Alfred Hitchcock 21 L'Insaisisable Homme Des Neiges 1972

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L'INSAISISSABLE HOMME DES NEIGES par Alfred HITCHCOCK UNE ombre gigantesque se profila devant la tente des Trois Jeunes Dtectives, puis elle disparut dans la nuit. eter et !ob song"rent au # monstre de la montagne $ dont parlait une vieille lgende. # Nous avons mieu% & faire, dit 'annibal, que de nous occuper de ces (neries. $ Depuis leur arrive & l)*uberge du +lalom, *nna, la propritaire, leur pose des probl"mes. ,es deu% seuls clients ont une attitude bi-arre. ,es gar.ons se demandent pourquoi le mari d)*nna poss"de un fusil & balles tranquillisantes et pourquoi il fait creuser une norme fosse dans la cour. Une piste, /alonne d)incidents m0strieu%, va les mener & une dcouverte stupfiante.

DU MME AUTEUR

Liste des volumes en version fr n! ise Les titres


2. 22. 222. 2@. @. @2. @22. @222. 2E. E. E2. E22. E222. E2@. E@. E@2. E@22. E@222. E2E. EE. EE2. EE22. EE222. EE2@. EE@. EE@2. EE@22. EE@222. EE2E. EEE. EEE2. 3uatre 40st"res 5*lfred 'itc6coc78s solve9t6em90ourself m0steries : ; *u rende-9vous des revenants 5The Secret of Terror Castle, <obert *rt6ur, 1=>?; ,e perroquet qui bga0ait 5The Mystery of the Stuttering Parrot, <obert *rt6ur, 1=>?; ,a momie qui c6uc6otait 5The Mystery of the Whispering Mummy, <obert *rt6ur, 1=>A; ,e B6inois qui verdissait 5The Mystery of the Green Ghost, <obert *rt6ur, 1=>A; ,8arc en ciel & pris la fuite 5The Mystery of the anishing Treasure, <obert *rt6ur et Cilliam *rden, 1=>>; ,e spectre des c6evau% de bois 5The Secret of S!eleton Island, <obert *rt6ur, 1=>>; Trei-e bustes pour *uguste 5The Mystery of the "iery #ye, <obert *rt6ur, 1=>D; Une araigne appele & rgner 5The Mystery of the Sil$er Spider, <obert *rt6ur, 1=>D; ,es dou-e pendules de T6odule 5The Mystery of the Screaming Cloc!, <obert *rt6ur, 1=>F; ,e trombone du diable 5The Mystery of the Moaning Ca$e, Cilliam *rden, 1=>F; ,e cr(ne qui cr(nait 5The Mystery of the Tal!ing S!ull, <obert *rt6ur et Cilliam *rden, 1=>=; ,8ombre qui clairait tout 5The Mystery of the %aughing Shado&, Cilliam *rden, 1=>=; ,e dragon qui ternuait 5The mystery of the coughing dragon, Nic7 Cest, 1=DG; ,e c6at qui clignait de l)oeil 5The Secret of the Croo!ed Cat, Cilliam *rden, 1=DG; ,8aigle qui n8avait plus qu8une tHte 5The Mystery of the "laming "ootprints, 4 @ Bare0, 1=D1; ,e lion qui claquait des dents 5The Mystery of the 'er$ous %ion, Nic7 Cest, 1=D1; ,e serpent qui fredonnait 5The Mystery of the Singing Serpent, 4 @ Bare0, 1=D1; ,e tableau se met & table 5The Mystery of the Shrin!ing House, Cilliam *rden, 1=D2; ,e /ournal qui s)effeuillait 5The Secret of Phantom %a!e, Cilliam *rden, 1=D2; ,8insaisissable 6ome des neiges 5The Mystery of Monster Mountain, 4 @ Bare0, 1=D2; ,e miroir qui gla.ait 5The Secret of the Haunted Mirror, 4 @ Bare0, 1=D2; ,e testament nigmatique 5The Mystery of the (ead Man)s *iddle, Cilliam *rden, 1=D2; ,a 4ine qui ne pa0ait pas de mine 5The Mystery of (eath Trap Mine, 4 @ Bare0, 1=D>; ,e dmon qui dansait la gigue 5The Mystery of the (ancing (e$il, Cilliam *rden, 1=D>; ,8pe qui se tirait +Mystery of the Headless Horse, Cilliam *rden, 1=DD; ,8diteur qui mditait 5The Mystery of the Magic Circle, 4 @ Bare0, 1=DD; ,a +aisie des sosies 5The Mystery of the (eadly (ou,le, Cilliam *rden, 1=DF; ,8pouvantable pouvantail 5The Mystery of the Sinister Scarecro&, 4 @ Bare0, 1=D=; le requin qui resquillait 5The Secret of Shar! *eef, Cilliam *rden, 1=D=; ,8aveugle qui en mettait plein la vue 5The Mystery of the Scar-"aced .eggar, 4 @ Bare0, 1=F1; ,e flibustier pirat 5The Mystery of the Purple Pirate, Cilliam *rden, 1=F2; ,a baleine emballe 5The Mystery of the Kidnapped Whale, 4 @ Bare0, 1=F1; ,e dra77ar 6agard 5The Mystery of the Creep-Sho& Croo!s, Cilliam *rden, 1=FA; ,es caisses & la casse 5Hot Wheels, Cilliam *rden, 1=F=; Envole, la volaille I 5Murder To Go, 4egan +tine et '. Cilliam +tine, 1=F=; ,)(nesse qui se pavanait 5*n Ear Jor Trouble, 4arc !randel, 1=F=; +ilence, on tue I 5T6riller Diller, 4egan +tine et '. Cilliam +tine, 1=F=;

EEE22.
EEE222. EEE2@. EEE@. EEE@2. EEE@22. EEE@222.

AL"RED HIT#H#O#$

L'INSAISISSABLE HOMME DES NEIGES


TE%TE "RAN&AIS DE #LAUDE 'OILIER ILLUSTRATIONS DE (A#)UES *OIR(ER+

HA#HETTE

DU MME AUTEUR Dans lIdal-Bibliothque : 3uatre m0st"res *u rende-9vous des revenants ,e perroquet qui bga0ait

Dans la Bibliothque Verte ,e c6inois qui verdissait ,e spectre des c6evau% de bois Trei-e bustes pour auguste Uni araigne appele & rgner ,es dou-e pendules de T6odule ,e trombone du diable ,e dragon qui ternuait ,e c6at qui clignait de l)Kil ,8aigle qui n)avait plus qu)une tHte Un mot d)*lfred 'itc6coc7
,)LD2T2MN M<2N2N*,E DE BE <M4*N, <LD2NL *@EB ,* BM,,*!M<*T2MN DE <M!E<T *<T'U<, * *<U EN ,*NNUE *NN,*2+E B'EO <*NDM4 'MU+E, NEC PM<Q, +MU+ ,E T2T<E R

T'E 4P+TE'P MJ T'E 4MN+TE< 4MUNT*2N T'E*+U<E S *andom House/ 01223 4 %i,rairie Hachette/ 01213 Tous droits de traduction, de reproduction et d)adaptation rservs pour tous pa0s.

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TABLE
UN 4MT D)*,J<ED '2TB'BMBQ

F 1G 21 1D ?1 AG >2 DA F? =2 1G? 111 12A 11= 1?= 1AD 1>? 1D1 1F1

2. 22. 222. 2@. @. @2. @22. @222. 2E. E. E2. E22. E222. E2@. E@. E@2. E@22. E@222.

Un village pr"s du ciel Une surprise ,e rTdeur nocturne 3ui a frapp Jensen ,a cl perdue ,a montagne du monstre ,)animal m0strieu% ,es visions de Joe 'aveling ,8e%pdition Une empreinte de pied nu ,e carnet du p6otograp6e Dans la nuit ,e # devoir $ d)*nna ,a montagne en feu ,e monstre ,)e%ploit de 4r. +mat ,a cl du m0st"re 4. 'itc6coc7 apprend un secret

U M!T DA"DRED #IT$#$!$% Salut/ amateurs de myst5re6 7ne fois de plus/ 8)ai le plaisir de $ous pr9senter l)9:uipe de ces 8eunes limiers :ui s)intitulent # %es Trois 8eunes d9tecti$es$. %eur slogan/ ; (9tections en tout genre $, dit ,ien ce :u)il $eut dire3 ()ha,itude/ les trois amis m5nent leurs en:u<tes = partir de leur :uartier g9n9ral > une $ieille cara$ane dissimul9e parmi tous les o,8ets de re,ut encom,rant la cour du ,ric-=-,rac des ?ones/ = *oc!y/ petite $ille proche de Holly&ood3

Cette fois/ cependant/ c)est au flanc de la sierra 'e$ada/ = asse@ haute altitude/ :ue l)a$enture les attend333 une a$enture :ui commence/ tr5s simplement/ par la recherche d)une cl93 Mais les complications ne tardent pas = surgir3 #lles se multiplient = mesure :ue les garAons en apprennent plus long sur l)9trange et menaAant secret :ui entoure une 8eune femme pr9nomm9e Anna3 Ils d9cou$rent enfin la $9rit9/ par-del= les som,res l9gendes concernant l)ermite et le monstre de la montagne3 Au cas oB certains de nos lecteurs ne connaCtraient pas encore les Trois 8eunes d9tecti$es/ 8e signalerai :ue Hanni,al ?ones/ d9tecti$e en chef +et le cer$eau de la ,andeD/ est un garAon plutEt replet/ dot9 d)un esprit su,til et surtout d)un remar:ua,le talent pour flairer les 9nigmes3 Peter Crentch est le plus grand et le plus costaud des trois camarades3 Sans <tre $raiment poltron/ il fait de son mieuF pour se tenir = l)9cart du danger3 .o, Andy/ calme et r9fl9chi/ est en :uel:ue sorte le secr9taire du groupe3 Il tient en ordre les archi$es et s)affirme tr5s dou9 pour la recherche3 9rita,le rat de ,i,lioth5:ue/ il constitue un 9l9ment pr9cieuF du trio3 #t maintenant :ue les pr9sentations sont faites/ :ue le lecteur $euille ,ien passer au chapitre premier du li$re3 %e monstre de la montagne l)attend6
AL"RED HIT#H#O#$

$#A&ITRE &REMIER UN 'ILLAGE *R,S DU #IEL # Nom d8un ptardI s)e%clama eter Brentc6 quand il vit pour la premi"re fois +70 @illage, cet endroit ressemble & un dcor de cinma. 3uelqu)un devrait 0 tourner un filmI $ !ob *nd0, debout dans la camionnette & cTt de eter, regardait avec intrHt, par9dessus le toit de la cabine, la rue du village qu)ils traversaient. # En tout cas, rpliqua9t9il, ce quelqu)un ne sera pas

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c6ouette pour servir de cadre & un sombre m0st"re. $ 'annibal Jones se leva pour re/oindre ses camarades et s)accouda au toit de la cabine. # 4. 'itc6coc7, rappela9t9il & ses amis, sait que le m0st"re peut fleurir n)importe oU. 4ais, en un sens, vous ave- raison. +70 @illage est de cration rcente c)est9&9dire moderne et sans surprises. $ ,a camionnette continuait & monter la rue en pente raide. Elle passa devant un magasin de s7is et d)articles de sports qui ressemblait & s)0 mprendre & un c6alet alpin. Juste & cTt se trouvait un motel au toit imitant le c6aume. Bomme l)t battait son plein, boutique et motel taient ferms. Des volets bleu ciel obturaient les fenHtres d)un restaurant & l)enseigne du ?oyeuF Tyrolien3 3uelques promeneurs dambulaient le long des rues latrales inondes de soleil. Devant la station d)essence voisine, le pompiste, vHtu d)une salopette dlave, somnolait sur une c6aise. ,a camionnette ralentit et s)arrHta /uste devant la pompe & essence. 'ans et Qonrad sortirent de la cabine. ,es deu% !avarois, qui taient fr"res, travaillaient depuis des annes pour Titus et 4at6ilda Jones, oncle et tante d)'annibal. 2ls aidaient ceu%9ci & trier, netto0er, remettre en tat et vendre les ob/ets que l)oncle Titus ac6etait pour son commerce d)antiquits. ,es deu% fr"res taient tou/ours nets et correctement vHtus lorsqu)ils travaillaient. 4ais, ce /our9 l&, ils s)taient surpasss. 'ans trennait

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c6emise sport qui semblait sortir de sa boVte, mHme apr"s le long parcours de <oc70, & travers MWens @alle0, /usqu)& ce petit village de sports d)6iver, accroc6 tr"s 6aut au flanc de la sierra Nevada. ,e pli du pantalon de Qonrad tait intact et les souliers du gant blond brillaient & miracle. # <egarde9lesI c6uc6ota !ob & 'annibal. 2ls veulent faire bonne impression & leur cousine *nna. $ 'annibal sourit et approuva du c6ef. ,es trois gar.ons, rests dans la camionnette, virent les deu% !avarois s)approc6er du pompiste endormi. # +)il vous plaVtI $ dit 'ans & 6aute voi%. ,)emplo0 poussa un grognement et ouvrit un Kil. # +)il vous plaVt, rpta 'ans, pourrie-9vous nous indiquer la maison d)*nna +c6mid: X %)Au,erge du SlalomG $ ,)6omme quitta son si"ge et dsigna un bouquet de pins au bord de la route. # 3uand vous aure- dpass ces arbres, e%pliqua9t9 il, vous verre- une maison blanc6e & votre gauc6e. @ous ne pouve- pas vous tromper. B)est la derni"re 6abitation. Juste au9del&, la route tourne en direction du terrain de camping. $ 'ans remercia son informateur. 2l allait regrimper dans la cabine quand le pompiste demanda R # Est9ce qu)*nna vous attend:... Je l)ai vue passer, au volant de sa voiture, il 0 a environ deu% 6eures. Elle se dirigeait vers !is6op. Je ne pense pas qu)elle soit d/& de retour. X Dans ce cas, nous l)attendrons, dclara Qonrad.

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X Ya pourrait bien Htre long. Durant l)t, presque toutes les boutiques de +70 @illage sont fermes. Je suppose qu)*nna mettra un bon moment & faire ses courses & !is6op. X !a6I s)e%clama Qonrad avec bonne 6umeur. Nous l)attendrons encore un peu, voil& toutI Depuis le temps que nous patientons. ,a derni"re fois que nous nous sommes vus, nous tions encore enfants, tous les trois. B)tait l&9bas, dans notre pa0s natal, avant que nous n)migrions au% Etats9Unis. X Tiens, tiensI @ous Htes donc des compatriotes d)*nna: Elle sera contente de vous voir. X as seulement des compatriotes, corrigea Qonrad. Nous faisons partie de la famille d)*nna. Nous sommes ses cousins. Nous voulons lui faire une surprise. X Esprons qu)elle aime les surprises $, dit le pompiste. +ur quoi il a/outa avec une sorte de gloussement malicieu% R # Et /)esp"re que vous les aime- aussiI *nna a fait beaucoup de c6oses ces deu% derni"res semaines... X 3uoi donc: demanda 'ans. X @ous verre- bienI $ ,es 0eu% du pompiste ptillaient. 2ls rappel"rent & 'annibal ceu% de certaines comm"res, amies de la tante 4at6ilda, qui se complaisaient & colporter les ragots de <oc70. 'ans et Qonrad remont"rent dans leur cabine. ,a camionnette repartit.

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# J)ai ide, dclara eter & ses camarades, que ce t0pe9l& est au courant de tout ce qui se passe dans le village. X 2l ne doit pas avoir grand9c6ose & faire pendant l)t, rpondit !ob. 2l tue le temps en surveillant9 les gens du coin. En de6ors de l)poque des sports d)6iver, il n)a sans doute pas beaucoup de clients avec qui bavarder. *lors, il se rattrape comme il peut. $ ,a camionnette grimpait lentement la pente raide. Elle laissa successivement derri"re elle la boutique d)un glacier, qui tait ouverte, et un ba-ar, qui tait ferm. ,e supermarc6 du village n)offrait qu)une fa.ade aveugle, tout comme le magasin de souvenirs qui le flanquait. # Je me demande ce qui a tenu la cousine *nna occupe ces deu% derni"res semaines, pensa eter tout 6aut. ,e coin est aussi anim qu)un cimeti"re. X +i /)en crois ce que m)ont dit 'ans et Qonrad, e%pliqua 'annibal, leur cousine est une femme e%traordinairement active. Elle a dbarqu au% Etats9 Unis il 0 a di% ans pour travailler comme femme de c6ambre dans un 6Ttel de NeW Por7. 'ans affirme qu)au bout de si% mois tout le personnel tait sous ses ordres et qu)en si% ans elle a pu conomiser assed)argent pour ac6eter une petite auberge ici, & +70 @illage. Un an plus tard, elle a install un remonte9 pente. Bela doit lui rapporter pas mal en saison. X Elle a pu conomiser tant que .a sur son salaire de l)6Ttel: demanda eter, tonn.

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X Elle avait un autre emploi & temps partiel et a su investir son argent dans de bonnes affaires. Elle a la tHte sur les paules. 'ans et Qonrad sont tr"s fiers d)elle. 2ls ne manquent /amais de lire tout 6aut les lettres qu)elle leur adresse et leur c6ambre est tapisse de p6otos qu)elle leur a envo0es. 3uand tante 4at6ilda et oncle Titus ont brusquement dcid de fermer leur Paradis de la ,rocante pour une quin-aine et de prendre enfin des vacances, 'ans et Qonrad ont tout de suite dcid de venir ici. X Et ils ont eu une ide rudement bonneI s)cria eter. +ans cela, nous n)aurions /amais eu la possibilit de faire du camping en montagne. Je me propose de tenter quelques escalades... 2l paraVt que le terrain de camping de +70 @illage est immense et /amais surpeupl. X 2l est trop loin de la grand9route pour attirer beaucoup de gens, e%pliqua !ob. 9X J)esp"re que la cousine *nna ne verra pas cette invasion d)un mauvais Kil, dit 'annibal. 'ans et Qonrad ont bien essa0 de lui tlp6oner avant notre dpart, mais elle n)tait pas c6e- elle. 2l est 6eureu% qu)ils soient prHts & camper avec nous, au cas oU elle ne pourrait les recevoir. 2ls ne veulent, pas l)encombrer. $ ,a camionnette peinait le long de l)interminable rampe. Elle dpassa enfin le bouquet de pins signal par l)emplo0 de la station service. resque aussitTt, les vo0ageurs aper.urent la piste de s7i. B)tait une tendue dnude au flanc de la montagne... tellement

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dnude mHme que la main d)un gant semblait Htre passe par l& pour Tter le moindre arbuste, le moindre buisson susceptible de gHner les volutions des s7ieurs. Tout le long de la pente, on pouvait voir une srie de p0lTnes mtalliques relis entre eu% par des c(bles. De loin en loin, un si"ge remonte9pente tait accroc6 & ces c(bles. 5 *pr"s un dernier effort, la camionnette s arrHta devant une grande maison, pour ainsi dire adosse & la piste de s7i. Une plaque appose sur la fa.ade annon.aitR Au,erge du Slalom

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2l s)agissait d)un coquet b(timent de bois, peint en blanc qui brillait gaiement en cet apr"s9midi ensoleill. ,es vitres des fenHtres paraissaient invisibles tant elles taient propres. Bontrairement & la plupart des maisons de +70 @illage, celle d)*nna +c6rnid n)essa0ait pas de se donner un air suisse ou autric6ien. Be n)tait qu)un c6alet de montagne, avec un grand porc6e sur le devant. ,a porte d)entre tranc6ait sur le reste de la fa.ade par sa couleur d)un rouge vif. Des plantes, /aillies de pots multicolores, ornaient la balustrade du porc6e. Une alle de gravier conduisait & un petit par7ing oU voisinaient une fourgonnette poussireuse et une voiture de sport d)un rouge agressif. 'ans et Qonrad saut"rent & bas de la camionnette. ,es gar.ons en firent autant. # *nna a bien russiI constata 'ans. X *nna russit tou/ours ce qu)elle entreprend, assura Qonrad. <appelle9toi... 3uand elle avait di% ans, elle faisait des g(teau% meilleurs encore que ceu% de notre m"re. Nous voulions tou/ours aller c6e- elle pour nous rgaler de c6ocolat crmeu% et de p(tisseries. $ 'ans sourit. ,e soleil commen.ait & plonger en direction de la crHte, au9dessus de la piste de s7i. ,)air devenait plus vif. # E6 bien, nous voici c6e- elle une fois de plus. Entrons et attendons9la patiemment. 3uand elle reviendra de faire ses courses, peut9Htre nous rgalera9t9 elle comme autrefois. $ 'ans et Qonrad gravirent les marc6es du

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porc6e. 'annibal, eter et !ob rest"rent oU ils taient. # @ous ne vene- pas: demanda 'ans, tonn. X eut9Htre, suggra !ob, vaut9il mieu% que nous allions tout de suite sur le terrain de camping. @ous n)ave- pas vu votre cousine depuis longtemps. Nous ne voulons pas Htre importuns. $ ,es deu% !avarois se mirent & rire. # Bomme si votre prsence tait gHnanteI s)cria 'ans. @ous n)Htes pas des trangers, vo0onsI Nous avons parl de vous dans nos lettres. *nna a beaucoup d)admiration pour vos e%ploits. Elle nous a souvent invits & venir la voir et n)a /amais oubli de nous dire de vous emmener avec nousI $ ,es gar.ons suivirent donc les deu% fr"res. ,a porte d)entre n)tait pas ferme & cl. Elle donnait directement acc"s & une grande pi"ce meuble d)un divan et de fauteuils de cuir. Des cuivres tincelants dcoraient la c6emine. * droite tait dresse une table pour quatre dVneurs. En face, une porte devait ouvrir sur la cuisine. +ur la gauc6e, un escalier rustique grimpait & l)tage oU se trouvaient sans doute les c6ambres. ,)auberge n)tait en fait qu)une modeste pension de famille, mais elle embaumait l)encaustique et le pain frais. # *nnaI appela 'ans. Es9tu l&: $ 2l n)0 eut pas de rponse. Qonrad 6oc6a la tHte. # *ttendons9laI $ murmura9t9il en commen.ant & faire le tour de la vaste salle pour un

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e%amen dtaill. # Notre cousine a bon goZt. Tout est /oli, ici. $ 2l tomba soudain en arrHt devant une porte en retrait que les visiteurs n)avaient pas remarque tout d)abord. !ien qu)elle port(t l)inscription Pri$93 (9fense d)entrer/ elle tait entreb(ille. # @oil& une petite ngligence, dit Qonrad en riant. <egarde-I B)est le bureau de notre aubergiste mod"le... EntronsI X as moiI dcida eter. X Ni moi, renc6rit !ob. De notre part, ce serait de l)indiscrtion. $ Tout & fait d)accord avec ses amis, 'annibal allait se laisser tomber dans un fauteuil quand une e%clamation angoisse de 'ans l)en empHc6a R # M6I mon DieuI... !abalI eterI !obI @ene- vite voirI $ ,es gar.ons ne firent qu)un bond /usqu)au seuil de la pi"ce. Un gros bureau, couvert de paperasses, faisait face & la porte. Juste & cTt, on apercevait un classeur au% tiroirs ouverts. Jic6es, factures et autres documents /onc6aient le sol, pHle9mHle avec le contenu d)une corbeille & papiers que l)on avait renverse. ,es tiroirs du bureau avaient t enlevs et poss contre le mur. r"s de la fenHtre s)entassaient dans le plus affreu% dsordre des enveloppes, des p6otos et des cartes postales. Une bibliot6"que avait t carte du mur. +on contenu ne formait plus qu)un 6orrible fouillis. # Un cambrioleur est pass par l&I dit eter.

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X Mn le dirait bien, soupira 'annibal. Belui qui a fait .a tait sZrement press et n)a... $ Une voi%, derri"re lui, l)empHc6a d)ac6ever sa p6rase. # 3ue diable faites9vous ici: $ ,es gar.ons se retourn"rent d)un bloc. Un 6omme se tenait au bas de l)escalier, & quelques pas d)eu%. Et cet 6omme tenait un fusilI

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$#A&ITRE II UNE SUR*RISE # * ,M<+: @ous m)ave- entendu: 3ue faites9vous ici: $ rpta le nouveau venu en levant son arme d)un geste mena.ant. 2nstinctivement, eter rentra la tHte dans les paules. ,)inconnu avan.a de quelques pas. 2l tait grand, carr d)paules et brun de poil. +on regard froid et dur tait aussi effra0ant que son fusil. 2l mit brusquement en /oue le petit groupe R # *lle-9vous me rpondre, & la fin:
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X 3ui... qui Htes9vous: bga0a Qonrad comme 60pnotis par l)arme. X B)est moi qui interroge. Et /e vous demande ce que vous faites ici. Bette pi"ce est un bureau priv. Je devrais... X Un momentI $ 'annibal venait d)interrompre la tirade d)une voi% tr"s # grande personne $. 2l se redressa pour ne pas perdre un pouce de sa taille. # eut9Htre devrie-9vous nous fournir, vous aussi, quelques e%plications. X 3uoi: X 2l est vident que ce bureau a t fouill, continua 'annibal. ,a police serait certainement curieuse de savoir ce que $ous faites ici, surtout avec une arme & la main. $ eter, !ob, 'ans et Qonrad, tournant le dos & la pi"ce dvaste, se tenaient masss sur le seuil, /uste derri"re 'annibal. Belui9ci n)tait qu)un tr"s /eune gar.on, mais son air autoritaire parut en imposer & l)6omme au fusil. ,)inconnu fron.a les sourcils et baissa le canon de son arme. # @ous voule- appeler la police: grommela9t9il. X 2l me semble que c)est la seule c6ose & faire, rpliqua 'annibal avec nettet. Bependant, il serait peut9Htre plus sage d)attendre le retour de 4iss +c6mid. B)est & elle de porter plainte.

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X 4iss +c6mid: $ rpta l)6omme. Et l&9dessus il se mit & rire. # *llons, il va falloir que /e vous mette au courant... $ 2l n)eut pas le temps d)en dire davantage. De6ors, une porti"re de voiture venait de se refermer bru0amment. Des pas rapides claqu"rent sous le porc6e. ,a porte d)entre s)ouvrit toute grande, livrant passage & une /olie /eune femme c6arge de paquets. # Bousine *nnaI $ s)cria 'ans. ,)arrivante s)arrHta net. +es 0eu% se port"rent tour & tour sur l)6omme au fusil, 'ans, Qonrad, les trois gar.ons, puis revinrent au premier. # Bousine *nna: $ rpta 'ans. 4ais, cette fois, le ton tait interrogatif. # Bousine *nna: fit en c6o l)6omme au fusil. Nrand DieuI @ous deve- Htre 'ans et Qonrad, de <oc70I J)aurais dZ vous reconnaVtre, car *nna m)a montr des p6otos de vous. ourquoi ne vous Htes9vous pas nomms: J)aurais pu vous tirer dessusI X @ous Htes un ami d)*nna: s)enquit Qonrad. X En un sens... oui. *nnaI Tu as oubli d)crire & tes cousins. Tu m)avais pourtant promis de le faire avant notre vo0age au lac Ta6oe. $ ,a /eune femme parut reprendre vie. Elle dposa prestement ses paquets sur la table, remit en place une petite m"c6e c6appe des deu% lourdes tresses blondes qu)elle portait coiffes en diad"me autour de sa tHte, puis eut un large sourire. # 'ans et QonradI $ s)cria9t9elle en tendant ses mains au% deu% fr"res qui se prcipit"rent pour
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l)embrasser sur les /oues. # Depuis le temps qu)on ne s)est pas vuI $ Elle s)carta pour mieu% les e%aminer et se mit & rire. # Mn peut dire que vous ave- c6angI 4Hme avec les p6otos que vous m)ave- envo0es, /)ai du mal & vous reconnaVtre. $ Elle parlait vivement, presque sans accent. ,es deu% fr"res semblaient ravis. 2ls prsent"rent 'annibal, !ob et eter & leur cousine. # @ous m)ave- souvent parl d)eu% dans vos lettres, dit *nna. X Be sont trois gar.ons remarquablesI $ assura 'ans. 2l a/outa quelques mots en allemand, tout en tapotant d)un geste affectueu% l)paule d)'annibal. 2mmdiatement, le sourire d)*nna disparut R # arlons anglaisI $ dit9elle. Et comme 'ans lui rpondait encore en allemand, elle a/outa R # Je sais, cela serait plus agrable pour nous de converser dans notre langue maternelle, mais /e prf"re que nous parlions anglais... $ Elle s)approc6a de l)6omme au fusil et lui posa la main sur le bras R # 4on mari ne comprend pas l)allemand, vous save-I X Ton mari: s)cria Qonrad. X *nnaI s)e%clama 'ans de son cTt. 3uand as9 tu...:

