Internationalisation des PME: Comment réussir à l'étranger ?
Par Kris Boschmans, Sylvain Bouyon, Frédéric Lernoux et
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À propos de ce livre électronique
Le présent ouvrage a pour objectif d'informer les entrepreneurs sur les différentes facettes de l'internationalisation et d’apporter des réponses pratiques sur la manière de se financer et de se couvrir contre les risques encourus. Il dresse également la liste des mesures publiques de soutien destinées à soutenir les PME belges dans leurs projets à l'étranger.
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Aperçu du livre
Internationalisation des PME - Kris Boschmans
Bureau de traduction :
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Clos des Albatros 1
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Cette version numérique de l’ouvrage a été réalisée pour le Groupe De Boeck. Nous vous remercions de respecter la propriété littéraire et artistique. Le « photoco-pillage » menace l’avenir du livre.
© Groupe De Boeck s.a., 2012
Éditions Larcier
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Tous droits réservés pour tous pays.
Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
ISBN 978-2-8044-5677-1
Nous remercions toutes les personnes, issues de banques, d’organismes de soutien et du monde académique, qui nous ont apporté leur expertise et leur expérience dans le cadre de la rédaction de cet ouvrage.
Préfaces
Le monde d’aujourd’hui n’a jamais été aussi interconnecté. Les pays situés en dehors de l’Union européenne regorgent d’impressionnantes sources de croissance. D’après les données de l’OCDE, les marchés émergents et en voie de développement pourraient représenter 60% du PIB mondial en 2030. En comparant cette perspective à la crise économique actuelle qui frappe profondément l’Europe, on comprend aisément l’importance d’atteindre un taux de croissance durable. C’est la raison pour laquelle «Mission: Growth» est devenu le leitmotiv de mes services. Les PME y sont des acteurs de premier plan.
EN_Aknow_01.psdL’Europe détient des capacités extraordinaires en termes d’innovation, de main d’œuvre qualifiée et d’infrastructures, et nous devrions en tirer profit pour faire la promotion de nos PME, à la fois sur le Marché commun et dans les pays tiers.
À cet égard, je peux sans conteste approuver les mesures prises par la Belgique pour promouvoir et soutenir ses propres entreprises dans le processus d’internationalisation. Le présent ouvrage comprend une analyse approfondie de l’internationalisation des PME belges avec leurs forces et leurs faiblesses, ainsi qu’une présentation exhaustive des instruments mis à leur disposition dans le cadre de ce processus. Je voudrais également pointer l’importance que la Belgique accorde aux aspects financiers de l’internationalisation.
La pénurie de ressources financières adaptées constitue l’un des facteurs essentiels qui empêchent les PME d’explorer le potentiel des marchés mondiaux. Aussi, je salue et encourage vivement toute initiative contribuant à l’amélioration de l’accès au financement aux niveaux européen, national et régional. En cette période où les entreprises européennes, et en particulier les start-ups et les entreprises dans leur première phase de croissance, sont confrontées à des conditions d’octroi de crédit défavorables, nous devons concentrer nos efforts pour mettre en place des instruments financiers et un cadre juridique qui permettront aux PME d’étendre leurs activités au-delà des frontières du Marché commun européen.
Cette étude présente divers aspects et conditions essentiels à la réussite de l’internationalisation des PME, et peut servir de guide pratique pour ceux qui souhaitent saisir les opportunités offertes à l’étranger.
J’espère sincèrement que ce livre encouragera de nombreux entrepreneurs belges à relever le défi des marchés étrangers, au nom de leurs propres entreprises et au nom de l’ensemble de l’Union européenne.
EN_Aknow_02.psdVice-président de la Commission européenne
Industrie et entreprenariat
Les publications en matière de politique et stratégie publiques générales au niveau européen, national ou régional, sont unanimes : une des voies royales de la croissance réside dans l’expansion du commerce international et le recrutement d’investisseurs étrangers. Ces deux aspects sont indissociables. Les investisseurs créent bien évidemment de l’emploi, et le commerce et l’exportation de produits et services génèrent des flux de revenus permettant de couvrir les importations et d’injecter des richesses dans les pays.
