a travaillé pendant douze ans !!! Et comme à la fin de ces travaux se déclarait la guerre avec l’Allemagne ( la Prusse), qui a conquis l’Alsace Lorraine, ils ne sont pas reparti dans leur pays natal, ils voulaient rester français et sont restés à Vézelay où ils sont morts.

    Ils ont eu quatre filles, toutes dotées d’un bon métier dans la couture, et de qualités leur permettant de faire de bonnes maitresses de maison et de bonnes ménagères.

    L’aînée était brodeuse de lingerie à la cour de Napoléon. Elle a épousé le comte de Zavetir, artiste peintre de grand talent que l’impératrice avait fait venir de la Martinique pour faire en tableaux les portraits de la famille impériale. Pas de descendants. Une autre fille, épouse Fèvre, a deux enfants :Marie, religieuse, et Charles, curé de Druyes les belles Fontaines puis curé doyen à Cruzy le Chatel.

    La troisième fille épouse monsieur Houblon à Vézelay D’où la descendance Gravelin ( Janine à Brosses) . La quatrième fille, épouse Petit a un fils Henri, et une fille Flavie qui épouse vers 1860 Jean Mailleau, cultivateur à Farges, commune de Brosses, qui avait vingt ans de plus qu’elle. Ils eurent une fille Félicie en 1872 qui épousa Ernest Poulin. Ils eurent cinq enfants : Hélène en 1893, Antonie en 1897, Louis en 1900, Henriette en1903 et Jean en 1911.

    Comme Félicie était une « très bonne laitière » à chaque enfant qu’elle a eu, elle prenait un nourrisson du même âge qu’elle nourrissait en même temps que le sien. C’est ainsi qu’elle a allaité Pierre Etienne Flandin de Domecy sur Cure qui est devenu député de l’Yonne, ministre des travaux publics, et d’autres portefeuilles. Il était très célèbre vers 1930 pour avoir apporté beaucoup de progrès dans la vie des morvandiaux et des ouvriers français en général.

    Félicie était une fille « costaude » et très courageuse. Son père Jean Mailleau étant décédé, c’est elle qui conduisait la charrue, attelée de leurs deux bœufs pour cultiver leurs terrains, la vigne, récolter le foin et le blé, tous les travaux de la ferme. Lorsque Ernest est revenu travailler la terre à Bois d’Arcy chez ses grands-parents après avoir été « interdit de prêtre » pour des raisons d’état, ils se sont convenus et mariés pour continuer cette vie campagnarde. Lui ne connaissait rien aux travaux puisqu’il avait passé sa jeunesse au séminaire, mais elle savait se faire aider en le commandant. Il l’adorait pour ses qualités : excellente cuisinière, savait coudre, tricoter et tous les travaux ménagers, savait réparer un meuble, peindre les murs avec beaucoup de goût. Flavie les aidait, s’occupait des enfants, de la basse-cour et de la cuisine pendant que Félicie travaillait au dehors. En même temps Flavie a toujours travaillé à la fabrication de dessus de pantoufles qu’elle brodait au point de croix sur du canevas, toujours le même dessin : une rose et ses deux feuilles sur un fond beige clair.

    Elle travaillait pour un distributeur de Vézelay.

    Lorsqu’elle en avait fait six douzaines (plein sa hotte) elle les portait à Vézelay à pied dans ses sabots de bois, la hotte sur le dos, une pomme ou des morceaux de sucre dans sa poche. Le distributeur lui remettait le canevas et la laine nécessaires pour la prochaine commande, et surtout la payait bien car ces ouvrières étaient rares et appréciées. Elle mangeait et couchait chez sa cousine Houiller puis revenait le lendemain. Elle faisait cette livraison environ une fois par mois. Si cela tombait pendant des vacances, elle menait avec elle une de ses petites filles. C’était la fête pour cette enfant qui parcourait bravement ses quinze kilomètres afin de voir Vézelay et la cousine qui était très gentille et les gâtait.

    Henri Petit, frère de Flavie est resté célibataire étant faible de constitution. Il vivait de petits travaux de jardinage, mais à la cinquantaine, ne pouvant plus subvenir à ses besoins, son cousin Charles Fèvre, doyen de Cruzy le Chatel, l’a pris en charge chez lui. Il faisait le bedeau, l’entretien de l’église, cultivait le jardin et faisait vivre une importante bassecour. Cela améliorait leur existante car le doyen n’était pas exigeant et aidait bien des nécessiteux. Il avait des ruches bien entretenues mais donnait son miel pour les malades.

