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Le '''MedracenMedghâssen''' (en [[Langues berbères|berbère]] : ⵉⵎⴷⵖⴰⵙⵏ<ref>{{Lien web |langue=Fr |titre=Imdghassen |url=https://www.aps.dz/tamazight-tif/economie/tag/01_%E2%B4%B7%E2%B4%BB%E2%B4%B3%20%E2%B5%93%E2%B5%8E%E2%B4%BB%E2%B5%A3%E2%B5%A1%E2%B4%B0%E2%B5%94%E2%B5%93%20%E2%B4%B0%E2%B5%99%E2%B5%89%E2%B5%8F%E2%B4%B0%E2%B5%8F?start=300}}</ref>, ''imedɣasen'') est un [[mausolée]] [[Royaume de Numidie|numide]] datant du {{-s-|III}}, situé en [[Algérie]] dans les [[Aurès]], sur le territoire de la [[commune (Algérie)|commune]] de [[Boumia (Batna)|Boumia]], dans la [[wilaya de Batna]].
 
Le Madracen est un [[tumulus]] de pierre, de 58,9 mètres de diamètre et 18,5 m de hauteur. Il comporte une partie cylindrique ornée sur son périmètre, de 60 demi-colonnes doriques et trois fausses portes.
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== Description ==
De l'extérieur, le MedghassenMedghâssen se présente sous la forme d'un socle cylindrique, souvent vu comme typiquement [[Berbères|berbère]] et interprété comme un [[bazina]] à degrés, c'est-à-dire une construction de forme cylindrique surmontée d'un cône formé de gradins, mais à la fois plus grande que les bazinas courants. D'un diamètre de {{unité|59|mètres}} et {{unité|18.50|mètres}} de haut, le tout en pierres de taille rendues solidaires par des crampons en bois de cèdre enrobé de plomb.
 
Habillé d'un décor sobre emprunté à la [[Époque hellénistique|civilisation hellénistique]]<ref name="un" /> peut-être à partir d'intermédiaires [[civilisation carthaginoise|punique]]s, 60 colonnes doriques surmontées d'une corniche dont la gorge égyptienne réparties entre de fausses portes, sculptées en trois points équidistants. Une plateforme au sommet supportait peut être une sculpture : lions, chariots, statues ailées ou autre sujet.
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Les objets trouvés à proximité du monument sont, selon le rapport de [[Michel Cahen]], des morceaux de silex de plusieurs formes, des colliers, du cuir, de la laine, un bout de cuivre, des bracelets et anneaux, un crochet en fer, du plomb, une hachette, des plats en bois et en terre cuite, deux crânes, des ossements, de l'ivoire, une lampe en terre cuite, des médailles, etc<ref name=":0" />. Les objets en question sont envoyés à [[Paris]] où ils ont curieusement disparu sans aucune explication de la part des responsables. D'après le zoologue [[Jules René Bourguignat]] qui s'était penché sur les antiquités algériennes, le monument appartiendrait aux rois numides et serait leur sépulture. L'auteur dément catégoriquement que Madracen soit un monument romain<ref name=":0" />.
 
D'après Honoré Gibert en 1882, MadghassenMedghâssen serait le plus beau et le plus important site berbère de l'Algérie. Le monument représente Madrès (Madghis) qui serait le père fondateur de la Numidie et donc un probable ancêtre de [[Massinissa]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Honoré|nom1=Gibert|titre=Musée de'Aix, Bouches-du-Rhône|éditeur=|année=1882|passage=238|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=F_UHAAAAQAAJ&pg=PA238&dq=madracen|consulté le=2017-12-08}}</ref>.
 
Selon une rumeur qui courait dans la région des Aurès en 1866, [[Salah Bey (Constantine)|Salah Bey]], [[bey de Constantine]] en son temps, aurait voulu entrer de force dans le monument et aurait ordonné de tirer au canon sur le mausolée. Cependant, à l'issue des fouilles qui suivirent, Pierre-Felix Becker dément de telles allégations, même si d'autres sources indiquent qu'il y a réellement une brèche dans la pyramide de Madracen et qu'elle aurait été le fait de Salah Bey<ref>{{Ouvrage|langue=fr|titre=Revue de l'art chrétien|éditeur=St. Augustin, Desclée, De Brouwer et Cie|année=1876|passage=328|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=_OUEAAAAYAAJ&pg=PA328&dq=medracen|consulté le=2017-12-08}}</ref>.
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=== Postérité ===
L'[[Aéroport de Batna - Mostepha Ben Boulaid|aéroport de Batna]] portait le nom de Madghacendu mausolée. L'architecture de son salon d'honneur était inspirée par le MedracenMedghâssen<ref>[http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=83094 [ El Watan :: Régions &#93;<!-- Titre généré automatiquement -->]</ref>.
Le président [[Liamine Zéroual]] avait nommé l'aéroport de Batna à la gloire du roi berbère MedracenMedghâssen, mais l'aéroport a depuis changé de nom pour devenir l'aéroport Mostefa Ben Boulaïd.
 
Le mausolée de MedghassenMedghâssen est classé parmi les 100 monuments historiques les plus menacés dans le monde<ref>http://www.worldmonumentswatch.org/ Par World Monuments Fund</ref>. Non loin du monument, un projet d'une nouvelle ville est envisagé par la [[wilaya de Batna]].
 
