Repenser Le Contrepoint PDF
Repenser Le Contrepoint PDF
Repenser Le Contrepoint PDF
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
Repenser Aujourd'hui
Le Contrepoint
Mmoire de Master 2
de composition
soutenu par:
Franois Xavier Jean
Montpellier III courriel: [email protected] ; Jean-Claude Wolff & Makis Solomos, directeurs de
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
mmoire.
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
Nous crivons des polyphonies et ne reconnaissons mme pas le chant des oiseaux.
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
Ne voulant dvoiler sans dmontrer, je continuerai mon voyage spirituel au pays de Bach et de son
palindrome musical, au pays de Raymond Queneau et des Oulipiens, au pays enfin de Gsualdo ou de Paul
Valry. Le lecteur pressentira bien vite que le mmoire s'organise lentement m par la sagesse & la
rflexion de l'rudition.
La seconde partie de mon tude cache en ralit un vritable Trait de Contrepoint avec ses ralisations sur
2
chant donn. Bas sur l'intervalle et non sur l'accord , il envisagera les divers angles sous lesquels on
pourra dsormais aborder l' criture: celui du Nombre d' Or & des Nombres Premiers; sous l'angle de la
Moyenne Harmonique ou des modes & des chelles; sous l'angle enfin du Tetractys. Ce travail a t l'occasion
pour l'auteur de montrer qu'un nombre pouvait se transformer facilement en intervalle grce l'horloge de
Taneev; il a dmontr aussi qu' crire revenait superposer un certain nombre d' intervalles
pralablement choisis; il a dmontr enfin, qu'crire c'tait laisser natre, vivre & mourir une mlodie.
La troisime partie de notre mmoire comportera un corpus d'oeuvres ralisant tout simplement les
quelques rgles du trait; cette tierce partie mettra en application ce qui n'tait au fond qu'une thorie; la
problmatique deviendra ralit, le champ du virtuel celui des possibles & le probable la certitude. Bien
entendu les oeuvres s'vaderont volontiers du cadre fix et comme toute oeuvre d'art exploreront des
terrae incognitae.
Les pices proposes sont runies en suites musicales puis enregistres grce l'excellent logiciel Finale
3
2008 aux timbres surprenants . Bien entendu, l'coute d'une oeuvre ralise sur des instruments virtuels,
4
mme si les samples sont d'un ralisme saisissant ne remplacera jamais le fruit d'une xcution donne en
concert. Aussi avons-nous souhait prsenter ici une oeuvre enregistre en 2004 au thtre de
5
6
Fontblanche prs de Marseille & rassemblant une srie de hakus musicaux de notre composition .
La conclusion de notre mmoire foulera d'autres horizons en s'ouvrant par exemple sur la science de la
7
numrologie o le nom d'Arnold Schoenberg viendra graver ses initiales sur la clef de vote de notre
essai.
Nombre d' Or, Tetractys, palindrome, Oulipo, , symtrie, numrologie, moyenne harmonique,
horloge de Taneev.
2
3
4
5
6
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
Chapitre 1 Analyse
Sur la Science Au
Service de l' Art
1.0. Introduction
1.1. Colloque de Gisle de Meur
1.2. Dialectique ordre/chaos
1.3. Le palindrome de J.S. Bach
1.4. Raymond Queneau & l'Oulipo
1.5. Proportion & cohrence
1.6. Le nombre la Renaissance
1.7. Le nombre chez Paul Valry
p.07
p.09
p.09
p.10
p.10
p.11
p.11
p.12
Chapitre 2 Un Trait
Pour Repenser Aujourd'hui
le Contrepoint
2.1. Avant propos
2.2. L' Horloge chromatique de S.Taneev
2.3. Le nombre d' Or (exercices)
2.4. Ern Lendva
2.5. Les nombres premiers (ex.5)
2.6. Brigitte van Wymeersch
2.7. La moyenne harmonique (ex.7 & seq.)
2.8. Mode dfectif de fa (exercice 10)
2.9. L' grecque (grille)
2.10. Une chelle bushman
2.1.1. L' organum Jubilemus (ex 12 & seq.)
2.1.2. Quelques chelles (di-tri-tetratonique)
2.1.3. Le Ttractys (ex 14)
p.13
p.13
p.14
p.16
p.17
p.19
p.20
p.22
p.23
p.24
p.25
p.27
p.28
p.30
p 31
p.33
p.36
p.37
p.38
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
PLAN
Chapitre 1
Une Analyse
La Science au service de l'Art
Chapitre 2
Un Trait
Pour repenser aujourd'hui
l'art du contrepoint:
Chapitre 3
Une Cration
personnelle
Vent & neige
Telou Deved I, II & III
Rminiscence
Filigrane
Tetractys,
Vendanges Carnac
Les moulins vent
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
Chapitre 1
La Science
Au service de l' Art
1.0. Introduction
Soulever une problmatique est un dfi dur relever & pour reprendre les termes du
Petit Robert une vritable gageure. Soulever, relever, il y a du poids l-dessous. Le poids
peut-tre de redonner vie, d'animer ce qui tait perdu ou mort8 dans les archives de la
science & de l'art. C'est aussi l'ide du dfi, celui peut-tre d'oser penser autrement.
Chaque fois que l'on foule tranquillement les chemins de l'art, des intuitions nous
arrivent par pleines bouffes; de mme qu'un saule nous apprend rebondir, un
bouleau frissonner & un olivier porter, de mme l'auteur a imagin une nouvelle
manire d'accompagner un chant.
Il a err dans les poques anciennes ou contemporaines auxquelles il a repris leur
unique secret , celui de l'intervalle & par ce simple intervalle que Pythagore associait
la fraction, il a montr qu'on pouvait recrer toute une polyphonie. De l'art des styles
propre chaque poque, il en a tout oubli, volontairement sauf une &
incontournable cause: la mlodie. C'est en effet de l'art de la mlodie et du beau chant
que dcoulera tout notre propos.
L'oiseau, coutez-le, il s'arrache au silence, entonne sa complainte, module et se tait
alors que notre mmoire rsonne encore de son chant. Son seul accompagnement est
le vent ou le bruit lger de la rivire; il n'a d'autre contrepoint que la nature elle-mme.
Un bruit toujours en chasse un autre; une rumeur finit toujours par disparatre puis
par renatre, ailleurs & autrement. C'est la magie de cette forme inne qui prcde
l'harmonie. Tout s'enivre dans l'air, tout se charge de vibrations que nous pote &
musicien organisons. Tout nat du hasard pour celui qui sait voir; au fond, on
n'invente rien, on ne fait que retrouver de vieux chemins dlaisss.
Paul Valry avait ses petits carnets, Beethoven aussi et Marie Curie sa bicyclette.
Chacun trouvait son prtexte pour tre autre, pour arpenter autrement le cours de la
vie. L'auteur de ce mmoire a imagin qu' il tait possible de composer avec des
chiffres & considr que derrire les Livres I, II, III & IV de Jean Philippe Rameau9 se
cachait un ordre & une loi suprieure. Il a pressenti que Rameau comme d'autres ne
disaient pas tout, et que disant peu, ils cachaient beaucoup.
Dans un esprit proche, Keith Jarrett 10 recherchait lui aussi l'avant scne de la
musique, sa gnse, son cri primal11 & son degr zro; il se vidait totalement au piano,
explique-t-il pour dcouvrir au fur et mesure la musique qui lui venait spontanment . Un
degr zro que le groupe Fluxus12 inspir par John Cage mit a profit lors d'une
performance Wiesbaden; nous sommes en 1961 et le groupe Fluxus casse coup de
marteau un piano queue 13 .