EN_Aknow_03.psdLa crise actuelle dans la zone euro a révélé l’extrême vulnérabilité de certains pays comme la Grèce et l’Espagne qui ne sont pas parvenus à construire un tissu économique fort et compétitif à l’échelle internationale. Si un pays veut conjurer la spirale infernale de la paupérisation et du discrédit, il doit se préoccuper de ses performances en affaires internationales en plus de sa discipline fiscale.
Disposons-nous, en Belgique, d’une stratégie permettant de relever ce défi? Oui et non. D’une part, oui, si l’on considère les nombreuses études que les pouvoirs publics ont menées sur le sujet, quelques mesures fiscales spécifiques et la pro-activité améliorée des aides publiques dans ce domaine. Oui également, au regard des importants budgets régionaux déployés pour l’innovation, les infrastructures et le soutien du commerce à l’étranger. Mais d’autre part, non, car les compétences sont trop dispersées pour une réelle stratégie intégrée. Non aussi, parce qu’il manque une pièce cruciale au puzzle: les hommes politiques et leurs partenaires sociaux n’ont jamais réussi à se mettre d’accord sur une feuille de route en vue de résoudre notre problème de compétitivité-coût. La seule stratégie crédible pour notre pays consisterait à fournir une solution claire à cet obstacle non négligeable au développement international de nos PME. Elle ne viserait pas seulement la problématique du coût du travail. Nos coûts énergétiques sont aussi un écueil qui menace réellement notre secteur industriel.
Au niveau de l’entreprise individuelle, nous constatons que de nombreuses jeunes entreprises entrant dans l’arène internationale sont orientées vers les sciences et technologies. Ces entreprises sont qualifiées de «born globals». Elles se destinent au marché mondial car le marché national est beaucoup trop petit pour leur portefeuille de produits hautement spécialisés. Il pourrait même arriver que des acteurs majeurs et leur industrie, surtout dans le secteur B2B, soient tous situés en dehors de la Belgique. Dans de telles circonstances, les managers de PME qui ont souvent un passé de scientifique ou d’ingénieur, doivent se familiariser avec les particularités des pratiques commerciales à l’étranger.
Quand les PME s’engagent dans des activités internationales, spécialement en dehors de l’Europe, elles entrent en contact avec plusieurs institutions et entités différentes. Elles doivent travailler dans un environnement réglementaire à strates multiples comportant parfois chevauchements et incohérences. Cela peut sembler un peu complexe mais de manière très opportuniste, les PME devraient tirer profit du soutien que les différents institutions et niveaux de pouvoir peuvent offrir. Cet ouvrage réalisé par le CeFiP propose aux PME de nombreuses informations et repères quant aux défis et risques que représente l’internationalisation, mais il les guide aussi vers les stratégies et solutions permettant de les affronter. D’ores et déjà, les auteurs de cette étude méritent amplement la reconnaissance et la gratitude du monde des affaires pour leur travail. Leur excellente initiative s’inscrit parfaitement dans le vaste programme de formation consacré au même sujet et lancé cet automne par l’International Business Institute de Bruxelles. J’espère que toutes ces initiatives profiteront largement aux PME lors de leur internationalisation. Gardons toujours à l’esprit que tous les Gevaert et les Solvay de ce monde ont commencé dans un garage ou un atelier modeste avant de devenir des entreprises de dimension mondiale. Vu leur évolution rapide, il n’est pas dit que plusieurs de nos PME ne puissent connaître semblable destin dans les années à venir!
Rudi Thomaes
Secrétaire général d’ICC Belgium
Ex-administrateur délégué de la FEB
Introduction
La mondialisation (ou globalisation) est sur toutes les lèvres. D’un point de vue économique, la planète ressemble de plus en plus à un grand village où la situation de chaque pays est étroitement liée aux conditions qui règnent dans le reste du monde. Les exemples de cette globalisation croissante sont légion. Les récentes inondations en Thaïlande ont fait grimper le prix des ordinateurs dans le monde. Actuellement, l’industrie automobile allemande dépend plus de la demande et de la croissance chinoises que de son économie nationale. La crise sur le marché immobilier américain a rapidement débouché sur une récession mondiale, frappant l’Europe encore plus durement que les États-Unis. Et un résultat électoral grec a influencé les cours boursiers de Londres jusqu’à Tokyo.
