« Lucien Febvre » : différence entre les versions

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| nom = Lucien Febvre
| image = Lucien Febvre-Strasbourg.jpg
| légende =
| nom de naissance = Lucien ''Paul Victor'' Febvre
| date de naissance = 22 juillet 1878
| lieu de naissance = [[Nancy]] ([[Meurthe-et-Moselle]])
| date de décès = 25 septembre 1956
25 septembre 1956
| lieu de décès = [[Saint-Amour (Jura)|Saint-Amour]] ([[Jura (département)|Jura]])
| nationalité = [[France|Française]]
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| approche =
| travaux = * Thèse de doctorat, ''Philippe II et la Franche-Comté''
* ''[[Revue des Annales|Annales d'histoire économique et sociale]]''
* ''Le Problème de l’incroyance au XVIe siècle : la religion de Rabelais'' (1942)
| détracteur = historiens de l’École positiviste
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{{sources à lier|date=décembre 2010}}
 
Lucien Febvre intègre l'[[École normale supérieure (France)|École normale supérieure]] en [[1899]], dans la section des lettres, et passe l'[[Agrégation d'histoire en France|agrégation d'histoire]] en 1902<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=|prénom1=Gilles|nom1=Candar|titre=Une amitié motrice : Lucien Febvre et Anatole de Monzie|périodique=Cahiers Jaurès|numéro=163-164|date=2002|issn=1268-5399|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-cahiers-jaures-2002-1-page-79.htm|consulté le=2018-05-13|pages=79–9579-95}}</ref>. Il soutient ensuite une [[thèse]] intitulée ''{{Citation|[[Philippe II d'Espagne|Philippe II]] et la [[Franche-Comté]]}}'' en [[1911]]<ref>[http://classiques.uqac.ca/classiques/febvre_lucien/philippe_II/philippe_II.html Philippe II et la Franche-Comté - Étude d'histoire politique, religieuse et sociale] par Lucien Febvre (1912), texte intégral de la thèse de doctorat sur [[Les Classiques des sciences sociales]]</ref>. Dans ce travail, il insiste sur les interactions entre l'[[économie (activité humaine)|économie]] et la société ainsi qu'avec les représentations mentales, ce qui constitue une manière nouvelle d'aborder l'histoire à une époque où cette discipline est dominée par l'[[École méthodique (histoire)|École méthodique]] et la ''[[Revue historique (France)|Revue historique]]''.
 
Lucien Febvre est nommé [[Professeur des universités|professeur]] à l'[[Université de Strasbourg]] en [[1919]]. En 1933, il devient professeur au [[Collège de France]]<ref>''Dictionnaire des intellectuels français'', Jacques Julliard, Michel Winock, Ed. Seuil {{p.|479}}</ref>, qui est situé en marge de l'université et qui est davantage tourné vers la recherche et les innovations scientifiques. Il épouse durant l'été 1921 Suzanne Dognon, de dix-neuf ans sa cadette<ref name=zemon>{{Article|langue=fr|prénom1=Natalie Zemon|nom1=Davis|titre=Les femmes et le monde des Annales|périodique=Tracés. Revue de Sciences humaines|numéro=32|date=2017-05-18|issn=1763-0061|doi=10.4000/traces.6902|lire en ligne=https://journals.openedition.org/traces/6902|consulté le=2021-11-10|pages=173–192173-192}}.</ref>. Elle-même historienne et géographe, formée à l’École normale supérieure des jeunes filles de Sèvres, elle abandonne sa thèse après son mariage afin de se consacrer à sa vie de famille<ref name=zemon/>.
 
Lucien Febvre est d'abord l'homme d'une génération, il a vingt ans en [[1898]], l'année où parait le manuel fondamental de l'histoire méthodique : l'''Introduction aux études historiques'' de [[Charles-Victor Langlois|Langlois]] et [[Seignobos]]. L'école méthodique est alors le courant dominant de l'[[historiographie]] française pendant la jeunesse de Febvre. Cette école se caractérise par la place centrale du document dans le travail d'historien et la recherche de l'[[objectivité]], ce qui conduit les méthodiques à privilégier les faits. Le déclin de ce courant de pensée a lieu à partir des années [[1920]] et c'est dans ce contexte que Lucien Febvre fonde avec [[Marc Bloch]] une nouvelle revue, les ''[[Annales d'histoire économique et sociale]]'' en [[1929]], devenues par la suite les ''Annales, Économies-Sociétés-Civilisations''. Les [[Annales. Histoire, Sciences sociales|Annales]] sont alors essentiellement une [[revue]] d'idées et de méthodes, avec le souci d'abattre « les cloisons » entre les géographes, les économistes, les sociologues et les historiens.
 
Lucien Febvre contribue régulièrement à la ''Revue de synthèse historique'', créée en 1900 par le philosophe [[Henri Berr]]. Cette revue cherche à combiner les apports des nouvelles sciences sociales comme la sociologie durkheimienne à l'enseignement de l'histoire.
La création de cette revue s'est faite dans un contexte de remises en cause. C'est une période où l'[[École méthodique (histoire)|école méthodique]] perd de son éclat. De plus, l'histoire était confrontée à une crise à la fois morale, intellectuelle et institutionnelle. Ces incertitudes que rencontraient les historiens pouvaient en partie s'expliquer par la [[révolution]] einsteinienne (qui annonce un renouveau des sciences), mais aussi par le fait qu'il y avait une crise de recrutement à l'université : la population des professeurs était quelque peu vieillissante, ce qui était peu favorable à l'[[innovation]]. C'est donc dans ce contexte que Lucien Febvre prend conscience de sa responsabilité d'historien et l'urgence qu'il y a de réorganiser le travail pour transformer l'histoire. Cela le pousse à faire une autre histoire que celle des historiens de la génération précédente, celle de [[Charles-Victor Langlois|Langlois]] et [[Seignobos]] (donc celle de l'école méthodique).
 
