La Revolution Preparee Par La Franc-Maconnerie 000000318
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La Revolution Preparee Par La Franc-Maconnerie 000000318
La Rvolution
PRPARE PAR
La Franc=Maonnerie
P r f a c e p a r l e Chanoine S. GOUB
PARIS
P. LETHIELLEUX, LIERAI RE-DITEUR
10, HUE CASSETTE, I O
La Rvolution
prpare par
La
Franc=Maonnerie
L'auteur et l'diteur rservent tous droits de reproduction.. Cet ouvrage a t dpos, conformment aux lois, en mars i91i.
PRFACE
Que la Rvolution ait t prpare par la FrancMaonnerie, c'est de quoi cette secte convient gnralement aujourd'hui. Elle s'en fait mme un titre de gloire, mais en ayant grand soin de sparer la Rvolution de la Terreur. Pour elle, la Terreur fut une raction excessive, mais trs excusable, du peuple qui, longtemps accabl par ses tyrans et tout coup bloui par la lumire libratrice des principes de 89, vit rouge et se vengea en quelques annes d'une oppression de plusieurs sicles. Mais la Rvolution, au contraire, fut une uvre sacro-sainte, une bndiction, car elle marqua la fin du despotisme et de l'ignorance et fit lever sur le monde l'aurore de la libert et de la fraternit. Le livre prsent rendra aux esprits sincres le grand service de leur montrer quel point cette thse est mensongre et que la Franc-Maonnerie doit porter la responsabilit des crimes de la Rvolution aussi bien que de ses principes. Il y a encore des catholiques libraux qui se laissent
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piper par les formules maonniques. Ils se rclament de la dclaration des droits de l'homme. Ils vantent les rformes adoptes par les diverses assembles rvolutionnaires. Ils reprochent aux catholiques intransigeants de compromettre la religion par leurs anathmes contre les institutions modernes et contre le grand fait historique qui enfanta ces institutions. Ils adjurent l'glise de se rconcilier avec la Rvolution. Il y a quelques annes, j'avais os crire dans une revue : La Rvolution est satanique du haut en bas ; les abus qu'elle se vante d'avoir abolis auraient disparu sans elle et les rformes dont on lui fait honneur auraient t accomplies sans elle et beaucoup mieux et sans nous coter une goutte de sang. Cette thse fut un scandale pour certains libraux. Incorrigibles utopistes, ils dfendaient la vieille idole. Ils m'opposaient un livre d'un certain religieux, ami trop candide de Waldeck-Rousseau, qui se moqua de lui et de son Ordre, dfenseur naf de la Rvolution qu'il aurait voulu baptiser malgr elle I Il y a l une trange erreur. La Rvolution, je le rpte, est dtestable en tout ; elle l'est dans ses excs sanglants, mais elle Test beaucoup plus dans ses principes, commencer par les immortels principes de 89. Les meurtres sont passs, ils ne font plus de mal et leurs victimes sont au ciel. Les principes restent, ils sont toujours fconds et leurs victimes vont en enfer. Ils engendrent toutes les erreurs et toutes les anarchies de nos jours.
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Sous sa phrasologie pdantesque, la dclaration des droits de l'homme est antichrtienne et par suite antisociale. Elle ignore les droits de Dieu ; elle prtend ouvrir l're de la justice et de la vrit, comme si l'vangile n'existait pas ; elle s'inspire du Contrat social qui est une insanit ; elle n'admet pas d'autre autorit que celle qui mane de la nation et par l mme rejette celle de l'glise. En ralit, la Rvolution, contrairement la thse librale, fut dirige beaucoup plus contre la religion que contre la monarchie. Elle n'attaqua la monarchie que parce que celle-ci tait catholique, et pour se faire la main en vue d'une guerre plus formidable contre le christianisme. Les abus de l'ancien rgime ne furent pour elle qu'un prtexte. Elle en voulait Dieu. Elle a t le grand frmissement lucifrien, prdit dans l'criture, contre le Seigneur et contre son Christ. Les catholiques clairvoyants ont compris ces vrits. Pie IX, Lon XIII, et Pie X n'ont cess de les proclamer. Louis Veuillot a vcu et il est mort en les dfendant. Il y a environ vingl-cinq ans, M. de Mun voulut, si nos souvenirs sont exacts, fonder un grand parti catholique et l'appeler la Contre-Rvolution. C'tait une ide trs noble et trs salutaire. Bien ralise, elle aurait pu sauver la France, infiniment mieux que Y Action librale. Je ne veux pas me faire contre cette Ligue une arme de l'pithte de librale qu'elle s'est donne, parce qu'elle ne l'a jamais entendue dans le sens hr-
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tique que l'glise a condamn. Mais il est permis de regretter le choix d'un mot qui, en dpit de toutes les explications, reste malsonnant pour une oreille catholique. Les mots psent d'un poids lourd sur les choses; ils y impriment un caractre. Celui dont la clbre Ligue s'est malencontreusement embarrass ne lui a pas port bonheur et elle doit le regretter aujourd'hui. Si elle a chou, malgr le talent et le dvouement de ses fondateurs et de ses plus illustres membres, elle doit l'attribuer ce mot ou plutt l'esprit qu'il implique et dont il est impossible de le dgager et de le purifier entirement. Le titre que M. de Mun voulait donner au parti de la dfense religieuse et patriotique dans notre pays avait une autre allure : il avait un sens autrement profond, autrement chrtien. Il tait fier, chevaleresque et attaquait l'ennemi corps--corps. Pourquoi le clbre orateur n'a-t-il pas ralis un projet qu'il devait chrir et qui et fait son plus beau titre de gloire devant la postrit? Nous croyons qu'il a obi des motifs qui l'honorent et qu'il s'est sacrifi lui-mme en sacrifiant son ide. Mais il est permis de dplorer les influences qui l'ont accul cette dure ncessit. On ne retrouvera plus d'ici longtemps un homme de sa valeur, capable de reprendre l'uvre qu'il avait rve. La Contre-Rvolution, ce serait le salut, parce que ce serait la vrit intgrale. Qui nous dlivrera des demivrits ? A dfaut d'un parti politique qui porterait ce nom ou
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du moins en adopterait le programme, ou en attendant ce parti, nous appelons de tous nos vux une cole catholique qui runirait tous les esprits droits dans la guerre contre la Rvolution. Le livre si curieux et si intressant de M. de Lannoy contribuera, nous l'esprons, prparer cette cole en montrant la main de la secte maonnique dans les crimes de la Terreur. Il se compose de plusieurs article* parus en 1910 dans la revue Y Idal et qui ont t trs remarqus *. De bons esprits ont jug que leur publication en un volume serait une bonne uvre. Je pense qu'elle le sera doublement, parce qu'elle combat la fois deux ennemis de Dieu et de la France, la Maonnerie et la Rvolution.
STPHEN COUB.
revue mensuelle d'tudes religieuses, apologtiques et sociales. Directeur : l'abb S . C O U B , 3 9 rue Chevert, Paris. Prix : U francs par an pour la France ; 5 fr. pour l'tranger.
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L'IDAL,
LA R V O L U T I O N
PAR
PRPARE
LA
FRANC-MAONNERIE
CHAPITRE 1
La Rvolution franaise a eu pendant cent ans le singulier privilge d'tre considre comme Tabou par la majorit des Franais. Depuis M. Clemenceau, l'homme du Bloc , jusqu' nombre de ractionnaires les plus ancien rgime , tous, bien peu d'exceptions prs, s'inclinaient respectueux devant l'Idole rvolutionnaire. On aurait pu dnombrer les hros capables de jeter l'anathme ce mouvement prtendu gnral, spontan, issu de l'me mme de la nation ! C'est que le Bloc avait bnfici jusque-l de l'au-
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role, du prestige qui lui furent dcerns par des historiens d'une impartialit douteuse, dont le lyrisme dbordant avait parfois masqu la fausset de la thse. On Ta dit, et rien n'est plus vrai l'poque actuelle : L'histoire est le plus souvent un complot contre la vrit . Mais voici que, depuis quelques annes, un revirement s'est produit : des crivains, au nombre desquels figurent nombre d'antimaons, se sont appliqus dgager l'inconnue , l'X de ces vnements inexplicables. La Rvolution est satanique , avait dit, le premier, Joseph de Maistre. Parole profonde, lueur fulgurante projete d'un mot par le remarquable penseur, formule qui, plus qu'on ne le pense, est prendre au pied de la lettre. Et, en effet, aucun historien n'a pu donner une explication plausible de ce mouvement en apparence national, en ralit purement superficiel et factice.
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En 1789, les ennemis de la religion et de la monarchie se chiffrent par un nombre infime. Taine constate que les rvolutionnaires ne sont lus que grce des abstentions inimaginables : 74.000 abstenants Paris en 1791 sur 81.000 lecteurs ; Limoges, 2 .35o sur
1 . Les manuels scolaires, propagateurs de mensonges historiques sans nombre, en sont la preuve flagrante, a. Considrations sur la France.
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2,500,
3.000
absents sur
De mme que la population, dans son ensemble, tait reste profondment royaliste, de mme le respect de la religion tait gnral ; le peuple tait foncirement catholique. Ainsi, en pleine Terreur, au moment o on massacrait les prtres, on voyait la multitude accourir de toutes parts pour se jeter genoux, tous, hommes, femmes, jeunes et vieux, se prcipitant en adoration au passage d'un prtre portant le viatique \ De tels contrastes sont singulirement dconcertants pour qui ne possde pas la cl de ces vnements . Au contraire, le mystre s'claircit, devient parfaitement explicable lorsque Ton a mis nu le truquage
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1. Le jour o la chsse de Saint-Leu est conduite en procession rue Saint-Martin, tout le monde se prosterne : je n'ai pas vu, dit u n spectateur attentif, u n seul homme qui n'ait t son chapeau. Au corps de garde de la section Mauconseil, toute la force arme s'est mise sous les armes. En mme temps, les citoyennes des Halles se concertaient pour savoir s'il n'y aurait pas moyen de tapisser. Dans la semaine qui suit, elles obligent le Comit rvolutionnaire de Saint-Eustache autoriser une autre procession, et cette fois encore, chacun s'agenouille... (Cit par M. Talmeyr, La F . \ - M , \ et la Rvolution franaise.) a. Il en est de mme pour la plupart des Rvolutions ; elles sont l'uvre d'une faction, d'une minorit organise maonniquement. A propos de la Rvolution du Portugal, la Saturday Beview vient d'crire : Cinq cents policemen auraient eu raison de cette canaille !
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des faits *, lorsque Ton a dmasqu le moteur secret qui a prpar, machin la tragdie, lorsque Ton connat la mystrieuse puissance qui, en possession de l'opinion publique, matresse des avenues du pouvoir, ayant sa discrtion les chefs les plus insouponns, dclancha et prcipita son gr ce drame national. Disraeli, qui s'y connaissait, a crit dans Coningsby cette phrase toujours d'actualit : Le monde est gouvern par tout fait d'autres personnages que ne se l'imaginent ceux qui ne se trouvent pas derrire les. coulisses. (VI, ch. xv.) Nous voudrions, dans une tude forcment sommaire, vu l'tendue du sujet o les documents intressants abondent, pntrer derrire les coulisses , et montrer sous son vrai jour cette Rvolution, inexplicable pour l'historien, cette anarchie spontane ! prpare tout au contraire de longue date, par les sectes maonniques, voulue, prmdite pour des raisons en gnral ignores du public, mais que des crivains initis ont donnes ou seulement indiques, dans des livres rservs un cercle restreint d'adeptes.
i. M. Gautherot, professeur l'Institut Catholique, a dmontr le truquage des cahiers de 1789. Aprs avoir consult les archives provinciales, il a dmasqu cette vaste mystification, cette norme tricherie, qui donne l'explication de l'unanimit de ces cahiers, uvre concerte des intellectuels, des philosophes, des robins, agents, jusque dans les moindres villages, des comits rvolutionnaires, dont la direction tait Paris.
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C'est la suite de longues et patientes recherches^ de dcouvertes savamment conduites, que des antimaons parvinrent constituer de vraies bibliothques d'crits secrets manant de F.'.-M.', autoriss. Ils arrivrent reconstituer la conjuration formidable qui, au cours du xvm sicle, parvint maonnser la socit franaise. Pour craser VInfme, selon l'expression de Voltaire, pour arriver anantir la foi et briser le trne, il fallait s'emparer, tout d'abord, de l'opinion publique ; l'Encyclopdie fut le premier moyen employ par les conjurs pour u miner sourdement et sans bruit l'difice et l'obliger tomber de lui-mme , comme l'crivait, le i 3 aot 1775, Frdric II Voltaire.
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L'Encyclopdie
L'Encyclopdie, annonce comme le trsor le plus complet de toutes les connaissances humaines, avait un objet absolument secret: elle devait insinuer Terreur, l'impit, tre un immense dpt de tous les sophismes, de toutes les calomnies, le tout adroitement prsent. La religion devait paratre respecte, mais grce l'art des renvois : Voyez prjug, voyez superstition, voyez fanatisme, on dtruisait d'un sarcasme ou d'une pigramme, les quelques bribes de vrit laisses par endroit pour mieux tromper sur le but rel de l'ouvrage. D'Alembert excellait dans ces sortes de ruses. Diderot, plus hardi, laissait quelquefois clater toute son impit ; mais quand celle-ci apparaissait trop crment, d'Alembert, rviseur gnral, retouchait l'article, retranchant parfois, ajoutant souvent quelque terme habile, destin masquer la violence et l'impit de la thse. Il temprait de mme le zle de Voltaire qui lui crivait le 9 octobre 1755 : Ce qu'on me dit des articles de la thologie et de la mtaphysique me serre le cur : il est bien cruel d'imprimer le contraire de ce que Ton pense. Mais d'Alembert rpondait le 16 juil-
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et 1762 v Le genre humain n'est aujourd'hui si clair que parce qu'on a eu la prcaution ou le bonheur de ne l'clairer que peu peu. Voltaire se rendait cependant aux raisons de son complice et se consolait en pensant <( qu'il y a d'autres articles moins au jour o tout est rpar! Et habilement il ajoutait : Pendant la guerre des Parlements et des vques, les philosophes auront beau jeu. Vous aurez le loisir de farcir l'Encyclopdie de vrits qu'on n'aurait pas os dire il y a vingt ans.
{ i 3 novembre 1 7 5 6 ) .
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1. Voltaire et d'Alembert, dans leurs lettres, se saluent en Belzbuth et en Lucifer (juin-aot 1760). D'Alembert crit Voltaire : Il est vident, comme vous dites, q u e l'ouvrage (le Dictionnaire philosophique) est de diffrentes mains : pour moi, j'en ai reconnu quatre, celle de Belzbuth, d'Astaroth, de Lucifer et d'Asmode. Diderot crivait en 1768 : Il pleut des bombes dans la maison d u Seigneur ; ce sont mille diables dchans. D'aprs le tmoignage de Mercier, il s'chauffait parfois jusqu' la fureur, et s'criait : Le genre humain ne sera heureux que quand on aura trangl le dernier roi avec les boyaux du dernier prtre. (Voir leuthromanes et Penses.) Oui, la Rvolution est bien satanique ! Nous ne pouvons reproduire certains extraits de cette correspondance, qui sont d'une impudeur et d'une lubricit rvoltantes. Ainsi Voltaire reconnaissait comme vraie divinit de ce monde le Lingam, symbole le plus obscne des Hindous, que d'Alembert appelait Dieu le pire 1 A noter : que tous les philosophes taient affilis aux Loges ds le commencement (d'Estampes, F . \ J#.\ et Rvolution, p. 1 7 7 ) .
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Voltaire attachait la plus grande importance la rdaction de l'Encyclopdie, en faisant dpendre le succs de sa conspiration. Je m'intresse bien une bonne pice de thtre, crivait-il Damilaville, mais j'aimerais encore mieux un bon livre de philosophie qui crast pour jamais l'Infme! Je mets toutes mes esprances dans l'Encyclopdie. (a3 mai 1764.) Progressivement, le vritable caractre de l'ouvrage s'affirma plus nettement. Une foule d'auteurs y cooprrent et Diderot lui-mme en fait une peinture suggestive : Toute cette race dtestable de travailleurs, qui ne sachant rien, mais se piquant de tout savoir, cherchrent se distinguer par une universalit dsesprante, se jetrent sur tout, brouillrent tout, gtrent tout, et firent de ce prtendu dpt des sciences, un gouffre o des espces de chiffonniers jetrent plemle une infinit de choses mal vues, mal digres, bonnes, mauvaises, incertaines et toujours incohrentes. (Barruel, t. I.) L'aveu de Diderot est certes prcieux quant l'uvre elle-mme, mais ce qui ne l'est pas moins, c'est la confession qu'il fait de l'art vritable qu'il fallut dployer pour insinuer tout ce qui ne pouvait tre crit sans mnagements infinis, pour saper en un mot tous les prjugs, selon le jargon maonnique, sans qu'on s'en apert. Une fois l'ouvrage lanc, on s'enhardit peu peu, et
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les nouvelles ditions en affichrent de plus en plus ouvertement l'impit. Tel fut donc le premier moyen des conjurs pour s'emparer de la mentalit de l'poque. Le second consista dans la suppression des Jsuites, que Frdric II appelait les gardes du corps du Pape . ( i 5 4 lettre Voltaire, 1767.)
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Les Jsuites occupaient la premire place dans l'enseignement, leurs maisons d'ducation rpandues sur tout le territoire formaient une jeunesse fidle l'glise et la monarchie. Toutes les haines accumules de la maonnerie, des philosophes et des diverses sectes devaient donc se dchaner contre eux, en vertu d'un plan qui avait t trac par le ministre d'Argenson, grand protecteur de Voltaire, plan dont Frdric II poursuivait activement la ralisation. (Lettre de Voltaire, 8 octobre 1743.) En 1 7 5 2 , un grand seigneur anglais franc-maon conseillait un Jsuite qu'il avait pris en affection le Pre Raffay, professeur de philosophie Ancne de quitter l'Ordre et de se procurer un tat, car, avant peu, et srement avant vingt ans, sa Socit devait tre dtruite. Comme le Jsuite, surpris d'une telle assurance, lui demandait de quels crimes son Ordre tait accus: u Ce n'est pas, reprit le F.'.-M.'., que nous n'estimions bien les individus de votre corps, mais l'esprit qui l'anime contrarie nos vues philanthropiques sur le genre humain !'En assujtissant, au nom de Dieu,
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tous les chrtiens un Pape et tous les hommes des Rois, vous tenez l'univers la chane. Vous passerez les premiers, aprs vous, les despotes (les Rois) auront leur tour. (Proyart, Louis XVI dtrn avant d'tre roi p. 160). De mme Voltaire crivait : Pour les Jsuites... la France va tre incessamment purge desdits Frres. Il aurait voulu envoyer chaque Jsuite dans le fond de la mer avec un Jansniste au cou . (Lettre Ghahanon.)
