Abu Madyan Chuaib

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Sid Ab Madyan Chuayb al-Maghrib

Biographie

SLIMANE REZKI

Sid Ab Madyan Chuayb al-Maghrib


Biographie

SLIMANE REZKI

Juin 2012, Tabernacle des Lumires 1

Sid Ab Madyan Chuayb al-Maghrib 510 H 590 H

Cest le ple des ples, le matre des matres, le clbre connaissant et le grand sauveur (ghawth), sidi Shuayb ibn al-Hussein al-Anr al-Andalus, plus connu sous le nom dAb Madyan al-Maghrib, quAllah sanctifie son secret et lagre au sein de Son noble paradis. Il naquit en Andalousie dans la forteresse de Kantiliana une trentaine de kilomtres de Sville sur la route de Cordoue au dbut du sixime sicle de lHgire. Les dates de sa naissance et de sa mort font lobjet de divergences, Ibnu Imd nous dit quil mourut en 590, prs de quatre vingt ans ce qui nous permet dvaluer sa naissance en lan 510. Limm al Manw dit quil mourut au court des dix annes suivant lan 580 H lge denviron quatre vingt ans Tlemcen. Il fut berger puis pcheur Ceuta et se rendit Fs pour y tudier les diverses disciplines scientifiques islamiques. Certains gnalogistes font remonter sa famille aux Anars de Mdine. Des sources gyptiennes lui accordent une ligne prophtique par limm Hussein. Limm Sharn crit propos de sa descendance et dit quil eut un fils nomm Madyan qui fut inhum en Egypte et dont le mausole est un lieu de visite pieuse. Nabuls dit lui que son fils, Madyan, vint sinstaller en Egypte lanne de la mort de son pre. Sa fille Fatima serait la mre du clbre mystique de Tanta sidi Ahmed al-Badaw toujours selon les registres gyptien dtenus par les descendants actuels du Matre. Certains avancent lanne 594 pour son dcs, ce qui est sr, cest quil vcut jusque dans les dix dernires annes du sixime sicle de lhgire. Les chanes de transmission : Sidi Ab Madyan al-Ghawth reut plusieurs transmissions dont : Le Sheikh Ibn Harazim de qui il reut la science, lducation et la guidance initiatique. Le Sheikh Ab Yaza quil accompagna et par qui il fut duqu. Le Sheikh Abd al-Qdir al-Jiln qui lui transmis oralement un dhikr particulier et lautorisa duquer et guider les gens. Ab Madyan Shuayb (m. 1198) est une source initiatique majeure pour le soufisme maghrbin. Lui-mme se situe au carrefour de diffrentes influences dont il a su faire la synthse. Andalou d'origine, il est redevable de l'cole d'Almria, reprsente par des matres tels qu'Ibn Barrajn et Ibn al-Arf al-Sanhaj son fondateur. Il est galement reli au soufisme oriental, et notamment l'imam al-Ghazl, par l'un de ses matres marocains, Ibn Hirzihim ("Sidi Harazem").
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Tout en tant berger, il apprit le Coran et les sciences religieuses en Andalousie. Pour parfaire sa formation, il se rendit Marrakech puis Fs au Maroc en dbarquant Tanger. Il trouva ce quil cherchait en frquentant, dans un premier temps, les savants du cru local tels les juristes, les asctes, les gens du dhikr et les intellectuels. Puis, nous dit-il : Je ne trouvais aucun matre en qui mon cur pouvait se remettre en toute quitude. Quand je recherchais ce matre, on morienta vers sidi Ab al-Hassan ibn Harazim . Celui-ci fut son premier matre dans la voie spirituelle, il lduqua, lenseigna et lui fit apprendre les traditions rapportes par Tirmidh. Il lui explique la Risala de limm al-Muhasib en matire de soufisme. Son deuxime matre fut Ab Yaza al-Maghrib propos duquel le Sheikh Sharn dit dans ses Tabaqt : Cest entre ses mains que sidi Ab Madyan parfit son ducation. De nombreux matres furent forms par ses soins . Ab Yaza tait berbre et analphabte, vgtarien, il vivait parmi les btes sauvages et enseignait en une langue simple ce que les mystiques dOrient exprimaient de faon sophistique. On le surnommait Yalnr (le possesseur de lumire) tellement son charisme tait grand. Sidi Ab Madyan raconte leur premire rencontre : Javais entendu parler dun matre et de ses prodiges, je me rendis donc en compagnie dautres personnes chez lui pour le visiter. Lorsque nous parvinrent la montagne Morjne, il nous fit entrer et nous reut. Lorsque le repas fut servi, il minterdit dy toucher, il minterdit de manger pendant encore trois jours. Posant mon visage lendroit o le Sheikh stait assis, je perdis la vue, mais le lendemain, il me manda et me dit : Approchetoi landalou, il passa sa main bnie sur mes yeux et je recouvrai la vue. Puis il passa sa main sur ma poitrine et dit : celui-ci produira une uvre extraordinaire ! Le Sheikh Ab Yaza le prit comme disciple et constata rapidement les prdispositions hors du commun dont faisait preuve sidi Ab Madyan. Il le prit alors par la main afin de le mener jusqu la grande ouverture illuminatrice, il lui livra les clefs de la ralisation totale et le mena sur la voie ternelle des matres. Il lui ordonna le combat intrieur, moyen ncessaire la ralisation des vrits principielles et universelles. Il devait jener et prier sans cesse, rester solitaire et silencieux, prouver la faim et veiller et enfin pratiquer linvocation et la mditation. Sidi Ab Madyan trouva la lumire et lassistance quil recherchait et parvint la saintet et lillumination. Il reut les secrets indicibles et bnficia des lumires les plus universelles. Il connut son me et de l connut son Seigneur. Le tombeau de sidi Ab Yaza se trouve actuellement au milieu du ribat qu'il construisit Jabal Iruggan prs du village du Centre-Atlas de Taghiya, entre les villes actuelles de Rommani et Oulms. La biographie dAhmed al-Khatib plus connu sous le nom dibn Quf de Constantine reposant en partie sur un travail de terrain et sur luvre dIbnu Zayd dans son ouvrage atTachawuf ila rijl at-tassawuf, dit : Il eut nombre de grands disciples et forma plus de mille matres. Abu Madyan tudia le trait de Muhassib auprs du saint Ibn Harazem Fs, il tudia la compilation de hadith de Tirmidh auprs du matre de Fs en la matire, le saint Abu al-Hassan ibn Ghaleb. Ab Yaza tait noir de peau, grand de taille, un froc grenu et un burnous noir et coiff dune chchia modeste. Un autre de ses matres fut Abu Chuaib alSanhaj.

