Polycopie Fonctions de Plusieurs Variables

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Avec lintuition on invente,

avec la logique on donne des preuves.


Henri Poincare,
1854-1912

Fonctions de plusieurs variables


reelles
Sciences mathematiques et applications

Pr. Sad Asserda


Universite Ibn Tofail
Faculte des sciences
Departement de mathematiques
BP 242 Kenitra Maroc
[email protected]

Kenitra, 26 septembre 2014

Table des mati`eres

1 Espaces vectoriels norm


es
1.1 Espaces Vectoriels . . . . . . . . . . . . .
1.2 Normes sur un espace vectoriel . . . . . .
1.3 Normes equivalentes . . . . . . . . . . .
1.4 Suites convergentes dans un evn . . . . .
1.5 Applications continues . . . . . . . . . .
1.6 Applications lineaires . . . . . . . . . . .
1.7 Boules, ouverts et fermes . . . . . . . . .
1.8 Voisinage, interieur, adherence, fronti`ere
1.9 Connexite, connexite par arcs . . . . . .
1.10 Densite, compacite, completude . . . . .
1.11 Series dans un evn . . . . . . . . . . . .
1.12 Normes subordonnees . . . . . . . . . . .
1.13 Applications lineaires inversibles . . . . .
1.14 Applications bilineaires continues . . . .
1.15 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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4
4
10
12
17
19
21
24
27
28
32
38
40
47
50
55

2 D
erivabilit
e
2.1 Derivation . . . . . . . . . . . . .
2.2 Inegalite des accroissements finis .
2.3 Integration . . . . . . . . . . . . .
2.4 Formule de Taylor . . . . . . . . .
2.5 Inegalite de Taylor-Lagrange . . .
2.6 Exercices . . . . . . . . . . . . . .

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77
77
78
80
84
85
85

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3 Diff
erentiablilit
e
91
3.1 Notations de Landau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
3.2 Frechet differentiabilite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
2

3.3
3.4
3.5
3.6
3.7
3.8
3.9
3.10
3.11
3.12
3.13
3.14
3.15
3.16

Gateaux differentiabilite . . . . . . . . . . . . . . . .
Fonctions a` valeurs dans Rm . . . . . . . . . . . . . .
Derivees partielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Gradient et matrice jacobienne . . . . . . . . . . . .
Divergence et Rotationnel . . . . . . . . . . . . . . .
Accroissements finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Theor`eme fondamentale de lanalyse . . . . . . . . .
Series dapplications differentiables . . . . . . . . . .
Differentiabilite seconde . . . . . . . . . . . . . . . .
Symetrie des derivees croisees : theor`eme de Schwarz
Laplacien dune fonction . . . . . . . . . . . . . . . .
Formule de Taylor a` lordre 2 . . . . . . . . . . . . .
Developpement limite `a lordre 2 . . . . . . . . . . .
Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4 Extrema Libres
4.1 Compacite et existence dextrema
4.2 Extrema et differentielle premi`ere
4.3 Formes bilineaires symetriques . .
4.4 Extrema et differentielle seconde .
4.5 Extrema dune fonction convexe .
4.6 Inequation dEuler . . . . . . . .
4.7 Exercices . . . . . . . . . . . . . .
5

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Inversion locale et fonctions implicites


5.1 Diffeomorphismes . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.2 Formule de la differentielle de linverse . . . . .
5.3 Enonce du theor`eme dinversion locale . . . . .
5.4 Preuve du theor`eme dinversion locale . . . . . .
5.5 Formulation du probl`eme de fonctions implicites
5.6 Enonce du theor`eme de fonctions implicites . . .
5.7 Preuve du theor`eme de fonctions implicites . . .
5.8 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

6 Extrema li
es
6.1 Motivation . . . . . . . . . . . . . . .
6.2 Encore une motivation . . . . . . . .
6.3 Formulation generale du probl`eme . .
6.4 Theor`eme des extrema lies . . . . . .
6.5 Preuve du theor`eme des extrema lies
6.6 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . .
3

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97
99
104
104
108
110
111
115
117
120
121
121
123

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136
140
141
146
148
151
154

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162
163
165
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171
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180

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189
189
189
190
190
195
198

Chapitre

Espaces vectoriels normes


1.1

Espaces Vectoriels

Un espace vectoriel est un ensemble non vide E o`


u lon a defini une
addition et une multiplication par un nombre reel ( ou complexe
).
D
efinition 1.1.1. Soit + une loi sur E. On dit (E, +) est un groupe
commutatif si :
ement neutre : 0E E verifiant u E : u + 0E = 0E + u = u,
- El
- Symetrie : u E, (u) E : u + (u) = (u) + u = 0E ,
- Associativite : u, v, w E : u + (v + w) = (u + v) + w,
- Commutativite : u, v E : u + v = v + u.
D
efinition 1.1.2. On dit que E est un espace vectoriel sur R ou C si
elles sont definies sur E deux lois + et verifiant :
1- (E, +) a une structure de groupe commutatif ;
2- Homothetie ( dilatation ) : si R ( ou C) et ~u E alors ~u E ;
3- Distributivite de par rapport `a + ( visite ) : pour tous R ( ou
C ) et ~u, ~v E on a (~u + ~v ) = ~u + ~v .
D
efinition 1.1.3. Une partie non vide F dun espace vectoriel E est
un sous espace vectoriel de E si
, R( ou C), u, v F : u + v F
Si (u1 , , up ) sont des vecteurs dun espace vectoriel E, on note par
p
X
Vect((u1 , , up ) := {
k uk : 1 , , p R (ou C)}
k=1

Cest un sous espace vectoriel de E.


Un espace vectoriel E est dite de dimension n si elle existe une famille
de vecteurs {u1 , , un } E telle que
u E ! 1 , , n R( ou C) : u =

n
X

k uk

k=1

Autrement dit {u1 , , un } est libre cest a` dire


n
X

k uk = 0 1 = = n = 0

k=1

et generatrice cest a` dire


E = Vect(u1 , , un )
Un espace vectoriel E est dite de dimension infinie sil existe une famille
infinie
{e1 , e2 , , en , }
telle que pour tout entier non nul p la famille
{ei1 , , eip }
est libre.

Espace euclidien
(Rn , +, .) o`
u Rn = R R R n-fois avec
0

(x1 , x2 , , xn ) + (x1 , x2 , , xn ) = (x1 + x1 , x2 + x2 , , xn + xn )


et
(x1 , x2 , , xn ) := (x1 , x2 , , xn )

Espace des matrices


Soit Rn muni de la base canonique (e1 , e2 , , en ) o`
u
ei = (0, , 0, 1, 0, , 0)
avec 1 dans la i-`eme place.
Soit M(np, R) lensemble des matrices ( des boites ) `a n-lignes et pcolonnes : Pour
M = (aij )1in,1jp ,

N = (bij )1in,1jp M(np, R)


5

on definit
M + N = (aij + bij )1in,1jp Mnp (R)
et
R : ( M ) = (.aij )1in,1jp Mnp (R)
Alors M(np, R) est un R-espace vectoriel de dimension np.
le produit M N := (cij ) M(nm, R) des deux matrices M
M(np, R) et N M(pm, R) est definie par
cij =

p
X

aik bkj

k=1

- Le produit de deux matrices nest possible que si le nombre des colonnes


de la premi`ere est egale au nombre de lignes de la seconde.
- En general M N 6= N M . Comme consequence (M(n, R), ) nest
pas commutatif.
- Aussi M N = 0 nentraine pas que M = 0 ou N = 0 !
- Si M N = N M alors
p

(M + N ) =

p
X

Cpk M k N pk

k=0

Espace des suites num


eriques
On note par ` := ` (N) lensemble des suites reelles bornees i.e
u = (un ) ` (N) si et seulement si il existe une constante M 0
tel que
n N : |un | M
Si u = (un ), v = (vn ) ` , on definit u + v par
(u + v)n = un + vn
et si R :
( u)n := un
On definit le sous espace vectoriel de ` par
C0 = {u = (un ) ` :

lim un = 0}

Cest lensemble des suites convergentes vers 0.


La suite des vecteurs (ek )kN C0 definie par
ek = (0, , 0, 1, 0, )
6

cest la suite dont tous les termes sont nuls sauf la k-`eme place vaut 1.
La famille infinie {e1 , e2 , , ek , } est une partie telle que toute sous
famille finie est libre : en effet si
p
X

k ek = 0 = k = 0, k = 1, 2, ..., p

k=0

De plus elle est generatrice : si u = (un ) C0 on a


u=

+
X

un en

n=0

Par suite C0 et par consequent ` sont de dimension infinie.

Espace de fonctions
Si A R et une parie non vide, on note par
F(A, R) := {f : A R}
lensemble des fonctions definies sur A a` valeurs dans R. Alors (F(A, R), +, .)
est un R-espace vectoriel : si f, g F(A, R) alors f + g est definie par
xA

(f + g)(x) = f (x) + g(x)

et .f est definie par


xA

(.f )(x) = f (x)

En particulier le sous ensemble C(A, R) F(A, R) des fonctions continues sur A est un R-espace vectoriel.

Espace de fonctions Riemann int


egrables
Soit Fb ([a, b], R) F([a, b], R) le sous espace vectoriel des fonctions
bornees sur [a, b] i.e f Fb ([a, b], R) si et seulement si il existe Mf 0
tel que
sup |f (x)| Mf
x[a,b]

Soit f une fonction numerique definie et bornee sur un intervalle [a, b].
On effectue une subdivision de cet intervalle en intervalles disjoints
[xk1 , xk [ tels que
x0 = a < x1 < < xn1 < xn = b et xk xk1 =
7

ba
n

La fonction f est bornee sur [a, b], donc bornee sur chaque [xk1 , xk [. Ils
existent des nombres reels mk , Mk tels que
x [xk1 , xk [ : mk f (x) Mk
On associe les sommes de Darboux
sn =

n
X

n
X
et Sn =
(xk xk1 )Mk

(xk xk1 )mk

k=1

k=1

Geometriquement :
- Le nombre sn represente la somme des aires algebriques des rectangles [xk1 , xk ] [0, mk ] qui sont au dessous du graphe de f .
- Le nombre Sn represente la somme des aires algebriques des rectangles [xk1 , xk ] [0, Mk ] qui sont au dessus du graphe de f .
D
efinition 1.1.4. La fonction f est dite Riemann integrable sur [a, b]
si les sommes de Darboux (sn ) et (Sn ) convergent vers la meme limite.
Cette limite est alors appelee integrale de la fonction f sur [a, b] et note
Z b
f (x)dx = lim sn = lim Sn
n

Le nombre reel

f (x)dx
a

represente laire algebrique situee sous le graphe de f et delimitee par


laxe des abscisses et les verticales x = a et x = b.
La valeur commune, si elles sont egales, est appelee Integrale de Riemann
de f sur [a, b] notee
Z b
f (x)dx
a

Si f, g sont integrables sur [a, b] alors :


- pour tous , R, la fonction f + g est integrable sur [a, b] et
Z b
Z b
Z b
(f + g)(x)dx =
f (x)dx +
g(x)dx
a

- pour tout c [a, b] :


Z b
Z c
Z b
f (x)dx =
f (x)dx +
f (x)dx
a

- si f g sur [a, b] alors


Z

Z
f (x)dx

g(x)dx
a

Z b
Z b


f (x)dx
|f (x)|dx

a

Th
eor`
eme 1.1.5. Toute fonction f continue sur [a, b] est Riemann
integrale sur [a, b].
Comme consequence
Z b
n
1X 
1
(b a) 
lim
=
f a+k
f (x)dx
n n
n
ba a
k=1
On a la formule de la moyenne :
Proposition 1.1.6. Si f est une fonction continue sur [a, b] alors il
existe un point c [a, b] tel que
Z b
1
f (x)dx
f (c) =
ba a
Demonstration. Puisque f est continue sur [a, b], dapr`es le theor`eme de
Weierstrass ils existent , [a, b] tels que
f () = inf f (x) et f () = sup f (x)
x[a,b]

x[a,b]

Par suite
x [a, b] : f () f (x) f ()
On int`egre cette inegalite
Z b
Z b
Z b
dx
f (x)dx f ()
f ()
dx
a

Par suite
1
f ()
ba

Z
a

1
f (x)dx f ()
ba

f (x)dx [f (), f ()]


a

Dapr`es le theor`eme des valeurs intermediares il existe c [, ] [a, b]


tel que
Z b
1
f (c) =
f (x)dx
ba a

On note par R([a, b], R) lensemble des fonctions qui sont Riemannintegrables. Alors (R([a, b], R), +, .) est un R-espace vectoriel :
si f, g R([a, b], R) alors f + g R([a, b], R) car
b

(f + g)(x)dx :=

Z
f (x)dx +

g(x)dx
a

et .f R([a, b], R) car


b

1.2

f (x)dx

f (x)dx =

(.f )(x)dx :=
a

Normes sur un espace vectoriel

D
efinition 1.2.1. Une norme sur un R-espace vectoriel E est une application N : E R+ notee
u E = N (u) := kuk
verifiant les proprietes suivantes :
(1) kuk = 0 si et seulement si u = 0E .
(2) k.uk = ||kuk pour tous u E et R.
(3) ku + vk kuk + kvk pour tous u, v E ( Inegalite de Minkowski,
dite aussi inegalite triangulaire ).
Une norme mesure la taille des vecteurs.
Un espace vectoriel norme est un espace vectoriel muni dune norme.
Pour abreger, on ecrit en general evn=espace vectoriel norme .
Soit Rn muni de la base canonique (e1 , e2 , , en ) o`
u ei = (0, , 0, 1, 0, , 0)
et 1 est dans la i-`eme place. Soit M(np, R) le R- espace vectoriel des
matrices `a n-lignes et p-colonnes : si M = (aij )1in,1jp et N =
(bij )1in,1jp sont dans M(np, R) alors
M + N = (aij + bij )1in,1jp Mnp (R)
et
R : (.M ) = (aij )1in,1jp Mnp (R)
Il est possible de definir de nombreuses normes sur M(np, R).
En voici deux :

10

La premi`
ere norme est issue dune norme sur les vecteurs en utilisant
lisomorphisme M(np, R) ' Rnp : si A = (aij ) M(np, R) , on pose
kAk1 =

p
n X
X

|aij |,

kAk2 =

p
n X
X

i=1 j=1

|aij |2

 21

i=1 j=1

kAk =

max

1in,1jp

|aij |

La norme kk2 est associee au produit scalaire sur M(np, R) dfinie par :
< A, B >:= trace(At B)
o`
u si C = (cij ) M(m, R) est une matrice (m, m) : trace(C) =
et C t = (cji ) sont la trace et la matrice transposee.

Pm

i=1 cii

La deuxi`
eme norme dite subordonnee est issue en regardant A
comme une application lineare entre deux espaces vectoriels
A : (E = Rp , k.kE ) (F = Rn , k.kF )
On pose
kAxkF
xE\{0} kxkE

kAkL(E,F ) = sup

o`
u L(E, F ) est le R-espace vectoriel des applications lineaires de E dans
F.
On note par C([a, b], R) lespace des fonctions continues sur [a, b](a <
b). On definit les applications k.k , k.k1 et k.k2 sur C([a, b], R) en posant
kf k =

sup |f (x)|
x[a,b]

kf k1 =

|f (x)|dx
a

|f (x)|2 dx

kf k2 =
a

Exercice 1.2.2. Soit h : [a, b] [0, +[ une fonction continue. Montrer


Z b
h(t)dt = 0 = h 0
a

11

Exercice 1.2.3. 1- Montrer que k.k , k.k1 sont des normes sur C([a, b], R).
2- En considerant le discriminant du polynome P (t) = kf + tgk22 , etablir
linegalite de Cauchy-Schwarz :
Z b



f (x)g(x)dx kf k2 kgk2 pour tous f, g C([a, b]).

a

Montrer que k.k2 est une norme sur C([a, b], R).

