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Dieu est bon: Quand un Français lambda décide de créer sa propre secte...
Dieu est bon: Quand un Français lambda décide de créer sa propre secte...
Dieu est bon: Quand un Français lambda décide de créer sa propre secte...
Livre électronique197 pages2 heures

Dieu est bon: Quand un Français lambda décide de créer sa propre secte...

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À propos de ce livre électronique

En ouvrant la porte à des Témoins de Jéhovah, François ne pouvait imaginer l'aventure folle qui allait le happer et le marquer à vie. Car avec son meilleur ami, ils sont entrés dans un tourbillon où le maître mot est l'argent, en créant rien de moins que leur propre mouvement religieux. Une histoire faite de rencontres, de défis, d'inattendus qui laissent à jamais des traces. En sortiront-ils indemnes ?
LangueFrançais
Date de sortie22 juil. 2024
ISBN9782322476237
Dieu est bon: Quand un Français lambda décide de créer sa propre secte...
Auteur

Alexandre Cauchois

Alexandre Cauchois est passionné par l'histoire des religions et des croyances. Il est connu pour ses ouvrages relatifs aux dérives sectaires.

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    Aperçu du livre

    Dieu est bon - Alexandre Cauchois

    Du même auteur :

    Histoire Insolite et Secrète des Témoins de Jéhovah

    BoD, 2017

    Ouvrage destiné aux membres du mouvement ou aux personnes qui sont sorties des témoins de Jéhovah. Il apporte plusieurs dizaines d’éléments surprenants et généralement méconnus des fidèles.

    Santé et Sexualité chez les Témoins de Jéhovah

    BoD, 2018

    Livre destiné au grand public, qui revient d’abord sur toutes les croyances, passées et actuelles, des témoins de Jéhovah, liées à la santé. Il développe l’absurdité du refus de la transfusion de sang et d’autres choix du mouvement, donne des statistiques mondiales sur les problèmes médicaux, éclaire sur les multiples interdits et les problèmes liés à la sexualité.

    Qui sont les Témoins de Jéhovah ? Les origines

    BoD, 2020

    Livre destiné au grand public, qui s’attarde sur la création du mouvement par Charles Taze Russell.

    Témoins de Jéhovah et Franc-Maçonnerie : l’enquête vérité

    BoD, 2023

    Livre destiné au grand public, qui s’attarde sur les liens supposés entre les témoins de Jéhovah et la Franc-Maçonnerie, supposée par certains comme étant la créatrice du mouvement.

    Sommaire

    Réveillé !

    Bienvenue dans l'enfer paradisiaque

    Premier essai

    Au commencement...

    Divines théories

    La première prophétie

    Pareils aux premiers chrétiens

    Une religion à l'histoire ancestrale

    L'expansion en ligne de mir

    Écrire la Vérité qui libère

    Sauve qui peut !

    Une couverture exceptionnelle

    Dépassés par les évènements

    Structurons !

    Semons des petits pasteurs

    Diversifions-nous !

    Un lancement qui fait du bruit

    Une soirée explosive

    Tourner la page…

    Réveillé !

    Au début, je crois que c’est dans mon rêve. Mais ça n’a aucun sens. Comment diable quelqu'un sonnerait-il à ma porte en plein milieu de l'océan ? La sonnette retentit de nouveau et me réveille définitivement. Je regarde mon radioréveil : neuf heures dix. Cela ne fait que quatre heures que je suis couché et c'est une très mauvaise idée que de me tirer du lit brusquement un samedi matin. J’enfile le premier pantalon venu et me dirige nonchalamment vers cette maudite porte. L'œil de Juda me laisse entrevoir deux jeunes hommes, costumés, serviette à la main. J’ouvre.

    « Bonjour, Monsieur. Nous prenons plaisir à visiter chaque personne de votre localité, afin de partager un espoir merveilleux. » C'est le plus jeune, un blondinet, qui a pris la parole. Le discours est su par cœur, récité avec un sourire un peu forcé. Il doit avoir quinze ans. Son compagnon n'est pas beaucoup plus vieux. Leurs costumes semblent avoir été achetés chez Emmaüs ou à la Croix-Rouge. Et les cravates n'ont plus d'âge.

