« Autisme en psychanalyse » : différence entre les versions

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'''En psychanalyse''', l{{'}}'''autisme''' est lié au mot [[autoérotisme]] que [[Sigmund Freud]], qui n'a jamais parlé d'autisme, a repris du médecin et sexologue [[Havelock Ellis]]. Mais tandis que Freud maintient et développe la notion d' « autoérotisme » pour la [[psychanalyse]], la dimension sexuelle contenue dans le mot est refusée par le psychiatre [[Eugen Bleuler]] qui crée par raccourcissement et contraction le mot « [[autisme]] », repris ensuite par [[Leo Kanner]] en 1943 et en 1944, par [[Hans Asperger]]. L’autisme et les [[Psychose infantile|psychoses infantiles]] sont redécouverts dans les [[années 1950]] aux [[États-Unis]] dans l’orthodoxie freudienne avec [[Margaret Mahler]]. Ils font alors l'objet d'études psychanalytiques, surtout anglosaxonnesanglo-saxonnes, de psychanalystes [[Melanie Klein|postkleiniens]] comme [[Frances Tustin]], [[Donald Meltzer]] et [[Donald Winnicott]]. [[Bruno Bettelheim]] occupe une place à part. En [[France]], et dans le sillage des théories de [[Jacques Lacan]], l'autisme est notamment abordé par la psychanalyste [[Françoise Dolto]].
 
Le travail psychanalytique en autisme consiste à passer par la parole (ou des moyens de symbolisation dans les cas les plus difficiles) afin d'aider le [[Sujet (psychanalyse)|sujet]] à vivre avec ses symptômes, éventuellement à les réduire.
 
L’approche psychanalytique a largement été déconsidérée, et est considérée comme ayant mené à des maltraitances envers les enfants autistes{{sfn|Bates|2018|p=}}{{,}}{{sfn|Bates|2020|p=}}{{,}}<ref>{{Article|langue=en-GB|titre=France's autism treatment 'shame'|périodique=BBC News|date=2012-04-02|lire en ligne=https://www.bbc.com/news/magazine-17583123|consulté le=2023-05-15}}.</ref>{{,}}{{sfn|Bishop|Swendsen|2021|p=}}. Malgré cela, elle reste présente en France. Ainsi, ''[[The Guardian]]'' affirme que {{citation|50 ans de retard ont été pris dans l’accompagnement des personnes autistes}}, et qu'il s'agit d'un {{citation|scandale d'État}}<ref>{{Article|langue=en-GB|prénom1=Angelique|nom1=Chrisafis|titre='France is 50 years behind': the 'state scandal' of French autism treatment|périodique=The Guardian|date=2018-02-08|issn=0261-3077|lire en ligne=https://www.theguardian.com/world/2018/feb/08/france-is-50-years-behind-the-state-scandal-of-french-autism-treatment|consulté le=2023-05-15}}.</ref>. En effet, le traitement de l’autisme en France constitue une violation des droits de personnes autistes{{sfn|Bates|2018|p=}}, de par l'influence de la psychanalyse dans les méthodes d'accompagnement des personnes autistes. En dépit de cela, un certain nombre de psychanalystes continuent de défendre leurs pratiques.
 
Le référentiel psychanalytique en autisme recule à partir des [[années 1970]], particulièrement aux [[États-Unis]] ; il reste mobilisé principalement dans deux régions du monde, la [[Autisme en France|France]] et l'[[Amérique latine]]. La mise en application entre pédopsychiatrie (Kanner) et psychanalyse (Bettelheim) de [[causes de l'autisme|théories sur l'autisme]] dans les années 1950-1960 aux États-Unis a entraîné une accusation [[mère réfrigérateur|des mères]], argument et motif central du militantisme de la majorité des associations françaises de parents d'autistes contre la psychanalyse. Les autobiographies des adultes autistes [[Josef Schovanec]] et [[Hugo Horiot]] témoignent de mises en souffrance dans le cadre de leur [[cure psychanalytique]], comme celle de [[Gunilla Gerland]], qui y rapporte des témoignages de ses pairs. Des expériences psychanalytiques positives, et celle de [[Donna Williams]] qui en reprend des termes ou des interprétations, sont cependant rapportées. Sont critiquées également la notion de [[psychose]] en psychanalyse ainsi que l'inefficacité de la pratique psychanalytique en matière d'autisme.
 
En décembre 2020, l'[[Université de Cambridge]] a publié un article intitulé "''Psychoanalysis in the treatment of autism: why is France a cultural outlier?"''<ref>{{Article|langue=en|prénom1=D. V. M.|nom1=Bishop|prénom2=Joel|nom2=Swendsen|titre=Psychoanalysis in the treatment of autism: why is France a cultural outlier?|périodique=BJPsych Bulletin|volume=45|numéro=2|date=2021-04|issn=2056-4694|issn2=2056-4708|doi=10.1192/bjb.2020.138|lire en ligne=https://www.cambridge.org/core/journals/bjpsych-bulletin/article/psychoanalysis-in-the-treatment-of-autism-why-is-france-a-cultural-outlier/CE2BC0EF4ACBB22808D62866A9AD9226|consulté le=2023-06-08|pages=89–93}}</ref> afin d'analyser et identifier pourquoi la France utilise une approche déconsidérée depuis plusieurs décennies faute de preuve scientifique quant à son efficacité et sa tendance à mettre les enfants autistes en risque de maltraitance. Les auteurs soutiennent que la psychanalyse est protégée de la critique en France par des réseaux politiques et universitaires.
 
== 1907-1944: entre sexologie, psychanalyse et psychiatrie ==
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=== Margaret Mahler : la « phase autistique normale » du bébé ===
{{Article détaillé|Margaret Mahler}}
Ce sont notamment les travaux de [[Margaret Mahler]] sur la [[psychose symbiotique]] qui représentent le courant [[Anna Freud#annafreudismeAnnafreudisme|annafreudien]]<ref name="Roudinesco et Plon"/>. D'après [[Didier Houzel]], Margaret Mahler situe l'[[autisme infantile]], correspondant d'un point de vue génétique à un stade du développement psychique, {{citation|sur un axe qui conduit l'enfant d'un état d'[[autisme]] “normal” à la “séparation-individuation”}}<ref name="Houzel"/>.
 
Selon Philippe Mazet, la [[Pédiatrie|pédiatre]] et psychanalyste américaine Margaret Mahler a théorisé le processus de séparation-individuation du bébé, dans les trois premières années de la vie. Elle se réfère aux travaux d'Anna Freud, de [[Heinz Hartmann]] et de [[René Spitz]], ainsi que dans une moindre mesure de [[Donald Winnicott]], en décrivant la séparation, dès l'âge de trois ou quatre mois, comme fin de ce qu'elle décrit comme la « phase autistique normale »<ref name="Mazet">{{Chapitre
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| id = Mazet
}}.
</ref>. Durant la « phase autistique normale », le [[Nouveau-né|bébé]] {{citation|est très centré sur ses sensations et perceptions [[Intéroception|intéro]]- et [[Proprioception|proprioceptives]]}}<ref name="Mazet"/>. Pour Margaret Mahler, citée par Philippe Mazet, cette phase autistique du bébé représente {{citation|un modèle de système [[Monade (philosophie)|monadique]] clos, autosuffisant dans sa satisfaction hallucinatoire du désir}}<ref name="Mazet"/>. D'après Philippe Mazet, un grand nombre de travaux de Margaret Mahler montre {{citation|les compétences du bébé, non seulement dans le domaine [[Perception|perceptif]] et [[cognitif]] mais aussi dans celui de l'[[interaction sociale]]}}<ref name="Mazet"/>.
 
=== Le courant kleinien ===
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===== Frances Tustin =====
Psychologue et pionnière en psychothérapie de l'enfant, et théoricienne de l'autisme, [[Frances Tustin]]Elle a suivi une analyse avec [[Wilfred Bion]] qui lui-même avait suivi sa deuxième analyse avec [[Melanie Klein]].
Elle a distingué plusieurs groupes d'autisme, dont un seul correspond à celui décrit par [[Leo Kanner|Kanner]]<ref name=TPI>[http://psychiatriinfirmiere.free.fr/infirmiere/formation/psychiatrie/enfant/therapie/tustin.htm France Tustin] présenté par le site psychiatrie infirmière</ref>:
* primaire anormal : pas de différenciation entre son corps, celui de sa mère et l'extérieur ;
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Selon [[Didier Houzel]], Tustin {{citation|met en évidence}} un [[Fantasme (psychologie)|fantasme]] de discontinuité ressenti par l'enfant autiste d'une manière très corporelle comme {{citation|un arrachement d'une partie de sa propre substance}} : alors que le bébé a besoin de l'illusion d'une continuité entre son corps et son objet de satisfaction quand il ne dispose pas encore de possibilités suffisantes de symbolisation, la continuité {{citation|bouche-langue-mamelon-sein}} est rompue ; cette rupture catastrophique mène au fantasme d'un {{citation|sein au mamelon cassé et d'un arrachement à l'emporte-pièce du mamelon}}<ref name="Houzel"/>. Un tel arrachement laisse dans la bouche {{citation|un trou noir habité d'objets persécuteurs}} : pour s'en protéger et se protéger du monde extérieur, l'autiste construit un [[délire]] de fusion avec l'environnement annulant toute séparation, tout écart, toute différence et altérité, en ayant recours à ses propres sécrétions (larmes, salive, urines, fèces) et à des objets autistiques qu'il utilise seulement pour {{citation|des sensations de surface}}<ref name="Houzel"/>. Frances Tustin parle d' {{citation|“autosensualité perverse”}}<ref name="Houzel"/>.
 