1.3

Normes
equivalentes

D
efinition 1.3.1. Soient N1 et N2 deux normes sur un espace vectoriel
E. On dit que N1 et N2 sont equivalentes si
, R+

tels que

uE

N1 (u) N2 (u) N1 (u)

Si on note par
N (E) = {lensemble de toutes les normes sur E}
on definit la relation R sur N (E) :
N1 R N2 N2 et N2 sont equivalentes
Exercice 1.3.2. Monter R est une relation dequivalence sur N (E).
On note N (E)/R lensemble des classe dequivalence. Si sur (E, k.k)
toutes les normes sont equivalentes alors
N (E)/R = {k.k}
On verra dans la suite, que cest le cas si E est de dimension finie.
Ils existent deux constantes n , n qui ne dependent que de n tels
que
u, v Rn : n kuk kuk1 n kuk
En fait le theor`eme suivant nous dit que dans un espace vectoriel de
dimension finie, ce qui va nous interesser pour la suite, le choix de la
norme na aucune importance.
Th
eor`
eme 1.3.3. Sur un espace vectoriel de dimension finie, toutes les
normes sont equivalentes.
12

Demonstration. La preuve du theor`eme repose sur une recurrence sur


la dimension n et le fait que toute suite de Cauchy dans R est convergente. Il nest pas necessaire de se plonger `a fond dans les details de
la demonstration, par contre il est tr`es important de savoir utiliser de
theoreme.
Puisque tout espace vectoriel de dimension finie n 1 est isomorphe
a` Rn , il sagit donc de montrer que toutes les normes sur Rn sont
equivalentes. Pour cela il suffit de montrer que toute norme sur Rn est
equivalente `a k.k .
Etape 1 . Si k.k est une norme sur Rn , il existe une constante > 0 telle
que
k.k k.k
En effet, si (e1 , e2 , , en ) est la base canonique de Rn et u = (u1 , , un )
Rn alors
n
X



kuk =
uj ej

j=1
n
X

kuj ej k

j=1
n
X

|uj kej k kuk

j=1

n
X

kej k

j=1

car |uj | kuk pour tout j. Il suffit de prendre =

Pn

j=1

kej k.

Etape 2 . Si k.k est une norme sur Rn il existe une constante > 0 telle
que
u Rn : kuk kuk
Cest la partie difficile. On demontrer le resultat par recurrence sur la
dimension n.
Si n = 1 et k.k est une norme sur R alors
kuk = ku 1k = |u| k1k = kuk
et = k1k > 0.

13

Supposons le resultat vrai pour n 1, et demontrons le pour n + 1.


Soit k.k une norme sur Rn+1 , on veut montrer quil existe > 0 tel que
u Rn+1

kuk kuk

Raisonnons par labsurde : supposons quil nexiste pas de constante


> 0 tel que k.k k.k. Cela signifie que pour tout > 0 on peut
trouver un vecteur u Rn+1 tel que
ku k < ku k
Puisque linegalite est stricte, on a alors ku k 6= 0. On peut definir
u
ku k

v =
On a

kv k = 1 et kv k =

1
ku k <
ku k

En prenant = k1 avec k N , on pose vk := v . On obtient une suite


de vecteurs (vk ) Rn+1 de norme 1 pour la norme infini et tend vers 0
pour la norme k.k :
kvk k = 1 et

lim kvk k = 0

On ecrit vk = (vk1 , vk2 , , vkn+1 ) les coordonnees de vk dans la base


canonique de Rn+1 . Par definition de k.k , pour tout entier k N on
peut trouver un indice jk {1, 2, , n + 1} tel que
kvk k = |vkjk | = 1
Puisquil y a une infinite dentiers k et un nombre fini dindice j
{1, 2, , n+1}, il existe au moins un j {1, 2, , n+1} tel que jk = j
pour une infinite de k. On peut supposer par exemple que j = n + 1 et
on obtient ainsi une sous suite (wk ) de (vk ) telle que
|wkn+1 | = 1 wkn+1 = 1
Il y a donc une infinite de k tels que
wkn+1 = 1
ou une infinite de k tels que
wkn+1 = 1
14

On peut donc supposer quon est dans la premier cas, ce qui donne une
sous suite (k ) de (wk ) ( et donc de (vk ) ) telle que pour une infinite de
k on a
kn+1 = 1 pour tout k N
En resume on a trouve une suite de vecteurs (k ) Rn+1 telle que pour
k assez grand
kk k = |kn+1 | = 1 et lim kk k = 0
k

Constatation :
p, q N

assez grands

pn+1 = qn+1

Ce qui permet de considerer p q comme vecteur de Rn en utilisant


lidentification
Rn = Rn {0} Rn+1
On utilise maintenant lhypoth`ese de recurrence : puisque la restriction
de k.k sur Rn = Rn {0} est une norme, il existe une constante c > 0
tel que
u Rn = Rn {0} : ckuk kuk
On en deduit alors que pour tous p, q N assez grands et pour tout
j {1, 2, , n} :
()

1
|qj pj | kq p k
c

Dautre part , dapr`es linegalite triangulaire


kq p k kq k + kp k
et donc
kq p k 0 quand q, p
Dapr`es () pour tout j {1, 2, , n} la suite (kj )kN est une suite
de Cauchy dans R, et est donc convergente ( crit`ere de Cauchy ). Pour
chaque j {1, 2, , n}, il existe un nombre reel j tel que
lim kj = j

On pose := ( 1] , 2 , , n , 1) Rn+1 on a pour tout j {1, 2, , n+


1}
lim kj = j
k

15

car kn+1 = 1 pour tout k N . Par definition de la norme k.k , cela


entraine que
lim kk k = 0
k

Dapr`es letape 1 on a k.k ck.k , on en deduit


lim kk k = 0

Dapr`es linegalite triangulaire, on a pour tout k N assez grand


kk kk k + kk k
Puisque kk k 0 et kk k 0 quand k tend vers linfini, on en
deduit en faisant tendre k vers linfini que kk = 0. Puisque k.k est une
norme, cela signifie que
=0
Mais ceci est absurde puisque la (n + 1)-i`eme composante de est egale
a` 1. On a donc obtenu une contradiction.
Remarque 1.3.4. 1- Si E est de dimension finie toutes les normes sur E
sont equivalentes grace au theor`eme precedent.
2- Si E est de dimension infinie, pour montrer que deux normes N1 et
N2 sur E sont equivalentes, il faut revenir a` la definition : cest a` dire
montrer
, R+ , u E : N1 (u) N2 (u) N1 (u)
3- Si E nest pas de dimension finie , pour montrer que deux normes
N1 et N2 sur E ne sont pas equivalentes : il faut construire une suite
(un ) E \ {0} telle que
N1 (un )
N2 (un )
= + ou lim
= +
n N2 (un )
n N1 (un )
Exemple 1.3.5. Il existent un evn E de dimension infinie et deux
normes sur E qui ne sont pas equivalentes. En effet On consid`ere E =
C([0, 1], R) muni des deux normes
Z 1
kf k1 =
|f (x)|dx et kf k = sup |f (x)|
lim

x[0,1]

Soit la suite de fonctions fn (x) := xn continues sur [0, 1]. On a


Z 1
1
kfn k = 1 et kfn k1 =
tn dt =
n+1
0
Par suite
kfn k
lim
= +
n kfn k1
16

1.4

Suites convergentes dans un evn

D
efinition 1.4.1. Soient (E, k.k) un evn, (uk ) une suite delements de
E et u E. On dit que la suite (uk ) converge vers u si
lim (kuk uk) = 0

Avec les quantificateurs


 > 0, N N, k N

kuk uk .

Remarque 1.4.2. Les suites convergentes restent les memes si on remplace la norme par une norme equivalente. En particulier dans un espace vectoriel de dimension finie, les suites convergentes sont les memes
quelle que soit la norme utilisee et on peut parler de convergence sans
faire explicitement reference `a aucune norme.
Exemple 1.4.3. 1- Une suite (uk ) Rn converge dans Rn ( pour
nimporte quelle norme ) si et seulement si elle converge coordonnee
par coordonnee . Autrement dit si on ecrit uk = (u1k , , unk ) et u =
(u1 , , un ), alors uk u si et seulement si
ujk uj ,

j {1, 2, , n}

Par equivalence des normes, il suffit de le voir pour la norme k.k :


exercice facile quil faut savoir absolument le faire.
2- Une suite (fk ) C([a, b]) converge pour la norme k.k si et seulement
si elle converge uniformement sur [a, b]. Pour cette raison la norme k.k
sappelle la norme de la convergence uniforme.
D
efinition 1.4.4. Une suite (uk ) dans un evn E est dite bornee si
M 0, k N : kuk k M
Remarque 1.4.5. Toute suite convergente est bornee.
La reciproque est fausse : il suffit de penser a` un = (1)n dans R.
D
efinition 1.4.6. Soit (un ) E une suite. Une suite extraite de (uk )
est une suite (vk ) (un ) qui secrit sous la forme
vk = u(k)
o`
u : k N (k) N est une application strictement croissante.
17

Exemple 1.4.7. La suite vn = sin(2n ) est une suite extraite de un =


sin(n) avec (k) = 2k o`
u R.
Le tr`es important resultat suivant donne cependant une reciproque
partielle en dimension finie qui est la generalisation en plusieurs variables
du theor`eme de Bolzano-Weierstrass dans (R, |.|).
Th
eor`
eme 1.4.8. ( Bolzano-Weiestrass )
Toute suite bornee dans un evn de dimension finie possede une sous
suite convergente.
Demonstration. Par equivalence des normes en dimension finie, il suffit
de le voir lorsque E est Rn muni de la norme k.k .
Soit (uk ] une suite bornee dans (Rn , k.k ). On ecrit
uk = (u1k , u2k , , unk )
Soit M > 0 tel que
k N : kuk k M
On a pour tout entier k et j {1, 2, , n}
|ujk | M
La suite (u1k ) est bornee dans R. Dapr`es le theor`eme de Bolzano-Weierstrass
dans R, on peut trouver une sous suite
(u1(k)1 )
de (u1k ) qui converge vers l1 R.
La suite sous suite (u2(k) ) de (u2k ) est bornee dans R, on peut trouver
une sous suite
(u2 (k) )
de (u2(k) ) qui converge vers l2 R. Par suite (u2 (k) ) est une sous suite
de (uk ) telle que
u12 (k) l1 et u22 (k) l2
En poursuivant ce raisonnement , on obtient apr`es n extraction une sous
suite (vk ) de (uk ) et n nombres reels l1 , l2 , , ln tels que
lim vkj = lj pour tout j {1, 2, , n}

Si on pose u = (l1 , , ln ) alors (vk ) converge vers l coordonnee par


coordonnee , et donc au sens de la norme k.k .
18

Exemple 1.4.9. En general, le theor`eme de Bolzano-Weierstrass


nest
PN
i
pas valide en dimension infinie. En effet , soit P (X) =
a
X

i= i
R[X]. On definit une application k.k1 : R[X] R par
kP k1 =

N
X

|ai |

i=0

Il est claire que k.k1 est une norme sur R[X].


Soit (Pn )n0 R[X] definie par
Pn (X) = X n , n = 0, 1,
On a kPn k1 = 1 et n 6= m : kPm Pn k1 = 2. Aucune sous suite de
(Pn ] ne possede de sous suite convergente.

1.5

Applications continues

D
efinition 1.5.1. Soient E et F deux evn et soit A E. On dit quune
application f : A \ {a} F admet une limite ` F suivant A au point
a A si
lim
kf (u) lkF = 0
uA,kuakE 0

Autrement dit avec les quantificateurs :


 > 0, = (a, ), u A : ku akE = kf (u) `)kF 
La limite, quand elle existe, reste la meme si on remplace les normes
par des normes equivalentes.
D
efinition 1.5.2. Soient E et F deux evn et soit A E. On dit quune
application f : A F est continue au point a A si
lim

kuakE 0

kf (u) f (a)kF = 0

Autrement dit avec les quantificateurs :


 > 0, = (a, ), a A : ku akE = kf (u) f (a)kF 
On dit quune application f : A F est continue sur A si elle est
continue en tout point a A.
Les applications continues restent les memes si on remplace les normes
par des normes equivalentes.
19

Exercice 1.5.3. Monter que si (E, k.k) est un evn alors lapplication
u kuk est continue sur E.
D
efinition 1.5.4. Soient E et F deux evn et soit A E. On dit quune
application f : A F est uniformement continue sur A si
 > 0, = (), u, v A : ku vkE = kf (u) f (v)kF 
Le ne depend pas de a dans la definition de la continuite uniforme.
Remarque 1.5.5. Les applications uniformements continues restent les
memes si on remplace les normes par des normes equivalentes.
La continuite uniforme entraine trivialement la continuite mais la
reciproque est fausse. En effet, soit f :]0, 1] R definie par
f (x) =

1
x

f nest pas uniformement continue sur ]0, 1]. En effet, si f est uniformement continue sur ]0, 1], dans la definition on prend  = 1 , u = 2x
et v = x avec 0 < x < . On aura
1
1
1

1
x ]0, [ : =
2x x
2x
Cest absurde car f a pour limite + a` droite de 0.
D
efinition 1.5.6. On dit quune application f : A F est lipschitzienne sil existe une constante C < telle que
u, v A

kf (u) f (v)kF Cku vkE

Il est clair que toute application Lipschitzienne sur A est continue


en tout point a A : il suffit de prendre (a, ) = /C.
Les applications coordonnees sont continues sur Rn : pour tout j
{1, 2, , n} lapplication j : Rn R definie par
j (x1 , x2 , , xn ) = xj
est continue sur Rn . On munit Rn de la norme infinie k.k . Si x, y Rn
on a
|j (x) j (y)| = |xj yj | kx yk
ce qui prouve que j est 1-lipschitzienne, donc continue.
20

1.6

Applications lin
eaires

Bien que facile a` montrer, le theor`eme suivant est tr`es important.


Dans la pratique, cest toujours en utilisant ce theor`eme quon montre
quune application lineaire est continue, et pas en revenant a` la definition
de la continuite.
Th
eor`
eme 1.6.1. Soient E et F deux evn. Si L : E F une application lineaire alors
L est continue C 0 telle que u E : kL(u)kF CkukE
Demonstration. Supposons que L est continue. Alors L est continue en
0, donc on peut trouver > 0 tel que
kL(v) L(0)kF 1
pour tout v E verifiant kv 0kE , autrement dit
kvkE = kL(v)kF 1
Soit maintenant u E quelconque avec u 6= 0. Alors v =
kvk = , et on a donc
 u 


L
1
kukE F

u
kuk

verifie

Mais

 u 





L(u)
=
L
kukE F
kukE
F

kL(u)kF
=
kukE
donc linegalite precedente secrit
1
kL(u)kF kukE

Ceci reste evidemment vrai pour u = 0 et on a donc montre que (ii) est
verifiee avec C = 1/.
Supposons que (ii) est verifiee pour une certaine constante C. Pour tous
u, v E, on a lors ( par linearite de L )
kL(u) L(v)kF = kL(u v)kF Cku vkE
ce qui montre que L et C-lipschitzienne et donc continue.
21

Corollaire 1.6.2. Si E est de dimension finie, alors toute application


lineaire L : E F est continue.
Demonstration. Puisque toutes les normes sont equivalentes sur E, on
peut supposer que E = (Rn , k.k ). Notons
Pn (e1 , e2 , , en ) la base canon
nique de R . Si u = (u1 , u2 , , un ) = 1 uj ej E alors
n
n
X

X





kL(u)kF = L
uj ej =
uj L(ej )
F

j=1

j=1

Par suite
kL(u)kF

n
X

|uj |kL(ej )kF kuk

j=1

Il suffit de prendre C =

n
X

kL(ej )kF

j=1

Pn
1

kL(ej )kF .