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Le duc de Choiseul et la fameuse courtisane la marquise de Pompadour, qui rgnaient alors en ralit sur la France, avaient tous les secrets des conjurs sophistes, par cela seul qu'ils avaient celui de Voltaire. (Lettre de Voltaire Marmontel, i3 aot 1760.) Ils taient sous la tutelle absolue des philosophes, comme le reconnat M. de Saint-Priest, pangyriste de Choiseul. Bien plus, au-dessus du salon de Mme de Pompadour, tait un entresol qu'habitait le mdecin encyclopdiste Quesnay : C'tait l, raconte Marmontel, que nous nous runissions, Diderot, d'Alembert, Duclos, Helvtius, Turgot, etc., etc., et que Mme de Pompadour venait causer familirement avec nous, quand elle ne pouvait nous engager descendre dans son salon. (Mmoires, t. IL) Ce fut de ces runions qu'on ft parvenir Louis XV
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et circuler dans le public des Mmoires, grce auxquels s'infiltraient insensiblement la Cour, dans l'aristocratie et la masse de la nation, le venin maonnique et les volonts secrtes des conjurs. On ne peut se faire une ide du nombre incalculable de libelles, de pamphlets, d'histoires, de brochures contre les Jsuites qui furent rpandus en France, en Portugal, en Espagne, en Italie, dans l'Europe entire. Les textes, les traductions, les vux, les rgles et constitutions taient truqus ou invents. Le calviniste Sismondi ne peut s'empcher de le reconnatre : Le concert d'accusations et le plus souvent de calomnies que nous trouvons contre les Jsuites dans les crits de ce temps a quelque chose d'effrayant ! (Histoire de France, t. XXIX.) C'tait le mot d'ordre donn dj par Calvin : Jesuitae vero qui se maxime nobis opponunt aut necandi, aut si hoc commode Jieri non potest ejiciendi, aut certe mendaciis et calumniis opprimendi sunt . Outre Choiseul, pour la France, Pombal, d'Aranda, le duc d'Albe, Bernardo Tanucci furent les excuteurs des volonts des Loges, en Portugal, en Espagne et Naples. Ainsi fut obtenue la suppression des Jsuites. L'Ordre fut spoli de ses biens, d'ailleurs sans aucun
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t. II, p. 49.
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profit pour le Trsor. Rien ne revint au roi de cette liquidation. Tout fut absorb en frais de procdure I (Nos liquidateurs modernes se bornent donc respecter scrupuleusement les traditions de leurs devanciers !) Les premiers frais de justice pour un seul collge dpassrent 5o.ooo francs. Le recouvrement pur et simple d'une somme de 5oo francs comporta 600 francs de frais. A peine les biens furent-ils entre les mains des squestres qu'ils devinrent insuffisants pour payer la pension indcemment modique qui avait t promise aux religieux. En revanche, on remarqua que presque partout les messieurs du Parlement chargs de cette liquidation s'enrichirent subitement. Les secrtaires de ces commissions achetrent cette poque, presque tous, des charges qui les anoblirent. (Voir Saint-Victor, Pombal, Choiseul, et Lallemand, Choix de rapports, Paris
1818.)
L'histoire est un ternel recommencement, et les F. .-M.*., on le voit, sont toujours pratiques.
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Les Jsuites supprims, les conjurs prparrent l'extinction de tous les corps religieux ; puis d'Alembert s'attacha peupler l'Acadmie franaise de ses amis et cratures. Grce Choiseul et la Pompadour unis Voltaire, l'Acadmie fut mtamorphose peu peu en club d'impit. Elle infecta les gens de lettres et les gens de lettres infectrent l'opinion publique, en inondant l'Europe de ces productions que nous allons voir devenir, pour les chefs, un des grands moyens de prparer les peuples une apostasie gnrale. (Barruel, Mmoires pour servir l'histoire du Jacobinisme, t. I.) Et en effet, sous la haute direction de Voltaire, s'imprimaient l'tranger, spcialement en Hollande, des milliers de libelles sarcastiques et calomnieux au moyen desquels les philosophes cherchaient craser TInfme sous le ridicule. Je ne vous demande que cinq six bons mots par jour, crivait Voltaire d'Alembert ; cela sufft. Il ne s'en relvera pas. Grce Choiseul, grce surtout Malesherbes, qui avait la surintendance de la librairie, et qui tait en parfaite intelligence avec d'A-
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lembert, tous ces crits circulaient en violation de la loi, et propagaient travers le pays toutes les erreurs du philosophisme. Non contents de pervertir le peuple et spcialement la jeunesse, les conjurs s'efforcrent et russirent souvent placer auprs des jeunes princes, mme l'tranger, des ducateurs de leur choix . Ils osrent mme proposer un prtre la place d'instituteur du Dauphin (Louis XVI), condition qu'en lui enseignant le catchisme, il aurait soin de lui insinuer que toute la doctrine religieuse et ses mystres n'taient que des prjugs auxquels il ne devait pas croire. Ce prtre rpondit qu'il ne savait pas faire fortune au prix de son devoir (Barruel).
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Frdric II, Joseph II, Catherine de Russie, Christian VII, de Danemark, Gustave III, de Sude, Poniatowski, de Pologne, et nombre de princes correspondaient avec Voltaire et subissaient la nfaste influence des encyclopdistes. Ils taient des adeptes protecteurs . En France, les conjurs ne se contentrent pas d'enrler sous leurs bannires des ministres, des magistrats, des personnages influents, de pntrer dans les sminaires et de former leur manire des prtres et
i. Il me parat que l'enfant Parmesan (l'Infant de Parme) sera bien entour. Il aura u n Condillac, un de Leire. Si, avec cela, il est bigot, il faudra que la grce soit forte. (77 lettre de Voltaire d'Alembert.)
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des religieux, ils voulurent encore spcialement, nous l'avons dit, gagner le menu peuple. A cet effet, les marchands forains, les colporteurs taient abondamment fournis de ballots de livres et de brochures qu'ils recevaient gratuitement avec mission de les rpandre sur tout le territoire. Ce n'taient que pamphlets calomnieux, mensongers et impies, dus Voltaire, Diderot, d'Alembert, Helvtius, Turgot, Condorcet, La Harpe, Lamoignon, Dami1 avilie, Thiriot, Saurin, d'Argental, Grimm, d'Holbach et autres philosophes. La conjuration s'tendit progressivement partout ; les instructions de Weishaupt, fondateur de rilluminisme, furent suivies la lettre : Il faut l'Ordre des artistes, des ouvriers en tout genre, des peintres, des graveurs, des orfvres, des serruriers, mais surtout des libraires, des matres de poste et des matres d'cole *. Il (le Frre insinuant) saura par la suite l'usage que VIlluminisme doit faire de tout ce monde-l. C'est l'htel du baron d'Holbach que se composaient ou se corrigeaient les infmes libelles dont nous parlons ci-dessus. M. Leroy, lieutenant des chasses de Sa Majest, l'avoua en septembre 1789, avec des sanglots et des remords cuisants, au cours d'un dner qui
1. Qui tient l'cole tient le monde , ont dit Pascal et Leibnitz. Le F.*. Jean Mac, fondateur de la Ligue maonnique de l'Enseignement, dclarait de mme : Qui tient les coles tient tout.
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tait donn chez M. d'Angevilliers : Oui, j'y ai contribu ( la Rvolution). J tais le secrtaire du comit auquel vous la devez ; j'en mourrai de douleur et de honte... Nos principaux membres taient d'Alembert, Turgot, Condorcet, Diderot, La Harpe et ce Lamoignon, garde des sceaux, qui, lors de sa disgrce, s'est tu dans son parc... Voici quelles taient nos occupations : la plupart de ces livres que vous avez vu paratre depuis longtemps contre la religion, les murs et le gouvernement, taient notre ouvrage... Nous les revisions, nous ajoutions, nous retranchions, nous corrigions... L'ouvrage paraissait ensuite sous un titre et un nom que nous choisissions pour cacher la main d'o il partait... Nous les envoyions (ces livres) des libraires ou des colporteurs qui, les recevant pour rien ou presque pour rien, taient chargs de les rpandre ou de les vendre au peuple au plus bas prix. Voil ce qui a chang ce peuple et l'a conduit au point o vous le voyez aujourd'hui. Je ne le verrai pas longtemps. J'en mourrai de douleur et de remords. Bref, le complot tait si habilement form, la conjuration s'tendait tel point sur toutes les classes de la socit, que le comte de Virieu, terrifi, dclara au comte de Gilliers, en quittant la Secte: a Je ne vous rvlerai pas ce qui s'est pass (au Congrs des Illumins Wilhemsbad en 1782); ce que je puis seulement vous dire, c'est que tout ceci est autrement srieux que
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vous ne pensez. La conspiration qui se trame est si bien ourdie et si profonde qu'il sera pour ainsi dire impossible la monarchie et l'glise d'y chapper. (Cit par le marquis Costa de Beauregard, Souvenirs d'un royaliste. Voir aussi Barruel). Ainsi, le roi tait circonvenu par des courtisans et des ministres acquis la secte, la magistrature contamine, l'Ordre des Jsuites dtruit, le clerg entam, l'enfance duque par des matres d'cole affilis, le peuple empoisonn par une littrature mensongre et impie : la haute socit lgre, frivole, devait, elle aussi, tre le jouet de deux personnages mystrieux, le comte de Saint-Germain et Cagliostro, qui eurent remplir leur rle dans la prparation du chambardement gnral.
CHAPITRE II
Mystrieux agents
Que n'a-t-on pas dit au sujet de ces personnages tranges : le comte de Saint-Germain et Joseph Balsamo (plus tard comte de Cagliostro) qui environns de prodiges quivoques, d'un charlatanisme audacieux, entremls parfois de prestiges dmoniaques, parcoururent l'Europe entire avant la Rvolution? La lgende s'en est empare, ajoutant au caractre nigmatique de ces tres extraordinaires. Ils furent accueillis, aduls par cette socit sceptique du xvm sicle ; ils blouirent toutes les capitales ; et devant les impostures de ces charlatans, chacun s'merveillait ; personne ne mettait en doute la vracit de leurs propos bizarres et souvent mensongers.
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Et, cependant qu'ils sduisaient et ensorcelaient la haute socit au moyen de leurs fantastiques ftes et soupers et de leurs pratiques magiques, Saint-Germain
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organisait les clubs et, de son or intarissable, prparait l'meute; Cagliostro, le grand Cophte , tramait l'affaire du collier, o devait sombrer le prestige de la royaut \ Tous deux, d'aprs Cadet de Gassicourt, taient les ambassadeurs de la Haute Maonnerie, ou si l'on veut, des missionnaires internationaux, spcialement chargs d'tablir une correspondance entre les divers chapitres : Saint-Germain tait l'envoy de Paris ; Cagliostro celui de Naples . Ce dernier tait l'agent voyageur du double Illuminisme franais et allemand, auquel l'avait initi saint-Germain (Deschamps, Socits Secrtes et la Socit, II). Il tait dou de puissants moyens de sduction ; il fut dcid qu'on se servirait de lui. (F.". Louis Blanc) .
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i . Ceux qui prirent quelque intrt l'affaire du Collier peuvent se rappeler la Loge gyptienne tablie Paris par Cagliostro et la scne plaisante de fantasmagorie prpare pour illuminer le cardinal de Rohan. (Cadet de Gassicourt, Tombeau de Jacques
Molay, An 5, in-8, p. 46).
A Strasbourg, Cagliostro exerce u n empire absolu sur le cardinal de Rohan. Sa femme l'avait aid obtenir ce rsultat. Je veux, lui avait-il dit, m'emparer de sa tte ; tu feras le reste. C'est par suite de ses relations avec ce prlat qu'il fut compromis dans l'affaire du collier, mis la Bastille, acquitt par le Parlement, faute de preuves, et renvoy de France par ordre de
Louis XVI. (F.*. Clavel, Hist. pittoresque nette et le complot ma.\ de la F.-M., p. 1 7 5 . )
Marie-Antoi-
3. A cette poque, Tengoment du jour, voire mme la caricature, trouvrent l'occasion de se donner libre cours au moyen de
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la mode. De l, l'excentricit des coiffures de femmes, chapeaux,, bonnets et poufs ; il y avait des poufs la circonstance, des poufs l'inoculation, etc., d'un symbolisme extravagant. On porta des gilets aux notables, des costumes dits des trois ordres runis* Plus tard, ce furent les coiffures la sacrifie, les bonnets la incarne, allusion macabre l'appareil cher au F.'. Guillotin ; aux oreilles pendirent mme de petites guillotines avec une tte c o u ronne et coupe ! L'affaire du collier ne manqua pas d'tre exploite par la mode, contre la monarchie : En apprenant que le cardinal de Rohan tait la Bastille, les modistes de Paris inventrent, pour persifler la reine, un chapeau dit la Cagliostro, ou au Collier de la reine. Il tait aux couleurs, du cardinal et en paille : on l'appela chapeau couleur du cardinal sur la paille. Pour apitoyer le public sur son sort, on faisait courir le bruit que l'mincnce couchait sur la paille dans sa prison. Ce chapeau tait, en outre, orn d'un collier rappellant celui de Bohmer. (V. La nvrose rvolutionnaire par les D" Cabanes et Nass, p . 356.)
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L RVOLUTION PRPARE
Le comte de Saint-Germain
De Saint-Germain, nous dirons peu de chose. Les lecteurs que ce personnage mystrieux intresserait pourraient utilement se reporter l'tude documente que lui a consacre M. Gustave Bord dans le tome I de son savant ouvrage : La F.-M.\ en France (p. 307). Est-il Portugais, Espagnol, Juif, Franais ou Russe? nul ne peut le dire avec preuves l'appui. Le F. \ Clavel (Histoire pittoresque de la F.-Mr.) le dpeint en quelques lignes: C'est ainsi, crit-il, qu'un intrigant, appel dans le monde le comte de Saint-Germain, se vit entour d'une vogue extraordinaire. Il se donnait deux mille ans d'ge et racontait avec une bonhomie parfaite qu'aux noces de Cana, il s'tait trouv table ct de Jsus-Christ. Admis dans les Loges, il y vendait un lixir qui procurait l'immortalit I Barruel (t. V) raconte que Saint-Germain prsidait la Loge des Illumins constitue au chteau d'Ermenonville, prs Paris. L, dans ce fameux repaire de Pllluminisme, auprs du tombeau de Jean-Jacques, rgnait la plus horrible dissolution de murs. Toute femme admise aux mystres devenait commune aux Frres. Pratique d'ail-
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leurs conforme aux thories et plans de Weishaupt . M. Bord (p. 3a4) fait, la vrit, des rserves sur l'authenticit des orgies d'Ermenonville, que Barruel relate d'aprs le rapport de personnes qui, dit-il, en taient exactement instruites. Ce dernier ajoute mme ce qu'il s'est longtemps refus croire que Saint-Germain avait, comme d'ailleurs les chefs des Illumins, sa liste noire o. taient inscrits les Frres.*, suspects, et sa liste rouge, liste de sang sur laquelle figuraient les tratres Tordre ou ceux qui cherchaient s'affranchir du joug des Loges. Le chevalier de Lescure en fit la triste exprience. Il voulait renoncer cette affreuse association, peut-tre mme aussi la dvoiler. Un poison mortel fut bientt vers dans son breuvage, et il n'ignora pas la cause de sa mort (Barruel, V, p. 76). Guaita, dans le Temple de Satan, s'tonne lui aussi
1 . L'ordre aura deux classes (de femmes) formant chacune leur socit, ayant mme chacune leur secret part. La premire sera compose de femmes vertueuses ; la seconde de femmes volages, lgres, voluptueuses. Les frres, chargs de les diriger, leur feront parvenir leurs leons sans se laisser connatre. Ils conduiront les premires par la lecture des bons livres et les autres en les formant l'art de satisfaire secrtement leurs passions. ... Cet tablissement servirait de plus satisfaire ceux des Frres qui ont d u penchant pour les plaisirs. (crits originaux d e Weishaupt.) Cadet de Gassicourt s'exprime en ces termes propos de la Loge gyptienne, tablie par Qagliostro : Ce n'tait qu'un mauvais lieu, o des actes de dbauche taient prcds de crmonies lascives et de quelques signes maonniques (p. 1 9 3 ) .
LA. R V O L U T I O N . 3.
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de voir qu'en plein XVIXI sicle, dans une socit ce point sceptique et malicieuse, des individus comme Saint-Germain aient pu tre accueillis, choys, aduls. Rien n'est plus vrai cependant. Saint-Germain, racontant d'une voix mlodieuse et toujours gale ses conversations avec Pythagore, Virgile et Jsus-Christ, n'tait assurment pas pour dplaire ; et quand ses doigts chargs de bagues, courant sur les touches d'un clavecin, veillaient comme au cur de l'instrument des accords d'un archasme trange et poignant : si l'interrogation tacite de quelque belle duchesse, il jetait du ton le plus naturel cette rponse tout le moins bizarre : u C'est l, Madame, un air que je notai vers l'an 2.008 avant Jsus-Christ, dans la ville d'Erech, pour faire ma cour une jeune princesse de Chalde , chacun s'merveillait, mais nul n'avait le mauvais got de mettre en doute la vracit du conteur ! (p. Soi).
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Cagliostro
Cependant le plus habile de tous les imposteurs, de tous les charlatans qui se rpandirent alors dans les Loges et dans la socit, fut, nous dt Clavel, Joseph Balsamo, connu Paris sous le nom de Cagliostro et Venise sous celui de marquis de Pellegrini. N en Sicile en 17^8 de parents obscurs, il eut une jeunesse drgle qu'il dshonora par des escroqueries. Cagliostro , cet homme tonnant qui a jou tant de personnages, qui s'est annonc tour tour pour alchimiste gyptien, pour fils du grand-matre de Malte et de la princesse de Trbisonde, pour prophte venu de La Mecque, pour empirique Rose-Croix ou immortel, qui a err de contre en contre, de trteaux en trteaux, de bastille en bastille, qui a fait un peu de bien (?) au monde, mais encore plus de dupes, est un des plus actifs et des plus dangereux initis. Non seulement il prparait la rvolution franaise, mais il avait l'audace de l'annoncer. (Cadet de Gassicourt, p. 47.)
1. Voir Le Couteulx de Canteleu : Sectes et Socits secrtes. La vie et le rle de Cagliostro, l'affaire du Collier y sont fort bien
exposs (p. 171-193).