8
9
10
11
12
13
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
Quittons les Arts Plastiques14, rebelles plus d'un titre et tournons-nous vers notre
propre criture construite sur un systme numrique labor. L'auteur puisant
diverses sries numriques dans la nature, se mit imaginer un systme de
composition particulier. Il emprunta la Srie du Nombre d' Or15, celle des Nombres
Premiers ou du Ttractys des pythagoriciens ou encore celle des dix sefirot de la
Kabbale. L'auteur recherch dans la nature et dans le pass toutes les relations
qui embrassent ce qui nous entoure comme animes par une sorte de pense
organise & suprieure.
Pour nous, se saisir du poids et du symbole des nombres, c'est se saisir d'un outil
magique et irrationnel; c'est recombiner la physique vibratoire des sons & plonger
au coeur de l'lmentaire16; c'est retrouver la fameuse botte de Nevers 17 18 qui seule
sait runir toutes les mlodies en une seule & rend ainsi possibles mille
contrechants.
Les mlodies vont pouvoir s'panouir, sans qu'il soit question de chercher la
tonalit ou un quelconque chemin harmonique. Bases sur le nombre elles
chantent librement seulement guides par cette petite combinatoire duodcimale19.
Le passage du nombre l'intervalle a en effet t possible grce Taneiev qui dans
sa fameuse horloge permis de transformer chacun des nombres en intervalle.
Notre Trait de Contrepoint prend l'aspect d'un genre unique et pourtant avant lui,
en 1901, Arnold Schoenberg20 utilisait dj une curieuse horloge 9 chiffres21.
14
15
16
17
18
19
20
21
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
1.1.
Un des colloques qui s'est tenu en juin dernier l' Universit Libre de Bruxelles 22 avait pour
sujet: 23
Espace, temps et mathmatiques dans l'art 24; il fut men par la mathmaticienne,
gomtre et photographe
belge Gisle de Meur; son point de vue tait clair 25: on peut
approprier de faon potentielle26 la science
mathmatique toute science humaine27 aussi
28
bien qu' l'art . En voici prlev quelques lments
marquant pour notre science musicale.
1.2.
Dialectique ordre/chaos
La transformation d'une chose, explique Gisle de Meur, cre la forme et la symtrie; cette
symtrie dsigne tout la fois la transformation et ce qui reste invariant malgr cette
transformation [...] la
symtrie met en vidence l'ordre des choses, leur rgularit, leur
permanence dans un monde et elle
permet de les simplifier, de les classer, de percevoir
leurs analogies. Elle offre un outil qui permet de se
dgager de la singularit, de
l'accidentel et de rendre [...] tangibles les lois communes; les concepts de forme
et
de
transformation sont ainsi intimement lis l'ide de symtrie et au concept d'invariant .
,Gisle de Meur met l'accent sur la dialectique ordre/chaos chre Henri Poincar. Tout
savant, explique Poincar, doit ordonner; on fait la science avec les faits comme une maison
avec des pierres mais une accumulation de faits n'est pas plus une science qu'un tas de pierre
n'est une maison29 . L'architecture construit des maisons, des villes, des jardins; elle met de
l'ordre dans la matire et remplace les tas de pierre par des structures en pierre . Le dsert de
pierre donne une premire approximation de l'absence de structure et donc du chaos .
Entre ordre & chaos, Maria Manuela Toscano30 31 mentionne l'inquitude comme autre moteur
de la forme; elle a not ce caractre instable & particulier dans le manirisme musical du
dernier Gsualdo qui ainsi va inventer de nouvelles figures esthtiques.
10
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
1.4.
L'Oulipo 37, continue Gisle de Meur, fond par Raymond Queneau se donnait pour but d'explorer les potentialits
de la langue et de la littrature, y compris par le jeu & par le jeu formel ... L'Oulipo, c'est l' antihasard38
39
explique le mathmaticien Claude Berge; sur le modle de Bourbaki , une histoire de canular, les oulipiens
construisent des objets littraires sous contrainte; ils inventent des structures et des formes susceptibles de conduire
des formes originales.
Dans cette recherche, l'importation de mthodes mathmatiques joue un rle important. Comme les mathmaticiens,
les oulipiens utilisent l'imposition de contraintes formelles leur cration et comme eux ils constatent que
paradoxalement, ces contraintes, loin de bloquer la production, excitent au contraire l'imagination et la rendent plus
productive et plus originale . Le jeu sur les contraintes, explique G.D.M40 est trs ancien, aussi ancien que les rgles
des trois units41 (lieu, temps & action) , que l'usage des rimes, que l'emploie de structures au coeur des phrase, que
l'usage de sonnets ou d'alexandrins, que ce soit a d'ailleurs au thtre ou dans la posie; tous ces usages ne sont
rien d'autre que des impositions de forme.
Et nous mme n'avons nous pas jongl avec ces figures tonnantes d' analogie, d'antimtabole, d'ekphrasis, d'enallage,
d'euphmisme ou d'hyperbole, d'ironie ou de litote; n'avons nous pas gliss dans nos proses les fameuses mtalepses42,
mtaphores, mtonymies ou oxymores; avons-nous ignor la personnification et mme la tautologie ? Toutes ces
contraintes & impositions de forme dont aurait su parler Gisle D.M.
Dans son colloque l'ULB, Gisle de Meur nous prsente les Exercices de Raymond Queneau o l'auteur43 raconte
99 fois & de manire diffrente l'histoire qui suit: Un voyageur attend le bus; il remarque un jeune homme au
long cou qui porte un chapeau bizarre entour d'un galon tress; le jeune homme se dispute avec un passager qui
lui reproche de lui marcher sur les pieds chaque fois que quelqu'un monte ou descend, puis il va s'asseoir sur un
sige inoccup. Un quart d'heure plus tard, le voyageur revoit le jeune homme devant la gare Saint Lazare; il
discute avec un ami propos d'un bouton de par-dessus . La virtuosit des Oulipiens ressemble certains
musiciens renchrit G.D.M.
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
1765; gr. palindromos qui court en sens inverse possdant ainsi un axe de symtrie binaire. Le Petit Robert.
Le crabe marche sur le ct.
Gisle, Ballet en deux actes (1841) - Livret de Thophile Gautier et Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges daprs Heinrich Heine, Musique Adolphe Adam , repris en 1910 aux
Ballets Russes par Serge de Diaghilev.
32 temps du thme principal form de 4+4 rotations, de retournement cad de symtries centrales (4 l'endroit, 4 l'envers), de rotations, de petits bonds etc.
Toutes les isomtries sont considres prsent comme des espces de symtrie au mme titre que les anciennes symtries miroir et centrales.
Ouvroir de Littrature Potentielle.
Expression de Claude Berge, in http://www.les-mathematiques.net/p/p/b/node2.php3, consult en avril 2008.
Le nom de famille Bourbaki tait le nom emprunt par Raoul Husson en 1923 lors d'un canular, alors qu'il tait lve en troisime anne de l'cole normale suprieure. Il s'tait
donn l'apparence d'un mathmaticien barbu du nom du professeur Holmgren pour donner une fausse confrence, volontairement incomprhensible et avec des raisonnements
subtilement faux[1]. L'objectif aurait t la dmonstration d'un prtendu thorme de Bourbaki . Cette histoire amusa tellement le groupe, que le nom Bourbaki fut choisi.
Gisle de Meur
Dans le thtre classique ce sont les contraintes selon lesquelles une pice possde une seule action principale (unit d'action), situe dans un mme lieu (unit de lieu), et durant
un seul jour (unit de temps) : ''Qu'en un lieu, qu'en un jour, un seul fait accompli / Tienne jusqu' la fin le thtre rempli'' (Boileau, l'Art potique, Chant III, 1674).