Une des manifestations les plus visibles de la mondialisation concerne l’évolution du commerce mondial. Depuis des décennies, les échanges mondiaux augmentent beaucoup plus vite que la croissance économique mondiale, ce qui indique que notre monde est de plus en plus globalisé (voir figure 1). L’année 2009 a fait exception : le commerce international a reculé de plus de 10% (tandis que le PIB ne s’est contracté « que » de 2%). Mais dès l’année suivante, la baisse fut plus que compensée. Les statistiques esquissent donc un paysage où le commerce international occupe une place plus importante.
Figure 1 Evolution du commerce et la production au niveau mondial (PIB), 1950 – 2010 (moyennes annuelles)
57658.pngSource : OMC
Tant pour les grandes que pour les petites entreprises, les progrès de la mondialisation et l’expansion du commerce mondial ont de profondes répercussions. D’une part, les entreprises sont de plus en plus confrontées à la concurrence internationale, et ce, à la fois sur leur marché domestique et sur les marchés étrangers. Dans certains secteurs, cette concurrence internationale a très clairement entraîné des pertes d’emplois et de chiffres d’affaires. D’autre part, les opportunités sont immenses. Les entreprises belges ne sont plus limitées aux 11 millions d’habitants du marché intérieur. Les importations permettent de faire pression sur les prix ou de mettre de meilleurs produits sur le marché. Et enfin, les entreprises étrangères et les accords de collaboration peuvent donner un sérieux coup de pouce aux ventes ou à l’innovation.
Tout ceci est encore plus vrai en Belgique qu’ailleurs. On ne peut sous-estimer l’importance du commerce international pour une petite économie ouverte comme la nôtre. La Belgique est un des pays les plus globalisés au monde. Des phénomènes comme la dérégulation des marchés, la déréglementation des pratiques commerciales et l’interconnexion des marchés ont confronté les PME, comme les autres entreprises, aux effets de l’internationalisation. Il ne faut dès lors pas s’étonner de voir un nombre croissant de PME opérer dans l’exportation, l’importation et d’autres formes d’activités internationales. D’après les chiffres disponibles, près d’un quart des PME industrielles sont actives à l’international. Une enquête de la Commission européenne constate même qu’une PME interrogée sur trois exporte, soit un peu plus que la moyenne européenne.
Néanmoins, être actif à l’étranger n’est pas toujours évident. Un développement au-delà des frontières nationales n’offre pas que de nouvelles perspectives, il présente aussi une série de défis en termes financiers, d’organisation et de management. D’après diverses études, les entreprises hésitent souvent à faire le pas à cause de ces difficultés, ce qui freine l’économie de notre pays. Le manque de connaissances handicape surtout les PME. En tant que centre de connaissances du financement des PME, nous voulons apporter notre contribution pour y remédier, en consacrant une attention spéciale à l’aspect financement de l’internationalisation des PME.
Dans la première partie de cet ouvrage, nous faisons le point sur la présence internationale de nos PME, en commençant par une analyse des différentes formes que l’internationalisation peut revêtir. Bien que l’accent soit souvent mis sur l’exportation, les PME peuvent aussi s’internationaliser par l’importation, la participation financière dans des groupes étrangers, la joint venture et d’autres formes encore. Nous examinons ensuite les forces, les faiblesses, les opportunités et les risques de l’internationalisation des PME belges. Puis, nous étudions l’impact du processus d’internationalisation sur l’organisation et la gestion d’une PME. Une installation à l’étranger, une stratégie d’exportation ou toute autre forme d’internationalisation exige une profonde adaptation de l’organisation de l’entreprise, de sa structure et de sa gestion. Les PME, en particulier, n’y échappent pas, car leurs structures de décision et leurs systèmes de gestion sont encore souvent informels et peu développés.
La deuxième partie approfondit les aspects financiers de l’internationalisation des PME. Entreprendre à l’étranger entraîne, en effet, souvent de lourdes contraintes financières. Nous abordons les moyens les plus courants dont les PME disposent pour obtenir les ressources nécessaires. Ensuite, nous nous penchons sur les principaux instruments et techniques de paiements utilisés dans le commerce et les investissements internationaux. Cette deuxième partie se termine par un aperçu des méthodes de couverture qui permettent aux PME de se préserver des risques engendrés par l’activité internationale.