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X ,a semaine derni"re, e%pliqua l)6omme. Nous nous sommes maris au lac Ta6oe. Je m)appelle Joe 'aveling. $ Un silence stupfait suivit cette rvlation. uis eter murmura R # B)tait donc cela, la surprise que nous rservait la cousine *nnaI $ *nna se mit & rire. 'ans et Qonrad l)embrass"rent de nouveau en lui offrant mille vKu% de bon6eur, puis ils admir"rent son alliance toute neuve et se tourn"rent vers le mari. Joe 'aveling re.ut & son tour des flicitations. 'annibal Jones, cependant, n)aimait pas les m0st"res non rsolus. 3uand l)effervescence gnrale se fut un peu calme, il fit signe & *nna de le re/oindre sur le seuil du bureau. # <egarde-I lui dit9il, en montrant les papiers en dsordre par terre. 3uelqu)un a pass cette pi"ce au peigne fin en votre absence. * votre place /)appellerais la police. $ * sa grande stupeur, *nna se mit & rire. # B)est trop drTleI s)cria9t9elle. 'ans et Qonrad prtendaient, dans leurs lettres, que vous tie- un bon dtective. 'aI 'aI 'aI $ 'annibal n)aimait pas beaucoup qu)on se moqu(t de lui. 2l rougit et fron.a les sourcils. *nna s)en aper.ut. # Ne so0e- pas f(c6, dit9elle. Je ne mets pas votre talent en doute. Bette pi"ce a bien t fouille de fond en comble. 4ais pas par un cambrioleur R simplement par mon mari et moi I $
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'annibal garda le silence, attendant la suite. # @o0e-9vous, e%pliqua *nna, /)ai perdu une cl. Bomme il est tr"s important que /e remette la main dessus, /)ai tout retourn dans cette pi"ce. X Nous pouvons vous aider & la retrouver, proposa vivement eter. 'annibal, du moins, en est capable. 2l est spcialiste des ob/ets perdus. X Nous adorons faire des rec6erc6es, a/outa !ob. !abal, veu%9tu donner une de nos cartes & 4iss +c6... /e veu% dire & 4me 'aveling: $ 3uoique encore un peu ve%, 'annibal tira son portefeuille de sa poc6e et en sortit une carte qu)il tendit & *nna. Belle9ci /eta un coup d)Kil sur le bristol oU quelques lignes se trouvaient imprimes R ,E+ T<M2+ JEUNE+ DLTEBT2@E+ Dtections en tout genre : : : (9tecti$e en chef > '*NN2!*, JMNE+ (9tecti$e ad8oint > ETE< B<ENTB' Archi$es et recherches > !M! *NDP # Tr"s intressant, murmura9t9elle. X 4erci, rpliqua 'annibal avec raideur. Nous avons un asse- /oli tableau de c6asse, vous save-. Nous avons russi & lucider des nigmes qui droutaient des gens beaucoup plus (gs que nous. ,es points d)interrogation que vous vo0e- ici reprsentent les
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probl"mes dlicats, les inconnues m0strieuses... bref, tout ce qui rclame une solution... une solution que nous nous faisons un devoir et une /oie de trouver. $ Joe 'aveling sourit & 'ans R ; Est9ce que ce gar.on parle tou/ours dans ce st0le ampoul: X Bomme un livre, vous voule- dire: 4a foi, il n)a pas tort de se prendre au srieu%, vous save-I 2l connaVt un tas de c6oses et son imagination est fertile. ,aisse-9lui c6erc6er cette cl et il la retrouvera. X Je ne doute pas de ses comptences, mais nous n)avons pas besoin de mobiliser une quipe de dtectives en 6erbe pour dnic6er une simple cl perdue. Bomme elle est ici, nous remettrons forcment la main dessus. $ Et *nna rendit sa carte & 'annibal. # Tr"s bien, dit le /eune gar.on. @ous ave- raison. ,a cl se retrouvera toute seule. En attendant, nous allons dbarrasser le planc6er. ,a nuit tombe de bonne 6eure de ce cTt de la sierra et nous dsirons gagner le terrain de camping pour 0 planter notre tente avant qu)il fasse noir. X Nous allons camper avec vous, dcida 'ans. 4ais quand nous aurons dress les tentes, nous pourrons revenir bavarder un moment avec toi, n)est9 ce pas, *nna: $ Joe 'aveling se tourna vers sa femme R # *nnaI Nous n)avons pas eu le temps de fHter notre mariage. uisque tes cousins sont ici, pourquoi ne pas en profiter: Et 'ans et Qonrad ne doivent pas camper
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de6ors. Nous pouvons leur offrir une de nos c6ambres vacantes. 2ls seront sans doute 6eureu% de rester avec nous. $ *nna parut surprise de la proposition. 'ans, qui ne la quittait pas des 0eu%, leva aussitTt des ob/ections. 4ais Qonrad lui coupa la parole R # E%cellente ideI s)cria9t9il. *pr"s tout, nous sommes la seule famille d)*nna au% Etats9Unis. $ 5 2l a/outa quelque c6ose en allemand & l)intention de sa cousine. *nna le reprit s"c6ement R # Je t)ai d/& pri de parler anglaisI Je veu% que Joe puisse comprendre ce que nous disons... $
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Elle s)adoucit en vo0ant l)e%pression peine de ses cousins et leur sourit R # Tout s)est fait si vite que /e n)ai pas eu le temps de vous prvenir de mon mariage. 2l ne faut pas m)en vouloir. Joe est un brave gar.on. 22 a des revenus personnels et se propose de rester ici, & +70 @illage, pour m)aider & tenir l)auberge. ,)6iver proc6ain, c)est lui qui s)occupera du remonte9pente. J)esp"re que vous Htes satisfaits... et rassurs sur mon sort: $ a/outa9t9elle d)un ton plus aigre. ,es deu% fr"res rougirent un peu. Joe 'ave9ling sourit pour dissiper la gHne provoque par cette petite sortie. ,&9dessus, *nna passa dans la cuisine pour 0 ranger ses provisions. # Je crois que nous ferions mieu% de partir, murmura 'ans tristement. X @ous n)0 pense- pasI protesta Joe. *nna est tr"s soupe au lait. Elle prend la mouc6e pour un rien, mais sa col"re passe tr"s vite. Elle sera redevenue elle9mHme dans une minute ou deu%. Je sais qu)elle est tr"s contente de vous voir. Elle m)a beaucoup parl de vousI 4ais elle n)admet pas qu)on empi"te sur sa vie prive ou qu)on la contrarie. Elle est terriblement indpendante... $ Bonformment au% prvisions de son mari, *nna revint bientTt, souriante. Mn installa 'ans et Qonrad dans une des c6ambres disponibles. 2l n)0 avait pour l)instant & l)auberge, leur e%pliqua leur cousine, que deu% 6Ttes pa0ants. De leur cTt, les trois dtectives plant"rent leur tente, non pas sur le terrain de camping, mais & l)abri des
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pins qui poussaient pr"s de la maison, sur la droite. Joe 'aveling avait insist pour qu)ils s)installent l&. ,e cours d)eau qui traversait le terrain de camping, leur avait9il e%pliqu, n)avait, cette saison9l&, qu)un faible dbit, car il 0 avait eu peu de neige et de pluies au cours de l)anne. ,es gar.ons seraient beaucoup mieu% s)ils restaient pr"s de l)auberge qui leur fournirait de l)eau en abondance. 'aveling avait galement insist pour qu)'annibal, eter et !ob dVnent avec les autres ce soir9l&. ,es deu% pensionnaires X 4. Jensen et 4. +mat X seraient convis & s)asseoir, eu% aussi, & la table familiale. ,es trois gar.ons firent la connaissance des deu% 6Ttes pa0ants, /uste avant le repas. 4. +mat tait un petit 6omme maigre d)une cinquantaine d)annes. 2l portait un s6ort et de gros souliers de montagne. 4. Jensen tait plus /eune, plus grand et plus gros. +es pais c6eveu% bruns, coups court, couronnaient un visage banal mais plutTt s0mpat6ique. ,orsque *nna dposa le rTti sur la table, 4. +mat tiqua et 6oc6a la tHte d)un air dsapprobateur. # De la viandeI dit9il. X M6I Je vous en prie, pas de sermonI s)cria[ 4. Jensen. @ous n)alle- pas recommencerI J)adore le rTti de bKuf, mais vous me donne- des remords c6aque fois que /)en avale une bouc6e. J)ai l)impression d)Htre un assassin. X ,es animau% sont nos amis, non.a 4. +mat dont le regard bleu tait fi% sur 4. Jensen. Et des amis ne se dvorent pas entre eu%. $
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*nna, qui avait recouvr toute sa bonne 6umeur, sourit de mani"re apaisante au petit 6omme R # *llons, allonsI dit9elle gentiment. Ne vous c6amaille- pas. De toute fa.on, ce bKuf est mort. 3ue 4. Jensen se rgaleI our vous, /)ai prpar des pinards & la cr"me et des carottes r(pes. X arfaitI $ Et 4. +mat se prpara & savourer son repas vgtarien tandis que Joe 'aveling dcoupait le rTti sous l)Kil gourmand de 4. Jensen. # Est9ce que vous serve- parfois du gibier, en saison: demanda soudain celui9ci. J)ai tir deu% bic6es sur la route de !is6op cet apr"s9midi. X Tir: rpta !ob, effar. X 4. Jensen est un animal Barnivore, dit +mat. 2l tirerait volontiers les bic6es avec un fusil si c)tait permis. 4ais comme par bon6eur la loi le dfend, notre c6er ami ici prsent doit se contenter de les tirer avec son appareil p6otograp6ique. X Je suis p6otograp6e de mtier, e%pliqua Jensen R spcialiste de p6otos d)animau%. En gnral, les revues srieuses paient tr"s bien les bons clic6s, surtout quand ils sont pris en pleine nature. $ Joe 'aveling avait fini de dcouper le rTti. *nna passa & la ronde le plat garni de tranc6es de viande cuite & point. # +ave-9vous, dit Joe, que 4. +mat m)a donn sans le vouloir une e%cellente ide: 2l est venu ici pour se promener dans les coins les plus dserts de la montagne. Je me suis dit
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que l)endroit pourrait attirer d)autres e%cursionnistes si l)on faisait un peu de publicit. ,&96aut, e%pliqua9t9il & 'ans, & Qonrad et au% trois gar.ons, /uste au9dessus de la piste de s7i, s)tend une immense prairie situe elle9mHme en contrebas d)un territoire vierge plus vaste encore qui constitue une vritable rserve naturelle. our allc6er les gens, nous n)aurons qu)& vanter la qualit de notre nourriture et de nos lits, & un 7ilom"tre & peine de ce nouveau paradis terrestre. $ 4. +mat leva le ne- de ses pinards & la cr"me. # ,)endroit cessera d)Htre un paradis d"s que les touristes 0 auront mis les pieds. X +i vous pense- au% animau%, dit Joe en riant, ne vous en faites pas pour eu%. 3uelques curieu% ne troubleront gu"re les oiseau% et les ours. Du reste, les ours ne se laissent pas troubler facilement. 2ls ne sont pas timides dans la rgion. X @ous dites cela parce que l)un d)eu% a renvers votre poubelle la nuit derni"re... commen.a 4. +mat. X 2l a parpill les ordures, grommela Joe 'aveling. ,a cour en tait pleine. X Be n)est pas la faute de ces pauvres bHtes, fit remarquer +mat. ,)anne a t terriblement s"c6e. Bomme ils ne trouvent pas suffisamment pour se nourrir en 6aute montagne, ils descendent /usqu)au village. 2ls en ont bien le droit, les mal6eureu%I *pr"s tout, ils 6abitaient la rgion bien avant que les 6ommes ne viennent s)0 installer. X En tout cas, /e ne conseille pas & l)ours qui m)a
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rendu visite cette nuit de revenir dans le secteurI dclara Joe. +inon, gare & luiI X !arbareI $ murmura +mat. *nna intervint. # *llonsI *llonsI s)cria9t9elle. @ous n)alle- pas vous querellerI Be dVner est un repas de fHte... en l)6onneur de mon rcent mariage. Je ne permettrai pas que vous le g(c6ie-I $ Un silence tomba. 'annibal c6erc6a un su/et de conversation anodin pour dtendre l)atmosp6"re. 2l se rappela soudain avoir aper.u une large e%cavation derri"re l)auberge. # @ous propose-9vous de faire construire une anne%e & votre maison: demanda9t9il & *nna. J)ai vu qu)on avait creus derri"re. ,e trou est9il destin au% fondations d)un autre c6alet: X NonI rpondit 'aveling. Nous voulons faire une piscine. X Une piscine: rpta 'ans, surpris. @ous vouleinstaller une piscine ici: 2l fait plutTt froid pour nagerI X M6I ,e soleil tape fort au milieu de la /ourne. De toute fa.on, ce sera une piscine c6auffe. ,orsque nous ferons de la publicit pour la -one vierge en 6aut de la montagne, nous annoncerons aussi au% touristes qu)ils auront la possibilit de se rafraVc6ir dans la piscine apr"s avoir e%cursionn tout le /our. Nous pourrons mHme faire couvrir cette piscine pour qu)elle soit galement utilisable l)6iver. @ous vous rende- compteI
Ha$eling attrapa Smat par le ,ras et le tira sur le cEt93 -H

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,es amateurs de sport pourront s7ier et nager dans la mHme /ourneI X @ous ne vo0e- pas un peu grand: $ demanda 4. Jensen avec, dans la voi%, un rien de mordant qui attira l)attention d)'annibal. *vant que le mari d)*nna ait eu le temps de rpondre, un fracas s)leva de la cour. Un bruit mtallique apprit qu)un intrus venait de renverser l)norme poubelle de l)auberge. Joe 'aveling se leva d)un bond et plongea dans un petit rduit mnag sous l)escalier. # NonI Je vous en prieI $ cria 4. +mat. 'aveling ressortit du rduit, un gros fusil & la main. # NonI rpta 4. +mat, en se prcipitant dans la cuisine. Je vous en empHc6eraiI X Ne vous mHle- pas de .aI *rrHte-I $ s)cria 'aveling en lui courant apr"s. 'ans, Qonrad et les gar.ons suivirent le mouvement. 2ls arriv"rent & temps pour voir +mat ouvrir la porte de derri"re. # @a9t)enI JileI 6urla le petit 6omme. @a vite te cac6erI DisparaisI $ 'aveling attrapa +mat par le bras et le tira sur le cTt. ,es gar.ons eurent la vision fugitive d)une norme forme sombre qui s)clipsait en direction des arbres bordant la piste de s7i. uis 'aveling, debout sur le seuil, leur bouc6a la vue. 2l paula son arme et tira. ,e coup partit avec un faible bruit. # JlZteI bougonna 'aveling.

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X @ous l)ave- manqu, 6ein: $ fit 4. +mat, e%ultant. Joe 'aveling rentra dans la cuisine et ferma la porte. # Je devrais vous frotter les oreillesI $ dit9il avec 6argne & 4. +mat. eter tira ses camarades en arri"re. Tous revinrent dans la salle & manger. 4ais avant de regagner sa place, le grand gar.on c6uc6ota & ses amis R # @ous ave- remarque le fusil: X Je pense bien, rpondit 'annibal sur le mHme ton. Un fusil & balles tranquillisantes. Tr"s curieu%. ourquoi attaquer un ours avec des tranquillisants alors qu)il 0 a un fusil & cartouc6es dans la maison: $

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$#A&ITRE III LE R-DEUR NO#TURNE '*NN2!*, Jones se retourna dans son sac de *l couc6age et, le regard perdu dans l)obscurit environnante, annon.a tout 6aut R # ,es Trois dtectives ont un m0st"re & dbrouillerI$ !ob, allong pr"s d)'annibal, sous la tente, se redressa sur un coude.
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# *llons9nous nous mettre & la rec6erc6e de la cl de cousine *nna: demanda9t9il. X Non, mon vieu%. 'ans et Qonrad m)ont parl apr"s dVner. 2ls veulent que nous enquHtions au su/et de Joe. ,e mari de leur cousine ne leur plaVt pas. $ * cTt de !ob, eter touffa un b(illement R # 4oi non plus, /e ne le trouve pas s0mpat6ique. Be t0pe9l& et son fusil... 2l a la menace un peu trop facile... 9 N)oublions pas non plus qu)il emploie une arme tr"s spciale R des balles qui les endormentI Bela me semble suspect. Je me demande mHme pourquoi il poss"de un fusil semblableI Bependant, ce qui tracasse 'ans et Qonrad, c)est moins les fusils que cette piscine. 2ls craignent que leur laborieuse et mritante petite cousine n)ait pous un 6omme qui dpense ses conomies en ralisations coZteuses. 2l faut reconnaVtre que ce pro/et d)ad/oindre une piscine & une pension de famille aussi modeste ne tient pas debout. B)est tout bonnement ruineu%I 'ans et Qonrad se tracassent aussi parce que Joe 'aveling n)a pas de mtier. Un 6omme de son (ge devrait travailler. 2l est vrai que, par ailleurs, Joe leur a confi qu)il avait fait un 6ritage /uste avant de rencontrer *nna. ,a voiture de sport rouge est & lui. 2l 6abitait <eno avant de venir ici. Bette partie de son 6istoire doit Htre vraie, car la voiture porte la plaque du Nevada. X 3ue devons9nous faire: s)enquit eter. *ller & <eno et rec6erc6er les anciens emplo0eurs d)'aveling:

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X Je ne crois pas que ce soit ncessaire, dit 'annibal. !ob, ton p"re ne connaVtrait9il pas quelqu)un & <eno: $ 4. *nd0, le p"re de !ob, tait /ournaliste & ,os *ngeles et, vu son mtier, connaissait beaucoup d)autres /ournalistes un peu dans toutes les villes de l)Muest. # Je pense que oui, rpondit !ob. X !onI dit 'annibal. arle & ton p"re d"s demain R un coup de fil est vite passI Bela nous conomisera du temps. $ ,e c6ef des Dtectives souleva la porte de toile de la tente pour contempler la fa.ade de l)auberge. Toutes les fenHtres taient sombres, sauf une. # Joe 'aveling est dans le bureau d)*nnaI annon.a9 t9il. X 2l doit avoir la permission de sa femme $, dit eter en regardant & son tour. Bomme les rideau% de la pi"ce n)taient pas tirs, on pouvait voir Joe install & la table de travail, en train de classer des papiers et de les ranger dans des dossiers. # 22 remet de l)ordre, constata eter. Burieu% que la cousine *nna ne s)en soit pas c6arge. Elle est si mticuleuse, si l)on en croit 'ans et QonradI X Bousine *nna me d.oit un peu, avoua 'annibal. Et /e crois qu)elle d.oit galement ses cousins. Elle n)a pas paru tellement enc6ante quand son mari a invit 'ans et Qonrad & rester & l)auberge. Elle refuse de parler allemand avec eu%. En fait, elle ne leur parle pas beaucoup, mHme en
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anglais. Elle laisse son mari faire les frais de la conversation. X ,es runions de famille ne se passent pas tou/ours comme on le prvoit, fit remarquer eter. Du moins les g(teau% de la cousine *nna sont9ils & la 6auteur de leur rputation. *6I a/outa9t9il apr"s avoir t(tonn dans l)obscurit. @oici mes c6aussuresI uisque Joe est debout, /e vais en profiter pour lui demander un verre de lait et quelque c6ose & grignoter. X !onne ide, dit 'annibal. Je t)accompagne. X 4oi aussiI $ fit !ob en c6o.
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,es trois gar.ons se prparaient & quitter la tente quand 'annibal s)immobilisa soudain, un doigt en l)air R # B6utI Ecoute-I... $ !ob et eter per.urent un bruit bi-arre, derri"re la tente R une sorte de grognement plaintif et implorant. # Un oursI souffla eter. X Ne bougeons pasI $ recommanda 'annibal. Des branc6es s"c6es craqu"rent. ,)animal parut. 2l s)arrHta /uste devant la tente. ,es gar.ons virent sa sil6ouette se dcouper contre la fenHtre lumineuse du bureau. B)tait bien un ours, norme et apparemment affam. 2l se mit & flairer dans leur direction. # @a9t)enI murmura eter malgr lui. X B6utI dit !ob. Ne l)effraie pas. $ ,)ours, immobile, regardait les trois amis. Eu%9mHmes, immobiles comme des statues, l)observaient avec attention. !ientTt, l)animal parut se dsintresser de la tente et de ses occupants... 2l ternua et se dirigea d)un pas pesant vers le derri"re de l)auberge. eter e%6ala un soupir de soulagement R # MufI 2l est parti. X 2l veut seulement e%plorer la poubelle $, dit !ob. 2l ne se trompait pas. 3uelques secondes plus tard, le bruit du rcipient mtallique renvers parvint au% gar.ons. ar la fenHtre du bureau, ils virent Joe 'aveling bondir vers la porte. *vant qu)il l)ait atteinte, un clair d)un blanc bleut /aillit derri"re la maison. 2l

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fut suivi d)un 6urlement sauvage, puis d)un cri... un cri 6umainI +ans 6siter, les trois dtectives s)lanc"rent 6ors de la tente et se ru"rent sur les lieu% d)une ventuelle tragdie. D"s qu)ils eurent tourn le coin du c6alet, ils aper.urent l)ours s)enfu0ant & toutes pattes le long de la piste de s7i. ,e bruit d)une autre fuite prcipite s)leva sous le couvert des arbres voisins R on eZt dit que quelqu)un s)loignait rapidement, tHte baisse parmi les fourrs. +oudain, l)ampoule de la porte de derri"re s)alluma. ,a porte s)ouvrit et Joe 'aveling sortit, son fusil & balles tranquillisantes & la main. +on regard furieu% se porta d)abord sur les gar.ons, puis sur la poubelle, dont le contenu /onc6ait le sol. *lors, il laissa c6apper une e%clamation de stupeur. 4. Jensen, le p6otograp6e animalier, tait tendu de tout son long parmi les dtritus. 2l tait en p0/ama et robe de c6ambre. Une de ses mules de cuir se trouvait & quelques pas de lui. +on appareil tait tomb & terre et semblait en piteu% tat. # Mu)est9ce que...: commen.a Joe 'aveling. Nous avons aper.u un ours rTdeur, e%pliqua 'annibal, en se penc6ant sur le p6otograp6e inanim. Je crains que 4. Jensen ne soit blessI $

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$#A&ITRE IV )UI A "RA**. (ENSEN/


JME '*@E,2NN

posa son fusil et s)agenouilla aupr"s

de Jensen. # *ve-9vous vu ce qui s)est pass: demanda9t9il au% gar.ons. X Un ours a rTd autour de notre tente avant de s)en prendre & votre poubelle, e%pliqua !ob. Nous avons alors t blouis par un flas6 et nous avons entendu deu% cris R l)un pouss par l)ours, et l)autre par 4. Jensen. $ ,es fenHtres de l)auberge s)allumaient main9
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tenant les unes apr"s les autres. ,a cousine *nna fut la premi"re & apparaVtre. # JoeI 3u)est9il arriv: X JensenI indiqua bri"vement son mari. 2l a voulu prendre une p6oto d)un ours en maraude et il a rcolt un mauvais coup. Nous ferions bien d)appeler un docteur. $ 4. +mat surgit & son tour. +es c6eveu% gris se dressaient en dsordre sur son cr(ne. 2l avait enfil sa robe de c6ambre & l)envers. # 3uelle est la cause de tout ce vacarme: $ demanda9t9il. 'ans et Qonrad, qui arrivaient derri"re lui, s)inquit"rent eu% aussi R # 3ue se passe9t9il donc: dit 'ans. M6I... 4. JensenI $ *u mHme instant, celui9ci gmit, se tourna sur le flanc, et enfin, non sans effort, se dressa sur son sant. 'aveling parut soulag. # Ya va: $ ,e p6otograp6e fit une grimace et porta la main & sa nuque. # 3uelqu)un... quelqu)un m)a frappI dclara9 t9il. X J)ai l)impression que vous vous en tire- & bon compte, dit 'aveling. ,a plupart des gens attaqus par des ours laissent leur vie dans l)aventure. $ Jensen russit & reprendre la position verticale mais dut s)adosser au mur de l)auberge. 2l secoua la tHte comme pour s)claircir les ides R # J)ai t attaqu, dclara9t9il, mais pas par

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cet ours. 3uelqu)un s)est gliss derri"re moi et m)a flanqu un bon coup sur la tHte. X *llons, allonsI dit Joe 'aveling. B)est forcment l)ours. @ous l)ave- effra0 avec votre flas6 et il s)est retourn contre vous. Bes animau% peuvent Htre tr"s rapides, vous save-I X Je le sais parfaitement. 4ais celui9ci ne m)a pas attaqu. Je l)ai aper.u de la fenHtre de ma c6ambre. J)ai pris mon appareil et /e suis descendu. J)tais en train de le p6otograp6ier quand /)ai entendu quelqu)un derri"re moi. ,e flas6 est parti et la seconde d)apr"s... vlanI $ Jensen se redressa davantage et foudro0a du regard 4. +mat, debout & cTt d)*nna.

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# B)est vousI lan.a9t9il d)un ton accusateur. @ous et vos ides stupides sur les animau%I B)est vous qui m)ave- agressI 3u)est9ce que vous vous imaginie-: 3ue /e voulais empiter sur la vie prive de cet ours ou quoi: $ 'aveling prit Jensen par le bras R # @ous avet secou. Balme-9vous. Nous allons appeler un mdecin. X Je ne veu% pas de mdecin. Je veu% la policeI X 4onsieur Jensen, dit 'annibal en s)avan.ant, il est possible qu)il 0 ait eu un second ours. Nous en avons vu un qui remontait la piste de s7i, mais nous avons galement entendu un bruit de branc6es casses venant du sous9bois. X Be n)est pas un ours qui m)a attaquI rpta Jensen avec entHtement, sans cesser de regarder +mat d)un air froce. X Je n)ai pas pour 6abitude de frapper mes semblables, dclara +mat vertement. D)ailleurs, /e n)aurais pas eu la possibilit de vous agresser. J)tais couc6. Demande& 4me 'avelingI Elle tait dans le couloir quand /)ai ouvert la porte de ma c6ambre. X B)est vrai, monsieur Jensen, affirma *nna. J)ai entendu du bruit. J)ai pass une robe de c6ambre et /)avais atteint le palier quand 4. +mat est sorti de c6e- lui. X Tout s)est pass tr"s vite, dit 'aveling d)un ton apaisant. @ous ne pouve- pas vous rappeler e%actement ce qui est arriv... surtout apr"s ce coup sur la tHte.

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X J)ai re.u un coup de poingI as un coup de patteI affirma Jensen avec obstination. Depuis quand les ours donnent9ils des coups de poing: X @ene-I <entronsI Je vais appeler un docteur, rpta 'aveling, qui parlait au bless comme on parle au% enfants en col"re. X Je ne veu% pas de docteurI 6urla Jensen. *ppele- la police. Un criminel rTde dans les parages, tout prHt & s)en prendre au% 6onnHtes gens. X ,es 6onnHtes gens devraient Htre dans leur lit & cette 6eure de la nuit, dit 4. +mat, au lieu d)effra0er de pauvres cratures avec leurs flas6es et leurs appareils du diableI 9 4on appareilI $ cria Jensen en regardant autour de lui. *vec un cri, il ramassa ce qu)il en restait, 0 compris une pellicule en tire9bouc6on, bonne &, /eter. # @andaleI $ s)cria9t9il. Et il sembla & tous que l)accusation visait encore +mat. # +i vous faites tomber un appareil, il est normal qu)il se brise, dclara celui9ci avec flegme. Et si vous dsire- faire appel & la police, vous m)en vo0e- ravi. Je parlerai moi9mHme & ces messieurs quand ils viendront ici. En attendant, /e retourne me couc6er. Ne me rveille- pas sans raison valable, /e vous prie. $ Et, laissant Jensen & sa rage, 4. +mat disparut & l)intrieur de l)auberge. # 22 a raison, dit 'aveling. Nous devrions tous regagner nos lits. $ 22 se tourna vers les Trois dtectives. # 3uant & vous, /eunes gens, rentre- donc vos sacs de
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couc6age. 2l serait imprudent que vous restie- de6ors avec cet ours agressif. X Be n)tait pas un oursI 6urla Jensen. X 3u)tait9ce alors: rpliqua Joe. 'annibal a entendu des branc6es craquer dans le sous9bois. Donc, & moins que quelqu)un du village n)ait t pris de fureur meurtri"re, il faut bien qu)il 0 ait eu un second ours. Et maintenant, une fois de plus, voule-9vous que /e tlp6one & un mdecin: +i nous appelons le s6rif, il se contentera de vous conseiller de ne pas rTder de6ors la nuit au risque de dranger les animau% sauvages. $ Jensen dut reconnaVtre la /ustesse de ces propos. # Tr"s bienI maugra9t9il. 4ais /e ne veu% pas d)un mdecin. Je n)en ai pas besoin. $ 2l rentra dans la maison en se massant la base du cr(ne. 2l ne fallut que quelques minutes au% Trois dtectives pour transporter leurs sacs de couc6age de la tente au confortable living9room de l)auberge. 2ls attendirent patiemment que tout bruit ait cess & l)tage. uis, dans l)obscurit, ils tinrent conseil. # Jensen a eu de la veineI dcrta eter. Etre attaqu par un ours et s)en tirer & si peu de frais... si, du moins, c)tait bien un oursI X Je vois que tu penses comme moi, murmura 'annibal en fron.ant les sourcils. 2l me semble impossible qu)un ours flanque une taloc6e capable d)tourdir un 6omme sans lui gratigner quelque peu la peau. Mr, Jensen n)a pas la moindre gratignure. +a tHte n)a pas saign.
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X Ya ne peut pas Htre quelqu)un de l)auberge qui l)a attaqu, dit !ob. 'ans et Qonrad ne feraient pas de mal & une mouc6e. Joe 'aveling tait dans son bureau quand la c6ose est arrive. *nna et 4. +mat se fournissent mutuellement un alibi. 4Hme s)il tait acrobate et qu)il puisse monter le long des murs, 4. +mat n)aurait pas pu regagner sa c6ambre asse- vite pour Htre vu d)*nna au bon moment. X 2l s)agit donc bien d)un tranger... ou d)un autre oursI rsuma 'annibal. Demain matin, d"s qu)il fera /our, nous irons e%plorer le sous9bois oU nous avons entendu du bruit. En dpit de la sc6eresse qui svit cette anne, il reste sans cloute asse- d)6umidit sous les arbres pour que nous a0ons la c6ance de relever quelques empreintes. Nous saurons alors si l)agresseur de 4. Jensen tait un ours ou un Htre 6umain... $

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$#A&ITRE V LA #L. *ERDUE


'*NN2!*,

fut

rveill

par

eter

qui

lui

secouait le bras. # Nous avons manqu le coc6e, murmura eter. +ors de ton sac et viens voir... $ 'annibal se souleva. Un petit /our confus clairait la pi"ce. # Joe 'aveling nous a devancs, a/outa eter. X Bomment AaG demanda !ob en s)tirant et en se frottant les 0eu%. X 2nutile d)e%aminer la cour de derri"re pour 0 relever des traces quelconques, dit
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eter. 4ais vene- donc voir vous9mHmes. +i /e vous racontais, vous ne me croirie- pas. $ 'annibal et !ob suivirent eter & la cuisine. Belui9 ci s)approc6a de la fenHtre et invita ses amis & regarder de6ors. # Tr"s intressantI murmura 'annibal. X 4ais... c)est stupideI s)e%clama !ob, sidr, en contemplant 'aveling en train de bala0er la cour avec nergie. X 2l a d/& bala0 le sous9bois, e%pliqua eter. 2l finissait /uste quand /e me suis veill. X 'umI fit 'annibal. Mn dirait bien qu)il efface volontairement toute trace de l)agresseur de 4. Jensen. Tivs curieu%. $ ,e c6ef des dtectives alla sans bruit & la porte, l)ouvrit et, avan.ant silencieusement sur ses c6aussettes, salua brusquement 'aveling qui ne l)avait pas vu venir R # !on/our, monsieur 'avelingI $ ,)6omme sursauta, puis sourit. # !on/ourI @ous ave\ bien dormi malgr cette nuit agite: 9 Bomme un loir, assura 'annibal. @ous voil& lev de bien bonne 6eure $, a/outa9t9il en dsignant le balai. 'aveling releva la poubelle renverse et commen.a & rassembler les ordures parses devant la porte. # 22 0 a pas mal & faire ce matin, e%pliqua9t9il. Beci d)abord et ensuite, apr"s le petit d/euner, /e dois travailler & cette piscine. *lle- vous c6ausser et /e vous montrerai... $ eter et !ob se tenaient pr"s de l)vier, l)air
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innocent, lorsque 'aveling et 'annibal rentr"rent. # !on/our, /eunes gens, dit Joe. @oule-9vous voir ma piscine: $ *pr"s avoir mis leurs souliers, les gar.ons suivirent l)aubergiste au bord de l)e%cavation. # J)ai fait venir deu% ouvriers de !is6op pour la creuser, e%pliqua 'aveling. 4ais /e placerai l)armature et coulerai le ciment moi9mTme. X Be trou a l)air /oliment profondI fit remarquer eter. X 4a foi, oui. X 4ais, dit encore eter, /e ne vois pas d)endroit oU l)on puisse avoir pied. X E%act. $ eter fron.a les sourcils. # Je n)ai /amais vu de piscine ressemblant & la vTtre. +i l)on n)a pas pied & un endroit quelconque, comment feront les gens qui ne savent pas nager et dsirent seulement barboter: X ,es gens qui ne savent pas nager n)entreront pas dans ma piscine, voil& toutI grommela 'aveling. J)ai vu une fois un 6omme, ne sac6ant pas nager, perdre pied dans une piscine. Je vous assure que cela n)avait rien de drTle. $ 'ans et Qonrad sortirent de la maison et appel"rent /o0eusement R # M6: X Nous sommes iciI $ rpondit 'aveling. ,es deu% fr"res travers"rent la cour au pas g0mnastique pour re/oindre leur cousin par alliance et les gar.ons.