1
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Pratiquant la cabale, l'alchimie, les secrets mdicinaux et magiques, Gagliostro parcourut l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, l'Angleterre, le Holstein, la Courlande, sjourna Saint-Ptersbourg, prsidant ouvertement ou secrtement les loges, et en fondant partout de nouvelles. Il quitta la Russie aprs y avoir cr des ateliers maonniques, dont Catherine II se constitua la protectrice . Non contente de lui avoir procur cet appui moral, l'impratrice fit encore un don de 20.000 roubles Gagliostro ; ce dernier partit pour Strasbourg, aprs un sjour en Prusse qui lui valut un brevet de colonel dlivr par le roi. Sur tout son parcours il fondait des loges et s'acquittait de sa mission de voyageur international en recrutant de nouveaux adeptes. De Strasbourg, il passe Lyon, o il est reu avec les plus grands honneurs ; puis Bordeaux, o il demeure onze mois pour y organiser la maonnerie. Il revient Paris pour la deuxime fois, y fonde des loges de femmes, runit 7 3 ateliers dans une sance solennelle o il blouit les assistants par son loquence et ses prestiges. Incarcr la Bastille pour ses intrigues dans l'affaire du collier, puis rendu la libert, mais exil, il continua son oeuvre Londres ; enfin poursuivi par des cranciers, il s'enfuit, traversa l'Allemagne, s'arrta Ble pour y fonder la loge-mre du pays helvtique,
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passa en Italie, o Turin, Roveredo, Trente, Vrone furent tmoins de son activit maonnique. Rome devait tre le terme de ses voyages et de sa vie mouvemente. A Paris, Gagliostro fut mis nous allons voir comment en rapports troits avec les Frres.', de la loge de la rue de la Sourdire*, o se rendait souvent aussi le comte de Saint-Germain. Ce club rput comptait de ia5 i3o Illumins, dont le fameux Savalette de Lange tait le chef. Ce dernier, charg par Louis XVI de la garde du Trsor royal, tait en mme temps l'me de tous les complots, de tous les mystres : c'est lui qui dirigeait le Comit secret des Amis Ranis, dont le sige tait un tage au-dessus de la clbre loge du mme nom et o se rendaient les voyageurs internationaux des branches suprieures de la Maonnerie. La loge des Amis Runis comptait plus de i5o voyageurs ou correspondants rpandus sur la surface du globe. C'est dans ce sanctuaire, gard par deux Frres.-. Terribles, munis de leurs pes, qu'taient renfermes les archives de la correspondance internationale secrte. Nul frre.-, ne pouvait y pntrer s'il
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i. En 1781, les Amis Bants s'assemblaient, 7, rue Royale-Montmartre (rue Pigalle); mais leurs Chapitres taient convoques, 3, rue de la Sourdire. (La F. --M.\ en France de G. Bord, t. I, p. a 3 ) . a. Sur les divers Savalette de Lange, consulter la F.-M, en France, t. I, de G. Bord, p. 34 a.
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n'tait pas matre de tous les grades philosophiques, c'est--dire li par les plus excrables serments, s'il n'avait pas jur haine tout culte et tout roi. Or, Savalette de Lange invita, par une dputation spciale, Cagliostro se rendre au club de la rue de la Sourdire. C'est l que notre charlatan devint un vrai conjur : il apprit y connatre, dans ses dtails, la Rvolution, dont il avait t jusqu'alors le prophte. C'est encore l qu'il reut sa mission pour aller prparer cette Rvolution Rome mme. Tous ces dtails sur la loge de la rue de la Sourdire ont t connus grce aux confidences faites par M. de Raymond, directeur des postes Besanon, un de ses amis, qui refusa de^se laisser affilier. M. de Raymond avait fait partie de la dputation envoye Cagliostro par Savalette de Lange. (Barruel, t. V.) L'activit de Balsamo ne connat plus alors de mesure. Non seulement, il parcourt le monde en accomplissant ses missions, mais encore il crit ; il ose maintenant annoncer les vnements qu'il contribue provoquer. En effet, de Londres, il adresse le 20 juin 1876 une Lettre un Franais, o il prdit une partie des faits qui se produisirent trois ans plus tard ; en mme temps il prparait un mouvement rvolutionnaire en Angleterre (Morning Herald, nov. 1786). A Londres, galement, il composa une brochure
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intitule : Lettre au Peuple Franais, dans laquelle il prchait ouvertement la rvolte. Il y annonait en outre que la Bastille serait dtruite et deviendrait un lieu de promenade. Son pouvoir prophtique, de mme que celui de l'initi, du martiniste Gazotte , tenait simplement ce que les principaux vnements de la Rvolution taient rgls par avance : la destruction de la Bastille, le roi au Temple, les Jacobins, la mort de Louis XVI, les atrocits d'Avignon, les statues des rois abattues, spcialement celle de Henri IV, la perscution religieuse, la haine furieuse contre le catholicisme, tout cela tait prvu par les Initis. Rien ne fut l'uvre du hasard. Chacun de ses crimes a sa signification, sa raison sotrique. (Tombeau de J. Molay, p. 57.)
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i . Voici d'aprs l'occultiste clbre Eliphas Lvi, l'ex-abb Constant, l'explication du fameux dner prophtique de Gazotte donn chez le duc de Nivernais en 1788 ; Gazotte y avait rvl la mort, sur l'chafaud, des personnes prsentes ; lui-mme y avait prophtis sa propre fin : La Harpe, dit-il, en le racontant (tome I uvres posthumes), a cd au dsir assez naturel d'merveiller ses lecteurs en amplifiant les dtails. Tous les hommes prsents ce dner taient des initis et des rvlateurs, ou du moins des profanateurs de mystres. Gazotte, plus lev qu'eux tous sur l'chelle de l'initiation, leur pronona leur arrt de mort au nom de l'Illuminisme, et cet arrt . fut diversement, mais rigoureusement excut, commo d'autres arrts semblables l'avaient t plusieurs sicles auparavant contre l'abb de Villars et tant d'autres. (E. Lvi, Dogme, p. 36a). Ainsi, la prophtie clbre se rduirait la divulgation d u grand arcane ; ce serait, comme dit M. Talmeyr, de l'information anticipe .
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L'Initiation de Gagliostro
Le procs de Cagliostro arrt Rome et condamn mort par arrt de l'Inquisition, peine commue par le Pape en celle de la dtention perptuelle a dmontr son affiliation l'Illuminisme et rvl quelques-uns des infmes complots de la secte. Reportons-nous la Vie de Joseph Balsamo, comte de Cagliostro, extraite de la Procdure instruite contre lui Rome en 1790, traduite d'aprs l'original italien, imprim la Chambre Apostolique (Paris, 1 7 9 1 , in -8, portrait). Les pages 129-1 3a nous offrent le rcit dtaill, que fit Cagliostro devant ses juges, de son initiation aux mystres de l'Uluminisme. La scne se passe dans une maison de campagne trois milles de Francfort-sur-le-Mein, en 1780. Nous transcrivons cet aveu textuel : . . . Nous descendmes par quatorze ou quinze marches dans un souterrain et nous entrmes dans une chambre ronde, au milieu de laquelle je vis une table ; on l'ouvrit et dessous tait une caisse en fer qu'on ouvrit encore et dans laquelle j'aperus une quantit de papiers : ces deux personnes (deux Illumins qui
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accompagnaient Cagliostro) y prirent un livre manuscrit, fait dans la forme d'un missel, au commencement duquel tait crit : Nous, GRANDS-MATRES DES T E M PLIERS , etc. Ces mots taient suivis d'une formule de serments, conue dans les expressions les plus horribles, que je ne puis me rappeler, mais qui contenaient rengagement de dtruire tous les souverains despotiques. Cette formule tait crite avec du sang et avait onze signatures, outre mon chiffre qui tait le premier; le tout encore crit avec du sang. Je ne puis me rappeler tous les noms de ces signatures, la rserve des nomms N..., N..., N..., etc. Ces signatures taient celles des douze Grands-Matres des Illumins ; mais dans la vrit, mon chiffre n'avait pas t fait par moi, et je ne sais comment il s'y trouvait. Ce qu'on me dit sur le contenu de ce livre, qui tait crit en franais, et le peu que j'en lus me confirma que cette secte avait dtermin de porter ses premiers coups sur la France ; qu'aprs la chute de cette monarchie, elle devait frapper l'Italie et Rome en particulier ; que Ximns *, dont on a dj parl, tait un des principaux chefs; qu'ils taient alors
i . L'Espagnol, qui se faisait appeler Ximns, parcourait continuellement l'Europe, et pour parvenir au but de ses projets, il rpandait beaucoup d'argent qui lui tait fourni par les contributions des Loges. Cagliostro dit l'avoir rencontr dans diffrentes villes, mais toujours sous des noms et des habits diffrents. (Vie de J. Balsamo.)
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au fort de l'intrigue, et que la Socit a une grande quantit d'argent dispers dans les banques d'Amsterdam, de Rotterdam, de Londres, de Gnes et de Venise... \
i . Cit dans le Serpent de la Gense (le Temple Stanislas de Guaita, p. 3 i 6 ~ 3 i 7 . de Satan), par
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Le Trsor de guerre
Mirabeau, dans la Monarchie Prussienne (t. VI), confirme l'existence de ce trsor de guerre considrable, dont personne, sauf quelques hauts grads, ne savait l'emploi. Cadet de Gassicourt ajoute que cet argent provenait des contributions que payaient chaque anne 1 8 0 . 0 0 0 maons ; qu'il servait l'entretien des chefs, celui des missaires qu'ils avaient dans les cour, rcompenser tous ceux qui faisaient quelque entreprise contre les souverains, que lui, Cagliostro, a reu six cents louis comptant, la veille de son dpart pour Francfort. Ces diffrentes assertions sont justifies dans tout le cours de l'ouvrage. (Vie de Cagliostro.) Confirmant ces renseignements sur les fonds secrets de la Rvolution, un des membres du Club de la Propagande, tabli la Loge de la rue Coq-Hron, M. Girtaner, a crit dans ses Mmoires sur la Rvolution : En 1 7 9 0 , il y avait dans la Caisse gnrale de l'Ordre vingt millions de livres, argent comptant; suivant les comptes rendus, il devait s'y trouver dix millions de
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plus avant la fin de 1 7 9 1 - (Girtaner, 3 volume,, p. 4 7 0 , en allemand*.) Tous ces fonds servaient soudoyer l'meute, payer la trahison . Or, n'est-il pas permis de se deman2
1. Ce club (de la Propagande) a pour but, comme chacun sait, non seulement de consolider la Rvolution en France, mais, de l'introduire chez tous les autres peuples de l'Europe et de culbuter tous les gouvernements actuellement tablis. Les statutsont t imprims sparment. Le 2 3 mars 1790, il y avait en caisse i .5oo.ooo francs, dont M' le Duc d'Orlans avait fourni /ioo.000 ; le surplus avait t donn par les honorables membres leur rception. Ces fonds sont destins payer les voyages des
missionnaires, qu'on n o m m e aptres, et les brochures incendiaires
que Ton compose pour parvenir un but aussi salutaire Toutes les affaires, tant internes qu'trangres, sont prpares et proposes au club par u n comit de quinze personnes, prsid par M l'Abb Sieys. (Papiers secrets, trouvs chez le cardinal de Bernis). Les agents des Loges de Suisse, d'Italie, de Savoie, d'Espagne accourent Paris pour y ourdir leurs complots et s'entendre avec le Comit de propagande. Il faut assurer le triomphe des armes de la Rvolution, dchanes par les Loges sur l'Europe. Il faut prparer les trahisons, et creuser la mine sous tous l e s trnes. Ds la premire anne, trente millions sont tirs du trsor public pour subvenir aux frais de la propagande. Dumouriez en fait l'aveu dans ses Mmoires. Quelques annes plus tard, au tmoignage de Barruel, u n e autre somme de vingt et u n millions est employe prparer les insurrections, qui clatent l'approche des armes rpublicaines. Ces soulvements sont foments par les clubs qui se sont multiplis depuis 1789. (La Mac.-, et la Rvolution Franaise, Hello, II* p. 33-43).
r
et mort de Marie-Antoinette
(p. 3 2 0 ) ,
M. Lentre rapporte, d'aprs un ouvrage anglais (Francis Dracke), le rcit tragique d'une sance secrte d u Comit de Salut public
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der si Savalette de Lange, gardien du Trsor Royal, et en mme temps un des grants principaux du Trsor de la Rvolution en France, n'eut pas une mission bien dlicate remplir, u Qui peut dire combien ces r e s sources (des Loges) s'augmentaient entre les mains d'un homme charg de la garde du Trsor Royal I (Barruel, V.) Les conjurs savent choisir les hommes et les places ! Enfin, rapporte Cadet de Gassicourt, pour dernire preuve (du rle occulte de Cagliostro), on a trouv sous ses scells une croix sur laquelle taient crites les trois lettres L. D. P . , et il est convenu qu'elles signifiaient : Lilium destrue pedibus (Foulez les Lys aux pieds), condamnation formelle des rois. Aussi, comprend-on que le rapporteur du tribunal qui l'a condamn ait pris les conclusions suivantes : < ( Il rsulte de beaucoup de dnonciations spontanes, des dpositions de tmoins et autres notices que l'on
qui eut lieu n heures du soir le 2 septembre 1793, au domicile de Pache, maire de Paris. La scne, sauvage et terrifiante, fut raconte par un espion aux gages de l'Angleterre, Francis Dracke, qui, jour par jour, recevait des bulletins sur tout ce qui se tramait secrtement alors. Il les tenait, afrme-t~il. d'un des secrtaires mmes du Comit de Salut public. L furent rsolues les insurrections des 4 et 5 septembre dans toutes leurs parties. Pache y reut 500.000 francs en assignats pour l'insurrection du 4, L fut dcide, aprs une furieuse discussion, la mort de la Reine, ainsi que l'arrestation et l'excution d'une foule de citoyens.
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conserve dans nos archives, que parmi ces assembles (maons et Illumins) formes sous l'apparence de s'occuper d'tudes sublimes, la plupart cherchent secouer le joug de la religion et dtruire les monarchies. Peut-tre, en dernire analyse, est-ce l l'objet de toutes. On lit encore, dans celte Vie de Cagliostro, cette phrase significative : a la secte des Illumins professe l'irrligion le plus dcide, emploie la magie dans ses oprations; sous le prtexte spcieux de venger la mort du Grand-Matre des Templiers, elle a principalement en vue la destruction totale de la religion et de la monarchie. Ces dpositions de Cagliostro, le compte rendu de son procs, ont un intrt capital : non seulement ils dpouillent le personnage de son aurole de mystre et fournissent l'explication du prestige lgendaire que ses moyens de sduction lui avaient acquis sur une socit lgre, futile, devenue, hla? 1 lgamment sceptique, mais encore ils dmontrent quel point la Rvolution et c'est l notre thse a t prpare, machine par les sectes maonniques. Docile aux suggestions des Cagliostro et des SaintGermain, la socit franaise contribua, inconsciemment, dchaner la rafale de sang qui allait l'emporter. Les socits troubles donnent ainsi, hlas, prise toutes les folies, tous les snobismes les plus extravagants.
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Elles s'y jettent tte baisse sans rflexion aucune. N'avons-nous pas, nous aussi, t tmoins, il y a quelques annes, de l'engouement d'une partie de la socit franaise pour une grande dame exotique et thosophe, dont le succs tait d au mystre et l'habile mise en scne dont elle avait su s'entourer? N'taitelle pas, murmurait-on, une me rincarne ? Des apparitions suspectes se produisaient, disait-on, dans un salon retir o quelques privilgis taient seuls admis. Ses pierreries, la magnificence de son htel faisaient sensation... Il n'en fallut pas davantage pour lui attirer toute une clientle choisie, avide de mystrieux, d'extranaturel, d'occultisme, de spiritisme. Alors, pendant un certain temps, il fut de bon ton de prner le bouddhisme et la thosophie. C'est que la foi s'obscurcissant dans les esprits et les tables se mettant tourner
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i . Malgr tout l'engoment irrflchi du public lgant qui sepressait nagure, la messe bouddhique du muse Guimet, le no-bouddhisme n'est qu'un snobisme dangereux : il est envelopp d'une paisse atmosphre de crdulit et de charlata nerie... On a beau le dbarrasser de son immense bagage de niaiseries, et en le soumettant une pression convenable, le rduire une sorte de positivisme mystique, il faut une incroyable capacit d'illusion pour prtendre en tirer la moindre chose qui soit notre usage. (Barth).
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les cervelles, elles aussi, suivent le mouvement : c'est immanquable. Rminiscence de la fin du XVIII sicle I Tel Saint-Germain, le contemporain cle Jsus-Christ, Ynconnu, dont les bijoux merveilleux, les boucles de souliers et de jarretires en diamant faisaient fureur la cour et dans la haute socit ; tel Mesmer, dont le bassin magntique tait un rendez-vous de noble compagnie : on y tombait en dlire, en syncope, en convulsions, en catalepsie ; tel Cagliostro, avec ses pupilles ou colombes lisant l'avenir dans le cristal des carafes,
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i . Je fus charme, crit dans ses Mmoires la Baronne d'Oberkirch, d'une visite que nous fmes Mesmer, le chef et le pre du magntisme. Je Pavais connu en Alsace... Je l'admirais depuis longtemps, et je fus enchante de le retrouver ( Paris). Il demeurait place Vendme, dans la maison Bouret, et sa maison ne dsemplissait pas du matin au soir. La fameux baquet attirait la cour et la ville. Le fait est que ses cures sont innombrables. Le magntisme devint tout fait la mode ; ce fut comme toutes les modes, une rage, u n e furie. (t. Il, p . 102). Et plus loin : a La fin de ce sicle si incrdule est marque de ce caractre incroyable d'amour du merveilleux (je dirais de superstition, si j e n'en tais moi-mme imbue), qui dnote la socit en dcadence. Jamais les Rose-Croix, les adeptes, les prophtes ne furent aussi nombreux, aussi couts. Les Loges, crit M. Hippolyte Blanc (Revue des Sciences ecclsiastiques, 1890) contriburent beaucoup au triomphe de Cagliostro... Paris a t le grand thtre de la clbrit de ce ncromant et de Mesmer, mais leur rputation et leurs pratiques franchirent vite les murs d'octroi de la capitale. La France entire en raffola.
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&u grand ravissement de tous les snobs de l'poque ! Instruits par l'histoire, sachons donc nous mfier de la mode et de ses excentricits de toutes sortes, rsultat bien souvent d'une relle conjuration , selon le terme si juste de M. Talmeyr ; ragissons contre ses folies moutonnires ; fuyons la nvrose * des foules et l'aboulie nfaste qui en rsulte. Nvrose et aboulie sont, toute poque, les prcurseurs des grandes crises sociales.
i. On a tent d'expliquer la Rvolution par la nvrose des foules. Voir (Nvrose rvolutionnaire, cite plus haut.)
LA. R V O L U T I O N .
CHAPITRE III
Avant de raconter certains vnements peu connus de la Rvolution, et afin de pouvoir pntrer le sens sotrique des faits principaux de cette terrible priode, faits que nous avons sommairement numrs dans le prcdent chapitre; pour chercher expliquer cette anarchie prtendue spontane , qui, soudain, surgit aux quatre coins de la France, il nous faut remonter en arrire et analyser les causes lointaines qui prparrent un tel bouleversement; car, dans son ensemble, comme dans ses dtails, en apparence dconcertants par leur troublante harmonie, dans sa russite extraordinaire, la Rvolution est reste, avons-nous dit, pour la grande majorit, une nigme .
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i . Nous tenons bien prciser les deux points suivants : i Que la F.-M.\ ait prpar et dchan la Rvolution; cela
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Nous avons succinctement rapport le rle de la F.-M.-, au cours du XVIII sicle. Nous la trouvons enfin en 1 7 8 7 tablie en 2 8 2 villes, comptant rien qu' Paris 8 1 loges. Lyon en avait 1 6 , Bordeaux 7 , Nantes 5, Montpellier 1 0 , Toulouse 1 0 , etc. : tous ces ateliers, troitement relis ensemble, furent autant de foyers d'organisation pour le soulvement gnral (Barruel, t. V, page 65).
