Ida von Boxberg

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Ida Wilhelmina von Boxberg, née le à Jueterbog et morte le à Zschorna (près de Radeburg), est une archéologue amatrice allemande, pionnière dans son domaine. Originaire de Saxe, elle vécut et travailla en France pendant une grande partie de sa vie, favorisant ainsi l'échange d'informations et la recherche archéologique entre les deux pays.

Ida von Boxberg
Château de Zschorna (au nord de Radeburg), où Ida von Boxberg passa les dernières années de sa vie.

Biographie

Ida von Boxberg était la cinquième des neuf enfants du premier lieutenant et adjudant du régiment d'infanterie Karl Gottlob von Boxberg (1769-1825) et de son épouse Henriette Wilhelmine Sichart von Sichartshoff (1774-1851). Après la mutation de son père à Dresde, Ida y passa son enfance et sa jeunesse. Grâce la situation sociale de sa famille, elle reçut une éducation poussée. Elle apprend le français à un âge précoce, et voyagera en France à plusieurs reprises. En 1837, elle rencontre la famille d'Henri de La Rochelambert (1789-1863) et se lie d'amitié avec son épouse la marquise Apollonie de La Rochelambert (1802-1893), née de Bruges-Montgommery. En 1839, celle-ci engage Ida comme gouvernante pour ses trois filles, Apollonie (1825-1904), Clotilde (1829-1884) et Staouélie (1832-1911). Ida von Boxberg accompagne donc la famille de La Rochelambert partout en France, et habitera avec eux dans les diverses résidences de la famille : à Paris, au château de la Rochelambert près de Saint-Paulien (Haute-Loire), au château de Thévalles à Chémeré-le-Roi (Mayenne) et au château de Saint-Priest-de-Gimel (Corrèze). Même après le mariage de la fille cadette en 1853 et pendant la guerre franco-prussienne, elle reste en bons termes avec la famille de La Rochelambert, et continue de vivre et de poursuivre son travail à leurs cotés.

Pendant son long séjour en France, Ida von Boxberg visite l'Allemagne à plusieurs reprises, jusqu'à ce qu'elle retourne finalement s'installer dans sa region natale la Saxe en 1883, chez sa belle-sœur Oswine von Boxberg au château de Zschorna, que son frère Friedrich August avait acheté en 1852.

Ida von Boxberg ne s'est jamais mariée, et elle décède le 1er novembre 1893 à l'âge de 87 ans à Zschorna. Elle est inhumée dans le caveau familial au cimetière de l'église évangélique de la ville voisine de Dobra (Thiendorf).

Travaux archéologiques

 
Moulages et moules en plâtre de la collection A. Witting.
 
Récipients en terre cuite, avec notes manuscrites d'Ida von Boxberg, issus de la collection A. Witting.

Ida von Boxberg s’intéresse d'abord aux arts manuels : aquarelle, vitraux, sculpture. Ce n'est que plus tard qu'elle commence à faire des recherches archéologiques autodidactes en se concentrant sur la période de la Préhistoire, autour de sa maison. Elle développe une passion pour la collection d'objets archéologiques. Elle illustre soigneusement ses trouvailles et les décrit d'une écriture très caractéristique. Les longs séjours d'Ida von Boxberg dans les demeures aristocratiques françaises, ses contacts avec les acteurs de la nouvelle science paléontologique en France, ses connaissances spécialisées acquises lors de fouilles, et sa correspondance avec des scientifiques renommés dans toute l'Europe ont globalement permis un incroyable échange d'informations.

Elle effectue ses premières fouilles avec son frère Friedrich August entre 1858 et 1860 sur le terrain du château de Zschorna.

