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Ça ira
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Livre électronique134 pages5 heures

Ça ira

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À propos de ce livre électronique

Ce livre retrace le parcours d'une jeune femme qui, à travers ce récit témoigne de la volonté de toujours se relever après les différentes épreuves de sa vie.
LangueFrançais
Date de sortie22 oct. 2021
ISBN9782322417865
Ça ira
Auteur

Marine Plourdeau

Jeune femme sensible et passionnée, ayant eu la volonté de mettre sur papier son histoire personnelle.

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    Aperçu du livre

    Ça ira - Marine Plourdeau

    Chapitre 1

    « Il n’y a pas de mauvaise route, il n’y a que des mauvaises rencontres. »

    Patrice Leconte – La Fille sur le pont

    Sans être parfait, le contexte familial dans lequel j’ai vécu jusqu’à mes six ans est loin d’être le pire qu’on puisse imaginer. Quelques moments me reviennent, un peu comme des flashs, des bribes de souvenirs : des parents, des grands-parents, mon frère, Alexandre, l’école, les copains, les activités… J’ai compris assez vite que mes parents ne finiraient pas leur vie ensemble. Les soirées arrosées et les tromperies à répétition de mon père ont fini par avoir raison de leur relation.

    Je me souviens de discussions houleuses, de pleurs, puis de cartons à faire et d’un déménagement. On allait désormais habiter chez papi et mamie pendant un tout petit moment, selon maman.

    Je ne saurais dire combien de temps exactement nous avons cohabité tous ensemble sous le même toit, mais moi, je m’y sentais bien. Les mois passent et notre petite routine s’installe : l’école, les copains, les jeux dehors et les moments avec papi et mamie. Maman aurait bien aimé rencontrer un nouvel amoureux, mais ses recherches ne donnaient rien de concret pour le moment ; et puis il fallait qu’elle trouve un nouveau logement qui puisse nous accueillir tous les trois.

    Quelque temps plus tard, nous voilà en train d’emménager dans un appartement. Il était selon mes souvenirs plutôt joli, confortable et assez grand pour nous. Maman partait très tôt le matin, si bien qu’une nounou venait à la maison pour nous réveiller, nous donner à manger et nous préparer.

    À cette époque, mon frère faisait beaucoup de crises qui duraient un bon moment. Il mordait, tapait et poussait des cris qu’on pouvait entendre jusqu’à des kilomètres. C’était compliqué de le laisser à l’école ou ailleurs l’esprit tranquille.

    Pour moi, l’école n’a jamais été un problème. J’aimais y aller et y retrouver mes amis. Je venais d’ailleurs de m’en faire un, Maxence. Nous passions beaucoup de temps ensemble à jouer à divers jeux et à discuter de nos pères respectifs que l’on ne voyait pas. Par chance, nos mères avaient commencé à se fréquenter et elles sont devenues rapidement amies. Une joie pour nous qui, à ce moment-là, pensions alors seulement à nous retrouver en dehors de l’école pour jouer encore et encore. Cette amitié naissante marquera ma vie à jamais.

    Un jour d’été, ma mère nous annonce, à mon frère et moi, que l’on passera l’après-midi chez son amie, la maman de Maxence. Ravis à l’idée de tous nous retrouver, nous attrapons nos maillots de bain, remplissons nos sacs de jouets et filons vers la voiture.

    La chaleur est écrasante, et la piscine nous fait de l’œil. Nous sommes bien, sereins et joyeux. Mon frère et moi nous chamaillons dans l’eau tandis que Maxence et sa sœur préparent leur prochaine bombe pour arroser nos mamans. Le plan est mis à exécution et nous crions d’une même voix :

    — 1, 2, 3 !

    Nos mères sursautent et, surprises, se lèvent, rouspètent deux minutes avant de retourner à leur conversation. L’heure est à la rigolade : tout le monde papote et s’amuse.

    Comme tous les enfants, difficile de nous arrêter. Nous avons l’idée d’aller chercher d’autres jouets à l’intérieur pour continuer nos histoires et jeux imaginaires. Avec la permission de nos mamans, nous sortons alors de l’eau, nous nous essuyons rapidement et, encore ruisselants de gouttes, nous courons en direction de la maison. Nous grimpons les marches deux à deux pour atteindre la cuisine… et c’est à ce moment-là que je l’aperçu.

    Il était assis sur une chaise, les jambes croisées, un journal dans les mains. Il portait des cheveux longs, de grosses lunettes et nous regardait avec de grands yeux noirs. La sensation de malaise qui s’est instantanément emparée de moi ne me quittera jamais plus.

    Ce fut bref mais troublant. Nous passons devant lui pour aller dans la chambre de Maxence prendre nos jouets et ressortir rejoindre tout le monde.

    Les après-midi chez Maxence se multiplient, sans qu’on croise de nouveau ce monsieur qui m’avait tant fait peur.

    Quelque temps plus tard, maman vient nous chercher à la sortie de l’école comme d’habitude. Nous faisons le chemin en voiture puis nous arrivons à l’appartement. Alors qu’elle nous ouvre la porte, nous lui emboîtons le pas pour nous précipiter à l’intérieur et choisir le programme télé. Mais rien ne se passe comme prévu.

    Je l’aperçois, et tout me revient : je fais tout de suite le lien entre cet homme et la sensation de malaise éprouvée quelques semaines auparavant.

    Il était là, chez moi, chez nous, assis sur le canapé, attendant notre retour. Je me suis sentie mal instantanément. J’ai eu l’intuition au plus profond de moi qu’il fallait fuir, que quelque chose de mal allait se passer.