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n'est plus douteux : les auteurs ma.*. s'en font constamment gloire, et les antimaons les plus documents l'ont tabli, preuves en mains, et sans contestation possible ; a Que les F.-M.".soient les successeurs, les hritiers directs des Templiers, c'est l une question encore controverse, et fort complexe d'ailleurs. Les crivains maons les plus qualifis sont eux-mmes si peu fixs sur les origines et sur l'histoire de leur Association, qu'il est souvent trs difficile de dgager, de leurs rcits, la vrit historique. Sans aucunement prtendre trancher dfinitivement la question, nous nous bornerons donc citer des textes, trop ignors, emprunts des auteurs anticlricaux notoires : Francs-maons et occultistes, textes qui auront du moins le mrite de nous faire connatre les ides qui, depuis deux sicles ont inspir les actes de la M.'., ou servi de prtexte aux agissements de ses adeptes. Si quelques lecteurs sont tents de trouver que nous avons abus des citations, des guillemets , nous leur rpondrons que c'est dessein : Nous n'avons pas eu en vue, dans ces graves questions, de prsenter un travail personnel, o l'imagination et le parti-pris auraient pu avoir leur trop large place. Nous avons produit des documents, laiss simplement parler des textes. A dfaut d'autre mrite, nous avons fait une uvre de bonne foi, vitant tout commentaire superflu.
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*
Mais, tout d'abord, qu'tait donc la F.-M.\, et que se passait-il dans les Loges avant 1789? Si nous consultons l'Annuaire du Grand-Orient de France, nous voyons que les plus hauts personnages du temps en taient, ou du moins semblaient en tre, les chefs suprmes ; le duc d'Antin, le prince Louis de Bourbon, comte de Glermont, puis le duc de Chartres, futur Philippe-galit, en furent les Grands-Matres ostensibles. Les plus nobles princesses ne ddaignaient pas de s'inscrire dans les Loges d'Adoption, et Marie-Antoinette crivait la Sur princesse de Lamballe : a J'ai lu avec grand intrt ce qui s'est fait dans les Loges franc-maonniques que vous avez prsides et dont vous m'avez tant amuse. Je vois qu'on n'y fait pas que de jolies chansons, mais qu'on y fait aussi du bien*. (Cit par M. Talmeyr : La F.-M.\ et la Rvolution franaise, page 12),
1 . Marie-Antoinette fut enfin dsabuse, mais trop tard! Un jour aux Tuileries, faisant allusion aux libelles des Encyclopdistes qui voulaient dlivrer les hommes du joug des Ecclsiastiques, le plus dur de tous, des Barbares, comme ils disaient (Lettre Voltaire, 1 7 7 0 ) , l'infortune reine s'cria : Oh I que nous avons t tromps! nous voyons bien prsent combien les
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La plus haute socit, subjugue par les Saint-Germain et les Cagliostro, s'enrlait l'envi sous la bannire des Loges : on s'y amusait, on y dansait, on y causait philanthropie ; la frivolit du temps se complaisait ces amusements plus ou moins mystrieux, savamment doss selon les gots de chacun et qui allaient des ftes magnifiques et de bonne tenue de la fameuse Loge Les Amis Runis jusqu'aux orgies d'Ermenonville rapportes par Barruel. Certains tats d'Europe avaient cependant interdit ces francs-maons qui semblaient en France si aimables et simplement amis des plaisirs. Le pape Clment XII, mieux averti que nos dirigeant d'alors, avait lanc contre eux une bulle d'excommunication (1738), confirme depuis par tous ses successeurs. Quelles pouvaient tre les raisons de cette rigueur? C'est que les grades levs contenaient des rites d'initiation passablement effrayants, que la joyeuse troupe des Francs-Maons infrieurs ignorait ou dont elle se riait.
prtres se distinguent parmi les fidles sujets du Roi. (Barruel, tome I). Le 1 7 aot 1 7 9 0 , Marie-Antoinette crivait son frre Lopold II : Prenez bien garde l-bas toute association de Francmaons; c'est par cette voie que tous les monstres d'ici comptent d'arriver dans tous les pays au mme b u t . . . u Que n*ai-je cru, il y a onze ans, tout ce que je vois aujourd'hui!, dit u n jour Louis XVI en 1 7 9 2 , une personne de c o n fiance. On me l'avait ds lors tout annonc,
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Cependant la plaisanterie dpassait parfois les bornes permises : Le F . \ Ragon, Y auteur sacr de la Maonnerie, raconte que dans les hauts grades, le rcipiendaire, arm d'un poignard, devait frapper le mauvais principereprsent par un serpent trois ttes : La tte du serpent qui porte une couronne indique les Souverains ; celle qui porte une tiare ou une cl indique les Papes ; celle qui porte un glaive Y Arme. Il y avait certaines variantes ; dans quelques Loges, au pied d'un cercueil taient dposes trois ttes : celle du milieu reprsentait Jacques Molay, grand matre des Templiers, couronne de lauriers ; celle de droite portait la couronne royale fleurdelise, c'tait celle de Philippe le Bel ; celle de gauche tait surmonte de la tiare pontificale et reprsentait Clment V. Et l encore le rcipiendaire frappait de son poignard la tte couronne d'une tiare et celle orne de la couronne royale, en criant : Haine l'imposture, mort au crime ! Mais passant devant la tte de Molay, le F.-M.\ s'agenouillait et prononait ces mots : Gloire ternelle au martyr de la vertu ! Parfois, pour mieux prouver l'obissance du nophyte, on lui bandait les yeux et on lui ordonnait de plonger son poignard dans le cur d'un mouton vivant, soigneusement ras. Le sang jaillissait, et le rcipiendaire tait persuad d'avoir frapp un homme.
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Cadet de Gassicourt rapporte, en effet, qu'une des preuves du grade de Kadosch tait a de poignarder dans une caverne l'assassin d'Hiram, d'apporter sa tte sur l'autel et de boire dans un crne humain. Le rcipiendaire a les yeux couverts d'un bandeau : on lui fait tter le cur palpitant d'un mouton (l'estomac de l'animal est ras). Pendant que le rcipiendaire, aprs avoir gorg sa victime, se lave les mains, on substitue la tte du mouton une tte de cire ensanglante, ou celle d'un cadavre que le Franc-maon aperoit quand il a les yeux libres, et qu'on enlve l'instant. A la rception du duc d'Orlans, la tte pointait une couronne d'or! (Tombeau de Jacques Molay, p. 1 9 2 - 1 9 3 ) . Ainsi, les crmonies d'initiation aux grades lev prouvent que les F.-M.\ poursuivaient d'une haine implacable la Royaut et la Papaut. Si Jacques Molay tait exalt par eux, si Philippe le Bel et Clment V taient vous toutes les excrations, c'est que ces derniers prononcrent la clbre condamnation des Templiers.
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Origine Templire
La F.-M.*. parat bien, en effet, s'tre rige en vengeresse du Temple ; la raison nous en sera fournie par les auteurs les moins suspects : de cette tude documente, bien que sommaire, il apparatra clairement, notre sens, que les F.-M.\ semblent tre ls continuateurs de l'Ordre des Templiers. L se trouverait la cl d'une foule d'vnements de la Rvolution. Mais qu'taient eux-mmes les chevaliers du Temple ? Tout simplement des gnostiques* : Les sept croiss fondateurs de l'Ordre du Temple avaient t initis en Palestine mme aux secrets de la Gnose. ( P a p u s , Trait mthodique des Sciences occultes, p. 684).
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Et si Fon considre que les thories des gnostiques se sont perptues travers les ges au moyen des sectes diverses : les Manichens, les Pauliciens, les Cathares, les Patarins, les Albigeois, les Vaudois, le protestani . Sur les rapports du gnosticisme et de la F.-M.*., consulter
les Infiltrations maonniques dans l'glise, par l'abb Barbier, p. 10&
et s. a. M. Papus, docteur en mdecine, docteur en kabbale, prsident du Suprme Conseil de Tordre Martiniste, dlgu gnral de l'Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix.
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tisme (voir Mgr Freppel, Saint Irne), on arrive en conclure (comme l'indique, du reste, Weishaupt, au grade de Chevalier cossais *) qu'une chane ininterrompue a reli, ds la plus haute antiquit, les principales socits secrtes les unes aux autres. Comme l'crit Dru mont dans la prface d'Eurka : ... Elle ferait croire que la F.-M.\ n'est au fond qu'un rejeton vivace du vieux matrialisme paen, qui aurait travers dixneuf sicles de christianisme. (Eurka, Louis Brunet, Paris i g o 5 , cit dans les Socits secrtes et leurs crimes, Baron, p . 367). Disons que la secte est en somme l'hrsie totale, la synagogue de Satan , selon le mot de Y Apocalypse. Mais laissons la F.-M.', nous exposer ses ides au sujet de son origine templire. Les documents mans des F F . ' , eux-mmes abondent : Les Chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jrusalem, connus sous le nom de Templiers, ou leurs successeurs F.-M.*., dit Willaume dans son Manuel ou Tuileur maonnique {p. 10), paraissent les auteurs de la majeure partie des
2
1. Le nouveau chevalier est spcialement averti que c'est par l'tude des anciens gnostiques et des manichens qu'il pourra faire de grandes dcouvertes sur cette vritable maonnerie.
(crits originaux de Weishaupt).
2. Ces sectes coalises forment la synagogue de Satan. C'est elle qui discipline leurs troupes, porte l'tendard et engage la bataille contre l'glise du Christ. (Encyclique Et si multa luctuosa.
Pie IX, ai novembre 1873).
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degrs de l'initiation... Nous ne faisons pas de doute que les Templiers taient des Initis... Nous pensons encore que c'est eux que l'Europe doit la Maonnerie... Ils ont disparu dans Tordre civil, mais ils ont laiss des successeurs dans la F.-M.\ et leurs institutions leur ont survcu. L'opinion du F.-. Ragon est la mme : En Italie, d'anciennes glises qui ont appartenu l'Ordre avant son abolition, conservent par tradition le nom d'glise dlia massone ou maccione ; n'est-ce pas dire que les peuples, avant de les appeler ainsi, s'taient aperus que F.-M.\ et Templiers taient la mme chose? (Cours, p. 3i). Les F.-M.\, crivait en 1 8 0 6 le F . ' . Chereau, officier du Grand-Orient, apprennent : i que l'Ordre maonnique... sut honorer les malheurs d'un Ordre auguste, religieux et militaire... ; 2 qu'il mrita... de devenir partie intgrante de cet Ordre illustre, dont tous les chevaliers taient d'abord maons... ; 4 que les deux Ordres unis par un lien indissoluble devinrent une seule et mme Association. (Explication de la Croix philosophique des Chevaliers Rose-Croix).
0
Le F.', de Banville, galement officier du GrandOrient, dans un discours prononc en Loge le 8 avril i83g, n'est pas moins affirmatif : Dans mon systme, l'Ordre m a . \ serait une manation de l'Ordre du Temple, dont vous connaissez
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l'histoire, et il ne peut pas raisonnablement tre autre chose. Comment expliquerions-nous... ces dfenses svres de ne rien crire, tracer ni buriner... sans encourir les effets certains d'une vengeance atroce, sans s'exposer avoir la gorge coupe, le cur et les entrailles arraches, le corps brl, etc. ? Tout cela prendrait le caractre d'une rvoltante absurdit, si on lui enlevait l'explication... du puissant intrt qu'avaient les Ghevaliers du Temple se cacher tous les yeux, sous le manteau de la Maonnerie, spcialement organise dans ce but par eux-mmes. Et le rdacteur du journal maonnique le Globe, o parut ce long discours, conclut par ces mots : le F.*, de Banville a parfaitement trac l'origine de l'Association maonnique. Bien plus, nous possdons des documents fort curieux remontant aux XVI et XVII sicles qui tablissent, de faon, semble-t-il, dcisive, les projets de vengeance, secrtement forms ds cette poque !
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Ainsi, le dput Grgoire a produit la Convention une mdaille frappe en 1 6 4 2 : elle reprsente d'un ct, un bras sortant des nues, moissonnant trois lys avec une pe tranchante. La lgende est : Talem dabit ultio messern (telle est la moisson que donnera la vengeance). Au revers, un autre bras lance la foudre sur une couronne et un sceptre briss, avec ces mots : Flamma metuenda tyrannis ( l'aspect de ces feux, les tyrans trembleront). (Tombeau de Jacques Molay, p.
1
42).
Guaita, dans le Temple de Satan, donne la reproduction de deux gravures prophtiques relatives la grande Rvolution : elles sont tires d'ouvrages introuvables. L'une est extraite de la Pronostication de Paracelse (i536, in-4) ; elle montre trois lys sur un arbre dessch, et la lgende annonce que la fleur la plus illustre (le lys des Rourbon) a sera jete dans le four, ce qui veut dire qu'elle disparatra dans la solitude, la
x. Cette mdaille se voit la Bibliothque nationale. (Note de Cadet de Gassicourt).
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ruine, l'exil, dans un abaissement universel et sans exemple! Le second dessin est plus explicite encore. Guaita l'a trouv dans une dition de 1589 des gravures sibyllines attribues l'abb Joachim de Flore (ou de Calabre). Sur deux colonnes sont placs les bustes d'un roi et d'un pape. D'une troisime colonne, moins leve, sort un bras arm d'une faux qui menace les deux pouvoirs. Comment ne pas reconnatre la puissance aveugle et impersonnelle du peuple, s'attaquant la couronne et la tiare ? L'pigraphe, qui peut se traduire : Ce ne sera partout que confusion et erreur, dans la corruption , exprime un tat de choses qui a eu son apoge en 1793-1794 sous le rgne de la Terreur (p. 3oa-3o5). De mme Barruel, au tome IV de ses Mmoires (p. 119), dit tenir d'un haut maon, que le but spcial des Rose-Croix tait alors (en 1773) : i de venger les Templiers ; a de s'emparer de l'le de Malte pour en faire le berceau de la religion naturelle. Le roi de Prusse s'y intressait spcialement, et Barruel donne ce sujet les dtails les plus curieux. L'auteur des Mmoires rapporte aussi qu' la mme poque (1773), lors de l'initiation d'un chevalier Kadosh, aprs tous les serments, toutes les preuves et crmonies coupables et impies, le dnouement de la scne est de prsenter au rcipiendaire trois manne0
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quins reprsentant Clment V, Philippe le Bel et le grand Matre de Malte . Leurs ttes sont couvertes des attributs de leurs dignits. Il faut que le malheureux fanatique jure haine et mort ces trois ttes proscrites parlant leurs successeurs, leur dfaut. On lui fait abattre ces trois ttes, qui, comme dans le grade d'lu, sont, ou vritables, si on a pu s'en procurer, ou pleines de sang, si ce n'est qu'une simple reprsentation ; et cela en criant vengeance! vengeance! etc. Parfois, on se servait de mannequins entours de boyaux remplis de sang (tome II, p. 2o5). Barruel cite deux tmoins de ces scnes, qu'il est autoris nommer : MM. les comtes de Gilliers et d'Orfeuil. Le F.'. Condorcet, lui-mme, a crit que, dans la Rvolution franaise, il voyait le triomphe si longtemps prpar par les socits secrtes ; il promettait de nous apprendre un jour s'il ne faut pas placer au nombre de ces socits l'Ordre des Templiers . (Esquisse d'un tableau des Progrs de l'esprit humain, septime poque). D'autres adeptes, dans leurs dclarations, ne craignaient pas de s'crier : Franchissez tout coup les sicles et amenez les nations aux perscutions de Philippe le Bel. Vous qui tes ou n'tes pas Templiers...
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i. Dans l'ordre des Juges Philosophes inconnus, on faisait jurer au rcipiendaire de considrer les Chevaliers de Malte comme les plus cruels ennemis. (F.*. Ragon, Orthodoxie mag.\, p. 4 o i ) .
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Prissent les tyrans et que la terre en soit purge. (Bonneville, Esprit des religions, cit par Barruel, tome II.) liphas Levi, que Papus (Agenda Magique, 1 8 9 4 ) appelle un des grands matres de l'Occultisme , a recherch, lui aussi, les origines de la secte : Je viens disait-il, dans son discours de rception, la F.M . \ , le jour de son initiation rapporter au milieu de vous les traditions perdues, la connaissance exacte de vos signes et de vos emblmes, et par suite, vous montrer le but pour lequel votre Association a t constitue. (Cit dans les Souvenirs de Caubet, 1 8 9 3 . ) Le clbre mage estime que les Francs-Maons ont emprunt aux constructeurs de la cathdrale de Strasbourg leur nom et les emblmes de leur art, et qu'ils se sont organiss publiquement pour la premire fois en Angleterre la faveur des institutions radicales et en dpit du despotisme de Cromwell. Il raille en passant les historiens assez ignorants pour attribuer aux Jsuites, sinon la fondation, du moins la continuation et la direction de cette Socit, opinion, dit-il, qui se rfute elle-mme . En ralit, aiirme-t-il, ils ont eu les Templiers pour modles, les Rose-Croix pour pres et les Johannistes pour anctres. Leur dogme est celui de Zoroastreet d'Herms, leur rgle est l'initiation progressive... Ce sont les continuateurs de l'cole d'Alexandrie, hritire
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de toutes les initiations antiques. (Histoire de la Magie, P- 3990 Ainsi liphas Levi confirme ce que nous avons dit sur la chane ininterrompue qui relie les socits secrtes modernes aux groupements initiatiques de l'antiquit. Enfin pour ne pas allonger dmesurment cette tude, donnons la citation suivante, extraite du livre remarquable de M. Loiseleur, la Doctrine secrte des Templiers (Paris 18721), dernier mot de l'rudition contemporaine sur cette question (Deschamps, 1.1) : Wilcke fait des Templiers les prcurseurs de Luther et de l'Encyclopdie. (Geschichte der Tempels Herren Ordens Halle 1860.) Or, l'Encyclopdie, c'est la Franc-maonnerie dogmatisante du XVIII sicle, qui prpare les voies la Franc-maonnerie sanglante de la Terreur (Baron, Les socits secrtes, leurs crimes). Wilcke est un crivain allemand auquel le F . \ Findel lui-mme rendait hommage. Donc, et cela ressort des initiations, des serments, des gravures du temps, des documents les plus probants, le martyr venger, c'est Molay ; ceux qu'il faut tuer, c'est Philippe le Bel et Clment V dans la personne de leurs successeurs '.
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1 . Actuellement encore an grade de Kadosch (rite du GrandOrient), les diplmes portent au premier plan de la gravure une pe et une tiare jetes sur le pav du sanctuaire.
LA. R V O L U T I O N . 5.
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Nous sommes donc autoriss conclure avec le grand historien Schlegel que l'Ordre des Templiers a t le pont par lequel les mystres et les doctrines sotriques de l'Orient ont pass en Occident. Une socit, la FrancMaonnerie, en est issue, socit, du sein de laquelle, comme d'un laboratoire o le gnie destructeur forgeait ses armes, sortirent les Illumins, les Jacobins et les Carbonari .