Lucien Febvre entretient une correspondance fournie avec ce philosophe<ref>{{Ouvrage|auteur1=Lucien Febvre|titre=Lettres à Henri Berr|éditeur=Fayard|année=1997}}</ref>, ainsi qu'avec son jeune collègue (qui a huit ans de moins que lui), Marc Bloch<ref>{{Ouvrage|auteur1=Lucien Febvre, Marc Bloch|titre=Correspondance|lieu=Fayard|année=1994}}</ref>. Il accompagne Henri Berr dans la création d'une collection de livres d'histoire universelle, ''L'Évolution de l'humanité.'' Lucien Febvre rédige huit livres pour cette collection.
Il participe en [[1930]] au troisième [[Cours universitaires de Davos|cours universitaire de Davos]], avec de nombreux autres intellectuels français et allemands. Il fut membre du Comité d'honneur du [[Fondation Royaumont|Centre culturel international de Royaumont]]. Cofondateur des [[Annales. Histoire, Sciences sociales|Annales]] avec Marc Bloch, frappé par le statut des juifs d’{{date-|octobre 1940}}, Febvre à la différence de Bloch manifestait des tendances « pro-européennes » en 1940-41 et sollicita de l’occupant de faire reparaître « les Annales » en zone occupée alors que Bloch s’y opposait. L’autorisation de reparaître sous un autre titre fut accordée, Bloch publiant sous un pseudonyme<ref>{{Lien web|url=https://next.liberation.fr/livres/1995/02/16/une-france-en-vert-de-gris-la-france-a-l-heure-allemande_123133|titre=Une France en vert-de-gris : « La France à l'heure allemande »|auteur=[[Pierre Laborie]]|jour=16|mois=2|année=1995|site=[[Libération (journal)|Libération]]|consulté le=20 juin 2019}}.</ref>, et Febvre reçut même en 1942 le soutien du ministre collaborationniste [[Abel Bonnard]]. Cet épisode est beaucoup moins évoqué que la tentative de reparution de ''L’Humanité'' de 1940 menée par Tréand et Catela, alors que Febvre poussa jusqu’au bout l’envie de survie de sa revue<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Philippe Burin|titre=La France à l'heure allemande 1940-1944|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Le Seuil]]|année=1995|passage=p. 322 à 328|isbn=}}</ref>.
 
S'éloignant d'Henri Berr, avec qui il a des désaccords, Lucien Febvre fonde en [[1929]] avec [[Marc Bloch]] les ''[[Annales d'histoire économique et sociale]]'' , devenues par la suite les ''Annales, Économies-Sociétés-Civilisations''. Les [[Annales. Histoire, Sciences sociales|Annales]] poursuivent la méthodologie de la ''Revue de synthèse historique,'' en se concentrant sur les apports de l'histoire économique et sociale, la sociologie et l'anthropologie à l'étude de l'histoire.
À sa mort, Lucien Febvre avait à son actif une œuvre personnelle considérable. Beaucoup de ses ouvrages ont marqué sa génération, que ce soit sa thèse sur [[Philippe II d'Espagne|Philippe II]] et la [[Franche-Comté]], mais aussi ses grands livres sur le {{s|XVI}}, et notamment ''Le Problème de l’incroyance au {{XVIe}} siècle : la religion de [[Rabelais]]'' ([[1942]]), qui est considéré par certains historiens comme son chef-d'œuvre<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Jean-Loup|nom1=Kastler|titre=Du « problème de l’incroyance » à « l’étrange liberté »|périodique=ThéoRèmes|numéro=5|date=2014-03-04|issn=1664-0136|doi=10.4000/theoremes.537|lire en ligne=https://journals.openedition.org/theoremes/537|consulté le=2018-11-20}}</ref>, on peut encore citer ''Un Destin, [[Martin Luther]]'' ([[1928]]). Et puis il y a aussi les ''Combats pour l'histoire'' ([[1953]]), ''Pour une histoire à part entière'' ([[1962]])…
 
La création de cette revue s'est faite dans une période où l'[[École méthodique (histoire)|école méthodique]] perd de son éclat. La population des professeurs à l'Université était vieillissante, ce qui était peu favorable à l'[[innovation]]. C'est dans ce contexte que Lucien Febvre lance cette revue, qui s'imposera rapidement au sein de l'historiographie française comme un lieu majeur de discussion d'idées nouvelles.
L’héritage de Lucien Febvre s’est joué à la fois autour de son œuvre personnelle (donc de ses nombreux ouvrages) mais aussi autour de ses actions en tant qu'historien. Outre son engagement dans la création des [[École des Annales|Annales]], il y a aussi son implication dans l’[[Encyclopédie française]], projet lancé en 1933 par [[Anatole de Monzie]] et qui l'occupe une trentaine d'années <ref> Racine Nicole. [http://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1998_num_57_1_3718 Lucien Febvre et l'encyclopédie française], in ''Vingtième Siècle, revue d'histoire, n°57, janvier-mars 1998. pp. 132-133. DOI : 10.3406/xxs.1998.3718</ref>. Élu en 1943 directeur d'études à la V{{e}} section (sciences religieuses) de l'[[École pratique des hautes études]] (chaire Histoire de la Réforme et du [[protestantisme]]), il y a créé la VI{{e}} section (sciences économiques et sociales) en [[1947]], à l'origine de l'[[EHESS]], une institution au rayonnement international. De plus, on peut dire que la postérité de Lucien Febvre {{Citation|ne se décline pas au singulier}} comme l'a souligné Bertrand Muller, un spécialiste de Febvre. Elle est en effet indissociable de celle de [[Marc Bloch]] et des Annales et donc du renouveau historiographique qui va avec. Donc la question de sa postérité est aussi tout une affaire d’héritage intellectuel et scientifique, d’autant plus que les Annales d'aujourd'hui cherchent à démontrer leur fidélité au projet fondateur.
 
Il participe en [[1930]] au troisième [[Cours universitaires de Davos|cours universitaire de Davos]], avec de nombreux autres intellectuels français et allemands. Il fut membre du Comité d'honneur du [[Fondation Royaumont|Centre culturel international de Royaumont]]. Cofondateur des [[Annales. Histoire, Sciences sociales|Annales]] avec Marc Bloch, frappé par le statut des juifs d’{{date-|octobre 1940}}, Febvre à la différence de Bloch manifestait des tendances « pro-européennes » en 1940-41 et sollicita de l’occupant de faire reparaître « les Annales » en zone occupée alors que Bloch s’y opposait. L’autorisation de reparaître sous un autre titre fut accordée, Bloch publiant sous un pseudonyme<ref>{{Lien web|url=https://next.liberation.fr/livres/1995/02/16/une-france-en-vert-de-gris-la-france-a-l-heure-allemande_123133|titre=Une France en vert-de-gris : « La France à l'heure allemande »|auteur=[[Pierre Laborie]]|jour=16|mois=2|année=1995|site=[[Libération (journal)|Libération]]|consulté le=20 juin 2019}}.</ref>, et Febvre reçut même en 1942 le soutien du ministre collaborationniste [[Abel Bonnard]]. Cet épisode est beaucoup moins évoqué que la tentative de reparution de ''L’Humanité'' de 1940 menée par Tréand et Catela, alors que Febvre poussa jusqu’au bout l’envie de survie de sa revue<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Philippe Burin|titre=La France à l'heure allemande 1940-1944|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Le Seuil]]|année=1995|passage=p. 322 à -328|isbn=}}</ref>.
 
