Bisiacaria

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La Bisiacaria (Bisiacarìa en dialecte bisiac) est l’appellation attribuée à une zone géographique et linguistique située dans la partie méridionale de la province de Gorizia (géographiquement Frioul, mais aussi attribuable à la Vénétie julienne du XIXe siècle)inclus dans un triangle imaginaire ayant pour côtés le golfe de Panzano, la rivière Isonzo de l’embouchure de Sagrado et la limite occidentale du plateau karstique. Ce territoire trouve sa définition plus du point de vue linguistique que géographique étant en effet l’aire où l’on parle le dialecte bisiac, une variante particulière autochtone de la vénétie fortement influencée par le frioulan et le slovène. Le territoire appartenait à l’UTI Carso Isonzo Adriatico.

Géographie

Administrativement, il correspond aux communes actuelles :

Commune Superficie (Km2) Nombre d'hab Densité (Hab/Km2) Hameaux
San Pier d'Isonzo 9,09 2 017 221,9 Cassegliano , San Pier d'Isonzo, San Zanut
Sagrado 14,14 2 267 160,3 Peteano , Poggio Terza Armata , Sagrado, San Martino del Carso
Turriaco 5,28 2 756 522,0 Turriaco
Fogliano Redipuglia 7,77 3 071 395,2 Fogliano, Polazzo , Redipuglia
San Canzian d'Isonzo 33,58 6 383 190,1 Begliano , Isola Morosini , Pieris, San Canzian d'Isonzo
Staranzano 18,71 7 257 387,9 Bistrigna, Dobbia, Staranzano, Villaraspa
Ronchi dei Legionari 16,98 12 130 714,4 Ronchi, San Vito, Selz , Soleschiano , Vermegliano
Monfalcone 20,52 27 877 1 358,5 Marina Julia, Marina Nova, Monfalcone

Cependant, la commune de Sagrado ne ferait pas historiquement partie de la Bisiacaria (même si aujourd’hui elle est plus considérée comme une partie) puisque le terme de la même, qui a acquis ses particularités linguistiques sous la domination de la République de Venise, coïnciderait avec la frontière actuelle entre la commune de Fogliano Redipuglia et celle de Sagrado; où encore aujourd’hui est resté visible sur la SR 305 le borne limitrophe austroveneto (1753) qui divisait historiquement la Sérénissime de l’Archiduché d’Autriche. La commune de Sagrado a en effet maintenu pendant plusieurs siècles une connotation linguistique similaire aux communes voisines frioulanophones de la droite Isonzo. Dans le passé, il est également intéressant de rappeler que parmi les habitants âgés de la Bisiacaria eux-mêmes, on utilisait l’appellation de "cunphin" (frontière) en se référant précisément au cippo frontalier en question; en définissant ce qui se trouvait au-delà ne faisant pas partie du "territoire".

Histoire

L’histoire de la Bisiacaria resta liée pendant des siècles à l’histoire du Frioul, avec lequel elle partagea le destin. Il fait partie du duché lombard frioulan (568-776), puis du marquisat franc du Frioul (776-952), et de l’État patriarcal frioulan (1077-1420). Au nord de Monfalcone, vers 1122, le vaste comté de Gorizia se sépare des territoires patriarcaux. Vers 1411, Venise déclare la guerre à l’État patriarcal qui, vaincu en 1420, est finalement incorporé sous le nom de Patria del Friuli dans le corps des domaines vénitiens de terre ferme.

Après l’extinction des comtes de Gorizia-Tirolo (1500), il y eut de violentes querelles entre la République de Vénétie et la Maison des Habsbourg pour définir le partage territorial de la région, dans une succession de guerres qui se terminèrent juste au début du XVIIe siècle. En 1521, avec la "Diète de Worms", le territoire du Frioul fut divisé de sorte que les Vénitiens restèrent le Frioul central, Monfalcone et le Frioul occidental, tandis que l’Autriche eut le Frioul oriental avec Gorizia et Aquileia. Monfalcone et son territoire forment alors une enclave vénitienne totalement entourée de terres archiducales. En 1797, Napoléon met fin à la République de Venise et avec le Congrès de Vienne de 1815, la Bisiacaria passe à l’Autriche dans le comté de Gorizia tandis que le reste du Frioul entre dans le domaine du Royaume lombard-vénitien.