1
i. Schlegel, Philosophie de l'histoire (i8 leon). La plupart des crirains modernes (sauf notamment le F.*. Findel qui fut directeur de la Bahutte de Leipzig) reconnaissent que la F.-M.*. a pour origine, au moins mdiate, l'Ordre du Temple : V. Thomas Frost.
The Secret Societies of the European Rvolution. London 1876. Introduction Pachetler : S tille Krieg der Freimaurerei gegen thron und
fl
altar, Freiburg 1873, etc. (note de Deschamps, Socits secrtes et la Socit, t. I). G... (Grouvelle), crivain peu suspect, plutt favorable la F.-.-M.*, et aux Templiers, dans ses curieux
Mmoires historiques sur les Templiers, Paris, i8o5, enregistre q u e
les Socits de Francs-Maons, alors trs rpandues en Allemagne < f affectaient la prtention de tirer leur origine des Templiers (p. V). Il ne semblerait pas impossible que les chevaliers qui chapprent, ne se fussent jets dans les associations secrtes q u e dirigeaient les sectaires (p. 3 i 5 ) ; et Miinter, savant professeur danois, qui fit sur les Templiers les dcouvertes les plus importantes la Bibliothque Gorsini Rome, crivait Grouvelle en 1802 : Si l'on considre cette question historiquement, il n'y a rien absolument qui rend la filiation impossible... On pourrait se servir de quelques faits qui paraissent avoir rapport aux T e m pliers pour remplir quelques lacunes,.. Grouvelle ajoute : L'Ecosse est le pays o les chevaliers proscrits parviennent le mieux se dissimuler ; or, ceux qui croient cette origine ne manqueront pas de remarquer que les plus secrets mystres de la F . \ - M . \ sont rputs maner de l'Ecosse, et que les HautsGrades y sont nomms Ecossais (p. 316).
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Non seulement, nous l'avons dit, les Templiers, au tmoignage de Papus, taient des gnostiques, mais encore S. de Guaita*, le rnovateur de la Rose-Croix kabbalistique en France, reconnat galement en eux, comme aussi Eliphas Levi, des successeurs des manichens. Il admet lui-mme, qu'accuss de sorcellerie et de murs infmes, leurs apologistes n'ont pu les rhabiliter au grand jour de la controverse historique, en lavant leur mmoire de tout soupon (Temple de Satan, p. 379). Il ajoute, et celte apprciation, manant d'un crivain peu suspect de clricalisme, est intressante enregistrer : u Les chevaliers taient dpositaires d'une doctrine sociale et religieuse. C'est historiquement certain. Reste savoir laquelle. Que le Temple possdt la tradiction orthodoxe, voil qui n'est gure soutenable. Cet ordre
i. Nous ferons de nombreux emprunts l'ouvrage de Stanislas de Guaita, Le Serpent de la Gense premire Septaine, Le Temple de Satan (Librairie du Merveilleux, 29, rue de Trvise, Paris 1891). Ce livre, extrmement curieux, d la plume d'un crivain d'une rudition peu commune, est actuellement devenu trs rare.
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fameux reste dogmatiquement entach de manichisme. (p. 2 8 2 ) . Mignard notamment a rapproch des preuves accablantes l'appui de cette opinion : Les figures emblmatiques sculptes en relief sur le coffret de pierre d'Essarois, pice conviction entre mille, sont de nature ne laisser aucun doute. Le caractre de mysticisme obscne qui est le propre de ces symboles dyarchistes semble mme d'une prcision assez typique pour servir de trait d'union, dans l'espce, entre les deux grands griefs stipuls contre les Templiers : la goetie manichenne et le vice impur (p. 2 8 2 ) .
1
Jules Garinet rsume ainsi les accusations portes contre les Templiers : On disait qu' la rception dans l'Ordre, on conduisait le rcipiendaire dans une chambre obscure, o il reniait Jsus-Christ en crachant trois fois sur le crucifix... que celui qui tait reu baisait celui qui le recevait la bouche, ensuite in fine spin dorsi et in virga virili; que les Templiers, dans leurs chapitres gnraux, adoraient une tte de bois dor qui qui avait une longue barbe, des moustaches touffues et pendantes; la place des yeux brillaient deux grosses escarboucles tincelantes comme le feu... On les accusait encore dfaire vu de sodomie et de ne rien
par Mignard,
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se refuser entre eux. (Histoire de la Magie en France, p. 78). Garinet rapporte aussi des faits analogues au sabbat des sorciers et aux runions orgiaques et mystiques des sectaires de la gnose : le dmon aurait apparu sous la figure d'un chat et sous la forme de femmes dans les runions des chapitres, et des scnes abominables de succubes furent avoues en Languedoc, par trois commandeurs de l'Ordre. Quoi qu'il eu soit, l'adoration d'une idole par les Templiers ne semble pas pouvoir faire de doute. Henri Martin (t. IV) rapporte que chaque chapitre possdait une tte humaine longue barbe blanche, ayant a en la place des yeux, escarboucles reluisantes comme la clart du ciel , certaines de ces idoles taient trois faces et montes sur quatre pieds; on en avait saisi une au Temple de Paris. D'autre part, Eliphas Levi nous dcrit : le Baphomet des Templiers dont le nom doit, dit-il, s'peler cabalistiquement en sens inverse : TEM OPH AB, Templi omnium pacis hominum abbas, le pre du Temple, paix universelle des hommes... Un coffret sculpt a t dterr dernirement dans les ruines d'une ancienne commanderie du Temple, et les antiquaires y ont observ une figure baphomtique... cette figure est barbue (tte de bouc) avec un corps entier de femme. Elle tient d'une main le soleil et de l'autre la lune... le
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signe a t trouv obscne et diabolique par les savants qui l'observ. (Rituel, p. 2 4 1 . ) La culpabilit des Templiers ne peut plus faire l'ombre d'un doute . Michelet a publi, en effet, dans la Collection des documents indits sur F histoire de France l'acte le plus important du procs des Templiers. C'est l'interrogatoire copi sur les minutes mmes que le grand-matre et a3i chevaliers subirent Paris devant les commissaires pontificaux : Cet interrogatoire fut conduit lentement, avec beaucoup de mnagements et de douceur par de hauts dignitaires ecclsiastiques, un archevque et plusieurs vques. & (Procs des Templiers, par Michelet.) Or, les chevaliers, questionns librement, sans torture, sous la seule foi de dire la vrit, avourent tous les crimes qui leur taient reprochs. Les mmes aveux furent enregistrs en Normandie, Auvergne, Champagne, en Angleterre et en Italie. Un tiers seulement environ des Templiers fut reconnu innocent. (Voir aussi Trait sur la condamnation des Templiers, par Dupuy,
1
Paris 1700.)
1 . De rcentes dcouvertes tablissent que la plupart des faits allgus taient de la plus exacte exactitude. Il est dmontr aujourd'hui que les Templiers taient une branche du gnosticisme et qu'ils avaient adopt, en grande partie, les doctrines et les allgogies des ophites... (F.*. Glavel, Histoire pittoresque de la F . \ J f . \ . p. 355).
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Dtail curieux, rvl l'instruction : pendant la runion des chapitres, toutes les portes du Temple ou de l'glise taient fermes, et des sentinelles places sur les toits mmes, pour viter les regards indiscrets. Or, l e s F . \ M.\ ont coutume de dire, lorsque l'entre de la Loge est garde pendant les tenues : le Temple est couvert ! Ce fut dans la nuit du 12 au i3 novembre 1307 que par toute la France, les Templiers furent arrts sur l'ordre de Philippe le Bel. La Sicile, l'Italie, la Castille, l'Angleterre, l'Aragon suivirent l'exemple de la France. Le procs se prolongea pendant plusieurs annes, prsentant des garanties absolues d'impartialit (V. Barruel, t, II). Enfin le pape Clment V, aprs une enqute personnelle et approfondie Poitiers, lance contre l'Ordre jusqu' sept bulles conscutives (i3o8) et en I3IO survint une dernire bulle pour ordonner le jugement dfinitif des Templiers . Le concile de
1
i. Sur le tmoignage d'un historien du u n ' sicle, Villani, on a pens jusqu' nos jours que la condamnation des Templiers par le Pape tait le rsultat d'un pacte conclu Saint-Jean. d'Angly, en mai i3o5, entre Philippe le Bel et Bertrand de Got, archevque de Bordeaux, lu Pape sous le nom de Clment V, grce l'appui que lui aurait donn le roi de France en rcompense de ce marchandage. M. Rabouis, professeur la facult des lettres de Bordeaux, a rduit cette fable nant. Du Journal des visites pastorales de l'archevque, il rsulte que du i3 mai i3o4 au a a juin i3o5 et mme an avril, Bertrand de Got n'a pas pu se rencontrer avec le Roi* (Dict. pol. Jaugey, p. 3o3g.)
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Vienne, la date du n avril i 3 i 2 , abolit l'Ordre du Temple, ou plus exactement le suspendit indfiniment (V. texte intgral de la Bulle Vox in excelso dans Loiseleur). Le 10 mai I 3 I I , en face de l'abbaye Saint-Antoine, on brle un premier condamn ; d'autres excutions eurent lieu Paris, en Provence, en Pimont. Enfin le 18 mars I 3 3 \ le Grand-Matre Jacques de Molay monte sur Tchafaud dress dans l'le situe entre les jardins du roi et les Augustins, l'endroit exact o se trouve actuellement la statue de Henri IV, sur le terreplein du Pont-Neuf. Remarquons cependant que 3o.ooo 4o.ooo chevaliers ne furent condamns qu' des pnitences canoniques. Le lendemain, rapporte Cadet de Gassicourt (p. 20), le chevalier Aumont et sept Templiers dguiss en maons recueillent pieusement les cendres du bcher.
i . L a date de l'excution de Molay n'est pas dfinitivement fixe; Henri Martin, Bouillet, Collin de Plancy donnent la date du 18 mars I 3 I H . Il n'y aurait l qu'une apparente contradiction; redit de Roussillon (i564) ayant, sous Charles IX, chang le calendrier et report le dbut de l'anne, de Pques au i" janvier ; la mort de Molay aurait eu lieu en I 3 I 3 ou en I 3 I 4 suivant le systme adopte. Selon Barruel, l'excution remonterait I 3 I I , les commissaires envoys par Clment V n'ayant sjourn Paris que d'aot i3og mai I 3 I I . Ils durent assister certainement, d'aprs lui, aux derniers moments du Grand-Matre.
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p.
287.)
Du fond de sa prison, Jacques Molay aurait dj cr quatre loges-mres : pour l'Orient, tapies; pour l'Occident, Edimbourg; pour le Nord, Stockholm, et pour le Midi, Paris (Tomb. de J. Molay, p. a3). Aussitt aprs la mort du Grand-Matre, les quatre Loges s'organisent et tous les membres y prtent serment : a d'exterminer tous les rois et la race des Captiens, de dtruire la puissance du pape, de prcher la libert des peuples et de fonder une Rpublique Universelle )) (id., p. 26), objectifs poursuivis de nos jours encore par la secte internationale ! Ainsi, d'aprs les crivains initis, les vnements de la Rvolution, avec son cortge d'horreurs et de massacres, furent le choc en retour , h cinq sicles de distance, de la condamnation des Templiers par la Monarchie et la Papaut. Dix-sept cent quatre-vingt-treize fut une rplique foudroyante l'inique (?) arrt de treize cent douze (Guaita, p. 292). Une immense socit secrte s'tait constitue clandestinement sur les dbris de l'Ordre. Dsormais, la vengeance prparait dans l'ombre les
1. Les survivants du massacre se runirent nouveau et donnrent naissance la Socit des Rose-Croix, puis la FrancMaonnerie. (Infiltrations mac. dans l* glise par l'abb Barbier p. 5i.)
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mines et les contre-mines dont l'explosion nous terrifiera, quatre cent cinquante ans plus tard : dans l'attente de cette pouvantable et tardive riposte, elle dcimait, l'un aprs l'autre, tous les assassins de Jacques Molay. (id., p. 293). En brisant l'pe des Templiers, on en avait fait des poignards, et leurs truelles proscrites ne maonnaient plus que des tombeaux. (Eliphas Levi, Histoire de la Magie).
CHAPITRE IV
Prparation de la vengeance
Nous sommes en 1717. Le a4 juin se tient, l'auberge du Pommier, Londres, une runion due l'iniative des Rosicrucians Desaguliers et Anderson. L, se constitue dfinitivement la Franc-Maonnerie par la fusion des divers groupements secrets existant alors : Le courant alchimiste, les restes des Templiers, et la Fraternit de la Rose-Croix. (Papus, Trait*mlhodique des sciences occultes, p. 68g). La secte ma.\ s'implanta Paris, le 13 juin 1736. u La premire Loge fut installe rue des Boucheries, par le comte de Derwent-Water, dlgu fond de pouvoir de la Grande Loge d'Angleterre, n (Papus, loc. cit., p.
7*6) \
1. La premire loge dont l'tablissement en France soit historiquement prouv est celle que la Grande Loge de Londres institua Dunkerque en 1 7 a ! sous le titre Amiti et Fraternit.. La
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L A RVOLUTION P R P A R E
Enfin, en 1 7 8 5 , la veille de la Rvolution, par suite de scissions dues des causes diverses, la F.-M.', prsente en France les groupements suivants : i Le Martinisme fond en 1 7 5 4 par le Rose-Croix Martins de Pasquallis ; il s'occupa surtout de la direction intellectuelle des travaux maonniques, et fort peu de politique ; 2 Le Grand-Orient, constitu le 2 4 dcembre 1 7 7 2 ; 3 Le Grand-Chapitre gnral de France, issu en 1 7 8 2 du systme cossais, institu par Ramsay, ds 1 7 2 8 . Les Frres cossais taient tous pourvus de hauts grades. Ces deux derniers groupements, qui fusionnrent d'ailleurs en 1 7 8 6 , sont les vrais auteurs del Rvolution. S'il faut en croire Papus, les F.-M.\ du GrandChapitre furent les fomentateurs, les inspirateurs, ceux du Grand-Orient, leurs dociles agents . Ces renseignements sont fournis par une brochure introuvable de Papus : L'tat des Socits secrtes Vpoque de la Rvolution. Dans le systme cossais ou du Grand-Chapitre, on s'attachait faire de chaque Frre un vengeur de
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deuxime fut fonde en 1725, par lord Denvent-Water ; elle se runissait chez Hure, traiteur anglais, dans la rue des Boucheries, faubourg Saint-Honor. (F.*. Clave, Hist. pittoresque, p. 108.) Ici encore nous relevons des divergences entre les faits et les dates donns par deux auteurs F.-M.\
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l'Ordre du Temple (Papus). Ce qui lui valut le nom de rite templier. Les membres les plus minents sont anims du dosir de venger Jacobus Burgundus Molay et ses compagnons de l'assassinat dont ils ont t victimes de la part de deux puissances tyranniques : la Royaut et la Papaut (Papus). Les adeptes du Chapitre taient peu nombreux, mais instruits et disciplins. Leur suprme habilet fut de fusionner avec le GrandOrient de France, qui reprsentait le nombre, et de le diriger dans un sens nettement rvolutionnaire. Il nous faut encore signaler d'une faon particulire Yllluminisme issu, luiaussi, du systme cossais, et qui eut une telle action sur la Rvolution franaise. Le baron de Hundt fut le crateur de cette haute maonnerie en Allemagne, mais son vritable organisateur devait tre le fameux Weishaupt, professeur canonique l'Universit d'Ingolstadt, un des plus profonds conspirateurs qui aient jamais exist. (Louis Blanc, Histoire de la Rvolution franaise, t. II, p. 73.) coutons Louis Blanc nous tracer grands traits, mais de main de matre, le plan gigantesque et infernal de cet homme : Par le seul attrait du mystre, par la seule puissance de l'association, soumettre aune mme volont et animer d'un mme souille des milliers d'hommes pris dans chaque partie du monde, mais d'abord en Allemagne et en France; faire de ces hommes, au moyen d'une ducation lente et gradue, des
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tres entirement nouveaux ; les rendre obissants jusqu'au dlire, jusqu' la mort, des chefs invisibles et ignors ; avec une lgion pareille, peser secrtement sur les curs, envelopper les souverains, diriger leur insu les gouvernements et mener l'Europe ce point que toute superstition (lisez catholicisme) fut anantie, toute monarchie abattue, tout privilge de naissance dclar injuste, le droit mme de proprit aboli... Weishaupt lui-mme le dclarait : Le grand art de rendre infaillible une rvolution quelconque, c'est d'clairer le peuple, c'est--dire d'amener insensiblement l'opinion publique dsirer, vouloir, exiger les changements qui sont l'objet de la rvolution voulue. C'est rilluminisme, nous l'avons vu, qui donna Saint-Germain et Cagliostro leur mission travers l'Europe. Ils contriburent ainsi Illuminiser les Loges maonniques, c'est--dire mettre ces dernires, composes de la foule des maons ignorants, dans la main, sous la direction absolue des arrires-Loges d'initis. C'est encore rilluminisme qui avait inspir Cagliostro sa fameuse devise L. D. P., Lilia destrue pedibus, arcane des no-Templiers, sentence prononce depuis prs de cinq sicles contre les hritiers de Philippe le Bel.
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Priode d'excution
partir du convent de Wilhemsbad (16 juillet 1782), nous entrons dans la priode d'excution. La F.-M.\ sort de ce congrs mondial, qui dura six mois, enfin constitue dans son entire unit d'intention et d'action vers la Rvolution. Nous avons dj cit les impressions du comte de Virieu, qui y avait assist; il tait revenu terrifi de la conspiration qui se tramait. Mais cette unit d'action ne laissa pas que d'tre dlicate raliser. Le reprsentant de Weishaupt, cette assemble de Wilhemsbad, runion des sectes les plus varies, l'Illumin Knigge (Philon, de son nom de guerre), avait eu pour mission secrte de parvenir placer sous la dpendance absolue de l'Illuminisme les nombreuses socits occultes alors existantes, et de les fdrer en une union de tous les systmes maonniques. Son objectif fut de gagner tout d'abord les maons Templiers de la stricte observance, dont il connaissait les secrets pour avoir frquent leurs Loges. Mais ses avances, il reut pour toute rponse d'avoir u envoyer ses papiers ou de les prsenter au convent ; que Ton
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verrait ce qu'on pourrait en prendre et ce qu'il faudrait en laisser . (Derniers claircissements de Philon-Knigge, p. 83.) L-dessus, Knigge rsolut de changer de tactique, il les attaqua un un, gagna ensuite tout le corps, Loge par Loge (ibid.). Il russit au del de ses esprances; le rsultat fut que, malgr la confusion qui rgna au cours des longues dlibrations du convent, l'unit de direction des Loges maonniques resta l'Illuminisme issu, nous le rappelons, du systme cossais, c'est--dire de rite Templier. Il devint en somme l'tat-major actionnant secrtement les troupes nombreuses qui taient dj embrigades dans les Loges maonniques. A dater de l'instant o tous ces dputs maonniques furent Illumins, les progrs de la secte bavaroise deviennent menaants ; et ils sont si rapides que bientt l'univers sera rempli de conjurs. Leur centre dsormais est Francfort, auprs de Knigge... Autour de lui, bientt les Loges se multiplient... (Cit par Barruel, t. IV, d'aprs les crits originaux de Weishaupt.) En 1 7 8 6 , au convent de Francfort, les excutions sont rsolues : Le meurtre du roi de Sude et de Louis XVI y furent dcrts. MM. de Raymond et de Bouligney revinrent consterns, en promettant de ne plus jamais remettre les pieds dans une Loge. (Lettre de S. Em. le cardinal Mathieu, archevque de Besanon,
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M. Robinet de Clry, le 7 aot 1875, cite dans la Fr.- M.\ dmasque, janvier 1897.) A quelque temps de l, a les empereurs Joseph II (1790) et Lopold (1792), qui avaient pntr les secrets des Illumins, furent victimes de YAqua Tqffana* (Des Socits secrtes en Allemagne, de la secte des Illumins. Anonyme. Paris, Gide, 1819.) \ II n'entre pas dans notre plan de raconter, mme grands traits, les principaux vnements de la Rvolution, les meutes, les incendies clatant de toutes parts, la panique universelle, le carnage, la Terreur, en un mot, cette grande Peur qui rgna en matresse sur la France. Notre rle se borne seulement montrer que cet lan irrsistible avait t prpar de longue main.