====== Critiques ======
En 1999, [[Gunilla Gerland]], en tant qu' « autiste de haut niveau » ({{citation|''with high functioning autism or [[Syndrome d'Asperger|Asperger syndrom]] I''}}), ainsi qu'elle se présente<ref name="Gerland">{{Article |langue=en |prénom1=Gunilla |nom1=Gerland |titre=Letter to the Editors: Autism and Psychodynamic Theories |périodique=Autism |date=2016-06-29 |doi=10.1177/1362361399003003008 |lire en ligne=https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1362361399003003008 |consulté le=2020-10-25 }}.</ref>, publie dans la revue scientifique ''[[Autism]]'' une [[Lettre ouverte (texte)|lettre ouverte]] (reprise dans ''[[SAGE publications|Sage Journals]]'', 2016) aux rédacteurs scientifiques de cette revue , en exprimant son désaccord sur la publication d'une « recension très positive » (''{{citation|very positive review}}'')<ref name="Gerland"/> de l'ouvrage ''Encounters with Autistic States: A Memorial Tribute to Frances Tustin'' de Theodore Mitrani, Judith L. Mitrani
Jason Aronson (éd.)<ref name="Mitrani/Aronson">Theodore Mitrani, Judith L. Mitrani
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==== Influence de Bettelheim en France jusque dans les années 1980 ====
Bettelheim est fortement médiatisé en France en 1974{{sfn|Briggs|2019|p=1-2}}. D'après l'historien Jonathyne Briggs {{citation|alors que ses théories étaient de plus en plus écartées aux [[États-Unis]] au profit de nouvelles approches ancrées dans les [[neurosciences]] et la [[psychologie comportementale]] qui ont éclipsé la [[psychanalyse]], ses idées sont devenues plus influentes en France, où la psychanalyse est devenue le traitement principal de la [[psychose infantile]]}}{{sfn|Briggs|2019|p=2}}. L'implantation de la psychanalyse en France assure un grand succès et une forte diffusion aux théories de Bettelheim durant une trentaine d'années, jusqu'à sa remise en cause par les associations françaises de parents d'enfants autistes et par les médias durant les années 1990{{sfn|Briggs|2019|p=2}}. Aux États-Unis, l'approche de l'autisme est réorientée vers les méthodes éducatives uniquement<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jacques Sarfaty|titre=Autisme et secteur de psychiatrie infanto-juvénile|sous-titre=Évolution des pratiques|éditeur=Presses Universitairesuniversitaires de France|année=2015|pages totales=336|isbn=978-2-13-074216-6|présentation en ligne=https://books.google.com/books?id=nJdjCwAAQBAJ&printsec=frontcover}}.</ref>. Selon Dominique Bourdin, la défense de la théorie de Bettelheim par certains psychanalystes est vraisemblablement à l'origine de la contestation des associations françaises de parents d'enfants autistes, qui se sont opposées (parfois de façon agressive) à l'approche psychanalytique de l'autisme dans ce pays<ref name="Bourdin">{{Ouvrage|auteur1=Dominique Bourdin|titre=La psychanalyse de Freud à aujourd'hui|sous-titre=histoire, concepts, pratiques|éditeur=Editions Bréal|année=2007|pages totales=317|passage=163|isbn=978-2-7495-0746-0|isbn10=2749507464|isbn2=9782749507460|présentation en ligne=https://books.google.com/books?id=EufGrLRUxZAC&printsec=frontcover}}.</ref>. Cette théorie est progressivement abandonnée [[Autisme en France|en France]]<ref>{{Ouvrage|prénom1=Marie-Rose|nom1=Debot-Sevrin|titre=Des enfants du spectre autistique et l'émotion|éditeur=Éditions L'Harmattan|année=2015|pages totales=490|passage=7|isbn=978-2-336-38654-6|isbn10=2336386542|isbn2=9782336386546|présentation en ligne=https://books.google.com/books?id=vmsUCgAAQBAJ&printsec=frontcover}}.</ref>, cependant, d'après Jean-Noël Trouvé, en 2015, elle continue à faire des {{citation|ravages dans quelques « noyaux durs » de la psychopathologie}}<ref>Jean-Noël Trouvé, « À propos de l’empathie » dans {{article|titre=Quelle empathie pour les autistes ?|périodique=Cahiers de PréAut|année=2015|mois=janvier|numéro=112|pages totales=264|issn=1767-3151|url=http://www.cairn.info/revue-cahiers-de-preaut-2015-1.htm|prénom1=Graciela C.|nom1=Crespin|directeur1=oui|passage=9-54}}.</ref>.
 
==== Remise en cause de Bettelheim depuis les années 1980 ====
==== [[Critiques]] ====
La théorie personnelle de Bettelheim veut que les enfants soient devenus autistes par manque d’amour des parents, et notamment de leur mère{{sfn|Briggs|2019|p=1163–1191}}{{,}}<ref>{{Article|prénom1=Gennie|nom1=Luccioni|titre=Review of La forteresse vide|périodique=Esprit (1940-)|numéro=390 (3)|date=1970|issn=0014-0759|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/24260864|consulté le=2022-12-05|pages=628–631}}.</ref>. Bettelheim propose des méthodes violentes impliquant la séparation de l'enfant de son milieu familial, et accuse les mères d'être prémorbides et mortifères, ce qui lui vaut de nombreuses critiques<ref name="Alerini" />{{,}}<ref name="Menendez">{{Article|langue=fr|prénom1=Ramón|nom1=Menéndez|titre=La famille selon Bettelheim, The Family according to Bettelheim|périodique=Psychanalyse|numéro=33|date=2015-06-09|issn=1770-0078}} {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-psychanalyse-2015-2-page-85.htm}}</ref>{{,}}<ref name="Bénesteau 2002 p334">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jacques Bénesteau|titre=Mensonges freudiens|sous-titre=histoire d'une désinformation séculaire|éditeur=Editions Mardaga|année=2002|pages totales=400|passage=334|isbn=978-2-87009-814-1|présentation en ligne=https://books.google.com/books?id=OTH5kq7fUtoC&printsec=frontcover}}.</ref>. En particulier, l'article de Richard Pollak (repris dans ''[[Le Livre noir de la psychanalyse]]''<ref name="Pollack">{{chapitre|prénom1=Richard|nom1=Pollack|titre ouvrage=Le Livre Noir de la psychanalyse|titre=Bettelheim l’imposteur|année=2005|éditeur=Les Arènes|passage=665-685}}.</ref>) et celui d'Agnès Fombonne mettent en lumière la violence de ses pratiques à l'égard des enfants et de leur famille, et leur impact sur la culpabilisation des mères d'enfants autistes par les professionnels de santé<ref>Voir Richard Pollak, ''The Creation of {{Dr}} B''., New York, Simon and Schuster, 1998 ; et Agnès Fonbonne, ''Bruno Bettelheim, Fabrication d’un mythe'', Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 2003. Cités par {{harvsp|Alerini|2011|p=}}.</ref>.
 
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== "Approche" française de l'autisme ==
D'après le psychanalyste Alex Raffy, les psychanalystes français qui ont étudié l'autisme se répartissent principalement entre deux écoles : une traditionnelle, {{citation|d'obédience anglo-saxonne, associés à l'International Psychoanalytic Association}}, et les lacaniens<ref name="Raffy"/>. Toujours selon Raffy, {{citation|Chaque auteur a inventé un mythe ou une fantaisie sur l’origine de l’autisme, pour élaborer sa perspective clinique. Ces analystes ont eu le courage de s’y confronter, lorsque les autres professionnels les considéraient comme perdus pour leur famille et la société. Leur autre mérite est de ne pas les avoir pris pour des idiots incurables et de les avoir respectés, à l’écoute de toutes leurs expressions. À la suite des Anglo-Saxons opposant déjà autisme et schizophrénie infantile, les lacaniens après 1980 vont distinguer autisme et psychose infantile.}}<ref name="Raffy"/>.
 
{{refnec|[[Jacques Lacan]] précise que c'est le [[signifié et signifiant|signifié]] de la mère qui n'aurait pas été intégré et [[Françoise Dolto]] parle de souffrance dans les [[Pulsions (psychanalyse)|pulsions]] passives.}}
 
D'après le psychiatre [[Jean Cottraux]], {{citation|la psychanalyse a décliné en France à partir de la mort de Jacques Lacan en 1981 [...] Cependant la conscience du déclin n'est véritablement apparue, chez les psychanalystes français, qu'après le rapport INSERM : trois thérapies évaluées en 2004}}<ref>[[Jean Cottraux]], ''[https://www.researchgate.net/publication/366015997_Cottraux_Pourquoi_la_Psychanalyse_a_pris_pouvoir_en_france_copie Pourquoi la Psychanalyse a pris pouvoir en France]'' p. 11, in {{harvsp|Luauté|Christin|2022}}.</ref>.
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Selon Jean-Pierre Rouillon, l'abord de l'autisme d'après [[Jacques Lacan]] consiste à prendre en compte les modalités particulières du rapport de l’enfant autiste au langage : {{citation|Le [[Signifiant (psychanalyse)|signifiant]], dans l’autisme, ne se présente pas sur son versant d’articulation, sur son versant de sens. Il se présente comme unique, comme tout seul, aussi bien sur le versant du commandement que sur le versant d’une satisfaction liée à ce qui résonne de sa substance sonore. Quant au dire, il ne doit pas se situer dans les rivages du sens, mais ouvrir par la voie du redoublement à l’émergence d’une écriture singulière où ce qui s’entend peut trouver à se satisfaire dans une adresse à l’autre. C’est dans cette adresse à l’autre que vient se dessiner le lieu d’une perte délivrant le sujet du sacrifice de son être. C’est cette voie qui permet au sujet autiste de construire un espace où s’appareiller dans son rapport au réel. Ce n’est pas le langage qui structure le monde de l’autiste, mais sa langue particulière, dès lors qu’elle lui donne matière à trouver une satisfaction dans un dialogue avec l’autre, satisfaction qui vient faire limite à l’exigence infinie de la jouissance. Le psychanalyste ne doit pas reculer devant l’autisme. C’est en effet, à partir de ce qu’il a pu extraire de sa propre analyse, qu’il peut offrir au sujet autiste qui y consent, la chance d’un dialogue au cours duquel peut se tisser dans une adresse inédite, une voie enfin singulière au-delà de la pulvérulence des entendus}}<ref>{{Lien web|auteur=Jean-Pierre Rouillon|titre=Petite note sur l’autisme chez Lacan |url=http://www.causefreudienne.net/petite-note-sur-lautisme-chez-lacan/|consulté le=18 mai 2015}}</ref>.
 