En 1866, le Frioul central et occidental passa à l’Italie, tandis que le Bisiacaria, continua à faire partie du comté autrichien de Gorizia et de Gradisca jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. Après le passage à l’Italie en 1919, elle fut incluse dans la province de Gorizia mais pendant le fascisme elle fut déplacée sous la province de Trieste (1923-1943), à l’exception de Sagrado, agrégée d’abord à Udine puis à Gorizia. Il fait partie de la province de Gorizia après la Seconde Guerre mondiale, en raison du détachement de l’Italie du territoire de Trieste, administré alors par un gouvernement militaire allié. La Bisiacaria entre donc dans la définition de Frioul historique, comme dans celle de Venise Julienne (comme le reste de la province de Gorizia et la basse frioulane ex autrichienne).

Origine du nom

Pour certains, dont le savant Silvio Domini, le nom a une origine slave et pourrait dériver du terme slovène bezjak avec la signification de réfugié, exilé relatif au repeuplement effectué par la Sérénissime à la suite des invasions turques.

Ce terme slave d’origine, cependant, peut avoir eu une signification différente de l’exilé. L’Encyclopédie Treccani, en effet, à la voix de l’adjectif "bislacco", rapporte qu’il dérive "peut-être du ven. bislaco, surnom donné aux Vénitiens du Frioul et aux Slaves d’Istrie, par le slov. bezjak « idiot ». Même les dictionnaires de langues slaves d’aujourd’hui rapportent que le terme anciennement signifiait en fait "stupide". Par conséquent, une autre possibilité d’étymologie, rendue encore plus crédible par le fait que, comme le rapporte la prestigieuse encyclopédie, l’adjectif dans le passé était associé précisément aux Vénitiens du Frioul - qui étaient à tous égards les bisiacs - c’est que le nom vient de ce genre d’appellation.

En outre, depuis le XIXe siècle, une fausse étymologie a joui d’une fortune imméritée qui ramenait le terme à une très improbable locution latine médiévale latine bis aquae (Il est en effet grammaticalement impossible d’associer un substantif à un adverbe multiplicateur, en latin on dirait casomai binae aquae), c’est-à-dire entre les deux fleuves, Isonzo et Timavo.

Société

Langues et dialectes

La langue traditionnelle de la Bisiacaria est le bisiac, un dialecte de type vénitien avec une importante présence de vocabulaire frioulan et slovène. L’idiome en effet résulte de la fusion de la vénétie avec un substrat originaire de type frioulan. La Sérénissime ayant été installée dans la région à partir du XVIe siècle, on peut distinguer dans le Bisiac de nombreux traits communs au nord de la Vénétie et en particulier au niveau utilisé sur la côte vénitienne entre Piave et Livenza.

Il ne devrait donc pas être attribué au groupe des dialectes vénitiens coloniaux répandus avec le temps à Trieste, Gorizia et d’autres centres du Frioul, qui suivent plutôt le modèle vénitien. Le bisiac traverse depuis plus d’un siècle une certaine décadence et a presque totalement disparu dans le langage parlé, supplanté par le dialecte triestin; les centres les plus conservateurs sont aujourd’hui Turriaco, Pieris, Begliano, San Canzian Fogliano et San Pier d’Isonzo. Dans les communes de Monfalcone, Ronchi dei Legionari et Sagrado, le slovène est reconnu comme langue minoritaire. Monfalcone (où un fogolâr est également actif) et Sagrado reconnaissent également le frioulan.

Économie

C’est une zone qui combine une activité agricole et artisanale florissante avec les ressources côtières : nautiques, touristiques et commerciales. En particulier on souligne la présence des chantiers navals de Monfalcone, spécialisés dans la construction de bateaux de croisière de haut tonnage, qui ont marqué depuis leur naissance le développement économique du territoire.