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1. L'empereur prit bientt victime des ennemis jurs des rois ; Lopold ne tarda pas le suivre. Le valet de chambre de l'empereur, souponn d'avoir empoisonn son matre et Lopold, a fait dans ses interrogatoires l'aveu de ces deux crimes et a dclar en avoir reu le salaire du duc d'Orlans. (Voyez le Journal des Jacobins cette poque, article Correspondance. Tombeau de J. Molay p. 66). 1. Sur la Grande Peur, consulter Mdrie-ntoinette et le Complot mar. par Louis Dast, p. 3o4 et 5.
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Profanations prdites
En 1789, parut une brochure anonyme, que l'on attribue au marquis de Luchet : Essai sur la secte des Illumins. Les travaux, les preuves, les serments des adeptes de Tllluminisme y sont dcrits ; et aprs avoir numr les diverses sectes secrtes existant depuis le XVII sicle, M. de Luchet fait des rvlations vritablement prophtiques : Tous, crit-il, se croient appels faire une Rvolution, tous la prparent,.. Que de maux prviendrait celui qui l'toufferait (la secte des Illumins) au berceau. 0 mes concitoyens, s'crie-t-il dans sa prface, croyez que nous ne rpandons pas de fausses alarmes ; nous avons crit avec un assez grand courage, et nous sommes loin d'avoir tout dit..., il s'agit bien d'gards, de mnagements et de politesses avec des hommes de fer, qui, le poignard la main, marquent leurs victimes... Et plus loin, aprs avoir donn le texte des horribles serments imposs aux conjurs, il ajoute : u Les mystres se clbrent aujourd'hui dans des lieux retirs et presque inconnus ; dans vingt ans, ils se clbreront dans les temples (catholiques). Quatre ans plus tard, une prostitue, reprsene
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tant la desse Raison, trnait sur l'autel de NotreDame 1 Mieux encore, tait-ce donc par une sorte d'inspiration prophtique, que le P. Beauregard, lui aussi, annonait treize ans l'avance, du haut de la chaire de Notre-Dame de Paris, l'explosion rvolutionnaire, et en dcrivait une des scnes les plus honteuses et les plus sacrilges? N'tait-ce pas l plutt la simple divulgation d'une confidence qu'il avait reue d'un Initi ?
1
Oui, c'est au Roi, s'criait-il, au Roi et la Religion que les philosophes en veulent ; la hache et le marteau sont dans leurs mains ; ils n'attendent que l'instant favorable pour renverser le trne et l'autel 1 Oui, vos temples, Seigneur, seront dpouills et dtruits, vos ftes abolies, votre nom blasphm, votre culte proscrit ! Mais, qu'entends-je, grand Dieu ! que vois-je I Aux cantiques inspirs qui faisaient retentir ces votes sacres en votre honneur, succdent des chants lubriques et profanes ! Et toi, divinit infme du Paganisme, impudique Vnus, tu viens ici mme prendre audai. Au convent de i883, le F.'. Blatin dclarait de mme : Dans les glises leves de toutes parts, depuis des sicles, aux superstitions religieuses et aux suprmaties sacerdotales, nous serons peuttre autoriss notre tour prcher nos doctrines ; au lieu des psalmodies clricales qui rsonnent encore, ce sont les maillets, les batteries et les acclamations de notre ordre qui en feront retentir les larges piliers I Tel est le sort rserv par les F F / , nos glises : profanation ou dmolition
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cieusement la place du Dieu vivant, t'asseoir sur le trne du Saint des Saints et y recevoir l'encens coupable de tes nouveaux adorateurs ! Le culte infme de la desse Raison Notre-Dame, annonc et dcrit treize annes auparavant ; voil qui branle singulirement la lgende de la spontanit et de l'anarchie rvolutionnaires. Cette puissance mystrieuse, ce plan combin, cette consigne secrte, ce langage convenu, cette effervescence subite, ces signes et mots de passe que les historiens commencent timidement reconnatre, dont ils signalent vaguement l'existence travers ces vnements, tous ces faits dconcertants au premier abord, appelons-les donc de leur vrai nom : c'taient les volonts secrtes des arrire-Loges, les ordres dicts par elles qui s'excutaient.
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Plan de Duport
coutons M. de Molleville, ministre de Louis XVI; il nous prouvera, une fois de plus, que tous les crimes avaient t prmdits, notamment dans le comit de propagande de la Loge les Amis Runis, en juin 1 7 8 9 . ...Aprs de longues discussions sur ce mmoire (d'Adrien Duport), Lafayette... prit la parole et dit Duport : u Voil sans doute un trs grand plan ; mais quels sont les moyens d'excution ? En connaissez-vous qui soient capables de vaincre toutes les rsistances auxquelles il faut s'attendre ? Vous n'en indiquez aucun. Il est vrai que je n'en ai point encore parl, rpondit Duport, en poussant un profond soupir ; j'y ai beaucoup rflchi... j'en connais de srs... ; mais ils sont d'une nature telle, que je frmis moi-mme d'y penser... Ce n'est que par les moyens de terreur qu'on parvient se mettre la tte d'une rvolution... Il faut donc, quelque rpugnance que nous y ayons tous, se rsigner au sacrifice de quelques personnes marquantes. Il fit pressentir que Foulon devait tre la premire victime... M. Berthier est gnralement dtest; on ne peut empcher qu'il ne soit massacr 1...
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Des instructions conformes ce plan furent donnes aux principaux agents du comit des insurrections, qui tait dj organis ; l'excution suivit de prs : le massacre de MM. de Launay, de Flesselles, Foulon et Berthier, et leurs ttes promenes au bout d'une pique furent les premiers effets de cette conspiration philanthropique ! Marmontel avait connu ce plan par Chamfort, qui le tenait lui-mme de Mirabeau. Il crit dans ses Mmoires : L'argent surtout et l'espoir du pillage sont tout puissants parmi ce peuple. Nous venons d'en faire l'essai au faubourg Saint-Antoine et Ton ne saurait croire combien peu il en a cot au duc d'Orlans pour faire saccager la manufacture de cet honnte Rveillon, qui, dans ce mme peuple, fait subsister cent familles. Mirabeau soutient plaisamment qu'avec un millier de louis on peut faire une sdition. On voyait des gens exciter le tumulte et mme distribuer de l'argent , et Duport serait, d'aprs Louis Blanc, l'organisateur des massacres de Paris et des extraordinaires paniques qui se rpandirent simultanment d'un bout du territoire l'autre, affolant, terrifiant les populations : Les brigands, disait-on, arrivent, ils pillent les demeures, incendient les rcoltes, gorgent les femmes et les enfants... (Les Brigands, Funck-Brentano.)
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Les Brigands
Le jour de F insurrection gnrale est fix aulU juillet 1789... Paris est hriss de haches, de baonnettes et de piques ; la Bastille est tombe ; les courriers qui en portent la nouvelle aux provinces, reviennent en disant que partout ils ont vu les villages et les villes en insurrection ; que sur toute la route les cris de libert et d'galit retentissent, tout comme auprs des Frres de la capitale. En ce jour, il n'est plus de Loges, plus d'antres maonniques. Vous ne trouverez plus les vrais adeptes qu'aux sections, aux htels de ville et aux Comits rvolutionnaires. Gomme ils ont domin aux Assembles lectorales, ils dominent l'Assemble dite nationale. Leurs brigands ont essay leurs forces ; les barrires dans Paris sont brles ; en province, les chteaux sont incendis, le redoutable jeu des lanternes a commenc ; des ttes ont t portes sur des piques ; le monarque a t assig dans son chteau ; ses gardes ont t immols... Abrgeons le souvenir de ces horreurs ; mais revenons la main qui en conduit la chane et qui les organise. L'art des correspondances a fait sortir les Frres de leurs Loges ; et la France a offert le spectacle d'un million de furies, au mme jour poussant partout les
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mmes cris, exerant partout les mmes ravages. Quels hommes ont prsid ces premiers dsastres? Mirabeau, Barnave, Chapelier, Glezen,Ption, etc., qui ont fix l'avance l'instant et le mode de l'insurrection . Ds juin 1788, ils avaient envoy leurs instructions jusqu'aux extrmits du territoire. Tous les vnrables furent avertis d'en accuser rception, de joindre leur rponse le serment d'excuter fidlement et ponctuellement tous les ordres qui arriveraient par la mme voie. Ceux qui hsitaient taient menacs de Yqua Tophana et des poignards qui attendent les tratres. (Circulaire du Comit central du Grand-Orient, juin 1788. V. Barruel, t. II, p. 3a6, et d'Estampes, La F. Mr. et la Rvolution, p. 198.)
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Les chefs peuvent maintenant sortir de leurs antres et pour tout diriger s'installer dans un couvent, dans une glise, aux Jacobins, qui va devenir le lieu de rendezvous des adeptes avancs des Loges, le centre choisi par les brigands. Les brigands, terme infamant qui doit rester la marque, la caractristique des hommes de 1793. En effet, confirme Barruel, Brissot, la tte des Girondins, prsident de la Commission extraordinaire constitue au sein de l'Assemble nationale, Brissot initi tous les mystres du club d'Holbach, complo1 . Barruel, tome V.
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tait depuis plus d'une anne en secret ( 1 7 9 0 ) le dchanement suprme. Mais toutes ses vises tendaient faire accrditer la lgende d'un mouvement national et spontan, d'une Rvolution voulue, sollicite par le peuple. Contrairement ses dsirs, les missaires envoys par lui dans les provinces, lui rapportrent que le pays tait rest profondment attach son Roi. La grande majorit de l'Assemble semblait penser comme le pays. Alors, il n'hsita plus ; il appela lui les brigands que la Rvolution avait runis Brest et dans le Midi (ces derniers portaient le nom de Marseillais), et d'accord avec les chefs des Jacobins, il activa le mouvement insurrectionnel et dchana l'meute, avec son cortge d'infamies, d'horreurs, de scnes de cannibalisme. Le lieu de runion des complices tait tantt chez Robespierre, tantt l'auberge du Soleil d'Or, prs de la Bastille Marat, et Prudhomme, et Millin, et tous les journalistes du parti ajoutent chaque jour aux calomnies contre Louis et son pouse. Alexandre et Chabot soufflent la rage aux faubourgs Saint-Antoine et SaintMarceau. Philippe d'Orlans les sert tous de son argent et de son parti, parce qu'il espre se servir de tous pour monter sur le trne, aprs en avoir prcipit Louis XVI... ! (Barruel, t. V, p. 1 4 8 . )
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Les s i g n e s m a o n n i q u e s
Dans tout moment d'meute, ajoute Barruel, soit l'Htel de Ville, soit aux Carmes, les vrais signes de ralliement, le vrai moyen de fraterniser avec les brigands taient les signes maonniques! Dans l'instant des massacres mme, les bourreaux tendaient la main en Francs-Maons ceux des simples spectateurs qui les approchaient. Ils les accueillaient ou bien les repoussaient suivant qu'ils les trouvaient experts ou ignorants dans la rponse. J'ai vu un homme du bas peuple qui m'a lui-mme rpt la manire maonnique dont les bourreaux lui prsentaient la main, et qui fut repouss par eux avec mpris parce qu'il ne savait pas rpondre, tandis que d'autres plus instruits taient au mme signe accueillis d'un sourire au milieu du carnage. J'ai vu mme un abb que ce signe maonnique sauva des brigands l'Htel de Ville (t. V). Et une fois leur journe finie, o allaient ces hommes de carnage et de sang soudoys pour accomplir un tel ouvrage ? Mais chez Mirabeau, Chapelier ou Barnave, l'ordinaire. Ainsi ces lgislateurs donnaient audience et dictaient chaque jour leur consigne ces
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monstres, aux brigands. Les bourreaux recruts dans les faubourgs et dans les carrires, pays , enivrs par Necker et par Philippe-galit qui y puisa ses cof4
x. Mais ce qui ajoute rellement l'horreur des massacres, c'est que les excuteurs aillent, les jours suivants, toucher la caisse du Comit de Surveillance de la Commune le salaire qui leur fut promis ; et, comme pour braver cette ignominie, les ordonnateurs du paiement en garderont les preuves. On trouvera longtemps aprs, dans le dpt de la comptabilit du Conseil de la Commune, des bons signs : Tallien, Mhe. Une nouvelle preuve que ces massacres furent organiss et qu'ils ne furent point le pur ouvrage du hasard et de la circonstance, comme l'ont prtendu leurs apologistes, c'est que les mmes formes de jugement, et jusqu'aux mmes termes, furent employs dans toutes les prisons, c'est qu'on se servit dans toutes du mot drisoire d'largissement pour en faire un signal de mort. (Montgaillard, Hist. de France, t. III, p. 208 et suiv. Cit dans la Nvrose rvolutionnaire des D" Cabanes et Nass, p. 73.) Les bourreaux n'ont donc fait qu'excuter les ordres qu'ils avaient reus. Sur les massacres de septembre et la comdie de Valmy, lire :
Valmy, les diamants de la couronne de France et les dpouilles des victimes des 2 et 3 septembre, ranon de la Rpublique, par Lon
Pages, in -12, Paris, 1878. 2. Il parat avr aujourd'hui que les septembriseurs taient ivres ; auraient-ils pu accomplir sans cela leur tche sanglante ? Nous ne citerons, l'appui de notre dire, que deux tmoignages, mais il ne serait pas malais d'en recueillir d'autres : a Une centaine de sicaires altrs de sang, ivres de rage, de v i n , de liqueurs fortes mlanges d'une drogue particulire qui rendait furieux, arms de sabres, de haches, de piques, de pistolets et de baonnettes, se runissent au son du chant marseillais et demandent, aux cris de Vive la nation ! qu'on leur livre tous les conspirateurs. (Montgaillard, Hist. de France, t. III, p. 190. Cit dans
la Nvrose rvolutionnaire.)
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fres : voil qui est fantastique, et pourtant rien n'est plus vrai. Philippe d'Orlans croyait saisir les rnes de l'tat aprs la mort du roi. Il et peut-tre russi, mais les Initis se divisrent, la perte des Bourbons jure par les Templiers, ne lui permettait de gouverner qu'en perdant son nom ; il crut qu'il suffirait d'y renoncer. Il renia son pre la tribune des Jacobins, il protesta que sa mre... Il supplia humblement qu'on lui tt son nom et il prit celui d'galit*. Mais Robespierre avait dj un parti et d'Orlans, mpris mme
lever les bras, quoiqu'ils ne cessassent de boire de l'eau-de-vie dans laquelle Manuel, procureur gnral de la Commune, avait fait mettre de la poudre canon pour entretenir leur fureur, s'assirent en rond sur les cadavres et reprirent haleine. Une femme, portant u n panier de petits pains, vint passer ; ils les lui prirent et les mangrent en trempant chaque morceau dans les plaies de leurs victimes palpitantes. Ici la plume tombe des mains. (HisU des vnements, 1 7 9 3 , par M. de la Varenne, p. 4oo. Cit dans la
Nvrose rvolutionnaire.)
1. On lit sur le registre des dlibrations de la Commune de Paris, la date du i5 septembre 1792 : Sur la demande de LouisPhilippe-Joseph, prince franais, le Conseil gnral arrte : Louis-Philippe-Joseph et sa postrit porteront dsormais pour nom de famille galit. Ce prince avait aussi enlev les fleurs de lis de son cusson, ce qui lui valut cette pigramme : Un ci-devant prince de Gaule, Mais qui n'est qu'un franc polisson, Fait ter de son cusson Ce qui lui manque sur l'paule. Allusion la marque fleur de lis qu'on imprimait au fer rouge sur l'paule de certains condamns. (Cit dans la Nvrose rvolutionnaire, p. 347.)
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de ses complices, fut sacrifi . (Tombeau de Jacques Molay, p. 6 4 . Voir aussi Turquan, Madame de Montesson, p. 65.) L'auteur anonyme des Socits secrtes en Allemagne (1819) avait donc bien raison d'crire : Pour trouver la cl des rvolutions, depuis le supplice de Charles I jusqu' celui de Louis XVI, il faut toujours en revenir cette secte intraitable. Le bonnet rouge que nous avons vu en 1793 devenir l'emblme des Jacobins, fut l'ornement des Indpendants britanniques lorsque Cromwell s'leva au pouvoir. Sans aller plus loin, n estil pas singulier qu'au plus fort de notre Rvolution les premiers rles fussent remplis par les Pache, les Marat, les Clootz, les Lazowski, les Buonarotti, les Miranda, tous Illumins suisses, allemands, polonais, italiens,
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espagnols (p. 1 7 9 ) ! . . .
u Jamais les Illumins ne s'taient vus si puissants ; ils disposaient en 1793 de la hache du bourreau. Le gnie, la valeur, les vertus, tout passa sous le fatal niveau de la guillotine... Rien ne fut pargn : on vit disparatre sous la faux des Illumins triomphants tout ce qu'il y avait de majestueux et de sublime, il ne resta que la bande noire (p. 180).