Le 29 juin 1870, Ida von Boxberg est acceptée comme membre de la Société des sciences naturelles de Dresde, et fait partie de la Section des recherches préhistoriques, qui n'avait été fondée que l'année précédente. Le 31 mai 1877, elle est faite membre honoraire de la Société. Pour le compte de celle-ci, Ida von Boxberg organise diverses excursions dans les environs de Dresde, donne des conférences, publie des traités sur des sujets archéologiques, fait don des découvertes faites lors de ses expéditions (ou de leurs moulages) et fait don d'ouvrages sur la préhistoire à la bibliothèque de la Société des sciences naturelles. Les documents portant sur le transfert de propriété de cette masse littéraire, quelques années avant son décès, montre qu'Ida von Boxberg a rassemblé dans sa collection privée les plus importantes monographies de la seconde moitié du XIXe siècle sur ces sujets.

Dès sa première année au Musée royal de minéralogie et de géologie de Dresde, le directeur Hanns Bruno Geinitz fait état de fossiles provenant de gisement de roches de craie près d'Angers (Maine-et-Loire), qu'Ida von Boxberg avait donnés au Musée. Un fossile particulier de bois de palmier, jusque-là inconnu, porte même son nom : Palmacites Boxbergae.

En 1871, Ida von Boxberg confie au Musée royal de minéralogie et de géologie ses trouvailles provenant des puits funéraires de Troussepoil (près du Bernard en Vendée), dont elle avait déjà fait part auprès de la Société de sciences naturelles l'année précédente.

Entre 1873 et 1874, elle mène des recherches à la grotte Rochefort et à la Cave à la Chèvre, dans la vallée de l'Erve. Elle y documente les conditions géographiques dans des aquarelles détaillées : le cours de la rivière, les bâtiments, les entrées de grottes et les lieux de découverte des obejts. Aujourd'hui, ces grottes font partie du réseau des Grottes de Saulges. Une autre grotte, près du château de Thévalles, attire l'attention des recherches d'Ida en 1882.

En 1873, Ida von Boxberg est acceptée comme membre de la célèbre Société allemande d’anthropologie, d’ethnologie et de préhistoire à Berlin.

Elle lègue une collection de fossiles et de minéraux et une autre collection préhistorique au roi de Saxe Albert Ier en 1877, qu'il transmet au Musée royal de minéralogie de Dresde et au Musée d'ethnologie de Leipzig.

En 1880, elle prouve que les chasseurs de la période glaciaire avaient un lieu de repos dans une sablière près du manoir de Großwelka (près de Bautzen). Ce domaine était la propriété du frère d'Ida, Ottomar Robert von Boxberg (1811-1884), depuis 1875. Elle a pu installer une petite exposition de ses trouvailles dans l'aile ouest du manoir.

En 1883, elle fait don au Cabinet des monnaies et des médailles de Dresde de sa collection médiévale de sceaux, d'insignes et de marques d'ouvriers, qu'elle avait trouvés dans la Loire près d'Orléans.

Même après son retour de France, Ida von Boxberg continue de participer à des fouilles préhistoriques : avec Johannes Deichmüller, elle observe des tombes à incinération de la période Hallstatt en 1886 sur le Knochenberg près de Niederrödern, et en 1890 les champs d'urnes de Freitelsdorf ; à Dobra, elle explore des tombes à incinération datant de la fin de l'âge du bronze, et près de Tauscha une nécropole dans une zone forestière, trouvant des objets également datés de l'âge du bronze.