    « C'est quoi votre truc ? C'est Jéhovah, c'est ça ?

    - Nous sommes des chrétiens Témoins de Jéhovah. Jéhovah est en effet le nom de Dieu dans la Bible. »

    C'est celui qui paraît être le plus vieux qui m'a répondu. Joignant le geste à la parole, il a sorti de sa serviette un bouquin énorme. Il l’ouvre et j’entrevois des centaines de pages dans de très gros caractères. Je me dis que soit ce type est à moitié aveugle, soit il aime se détruire l'épaule avec ce livre au format démesuré, qui doit peser dans les dix kilos. Je l'arrête dans sa recherche du verset de sa Bible qui doit me démontrer que je suis un inculte total.

    « Attendez, que vous preniez plaisir à vous promener le week-end en couple, OK. Que vous sonniez à toutes les portes en vous gelant le cul, pourquoi pas. Mais moi, vous voyez, je dors. Et j'ai horreur qu'on vienne m'emmerder ! » J'attrape la poignée de la porte, que je pousse dans leur direction.

    Le blondinet me répond, avant que j’aie pu claquer la porte et avec le sourire, qu'il a dû d'ailleurs se faire greffer : « Pensez-vous que nous nous permettrions de sonner à toutes les portes si notre message n'était pas important ?

    - Vous voulez du fric pour le donner à votre gourou, c'est ça ? Moi aussi, j'ai besoin de fric et je vais pas pour autant faire chier mes voisins. Je réussis presque à fermer cette maudite porte qui fait entrer un petit vent trop frais pour moi le matin…

    - Notre œuvre est absolument volontaire et gratuite. Nous distribuons d'ailleurs gracieusement à tous ceux qui le souhaitent des périodiques et des livres, ainsi qu’une étude gratuite de la Bible, afin de permettre à tous de la connaître et a ainsi de découvrir Dieu et son message. Vous retrouvez également sur notre site internet un ensemble de textes et de vidéos qui vous permettent de découvrir la bonne nouvelle que nous venons vous apporter ce matin », me lance-t-il, conservant son imperturbable sourire.

    Cette fois, j'en suis sûr, il est greffé à son visage. Je claque définitivement la porte en hurlant « Merde » et je me recouche. Quels cons ! Ils font ça gratuitement ? Et puis quoi encore ? J’entends la sonnette du voisin et les chiens qui aboient sur leur passage. Et je me rendors enfin, non sans entendre rapidement mon voisin gueuler également.

    Les journées sont particulièrement difficiles en ce moment. Cela fait trois mois que je suis au chômage, tentant de décrocher un entretien avec un chef d'entreprise ou même un quelconque subalterne. Rien. Hier après-midi, j’ai accompagné ma mère à l’enterrement de son mari. Je n’ai jamais réussi à l’appeler « papa », celui-là, même s’il paraît qu’il est vraiment mon géniteur. Puis j’ai reçu chez moi des amis pour une partie de poker, histoire de décompresser. Alors, bien sûr, quand tout va mal… j’ai perdu le peu qu’il me restait. Mon compte bancaire est aussi vide que moi.

    Je repense toute la journée à ces deux rigolos qui disent travailler bénévolement au nom de la Bible. Est-il possible qu’au vingt-et-unième siècle des gens fassent quelque chose par simple foi, sans que cela leur rapporte financièrement ?

    C’est ainsi que germe l’idée : et si moi aussi je devenais zélé, avec ma grande foi pour le billet vert ? Après tout, on parle tout le temps de gourous richissimes, alors pourquoi pas moi ?

    Mais comment devient-on patron d’une secte ? En fait, je m'aperçois bien vite que mon idée est saugrenue, surtout parce que je n’y connais absolument rien en Dieu, en la Bible, le Coran, la Torah, ou en quoi que ce soit sur les croyances. Le mot « théologie » me donne à lui tout seul une profonde migraine. J'ai tout juste deux vieux horsséries de Charlie Hebdo, « Charlie saute sur les sectes » et « Charlie blasphème ». Tout un programme ! Alors, pour mieux comprendre et savoir de quoi il retourne, je décide que je vais m’immiscer dans le milieu. Histoire de voir...