Remarque 1.6.3. Si E nest pas de dimension finie, une application


lineaire E E nest pas automatiquement continue.
Exemple 1.6.4. Soit E = C([0, 1], R) muni de la norme
s
Z 1
Z 1
kf k1 =
|f (t)|dt ou kf k2 =
|f (t)|2 dt
0

On considere lapplication E R definie par


T (f ) = f (1)
Alors T est trivialement lineaire mais nest pas continue.
En effet, si T est continue il va existe une constante C > 0 tel que
f E : |T (f )| Ckf k1
Si on prend la suite fn (t) = tn alors T (fn ) = 1 et
s
Z 1
Z 1
1
1
|fn (t)|dt =
ou
|f (t)|2 dt =
n+1
2n + 1
0
0
Par suite
nN : 1

C
n+1
22

C
ou 1
2n + 1

Ceci est absurde si n .


Par contre si E est muni de la norme infinie
kf k = sup{|f (x)| : x [0, 1]}
alors T est continue car
|T (f )| = |f (1)| kf k
On a une caracterisation de la continuite par les suites identique a`
celle dune seule variable reelle.
Proposition 1.6.5. Soit A E une partie non vide de E. Pour une
application f : A F , les proprietes suivantes sont equivalentes :
(i) f est continue au point a A,
(ii) pour toute suite (uk ) A convergent vers a, la suite (f (uk )) F
tend vers f (a).
Demonstration. La demonstration est identique dans le cas dune seule
variable : f : A R R. On remplace les valeurs absolues par les
normes. Il faut absolument savoir faire la demonstration !
Corollaire 1.6.6. Soit f : A E Rn quon ecrit f = (f1 , , fn ).
Alors f est continue au point a A si et seulement si chaque
fj : A E R
est continue au point a.
Demonstration. La preuve est une consequence directe de la proposition
precedente car la convergence dans Rn est la convergence coordonnee
par coordonnee .
La caracterisation sequentielle de la continuite entraine que la continuite est preservee par somme, produit, ( pour les fonctions a` valeurs
reelles ou complexes ), quotient ( quand il est defini ), composition (
quand elle a un sens ).
Remarque 1.6.7. En une variable reelle, si une fonction f est discontinue
en t0 alors
0

fd (t0 ) := lim+ f (t) 6= f (t0 ) ou bien fg (t0 ) := lim f (t) 6= f (t0 )


tt0

tt0

ou bien si lune de deux limites nexistent meme pas.

23

En revanche si f : Rn R est discontinue en x0 , il existe


une infinite de mani`ere darriver a` x0 . Si par exemple x0 = (0, 0) R2 ,
on peut arriver en (0, 0) selon les axes Ox et Oy de quatre mani`eres ou
selon y = 4x de deux mani`eres ou plus generalement par nimporte
quelle courbe continue en (0, 0) : on peut parvenir a` (0, 0) suivant une
infinite de directions et de courbes.
Par contre, quand on dit (x, y) (0, 0), cela signifie que x 0
et y 0 au meme temps : ce qui intervient dans la definition de la
continuite. On parvient `a (0, 0) suivant deux directions libres : suivant
un morceau dune surface du plan.
Lorsquon fait converger une fonction selon une direction particuli`ere,
on ne peut avoir aucune garantie que la valeur trouvee en passant a` la
limite est la limite de la fonction.
Pour demontrer quune fonction de plusieurs variables est discontinue en x0 Rn , il suffit de trouver de deux directions particuli`ers
afin de trouver deux limites differentes selon ces directions ou encore de
parvenir a` faire diverger la fonction selon une direction.
Exemple 1.6.8. La fonction
xy
si (x, y) 6= (0, 0)
+ y2
f (0, 0) = 0 si (x, y) = (0, 0)

f (x, y) =

x2

nest pas continue en (0, 0) car suivant la direction y = x elle vaut


1
6= f (0, 0).
2

1.7

Boules, ouverts et ferm


es

D
efinition 1.7.1. Soit E un evn, a E et r 0.
La boule ouverte de centre a et de rayon r, notee B(a, r), est lensemble
des points u E verifiant ku ak < r :
B(a, r) := {u E : ku ak < r}
La boule ferme de centre a et de rayon r, notee B(a, r), est definie par
B(a, r) := {u E : ku ak r}
24

Exemple 1.7.2. - Si E = R muni de la valeur absolue, alors B(a, r)


est lintervalle ouvert ]a r, a + r[ et B(a, r) = [a r, a + r].
- Si E = C muni de la norme module si z = x + iy : |z| = k(x, y)k2
alors B(a, r) et le disque ouvert de centre a et de rayon r, et B(a, r) est
le disque ferme correspondant.
- Si E = (R2 , k.k ) alors B(a, r) est le carre de centre a dont les cotes
sont parall`elles aux axes et de longueur 2r.
D
efinition 1.7.3. Soit E un evn. On dit quun ensemble E est un
ouvert de E si
a , r(a) > 0, tels que B(a, r)
Cest a` dire a` chaque fois quon se donne un point a on peut
trouver une boule de centre a et de rayon non nulle qui soit contenue
dans .
Proposition 1.7.4. Soit E un evn. la famille des ouverts de E verifie
les proprietes suivantes :
(a) et E sont des ouverts,
(b) toute reunion douverts est un ouvert,
(c) toute intersection finie douverts est un ouvert.
Demonstration. un exercice quil faut savoir faire. Il suffit juste de sinspirer du cas E = (R, |.|).
Remarque 1.7.5. Si E est un ensemble quelconque, une famille de parties
de E verifiant (a), (b) et (c) de la proposition, est appellee une topologie
sur E.
D
efinition 1.7.6. Soit E un evn. On dit quun ensemble A E est
un ferme de E sil poss`ede la propriete suivante :
chaque fois quune suite (uk ) A converge dans E alors sa limite
appartient encore `a A, qui se traduit par les quantificateurs :
(un ) A, lim un = ` E = ` A
n

Exercice 1.7.7. 1- Montrer que , E et toute boule ferme de E sont


des fermes de E.
2- Montrer quun ensemble C E est ferme si et seulement si son
complementaire E \ C est un ouvert.
3- Montrer que si E est un evn, alors la famille des boules fermees de
E est stable par intersection quelconque et reunion finie.
25

La proposition suivante caracterise la continuite en termes douverts


ou fermes. Dans la pratique, cest presque toujours ce resultat quon
utilise pour verifie quun ensemble est ouvert ou freme.
Proposition 1.7.8. Soient E et F deux evn, E un ouvert et
: F . Les proprietes suivantes sont equivalents :
(i) est continue sur ,
(ii) 1 (V ) est ouvert de , pour tout ouvert V F ,
(iii) 1 (C) est ferme dans pour tout ferme C F .
Demonstration. Cest une conequence de la proposition precedente et
le fait que 1 (F \ A) = \ 1 (A) pour tout ensemble A F . Il est
clair que (ii) et (iii) sont equivalentes.
Exemple 1.7.9. Lensemble
= {(x, y) R2 : x 6= y, x + y > 3, x2 + y 2 < 6}
et un ouvert de R3 et lensemble
C = {(x, y, z) R3 : |x y| 5, x6 + y 2 z 4 = 1}
est un ferme de R4 .
En effet soient 1 , 2 et 3 les trois fonctions de R2 dans R definies par
1 (x, y) = x y,

2 (x, y) = x + y,

3 (x, y) = x2 + y 2

Elles sont continues et


1
1
= 1
1 (R \ {0}) 2 (]3, +[) 3 (] , 6[)

Comme
R \ {0}, ]3, +[ et

] , 6[

sont des ouverts de R, on voit donc que apparait comme lintersection


de trois ouverts de R3 . On en deduit que est ouvert. On montre de la
meme mani`ere que C est un ferme de R3 .
Remarque 1.7.10. Ce quil faut retenir de ces deux exemples est la chose
suivante :
- un ensemble defini par un nombre fini de non-egalites et dinegalites
strictes est ouvert.
- un ensemble defini par un nombre fini degalites et dinegalites
larges est ferme.
26

Exemple 1.7.11. Lensemble Gl(n, R) des matrices inversibles est un


ouvert de M(n, R). En effet , si on pose (M ) = det(M ), dapr`es la
definition du determinant si M = (aij )1i,jn alors
X
det(M ) =
()a1(1) a2(2) an(n)
Sn
2

qui est une fonction continue par rapport aux variables (aij )1i,jn Rn
comme produits de fonctions continues . Comme
GL(n, R) = {M M(n, R) : det(M ) 6= 0} = 1 (R )
cest alors un ouvert.

1.8

Voisinage, int
erieur, adh
erence, fronti`
ere

D
efinition 1.8.1. Soit E un evn et A E. On dit quun ensemble
V E est un voisinage de A si
a A, r(a) > 0 tel que B(a, r(a)) V
Exemple 1.8.2. Si E = R alors ]0, 1] {2} est un voisinage de 1/2
mais de {2}.
D
efinition 1.8.3. Soit E un evn et A E. Soit a A. On dit que a
est un point interieur `a A si
r(a) > 0 tel que B(a, r(a)) A
Exemple 1.8.4. Si E = R2 alors le point (1/2, 0) est un point interieur
`a ]0, 1[R mais pas le point (0, 0).
D
efinition 1.8.5. Sot E un evn et A E. Un point a E est un point
daccumulation de A si
r > 0 lensemble B(a, r) A est infini
Exemple 1.8.6. Si E = R le point 0 est un point daccumulation de
]0, 1] {2} mais pas 2.
D
efinition 1.8.7. Soit E un evn et A E. On dit que a A est un
point isole dans A si
r(a) > 0 tel que B(a, r(a)) A = {a}
27

Exemple 1.8.8. Si E = R le point 2 est un point isole dans A =


]0, 1] {2} mais pas 0.
D
efinition 1.8.9. Sot E un evn et A E.
Un point a E est dit adherent `a A si a est un point isole ou daccumulation dans A.
Exemple 1.8.10. Si E = R les points 0 et 2 sont des points adherents
`a A =]0, 1] {2}.
D
efinition 1.8.11. Soit E un evn et A E.
Un point a E est un point fronti`ere de A si a est adherent `a A et nest
pas interieur `a A.
Exemple 1.8.12. Si E = R2 le points (0, 0) est un point fronti`ere de
]0, 1[R et (1/2, 0) ne lest pas.

1.9

Connexit
e, connexit
e par arcs

D
efinition 1.9.1. Soit un ouvert non vide dun evn E. On dit que
et connexe dans E sil est impossible de partitionner en deux ouverts
disjoints non vides.
Autrement dit :
6 0 , 1 ouverts de E tels que : = 0 1 et 0 1 =
D
efinition 1.9.2. On appelle ligne brisee dans un evn E, tout ensemble
L constitue dun nombre fini de segments mis bout `a bout ( pouvant
eventuellement se recouper ).
Autrement dit tout ensemble du type
L = [a0 , a1 ] [a1 , a2 ] [aN 1 , aN ]
o`
u les ai sont des points de E et le segment
[ai1 , ai ] := {(1 t)ai1 + tai : t [0, 1]}
De mani`ere equivalente, une ligne brisee L dans E est limage dune
application
: [0, 1] E

28

continue et affine par morceaux.


Affine par morceaux veut dire : il existe une subdivision
{t0 = 0, t1 , , tN 1 , tN = 1}
de [0, 1] telle que
|[ti ,ti+1 ] : [ti , ti+1 ] E
est une application affine pour tout i {0, 1, , N 1} cest a` dire de
la forme t tui + vi o`
u ui , vi E.
Remarque 1.9.3. Les deux definitions precedentes, dun ligne brisee L
dans un evn E, sont equivalentes.
Proposition 1.9.4. Soit E un evn. Pour un ouvert E, les proprietes suivantes sont equivalentes :
(i) est connexe,
(ii) Si u et v sont deux points de , il existe une ligne brisee L : [0, 1]
E telle que :
1- L([0, 1]) ,
2- L(0) = u et L(1) = v.
Autrement dit : deux points de peuvent etre joints par une ligne
brisee dans . Si verifie (ii), on dit aussi que est connexe par lignes
brisees.
Demonstration. Pour montrer (i) entraine (ii), supposons que est
connexe. Soit u un point fixe. Il suffit de montrer que tout point v
peut etre joint a` u par une ligne brisee dans car u est arbitrairement
choisi dans . On note
0 = {v qui peut etre joint a` u par une ligne brisee dans }
et
1 = \ 0
Il sagit de montrer que 1 = . Comme est suppose connexe et
comme 0 est non vide ( il contient u grace a` la ligne brisee triviale
L = [u, u]), il suffit de montrer que 0 et 1 sont des ouverts.
Soit v 0 quelconque et choisissons une ligne brisee L joignant u
a` v.
Comme est un ouvert, on peut trouver r > 0 tel que
B(v, r)
29

Si w B(v, r) alors le segment [v, w] est contenu dans B(v, r) et donc


dans , car la boule B(v, r) est convexe.
Par consequent, la ligne brisee Lw = L [v, w] est contenue dans et
joint evidemment u a` w.
Ainsi tout w B(v, r) appartient `a 0 , autrement dit
B(v, r) 0
On a donc montre que 0 est un ouvert.
Soit maintenant v 1 quelconque, et choisissons r > 0 tel que
B(v, r)
Si on pouvait joindre u a` un point w B(v, r) par une ligne brisee
L , alors on pourrait relier u a` v par la ligne brisee L [w, v] (
qui est contenue dans par convexite de B(v, r) ). Mais ceci est exclu
puisque v 1 . Par consequent, aucun point w B(v, r) ne peut etre
joint `a u, autrement dit
B(v, r) 1
Cela montre que 1 est egalement ouvert.
Montrons maintenant que (ii) entraine (i). On raisonne par labsurde
en supposant que (ii) est verifie mais que (i) ne lest pas. On peut donc
ecrire = 0 1 o`
u 0 et 1 sont des ouverts non vides et
0 1 =
Choisissons un point u0 0 et un point u1 1 . Dapr`es (ii), on peut
trouver une application continue et affine par morceaux : [0, 1] E
telle que
(0) = u0 , (1) = u1
et
t [0, 1] : (t)
On pose
A = {t [0, 1] : (t) 0 }
- A est non vide car 0 A qui correspond a` (0) = u0 0 .
- A est majore par 1.
Dapr`es le theor`eme de la borne superieure
l = sup(A)
30

existe et fini. On a
(a) = 0 1
On va montrer que
(a) 6 0

et (a) 6 1

ce qui entraine une contradiction.


Par definition de a, on peut trouver une suite (lk ) A telle que
lim lk = l

Par continuite de au point l, on a


lim (lk ) = (l)

Puisque (lk ) 0 E \ 1 pour tout entier k, et E \ 1 est ferme


dans E, on en deduit que (l) E \ 1 , autrement dit (l) 6 1 .
Supposons que (l) 0 . Alors a < 1 car (1) = v 1 et 0 1 =
. Comme 0 est un ouvert et que est continue au point a , on peut
trouver > 0 tel que
t [0, 1], |t a| = (t) 0
Puisque a < 1, on en deduit quon peut trouver un t > a verifiant
(t) 0 : mais cela contredit la definition de a.
On a donc montre que
(a) 6 0
Ce qui ach`event la demonstration de (ii) = (i).
Corollaire 1.9.5. Si E est un evn, alors tout ouvert convexe de E est
connexe. En particulier, E lui meme est connexe.
Remarque 1.9.6. La proposition a un grand interet pratique : il est souvent beaucoup facile de montrer quun ouvert concret verifie la propriete (ii) que de prouver quil ne peut pas etre partitionne en deux
ouverts non vides disjoints.
D
efinition 1.9.7. Une partie A de dun evn E est dite connexe par arcs
si pour tous u, v A on peut trouver un un chemin continu joignant

31

u `a v dans A cest `a dire une application continue : [0, 1] E telle


que
(0) = u, (1) = v
et
t [0, 1] : (t) A.
Exemple 1.9.8. Si est E est connexe par lignes brisees alors
est connexe par arcs.
Proposition 1.9.9. Un ouvert dun evn E est connexe si et seulement
si il est connexe par arcs.
Demonstration. Donner la preuve !