Bien quappel le tlemcnien, le Sheikh Ab Madyan rsida la plus longue partie de sa vie Bejaa o se trouvent encore les ruines de sa zawiya en laquelle il prodiguait son enseignement et recueillait les pauvres et les indigents. Bejaa cette poque est dcrite comme une grande mtropole et le port principal de transit vers lOrient. Ct ait une escale obligatoire qui comptait dj prs de cent mille habitants et plusieurs palais de renom ou dcoles clbres comme celle de sidi Touati frquente par trois mille tudiants dont cinq cent femmes. Sidi Ab Madyan se rendit pourtant bien Tlemcen de nombreuses annes auparavant. Cette ville tait dj peuple de savants et matres, ces derniers se rendirent auprs dAb Madyan avec un verre deau plein en lui disant : Tlemcen est comme ce verre plein, il ny a plus de place pour dautres matres . Sortant sa main pleine de ptales de rose de son burnous, sidi Ab Madyan les jeta sur leau. Celles-ci flottrent la surface du verre sans le faire dborder. Il leur dit alors avant de partir : Je reviendrai comme la couronne de Tlemcen . Prdiction qui se ralisa effectivement. Nous savons que le Prophte veillait les nuits en prire au point de voir ses pieds gonfls et quil sortait dans le dsert afin de poser des pierres sur son noble ventre afin de lutter contre la faim. Pourtant les montagnes lui furent prsentes et on lui proposa de les changer en or et il refusa. Sa voie tait la servitude dAllah. Ce noble prophte tait un modle excellent, il est donc recommand sa communaut de suivre son exemple. Linsouciance des curs ne peut tre vaincue quau moyen de lesprit de lislam tel que le vivifia le Prophte. Laspirant ne peut esprer parvenir slever jusquaux degrs de la contemplation directe sans se conformer au modle muhammadien. Cest ce que fit sidi Ab Madyan qui gota au festin et la boisson des soufis. Le dpart pour lOrient : Parvenu cette station grce aux soins que lui porta son matre, il partit avec son autorisation vers lOrient. Le vieux Sheikh lui fit ces recommandations : Tu rencontreras un lion. N'aie pas peur. Si pourtant la crainte s'empare de toi, dis-lui : " Pour l'amour de Yalnr, je te prie de t'loigner! " Et il partira. Tu rencontreras aussi trois voleurs sous un arbre. Tu les exhorteras revenir Dieu. Deux d'entre eux reviendront dans le droit chemin, le troisime continuera sa triste vie et finira ses jours crucifi cet arbre. Et il en fut ainsi . Jamais il noublia ce matre qui lavait tant aid ! Il se rendit en premier lieu la Maison sacre et dans le sanctuaire de lElu (le Prophte). A la Mecque il rencontra plusieurs matres dont le ple du temps sidi Abd alQdir al-Jiln. Il reut de lui le manteau de linvestiture et rpandit la voie Qadiriya. Il tudia luvre du Sheikh Ab hamd al-Ghazl et notamment son Ihya Ulm al-Dn duquel il dit : Jai tudi de nombreuses uvres de matres soufis et nai jamais trouv un quivalent au Ihya Ulm al-Dn de limm al-Ghazl . Ce long parcours de formation fit de sidi Ab Madyan une personnalit unique son poque. Il matrisait la jurisprudence selon le crdo Malikite, les sciences de lascse, de lAdab, du hadith, il fut galement pote et lgua la postrit un diwn repris par lensemble des turq. Il parcourut ainsi tous les tats et toutes les stations spirituelles jusqu parvenir lhorizon suprme, la demeure des proches.