In http://www.fabula.org/atelier.php?Figures, consult en avril 2008.
1903-1976, romancier, pote, dramaturge et mathmaticien franais. Ses oeuvres principales sont Chiendent (1933) , & Zazie dans le mtro (1959) . La B.N.F nous prsente
une biographie critique sur son site: http://classes.bnf.fr/dossitsm/b-quenea.htm.
11
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
1.5.
Dans un article publi dans la revue Circuit 44 le compositeur qubcois & contemporain
Andr Villeneuve45 insiste sur la ncessaire qute doutils et de savoir-faire pour enrichir
son sens des couleurs et des harmonies; il voque toutes les terres inconnues o peut se
nourrir notre curiosit, tous les champs
vastes que sont la musique, la littrature, les
arts plastiques, le cinma ou l'architecture. Pour A.Villeneuve,46 l'harmonie ne peut se rsumer
au seul concept de proportions et de systme simpliste dengrenages, il manquerait le lien 47,
c'est dire la cohrences entre Ide et Soi. Tout systme bien sr est fonctionnel et possde son
vocabulaire, sa grammaire et sa syntaxe; comme tout style il est propre son poque.
L'harmonie est en fait une rconciliation entre lHomme et le Monde autant que l'histoire
d'une maonnerie parfaite. Harmonia nous rappelle A.Villeneuve signifie en latin cheville,
joint et en remontant plus en amont le cours de la langue, [are] en racine indo-europenne
signifie art ; harmoniser c'est joindre avec art la faon de Delacroix cherchant la couleur
juste. Andr Villeneuve nous remmore enfin Rameau puisant laccord dans la rsonance
comme les grecs dans l' accord de la lyre.
Le Nombre la Renaissance
la Nature comme modle
A la Renaissance des relations48 taient tablies entre les voix suprieures et la voix la plus
grave ce que nous explique Maria Manuela Toscano49 ; l'criture harmonique n'existait pas
encore comme dans le Responsoria de Gsualdo prsente un peu plus loin.50
Pour les gnrations de la Renaissance, explique Maria Manuela Toscano51, la conception
aristotlicienne de la musique compltait sa dimension pythagoricienne et platonicienne,
dans la mesure o la projection du contenu de la parole dans la musique devait se raliser
dans les limites dtermines par un contrepoint fond dans le nombre . Un peu plus loin
elle prcise: Une des grandes rfrences en relation la potique qui marque le
contrepoint renaissant, est l'oeuvre du thoricien Zarlino .
Sa filiation, en grande partie pythagoricienne et platonicienne, se manifeste dans son
affirmation du nombre comme principe de la musique. Zarlino52 dfend que la cause
formelle et structuratrice des intervalles qui servent de base au contrepoint, rside dans les
proportions qui leur sont inhrentes et qui ont la Nature comme modle .
44
45
46
47
48
49
50
51
52
Harmonies : dserts fertiles que jinterroge , Andr Villeneuve, Circuit, vol. 10, n 1, 1999, p. 63-72.
Compositeur qubcois, n en 1956. Parmi ses uvres, notons 17 Tracs solitaires dhumanit, pour chur mixte a capella (1996); 29 Tracs solitaires dhumanit, pour piano
(1997); Voies et Lieux, concerto pour piano et orchestre cordes (1998-1999); Divisions de la Nuit, pour mezzo-soprano et septuor cordes (1987). Plusieurs fois boursier du
Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Qubec. Ses partitions sont disponibles au Centre de musique canadienne.
Andr Villeneuve.
Qui est la traduction du mot grec (harmonia).
C.a.d. des intervalles.
Chemins vers une esthtique de l'inquitude dans la musique de Gsualdo Author(s): Maria Manuela Toscano Source: International Review of the Aesthetics and Sociology of
Music, Vol. 30, No. 1, (Jun., 1999), pp. 27-53. Published by: Croatian Musicological Society
Responsoria de la Feria VI de C. Gsualdo, rpons 1, mes.1-18.
cf. note 38.
cf. note 43 sur G. Zarlino, 1573, I, 19, fol. 37.
12
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
Chapitre 2
53
54
55
56
SIRVENT Michel, Chiffrement, dchiffrement: de Paul Valry Jean Ricardou, The French Review, Vol. 66, No. 2, (Dec., 1992), pp. 255-266, publi par: American Association of
Teachers of French, p.255 & suiv.
cf. note 42.
Idem.
Ibidem, p.257.
13
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
Un Trait
Pour repenser aujourd'hui
le contrepoint
2.1 Avant propos
Notre trait d'criture & donc de contrepoint peut prsent commencer. Il proposera au lecteur
une construction note contre note base sur une srie d'intervalles fixs comme la seconde
mineure et la quarte juste par exemple que nous pourrions rsumer par une formule H2m4J o la
lettre H indique l'harmonie prise bien sr dans son sens grec premier 57. Nous permettrons ainsi
au compositeur qui suivra nos conseils de placer chaque note du contrechant la distance d'un
intervalle donn 58. Notre conception indite rejoint pour beaucoup celle des grecs anciens, telle
Aristoxne de Tarente 59 60 et deux sicles avant lui Pythagore qui dcouvraient que des rapports
mathmatiques simples rgissaient l'univers & la musique61 .
Le systme dit des harmonies d'Aristoxne ne travaillait pas sur le caractre vertical de la
musique, c'est dire sur la manire de faire sonner ensemble plusieurs notes mais au contraire
sur son caractre horizontal. Une fois qu'on avait dfini l'accord de la lyre, il suffisait de dcider
quelle chelle mlodique on pouvait utiliser. En fait, c'est dans l'harmonie de la lyre que les grecs
venaient puiser toutes leurs mlodies.
Fort de cette lecture des anciens, nous avons dcid de composer nous aussi un systme en leur
empruntant 62 leur proccupation de privilgier la mlodie plutt que l'accord. Notre attitude n'est
pas nouvelle car beaucoup de compositeurs actuels inventent leur propre systme, leur propre
lexique & leur propre syntaxe. C'est dans cette (r) invention que se situe la libert et l'originalit
de notre espace contemporain. Si l'on y rflchit de plus prs, le systme tonal tait lui aussi,
bien videmment, un systme. Harmoniser pour les classiques c'tait inscrire la mlodie dans
une succession d'accords, c'est dire dans
une trame. Composer 63 c'tait mettre ensemble
ce qui sonnait bien l'oreille. Il est tout propos de relire les quatorze chapitres du Trait
Historique d' Analyse de Jacques Chailley 64 pour nous remettre l'esprit toutes les innovations que
connut l'histoire de la musique65.
57
58
59
60
61
62
63
64
65
66
14
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
Il est temps d'exposer notre systme personnel. Nous avons parl de l'harmonie et de
l'accord, des mathmaticiens, des philosophes et des crivains pour nous placer vis vis
d'eux, de leur science et de leur art, de leur mthode et de leur calcul; en fait, nous avons
explor plusieurs systmes pour mieux laborer et dfendre le notre. Dans la nature,
tout est rythme, tout est vibration, tout est nombre. Pythagore, Pascal, Euler et tant
d'autres ont remarqu que l'univers s'organisait en nombres premiers67 , en triplets68 , en
nombres d' Or69 ou en sries bi-magiques70 etc..