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# *insi, dit 'ans apr"s un bref coup d)Kil & l)e%cavation, voil& votre piscine: Elle n)a pas l)air mal du tout. X B)est une piscine comme une autre. X Et c)est vous qui la faites tout seul: s)enquit Qonrad. X Ya m)occupe. endant que /e suis ici, *nna ne m)a pas dans les /ambes. X Bonstruire une piscine est une rude t(c6e, dit 'ans. uisque nous sommes en vacances, nous vous aiderons. 9 Non, nonI protesta vivement 'aveling. 3uand on est en vacances, on se repose. X 2l est tout naturel que nous donnions un coup de main au mari de notre cousineI $ tranc6a Qonrad d)un ton sans rplique. 'aveling 6aussa les paules et e%pliqua au% deu% !avarois ce qu)il se proposait de faire, ce /our9l&, & la piscine. ,es Trois dtectives rentr"rent dans l)auberge. # 'ans et Qonrad ont eu une bonne initiative, murmura 'annibal. *ider 'aveling, leur permettra d)en apprendre plus long sur son compte. X Be Joe me fait l)effet d)un curieu% individu, dclara eter. +a piscine n)est pas rglementaire. $ Be matin9l&, le petit d/euner se droula dans une atmosp6"re plutTt prouvante. 4. Jensen ne parla & personne et s)appliqua & ne pas regarder une seule fois 4. +mat. Belui9ci parut 6orrifi lorsque, apr"s les Kufs, la cousine *nna servit une plate de saucisses de porc. *nna elle9mHme grignota & peine. Elle se contenta
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d)inviter les convives & se resservir... mais sans succ"s. 'aveling se leva asse- vite de table et sortit, suivi de 'ans et de Qonrad, pour travailler & la construction de sa fameuse piscine. 4. +mat prit une brioc6e, la fourra dans sa poc6e et partit sur la route en direction du terrain de camping. 4. Jensen, enfin, dit un # au revoir $ maussade & *nna et annon.a qu)il avait & faire & !is 6op. ,a cousine *nna /eta un coup d)Kil c6agrin au% reliefs du petit d/euner. # ersonne n)avait faim ce matin, murmura9t9elle. X Bependant, tout tait fort bon, rpondit vivement 'annibal. En ce qui me concerne, /e me suis rgal. 2l va falloir que /e songe & surveiller ma ligne. Je deviens trop gros. X as tonnantI lan.a !ob en riant. Tu tais d/& un bb tr"s dodu & l)poque oU tu passais & la tlvision pour une rclame de bouillie. X Bomment celaI s)cria *nna, amuse. 'annibal a paru & la tl: X Mui. B)tait un bb prodigeI X 'ans et Qonrad ne m)en ont pas parl dans leurs lettres. 4ais ils m)ont souvent rpt que vous tie- de fameu% dtectives tous les trois. X @ous ave- vu notre carte $, rpliqua 'annibal avec un brin de raideur. 2l n)avait pas oubli le rire un peu moqueur de la /eune femme le /our des prsentations. # @otre carte: Mui. J)aurais dZ la prendre plus au srieu%. En fait, /)ai encore c6erc6 partout et /e n)ai
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tou/ours pas retrouv cette cl. 2l est tr"s important que /e la rcup"re. eut9Htre pourre-9vous m)aider & mettre la main dessus. X @ous retene- donc les services des Trois dtectives: demanda 'annibal. X <etenir... les services: rpta *nna. X !abal veut savoir, e%pliqua !ob, si vous nous autorise- officiellement & c6erc6er la cl perdue. +ouvent, on rmun"re nos services. 4ais ce ne sera pas le cas cette fois9ci. @ous nous donne\ si gentiment l)6ospitalitI X 4erci, dit *nna avec un sourire. Entendu. Je retiens vos services. Je vous en, prie, retrouve- ma cl. B)est tellement bHteI @ous comprene-, avant de partir pour le lac Ta6oe, /)ai dcid de ne pas m)encombrer de cette cl. *ussi /e lui ai trouv une bonne cac6ette, ici mHme. Et maintenant, impossible de me rappeler la cac6ette en question. Je me suis crue tr"s maligne... et vo0e- oU cela me m"neI X * quoi ressemble cette cl: demanda 'annibal. X Elle est petite, e%pliqua *nna, et tr"s plate. En fait, c)est la cl de mon coffre, & la banque. X Je comprends & prsent pourquoi il est si important pour vous de la retrouver, dit eter. 4ais vous pourrie- aller & la banque et e%pliquer que vous l)ave- perdue. 2ls vous en remettraient un double, /e suppose: X 4on p"re, a/outa !ob, a perdu un /our la cl de son coffre, comme vous. 2l n)a pas eu tellement d)ennuis.
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!ien sZr, il a dZ pa0er une indemnit et on a c6ang la serrure de son coffre, si /)ai bonne mmoire, mais enfin, cela n)a pas t terrible. X Be n)est peut9Htre pas aussi simple pour moi, avoua *nna d)un air gHn. * la banque de !is6op, tout le monde me consid"re avec respect. 2ls savent que /e suis raisonnable et organise. ,orsque /)ai eu besoin d)argent pour faire construire le remonte9pente, on m)en a prHt l&9bas sans difficult. +i l)on apprend que /)ai perdu ma cl, cela ne fera pas bonne impression. X Tr"s bien, admit 'annibal d)un air important. ,es Trois dtectives feront de leur mieu% pour vous tirer

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d)embarras. <etrouver cette cl ne doit pas Htre une t(c6e impossible. ,)auberge n)est pas grande. * propos: MU garde-9vous cette cl, en temps normal: X Dans le tiroir de mon bureau. 4ais & prsent... $ *nna tendit ses mains ouvertes, dans un geste de dsespoir. # Je me rappelle seulement avoir pens que la maison resterait vide en mon absence et que /e risquais d)Htre cambriole. *lors /)ai cac6 ma cl quelque part... mais /)ai oubli l)endroitI X Nous allons nous mettre & sa rec6erc6e tout cl suite, dclara eter en se levant de table. X ouvons9nous commencer par votre bureau: demanda 'annibal. X Nous avons d/& fouill la pi"ce de fond en comble, mais sans rien trouver, affirma la /eune femme. X Nous pouvons fouiller encore, dit 'annibal d)un ton plein d)espoir. *pr"s tout, vous ave- pu ngliger quelque recoin. X Bomme vous voudre-I $ *nna commen.a & desservir. ,es Trois dtectives pass"rent dans son bureau oU le dsordre tait loin d)Htre rpar. # Je crois que nous perdons notre temps & e%plorer les lieu%, estima eter. Tu sais, !abal, la cousine *nna et son mari ont tout mis sens dessus dessous, sans rien trouver. X E%actI $ rpondit 'annibal en prenant place devant le petit bureau. De la cuisine lui parvenait un bruit de vaisselle remue et d)eau qui coule. # E%actI 4ais nous pouvons dcouvrir ce que Joe 'aveling
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faisait ici la nuit derni"re, alors que tout le monde tait couc6. N)oublions pas que 'ans et Qonrad nous ont c6args d)enquHter sur le mari de leur cousine. Bommen.ons donc par trouver ce qui l)intresse dans cette pi"ce. $ ,e c6ef des Dtectives entreprit de fourrager dans un tas de papiers poss devant lui. # 'umI Une lettre de 'ans et une autre de Qonrad. Elles remontent & deu% ans. *nna a dZ conserver toute la correspondance de ses cousins. X Je me demande pourquoi Joe lisait ces lettres cette nuit, murmura !ob en attrapant un registre sur une tag"re. uisque 'ans et Qonrad sont ici en c6air et en os, il peut leur demander des dtails sur leur vie, sans avoir besoin de fouiller dans ces papiers. X B)est trange, en effet, admit 'annibal, en tirant sur sa l"vre infrieure, ce qui tait tou/ours c6elui un signe d)intense concentration. X 'I fit encore !ob. @oici autre c6ose. <egarde ce registre, !abal. ,a cousine *nna 0 a consign ses rentres et ses dpenses. @oici la colonne du crdit, et celle du dbit. ,a troisi"me de c6aque page indique le solde, c)est9&9dire de combien d)argent liquide dispose *nna. $ 'annibal feuilleta le gros livre. +oudain, il s)arrHta. # ,a derni"re rentre se situe il 0 a quin-e /ours, annon.a9t9il & !ob et & eter. 2l 0 a donc deu% semaines, *nna a encaiss cent soi%ante9quin-e dollars. Elle n)a rien sorti depuis. ,a derni"re colonne indique qu)elle a di% mille 6uit cent vingt9trois dollars d)conomies.
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X Nom d)un c6ienI s)cria eter. X *utrement dit, la cousine *nna est fort & son aise, dit 'annibal. DpHc6ons9nous de retrouver sa cl. Ensuite, !ob, nous descendrons au village et tu tlp6oneras & ton p"re. 2l nous faudrait des renseignements sur la situation financi"re d)'aveling. X Tu penses que le bon6omme n)avait en vue que de mettre le grappin sur le magot d)*nna: demanda eter. X B)est une possibilit. En tout cas, 'ans et Qonrad ont des soup.ons & ce su/et. Joe a l)air de s)en douter. Mn sent qu)il n)est pas & son aise avec eu%. J)ai bien remarqu qu)il semblait contrari lorsque les deu% fr"res ont parl de passer leurs vacances ici, & l)aider. Bela n)a pas de sens. ,a piscine elle9mHme n)a pas de sens. Et bala0er la cour n)a pas de sens non plus. +ans parler du fusil tranquillisantI $ 'annibal s)interrompit pour lever la main, d)un geste recommandant le silence. Un bruit de pas venait de l)alerter. 3uelques secondes plus tard, *nna fit son apparition au seuil de la pi"ce. # *lors: demanda9t9elle. X @ous avie- raison, rpondit 'annibal. ,a cl n)est pas ici. X 4ais nous allons fouiller le reste de l)auberge, annon.a !ob. 4. Jensen et 4. +mat trouveraient9ils & redire si nous /etions un coup d)Kil dans leurs c6ambres: Et aurie-9vous eu l)ide de cac6er votre cl dans une pi"ce destine & des 6Ttes pa0ants:
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X eut9Htre, rpondit *nna. Je n)avais pas encore de pensionnaires lorsque /e suis partie me marier. <egarde- donc ces c6ambres, mais ne touc6e- pas au% bagages, bien entendu. X Bela va de soi, dclara 'annibal en se levant. *u fait, voule-9vous que nous remettions cette pi"ce en ordre: X B)est & moi de le faire, dit *nna. @ous ne saurie- pas oU ranger les papiers. X Tr"s /uste $, admit le c6ef des Dtectives en se dirigeant vers la porte. 2l s)arrHta soudain, comme frapp d)une ide. # *ve-9vous utilis votre c6quier ces temps derniers: demanda9t9il. Je n)ai trouv de c6quier nulle part. X B)est que /e n)en poss"de pas, rpondit *nna. Je paie tout comptant. X *bsolument tout: demanda 'annibal, stupfait. 4ais n)est9il pas dangereu% de garder de l)argent ici: X Je n)ai sur place que le strict ncessaire, e%pliqua la /eune femme. ,e reste est dans mon coffre, & la banque. B)est mHme pour cela qu)il est tellement urgent que /e retrouve ma cl. J)aurai bientTt d)importantes notes & rgler. J)ai besoin d)argent. Et puis, mon mari a command du ciment pour la piscine. Je me suis engage & pa0er & la livraison. X Tou/ours en esp"ces: X En un sens, c)est plus sZr, dclara la cousine *nna. +i /e possdais un c6quier, quelqu)un pourrait
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me le voler et tirer de grosses sommes en signant & ma place. Je ne m)en apercevrais pas tout de suite. Be serait un dsastre. X Je ne crois pas qu)il soit raisonnable d)agir comme vous le faites, dit 'annibal. +i vous pa0e- tout comptant, les gens doivent savoir que vous ave- ici de grosses sommes de temps & autre. Mn pourrait aussi bien vous voler cet argent. $ *nna sourit R # 4on mari se servirait de son fusil si quelqu)un s)introduisait c6e- nousI X our .a, marmonna eter, /e suis bien sZr qu)il le feraitI $

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$#A&ITRE VI LA MONTAGNE DU MONSTRE consacr"rent le restant de la matine & une fouille minutieuse de l)auberge enti"re. 2ls soulev"rent les tapis, regard"rent sous les tiroirs, e%amin"rent le 6aut des fenHtres et des portes. eter grimpa sur un escabeau pour dcroc6er toutes les assiettes dcoratives ornant les murs. !ob passa en revue la vaisselle des placards et sonda mHme la rserve de farine et le pot de mlasse. 'annibal e%plora en
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dtail les c6ambres du 6aut. De mHme, tous trois pas9 s"rent au peigne fin le grenier et le sous9sol. ,a penderie oU *nna rangeait ses affaires ne fut pas nglige R les gar.ons retourn"rent les poc6es de tous ses vHtements et all"rent /usqu)& regarder & l)intrieur de ses c6aussures. # Etes9vous sZre que cette cl soit ici: demanda 'annibal & l)6eure du d/euner. Etes9vous sZre de ne pas l)avoir perdue quelque part... peut9Htre & la banque la derni"re fois que vous 0 Htes alle: $ *nna en tait certaine. # Je n)0 comprends rien, dclara eter. Nous avons c6erc6 absolument partout. Bomment ave-9vous pu songer & une cac6ette aussi e%traordinaire et ne plus vous la l)appeler maintenant: X J)ai un trou de mmoire, soupira *nna en servant ses /eunes convives. lus /)essaie de me souvenir et moins /)0 arrive. X Besse- de vous torturer les mninges, conseilla 'annibal. Ya vous reviendra alors que vous 0 pensere- le moins. $ D"s qu)ils eurent e%pdi leur d/euner, les Trois dtectives se rendirent dans la cour de derri"re. 'annibal s)arrHta pour e%aminer le sol. 2l avait t si bien bala0 qu)il portait seulement la trace des alles et venues de ceu% qui travaillaient & la piscine. # M6, 'annibalI $ B)tait 'ans qui, debout pr"s de l)e%cavation, 6lait les gar.ons. * l)intrieur mHme de la future piscine rsonnaient de formidables coups de marteau.
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'annibal, eter et !ob s)avanc"rent et plong"rent leurs regards dans l)norme trou. Qonrad tait au fond, en train d)enfoncer des clous dans les planc6es formant caisson. B)est l& que serait vers le ciment. # *lors: demanda 'ans. *ve-9vous dcouvert quelque c6ose: $ Qonrad arrHta son travail pour couter la rponse. # Nous avons c6erc6 la cl perdue par votre cousine, e%pliqua 'annibal, mais nous n)avons mal6eureusement pas russi & la trouver. Nous nous proposons maintenant d)enquHter sur 'aveling. Je suis certain que nous pourrons bientTt vous renseigner sur lui. * propos, oU donc est9il pass: $ 'ans montra du doigt le 6aut de la piste de s7i. # 22 a rempli son sac & dos, pris son fusil et grimp l&96aut. 2l a quelque c6ose & faire, nous a9t9il dit, dans la prairie au9dessus. 2l ne redescendra pas avant un bon moment. $ ,es Dtectives quitt"rent les !avarois pour se rendre au village. 2ls arriv"rent bientTt & la station9 service oU 'ans et Qonrad s)taient renseigns la veille. ,e pompiste tait invisible et le poste ferm. !ob aper.ut une cabine tlp6onique & la disposition du public. 2l s)0 enferma pour appeler son p"re au /ournal. # *lors: questionna eter lorsqu)il vit son ami sortir de la cabine. X *lors, le paternel m)a pass le savon 6abituel pour le dranger pendant ses 6eures de travail. 4ais, & part .a, nous avons de la veine. 2l connaVt un /ournaliste de <eno et va lui demander de se tu0auter sur Joe
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'aveling. 2l m)a dit de le rappeler demain soir & la mai9 son. X Nos affaires semblent en bonne voie $, fit remarquer 'annibal. ,es trois amis remont"rent la rue /usqu)& l)Au,erge du Slalom/ dpass"rent celle9ci, puis tourn"rent en direction du terrain de camping. # Bes vacances ne se passent pas e%actement comme prvu, dit soudain eter. Nous devions camper en pleine nature, observer les animau% et nager dans les torrents de montagne. * la place, nous couc6ons & l)auberge et nous mangeons la cuisine d)*nna. X Nous pouvons camper en plein air, /e suppose, rpondit !ob. Je propose que nous plantions notre tente sur le terrain de camping cet apr"s9midi mHme. 2l est probable que 'ans et Qonrad ne voudront pas nous suivre, car ils veulent garder l)Kil sur 'aveling. 4ais rien ne nous oblige & faire comme eu%. $ 'annibal sourit R # Tu n)as donc pas peur des ours: demanda9t9il. X ,)ours que nous avons re.u la nuit derni"re ne nous a fait aucun mal. 2l c6erc6ait seulement de quoi manger. X N)empHc6e que 4. Jensen a re.u un mauvais coupI rappela 'annibal & son ami. 3ui tait son agresseur: Et pourquoi 'aveling a9t9il effac toute empreinte ce matin: $ *pr"s un dernier tournant, les trois camarades virent le terrain de camping en face d)eu%. 2l tait quip
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de cinq fo0ers de pierre enfoncs dans le sol et d)un nombre gal de tables de pique9nique en bois. +ur la droite courait un ruisseau, mal6eureusement presque & sec. +eul un filet d)eau s)tirait sur les caillou% du fond. *u9del& du terrain de camping, un sentier sinueu% s)enfon.ait parmi la broussaille. eter embrassa du regard le pa0sage et se passa la main dans les c6eveu%. # Je comprends, murmura9t9il, ce que Joe 'aveling voulait dire quand il parlait du probl"me de l)eau dans la rgion. +i nous plantons notre tente ici, nous serons obligs d)aller c6erc6er l)eau & l)auberge. X B)est videmment un inconvnient ma/eur, reconnut 'annibal. En outre, /e prf"re ne pas trop m)loigner de l)auberge, du moins tant que /e n)en saurai pas plus long sur 'aveling. Bet individu me paraVt suspect sur bien des points. Et cette attaque contre Jensen... X ,e coupable n)est certainement pas 'avelingI protesta !ob. Nous l)avons vu de nos 0eu% & l)intrieur de l)auberge au moment oU Jensen a re.u ce gnon derri"re la tHte. X !ien sZr que non, ce n)est pas 'avelingI admit le c6ef des Dtectives. N)empHc6e qu)il se passe des c6oses louc6es dans cette auberge. Et /e voudrais bien savoir ce que c)est. $ 2l 0 eut, derri"re 'annibal, un bruit de branc6es froisses qui fit sursauter les trois amis.
II ' eut( derrire #annibal( un bruit de bran)hes *roisses+

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# Je vous ai fait peur: demanda une voi% amuse. E%cuse-9moi. Je n)en avais pas l)intention. $ 'annibal se retourna. ,)emplo0 du poste d)essence de +70 @illage mergea d)un bosquet de lilas sauvage. 2l tenait & la main quelques papiers gras qu)il enfouit dans un sac qu)il portait en bandouli"re. % # @ous vous mfie- des ours, pas vrai: demanda9t9 il tandis que ses 0eu% vifs dvisageaient les gar.ons. J)ai appris que l)un d)eu% vous avait effra0s la nuit derni"re. X Bomment le save-9vous: s)enquit 'annibal. X 4. Jensen m)a ac6et de l)essence ce matin, e%pliqua le pompiste. J)ai remarqu qu)il uvait la nuque raide et /e lui en ai demand la raison. J)aime bien savoir le pourquoi et le comment des c6oses. 4on client a e%plos. 2l m)a racont d)un ton rageur que quelqu)un lui avait fait le coup du lapin pendant qu)il tait occup & p6otograp6ier un ours. X our autant que nous sac6ions, c)est en effet ce qui s)est pass, dit !ob. 4. 'aveling pense qu)il s)agit d)un deu%i"me ours. X DrTle de mani"re de se comporter, pour un oursI murmura le pompiste. 4ais enfin, ce n)est pas impossible. Bes animau% descendent asse- nombreu% /usqu)au village cette anne. B)est tou/ours la mHme c6ose en priode de sc6eresse. ,es pauvres bHtes, pousses par la faim, e%plorent les poubelles. ersonnellement, /e les laisse faire. Bomme .a, /e n)ai /amais d)ennuis... $ ,es 0eu% fureteurs de l)6omme parcoururent le terrain de camping.
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# @oil& qui est mieu%I murmura9t9il. @o0e-9vous, continua9t9il & l)intention de ses /eunes interlocuteurs, la semaine derni"re, il est venu ici un couple de campeurs qui ont laiss derri"re eu% un tas de salets. ,e sol semblait couvert d)un tapis fait de papiers gras et de peau% d)oranges. 2l est incro0able que des gens soient aussi malpropres. X B)est vous, le responsable du camping: demanda !ob. X as vraiment, nonI 4ais, en t, ce camping est la seule c6ose qui attire les touristes dans la rgion. 4oi, /)ai besoin de vendre mon essence. ,es campeurs se disent, de bouc6e & oreille, dans quel tat on trouve tel
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ou tel terrain. +i l)endroit acquiert un mauvais renom, /e n)ai plus qu)& boucler la station9service et crever de faim /usqu)au% neiges de mai. X Je vois, dit !ob. X Je m)appelle <ic6ardson, reprit l)6omme. B6arlie <ic6ardsonI $ eter lui sourit R # 4on nom est eter Brentc6, dit9il & son tour. Et voici 'annibal Jones... et !ob *nd0. $ B6arlie <ic6ardson se dclara ravi de faire la connaissance des trois gar.ons et leur serra la main & tour de rTle. # @ous ave\ l)intention de c6anger votre tente de place et de l)installer ici: demanda9t9il ensuite. En passant pr"s de l)auberge, 6ier, /)ai vu que vous l)avieplante sous les arbres. X our l)instant, e%pliqua 'annibal, nous couc6ons & l)intrieur de la maison. *pr"s l)6istoire des ours, 4. 'aveling a dcid que c)tait plus prudent. $ B6arlie clata de rire R # Mn voit bien que le mari d)*nna +c6mid n)a pas l)6abitude de la montagne du 4onstreI 'a, 6aI +e laisser effra0er par un ours ou deu%I X ,a montagne du 4onstre: rpta eter, intrigu. X Mui. M6I Je sais bien que, sur la carte, elle se nomme mont ,oft0. 4ais quand /)tais gosse et qu)il n)0 avait que cinq ramilles tablies dans le pa0s, on l)appelait la montagne du 4onstre. $ 22 montra du doigt
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une tour & peine visible parmi les arbres R # @ous vo0ece mirador: *utrefois, on reprait les incendies de forHt de l&96aut. *u/ourd)6ui, il ne sert plus & rien, mais dans le temps on ne l)appelait que # la tour de la montagne du 4onstre. $ eter s)assit sur l)une des tables. # ourquoi cette montagne a9t9elle t baptise ainsi: demanda9t9il. X 3uand /)tais petit, e%pliqua B6arlie <ic6ardson, les grandes personnes racontaient volontiers qu)on rencontrait des monstres dans la montagne R des gants et des ogres qui vivaient dans des cavernes et dvoraient les enfants qui s)attardaient de6ors au crpuscule. $ !ob rit franc6ement R # Bela ressemble au% 6istoires de croque9mitaines que l)on dbite au% gosses pour les faire tenir tranquillesI X +ans doute, admit B6arlie, mais nous, on 0 cro0ait dur et ce que les grandes personnes ne nous disaient pas, nous trouvions mo0en de l)inventer. Un vieu% trappeur vivait par ici & l)poque et /urait qu)il avait trouv l)empreinte des pas d)un gant dans la neige, tout l&96aut, pr"s du glacier. Des empreintes d)6omme marc6ant pieds nusI Une 6istoire idiote, quoiI Un 6omme se g"lerait les orteils & courir ainsi nu9 pieds dans la neige. X @ous prenie- plaisir & vous faire peur, dit eter. X Mui, mais /e vous garantis que, malgr tout, nous ne traVnions /amais de6ors apr"s le couc6er du
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soleil. B)est drTleI Mn pourrait presque croire que l)ermite connaissait ces contes & dormir debout et qu)il a laiss son imagination travailler dessus... Et pourtant... X ,)ermite: questionna !ob en se laissant tomber sur un roc pr"s de la table de pique9nique. 3uel ermite: @ous nous parle- d)abord de monstres, et maintenant d)un ermite. @otre enfance n)a pas manqu de piment. X M6I ,)ermite ne date pas de mon enfance, protesta B6arlie. 2l s)est install dans la rgion voici environ quatre ans. 2l est venu & pied de !is6op, sac au dos. B)tait un /eune 6omme d)environ vingt9cinq & trente ans. 3uand il est arriv, on tait en plein t et les touristes taient plus que rares. 3uand /e l)ai vu, debout au milieu de la rue et l)air plutTt dsorient, /e lui ai demand ce qu)il c6erc6ait. # Un endroit pour mditerI $ m)a9t9il rpondu. Je lui ai dclar qu)ici, & +70 @illage, nous n)avions pas d)glise. 4ais il paraVt que ce n)tait pas cela qu)il voulait R seulement un coin oU il pourrait s)installer en pai% pour permettre & son esprit de communier avec la nature universelle. Je lui ai donc indiqu la prairie, /uste au9dessus de la piste de s7i. 2l est rare que quelqu)un s)aventure /usque9l& en t. 4on bon6omme ne risquait donc pas d)Htre drang. Na]f que /)tais, /e m)imaginais qu)il s)assirait dans l)6erbe et mditerait, /uste le temps d)un apr"s9midi. 4ais /e me trompaisI ,e gar.on a bien grimp le flanc de la montagne, mais il s)est b(ti l&96aut une petite ca6ute. 2l a ac6et son bois, ses clous et du papier goudronn au village... mais /amais de nourriture.
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Je suppose qu)il vivait de baies sauvages, comme les ours, ou de glands, comme les cureuilsI X ,e retour & la nature, quoiI dit !ob. Et ensuite, qu)est9il arriv & votre ermite: X 4a foi, /e crois que la solitude finit tou/ours par taper sur le cerveau d)un 5t0pe. Et celui9ci ne parlait & personne. +i d)aventure quelqu)un montait /usqu)& sa prairie, il s)enfermait dans sa cabane. Bela a dur trois mois. Et puis, un /our, il est arriv au village en courant, les 0eu% 6ors de la tHte, en criant qu)il 0 avait un monstre dans la prairie. 2l est parti, tou/ours courant, en direction de !is6op et depuis lors personne ne l)a revu. eut9Htre bien qu)il court encore. $ 4algr lui, eter eut un frisson. 'annibal se contenta de regarder les pics qui trouaient les nuages. # Un monstreI murmura9t9il. Je me demande... X !a6I dit B6arlie en 6aussant les paules. N)attac6e- pas trop d)importance au% dclarations de l)ermite. 2l aura eu des visions. Be n)est pas bon pour un 6omme de vivre seul... *llons, si vous voule- camper ici, alle-90I Ne vous tracasse- pas au su/et du monstre. 3uant au% ours, ils ne vous feront rien si vous les laissetranquilles. @eille- simplement & ne pas laisser traVner de nourriture. $ 2l reprit le c6emin du village mais, avant de disparaVtre, lan.a par9dessus son paule cette ultime recommandation. # Et ne /ete- pas de papiers grasI X romisI $ assura !ob. Et une fois seul avec ses camarades R # ,e monstre de la montagneI Bomme s)il
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pouvait 0 avoir un 0ti par iciI Nous ne sommes pas dans l)'imala0aI ,a rgion est frquente en 6iverI X ,es gens ne vont pas partout, fit remarquer 'annibal. Bette montagne couvre une vaste surface. +7ieurs, promeneurs et campeurs ne vont /amais tr"s loin. X 'annibal, dit eter en frissonnant, ne va pas me dire que l)ermite a rellement vu un monstreI X ', 6I ,es 6istoires les plus fantastiques ont tou/ours un fond de vrit. * moins que B6arlie <ic6ardson nous ait menti au su/et du trappeur et de l)ermite, il semble bien qu)une crature colossale 6ante le coin. X Ecoute-I dit !ob brusquement... 22 0 a quelqu)un de ce cTt... $ Tout & l)autre bout du terrain de camping, les buissons s)agit"rent faiblement bien qu)il n)0 eZt pas le moindre souffle de vent. ,es gar.ons per.urent de lgers craquements. eter se tenait immobile, tr"s raide, les 0eu% fi%s sur les broussailles qui poussaient de l)autre cTt du ruisseau. 2l crut distinguer au milieu comme une ombre mouvante. ,es craquements se firent plus distincts, plus proc6es. # 2l 0 a quelqu)unI rpta !ob. 3uelqu)un ou quelque c6ose qui... qui vient de notre cTtI $

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$#A&ITRE VII L'ANIMAL M0ST.RIEU% se rapproc6"rent encore. De nouveau, sur l)autre bord du ruisseau, les buissons frmirent. ,es Trois dtectives sentirent une sueur glace leur mouiller l)c6in. Des visions de cratures tranges s)impos"rent & leur esprit... ogres et gants rTdant dans la forHt... formes sinistres tapies dans l)ombre des arbres, les nuits de pleine lune... Encore une craquement. Un froissement. lus pr"s. Encore plus pr"s...
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+oudain, les bruits cess"rent. ,a vgtation, sur l)autre berge, ne remuait plus. ,e silence parut presque aussi terrifiant que les craquements prcdents. D)oU l)attaque allait9elle venir: # M6I Je suis dsol, mon petit amiI dit tout a coup une voi% famili"re. J)ai failli te marc6er dessusI $ eter s)aper.ut que, /usque9l&, il avait retenu son souffle. 2l s)empressa de respirer de nouveau, bien & fond. # B)est 4. +matI s)cria & cTt de lui 'annibal. MufI Je prf"re .aI $ 22 se sentait la gorge s"c6e apr"s cette c6aude alerte. !ob clata d)un rire saccad qui tra6issait son e%trHme nervosit. # @ous ave- cru comme moi que c)tait le monstre de la montagne, pas vrai: X ,e pouvoir de la suggestion, e%pliqua bri"9 vement 'annibal. Nous avons entendu une 6istoire effra0ante et la premi"re personne venant par ici nous a pouvants. $ Elevant la voi%, il appela R # 4onsieur +mat: $ +ur la berge en face, les buissons s)cart"rent et le visage mince de 4. +mat apparut, tourn vers les gar.ons. ,e petit 6omme tait coiff d)un c6apeau de toile et semblait ignorer qu)il avait un coup de soleil sur le ne- et une longue gratignure en travers du front. # 3u)ave-9vous & crier ainsiI dit9il. @ous trouble- la pai% de la nature. $ ,e ton tait sv"re, mais une ombre de sourire adoucissait sa bouc6e.
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# @ous nous ave- fait peur, avoua eter. Nous vous avons pris pour... pour un ours. X Bela me plairait asse- d)Htre un ours, cet apr"s9midi, dclara 4. +mat. J)ai trouv un arbre & miel. 3uel festin pour un oursI $ 22 mergea des buissons et se tint debout sur l)autre rive. ,es gar.ons s)aper.urent alors qu)il portait un s7un7s sur le bras, presque tendrement, comme une m"re aurait pu porter son entant. # Nom d)un ptardI $ s)e%clama eter. ,es 0eu% de +mat se pos"rent sur le petit animal noir et blanc. # N)est9ce pas, qu)il est gentil: murmura9t9il. X 4onsieur +mat, 6urla !ob frntiquement, pose-9le viteI $ +mat se mit & rire. # Est9ce que mon petit ami vous effraie & ce point: dit9il, en caressant le s7un7s sous le menton, du bout de son inde%. @ous craigne- qu)il ne vous asperge avec le contenu nausabond de ses glandes dfensives, n)est9ce pas:... 4ais tu ne ferais /amais .a, n)est9ce pas, mon mignon: * moins qu)on ne t)0 oblige... $ 4. +mat posa le s7un7s & terre. # 22 vaut mieu% que tu t)en ailles, lui dit9il. ersonne ne te comprend aussi bien que moi. $ ,e s7un7s s)loigna de quelques pas, puis s)arrHta et se tourna vers +mat comme pour l)interroger. # @aI @aI... J)ai quelques mots & dire & nos /eunes amis que voici et ta prsence les rend nerveu%. Je