==== Critiques ====
Bishop et Swendsen notent que, bien que Lacan n'ait pas travaillé avec des enfants autistes, il continue d'exercer un attrait important sur les intellectuels français du domaine de l'autisme, alors que les intellectuels d'autres pays {{citation|moins crédules}} considèrent son {{citation|verbiage cachant une pensée confuse}} avec scepticisme{{sfn|Bishop|Swendsen|2020|p=1-2}}.
 
=== Françoise Dolto : Prise en charge et pratique ===
{{article connexe|Françoise Dolto|Psychanalyse de l'enfance}}
[[Françoise Dolto]] a commencé sa carrière au sein d'un mouvement de psychiatrie radicale, durant les années 1960 et 1970{{sfn|Bates|2022|p=147-183}}. Sa référence psychanalytique est surtout lacanienne, avec un intérêt particulier pour les idées de [[Jean Oury]], [[Félix Guattari]], et surtout [[Maud Mannoni]]{{sfn|Bates|2022|p=147-183}}.
Proche du psychanalyste [[Jacques Lacan]], de l'[[école freudienne de Paris]] dans sa forme didactique et des institutions de la psychanalyse française en général, la [[Pédiatrie|pédiatre]] et psychanalyste [[Françoise Dolto]] {{refins|reste un exemple très représentatif de ce que fut la vision de la prise en charge des [[trouble de la personnalité|troubles psychiques]] de l'enfant dans les [[années 1970]] et les [[années 1980]]<ref>[Site de l'éditeur Robert Laffont, page sur le livre "Dolto en héritage" par Edwige Antier]</ref>}} qui a, en grande partie, influencé les institutions [[Pédopsychiatrie|pédopsychiatriques]] françaises, notamment la plupart des services d'hôpitaux de jours publics et privés accueillant des enfants majoritairement diagnostiqués comme [[Psychose|psychotiques]], puis [[Autisme|autistes]], et organisés dans le cadre de leur fonctionnement thérapeutique durant les trois dernières décennies du {{s-|XX}}<ref>{{article|url=https://www.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2008-2-page-101.htm|titre=Psychiatrie et autisme|auteurs=Nicole Garret-Gloanec, F. Roos-Weil et Yves Boudart|passage=101-106|périodique=L'information psychiatrique|mois=février|année=2008|volume=84|doi=10.3917/inpsy.8402.0101}}.</ref>
 
==== Hypothèses de Françoise Dolto ====
Le {{Dr}} Dolto {{source insuffisante|reste une grande théoricienne de la psychose infantile au niveau de l'[[école française de psychanalyse]]}}<ref>Livre : "Au jeu du désir", chapitre Personnologie et image du Corps, François Dolto, Édition Le Seuil 1981</ref>. Dans une célèbre interview parue dans ''[[L'Obs|Le Nouvel Observateur]]'' en 1968, la psychiatre relie cette affection psychiatrique à une « défaillance de la dynamique libidinale des parents » en situant « l'origine de la dite psychose infantile autour de l'Œdipe des parents qui ne serait pas résolu »<ref>{{article|titre=[?]|périodique=[[L'Obs|Le Nouvel Observateur]]|date=2 décembre 1968}}.</ref>. D'après la psychanalyste Laurence Darcourt, Françoise Dolto {{citation|emploie l'expression « tomber dans l'autisme », car « il s'agit d'une chute dans une image du corps du passé »}}<ref name="Darcourt">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Laurence|nom1=Darcourt|titre=100% Dolto|éditeur=Eyrolles|date=2011|isbn=978-2-212-54989-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=ojk1Ked54tUC&newbks=0&printsec=frontcover&pg=PA84&dq=dolto+autisme&hl=fr|passage=84|consulté le=2021-05-18}}.</ref> ; Dolto attribue par ailleurs la cause de l'autisme à une {{citation|rupture traumatique et très précoce du lien symbolique mère-enfant}}, dans 100 % des cas<ref name="Darcourt"/>.
Avec Mannoni, Dolto analyse les « [[Psychose infantile|psychoses infantiles]] » à travers un référentiel [[Antipsychiatrie|antipsychiatrique]], et y voit le résultat d'un environnement familial pathogène{{sfn|Bates|2022|p=147-183}}, causant une {{citation|rupture traumatique et très précoce du lien symbolique mère-enfant}}<ref name="Darcourt"/>. Son étude de cas la plus connue, Le cas Dominique, attribue à cet environnement familial la cause de la « [[psychose infantile]] »<ref name="Bates"/>{{,}}{{sfn|Bates|2022|p=147-183}}. Dans son célèbre ouvrage ''La cause des enfants'', elle déclare que {{citation|L’autisme, en fait, cela n’existe pas à la naissance. Il est fabriqué. C’est un processus réactionnel d’adaptation à une épreuve touchant l’identité de l’enfant}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=François Dolto|titre=La Cause des enfants|éditeur=Édition Robert Laffont|année=1985|isbn=|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=BrrHkvi3kzIC&pg=PT328}}.</ref>{{,}}<ref name="Campion">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Dominique|nom1=Campion|titre=L' Inconscient freudien : y a-t-il quelque chose à sauver ?|éditeur=Odile Jacob|date=2023-04-19|isbn=978-2-415-00412-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=hfC2EAAAQBAJ&newbks=0&hl=fr|consulté le=2023-04-22|passage=110}}.</ref>, ce que le psychiatre Dominique Campion analyse comme une {{citation|variation grand public sur le thème de la mère fabriquant l'autisme}}<ref name="Campion"/>. Dans ses écrits, Dolto se limite à une stricte formulation d'obédience psychanalytique, classant l'autisme comme {{citation|une extension maximale de la psychose}}<ref>{{Ouvrage|titre=Françoise Dolto, itinéraire d'une psychanalyste|éditeur=Édition Champs|collection=Biographie|isbn=|titre chapitre=Dolto Vivace}}.</ref>{{source secondaire nécessaire}}. Dans une {{refnec|célèbre}}{{source secondaire nécessaire}} interview parue dans ''[[L'Obs|Le Nouvel Observateur]]'' en 1968, la psychiatre relie ce qu'elle considère comme une affection psychiatrique à une {{citation|défaillance de la dynamique libidinale des parents}}, situant {{citation|l'origine de la dite psychose infantile autour de l'Œdipe des parents qui ne serait pas résolu}}<ref>{{article|titre=[?]|périodique=[[L'Obs|Le Nouvel Observateur]]|date=2 décembre 1968}}.</ref>{{refins}}{{source secondaire nécessaire}}. D'après la psychanalyste Laurence Darcourt, Françoise Dolto {{citation|emploie l'expression « tomber dans l'autisme », car « il s'agit d'une chute dans une image du corps du passé »}}<ref name="Darcourt">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Laurence|nom1=Darcourt|titre=100% Dolto|éditeur=Eyrolles|date=2011|isbn=978-2-212-54989-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=ojk1Ked54tUC&newbks=0&printsec=frontcover&pg=PA84&dq=dolto+autisme&hl=fr|passage=84|consulté le=2021-05-18}}.</ref>.
 
==== Conséquences des hypothèses de Françoise Dolto ====
{{source secondaire nécessaire|Face à la montée en puissance du terme « autisme », dans le courant des années 1980, le {{Dr}} Dolto axe ensuite sa problématique sur l'[[autisme infantile en psychanalyse|autisme infantile]], tout en gardant la même approche psychogénique que dans sa conception de la psychose infantile : celle-ci déclare notamment dans son célèbre ouvrage consacrée à « la cause des enfants » : {{citation|L’autisme, en fait, cela n’existe pas à la naissance. Il est fabriqué. C’est un processus réactionnel d’adaptation à une épreuve touchant à l’identité de l’enfant}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=François Dolto|titre=La Cause des enfants|éditeur=Édition Robert Laffont|année=1985|isbn=|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=BrrHkvi3kzIC&pg=PT328}}.</ref>.}}
Les idées de Dolto influencent fortement les institutions [[Pédopsychiatrie|pédopsychiatriques]] françaises, dont la plupart des services d'[[Hôpital de jour|hôpitaux de jours]] publics et privés accueillant des enfants diagnostiqués comme [[Psychose|psychotiques]], puis [[Autisme|autistes]], durant les trois dernières décennies du {{s-|XX}}<ref>{{article|url=https://www.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2008-2-page-101.htm|titre=Psychiatrie et autisme|auteurs=Nicole Garret-Gloanec, F. Roos-Weil et Yves Boudart|passage=101-106|périodique=L'information psychiatrique|mois=février|année=2008|volume=84|doi=10.3917/inpsy.8402.0101}}.</ref>. Le chercheur postdoctoral en histoire Richard Bates estime que le rôle de Françoise Dolto dans la compréhension et le traitement psychanalytique de l'autisme en France est {{citation|important}}, et qu'il a été {{citation|sous-estimé}}{{sfn|Bates|2022|p=147-183}}.
 