    Je n’ai alors que six ou sept ans, et je sens qu’un danger est entré dans ma vie.

    Mon frère et moi devons le rejoindre pour lui dire bonjour ; nous nous retrouvons alors tous au salon. Des toasts ont été préparés et disposés sur la table basse, des verres sont servis, comme si nous avions quelque chose à fêter.

    Il cherche à entamer la conversation, à nous faire rire et à nous amuser. Nous apprenons qu’il habite à trois heures de route de chez nous, qu’il travaille dans le domaine de l’informatique au sein d’un collège et qu’il a une fille. Mon frère est plutôt réceptif et se détend petit à petit. Il est plus jeune, sans doute moins méfiant et observateur que moi. Sur ce, la soirée s’achève, et une fois couchée je sens que rien ne sera plus jamais comme avant.

    À partir de cette soirée-là, plus jamais nous ne serions seulement tous les trois. D’autant plus qu’il ne venait pas seul, mais accompagné de sa fille, âgée d’un an de plus que moi. Ses moindres faits et gestes avaient la fâcheuse tendance à m’énerver. Elle touchait à mes affaires, dormait dans mon lit, utilisait mes jouets. J’avais beaucoup de mal à supporter cette intrusion brutale dans notre quotidien. L’idée de partager ma maman, mon frère et mes affaires ne me plaisait pas du tout. Mais, malgré tout, je la voyais de plus en plus et n’avais tout simplement pas d’autre choix que d’accepter la présence de cette nouvelle personne.

    À cette époque, j’ai commencé à avoir des problèmes pour dormir. Le fait d’être deux dans ma chambre me gênait. Mais je ressentais aussi quelque chose d’étrange. Un malaise latent, l’impression de ne pas être sereine. Chaque fois qu’il était là, je trouvais une excuse pour me relever une fois que j’étais couchée : j’avais envie d’aller aux toilettes, de boire un verre d’eau, de me moucher… J’avais besoin de voir ce qui se passait dans les autres pièces de l’appartement pour me rassurer. Sans être capable de dire pourquoi, c’est quelque chose que je sentais, tout simplement.

    Cette habitude a commencé à sérieusement énerver tout le monde. On me réprimandait, me répétant qu’il fallait que je fasse tout ça avant d’aller au lit, que je devais arrêter de me lever sans cesse sans raison valable.

    Un soir, une fois couchée, j’ai entendu des bruits qui provenaient du bout du couloir. Au bout d’un moment et n’en pouvant plus d’attendre et de chercher un stratagème pour me lever, je suis sortie de mon lit et j’ai ouvert la porte de ma chambre, qui se situait tout au bout d’un grand couloir, dans un renfoncement. Arrivée au bout du mur, j’ai penché la tête pour tenter de les apercevoir. J’étais trop loin, donc j’ai dû avancer tout doucement de plusieurs pas avant de pouvoir les voir. La porte de la chambre de ma mère était ouverte et ils étaient là, nus et debout. Écœurée par la scène à laquelle j’assistais et en proie à l’incompréhension qu’elle suscitait chez moi qui étais si jeune, je suis restée figée.

    Bien entendu, avec le recul j’ai compris, mais sur le moment, plutôt que de partir, je suis restée tétanisée. Son attitude fut alors des plus étranges. Je me souviendrai toujours de son regard juste avant qu’il referme la porte.

    Par ce regard, il tenait à me montrer qu’il avait eu ma mère et que ce n’était qu’une question de temps avant qu’il en fasse son jouet.

    Le dernier souvenir que j’ai dans cet appartement concerne un réveillon de Noël. Nous avions prévu de passer les fêtes de fin d’année ensemble, et un repas était organisé pour nous cinq, le premier. Malgré ce malaise persistant, l’instant était plutôt sympa même si surement aidé par l’atmosphère de Noël et l’ouverture des cadeaux.

    C’est le dernier moment que nous avons passé dans notre chez-nous… Un moment plutôt heureux. Quelques semaines plus tard, maman nous a annoncé que nous allions emménager chez lui, à trois heures de route de là. Loin de mon école, loin de mes amis, loin de mes grands-parents, loin de chez nous.

    C’est alors que nous avons quitté cette vie pour en entamer une nouvelle dans le Finistère, chez celui qui m’avait fait tellement peur quelques mois auparavant. Son piège se refermait sur nous. Il avait franchi la première étape. Celle qui consistait à nous éloigner de tout notre entourage pour faire de nous ses marionnettes. J’avais alors sept ans.

    Chapitre 2

    « Je vis en enfer du jour au lendemain, mais je ne peux rien faire pour y échapper. Je ne sais pas où j’irais si je le faisais. Je me sens totalement impuissant, et ce sentiment est ma prison. Je suis entré de mon plein gré, j’ai fermé la porte et j’ai jeté la clé. »

    Haruki Murakami

    Les cartons sont bouclés et les déménageurs au travail ; nous prenons la route un jour d’hiver. À mesure que nous nous rapprochons de notre destination, empruntant des chemins déserts, nous nous enfonçons en rase campagne, sans personne aux alentours. Et, finalement, au bout de trois heures nous arrivons enfin.

    Notre nouvelle demeure est une maison de campagne dont la façade est en vieilles pierres. Elle est isolée et entourée d’un grand terrain délimité par une bordure d’arbres. Flanquée de deux grandes dépendances qui servent de débarras, cette maison paraît immense mais semble dénuée de toute chaleur. Maman se gare et, après les retrouvailles, commence alors la visite de notre futur chez-nous.

    Je trouve la maison froide et glauque. À l’étage se situent les chambres de tout le monde ; j’apprends alors qu’en plus je vais devoir partager la mienne avec sa

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