Il prit part la bataille de Hittn sous le commandement de Salah ad-Dn qui conduisit la victoire sur les croiss et la reprise de Jrusalem. Avant cette priode il se retira un certain temps Damas la ville o sera plus tard inhum Ibn Arab. Cest probablement de cette ville o fut lanc lappel au Jihad par Salah al-Dn que Shuayb se rallia aux combattants. Il eut le bras sectionn, en reconnaissance, le matre obtint une donation perptuit se trouvant la porte des Maghrbins et dont il pourrait profiter de lusufruit ainsi que ses descendants. Cela dura jusqu la cration de ltat dIsral qui annexa ces biens. Lautre grand matre andalou, sidi Muhy Dn Ibn Arab qui nommait sidi Ab Madyan notre matre ou le matre des matres nous renseigne abondamment sur sa vie et sa matrise. Il dit de lui par exemple : Notre matre sidi Ab Madyan contemplait Dieu de ses yeux et de son cur en permanence , ou encore : Notre matre sidi Ab Madyan fait partie des dix huit mes qui manifestent lordre divin par lordre divin, ces tres ne voient quAllah dans les univers. Ce sont les gens de lextriorisation et de la manifestation. Ils sont connaissant des causes intermdiaires et la rupture des habitudes est chez eux une habitude . Son viatique tait : Allah, dis ! Et dlaisse lexistence et tout ce quelle contient . Il disait encore pour traduire la permanence de son tat contemplatif : Si le serviteur oublie Dieu ne serait-ce que le temps dun clin dil, il mrite dtre chti . Cest nouveau le Sultan des connaissant s sidi Muhy Dn Ibn Arab qui nous renseigne sur le rang de sidi Ab Madyan, il dit dans les Futht Makkiya : Je me suis rendu avec dautres Abdls la montagne Qf que nous avons vivement sa lue. Un des badal me dit : Salue-l, elle te rendra ton salam . Nous la salumes donc et elle nous rendit le salam. Elle nous demanda de quel pays venions-nous ? Nous rpondmes de Bjaia. Elle demanda de nouveau : Quel est la situation dAb Madyan et des gens de cette contre ? Nous rpondmes, ils le qualifient dhrtique. Elle dit : Par Allah, combien sont tranges les humains ! Par Allah, je naurais jamais cru quAllah puisse lever un tre au rang de saintet et quun autre de Ses serviteurs puisse le dtester. Nous lui demandmes : que sais-tu de lui ? Par la Gloire dAllah, y a-t-il une crature sur cette terre qui ignore qui il est ? Par Allah, il fait partie de ceux que Dieu a pris comme proche et au sujet duquel il a fait descendre lamour dans le cur des serviteurs. Ne le dteste que les mcrants et les hypocrites . Dans un autre de ses ouvrages intitul La runion des pieux et les entretiens nocturnes des meilleurs (Muhdarat al Abrr wa musmarat al-Akhyr), sidi Muhy dn Ibn Arab nous dit au sujet de sidi Ab Madyan : Quelques pieux vertueux virent en songe lors de leur sommeil sidi Ab Madyan en compagnie des gens de la r alit foncire tels limm alGhazl, sidi Ab Taleb al-Mekk et sidi Ab Yazd al-Bistm (quAllah sanctifie leur secret). Ces ples questionnrent sidi Ab Madyan sur les fondements des concepts soufis. Sidi Ab Hmid al-Ghazl questionna notre matre sur le secret de sa connaissance et de son amour. Sidi Ab Madyan lui rpondit : Lamour est ma monture, la connaissance mon crdo et le Tawhd mon but (ma station finale). Lamour est un secret qui ne se dvoile pas et sa saisie ne peut sexprimer. Son secret et son origine ne peu vent se dcrire, son fondement est la gnrosit suprme. Il est rserv llite comme le mentionne le verset disant : Ils laiment et Il les aime . Quant la connaissance mon frre, cest ma fiert et le fondement de mon