Didier Pleux<ref name="Pleux118">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Didier|nom1=Pleux|titre=Génération Dolto|éditeur=Odile Jacob|date=2008-10-02|isbn=978-2-7381-2155-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=1irfUW2bLD8C&newbks=0&printsec=frontcover&pg=PA118&dq=dolto+autisme&hl=fr|passage=118|consulté le=2021-05-18}}.</ref>, Bishop et Swendsen<ref name="BishopSwendsen"/>, de même que le chercheur postdoctoral Richard Bates (sur le média ''[[Slate (magazine)|Slate]]'' en 2018<ref name="Bates">{{Lien web |langue=fr-FR |prénom=Richard |nom=Bates |titre=La France a un problème avec l’autisme, et c'est en partie à cause de Françoise Dolto |url=http://www.slate.fr/story/160621/autisme-psychanalyse-france-probleme-dolto |site=Slate.fr |consulté le=2021-05-18|date=19 avril 2018}} ; voir aussi la thèse de Richard Bates : [https://www.researchgate.net/publication/324770163_Psychoanalysis_and_child-rearing_in_twentieth-century_France_the_career_of_Francoise_Dolto Psychoanalysis and child-rearing in twentieth-century France: the career of Françoise Dolto], décembre 2017</ref> puis dans un article scientifique publié en 2020{{,}}<ref>{{Article |lang=en|prénom1=Richard |nom1=Bates |titre=France's Autism Controversy and the Historical Role of Psychoanalysis in the Diagnosis and Treatment of Autistic Children |périodique=Nottingham French Studies |volume=59 |numéro=2 |date=2020-06-10 |issn=0029-4586 |doi=10.3366/nfs.2020.0286 |lire en ligne=https://www.euppublishing.com/doi/abs/10.3366/nfs.2020.0286 |consulté le=2021-05-18 |pages=221–235}}.</ref>){{,}}{{sfn|Bates|2022|p=147-183}}, estiment que Françoise Dolto est responsable de la perpétuation de méconnaissances relatives à l'autisme<ref name="BishopSwendsen"/>{{,}}{{sfn|Bates|2022|p=147-183}}. auquelLes elleopinions déniede laFrançoise moindreDolto causeont biologiqueen effet contribué à faire culpabiliser à tort de nombreuses mères françaises d'enfants autistes<ref name="Bates"/>{{,}}{{sfn|Bates|2022|p=147-183}}{{,}}<ref name="BishopSwendsen"/>. Bates souligne que la pensée psychanalytique de Dolto s'est diffusée auprès d’un large public, tout particulièrement des mères, via une quarantaine d’ouvrages{{sfn|Bates|2022|p=147-183}}. Dans les années 2010, ces livres restent présents dans de nombreuses bibliothèques parentales et de psychologues<ref name="Bates"/>{{,}}{{sfn|Bates|2022|p=147-183}}. Pleux note que de nombreux centres d'accueil pour enfants autistes continuent, en 2008, à accorder du crédit aux idées de Dolto à propos de l'autisme<ref name="Pleux118"/>.
==== Critiques ====
Le travail du {{Dr}} Dolto, son action et son engagement, vis-à-vis de ce qu'elle a présenté comme la « cause de enfants », sa médiatisation par le truchement d'interventions régulières à la radio, notamment, une série d'[[émission de radio|émissions de radio]] et de télévision lui ont offert une certaine renommée, mais cette célébrité n'a pas empêché que se développe à son égard, et cela depuis sa mort, une certaine controverse qui remet en cause sa réelle capacité à avoir saisi et apprécié la complexité de l'autisme infantile qui, dans ses écrits, se limitait à une stricte formulation d'obédience psychanalytique, basée sur quelques idées personnelles figées, classant l'autisme comme « une extension maximale de la psychose »<ref>{{Ouvrage|titre=Françoise Dolto, itinéraire d'une psychanalyste|éditeur=Édition Champs|collection=Biographie|isbn=|titre chapitre=Dolto Vivace}}.</ref>{{source secondaire nécessaire}}.
 
Bishop et Swendsen soulignent enfin queun effet néfaste de la théorie de la [[Sexualité infantile (psychanalyse)|sexualité infantile]] soutenue par Françoise Dolto, qui estimedéclare, à diverses reprises dans ses œuvres et dans certaines interventions radiophoniques, que l'enfant recherchecherche des [[Rapport sexuel|relations sexuelles]] avec des adultes : ils estiment que la mobilisation de ces idées a pu servir, en France, à justifier et garder impunies des [[Agression sexuelle|agressions sexuelles]] contre(dont l'[[inceste]]) et des maltraitances d'enfants autistes{{sfn|Bishop|Swendsen|2020|p=3}}.
Didier Pleux<ref name="Pleux118">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Didier|nom1=Pleux|titre=Génération Dolto|éditeur=Odile Jacob|date=2008-10-02|isbn=978-2-7381-2155-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=1irfUW2bLD8C&newbks=0&printsec=frontcover&pg=PA118&dq=dolto+autisme&hl=fr|passage=118|consulté le=2021-05-18}}.</ref>, Bishop et Swendsen<ref name="BishopSwendsen"/>, de même que le chercheur postdoctoral Richard Bates (sur le média ''[[Slate (magazine)|Slate]]'' en 2018<ref name="Bates">{{Lien web |langue=fr-FR |prénom=Richard |nom=Bates |titre=La France a un problème avec l’autisme, et c'est en partie à cause de Françoise Dolto |url=http://www.slate.fr/story/160621/autisme-psychanalyse-france-probleme-dolto |site=Slate.fr |consulté le=2021-05-18|date=19 avril 2018}} ; voir aussi la thèse de Richard Bates : [https://www.researchgate.net/publication/324770163_Psychoanalysis_and_child-rearing_in_twentieth-century_France_the_career_of_Francoise_Dolto Psychoanalysis and child-rearing in twentieth-century France: the career of Françoise Dolto], décembre 2017</ref> puis dans un article scientifique publié en 2020<ref>{{Article |lang=en|prénom1=Richard |nom1=Bates |titre=France's Autism Controversy and the Historical Role of Psychoanalysis in the Diagnosis and Treatment of Autistic Children |périodique=Nottingham French Studies |volume=59 |numéro=2 |date=2020-06-10 |issn=0029-4586 |doi=10.3366/nfs.2020.0286 |lire en ligne=https://www.euppublishing.com/doi/abs/10.3366/nfs.2020.0286 |consulté le=2021-05-18 |pages=221–235}}.</ref>) estiment que Françoise Dolto est responsable de la perpétuation de méconnaissances relatives à l'autisme, auquel elle dénie la moindre cause biologique<ref name="BishopSwendsen"/>.
 
Plusieurs psychanalystes se sont exprimés dans la [[presse française]] pour soutenir Françoise Dolto. [[Jean-Pierre Winter]] déclare qu'{{citation|On a cru que Dolto les [parents] culpabilisait, alors qu'elle leur disait "ce n'est pas de votre faute, c'est de votre fait"}} ; [[Willy Baral]] soutient quant à lui Françoise Dolto « a humanisé les liens avec les enfants autistes »<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |nom1=Veunac|prénom1=Caroline |titre=La vraie Françoise Dolto, par ceux qui l’ont connue |url=https://www.psychologies.com/Therapies/Toutes-les-therapies/Therapeutes/Articles-et-Dossiers/La-vraie-Francoise-Dolto-par-ceux-qui-l-ont-connue |site=Psychologies.com|date=2023-02-27 |consulté le=2023-04-22}}.</ref>. Pour [[Bernard Golse]], qui s'exprime dans ''[[Ça m'intéresse]]'', {{citation|du fait que plus personne ne dit que l'autisme est une maladie psychique pure, la pluralité des facteurs en cause rend le message de la pédopsychiatre un peu moins percutant. Mais alors que les jeunes parents sont de plus en plus préoccupés par l’éducation, [...], la parole de Françoise Dolto demeure une référence}}<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Sophie |nom=Cousin |titre=La psychanalyste Françoise Dolto a fait de l’enfant une personne |url=https://www.caminteresse.fr/culture/la-psychanalyste-francoise-dolto-a-fait-de-lenfant-une-personne-11117306/ |site=[[Ça m'intéresse]] |date=2020-03-26 |consulté le=2023-04-22}}.</ref>.
Richard Bates note que {{citation|Françoise Dolto a publié plus d’une quarantaine d’ouvrages, qui véhiculaient la pensée psychanalytique auprès d’un large public, ciblant tout particulièrement les mères. Son étude de cas la plus connue, Le cas Dominique, montrait comment la « [[psychose infantile]] » pouvait découler de l’environnement familial. On trouve encore de tels livres, en France, dans les bibliothèques de nombreux parents, grands-parents et psychologues}}<ref name="Bates"/>. Bates estime que les opinions de Françoise Dolto ont probablement contribué à faire culpabiliser de nombreuses mères françaises d'enfants autistes<ref name="Bates"/>. Pleux note, de même, que de nombreux centres d'accueil pour enfants autistes continuent, en 2008, à accorder du crédit aux théories de Dolto à propos de l'autisme<ref name="Pleux118"/>.
 
Bishop et Swendsen soulignent enfin que la théorie de la [[Sexualité infantile (psychanalyse)|sexualité infantile]] soutenue par Françoise Dolto, qui estime, à diverses reprises, que l'enfant recherche des [[Rapport sexuel|relations sexuelles]] avec des adultes a pu servir, en France, à justifier et garder impunies des agressions sexuelles contre des enfants autistes{{sfn|Bishop|Swendsen|2020|p=3}}.
 
===== Quelques réponses aux critiques =====
[[Jean-Pierre Winter]] déclare « On a cru que Dolto les [parents] culpabilisait, alors qu'elle leur disait "ce n'est pas de votre faute, c'est de votre fait". », quand [[Willy Baral]] soutient que Françoise Dolto « a humanisé les liens avec les enfants autistes »<ref>https://www.psychologies.com/Therapies/Toutes-les-therapies/Therapeutes/Articles-et-Dossiers/La-vraie-Francoise-Dolto-par-ceux-qui-l-ont-connue / consulté le 20 mai 2021.</ref>.
 
Pour [[Bernard Golse]] du fait que « plus personne ne dit "que l'autisme est une maladie psychique pure", la pluralité des facteurs en cause rend le message de la pédopsychiatre un peu moins percutant. Mais alors que les jeunes parents sont de plus en plus préoccupés par l’éducation, [...], la parole de Françoise Dolto demeure une référence »<ref>https://www.caminteresse.fr/culture/la-psychanalyste-francoise-dolto-a-fait-de-lenfant-une-personne-11117306/ consulté le 20 mai 2021.</ref>.
 