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m)e%cuse encore de t)avoir drang dans ton sommeil. Je suis un maladroit. 4ais cela ne m)arrivera plus, /e te le promets. $ Be discours parut satisfaire le s7un7s, qui disparut dans les broussailles. 4. +mat des9 cendit dans le ruisseau et re/oignit les Trois dtectives. # B6armantes cratures, les s7un7sI dclara9t9il. Je crois bien que, de tous les animau%, ce sont eu% que /e prf"reI X +i /e n)avais pas vu la sc"ne de mes 0eu%, murmura !ob, /e ne l)aurais pas crue possible. $ eter plissa le front R # @ous vene- de nous /ouer un tour, dit9il. Be s7un7s appartient & quelqu)un. 2l est apprivois. Mn a dZ
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lui enlever ses glandes. X 3uelle ide 6orribleI se rcria 4. +mat. 4utiler un pauvre petit animal inoffensif I M6I Je sais bien, 6las, que quelques personnes barbares adoptent des s7un7s qu)ils gardent c6e- eu% apr"s leur avoir fait Tter leurs glandes. Et que se passe9t9il alors: X <ien, dit eter. 2l ne se passe rien. B)est prcisment pour qu)il ne se passe rien qu)on enl"ve ces glandes. X @oil& bien un raisonnement d)Htre 6u9 main, soupira +mat. @ous prene- un animal que la nature a dot d)un merveilleu% s0st"me de dfense et vous lui enleve- cette arme. ,)animal devient impuissant et dpend dsormais compl"tement de l)6omme, puisqu)il n)est plus en mesure de se dfendre lui9 mHme. *lors, l)6omme proclame fi"rement qu)il est le maVtre de l)animal, comme si une crature pouvait appartenir a une autre. *bsolument effro0ableI $ ,es trois gar.ons, qui approuvaient en leur for intrieur la fa.on de voir de 4. +mat, rest"rent silencieu%. 2ls taient un peu surpris de la violence de sa tirade. # +i les gens, reprit le petit 6omme, voulaient bien se donner la peine de faire fonctionner leur cerveau et prendre le temps de comprendre les animau%, ils s)apercevraient que leur barbarie est bien inutile. N)importe qui peut se rendre dans les endroits les plus sauvages et se lier d)amiti avec les animau%, a condition, bien entendu, de se montrer amical av.ec eu%. 2l ne faut pas vouloir attenter a leur libert. $
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4. +mat sortit de sa poc6e un sac de papier dont il tira quelques caca6u"tes qu)il garda au creu% de sa paume. # Tene-9vous tranquilles et vous alle- voirI $ dit9il au% gar.ons. ,&9dessus il arrondit ses l"vres et siffla d)une mani"re particuli"re. resque immdiatement, un geai bleu arriva & tire9d)aile. *pr"s avoir fait le tour du terrain de camping, il se posa /uste au% pieds de 4. +mat. ,)oiseau ignora carrment 'annibal, eter et !ob, mais lan.a un sifflement a l)intention de l)ami des animau%. # as si viteI dit celui9ci. *ttends les autres. $ ,e geai parut irrit et siffla de nouveau. # Be ne sera pas long. atiente un peu, /e te prie. $ Un cureuil, dgringolant de son arbre, se dirigea vers +mat par petits bonds. ,e geai siffla dans sa direction d)un air peu engageant. ,)cureuil lui rpondit par des petits cris qui n)avaient rien d)aimable. # Ne vous querelle- pasI gronda +mat. 2l 0 en aura pour tout le monde. $ ,)cureuil cessa de grommeler et, pour se donner une contenance, entreprit de se frotter le museau avec ses pattes de devant. Deu% petits rongeurs travers"rent en courant le terrain de camping et frTl"rent les souliers de eter avant de s)arrHter & cTt du geai. # *6I @ous voil& enfinI dit +mat. arfait. Nous pouvons commencer. $ ,)cureuil attendit pendant que +mat /etait des caca6u"tes au geai. ,e geai avala deu% caca6u"tes, puis
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sautilla un peu plus loin tandis que +mat rgalait l)cureuil. ,es ratons furent les derniers & Htre servis. # @ous vo0e-I dit alors 4. +mat en se tournant vers les gar.ons. 2ls se c"dent mutuellement la place si seulement vous prene- la peine de leur e%pliquer les c6oses correctement. $ ,es trois amis ne rpondirent pas, mais 'annibal eut un 6oc6ement de tHte approbatif. 3uand les deu% ratons eurent croqu la derni"re caca6u"te, +mat congdia les animau% comme un maVtre d)cole congdie ses l"ves. ,e geai alla se perc6er au sommet d)un grand pin, /asa tr"s fort, s)envola et disparut. ,)cureuil trotta /usqu)& son arbre et les deu% rongeurs dcamp"rent & toute allure, comme ils taient venus. # Je les g(te peut9Htre trop, soupira +mat. 4ais apr"s tout, ces gentilles cratures mritent bien quelques douceursI X Mui, vous les g(te-I dit 'annibal. Dans les parcs nationau%, on interdit au% visiteurs de /eter aucun aliment au% bHtes afin que celles9ci continuent & c6erc6er leur nourriture toutes seules. X Je dteste les parcs et les -oosI s)cria 4. +mat. Mn n)a pas le droit d)emprisonner les bHtes. Elles ont droit & la libert, comme nousI ,es enfermer est aussi criminel que de les tuer & coups de fusil. our ce qui est de la nourriture, /e ne leur donne que quelques rares bri9 coles, que l)on peut considrer comme un modeste dessert... B)est un peu comme si l)on offrait une glace & un enfantI... ar ailleurs,
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/)ai mis mes petits amis en garde contre les trangers. 2l 0 va de leur scurit. X Et vous vous imagine- qu)ils vous com9 prennent: demanda !ob. X Je pense bien, qu)ils me comprennentI affirma 4. +mat. +auf peut9Htre ce geaiI B)est un glouton qui ne pense qu)& se remplir l)estomac. 4ais avoue- qu)il est bien beauI 'eureusement pour lui qu)il est d)une esp"ce courante. +ans quoi, on l)aurait d/& attrap pour le mettre dans un -ooI *6I ces maudits -oosI $ 4. +mat tait devenu tout rouge de col"re. eter tenta de l)apaiser R # J)ai lu quelque part, dit9il, que les animau% vivaient plus longtemps dans les -oos. X lus longtemps: 4a foi, il est possible que ce soit vrai... si l)on peut appeler cela vivreI Mu bien les mal6eureu% sont prisonniers d)une cage ou obligs de vgter au fond d)une fosse. +)il s)agit de tr"s gros animau%, il arrive que leurs gardiens en aient peur et les abrutissent & l)aide de tranquillisants. Et vous appelecela vivre: X 2l est .vrai que /e n)aimerais pas Htre & leur place, reconnut eter. X !ien sZr que .a ne vous plairait pasI $ ,es 0eu% de 4. +mat devinrent rHveurs. 2l a/outa, comme en se parlant & lui9mHme R # Des tranquillisantsI Je sais pourquoi ce rustre de l)auberge poss"de un fusil & balles tranquillisantes. 4ais il ne l)utilisera pas... aussi longtemps que /e vivrai, /)en fais le sermentI $
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'annibal, intress, demanda d)une voi% douce R ; Et pourquoi 4. 'aveling poss"de9t9il un fusil & balles tranquillisantes, s)il vous plaVt: X 3uoi: $ 4. +mat sursauta comme s)il sortait d)un rHve et /eta un coup d)Kil froce au c6ef des Dtectives. # Je ne vous le dirai pas, /eune 6ommeI Bar si /e vous le disais, vous pourrie- me croire et vous n)en dormirie- plusI $ ,&9dessus, il s)loigna & grands pas, traversa le terrain de camping et reprit le c6emin de l)auberge. # Dites doncI s)e%clama !ob. 3ue voulait9il dire par l&: X 'aveling, dclara 'annibal, doit se proposer de capturer une grosse proie. ,a seule raison d)un fusil tranquillisant c)est qu)avec on peut tirer un animal sans le tuer. ,e mari d)*nna aurait9il l)intention d)attraper un ours: Je ne pense pasI Bar cela, ce serait facile & croire... Non, +mat doit faire allusion & un gibier moins commun... un gibier in9cro90a9bleI <este & savoir quelle sorte de crature cela peut bien HtreI $ 22 s)arrHta, comme s)il trouvait difficile d)e%primer sa pense, peut9Htre parce qu)il 6sitait & se la formuler & lui9mHme.

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$#A&ITRE VIII LES 'ISIONS DE (OE HA'ELING n)taient plus qu)& quelques pas de l)auberge lorsqu)ils entendirent un bruit de moteur, puis virent une camionnette gravir la rampe pour s)arrHter devant la maison. # Mn doit venir livrer le ciment pour la piscine $, dit eter. Bomme pour lui donner raison, Joe 'aveling apparut et fit signe au conducteur de contourner l)auberge pour gagner la cour de derri"re. ,es gar.ons suivirent le mouvement. 2ls virent le c6auffeur de la
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camionnette sauter au bas de son si"ge et commencer & dc6arger, avec l)aide de Joe. Des sacs de ciment et de sable s)entass"rent bientTt au bord de la piscine. 'ans et Qonrad n)taient pas l&. # 22 0 a beaucoup de cimentI fit remarquer !ob. 9 B)est que la piscine est grande et profonde, rpondit eler. Je me demande si la cousine *nna savait que le ciment serait livr au/ourd)6ui. Bomment va9t9elle rgler la note: Nous n)avons tou/ours pas retrouv la cl de son coffreI X +i elle est aussi 6onorablement connue qu)elle le dit, elle pourra tou/ours donner une signature, dit 'annibal. Mu son mari peut pa0er lui9mHme. *pr"s tout, c)est lui qui a voulu cette piscine. $ ,es trois amis entr"rent dans l)auberge. ,a grande salle tait dserte, mais on entendait parler 'ans et Qonrad & l)tage. # *nnaI appela soudain Joe 'aveling de la cour. *nnaI @eu%9tu venir une minute, s)il te plaVt: $ ,es pas d)*nna rsonn"rent dans la cuisine. ,a porte de derri"re fut ouverte, referme. 'annibal, eter et !ob pass"rent vivement dans la cuisine et, pleins de curiosit, regard"rent par la fenHtre. 2ls virent *nna s)approc6er de son mari et du livreur. Elle portait un tablier et s)essu0ait les mains & un torc6on. # Tu as vrifi la livraison: demanda9t9elle & Joe. X Mui. Tout est correct. X Et la note: X Borrecte aussi.

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X Tr"s bien. $ Elle se tourna vers le conducteur de la camionnette. # Je n)ai pas d)argent au/ourd)6ui, dclara9t9elle. Je suppose que votre patron ne trouvera rien & redire si /e lui r"gle son ciment la semaine proc6aine: X Bertainement, 4iss +c6midI X 4adame 'aveling. X ardon... madame 'aveling. +i vous voulebien me signer une dc6arge... X Une dc6arge: $ our la premi"re fois, *nna parut ennu0e. +on corps s)tait raidi. # B)est la r"gle, insista le livreur. +i vous ne pouvepas me rgler, il faut que vous me donnie- une dc6arge. Bela prouvera & mon patron que /e vous ai bien apport la marc6andise. @ous n)ave- qu)& signer ici. X M6I Tr"s bienI dit *nna. Donne-9moi ce papier. Je vais aller vous le signer... $ Elle se dirigeait d/& vers la maison quand le livreur la rappela R # Ne vous drange- donc pas. @oici un st0loI $ 22 venait d)en sortir un de sa poc6e et le tendait & la /eune femme. # +igne- & cet endroit. $ *nna regarda son mari, puis le livreur. Elle passa son torc6on & Joe, pla.a le papier sur le capot de la camionnette et crivit dessus avec le st0lo du livreur. Bela lui prit du temps. 3uand elle eut fini, elle rendit billet et st0lo en demandant R # Ya va: $
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,)6omme se contenta d)un bref coup d)Kil au papier et rpondit R # B)est parfait, madame 'avelingI X D)6abitude, e%pliqua *nna, /)cris plus nettement. 4ais au/ourd)6ui /)tais en train de ptrir de la p(te quand mon mari m)a appele. 4a main tremble. X Ya n)a aucune importanceI $ affirma le livreur en souriant. ,&9dessus, il fourra la dc6arge dans sa poc6e, grimpa sur son si"ge et, sur un /o0eu% # au revoir $, dmarra et prit le c6emin du village. * peine la camionnette eut9elle disparu que Joe 'aveling lan.a d)une voi% rageuse & sa femme R
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# 2mbcileI X Je t)avais prvenu que /e ne voulais pas faire .aI rpliqua9t9elle. Tu aurais pu signer toi9mHme. X9 B)est *nna +c6rnid que les gens connaissent au village, pas Joe 'avelingI Et tu n)avais pas & obir & ce livreur. Tu avais l)air d)une coli"re devant le maVtre d)cole... $ 'aveling resta silencieu% quelques secondes puis rpta R # 2mbcileI $ *nna, qui se dirigeait d/& vers la maison, se retourna brusquement R # ,)imbcile, c)est toiI lan.a9t9elle d)une voi% sourde et cependant tr"s distincte. Toi et ce ridicule trou dans la cour. Je suis persuade que tu as eu des visionsI X9 as du toutI Be que /)ai vu est bien relI protesta 'aveling. Je l)ai aper.u dans la prairie, l&96aut. 2l est mHme descendu /usqu)ici. X Je n)arrive pas & 0 croire. X Tu ne crois & rien qu)& ce que tu peu% touc6er, palper, compter et enfermer dans un coffre en banque, dclara 'aveling. Tu ne sors /amais de ton train9 train quotidien, pas la moindre ide originale. +ans moi... X Je saisI Je saisI Tu m)as d/& rpt .a trente9si% fois. B)est toi qui as les ides... et aussi les visions, pas vrai: +ans toi, que serais9/e:... Je pense que, sans toi, /e me trouverais beaucoup mieu%. B)est moi seule qui prends les risques alors que tu es bien tranquille, & imaginer des trucs impossibles...
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X ,aisse9moi faire et tu verras. X Je crois que /e n)ai pas le c6oi%I $ riposta *nna, d)un ton sec. Et elle se dirigea de nouveau vers la cuisine. # @iteI JilonsI $ murmura eter. ,es Trois dtectives battirent en retraite et, rapidement, s)install"rent dans le coin salon de la grande salle. Un instant plus tard, *nna fit irruption dans la pi"ce. * la vue des gar.ons, elle s)arrHta net. # @ous Htes l&I Je ne vous savais pas de retour. $ 'annibal posa l)illustr qu)il faisait semblant de lire et se leva. # Nous sommes alls nous promener du cTt du camping, e%pliqua9t9il & *nna. Nous avons rencontr l&9 bas 4. +mat. 2l nous a racont des c6oses intressantes. X B)est un curieu% petit 6omme, dit *nna. 2l prtend qu)il peut parler au% animau% et que ceu%9ci le comprennent. $ Elle 6aussa les paules. # *6I les 6ommesI 2ls ont la tHte pleine d)ides saugrenues. Tous les mHmesI $ assant devant les gar.ons, elle monta l)escalier. !ientTt, on entendit une porte claquer au premier tage. # 'umI murmura !ob. ,a lune de miel en a un sacr coup dans l)aileI $ eter fron.a les sourcils et se gratta l)oreille d)un air perple%e. # Je comprends mal, dit9il. *nna ne voulait pas signer de dc6arge pour le ciment et elle a menti au livreur. Elle n)tait pas en train de ptrir de la p(te quand

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son mari l)a appele. Et ces risques qu)elle prtend courirI De quoi donc parle9t9elle: $ 'annibal, le dos & la c6emine, prit & son tour la parole. # *nna pense que son mari a eu des visions. Elle ne croit pas & l)e%istence de la c6ose que Joe affirme avoir aper.ue dans la prairie... de la c6ose qui serait descendue /usqu)ici mHme. $ eter quitta son si"ge pour arpenter la pi"ce, tHte baisse, comme accabl par le poids de ses rfle%ions. # Bette c6ose, dit9il... Je me demande... Est9ce qu)il n)0 aurait pas du vrai dans ce que B6arlie <ic6ardson nous a racont: X *dditionnons un et unI reprit 'annibal. Un fusil & balles tranquillisantes, c)est9&9dire paral0santes... et #quelque c6ose$ que Joe 'aveling a vu dans la prairie. @ous comprene- maintenant pourquoi le mari d)*nna poss"de une telle arme. Nous en avons d/& dis9 cut, d)ailleurs... $ *pr"s un instant de silence, !ob murmura R # 'aveling c6asse un monstre. X Bela... semble insensI murmura eter. X Tout & faitI admit 'annibal. 4ais /e crois pourtant que c)est la vrit. Et maintenant, coute-... Nous sommes en vacances. ourquoi n)irions9nous pas en e%cursion dans cette prairie demain: X Une e%cursion ou une c6asse au monstre: demanda eter.

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X Disons une e%pdition de reconnaissance. +)il 0 a vraiment un monstre l&96aut, nous devrions en trouver des traces. X eut9Htre, suggra eter un peu p(le, ce monstre m0strieu% n)est9il pas de l)esp"ce qui laisse des traces. X Ne dis pas de sottisesI grommela 'annibal. <appelle9toi que Joe 'aveling a soigneusement bala0 la cour ce matin. Be ne pouvait Htre que pour effacer des empreintes. ,e monstre n)est pas un ours. Joe ne ferait pas tant d)6istoires pour un ours. B)est quelque c6ose... d)autre. $ ,e /eune gar.on sourit et a/outa R # 4. +mat sait & quoi s)en tenir, mais il ne le dira pas. Je commence & comprendre & quoi peut servir cette prtendue piscine. Elle me rappelle e%actement la grande fosse & animau% du -oo de +an DiegoI $

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$#A&ITRE I, L'E%*.DITION matin, les Trois dtectives se lev"rent au point du /our. 2ls rout"rent leurs sacs de couc6age, les rang"rent dans le rduit sous l)escalier, puis laiss"rent un mot sur la table de la cuisine, pour prvenir 'ans et Qonrad qu)ils partaient e%cursionner. *pr"s un rapide petit d/euner compos de caf au lait et de tartines beurres, ils se mirent en route en direction de la partie de la montagne qui se trouvait au9dessus de la piste de s7i. 'annibal transportait un sac & dos et eter une gourde pleine, accroc6e & sa ceinture.
,E ,ENDE4*2N

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Tout d)abord, les gar.ons grimp"rent directement en suivant la piste de s7i. 4ais, comme il tait difficile de marc6er sur les caillou% dont elle tait seme, ils finirent par continuer en longeant les arbres qui la bordaient. ,eur progression en fut facilite. *u bout d)une vingtaine de minutes, la rarfaction de l)air les essouffla. eter lui9mHme tirait la langue. 2l s)arrHta et s)appu0a contre un tronc d)arbre. # @ue de l)auberge, constata9t9il, la montagne ne paraissait pas si 6aute. $ !ob se mit & rire. # Notre grand at6l"te serait9il d/& fatigu: X 4es poumons ne sont pas 6abitus & travailler en altitude, e%pliqua eter. Nous vivons presque toute l)anne au bord de la mer. $ 'annibal s)tait immobilis lui aussi et avait du mal & retrouver sa respiration. # Nous avan.ons tout de mHme, dclara9t9il. X ,)espoir fait vivreI $ rpondit eter. 2ls se remirent en route. our s)aider, ils s)agrippaient parfois & des branc6es basses. *u bout d)une demi96eure, la pente devint moins raide. ,es arbres s)espac"rent. Enfin, ils sortirent du couvert pour dbouc6er en bordure d)une prairie. # 3ue c)est beauI $ murmura 'annibal, quand il eut repris son souffle. ,e vent faisait onduler les longues 6erbes vertes d)oU mergeaient, .a et l&, de gros roc6ers blancs brZls par le soleil. Des arbres immenses limitaient la prairie sur trois cTts.
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+ur le quatri"me, celui qui formait le 6aut de la piste de s7i, la vue tait dgage. ,es gar.ons aper.urent les p0lTnes du remonte9pente qui s)c6elonnaient /usqu)& la route et aussi, toute petite semblait9il, l)auberge d)*nna. *u9del&, on pouvait voir des bouquets de sapins et, plus loin encore, l)tendue dsertique et sableuse de la valle d)MWens. * l)ouest, le sommet roc6eu% du mont ,oft0 se dcoupait sur le ciel, flanqu d)autres pics de la sierra, plus levs encore. Bertains de ces pics taient couronns de glaciers ou de neiges ternelles. ,es /eunes e%cursionnistes se mirent & avancer lentement, les 0eu% rivs au sol. !ob finit par reprer une empreinte sur la terre nue, tout pr"s de la piste de s7i. ,e /eune gar.on tira vivement de sa poc6e un petit manuel traitant de la vie animale, qu)il avait trouv & l)auberge. 2l l)ouvrit au c6apitre des empreintes. +)agenouillant pr"s de la marque qu)il avait dcouverte, il la compara & celle d)un ours, reprsente dans le livre. *lors, il 6aussa les paules R # 2l s)agit d)un ours, dclara9t9il & ses compagnons. 2l fallait s)0 attendre. X Be n)est pas ce que nous c6erc6ons, lui rappela 'annibal. X Et que sommes9nous censs c6erc6er: demanda eter. Et sou6aitons9nous seulement le trouver: X Tu sais tr"s bien ce que nous c6erc6ons, dclara 'annibal. Une empreinte qui n)est pas dans ce manuel. X +i nous la trouvons, esprons que nous
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ne trouverons qu)elle et pas la bHte qui l)a faite $, dit !ob. ,e vent passa plus fort sur la prairie, faisant siffler l)6erbe et c6uc6oter les arbres qui la bordaient. +oudain, derri"re eu%, les gar.ons entendirent une sorte de gmissement. eter sursauta. 'annibal se retourna. # M6I NonI $ dit9il. *u mHme instant, eter sentit un souffle sur sa c6eville. 2l baissa les 0eu% et resta interdit. Un ourson, vieu% d)& peine quelques mois, le regardait d)un air amical. # MU... oU est la m"re: bga0a eter. X Juste derri"re toiI cria !ob. DcampeI $ Un grognement de col"re retentit. ,)ourson se prcipita dans la direction d)oU il venait, les trois gar.ons s)enfuirent du cTt oppos, vers la piste de s7i. eter fut le premier & atteindre celle9ci. 2l sauta, puis se laissa rouler sur une longueur d)environ trente m"tres. !ob et 'annibal gliss"rent & sa suite. uis, tous trois s)immobilis"rent, plaqus contre le flanc rocailleu% de la montagne, coutant la maman ours qui grondait son re/eton. Belui9ci se mit & pousser des cris aigus. # Elle est certainement en train de lui flanquer des taloc6es, murmura !ob. X Je crois que nous n)avons rien & craindre, dclara 'annibal. Tant que nous ne menacerons pas son petit, l)ourse nous laissera tranquilles. X Be n)est certes pas moi qui aurais l)ide de m)en prendre & un oursonI s)cria eter.
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Et quelqu)un devrait bien dire & celui9ci de ne pas s)approc6er des 6umains non plusI X +a maman est en train de le lui e%pliquer $, dit !ob en riant. ,es trois amis attendirent encore un peu. 2ls ne reprirent leur escalade qu)une fois le silence revenu au9 dessus d)eu%. 2ls arriv"rent dans la prairie /uste & temps pour voir la maman ourse et son petit disparaVtre dans les bois, vers l)ouest. 'annibal se dc6argea du sac qu)il portait. # Je ne pense pas qu)ils reviennent, dit9il. Bependant, dans le cas prsent, 4. +mat ne manquerait pas d)affirmer que nous faisons figure d)enva6isseurs. ,es ours sont ici sur leur territoire. *ussi, regardons bien oU nous mettons les pieds. X Tu as bien raisonI s)cria eter. erson9 nellement, en ce qui concerne mes pieds, /e les mettrais volontiers l)un devant l)autre... en direction de l)auberge. X BommentI Tu ne veu% donc pas dcouvrir quelle sorte de gibier Joe 'aveling est en train de c6asser: X Je le veu% sans le vouloirI Ya ne me plairait pas tellement de me trouver face & face avec le monstre, quel qu)il soitI $ De son sac & dos, 'annibal sortit trois petits appareils. # Nous pourrons e%plorer une plus grande surface si nous nous sparons, dclara9t9il. 4ais nous devons rester en contact les uns avec les autres. Nous ignorons
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au /uste ce que nous pouvons rencontrer. *ussi ai9/e emport nos localisateurs de poc6e. Je les avais mis, & tout 6asard, dans ma valise en partant... $ Bes # localisateurs $ taient de l)invention de l)astucieu% 'annibal. # !onne prcautionI soupira eter en prenant l)un des # gadgets $ des mains de son ami. 2ls fonctionnent bien, au moins: Je n)aimerais pas me trouver en danger et ne pas pouvoir vous appeler. X Je les ai vrifis tous les trois avant de quitter <oc70, e%pliqua 'annibal. 2ls sont en parfait tat. @ous vous rappele- comment .a marc6e: X Nnialement, comme toutes tes inventionsI $ rpondit !ob en souriant. B)tait vrai. 'annibal Jones n)avait pas son pareil pour bricoler. +ouvent, avec des ob/ets pris dans le bric9 &9brac de son oncle, il confectionnait des appareils qui rendaient mille services au% Trois dtectives dans leurs enquHtes. ,e # localisateur $ d)'annibal servait en mHme temps de signal d)alarme. Nettement plus petit que les Wal7ies9tal7ies que les gar.ons utilisaient parfois, c6acun mettait un # bip $ que pouvaient recevoir les deu% autres, et qui devenait de plus en plus fort & mesure que son porteur se rapproc6ait. +ur le cadran de c6aque localisateur se trouvait une aiguille permettant de connaVtre la direction d)oU venait le bip. ,e localisateur ne se contentait pas d)mettre et de recevoir des signau% sonores. 2l tait en outre muni d)un vo0ant de couleur rouge qui s)allumait au seul son de la
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voi%. 3uand un des dtectives se trouvait en difficult et dsirait appeler les autres & son aide, il n)avait qu)& prononcer les mots # *u secoursI $ pour que le vo0ant en question s)allum(t sur les autres appareils. # Et maintenant, voici ce que /e propose, dit 'annibal en scrutant la profondeur des bois qui bordaient la prairie. 2l est fort improbable que nous trouvions des empreintes ici. ,)6erbe est trop paisse. 4ais, sous les arbres, le sol est nu. Et puis, il 0 a de fortes raison de penser que la crature que nous c6erc6ons se cac6e l&9bas.

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X arfaitement raisonn, opina !ob. X Je sugg"re donc, enc6aVna 'annibal, que nous inspections les bois d)alentour. Nous allons pntrer tous trois sous le couvertI Je me dirigerai vers le nord, et toi, !ob, tu iras vers le sud. eter s)enfoncera vers l)ouest. De loin en loin, nous mettrons un signal qui nous permettra de savoir, c6acun, oU se trouvent les autres. +i un danger menace l)un de nous, il appellera au secours. D)accord: X D)accordI $ rpondirent en c6Kur eter et !ob. 'annibal remit son sac sur son dos, salua ses amis de la main et s)loigna d)un pas ferme. eter sourit, comme pour bien montrer qu)il n)avait pas peur, et se mit en route & son tour. !ob 6sita un instant, prHtant l)oreille au bruit du vent qui, seul, rompait le silence de la montagne. uis, son localisateur & la main, il se dirigea vers le sud. *u bout d)un moment, il se retourna. 'annibal s)tait enfonc sous les arbres bordant le cTt nord de la prairie, mais on apercevait encore eter. !ob actionna son appareil. 2l re.ut un # bip $ d)'annibal, puis un autre de eter, qui se retourna & son tour pour lui faire un signe d)amiti. 3uand !ob eut atteint la ligne des arbres, au sud, il fit une 6alte. En terrain dcouvert, avec le soleil qui brillait dans un ciel parfaitement bleu, il faisait clair et c6aud. 4ais ici, la lumi"re filtrait avec peine & travers les frondaisons denses. ,e sol n)tait pas nu mais cou9 vert, la plupart du temps, d)une paisse couc6e d)aiguilles de pins.
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Bonsciencieusement, !ob commen.a & marc6er, tHte baisse, en quHte d)une empreinte. De temps & autre, il s)arrHtait pour couter. Un geai invisible cria. uis il 0 eut la dgringolade d)un cureuil le long d)un tronc. Et soudain, !ob vit ce qu)il c6erc6ait. B)tait une faible dpression, & l)endroit oU un gros animal avait marc6 en dpla.ant les aiguilles de pin. !ob fit fonctionner son localisateur. 2l re.ut successivement une rponse du nord et une autre de l)ouest. Un instant, il fut tent d)appeler & l)aide, afin de montrer l)empreinte & ses amis, puis il se dit que l)empreinte tait trop peu marque pour Htre valable. 2l ne devait s)agir que d)un ours, peut9Htre mTme d)un ani9 mal moins gros. 2l dcida donc de pousser plus avant ses rec6erc6es avant d)alerter 'annibal et eter. eut9Htre tomberait9il sur une autre empreinte, plus distincte. *u fur et & mesure que !ob avan.ait sous les arbres, il faisait de plus en plus sombre. B6aque fois qu)il apercevait une portion de sol nu, il se penc6ait avidement pour l)e%aminer. ar deu% fois, il trouva un endroit oU les aiguilles de pin s)taient enfonces dans la terre sous le poids d)une grosse bHte. 4ais, l& encore, les empreintes n)taient pas nettes. Mn ne pouvait deviner & quelle sorte d)animal elles appartenaient. !ob continua donc & avancer. !ientTt, alors que la pnombre mena.ait de s)paissir encore, il distingua de la lumi"re devant lui. 2l acclra l)allure et dbouc6a sur une petite clairi"re. +oudain, il s)arrHta net R & ses pieds s)ouvrait une profonde crevasse.
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!ob se penc6a avec prcaution au9dessus du trou. 22 s)agissait d)une gigantesque l-arde longue de plus de cinquante m"tres et large de trois environ en son centre. ,es parois de cette esp"ce de fosse naturelle taient presque & pic. Tout au fond, on distinguait de la neige, que la c6aleur de l)t n)avait pas russi & faire fondre. !ob savait de quoi il s)agissait. 2l travaillait & la bibliot6"que de <oc70 & temps partiel et avait eu l)occasion de feuilleter un livre oU se trouvaient des cartes dtailles du mont +an Nabriel. ,)une de ces cartes signalait, du cTt du lac du 4ammout6, une -one traverse par une crevasse similaire conscutive & un tremblement de terre. *u fond de la crevasse du 4ammout6, il faisait aussi frais que dans une cave, mHme durant les plus fortes c6aleurs. ,& aussi, la neige tombe pendant l)6iver n)tait /amais compl"tement fondue. +oudain, !ob re.ut, sur son appareil, un appel venant du nord, ce qui indiquait la position d)'annibal, puis, immdiatement apr"s, un autre venant de l)ouest, et correspondant & eter. !ob manKuvra son localisateur, tout en regrettant de n)avoir pas un Wal7ie9tal7ie & sa disposition. 2l eZt aim annoncer & ses amis l)e%istence de cette crevasse, relativement proc6e de l)auberge d)*nna. !ob regarda encore la crevasse, puis en inspecta le bord. * cet endroit, la terre tait nue et, malgr la sc6eresse, lg"rement 6umide. ,es pas de !ob 0 laissaient une empreinte tr"s nette.