À sa mort, Lucien Febvre avait à son actif une œuvre personnelle considérable. Beaucoup de ses ouvrages ont marqué sa génération, que ce soit sa thèse sur [[Philippe II d'Espagne|Philippe II]] et la [[Franche-Comté]], mais aussi ses grands livres sur le {{s|XVI}}, et notamment ''Le Problème de l’incroyance au {{XVIes-|XVI}} siècle : la religion de [[Rabelais]]'' ([[1942]]), qui est considéré par certains historiens comme son chef-d'œuvre<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Jean-Loup|nom1=Kastler|titre=Du « problème de l’incroyance » à « l’étrange liberté »|périodique=ThéoRèmes|numéro=5|date=2014-03-04|issn=1664-0136|doi=10.4000/theoremes.537|lire en ligne=https://journals.openedition.org/theoremes/537|consulté le=2018-11-20}}</ref>, on peut encore citer ''Un Destin, [[Martin Luther]]'' ([[1928]]). Et puis il y a aussi les ''Combats pour l'histoire'' ([[1953]]), ''Pour une histoire à part entière'' ([[1962]])…
 
L’héritage de Lucien Febvre s’est joué à la fois autour de son œuvre personnelle (donc de ses nombreux ouvrages) mais aussi autour de ses actions en tant qu'historien. Outre son engagement dans la création des [[École des Annales|Annales]], il y a aussi son implication dans l’[[Encyclopédie française]], projet lancé en 1933 par [[Anatole de Monzie]] et qui l'occupe une trentaine d'années <ref> Racine Nicole. [http://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1998_num_57_1_3718 Lucien Febvre et l'encyclopédie française], in ''Vingtième Siècle, revue d'histoire, n°57, janvier-mars 1998. ppp. 132-133. DOI : 10.3406/xxs.1998.3718</ref>. Élu en 1943 directeur d'études à la V{{e}} section (sciences religieuses) de l'[[École pratique des hautes études]] (chaire Histoire de la Réforme et du [[protestantisme]]), il y a créé la VI{{e}} section (sciences économiques et sociales) en [[1947]], à l'origine de l'[[EHESS]], une institution au rayonnement international. De plus, on peut dire que la postérité de Lucien Febvre {{Citation|ne se décline pas au singulier}} comme l'a souligné Bertrand Muller, un spécialiste de Febvre. Elle est en effet indissociable de celle de [[Marc Bloch]] et des Annales et donc du renouveau historiographique qui va avec. Donc la question de sa postérité est aussi tout une affaire d’héritage intellectuel et scientifique, d’autant plus que les Annales d'aujourd'hui cherchent à démontrer leur fidélité au projet fondateur.
 
== Febvre et sa conception de l'histoire ==
Febvre voulait de son vivant rénover le métier d'historien. Pour y parvenir, il fallait tout d'abord selon lui se détacher de l'histoire de la génération précédente (de l'école méthodique), car, d'après lui, {{Citation|elle n'était plus capable de rendre compte des transformations du monde moderne}}. Il a en effet rejeté le [[déterminisme]] qu'avait adopté cette école, au profit du [[possibilisme (géographie)|possibilisme]] théorisé par [[Vidal de la Blache]]. Il veut donc éliminer une fois pour toutes le recours au [[déterminisme]] du milieu naturel pour expliquer l'évolution des sociétés. Ensuite, toujours selon Febvre, il faut aussi privilégier une {{Citation|histoire-problème}} qui fonde ses interrogations avec le présent.
 
L'histoire qu'il préconise n'est donc pas la [[description]] de quelque chose, mais l'[[explication]] de quelque chose. Pour mettre en œuvre cette démarche, il faut donc choisir les faits volontairement, les organiser et en tirer quelque chose. Il a donc proposé une nouvelle [[théorie de la connaissance]]. Enfin, Febvre a cherché à fédérer les [[sciences sociales]]. Pour y parvenir il prônait une confrontation des disciplines (avec la [[géographie]], la [[sociologie]], l'[[économie (discipline)|économie]] etc.notamment). En fait, on peut dire que Febvre a donc cherché à légitimeraffirmer que l'histoire comme étantest une [[science sociale]] à part entière, donc une science des [[Société (sciences sociales)|sociétés]], de l'[[économie (discipline)|économie]], autant que du [[politique]] et de la [[culture]].
 
Ces caractéristiques de l'histoire paraissent aujourd'hui naturelles, mais à l'époque, les adopter était faire preuve d'une certaine audace, d'où la place primordiale qu'il a acquise dans l'[[historiographie]] française. Il faut savoir que cet historien n'a pas toujours été mis en avant. En effet, l'héroïsation récente de [[Marc Bloch]] (du fait de son implication dans la [[Résistance française|Résistance]] pendant la guerre), s'est faite aux dépens de la postérité de Febvre. Effectivement, comme l'a signalé [[Philippe Poirrier]] dans son ''Introduction à l'[[historiographie]]'', ces 15 dernières années les historiens ont eu tendance à mettre en avant Bloch et à oublier Febvre. Par exemple, les [[École des Annales|Annales]] sont instinctivement associées à [[Marc Bloch]] mais pas forcément à Lucien Febvre...Febvre…
 
== Une approche anti-positiviste ==
 
=== La place de l'histoire et des historiens à la fin du {{s-|XIX}} et au début du {{s-|XX}} ===
C'est en partie en s'opposant à l'école méthodique que Febvre a cherché à légitimer ses idées. La critique que Febvre adressa aux méthodiques est très bien résumée dans son discours inaugural au [[Collège de France]] qu'il prononça en [[1933]] : il dénonce et condamne leur appréhension de l'histoire afin de légitimer ses propres réflexions. Selon lui, {{Citation|[la place de l'histoire] était dans les lycées peuplés d'agrégés d'histoire, dans les universités garnies de chaires d'histoire, dans les écoles spéciales réservées à son culte. Elle débordait, de là, sur les directions d'enseignements, les rectorats, tous les grands postes de l'instruction publique}}. En effet il y a plusieurs éléments qui confirment cette grande place de l'histoire. Tout d'abord dans le dernier quart du {{s|XIX}}, s'engage un long processus de réorganisation des études secondaires. La discipline historique a en effet été dotée de programmes de plus en plus démarqués des champs disciplinaires voisins. Il existe de nombreux établissements d'études supérieures où est enseignée l'histoire. Parmi les principaux : les facultés, mais aussi l'[[École nationale des chartes|écoleÉcole des chartes]], l'[[école normale supérieure (France)|écoleÉcole normaleNormale supérieureSupérieure]], l'[[école pratique des hautes études|École Pratique des Hautes Études]]... La place de l'histoire dans l'[[Études supérieures en France|enseignement supérieur]] était donc très importante. Le paysage était particulièrement dominé par trois personnalités : [[Ernest Lavisse]], [[Charles Seignobos]] et [[Gabriel Monod]]. Cette période de fin de siècle est donc en quelque sorte une renaissance de l'étude historique, qu'on peut expliquer par l'influence allemande, qui a donné au travail historique un caractère scientifique. Mais cette renaissance peut aussi s'expliquer par la volonté de participer au relèvement national.
 