=== Autres auteurs ===
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=== Conceptualisation actuelle ===
Selon Mottron et Feinstein, à partir des années 1960-1970, les théories psychanalytiques de l'autisme sont progressivement abandonnées, à l'exception de deux régions du monde : la France (et la [[Suisse romande]]{{sfn|Feinstein|2011|p=113}}), et l'[[Amérique latine]]{{sfn|Mottron|2004|p=33}} (en [[Argentine]] tout particulièrement, où l'enseignement des théoriesidées de Jacques Lacan et de [[Melanie Klein]] reste vivace{{sfn|Feinstein|2011|p=258}}). Pour les chercheurs [[Dorothy Bishop]] (professeure de neuropsychologie du développement à l'Université d'Oxford), et Joel Swendsen (professeur de psychologie clinique au [[Centre national de la recherche scientifique|CNRS]]), la France est le cas le plus connu de pays continuant à prendre au sérieux la psychanalyse dans le domaine de l'autisme, au contraire des orientations prises dans la grande majorité des autres pays du monde{{sfn|Bishop|Swendsen|2020|p=1}}. La psychanalyse n'est pas même listée parmi les interventions en autisme par le NICE ([[National Institute for Health and Care Excellence]]), car unanimement considérée comme inutile dans l'approche d'une condition dont l'origine est génétique{{sfn|Bishop|Swendsen|2020|p=1}}.
 
Pour le [[Psycholinguistique|psycholinguiste]] (ENS) Franck Ramus, l'abandon de l'approche psychanalytique s'explique {{citation|parce qu’elle n’apporte rien à la connaissance de l’autisme, tout simplement}} ; il ajoute que les psychanalystes {{citation|se réfèrent à un modèle théorique des maladies mentales qui n’a aucune validité scientifique}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Autisme et psychanalyse : de bons et de moins bons arguments / Afis Science - Association française pour l’information scientifique|url=https://www.afis.org/Autisme-et-psychanalyse-de-bons-et-de-moins-bons-arguments|site=Afis Science - Association française pour l’information scientifique |consulté le=2020-10-15}}.</ref>. Cette observation est partagée par le {{Pr}} [[Jonathan Green (médecin)|Jonathan Green]] (université de Cambridge), pour qui {{citation|la théorie sous-jacente à l’utilisation de la psychanalyse, c’est-à-dire comprendre l’autisme – c’est la base de l’intervention –, est fausse du point de vue scientifique}}{{sfn|id=Synthèse|Synthèse|2017|p=25}}. Bishop et Swedsen soulignent, en 2020, le fait que {{citation|les problèmes plus profondément enracinés [de la psychanalyse dans l'autisme] sont le manque de bases factuelles pour la psychanalyse et l'accent mis sur les relations sexuelles entre enfants et adultes, ce qui diabolise les mères et peut exposer les enfants à des abus}}{{sfn|Bishop|Swendsen|2020|p=1}}. Ils notent que {{citation|de plus, la psychanalyse en France est protégée de la critique par de puissants réseaux éducatifs et politiques}}{{sfn|Bishop|Swendsen|2020|p=1}}.
 
==== Marie-Christine Laznik et Atelier-classe PREAUT ====
{{Article détaillé|Marie-Christine Laznik}}
{{référence nécessaire|Une théorisationhypothèse plus récente, de [[Marie-Christine Laznik]], évoque un défaut du « troisième temps pulsionnel oral »}}. D'après [[Sigmund Freud|Freud]], qui a décrit les trois temps du développement pulsionnel du bébé, dont le dernier est celui où le bébé se fait l'''objet de satisfaction de l’Autre'', après s'être élancé vers l'objet de satisfaction et s'être retourné sur lui-même dans le stade auto-érotique, le second stade<ref>Freud, ''Pulsions et destins de pulsions'', O.C. Vol {{XIII}}, PUF, 1988</ref>, le troisième temps en question de l'organisation pulsionnelle de l'enfant consisterait selon Lacan en « une apparente passivité dans laquelle quelqu’un se laisse regarder, se laisse manger… dans le jeu du faire semblant »<ref>Lacan, ''Les quatre concepts fondamentaux'', Paris, Seuil, 1973</ref>. À partir de 1995, Laznik explore cette théoriehypothèse à partir des textes et séminaires de [[Jacques Lacan]]. {{Source secondaire nécessaire|En 2017, elle estime que le travail collectif dans le cadre de l'association PREAUT<ref name="S-Georges et Clément"> Catherine Saint-Georges, Marie-Noëlle Clément, « Atelier-classe PRÉAUT. Une aventure à la frontière de la pédagogie et de la subjectivité mise à l’épreuve d’une étude contrôlée randomisée », ''Cahiers de PréAut'', 2021/1 (N° 18), {{p.|9-27}}. DOI : 10.3917/capre1.018.0009. {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-cahiers-de-preaut-2021-1-page-9.htm}}</ref> confirme la justesse de son point de vue<ref name="BARAAPFB">[http://laznik.fr/wp-content/uploads/2018/01/2017_B%C3%A9b%C3%A9s-%C3%A0-risque-dautisme-France-Br%C3%A9sil_Ekizian-Lucero-et-al..pdf Bébés à risque d'autisme, l'approche psychanalytique en France et au Brésil] par A LUCERO, M-C. LAZNIK, S. EKIZIAN, E. PARLATO DE OLIVEIRA***, Psychologues et Psychologies n°248, 2017.</ref>}}.
 
La sociologue française [[Lise Demailly]] souligne que l'association PREAUT (à travers la citation d'un article de M. Allione) fait partie des rares acteurs du champ de l'autisme à soutenir qu'il soit « [[guérison de l'autisme|guérissable]] »<ref name="Demailly2">{{chapitre|nom1=Demailly|prénom1=Lise|lien auteur1=Lise Demailly|titre=Le champ de l’autisme en France au début du XXIe siècle|titre ouvrage=Le repérage et l'accompagnement des personnes autistes adultes|lieu=Toulouse|éditeur=ERES|collection=Travail social et handicap - Essai|année=2019|pages=23-70 | doi=10.3917/eres.demai.2019.01.0023|url=https://www.cairn-int.info/le-reperage-et-l-accompagnement-des-personnes--9782749263250-page-23.htm}}.</ref>. Selon l'ingénieur et psycholinguiste [[Franck Ramus]], la {{citation|conception théorique fumeuse}} énoncée par Mme Laznik n'a jamais été validée scientifiquement<ref name="Ramus">{{Lien web|langue=fr-FR|nom1=Ramus|prénom1=Franck|titre=Le troisième temps du circuit pulsionnel|url=http://www.scilogs.fr/ramus-meninges/le-troisieme-temps-du-circuit-pulsionnel/|site=Ramus méninges|date=2012-04-06|consulté le=2019-10-30}}.</ref>.
 
===== Critiques =====
 
Selon le [[psycholinguiste]] [[Franck Ramus]], la {{citation|conception théorique fumeuse}} énoncée par Mme Laznik n'a jamais été validée scientifiquement<ref name="Ramus">{{Lien web|langue=fr-FR|nom1=Ramus|prénom1=Franck|titre=Le troisième temps du circuit pulsionnel|url=http://www.scilogs.fr/ramus-meninges/le-troisieme-temps-du-circuit-pulsionnel/|site=Ramus méninges|date=2012-04-06|consulté le=2019-10-30}}.</ref>.
 
Selon Mottron et Feinstein, à partir des années 1960-1970, les théories psychanalytiques de l'autisme sont progressivement abandonnées, à l'exception de deux régions du monde : la France (et la [[Suisse romande]]{{sfn|Feinstein|2011|p=113}}), et l'[[Amérique latine]]{{sfn|Mottron|2004|p=33}} (en [[Argentine]] tout particulièrement, où l'enseignement des théories de Jacques Lacan et de [[Melanie Klein]] reste vivace{{sfn|Feinstein|2011|p=258}}). Pour les chercheurs Dorothy Bishop (professeure de neuropsychologie du développement à l'Université d'Oxford), et Joel Swendsen (professeur de psychologie clinique au [[Centre national de la recherche scientifique|CNRS]]), la France est le cas le plus connu de pays continuant à prendre au sérieux la psychanalyse dans le domaine de l'autisme, au contraire des orientations prises dans la grande majorité des autres pays du monde{{sfn|Bishop|Swendsen|2020|p=1}}. La psychanalyse n'est pas même listée parmi les interventions en autisme par le NICE ([[National Institute for Health and Care Excellence]]), car unanimement considérée comme inutile dans l'approche d'une condition dont l'origine est génétique{{sfn|Bishop|Swendsen|2020|p=1}}.
 
Pour le [[Psycholinguistique|psycholinguiste]] (ENS) Franck Ramus, l'abandon de l'approche psychanalytique s'explique {{citation|parce qu’elle n’apporte rien à la connaissance de l’autisme, tout simplement}} ; il ajoute que les psychanalystes {{citation|se réfèrent à un modèle théorique des maladies mentales qui n’a aucune validité scientifique}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Autisme et psychanalyse : de bons et de moins bons arguments / Afis Science - Association française pour l’information scientifique|url=https://www.afis.org/Autisme-et-psychanalyse-de-bons-et-de-moins-bons-arguments|site=Afis Science - Association française pour l’information scientifique |consulté le=2020-10-15}}.</ref>. Cette observation est partagée par le {{Pr}} [[Jonathan Green (médecin)|Jonathan Green]] (université de Cambridge), pour qui {{citation|la théorie sous-jacente à l’utilisation de la psychanalyse, c’est-à-dire comprendre l’autisme – c’est la base de l’intervention –, est fausse du point de vue scientifique}}{{sfn|id=Synthèse|Synthèse|2017|p=25}}. Bishop et Swedsen soulignent, en 2020, le fait que {{citation|les problèmes plus profondément enracinés [de la psychanalyse dans l'autisme] sont le manque de bases factuelles pour la psychanalyse et l'accent mis sur les relations sexuelles entre enfants et adultes, ce qui diabolise les mères et peut exposer les enfants à des abus}}{{sfn|Bishop|Swendsen|2020|p=1}}. Ils notent que {{citation|de plus, la psychanalyse en France est protégée de la critique par de puissants réseaux éducatifs et politiques}}{{sfn|Bishop|Swendsen|2020|p=1}}.
 