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secret et de ma vie. Son fruit est le Tawhd (la ralisation mtaphysique). Cest en elle et par elle que sobtient le surcrot. Le Tawhd est le principe sans branche, il est le terme des stations et des tats spirituels. Que peut-il y avoir au-del de la Vrit si ce nest lgarement ! Limm Sharn rapporte le mme vnement selon une version diffrente. Il voit toujours le Sheikh al-Ghazl qui lui demande : Quel le secret de ton Tawhd ? Sidi Ab Madyan rpond : Mon secret est dissimul par les secrets se trouvant dans la mer divine que ne peuvent traverser que les gens de ce degr. Les allusions restent striles pour lvoquer. La jalousie divine la prserv et cach sous forme de secrets englobs par lexistence que ne peut saisir lhomme en dehors de ceux qui sont perdus en ce monde et dont le secret leur permet dexister au sein du royau me de la ralit principielle (Malakt). Ils voluent au sein de la vie ternelle et au moyen de son secret ils volent parmi les dcrets du royaume cleste et se distraient au sein du monde intermdiaire de la puissance (Jabart). Ils sont pars des noms et attributs divins et teints leur gard lors de leur contemplation de lEssence sanctissime. Cest l que se trouve mon lieu de dlectation, ma patrie et le plaisir de mes yeux ainsi que ma demeure. Dieu ma rendu indpendant de tout autre que Lui, Il ma montr Sa puissance et me protge. Il ma accord le dvoilement, ma vie est ordonne par Son Unicit et tout ce que jvoque se rapporte Sa particularit. Mon esprit est enracin dans la science du mystre. Il me dit : Shuayb chaque jour est nouveau pour les serviteurs et en Nous se trouve la source du surcrot . Sharn nous raconte encore que sidi Ab al-Hajj al-Uqsur dit quil entendit son maitre sidi Abd al-Razzq dire : Jai rencontr al-Khadir en 580 H et lui ai demand ce quil pensait de sidi Ab Madyan ? Il rpondit : il est limm des pieux sincres de ce temps. Son secret rside dans la puissance de son aspiration et cest grce cela quAllah lui a octroy la clef du secret prserv par le saint voile. En ce temps personne na rassembl autant que lui les secrets des Envoys divins . Sa voie est celle du bonheur suprme, celle qui mne lintimit de la prsence au moyen de lextinction et de la permanence. Peu avant sa mort il parvint la station de la polarit suprme et fut le sauveur de la communaut. Le Sheikh Muhy Dn nous parle de la hirarchie des saints et nous apprend quaprs le ple, la station la plus leve est celle des deux imms. De ces deux fonctions cest celle de limm de droite qui est la plus proche, cette station fut celle de sidi Ab Madyan Bjaia jusquau moment de sa mort. Il accda la fonction polaire quune ou deux heures avant de mourir. Son nom fut alors Abd al-Ilah et la fonction dimm de droite correspondant au nom Abd al-Rabb fut transmise un homme de Bagdad nomm Abd al-Wahhb. Dans ses Mawaqi al-Nujm , sidi Muhy Dn confirme son assertion en prcisant que cest sidi Ab Yazd al-Bistm qui linforma de cette nouvelle. Sidi Ab Madyan fut le matre de sidi Abd al-Razzq qui fut inhum Alexandrie, il fut le matre de sidi Ab Sad al-Bj, sidi Ab Muhammad al-Mahdw (Tunis) et de sidi Muhy Dn bien quils ne se soient pas rencontrs. Il fut aussi le matre de sidi Ab al-Hajj al-Uqsur inhum Louxor et qui fut lui aussi ple de son temps juste avant sidi Ab al-Hassan alShdhil.