Ida von Boxberg rapporte sa vaste collection d'objets trouvés lors de ses séjours à l'étranger au château de Zschorna. Outre des animaux empaillés, des fossiles, des minéraux et des roches, il y a aussi des échantillons de céréales et de tissus provenant des habitations sur pilotis de Robenhausen sur le lac de Pfäffikon dans le canton de Zurich, des éléments d'habits du Moyyen-Âge et de la période moderne, des silex provenant du Grand-Pressigny, des ossements humains, de chevaux et de rennes trouvés dans les environs de Thévalles. Après la vente du château de Zschorna en 1936, les collections ont été transférées à l'école de Würschnitz (près de Thiendorf). En 1967, le Musée national de la préhistoire de Dresde rachète les collections. Dans le musée Crozatier du Puy-en-Velay (ville près de laquelle se trouve le château de la famille de La Rochelambert) sont conservées des haches de pierre et des notes d'Ida von Boxberg. En 2008, la petite-fille du mathématicien Alexander Witting, originaire de Dresde, fait don d'un grand nombre de ses découvertes au musée : son grand-père était lui-même membre de la Société des sciences naturalles de Dresde et a participé aux fouilles. Les récipients et fragments de poterie, les os, les moulages en plâtre et les moules des découvertes archéologiques, ainsi que les outils en pierre et les minéraux ont été étiquetés avec l'écriture distinctive d'Ida von Boxberg, ce qui indiquent qu'ils ont été collectés par elle, ou du moins sous sa supervision. D'autres objets de sa vaste collection se trouvent dans les fonds d'institutions privées françaises et allemandes. Un inventaire complet de ses découvertes n'a pas encore pu être établi.

D'après les artefacts existants, on peut conclure qu'Ida von Boxberg avait entrepris d'autres recherches en Saxe : il existe des objets provenant des gravières de Großwelka et Kleinwelka, des inventaires funéraires de Kleinsaubernitz et des roches de Zöblitz et Oberhäslich.

Publications

  • (de) Ida von Boxberg, « Die Brunnengräber von Troussepoil im Département de la Vendée. Die Celtische Venus und die Brunnengräber der Vendée » [« Les puits funéraires de Troussepoil dans le département de la Vendée. La Vénus celtique et les puits funéraires de Vendée »], Sitzungs-Berichte der naturwissenschaftlichen Gesellschaft ISIS in Dresden,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • (de) Ida von Boxberg, « Das keltische Mondbild » [« L'image de la Lune chez les Celtes »], Sitzungs-Berichte der naturwissenschaftlichen Gesellschaft ISIS in Dresden,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • Les sépultures ovoides oder die Vonnes von Beaugency (Loiret). Im Vergleich zu den Brunnengräbern von Troussepoil (Vendée). In: Carl Bley (Hrsg.): Sitzungs-Berichte der naturwissenschaftlichen Gesellschaft ISIS in Dresden. Jahrgang 1872. Hermann Schöpff, Dresden 1873 (Deutsche Digitale Bibliothek [abgerufen am 14. Dezember 2021] Vierte Sitzung der Section für vorhistorische Archäologie am 10. November 1872). 
  • Fortsetzung der Ausgrabung der Höhle Rochefort. In: Carl Bley (Hrsg.): Sitzungs-Berichte der naturwissenschaftlichen Gesellschaft ISIS in Dresden. Jahrgang 1874. Burdach’sche Hofbuchhandlung, Dresden 1875, S. 146–149 (Deutsche Digitale Bibliothek [abgerufen am 14. Dezember 2021] Dritte Sitzung der Section für vorhistorische Archäologie am 6. August 1874, Schreiben vom 24. Juli 1874). 
  • Ueber Niederlassungen aus der Renthierzeit im Mayenne-Département. In: Carl Bley (Hrsg.): Sitzungs-Berichte der naturwissenschaftlichen Gesellschaft ISIS in Dresden. Jahrgang 1877. Burdach’sche Hofbuchhandlung, Dresden 1878, S. 1–5 (Deutsche Digitale Bibliothek [abgerufen am 14. Dezember 2021] Erste Sitzung der Section für vorhistorische Forschung am 1. Februar 1877). 
  • Ueber Ausgrabungen in den Höhlen des Ervethales, Dep. Mayenne, Frankreich. In: Sitzungs-Berichte und Abhandlungen der naturwissenschaftlichen Gesellschaft ISIS in Dresden. Jahrgang 1882. Warnatz & Lehmann, Dresden 1883, S. 27–28 (archive.org [abgerufen am 16. Dezember 2021] Zweite Sitzung der Section für vorhistorische Forschungen am 2. März 1883). 
  • Funde bei dem Opfersteine des alten Mahles von Tauscha bei Radeburg. In: Sitzungs-Berichte und Abhandlungen der naturwissenschaftlichen Gesellschaft ISIS in Dresden. Jahrgang 1885. Warnatz & Lehmann, Dresden 1886, S. 38–39 (archive.org [abgerufen am 16. Dezember 2021] Zweite Sitzung der Section für praehistorische Forschungen am 9. April 1885). 
  • Ausgrabungen auf dem Urnenfelde von Dobra bei Radeburg. In: Sitzungs-Berichte und Abhandlungen der naturwissenschaftlichen Gesellschaft ISIS in Dresden. Jahrgang 1885. Warnatz & Lehmann, Dresden 1886, S. 42–43 (archive.org [abgerufen am 16. Dezember 2021] Vierte Sitzung der Section für praehistorische Forschungen am 10. December 1885). 