1.10

Densit
e, compacit
e, compl
etude

D
efinition 1.10.1. Soit A B E deux parties non vide dun evn
k.k
(E, k.k). On dit que A est dense dans (B, k.k) si A = B. Autrement
dit
A

k.k

= B b B, une suite (an ) A tels que lim kan bk = 0


n

Cest `a dire tout element de B est limite, pour la norme k.k, dune suite
delements de A.
Exemple 1.10.2. Q est dense dans R : tout reel x R+ admet une
decomposition decimal
+
X
ak
avec a0 N, ak {0, 1, , 9}
k
10
k=1
= a0 , a1 a2 ak

x = a0 +

Exemple 1.10.3. Soit GL(n, R), lensemble des matrices inversibles,


qui est un ouvert de M(n, R) muni de la norme k(aij )k = max |aij |. On
veut montrer que GL(n, R) est dense dans M(n, R).
Pour ce faire, soit M M(n, R). on va montrer quil existe  > 0 tel
que
] , [ : M In GL(n, R)
On aura alors
1
M = lim (M In )
k
p

et si p >> 1
32

1
(M In ) GL(n, R).
p

On consid`ere le polynome caracteristique de M :


PM () := det(M In )
On note (i )1iN les racines reelles de PM . On pose
=

1
min{|i : 1 i N }
2

On a
] , [ : PM () 6= 0
Donc
] , [ : (M In ) GL(n, R)
Par suite
1
M = lim (M In )
k
k

et si k >> 1

1
(M In ) GL(n, R)
k

D
efinition 1.10.4. Soit E un evn, et K E. On dit que K est compact
dans E si pour toute suite (uk )kN K, on peut extraire une sous suite
convergente dont la limite appartient `a K.
Autrement dit avec les quantificateurs :
K est compact si et seulement si
(un ) K, (u(n) ) (un ) et ` K tels que lim ku(n) `k = 0
n

Les ensembles compactes restent les memes si on remplace la norme


par une norme equivalente. On peut donc parler de compacts dans un
espace vectoriel de dimension finie sans faire explicitement reference a`
une norme.
Proposition 1.10.5. Dans un evn de dimension finie les ensembles
compactes sont exactement les ensembles fermes et bornes.
Demonstration. En effet, soit E un evn de dimension finie. Dapr`es
lexercice precedent, il suffit de montrer que si K est ferme et borne
alors K est compact. Soit (uk ) K une suite quelconque delements de
K. Puisque K est borne alors (uk ) est bornee aussi. Comme E est de
dimension finie, on peut applique le theor`eme de Bolzano-Weierstrass
1.2.11 : la suite (uk ) possede une sous suite convergente (u(k) ). De plus,
comme K est ferme dans E, la limite de la suite (u(k) ) appartient `a
K.

33

Remarque 1.10.6. 1- En dimension finie, pour montrer quun ensemble


est bornee, on peut choisir la norme quon veut par equivalence des
normes.
2- Lensemble K = {(x, y) R2 : x2 + 3y 2 1} est un compact de
R2 . En effet, il est claire que E est ferme ( il est defini par une inegalite
large ). De
plus, si u = (x; y) K alors x2 1 et y 2 1/3 i.e |x| 1
et |y| 1/ 3. Donc kuk 1 pour tout u K et par consequent K
est borne.
Limportance de la compacite vient du theor`eme de Weierstrass.
Th
eor`
eme 1.10.7. Soit K un compact dun evn E. Si f : K R est
une fonction continue, alors f est bornee et atteint ses bornes. Autrement dit : ils existent a, b K tels que
f (a) = inf f (x)
xK

et f (b) = sup f (x)


xK

Demonstration. On se contente de montrer que f est majoree et atteint


sa borne superieure ( meme raisonnement pour la borne inferieure ).
Soit
M := sup{f (u) : u K}
Par convention on pose
sup A =
pour un ensemble A non majore.
Par definition de la borne superieure M :
 > 0, u K tels que M f (u ) + 
En prenant  = 1/k avec k N , on peut trouver une suite (uk ) K
telle que
lim f (uk ) = M
k

Comme K est compact, on peut extraire une sous suite (u(k) ) telle que
lim u(k) = u K

k+

Puisque f est continue au point u alors


lim f (u(k) ) = f (u)

Par suite
f (u) = M = sup f
K

Cela prouve `a la fois que M < ( i.e f est majoree ) et que f atteint
sa borne superieure .
34

Th
eor`
eme 1.10.8. ( Theor`eme de Heine )
Soit K un compact dun evn E, soit F un autre evn. Si f : K F est
continue, alors f est uniformement continue.
Autrement dit, etant donne  > 0 on peut prendre le meme de
continuite pour tous les points a K.
Demonstration. En effet, avec les quantificateurs, il sagit de montrer la
chose suivante
 > 0, = (), a, u K : ku ak < = kf (u) f (a)k < 
Supposons que cela ne soit pas vrai. Alors on peut trouver 0 > 0 tel
que
> 0, a, u K : ku ak < et kf (u) f (a)k 
En prenant = 1/k o`
u k N , on obtient deux suites
(ak ) K

et (uk ) K

telles que
lim kuk ak k = 0 et kf (uk ) f (ak )k 0 , k N

Comme K est compact, on peut extraire une sous suites (a(k) ) K qui
converge vers un certain a K. Comme
ku(k) ak ku(k) a(k) k + ka(k) ak
alors la suite (u(k) ) converge aussi vers a. Puisque f est continue au
point a les deux suites
(f (u(k) )) F

et (f (a(k) )) F

convergent vers f (a) et donc


0 = lim kf (u(k) ) f (a(k) )k 0 > 0
k

On obtient donc une contradiction.


D
efinition 1.10.9. Soit (E; k.k) un evn. On dit quune suite (uk ) E
est une suite de Cauchy si
kuq up k 0
35

quand p, q .
Avec les quantificateurs :
 > 0, N N, p, q N : kuq up k 
On dit que lespace (E, k.k) est complet, ou encore E est un espace de
Banach, si toute suite de Cauchy (uk ) E est convergente.
Un evn complet reste complet si on remplace la norme par une norme
equivalente. R et C sont complets : cest le crit`ere de Cauchy pour les
suites numeriques.
D
efinition 1.10.10. Soit (E; k.k) un evn et A E une partie non vide
de E. On dit quune suite (uk ) A est une suite de Cauchy dans A si
kuq up k 0
quand p, q .
Avec les quantificateurs :
 > 0, N N, p, q N : kuq up k 
On dit que (A, k.k) est complet si toute suite de Cauchy (uk ) A
converge dans A.
Proposition 1.10.11. Toute evn de dimension finie est complet.
Demonstration. Par equivalence des normes , il suffit de montrer que
Rn est complet pour la norme k.k . Soit donc (uk ) Rn une suite
de Cauchy pour la norme k.k et ecrivons uk = (u1k , u2k , , unk ). Si
j {1, 2, , n}, alors
|ujq ujp | kuq up k
pour tous p; q N. On en deduit que la suite (ujk )kN est une suite
de Cauchy dans R , et converge vers un certain reel lj . Si on pose u =
(l1 , , ln ) Rn , alors (uk ) converge vers u coordonnee par coordonnee,
et donc au sens de la norme k.k . Ainsi, on a bien montre que la suite
de Cauchy (uk ) est convergente.
Th
eor`
eme 1.10.12. ( Theor`eme de Baire )
Soit E un evn complet et (Un )nN une suite douverts de E qui est dense
dans E :
n N : Un = E
Alors leur intersection est dense dans E :
\
Un = E
nN

36

La formulation `a laide des fermees :


Th
eor`
eme 1.10.13. Soit E un evn complet et (Fn ) une suite de fermes
de E dinterieurs vides dans E i.e
n N : Int(Fn ) =
Alors leur reunion est dinterieur vide dans E i.e
[ 
Int
Fn =
nN

Exercice 1.10.14. Montrer que les deux formulations sont equivalentes.


Demonstration. Il suffit detablir la premi`ere formulation. Il sagit de
montrer que si V est un ouvert de E alors
\ 
V
Un 6=
nN

On imite la preuve du theor`eme des segments emboites vu dans (R, |.|).


Puisque U0 est dense dans E, soit B(a, r) V tel que B(a, r) U0 6= .
Soit x0 B(a, r) U0 tel que
B(x0 , r0 ) B(a, r) U0

et r0 < r/2

Puisque U1 est dense dans E, on choisit x1 B(x0 , r0 ) U1 tel que


B(x1 , r1 ) B(x0 , r0 ) U1

et r1 < r0 /2

Par recurrence, on construit une suite (xn ) E verifiant


xn B(xn1 , rn1 ) Un
r
kxn xn1 k n
2
Linegalite triangulaire entraine pour tout entier n, k :
kxn+k xn k kxn+k xn+k1 k + + kxn+1 xn k
r
r
r
n+k + + n+1 n
2
2
2
Exercice 1.10.15. Montrer que (xn ) est une suite de Cauchy .

37

Donc (xn ) est convergente car E est suppose complet. Soit ` sa limite,
puisque (xn ) B(x0 , r0 ) alors ` B(x0 , r0 ) et donc ` B(a, r). On a
aussi
+
+
\
\
`
B(xn , rn )
Un
n=0

n=0

par suite
=
6 B(a, r)

+
\

Un U

n=0

+
\

Un

n=0

et donc
+
\

Un = E

n=0

1.11

S
eries dans un evn

D
efinition 1.11.1. SoitP
(uk ) une suite dans un evn (E, k.k).
1- On dit que la serie
k0 uk est convergente si la suite (Sk ) des
sommes partielles de (uk ) definie par
Sk =

k
X

up

p=0

est convergente dans E.


P
2- On dit que la serie k0 uk est normalement convergente si la serie
`a termes positifs
X
kuk k
k0

est convergente dans R.


Proposition 1.11.2. Soit E un evn. Alors E est complet si et seulement
si toute serie normalement convergente est convergente.
P
Demonstration. = : soit uk une serie normalement convergente dans
un evn complet E et posons
Sk =

k
X
i=0

38

ui

Si p < q alors
q
q

X
X


kui k
ui
kSq Sp k =
=p+1

i=p+1

Comme la serie
X

kuk k

k0

est convergente, le reste

kui k

p+1

tend vers 0 quand p tend vers linfini. Par consequent


kSq Sp k 0 si p, q
Autrement dit la suite (Sk ) est de Cauchy
P dans E. Comme E est suppose complet, (Sk ) est convergente i.e
uk converge dans E.
= : Soit (un ) E une suite de Cauchy. Par definition :
 > 0, N N, n N, k N : kun+k un k 
On prend  = 2l : pour tout entier l, il existe nl N tel que nl+1 > nl
et
kunl +1 unl k 2l
P
Puisque la serie l0 2l converge, la serie
X

(unl +1 unl )

l0

est normalement convergente, donc convergente par hypoth`ese. Mais


unl +1 = un0 +

l
X

(unk +1 unk )

k=0

est aussi convergente vers u E. Ainsi (un ) est une suite de Cauchy qui
possede une sous suite convergente, elle est convergente car
kun uk kun unl +1 k + kunl +1 uk

39

1.12

Normes subordonn
ees

Si E et F sont deux evn, on definit


L(E, F ) = {L : E F lineaire et continue}
Cest un R-espace vectoriel. Si E = F , on ecrit L(E) au lieu de L(E, E).
Pour F = R, on ecrit souvent E au lieu de L(E, R). Un element de E
sappelle une forme lineaire continue sur E et lespace E s appelle le
dual de E.
Soient E et F deux evn. Si L : E F est une application lineaire
continue, on definit le nombre reel positif
n kL(u)k
o
F
kLkL(E,F ) = sup
: u E \ {0}
kukE
= sup{kL(u)kF : kukE = 1}
= sup{kL(u)kF : kukE 1}
Dapr`es la definition de la borne superieure, kLkL(E,F ) est la plus petite
constante C telle que
kL(u)kF CkukE ,

uE

Donc , pour pour un nombre reel C positif, on a lequivalence


kLkL(E,F ) C u E : kL(u)kF CkukE
Une consequence est quil est en general plus au moins automatique
de majorer kLkL(E,F ) . En revanche une minoration demande a priori
plus dinitiative.
D
efinition 1.12.1. La norme sur L(E, F ) definie par :
o
n kL(u)k
F
: u E \ {0}
kLkL(E,F ) = sup
kukE
est appelee la norme subordonnee aux normes k.kE de E et k.kF de F .
Exemple 1.12.2. Si E est un evn alors kIdE kL(E) = 1.
Lemme 1.12.3. Montrer que (L(E, F ), k.kL(E,F ) ) est un evn.
Dans la suite, on suppose que L(E, F ) est muni de la norme subordonnee k.kL(E,F ) relative a` des normes fixees de E et F . Cette norme
depend des normes choisies a` lavance sur E et F .
40

Lemme 1.12.4. Si on remplace les normes de E et F par des normes


equivalentes, on obtient une norme equivalente sur L(E, F ).
Exemple 1.12.5. Soit E = (Rn , k.k ). Pour b = (b1 , b2 , , bn ) Rn ,
on note b la forme lineaire continue definie par
b (x1 , , xn ) =

n
X

bj x j

j=1

Montrons que
kb kE = kbk1 =

n
X

|bj |

j=1

Demonstration. En effet, pour tout x = (x1 , , xn ) Rn , on a


|b (x)|

n
X

|bj ||xj |

j=1

max |xj |

1jn

n
X

|bj | kbk1 kxk

j=1

Mais par definition de la norme dune forme lineaire, on a donc


kb k kb1 k1
Pour montrer quon a aussi
kb k kb1 k1
il suffit de trouver x Rn tel que
kuk = 1 et b (x) = kbk1
Pour j {1, 2, , n}, choisissons j = 1 tel que j bj = |bj |. Alors
x = (1 , 2 , , n )
convient : on a kxk = 1 et
X
X
b (x) =
j bj =
|bj | = kbk1
j

41

Notation. Si B L(E, F ) et A L(F, G) o`


u E, F et G sont trois evn,
on note leur compose par AB := A B qui est definie par definition :
u E : (A B)(u) := A(B(u))
En general AB 6= BA. Si k N et A L(E) on note A0 = I et
Ak := A A A,

k-fois

Proposition 1.12.6. Si E, F et G sont trois evn, on a


B L(E, F ), A L(F, G) : kABkL(E,G) kAkL(F,G) kBkL(E,F )
Par consequent
k N, A L(E, F ) : kAk kL(E) kAkkL(E)
Remarque 1.12.7. Puisque M(n, R) sidentifie canoniquement `a L(Rn ).
A chaque norme sur Rn correspond donc une norme subordonnee sur
M(n, R) quon appelle aussi une norme matricielle.
Proposition 1.12.8. Soient (E, k.kE ) et (F, k.kF ) deux evn. On suppose que (F, k.kF ) est complet. Alors

L(E, F ), k.kL(E,F )
est complet.
Demonstration. soit (Lk ) une suite de Cauchy dans L(E, F ) i.e
 > 0, N N : p, q N = kLq Lp kL(E,F ) < 
Il sagit de montrer que (Lk ) converge dans L(E, F ), autrement dit de
trouver L L(E, F ) telle que
kLk LkL(E,F ) 0
Cela va se faire en trois etapes :
1- on commence par detecter un candidat limite L ,
2- on montre que ce candidat L appartient a` L(E, F ),
3- on montre enfin que (Lk ) converge vers L dans L(E, F ).