La troisième partie expose les mesures publiques dévelopées par les autorités européennes, fédérales, flamandes, wallonnes et bruxelloises pour soutenir l’internationalisation des PME. Diverses enquêtes montrent que ces mesures sont insuffisamment connues. Pour y remédier, nous dressons un inventaire clair des principaux dispositifs d’aide et organismes spécialisés. Nous nous limitons ici aux mesures de soutien explicitement mises en place à l’appui de l’internationalisation. Le livre se termine par une conclusion reprenant les principales idées développées tout au long de l’ouvrage.
Partie 1
Les PME face à la question de l’internationalisation
Comme indiqué dans l’introduction générale, cette première partie met en avant différents aspects généraux de l’internationalisation des PME. Tout d’abord, l’analyse se focalise sur les deux dimensions principales de l’internationalisation des PME, à savoir la dimension financière et la dimension réelle. Ensuite, l’internationalisation des PME est abordée dans le cadre d’un modèle « SWOT », avec une mise en perspective des forces, faiblesses, opportunités et menaces sous-jacentes à cette internationalisation. Dans cette perspective, l’ouvrage met également l’accent sur les différents types de risques inhérents au processus d’internationalisation. Enfin, dans une optique essentiellement de gestion, une attention toute particulière est donnée aux systèmes de gestion les mieux appropriés pour une PME ayant adopté une stratégie d’internationalisation.
Chapitre 1
Les différentes formes d’internationalisation
L’internationalisation des PME se réalise à deux niveaux. Le premier niveau regroupe certaines manifestations dont les données agrégées sont intégrées dans la balance courante de l’économie : les exportations et les importations de biens et services. Le second niveau rassemble des formes d’internationalisation qui, à l’échelle macroéconomique, sont inclues dans la balance financière de l’économie : les investissements directs à l’étranger et les investissements de portefeuille à l’étranger. Les composantes du premier niveau sont généralement considérées comme faisant partie de la dimension réelle de l’internationalisation des PME, tandis que celles du second niveau concernent la dimension financière de cette internationalisation.
1.1 Dimension réelle de l’internationalisation des PME
1.1.1 Exportations de biens et services
Les exportations sont l’ensemble des biens et services produits sur le territoire national que les entreprises vendent sur un marché étranger. Quatre phénomènes principaux déterminent le volume d’un bien ou d’un service qu’une entreprise exporte vers un marché étranger.
1.1.1.1 La nature de l’élément exporté
Le premier déterminant, la nature de l’élément exporté, consiste à apprécier si cette exportation concerne un bien ou un service. Le bien a en effet deux caractéristiques principales qui en font un élément plus apte à l’exportation que le service. D’une part, en raison des propriétés tangibles du bien, ce dernier est généralement plus aisément transportable qu’un service. D’autre part, à l’inverse de la plupart des services, la majorité des biens produits peuvent être conservés entre leur date de livraison et leur date de consommation. Dès lors, la plus grande partie des exportations se fait sur des biens et non des services. La figure 2 ci-dessous montre ainsi qu’entre le milieu des années 90 et la fin des années 2000, la proportion des biens dans les exportations belges a, selon la CNUCED, fluctué au-delà de 80%. Les PME belges produisant des biens sont donc plus susceptibles d’exporter leur production que les PME belges spécialisées dans les services.
Figure 2 Part des biens dans les exportations (en pourcentage)
FR_Figure_02.psdSource: CNUCED
L’ensemble des autres déterminants du volume d’exportations a été modélisé, entre autres, par Tinbergen, qui a développé en 1962 les équations de gravité en commerce international. Ces équations de gravité ont été améliorées par la suite et considèrent que le volume d’exportations d’un pays, d’un secteur ou d’une entreprise dépendra de trois déterminants principaux : le niveau de la demande étrangère pour le bien ou le service considéré, la proximité géographique du marché étranger et la compétitivité de l’entreprise qui réalise cette exportation.