==== Effets de l'approche française sur les élèves autistes ====
 
En 2012, la professeure et responsable de formation à l'[[Institut national supérieur de formation et de recherche pour l'éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés]] (INSHEA) Christine Philip souligne les effets de l'approche psychanalytique de l'autisme en France sur la scolarisation des élèves<ref name="Philip2012"/>. L'autisme ayant longtemps été considéré comme une [[psychose]] par les psychanalystes français, pour les enfants diagnostiqués comme autistes {{cita|l’éducation n’est pas exclue, mais elle est remise à plus tard, lorsque l’enfant ira mieux}}<ref name="Philip2012"/>. À partir des années 1980, {{citation|sous la pression des associations de parents}}, une scolarisation en milieu ordinaire est mise en place dans des classes intégrées, puis dans les [[Classe pour l'inclusion scolaire|CLIS]] et les [[Unité localisée pour l'inclusion scolaire|ULIS]] à partir des années 1990, enfin dans les classes ordinaires des écoles et collèges à partir des années 2000<ref name="Philip2012">{{Article |langue=fr |prénom1=Christine |nom1=Philip |titre=Scolarisation des élèves avec autisme en France : trente ans d'histoire… |périodique=La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation |volume=60 |numéro=4 |date=2012 |issn=1957-0341 |issn2=2426-6248 |doi=10.3917/nras.060.0045 |lire en ligne=http://www.cairn.info/revue-la-nouvelle-revue-de-l-adaptation-et-de-la-scolarisation-2012-4-page-45.htm |consulté le=2021-06-21 |pages=45 }}.</ref>. Philip note qu'{{citation|en une trentaine d’années, nous avons assisté à un changement complet de perspectives, de regards et de pratiques dans ce domaine, grâce en grande partie à l’action des personnes concernées elles-mêmes, les parents d’abord et les personnes avec autisme ultérieurement. Ainsi ces personnes, qui étaient au départ appréhendées comme des malades psychiatriques qu’il fallait soigner dans des lieux séparés, sont aujourd’hui considérées comme à éduquer et scolariser, en priorité en milieu ordinaire}}<ref name="Philip2012"/>.
 
===== Critique =====
 
Dans le contexte d'une analyse du taux de scolarisation des élèves autistes, la journaliste indépendante Isabelle Gravillon note que l'{{citation|impossibilité chez certains professionnels à travailler main dans la main, pour le bien-être des enfants autistes et des familles}} résulte d’{{citation|une spécificité historique}} de la France, qui, {{citation|pendant de nombreuses années, a mis en avant la psychanalyse comme seul moyen de soigner l’autisme}}<ref>{{Article |langue=fr |prénom1=Isabelle |nom1=Gravillon |titre=La France peut mieux faire |périodique=L'école des parents |volume=N° 619 |numéro=2 |date=2016 |issn=0424-2238 |issn2=2491-2875 |doi=10.3917/epar.619.0027 |lire en ligne=http://www.cairn.info/revue-l-ecole-des-parents-2016-2-page-27.htm?ref=doi |consulté le=2021-06-21 |pages=27}}.</ref>.
Ligne 212 ⟶ 199 :
Au niveau international, l'autisme est sorti de la catégorie des psychoses, et considéré comme un trouble neuro-développemental<ref>{{article|auteur=Laurence Robel|titre=Évolutions du concept d’autisme|périodique=Médecine thérapeutique / Pédiatrie|année=2012|volume=15|numéro=3|passage=179-182|doi=doi:10.1684/mtp.2012.0434}}.</ref>. En revanche, des psychanalystes français continuent de soutenir qu'{{citation|il ne semble y avoir ni évidence clinique, ni évidence théorique, à considérer l’autisme comme en dehors du champ des psychoses précoces}}<ref>{{Article |langue=fr |prénom1=Nicolas |nom1=Brémaud |titre=Autisme vs psychose : une question toujours d’actualité ? |périodique=L'Évolution Psychiatrique |volume=82 |numéro=3 |date=2017-07-01 |issn=0014-3855 |doi=10.1016/j.evopsy.2016.06.004 |lire en ligne=http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0014385516300597 |consulté le=2020-11-16 |pages=664–686}}.</ref>.
 
Bishop et Swendsen soulignent que les enfants autistes sont {{citation|sans défense face à l'interprétation de leurs pensées et motivations}} par l'analyste, interprétations par ailleurs non-confirmées scientifiquement{{sfn|Bishop|Swendsen|2020|p=2}}. Ils notent que la mobilisation de la théorie psychanalytique a servi à justifier l'[[inceste]] et la maltraitance des enfants autistes, notamment dans les œuvres de Françoise Dolto{{sfn|Bishop|Swendsen|2020|p=3}}. Pour eux, {{citation|dans ses formes les plus extrêmes, [la psychanalyse] peut causer des dommages aux parents, en particulier aux mères, qui sont diabolisées à la fois parce qu'elles sont trop impliquées et trop éloignées de leurs enfants, et aux enfants eux-mêmes}}{{sfn|Bishop|Swendsen|2020|p=4}}.
 
En s'appuyant sur une comparaison entre {{citation|la psychanalyse du nourrisson et de l’enfant exposée par [[Frances Tustin]] et ses collègues et la [[psychologie du développement]] et les [[neurosciences]]}}, l'universitaire Dianna T. Kenny (Université de [[Sydney]]) montre que {{citation| l’étude du développement infantile au sein de la psychanalyse}} repose sur {{citation|une théorisation erronée et l’incapacité à intégrer la recherche scientifique sur le développement infantile dans leurs théories et leur pratique}}<ref name="Kenny">{{Article|langue=en|prénom1=Dianna T.|nom1=Kenny|titre=Faulty Theory, Failed Therapy: Frances Tustin, Infant and Child Psychoanalysis, and the Treatment of Autism Spectrum Disorders|périodique=SAGE Open|volume=9|numéro=1|pages=215824401983268|date=2019-01|issn=2158-2440|issn2=2158-2440|doi=10.1177/2158244019832686|lire en ligne=http://journals.sagepub.com/doi/10.1177/2158244019832686|consulté le=2024-09-25}}.</ref>. Elle conclut également que la pratique thérapeutique basée sur {{pas clair|l'adhésion}} à Frances Tustin a donné {{citation|des perceptions erronées de résultats thérapeutiques « réussis »}}<ref name="Kenny"/>.
 
===== Sur les « parentectomies » =====
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Cette culpabilisation des parents d'enfants autistes par des analystes, qui leur imputent la responsabilité du handicap de leur enfant, se perpétue en France, comme le démontrent l'enquête de la sociologue française [[Cécile Méadel]] publiée en 2005 (à partir d'une liste de discussion de l'association [[Autisme France]]) ; les films documentaires de Sophie Robert publiés de 2012 à 2018{{sfn|Bishop|Swendsen|2020|p=2}} ; ainsi que les témoignages de nombreux parents à ce sujet, dont [[Francis Perrin (acteur)|Francis Perrin]]<ref>{{Ouvrage|prénom1=Francis|nom1=Perrin|lien auteur1=Francis Perrin (acteur)|prénom2=Gersende|nom2=Perrin|titre=Louis, pas à pas|éditeur=JC Lattès|collection=Essais et documents|année=2012|pages totales=230|isbn=978-2-7096-3775-6|isbn10=2709637758|isbn2=9782709637756|présentation en ligne=https://books.google.com/books?id=FZJd5TE8oqwC&printsec=frontcover}}.</ref>. D'après Méadel, {{citation|cette interprétation psychanalytique de l’autisme est encore largement mobilisée, non seulement dans un espace public large qui va des médias à leurs collègues de travail ou leur famille, mais aussi chez les professionnels des soins. Les trajectoires des parents montrent la prégnance de ces approches de l’autisme chez les professionnels de la santé et de l’éducation. Régulièrement, reviennent sur la liste, suscitant toujours la même solidarité et la même révolte, des récits d’épisodes douloureux qui ont vu la responsabilité du handicap imputée aux parents}}<ref name="Meadel">{{article|auteur=[[Cécile Méadel]]|titre=Le spectre « psy » réordonné par des parents d'enfant autiste. L'étude d'un cercle de discussion électronique|périodique=Politix|mois=1|année=2006|numéro=73|passage=57-82|url=http://www.cairn.info/revue-politix-2006-1-page-57.htm|doi=10.3917/pox.073.0057}}.</ref>.
 