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,e cKur plein d)espoir, le /eune dtective continua & avancer, les 0eu% fi%s sur le sol. Derri"re lui, sur la gauc6e, une branc6e craqua... !ob se tint immobile et couta. Une seconde s)coula, une autre, et puis une autre. *pr"s ce craquement, le silence paraissait plus profond. Trop profond. ,es oiseau% s)taient tus et les cureuils avaient cess de se poursuivre dans les arbres. ,e vent lui9mHme s)tait arrHt de souffler. Mn eZt dit que toutes les cratures peuplant la montagne s)taient immobilises comme !ob, attendant... *ttendant quoi: Un muscle du mollet gauc6e de !ob se mit & le tirailler. ,e /eune gar.on secoua la /ambe et se racla la gorge. # *llons, reprends9toiI dit9il tout 6aut en s)adressant & lui9mHme. Ne laisse pas ton imagination faire des siennes. $ +a voi% rsonna trangement dans le silence. 2l couta de nouveau et n)entendit que le sang qui battait dans ses oreilles. Et puis, il entendit quelque c6ose d)autre... quelque c6ose de terriblement pr"s. Derri"re lui, presque & la 6auteur de son paule, il percevait le bruit d)une respiration. Doucement, tout doucement, de mani"re & ne pas effarouc6er l)animal derri"re lui, !ob commen.a & se retourner. 2l sentit alors une c6aleur sur son cou, puis un attouc6ement... un attouc6ement presque timide, comme le frTlement d)un doigt sur le col de sa c6emise.
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our le coup, !ob perdit son sang9froid. 2l sauta en l)air tout en pirouettant sur lui9mHme. ar la suite, !ob fut incapable de dire qui avait cri le premier. Etait9ce lui ou la crature: 2l se rappelait seulement les 6urlements qui lui avaient empli les oreilles, des cris dc6irants... cependant que son regard rencontrait celui de deu% 0eu% sombres, bords de rouge. 2l conservait aussi, de cette terrible rencontre, le souvenir d)une sil6ouette massive, gigantesque, et d)une profusion de poils X poils ou c6eveu% X 6irsutes. *pr"s avoir cri X et entendu crier X !ob perdit l)quilibre. 2l tomba en arri"re. 2l aper.ut le ciel, puis les parois abruptes de la crevasse. 2l se retourna dans sa c6ute et vit alors la couc6e de neige, qui tapissait le fond du trou, venir & toute vitesseI our finir, il sentit qu)il se recevait sur les mains et les genou%, & l)instant mTme oU un autre cri clatait au9 dessus de lui. *pr"s quoi, il perdit connaissance.

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$#A&ITRE , UNE EM*REINTE DE *IED NU les 0eu%. 2l distingua la blanc6eur de la neige et le bas des parois boueuses de la faille. 2l resta sans bouger un moment, & couter... ,es cris avaient cess. +eul, l&96aut, loin au9dessus de lui, un oiseau c6antait. ,entement, avec des prcautions infinies, !ob roula sur lui9mHme /usqu)& ce qu)il se retrouv(t tendu sur le dos. +es mains lui cuisaient. Une de ses paules tait douloureuse mais, en fin de compte, il semblait qu)il n)eZt rien de cass. ,a neige tasse au fond du trou avait amorti sa c6ute.
!M! MU@<2T
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,e /eune dtective leva les 0eu% et n)aper.ut que du soleil et du ciel bleu. 2l revit, par la pense, l)trange crature au% 0eu% ourls de rouge et au poil en broussaille, qui s)tait approc6e si pr"s de lui. Bela lui remit en mmoire les gants qui, d)apr"s la lgende, venaient rTder dans +70 @illage, & la rec6erc6e des enfants rests de6ors & la nuit tombe. *u bout de quelques minutes, !ob se leva. 2l frissonnait R le froid de la neige l)avait pntr. *percevant son localisateur & deu% m"tres de lui, il le ramassa, esprant de tout cKur qu)il tait intact. * sa grande /oie, l)appareil mit un petit # bib $ et indiqua le nord. !ob sourit R 'annibal signalait sa prsence. !ob considra alors le bord de la crevasse. ,a cassure tait tellement nette, les parois si abruptes qu)il tait impossible au prisonnier de s)vader sans aide. !ob devait donc appeler 'annibal et eter & son secours. 4ais qu)adviendrait9il si le monstre tait tou/ours l&9 6aut, tapi & pro%imit de la faille: +agement, !ob prit le temps de rflc6ir. 2l dcida finalement de ne rien faire avant de savoir si la bHte tait tou/ours l&. 2l tait certain qu)aucun animal ne sauterait dans une fosse de propos dlibr. 2l pouvait donc crier sans risque et voir si la crature se penc6erait au bord du trou pour le regarder. # 'I 6urla9t9il & pleins poumons. ', l&96autI *rrive un peu que /e te voieI $ *u9dessus de sa tHte, rien ne bougea. *pr"s deu% autres appels, !ob fut convaincu que l)animal tait parti. 2l fit alors fonctionner son localisateur en criant # *u
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secoursI $. uis, pour Htre bien sZr que le vo0ant rouge s)allumerait sur le cadran de ses amis, il rpta l)appel deu% fois encore. ,e ra0on d)action du gadget tait d)environ cinq 7ilom"tres. 2l tait donc & peu pr"s certain que eter et 'annibal capteraient le signal d)alarme. *pr"s avoir ainsi appel & l)aide, !ob indiqua sa position pour guider ses amis. I 22 n)0 avait plus qu)& patienter... !ob eut l)impression d)attendre des 6eures. ourtant, quin-e minutes seulement s)coul"rent avant que la tHte cl eter n)apparZt au bord de la cassure. 'annibal surgit presque aussitTt apr"s. # !obI s)cria le c6ef des Dtectives. Tu n)es pas bless: X Bomment diable as9tu fait pour descendre l&9 dedans: demanda eter. X Je suis tomb. X Tu te paies ma tHte. X Et tu serais tomb comme moi si tu avais vu ce que /)ai vu, dclara !ob. X 3u)as9tu donc vu: s)enquit 'annibal d)un air intress. X Un animal... une sorte de monstre norme. Je ne sais pas ce que c)tait. 2l est arriv derri"re moi et... M6I Je vous donnerai des dtails plus tard. our l)instant, tire-9moi de l&I $ 'annibal valua la profondeur de la fosse. # Une cordeI dcida9t9il. 2l nous faut une corde. X Je vais en c6erc6er uneI dit tout de suite

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eter. J)ai prcisment aper.u un gros rouleau de cordon & linge dans un coin de la cuisine, alors que /e c6erc6ais cette maudite cl. Je vous le rapporte en un rien de temps. X Je te laisse faire, dit 'annibal. Tu cours plus vite que moi. *pr"s tout, tu es l)at6l"te de la troupe $. eter fit une grimace R # En mon absence, ouvre l)Kil. ^X T)en fais pas pour moiI *lle-, fileI $ eter partit en courant et disparut parmi les arbres. 'annibal s)accroupit au bord de la crevasse. # <aconte9moi ce que tu as vu, mon vieu% !ob. X Jranc6ement, !abal, /e ne peu% rien te dire de prcis. Tout est all tellement vite... J)ai entendu un bruit derri"re moi, quelque c6ose m)a touc6, /e me suis retourn et... /)ai vu des 0eu%... des 0eu% rellement tranges. J)ai senti le souffle de l)animal sur mon visage. J)ai 6url et la bHte a 6url de son cTt. B)est alors que /e suis tomb au fond de ce trou. X Un autre ours: suggra 'annibal. X Non. Bertainement pasI $ affirma !ob avec force. 'annibal se releva et entreprit de longer les bords de la crevasse, les 0eu% fi%s sur le sol. Be faisant, il sortit du c6amp visuel de son camarade. # 'I !abalI cria !ob, alarm. Tu es tou/ours l&: $ ,a voi% d)'annibal lui parvint R # Mui... oui... Je viens de trouver la trace

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de tes pas, nettement imprime sur le sol. 3uel que soit l)animal qui t)a suivi, il a forcment laiss des traces, lui aussi. +i c)est un ours, /e trouverai une empreinte semblable & celle releve dans la prairie. X Be n)est pas un ours, dit !ob. B)est peut9Htre bien le monstre que nous sommes venus c6erc6er. $ 'annibal ne rpondit pas tout de suite. !ob attendit, puis s)impatienta. # !abal: X Ya alorsI Je n)arrive pas & 0 croireI s)e%clama le c6ef des Dtectives. X 3u)est9ce que c)est: De quoi parles9tu: J !ob, mon vieu%, es9tu certain que ce n)tait pas un 6omme qui tait derri"re toi: $ ,a voi% d)'annibal tra6issait une grande e%altation. # Un
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6omme tr"s grand, qui marc6ait pieds nus: X Je n)ai pas regard ses pieds, rpondit !ob. Et si cette crature tait un 6omme, e6 bien, /e me dsolidarise de la race 6umaine. X +tupfiantI s)e%clama encore 'annibal. 3uelqu)un... quelqu)un d)une taille colossale est pass ici il 0 a peu de temps... Et cet inconnu tait nu9pieds. $ !ob se remmora de nouveau les contes fan9 tastiques rapports par B6arlie <ic6ardson... ces 6istoires de monstres des montagnes. 2l se rappela aussi qu)un trappeur avait /adis relev l)empreinte d)un norme pied nu, tout l&96aut, pr"s des glaciers. !ob frissonna. # !abal: appela9t9il. ', !abalI Jais attentionI $ 'annibal ne rpondit pas. !ob l)entendit seulement pousser un tr"s faible cri. # !abalI $ cria9t9il & pleine voi%. Bette fois encore il n)obtint aucune rponse mais entendit des bruits R d)abord celui d)une branc6e que l)on casse, puis un # c6uit, c6uit $ venant du bord de la crevasse. # !abalI 3u)est9ce que tu fabriques: $ cria !ob, qui se sentait des sueurs froides dans le dos. ,e # c6uit, c6uit $ au9dessus de sa tHte cessa brusquement. Un silence absolu suivit. !ob se sentait devenir enrag au fond de son trou. 2l appela encore & plusieurs reprises, mais 'annibal ne rpondait tou/ours pas. ,a peur de !ob devint presque de la panique. * tout pri% il lui fallait sortir de sa pri9
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son. ,e /eune gar.on commen.a par c6erc6er dsesprment un endroit oU il pZt s)agripper des pieds et des mains pour se 6isser /usqu)en 6aut. 4ais les parois de la fosse n)offraient pas la moindre asprit. !ob c6erc6a alors autre c6ose... une branc6e, un b(ton, n)importe quoi qui lui permVt de s)vader. 4ais il ne trouva rien dont il pZt se servir. 2l appela encore, sans rsultat. * la longue, il cessa de crier. 2l se laissa tomber sur la neige et attendit, tous ses sens en alerte. *u bout d)un moment, il entendit un gmissement. # !abal: X MuilleI rpondit la voi% d)'annibal. M6I l&, l&I 4a tHteI X 3u)est9ce qui t)est arriv: cria !ob. MU tais9tu parti: $ ,a tHte d)'annibal se dcoupa sur le ciel, au bord de la fosse. !ob vit que son camarade faisait la grimace et se frottait le cr(ne. # Je ne suis parti nulle part, e%pliqua le c6ef des Dtectives. 3uelqu)un s)est approc6 de moi par9derri"re et m)a frapp. X Bomme 4. Jensen: X Mui. J)ai re.u un coup de poing comme lui. 4ais /)ignore si mon agresseur tait le mHme que le sien. Be que /e sais par e%emple, c)est que, tandis que /)tais vanoui, quelqu)un s)est donn la peine de bala0er le sol, au bord de la crevasse, avec une branc6e de pin. 2l ne reste plus une seule empreinte visible, pas plus les tiennes que celles de... de l)autreI $
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$#A&ITRE ,I LE #ARNET DU *HOTOGRA*HE # EN TMUT B*+, dit !ob, une c6ose est certaine... $ eter tait revenu avec une corde et le prisonnier avait t 6iss 6ors de son trou. # Mui, une c6ose est certaine, rpta !ob. Be n)tait pas un ours qui t)a port ce coup sur la tHte, !abalI X !ien sZr que non, ce n)tait pas un oursI ,es ours ne cassent pas des branc6es d)arbres pour en bala0er le sol. Tu as t effra0 par une trange crature, !ob... peut9Htre bien un 6omme tr"s grand, marc6ant

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pieds nus... et ce doit Htre la crature en question qui m)a attaqu pour effacer ensuite ses empreintes. $ eter regarda ses amis d)un air a6uri. 2l avait l)impression d)couter un dialogue de fous. # Un 6omme au% pieds nus: dit9il. 3uel 6omme serait asse- cingl pour se balader par ici sans souliers: X !abal a trouv l)empreinte d)un gros pied nu au bord de cette crevasse, e%pliqua !ob. X Une empreinte vraiment monstrueuse, prcisa 'annibal. X Une empreinte 6umaine: demanda eter. X Elle semblait bien avoir t faite par un 6omme. 2l ne s)agissait pas d)un ours, cela, /)en suis sZr. $ eter se mit & enrouler sa corde avec des mains lg"rement tremblantes. # ,a montagne du 4onstreI murmura9t9il. *utrefois, les gens appelaient ainsi le mont ,oft0. 2l semble bien, en effet, qu)il 0 ait un monstre par ici... X Un monstre: $ rpta une voi% au timbre aigu dans le dos de eter. ,e /eune gar.on, saisi, fit un saut de cTt. #[ DsolI Je vous ai fait peur: $ B)tait le petit 4. +mat. 2l avait sans doute travers le bois en silence, car les gar.ons ne lavaient pas entendu venir. +ouriant, il se tenait pr"s d)eu% et les regardait d)un air intress. # @ous parlie- de monstres, /e crois: * quoi peut bien ressembler l)empreinte d)un monstre : MU est cette empreinte: J)aimerais bien la voir... X 3uelqu)un l)a efface, e%pliqua 'annibal.

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X !ien sZr, bien sZr... fit 4. +mat du ton de quelqu)un qui coute poliment un conte de fes mais n)0 croit absolument pas. X 2l 0 avait une empreinte, insista eter. +i !abal dit qu)elle tait l&, c)est qu)elle tait l&I $ ,e sourire de 4. +mat disparut. +es /oues s)empourpr"rent soudain. # @ous ave- bavard avec ce <ic6ardson... l)individu qui tient le poste d)essence du villageI dit9il d)un ton accusateur. J)ai entendu moi9mHme certains de ses stupides racontars. B)est une 6onte. Effra0er ainsi des gamins de votre (geI J)ai bonne envie d)aller lui dire deu% motsI $ 22 parut brusquement dcid & mettre sa menace & e%cution et se redressa d)un air de coq de combat. # arfaitement. B)est e%actement ce que /e vais faireI annon.a9t9il. Je vais lui dire ma fa.on de penser et le prier de garder pour lui ses 6istoires de monstres et autres balivernesI $ 22 partit l&9dessus d)un pas dcid mais se retourna /uste avant de disparaVtre dans le bois R # 22 0 a du danger cependant & circuler dans le coinI cria9t9il au% trois gar.ons. N)oublie- pas que vous vous trouve- sur le territoire de cratures sauvages que vous connaisse- moins bien que moi. +ans vous attaquer volontairement, elles peuvent provoquer des accidents dont vous risque- d)Htre victimes. Je vais conseiller au% cousins de 4me 'aveling de ne pas vous laisser courir ainsi les bois. $

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# Tout & fait d)accord avec luiI murmura eter quand le petit 6omme eut disparu. lus tTt nous partirons d)ici et mieu% cela vaudra. 2l ne fait pas bon se frotter & des monstres, si inoffensifs soient9ilsI $ 'annibal ne fit aucune ob/ection. ,es trois amis se mirent en route, travers"rent la partie boise et dbouc6"rent dans la prairie /uste & temps pour voir 4. +mat s)engager sur la piste de s7i. 2ls n)taient pas arrivs en 6aut de celle9ci qui9 4. +mat tait d/& en bas. # 2l marc6e vite I constata !ob. 9 Dame I Ya descend tout le tempsI $ fit remarquer eter. 2l se mil lui 9mHme & dvaler la pente, tantTt glissant tantTt courant. !ob et 'annibal le suivirent, & une allure plus raisonnable. ,es trois amis taient presque arrivs au bas de la piste quand ils aper.urent Joe 'aveling grimpant dans leur direction. ,e mari d)*nna portait un sac de montagne sur le dos et tenait & la main son fusil & balles tranquillisantes. +on visage tait sv"re. # D)oU vene-9vous: demanda9t9il s"c6ement. X De faire une petite e%cursion $, rpondit eter d)un air candide. Joe pointa son inde% vers !ob. # 4. +mat m)a appris que l)un de vous avait dgringol au fond de la grande crevasse. B)est vous, n)est9ce pas: X @ous connaisse- cette crevasse: demanda vivement 'annibal.
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X !ien sZr. Elle n)a rien de secret. Be sera un centre d)attraction pour les touristes que /e compte faire venir ici l)t proc6ain, rpondit 'aveling. En attendant, /e vous prie de ne pas vagabonder dans la montagne. +)il vous arrivait quelque c6ose, nous serions respon9 sables, *nna et moi. @ous risque- non seulement d)avoir un accident mais aussi de rencontrer des ours... X * propos d)ours, coupa 'annibal en regardant d)abord Joe 'aveling et ensuite l)arme qu)il portait, & propos d)ours, est9ce pour en capturer un que vous vous Htes muni de ce fusil... un fusil & balles tranquillisantes, si /e ne me trompe pas: $ ,e mari d)*nna se mit & rire. # Bapturer un oursI rpta9t9il. @o0ons, pourquoi ferais9/e une c6ose pareille: Non, /e n)ai pas l)intention de c6asser un tel gibier. Du reste, /e crois que la loi l)interdit. +i /e transporte ce fusil, c)est que /e ne veu% pas Htre pris au dpourvuI +i /e rencontre l)une de ces bHtes, /e l)endormirai sans lui faire de mal. $ 22 fit une pause et sourit plus largement encore R # 4. +mat, a/outa9t9il, ne me pardonnerait /amais si /e tirais sur un oursI $ 22 passa devant les trois amis et se remit & gravir la pente. D"s qu)il fut 6ors de porte d)oreille, !ob murmura R # 4. +mat a commis une erreurI X Et une erreur de tailleI souligna eter. Nous ne lui avons pas dit que tu tais tomb au fond de la crevasse. +)il est au courant, c)est donc qu)il se trouvait sur les lieu% quand
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c)est arriv... ou quand 'annibal a t attaquI X B)est peut9Htre bien lui qui m)a frapp, dit le c6ef des Dtectives. Et c)est tr"s certainement lui qui a bala0 le sol au bord de la crevasse. Notre c6er 4. +mat pourrait ne pas Htre aussi inoffensif qu)il le paraVt. 2l 0 a quelque c6ose dans la montagne X monstre ou pasI X que lui et 'aveling ont vu. Et tous deu% s)efforcent de garder secr"te leur dcouverte. $ ,es gar.ons atteignirent la cour de l)auberge au moment oU Qonrad sortait de l)e%cavation de la piscine. # M6I !abalI $ cria9t9il gaiement. 'annibal lui rpondit d)un geste de la main. uis les Trois dtectives s)approc6"rent tout au bord du trou. 2ls virent 'ans, assis au fond, qui se reposait un instant. ,e coffrage en bois tait presque termin. # @ous ave- fait une bonne promenade: demanda 'ans. X E%cellente... & part un lger incident, rpondit eter. X +ave-9vous que 4. +mat s)inqui"te pour vous: reprit Qonrad. 2l voudrait que vous n)allie- pas dans cette prairie, l&96aut. 2l nous a mHme pris de vous garder ici, & l)auberge. X Et que pense-9vous que nous allons faire: $ demanda eter. Qonrad se mit & rire. # Je pense que vous ne fere- que ce que vous aveenvie de faireI rpliqua9t9il. +eulement, so0e- prudents, 6ein:

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X Nous le seronsI promit 'annibal. MU est 4. +mat en ce moment: X 2l est descendu au village, e%pliqua 'ans. Notre cousine *nna, elle, est partie en voiture pour !is6op. 3uant & 4. Jensen, /e ne sais pas oU il est all, mais, lui aussi, a pris sa voiture. X *nna, enc6aVna Qonrad, vous fait dire de d/euner solidement. @ous trouvere- des sandWic6es en abondance dans le rfrigrateur. X Je me sens un apptit d)ogreI $ dclara eter en se prcipitant dans l)auberge, suivi de ses camarades. 3uand les gar.ons se furent rassasis, 'annibal lava les plats. ,)alliance de la cousine *nna se trouvait
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sur le rebord de la fenHtre, /uste au9dessus de l)vier. 'annibal fron.a les sourcils. # Bet anneau me semble bien large pour *nna, dit9 il. Elle le perdra un /our ou l)autre si elle n)0 veille pas. $ eter, occup & essu0er les verres, ne rpondit que par un signe de tHte distrait. +on attention venait d)Htre attire par un ob/et qu)il apercevait sur le planc6er de la grande salle, au9del& du seuil de la cuisine. osant son torc6on & vaisselle sur l)gouttoir, il passa dans l)autre pi"ce. # Tiens, un portefeuilleI $ annon.a9t9il en se baissant pour ramasser sa trouvaille. B)tait effectivement un portefeuille d)6omme, tr"s usag, et tellement bourr qu)une des coutures commen.ait & craquer. ,orsque eter le prit, il s)en c6appa une cascade de papiers et de cartons qui s)parpill"rent sur le sol. # M6I JlZteI s)cria eter en se /etant & quatre pattes pour rparer le dommage. X * qui appartient ce portefeuille: $ demanda !ob. armi les documents pars, eter trouva un permis de conduire et quelques notes de restaurant. # * 4. Jensen, rpondit9il. 3uand /e pense qu)il est en train de rouler sans permisI 2l suffirait qu)un agent l)arrHte pour un contrTle d)identit et il serait coinc... X Tiens, tiensI $ dit brusquement 'annibal qui s)tait avanc & son tour. +on regard tait fi% sur une p6otograp6ie c6appe du portefeuille. # 4ais c)est la cousine *nnaI
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X 3uoi: dit !ob stupfait. X @oici un instantan de la cousine *nnaI $ 'annibal se baissa et ramassa la p6oto. Belle9ci reprsentait *nna 'aveling et son mari. ,e couple avait t pris au sortir d)un caf, et, apparemment, ne s)tait pas aper.u qu)on le p6otograp6iait. *nna portait une robe claire et avait /et une veste sur ses paules. Elle tait & demi tourne vers son mari qui, la bouc6e ouverte, l)air dcid, semblait lui dire quelque c6ose d)important. # J)aimerais savoir pourquoi Jensen trimballe une p6oto d)*nna sur luiI $ murmura 'annibal, pensif. 2l passa la p6oto & !ob. 3uand eter eut fini de ramasser ses paperasses, il tudia & son tour l)instantan. # En tout cas, dit9il, cette p6oto n)a pas t prise & +70 @illage. $ 22 consulta le verso. # *6I 2l 0 a une date... B)tait l)autre semaine, au lac Ta6oe. $ ,es trois gar.ons c6ang"rent des regards incrdules. # Jensen serait9il un vieil ami d)*nna: suggra !ob. Mu peut9Htre un ami de Joe 'aveling: eut9Htre a9t9il assist & leur mariage: X Bertainement pasI rpliqua 'annibal avec force. ,e soir de notre arrive, rappele-9vous que Joe 'aveling a voulu fHter son rcent mariage en nous invitant & sa table. 2l a spcifi qu)il convierait mHme les deu% trangers, les deu% 6Ttes pa0ants, & participer au festin.

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@ous en souvene\9vous: Donc, ni Jensen ni +mat n)taient de ses intimesI $ eter glissa l)instantan dans le portefeuille. # 4. Jensen n)est peut9Htre qu)un 6Tte pa0ant, mais il conserve bel et bien sur lui une p6oto des 'aveling, prise au lac Ta6oe. ,a c6ose est curieuse. $ 'annibal prit le portefeuille des mains de eter. # Je crois, dit9il, que le mieu% est de mettre ceci sur le bureau de 4. Jensen sans parler de rien. 4ais pendant que nous serons dans sa c6ambre, nous en profiterons pour regarder un peu la pi"ce. *pr"s tout, 'ans et Qonrad nous ont pri de protger leur cousine *nna et il est de notre devoir de veiller & sa scurit en faisant attention & tout... X Je vois ce que tu veu% dire, fit eter. ,e procd est peut9Htre peu dlicat mais qui veut la fin veut les mo0ensI 4ontons vite et enquHtons avant que quelqu)un ne revienneI $ ,a pi"ce occupe par Jensen tait contigu_ & la c6ambre & deu% lits de 'ans et de Qonrad. # Esprons qu)elle n)est pas ferme & clI dit !ob. X Je me suis aper.u que, dans cette auberge, rien n)tait /amais bouclI $ dclara eter. 2l tourna la poigne de la porte de Jensen et, effectivement, celle9ci s)ouvrit aussitTt. ,a c6ambre tait propre et parfaitement en ordre, comme du reste toutes les autres pi"ces de l)auberge. +)il n)0 avait eu une paire de sou9

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liers sous une c6aise, on aurait pu croire qu)elle tait inoccupe. 'annibal ouvrit un placard. +ur des tag"res s)empilaient des c6emises et des sous9vHtements fraVc6ement repasss. +ur d)autres s)entassait le linge sale. Tout en bas, sur le sol, une seconde paire de souliers voisinait avec la valise du p6otograp6e. 'annibal eut une br"ve 6sitation, puis empoigna la valise et la dposa sur le lit. 2l l)ouvrit... * l)intrieur se trouvaient des c6aussettes, plusieurs rouleau% de pellicule et un grand nombre d)ampoules de flas6. 2l 0 avait aussi un livre. * la vue du titre, eter siffla longuement. # Manuel des photographes d9,utants6 $ lut9il tout 6aut. 'annibal ouvrit au 6asard le livre. # Be n)est certes pas le genre de bouquin qu)on s)attendrait & trouver dans les bagages d)un p6otograp6e professionnel & succ"s, dclara9t9il. +i Jensen vend ses clic6s & des maga-ines, il devrait Htre asse- cal pour se passer de ce genre de manuel. B)est tout ce qu)il 0 a de plus lmentaireI $ 22 ferma le livre d)un coup sec et conclut R # 4. Jensen peut Htre n)importe quoi, mais sZrement pas un p6otograp6e de mtier. $ !ob se penc6a sur la valise ouverte pour fourrager parmi les c6aussettes. # @o0ons s)il n)0 a rien d)autreI $ murmura9t9il. B)est alors qu)il fit sa dcouverte... *u premier
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abord, elle ne semblait gu"re importante. 2l s)agissait d)un petit calepin tout us, au% pages cornes, bourr de noms, d)adresses et de numros de tlp6one. !ob le feuilleta rapidement. ,a plupart des adresses correspondaient & des maisons de commerce ou & des particuliers du district du lac Ta6oe. ,e nom de la cousine *nna ne figurait pas avant les derni"res pages du carnet. 2l tait suivi d)une srie de notes qui firent ouvrir des 0eu% ronds au /eune dtective. # Tu as trouv quelque c6ose: demanda 'annibal. X Deu% pages enti"rement consacres & *nnaI e%pliqua !ob. <egarde-I Bela commence par un numro R CU >1A, Balifornie. uis le nom d)*nna R 4iss *nna +c6mid et son adresse, Au,erge du Slalom/ +70 @illage, Balifornie. X CU >1A: rpta eter. Ya ressemble bien & un numro de voitureI X 3uoi d)autre: $ demanda encore 'annibal. our toute rponse, !ob lui passa le calepin. # JascinantI murmura 'annibal. Bes notes prcisent qu)*nna est la propritaire de l)Au,erge du Slalom et qu)elle poss"de galement le remonte9pente. Elles rv"lent par ailleurs qu)& +70 @illage, *nna est bien connue pour rgler en esp"ces tout ce qu)elle ac6"te. Tout en bas de la page, /e lis trois mots en guise de conclusion R # Un pigeon parfait $. X Un pigeon: rpta eter. X MuiI rpondit 'annibal en refermant le carnet qu)il glissa dans la valise. B)est9&9dire une personne

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bonne & plumer... une victime facile, une proie aise & attraper, si vous prfre-. X *insi, Jensen serait une mani"re d)escroc dsireu% de plumer *nna: X Tout ce que /e peu% dire, affirma 'annibal, c)est que Jensen n)est pas p6otograp6e. 4ais si c)est un escroc, /e me demande quel est son but. Jusqu)ici, il n)a rien fait sinon... X +inon de se faire assommer par un ours, un monstre ou /e ne sais quoiI ac6eva eter. Et il n)a rien tent de spcial, semble9t9il, pour s)attirer la s0mpat6ie d)*nna. $ ,es trois gar.ons entendirent soudain un bruit de moteur sur la route. 'annibal se prcipita dans la c6ambre de 4. +mat, de l)autre cTt du couloir. 2l regarda par la fenHtre qui donnait sur le devant de la maison. # B)est la cousine *nna qui revient de !is6opI annon.a9t9il & ses amis. J)aper.ois d)ici sa plaque minralogique... Elle porte le numro CU >1AI $ !ob se 6(ta de refermer la valise et de la remettre & sa place dans le placard. eter, du plat de la main, lissa le dessus de lit, lg"rement froiss. 2ls se dirig"rent vers l)escalier. # Devons9nous prvenir *nna qu)un de ses pensionnaires est un individu louc6e qui s)intresse & elle: $ demanda eter. 'annibal secoua nergiquement la tHte. # Bertainement pasI Nous n)avons pas le droit d)accuser sans preuves srieuses. 3ue
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savons9nous au /uste: 3ue Jensen poss"de une p6oto de 4. et de 4me 'aveling, prise au lac Ta6oe pendant leur lune de miel, et qu)il manifeste un intrHt suspect pour l)tat des finances d)*nna. B)est toutI !obI n)oublie pas de tlp6oner ce soir & ton p"re pour savoir s)il a appris quelque c6ose sur 'aveling. Donne9lui l)adresse de Jensen et le numro de sa voiture, que /)ai relev, et demande9lui si son contact de <eno ne peut pas se renseigner au su/et de notre soi9disant p6otograp6e, Tant que nous n)en saurons pas plus long sur Jensen, ne le perdons pas de vueI 2l faut l)empHc6er d)escroquer la cousine *nna. +)il tente de l)intresser & un quelconque investissement de fonds, alors, nous interviendronsI $

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$#A&ITRE ,II DANS LA NUIT111 dans la grande salle, les Trois dtectives trouv"rent *nna en train d)a/outer des maga-ines neufs & une pile de plus anciens, sur une table basse. Elle tressaillit en les apercevant. # M6I dit9elle. Je ne savais pas qu)il 0 avait quelqu)un dans la maison. X Nous venons de procder & une nouvelle fouille, e%pliqua posment 'annibal. Nous avons pens que certaines cac6ettes avaient pu
EN ENT<*NT

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nous c6apper, 6ier, et nous avons de nouveau essa0 de retrouver la cl de votre coffre. X *6I MuiI ,a clI soupira *nna dont le front se plissa de contrarit. Et vous ne l)ave- pas trouve: X 'las, nonI dit !ob. 4adame 'aveling, vous est9il /amais venu & l)esprit que quelqu)un pouvait vous l)avoir vole: *ucune des portes de votre auberge n)est /amais ferme & cl. N)importe qui pourrait Htre entr ici et l)avoir prise. X M6I NonI Je l)ai trop bien cac6eI protesta *nna. Et du reste, qui se soucierait de voler une cl de coffre de banque: Je suis seule & avoir le droit d)utiliser celle9ci. ,es emplo0s de la banque ne connaissent qu)*nna +c6mid. Belui qui me volerait cette cl n)aurait rien & gagner, sac6ant ce qu)elle ouvreI 2l me mettrait seulement dans un cruel embarras. En fait, /e n)ai cac6 ma cl, avant de partir en vo0age, que par crainte qu)un voleur ne l)emporte avec d)autres ob/ets, sans savoir & quoi elle sert... X *utrement dit, conclut eter, on ne vous l)a pas vole de propos dlibr. X Bette cl est forcment quelque part dans la maisonI assura *nna. +i seulement la mmoire voulait bien me revenirI $ our la seconde fois, un moteur de voiture ronronna sur la route. uis le gravier de la cour crissa sous des pneus. eu apr"s, Jensen fit son apparition. 2l tenait son appareil p6otograp6ique & la main et salua *nna et les gar.ons avant de monter l)escalier.