1.1.1.2 La demande étrangère et la distance géographique comme déterminants des exportations
Les fluctuations de la demande sur un marché spécifique étranger sont un déterminant essentiel de la capacité d’une PME à exporter. À titre d’exemple, la demande croissante d’un produit ou d’un service dans un pays étranger permet à une PME belge, exportant déjà vers ce pays étranger, d’augmenter son volume d’exportations sans pour autant adopter une stratégie marketing agressive l’aidant à acquérir de nouvelles parts de marché. À une échelle macroéconomique, le rôle joué par la demande étrangère sur les exportations belges totales implique que le volume d’exportations vers un pays étranger dépende de la taille du PIB de ce pays.
La distance géographique intègre quant à elle différents éléments qui peuvent fortement déterminer le volume d’exportations d’une PME. En effet, une plus grande distance géographique entre l’entreprise et le marché d’exportation entraîne des coûts de transport plus élevés, puisqu’une part significative de ces coûts dépend toujours de la distance parcourue. De plus, un marché éloigné accentue la probabilité d’une absence de compréhension de la part de la PME belge des différents mécanismes régissant ce marché étranger. L’incompréhension peut être expliquée par la non maîtrise de la langue utilisée sur le marché visé, ou le manque d’informations disponibles sur ce marché du fait, notamment, des faibles relations bilatérales d’ordre culturel ou économique entre le pays d’origine de la PME et le pays du marché visé¹. Ce principe d’une relation négative entre le volume d’exportations d’une entité et la distance géographique séparant l’entité du marché visé a été confirmé par de nombreuses études empiriques académiques, en raison notamment de l’accroissement des coûts de transport et de la méconnaissance des mécanismes régissant le marché visé.
À une échelle macroéconomique, le tableau 1 donne le montant d’exportations de la Belgique en 2010 vers les vingt principales destinations. Pour chacune de ces destinations, il fournit également la distance entre la capitale politique de ce pays et Bruxelles, et, pour 2010, le PIB en parité de pouvoir d’achat du pays considéré. Bien que le PIB allemand se situait à la quatrième place mondiale en termes d’importance, derrière celui des États-Unis, de la Chine et du Japon, l’Allemagne était la première destination mondiale des exportations belges en 2010. L’une des raisons principales de ce résultat a priori contre-intuitif est l’écart de distance géographique entre, d’une part, Bruxelles et les capitales des trois premières économies mondiales et, d’autre part, Berlin et Bruxelles. Comme analysé précédemment, la proximité géographique de l’Allemagne implique, entre autres, une meilleure connaissance des mécanismes régissant le marché allemand de la part des entreprises belges.
L’importance de l’impact de la distance géographique sur le volume d’exportations est à nouveau illustrée avec les Pays-Bas qui, bien que disposant d’un PIB plus de 40 fois inférieur au PIB cumulé des 3 principales puissances économiques mondiales, recevait un montant d’exportations belges plus de 40% supérieur aux exportations belges cumulées vers les États-Unis, la Chine et le Japon.
À l’inverse, une économie peut être significativement plus éloignée du territoire belge que ne l’est une seconde économie et, malgré tout, absorber une plus grande partie des exportations belges que cette seconde économie. Le déterminant de la taille du PIB prend alors toute son importance, comme c’est le cas, à titre d’exemple, avec la Chine et l’Autriche. En effet, bien que la distance entre Bejing et Bruxelles soit plus de huit fois celle entre Vienne et Bruxelles, la Chine absorbe 80% d’exportations belges en plus que l’Autriche, cette différence d’exportations étant en grande partie expliquée par la taille du PIB chinois, qui représente plus de 26 fois le PIB autrichien.
Tableau 1 Principales destinations des exportations belges (données de 2010; en milliards de dollars internationaux pour les exportations et le PIB, et en kilomètres pour la distance)
43905.pngSource : FMI et CNUCED
* : la ville choisie est celle du siège de la Banque Centrale Européenne, à savoir Frankfurt
1.1.1.3 L’importance du déterminant de la compétitivité
Enfin, le dernier déterminant, à savoir la compétitivité, joue également un rôle essentiel dans l’aptitude d’une PME à exporter. La compétitivité d’une PME concerne, avant tout, sa capacité à facturer ses produits exportés à un prix équivalent voire inférieur au prix en vigueur sur le marché étranger visé. Les deux déterminants principaux de cette compétitivité sont, d’une part, la possibilité pour la PME de minimiser autant que possible ses coûts de production, et d’autre part, dans le cadre de monnaies différentes, d’acquérir des gains de compétitivité liés à la dépréciation de la monnaie du pays de la PME.
