Hassan el-Banna

Homme politique égyptien, théologien réformiste musulman, fondateur de la confrérie des Frères Musulmans.

Hassan el-Benna ou al-Bannâ (en arabe حسن البنا), né le à Mahmoudiyah et mort assassiné le au Caire[1], est un instituteur égyptien, fondateur des Frères musulmans[1]. Il est le grand-père de Tariq Ramadan et Hani Ramadan.

Hassan el-Banna
حسن البنا
Illustration.
Hassan el-Banna.
Fonctions
Guide suprême des Frères musulmans

(20 ans, 10 mois et 21 jours)
Prédécesseur Fonction établie
Successeur Hassan al-Hudaybi (en)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Mahmoudiyah, Beheira, Khédivat d'Égypte
Date de décès (à 42 ans)
Lieu de décès Le Caire, Royaume d’Égypte
Nature du décès Assassinat
Nationalité Égyptien
Parti politique Frères musulmans
Profession Instituteur
Religion Islam

Biographie

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Jeunesse

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Hassan el-Banna est élevé dans une famille pieuse. Son père, horloger de métier, est diplômé de l'université al-Azhar, où il étudie entre autres la sunna. Il édite le Musnad d'Ahmad Ibn Hanbal et compose des ouvrages sur les hadiths et assure la fonction d'imam à la mosquée du village.

À 8 ans, Hassan est élu président d'une « association pour les bonnes mœurs », créée à l'instigation de l'un de ses instituteurs. Un peu plus tard, il participe à une « association contre les violations de la Loi » dont les membres font parvenir de façon anonyme des remontrances écrites aux personnes suspectées d'avoir enfreint quelques principes religieux ou moral[2].

Hassan est l'aîné de cinq garçons. Un de ses frères, Jamâl el-Banna, a écrit sur les sources du droit islamique, dans une approche différente.

Il reçoit sa première formation dans son village natal de 1914 à 1918, puis au chef-lieu Damâhur, tout en s'initiant au métier d'horloger par Nassim Bahout et au travail de reliure à Ismâ'îliyya[2].

Hassan El-Banna sera membre de la confrérie Husâfiyya[3].

En 1920, à 14 ans, il décide de s'orienter vers le métier d'instituteur plutôt que vers le cycle d'études préparatoires de l'université al-Azhar.

De 1920 à 1923, il est muezzin de la mosquée de l'école de Damâhur, une fonction qu'il accomplit avec zèle. Il est amené par exemple à protester contre l'horaire des cours qui ne tiennent pas compte des heures de la prière.

En 1923, à 17 ans, il est admis à l'école normale du Caire (Dâr al-'ulûm)[1], fondée en 1872 par Alî Pacha Mubârak où il fait preuve de sérieux. Il reçoit une bourse du ministère égyptien de l’Éducation pour poursuivre ses études en Europe, ce qu'il refuse. En juin 1927, à 20 ans, il est nommé instituteur à Ismâ'îliyya.

Fondation des Frères musulmans

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Hassan al-Bannâ fonde[4] la société secrète[5] des Frères musulmans (djam'iyyat al-ikhwân al-muslimîn) en 1928. Il est convaincu que le seul moyen de libérer son pays de la colonisation culturelle britannique passe par l'émergence de ce qu'il appelle un islam social. Il s'engage à lutter contre l'emprise laïque occidentale et contre l'imitation aveugle du modèle européen et affirme : « la bannière d'Allah sera arborée au-dessus de l'Occident et la Méditerranée redeviendra islamique »[6],[7]. Au-delà, Hassan al-Banna contribue à un basculement, en considérant que la notion de jihâd doit être envisagée comme guerre offensive, et non plus uniquement défensive, avec comme objectif une révolution islamique[8].

Il prêche dans des lieux populaires, comme les cafés, le retour à la pratique religieuse et l’observance de la loi islamique. Ce souci de rencontrer les gens directement reste comme un trait caractéristique de l'action des Frères musulmans.

La formation des militants passe par la lecture et le commentaire du Coran, l’étude du hadîth, du fiqh, de l'histoire musulmane, de la vie du prophète de l'islam, Mahomet. Ces enseignements sont accompagnés d'une formation pratique de communication. Soixante personnes suivent cette préparation la première année.

En octobre 1932, le siège des Frères musulmans est transféré au Caire où Banna venait d'être muté.

En avril 1933, la branche féminine des Sœurs musulmanes est créée.

Hassan el-Banna devient quelqu'un de populaire : il fonde des écoles, des associations de charité, des dispensaires, des bibliothèques, et des entreprises[9]. En 1948 la confrérie compte 2 millions de membres, et la monarchie égyptienne s'en inquiète[10].

Son idéologie ne prêche alors pas le rejet de la théologie musulmane classique et des madhhab[11].