Une simple observation montre que nos intervalles d'unisson, d'octave, de quinte ou de
sixte rpondent aux fractions bien connues: [1/1 2/1 3/2 5/3 ou 8/5] et utilisent
prcisment la fameuse srie de Fibonacci71. Scriabine, Bartok, Satie, Bach & tant d'autres
utilisaient trs vraisemblablement ce nombre pour construire leur chafaudage
harmonique. L'tude propose dans ce second chapitre dmontrera qu'il est facile un
musicien ayant quelques rudiments de solfge72 de composer une petite polyphonie en
suivant seulement quelques conseils simples comme ceux de respecter quelques
intervalles ou de faire chanter gnreusement chacune des voix. En suivant la mthode
propose dans notre trait, le jeune compositeur sera semblable aux contrapunctistes du
moyen-ge qu'taient Protin ou Guillaume de Machaut; l'apprenti compositeur qui
suivra les prceptes de notre Livre saura faire voluer chacune des voix par rapport
l'autre et respectera sans difficult les distances qu'il se sera lui-mme imposes.
15
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
Comme nous venons de le remarquer, le croisement n'est en rien une contrainte; nous allons ajouter
une troisime voix que nous ddierons cette fois au basson. Nous avons le choix de le rendre
consonant soit avec la flte soit avec avec la clarinette; gardons cependant l'esprit les deux sens
possibles de l'intervalle qui spare le chant & le contrechant 75. Examinons le basson; il consonne
chaque fois avec les deux autres voix ( Fl. & Cl.). Aucun intervalle dissonant; c'est dire aucune 4te
Augm. ni 5te dim; c'est dire aucun intervalle qui n'appartiennent pas au systme bas sur la Section
d' Or.
En fait les 5 intervalles de dpart comptent double puisque l'on prend en considration leur
renversement; ainsi, avec la srie de Fibonacci, seuls sont exclus du systme la 5te diminue et la 4te
Augmente. Aucune faute ici n'ira enfreindre les rgles que nous nous sommes fixes. Seul petit
reproche, le saut de septime descendante la clarinette, effectivement maladroit mais plausible &
dfendable dans tout exercice. Nous reprendrons notre exemple do-si-la-sol-la et crerons des
superpositions d'intervalle propres introduire le fameux diable en musique76 et donc crer des
intervalles fautifs, perturbant la logique de la section d' Or.
Comme prcdemment, chacune des voix devient le cantus firmus77 des deux autres voix; mais deux
4te Augmentes entre la voix du basson et celle de la flte vont rendre cette pice musicale fautive
en ce qu'elle droge aux rgles dictes 78. Nous avons ainsi barr en pointill ce qui nous semble
incorrect et donc inapte79 figurer dans notre trait.
75
76
77
78
79
parfait ou renvers.
Diabolus in musica, cad le triton.
Chant ferme, cad chant rfrent dur lequel on appuie le contrepoint.
Section d' Or (Fibonacci).
Un trait se doit bien sr de respecter les rgles qu'il s'impose.
16
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
L'exercice no 3 a t corrige. Tout triton est maintenant absent. Hormis la qualit musicale et la
permanente faute de got ncessairement inscrite dans un exercice pdagogique, tout serait parfait. A
la diffrence des autres exercices, le numro 4 exprime un climat la fois modal et tendu; peut tre
serait-il intressant de rechercher quel mode il se rfre; pour ma part je pencherais pour le mode de
mi en ce qui concerne les deux voix de flte et de basson. Quant la clarinette, elle vient troubler l'eau
tranquille du mode dorien80 81 82 et confie l' oeuvre un caractre rsolument polytonal; on semble
baigner en plein Bartk 83, Ives84 , Stravinsky 85, Debussy ou mme Darius Milhaud. La voix de la cl.
avec l'altration mobile du sol (tantt bmol ou bcarre) sonne dans le ton de si b avec repos sur la
Dominante fa. Poursuivant plus encore notre route, nous remarquons que [mi] & [si b] sont distance
de triton l'un de l'autre, ce qui est contraire la Section d' Or mais que la construction par intervalle
telle que nous l'avons men autorise86, comme si le jour ne pouvait vivre sans la nuit. Une plainte
trouble s'en suit que l'oreille accepte et embrasse.
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
90
Mode grec.
Diverses appellations ont cour relativement aux modes; on parle de modes anciens ou diatoniques, de modes grgoriens, d' chelles modales & mme de tons ecclsiastiques
Appel faussement mode phrygien (deuterus ) chez les romains.
Quatorze Bagatelles, op. 6, 1908, & Le mandarin merveilleux de Bl Bartok,1918.
Variations sur Amrique de Charles Ives.
Petrushka,1911 et le Sacre du Printemps, 1913 d'Igor Sravinsky.
D'ailleurs l'ouvrage d' Ern Lendva explique la parent qui unit tonique et triton; interchangeables le ple [mi] ou son antipode [sib]remplissent la mme fonction de tonique.
Introductions aux Formes et Harmonies Bartokiennes, par Ern Lendvai, Boosey & Hawkes, 1953.
ibid. E.Lendva, un des lves de Bartok nous rvle dans ce livre les procds de compositions de Bl Bartok.
Idem, p.118.
Idem, p.136.
17
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
Avant de quitter notre systme chromatique ( S. O.) prcisons qu' il n'appartient aucune tonalit ou,
ce qui revient au mme, il appartient toutes. L'harmonie tonale rappelons-le est une technique
d'criture musicale, ne dans le courant du XVIe s. poque laquelle on dcouvre le sentiment tonal,
quittant ainsi la musique purement modale base sur la mlodie. Au fond, notre trait se rapporte
beaucoup plus de cette technique d'criture qu'est la musique modale; il y fait lui aussi usage du
contrepoint que nous pourrions appeler harmonie d'intervalles.
91
92
93
94
95
18
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
Une nouvelle piste vient donc de voir le jour au fil d'une plume d'o a surgi une nouvelle
problmatique. Ce que nous considrons aujourd'hui comme un accord par & dans sa verticalit
n'est en rien un cause premire mais simplement une consquence. Bien sr la musique classique
enferme dans cet inexorable cheminement de chiffres romains I IV - V ou VI IV - V I est
admirable et a produit les plus beaux chefs d' oeuvres de Bach Beethoven ou Mozart qui dans
cette structure faussement appele harmonie96 ont inscrit les plus belles mlodies. Notre recherche
au point o elle en est me fait penser au carr qu'Archimde veut inscrire dans un cercle et dont
je ne peux m'empcher de reproduire dans une note en bas de page les calculs inscrits sur le
papyrus Rhind97 .
Dans l'exercice No 6, nous allons approfondir plus encore cette intuition; nous n'utiliserons dans le
contrechant propos que les notes du mode; la cohrence est remarquable. Ici, deux contraintes,
c'est dire deux rgles viennent rgir nos couches successives: l'une verticale est la consonance98
dont nous ne sommes pas certains qu'elle existait chez les grecs; l'autre horizontale est le mode
c'est dire l' . La premire contrainte est un rapport tandis que la seconde est un mlisme
c'est dire une succession de notes dont la pente a t pralablement dfinie dans les deux
ttracordes. Dans l'un et l'autre cas, le nombre est prsent.
96
97
98
Le mot harmonie du XVIIIe est vid du sens qu'il possdait chez Aristote o la tension venait du discours lui mme et non d'un nouvel chafaudage.
Ici, dans le problme n 48 du Papyrus Rhind, une figure trace par un scribe reprsente un cercle inscrit dans un carr; lintrieur de la figure on pourrait lire le chiffre
9 reprsentant la fois le ct du carr et le diamtre du cercle. Le scribe a calcule la surface du carr(9 x 9 = 81) puis celle du cercle (8 x 8 = 64.) puis en dduit le rapport 8/9
entre le ct du carr et le diamtre du cercle .