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# ,e mtier de 4. Jensen est intressant, dit 'annibal. 2l doit falloir beaucoup de patience pour p6otograp6ier des animau%: @ient9il souvent ici: X B)est la premi"re fois, rpondit *nna. 2l n)est l& que depuis cinq /ours. 2l est arriv comme cela, sans retenir de c6ambre. 'eureusement que /)en avais une de libre... et mHme plusieursI * cette priode de l)anne, il n)0 a pas grand mondeI X 4. +mat, lui aussi, est quelqu)un de tr"s intressant, continua 'annibal. Je crois qu)il passe le plus clair de son temps dans la montagne, pour communiquer avec la nature. X @ous voule- dire pour parler avec les animau%: Je me demande si ceu%9ci prennent mHme la peine de l)couter. B)est la premi"re fois qu)il vient ici, lui aussi. 2l m)a racont qu)il s/ournait dans la rgion & cause de la grande sc6eresse. Belle9ci perturbe la vie des bHtes et il esp"re pouvoir aider ses amis & poils et & plumes & se dbrouiller. $ *nna se mit & rire. # 11 a de drTles d)idesI Et c)est un trange petit 6ommeI J)aimerais bien qu)il mange comme tout le monde iciI Bela m)viterait de lui prparer des plats spciau%. $ ,&9dessus, la /eune femme passa dans la cuisine pour vaquer & ses occupations 6abituelles. ,es trois gar.ons sortirent de l)auberge et descendirent la route /usqu)au poste d)essence. B6arlie <ic6ardson tait l&, assis sur une c6aise, en train de sommeiller au soleil. En entendant le trio approc6er, le pompiste ouvrit les 0eu%.
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# !onne promenade: demanda9t9il. X *ve-9vous parl & 4. +mat: s)enquit eter en guise de rponse. X N)intervertissons pas les rTles, voule-9 vous: B)est 4. +mat qui m)a parlI * l)entendre, on croirait que /e passe ma vie & effra0er la /eunesse des Etats9Unis en lui racontant des 6istoires fantastiques. $ ,es 0eu% de B6arlie brill"rent soudain d)un intrHt subit et il demanda, plein de curiosit R # Dites9moi... 3u)ave-9vous vu l&96aut, sur la montagne, ce matin: X Nous ne savons pas au /uste, monsieur <ic6ardson, rpondit !ob. 3uelque c6ose de gros. Un animal, /e pense. $ ,e pompiste parut d.u. # Des ours, sans doute... ou un ours. B)est vous qui ave- fait cette culbute dans la crevasse: $ !ob fit signe que oui. # Je m)en doutais rien qu)& voir vos vHtements, dit <ic6ardson dont l)Kil fureteur enregistrait le moindre dtail. J)esp"re que vous n)Htes pas bless: X Non. J)ai /uste t un peu secou. X Dans ce pa0s impossible, il faut tou/ours regarder oU on met les pieds, reprit <ic6ardson. @ous me semble- des gar.ons raisonnables. Je suis sZr que vous n)Htes pas alls taquiner cet ours. *ussi, *nna +c6mid n)avait pas besoin d)en faire toute une 6istoire... Je veu% dire *nna 'avelingI X Elle en a fait une 6istoire: rpta eter, tonn.
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Nous venons de la voir et elle ne nous a rien dit. X Elle avait dZ se calmer entre9tempsI Elle s)est arrHte ici pour prendre de l)essence, en revenant de !is6op. 4. +mat venait /uste de me quitter. Je lui ai donc demand si elle vous avait vus apr"s votre balade en montagne... eut9Htre ave-9vous remarqu que /)aime savoir tout ce qui se passe autour de moi: X Je pense bien, que nous l)avons remarquI s)cria eter en riant. X E6 bien, elle m)a e%pliqu que son mari ne voulait pas que vous allie- vous promener dans la prairie & cause des ours. ,e mariage n)a pas amlior *nna. Bette femme est devenue d)une nervosit peu ordinaire, avec les ours. Et pourtant, /e me rappelle la fois oU elle s)est rue & la rencontre de deu% de ces ani9 mau%, criant et faisant claquer un fouet pour les effra0er afin de les tenir & distance de sa poubelle. $ !ob parut impressionn. # Etait9ce une bonne ide: demanda9t9il. Je veu% dire... si ces bHtes sont froces... X Tant que vous ne vous approc6e- pas trop pr"s d)eu% et que vous ne les frappe- pas, ils peuvent avoir peur et faire tranquillement demi9tour. B)est ce qui s)est pass cette fois9l&. $ !ob /eta un coup d)Kil & sa montre. # 22 est plus de quatre 6eures, dit9il & 'annibal. 4on p"re doit Htre rentr. Je vais lui passer ce coup de fil. X ,e tlp6one est en drangement & l)auberge: demanda B6arlie <ic6ardson.

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X Non, non, rpliqua vivement !ob. 4ais comme nous passions par ici, /e me suis dit... X !ien sZr, bien sZr..., coupa B6arlie. E6 bien, que /e ne vous retarde pasI @ous save- oU est la cabine tlp6onique. Jaites tranquillement votre appel. 4oi, /e vais aller & la pi--a d)& cTt pour manger un morceau. Je sais m)occuper de mes affaires quand il faut. $ ,e pompiste se leva l&9dessus et s)loigna sans se presser. # ,e /our oU ce gars9l& se mHlera uniquement de ses affaires, grommela eter, /e promets de manger mes souliers de tennis sans mHme les salerI $ !ob sourit et entra dans la cabine tlp6onique. 2l parla quelques minutes avec son p"re, puis re/oignit ses camarades. # ,e nom de Joe 'aveling ne figure pas dans l)annuaire de <enoI annon.a9t9il. ,)ami de papa n)a pas encore de renseignements sur sa situation financi"re, mais il pense les avoir demain. 4on p"re va tlp6oner d"s ce soir & ce mHme ami pour qu)il se renseigne sur Jensen, mais il nous prie de ne pas dplacer trop d)air et de ne causer d)ennuis & personne. +i nous mettons 'ans, Qonrad ou leur cousine dans l)embarras, il promet de nous corc6er vifs tous les trois. our l)instant, et tant qu)il ne nous aura pas donn d)autres nouvelles, nous devons nous tenir tranquilles et ne rien faire sinon... X +inon quoi: demanda 'annibal. X9 Dcamper de l)aubergeI 2l estime que nous nous sommes imposs et /e pense qu)il a raison. 2l n)0 a
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aucune raison pour qu)*nna nous nourrisseI Be n)est pas nous, ses cousins. X JlZteI dit eter. Juste au moment oU les c6oses commen.aient & devenir intressantesI X !a6I Nous ne nous loignerons pas tellementI fit remarquer le c6ef des Dtectives. Notre tente est d/& plante & deu% pas de la maison. $ ,es trois amis retourn"rent & l)auberge pour annoncer & *nna et & son mari qu)ils en revenaient & leur pro/et initial de camper de6ors. Joe 'aveling protesta aussitTt, arguant du danger reprsent par les ours, mais les gar.ons promirent d)appeler au secours d"s qu)un ours mena.ant se profilerait & l)6ori-on. !ien avant le couc6er du soleil, ils avaient transport leurs sacs de couc6age sous la tente et s)taient mis & camper pour de bon. *pr"s avoir dVn de .saucisses cl de 2 ri3ots cuits sur un l)eu de bois, les Dtectives s)assirent en tailleur sous leur tente. !ob sortit un carnet cl un st0lo9bille de sa poc6e et entreprit de noter les premiers rsultats de l)enquHte. # our commencer, dclara9t9il, nous avons un p6otograp6e animalier qui n)est pas plus p6otograp6e que vous et moi, et qui s)intresse normment & la cousine *nna et & son argent. X Tu peu% a/outer, dit 'annibal, qu)il poss"de une p6oto d)*nna et de son pou%, prise avant qu)il ne s)installe & l)auberge. Mr, *nna
A-rs a.oir d/n de sau)isses et de hari)ots )uits sur un *eu de bois+ 45

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nous a affirm que c)tait la premi"re fois qu)il venait & +70 @illage et que, /usque9l&, elle ne le connaissait pas. X */oute aussi, enc6aVna eter, que notre 6omme a t attaqu par un ours, ou une personne, ou un monstre. Et s)il n)est pas p6otograp6e, /e me demande pourquoi il prenait la peine de p6otograp6ier un ours en train de fouiller une poubelle. X * mon avis, dit 'annibal, il s)effor.ait de se comporter comme un vritable p6otograp6e puisque, selon ce qu)il a proclam, c)est l& sa profession. * prsent, asse- pour JensenI assons au mari d)*nna. 3ue savons9nous de lui: X 2l dclare avoir de l)argent, rsuma !ob. 2l poss"de un fusil & balles tranquillisantes qu)il emporte tous les /ours avec lui, quand il se rend dans la grande prairie. Et il est en train de construire une piscine qui pourrait bien ne pas Htre une piscine du tout. $ !ob regarda 'annibal. # @ois9tu autre c6ose: Jusqu)ici, ce n)est pas lourdI 'ans et Qonrad se mfient de lui, mais c)est peut9Htre un t0pe tr"s correct. X ossible, admit 'annibal. X *rrivons9en & 4. +mat, dit eter. * mon avis, il a un grain. X Je pense, moi, murmura 'annibal songeur, qu)il n)est pas aussi inoffensif qu)il semble l)Htre. Je suis persuad que c)est lui qui m)a mis 7noc79out ce matin... pour effacer tranquillement les empreintes au bord de la crevasse.
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X Be qui nous conduit tout droit & un gros point d)interrogation, dit eter. P a9t9il ou n)0 a9t9il pas un monstre sur la montagne du 4onstre: X J)ai vu quelque c6ose, dclara !ob avec force. Je sais que /)ai vu quelque c6ose et /e suis prHt & /urer que ce n)tait pas un ours. 'annibal, de son cTt, a vu cette empreinte de pied. $ 'annibal ouvrit son sac de couc6age et Tta ses c6aussures. # +i le monstre e%iste vraiment et si Joe 'aveling parvient & le capturer, alors, il va 0 avoir du sportI annon.a9t9il. En attendant, ne perdons pas de vue que 'ans et Qonrad sont nos clients et qu)ils nous ont
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c6args de protger leur cousine. Demain, quand nous aurons le rapport financier sur 'aveling et les rensei9 gnements concernant Jensen, nous aurons un petit entretien avec 'ans et Qonrad. 2ls dcideront de ce qu)il convient de faire... $ !ob et eter, ce soir9l&, ne tard"rent pas & s)endormir. 4ais 'annibal se sentait trop nerveu% pour succomber au sommeil. *llong dans l)ombre, il restait, bien veill, & couter le vent souffler et les mille bruits produits par les petits animau% nocturnes en maraude. 2l pensait & la crevasse, & l)empreinte de pied nu, et au% tranges 6istoires de B6arlie <ic6ardson. 2l pensait aussi & autre c6ose que lui avait dit le pompiste R *nna c6argeant deu% ours, un fouet & la main. 'annibal se proposa de parler & *nna le lendemain afin de savoir si l)anecdote tait vraie. 2l tait tout pr"s de minuit quand 'annibal sortit de son sac et releva le rabat de la tente. ,)auberge lui apparut, sombre et paisible. 3uelque c6ose voleta /usqu)& la c6emine et s)0 posa. 'annibal entendit un ululement. B)tait une c6ouette. +oudain, le c6ef des Dtectives cligna des 0eu%. <Hvait9il ou avait9il vraiment aper.u une lumi"re fugitive au re-9de9c6ausse de la maison: Et voil& que la lumi"re reparaissait... B)tait un ra0on lumineu% qui se dpla.ait dans la grande salle... en direction du bureau d)*nna. 'annibal secoua eter R # <veille9toi, mon vieu%. X 3uoi:... 3u)est9ce que c)est: marmonna eter en se redressant. Encore un ours:
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X 'I ,aisse-9moi dormirI protesta !ob & moiti rveill. X 2l 0 a du nouveau & l)auberge, c6uc6ota 'annibal. 3uelqu)un, arm d)une lampe lectrique, vient d)entrer dans le bureau d)*nna. $ our le coup, eter et !ob /aillirent de leurs sacs de couc6age et se c6auss"rent & t(tons. # Dcidment, fit remarquer eler, tout le monde semble s)intresser & *nna, & son argent ou & son bureau. $ ,es Trois dtectives se gliss"rent 6ors de leur tente et travers"rent furtivement la cour de devant, /usqu)& la fenHtre du petit bureau. Belle9ci tait ouverte. Mn apercevait nettement l)6omme assis devant la table. 2l tournait le dos au% gar.ons mais tait facilement reconnaissable. JensenI +ans se presser, il feuilletait l)un des registres d)*nna, en s)clairant de sa lampe de poc6e. ,a porte, faisant communiquer le bureau et la grande salle, tait & prsent ferme. Jensen finit d)e%aminer le registre et le posa & cTt de lui. D/& il tendait la main pour en prendre un deu%i"me quand, soudain, il s)immobilisa et parut couter quelque c6ose. ,a seconde suivante, il plongeait & genou% sous le bureau apr"s avoir teint sa lampe. De leur cTt, les Trois dtectives se baiss"rent en toute 6(te pour n)Htre pas aper.us. 2ls entendirent cliqueter l)interrupteur lectrique, puis la lumi"re du bureau passa au9dessus de leur tHte. ,a voi% de Joe 'aveling leur parvint, tr"s distincte R # Tu voisI disait9il. 2l n)0 a personne.
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X J)ai pourtant entendu quelqu)un, rpondit la voi% d)*nna. Mn a descendu l)escalier sur la pointe des pieds, puis on a ferm cette porte. Je suis d)ailleurs & peu pr"s sZre de l)avoir laisse ouverte. X Tu t)imagines des c6oses. Tes nerfs sont en train de craquer, ma belle. 2l n)0 a vraiment aucune raison pour que tu t)inqui"tes. Tu t)en tires & la perfection avec ces deu% lourdauds venus de <oc70. Tiens bon encore un peu. 2ls ne resteront plus longtemps. X lus d)une semaine encore, ouiI riposta *nna d)un ton amer. X Je me dbrouille pour les tenir occups, n)est9ce pas: *lors, cesse de gmir. Tout va bien, tu le sais, et .a continuera & bien aller, crois9moi. $ ,a lumi"re s)teignit brusquement et la porte se referma. 'annibal, eter et !ob rest"rent immobiles et muets. *u bout d)un moment, ils se rendirent compte que Jensen avait rallum sa lampe lectrique. 2ls l)enten9 dirent sortir de sa cac6ette, gagner la porte et sortir le plus doucement possible. # Je veu% Htre pendu... $, commen.a eter. 'annibal lui pressa le bras pour le faire taire. uis, il reprit sans bruit le c6emin de la tente, suivi de ses camarades. # *i9/e bien compris ce que mes oreilles ont entendu: demanda eter d"s qu)ils furent c6e- eu%. X Tr"s, tr"s intressant, murmura 'annibal. Je ne suis pas particuli"rement surpris que Jensen soit descendu au milieu de la nuit

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pour feuilleter les registres d)*nna. Nous savons qu)il s)intresse & l)tat de ses finances. X D)accord, rpondit !ob. Be qui semble tonnant, c)est qu)*nna paraisse supporter avec peine la prsence de 'ans et de Qonrad. +es cousins prfrsI ourquoi la rendraient9ils nerveuseI X Ya n)a pas de sens, admit 'annibal en se grattant la nuque. <ien de tout ce qui se passe ici ne semble avoir de sens... Jamais de ma vie /e n)ai rencontr d)affaire aussi droutante. $

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$#A&ITRE ,III "E 6 DE'OIR 5 D'ANNA matin, 'annibal se rveilla bien avant ses amis. 2l tait encore tr"s tTt. ,es oiseau% c6antaient au soleil levant. ,e c6ef des Dtectives se c6aussa et marc6a sans bruit /usqu)& la porte de la cuisine. 2l pensait & ce qu)il avait appris dans la nuit R 'ans et Qonrad rendaient *nna nerveuse. ourquoi: 'annibal s)apprHtait & entrer dans la cuisine pour sou6aiter le bon/our & *nna quand il entendit la voi% de Joe 'aveling R
,E ,ENDE4*2N
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# ,e caf n)est pas encore prHt: $ X *ttends une minuteI rpondit *nna. Ne sois pas aussi impatientI X Et toi, ne sois pas aussi nerveuseI EcouteI Je vais atteler 'ans et Qonrad & la t(c6e pour toute la matine. Bomme .a, tu ne les auras pas dans les /ambes. En ce qui concerne les gar.ons, fais9les d/euner, puis prpare9leur un casse9croZte et envoie9les pique9niquer loin d)ici... n)importe oU, sauf du cTt de la prairie... Je me propose de monter l&96aut, moi9mHme, pour une derni"re tentative, mais /e n)ai pas trop d)espoir. +i /)c6oue, nous serons obligs de faire un coup de bluff & la banque et tu dois Htre prHte. Je ne saurai trop te conseiller que de t)appliquer & tes [devoirs. X Je n)en ai pas envieI grommela *nna. X 2l le faut cependantI insista 'aveling d)une voi% dure. Nous devons russir & tout pri%. <appelle9 toi que nous avons fait des c6oses plus difficiles, et pour moins d)argent... *s9tu de quoi faire suffisamment de sandWic6es pour les gamins: $ 'annibal recula sur la pointe des pieds, puis revint & la porte en marc6ant bru0amment. *nna lui sou6aita aimablement la bienvenue et l)invita & d/euner. 'annibal grimpa & l)tage pour se dbarbouiller. Un instant plus tard, il prenait place & la table du petit d/euner, ainsi que eter et !ob. 4. Jensen et 4. +mat taient l& galement. ,e repas se droula sans incident. B6acun semblait absorb par ses penses. *u moment

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de dbarrasser la table, *nna parut frappe d)une ide soudaine. # @ous Htes en vacances, dit9elle au% trois gar.ons. Je vous engage & bien en profiter. 3ue dirie-9vous d)un pique9nique en pleine nature: Je vais vous prparer un panier... @ous devrie- suivre la piste qui part du terrain de camping pour aboutir & la tour & feu. B)est une tr"s agrable promenade, X ,a tour & feuI s)cria !ob. *6I oui, /e sais que l)on appelle ainsi, dans le pa0s, ce mirador d)oU l)on surveillait autrefois les incendies de forHt. X B)est celaI Du 6aut de cette tour, on a une vue admirable sur la valleI X *llons90 doncI $ dcida 'annibal au nom de tous. eter ouvrit la bouc6e pour protester, mais le c6ef des Dtectives lui donna un coup de pied sous la table et il se tut. 3uelques instants plus tard, *nna bourrait le sac & dos d)'annibal d)apptissants sandWic6es. ,orsque les trois gar.ons se mirent en roule, 'aveling, 'ans et Qonrad travaillaient d/& & la piscine. * peine la petite troupe eut9elle tourn sur la piste conduisant au camping que eter s)arrHta. # Je suis peut9Htre d)un esprit soup.onneu%, dit9il, mais il m)a bien sembl qu)on c6erc6ait & se dbarrasser de nous... ourquoi m)as9tu ru dans les tibias sous la table, !abal: X arce que /)ai surpris une conversation entre *nna et Joe ce matin, e%pliqua 'annibal. 'aveling
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voulait avoir le c6amp libre pour monter & la grande prairie et pour qu)*nna puisse s)appliquer & ses devoirs. X +es devoirs: rpta !ob a6uri. X Ne me demande pas de quoi il s)agit, continua 'annibal. Je n)en sais rien. 4ais cela semble avoir un rapport avec la banque. 'aveling a dclar qu)il allait monter l&96aut pour une derni"re tentative et que, s)il ne russissait pas, *nna et lui devraient risquer un coup de bluff & la banque. * mon avis, tout cela est li & cette cl de coffre qu)*nna est si dsireuse de retrouver. X Ne crois9tu pas, suggra !ob, que l)un de nous devrait rester & l)auberge pour voir ce que va faire *nna: X Bela ne me semble pas possible, soupira 'annibal. Joe paraVt bien rsolu & ce que nous ne drangions pas sa femme, et tout aussi rsolu & ce que nous ne so0ons pas sur son passage quand il montera & la grande prairie. Nous nous sommes donn beaucoup de mal pour veiller sur *nna, mais, tout compte fait, /e me demande si elle a vraiment besoin d)Htre protge. Je ne sais pas ce que fricote 'aveling, mais elle est de m"c6e avec lui et tous deu% sont e%trHmement secrets. Je crois qu)elle a parl sans rflc6ir en nous indiquant cette vieille tour comme but de promenade. J)ai ide que, de l&96aut, on peut voir non seulement la valle mais une bonne partie de la montagne. DpHc6ons9nous. Nous arriverons peut9Htre & temps. X * temps pour quoi: demanda eter. X our voir 'aveling grimper la piste de s7i. J)ai
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emport une paire de /umelles. ,e mari d)*nna monte c6aque /our & cette prairie avec un sac & dos et son fusil & balles tranquillisantes. J)aimerais bien savoir pour quel motif... X ,a c6asse au monstreI avan.a eter. X Non, affirma 'annibal. 2l 0 a autre c6ose. Bes randonnes ont un rapport avec la banque, ou plus e%actement avec la cl perdue. Je veu% savoir ce que Joe 'aveling fabrique l&96aut. X D)accordI dit vivement !ob. *llons90I $ Tous trois se 6(t"rent de gagner le camping, le travers"rent, et s)engag"rent sur la piste conduisant & la vieille tour & feu. eter marc6ait en tHte de la colonne, suivi de !ob. 'annibal venait derri"re. ,a piste tait raide. ,es gar.ons devaient avancer, presque courbs en deu%. En dpit de leur /eune (ge, ils taient essouffls. 2l tait plus de di% 6eures quand ils atteignirent enfin le mirador. # J)esp"re qu)il n)est pas trop tardI $ soupira 'annibal. Et, sans mHme reprendre 6aleine, il se mit & gravir les marc6es de bois conduisant au sommet de la tour. eter et !ob le suivirent. Une fois en 6aut, eter s)e%clama R # Nous avons de la veineI D)ici, on aper.oit l)auberge, la piste de s7i et la prairie. $ 'annibal sortit des /umelles de son sac, les rgla et inspecta les environs.

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# Joe 'aveling est & mi9parcours de la piste de s7iI$ annon.a9t9il & ses camarades. 2l continua & surveiller l)6omme /usqu)en 6aut de la pente. Une fois l&, 'aveling, a0ant atteint la prairie, se dirigea droit vers la ligne des pins qui la bordaient & l)autre e%trmit. Enfin, il disparut sous les arbres. 'annibal abaissa ses /umelles. # 22 s)est enfonc dans le bois, vers l)ouest, dclara9 t9il. B)est la partie que tu as e%plore, eter. *s9tu pntr tr"s loin & l)intrieur du bois quand tu c6erc6ais & trouver des empreintes: X Non, pas beaucoup. Je n)ai /amais perdu de vue la prairie, avoua eter.
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X !abal, dit !ob, tu prtends que cette randonne quotidienne de Joe 'aveling a quelque c6ose & voir avec la banque. 4ais que peut9il 0 avoir, dans ce bois, qui soit en rapport avec une banque: X Des arbres, rpondit eter d)une voi% ironique. Encore des arbres. Tou/ours des arbres. Et aussi des roc6ers, des cureuils, des geais, des... X Tais9toi donc, coupa 'annibal. 2l 0 a la cabaneI X 3uelle cabane: demanda eter. X Belle de l)ermite. <appele-9vousI B6arlie <ic6ardson nous a racont que l)ermite qui vivait sur la montagne du 4onstre s)tait construit une cabane par ici. Mr nous n)avons rien aper.u de semblable. B)est donc que la cabane est cac6e par les arbres. B)est peut9Htre bien l& que se rend Joe 'avelingI X 4ais quel rapport entre cette cabane et une banque: insista eter. X Je... /e n)en sais rienI $ avoua 'annibal, d)un air pensif. ,es /eunes e%cursionnistes dball"rent leurs sandWic6es. 2ls s)install"rent commodment sur le planc6er de la tour et mang"rent & belles dents. De temps en temps, 'annibal regardait la prairie et la piste de s7i avec ses /umelles. *u bout d)environ une 6eure, 'aveling sortit du couvert et descendit vers la piste de s7i. # 22 rentre & l)aubergeI annon.a 'annibal. * notre tour d)aller l&9basI Ecoute-, revenons nous aussi & l)auberge et dclarons que nous allons passer l)apr"s9 midi sur le terrain de camping, oU nous dVnerons.
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ersonne ne s)attendra & nous voir de retour avant de longues 6eures. Nous aurons tout le temps de mouler & la prairie en passant sous les arbres pour n)Htre pas aper.us. X *pr"s .a, /e me demande s)il nous restera des /ambes pour marc6erI $ bougonna eter. 2l froissa en boule le papier de son sandWic6 et le fourra dans le sac d)'annibal. # *llonsI En routeI $ ,e retour au terrain de camping fut plus rapide que le tra/et /usqu)& la tour & feu. Une voiture tait parque & l)entre du camping. Un 6omme c6auve, vHtu d)un s6ort, contemplait avec un dsespoir comique le ruisseau presque & sec tandis qu)une femme, sans doute son pouse, tait en train de dballer un panier de pique9 nique. # +i ce n)est pas mal6eureu% de voir .aI soupira l)6omme en montrant le ruisseau au% gar.ons. X ', c)est que la saison a t s"c6eI dit 'annibal. X Ne campons pas ici, 'aroldI s)cria la femme. Descendons & !is6op et prenons une c6ambre d)6Ttel. X ,)6Ttel est trop c6er pour notre bourse, rpliqua l)6omme. uisque nous sommes venus camper, nous camperons. 2l semble 0 avoir de /olies promenades dans le coin. Un peu de marc6e me remettra en forme. $ ,es gar.ons pass"rent leur c6emin et, a0ant pris le pas g0mnastique, furent & l)auberge quin-e minutes plus
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tard. Juste avant d)entrer dans la grande salle, ils virent Joe 'aveling, le dos & la c6emine, regardant un morceau de papier qu)il tenait & la main. # Bela me semble parfaitI $ dit Joe & *nna, assise dans un fauteuil devant lui. *u mHme instant, il aper.ut les gar.ons. Jroissant vivement le papier, il le /eta dans la c6emine. uis il craqua une allumette et 0 mit le feu. *pr"s quoi, il monta & l)tage. # !onne promenade: demanda *nna. X EpatanteI rpondit 'annibal. X Je savais bien que cela vous plairaitI $ Et, se levant, elle disparut dans la cuisine. *ussitTt, 'annibal bondit sur le feuillet en train de se consumer lentement. 22 l)teignit vivement et ramassa ce qu)il en restait. ,e bout qu)il tenait entre ses doigts n)tait pas tr"s grand. Bependant on vo0ait dessus des traces tr"s nettes d)criture. # 3u)est9ce qui semblait parfait & 'aveling: $ demanda !ob, intrigu. 'annibal 6sita, puis sortit & la lumi"re du /our, ses deu% amis sur les talons. eter se penc6a en avant et s)e%clama R # 4ais c)est la signature d)*nnaI X E%actement, dit 'annibal. Et rappele-9vous qu)*nna refuse de parler allemand avec ses cousins. J)ai aussi remarqu que son alliance tait trop grande pour elle.

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X 3ue veu%9tu dire: $ murmura !ob. 'annibal dgringola les marc6es du perron. # Je vais trouver, de ce pas, 'ans et QonradI dclara9t9il. 2l faut que /e leur parle. Ensuite, nous grimperons & cette prairie. Je comprends tout maintenant. +i mes dductions sont e%actes, il se prpare du vilain l&96autI $

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$#A&ITRE ,IV LA MONTAGNE EN "EU # 4ais MU<3UM2, !abal: demanda 'ans. ourquoi veu%9tu que nous restions tout pr"s de l)auberge: $ ,e grand !avarois s)tait 6isse 6ors de la piscine, laissant Qonrad travailler au fond. # Je prf"re ne rien vous e%pliquer encore, dit 'annibal. Be serait terriblement gHnant pour vous... pour nous tous... si par 6asard /e me trompais. 4ais faites9moi confiance, /e vous en prie. Ne bouge- pas d)ici pour le cas oU /)aurais besoin de vousI `` Entendu, !abal. Nous avons confiance en
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toi. !on apr"s9midiI $ a/outa 'ans avant de redescendre dans son trou. 'annibal re/oignit !ob et eter. *pr"s avoir prvenu *nna qu)ils seraient absents le reste de la /ourne, les trois gar.ons se rendirent = leur campement sous les pins pour trier la nourriture qu)ils comptaient emporter. Tandis qu)ils s)affairaient, Jensen rentra avec sa voiture, et 4. +mat, au mHme instant, surgit d)entre les arbres, de l)autre cTt de la route. ,es deu% 6ommes s)install"rent sur les si"ges du porc6e. # J)esp"re, marmonna 'annibal, qu)ils vont rester l= sans bouger. Je ne vois pas encore la place qu)ils occupent dans cette 6istoire. X 3uelle 6istoire, !abal: demanda eter. 3u)est9ce qui se prpare: X lus tardI rpondit 'annibal avec impatience. Je vous e%pliquerai plus tardI $ ,es Trois dtectives allaient se mettre en route quand Joe 'aveling sortit de la maison. # 'I leur cria9t9il. @ous semble- bien presss. eut9on savoir oU vous alle-: $ ,a voi% tait /oviale mais le regard soup.onneu%. # JlZteI $ murmura 'annibal. uis, prenant son e%pression la plus candide, il s)approc6a du mari d)*nna. # Nous repartons pour le terrain de camping, dclara9t9il. Nous comptons dVner l&9bas. X +apristiI @ous n)Htes donc /amais fatigus, vous, les /eunesI Nous ferions aussi bien de vous garder & l)auberge pour 0 travailler et... $
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'aveling s)interrompit. +on visage se teinta subitement de /aune. 'annibal, d)abord stupfait, comprit que ce n)tait pas la figure qui avait c6ang mais seulement la lumi"re qui l)clairait. ,e c6ef des dtectives se retourna R il aper.ut une paisse colonne de fume noire et de 6autes flammes. # M6I <egarde-I cria eter, le doigt point vers le terrain de camping. <egarde-I Un incendieI $ Des volutes de fume se mirent & tourbillonner vers le ciel. D)autres flammes /aillirent & leur base. ,e vent rabattit de la cendre vers l)auberge. Une poussi"re grise se dposa sur les c6eveu% de Joe 'aveling. Jensen et 4. +mat quitt"rent le porc6e pour mieu% observer ce qui se passait. # ,e vent souffle de notre cTt $, murmura tr"s bas 'aveling. ,e mari d)*nna semblait paral0s. +a main treignait convulsivement la rampe du perron. Mn entendit un bruit de moteur sur la route. ,a voiture que les gar.ons avaient vue gare sur le terrain de camping avait l)air de fuir comme si elle avait le diable & ses trousses. eter fit de grands gestes et courut sur le c6emin pour l)arrHter. ,e conducteur freina. # Mue se passe9t9il au camping: demanda eter. X Un incendie incro0ableI bredouilla l)6omme au s6ort. @ous ferie- bien d)vacuer l)auberge. ,es arbres flambent les uns apr"s les autres. ,e bois est en train de brZler. ,e vent a dispers notre feu. Des tincelles ont /ailli. Tout s)est /ou en quelques secondes. *vec cette

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sc6eresse, /e n)ai rien pu faire. * l)6eure qu)il est, ce versant de la montagne est condamn. Be n)est pas ma faute. ,e vent et la sc6eresse... Je venais vous prvenir... $ 'ans, qui arrivait en courant, interrompit le campeur affol R # *nnaI cria9t9ilI *nnaI @iens viteI ,a montagne est en feuI QonradI DpHc6e9toiI $ Dans la voiture, la femme s)impatientait. # 'aroldI artons, /e t)en prieI $ ,)6omme remit son moteur en route et dmarra si brutalement que les roues c6ass"rent la poussi"re du c6emin. # 'ansI QonradI $
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Bette fois, c)tait Joe 'aveling qui criait. 2l tait enfin sorti de son apat6ie. +autant au bas du perron, il courut au tu0au d)arrosage, enroul contre le mur. # ,)c6elleI 6urla9t9il & 'ans. Dresse- vite l)c6elleI 2l nous faut inonder le toit pour protger la maison. $ Une bic6e sortit soudain du couvert, traversa la route, et, tout affole, remonta l)alle sans mHme voir les Htres 6umains qui s)agitaient & deu% pas d)elle. Dpassant le petit groupe, elle fila droit vers la piste de s7i. # Nrand DieuI soupira 4. +mat dont l)motion faisait trembler la voi%. Bes campeurs sont des criminelsI Des assassinsI $ ,e petit 6omme, au comble de l)agitation, dtala sur les traces de la bic6e. 4. Jensen arrHta son lan en le prenant par le bras. # MU coure-9vous ainsi: $ demanda9t9il. Un cureuil apeur passa pr"s des deu% 6ommes et s)lan.a lui aussi en direction de la piste de s7i. # ,(c6e-9moiI ordonna 4. +mat avec irritation. Ne comprene-9vous pas: ,es animau% fuient devant le feu et vont se rfugier sur la 6auteur. X 4ais le vent souffle de ce cTt, fit remarquer Jensen. +i vous alle- l&9bas, vous sere- pris au pi"ge. $ +mat se dgagea d)un mouvement brusque. # 22 faut que /)0 ailleI $ dit9il avec obstination. Et il s)lan.a sur la pente. *u mHme instant, *nna sortit de la maison. # JoeI cria9t9elle. 2l nous faut partir d)ici.

