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Serbie : Mythologies balkaniques: L'Âme des Peuples
Serbie : Mythologies balkaniques: L'Âme des Peuples
Serbie : Mythologies balkaniques: L'Âme des Peuples
Livre électronique90 pages1 heure

Serbie : Mythologies balkaniques: L'Âme des Peuples

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À propos de ce livre électronique

Parce que pour connaître les peuples, il faut d’abord les comprendre

Que reste-t-il de l’ex-Yougoslavie ? De tous les peuples de l’ancienne république disloquée par la guerre, les Serbes sont sans doute ceux qui s’interrogent le plus. Sans parvenir à répondre, tant l’histoire semble, après la mort du maréchal Tito, leur avoir échappé.

La Serbie est un pays, sans aucun doute. Mais quel pays ! Un territoire enclavé, que ses frontières mal cicatrisées continuent de faire souffrir. La Serbie, surtout, est un condensé d’émotions contradictoires, porté par des sentiments puissants comme le majestueux Danube qui la traverse de part en part.

Serbie poétique et romantique. Serbie austère et orthodoxe. Serbie frustrée et nationaliste. Serbie désordonnée et si créative. C’est ce pays, soudain seul et isolé après les scissions du Monténégro et du Kosovo, que ces pages veulent vous faire découvrir. Avec en filigrane le goût, la musique, le rythme, les odeurs des Balkans.

Ce petit livre n’est pas un guide. C’est un décodeur. Écrit à l’unisson des mythes qui nourrissent l’âme serbe, il vous permettra d’en saisir le vent de folie. Pour mieux l’apprécier. Et donc mieux la comprendre.

Un grand récit suivi d’entretiens avec Ivan Čolović, Vesna Pesić et Jacques Rupnik.

Un voyage historique, culturel et politique afin de mieux connaître les passions serbes. Et donc mieux les comprendre.

EXTRAIT

Des bébés hirondelles agrippés à un fil électrique piaillent avec impatience dans la pénombre. Leur mère se profile dans la lumière ensoleillée du dehors et passe en trombe le portail de l’église du monastère orthodoxe de Mileševo sous le regard bienveillant de l’Ange blanc, cette fresque du treizième siècle emblématique de la Serbie. Les pèlerins contournent un grand drap sur le sol dallé posé par les moines pour le protéger des déjections des oisillons. Hommes, bêtes et saints cohabitent benoîtement. Les femmes, elles, sont au travail dans les champs, dans la boutique ou l’hôtellerie du monastère. L’higoumène, affable, accueille les pèlerins. Quasi-sosie de saint Sava, prince serbe et moine, dont l’image orne toutes les salles de classe du pays et qui ici bénit les visiteurs. Fresque fragile, dont le regard pigmenté, contrairement à tant d’autres de par le pays, n’a pas été aveuglé à coups de marteau par les occupants ottomans.

A PROPOS DE L’AUTEUR

Correspondante en Serbie de 2000 à 2007 pour plusieurs médias français, dont La Croix et L’Express, Gaëlle Pério Valero a enseigné la géopolitique des Balkans à Sciences-Po Paris.
LangueFrançais
ÉditeurNevicata
Date de sortie23 oct. 2015
ISBN9782511040096
Serbie : Mythologies balkaniques: L'Âme des Peuples

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    Aperçu du livre

    Serbie - Gaëlle Pério Valero

    L’ÂME DES PEUPLES

    Une collection dirigée par Richard Werly

    Signés par des journalistes écrivains de renom, fins connaisseurs des pays, des métropoles et des régions sur lesquels ils ont choisi d’écrire, les livres de la collection L’âme des peuples ouvrent grandes les portes de l’histoire, des cultures, des religions et des réalités socio-économiques que les guides touristiques ne font qu’entrouvrir.

    Écrits avec soin et ponctués d’entretiens avec de grands intellectuels rencontrés sur place, ces riches récits de voyage se veulent le compagnon idéal du lecteur désireux de dépasser les clichés et de se faire une idée juste des destinations visitées.

    Une rencontre littéraire intime, enrichissante et remplie d’informations inédites. Parce que pour connaître les peuples, il faut d’abord les comprendre.

    Richard Werly (1966) est le correspondant permanent à Paris du quotidien suisse Le Temps. Précédemment basé à Bruxelles, Genève, Tokyo et Bangkok, il s’est lancé dans l’aventure éditoriale de L’âme des peuples après avoir réalisé combien, dans une Europe en crise, la compréhension mutuelle et la connaissance des racines culturelles et religieuses ne cessent de reculer sous la pression d’une économie toujours plus rapide et globalisée.