La polyphonie semble tre absente de la musique grecque.
19
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
Le mode utilis ici est tellement riche qu'une troisime voix pour exister se doit
d'tre discrte voire quasi absente. Aucune modulation n'a affect ni contrari
l'exercice n6 tant l'chelle est chaleureuse et tient dans son tau tout l'difice.
S'vader de cette chelle/mode/ c'tait prendre le risque d'appauvrir le
discours, de le dnaturer, de le vider de ce qu'il contient; une phrase, un doit
s'pancher, respirer & vivre avant de mourir dans cette chute que l'on nomme
cadence99.
Notre mmoire habit de l'aura indit d' a permis de soulever une
problmatique ou chaque tage & chaque couche, chaque strate & sdiment relve
d'un mme noyau d'un mme feu central confin dans une srie de nombres. Il y a
bien sr des sries de nombres remarquables dans la nature et autant de sries
inertes & virtuelles labores dans notre esprit. L'homme conoit, cre, exprimente
des trajets des quations et les vrifie; c'est ce que nous faisons grande enjambe ici
en s'appuyant sur une srie connue tout autant que sur une srie indite.
En fait, lorsqu'on parle de la srie de Fibonacci, des Nombres Premiers100, de sries bi-magiques101 , de Produits
Remarquables, de nombres carrs (Pythagore102 103 ), Serions-nous capables, interroge Jacques Viret A l'exemple des
antiques philosophes pythagoriciens, de nous merveiller devant cette surprenante correspondance entre les
sons et les nombres104 ? Pythagoriciens et platoniciens, nous explique Brigitte van Wymeersch 105 s'accordent
pour attribuer aux nombres une densit suprieure celle que nous leur donnons aujourd'hui. Ils ne sont pas de
simples outils de numration, mais sont en eux-mmes structures. Ainsi, ils distinguent les nombres points, les
nombres-lignes, les nombres-plans et les nombres-solides
Pour les pythagoriciens, continue-t-elle, Tout est nombre. Aussi, pour connatre quelque chose, il faut en saisir
le nombre, le . Les pythagoriciens s'attachent ds lors sonder l'essence de ce dernier, dcouvrir ses
proprits arithmtiques et les relations qu'il entretient avec tout ce qui est et devient106 .
De ce fait, poursuit Brigitte van Wymeersch, ils dveloppent une intense recherche mathmatique axe d'une
part sur l 'essence du nombre,et de l'autre sur les rapports entre les nombres. Certains nombres sont plus
remarquables que d'autres, parce qu'ils possdent des proprits gnratives importantes. Ainsi en est-il du
tetractys, la ttrade pythagoricienne qui dsigne la fois un ensemble de quatre choses, la suite des quatre
premiers nombres et un principe organisateur: il renferme en puissance le nombre dix, somme des quatre
99 Cadere, lat: tomber.
100 http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/science_actualites/sitesactu/question_actu.php?langue=fr&id_article=4283 l'article dit sur le site de la Cit des Sciences
prcise que Les proprits tonnantes des nombres premiers [...] on sait aussi, sans l'avoir encore dmontr, qu'il existe l'infini des sries de trois nombres premiers dont celui
du milieu est gale distance des deux autres [...] plus tonnant encore, les mathmaticiens se sont aperus, sans pouvoir le dmontrer, que les intervalles qui sparent les
nombres premiers entre eux rpondent eux aussi des rgles prcises .
101 sries bi-magiques (tonnamment tri-magiques) :[15 9 8 - 2] & [14 12 5 - 3] et qui permettent et vrifient les oprations suivantes: [15 + 9 + 8 + 2 = 14 + 12 + 5 + 3 = 34 = S1],
[152 + 92 + 82 + 22 = 142 + 122 + 52 + 32 = 374 = S2] puis [153 + 93 + 83 + 23 = 143 + 123 + 53 + 33 = 4624 = S3].
la srie des nombres carrs, 4, 9, 16, 25, etc... est forme par l'addition successive des nombres
impairs partir de l'unit: 1 + 3; 4 + 5; 9 + 7; 16 + 9, etc.
Jeanne Vial, De l'tre musical, Neuchtel, ditions de la Baconnire, 1952, p.41
Musique, nombres, cosmos: quelques rflexions "pythagoriciennes" Author(s): Jacques Viret Source: International Review of the Aesthetics and Sociology of Music, Vol. 17, No. 2,
(Dec., 1986), pp.147-161 Published by: Croatian Musicological Society.
La philosophie pythagoricienne du nombre et la musique Author(s): Brigitte van Wymeersch Source: Revue belge de Musicologie / Belgisch Tijdschrift voor Muziekwetenschap,
Vol. 51, (1997), pp. 5-16 Published by: Socit Belge de Musicologie
Aristote, Mtaphysique, A, 5, 985 b, trad. de Tricot, t. 1, p. 41):. Dans les nombres, les pythagoriciens pensaient apercevoir une multitude d'analogies avec tout ce qui est et
devient.
20
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
premiers entiers, et le dix contient l' Un, source de tout nombre et donc de toutes choses. la musique, poursuit
encore Brigitte van Wymeersch vient confirmer les propos des philosophes, puisque tous les intervalles du
systme musical grec sont contenus dans les quatre premiers entiers naturels.
En effet, a partir de la valeur des trois premiers intervalles et de l'unisson, on peut trouver les
rapports qui dfinissent les diffrents degrs de l'chelle: le ton ou 107 qui est le surplus de la
quinte par rapport la quarte et le leimma crit 108 qui est le reste de la quarte lorsqu'on lui te
deux tons, c'est dire le demi-ton. 109 L'tude des proprits des nombres et des correspondances qui
existent entre ceux-ci et la nature suscitera une littrature abondante. Aristote condamna sans appel
cette arithmologie, la jugeant trop peu rigoureuse110 .
21
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
Partant de [mi] en alternant 3ce maj & 3ce min, nous obtenons la srie suivante: [mi sol# - si r# &
fa#] soit comme convenu [3m 3M 3m 3M & 3m]. Les notes rduites dans leur forme conjointe
donnent donc la srie suivante: [r# - mi fa# - sol# - si] qui ressemble au ttracorde dorien de mi 115
auquel on aura ajout une 3ce min. Le rsultat est trs classique avec un sentiment de Mi majeur;
reste que le la#, sorte de sensible laissant prvoir une modulation au ton de la dominante s'efface
pour retomber directement sur la tonique, comme si, analys de faon classique, nous avion
l'enchanement: V-V de VI (Mi) et non V-V de VI (Si), ce que l'on tait en droit d'attendre.
Essayons prsent selon la mme chelle dont l'origine est toujours la mme moyenne harmonique
[ 4, 9 & 12 ] traduite en intervalle puis en chelle. Le rsultat est toujours tonal avec le sentiment
d'tre dans le ton de mi avec le degr IV altr (la#). Le fait de n'utiliser que les notes de l'chelle en
excluant toute note altre autre que celle du mode, en excluant galement toute note trangre cre
un climat de tension et d'unit qui laisse renvoyer l'aspect harmonieux de la musique telle que
Pythagore le concevait & o chaque chose sur terre tait le miroir du cosmos.
Dans l'exercice no 9, nous nous sommes permis d'introduire une note de passages appartenant
l'chelle. L'criture sur une chelle donne offre l'oeuvre musicale un caractre plus serr & plus
tendu; une piste que nous suivrons l'avenir.
115
22
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
116 Polyphonies de tradition populaire en Europe mditerranenne, Paul Collaer, Acta Musicologica, Vol. 32, Fasc. 2/3. (Apr. - Sep., 1960), pp. 57.