Bibliographie

  • Johannes Deichmüller: Nachruf auf Ida von Boxberg. In: Sitzungsberichte und Abhandlungen der Naturwissenschaftlichen Gesellschaft ISIS in Dresden. Jahrgang 1893. Warnatz & Lehmann, Dresden 1894, S. 36–38 (Wikimedia Commons [abgerufen am 10. Dezember 2021]). 
  • Pigeaud Romain, Bouchard Michel, Laval Eric: La grotte ornée Mayenne-Sciences (Thorigné-en-Charnie, Mayenne): un exemple d’art pariétal d’époque gravettienne en France septentrionale. In: Gallia préhistoire. Band 46, 2004, doi:10.3406/galip.2004.2040 (französisch, persee.fr [abgerufen am 14. Dezember 2021]). 
  • Stefan Krabath, Nicolas Mélard: Die erste Archäologin Sachsens. Auf den Spuren der Ida von Boxberg. In: Judith Oexle (Hrsg.): Archæo. Archäologie in Sachsen. Nr. 2. Landesamt für Archäologie mit Landesmuseum für Vorgeschichte, 2005, ISBN 3-910008-70-4, ISSN 1614-8142, S. 33–37. 
  • Hélène Chew: Ida von Boxberg (1806–1893), une archéologue saxone en France. In: Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France. Band 2011, Nr. 1, ISSN 0081-1181, S. 147–152, doi:10.3406/bsnaf.2016.12230 (französisch, Séance du 8 juin 2011). 
  • Eva Herrmann, Stefan Krabath: Ida von Boxberg – eine biographische Skizze zur ersten Archäologin Sachsens. In: Jana Esther Fries, Doris Gutsmiedl-Schümann (Hrsg.): Ausgräberinnen, Forscherinnen, Pionierinnen. Ausgewählte Porträts früher Archäologinnen im Kontext ihrer Zeit (= Frauen – Forschung – Archäologie). 1. Auflage. Waxmann, Münster/New York/München/Berlin 2013, ISBN 978-3-8309-2872-0, S. 29–42. 
  • Kathrin Krüger-Mlaouhia: Erste Altertumsforscherin Sachsens. In: saechsische.de. DDV Mediengruppe GmbH & Co. KG, 13. Oktober 2015, abgerufen am 9. Dezember 2021. 
  • Johann Friedrich Tolksdorf, Harald Floss, Ingo Kraft: De la France vers la Saxe. Des galets peints du Mas d’Azil (Ariège, France) dans les collections archéologiques de la Saxe. In: PALEO – Revue d’archéologie préhistorique. Nr. 27, 2016, S. 297–305, doi:10.4000/paleo.3297 (französisch, openedition.org [abgerufen am 14. Dezember 2021]). 

Notes et références

[[Catégorie:Personnalité féminine]] [[Catégorie:Décès en 1893]] [[Catégorie:Naissance en 1806]] [[Catégorie:Préhistorien]]