    Après avoir d’abord rapidement visité le site internet des jéhovistes, je choisis de les contacter. Mon objectif premier : voir qui y gagne bien sa vie, et comment. Mais sur ça, impossible d’avoir la moindre information. On m’y parle partout de gratuité. Alors, je trouve le lieu de culte le plus proche et j'appelle.

    Le répondeur m'apprend qu’ils tiennent un paquet de réunions dans plusieurs langues, dont une le dimanche. En français, of course. Donc, demain. Je n’ai jamais rien fait d’aussi idiot : je vais pousser la porte d’une de ces sectes qui pourrissent la vie de milliers de mes contemporains. Et volontairement, s’il vous plait !

    Je n'ai pas trop envie de m'y rendre tout seul, mais en même temps, je me vois mal appeler un ami et lui dire : « tu fais quelque chose ce soir ? Parce que je vais voir si Jéhovah est si généreux qu’il le prétend. Tu viens ? »

    Bienvenue dans l'enfer paradisiaque

    Dimanche matin. Un peu nerveux – après tout, sur quoi vais-je tomber cet après-midi ? – je me rends de nouveau sur l’ordinateur pour en lire un maximum. Sur toutes les photos de Témoins de Jéhovah, ils sont en costumes à deux balles. Ontils un tailleur officiel ? Il y a aussi des vidéos avec un type surtout qui semble avoir un peu plus d’argent, avec une chevalière en or, un costume qui paraît sur-mesure… Bon au moins, il y a des personnes qui ont du goût et qui n’ont pas de problèmes d’argent.

    Je finis par découvrir le fondateur du mouvement, qui est en fait une entreprise. J’apprends que c’est même l’une des trente entreprises qui ont été classées une année comme gagnant le plus d’argent à New York. Ah oui, quand même ! Une information qui me fait plaisir : il y a bien du blé à se faire ! Puis je contemple les photos des dirigeants actuels : de vieux bonhommes, qui paraissent bien nourris. A priori, je ne risque pas d’être mangé par une bande de cannibales ou sacrifié à la pleine lune. C’est déjà ça ! Il est quatorze heures quand je pars, rassuré et convaincu que je ne perdrai rien à y aller. Au pire, soit je me fais une bonne frayeur, soit je me marre bien...

    Je me gare à proximité de l’entrée de ce qu’ils appellent (sans rire) la « salle du royaume ». J’ai hâte de rencontrer le Roi ! Le local semble assez récent, jouant la fausse modestie. Un grand panneau bleu tranche avec le reste du bâtiment, portant juste la mention de leur site internet : JW.ORG. Ça doit être leur croix à eux… J’observe avec attention les gens qui y entrent. Peu de personnes aisées a priori. Étaient-elles déjà pauvres avant de devenir membres de la secte ou ont-elles donné la majorité de leur argent ?

    Allez, hop, j’y vais ! Je prends une grande inspiration et je me dirige vers cette porte à deux battants, restée ouverte et où figure la mention « Entrée libre. Pas de quête. » À l’intérieur, un groupe de femmes me regarde de haut. Est-ce la vue d’un jeune homme de trente ans en costume Cardin qui leur titille la cataracte ? Toujours est-il que les sourires sont moins présents que ce qu’Internet prétendait. Où sont passées les jolies femmes sublimes aux dents blanches que j’avais vues en photo ? J’ai l’impression d’être à McDo, assis en face d’une de leurs pubs et tenant en main mon pitoyable burger.

    Au bout d’une quinzaine de minutes d’observation mutuelle, un homme d’une cinquantaine d’années quitte le groupe avec lequel il parle et m’aborde.

    « Bonjour, je suis Alain Le Prévost.