117 (harmonie/mode/chelle)
118 Introduction au Formes et Harmonies Bartokiennes, par Ern Lendva, d. Boosey & Hawkes, 1953.
119 Appogiatures.
120 selon le sens que nous donnons la progression.
23
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
14: sur la mlodie Sicile. Grotte: Lamento di Venerdi Santo et prsente la note 111, l'auteur de ce mmoire a construit un
contrechant.
2.9 (grille)
Notre trait progresse grand pas. Qu'avons-nous trouv en revisitant les anciens
et les modernes, Ern Lendvai, Paul Collaer et Gisle de Meur; Taneev &
Raymond Queneau; Andr Villeneuve & Henri Poincar et surtout Brigitte van
Wymeersch qui su nous introduire au monde gomtrique de l' Harmonie des Sphres,
cette de Pythagore et que dnigrera Aristote mais peu importe: une fentre
est ouverte et l'analyse musicale peut respirer nouveau modestement. Pythagore
a lu dans la nature la magie du nombre dont nous avons tant besoin. De quel outil
pouvons-nous prsent user; dressons ici, et c'est le moment, un tableau de nos
24
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
nouvelles acquisitions.
TRAITE
d'
crire une mlodie;
en extraire l'chelle
Indiquer sa construction
(succession d'intervalles)
Rsumer sa structure:
L' : 3M & 4J
crire un contrechants
en respectant l'
distance de
Notre trait s'est peaufin au fil des lectures. La question que l'on peut se
poser est la suivante: notre systme portera-t-il les mmes fruits si l'on utilise
n'importe quelle srie numrique; y -a-t-il des sries plus harmonieuses que d'autres
et en maniant sciemment le paradoxe: une a-t-elle la possibilit d'tre
inharmonieuse. On pourrait rpondre oui dans la mesure o cette progression
serait prsente nulle part lieu de la nature. Il serait intressant en bon
pythagoricien que nous sommes de dfinir les nombres qui sont cachs dans la
nature et ceux qui ne le sont pas.
Mais notre propos n'est pas l et seul importe une construction logique. Il
importe comme le dit Stphane Mallarm que dans le pome, les mots ... se
refltent les uns sur les autres jusqu' paratre ne plus avoir leur couleur propre, mais
n'tre que les transitions d'une gamme121.
Nous avons rduit le contrepoint et l'harmonie une seule opration que nous
avons rebaptis ; une manire de travailler en archologue ou en historien
pour qui le pass n'existe pas. Par cette & la nouvelle combinatoire qui la
sous-tend, il nous arrive souvent de retrouver les couleurs de Rameau ou de
Mozart voire celles d' Arnold Schoenberg. L'usage d'une telle combinatoire
aujourd'hui s'il permet de pasticher les grands matres est d'un grand intrt; loin
d'tre superflu, il dcentre le phnomne de l'criture & envisage d'autres points
d'appui.
Mallarm and Andrej Belyj: Mathematics and the Phenomenality of the Literary Object. Author(s): Steven Cassedy. Source: MLN, Vol. 96, No. 5, Comparative Literature, (Dec.,
1981), pp. 1068, published by: The Johns Hopkins University Press
122 Bushman Counterpoint Author(s): Nicholas M. England Source: Journal of the International Folk Music Council, Vol. 19, (1967), pp. 58-66 Published by: International Council for
Traditional Music
123 L'ethnie bushmen des Hadzas de Tanzanie (ex Tanganika) ne compte plus que 1000 individus. Les Hadzas parlent une langue de la famille Khosian, caractrise par ses
claquements de langue et ses nombreuses onomatopes. Chaque homme est plus ou moins dou pour jouer de l' amalimba ou du zz (arc une corde sur calebasse). Les
moments de repos, l'ombre sous un arbre en aprs-midi, sont souvent ponctus par ces interludes musicaux. La nuit, les ngomas des Hadzas sont des pratiques animistes qui
visent une transe de groupe et un lien avec le monde des anctres.
124 Cf. note 87.
25
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
quintes: [fado (sol )r-la-mi] ; dfective, c'est dire prive du sol, l'chelle est pentatonique. Son
est [4J- 2M]125; il nous suffit pour inventer un contrechant de se limiter aux notes de l'chelle et
d'utiliser ces consonances. J'ai imagin que ce chant rituel des bushmen sonnerait bien dans
l'enregistrement avec deux balafons126.
15:bushmen de Tanzanie
26
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
127 La polyphonie au XIIe sicle: entre thorie et pratique . Author(s): Olivier Cullin Source: Revue de musicologie, T. 81e, No. 1er, (1995), pp. 25-36 Published by: Socit Franaise de
Musicologie
128 Cf. note 90, page 31.
129 Gui d'Arezzo, Micrologus, ed. M.-N. Colette, p. 86.
130 Jean d'Afflighem, Ad organum faciendum, ed. Huff.
131 Cycle des quintes, schma 13.
132 Cf. note 92.
27
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
La question pour nous est de savoir comment nous allons conduire la voix organale. Pour Jean
d'Afflighem 133 cit par Olivier Cullin134, la hirarchie des intervalles est implicite et se dduit du mouvement
mme de la mlodie , pourvu explique-t-il que l'on respecte le mouvement d'arsis et de thesis , c'est dire
la pente naturelle qui veut que toute leve se termine par une pose. Ainsi, en reprenant simplement
l'organum Jubilemus, Exultemus , nous considrons sa mlodie initiale. Elle chante dans le mode de fa;
ce mode est dfectif puisque le [r] et le [mi] pris dans l'ordre des quintes font dfaut, rendant du
mme coup l'chelle pentatonique.
Ayant analys les intervalles du mode [fadosollasi] nous remarquons une succession de 4te (5te
renverse) et de 2de majeure Notre , notre symphonia 135 pour reprendre le terme latin de
Gui d'Arezzo revtira donc les consonances de [2M-4J]136. La diaphonie suivra donc la mlodie
distance de ces deux intervalles en prenant grand soin de chanter abondamment. Reste la question des
copules137 que nous avons rsolu la manire de Jean d'Afflighem138 en ne contrepointant que la/les notes les
plus importantes du groupe.
Nous pourrions dans un nouvel exercice utiliser l' contenue non dans la forme ouverte du
cycle contenant la gamme mais dans sa forme resserre et utiliser alors les autres nombres, les autres
rapports qu'il contient. La forme resserre tant [fasollasi & do], nous faisons partir le calcul des
intervalles cette fois, non plus de note note par voisinage mais de la premire note (tonique) et de
l'intervalle qu'elle forme
avec les autres degrs. [fasol], [fala], [fasi] & [fa-do], soit [2M, 3M,Triton & 4J139]; il est indniable que
ce type de contrepoint est beaucoup plus riche et offre beaucoup plus de possibilits; en effet, ces
quatre intervalles renverss donneront huit intervalles; quand au rendu sonore l'effet sera particulier
compte tenu du triton. Nous allons donc reprendre l'organum Jubilemus, Exultemus et lui assignerons
le nouvel ainsi envisag.
133
134
135
136
137
138
139
28
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
Les copulae devenues notes de passage ne sont affectes que d'une ou deux . Les deux
harmonies prcdentes: [2M & 4J] ont fait place aux trois harmonies suivantes: [2M, 3M,4J & 4A].
29
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
20 Ttractys de Pythagore
propos par Robert Fludd au XVIIe s
142
143
L'cole de Pythagore portait le nom mme du Ttractys et ses lves prtaient serment sur lui.
O 3 vient de (1+2), 4 de (1+3), 5 de (2+3), 6 de (1+2+3), 7 de (3+4), 9 de (2+3+4) & 10 de (1+2+3+4).