==== CritiquesDébats autour de l'efficacité de la psychanalyse ====
La psychothérapeute Paula Jacobsen publie une étude comparative entre plusieurs psychothérapies en 2004, concluant à l'inefficacité des approches psychanalytiques dans le cas du [[syndrome d'Asperger]]<ref>{{article|auteur=Paula Jacobsen|langue=en|titre=A Brief Overview of the Principles of Psychotherapy with Asperger’s Syndrome|doi=10.1177/1359104504046160|périodique=Clin. Child Psychol. Psychiatry|mois=octobre|année=2004|volume=9|numéro=4|passage=567-578|lire en ligne=http://ccp.sagepub.com/content/9/4/567.short}}.</ref>. Comparant l'approche psychanalytique et l'approche cognitive de l'autisme dans le cadre d'une analyse comparée de la littérature scientifique, en 2008, le {{Dr}} Richardson précise qu'aucune des deux ne peut prétendre guérir l'autisme, {{citation|même si, à l'heure actuelle, il y a plus de preuves qui suggèrent que les approches cognitives ont le plus grand potentiel pour améliorer le pronostic des enfants autistes}}{{sfn|Richardson|2008|p=6}}.
[[Tony Attwood]] déconseille, en 2012, le recours à une thérapie [[psychanalyse|psychanalytique]] mère-enfant dans les cas des personnes avec syndrome d'Asperger, pour éviter une culpabilisation inutile des mères, précisant que {{citation|de façon générale, la technique des thérapies psychanalytiques est mise à mal avec les patients présentant un syndrome d'Asperger}}<ref>{{chapitre|année=2012|prénom1=Tony|nom1=Attwood|titre ouvrage=Traité Européen de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent|titre=Syndrome d'Asperger|éditeur=Lavoisier|oclc=826730397|isbn=225770519X|isbn2=9782257705198|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=bCmkAgAAQBAJ&pg=PA304|passage=304}}.</ref>.
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Le {{Pr}} Tony Charman ([[King's College de Londres]]) déclare qu{{citation|il n’existe aucune preuve pour une approche psychanalytique dans le traitement des jeunes enfants avec autisme}}{{sfn|id=Synthèse|Synthèse|2017|p=18}}. La {{Pr}} Amaia Hervás Zúñiga ([[Université de Barcelone]], Espagne) dit {{citation|nous savons que la psychanalyse ne peut rien faire, et nous sommes totalement opposés à cette approche}}{{sfn|id=Synthèse|Synthèse|2017|p=19}}. Le {{Dr}} [[Jonathan Green (médecin)|Jonathan Green]] déclare {{citation|qu’il n’existe pas de preuve, nulle part dans le monde, qui soutienne le recours à la psychanalyse}}{{sfn|id=Synthèse|Synthèse|2017|p=23}}, la {{Pr}} Nadia Chabane (CHUV de Lausanne) que {{citation|nous n’avons aucun élément aujourd’hui en faveur d’un accompagnement des TSA par la psychanalyse}}{{sfn|id=Synthèse|Synthèse|2017|p=23}}. Le {{dr}} Kerim Munir (''[[Boston Children's Hospital]]''), pour qui {{citation|il faut que la position concernant la psychanalyse soit sans équivoque}}, souligne l'existence {{citation|des lobbies et des groupes de pression qui militent en faveur de ce genre de traitement}}{{sfn|id=Synthèse|Synthèse|2017|p=19}}, et la réticence à tester scientifiquement l'efficacité d'une telle approche{{sfn|id=Synthèse|Synthèse|2017|p=24}}. Green conclut qu'une approche psychanalytique peut avoir des incidences négatives sur les familles, et que les scientifiques internationaux interrogés par [[Claire Compagnon]] sont {{citation|unanimes quant aux risques potentiellement liés à ce genre de traitement}}{{sfn|id=Synthèse|Synthèse|2017|p=25}}.
 
Clarisse Vautrin, femme autiste et membre du [[Zététique|cercle zététique]] du [[Languedoc-Roussillon|Languedoc Roussillon]], conclut dans sa présentation des dérives dans l'autisme, en 2019, qu'il n'y a {{citation|pas d’éléments tangibles ni d’expériences reproductibles en faveur des théories et pratiques psychanalytiques}}, ajoutant qu'{{citation|en France : la psychanalyse recule dans les universités mais reste largement pratiquée}}<ref>{{lien web|url=http://zetetique-languedoc.fr/wp-content/uploads/2019/11/Clarisse%20Vautrin_Autisme_CZLR.pdf|titre=Causes infondées et « traitements » de l’autisme : Quelques exemples de dérives et de charlatanisme|éditeur=Cercle Zététique du Languedoc-Roussillon Université d’automne|date=29 septembre 2019}}.</ref>.
 
==== Confrontation théorique et sociale ====
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Le rédacteur en chef de ''[[Psychologies Magazine]]'', Arnaud de Saint Simon, prend position pour la psychanalyse dans un éditorial en 2016<ref>{{article|titre=Autisme : faut-il brûler la psychanalyse ?|périodique=[[Psychologies Magazine]]|prénom1=Arnaud|nom1=de Saint Simon|date=9 décembre 2016|lire en ligne=https://www.psychologies.com/Moi/Problemes-psy/Troubles-Maladies-psy/Articles-et-Dossiers/Autisme-diagnostic-prises-en-charge-et-polemique/Autisme-faut-il-bruler-la-psychanalyse}}.</ref>.
 
===== À propos des associationsAssociations de parents =====
{{article détaillé|:Catégorie:Association ou organisme lié à l'autisme}}
 
L'historien des sciences Jonathyne Briggs souligne que les parents d'enfants autistes français, particulièrement les mères, ont initialement collaboré avec les professionnels du soin (dont ceux formés à l'approche psychanalytique), puis sont peu à peu entrés en résistance contre ces mêmes professionnels, dès lors qu'ils les ont accusés d'être à l'origine des troubles de leurs enfants<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Jonathyne|nom1=Briggs|titre=From Collaboration to Resistance: The Family Dynamic in Autism Literature in Contemporary France|périodique=Contemporary European History|date=2022-10-13|issn=0960-7773|issn2=1469-2171|doi=10.1017/S0960777322000418|lire en ligne=https://www.cambridge.org/core/journals/contemporary-european-history/article/abs/from-collaboration-to-resistance-the-family-dynamic-in-autism-literature-in-contemporary-france/54155E2F1BF6B7B3EF1EF472C8BA0533|consulté le=2023-04-23|pages=1–16}}.</ref>.
D'après Demailly, les associations de parents d'enfants autistes françaises (à l'exception de quelques-unes) dénoncent des maltraitances contre leurs enfants et eux-mêmes, commises {{citation|par les psychiatres, les psychanalystes et l’État}}<ref name="Demailly1"/>{{,}}<ref name="Demailly2"/>. Elle cite en exemple l'association [[Vaincre l'autisme]], qui a {{citation|été au centre du mouvement de non-recommandation du [[packing]]}}, érigé en {{citation|symbole de la psychanalyse}}<ref name="Demailly2"/>. L'action de ces associations est caractérisée par une influence sur les pouvoirs publics, une pénétration médiatique, et par la silenciation des personnes autistes elles-mêmes<ref name="Demailly2"/>. Perrin et Salmane précisent que c'est surtout l'association [[Autisme France]] qui travaille à rattacher l'autisme au champ du [[handicap]] (ce qui sera effectif en 1996), en refusant de collaborer avec les psychiatres et psychanalystes, accusés de culpabiliser les parents<ref name="PerrinSalmane"/>. Les parents d'enfants autistes sont en effet souvent confrontés à des justifications d'ordre psychanalytique, qui les accusent d'être responsables des troubles de leurs enfants.
 
D'après Demailly, les associations de parents d'enfants autistes françaises (à l'exception de quelques-unes) dénoncent des maltraitances contre leurs enfants et eux-mêmes, commises {{citation|par les psychiatres, les psychanalystes et l’État}}<ref name="Demailly1"/>{{,}}<ref name="Demailly2"/>. Elle cite en exemple l'association [[Vaincre l'autisme]], qui a {{citation|été au centre du mouvement de non-recommandation du [[packing]]}}, érigé en {{citation|symbole de la psychanalyse}}<ref name="Demailly2"/>. L'action de ces associations est caractérisée par une influence sur les pouvoirs publics, une pénétration médiatique, et par la silenciation des personnes autistes elles-mêmes<ref name="Demailly2"/>. Perrin et Salmane précisent que c'est surtout l'association [[Autisme France]] qui travaille à rattacher l'autisme au champ du [[handicap]] (ce qui sera effectif en 1996), en refusant de collaborer avec les psychiatres et psychanalystes, accusés de culpabiliser les parents<ref name="PerrinSalmane"/>. Les parents d'enfants autistes sont en effet souvent confrontés à des justifications d'ordre psychanalytique, qui les accusent d'être responsables des troubles de leurs enfants.
 
===== Contre la psychanalyse dans les médias : le documentaire ''Le Mur'' (2011) =====
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Dans ''L'autisme expliqué par un autiste'' (2021), Thibaud Moulas déclare que {{citation|la psychanalyse a eu un impact catastrophique sur la vie des autistes}}, citant notamment des placements abusifs d'enfants autistes, fallacieusement décrits comme [[Psychose|psychotiques]] ou comme victimes de [[Maltraitance sur mineur|maltraitances parentales]] (tels que l'[[affaire Rachel]]) ; il ajoute que le psychanalyste français Michel Botbol a soutenu publiquement en 2015 que le [[syndrome de Münchhausen par procuration]] d'une mère pourrait causer l'autisme chez son enfant, et que {{citation|cette croyance psychanalytique que la maltraitance cause l'autisme reste encore très présente en France}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Thibaud|nom1=Moulas|titre=L'autisme expliqué par un autiste|éditeur=Mardaga|date=2021-04|isbn=978-2-8047-0850-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=bhgnEAAAQBAJ&newbks=0&printsec=frontcover&pg=PT75&dq=melman+autisme&hl=fr|consulté le=2021-06-28|passage=174 et suiv.}}.</ref>.
 
Selon [[Brigitte Chamak]], l'interprétation des témoignages peut présenter des difficultés et nécessite de connaître le contexte dans lequel évolue la personne qui témoigne, et l'influence voire la reproduction de discours des autres : elle cite en exemple un autiste pris dans le militantisme d'une association de parents très hostile à la psychanalyse qui porte un discours très critique vis-à-vis de ce type de psychothérapies mais parle en termes positifs de sa propre psychothérapie psychanalytique<ref name="ChamakRecits"/>. Elle mentionne par ailleurs {{combien|les}} témoignages d'autistes positifs sur leur psychothérapie sur le divan, en [[centre médico-psycho-pédagogique]] (CMPP) ou en [[hôpital de jour]], incluant des séances de psychanalyse<ref name="ChamakRecits"/>.
 