Febvre a beaucoup critiqué ce système universitaire. Avant tout, pour comprendre ses reproches, il faut savoir que la seconde étape de sa carrière d'historien a été assez délicate. À partir des années vingt, les créations d'emplois dans les universités stagnent, et la place de l'histoire recule au profit de la [[littérature]]. Cette situation favorisait les candidats les plus dociles, les plus proches du centre gravitationnel de la discipline. Vu l'attitude de Febvre, avec ses attirances pour les autres disciplines mais aussi par ses critiques qu'il a pu énoncer à propos du programme de l'[[agrégation en France|agrégation]] par exemple, les institutions traditionnelles ne lui ont pas été favorables. Par conséquent, il a été sévèrement battu en [[1926]] lors de sa candidature à la [[Sorbonne]] (pour remplacer [[Seignobos]]) par un candidat qui avait pourtant beaucoup moins de notoriété que lui. À partir de là, on comprend mieux ses critiques quand on sait à quel point son parcours professionnel a été freiné de par les cadres qui étaient établis.
C'est en partie en s'opposant à l'école méthodique que Febvre a cherché à légitimer ses idées. La critique que Febvre adressa aux méthodiques est très bien résumée dans son discours inaugural au [[Collège de France]] qu'il prononça en [[1933]] : il dénonce et condamne leur appréhension de l'histoire afin de légitimer ses propres réflexions. Selon lui, {{Citation|[la place de l'histoire] était dans les lycées peuplés d'agrégés d'histoire, dans les universités garnies de chaires d'histoire, dans les écoles spéciales réservées à son culte. Elle débordait, de là, sur les directions d'enseignements, les rectorats, tous les grands postes de l'instruction publique}}. En effet il y a plusieurs éléments qui confirment cette grande place de l'histoire. Tout d'abord dans le dernier quart du {{s|XIX}}, s'engage un long processus de réorganisation des études secondaires. La discipline historique a en effet été dotée de programmes de plus en plus démarqués des champs disciplinaires voisins. Il existe de nombreux établissements d'études supérieures où est enseignée l'histoire. Parmi les principaux : les facultés, mais aussi l'[[École nationale des chartes|école des chartes]], l'[[école normale supérieure (France)|école normale supérieure]], l'[[école pratique des hautes études]]... La place de l'histoire dans l'[[Études supérieures en France|enseignement supérieur]] était donc très importante. Le paysage était particulièrement dominé par trois personnalités : [[Ernest Lavisse]], [[Charles Seignobos]] et [[Gabriel Monod]]. Cette période de fin de siècle est donc en quelque sorte une renaissance de l'étude historique, qu'on peut expliquer par l'influence allemande, qui a donné au travail historique un caractère scientifique. Mais cette renaissance peut aussi s'expliquer par la volonté de participer au relèvement national.
 
Le second élément que reproche Febvre à l'histoire de cette période c'est qu'elle est au service selon lui, de la {{Citation|déification du présent à l'aide du passé}}. Il est vrai qu'avec la [[Troisième République (France)|Troisième République]], l'histoire enseignée devient presque un outil de [[propagande]] au service de la formation des [[citoyens]]. Par exemple [[Ernest Lavisse]] ([[1842]]-[[1922]]) dans son [[Histoire de France]], cours élémentaire (en [[1913]]) introduisait l'entreprise coloniale en [[Algérie]] de cette façon : {{Citation|En l'année [[1830]], le roi [[Charles X de France|Charles X]] envoya des vaisseaux attaquer la ville d'[[Alger]], parce que les [[Algériens]] faisaient beaucoup de tort à notre commerce en arrêtant et pillant nos navires. La ville fut prise. Ensuite il fallut conquérir l'[[Algérie]]}}. Il est vrai que les historiens méthodiques insistaient beaucoup sur l'importance de la pédagogie, donc sur la fonction sociale de l'histoire. Et de ce fait elle servait en quelque sorte à stabiliser la vie politique, à légitimer la politique menée, et pour y parvenir, l'enseignement était de l'ordre [[patriotique]].
Febvre a beaucoup critiqué ce système universitaire. Avant tout, pour comprendre ses reproches, il faut savoir que la seconde étape de sa carrière d'historien a été assez délicate. À partir des années vingt, les créations d'emplois dans les universités stagnent, et la place de l'histoire recule au profit de la [[littérature]]. Cette situation favorisait les candidats les plus dociles, les plus proches du centre gravitationnel de la discipline. Vu l'attitude de Febvre, avec ses attirances pour les autres disciplines mais aussi par ses critiques qu'il a pu énoncer à propos du programme de l'[[agrégation en France|agrégation]] par exemple, les institutions traditionnelles ne lui ont pas été favorables. Par conséquent, il a été sévèrement battu en [[1926]] lors de sa candidature à la [[Sorbonne]] (pour remplacer [[Seignobos]]) par un candidat qui avait pourtant beaucoup moins de notoriété que lui. À partir de là, on comprend mieux ses critiques quand on sait à quel point son parcours professionnel a été freiné de par les cadres qui étaient établis.
 
Le second élément que reproche Febvre à l'histoire de cette période c'est qu'elle est au service selon lui, de la {{Citation|déification du présent à l'aide du passé}}. Il est vrai qu'avec la [[Troisième République (France)|Troisième République]], l'histoire enseignée devient presque un outil de [[propagande]] au service de la formation des [[citoyens]]. Par exemple [[Ernest Lavisse]] ([[1842]]-[[1922]]) dans son [[Histoire de France]], cours élémentaire (en [[1913]]) introduisait l'entreprise coloniale en [[Algérie]] de cette façon : {{Citation|En l'année [[1830]], le roi [[Charles X de France|Charles X]] envoya des vaisseaux attaquer la ville d'[[Alger]], parce que les [[Algériens]] faisaient beaucoup de tort à notre commerce en arrêtant et pillant nos navires. La ville fut prise. Ensuite il fallut conquérir l'[[Algérie]]}}. Il est vrai que les historiens méthodiques insistaient beaucoup sur l'importance de la pédagogie, donc sur la fonction sociale de l'histoire. Et de ce fait elle servait en quelque sorte à stabiliser la vie politique, à légitimer la politique menée, et pour y parvenir, l'enseignement était de l'ordre [[patriotique]].
 
=== L'école méthodique selon Febvre : une méthode qui tend vers l'objectivité ? ===
Dans ses ''Combats pour l'histoire'', quand Febvre déclare qu'il est contraint de {{Citation|procéder à un examen sans complaisance des idées que reçurent les hommes de sa génération et des méthodes qui leur furent enseignées}}, il fait donc allusion au courant dominant en histoire à la fin du XIXe et du début du {{s-|XX}} qui est par conséquent l'école méthodique dont [[Charles-Victor Langlois|Langlois]] et [[Seignobos]] sont les chefs de file. Ce courant, qui s'est inspiré du [[positivisme]] théorisé par [[Auguste Comte]], occupait en effet une place fondamentale.
 