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X Jamais de la vieI $ rpondit 'aveling en ouvrant le robinet. ,)eau /aillit avec force. 2l braqua le tu0au sur le toit. # Jamais de la vieI rpta9t9il. Nous devons sauver l)auberge. Et /e sais que nous le pouvons si nous restons ici. $ Qonrad s)avan.a et prit sa cousine par le bras. # Nous partonsI dclara9t9il & 'aveling d)une voi% ferme. Et nous emmenons *nna avec nous... *nnaI Tu vas nous suivre, n)est9ce pas: $ *nna tourna la tHte pour constater les progr"s de l)incendie. * prsent, le feu faisait rage & moins de quin-e cents m"tres de l)auberge. ,e vent tait brZlant et des particules de cendre retombaient sans arrHt sur le sol, autour de la maison. # Tu vas venir avec nousI $ rpta Qonrad. *nna soupira et fit un signe d)assentiment. # !abalI appela Qonrad. eterI !obI 4onte- dans la camionnetteI X Une minute, s)il vous plaVtI dit 'annibal. X Nous ne pouvons pas attendre, dit Qonrad qui se dirigeait d/& vers le par7ing avec *nna. 4ontons tous dans la camionnette. X 4ais il nous faut trouver *nnaI dclara 'annibal d)une voi% claire et forte. X 3uoi: $ Qonrad s)arrHta pour considrer d)abord 'annibal, puis la /eune femme & cTt de lui. Belle9ci s)tait brusquement fige dans une attitude dfensive. 2l parut & 'annibal qu)elle avait p(li, mais il ne pouvait en Htre sZr
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& cause des reflets de l)incendie. # MU est *nna: $ demanda9t9il posment. 'aveling l(c6a son tu0au d)arrosage. # ,e gamin est cinglI $ s)cria9t9il. 'annibal l)ignora superbement. # @ous Htes 4me 'aveling, dclara9t9il & la /eune femme. MU se trouve actuellement *nna +c6mid: Dites9 le9moi. @iteI $ 4. Jensen avait l)air d)un 6omme frapp par la foudre. # MU se trouve *nna +c6mid: rpta9t9il... @ous n)Htes donc pas *nna +c6mid: $ a/outa9t9il en s)adressant & la femme. Elle se raidit et parut reprendre son aplomb. # ?)9tais *nna +c6midI rpondit9elle. * prsent, /e suis *nna 'aveling. @ous le save- parfaitement. $ Elle regarda Jensen bien en face. # J)tais *nna +c6mid et /e vais partir avec mes cousins. X NonI $ s)cria 'annibal en se rapproc6ant d)elle. Elle craqua brusquement et, prise de panique, se mit & courir vers sa voiture. # 'epI as si viteI $ s)e%clama Jensen. 2l s)lan.a sur ses traces et lui mit la main sur l)paule. *nna bronc6a sous la lourde treinte, trbuc6a et tomba. 2l se passa alors une c6ose curieuse. +a c6evelure blonde, dont les lourdes tresses taient coiffes en diad"me, se dtac6a soudain de sa tHte, sous le c6oc. Mn eZt dit une sorte de c6apeau qui commen.a par rouler avant de s)affaisser en un petit tas mou et so0eu%. ,a fugitive portait une perruqueI
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En un clin d)Kil, *nna bondit sur ses pieds et repartit en courant. ,es gar.ons constat"rent qu)elle avait des c6eveu% d)un blond non pas dor mais presque blanc, coups tr"s court. # @ous n)Htes pas *nnaI $ s)cria 'ans. Qonrad rattrapa la femme & l)instant mHme oU elle ouvrait la porte de sa voiture. # MU est ma cousine: demanda9t9il d)une voi% tonnante. MU est *nna: $ +on attitude tait tellement mena.ante que la femme rentra la tHte dans les paules et s)aplatit contre la porti"re. Be fut 'annibal qui rpondit & sa place R # ,a vritable *nna est sans doute dans une cabane, l&96aut, en bordure de la grande prairie. Je crois ne pas me tromper, n)est9ce pas: $ ,a femme confirma d)un signe de tHte la supposition du c6ef des Dtectives. *ussitTt, Qonrad se dsintressa d)elle. Deu% secondes plus tard, accompagn de 'ans et des trois gar.ons, il s)lan.ait & son tour sur la piste de s7i. 2l s)agissait d)atteindre la rgion 6aute en un minimum de temps...

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$#A&ITRE ,V LE MONSTRE de l)incendie avait d/& touc6 la prairie quand le petit groupe 0 arriva. 'annibal avait l)impression que ses poumons allaient clater. * bout de souffle, il se laissa tomber & genou% dans l)6erbe 6aute et dtourna son visage du vent brZlant qui bala0ait la montagne. * quelque distance de lui, sur la droite, un c6at sauvage dgringola d)un arbre, s)immobilisa un instant pour flairer l)air, puis se prcipita vers l)ouest, en direction des tendues dsertiques, semes de rocs, qui se trouvaient au9del& de la partie boise de la montagne. Qonrad tira 'annibal par le bras.
,* JU4LE
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# @iteI DeboutI ordonna9t9il. 4ontre-9nous oU se trouve *nnaI $ 'annibal se remit sur pied non sans peine. eter tait d/& en train de traverser la prairie au pas de course, piquant droit vers les arbres qui la bordaient & l)autre bout. !ob courait sur ses talons, s)effor.ant vaillamment de ne pas se laisser distancer. resque cTte & cTte avec les deu% gar.ons, fu0aient des animau%. 'annibal s)aper.ut que la prairie tout enti"re grouillait de vie. 2l 0 avait l& des bHtes, petites et grosses, dont l)unique souci tait d)c6apper & l)ennemi commun R le feuI # @iteI @iteI $ cria encore Qonrad. 'ans avait d/& dpass son fr"re et 'annibal. 2l courait lui aussi, & quelques m"tres derri"re eter et !ob. 2ncapable de rpondre & Qonrad, 'annibal fit signe qu)il avait compris et obligea ses /ambes tremblantes & le porter plus loin encore, tou/ours plus loin. ,e pauvre gar.on avait l)impression d)Htre en plomb. 2l traVnait les pieds, comme s)il avait dZ avancer dans une eau profonde. 2l s)aper.ut soudain que eter et !ob s)taient arrHts & la lisi"re du bois, pour l)attendre. 2l trbuc6a et serait encore tomb si Qonrad ne l)avait soutenu. # MU est9elle: $ demanda le !avarois d)une voi% angoisse. 'annibal montra du doigt un endroit oU un gros roc6er blanc surgissait d)entre les 6erbes. # J)ai vu 'aveling se diriger de ce cTt. $
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*u mHme instant, un faible cri leur parvint. 2l fut suivi d)un 6urlement tra6issant une terreur folle. En mHme temps on entendait un bruit sourd, comme si quelqu)un frappait des deu% poings contre une porte. # *nnaI $ appela Qonrad. Un s7un7s fila entre les /ambes de eter et disparut sous les arbres. ,e 6urlement s)leva, plus fort que la premi"re fois. # *nnaI Nous arrivonsI $ 6urla & son tour 'ans. Enfin runis, 'ans, Qonrad, 'annibal, eter et !ob fondirent en mHme temps dans le bois, guids par les cris et le bruit des coups contre la porte. eter toussait sans arrHt. 'annibal se demandait comment ils n)taient pas encore tous asp60%is par la fume. # *nnaI appela 'ans & pleins poumons. *nnaI MU es9tu: X 2ciI... ar ici... Jaites9moi sortirI $ ,es deu% !avarois s)lanc"rent avec tant de rapidit qu)ils dpass"rent eter et !ob. 2ls fil"rent parmi les arbres, cassant sur leur passage les branc6es qui retardaient leur marc6e. ,es bras des deu% gants s)agitaient comme des flau%. ,es trois gar.ons suivaient dans leur sillage. +oudain, ils pntr"rent dans une petite clairi"re R une cabane en occupait le centre. B)tait un abri des plus rudimentaires, mais construit en planc6es solides et protg des intempries par du papier goudronn. De forme carre, il ne prenait /our que par une troite fenHtre, presque sous le toit. ,e papier goudron tait en fort mauvais tat mais, sur la porte, tincelaient une poigne et un cadenas neufs.
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,es gar.ons pntraient & peine dans la clairi"re que d/& 'ans s)effor.ait d)ouvrir la porte de la cabane d)un coup d)paule. ,a porte ne fut mHme pas branle. # Elle est encore plus solide qu)elle ne le paraVt, dit Qonrad. Ne te tracasse pas, *nnaI cria9t9il & l)intention de sa cousine. Nous allons briser la serrure & coups de caillou%. X ,a montagne brZle... $ ,a voi% de la prisonni"re tait rauque d)effroi... # Je sens l)odeur de l)incendie. MU a9t9il pris: X !ien en9dessous de nous, sur le terrain de campingI e%pliqua Qonrad qui venait de ramasser un gros morceau de roc6er. Nous avons du temps devant nous. BourageI Nous allons te tirer de l&I $ ,a prisonni"re demeura silencieuse une br"ve seconde puis demanda R # 3ui Htes9vous:... 'ans et Qonrad, /e suppose: $ Qonrad sourit et rpondit en allemand. uis, comme le temps pressait, il attaqua le cadenas & l)aide de son marteau improvis. Une bourrasque rabattit une fume paisse et acre sur le petit groupe. # @iteI $ souffla 'ans. Qonrad leva plus 6aut son morceau de roc et s)apprHta & l)abattre sur le cadenas avec plus de violence encore que prcdemment. 2l n)en eut pas le temps. Un cri effro0able s)leva derri"re lui. 'ans, Qonrad et les trois dtectives se retourn"rent

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en mHme temps. *u9dessus d)eu%, & l)ore de la clairi"re, se dressait une crature d)apparence 6umaine, gigantesque. Elle regardait d)un air furieu% du cTt de l)incendie et battait de ses bras l)air brZlant, empuanti de fume acre. 'annibal distingua des 0eu% bords de rouge. Des dents tincelantes brill"rent parmi les poils couvrant la figure du monstre lorsque celui9ci, re/etant la tHte en arri"re, rpta son cri de pure terreur animale. # ,e monstre de la montagneI murmura !ob en p(lissant. X 3u)est9ce que c)est: demanda la prisonni"re. 3uel est ce cri que /e viens d)entendre: X B6utI ordonna 'annibal.
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X Tais9toi, *nnaI c6uc6ota 'ans tout contre la porte. Ne bouge pas. $ 4ais la crature sauvage avait entendu. Elle secoua son norme tHte et bala0a de sa figure ses c6eveu% 6irsutes qui lui cac6aient presque les 0eu%. uis, & travers la fume, le monstre regarda Qonrad. ,e !avarois s)immobilisa compl"tement, le dos contre la porte, son morceau de roc6er & la main. ,a gigantesque crature s)avan.a vers le petit groupe en grognant puis, tHte baisse, fon.a droit sur Qonrad. # *ttentionI $ cria eter en faisant un saut de cTt. +ans prendre garde & lui, le monstre passa & le frTler et c6argea l)infortun Qonrad, comme s)il le tenait pour responsable de l)incendie et de tous les inconvnients qui en rsultaient. Qonrad poussa un cri et, & la derni"re seconde, s)effa.a devant le monstre. ,a gigantesque crature alla donner contre la porte qu)elle ne put viter R son poids et sa vitesse l)entraVnaient en avantI +ous le c6oc formidable, la porte vola en clats avec un bruit terrible. Emport par son lan, le monstre alla c6oir au beau milieu de la cabane. Et *nna cria de nouveau. Elle poussa des 6urlements comme /amais 'annibal n)en avait entendu pousser par personne... des 6urlements aigus, venus du plus profond d)elle9mHme et qui e%primaient, une terreur indicible. Et, faisant c6o & ces 6urlements, s)levaient les gmissements de l)Htre monstrueu% qui avait dZ se faire mal dans sa c6ute.
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# *nnaI $ appela Qonrad d)une voi% dsespre. 'ans, courageusement, fit quelques pas en direction de la cabane. 2l mourait de peur, mais rien n)aurait pu l)empHc6er de se porter au secours de sa cousine. # *nnaI s)cria9t9il. ,e monstre va tuer *nnaI X as si nous faisons marc6er notre cerveauI $ dit une voi% essouffle derri"re lui. B)tait 4. +mat qui venait de dbouc6er, & son tour, dans la clairi"re. ,e pauvre semblait terriblement fatigu. 2l tait 6ors d)6aleine. +es vHtements taient noirs de fume. +es 0eu% larmo0aient. 2l faisait peine & voir. Bependant, sa parole tait imprative, autant que ses gestes R # Ne bouge- pasI ordonna9t9il au% cinq amis. 3ue c6acun reste e%actement oU il estI ,aisse-9moi agir seul... $ ,&9dessus, passant devant les trois gar.ons et les deu% !avarois stupfaits, le petit 6omme disparut dans la cabane...

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$#A&ITRE ,VI L'E%*LOIT DE M1 SMAT * E2NE 4. +mat fut9il entr dans la cabane \a. que le lugubre gmissement cessa. 'annibal et ses amis entendirent la voi% du petit 6omme R # ,&I ,&I disait9il d)un ton apaisant. Tu t)es fait mal, n)est9ce pas: 4ais ce n)est pas grave. Tu vas bien, tr"s bien. $ Une sorte de grognement lui rpondit. # Je sais, /e sais, reprit +mat. 4ais reste avec moi et il ne t)arrivera rien de mal. $ ,e grognement se mua en un son plus dou%,
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asse- semblable & un pleurnic6ement touff par un gros soupir. # *llonsI @iens, maintenantI dit 4. +mat d)une voi% ca/oleuse. Et regardeI Tu as effra0 la dameI Tu devrais avoir 6onteI $ 'annibal, eter et !ob se regard"rent avec a6urissement. 2ls avaient l)impression de rHver. 4. +mat apparut sur le seuil de la cabane. ,e suivant de pr"s, venait l)norme crature. +on aspect tait impressionnant R elle tenait & la fois de l)animal et de l)6omme. Elle suivait l)ami des bHtes e%actement comme un gros toutou apprivois aurait pu suivre son maVtre R sagement et gentiment. # Nous allons nous rfugier dans la partie de la montagne qui se trouve au9del& des arbres, tout l&96autI annon.a 4. +mat au% spectateurs de l)tonnante sc"ne. Nous 0 serons en sZret. @ous devrie- vous occuper de cette pauvre /eune femme. Elle semble mal en point. $ ,&9dessus, 4. +mat et son incro0able compagnon se mirent en route et eurent tTt fait de disparaVtre parmi les arbres. ,a fume tait plus paisse que /amais. # *nnaI $ appela 'ans. 2l repoussa du pied les dbris de la porte et entra dans la cabane. Qonrad et les Trois dtectives le suivirent. *nna +c6mid tait accroupie contre le mur du fond. 2l faisait tr"s sombre dans la ca6ute. Bela n)empHc6a pas les gar.ons de constater que la /eune ferme, en dpit de ses vHtements
M+ 01at a--arut sur le seuil de la )abane+ 45

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en dsordre et de ses c6eveu% emmHls, ressemblait presque trait pour trait & l)pouse de Joe 'aveling. # 'ans: dit9elle. Qonrad: Est9ce bien vous: $ 'ans s)agenouilla & cTt d)elle R # Nous sommes venus te c6erc6er, *nnaI Nous c6apperons tous & l)incendie, mais il faut nous presser. @o0onsI eu%9tu tenir sur tes /ambes: $ *nna, non sans mal, se remit debout, en s)accroc6ant & 'ans. Belui9ci l)0 aida en passant un bras autour de sa taille. Qonrad, de son cTt, la soutint fermement. # ,e temps presseI $ rappela Qonrad. Elle fit signe qu)elle avait compris. 4ais, la raction se produisant, elle fut incapable de retenir des larmes qui, coulant sur ses /oues, 0 laiss"rent de petits sillons clairs. # Bet animal... murmura9t9elle. Be monstre... 3u)est9ce que c)tait: X 2l nous faut partir sur9le9c6amp, 4iss +c6midI dit 'annibal. Nous parlerons plus tard... $ 3uand *nna +c6mid quitta sa prison pour merger dans la clairi"re pleine de fume, elle tait aussi voZte et faible qu)une vieille femme. *u bout de quelques m"tres, cependant, elle se redressa, leva la tHte et russit & sourire & 'ans et & Qonrad. ,es forces lui revenaient. Elle pressa la main de ses cousins. # @iteI supplia !ob. X Nous irons viteI $ promit *nna. En effet, le petit groupe n)avait pas atteint

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la prairie que d/& elle marc6ait presque aussi rapidement que eter. 3uand les si% compagnons sortirent du sous9bois, ils aper.urent, dans le ciel, un avion de forme bi-arre, qui volait en direction de l)incendie. # Un avion c6arg de borateI dit !ob. 2l va pulvriser le liquide au9dessus des flammes. Esprons qu)il en viendra & boutI $ eter fut le premier & s)lancer & travers la prairie. *rriv & la piste de s7i, il s)arrHta pour regarder au9 dessous de lui. # B6ouetteI s)e%clama9t9il alors. X 3u)0 a9t9il: demanda 'annibal. X Un bulldo-er est en train de pratiquer un coupe9feu. 2l a presque fini. En fin de compte,
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+70 @illage ne brZlera pasI X Et mon auberge: demanda *nna. *9t9elle t pargne: X Elle est tou/ours l&, un peu noircie mais intacte.$ 3uand *nna fut & son tour parvenue & la piste de s7i, elle aussi s)arrHta pour regarder au9dessous d)elle. ,e bulldo-er ronflait de tout son moteur et ac6evait all"grement de dnuder un large espace destin & isoler l)auberge de la -one en feu. *u9dessous encore, sur la route, une foule grouillait, avide de contempler le spectacle. Un second avion tait venu re/oindre le premier. Tous deu% l(c6"rent une quantit impressionnante de liquide. resque au mHme instant, un courant d)air frais bala0a la prairie, rafraVc6issant les visages et dilatant les poumons. ,e vent avait tournI # +70 @illage est sauvI $ dit *nna. Et, toute /o0euse, elle amor.a la descente. * plusieurs reprises, ses /ambes encore faibles la tra6irent. 4ais 'ans et Qonrad la soutenaient et, si elle tremblait et trbuc6ait, du moins gardait9elle le sourire. Enfin, on arriva & l)auberge. lusieurs sauveteurs, coiffs d)un casque mtallique, pass"rent aupr"s du petit groupe sans lui prHter attention. B6arlie <ic6ardson se trouvait dans la cour, occup & inonder le toit de l)auberge & l)aide d)un tu0au d)arrosageb il ne fallait pas que des tincelles 0 missent le feu. *nna sourit au pompiste. # Je vois que vous Htes un bon voisin $, dit9elle.
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2l cessa de surveiller le /et pour la regarder. # 3uand /)aurai un moment, /)aimerais bien qu)on m)e%plique au /uste ce qui se passe. Je n)ai pas pu tirer un seul mot du t0pe & l)intrieur... $ Et, du menton, il dsignait l)auberge. # De qui parle-9vous: demanda 'annibal. X De Jensen, dit B6arlie. 2l est l&, qui vous attend... $ 'ans, Qonrad, *nna et les Trois dtectives s)empress"rent de monter les degrs du perron. 2ls entr"rent dans la grande salle... Effectivement, 4. Jensen, soi9disant p6otograp6e animalier, semblait attendre... 2l tait assis dans un des gros fauteuils de cuir. ,ui faisant face, sur un coin de sofa, la femme qui s)tait substitue & *nna le foudro0ait du regard. +es c6eveu% courts se dressaient en dsordre sur sa tHte. +es 0eu% taient rouges, comme si elle avait pleur. Joe 'aveling, tendu de tout son long & ses pieds, paraissait dormir. # 3u)est9il arriv: $ s)cria !ob, inquiet. Jensen leva les 0eu% et aper.ut *nna. # 4iss *nna +c6mid: $ demanda9t9il. uis son regard se posa sur la fausse *nna. # 2ncro0ableI JantastiqueI * la c6evelure pr"s, on croirait voir la mHme femmeI $ !ob dsigna 'aveling. # 3u)est9il arriv: $ rpta9t9il. Jensen sourit et eut soudain l)air tout /o0eu%. # M6I rpondit9il d)un ton lger. J)ai t oblig de lui tirer dessus... avec son fusil & balles tranquillisantesI $
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$#A&ITRE ,VII LA #L. DU M0ST,RE les sauveteurs furent enfin venus & bout du sinistre et que tout danger eut t cart, la nuit tait d/& l&. Bependant, mHme alors, les villageois continu"rent & veiller. !eaucoup d)entre eu% rest"rent au% endroits oU des fo0ers d)incendie risquaient de se rallumer et oU dansaient encore quelques courtes flammes. 2l ne fallait pas permettre au vent de disperser les cendres c6audes et de raviver les braises.
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* l)Au,erge du Slalom/ 'ans et Qonrad entouraient leur cousine. *nna, allonge sur le sofa et couverte d)une moelleuse fourrure, se prparait & faire une dposition officielle & l)envo0 du s6rif, un /eune 6omme qui avait eu un apr"s9midi fort prouvant. B)tait lui, en effet, qui s)tait c6arg d)organiser les secours et de tenir les badauds & distance du feu. 2l avait tir une c6aise au c6evet d)*nna et regardait Jensen d)un air sv"re. Belui9ci, 6ilare, treignait tendrement le gros fusil & balles tranquillisantes de Joe 'aveling. Be dernier, enfin revenu & lui, se mit sur son sant et regarda le p6otograp6e d)un air 6aineu%. ,a femme au% c6eveu% blond platine qui s)tait fait passer pour *nna tait assise devant la table, la tHte appu0e sur ses mains, les 0eu% clos. Elle semblait absolument e%t9 nue. ,e s6rif9ad /oint ouvrit son carnet. # *vant de commencer, dit9il & Jensen, pose- cette arme. X @olontiers, si vous passe- les menottes & ce gredin. *vant votre arrive, il a essa0 de filer. Je ne veu% pas qu)il recommence. X ersonne n)essaiera de filer, assura le policier en montrant le pistolet accroc6 & sa ceinture. *lle- ranger ce fusil. Je ne veu% pas qu)il 0 ait d)accident. $ Jensen 6aussa les paules mais se leva pour enfermer l)arme dans le rduit sous l)escalier. *pr"s quoi il prit une c6aise de la salle & manger, la transporta ostensiblement devant la porte et s)installa &
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califourc6on dessus. # E%cellente ideI $ approuva 'ans. Et, prenant & son tour une c6aise, il se posta devant la porte de la cuisine. # * prsent que toutes les issues sont bloques, dit le s6rif9ad /oint, nous pouvons commencer. 4iss +c6mid, vos cousins m)ont dclar que vous dsirieporter plainte contre 'aveling. @oudrie-9vous me dire e%actement de quoi il s)est rendu coupable: X D)enl"vementI dit Qonrad avec col"re. X Et de volI a/outa 'ans. X +)il vous plaVt, laisse- parler 4iss +c6mid... @oule-9vous commencer par le commencement: $ *nna /eta un coup d)Kil & 'aveling, puis se mit & /ouer avec un coin de sa couverture de fourrure. # *u dbut, dit9elle en soupirant, cet 6omme s)est montr e%cessivement aimable. 2l est arriv & l)auberge et m)a demand la meilleure c6ambre. 2l a admir mon remonte9pente. 2l s)est prsent comme le prsident d)une socit qui fabrique des # vlos des neiges $. Be sport lui semblait plein d)avenir et il m)a offert de prendre des parts dans la socit en question. J)ai refus. 2l a un peu insist, puis ne m)a plus parl de rien. 4ais il est rest trois semaines... $ *nna fit une pause avant de poursuivre R # Et puis, un /our, il m)a vue compter des billets de banque pour rgler diverses factures. 2l a dclar que /e devrais plutTt pa0er par c6"ques qu)en esp"ces R & son avis, c)tait moins risqu. Je lui ai rpondu que mon
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argent ne risquait rien, car /e le gardais dans mon coffre, & la banque, et que /)tais seule & avoir acc"s au coffre en question. 2l m)a regarde d)une mani"re que /)ai trouve trange... et inquitante, /e l)avoue. !ref, cela m)a donn & penser et... X Et c)est & ce moment9l& que vous ave- song & cac6er la cl: X Mui, avoua *nna. B)tait d)ailleurs stupide puisque /)tais la seule personne & pouvoir l)utiliser. Je pense que /)ai agi par un obscur sentiment de dfense. X * propos, oU se trouve cette cl: demanda 'annibal, plein de curiosit. X *6I s)esclaffa 'ans. B)est tr"s drTleI *nna nous a dit ce qu)elle en avait faitI 2magine- qu)elle l)a accroc6e & un ressort de son sommier... et que le couple 'aveling a dormi dessus tout le tempsI $ 'aveling parut sur le point de s)touffer. 2l se mit debout d)un bond, mais le reprsentant de la loi l)obligea & s)asseoir sagement sur une c6aise. # Bontinue-, /e vous prie, 4iss +c6midI X E6 bien, deu% ou trois /ours apr"s cette conversation au su/et de mon argent, dit *nna, cet 6omme a fait irruption dans ma cuisine avec une arme. 2l mena.ait de me tuer si /e ne lui disais pas oU se trouvait la cl. J)ai pens que, si /e le lui rvlais, il me tuerait quand mHme. *ussi, /)ai refus tout net. X Et alors: X *lors, au lieu de se f(c6er comme /e m)0 attendais, il s)est mis & rire en assurant qu)il

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n)tait pas press. +ous la menace de son arme, il m)a oblige & monter avec lui & la grande prairie, oU se trouve la cabane construite voici quelques annes par un ermite. 22 avait d/& mis une fermeture neuve & la porte et m)a enferme dans cette esp"ce de prison. J)0 suis reste seule pendant deu% /ours, sans voir personne. Je n)avais d)autres provisions qu)un morceau de pain et une cruc6e d)eau. ar la suite, cet 6omme est revenu c6aque /our m)apporter de la nourriture et me 6arceler au su/et de la cl. J)ai tenu bon et ne lui ai rien dit. J)tais dsormais tout & fait persuade que, si /e lui rvlais la cac6ette de la cl, il me supprimerait aussitTt.

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X Je comprends. Et combien de temps ave\vous pass l&96aut, 4iss +c6mid: X +i% /ours... peut9Htre mHme sept. B)est difficile & dire. Je finissais par perdre la notion du temps. Et puis, au/ourd)6ui, /)ai senti la fume de l)incendie et /)ai eu terriblement peur. J)ai cri de toutes mes forces. 4es cousins sont arrivs. 4es cousins et ces trois gar.ons... et aussi ce terrifiant animal. Un trange petit 6omme a parl & l)animal, et puis mes cousins... mes cousins... $ *nna +c6mid se cac6a le visage dans les mains et se mit & pleurer. # *ttends, *nnaI dit 'ans gentiment. Je vais t)apporter un verre d)eau. X Non, merci. Be n)est pas la peine. $ Elle s)essu0a les /oues avec le dos de la main. # Be que /e voudrais savoir, c)est comment vous ave- appris que /)tais l&96autI X 'annibal Jones l)a devin, e%pliqua 'ans. Qonrad et moi, nous tions persuads que la femme qui te rempla.ait tait bien toi. Elle ressemblait trait pour trait & la p6oto que tu nous avais envo0e. X Et elle lui ressemble tou/ours, coupa 'annibal. +i elle remettait sa perruque, on les confondrait toutes les deu%. De vrais sosiesI 4oi aussi, /)ai cru que cette femme tait *nna. B)est l)alliance et la vue de sa signature sur un bout de papier qui m)ont mis la puce & l)oreille. Je suis dsol de n)avoir pas devin plus tTt la vrit.

