« Charte de Grenoble » : différence entre les versions
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== Historique
Au sortir de la [[Seconde Guerre mondiale]] certains étudiants, souvent liés à la [[Résistance (politique)|Résistance]] désirent faire évoluer l’[[Union nationale des étudiants de France|UNEF]]. Ils veulent rompre avec
Ils décident donc d’imiter la [[Confédération générale du travail|CGT]] qui s’était donnée un texte de référence en 1906 : la [[Charte d'Amiens]]. La charte du syndicalisme étudiant elle, se discute en 1946 à Grenoble lors du congrès de l’[[Union nationale des étudiants de France|UNEF]], d’où son nom « Charte de Grenoble ».
Pour faire passer leur message à l’ensemble du congrès, les rédacteurs de la Charte, souvent d’anciens résistants, s’appuient sur l’élan de la [[Libération (histoire)|Libération]] et la mise en œuvre du programme du [[Conseil national de la Résistance]]. Ils mettent également en avant les efforts sociaux de l’[[Union nationale des étudiants de France|UNEF]] dans l’entre
Ils proposent donc l’adoption d’un texte court définissant le statut social de l’étudiant et exposant les droits et les devoirs qui en découlent. Le but était selon [[Charles Lerbert]], à l’époque vice-président de l’[[Union nationale des étudiants de France|UNEF]], de « ''trouver les mots et accomplir les gestes qui donnent son identité à une collectivité'' ». La population étudiante est donc présentée comme un groupe social homogène ayant des attentes et des besoins spécifiques. L’article 1 définit l’étudiant comme un « jeune travailleur intellectuel ». Il ne peut donc plus être considéré comme un enfant à la charge de ses parents. C’est un adulte responsable et autonome. C’est un jeune qui doit s’intégrer à la « jeunesse mondiale et nationale » (article 3).
La Charte est adoptée à une large majorité des congressistes.
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=== Préambule ===
Les représentants des étudiants français, légalement réunis en Congrès National à Grenoble, le {{date-|24 avril 1946}}, conscients de la valeur historique de l’époque
*Où
*Où s’édifie le Statut pacifique des Nations ;
*Où le monde du travail et de la jeunesse dégage les bases d’une révolution économique et sociale au service de l’Homme ;
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== La portée nationale et internationale de la Charte ==
La charte est immédiatement présentée par l’[[Union nationale des étudiants de France|UNEF]] à l'[[Union internationale des étudiants]] (UIE) qui tient son congrès fondateur en 1946 à [[Prague]]. L’UIE en adopte les grandes lignes, mais vite noyautée par les organisations issues du bloc communiste, l’UIE est discréditée. Dès lors la Conférence Internationale des Étudiants (CIE) est créée mais sur une ligne beaucoup plus apolitique.
La Charte de Grenoble cependant, continue à influencer les débats entre organisations étudiantes. C’est ainsi qu’une réunion à Beyrouth des unions nationales des étudiants des pays arabes retient dans ses conclusions l’esprit de la Charte de Grenoble, en affirmant la nécessité d’un syndicalisme étudiant et en affichant leur croyance que « '' l'étudiant doit en tant que jeune et en tant qu'intellectuel, rechercher la vérité de même qu'il doit, en tant que travailleur producteur dans son milieu, jouer un rôle essentiel pour contribuer à l'éclaircissement des données sociales et économiques '' » <ref name="l'étudiant">''L'étudiant'', {{8e
En [[Belgique]], le syndicat étudiant
De nos jours, la Charte de Grenoble
== Exemple d’utilisation syndicale de la Charte ==
La Charte n’est pas qu’un outil intellectuel, elle est surtout un appui pour des campagnes syndicales concrètes. La première utilisation remarquable de ce document date de 1948 lors de la création en France de la [[Sécurité sociale]]. S’appuyant sur l’article 2 qui affirme qu’en tant que jeune travailleur, l’étudiant a droit à une « prévoyance sociale particulière », l’[[Union nationale des étudiants de France|UNEF]] réclame un régime propre aux étudiants (congrès de Strasbourg en 1947). Suit un long travail
Selon l’article 4, « en tant que travailleur, l’étudiant a droit au travail et au repos dans les meilleures conditions et dans l’indépendance matérielle ». Cette déclaration, sert de base aux syndicats étudiants pour réclamer une [[allocation d'étude]] qu’elle soit appelée ainsi ou salaire étudiant ou pré-salaire ou encore allocation d’autonomie (selon les époques et les organisations).
La Charte de Grenoble a été saluée en mai 1951 à l'Assemblée nationale par des députés communistes et démocrates-chrétiens qui défendaient l'idée de salaire étudiant<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=|nom1=Casta|prénom1=Aurélien|titre=En 1951, l’Assemblée faillit adopter le salaire étudiant|url=https://www.monde-diplomatique.fr/2020/01/CASTA/61176|site=Le Monde diplomatique|périodique=|date=2020-01-01|consulté le=}}</ref>.
Un exemple frappant de cette exploitation de la charte se trouve dans un tract l’[[UNEF-ID]] daté de [[1996]]. En introduction à un chapitre consacré à l’allocation d’étude, ce syndicat écrit «''l’étudiant est un jeune travailleur en formation et doit donc avoir la possibilité matérielle d’y consacrer le temps nécessaire''» <ref name="tract UNEF-ID">''Tous ensemble, construisons l’université de demain !'', Supplément à Étudiant de France, no. 184, janvier 1996, p.3. «''Une allocation d’étude individualisée pour tous''»</ref>.▼
▲Un exemple frappant de cette exploitation de la charte se trouve dans un tract de l’[[UNEF-ID]] daté de [[1996]]. En introduction à un chapitre consacré à l’allocation d’étude, ce syndicat écrit «''l’étudiant est un jeune travailleur en formation et doit donc avoir la possibilité matérielle d’y consacrer le temps nécessaire''» <ref name="tract UNEF-ID">''Tous ensemble, construisons l’université de demain !'', Supplément à Étudiant de France, no. 184, janvier 1996, p.3. «''Une allocation d’étude individualisée pour tous''»</ref>.
L’article 7 qui déclare qu’en tant qu’intellectuel, l’étudiant à le devoir de « propager et défendre la vérité », a servi de base à de nombreux combats non spécifiquement étudiant comme la dénonciation de la [[Guerre d'Algérie]].
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== Notes et références ==
<references />
[[Robi Morder]] (coord.), ''Grenoble 1946. Naissance d'un syndicalisme étudiant'', [[Éditions Syllepse]], 2006<br />
COLLIN M., L'Illusion identitaire des étudiants francophones, Academia-Bruylant, Bruxelles, 2008
== Voir aussi ==
* [[Charte d'Amiens]]
* [[Union nationale des étudiants de France]] (UNEF)
{{Palette Représentation des étudiants en France}}
▲* [[Groupe d'études et de recherche sur les mouvements étudiants]] (GERME)
{{Portail|Grenoble|syndicalisme|éducation}}
[[Catégorie:Syndicalisme étudiant
[[Catégorie:Grenoble]]
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