Dans ses ''Combats pour l'histoire'', quand Febvre déclare qu'il est contraint de {{Citation|procéder à un examen sans complaisance des idées que reçurent les hommes de sa génération et des méthodes qui leur furent enseignées}}, il fait donc allusion au courant dominant en histoire à la fin du XlXe et du début du {{s-|XX}} qui est par conséquent l'école méthodique dont [[Charles-Victor Langlois|Langlois]] et [[Seignobos]] sont les chefs de file. Ce courant qui s'est inspiré du [[positivisme]] théorisé par [[Auguste Comte]], avait en effet une place fondamentale. Febvre attaqua donc ces divers courants, et particulièrement celui qui était propre à l'histoire, qu'il considère comme {{Citation|dans le courant de ces pensées faciles}}. Cette démarche des« méthodique méthodiques» avait pour caractéristique de ne pas considérer l'histoire comme une science, car, selon eux, elle n'est pas objective, en effet l'histoire n'analyse pas la réalité mais ce qu'il en reste, elle n'est donc pas une science comme les autres, “une science objective”. Par conséquent, la synthèse et la conceptualisation que sont obligés de faire les historiens - par le recours à la subjectivité - révèlent la non scientificité de la discipline. Ayant conscience de cette faille ils vont élaborer une méthode pour être au plus près de la réalité et des faits. Ils vont d'abord reprendre et redéfinir les règles portant sur la critique des sources (avec critique interne, externe, de provenance et de portée). Ils privilègieront ensuite, les sources écrites. Febvre, au vu du ton et des mots qu'il utilise dans ses ''Combats pour l'histoire'', désapprouve cette manière d'aborder l'histoire. Il s'attaqua d'ailleurs directement à [[Seignobos]] quand il déclara dans son discours au [[Collège de France]], que l'historien {{Citation|ne va pas rodant au hasard à travers le passé, comme un chiffonnier en quête de trouvailles}} puisque c'est [[Seignobos]] qui prononça le terme de {{Citation|chiffonnier}} pour parler de l'historien. C'était en [[1907]] au cours d'une discussion à la ''[[Société française de philosophie]]'', pendant laquelle il déclara que l'histoire se définissait {{Citation|jamais par des observations directes, toujours des faits disparus, et même jamais de faits complets, toujours des fragments dispersés, conservés au hasard, des détritus du passé : l'historien fait un métier de chiffonnier}}.
 
=== La notion de faits historiques ===
 
Pour ce qui est des faits historiques eux-mêmes, [[Charles-Victor Langlois|Langlois]] et [[Seignobos]] considèrent qu'ils ne sont visibles qu'à l'état de traces, et leur complexité empêche de faire des généralisations. Selon eux l'historien doit malgré lui avoir recours à des classements, il doit donc se poser des questions, et faire preuve de [[subjectivité]]. [[Seignobos]] se méfiait de cette intervention de l'historien, il regrettait même d'être forcé lui-même d'avoir recours à son imagination. Febvre s'oppose à cette conception. Comme l'a rappelé [[Guy Massicotte]], le cofondateur des ''[[Revue des Annales|Annales]]'' considère que l'historien quoi qu'il fasse, est [[subjectif]], même quand il ne fait que relever les faits. De plus, Febvre considère qu'il n 'y a pas de réalités historiques toutes faites, qui se livreraient d'elles-mêmes à l'historien. En fait pour lui le fait est présent à la conscience de l'historien que par l'intermédiaire de l'idée, comme nous le sous-entend cette phrase ironique tirée de son discours inaugural au [[Collège de France]], {{Citation|l'histologiste mettant l'œil à l'oculaire de son microscope saisirait-il donc d'une prise immédiate des faits bruts ?}}. Il faut donc d'après Febvre, choisir les faits, les organiser et les analyser, il faut {{Citation|du créé par l'historien}}. Il convient quand même de nuancer cette critique de Febvre, parce qu'il ne faut pas oublier que pour [[Seignobos]], l'historien n'établit pas des faits pour les collectionner (comme le sous-entend Febvre), mais pour passer du fait à l'explication, de la chose à l'idée, et de l'idée à la compréhension. Cette méthode consiste donc selon [[Seignobos]] à poser, résoudre et grouper en système des questions. Cette critique de leur approche des faits, ne tiendrait pas réellement si Febvre ne proposait pas parallèlement autre chose de novateur, à savoir une histoire problématique.
 
== L'histoire problème, les prémices d'une nouvelle théorie de la connaissance ? ==
 
=== L'histoire problème ===
L'intervention du sujet et donc de la subjectivité est inévitable selon Febvre, mais elle est en plus souhaitable et utile selon lui. Il cherche donc encore une fois à se démarquer des [[positivistes]] qui pensent que partir du présent pour étudier le passé est une chose dévalorisante. En effet, comme l'a rappelé Hubert Watelet, Febvre considère que l'historien étudie le passé en fonction des problèmes qui préoccupent les hommes de son temps. Il pense que c'est même utile, et ne s'en cache pas, puisque cela permet selon lui d'organiser ses recherches historiques en fonction des besoins du présent : en fait Febvre part du principe qu'en histoire il y a un problème à résoudre. [[Guy Massicotte]] a analysé cette manière de procéder en prenant l'exemple de la thèse ''[[Philippe II d'Espagne|Philippe II]] et la [[Franche-Comté]]''. Selon Massicotte, Febvre part de deux problèmes contemporains pour mener à bien ses réflexions. La première chose qui aurait influencé le cofondateur des ''[[Revue des Annales|Annales]]'', c'est le problème [[historiographique]] de l'interdépendance entre les différents aspects de l'histoire (qu'ils soient sociaux, économiques, politiques, etc.). Le second élément qui montre que Febvre s'appuie sur le présent pour interroger le passé, vient des inquiétudes de son époque face à l'insécurité sociale et économique qui se manifeste par la montée du [[socialisme]] et l'extension de la [[syndicalisation]]. On peut aussi prendre comme exemple le tome X de ''l'[[Encyclopédie française]]'' que [[Giuliana Gemelli]] a étudiée. Dans ce tome qui a été rédigé en [[1932]], Lucien Febvre décrit les événements contemporains. Il souhaitait qu'il soit remanié et révisé au fil du temps, en fonction des besoins du présent. Ce fut le cas lors de la nouvelle édition de [[1964]] : le président de l’encyclopédie, [[Julien Cain]], mena à bien l’entreprise de révision du tome X.
 
L'intervention du sujet et donc de la subjectivité est inévitable selon Febvre, mais elle est en plus souhaitable et utile selon lui. Il cherche donc encore une fois à se démarquer des [[positivistes]] qui pensent que partir du présent pour étudier le passé est une chose dévalorisante. En effet, comme l'a rappelé Hubert Watelet, Febvre considère que l'historien étudie le passé en fonction des problèmes qui préoccupent les hommes de son temps. Il pense que c'est même utile, et ne s'en cache pas, puisque cela permet selon lui d'organiser ses recherches historiques en fonction des besoins du présent : en fait Febvre part du principe qu'en histoire il y a un problème à résoudre. [[Guy Massicotte]] a analysé cette manière de procéder en prenant l'exemple de la thèse ''[[Philippe II d'Espagne|Philippe II]] et la [[Franche-Comté]]''. Selon Massicotte, Febvre part de deux problèmes contemporains pour mener à bien ses réflexions. La première chose qui aurait influencé le cofondateur des ''[[Revue des Annales|Annales]]'', c'est le problème [[historiographique]] de l'interdépendance entre les différents aspects de l'histoire (qu'ils soient sociaux, économiques, politiques, etc.). Le second élément qui montre que Febvre s'appuie sur le présent pour interroger le passé, vient des inquiétudes de son époque face à l'insécurité sociale et économique qui se manifeste par la montée du [[socialisme]] et l'extension de la [[syndicalisation]]. On peut aussi prendre comme exemple le tome X de ''l'[[Encyclopédie française]]'' que [[Giuliana Gemelli]] a étudiée. Dans ce tome qui a été rédigé en [[1932]], Lucien Febvre décrit les événements contemporains. Il souhaitait qu'il soit remanié et révisé au fil du temps, en fonction des besoins du présent. Ce fut le cas lors de la nouvelle édition de [[1964]] : le président de l’encyclopédie, [[Julien Cain]], mena à bien l’entreprise de révision du tome X.
 