Philosophie et combat politique

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El-Banna s’oppose vigoureusement à la conception exclusivement spiritualiste de l'islam. Pour lui, et au vu de ses analyses à partir des textes scripturaires de l'islam, cette dernière englobe toutes les affaires privées et publiques. En plus d’une dimension religieuse, la oumma a aussi une dimension politique. Il souhaite restaurer le califat.

Les Frères musulmans s'engagent très vite dans le combat politique. Ils soutiennent la cause de la Palestine arabe dès 1936. Pendant la Seconde Guerre mondiale, el-Banna mène une campagne nationaliste contre la Grande-Bretagne. À la suite d'activités jugées subversives, il est muté en Haute-Égypte et brièvement emprisonné. C'est de cette époque que datent ses premiers rapports avec des officiers égyptiens, tout particulièrement Anouar el-Sadate.

De 1942 à 1944, les Frères musulmans collaborent non sans heurts avec le parti Wafd, alors au pouvoir.

Après la guerre, les Frères musulmans demandent la révision des accords anglo-égyptiens et la réalisation de l'unité de la vallée du Nil (Soudan et Égypte) et l'islamisation du droit.

Les Frères musulmans sont dissous le pour menées subversives contre la sécurité de l'État à la suite de l'assassinat du chef du gouvernement Ahmad Mahir Pacha, et le meurtre d'un juge tué par des frères sous les ordres d'el-Banna. Le , le chef du gouvernement Mahmoud an-Nukrashi Pacha est assassiné par un jeune frère musulman. El-Banna tente de s'entendre avec le nouveau gouvernement et réprouve ouvertement tous les actes de violence.

Assassinat et postérité

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Le , Hassan el-Banna et Abdul Karim Mansour ont rendez-vous au QG de l'association islamique de la jeunesse avec Zaki Ali Pasha, un représentant du roi Farouk, pour négocier un accord politique. Zaki Ali Pasha ne venant pas au rendez-vous, el-Banna et Mansour quittent les lieux et attendent dehors un taxi lorsque deux hommes armés s'approchent et leur tirent dessus, tuant sur le coup Mansour et blessant gravement el-Banna. Celui-ci est conduit à l’hôpital et laissé seul dans une pièce jusqu'à sa mort.

Des agents gouvernementaux des services secrets ou de la police de sécurité égyptiens sont suspectés[12].

Son gendre, Saïd Ramadan, poursuit son projet panislamiste.

Publications

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Notes et références

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  1. a b et c (en) « Hasan al-Banna », sur obo (consulté le )
  2. a et b Robert Solé, « 11. Hassan al-Banna. Gouverner selon le Coran », dans Ils ont fait l'Égypte moderne, Perrin, coll. « Hors collection », , 179–191 p. (ISBN 978-2-262-06423-5, lire en ligne)
  3. (en) Introduction to Princeton Readings in Islamist Thought: Texts and Contexts from Al-Banna to Bin Laden, page 26. Part of the Princeton Studies in Muslim Politics series. Eds. Roxanne Leslie Euben and Muhammad Qasim Zaman. Princeton: Princeton University Press, 2006 (ISBN 9780691135885).
  4. Andrea Mura, « A genealogical inquiry into early Islamism: the discourse of Hasan al-Banna », Journal of Political Ideologies, vol. 17, no 1,‎ , p. 61–85 (DOI 10.1080/13569317.2012.644986, lire en ligne).
  5. Olivier Carré et Gérard Michaud, Les Frères musulmans, 1928-1982, L'Harmattan, (ISBN 2-7475-2398-5, OCLC 422197573, lire en ligne).
  6. Macron et Darmanin s'attaquent aux Frères musulmans
  7. L’Autriche interdit les symboles des Frères musulmans
  8. Isabelle Surun (dir.), Les Sociétés coloniales à l'âge des Empires (1850-1960), Atlande, 2012, p. 331.
  9. Renaud Towe, « Egypte : Hassan el-Banna, le père des Frères musulmans », sur Afrik.com, (consulté le )
  10. Denise Ammoun, « L'ombre des Frères musulmans », sur Le Point, (consulté le )
  11. « Comprendre le salafisme, Rencontre avec l'historien Daoud Riffi », sur www.lescahiersdelislam.fr (consulté le ).
  12. Ben Salama, Enquête sur une religion instrumentalisée, éd. de l'Atelier, 2009, p. 30 (ISBN 978-2-7082-4058-2).
    Selon Alain Gresh dans Un péril islamiste (p. 42), le gouvernement égyptien s'est plié aux ordres des services secrets anglais et américains.

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Florence Bergeaud-Blackler, Le frérisme et ses réseaux, l'enquête, Odile Jacob, , « chapitre I, La confrérie des Frères musulmans », p. 35-74

Articles connexes

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Liens externes

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