    Vers 1900 les communes de Brosses et de Montillot ont décidé d’établir une correspondance le samedi avec Avallon. Un commissionnaire ferait le trajet pour effectuer diverses attributions. Comme c’était fastidieux ( il devait être costaud, intelligent, débrouillard, aimable, etc.) personne n’a accepté cet emploi. Félicie s’y est présentée et acceptée. Ils venaient de s’acheter un bon cheval, elle avait la voiture adéquate : une tapissière de six mètres carré de surface, couverte d’une toile imperméable, un siège bien rembourré pour le conducteur. Le travail consistait à passer dans les villages le jeudi recueillir l’argent des traites, des primes d’assurance pour « la Prévoyance, le Nord et l’Abeille », des placements à la caisse d’épargne, etc. Ensuite vendre sur le marché les produits que lui avaient confié les producteurs locaux, et acheter ce que les clients lui avaient commandé ainsi que des ordonnances chez le pharmacien.

    Et la voilà partie. Flavie lui a préparé sa chaufferette ( c’est l’hiver) un genre de bidon aplati rempli de braises, qui, mis sous ses pieds la tiendra au chaud jusqu’à Avallon. Avec les peaux de ses lapins qu’elle a tannées, elle s’est confectionné un manchon et une couverture à mettre sur ses genoux. Sa mère lui a tricoté une palatine en grosse laine, pour les épaules. Elle est bien parée contre le froid et tient devant elle sa belle sacoche de cuir de porc fabriquée par le bourrelier du village qui contient tout l’argent qu’elle doit déposer, ainsi que son carnet de commandes. Lorsque la température était supportable, elle tricotait tout le long du parcours, le cheval connaissait la route. Pendant la guerre de 1914 elle confectionnait des passe-montagnes, gants, chaussettes pour les soldats. Après Blannay elle s’engageait sur la nationale 6. Vers 1938, cette route a été goudronnée, le cheval y glissait comme sur du verglas, tombait à genoux, elle a dû changer d’itinéraire : à Blannay elle se dirigeait par une petite route empierrée sur Givry, Pontaubert et Avallon. La grosse difficulté était la côte sinueuse entre Pontaubert et Avallon, mais le cheval était costaud et elle l’encourageait de la voix. Arrivée à Avallon vers sept heures elle allait livrer dans les quincailleries Beaud et Guégneau les caisses d’outils ( serpes, cognées, pioches, etc.) fabriquées par Guillemard, taillandier à Brosses. On chargeait dans sa voiture des tiges d’acier qu’elle livrerait le lendemain à cet artisan. Puis elle allait déposer ses cageots de légumes, fruits, fleurs, sur la place du marché dans le carré qui lui était attribué ( le marché couvert n’existait pas, il se tenait en plein air, sur la place de l’hôtel de ville pour tout ce qui était destiné à l’alimentation) . Les forains ( linge, bazar, gadgets) se tenaient en bas des terreaux, face à l’hôpital. Elle conduisait ensuite son cheval dans l’écurie de l’hôtel restaurant de madame Breton qui avait comme enseigne : « on loge à pied et à cheval ». Elle lui donne un seau d’eau, une fourche de foin et le laisse se reposer tandis qu’elle ingurgite un copieux petit déjeuner que madame Breton lui a préparé. Puis, sa lourde sacoche en bandoulière, elle part dans les banques, assurances, etc. rendre les sommes qui leur adviennent. Elle est soulagée, car détenir des sommes si importantes lui cause des soucis. En toute tranquillité elle s’installe sur le marché, il est neuf heures. Les clients arrivent . Sur sa petite balance elle pèse légumes et fruits que lui ont confié les producteurs de Montillot et de la région. Sur le marché tout le monde se connaît, on s’y rencontre chaque samedi, on se salue, s’échange les nouvelles des familles et des villages, c’est très familial. Félicie a parcouru 20 kilomètres mais d’autres en ont fait davantage pour venir du fond du Morvan vendre leurs fromages, poulets, lapins, œufs frais, beurre fait à la baratte, toutes ces choses naturelles que l’on appellerait aujourd’hui « du bio ». Ils vous disaient toujours des choses agréables dans leur patois morvandiau.

    A proximité de Félicie se tenait une femme de Brosses que l’on appelait la bourrue à cause de son air malgracieux, mais très gentille. Elle vendait les légumes de son jardin assise sur un cageot retourné, les jambes écartées ( la mode était aux culottes ouvertes !!!). Un proche voisin qui vendait des pommes de terre lui en lançait une de temps en temps entre les jambes ; elle la mettait dans un sac et les emportait le soir. A la fin de l’année, elle lui dit : « demègne, ta

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