42

1- Pour tout u E et pour p, q N, on a


kLq (u) Lp (u) kLq Lp kL(E,F ) kuk
Comme la suite (Lk ) est de Cauchy, on en deduit que la suite (Lk (u)) et
de Cauchy dans F , et donc convergente puisque F est suppose complet.
Pour tout u E, on peut donc poser
L(u) := lim Lk (u)
k

Lapplication L : E F ainsi definie est notre candidat limite .


2- Il est clair que L est lineaire car les Lk le sont. En effet puisque
k : Lk (u + v) = Lk (u) + Lk (v)
a` la limite
lim (Lk (u + v) = lim Lk (u) + lim Lk (v)

cest `a dire
L(u + v) = L(u) + L(v)
Donc L : E F est lineaire.
Puisque la suite (Lk ) est de Cauchy dans L(E, F ) alors elle est
bornee : on a donc une constante M telle que pour tout entier k
kLk kL(E,F ) M
Ceci se traduit par definition
u E, k N : kLk (u)k M kuk
En faisant tendre k vert linfini, on en deduit quon a
uE

kL(u)k M kuk

ce qui prouve que lapplication lineaire L est continue : L L(E, F ).


3- On montre finalement que
kLk LkL(E,F ) 0
43

On fixe  > 0. Comme (Lk ) est de Cauchy dans L(E, F ), on peut trouver
N N tel que
p, q N

kLq Lp kL(E,F ) 

Par definition de la norme k.kL(E,F ) , cela secrit


u E, p, q N

k(Lq Lp )(u)k kuk.

En fixant p et en faisant tendre q vers linfini, on en deduit (Lq (u)


L(u))
u E, p N : k(L Lp )(u)k kuk.
Par definition encore de k.kL(E,F ) , cela signifie quon a
 > 0, N N, p N

kL Lp k .

cest `a dire
lim kLk Lk = 0

Puisque F = R est complet, on a le corolaire suivant.


Corollaire 1.12.9. Si E est un evn, alors son dual E = L(E, R) est
un evn complet.
Remarque 1.12.10. Si E et F sont tous les deux de dimension finie, alors
la demonstration precedente est sans effet car
dimR L(E, F ) = dimR (E) dimR (F )
est egalement de dimension finie et donc complet pour nimporte quelle
norme.
Remarque 1.12.11. Pour montrer quune application lineaire f L(E, F )
est continue, on procede comme suit :
- Exprimer f comme combinaison lineaire ou composee dapplications
lineaires continues
ou
- Montrer quil existe M 0 tel que
u E : kf (u)kF M kukE
ou
- Se rappeler si E est de dimension finie toute application lineaire
f : E F est continue.

44

Remarque 1.12.12. Pour calculer la norme kf k dune application lineaire


continue f : E F , on procede comme suit :
- on montre dabord quil existe M 0 tel que
u E : kf (u)kF M kukE
et on a alors
kf k M
o`
u

kf (u)kF
= sup kf (u)kF
uBE (0,1)
uE\{0} kukE

kf k := sup

est la norme subordonnee de f . La borne superieure kf k peut etre atteinte ou non.


On peut esperer que si M est convenablement choisie que lon ait
kf k = M
- Si E est de dimension finie, alors la borne superieure kf k est atteinte
(u)kF
= M.
et on cherchera donc u0 E \ {0} de telle sorte que kfkuk
E
Si E est de dimension infinie, la borne superieure kf k peut etre atteinte ou non. Dans ce cas
- soit chercher u0 E \ {0} de telle sorte que kfku(u00k)kE F = M .
- soit chercher une suite (un ) E \ {0} de telle sorte que
kf (un )kF
=M
n kun kE
lim

Exemple 1.12.13. On munit R[X] de la norme suivante : si P (X) =


a0 + a1 X + + aN X N on pose
kP k = max |aj |
0jN

On considere les applications lineaires D, M : R[X] R[X] definies


par
0
D(P ) = P et M (P ) = XP
0

On a P (X) = a1 + 2a2 X + + N aN X N 1 et par suite


kD(P )k = max |jaj |
1jN

45

quon ne peut majorer pas CkP k.


En effet si on prend la suite PN (X) = X N , on a
kD(Pn )k = n +
Cest `a dire D nest pas continue.
On a
XP (X) = a0 X + a1 X 2 + + aN X N +1
Par suite
kM (P )k = kP k
La norme est atteinte en tout point P R[X]. Par suite kM kL(R[X]) = 1
i.e M est une isometrie , donc continue.
Exemple
1.12.14. Soit E = C([0, 1], R) muni de la norme kf k2 =:=
R1
2
|f (t)| dt. On definit lapplication T : E R
0
Z 1
2
T (f ) =
tf (t)dt
0

T est lineaire continue sur E. En effet


Z 1
Z 12
Z 1


|f (t)|dt
|tf (t)|dt
|T (f )| =
tf (t)dt
0
0
0
s
Z 1

|f (t)|2 dt dapr`es Cauchy-Schwarz


0

= kf k2
Par suite kT kL(E) 1. Si f (t) = 8 on a |T (f )| = 1 et la norme est
atteinte : kT k = 1.
Exemple 1.12.15. Sur (E, k.k1 ), on consid`ere lapplication lineaire P :
E E
Z x
P (f )(x) =
f (t)dt la primitive de f qui est nulle en 0
0

Montrons que P est continue : si f E :


Z 1 Z x



kP (f )k1 =
f (t)dt dx

Z0 1 Z 0x


|f (t)|dt dx
Z0 1 Z0 1


|f (t)|dt dx
0

= kf k1
46

Par suite kP k 1. En fait kP k = 1 : pour cela on considere la suite de


fonctions (fn )n1 E definie par
fn (t) = n(1 t)n1
Un simple calcul donne kfn k1 = 1 et
Z 1
kP (fn )k1 =
(1 (1 x)n )dx =
0

n
1
n+1

quand n tend vers linfini. La norme kP k nest pas atteinte.

1.13

Applications lin
eaires inversibles

D
efinition 1.13.1. Soient E et F deux evn. On dit quune application
lineaire continue
L : E F
est inversible, ou encore L est un isomorphisme, si L est bijective et si
L1 : F E
est continue.
On note par
GL(E, F ) L(E, F )
lensemble des isomorphismes de E sur F et GL(E) := GL(E, E) si
E = F.
Remarque 1.13.2. Si E et F sont de dimension finie n , la continuite
de L1 est automatique. De plus L est repreeentee par une matrice
A = (aij ) de type (n, n) et pour tout j {1, 2, , n} on a
det(A) =

n
X

aij Cij

i=1

qui est le developpement du detrmionant de A suivant la j-i`eme colonne,


o`
u
Cij = (1)i+j ij
et ij est le determinant dordre n 1 de la matrice extraite de A en
rayant la i-i`eme ligne et la j-i`eme colonne, quon appelle aussi mineur
dindice (i, j) de A. Par dualite on a aussi pour tout i {1, 2, , n}
det(A) =

n
X
j=1

47

aij Cij

qui est le developpement du determinant de A suivant la i-i`eme ligne.


La matrice des cofacteurs de A est par definition :
Cof(A) = (Cij )1i,jn
On a la formule fondamentale
A(Cof(A))t = (Cof(A))t A = (det(A)In
En particulier
A1 =

1
(Cof(A))t
det(A)

Remarque 1.13.3. Si E et F sont des evn complets de dimension infinie


et T L(E, F ) est bijective alors T 1 L(F, E). Il sagit dun theor`eme
celebre du mathematicien polonais Stefan Banach, appele theor`eme disomorphisme de Banach.
En general , il nexiste pas necessairement disomorphisme entre E et
F . Sil en existe, on dit que les evn E et F sont isomorphes.
Proposition 1.13.4. Si E et F sont isomorphes, alors lapplication
GL(E, F ) GL(F, E)
X X 1
est continue.
Demonstration. Si E et F sont de meme dimension qui est finie, la
preuve est facile car on peut les identifier a` Rn et donc identifier GL(E, F )
a` GL(n, R) qui est lensemble des matrices (n, n) inversibles. Dans ce
cas la formule de linverse
X 1 =

t
1
Cof(X)
det(X)

montre bien que X X 1 est continue comme quotients des applications continues
X (Cof(X))t
la transposee de la matrice des cofacteurs de X et
X det(X)
le determinant de X.

48

En general, on fixe A GL(E, F ). Si X GL(E, F ), en factorisant


a` gauche par X 1 et `a droite par A1 , on a
()
Donc si kX Ak

X 1 A1 = X 1 (A X)A1
1
2kA1 k

alors

kX 1 k kA1 k kX 1 A1 k
= kX 1 (A X)A1 k
kX 1 kkA XkkA1 k
Donc kX Ak

1
2kA1 k

kX 1 k
2

= kX 1 k 2kA1 k.

Ceci entraine
1
kX 1 A1 k kA1 k2 kX Ak
2
Par suite X GL(E, F ) X 1 GL(F, E) est lipschitzienne sur la
boule
B A,

1
1 
= {X GL(E, F ) : kX Ak
}
1
2kA k
2kA1 k

de constante de Lipschitz k = 12 kA1 k2 , donc continue.


Proposition 1.13.5. Soit E un evn complet. Si H L(E) verifie
kHk < 1 alors IdE H : E E est inversible et on a
1

(IdE H)

Hk

k=0

Demonstration. On pense directement a` la serie geometrique classique


1

x ] 1, 1[ : (1 x)

+
X
n=0

et on remplace x par H, ce quon va justifier.


Puisque
k N : kH k k kHkk

49

xn

et comme kHk = < 1 alors la serie


X
Hk
k0

est normalement convergente donc convergente pour kHk < 1 car L(E)
est complet. On pose

X
S=
Hk
k=0

Par continuite du produit


SH =

H k+1 = HS

k=0

Comme S =

k=0

H k , on en deduit
0

SH = S H = S IdE =

H k = HS

k=1

Autrement dit
S(IdE H) = IdE = (IdE H)S
Ainsi (IdE H) est inversible dinverse.
On le corollaire suivant qui est tr`es utile pour la suite :
Corollaire 1.13.6. Si E est un espace de Banach alors
B(IE , 1) := {L L(E) : kIE Lk < 1} GL(E)
Autrement dit :
L L(E) et kIE Lk < 1 = L

+
X
=
[(IE H)1 ]n
n=0

1.14

Applications bilin
eaires continues

D
efinition 1.14.1. Soient E1 , E2 et F trois evn. Une application
B : E1 E2 F
50

est dite bilineaire si B(u1 , u2 ) est lineaire par rapport `a chaque variable
u1 , u2 separement.
Autrement dit si pour tout u1 E1 fixe , lapplication
u2 E2 B(u1 , u2 ) F
est lineaire et pour tout u2 E2 fixe, lapplication
u1 E1 B(u1 , u2 ) F
est lineaire.
Exemple 1.14.2. 1- Le produit usuel (x, y) xy est bilineaire de
R R dans R.
2- Si E est un espace vectoriel alors lapplication (, u) .u est bilineaire de R E dans E.
3- Le produit scalaire (x, y) Rn Rn < x, y > R est bilineaire.
4- Si E et F sont des evn, lapplication (L, u) L(u) est bilineaire de
L(E, F ) E dans F .
5- Si E, F et G sont des evn, alors lapplication (S, T ) T S est bilineaire de L(E, F ) L(F, G) dans L(E, G).
La proposition suivante caracterise la continuite pour les applications
bilineaires de mani`ere analogue pour les applications lineaires.
On rappelle que si E1 et E2 sont deux evn, alors E1 E2 est un evn
muni de la norme produit :
k(u1 , u2 )kE1 E2 := max(ku1 kE1 , ku2 kE2 )
Donc une suite converge dans E1 E2 si et seulement si elle converge
coordonnee par coordonnee.
Proposition 1.14.3. Soient E1 , E2 et F trois evn. Une application bilineaire
B : E1 E2 F
est continue si et seulement si

C R+ , (u1 , u2 ) E1 E2 : kB(u1 , u2 )kF Cku1 kE1 ku2 kE2


Demonstration. Pour monter (i) entraine (ii), il suffit de reprendre la
preuve du theor`eme etabli pour les application lineaires. La constante
qui sort cette fois est C = 1/ 2 : pourquoi ?.
51

Inversement supposons que (ii) est verifie. Soit (uk ) = (xk , yk ) une suite
de E1 E2 convergent vers u = (x, y) E1 E2 . Par bilinearite on a
kB(xk , yk ) B(, y)k = kB(xk x, yk ) + B(x, yk y)k
kB(xk x, yk )k + kB(x, yk y)k
C(kxk xkkyk k + kxkkyk yk)
Puisque la suite (yk ) est converge alors elle est bornee, il existe M tel
que pour tout entier k : kyk k M . On obtient alors
kB(xk , yk ) B(, y)k CM kxk xk + Ckxkkyk yk
Comme xk x et yk y, cela montre que limk B(xk , yk ) =
B(x, y) et par consequent B est continue.
Remarque 1.14.4. 1- Si E, F et G trois evn, alors lapplication (S, T )
T S est bilineaire continue de L(E, F ) L(F, G) dans L(E, G). Cest
une consequence immediate de kT Sk kT kkSk.
Remarque 1.14.5. Si E1 et E2 sont des evn de dimension finie, alors
toute application bilineaire B : E1 E2 F est continue.
En effet , par equivalences des normes, on peut supposer que E1 = Rm
et E2 = Rn tous deux munis de la norme k.k . Soient (e1 , , em )
m
n
la base
1 , , fn ) la base canonique de R . Si
Pmcanonique mde R etP(f
n
x = i=1 xi ei R et y = i=1 yi ei Rn , par bilinearite on a
B(x, y) =

m X
n
X

xi yj B(ei , fj )

i=1 j=1

On en deduit que pour tout (x, y) Rm Rn


X
kB(x, y)k Ckxk kyk o`
uC=
kB(ei , fj )k
Remarque 1.14.6. Il existe un evn E et une application bilineaire B :
E E R, qui est separement continue, i.e continue par rapport a`
chaque variable quand lautre est fixee, mais qui nest pas continue.
Pour avoir de telle B, il faut que E soit de dimension infinie. Soit
E = C([0, 1], R) muni de la norme
Z 1
kf k1 =
|f (t)|dt
0

52

Soit B : E E R definie par


Z

f (t)g(t)dt

B(f, g) =
0

Lapplication B est separement continue car pour tous f, g E :


Z 1

Z 1


f (t)g(t)dt sup |f (t)|
|g(t)|dt continuite /g si f est fixe

t[0,1]

et
Z

Z


f (t)g(t)dt sup |g(t)|
t[0,1]

|f (t)|dt continuite /f si g est fixe

Mais B nest pas continue : si elle letait alors il existe une constante
C > 0 telle que :
Z 1
Z 1

Z 1


|f (t)|dt
|g(t)|dt
f (t)g(t)dt C

0

En particulier si f = g on a
Z 1

Z 1
2


2
|f (t)|dt
f (t)dt C

0

Par suite
f E :

Z

 21 Z
f (t) dt C
2

|f (t)|dt

Une telle inegalite nest pas vraie en geneal : on le voit directement en


prenant la fonction
1
f (t) =
t
qui est integrable en 0 mais f 2 (t) =
nest pas continue en 0.

1
t

ne lest pas. Mais cette fonction

On va se ramener en prenant, par exemple, la suite de fonctions


1
fn (t) = q
t+

53

1
n

On a (fn )n1 E et
Z

 21 p
fn (t)2 dt = log(1 + n)

et
Z
0

r
1 
1
|f (t)|dt = 2
1+
n
n

Par suite
p

n1 :
log(1 + n) 2 C

r
1+

1
1 

n
n

Ce qui est absurde en faisant tendre n vers linfini.