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X ,)alliance: rpta le policier intrigu. ,a signature: X Mui. Bette femme s)e%er.ait & signer du nom d)*nna... Elle imitait sa signature, c6aque /our, sur des feuilles de papier. +on mari appelait cela # faire ses devoirs $. 3uel besoin aurait9elle eu d)agir ainsi si elle avait t la vritable *nna +c6mid: 3uant & l)alliance... e6 bien, cet anneau tait trop large pour son doigt. Mr, elle avait affirm que Joe et elle s)taient maris la semaine prcdente. Une nouvelle marie aurait eu une alliance bien a/uste. Bela m)a rappel ma tante 4at6ilda. 3uand ma tante commence un rgime amai9 grissant et perd du poids, son alliance devient trop grande. Et elle l)Tte pour faire certaines t(c6es, comme vous, madame 'aveling. Bar vous Htes bien 4me 'aveling, n)est9ce pas: X Elle ne dira rien, sinon en prsence d)un avocat, grogna 'aveling. Et moi de mHme. $ +ans se soucier de lui, 'annibal reprit /o0eusement R # Je crois pouvoir reconstituer les faits 'aveling est descendu ici, comme n)importe quel autre vo0ageur. Et voil& que, par le plus grand des 6asards, il s)est aper.u que l)aubergiste ressemblait & sa propre femme d)une mani"re stupfiante. ,e fait n)aurait eu qu)une importance ngligeable avec un autre 6omme que lui. 4ais 'aveling est un criminel qui a su voir le parti qu)il pouvait tirer de la situation. X !ien sZr, que c)est un criminelI renc6rit Jensen. B)est mHme un escroc de la pire esp"ce. *vec
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ses belles paroles, il a pouss ma sKur & investir di% mille dollars dans une compagnie mini"re dont les bnfices n)e%istaient que dans son imagination. ar mal6eur, si la mine ne produisait plus rien depuis belle lurette, la compagnie, elle, e%istait tou/ours. *ussi ma pauvre sKur n)a9t9elle eu aucun recours contre ce truandI X 4ais vousI coupa eter d)un ton accusateur. @ous n)Htes pas un p6otograp6e professionnel, n)est9ce pas:. X Non, avoua Jensen en souriant. Je suis marc6and de vaisselle & Ta6oe. Un /our, ma sKur a vu 'aveling et cette femme entrer dans un caf. 3uand ils sont partis, elle les a p6otograp6is et a pris note du numro minralogique de la voiture. Nous avons pens que cet escroc avait trouv une nouvelle victime. Je suis venu ici avec l& p6oto d)'aveling, car /e ne l)avais /amais vu moi9mHme. Bomme les touristesb sont rares & cette poque de l)anne, /)ai prtendu Htre un p6otograp6e animalier. X B)est donc pour protger *nna que vous Htes descendu & l)auberge: demanda !ob. X our la protger, et aussi pour pincer l)escroc, la main dans le sac. 4al6eureusement, quand /e suis arriv, /e me suis aper.u qu)il avait pous *nna +c6mid. B)tait un obstacle & mes pro/ets, Une nuit, /)ai fouill dans les papiers d)*nna, mais /e n)ai nulle part trouv la preuve que 'aveling voulZt s)approprier ses biens. Je n)arrivais pas & comprendre ce qu)il pouvait bien mi/oter.
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X EvidemmentI dit 'annibal. <evenons9en au commencement et imaginons 'aveling rencontrant *nne pour la premi"re fois et constatant son incro0able ressemblance avec sa femme. +ur le moment, il n)a pas vu & quoi cela pouvait lui servir. 2l a simplement c6erc6 & lui soutirer de l)argent en lui proposant d)ac6eter des parts dans une socit vreuse. Devant le refus d)*nna, il a alors song & utiliser la ressemblance de sa femme avec elle. 2l est donc rest & l)auberge afin de se familiariser avec les 6abitudes d)*nna. 2l s)est renseign sur l8tat de ses finances en compulsant en secret ses registres. 2l savait, par ailleurs, qu)elle gardait son argent liquide dans un coffre & la banque. *pres avoir dress un plan bas sur la substitution de sa femme & *nna +c6mid, 'aveling est all c6erc6er son pouse au lac Ta6oe apr"s avoir emprisonn la vritable *nnaR dans la cabane de l)ermite. Ensuite, il est revenu en annon.ant qu)il avait pous *nna. ersonne ne s)est dout de rien et tout aurait marc6 comme sur des roulettes pour les deu% complices s)il n)0 avait eu cette 6istoire de clef ,)arrive de '(tas et de Qonrad les a galement ennu0s. ,es lettres d)*nna, qu)ils avaient lues, les ont aids & ne pas faire de gaffes. B)est pour ne pas donner prise au% soup.ons des deu% fr"res que Joe a dcid de se montrer cordial avec eu%. 2l les a donc invits & rester & l)auberge. *nna a dZ /ouer serr, mais elle s)en est bien tir. Je la crois d)origine allemande, comme la vritable *nna, mais elle refusait de parler sa langue natale de peur d)Htre tra6ie par cson accent, qui doit Htre diffrent de celui de la province d)*ima.
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X Je comprends maintenant pourquoi la prsence de 'ans et de Qonrad la rendait nerveuseI dit eter. X our en revenir & la cl, enc6aVna 'annibal, il tait essentiel que 4me 'aveling la retrouve. Elle pouvait l)utiliser sans grande difficult. * la banque, tout le monde connaissait *nna +c6mid et le prpos au coffre n)aurait pas regard sa signature de trop pr"s. 2l en serait all diffremment s)il avait fallu faire sauter la serrure du coffre et la c6anger. *nna aurait dZ parler & plusieurs personnes, donner d)autres signatures, bref cela aurait t dangereu% pour elle. ,e /our oU elle a dZ signer une dc6arge au livreur de ciment, sa main & trembl. *ussi son mari la poussait9il & s)e%ercer continuellement. ,orsque /)ai eu en main l)un des feuillets sur lesquels la fausse *nna signait et rsignait, /)ai brusquement devin la vrit. J)ai compris galement pourquoi 'aveling montait c6aque /our & la grande prairie. $ ,e reprsentant du s6rif ferma son carnet de notes, puis il regarda alternativement les deu% /eunes femmes. # 2l est presque incro0able que deu% Htres puissent se ressembler autantI mur mur a9t9il. 4ais venons9en & ce fusil & balles tranquillisantes. Est9ce avec cette arme qu)'aveling vous mena.ait, miss +c6mid: X Non, dit *nna. *vec un fusil ordinaire. $ ,a porte s)ouvrit derri"re 4. Jensen. 4. +mat entra en trottinant dans la pi"ce. 2l tait noir de fume, il semblait 6arass, mais il avait le sourire.
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# Je vois que l)incendie a pargn l)aubergeI $ s)cria9t9il gaiement. uis son regard tomba sur *nna, sur son sosie, sur le policier et enfin sur 'ans qui bloquait la porte de la cuisine. # +apristiI s)e%clama9t9il. 3ue se passe9t9il: X B)est asse- compliqu, dit !ob. Nous vous raconterons cela plus tard. X Bet 6omme a9t9il quelque c6ose & voir dans l)6istoire: demanda le policier. X M6I NonI rpliqua 'annibal. 4. +mat est ce qu)il prtend Htre R une personne qui comprend les animau%...

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X Et qui sait se faire couter d)eu%I ac6eva 4. +mat, souriant. X 3uelqu)un pourrait9il m)e%pliquer, grommela le reprsentant de la loi, ce que Joe 'aveling faisait de ce fusil & balles tranquillisantes: X EcKurant, n)est9ce pas: dit 4. +mat. Bet individu voulait capturer une crature sauvage et la mettre en cageI Un vritable crimeI X @ous voule- dire qu)outre ses autres mfaits, il envisageait de s)approprier un ours: X as un oursI coupa eter. X @ous ne le croire- /amais, dit 4. +mat au policier, mais 'aveling s)imagine qu)il 0 a un monstre dans la montagne. Be pauvre imbcile esprait capturer une crature inconnue du public et l)e%6iber contre monnaie sonnante. X Un monstre: rpta l)officier de police avec a6urissement. 2l faut Htre fou pour 0 croire. X 2l 0 croit cependant. 4ais nous savons bien tous qu)il n)e%iste aucun monstre dans cette montagne, pas vrai: $ !ouc6e be, les Trois dtectives virent le petit 4. +mat tout frtillant qui, apr"s un dernier sourire, montait dans sa c6ambre d)un pas all"gre.

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$#A&ITRE ,VIII M1 HIT#H#O#$ A**REND UN SE#RET DEUE JMU<+ * <d+ leur retour & <oc70, les Trois dtectives rendirent visite & *lfred 'itc6coc7. # Une fois de plus, dit le cl"bre metteur en sc"ne, les /ournau% parlent de vous. Je suppose que vous all\ crire le compte rendu dtaill de cette passionnante affaire. Bomment alle-9vous intituler l)6istoire: X Nous avions pens & l)appeler # %)insaisissa,le homme des neiges $, rpondit 'annibal Jones. X ,)6omme des neiges: rpta 4. 'itc6coc7 en fron.ant les sourcils. J)ai lu tout ce qui a t crit sur
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l)enl"vement d)*nna +c6mid, mais /e n)ai vu aucun article qui parl(t d)un monstre quelconque. X B)est que nous n)avons pas tout dit au% /ournalistes $, e%pliqua !ob. ar9dessus le bureau du cinaste, il tendit un dossier & celui9ci. # J)aurais dZ m)en douterI $ rpliqua 4. 'itc6coc7 en ouvrant le dossier et en commen.ant & lire. ,es gar.ons attendirent en silence tandis que 4. 'itc6coc7 ac6evait de parcourir les notes de !ob. 3uand il eut fini, le metteur en sc"ne rendit le document & !ob et s)cria R # !rillantes dductions, mon c6er 'annibalI *insi, le monstre e%istait bel et bien: X Nous l)avons vu de nos 0eu%, affirma le c6ef des dtectives. 4ais qui nous croirait si nous en parlions: 'ans, Qonrad et *nna l)ont vu galement mais 0 croient & peine eu%9mHmes. 'ans et Qonrad ont tr"s vite dcid qu)il s)agissait d)un ours marc6ant sur ses pattes de derri"re. *nna a prfr enfouir l)pisode au fond de sa mmoire et refuse d)en parler. 3uant & 4. +mat, il est plus muet qu)une carpe R il ne dira /amais rienI $ eter enc6aVna R # *pr"s le dpart du policier et des deu% prisonniers, 4. +mat nous a dclar que, si nous soufflions mot du monstre au% /ournalistes ou au s6rif, lui9mHme certifierait que nous avions seulement aper.u un ours. Be serait sa parole contre la nTtre... la parole

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d)un 6omme raisonnable contre celle de simples gamins. Mr, qui croit des gamins: X B)est donc un secret que vous Htes en train de me confier, /eunes gensI s)cria 4. 'itc6coc7. Je suis flatt de le partager avec vous. Dites9moi, 'annibalI Je suppose que c)est +mat, le protecteur des animau%, qui vous a assomm pour pouvoir effacer tranquillement les traces laisses par le monstre: DrTle de comportement pour un individu aussi pacifiqueI X B)est lui en effet, monsieurI rpondit 'annibal. 2l nous l)a avou en me prsentant ses e%cuses. 2l ne voulait pas frapper aussi fort... 2l esprait seulement me faire une peur bleue et me voir dtaler & toutes /ambesI... 2l a profit de mon tourdissement, comme il aurait profit de ma fuite, pour effacer les empreintes au bord de la crevasse. Be petit 6omme, a/outa9t9il en riant, est plus costaud qu)il ne paraVt. $ !ob fit remarquer R # 3uelle que soit la crature que 4. +mat dsire protger, la seule mani"re d)0 russir efficacement est de nier son e%istence mHme. X Tr"s /uste, acquies.a 4. 'itc6coc7. +i le public apprenait qu)il e%iste bel et bien un monstre dans la montagne, il 0 aurait aussitTt un tas d)individus comme 'aveling pour le traquer sans piti. X En un sens, soupira !ob, /e suis bien content que les c6oses se soient termines ainsi. 'ier, /)ai pass deu% 6eures & la bibliot6"que, & feuilleter des ouvrages relatifs & l)6istoire de la Balifornie. Depuis

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longtemps, on signale d)tranges empreintes dans cette partie de la sierra. ,)'imala0a n)a pas le monopole de ce que l)on a appel # l)abominable 6omme des neiges $. 'eureusement que personne, /usqu)ici, n)a russi & faire la preuve de son e%istence. Tout ce que /e sou6aite, c)est qu)il continue & vivre bien tranquille dans sa montagne. X * mon avis, dclara 'annibal, le spcimen que nous avons vu descendait /usqu)& l)auberge pour c6erc6er de la nourriture, e%actement comme les ours. B)est la faim qui l)a pouss & quitter sa retraite. 4. +mat a relev ses traces dans la cour de l)auberge, deu% /ours avant notre arrive. 'aveling a dZ faire la mHme constatation de son cTt, car c)est ce mHme /our qu)il a ac6et son fusil & balles tranquillisantes et fait venir de !is6op, en toute 6(te, des terrassiers pour lui creuser sa fosse. +mat ne s)est pas laiss abuser par cette 6istoire de prtendue piscine. 2l s)est dpHc6 de grimper dans la montagne, & la rec6erc6e du 0ti qu)il voulait mettre en garde. 2l est pass & plusieurs reprises pr"s de la cabane de l)ermite, mais, comme il ne parlait pas, *nna n)a pas soup.onn sa prsence. +inon, elle aurait appel au secours. X auvre *nnaI soupira 4. 'itc6coc7. Elle a vcu l& des /ournes terribles. X Elle semblait tr"s en forme quand nous l)avons quitte, dit eter. 'ans et Qonrad ne savent comment lui tmoigner leur affection. 2ls l)aiment cent fois mieu% que son sosie. En souvenir de leur enfance, elle leur a servi du c6ocolat c6aud accompagn de g(teau% de sa
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fabrication. 'ans et Qonrad ont aussi dmoli la piscine9fosse et combl le trou. 4. +mat les regardait faire avec dlectation. 2l ra0onnait positivement de /oie. X Je m)en doute, rpondit 4. 'itc6coc7. Et 4. Jensen a dZ, lui aussi, Htre ravi de voir emmener en prison l)escroc qui avait si bien dup sa sKur. X Je pense bienI s)cria eter. +ave-9vous qu)il a eu des sueurs froides en pensant & ce qui aurait pu arriver & la vritable *nna pendant qu)il s)effor.ait de protger la fausse: 'aveling tait plus qu)un simple escroc. Nous avons appris qu)il s)tait d/& rendu coupable d)attaque & main arme. Une fois mHme, il a particip & un 6old9up dans une banque. 2l a tir sur un

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6omme qui, par bon6eur, n)est pas mort. N)empHc6e que 'aveling est un meurtrier. X 4. Jensen, a/outa !ob, se flicite & prsent de n)avoir pas dmasqu 'aveling. +)il l)avait fait, il aurait t en grand danger d)Htre supprim par lui. 2l nous a dclar qu)il avait une indigestion de violence depuis la nuit oU il a p6otograp6i l)ours. X *u faitI demanda 4. 'itc6coc7. ourquoi a9t9il pris cette p6oto: Et qui l)a frapp: X 2l nous a confirm ce que /)avais d/& devin, e%pliqua 'annibal. 2l a pris cette p6oto pour ta0er sa dclaration selon laquelle il tait un p6otograp6e animalier. Bette nuit9l&, en /etant un coup d)Kil par la fenHtre de sa c6ambre, il a vu un ours se diriger vers les poubelles. ,)ide lui est venue de le p6otograp6ier... 3uant & savoir qui l)a frapp, c)est certainement le monstre. 4. +mat est persuad que le flas6 du p6otograp6e a effra0 la bHte qui rTdait en quHte de nourriture. 2nstinctivement, le monstre a frapp. Jensen, lui, est persuad avoir t victime d)un deu%i"me ours. X Jensen n)est donc pas dans le secret du monstre de la montagne: $ demanda 4. 'itc6coc7. !ob secoua la tHte R # Nous n)avons pas vu l)utilit de lui en parler. Du reste, il est fort probable qu)il ne nous aurait pas crus. Et /e pense qu)en de6ors de vous personne ne nous croirait $, a/outa !ob en souriant. *pr"s quelques secondes de rfle%ion, 4. 'itc6coc7 reprit R # * ce qu)il semble, /eunes gens, vous approuve- l)attitude de 4. +mat:
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X Mui, dit 'annibal. 2l nous a convaincus. Je ne peu% pas dire que /)aime beaucoup l)aspect de ce monstre, mais /e trouverais 6onteu% qu)on le fourre dans une cage pour l)e%6iber au% 0eu% du public... X Et puis, a/outa !ob, il est asse- agrable de penser qu)il e%iste, quelque part dans la montagne, une crature sauvage non classe... non catalogue... encore inconnue et... 6eu... /e veu% dire... X @ous Htes un sentimental, estima 4. 'itc6coc7. 4ais /e vous approuve de vouloir prserver les m0st"res de la natureI 2l reste bien peu d)endroits ine%plors de nos /ours. Nous avons besoin d)inconnu et de lgendes pour stimuler notre imagination. $ 2l se leva et sourit au% Trois dtectives. # +ou6aitons donc longue vie au monstre de la montagneI leur dit9il. 4ais & votre place, /e publierais toute l)6istoire. ,e monstre n)en resterait pas moins lgendaire. Bar, comme vous le dites si bien, personne n)0 croira /amaisI $

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2e .ais -r)iser quelques -oints qui de1eurent en)ore obs)urs+


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Les Trois (eunes D7te3tives

5The Three In$estigators; est une srie de romans policiers amricains pour la /eunesse. *0ant eu plusieurs auteurs crivant leur aventures 5l)auteur principal et crateur tant <obert *rt6ur;, l)dition fran.aise de !ibliot6"que @erte nomme comme auteur *lfred 'itc6coc7, qui # prsente $ la srie, comme il prHtait son nom & des recueils de nouvelles polici"res ou d)angoisse. Bes Kuvres utilisaient son nom pour mieu% attirer l)attention.

Les 8ersonn 9es


'annibal Jones 5?upiter ?ones en version originale;, eter Brentc6 5Peter Crensha&; et !ob *nd0 5*o,ert ; .o, K Andre&s; sont un trio de /eunes adolescents vivant dans la ville fictive de <oc70 en Balifornie. 2ls travaillent comme dtectives privs dans leur temps libre. +e faisant connaVtre comme %es trois 8eunes d9tecti$es, ils enquHtent dans des affaires allant du surnaturel /usqu)au sombres intrigues criminelles.

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Les trois :eunes d7te3tives en d7t il


Ltant bien entendu au nombre de trois, leur s0mbole est le point d)interrogation. 2ls ont leur propre carte de visite qui a trois points d)interrogation conscutifs, ce qui attire tr"s souvent les questions des gens & qui ils les montrent, demandant ce qu)ils signifient, parfois si c)est dZ & leur propre doute en leurs capacits. 2ls rpondent tou/ours que cela reprsente le m0st"re et les nigmes qu)ils ont & rsoudre. ,eur devise R # Dtections en tout genre $ 5ou selon le volume, # EnquHtes en tout genre $, etc.; H nni; l (ones R Dtective en c6ef. ,e c6ef de la bande, il est tr"s intelligent et ne s)en cac6e pas. 2l a un probl"me de surpoids qui attire parfois les moqueries, ce qu)il dteste. Mrp6elin, il vit avec sa tante 4at6ilda et son oncle Titus qui s)occupent d)une brocante nomme %e Paradis de la .rocante 5The ?ones Sal$age Lard;. lus /eune, certains comme +7inn0 Norris le surnommaient # Nros lein de +oupe $ mais il dteste ce surnom. *eter #rent32 R Dtective ad/oint. ,e sportif de la bande, il est p60siquement fort, ce qui est tou/ours utile. 4algr cela, il a tendance & Htre peureu%. 2l peut tout de mHme montrer du courage en cas d)urgence. +on p"re travaille au cinma pour les effets spciau%. +on e%pression favorite en cas de grande pression est # 4a-ette $. Bo; And< R +)occupe des arc6ives et rec6erc6es. Jluet, portant lunettes et souvent plong dans les livres, il est un peu l)arc6t0pe du nerd. +on p"re est /ournaliste et sa m"re est dcrite comme /eune et /olie.

*ersonn 9es se3ond ires


Alfred Hit323o3= R ,e cl"bre cinaste fut le premier client des dtectives, puis devint une sorte de mentor pour eu% pendant les trente premiers volumes, # prfa.ant $ c6acune de leurs aventures 5travail de l)auteur, bien sZr; et retrouvant les 6ros & la fin pour discuter de l)affaire et de son dnouement. ,a maison d)dition <andom 'ouse pa0ait pour utiliser lgalement son nom. e sa # vraie $ mort en 1=FG, les 'itc6coc7 demand"rent encore plus d)argentb il fut remplac par un personnage fictif, 'ector +ebastian. ,es derni"res ditions amricaines ont c6ang les volumes de sorte que 'itc6coc7 n)apparaisse plus et soit remplac par 'ector +ebastian. He3tor Se; sti n R Un ancien dtective devenu crivain, auteur de romans best9sellers. 2l prit la place de 'itc6coc7 dans la srie d"s %)a$eugle :ui en mettait plein la $ue. Titus (ones R Mncle de 'annibal et propritaire du Paradis de la .rocante, c)est un petit 6omme moustac6u /ovial, qui prf"re ac6eter pour son affaire des ob/ets qui le passionnent personnellement plutTt que des c6oses pratiques. M t2ild (ones R Tante de 'annibal et femme de Titus, c)est une femme forte et sv"re mais qui malgr son apparence dure, a un fond tr"s bon 5dans certains volumes de la version fran.aise, elle s)appelle 4at6ilde;. > rrin9ton R B6auffeur bbritanique de la <olls <o0ce dont 'annibal a gagn l)usage pendant trente /ours & un concours 5/usqu)& ce que son usage soit finalement tendu;. 'omme droit et distingu, il va parfois personnellement aider les dtectives. S muel Re<nolds R Bommissaire de la police de <oc70. *0ant d)abord une certaine antipat6ie pour les 6ros, il finit par reconnaVtre leur talent et leur fournit

1=2

mHme une carte signe qui les dsigne comme au%iliaires de la police. <e0nolds intervient souvent pour arrHter les criminels que les trois /eunes dtectives dbusquent. H ns et $onr d R Deu% !avarois p60siquement tr"s forts qui travaillent au Paradis de la .rocante pour les Jones. 2ls sont aussi s0mpat6iques que muscls et sont tou/ours prHts & aider les 6ros. S=inn< Norris R Jeune vo0ou d)une famille aise, il est tou/ours & mettre des b(tons dans les roues des trois /eunes dtectives dont il prend plaisir & se moquer. 2l va parfois /usqu)& collaborer avec des criminels, plus par idiotie que dlinquance. 2l est grand, maigre 5ce qui lui vaut son surnom de # +7inn0 $ signifiant # maigre $ en anglais et a un long ne-. Hu9 n < R Briminel fran.ais distingu, 'ugana0 se spcialise dans le vol d)ob/ets d)arts.

Auteurs

<obert *rt6ur 5aussi crateur; Cilliam *rden Nic7 Cest 4ar0 @irginia Bare0

'itc6coc7 lui9mHme n)a rien crit dans la srie, ni mHme les prfaces qui sont # signes $ de lui 5ce ne sont que des travau% des auteurs;. D)abord intitule Alfred Hitchcoc! and the Three In$estigators en version originale, elle devint simplement The Three In$estigators d"s le volume 1G 5%)a$eugle :ui en mettait plein la $ue;, apr"s la mort d)'itc6coc7.

Notes
B6aque couverture de volume montre la sil6ouette de la tHte d)*lfred 'itc6coc7, comme dans les dbuts de ses films. Dans la version originale, la plupart des titres commen.aient par les mots # The mystery of333 $ ou # The secret of333 $. ,a plupart des titres en version fran.aise tentent, eu%, de faire des /eu% de mots. ,es derniers volumes montrent les protagonistes plus (gs et a0ant plus de proccupations d)adolescents. Bela a commenc dans la partie appele Crime,usters en version originale. ,a srie est particuli"rement populaire en *llemagne. ,es acteurs a0ant particip & des versions audio 0 sont des vedettes. Deu% films produits en *llemagne ont d)ailleurs t tourns.

1=1

1=?

LES TROIS DETE#TI'ES


ORDRE AL*HABETI)UE

1. 2. 1.
?.

*u rende-9vous des revenants 5The Secret of Terror Castle, <obert *rt6ur, 1=>?; Envole, la volaille I 5Murder To Go, 4egan +tine et '. Cilliam +tine, 1=F=; ,8aigle qui n8avait plus qu8une tHte 5The Mystery of the "laming "ootprints, 4 @ Bare0, 1=D1;
,8arc en ciel & pris la fuite 5The Mystery of the anishing Treasure, <obert *rt6ur et Cilliam *rden, 1=>>;

A.
>. D. F. =. 1G. 11. 12. 11. 1?. 1A. 1>. 1D. 1F. 1=. 2G. 21.

22.
21. 2?. 2A. 2>. 2D. 2F. 2=. 1G. 11. 12. 11. 1?. 1A. 1>. 1D. 1F.

,8aveugle qui en mettait plein la vue 5The Mystery of the Scar-"aced .eggar, 4 @ Bare0, 1=F1; ,8diteur qui mditait 5The Mystery of the Magic Circle, 4 @ Bare0, 1=DD; ,8pe qui se tirait +Mystery of the Headless Horse, Cilliam *rden, 1=DD; ,8pouvantable pouvantail 5The Mystery of the Sinister Scarecro&, 4 @ Bare0, 1=D=; ,8insaisissable 6ome des neiges 5The Mystery of Monster Mountain, 4 @ Bare0, 1=D2; ,8ombre qui clairait tout 5The Mystery of the %aughing Shado&, Cilliam *rden, 1=>=; ,a baleine emballe 5The Mystery of the Kidnapped Whale, 4 @ Bare0, 1=F1; ,a 4ine qui ne pa0ait pas de mine 5The Mystery of (eath Trap Mine, 4 @ Bare0, 1=D>; ,a momie qui c6uc6otait 5The Mystery of the Whispering Mummy, <obert *rt6ur, 1=>A; ,a +aisie des sosies 5The Mystery of the (eadly (ou,le, Cilliam *rden, 1=DF; ,)(nesse qui se pavanait 5*n Ear Jor Trouble, 4arc !randel, 1=F=; ,e c6at qui clignait de l)oeil 5The Secret of the Croo!ed Cat, Cilliam *rden, 1=DG; ,e B6inois qui verdissait 5The Mystery of the Green Ghost, <obert *rt6ur, 1=>A; ,e cr(ne qui cr(nait 5The Mystery of the Tal!ing S!ull, <obert *rt6ur et Cilliam *rden, 1=>=; ,e dmon qui dansait la gigue 5The Mystery of the (ancing (e$il, Cilliam *rden, 1=D>; ,e dragon qui ternuait 5The mystery of the coughing dragon, Nic7 Cest, 1=DG; ,e dra77ar 6agard 5The Mystery of the Creep-Sho& Croo!s, Cilliam *rden, 1=FA; ,e flibustier pirat 5The Mystery of the Purple Pirate, Cilliam *rden, 1=F2; ,e /ournal qui s)effeuillait 5The Secret of Phantom %a!e, Cilliam *rden, 1=D2; ,e lion qui claquait des dents 5The Mystery of the 'er$ous %ion, Nic7 Cest, 1=D1; ,e miroir qui gla.ait 5The Secret of the Haunted Mirror, 4 @ Bare0, 1=D2; ,e perroquet qui bga0ait 5The Mystery of the Stuttering Parrot, <obert *rt6ur, 1=>?; le requin qui resquillait 5The Secret of Shar! *eef, Cilliam *rden, 1=D=; ,e serpent qui fredonnait 5The Mystery of the Singing Serpent, 4 @ Bare0, 1=D1; ,e spectre des c6evau% de bois 5The Secret of S!eleton Island, <obert *rt6ur, 1=>>; ,e tableau se met & table 5The Mystery of the Shrin!ing House, Cilliam *rden, 1=D2; ,e testament nigmatique 5The Mystery of the (ead Man)s *iddle, Cilliam *rden, 1=D2; ,e trombone du diable 5The Mystery of the Moaning Ca$e, Cilliam *rden, 1=>F; ,es caisses & la casse 5Hot Wheels, Cilliam *rden, 1=F=; ,es dou-e pendules de T6odule 5The Mystery of the Screaming Cloc!, <obert *rt6ur, 1=>F; 3uatre 40st"res 5*lfred 'itc6coc78s solve9t6em90ourself m0steries : ; +ilence, on tue I 5T6riller Diller, 4egan +tine et '. Cilliam +tine, 1=F=; Trei-e bustes pour *uguste 5The Mystery of the "iery #ye, <obert *rt6ur, 1=>D; Une araigne appele & rgner 5The Mystery of the Sil$er Spider, <obert *rt6ur, 1=>D;

1=A

LES TROIS DETE#TI'ES


ORDRE DE SORTIE
1. 2. 1. ?. A. >. 3uatre 40st"res 5*lfred 'itc6coc78s solve9t6em90ourself m0steries : ; *u rende-9vous des revenants 5The Secret of Terror Castle, <obert *rt6ur, 1=>?; ,e perroquet qui bga0ait 5The Mystery of the Stuttering Parrot, <obert *rt6ur, 1=>?; ,a momie qui c6uc6otait 5The Mystery of the Whispering Mummy, <obert *rt6ur, 1=>A; ,e B6inois qui verdissait 5The Mystery of the Green Ghost, <obert *rt6ur, 1=>A; ,8arc en ciel & pris la fuite 5The Mystery of the anishing Treasure, <obert *rt6ur et Cilliam *rden, 1=>>; D. ,e spectre des c6evau% de bois 5The Secret of S!eleton Island, <obert *rt6ur, 1=>>; F. Trei-e bustes pour *uguste 5The Mystery of the "iery #ye, <obert *rt6ur, 1=>D; =. Une araigne appele & rgner 5The Mystery of the Sil$er Spider, <obert *rt6ur, 1=>D; 1G. ,es dou-e pendules de T6odule 5The Mystery of the Screaming Cloc!, <obert *rt6ur, 1=>F; 11. ,e trombone du diable 5The Mystery of the Moaning Ca$e, Cilliam *rden, 1=>F; 12. ,e cr(ne qui cr(nait 5The Mystery of the Tal!ing S!ull, <obert *rt6ur et Cilliam *rden, 1=>=; 11. ,8ombre qui clairait tout 5The Mystery of the %aughing Shado&, Cilliam *rden, 1=>=; 1?. ,e dragon qui ternuait 5The mystery of the coughing dragon, Nic7 Cest, 1=DG; 1A. ,e c6at qui clignait de l)oeil 5The Secret of the Croo!ed Cat, Cilliam *rden, 1=DG; 1>. ,8aigle qui n8avait plus qu8une tHte 5The Mystery of the "laming "ootprints, 4 @ Bare0, 1=D1; 1D. ,e lion qui claquait des dents 5The Mystery of the 'er$ous %ion, Nic7 Cest, 1=D1; 1F. ,e serpent qui fredonnait 5The Mystery of the Singing Serpent, 4 @ Bare0, 1=D1; 1=. ,e tableau se met & table 5The Mystery of the Shrin!ing House, Cilliam *rden, 1=D2; 2G. ,e /ournal qui s)effeuillait 5The Secret of Phantom %a!e, Cilliam *rden, 1=D2; 21. ,8insaisissable 6ome des neiges 5The Mystery of Monster Mountain, 4 @ Bare0, 1=D2; 22. ,e miroir qui gla.ait 5The Secret of the Haunted Mirror, 4 @ Bare0, 1=D2; 21. ,e testament nigmatique 5The Mystery of the (ead Man)s *iddle, Cilliam *rden, 1=D2; 2?. ,a 4ine qui ne pa0ait pas de mine 5The Mystery of (eath Trap Mine, 4 @ Bare0, 1=D>; 2A. ,e dmon qui dansait la gigue 5The Mystery of the (ancing (e$il, Cilliam *rden, 1=D>; 2>. ,8pe qui se tirait +Mystery of the Headless Horse, Cilliam *rden, 1=DD; 2D. ,8diteur qui mditait 5The Mystery of the Magic Circle, 4 @ Bare0, 1=DD; 2F. ,a +aisie des sosies 5The Mystery of the (eadly (ou,le, Cilliam *rden, 1=DF; 2=. ,8pouvantable pouvantail 5The Mystery of the Sinister Scarecro&, 4 @ Bare0, 1=D=; 1G. le requin qui resquillait 5The Secret of Shar! *eef, Cilliam *rden, 1=D=; 11. ,8aveugle qui en mettait plein la vue 5The Mystery of the Scar-"aced .eggar, 4 @ Bare0, 1=F1; 12. ,e flibustier pirat 5The Mystery of the Purple Pirate, Cilliam *rden, 1=F2; 11. ,a baleine emballe 5The Mystery of the Kidnapped Whale, 4 @ Bare0, 1=F1; 1?. ,e dra77ar 6agard 5The Mystery of the Creep-Sho& Croo!s, Cilliam *rden, 1=FA; 1A. ,es caisses & la casse 5Hot Wheels, Cilliam *rden, 1=F=; 1>. Envole, la volaille I 5Murder To Go, 4egan +tine et '. Cilliam +tine, 1=F=; 1D. ,)(nesse qui se pavanait 5*n Ear Jor Trouble, 4arc !randel, 1=F=; 1F. +ilence, on tue I 5T6riller Diller, 4egan +tine et '. Cilliam +tine, 1=F=;

1=>

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