=== La nouvelle [[théorie de la connaissance]] de Lucien Febvre ===
On peut donc dire que Febvre veut poser et créer des problèmes à l'histoire. Il faut donc selon lui organiser la connaissance du passé autour d'un point précis, (généralement une question et des sous-questions). L'histoire qu'il préconise n'est donc pas la description de quelque chose, mais l'explication de quelque chose. Pour y parvenir il faut donc choisir les faits volontairement, les organiser et en tirer quelque chose. Afin de légitimer cette idée, il dénonce les spéculations méthodiques en s'opposant à leurs principes. Febvre se distingue de cette école en démontrant implicitement à travers ses réflexions, que c'est son approche qui est la plus [[scientifique]]. Comme l'a noté [[Jean Michel Chapoulie]], Febvre et les [[École des Annales|Annales]] considèrent que {{Citation|l'histoire aux fins du présent n'est le plus souvent qu'une sorte de réinterprétation libre d'une partie du passé, à partir d'un canevas déterminé par des jugements de valeur}}. En effet pour Febvre, tout fait scientifique est {{Citation|inventé}}, et non pas {{Citation|brut donné au savant}}. Il a cherché à démontrer que la science est dans le savant, c'est-à-dire que c'est lui qui construit la science en élaborant des [[hypothèses]] dont il cherche ensuite à vérifier la validité. Selon lui, la science est avant tout une création intellectuelle, c'est pour ça qu'il dit que l'historien {{Citation|ne va pas rodant au hasard à travers le passé, comme un chiffonner en quête de trouvailles}}. La proposition par laquelle il affirmait un [[relativisme]] historique, est résumée par cette phrase : {{Citation|L'histoire aussi crée son propre objet. Elle ne le crée pas une fois pour toutes. Aussi bien toute histoire est-elle fille de son temps. Mieux, il n'y a pas l'Histoire, il y a des historiens}}. Enfin, comme l'a rappelé [[Serge Gagnon (historien)|Serge Gagnon]], on peut dire que ce ne sont pas seulement les [[sciences humaines]], mais les sciences dans leur ensemble — comme le disait Febvre dès [[1933]] — qui sont soumises aux pressions du milieu et de l'actualité. D'où la légitimation de l'histoire comme étant une science comme les autres.
 
Bien qu'il ait eu des points communs avec la génération précédente, Febvre avait une conception de l'histoire qui était profondément anti-[[positiviste]]. Il a volontairement entretenu le flou entre les méthodiques et les [[positivistes]] pour ne pas les dissocier. Febvre s'est en quelque sorte approprié les failles de l'histoire et du métier d'historien que relevaient les méthodiques, et mieux encore, il les a utilisées pour faire de l'histoire une science légitime. Febvre a donc amorcé une rupture : il a annoncé une dynamique de renouvellement de la discipline.
On peut donc dire que Febvre veut poser et créer des problèmes à l'histoire. Il faut donc selon lui organiser la connaissance du passé autour d'un point précis, (généralement une question et des sous-questions). L'histoire qu'il préconise n'est donc pas la description de quelque chose, mais l'explication de quelque chose. Pour y parvenir il faut donc choisir les faits volontairement, les organiser et en tirer quelque chose. Afin de légitimer cette idée, il dénonce les spéculations méthodiques en s'opposant à leurs principes. Febvre se distingue de cette école en démontrant implicitement à travers ses réflexions, que c'est son approche qui est la plus [[scientifique]]. Comme l'a noté [[Jean Michel Chapoulie]], Febvre et les [[École des Annales|Annales]] considèrent que {{Citation|l'histoire aux fins du présent n'est le plus souvent qu'une sorte de réinterprétation libre d'une partie du passé, à partir d'un canevas déterminé par des jugements de valeur}}. En effet pour Febvre, tout fait scientifique est {{Citation|inventé}}, et non pas {{Citation|brut donné au savant}}. Il a cherché à démontrer que la science est dans le savant, c'est-à-dire que c'est lui qui construit la science en élaborant des [[hypothèses]] dont il cherche ensuite à vérifier la validité. Selon lui, la science est avant tout une création intellectuelle, c'est pour ça qu'il dit que l'historien {{Citation|ne va pas rodant au hasard à travers le passé, comme un chiffonner en quête de trouvailles}}. La proposition par laquelle il affirmait un [[relativisme]] historique, est résumée par cette phrase : {{Citation|L'histoire aussi crée son propre objet. Elle ne le crée pas une fois pour toutes. Aussi bien toute histoire est-elle fille de son temps. Mieux, il n'y a pas l'Histoire, il y a des historiens}}. Enfin, comme l'a rappelé [[Serge Gagnon (historien)|Serge Gagnon]], on peut dire que ce ne sont pas seulement les [[sciences humaines]], mais les sciences dans leur ensemble — comme le disait Febvre dès [[1933]] — qui sont soumises aux pressions du milieu et de l'actualité. D'où la légitimation de l'histoire comme étant une science comme les autres.
 
Bien qu'il ait eu des points communs avec la génération précédente, Febvre avait une conception de l'histoire qui était profondément anti-[[positiviste]]. Il a volontairement entretenu le flou entre les méthodiques et les [[positivistes]] pour ne pas les dissocier. Febvre s'est en quelque sorte approprié les failles de l'histoire et du métier d'historien que relevaient les méthodiques, et mieux encore, il les a utilisées pour faire de l'histoire une science légitime. Febvre a donc amorcé une rupture : il a annoncé une dynamique de renouvellement de la discipline.
 
== La conceptualisation du temps par Febvre et les [[École des Annales|Annales]], un outil de valorisation disciplinaire ==
 
Pour comprendre le grand apport du cofondateur des [[Revue des Annales|Annales]], il faut s'accorder sur l'approche des temporalités qu'avaient les historiens avant les avancées scientifiques de Febvre.
 