Dans lexemple precedent, lespace E = C([0, 1], R) nest pas complet
pour la norme k.k1 . En effet, on consid`ere la suite de fonctions sur [0, 1]
definie par
fn (t) = tn
On a fn (1) = 1 est par suite limn fn (1) = 1. Pour t [0, 1[ on a
limn fn (t) = 0. Donc fn converge point par point vers la fonction
f (t) = 0 si t [0, 1[
f (1) = 1
qui nest pas continue en 1 : f 6 E. Mais
Z 1
|fn (t) f (t)|dt
kfn f k1 =
0
Z 1
1
=
|fn (t)|dt =
0
n+1
0
Dans lexemple precedent, la discontinuite de B est due a` la non completude
de (C([0, 1], R), k.k1 ) vue ci-dessus. En fait, on a le theor`eme admis, qui
est une consequence du theor`eme de Baire ( amusez-vous a devisser la
preuve !).
Th
eor`
eme 1.14.7. Soit E un evn complet et B : E E R une
forme bilineaire qui est separement continue :
u E : v E B(u, v) est continue
v E : u E B(u, v) est continue
Alors B est continue i.e
C > 0, u, v E : |B(u, v)| Ckuk|vk
54

D
efinition 1.14.8. Soient E1 , E2 , , En et F des evn. Une application
P : E1 E2 En F
est dite n-lineaire ( ou multilineaire ) si P (u1 , u2 , , un ) est lineaire
par rapport `a chaque variable separement.
Exemple 1.14.9. Lapplication determinant
det : Rn Rn R
(u1 , , un ) det(u1 , , un )
est n-lineaire.
Comme pour les application lineaires et bilineaires, on a le crit`ere de
continuite pour les application multilineaires. On munit E1 E2 En
de la norme produit
k(u1 , , un )kE1 En = max kuj kEj
1jn

Proposition 1.14.10. Soient E1 , E2 , , En et F des evn et P : E1


E2 En F une application multilineaire. Les proprietes suivantes sont equivalentes :
(i) P est continue,
(ii) il existe une constante C telle que (u1 , , un ) E1 E2
En :
kP (u1 , , un )k Cku1 k kun k.

Lemme 1.14.11. Etablir


la proposition precedente en sinspirant du
cas lineaire et bilineaire ( raisonner par recurrence sur le nombre n des
evn ).

1.15

Exercices

Exercice 1.15.1. Toute fonction continue sur [a, b] est Riemann integrable

sur [a, b]. Etablir


ce fait que vous devez refaire la preuve sans aucune difficulte : remarquer que f est uniformement continue, dapr`es le theor`eme
de Heine, ce qui vous permet decrire f comme limite uniforme sur [a, b]
dune suite de fonctions en escalier.
Exercice 1.15.2. Montrer que si f : [a, b] R est continue alors
Z b
n
1X 
(b a) 
1
lim
f a+k
=
f (t)dt
n n
n
b

a
a
k=0
55

Exercice 1.15.3. Il existe des fonctions bornees qui ne sont pas Riemann integrables, voici une que vous avez sans doute vue.
Montrer que la fonction f : [0, 1] R definie par
x [0, 1] Q
x [0, 1] \ Q

f (x) = 1 si
f (x) = 0 si

nest pas Riemann integrable sur [a, b].


Exercice 1.15.4. Soit (E, k.k) un evn. Montrer que si u, v E alors




kuk

kvk

ku vk kuk + kvk
Exercice 1.15.5. Soient E1 , E2 , , En des evn et E = E1 E2 En
lespace vectoriel produit. On definit une norme sur E par
n
o
kukE := max ku1 kE1 , ku2 kE2 , , kun kEn
o`
u u = (u1 , u2 , , un ) E. La norme k.k est appelee la norme produit.
Monter que (E, k.kE ) est un evn.
Exercice 1.15.6. Sur Rn , on consid`ere les applications k.k , k.k1 ,
definies par : si x = (x1 , x2 , , xn ) Rn on pose
kxk := max{|x1 |, , |xn |}
et
kxk1 :=

n
X

|xj |

j=1

Montrer que k.k , k.k1 sont des normes sur Rn .


Exercice 1.15.7. En considerant le discriminant du polynome t
R P (t) = kx + tyk22 , etablir linegalite de Cauchy-Schwarz :
x, y Rn : < x, y > kxk2 kyk2
En deduire que
q
kxk2 := x21 + x22 + + x2n
est une norme sur Rn .

La norme k.k2 sur Rn est appelee la norme euclidienne kxk2 =


< x, x > relative au produit scalaire < ., . > sur Rn :
< x, y >:=

n
X
i=1

56

x i yi

Exercice 1.15.8. Dessiner, dans le cas n = 2, 3, les ensembles


B (0, 1) = {x Rn : kxk 1}
B1 (0, 1) = {x Rn : kxk1 1}
B2 (0, 1) = {x Rn : kxk2 1}
Determiner les meilleures constantes n et n ( constantes optimales )
telles que
pour tout u Rn

n kuk kuk2 n kuk

Exercice 1.15.9. Si A M(np, R), on pose


kAk1 =

p
n X
X

|aij |,

kAk2 =

p
n X
X

i=1 j=1

|aij |2

 21

i=1 j=1

kAk =
et

max

1in,1jp

|aij |

kAxkRn
xE\{0} kxkRp

kAkL(Rp ,Rn ) = sup

Montrer que k.k1 , k.k2 , k.k et k.kL(Rp ,Rn ) sont des normes sur M(np, R).
Exercice 1.15.10. Les applications
det

ou

tr : M(n, R) R

qui ont
A det(A), ou

tr(A)

sont-elles des normes sur M(n, R) ?


Par definition si A = (aij ) M(n, R) :
det(A) =

()a1(1) a2(2) an(n) ,

tr(A) =

n
X

aii

i=1

Sn

o`
u Sn est lensemble des permutations : {1, 2, , n} {1, 2, , n}
et () = 1 est sa signature.
Exercice 1.15.11. Si u = (un ) ` on pose
kuk := sup |un |
nN

57

Montrer que k.k est norme sur ` . Si p = 1 ou p = 2, on definit


X
`p := {u = (un ) :
|un |p converge}
n0

Verifier que `p c0 . Montrer que


u = (un ) `p kukp :=

+
X

|un |p

 p1

n=0

est une norme sur `p .


Exercice 1.15.12. Montrer que les normes k.k , k.k1 et k.k2 sont
equivalentes sur Rn et determiner les constantes optimales n , n , n , n ,
qui ne dependent que de n, telles que
u, v Rn

n kuk kuk1 n kuk

u, v Rn

n kuk kuk2 n kuk

et
Exercice 1.15.13. Montrer que N : R2 R definie par
N (x, y) = sup |x + ty|
t[0,1]

est une norme sur R2 et representer B(0, 1).


Exercice 1.15.14. Montrer que N : R2 R definie par
N (x, y) = max(|x|, |y|, |x y|)
est une norme et dessiner la boule de centre 0 et de rayon 1.
Exercice 1.15.15. Soit E = C([0, 1], R) muni de la norme
kf k = sup |f (t)|
t[0,1]

Soient p N , (f1 , , fp ) E p et N : Rp R lapplication definie


par
p
X



N (x1 , , xp ) =
xi f i
i=1

Donner une condition necessaire et suffisante sur f1 , , fp pour que N


soit une norme sur Rp .
58

Exercice 1.15.16. Soient E = C 2 ([0, 1], R) le R-espace vectoriel des


0
00
fonctions reelles deux fois derivables sur [0, 1] et N , N , N les applications de E dans R definies par
N (f ) =

sup |f (t)|
t[0,1]

N (f ) = |f (0)| + sup |f (t)|


t[0,1]
00

00

N (f ) = |f (0)| + |f (0)| + sup |f (t)|


t[0,1]
0

00

Montrer que N , N , N sont des normes sur E et les comparer.

Exercice 1.15.17. Soit E = {a + b 2 : a, b Q}. On definit sur E :

N0 (a + b 2) = |a + b 2| et N1 (a + b 2) = max(|a|, |b|)
Montrer que E est un Q-espace vectoriel de dimension finie.
Verifier que
N0 rt N1 sont des normes sur E.

n
Soit x = 2 1. Montrer que pour
tout
n

1
on
a
x
=
a
+
b
2
n
n

n
avec an , bn Q. En deduire que ( 2 + 1) = |an | + |bn | 2.
Montrer que N0 et N1 ne sont pas equivalentes sur E. Quest-ce qui
marche pas ici ?
Exercice 1.15.18. Sur E = C 1 ([0, 1], R), on consid`ere
s
Z 1
0
2
(f 0 (t))2 dt
kF k = sup |f (x)| et kf k = ((f (0)) +
x[0,1]

Verifier que k.k est une norme sur E.


Montrer que

0
f E : kf k 2kf k .
0

Montrer que k.k et k.k ne sont pas equivalentes sur E.


Exercice 1.15.19. Soient E = C([0, 1], R) et g E. On definit N , Ng :
E R par
sup |f (t)|

N (f ) =

t[0,1]

Ng (f ) = N (f.g)
Montrer que Ng est une norme sur E si et seulement si lensemble
g 1 ({0}) = {t [0, 1] : g(t) = 0}
est dinterieur vide.
Montrer que N et Ng sont des normes equivalentes si et seulement si
g 1 ({0}) =
59

Exercice 1.15.20. Soit A R une partie non vide, E = R[X] lensemble des polynomes `a coefficients reels et NA : E R+ lapplication
definie par
NA (P ) = sup |P (x)|
xA

Donner une condition necessaire et suffisante pour que NA > pour


tout P E.
Donner une condition necessaire et suffisante pour que NA soit une
norme sur E.
Dans le cas o`
u NA est une norme, determiner une condition necessaire
et suffisante sur A pour que la suite (X)n)n0 soit convergente dans
lespace norme (E, NA ).
Exercice 1.15.21. Soit E un evn et f, g : E E deux applications
lineaires verifiant
f g g f = IdE
- Montrer que n N : f g n g n f = ng n1 .
- Montrer que n N : kg n1 k =
6 0.
- En deduire f et g ne sont pas simultanement continues.
Exercice 1.15.22. Montrer que la formule
f (x, y) =

log(x y)
exy 1

definit une fonction continue sur son domaine de definition.


Exercice 1.15.23. Montrer que lapplication M M(n, R) det(A)
est continue.
Exercice 1.15.24. Montrer que la fonction
x2 y
si (x, y) 6= (0, 0)
x2 + y 2
f (0, 0) = 0 si (x, y) = (0, 0)

f (x, y) =

est continue sur R2 .


Exercice 1.15.25. Soit f : R2 R. Montrer que f est continue en
(0, 0) si et seulement si f (r cos , r sin ) tend vers f (0, 0) uniformement
par rapport `a [0, 2] quand r 0+ cest `a dire


lim sup |f (r cos , r sin ) f (0, 0)| = 0
r0 [0,2]

60

Exercice 1.15.26. Montrer que la fonction


f (x, y) = cos(x + y)
na pas de limite quand k(x, y)k .
Exercice 1.15.27. Soit f la fonction definie sur R2 par :
x2 y
x4 2x2 y + 3y 2
f (0, 0) = 0

f (x, y) =

si

(x, y) 6= (0, 0)

Montrer que la restriction de f `a toute droite passant par lorigine est


continue mais f nest pas continue `a lorigine.
Exercice 1.15.28. On note U = {(x, y, z) R3 : x2 + y 2 z 2 6= 0}.
La fonction f : U R definie par
f (x, y, z) =

x4 + y 4 z 4
x2 + y 2 z 2

admet-elle une limite (finie ou infinie) en (0, 0, 0) ?

Exercice 1.15.29. Etudier


lexistence et la valeur eventuelle daune limite finie en (0, 0) pour les fonctions f de deux variables relles definies
par les formules suivantes :
x2 y
xy
,
,
x2 + xy + y 2 x2 xy + y 2
xy 4
exy 1
,
x4 + y 6 e x 1

Exercice 1.15.30. Etudier


la continuite sur R2 de la fonction
sin(xy)
|x| + |y|
f (0, 0) = 0

f (x, y) =

si

(x, y) 6= (0, 0)

Exercice 1.15.31. Lapplication f : R2 \ {(0, 0)} R definie par


f (x, y) =

(ex 1) log(1 + y) (ey 1) log(1 + x)


x2 + y 2

a-t-elle une limite en (0, 0) ?


61

Exercice 1.15.32. Montrer que dans un evn E une boule B ( ouverte


ou fermee ) est toujours un ensemble convexe : si u, v B, alors le
segment [u, v] := {(1 t)u + tv , t [0, 1]} est contenu dans B.
Exercice 1.15.33. 1- Monter que les ouverts restent les memes si on
remplace la norme de E par une norme equivalente.
2- Montrer que toute boule ouverte dun evn E est un ouvert de E.
3- Montrer que = {(x, y) R2 : xy > 1} est un ouvert de R2 .
Exercice 1.15.34. 1- Montrer que , E et toute boule ferme de E sont
des fermes de E.
2- Montrer quun ensemble C E est ferme si et seulement si son
complementaire E \ C est un ouvert.
3- Montrer que si E est un evn, alors la famille des boules fermees de
E est stable par intersection quelconque et reunion finie.
Exercice 1.15.35. Soit E un evn et F un sous espace vectoriel de E.
- Montrer que si F est dinterieur non vide alors F = E.
- Montrer que F est un sous espace vectoriel de E.
Exercice 1.15.36. Soit E un evn, U E un ouvert et CU le cone de
sommet 0E sappuyant sur U : CU = {x : > 0, x U }. Montrer
que CU est un ouvert de E et 0E U = CU = E.
Exercice 1.15.37. Montrer que {(x, y) R2 : x3 + x2 y + xy 2 + y 3
(x2 + y 2 ) = 0} est un ferme de R2 dinterieur vide ayant (0, 0) pour
point isole.
Exercice 1.15.38. Soit E un espace vectoriel norme et soient A, B
E. On note
A + B := {x + y : x A, y B}
1) On suppose que A est ouvert. Montrer que A + B est un ouvert.
2) On suppose que A un ferme et B un compact. Montrer A + B est un
ferme.
3) Le resultat du 2) est-il toujours vrai si lon suppose simplement A et
B fermes ?
Exercice 1.15.39. Soient E = C([0, 1], R) muni de la norme infinie
, E1 E la partie de E formee des fonctions derivables, M E la
partie formee des fonctions monotones et P E la partie formee des
polynomes.
Montrer que E1 , M et P sont dinterieur vides dans (E, k.k ).
62

Exercice 1.15.40. Soit p N. Montrer que lensemble des matrices


A M(n, R) telle que rang(A) p est ferme dans M(n, R)
Exercice 1.15.41. Soient E un evn, A E une partie non vide et
x E.
- Comparer d(x, A) := inf yA kx yk et d(x, A).
- Montrer que d(x, A) = 0 x A.
Exercice 1.15.42. Soient E un evn et A E. On definit le diametre
de A par

diam(A) = sup kx yk = sup sup kx yk [0, +]
(x,y)A2

xA yA

Montrer que
diam(A) < a E, r > 0 : A B(a, r)
Exercice 1.15.43. Soient E = C([0, 1], R) muni de la norme infinie et
Z 1
A = {f E : f (0) = 0,
f (t)dt 1}
0

- Montrer que A est ferme dans E et kf k 1 pour tout f A.


- Calculer d(0E , A).
Exercice 1.15.44. Quelle est la froni`ere de = {(x, y) R2 : xy >
1} dans R2 ?
Exercice 1.15.45. Soient E et F deux evn , E un ouvert, a
et f : F une application bornee au voisinage de a. On definit
loscillation de f en a :
(f, a) = inf Diam(f (V ))
V V(a)

o`
u V(a) est lensemble des voisinages de a et
diam(f (V )) =

sup ku vkF
u,vf (V )

est le diam`etre de f (V ) F .
Montrer que f est continue en a si et seulement si (f, a) = 0.
Exercice 1.15.46. Montrer que GL(n, R) nest pas connexe par arcs.
63

Exercice 1.15.47. Soit E un evn, X une partie de E. Montrer que X


est connexe si et seulement si pour toute partie A de X :
A 6=

et

A 6= X = Fr(A) 6= .