3. Ce misrable me donne mal au cur , s'cria un soir Danton, aprs l'avoir entendu (Turquan, id. p. 66).
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CHAPITRE
Mais si Ton examine de prs les faits mme de la Rvolution, on voit qu'ils portent leur estampille templire et qu'ils viennent ainsi plaider en faveur de notre thse. Le nom de Jacobin vient de Jacobus Molay, et non comme on le croit communment de l'glise des religieux jacobins, lieu de runion que la secte occulte de la Maonnerie dut, raison mme de la concidence nominale, choisir de prfrence tout autre. Ces conspirateurs avaient antrieurement fond rue Platrire une loge Jean-Jacgues-Rousseau, dans la maison du publiciste fameux dont le parti de Robespierre devait raliser les thories. Lors de l'inauguration de cette fameuse loge, le jacobinisme tait dj nomm de longue date. Mais la connaissance de cette dnomination
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trop significative tait rserve aux seuls matres. (Guaita, p. 3 n ) . Cadet de Gassicourt (Tombeau de J. Molay, p. 2 7 - 2 8 ) donne sur ce sujet des dtails trs intressants que nous n'avons pas la place de reproduire. u Pour nous, crit Guaita, notre but est de faire voir la fille du Temple proscrit, cette Maonnerie occulte, se dguisant, insaisissable et multiforme derrire les mille sectes d'Illumins qu'elle a su grouper autour d'elle, et prparant dans l'ombre, per fas et nejas, elle aussi, l rplique vengeresse et souveraine aux bulles de Clment V comme aux ordonnances de Philippe le Bel. et II est, insiste encore St. de Guaita, des concidences bien loquentes et dont la constatation prte singulirement rflchir, Ainsi les hritiers de Jacobus ou de Jacques Molay, les descendants et les continuateurs de ces bandits que le moyen ge a nomms les Jacques, aprs avoir fix leur rsidence dans la maison mme de Jean-Jacques (le philosophe par excellence de la Rvolution), finissent par s'tablir aux Jacobins; c'est sous le nom de Jacobinisme qu'ils exaltent et propagent leurs doctrines incendiaires. ceux que de pareils rapprochements (dj nots par liphas Lvi) font sourire de compassion, comment insinuer qu'il y a peut-tre quelque chose d'trange et de significatif dans le choix du local dsi-
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gn par les Jacobins pour recevoir le pauvre roi dchu? C'est le Luxembourg que l'Assemble nationale, vu les rparations urgentes aux Tuileries, avait attribu pour rsidence Louis XVI aprs la journe du 10 aot. Mais les Jacobins ne sauraient tolrer que le successeur de Philippe le Bel trouvt dans ce palais un asile dcent sa majest mconnue. C'est une prison qu'il faut leur vengeance; et quelle prison, le Temple, la Tour, lieu de dtention mme des anciens Templiers Cadet de Gassicourt revient encore sur tous ces rapprochements extraordinaires- a C'est par la prise de la Bastille que commena la Rvolution et les Initis la dsignrent au peuple parce qu'elle avait t la prison de Jacques Molay. Avignon fut le thtre des plus grandes atrocits parce qu'il appartenait au pape et parce qu'il renfermait les cendres du Grand-Matre. Toutes les statues des rois furent abattues, afin de faire disparatre celle de Henri IV qui couvrait la place o Jacques Molay fut excut. C'est dans cette mme place, et non ailleurs, que les Initis voulaient faire lever un colosse foulant aux pieds des couronnes et des tiares, et ce colosse n'tait que l'emblme des Templiers. Que de traits je pourrais rappeler ! Mais je me borne aux principaux faits (p. 58).
i. Temple de Satan, p. 3 i 4 .
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Enfin, empruntons Eliphas Levi, qui les narre si bien, Tune de ces anecdoctes terriblement loquentes de la Rvolution franaise. Nous sommes en 1793. Le roi est captif au Temple et l'lite du clerg franais en exil ou l'Abbaye. Le canon tonnait sur le Pont-Neuf et des criteaux menaants proclamaient la Patrie en danger. Alors des hommes inconnus organisrent le massacre. Un personnage hideux, gigantesque, longue barbe, tait partout o il y avait des prtres gorger. Tiens, leur disait-il avec unricane ment sauvage, voil pour les Albigeois et les Vaudois ! V OILA POUR LES TEMPLIERS. Voil pour la Saint-Bara thlemy. Voil pour les proscrits des Cvennes! Et il frappait avec rage, et il frappait avec le sabre, avec le couperet, avec la massue. Les armes se brisaient et se renouvelaient dans ses mains ; il tait rouge de sang de la tte aux pieds, sa barbe en tait toute colle, et il jurait avec des blasphmes pouvantables qu'il ne la laverait qu'avec du sang. <t Ce fut lui qui proposa un toast la nation Tanglique Mlle de Sombreuil. (Histoire de la magie, p.
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Nous avons vu que Louis XVI et Gustave III avaient t condamns mort en 1786 au convent de Francfort. Dj le roi de Sude tait tomb sous les coups d'un domestique de l'Illumin Ankastrom, le 16 mars 1792, au cours d'un bal masqu. Le roi de France allait bientt monter sur l'chafaud, victime lui aussi d'un honteux assassinat suivant la parole courageuse prononce par M. le baron Reille la tribune de la Chambre. Jamais en effet, la Convention ne vota la mort du roi ; nous en avons maintenant la preuve. Le baron Jean Debry, prfet du Doubs, franc-maon, conventionnel et rgicide, fut amen faire des aveux sur le jugement et la mort de Louis XVI. Son vote pesait sa conscience. J'tais parti de chez moi, disait-il, avec l'intention formelle de voter le bannissement du roi et non pas sa mort, je l'avais promis ma femme. Arriv l'Assemble, on me rappela d'un signe le serment des loges. Les menaces des tribunes achevrent de me troubler : je votai la mort. Jean Debry ajoutait d'un air mystrieux : On ne saura jamais si
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Louis XVI a t rellement condamn la majoril de cinq voix. (D'Estampes, la F. M.\ et la Rvolution, p. 2 l 3 . ) La Revue de la Rvolution a publi dans son numro de fvrier 1884 une tude fort intressante et trs fouille de M. Gustave Bord sur cette question. En ralit, la majorit de la Convention n a pas vot la mort de Louis XVI ; les sectaires qui occupaient le bureau proclamrent un rsultat qui n'tait pas rel, pour accomplir le dessein arrt depuis si longtemps dans les hautes loges. Le roi avait t irrvocablement condamn.., Francfort, en 1786 M La sance avait dur deux jours et une nuit, rendant par sa longueur aisment ralisables toutes les falsifications de vote favorables la secte. Certains dputs et supplants votrent contre tout droit; quant au compte rendu du Moniteur, il fut arrang en consquence .
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De mme, John Robison, franc-maon anglais, secrtaire de l'acadmie d'Edimbourg, publia en 1797 un livre intitul : Preuves des conspirations contre toutes les religions et tous les gouvernements de VEurope ourdies dans les assembles secrtes des Illumins et des F. M.\ J'ai vu, crit-il, se former une association
1 . De nos jours encore, le Parlement n'est, le plus souvent, que l'enregistreur des dcisions des convents ma.-.
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ayant pour but unique de dtruire jusque dans leur fondement tous les tablissements religieux, et de renverser tous les gouvernements existant en Europe. J'ai vu cette association rpandre ses systmes avec un zle si soutenu qu'elle est devenue presque irrsistible, et j'ai remarqu que les personnages qui ont le plus de part la Rvolution franaise taient membres de cette association , que leurs plans ont t conus d'aprs ses principes et excuts avec son assistance. Un personnage plus autoris encore, le comte de Haugwitz, ministre de Prusse, va, de sa haute autorit, confirmer ces faits. C'tait en 182a, au congrs de Vrone, o les souverains de l'Europe s'taient runis pour aviser aux mesures qu'il convenait de prendre contre les socits secrtes.
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1. Remarquons, u n e fois pour toutes, que les principaux rvolutionnaires sont des francs-maons : les deux Gart, Condorcet, Barnave, les trois Lameth, l'abb Sieys, Boissy d'Anglas, Pabb Grgoire, Robespierre, Volney, Rderer, l'abb Fauchet, Lafayette, duc d'Orlans, Bailly, Ghnier, dom Gerles, Ption... (Cits dans laF.-M.\ et la Rvolution, par d'Estampes, p. 199.) Le Dictionnaire d'occultisme de Desormes et Basile (p. 17a) mentionne galement : Santerrc, chef de la garde nationale, les, constituants Guillotin, Mirabeau, Le Chapelier, Gohier; les conventionnels Brissot, Cambacrs, Lazare Carnot, Carra, Danton, Camille Desmoulins, Fouch, Hbert, Lalande, Lepelletier de Saint-Fargcau, la Rvellire-Lpeaux, Mercier, Saint-Just, etc.
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et dans son Mmoire, aprs avoir rappel qu'il avait, dans sa jeunesse, occup une situation des plus importantes dans la Franc-Maonnerie, il s'exprime ainsi : J'acquis alors la ferme rsolution que le drame commenc en 1788 et 1789, la Rvolution franaise, le rgir cide avec toutes ses horreurs, non seulement y avaient t rsolus alors (dans les socits secrtes avant 1789), mais encore taient le rsultat des associations et des serments..., nous acqumes la conviction que toutes les associations maonniques, depuis la plus modeste jusqu'aux grades les plus levs, ne peuvent se proposer... que d'excuter les plans les plus criminels (d'Estampes, p. 2 1 1 ) . Voil la victime 1 s'tait cri Mirabeau en montrant Louis XVI, lors de l'ouverture des tats-Gnraux. Or, ne l'oublions pas, Mirabeau tait un haut initi qui n'ignorait rien des projets de la secte : il se bornait faire de l'information anticipe .
T . Le meurtre du 2 1 janvier est, au point de vue de'l'idaliste, l'acte de matrialisme le plus hideux, la plus honteuse profession qu'on ait jamais faite d'ingratitude et de bassesse, de roturire vilenie et d'oubli du pass. (Renan, la Monarchie constitutionnelle en France, 1 8 7 0 ) .
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La mort de Marie-Antoinette.
De mme, Marie-Antoinette, malgr son admirable attitude devant ses juges, ne pouvait chapper l'arrt secret qui avait fix son sort. M. Lentre, dans son ouvrage Captivit et mort de Marie-Antoinette (p. 2 2 0 ) , en a trouv la preuve dans un livre anglais (dont nous avons dj parl), du un espion britannique, F. Dracke, qui, journellement, tait tenu au courant des moindres faits et gestes de nos grands incorruptibles. C'est ici que se place une sance secrte du Comit de Salut public; elle eut lieu le 2 septembre, onze heures du soir, non pas dans le local ordinaire des runions, aux Tuileries, mais au domicile de Pache, maire de Paris... On y rsolut la mort de la reine, celle des Brissotins et de tous les arrts du 3i mai. Sur la reine, Gambon fit observer que Forgues disait qu'on tait en trait avec Bruxelles et Vienne et avec la Prusse cet gard, et que peut-tre on pourrait, en effrayant, mais en loignant le jugement, tirer grand parti de cet objet. Hrault, Barrre, Jean Bon, Saint-Andr et Hbert
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s'levrent en furieux contre cette proposition ; que la vie de Louis XVI remplissait ce mme objet dans tous ses points, qu'il fallait le sang de la reine pour associer le tribunal rvolutionnaire la Convention. Hbert parla d'une manire plus marquante encore. Il dit : {(.J'ai promis la tte d'Antoinette ; j'irai la couper moi-mme si on tarde me la donner. Je l'ai promise aux sans-culottes qui la demandent et sans qui vous cessez d'tre... Nous ne vivons donc que pour la vengeance ! Elle peut tre immense. En prissant, laissons nos ennemis tous les germes de leur mort ; et en France, une destruction si grande, que jamais la marque n'en prisse. Il faut les entretenir (les sansculottes) dans leur chaleur par la mort d'Antoinette et par le pillage des trsors de nos ennemis. On envoya chercher l'accusateur du tribunal rvolutionnaire pour savoir ce qu'il prtendait faire au sujet de la reine. Il dit qu'il fallait renouveler les jurs, car cinq taient rsolus la servir ; que pour le tribunal, il fallait une mesure d'insurrection pour vaincre sa peur : que lui (accusateur public) rsoudrait, avec le Comit, l'acte d'accusation comme on voudrait. Voil donc dans quel conciliabule secret fut fix le sort de la reine. Le tribunal rvolutionnaire, comme pour Louis XVI, comme pour tant d'autres nobles et innocentes victimes, n'avait plus, ds lors, qu' enre-
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gistrer le jugement arrt au cours de cette mystrieuse et sinistre sance nocturne. La vengeance des Templiers tait en partie assouvie .
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i. Mme cette poque tragique, la plaisanterie populaire ne perd pas ses droits. Les condamns emports l'chafaud dans le vis--vis de matre Sanson ou le carrosse trente-six portires sont accueillis par les lazzis suivants : Ils vont mettre la tte la fentre, jouer la main chaude, faire la bascule, essayer la cravate Capet* ternuer dans le sac, demander l heure au vasistas, passer au rasoir national (Nvrose rvolutionnaire, p. 402.)
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Mais il est un fait horrible et peu connu, croyonsnous, qui suivit immdiatement l'excution du roi. Louis XVI, pendant qu'on le liait la planche de la machine fatale, avait eu le temps et la force de s'crier : Peuple, je meurs innocent I je pardonne aux auteurs de ma mort I Je prie Dieu que mon sang ne retombe pas sur la France ! (La mort du Roi, par P. de Vaissire, p. 132.) Or, voici la scne affreuse qui, au tmoignage d'Eliphas Levi, se droula ds que la tte fut tombe dans le panier de Sanson : Aprs la mort de Louis XVI, au moment mme o il venait d'expirer sous la hache de la Rvolution, l'homme la longue barbe ce juif errant du meurtre et de la vengeance monta sur l'chafaud devant la foule pouvante ; il prit du sang royal plein ses deux mains, et le secouant sur la tte du peuple, il dit d'une voix terrible ; Peuple franais, je te baptise AU NOM DE JACQUES et de la libert! (Histoire de la Magie, p. 444-) Donc le trne aboli, on s'en prit l'autel. Les gli-
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ses fermes et dvastes ; les prtres rduits trahir leurs serments ; la desse Raison trnant sous l'emblme vivant d'une prostitue sur l'autel mtropolitain de Notre-Dame ; tous les biens ecclsiaux mis sous squestre et dnaturs : ces choses et mille autres encore ne furent que les premiers effets de la rancune jacobine! (Guaita, p. 3 1 7 . ) Le Lotus (revue thosophique) a publi en juillet 1 8 8 7 , sous la signature d'un occultiste fort connu, les lignes suivantes qui confirment bien le caractre de vengeance double exerce contre la monarchie et contre la papaut : Quelques-uns (des Templiers) chappent et crent la maonnerie active politique. Les Chapitres et les aropages poursuivent leur uvre en silence. Un jour, un cri retentit : Vengeance, Nekam, Nekam! le couteau de la guillotine s'abat, une tte couronne roule dans un panier. La moiti de la vengeance de Jacobus Burgondus Molay est accomplie. A quand le prochain coup de canon? (videmment l'attaque suprme contre la papaut, en haine de Clment V .)
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1. L'ternel Ennemi de Dieu ne se contente pas, en effet, d'avoir dpouill le Pape du pouvoir temporel ; non, il veut encore proclamer la dchance spirituelle de la' Papaut. Mais comment arriver ce rsultat? La secte a essay du mensonge, de l'hypocrisie et de V v < infiltration . De cette faon, elle comptait faire parvenir au Pontificat Suprme un prtre
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Ce complot maonnique mondial, ourdi contre le& Papes, n'est-il pas sur le point d'clater : l'Action Sociale
elle \ Elle osait prtendre la direction (disons mieux la destruction) de l'glise du Christ! Une Instruction Secrte de la Haute-Vente dit en effet : Ce que nous devons demander avant tout, ce que nous devons chercher et attendre, comme les Juifs attendent le Messie, c'est u n Pape selon nos besoins Le Pape, quel qu'il soit, ne viendra jamais aux Socits Secrtes : c'est aux Socits Secrtes faire le premier pas vers l'glise afin de les vaincre tous deux Allez la jeunesse, au sein du jeune clerg, comme au fond des c o u vents. Ce jeune clerg gouvernera un jour, il sera appel choisir le Pontife qui doit rgner, et ce Pontife, comme la plupart de ses contemporains, sera ncessairement plus ou moins imbu des principes que nous allons commencer mettre en circulation... Infiltrez le venin dans les curs choisis ; infiltrez-le petites doses et comme par hasard, dans les collges, les universits, les sminaires... tendez vos filets comme Simon, tendez-les au fond des sacristies, des sminaires et des couvents plutt qu'au fond de la mer... Vous aurez pch une rvolution en tiare et en chape, marchant avec la Croix et la bannire, u n e rvolution qui n'aura besoin que d'tre un tout petit peu aiguillonne pour mettre le feu aux quatre coins du monde. Mais voici que Pie X a dnonc la Catholicit les sataniquesembches qui lui taient tendues ; dans sa lumineuse clairvoyance,. Il acompris le terrible danger de ces infiltrations maonniques ; Il a mis notamment sur leurs gardes ces prtres vertueux, bien nots, mais crdules et faciles tromper , que visait spcialement VInstruction Secrte.
Pie X a ainsi djou la tactique diabolique des ennemis de l'glise. On comprend ds lors toute la rage et la fureur dchanes contre le saint Pontife. Puisque l'hypocrisie et le mensonge traditionnels n'ont pas eu raison de la Papaut, on usera maintenant de violence et de haine ouvertes; F,*. Nathan se dressera au Capitole en face du Vatican. Pouvoir contre Pouvoir! Ils ignorent, ces misrables suppts des Loges, que le Eoc de
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de Qubec semble le penser. Elle a rcemment rappel que le gnral et snateur italien Pelloux avait, dans une lettre publique, dnonc le chef des conjurs, le F.-. Juif Nathan, maire de Rome ; et elle ajoutait : Aprs avoir insist sur le caractre insolite, insolent, du speech officiel de Nathan, le 30 septembre 1910, premier acte du complot, ayant pour but, si le gouvernement gardait le silence, de montrer qu'il en est le complice passif le gnral crivait : a Nous sommes la veille des grandes ftes nationales, destines commmorer le cinquantenaire de la proclamation de Rome capitale de l'Italie-Une . Quand on pense que pas une parole de blme n'est venue de qui devait la dire pour les regrettables incartades qui ont tant alarm non seulement les catholiques, mais tous les hommes d'ordre, tous ceux qui ne veulent pas, ne tolreraient pas que les Factions (lisez : la Secte judaco-maonnique) se substituent au gouvernement!...
Saint-Pierre fond par Jsus-Christ est de taille rduire en poudre tous les blocs sataniques lancs contre la Pierre fondamentale de la Catholicit. Ils seront disparus jamais, que la Papaut continuera toujours clairer le monde. La Roche Tarpienne, Nathan ! n'est pas loin du Capitole ! Les larmes du saint Pontife qui, l'heure actuelle, souffre mille angoisses, retombent sur l'glise, comme une rose b i e n faisante et fertilisante. Tel le sang des martyrs, elles prsagent l'heure de Dieu une moisson magnifique.
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... Ce silence obstin et peureux ne se peut interprter autrement que comme une vritable faiblesse, un manque absolu d'nergie et de courage civique de la part du gouvernement... ... Rien de rien n'ayant t fait, le gouvernement s*est donc rendu coupable de connivence, je dirai mme de complicit, dans tout ce qui est arriv... L'Action sociale ajoute trs justement : et dans tout ce qui se prpare ! Or, ce qui se prpare, c'est un coup de force contre le Vatican, pour en expulser Pie X, ou en faire un martyr sur place, le cas chant, moins que le Pape ne quitte Rome comme Pie IX, en 18b8... La Croix de Montral cite, dans la lettre du gnral. Pelloux, un passage qui dnonce carrment la chose : Les anticlricaux et leurs amis rvent de transformer les ftes de Rome, en 1911, en une grande manifestation (contre Pie X), de manire qu'elle constituerait la fin de l'tat de choses actuel *. Enfin, dans la Croix de Paris du g mars, Gyr s'exprimait en ces termes : a Samedi dernier, notre excellent confrre de Bruxelles, le XX Sicle, publiait un document indit mettant au grand jour les projets audacieux de la secte.