30
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
144 ex. (1+2) ou (1+3), (1+4), (2+4), (4+3), (4+3+2) & (1+2+3+4)
145 O [1=cr, 2=n, 3=n+cr, 4=bl, 5=bl+cr, 6=bl+n, 7=bl+n+cr, 9=r+cr].
146 [3 - 4 - 5 - 6 7 - 9 & 10].
147 Eux aussi tirs de la srie des sommes du Tetractys [3-4-5-67-9 & 10].
31
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
Chapitre 3
Cration
Personnelle
0.1 P
d'accord
Pourquoi tomber
Les moulins vent
148 OpenOffice est une Suite bureautique complte, gratuite et fortement compatible Microsoft Office
32
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
Conclusion
largir la problmatique grce
Pierre Barbaud et l'algorithme
Pierre Boulez & le paradigme
Cette chelle est heptatonique comme la ntre. Le but avou de notre trait n'est-il pas de
faire voluer plusieurs mlodies comme autant de plantes qui chez les anciens152 ne se
heurtent jamais. Notre Harmonie des Sphres153 est rgle comme tous les astres par la main
invisible d'une 154 tissant des liens indfectibles entre l'abstrait et le concret, entre le
virtuel & le rel.
Qu'avons-nous prouv au fond que Pierre Barbaud155 156 n'ait trouv avant nous. La musique
algorithmique qui il donna le jour en 1961 ressemble comme une soeur notre
proccupation. Nos calculs sont plus simples que ses algorithmes mais ils relvent de la
mme problmatique & du mme questionnement. Notre travail a rejoint cette autre vrit
scientifique nomme prdication par Gaston Bachelard157 158 ; nous avons comme lui essay de
lier la pense l'exprience.
149
150
151
152
153
154
155
156
157
158
De Institutione Musica, trad. Giovanni Marzi, Rome, Istituto italiano per la storia della Musica, 1990.
L'Harmonie des Spheres Selon Boce, Author(s): Roger Bragard Source: Speculum, Vol. 4, No. 2, (Apr., 1929), pp. 206-213, published by: Medieval Academy of America.
Nous constatons le diffrent des deux interprtations, celle de Nicomaque et celle de Boce.
Pythagore, Aristote ou Boce.
Cf. Th. Reinach, La Musique des Sphres, Revue des Etudes Grecques, XIII (1900), 432 sq. Les astres produisent chacun en se dplaant, un son qu'ils rpartissent sur les
cordes de la lyre.
Cette harmonia de nombreuses fois cite.
Compositeur franais (1911 1990). http://brahms.ircam.fr/index.php?id=250
Cf. http://www.olats.org/schoffer/barbaud1.htm. Elve de N. et A. Tcherepnine, Pierre Barbaud a l'ide en 1954 de dfinir le sriel par des oprations arithmtiques. Il
transforme une suite d'oprations en partition; chez Honeywell Bull il ralise " Factorielle 7", la premire oeuvre entirement ralise l' ordinateur(1961); la musique
algorithmique est ne.
BACHELARD Gaston, Le Nouvel Esprit Scientifique, P.U.F., p. 15.
Idem. annonant la nouvelle scientifique, en transmettant du mme coup une pense et une exprience .
33
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
Le fil conducteur entre Pythagore & Bachelard, entre Pierre Barbaud et nous mme est le
nombre inscrit dans les mathmatiques et apparue bien avant l'criture si l'on se rfre l'os
d'Ishango159. L' astrophysicien Jean Paul Mbelek y releva de multiples oprations 160 bases
souvent sur la symtrie dont parlait Gisle de Meur au dbut de notre essai; ce mme
scientifique conoit pour nous la ncessit d'adapter notre prsence au lieu & ses capacits de
rgnrescence161. Notre topo est prcisment cela, de fouiller le lieu de la musique et de donner
naissance d'autres ralits. Prenez quelques notes de musique, faites en une mlodie, il
vous semblera que les notes tombent de la srie initiale. Prenez ensuite cette mlodie et
distance respective inventez-lui son reflet, son double, sa soeur de lait.
Machaut162, rgle sa musique sur l'observation de la nature mme & crit Oisillon ont leur
chapitre - Tenu de sons et de hoqus ; dans le second vers on dcouvre les deux tats de la
musique que sont la mlodie & le rythme, autrement dit la hauteur & la dure, la vibration et
l'ordre. Victor Hugo163 nous rappelle pour qui sait lire entre les lignes que l'accord a toujours
exist chez le rossignol; quant au rythme, le plus simple serait de revenir la prosodie
grecque laissant dfiler dactyle, sponde & troche. Andre Hodeir164 voque en effet la
difficult de jouer certains rythmes d'apparence sduisante mais qu'aucun cerveau
humain ne peut apprcier dans leur ralit concrte & qu'aucune main ne peut jouer en
l'espace de temps voulu par l'auteur .
La question de la musique revue & corrige par la modernit apporte, explique Maurice
Faure165 les mmes sources de bonheur et de tristesse que la musique traditionnelle, autant
que la posie de Mallarm, la prose de Joyce ou encore la peinture de Klee; elle s'accorde
une fois encore aux motions que l'homme a toujours prouves . Chacun des systmes est
selon la dfinition de Thomas Kuhn166 un paradigme c'est dire un modle gnrateur. Bien
sr notre modle n'a rien de la complexit des moyens mis en oeuvres dans Dialogue de l'
Ombre Double de Pierre Boulez; il suffit de se rfrer une des fentres ouvertes par le
logiciel Max, pour s'en rendre compte; le schma qui suit prsentera au lecteur des
connecteurs (patch), des dclancheurs (trigger) ainsi que de longs potentiomtres
verticaux. Deux langages pour une mme ralit: la musique.
159
datant de 20 000 ans d'avant notre re.
160 (10 + 20 + 30 = 60), (9 = 10 -1 , 11 = 10 + 1) & (19 = 20 - 1, 21 = 20 + 1)
161 http://tv.jubii.fr/video/iLyROoaftdY9.html
162 Sur le rpertoire des oiseaux espagnols. Author(s): Daniel Devoto. Source: Revue de musicologie, T. 54e, No. 2e, (1968), pp. 176-205, published by: Socit Franaise de Musicologie.
163 Idem, p.180.
164 Hommes et problmes du jazz, d'Andr Hodeir, est un livre analytique sur le jazz, d. Parenthses, p.109 et sq. violoniste, compositeur, arrangeur,musicologue et crivain
franais
(Paris, 22 janvier 1921)
165 Professeur agrg dhistoire et de gographie, docteur en droit mais galement snateur, maire de Cahors, dput & ministre.
166 Paradigms and Computer Music Author(s): Andrew Gerzso Source: Leonardo Music Journal, Vol. 2, No. 1, (1992), pp. 73-79 Published by: The MIT Press.
34
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
26: Le programme Max utilis dans Dialogue de l' Ombre Double par Pierre
Boulez.
Dans le diagramme prsent ici, on aperoit tous les chemins, toutes les succession d'vnements
raliss par Boulez l'ordinateur.
* *
Epilogue 1
Un autre regard
Pierrot Lunaire
Une simple lecture curieuse du Pierrot lunaire d'Arnold Schoenberg montre qu'il utilisait lui aussi un
systme numrique trs proche du notre. La diffrence essentielle est qu'au lieu d'utiliser la base 12 de
l'horloge de Taneev, il utilisait la base 9 des numrologues o 12 est rduit 3 (12 = 1 + 2) & 167 . Toute
la partition du Pierrot Lunaire168 gravite autour des trois nombres: 3, 7 & 1169 base numrologiste des
lettres mises en notes dans Pierrot Lunaire d'Arnold Schoenberg.