Exercice 1.15.48. Soient E un evn et A E une partie connexe.


Montrer que toute partie B de E telle que
ABA
est connexe. En particulier A est connexe.
Exercice 1.15.49. Soient E un evn et A, B deux parties connexes de
E telles que A B 6= . Montrer que A B est connexe.
Exercice 1.15.50. Soient E un evn et A, B deux parties fermees de E
telles que A B et A B soient connexes. Montrer que A et B sont
connexes.
Exercice 1.15.51. Soient E un evn, X une partie connexe de E et F
un ferme de X. Montrer que si Fr(F ) est connexe alors F est connexe.
Exercice 1.15.52. Montrer que lensemble des matrices diagonalisables
de M(2, R) est connexe par arcs.
Exercice 1.15.53. Soit E un espace vectoriel norme de dimension infinie, L : E R une forme lineeaire non nulle et son noyau
Ker(L) := {x E : L(x) = 0}
1) Montrer que deux formes lineaires non nulles definissent les memes
noyaux si et seulement si elles sont proportionnelles.
2) Montrer que E \ Ker(L) est dense dans E et que Ker(L) est connexe.
3) Montrer que L est continue si et seulement si H est ferme dans E.
Montrer dans ce cas que E \ Ker(L) a exactement deux composantes
connexes.
4) Supposons que L nest pas continue.
a) Montrer que Ker(L) est dense dans E.
b) En deduire que {x E : L(x) = 1} est dense dans E.
c) Montrer que E \ Ker(L) est connexe.
Exercice 1.15.54. Montrer que la forme lineaire f C([0, 1], R)
f (0) nest pas continue sur (C([0, 1], R), k.k2 ) o`
u
s
Z 1
|f (t)|2 dt
kf k2 =
0

64

En deduire que {f C([0, 1], R) : f (0) = 0} nest pas ferme.


Montrer que les sous espaces
1
F1 = {f C([0, 1], R) : f (x) = 0, x [0, ]}
2
1
F2 = {f C([0, 1], R) : f (x) = 0, x [ , 1]}
2
Sont fermes pour la norme k.k2 , que F1 F2 = mais F1 F2 nest pas
ferme.
Exercice 1.15.55. Soit E = R[X] muni de la norme
kP k = sup{|P (t)| : t [0, 1]}
Montrer que lensemble F = {P E : P (2) = 0} est dense dans E.
Indication : Si P R[X], considerer la suite de polynomes
 X n
Pn (X) = P (X) P (2)
2
Verifier que Pn F et montrer que
lim kPn P k = 0

n+

Exercice 1.15.56. On dit quune matrice de A = (aij )1i,j2 M(2, C)


est diagonalisable si son polynome caracteristique :
P () := det(A IC ) = 2 (a11 + a22 ) + (a11 a22 a12 a21 )
a deux racines distinctes dans C.
Montrer que lensemble des matrices diagonalisables de M(2, C) est
dense dans M(2, C) muni de la norme : kAk = sup1i,j2 |aij |.
Indication : si A = (aij )1i,j2 M(2, C) considerer la suite des matrices An = (anij )1i,j2 M(2, C), avec n N , definie par
an11 = a11 , an12 = a12 +

1 n
, a = a21 , an22 = a22
n 21

et montrer que les (An ) sont diagonalisables puis limn kAn Ak =


0.
Exercice 1.15.57. Montrer que tout compact K de E est ferme et borne
dans E : K borne veut dire : il existe M > 0 tel que kuk M pour tout
u K i.e K est contenue dans une boule.
65

Exercice 1.15.58. Montrer que si (uk ) est une suite convergente dans
un evn E et si on pose u = lim uk , alors lensemble K = {u} {uk , k
N} est un compact de E.
Exercice 1.15.59. Soit K un compact de C contenu dans = {z
C : <(z) > 0}. Montrer quon peut trouver > 0 tel que pour tout
z K : <(z) , autrement dit K est loin de la fronti`ere de .
Exercice 1.15.60. Soit E, F deux evn, A E , f : A F une
application. Montrer que si la restriction de f a` tout compact de A est
continue alors f est continue.
Exercice 1.15.61. Soit f : Rn R une fonction continue.
1) Montrer que les trois conditions suivantes sont equivalentes :
(i) Pour tout M > 0 il existe R > 0 tel que kxk > R f (x) > M .
(ii) Limage reciproque par f dun bornee de R est un bornee de Rn .
(iii) Limage reciproque par f dun compact de R est un compact de Rn .
Si lune de ces conditions est verifiee, on dit alors que f est propre.
Montrer que si f est propre, alors la borne inferieure de |f | est atteinte
i.e il existe c Rn tel que
|f (c)| = inf{|f (x)| : x Rn }
Montrer quun polynome non constant `a une variable est propre.
Donner un exemple de polynome `a deux variables qui nest pas propre.
Exercice 1.15.62. Montrer que lensemble des matrices orthogonales
O(n) := {A M(n, R) : At A = IdRn }
est une partie compacte de M(n, R) ( considerer lapplication A
M(n, R) t AA IdRn M(n, R)).
Exercice 1.15.63. Soit E = C([0, 1], R) muni de la norme
kf k = sup{|f (x)| : x [0, 1]}
On note par
S(O, 1) = {f E : kf k = 1}
la sph`ere unite de E. Verifier que S(O, 1) est ferme.

66

On consid`ere la suite (fn ) E definie par :


fn (x) = 0 si

x [0,

1
]
n+1

fn (x) = n(n + 1)x n si


fn (x) = 1 si

x[

1
1
, ]
n+1 n

1
x [ , 1]
n

Montrer que
p 6= q N
nN

kfp fq k = 1
kfn k = 1

:
:

En deduire que S(O, 1) nest pas compacte.


Exercice 1.15.64. Soit E, F deux evn, A E , f : A F une
application. Montrer que si f est injective et si limage par f de tout
compact de A est un compact de F alors f est continue.
Exercice 1.15.65. Montrer que lensemble des matrices non-inversibles
de M(2, R) nest pas compact.
Exercice 1.15.66.
A} est compact.

Montrer que lensemble {A M(3, R) : A2 =

Exercice 1.15.67. Soit (E, k.k) un evn et (xn ) une suite de points de
E.
Montrer que (xn ) est de Cauchy si et seulement si
lim diam(An ) = 0

o`
u An = {xp : p n} et
diam(An ) = sup kxq xp k
p,qn

est le diam`etre de An .
Montrer que si (xn ) E est une suite de Cauchy possedant une sous
suite (x(n) ) convergente dans E alors (xn ) est aussi convergente dans
E.
Exercice 1.15.68. Montrer que la suite xn =
A =]0, 1] R mais non convergente.
67

1
n

est de Cauchy dans

Exercice 1.15.69. Montrer que lensemble des entiers relatifs Z, muni


de la norme valeur absolue de R, est complet.
Exercice 1.15.70. Soit E un evn tel quil existe r R+ tel que la boule
ferme B(0, r) soit compl`ete. Montrer que E est complet.
Exercice 1.15.71. Sur E = C([0, 1], R) on consid`ere les normes
kf k = sup |f (x)|
x[0,1]

et

|f (t)|dt

kf k1 =
0

Soit (fn ) la suite de fonctions sur [0, 1] definie par


1 
fn (t) = min n,
t
Montrer que
n, p 1 : fn E

et

kfn fn+p k1

1
n

En deduire que (fn ) est de Cauchy dans (E, k.k1 ) non convergente dans
(E, k.k).
Que peut-on dire de la suite (fn ) dans E muni de la norme k.k ?
Exercice 1.15.72. Soit (E, k.k) un evn. Montrer lequivalenece :
(a) E est complet ;
(b) pour toute suite decroissante (Fn )n0 de fermes non vides i.e
n N : Fn 6= et Fn+1 Fn
verifiant
lim diam(Fn ) := lim


sup ku vk = 0

n u,vFn

alors
\

Fn 6=

n0

Exercice 1.15.73. Soit E un evn. Soient k.k1 et k.k2 deux normes sur
E telles que il existe une constante > 0 telle que
u E : kuk1 Ckuk2
68

Montrer que si E est complet pour les deux normes alors il existe une
constante > 0 telle que
u E : kuk2 kuk1
Cest a dire les normes k.k1 et k.k2 sont equivalentes.
Exercice 1.15.74. Soit k.k une une norme sur R[X]. On note En le
sous-espace de R[X] constitue des polynomes de degre n.
1) Montrer que En est ferme et dinterieur vide.
2) Montrer que (R[X], k.k) nest pas complet.
Exercice 1.15.75. Soit R[X] lespace des polynomes `a coefficients reels.
Pour tout P R[X], on note
Z 1
N1 (P ) :=
|P (t)|dt
0

et
N2 (P ) =

ej |P (j)|

j0

Montrer que N1 et N2 sont des normes sur R[X]. Ces normes sont-elles
equivalentes ? R[X], muni dune de ces normes, est-il complet ?
Exercice 1.15.76. Soit (E, k.kE ) un espace complet. On note ` (N, E)
lespace des suites `a valeurs dans E qui sont indexees par N et qui sont
bornees. Cet espace vectoriel est muni de la norme naturelle :
k(xn )n0 k := supn0 kxn kE
Montrer (` (N, E); k.k ) est un espace de complet.
Verifier que c0 (N, E), lespace vectoriel des suites qui tendent vers 0 est
un sous espace vectoriel ferme de ` (N, E).
En deduire que c0 (N, E), muni de la norme k.k , est complet.
D
efinition 1.15.77. Soit (un ) une suite dans un evn E et a E. On
dit que a est une valeur dadherence de (un ) sil existe une suite extraite
(u(n) ) de (un ) qui converge vers a.
Exercice 1.15.78. Si (un ) est une suite dans E, on note
Up = {un : n p}
En sinspirant du cas E = (R, |.|), montrer que lensemble des valeurs
dadherence de (un ) est
\
Up
pN

69

Exercice 1.15.79. Soient E un evn et A E une partie non vide.


montrer que lapplication x E d(x, A) est 1-lipschitzienne sur E.
Exercice 1.15.80. Soient E un evn, F et G deux fermes de E disjoints.
Montrer quil existe deux ouverts U, V de E tels que F U, G V et
U V = .
Exercice 1.15.81. Soit E lespace des fonctions lipschitziennes sur
[0, 1] telles que f (0) = 0. Si f E on pose
N (f ) = inf{k R+ : |f (x) f (y) k|x y|, (x, y) [0, 1]2 }
Montrer que N est une norme sur E non equvalente `a k.k .
Exercice 1.15.82. Soit E un espace vectoriel norme, F et G deux sousespaces supplementaires. On designe par
p : E = F G F
la projection sur F parall`element `a G. On suppose que p est continue.
(a) Montrer que F et G sont fermes.
(b) Montrer que : E est complet F et G sont complets.
Exercice
P nz 1.15.83. Soit = {z C : <(z) > 0}. Montrer que la serie
converge normalement sut tout compact de .
ne
Exercice 1.15.84. Soit E un evn et K un compact de E.
Montrer que si, (Ui )iI ) est un famille douvert de E telle que
[
K
Ui
iI

alors il existe un nombre fini Ui1 , , UiN tel que


K

N
[

Uip

p=1

Cest `a dire de tout recouvrement de K par des ouverts de E, on extraire


un recouvrement fini de K. Indication : il suffit dimiter la preuve du
celle dun compact dans R( vue en semestre I ( analyse I), `a la place de
la valeur absolue |.| vous placez la norme k.k.

70

Exercice 1.15.85. Soit E un evn et B(0, 1) sa boule unite fermee. Soit


F un sous espace espace vectoriel ferme dans E.
Montrer que si
B(0, 1) F
alors
E=F
Exercice 1.15.86. Le but de lexercice est detablir le theor`eme de
Riesz :
Toute espace vectoriel norme complet dont la boule unite fermee est
compacte est de dimension finie.
Soit (E, k.k) un evn complet tel que B(O, 1) est compacte.
Montrer quil existe a1 , , aN B(O, 1) tels que
B(0, 1)

N
[

1
B(ai , )
2
i=1

Soit
F = Vect(a1 , , aN )
le sous espace vectoriel de E engendre par a1 , , aN .
On va etablir que F = E de dimension finie s.
En remarquant que
1
1
B(xi , ) = xi + B(0, 1),
2
2

i = 1, , N

Montrer que
1
B(0, 1) F + B(0, 1)
2
Montrer que
n 1 : B(0, 1) F +
En deduire que
B(0, 1) F
Conclure.

71

1
B(0, 1)
2n

Exercice 1.15.87. Dans la suite de lexemple precedent, en ecrivant


b (x) =< x, b >
montrer que si E = (Rn , k.k2 ) alors
kb k = kbk2
es
k.k . Soient
c `a k.k1 et A
Exercice 1.15.88. Normes subordonnA

n, p N et A M(np, R). On note


kAk` = max

n
X

1jp

p

X

|aij | , kAkc = max
|aij |
1in

i=1

j=1

Pour tout x = (x1 , , xp ) Rp on pose :


kxk1 =

p
X

|xi |

i=1

et
kxk = max |xi k
1ip

Montrer que
kAk` =

kAxk1
,
xRp \{0} kxk1

kAkc =

sup

kAxk
xRp \{0} kxk
sup

Exercice 1.15.89. Montrer que pour toute matrice A M(n, R), la


serie
X Ak
k0

k!

converge dans M(n, R). On note sa somme par


exp(A) =

X
Ak
k=0

k!

:= lim

k
X
Aj
j=0

j!

appelee lexponentielle de A.
Exercice 1.15.90. Soient E, F deux evn et f : E F une application
lineaire. On suppose que pour toute suite (un ) E verifiant
lim un = 0

la suite
(f (un )) F
est bornee . Montrer que f est continue.
72

Exercice 1.15.91. Soit E un evn et P R[X]. Montrer que


{f L(E) : P (f ) = 0}
est ferme dans L(E).
Exercice 1.15.92. Soit ` lespace vectoriel norme forme des suites
reeles bornees u = (un ) muni de la norme
kuk = sup |un |
nN

Soit : ` ` definie par


(u) = v
o`
u si u = (un ) alors
vn = un+1 un
Montrer que L(` ) et calculer kk.
Exercice 1.15.93. Soit T : ` ` defini par
T ((un )nN ) =

n

 1 X
ui
n + 1 i=0
nN

Montrer que T L(` ) et calculer kT k.


Exercice 1.15.94. Soit n N , on munit M(n, R) de la norme
N (A) = sup

n
X

1in


|aij |

j=1

o`
u A = (aij ).
Calculer kT k o`
u T : M(n, R) R est defini par
T (A) = trace(A)
Exercice 1.15.95. Soit E = C([0, 1], R) muni de lune des trois normes
k.k , k.k1 , k.k2
Soit E et T : E R definie par
Z 1
T (f ) =
f (t)(t)dt
0

Montrer que T est lineaire continue et calculer kT k dans chacun des


trois cas.
73

Exercice 1.15.96. Soit E = C([0, 1], R) muni de lune des trois normes
k.k , k.k1 , k.k2
Soit T : E E definie par
Z
T (f )(x) =

f (t)dt
0

Montrer que T L(E) et calculer kT k dans chacun des trois cas.