    À Marina Rakić, moja kuma

    AVANT-PROPOS

    Pourquoi la Serbie ?

    Le peuple serbe n’est jamais là où on l’attend. Minuscule nation à peine édifiée au début du vingtième siècle, serrée entre deux empires, la Serbie réussit déjà, à la suite de l’assassinat de l’archiduc d’Autriche à Sarajevo le 28 juin 1914, à embraser le monde en déclenchant la Première Guerre mondiale. Moins de cent ans plus tard, alors que l’Europe s’auto-congratule de sa réunification inespérée et de la disparition de l’URSS, le conflit yougoslave, fratricide et tragique, charrie exactions, crimes contre l’humanité et génocide. En 1991, la fédération socialiste bâtie par Tito se brise en sept morceaux. L’Europe, sous le choc, pointe du doigt la Serbie, principale belligérante.

    Depuis, les Serbes, ostracisés et fragilisés, décollent laborieusement de leur réputation nationale cette étiquette de mouton noir du continent. Poids lourd économique et politique des Balkans occidentaux, la Serbie, pays slave, se cherche un point d’équilibre. Derrière cette image de tête dure, brutale et obstinée, la nation serbe doute toujours d’elle-même, quitte à forcer le trait du patriotisme pour se rassurer sur son existence.

    Ce peuple généreux, une main sur le cœur, a toujours l’autre main prête à lever son verre pour trinquer à la facétie du destin ou à saisir une arme pour tirer, en l’air (de joie) ou devant (les mauvais jours). Ce sentimentalisme exacerbé peut certes mener jusqu’aux confins les plus sombres du nationalisme, mais il caractérise une population tout sauf tiède. En Serbie, la porte s’ouvre facilement à qui veut bien y frapper. L’arrogance, la rudesse s’effacent alors soudain pour laisser place à la gentillesse la plus attentionnée, parfois un tantinet naïve. Cette façon d’être au monde, décontractée et fataliste, se pimente d’une ironie tendre et d’un profond attachement au terroir. Le pays n’est pas à un paradoxe près.

    Et puis, il y a aussi ce génie serbe de rire de tout, surtout et d’abord de soi-même, à grands coups de « bre », cette interjection typique qui ne veut rien dire, mais qui ponctue toute discussion. Aucune inconscience dans cette fuite en avant, plutôt une volonté farouche de ne pas céder au désespoir. Les guerres, la transition démocratique ont épuisé la Serbie. On s’étourdit donc pour oublier que la gueule de bois des années noires ne passe pas. Malgré l’immense lassitude, une énergie folle ne demande qu’à être libérée, prête à déborder comme un café turc qu’on a laissé trop longtemps sur le feu. Qu’importe ! Bercé par ses mythes, ce peuple a appris qu’il vaut mieux se sacrifier que se compromettre. Quitte à s’aveugler sur la réalité et sur ses responsabilités.

    Arrivée un peu par hasard et un peu perplexe en février 2003, quelques semaines avant l’assassinat du Premier ministre Zoran Đinđić, mes préjugés ont rapidement volé en éclats et j’y suis restée sept ans. Brutal et tendre, ce pays qui joue le chaud et le froid ne peut laisser indifférent.

    Mythologies balkaniques

    Des bébés hirondelles agrippés à un fil électrique piaillent avec impatience dans la pénombre. Leur mère se profile dans la lumière ensoleillée du dehors et passe en trombe le portail de l’église du monastère orthodoxe de Mileševo sous le regard bienveillant de l’Ange blanc, cette fresque du treizième siècle emblématique de la Serbie. Les pèlerins contournent un grand drap sur le sol dallé posé par les moines pour le protéger des déjections des oisillons. Hommes, bêtes et saints cohabitent benoîtement. Les femmes, elles, sont au travail dans les champs, dans la boutique ou l’hôtellerie du monastère. L’higoumène¹, affable, accueille les pèlerins. Quasi-sosie de saint Sava, prince serbe et moine, dont l’image orne toutes les salles de classe du pays et qui ici bénit les visiteurs. Fresque fragile, dont le regard pigmenté, contrairement à tant d’autres de par le pays, n’a pas été aveuglé à coups de marteau par les occupants ottomans².

    À 7 km de ce haut lieu de l’identité serbe, qui puise ses racines dans la dynastie royale et médiévale, la ville de Prijepolje raconte une autre histoire de la Serbie. La nation orthodoxe, dont le maître mot est « seule l’unité sauvera les Serbes »³, offre ici un visage métissé. Les drapeaux serbes sur les édifices officiels flottent dans l’air du soir tandis que des minarets voisins, on appelle à la prière. Située dans le

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