Prsentons au passage la symbolique des nombres voqus; le 3 voque l'art, le 7 la spiritualit tandis
que le nombre 1 voque la cration. Le 11 reprsentera le rve et le 22 la fraternit. Alors que le
procd du Nombre d' Or est d'avantage reconnaissable dans le dcoupage et le choix des
modulations d'une oeuvre comme celle de Bla Bartok, le procd 9 chiffres des numrologues a
pourtant permis A. Schoenberg l'laboration du Pierrot Lunaire o il utilisera la numrologie170 non
seulement dans les notes des thmes de l'oeuvre mais aussi dans le rythme, dans la longueur des
phrases & dans les sections de l'oeuvre; la numrologie est galement prsente dans les cadences &
dans la rptition des notes, dans la formation des accords et des ornementations comme dans les
transpositions.
167
168
35
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
27: base numrologiste des lettres mises en notes dans "Pierrot Lunaire"
d'Arnold Schoenberg.
Notre systme mis jour dans notre trait n'a fait que suivre les traces d'Arnold Schoenberg. Nous
parlions de secrets cachs derrire toute oeuvre; raisonner par accord, cadence ou modulations est
tout aussi complexe que raisonner par suite numrique ou par par combinaison, par symtrie ou
bien par opration arithmtique. Donner enfin un sens, une symbolique toute cette pense sera
peut tre la cl de vote notre mmoire. Prenons l'exemple de Mallarm, l'auteur du pome L'
Aprs Midi D'un Faune crit en 1865 mis en musique par Claude Debussy en 1894 & illustr par
Edouard Manet.
Livre172 de
Dans le pome, apprend-on, les mots ... se refltent les uns sur les autres jusqu' paratre
ne plus avoir leur couleur propre, mais n'tre que les transitions d'une gamme 173; tout n'est
que fonctions & relations, la faon d'une composition musicale .
Mallarm tenait la musique pour le plus algbrique des arts; dcrivant la musique dans un texte
intitul Crise de vers & o il parle de l'ensemble des rapports existant dans le tout 174. Dans une
lettre adresse Villiers de lIsle-Adam 175 il lui crit: J'avais, la faveur d'une grande sensibilit,
compris la corrlation intime de la Posie avec l' Univers.
171 Mallarm and Andrej Belyj: Mathematics and the Phenomenality of the Literary Object, Author(s): Steven Cassedy
Source: MLN, Vol. 96, No. 5, Comparative Literature, (Dec., 1981), pp. 1066-1083, Published by: The Johns Hopkins University Press
172 Que Mallarm appelle galement Grand Oeuvre.
173 Cf. note 148, p.1067. December 1866; Mallarm's emphasis,
174 Idem, p. 1068. (OC, 368).
175
24 septembre 1866.
36
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
Illustration 29: en suivant les doubles brves (U U) indiques par des points on
comprends mieux les acclrations de rythme chez Mallarm.
176
177
37
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
Epilogue 2
Diffusion des Savoirs
De telles recherches n'auraient vu le jour sans la banque de donnes JSTOR la quelle toute carte
d'tudiant donne librement accs; cela nous a permis d'importer des documents au format .pdf
directement chez nous. La navigation par mot-cls est extrmement simple & l' Universit a mme
prvu de nombreux dictionnaires en ligne car beaucoup d'extraits d' ouvrages prsents sont en
anglais, en allemand voire en italien. La diffusion des savoirs pour nous musiciens-compositeurschercheurs ou interprtes est accessible sur quelques sites trs rudits & trs srieux comme celui de
l'Ecole Normale Suprieure178 o sont archivs et donc accessibles la demande de trs nombreuses
confrences.
Pour ne donner qu'un exemple, ayant insr le mot-cl musique une srie de six confrences sont
alors tombes dans mon escarcelle.
Franois-Xavier Jean
178 http://www.diffusion.ens.fr/
179 mission de France Culture du mercredi 19 mars 2008 .
180 Pour retrouver gratuitement toutes les confrences, il suffit de s' inscrire sur la liste de diffusion d'Odile Jacob et de visionner simplement la confrence de son choix.
181 www.tous-les-savoirs.com
38
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
Sources
Bibliographie
BRAGARD Roger, L'Harmonie des Spheres Selon Boce, Source: Speculum, Vol. 4, No. 2,
(Apr., 1929), Medieval Academy of America.
CAMPBELL Florence Evylinn,Your Days Are Numbered by M.A., The Gateway, Ferndale,
Pennsylvania, 1931.
CASSEDY Steven, Mallarm and Andrej Belyj: Mathematics and the Phenomenality of the
Literary Object,, MLN, Vol. 96, No. 5, Comparative Literature, (Dec., 1981), Johns Hopkins
University Press.
CHAILLEY Jacques, Trait Historique d' Analyse, Editions Alphonse Leduc, 175, rue Saint
Honor, 75040 Paris Cdex 01. ISBN 2-85689-037-7.
DEVOTO Daniel Devoto Sur le rpertoire des oiseaux espagnols, Revue de musicologie, T.
54e, No. 2e, (1968), pp. 176-205, Socit Franaise de Musicologie.
GERZSO Andrew, Paradigms and Computer Music in Leonardo Music Journal, Vol. 2, No.
1, (1992)by: The MIT Press.
MARZI Giovanni, De Institutione Musica, trad. Rome, Istituto italiano per la storia della
Musica, 1990.
39
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
VILLENEUVE Andr, Harmonies : dserts fertiles que jinterroge, Circuit, vol. 10, n
1, 1999.
WEINBERG Jacob Weinberg, Sergei Ivanovitch Taneiev, The Musical Quarterly, Vol. 44, No.
1. (Jan., 1958).
Sources
Sur la Toile
http://www.ulb.ac.be/homepage.html
l'Universit Libre de Bruxelles
http://www.les-mathematiques.net/p/p/b/node2.php3
Claude Berge: un mathmaticien clectique
http://classes.bnf.fr/dossitsm/b-quenea.htm.
Raymond Queneau, sur la B.N.F.
http://www.fabula.org/atelier.php?Figures
Fabula est une association de chercheurs spcialiss en littrature
http://www.universalis.fr/encyclopedie/
T228852/ARISTOXENE_DE_TARENTE.htm
Revue
40
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.
http://www.citesciences.fr/francais/ala_cite/science_
actualites/sitesactu/question_actu.phplangue=fr&id_article=4283
Site de la Cit des Sciences
http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Pythagore
documentation sur Pythagore
http://brahms.ircam.fr/index.php?id=250
Site de l' Ircam
http://www.olats.org/schoffer/barbaud1.htm.
Site sur Pierre Barbaud
http://tv.jubii.fr/video/iLyROoaftdY9.html
vido de l'astrophysicien Jean-Paul MBelek
Docteur s sciences de luniversit Pierre et Marie Curie Paris VI
http://www.diffusion.ens.fr/
portail de la Diffusion des savoirs
de l'Ecole Normale Suprieure
www.canal-u.education.fr www.tous-les-savoirs.com
portail de la Diffusion des savoirs
des ditions Odile Jacob
www.lemonde.fr/utls.
Plus de 400 confrences de la Cit des sciences voir et couter en
ligne.
41
Franois-Xavier Jean, tudiant en Master 2 de Recherche: Arts du Spectacle & Musique , Universit Paul Valry
42
Repenser Aujourd'hui Le Contrepoint , Mmoire de master 2 de composition soutenu par FranoisXavier Jean le 18 juin 2008 l' Universit Paul Valry de
Montpellier.