[[Donna Williams]], qui a suivi une cure psychanalytique de son propre gré, utilise un vocabulaire relevant de la psychanalyse dans son autobiographie ''[[Si on me touche, je n'existe plus]]''<ref name="ChamakRecits"/>. D'après Brigitte Chamak, Williams {{citation|a adhéré à certaines interprétations psychanalytiques}}<ref name="ChamakRecits"/>.
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==== Années 1960 : apparition d'un courant "antipsychanalytique" aux États-Unis ====
{{article détaillé|Psychanalyse aux États-Unis}}
D'après le psychiatre et psychanalyste [[Jacques Hochmann]], universitaire lyonnais ayant consacré beaucoup de ses travaux à l'[[autisme]], un courant {{citation|antipsychanalytique}} a commencé à se dessiner aux [[États-Unis]] dès le début des [[années 1960]]<ref name="Hochmann" />. Il s'agit selon lui d'une réaction à la {{citation|déception d’espoirs exagérés de changer l’être humain par une éducation moins répressive et aussi à une mise à l’index outrancière des attitudes parentales pathogènes par certains psychanalystes}}<ref name="Hochmann"/>. Malgré la parution en {{date|1964}} d'un livre posthume du psychanalyste {{Lien|trad=[[Edmund Bergler|lang=en|fr=Edmund Bergler|texte=Edmund Bergler}}]], la {{citation|tendance à rechercher dans l’inconscient maternel ou familial l’origine des troubles psychiques en général et de l’autisme en particulier}} est selon Hochmann restée dominante<ref name="Hochmann"/>, notamment chez un regroupement de parents {{citation|au sein d’une puissante association, l’ ''[[Autism Society of America]]'', fondée en 1965 par un père d’autiste, [[Bernard Rimland]], [[psychologue]] de son état}}. Celui-ci déclare alors, selon Hochmann, que les familles d’autistes sont {{citation|victimes d’un véritable racisme de la part de psychanalystes}}<ref name="Hochmann"/>. Les publications se multiplient, en particulier dans le ''Journal of autism and childhood schizophrenia'' fondé par [[Leo Kanner]], lequel journal devient en {{date|1979}}, le ''Journal of autism and development disorder'' après l'exclusion de tous les psychanalystes du comité de rédaction<ref name="Hochmann"/>.
 
Selon Paul Alerini, l’autisme serait devenu {{citation|l'étendard d’un mouvement}} regroupant cognitivistes, comportementalistes et neuroscientifiques, ainsi que parents d’enfants autistes, lesquels parents peuvent eux-mêmes être chercheurs, psychologues ou psychiatres : {{citation|Ce mouvement se déclare clairement opposé à la psychanalyse}} et prend le mot « autisme » comme {{citation|monument ou comme fétiche pour faire d’une pathologie psychotique un [[handicap]] (dont l’origine n’est pas encore prouvée)}}<ref name="P. Alerini"/>. Si l'anti-psychanalyse a toujours existé, elle aurait pris maintenant une {{citation| tournure menaçante et persécutoire}} due en grande partie aux conflits nés avec l’autisme de l’enfant<ref name="P. Alerini"/>. Selon la psychanalyste [[Maud Mannoni]], dès 1967, l'autisme fascine et fait cause commune avec l'anti-psychanalyse<ref>Maud Mannoni, ''L’enfant, sa maladie et les autres'', Paris, Le Seuil, 1967, {{p.|106}}.</ref> : Mannoni considère que le mot « autisme » est devenu, d'un point de vue marxiste, une marchandise, porteur d'une {{citation|plus-value phallique}}<ref name="P. Alerini"/>, ce qui selon Alerini constitue un {{citation| “dispositif” » au sens de [[Michel Foucault]] et [[Giorgio Agamben]]<ref>Giogio Agamben, ''Qu’est-ce qu’un dispositif ?'', Paris, Rivages Payot, 2008.</ref>}}, qui {{citation|tire profit de la souffrance des enfants psychotiques et de leurs parents}}<ref name="P. Alerini"/>. La culpabilisation devant l'autisme {{citation|est attribuée à l’impuissance thérapeutique des psychanalystes qui la projettent sur les parents ([[Eric Schopler]])}}, et l'impuissance thérapeutique des psychanalystes se trouve projetée sur l'impuissance de la psychanalyse. Pour confirmer la portée d'un tel mouvement antipsychanalytique, Alerini évoque l'avis du [[Comité consultatif national d'éthique]], observant une {{citation|situation difficile en France où une succession de rapports et de lois reste sans effet depuis dix ans, en raison de la poursuite de l’application des théories psychanalytiques, théories que les autres pays développés ont abandonnées dans les années 1980 }}<ref>[[Comité consultatif national d'éthique|CCNE]], Comité consultatif national d’éthique, avis 102.</ref>{{,}}<ref name="P. Alerini"/>.
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===== Résistances culturelles à la psychanalyse =====
{{Pertinence section|date=avril 2023|texte=Section monosourcée par un seul article de Jacques Hochmann, psychanalyste. L'existence d'une "résistance culturelle à la psychanalyse" est donc un postulat de ce seul auteur. Section à confirmer par des sources secondaires non-issues de psychanalystes (point de vue interne)}}
Pour [[Jacques Hochmann]], {{citation|la violence antipsychanalytique de certains parents, déchaînée sur [[Internet]] et dans les [[Média|médias]], peut s’expliquer à la fois historiquement et psychologiquement}}<ref name="Hochmann2013">Jacques Hochmann, « La guerre de l'autisme et les résistances culturelles à la psychanalyse », ''Revue française de psychanalyse'', 2013/1 (Vol. 77), {{p.|119-125}}. DOI : 10.3917/rfp.771.0119. {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-francaise-de-psychanalyse-2013-1-page-119.htm}}</ref>.
 
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==== Études générales et critiques ====
(Dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs)
 
* {{article|prénom1=Richard|nom1=Bates|langue originale=anglais|traducteur=Typhaine Lecoq-Thual|titre=Autisme et psychanalyse, histoire d’un échec français|url=https://theconversation.com/autisme-et-psychanalyse-histoire-dun-echec-francais-95166|date=18 avril 2018|périodique=[[The Conversation (média)|The Conversation]]|libellé=Bates 2018}}
*{{Article Chapitre|languelang=en |prénom1=Richard |nom1=Bates |titre=France'sChapter 5: Autism, Controversyantipsychiatry and the Historicalpathogenic Role offamily|titre ouvrage=Psychoanalysis inand the Diagnosisfamily andin Treatmenttwentieth-century ofFrance Autistic: ChildrenFrançoise |périodique=NottinghamDolto Frenchand Studiesher legacy|date=20202022|isbn=1-065261-10 5962-7|doiisbn2=10.3366/nfs.2020.0286 978-1-5261-5962-5|oclc=1255214076|lire en ligne=https://www.euppublishingworldcat.comorg/doioclc/abs/10.3366/nfs.2020.0286 1255214076|consulté le=20212023-0504-18 23|libellé=Bates 20202022}}
*{{Article |langue=en|prénom1=Richard|nom1=Bates|titre=France's Autism Controversy and the Historical Role of Psychoanalysis in the Diagnosis and Treatment of Autistic Children |périodique=Nottingham French Studies |date=2020-06-10 |doi=10.3366/nfs.2020.0286 |lire en ligne=https://www.euppublishing.com/doi/abs/10.3366/nfs.2020.0286 |consulté le=2021-05-18 |libellé=Bates 2020}}
* Sara Bergmans, Anne-Christine Frankard, Christine Gadisseux et al., « Pour une approche multiréférencée de l’autisme », ''Cahiers de PréAut'', 2016/1 (N° 13), {{p.|33-54}}. DOI : 10.3917/capre1.013.0033. {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-cahiers-de-preaut-2016-1-page-33.htm}}
*{{Article |langue=en |prénom1=D. V. M. |nom1=Bishop |prénom2=Joel |nom2=Swendsen |titre=Psychoanalysis in the treatment of autism: why is France a cultural outlier? |périodique=BJPsych Bulletin |date=2020 |issn=2056-4694 |issn2=2056-4708 |doi=10.1192/bjb.2020.138 |lire en ligne=https://www.cambridge.org/core/journals/bjpsych-bulletin/article/psychoanalysis-in-the-treatment-of-autism-why-is-france-a-cultural-outlier/CE2BC0EF4ACBB22808D62866A9AD9226 |consulté le=2021-01-04 |pages=1–5 |libellé=Bishop et Swendsen 2020}}
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* {{ouvrage|langue=en|titre=A History of Autism: Conversations with the Pioneers|prénom1=Adam|nom1=Feinstein|éditeur=John Wiley & Sons|année=2011|isbn=1444351672|isbn2=9781444351675|pages totales=400|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=1-UztWdBkPkC&pg=PA103|libellé=Feinstein 2011}}
* {{ouvrage|url=http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/actes_commission_scientifique_3_avril.pdf|titre=Commission scientifique internationale sur l’autisme : Synthèse des actes|éditeur=[[Ministère des Affaires sociales et de la Santé (France)|Ministère des solidarités et de la Santé]]|date=3 avril 2017|id=Synthèse}}
*{{Article|langue=en|prénom1=Silke|nom1=Lipinski|prénom2=Katharina|nom2=Boegl|prénom3=Elisabeth S|nom3=Blanke|prénom4=Ulrike|nom4=Suenkel|titre=A blind spot in mental healthcare? Psychotherapists lack education and expertise for the support of adults on the autism spectrum|périodique=Autism|volume=26|numéro=6|date=2022-08|issn=1362-3613|issn2=1461-7005|pmid=34825580|pmcid=PMC9344568|doi=10.1177/13623613211057973|lire en ligne=http://journals.sagepub.com/doi/10.1177/13623613211057973|consulté le=2023-10-19|pages=1509–1521|libellé=Lipinski et al. 2022}}
*{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Pierre|nom1=Luauté|directeur1=oui|prénom2=Serge|nom2=Christin|directeur2=oui|titre=Une bourde en France au 20ème siècle. Le traitement psychanalytique de l'autisme infantile|éditeur=Fiacre|date=5 mai 2022|isbn=978-2917231920|libellé=Luauté et Christin 2022}}
* {{ouvrage|titre=L'autisme, une autre intelligence: diagnostic, cognition et support des personnes autistes sans déficience intellectuelle|collection=Pratiques psychologiques|prénom1=Laurent|nom1=Mottron|éditeur=Éditions Mardaga|année=2004|isbn=2870098693|isbn2=9782870098691|pages totales=235|libellé=Mottron 2004}}