    – Enchanté. J’essaie de paraître sûr de moi. François Decaux. Deux personnes sont venues chez moi ce matin et je tenais à m’excuser auprès d’elles de la manière dont je leur ai répondu. »

    J'ai cogité toute la matinée sur ce que j'allai leur dire et je n'ai rien trouvé de mieux. Je bafouille, peu convaincu moi-même de mon petit discours d’introduction.

    Quant à lui, mon interlocuteur semble trouver ma démarche originale et sympathique. Il m’avoue que l’accueil est souvent difficile en porte-à-porte.

    Lorsque je lui demande pourquoi ils continuent, si c’est si dur que ça, il entre dans un grand discours sur une bonne nouvelle, les temps de la fin du monde actuel, la guerre entre le mal et le bien, Satan et Jéhovah, et sur je ne sais quel autre délire bidonnant. Il faut que je reste sérieux. Et surtout, que je recadre sur ce qui m’intéresse :

    « Ce qui m’a étonné aussi, dans ce que m’a dit l’un des deux colporteurs de ce matin, c’est que selon eux vous distribuez des livres gratuitement. Mais dans ce cas, vous devez donner une partie importante de votre salaire à l’église.

    − Nous ne versons aucune dîme. Notre œuvre est entièrement financée par des dons volontaires. Cette salle, par exemple, qui peut accueillir 110 personnes, a été construite grâce aux offrandes qui sont faites par ceux qui souhaitent contribuer financièrement. »

    Il m’entraîne alors vers un comptoir où sont distribués quelques livres, donnés par un autre costard-cravate. Il me demande si j’ai déjà une Bible. Je lui réponds par la négative et c’est alors qu’il appelle l'autre type, situé de l’autre côté du comptoir, afin qu’il me donne un pavé aussi imposant que celui du colporteur d'hier. Je le prends, en me demandant à quel moment l’on va me donner la facture. Alain m’entraîne vers une boîte vissée au mur sur laquelle figure ce qui semble être un passage de la Bible, qui dit en clair qu’il faut donner de l’argent. Il tire de sa poche un billet de dix euros et le glisse dans la fente.

    « Voilà. Chacun est libre de participer. Si vousmême souhaitez apporter votre offrande pour l’impression de tels ouvrages, n’hésitez pas. Sinon, j’ai déjà mis dix euros pour vous. Sachez que sur notre site internet, vous pouvez également trouver de très nombreux ouvrages, ainsi que des vidéos pour mieux comprendre notre mission. » Et il me quitte avec le sourire et en me tapant doucement sur l’épaule, alors que nous sommes invités dans les haut-parleurs à nous asseoir, par un type monté sur une estrade qui fait la largeur de la pièce. À côté de lui, un extrait de la Bible aux caractères démesurés et un grand écran.

    Chants au texte affiché sur l’écran géant et psalmodiant les vertus du porte-à-porte ou clamant la grandeur de leur Dieu, prières interminables, discours soporifique sur la fin du monde, incitant lui aussi à proclamer à toute la terre le message divin, petit rappel en passant sur le besoin en fric – voilà qui m’intéresse davantage – et jeu de questions-réponses où l’on vous dit à l’avance ce que vous devez répondre. Voilà qui est fascinant : imaginez Julien Lepers, en beaucoup moins souriant, mais très sérieux dans son rôle, poser des questions simplissimes à un auditoirequi a dans les mains un journal ou une tablette donnant les réponses aux questions. Impossible de répondre à côté ; certains même se contentent de lire la réponse mot à mot ! Un « Questions pour un Champion » version maternelle, en somme… mais où les participants ont de quatre à cent ans. Et le présentateur, du haut de son estrade, félicite chacun des répondants, comme s’ils avaient accompli un exploit. J’ai fortement envie de rire.

    Au bout de près de deux heures, qui me semblent interminables, la réunion est enfin terminée. Mais je reste assis sur mon derrière endolori : de mon siège, j’ai une vue imprenable sur la caisse. Je n’en suis séparé que par un large couloir, où les adorateurs de Jéhovah se retrouvent pour papoter après cette longue et soporifique séance. Certains viennent me voir, essayant de glaner des informations sur moi, sur ma vie, mon travail, mes croyances,

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