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Ses disciples rpandirent sa voie travers le monde jusquen Anatolie, Afghanistan, Inde, toute lAfrique du Nord et de lOuest, Ymen, la Mecque, lEgypte, lIran. Il influena Ibn Arab, Sidi Bousad en Tunisie puis Ibn Mashish au Maroc, sidi Abd el Aziz alMahdaw de Tunis et Ahmed al Khazr en Andalousie. Selon sidi Muhy Dn et comme le mentionne sidi al-Manaw, la voie de guidance et dducation de sidi Ab Madyan tait tout fait spcifique comme il le dit lui-mme : Montrez aux gens les signes dagrment dont vous jouissez comme eux vous montrent leur signes de contradiction. Manifestez les bienfaits quAllah vous octroie, c'est --dire, les prodiges dont vous bnficiez extrieurement et les connaissances intrieures que vous avez ralises. Allah dit : Quant aux bienfaits de dAllah, raconte-les . Muhy Dn prcise que cette catgorie dinitis est particularise par le Nom lExtrieur car ils manifestent au grand jour leur science. Il disait encore : Obissez Allah ouvertement jusqu ce que la parole dAllah soit la plus leve comme les dsobissants nont aucune pudeur contredire Dieu . Il disait aussi : Le signe de la sincrit de laspiration dun disciple est quil fuit les cratures. Le signe de sa fuite sincre est lintensit de son orientation vers Dieu. Enfin, le signe de la sincrit de lintensit de son orientation vers Dieu est son retour vers la cration qui est ltat des hritiers du Prophte (quAllah prie sur lui et le salue). Il se retirait dans la grotte de Hir et se vouait totalement Dieu en quittant famille et demeure en fuyant pour se rfugier auprs de Dieu. Ceci dura jusqu ce quAllah le missionna comme guide pour Ses serviteurs. Ces trois tats contiennent lhritage divin et celu i qui les ralise devient un hritier. Lhritier parfait hrite de la science, des actes et des tats . A propos de lIkhls (lpuration totale) il disait quelle consistait quitter les cratures pour se consacrer Dieu . Les prodiges : On raconte (Sharn par exemple) que les btes sauvages laimaient. Se dplaant sur un ne, il le troqua pour un lion qui devint pendant deux ans sa monture jusqu ce quil meurt. Un jour une personne vint pour le dnigrer et entra dans une assemble o il se trouvait. Sidi Shuayb lui demanda : Que viens-tu faire parmi nous ? Il lui rpondit : Je viens prendre de ta lumire . Le Sheikh Ab Madyan lui dit alors : Quas-tu dans ton vtement ? Il rpondit : Un Coran . Le Sheikh lui demanda de louvrir et de lire la premire ligne de la page ouverte en disant : Ce que tu liras te concerne . Lhomme ouvrit le Coran et tomba sur le verset disant : Ceux qui dsavourent Shuayb taient les perdants (sourate al-Araf). Il lui demanda si cela tait juste et lhomme se repentit. Sa mort : Ibnu Qunfudh de Constantine raconte dans son hagiographie intitule Uns al-Faqir wa Iz al Haqir : Lorsque le prdicat de sidi Abu Madyan prit une ampleur extraordinaire et que
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son nom devint partout clbre, certains le calomnirent auprs de la cour des Beni Abd alMumen Marrakech, le sultan ordonna alors son transfert de Bejaa. Il saisit son prfet et lui demanda de bien traiter le matre et de le mener jusqu la capitale impriale des almohades. Sidi Abu Madyan, prit le chemin de lexil ce qui provoqua la tristesse de ses disciples qui craignaient tous pour sa vie, il les consola en leur disant : Chuayb est dsormais un vieillard, fragile, dmuni de force et incapable de marcher. Le destin voulut que sa mort survienne dans un autre lieu, il mincombe donc daller en ce lieu vers lequel Dieu ma permis de me rendre de la faon la plus confortable. Ces gens qui me rclament, je ne les verrai pas et ils ne me verront pas . Aprs avoir entendu ce discours, ses disciples se rassurrent et recouvrrent leur quitude. Il quitta Bejaa et lorsquil vit la place dAl-Eubbad, il demanda comment appelle t-on cet endroit ? Al-Eubbad lui rpondirent-ils. Il leur dit alors quil convenait parfaitement au repos ternel . Il mourut en prononant le Nom dAllah plusieurs reprises. Certains disent que son dernier mot fut al-Haqq. Posie :