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Dans un pathos grotesque et qui authentique, par sa grandiloquence boursoufle, l'origine cle ce document, le dlgu italien au Congrs international de la librepense, runi Bruxelles en aot dernier, annonait l'assemble le projet de constituer en face de SaintPierre le sige mondial de la libre-pense . Nous comptons, disait l'orateur, lever en 1 9 1 1 cette maison, ds maintenant dcrte, qui sera l'emblme de la guerre aux superstitions et aux inquisitions, et qui rappellera dignement la mmoire de la dernire victime connue, Francisco Ferrer (!) Dans ce sige, grce vos cotisations, nous abriterons Ycole laque cre selon l'ide de la A ictime des Jsuites espagnols (!); nous crerons un muse de souvenirs sacrs, propres rappeler aux prsents et aux futurs les iniquits des pontifes romains, des prtres et de toutes les catgories de leurs acolytes ; nous donnerons Y hospitalit aux confrenciers et aux propagandistes de vertu laque... Voil leur dernier projet. Evidemment, nous sommes en face d'une conspiration ayant pour but de rendre plus insupportable encore, de rendre impossible le sjour Rome du Yicaire de Jsus-Christ. Serions-nous donc sur le point d'entendre le second <( coup de canon ?...
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CONCLUSION
Ce coup d'il d'ensemble sur les vnements de la priode rvolutionnaire, envisags un point de vue spcial, qui semble effrayer la plupart des historiens, nous amne cette conclusion, celle mme de M. Talmeyr, l'issue de sa trs intressante tude (La FrancMaonnerie et la Rvolution franaise) : a Nous voyons que l'histoire de la Rvolution est faire et que nous ne la savons pas, que nous n'en savons rien. Eliphas Levi n'a pas craint de l'crire : a Le nud terrible de 9 3 est encore cach dans le sanctuaire le plus obscur des socits secrtes. Le grand arcane resta (en 1 7 9 3 ) plus inconnu que jamais. Les adeptes neutraliss (par divergences de vues) se condamnrent donc mutuellement comme tratres et se vourent les uns les autres l'exil, au suicide, au poignard et l'chafaud. > > (Dogme de la haute magie, p . 3a4.) Mais, en attendant que les derniers mystres soient
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CONCLUSION
claircis, nous nous demanderons en finissant : Qu'estce donc que la Rvolution ? C'est avant tout une hrsie, comme l'arianisme, comme le plagianisme, comme toutes les grandes hrsies ; c'est, contre l'glise du Christ, l'arme nouvelle de l'antique ennemi incarn dans un secte . Cette moderne hrsie disparatra, comme celles qui l'ont prcde, sous les foudres de l'Eglise. M. de Tocqueville s'est grandement abus lorsqu'il a vu dans la guerre la religion un simple incident de la Rvolution, un trait saillant et pourtant fugitif de sa physionomie, un produit passager des ides, des passions, des faits particuliers qui l'ont prcde et prpare, et non son gnie propre . C'est l une grave erreur. La Rvolution, uvre de la Franc-Maonnerie, perptue depuis plus d'un sicle par cette socit secrte, est essentiellement et absolument antireligieuse. M. de Maistre l'avait bien juge : La Rvolution est satanique. On ne saurait mieux dire. Dans la seconde partie de son ouvrage : VHistoire de la Rpublique (1876-1879), qui vient de paratre, M. de Marccre a eu le courage de dnoncer hautement le
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i . A notre poque, les fauteurs du mal paraissent s'tre coaliss dans u n immense effort sous l'impulsion et avec l'aide d'une socit rpandue en u n grand nombre de* lieux, la socit des
F . - . M.-. (Encyclique Hamanum genus.)
CONCLUSION
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u virus rvolutionnaire et son agent de propagation : la Franc-Maonnerie. D'o vient donc, crit-il, que notre terre de France est le thtre d'une sorte de trpidations priodiques ; et que Tordre social y est l'tat de dliquescence ? 11 y a donc dans cette nation, si bien doue pour la vie, un germe de maladie qui, pour les socits comme pour les hommes, peut tre un germe de mort? Oui ; et ce virus a un nom. Il s'appelle la Rvolution. Mais ce qu'on doit entendre par ce mot Rvolution, ce n'est pas un de ces mouvements de politique intrieure qui produisent accidentellement des modifications plus ou moins importantes dans l'tat. J'entends par Rvolution une vritable convulsion sociale, et pour dire le mot, un renversement complet de la civilisation franaise,,. un changement radical dans ce qui fait l'essence de la civilisation, c'est--dire dans les rapports de l'humanit avec Dieu mme... u La conspiration qui s'attache la civilisation chrtienne, et, en particulier la nation franaise, cette conspiration demeure pendant si longtemps secrte, a pris dans ces derniers temps son vrai nom et sa vraie figure : c'est la Franc-Maonnerie. Peuple franais, je te baptise au nom de JACQUES et de la libert La trace de ce baptme fantastique
i. M. Pierre de Vaissire, dans son livre tout rcent (avril 1910), La mort du Roi, rapporte, ausitt l'excution accomplie, la rue
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CONCLUSION
et sacrilge, accompli avec du sang royal encore chaud, suivant le rcit d'Eliphas Levi, est demeure grave au front de la France. Nouvelle Macbeth, elle en conserve, pour son malheur, les marques indlbiles. Un pacte nouveau : la conscration demande, effacera enfin ces stigmates d'infamie et notre patrie, rgnre dans les eaux d'un nouveau baptme, retrouvera, avec sa foi sculaire, les glorieuses traditions de nos pres.
de la foule vers l'chafaud afin de recueillir quelques gouttes de sang de la victime. Les uns se frottent les mains dans le sang rpandu sous l'chafaud , d'autres plongent dans la boue sanglante leurs piques et leurs sabres ; le porte-drapeau des fdrs de Marseille essuie la guillotine avec son tendard ; quelques-uns gotent ce sang et le trouvent bougrement sal ; certains s'en barbouillent le visage ! M. de Vaissire rapporte aussi le baptme de sang racont par Eliphas Lvi : Un jacobin monte sur l'chafaud, passe sa main sur la guillotine, la retire pleine de sang et en asperge la foule. Les rois, gueule-t-il, ont dit : a Si vous faites mourir votre souverain, son sang retombera sur vos ttes. Eh bien, la prdiction est accomplie 1 Du sang d'un despote nous avons soif, rplique un autre ; le sang de Capet est de Veau bnite. Et la foule bat des mains (p. i36). Horrible dlire des foules fanatises par quelques brigands initis des arrireLoges.
PILOGUE
La vocation de la France
La France a une vocation, une mission providentielle. Depuis le pacte de Tolbiac et de Reims, elle est la nation trs chrtienne, la Fille ane de l'glise, le soldat de Dieu. Au baptistre de Reims, c'est la France elle-mme qui reoit l'onction sainte faite avec le liquide mystrieux et prcieux de la Sainte-Ampoule apporte par une colombe, descendue du ciel. A Clovis, pench sur les Fonts baptismaux, saint Remy l'explique dans une exhortation prophtique : Apprenez, mon fils, que le royaume de France est prdestin par Dieu la dfense de l'glise romaine, qui est la seule vritable glise de Jsus-Christ. Ce royaume sera un jour grand entre totis les royaumes de la terre ; il embrassera toutes les limites de l'empire
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romain et soumettra tous les autres royaumes son sceptre. i7 durera jusqu' la fin des temps. Il sera victorieux et prospre tant qu il restera fidle la foi romaine, mais il sera rudement chti toutes les fois qu'il sera infidle sa vocation. Et dans son testament, que Pie X, le i3 dcembre 1908, appelait un trsor, saint Remy dveloppe la pense suivante : a A cette race royale que j'ai choisie, baptise, sacre pour rgner jusqu' la fin des temps, l'honneur de l'glise, pour la dfense des pauvres, gloire et prosprit si elle est fidle, honte et maldiction si elle ne l'est pas.
Au XV sicle, la France est rudement chtie ; mais un envoy du Ciel parat : Jeanne d'Arc, Chinon (1429), adresse au roi cette prire trange : Sire, daignez me faire un prsent ; donnez-moi le royaume de France. Le roi, surpris, rflchit un instant et accorde ce cadeau Jeanne. La Pucelle l'accepte et fait dresser l'acte de donation par les quatre secrtaires de Charles VIL Le roi en est un peu bahi, et Jeanne, en le montrant l'assistance, tient ce propos : Voil le plus pauvre chevalier de son royaume ! u Presque en mme temps, par devant les mmes notaires, elle livre au Dieu Tout-Puissant le royaume de France qu'elle venait de recevoir en don.
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Puis au bout d'un instant, obissant un ordre de Dieu, elle investit le roi Charles da royaume de France, et, de tout cela, elle fait dresser un acte solennel . La Bienheureuse venait de renouveler l'alliance du Christ et de la Patrie Franaise conclue Reims. Dieu tait proclam le vrai Roi de France ; Charles VII n'en tait plus que le lieutenant.
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Jeanne d'Arc, inspire, avait distingu que la honte et la maldiction abattues sur la France taient le rsultat de son infidlit. Je ne sais, disait-elle le 17 mars i43r, si Dieu hassait les Franais, je crois plutt que Dieu voulait les faire battre pour leurs pchs, s'il y taient.
Mais voici Louis XIV dans tout l'clat de sa puissance : apoge de nos gloires, hlas ! aussi, dbuts de nos dcadences, aurore du philosophisme et de toutes les hrsies modernes. Le Roi du Ciel et de la France rappelle encore son Fils an le pacte de Reims ; Il veut le soustraire l'abme de perdition ! Fais savoir au fils an de mon Sacr-Cur (parlant de notre roi, Louis XIV) que, comme sa naissance temporelle a t obtenue par la dvotion aux mrites de ma sainte Enfance, de mme il obtiendra sa naissance de grce et
i. Jeanne d'Arc et la Monarchie, par l'abb Vial, p. i55.
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de gloire ternelle, par la conscration qu'il fera de luimme mon Cur adorable, qui veut triompher du sien, et par son entremise, de celui des grands de la terre. Il veut rgner dans son palais, tre peint dans ses tendards et grav dans ses armes, pour les rendre victorieuses de tous ses ennemis, en abattant ses pieds ces ttes orgueilleuses et superbes, pour le rendre triomphant de tous les ennemis de la sainte glise. Hlas ! Louis XIV mourut sans avoir rpondu l'appel divin I Mais, aprs saint Remy, le Sacr-Cur l'avait rappel encore au monde : La France a une mission providentielle remplir et elle sera grande travers les temps, en proportion de sa fidlit observer le pacte divin. Les Papes ont reconnu cette vocation de notre Patrie : Pelage II, saint Etienne, Innocent III, Grgoire IX en particulier l'ont proclame. Ce dernier crivait saint Louis : Le Rdempteur a choisi le royaume de France comme l'excuteur de ses divines voloms. Et Lon XIII rappelait dans la lettre Nobilissima Gallorum gens que. les Francs ont toujours t u les aides de la Providence elle-mme , gesta Dei per Francos. Nous n'avons donc pas le droit de douter de la prdestination de notre pays, et de nous laisser aller pleurer les bras croiss, comme des lches, sur sa fin prochaine.
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D'ailleurs, la Bienheureuse Jeanne d'Arc elle-mme nous incite l'esprance, nous provoque l'action. En effet, dans la revue 0 Salularis (n de juillet 1903) M. le Chanoine Coub nous indiquait magnifiquement - au tmoignage de Jeanne les raisons, les certitudes que nous avons de ne pas dsesprer de la France. Jeanne d'Arc, crivait-il, a fait des prophties qui ont toutes t ralises. Or, Jeanne a prdit que la France accomplirait un jour pour le salut de la chrtient un exploit grandiose qui dpasserait tout ce que l'univers a vu jusqu'ici. Le monde sera donc un jour le tmoin de cette entreprise merveilleuse qui surpassera les Croisades et Lpante. Et pour l'accomplir, il faut bien que la France se relve et reprenne sa noble pe de Dieu ! Notre Patrie tient de son baptme miraculeux, du pacte de Reims, une nature d'aptre. Elle a jadis entran les peuples aux Lieux-Saints, elle a cras ou combattu toutes les hrsies. Depuis deux cents ans, hlas J son besoin d'apostolat s'exerce eh vue de la propagation de Terreur, de l'irrligion, de la haine sectaire, du scandale clatant, de l'athisme universel, en un mot de la Rvolution maonnique, dont elle est le foyer mondial. En s'cartant de ses voies prdestines, elle court, elle se prcipite l'abme. La France se dissout ,
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entendons-nous proclamer, la France meurt de son rgime abject . ce Cela sent le pourri ! Le P. Lacordaire, embrassant de son regard d'aigle la carrire merveilleuse de notre Patrie depuis son berceau, a prononc cette phrase profonde et si vraie, effrayante prdiction, commentaire du discours de saint Remy : Si l'vangile et la patrie se sparaient enfin, c'en serait fait de nous, parce que c'en serait fait de notre caractre national. La France ne serait plus qu'un lion mort et on la tranerait, la corde au cou, aux gmonies de l'histoire. Les vnements contemporains, le spectacle de notre dchance actuelle confirment d'une faon remarquable le testament de saint Remy. Les penseurs n'ont pas manqu d'tre frapps par cette concordance tonnante de notre grandeur dans la foi et de notre dcadence dans l'apostasie. Dieu protge la France quand elle est fidle, mais II l'abandonne, Il n'aime plus les Francs , Il retire son bras protecteur, lorsque ses fils de prdilection le renient, effacent son image et son nom de partout, jusque sur les pices de monnaie ! Dans les Considrations sur la France, J. de Maistre le constatait son tour : Chaque nation, comme chaque individu, a une mission qu'elle doit remplir... Le chtiment des Franais sort de toutes les rgles ordinaires, et la protection accorde la France en sort aussi ; mais
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ces deux prodiges runis se multiplient l'un par l'autre et prsentent un des spectacles les plus tonnants que l'il humain ait jamais contempls. Cependant, malgr l'apostasie nationale, la France catholique n'est pas morte; une sve surnaturelle monte en elle, obscurment peut-tre encore, mais rellement. Nous fondons, disait Lon XIII, en 1879, sur ces mrites et ces vertus (de la vie catholique franaise) nos plus belles esprances pour l'avenir de votre nation, le bon Dieu n'abandonnera pas un peuple qui ne se lasse pas de donner au monde de si clatants tmoignages de fidlit son glise. Et, le 18 avril 1893, le mme Pontife disait : Oui, nous aimons la France et nous avons la confiance, qu'avec l'aide de Dieu, elle continuera justifier son beau titre de Fille ane de l'glise. La Rvolution a-t-on dit qui a commenc par la proclamation des droits de l'homme ne finira que par la proclamation des droits de Dieu ! Or, c'est la France que le Sacr-Cur s'est adress k maintes reprises pour lui demander de proclamer ses droits en se consacrant Lui. Il y rgnera malgr Satan et ses suppts, dchans sous nos yeux. A ce prix seulement, notre patrie sera victorieuse de tous ses ennemis. Quel chrtien hsiterait donc reconnatre cette mission providentielle de la France ?
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C'est au peuple qui a propag travers le monde les droits de l'homme, qu'il appartient de rparer le mal caus par lui. Rentrant dans ses voies traditionnelles, redevenue l'aptre de l'Idal et de la Vrit, la France devra de nouveau, comme Reims, brler ce qu'elle a ador, adorer ce qu'elle a brl , et cela, solennellement, la face du monde entier, qu'elle illuminera de sa lumire, a abattant ses pieds ces ttes orgueilleuses et superbes, rendue triomphante de tous les ennemis de la sainte glise . Grande entre toutes les nations, aptre des Droits de Dieu, telle est la vocation de la France : les promesses divines sont imprescriptibles !
Prface CHAPITRE I
sicle
L'Encyclopdie. La supression des Jsuites. Infiltrations et libelles impies CHAPITRE II M y s t r i e u x agents Le comte de Saint-Germain. Cagliostro. L'initiation de Gagliostro. Le trsor de guerre de la Rvolution CHAPITRE III Coup d'il en arrire Hypothse de l'origine templire. Venger les Templiers. Leur culpabilit
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CHAPITRE IV
g5
LIGUG
(Vienne). Imp. E.
AUBIN.
PARIS (VI )
LE PLAN
en
DE LA
France
FRANC-MAONNERIE
et
ou
en
Italie
parait
avec
C'est pour nous un cauchemar que cette Franc-maonnerie. Elle est partout, mais toujours cache. C'est l'envers de la chevalerie. Rien de franc dans son action. Ses hommes, elle les cache ; son programme, elle le trace dans le mystre. Qu'ont-ils au cur, ces gens ? Rien que des passions, des cupidits et des haines. Si leur programme tait noble et juste, ils ne le cacheraient pas. C'est un syndicat d'exploiteurs, puisqu'ils veulent pour eux seuls les emplois honorifiques et les places lucratives. Ils ont un espionnage organis pour dconsidrer et carter tout ce qui n'est pas de la secte. Eh bien 1 une nation chevaleresque et fire comme la France ne peut pas supporter ce joug infamant. Dites-nous vos noms et nous saurons ce que vous valez. Publiez votre programme et nous le discuterons. Vous ne voulez pas ? Eh bien 1 nous le ferons pour vous, et c'est bien commenc. La ligue antimaonnique vient de lever vos masques et de publier trente mille de vos noms, votre grand bahissement. M. Dehon nous rvle votre plan, vos ides mres. Il a fouill vos publications, il a tudi vos livres et vos discours. Tout ce qui est honnte vous gne, cela se comprend, surtout la religion, la libert, la famille. Il y a chez vous beaucoup de badauds qui ne vous suivent que par intrt, mais il y a une inspiration suprme, bien plus haineuse et impie. Tout cela est connatre.
EN ITALIE
Avant d'engager un combat, on lance les claireurs. Il faut savoir o sont les ennemis, combien ils sont et o sont leurs batteries. Eh bien 1 nos claireurs ont fait leur besogne. Il nous renseignent. Sachons les couter et profiter de leur travail. La brochure sur le Plan de la Franc-maonnerie est dfinitive. Tout le programme y est. Tous ceux qui souffrent du joug sectaire doivent lire ces pages pour savoir o porter la dfense. Ce petit volume a dj eu l'honneur d'une discussion au Snat, c'est qu'il en vaut la peine. Il a reu l'imprimatur de Rome, cela donne du poids ses affirmations.
CONTENANT
36,000
NOMS
DE
FRANCS-MAONS
le
AU
1908
RPERTOIRE noms
DCEMBRE
MAONNIQUE
1909)
2
n'existe que broch en magasin.