[[Patrick Garcia]] définit les historiens méthodiques comme étant « des entrepreneurs de mémoire », ou encore « des sous-traitants rémunérés par l’État ». En effet, une fois au pouvoir les [[Troisième République (France)|républicains]] ont favorisé la constitution d’un récit national qui visait à asseoir le nouveau régime. Pour ce faire, ils ont défini une méthode et un cursus particulier. Ainsi, l'utilisation des [[archives]] comme sources est devenue prépondérante. C’est d'ailleurs cette dernière qui conférait la qualité d’historien. C’est pourquoi les études [[Moyen Âge|médiévales]] sont le champ où les historiens méthodiques se sont tournés naturellement. Ainsi [[Charles Seignobos]], [[Charles-Victor Langlois]] ou [[Ernest Lavisse]] ont consacré leurs thèses au [[Moyen Âge]].
 
On peut donc dire que l’histoire proche (ou l'[[histoire du temps présent]]) était dévalorisée par cette configuration. En fait, l'école méthodique attribuait à l’histoire proche un statut contradictoire. Celle-ci était considérée comme inférieure scientifiquement à l’histoire des autres périodes : elle ne fondait pas la légitimité de l’historien et n’assurait pas une carrière au sein de la [[communauté universitaire]]. En revanche, elle était considérée comme nécessaire pour former les futurs [[citoyens]], les cadres de l’État et pour servir la [[nation]], il y avait donc une instrumentalisation du temps présent à des fins [[politiques]].
 
Comme l'a souligné [[Hans Dieter Mann]], la réaction de Lucien Febvre et de [[Marc Bloch]] avait justement pour objectif de rendre autonome l'histoire par rapport aux exigences politiques, et c'est justement cette volonté d'autonomiser l'histoire qui va indirectement légitimer un nouveau champ d'étude : l'[[histoire du temps présent]]. Pour ce faire, [[Marc Bloch|Bloch]] et Febvre ont engagé de la distance entre l'historien et leur objet d'étude : ils prônèrent une refondation des rapports de l’historien au passé où le présent se devait d'avoir une nouvelle place. Par conséquent, comme l'a signalé [[Patrick Garcia]], « la réaction des [[École des Annales|Annales]] est essentielle car elle a permis de reconceptualiser la notion de temps à la fois dans le rapport de l’historien au passé [comme nous l'avons vu dans la première partie], mais aussi en enrichissant les problématiques par la pluralité des temporalités en revendiquant son autonomie par rapport au pouvoir ». De là est né un nouvel objet d'étude qui sera par la suite institutionnalisé et légitimé : le temps présent.
 
Comme l’écrit [[Marc Bloch]] quelques mois après ''[[L'Étrange Défaite]]'' : {{citation|Certains, estimant que les faits les plus voisins de nous sont par là même rebelles à toute étude vraiment sereine, [...]. Ainsi pensait, j’imagine mon vieux maître. C’est, assurément, nous prêter une faible maîtrise de nos nerfs. C’est aussi oublier que, dès que les résonances sentimentales entrent en jeu, la limite entre l’actuel et l’inactuel est loin de se régler nécessairement sur la mesure mathématique d’un intervalle de temps.}}.
 
C'est donc en dépolitisant l’histoire et en réaffirmant son autonomie, que de nouveaux d'objets d'études ont pu voir le jour. Mais c’est avec [[Fernand Braudel]] que le concept de temps gagne de l'importance, non plus pour s'affirmer “contre les méthodiques” mais pour réaffirmer la prééminence de l’histoire dans les [[sciences sociales]].
 
== Le plaidoyer de Lucien Febvre en faveur de l'élargissement du champ historique ==
 
=== Les thèmes de l'histoire méthodique selon Febvre ===
 
En parlant des méthodiques, Febvre déclarait qu'ils ont {{Citation|un code sévèrement défini}}, critiquant à la fois l'histoire récit et l'histoire événement qu'ils pratiquaient.
Il est vrai que l'[[École méthodique (histoire)|école méthodique]] faisait une large place au domaine politique. Comme l'a très bien démontré [[Jacques Le Goff]], les [[École des Annales|Annales]] déploraient le niveau superficiel de cette histoire politique qui privilégiait des cadres temporels et chronologiques qui pouvaient s'avérer inadéquats. L'histoire des règnes, des souverains, des hommes politiques, marquée par des événements (avènements, morts, constitutions, traités, etc.) était aussi liée à une histoire diplomatique et militaire également événementielle. Selon Febvre, cette approche de l'histoire dissimule les mouvements importants, comme les évolutions économiques, démographiques, sociales, culturelles. Toujours selon ce dernier, étant donné que ces évolutions sont rarement événementielles, elles sont donc indépendantes de la périodisation politique telle que la pratiquaient les méthodiques. Ainsi, d'après le cofondateur des Annales ce type d'histoire ne fait pas la distinction entre les motifs et les causes, elle est par conséquent simpliste et superficielle, et s'arrête à la surface des événements. Alors que, selon lui, les vrais motifs sont à la fois économiques, géographiques, sociaux, intellectuels, religieux, psychologiques, etc.
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=== La critique de Febvre à l'égard des sources des méthodiques ===
 
Febvre est par ailleurs défavorable à l'utilisation des seuls textes pour faire de l'histoire, une grande variété de documents étant nécessaire. On peut illustrer cette idée par cette phrase tirée de son discours inaugural au [[Collège de France]] qui reprend la formule de [[Fustel de Coulanges]] disant que {{Citation|l'histoire se fait avec des textes}} et la qualifie de {{Citation|formule de rétrécissement et de mutilations}}. Toujours dans ce discours, Febvre annonce qu'il veut faire rentrer dans l'histoire {{Citation|le ciel et les eaux, les villages et les bois, toute la nature vivante}}.
 
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=== L'héritage mêlé des méthodiques et de Febvre dans l'historiographie française actuelle ===
 
==== L'Histoire économique, l'héritage de Febvre et des [[École des Annales|Annales]] ? ====
 
Il est en effet incontestable que la date de 1929 — date de la naissance des ''[[Revue des Annales|Annales]]'' — marque un tournant dans l'interdisciplinarité. Comme l'a écrit [[Hans Dieter Mann]], c'est en effet à partir de cette période que l'histoire économique va connaitre un développement sans précédent. La crise qui a lieu cette année-là va provoquer une prise de conscience chez les contemporains. C'est [[François Simiand]] (1873-1935), qui va en partie avoir une influence sur les Annales. Il est titulaire de la chaire d'histoire du travail, au [[Collège de France]] entre 1932 et 1935 (année de sa mort). C'est donc un collègue de Febvre quand ce dernier y est nommé en 1933. François Simiand va être l'un des premiers à analyser l'ensemble de l'économie, en y associant plusieurs cycles. Cette nouvelle approche de l'histoire va engendrer une nouvelle façon de faire de l'histoire et de l'écrire, qui se caractérise en partie par l'élargissement du champ des documents historiques.
 