M ladhatu al-aych !
Il nest de plaisir rel en cette vie Al-Ghawth - Ab Madyan

1. Il nest de plaisir rel en cette vie quen compagnie des initis (Fuqar). Ce sont eux les Sultans, les Seigneurs et les Princes. 2. Accompagne-les ; observes les convenances dans leurs sances. Renonce tes prtentions, quimporte sils te laissent en arrire. 3. Profite de linstant et sois en permanence prsent avec eux. Sache que la satisfaction ne revient qu ceux qui se montrent prsents. 4. Garde le silence, moins que lon te sollicite, alors rponds : Je ne dtiens nul savoir ; couvre-toi du voile de lignorance. 5. Ne vois de dfauts quen toi-mme et considre quils sont vidents, bien quils soient occults. 6. Baisse la tte ; repentis-toi sans raison particulire. Fais preuve dquit et prsente tes excuses. 7. Si, de ta part, surgit un tort, reconnais-le. Prsente tes excuses pour ce qui en toi et de toi mane. 8. Dis : votre humble serviteur mrite votre pardon. 8

Fuqar (initis) ! Pardonnez-le et montrez de lindulgence son gard . 9. tre magnanime, en eux, est une nature Ne craint donc de leur part ni rprimande ni tort. 10. Excuse en permanence tes frres expressment et en ton cur Et sils faillent, pardonne-les. 11. Observe les tats du Matre il est possible alors que lon voit sur toi, les traces de son agrment. 12. Fais preuve dentrain et mets-toi son service. Peut tre sera-t-il satisfait. Ne ten lasse point. 13. Satisfaire le Matre cest satisfaire Dieu et Lui obir. Il te comblera de satisfaction. Garde-toi de labandonner. 14. Sache que de la voie ne restent que des vestiges. Et ltat de ceux qui prtendent y adhrer est comme tu le vois ? 15. Quand les verrai-je ? Comment les rencontrerai-je ? Quand mon oreille en recueillera-t-elle des nouvelles ? 16. Qui me secourra ? Comment puis-je rivaliser avec eux Et mabreuver des sources dont nulle impuret ne coule ? 17. Je les aime, les chris et me sacrifierais pour eux En particulier un petit groupe parmi eux. 18. Ce sont des gens aux caractres vertueux, O quils se runissent, perdure leur parfum. 19. Grce leurs vertus, le soufisme offre de rares subtilits. Leur affinit fraternelle rgale mon regard. 20. Ils sont mes bien-aims ; ils ont toute mon affection Eux qui se sont carts de ceux qui tranent firement les pans de leur superbe. 21. Que nos liens damour en Allah soient perptuels. Et que par cette union, nos pchs soient pardonns et effacs. 22. Enfin, que la grce unificatrice soit sur lElu, notre souverain Muhammad, Le meilleur de ceux qui prtrent allgeance et tinrent leur engagement

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