==== Marathon international de Medghacen ====
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== Interprétation archéologique ==
Pour [[Gabriel Camps]], les grands monuments funéraires berbères comme le MedracenMedghâssen, le [[Mausolée Royal de Maurétanie]], dit aussi tombeau de la chrétienne, et les [[Djeddar]]s de [[Frenda]] à [[Tiaret]] relèvent d'une même tradition architecturale autochtone<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Ginette|nom1=Aumassip|titre=L' Algérie Des Premiers Hommes.|éditeur=Les Editions de la MSH|année=2001|pages totales=224|passage=14|isbn=978-2-7351-0932-6|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=0vy8Gb8S0jwC&pg=PA14|consulté le=2017-12-08}}</ref>. Ils constitueraient une forme magnifiée des sépultures plurimillénaires dites [[Bazinas]] attestées en [[Afrique]] du Nord.
 
Pour d'autres au contraire - [[Yvon Thébert]] et [[Filippo Coarelli]] notamment -, le MedracenMedghâssen doit être compris comme le signe d'une nouveauté historique et culturelle : la vision de Camps est critiquée et considérée comme enfermant les peuples du nord de l'Afrique dans une immobilité culturelle et un isolement. Argüant du fait que le MedracenMedghâssen doit être daté de la fin du {{-s-|III}} ou de la première moitié du {{-s-|II}}<ref>{{Article|langue=fr-FR|prénom1=Filippo|nom1=Coarelli|prénom2=Yvon|nom2=Thébert|titre=Architecture funéraire et pouvoir : réflexions sur l'hellénisme numide|périodique=Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité|volume=100|numéro=2|date=1988|doi=10.3406/mefr.1988.1607|lire en ligne=http://www.persee.fr/doc/mefr_0223-5102_1988_num_100_2_1607|consulté le=2017-12-08|pages=761–818}}</ref>{{,}}<ref>Colette Roubet « Premières datation par le C14 obtenues à Alger », ''L’anthropologie'', 74, 1970, {{p.|640-641}} : le bois du medracen est daté de 2170 BP (= -220) ±155</ref>, ces deux [[archéologue]]s et [[historien]]s considèrent que le MedracenMedghâssen, comme les autres grands mausolées numides, ne doit pas être interprété comme la manifestation de la continuité culturelle locale, par comparaison avec les bazinas, mais par comparaison avec les mausolées hellénistiques comme le signe d'une rupture dans la société numide : les souverains numides adoptent le vocabulaire architectural et funéraire des grands royaumes hellénistiques et manifestent ainsi leur insertion dans le monde [[méditerranée]]n et leurs ambitions : « par son tombeau, la nouvelle dynastie proclame que les temps ont changé »<ref>Thébert et Coarelli, {{p.|800}}</ref>. Le MedracenMedghâssen appartiendrait donc à la grande archéologie méditerranéenne de l'époque hellénistique manifestant un goût archaïsant mais aussi une très bonne connaissance du vocabulaire architectural le plus récent comme en témoigne la présence d'une gorge égyptienne<ref>Thébert et Coarelli, {{p.|776}}</ref>.
Le MédracenMedghâssen témoignerait donc pleinement de l'hellénisation choisie et active d'une aristocratie numide et de son insertion dans les puissances politiques méditerranéennes, hellénisation attestée aussi par les sources [[numismatique]]s et [[Épigraphie|épigraphiques]].
 
Le [[Mausolée Royal de Maurétanie]], souvent dénommé Tombeau de la Chrétienne, est un monument similaire mais un peu plus tardif.
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== État de dégradation avancée ==
Le MedracenMedghâssen est en effet à ce jour en état de dégradation inquiétante. L'infiltration de l'eau dans cette région très pluvieuse d'Algérie ainsi que l'usure liée au temps a une incidence grave. Le MedracenMedghâssen attend que l’on panse ses blessures causées par les affres des intempéries ou les mains des pilleurs. Les quelques pierres de taille n’ont pas encore été remises à leur place au niveau des gradins. Les brèches sont béantes et les quelques feuilles de zinc, qui les couvrent, semblent insuffisantes pour les protéger contre les ruissellements des eaux de pluie qui risquent, avec le temps, de s’infiltrer entre les pierres de taille et pourrir les troncs d’arbres qui continuent solidement à prêter “leurs dos” à la charge de ces montagnes de pierres de taille.
 
Le MedracenMedghâssen aurait besoin de travaux d’urgence pour atténuer les dégradations afin de démarrer un travail de réhabilitation<ref name="LIBB">{{Article|prénom1=Boumaïla|nom1=B|titre=''Batna cherche à sauver le Medracen ''|périodique=Liberté (Algérie)|lien périodique=Liberté (Algérie)|jour=16|mois=août|année=2008|url texte=http://www.djazairess.com/fr/liberte/98189|consulté le=27 février 2016|pages=}}.</ref>. L’opération de l’étude spécifique à la réhabilitation du mausolée de MedracenMedghâssen d’un montant de {{formatnum:40000000}} en [[dinar algérien]], inscrite dans le dossier du secteur de l’urbanisme et de la construction durant la session de l'Assemblée populaire de la [[Wilaya de Batna]] (APW), a reçu l'approbation du ministère de la Culture, mais l'ex direction de l'urbanisme voit une contradiction entre les paroles et les écrits, les pierres du monument devraient être remises à leur place d'urgence pour éviter que MedracenMedghâssen ne soit détruit totalement<ref name="LIBB"/>.
 
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Image:Pierres_affaissées.jpg | Pierres affaissées
Image:Dégradations_multiple_du_Medracen.jpg |Dégradations multiples du MedracenMedghâssen
Image:Pilier en fer de soutien.jpg|Pilier en fer de soutien précaire
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