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==== Les thèmes méthodiques remis au goût du jour ====
 
Febvre et les [[École des Annales|Annales]] en général se sont détournés et ont même attaqué l'[[histoire politique]], mais ce thème est redevenu un centre d'intérêt depuis les années 1980. Ce retour de l'histoire politique est lié en grande partie à la prise de conscience par les historiens — mais aussi par d'autres spécialistes des sciences sociales — qu'il y avait une distinction entre {{Citation|la politique}} (événementielle), et {{Citation|le politique}} (structurel). Ce sont en partie les nouveaux médias (radio et surtout télévision) qui, en amplifiant la place du politique dans la vie des sociétés, ont poussé de nouveau les historiens à s'y intéresser.
 
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Ainsi, la politique qui avait été reniée par les Annales est remise au goût du jour, mais l'héritage de [[Marc Bloch|Bloch]] et Febvre est toujours très important. D'autant plus que ce renouvellement de l'histoire politique fait aussi appel à de nouveaux documents. Ce ne sont plus exclusivement les textes qui sont utilisés par les historiens : l'étude de la propagande politique s'appuie sur des documents iconographiques par exemple.
 
Il en va de même pour l'[[histoire événementielle]]. Le retour de l'événement s'explique également en grande partie par des phénomènes nouveaux dans l'histoire. [[Pierre Nora]] a montré la nature et la grande importance des médias dans ce retour à l'événement. En effet, selon lui, par le biais des médias on peut lire l'événement comme l'imaginaire d'une société, le rôle de la mémoire et celui du mythe. Donc toujours d'après Pierre Nora, analyser l'événement contemporain permet d'appréhender le fonctionnement d'une société à travers les représentations partielles et déformées qu'elle produit d'elle-même. Cette approche de l'événement est donc novatrice et se détache de celle des méthodiques. Pour comprendre la nouvelle portée que Nora attribue à l'événement, on peut directement le citer : il déclare que {{Citation|l'histoire contemporaine a vu mourir l'événement ‘naturel’ où l'on pouvait idéalement troquer une information contre un fait de réalité ; nous sommes entrés dans le règne de l'inflation événementielle et il nous faut, tant bien que mal, intégrer cette inflation dans le tissu de nos existences quotidiennes}}.
 
En fait, comme l'a souligné [[Jacques Le Goff]], cette nouvelle conception de l'événement est le triomphe de la problématique des Annales. Febvre a montré — en s'attaquant aux historiens positivistes — que le fait historique n'était pas {{Citation|une donnée brute mais un produit du questionnement et de l'activité de l'historien}}. Cette conception de l'histoire s'étend désormais aussi à l'événement.
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* ''Combats pour l'histoire'', Paris, Armand Colin, 1952, 456 p.
* ''Au cœur religieux du {{s-|XVI|e}}'', Paris, SEVPEN, 1957, 359 p.
* (en coll. avec [[Henri-Jean Martin]]) {{Ouvrage |langue=fr |titre=L’Apparition du livre |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Albin Michel|Albin Michel]] |année=1958 |réimpression=1971, 1999 |pages totales=600 |format=19×12,5 cm |isbn=2-226-10689-8}}.
* ''Pour une histoire à part entière'', Paris, SEVPEN, 1962, 860 p.
* ''Honneur et patrie'' : Texte établi, présenté et annoté par Thérèse Charmasson et Brigitte Mazon, Librairie académique Perrin, 1996, 324 ppp., {{ISBN|9782262011765}}.
* ''De la « Revue de synthèse » aux « Annales ». Lettres à [[Henri Berr]], 1911-1954'', Paris, Fayard, 1997 (édition par Jacqueline Pluet et [[Gilles Candar]]).
* ''Le Rhin. Histoire, mythe et réalité'', Paris, Perrin, 1997
* ''L'Europe Génèse d'une civilisation'', Paris, Perrin, 1999
* ''Michelet, créateur de l’histoire de France'', Cours au Collège de France, 1943-44, Paris, Vuibert, 2014. Édition établie par Brigitte Mazon et Yann Potin 445 p.
 
== Distinctions ==
* {{Déco CdrLH}} (France).
* {{Déco CG14-18}} (France).
* [[Fichier:BEL_Croix_de_Guerre_WW1_ribbon.svg|50x50px|BEL Croix de Guerre WW1 ribbon]] [[Croix de guerre (Belgique)]].
 
== Sources ==
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== Notes et références ==
{{référencesRéférences}}
 
== Voir aussi ==
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* [[André Burguière]], in André Burguière (dir.), ''Dictionnaire des sciences historiques'', Paris, PUF, 1986, p.&nbsp;279-282.
* [[Jean-Michel Chapoulie]], « Un cadre d'analyse pour l'histoire des sciences sociales », ''Sciences Humaines, Revue d’histoire des sciences humaines'', 2005/2, n° 13, ISSN 1622-468X, p. 99-126.
* {{Chapitre|auteur1=[[Denis Crouzet]],|titre inchapitre=Lucien ''Febvre|auteurs ouvrage=[[Véronique Sales]] (coordination)|titre ouvrage=Les historiens'', |lieu=Paris, |éditeur=Armand Colin, |année=2003,|pages p.&nbsp;totales=350|isbn=9782200262860|passage=58-84}}.
* [[Olivier Dumoulin]], article « École méthodique », ''Encyclopaedia Universalis''.
* [[Serge Gagnon (historien)|Serge Gagnon]], « La nature et le rôle de l’historiographie », ''Revue d'histoire de l'Amérique française'', vol. 26, n°4, 1973, p.&nbsp;479-531.
Ligne 201 ⟶ 197 :
* [[Jean-Pierre Wallot]], « L'Histoire et la recherche du sens », ''Revue d'histoire de l'Amérique française'', vol. 37, n° 4, 1984, p.&nbsp;533-542.
* [[Hubert Watelet]], « Connaissance et sociologie de la connaissance chez les historiens », ''Revue d'histoire de l'Amérique française'', vol. 27, n° 4, 1974, p.&nbsp;571-578.
* Histoire Universelle des explorations publiée sous la Direction de L.H. Parias, préface de Lucien Febvre, de l'Institut, Paris, Nouvelle Librairie de France F. Sant'Andrea, 1957.
 
=== Liens externes ===
* [http://theoremes.revues.org/537 Du « problème de l'incroyance » à « l'étrange liberté » : un changement de paradigme dans l'histoire des expériences religieuses ?]
* [http://lucien-febvre.ehess.fr/ Association pour la recherche autour de Lucien Febvre (ALF)]
* [https://www.britannica.com/biography/Lucien-Paul-Victor-Febvre Article OxfordReference]
 
==== Bases de données et dictionnaires ====
{{Liens}}
 
{{Portail|histoire militaire de la Belgiquehistoriographie|université|France du Grand Siècle|Nancy|historiographiehistoire militaire de la Belgique|France}}
 
{{DEFAULTSORT:Febvre, Lucien}}
[[Catégorie:Naissance en juillet 1878]]
[[Catégorie:Naissance à Nancy]]
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[[Catégorie:Titulaire de la croix de guerre belge 1914-1918]]
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[[Catégorie:Naissance en juillet 1878]]
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[[Catégorie:Décès en septembre 1956]]
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