La maîtrise des coûts de production permet à la PME d’être plus compétitive vis-à-vis de ses concurrents sur les marchés étrangers, et, ainsi de maintenir une marge profitable. La faculté de la PME à augmenter sa productivité et à limiter la hausse des salaires et du coût de ses approvisionnements est essentielle à cet égard.
Certes, la dépréciation de la monnaie nationale permet également d’accentuer la compétitivité des PME belges. Toutefois, d’une part, l’économie belge n’a plus le pouvoir direct de faire fluctuer sa monnaie puisque les décisions sont prises à la Banque centrale européenne en partenariat avec l’ensemble des autres membres de la zone euro. D’autre part, une éventuelle dépréciation soutiendrait une minorité d’entreprises belges puisqu’approximativement 60% des exportations belges sont à destination des autres économies de la zone euro. Pour la majorité des PME belges, la priorité est donc de maîtriser leurs coûts de production pour faire face à la concurrence des autres PME de la zone euro.
1.1.1.4 Une capacité à exporter hétérogène selon le secteur d’activité de l’entreprise
En considérant la dimension sectorielle de l’économie belge, la figure 3 ci-dessous montre que les entreprises classées dans l’industrie manufacturière contribuaient, en 2005, à près de 70% des exportations belges totales, alors que les entreprises des services, bien qu’elles réalisaient plus de trois quart du PIB belge à prix constants cette même année, contribuaient à moins d’un quart des exportations. La principale raison de cette domination des entreprises de l’industrie manufacturière est liée au premier déterminant évoqué précédemment, à savoir la nature de l’élément exporté. En effet, les entreprises manufacturières, à l’inverse des entreprises de services, produisent essentiellement des biens et, de ce fait, sont plus aptes à exporter. La nature de leur production implique également, sous l’hypothèse d’un libre échange des productions, que ces entreprises manufacturières sont exposées à la concurrence internationale sur leur propre territoire. Dès lors, sous la pression de la concurrence internationale, ces entreprises réalisent en moyenne des gains de productivité significativement supérieurs à ceux des entreprises de services. Ceci implique que les entreprises de l’industrie manufacturière sont généralement plus compétitives que les entreprises du secteur des services, et peuvent plus aisément s’internationaliser par le biais des exportations.
Figure 3 Contribution de chaque secteur aux exportations totales belges (en pourcentage du total)
43888.pngSource: Calculs à partir de la matrice input-output de 2005- Bureau du Plan
Cette plus grande propension des entreprises de l’industrie manufacturière à exporter est confirmée par le tableau 2 qui donne le taux d’exportation, à savoir la part de la production qui a été exportée en 2005, pour chaque secteur et chaque branche. Ainsi, le taux d’exportation moyen des entreprises du secteur manufacturier était de 48%, alors qu’il n’était que de 13% pour le secteur des services. Bien que ce taux observe une certaine hétérogénéité au niveau des branches composant les secteurs de l’industrie manufacturière et des services, le taux le plus élevé parmi les branches des services, à savoir le commerce, était significativement inférieur au taux le plus faible des branches de l’industrie manufacturière, les industries alimentaires et le tabac. Par ailleurs, trois des dix branches composant le secteur manufacturier exportaient plus de la moitié de leur production en 2005 : le textile, l’habillement et les cuirs, la chimie et le plastique et, enfin, l’industrie des transports.
Tableau 2 Part de la production exportée des différents secteurs et branches de l’économie belge (en pourcentage de la production totale de chaque secteur)
FR_Tableau_02.psdSource: Calculs à partir de la matrice input-output de 2005 - Bureau du Plan
Ne disposant pas de données précises sur le rôle joué par les PME dans chacune de ces branches, il est difficile d’apprécier la part de la production de ces entreprises destinée à l’exportation. Toutefois, il est légitime d’admettre que les PME du secteur des services sont moins susceptibles d’exporter que les PME du secteur de l’industrie manufacturière, puisque ces dernières disposent généralement d’une plus grande capacité à minimiser leurs coûts de production que les PME du secteur des services.
1.1.2 Importations de biens et services
Les importations sont l’ensemble des biens et services produits à l’étranger que les entreprises locales acquièrent. Le coût total des