Exercice 1.15.97. Soit E = C 1 ([0, 1], R) lespace vectoriel des fonctions
de classe C 1 qui sont definies sur [0, 1] et `a valeurs dans R. On le munit
de la norme
0
kf kC 1 = kf k + kf k
0

o`
u f designe la derivee de f . Soit h E telle que
x [0, 1] : 0 h(x) 1
Si f E on note
T (f )(x) = h(x)f

x
2

+ (1 h(x))f

1 + x
2

1- Montrer que T est une application lineaire continue de E dans lui


meme.
On note F = {f E : T (f ) = f } ( lensemble des points fixes de T ).
On va demontrer que F est de dimension finie.
2- Montrer que F est un sous espace vectoriel de (E, k.kC 1 ).
3- Montrer que
(F)

f F : kf k 4kh k kf k

4- En deduire que k.kC 1 et k.k sont des normes equivalentes sur F .


5- Soit (fn ) une suite bornee delements de F . Montrer que lon peut
extraire de cette suite une sous suite qui converge dans (F, k.k ). 6- En
deduire que F est de dimension finie.
Indication pour 5 : utiliser (F) et appliquer linegalite des accroissements finis sur [0, 1] pour en deduire que la suite (fn ) est uniformement
de Cauchy dans (C([0, 1], R), k.k ), puis conclure.
Exercice 1.15.98. Soit E un evn et E = L(E, R) \ {0}. On se
propose detablir
x E : d(x, ker()) =
74

|(x)|
kkE

- Verifier que
x E : |(x)| kkd(x, ker())
- Soit u E \ ker(). En remarquant que
y =x

(x)
u ker()
(u)

montrer que
d(x, ker())

|(x)|
kuk
|(u)|

En deduire que
x E : d(x, ker()) =

|(x)|
kkE

Application : soit
E = C0 = {(xn ) R : lim xn = 0}
n

muni de la norme
k(xn )k = sup |xn |
nN

Montrer que (E, k.k) est complet.


Si x = (xn ) E on pose
(x) =

+
X
xn
n=0

2n

Montrer que E et calculer


d(x, ker())
kkE est-t-elle atteinte ?
Exercice 1.15.99. Soit E = C([0, 1], R) muni de la norme k.k . Soit
F : [0, 1]2 R continue telle que
M :=

|F (x, t)| < 1

sup
(x,t)[0,1]2

Soit T : E E definie par : si E et x [0, 1]


Z 1
T ()(x) = (x) +
F (x, t)(t)dt
0

Montrer que T GL(E).


75

Exercice 1.15.100. Soient E et F des evn. Montrer que lapplication


(T, u) T (u) est continue de L(E, F ) E dans F .
Exercice 1.15.101. Soit E un evn. Montrer que lapplication (, u)
.u est continue de R E dans E.
Exercice 1.15.102. Soit E un evn. Montrer que pour tout n N,
lapplication
L(E, E) L(E, E)
L Ln = L L (n-fois )
est continue.

76

Chapitre

Derivabilite
2.1

D
erivation

Soit I un intervalle de R et F un espace de Banach.


D
efinition 2.1.1. On dit que : I F est derivable en un point
t0 I si le quotient
(t0 + h) (t0 )
h
admet une limite dans F quand h 0. Dans ce cas, on pose
0

(t0 + h) (t0 )
h0
h

(t0 ) = lim
0

et on dit que (t0 ) est la derivee de en t0 ou encore le vecteur derivee


de en t0 . On dit que est derivable sur I si elle est derivable en tout
point t0 I.
On peut reformuler cette definition : est derivable en un point
t0 I si et seulement si admet un developpement limite `a lordre 1
en t0 . Autrement dit sil existe un vecteur v F tel quon puisse ecrire
(t0 + h) = (t0 ) + hv + h(h)
0

avec (h) F et (h) 0 quand h 0, dans ce cas v = (t0 ).


D
efinition 2.1.2. On dit que : I F est de classe C 1 sur I si
0
est derivable sur I et la fonction : I F est continue sur I.

77

2.2

In
egalit
e des accroissements finis

On rappelle la formule ( ou egalite ) des accroissements finis :


Th
eor`
eme 2.2.1. Si : I R est continue sur [a, b] et derivable sur
]a, b[ alors il existe un point c ]a, b[ tel que
0

(b) (a) = (b a) (c)


Pour la preuve de ce theor`eme, on applique le theor`eme de Rolle,
quon rappelle aussi, a` la fonction
t (t)

(b) (a)
(t a)
ba

Th
eor`
eme 2.2.2. Soit : I R continue sur [a, b] et derivable sur
0
]a, b[. Si (a) = (b) alors il existe c ]a, b[ tel que (c) = 0.
Exercice 2.2.3. Soient f et g deux fonctions continues ur [a, ] et derivables
0
sur ]a, b[ avec g (t) 6= 0 pour tout t ]a, b[. Montrer la formule des accroissements finis generalisee : il existe c ]a, b[ tel que
0

f (c)
f (b) f (a)
= 0
g(b) g(a)
g (c)
La formule des accroissements finis nest plus valable pour une fonction
: [a, b] F a` valeur dans un evn F de dimension suprerieur o`
u egale
a` 2.
En effet, on consid`ere la fonction
: [0, 2] R2
t (cos t, sin t)
0

est de classe C 1 avec (0) = (2) = (1, 0) et (t) = ( sin t, cos t) 6=


(0, 0), t ]0, 2[. On ne peut donc trouver aucun c ]0, 2[ tel que
0

(2) (0) = (2 0) (c)


Cependant, pour les fonctions `a valeurs dans un evn, il existe un substitut a` legalite des accroissements finis sous la forme dune inegalite qui
rend les memes services.
Th
eor`
eme 2.2.4. Soit F un espace de Banach. Si : [a, b] F est
une fonction continue sur [a, b] et derivable sur ]a, b[ alors
0

c ]a, b[ : k(b) (a)k (b a)k (c)k


78

Pour la preuve, on a besoin du lemme suivant qui va permettre de


se ramener a` la formule des accroissements finis.
Lemme 2.2.5. ( Admis )
Soit F un evn. Pour tout a F , on peut trouver une forme lineaire
continue F tel que
kkF 1 et (a) = kak
On continue la preuve du theor`eme : soit F tel que
kkF 1 et ((b) (a)) = k(b) (a)k
Soit : [a, b] R definie par
= (t) = ((t))
(t)
La fonction est continue sur [a, b] par composition et derivable sur
]a, b[ avec
0
0
(t) = ( (t))
Dapr`es la formule des accroissements finis, applicable puisque est a`
valeurs reelles, on peut trouver c ]a, b[ tel que
0
0
(a)

(b)
= (b a) (c) = ( (c))

Puisque
kkF 1 et ((b) ((a)) = k(b) (a)k
On en deduit
k(b) (a)k =
=
=
=

((b)) ((a))
|((b)) ((a))|
(a)|

|(b)
0

(b a)|( (c))|
0
(b a)kkF k (c)k
0
(b a)k (c)k

Corollaire 2.2.6. Soit I un intervalle de R et : I F une fonction


derivable. On suppose quil existe une constante 0 M < telle que
0
pour tout t I on a k (t)k M .
Alors est M -lipschitzienne sur I :
x, y I

k(y) (x)k M |y x|
79

Demonstration. On applique linegalite des accroissements finis `a sur


lintervalle [a, b] = [x, y] avec x < y. En effet, la fonction t [a, b]
0
k (t)k est continue sur le compact [a, b], donc elle est bornee : il existe
0
M > 0 telle que k (t)k M sur [a, b]. On applique ce qui precede.
Corollaire 2.2.7. Si : [a, b] F est de classe C 1 alors est lipschitzienne sur [a, b].
Demonstration. En effet, puisque est de classe C 1 la fonction
[a, b] R
0
t k (t)k
est continue sur [a, b] qui est compact, donc elle est bornee : il existe
0
M 0 tel que k (t)k M pour tout t [a, b]. On applique le corollaire
precedent.
Corollaire 2.2.8. Soit I un intervalle de R et : I F une fonction
0
derivable. Si 0 sur I alors est constante sur I.
Demonstration. On applique le corollaire precedent avec M = 0.

2.3

Int
egration

Soit [a, b] un segment de R et soit F un espace de Banach i.e un


evn complet quon suppose dans toute la suite . Soit : [a, b] F une
fonction continue. On veut definir
Z b
(t)dt F
a

Si F = (Rn , k.k) est de dimension finie : on ecrit = (1 , , n ) et


on definit lintegrale de sur [a, b] `a laide de lintegrale de Riemann :
Z

(t)dt :=
a

Z

Z
1 (t)dt, ,


2 (t)dt Rn

Lintegrale de Riemann verifie les proprietes suivantes :


1- Si u, v C([a, b], Rn ) et si , R on a
Z

Z
(u(t) + v(t))dt =

Z
u(t)dt +

80

v(t)dt
a

2- si u C([a, b], Rn ) et a < c < b alors


Z b
Z c
Z b
u(t)dt (relation de Chasles)
u(t)dt +
u(t)dt =
c

3- Si u C([a, b], Rn ) alors


Z b
Z b


u(t)dt
ku(t)kdt

a

4- Si u : I Rn est continue, la somme de Riemann converge vers


lintegrale de u sur [a, b] :
Z b
k1 
h (b a) X
(b a) i
lim
u a+i
=
u(t)dt
k
k
k
a
i=0
Si F est de dimension infinie : on va definir lintegrale de telles sorte
que les proprietes 1, 2, 3 et 4 restent verifiees. Pour ce faire, on va definir
lintegrale `a laide de la proriete 4. On admet le lemme suivant :
Lemme 2.3.1. Si F est un espace de Banach et si : [a, b] F est
une fonction continue alors la somme de Riemann
k1
(b a) 
(b a) X 
converge dans F
a+i
Sk =
k
k
i=0

D
efinition 2.3.2. On definit lintegrale dune fonction : [a, b] F
continue sur [a, b] et `a valeurs dan un evn F complet en posant :
Z
a

k1
(b a) X 
(b a) 
(t)dt := lim
a+i
k
k
k
i=0

Th
eor`
eme 2.3.3. Soit I un intervalle de R et soit a I. Si : I F
est continue, alors la fonction : I F definie par
Z t
(t) =
(s)ds
a
0

est de classe C 1 et = .
Demonstration. Puisque est continue, il suffit de montrer que est
derivable sur I et
0
=
81

Soient t0 I un point fixe. Soit h R voisin de 0 tel que t0 + h I.


Dapr`es la relation de Chasles
Z t0 +h
Z t0 +h
Z t0
(t)dt
(t)dt =
(t0 + h) (t0 ) =
(t)dt
t0

Par suite
(t0 + h) (t0 )
1
=
h
h

t0 +h

(t)dt
t0

On peut ecrire
1
(t0 ) =
h

t0 +h

(t0 )dt
t0

Puisque [t0 , t0 + h] = {t0 + sh : s [0, 1]}, par le changement de


variable t = t0 + sh , on a
Z
(t0 + h) (t0 )
1 t0 +h
=
((t) (t0 ))dt
h
h t0
Z 1
=
(t0 + sh)ds
0

Par consequent, on a
()

(t + h) (t )

Z 1



0
0
k(t
+
sh)

(t
)kds

(t
)




0
0
0
h
0

Puisque est continue en t0 :


 > 0, > 0, |h| = k(t0 + h) (t0 )k 
Puisque |sh| |h| si |s| 1, on a aussi
 > 0, > 0, |h| = k(t0 + sh) (t0 )k , s [0, 1]
Dapr`es () on obtient la continuite en de en t0 :
(t + h) (t )



0
0
 > 0, > 0, |h| =
(t0 ) 
h

Le theor`eme fondamentale de lanalyse montre en particulier que


toute fonction continue : I F possede des primitives.

82

Corollaire 2.3.4. Soit : I F et de classe C 1 , alors pour tout


xI :
Z x
0
(x) = (a) +
(t)dt
a

Demonstration. En effet, On pose


Z

(t)dt

(x) = (a) +
a
0

Alors est de classe C 1 et = sur I. Par suite ( ) = 0


sur I et donc la fonction f = est constante sur I et vaut 0 car
(a) = (a).
Une consequence du theor`eme fondamentale de lanalyse est la formule dintegration par parties :
Corollaire 2.3.5. Soient : I E, : I F de classe C 1 et
B : E F G une application bilineaire continue o`
u E, F et G trois
espaces de Banach. Alors on a
Z b
h
ib Z b
0
0
B((t), (t))dt = B((t), (t))
B( (t), (t))dt.
a

Demonstration. En effet, il suffit de remarquer que


h
i0
0
0
B(, ) (t) = B( (t), (t)) + B((t), (t))

Remarque 2.3.6. A laide du theor`eme fondamentale de lanalyse on


retrouve linegalite des accroissement fini : si F est un espace de Banach
et : I F est de classe C 1 alors pour [a, b] I on a
Z b

0


k(b) (a)k =
(t)dt
a
Z b
0

k (t)kdt
a
Z b
0

sup k (t)kdt
a t[a,b]
0

(b a) sup k (t)k
t[a,b]

83

2.4

Formule de Taylor

La formule de Taylor avec reste integrale , vue en premi`ere annee, est


un resultat fondamentale de la theorie des fonctions numeriques dune
variable reelle. On aussi la version vectorielle qui senonce exactement
de la meme mani`ere.
Th
eor`
eme 2.4.1. Soient I un intervalle de R, F un espace de Banach,
k N et : I F de classe C k+1 . Pour tous a, b I, on a
0

(b) = (a) + (b a) (a) + +


Z b
(b t)k (k+1)
+

(t)dt
k!
a

(b a)k (k)
(a)
k!

Demonstration. Dapr`es le theor`eme fondamentale de lanalyse, on a


Z b
0
(t)dt
(b) = (a) +
a

ce qui est la formule souhaitee pour k = 0. Si on suppose que k 1,


une integration par parties donne
Z b
h
ib Z b
00
0
0
(b t) (t)dt
(t)dt =
(b t) (t) +
a
a
a
Z b
0
00
= (b a) (a) +
(b t) (t)dt
a

et donc
0

(b) = (a) + (b a) (a) +

00

(b t) (t)dt
a

On raisonne par recurrence sur k : on suppose que k 2. On peut


re-integrer par parties pour obtenir
Z b
h (b a)2 00 ib
00
(t)
(b t) (t)dt =

2
a
a
Z b
2
(b t) 00
+
(t)dt
2
a
Z b
(b a)2 00
(b t)2 (3)
=
(a) +
(t)dt
2
2
a
et ainsi de suite. En repetant k fois ce raisonnement, on obtient la formule souhaitee.
84

2.5

In
egalit
e de Taylor-Lagrange

Corollaire 2.5.1. : I F est de classe C k+1 et sil existe une


constante M telle que
tI

k(k+1) (t)k M

alors pour tous a, x I on a


k

X
(x a)p (p)
|x a|k+1


(a) M
(x)
p!
(k + 1)!
p=0

Demonstration. En ecrivant [a, x] = {a + t(x a) : t [0, 1]}, dapr`es


la formule de Taylor :


(x)

k
X
(x a)p

p!

p=0



(p) (a)

(a t)k (k+1)

(a + t(x a))(x a)k+1 dt


k!
0
Z 1

|x a|k+1


=
(1 t)k (k+1) (a + t(x a))dt

k!
Z0
|x a|k+1 1
M
(1 t)k dt
k!
0
Z 1
k+1
|x a|
1
= M
(1 t)k dt =
car
(k + 1)!
k+1
0
Z

=

2.6

Exercices

Exercice 2.6.1. On note par C 1 (I, F ) le R-espace vectoriel de toutes


les fonctions : I F de classe C 1 . On peut definir par recurrence
0
C k (I, F ) lensemble des fonctions f telles que f, f , , f (k1) , f (k) sont
continues sur I.
Montrer que si F est un espace Banach alors C k ([0, 1], F ) muni de la
k
X
norme kkk :=
sup k(j) (t)kF est aussi de Banach.
i=0 t[0,1]

Exercice 2.6.2. Si : I F et L L(E, F ) o`


u E est un evn , on note
la composee L (t) = (L)(t) = L(t) = L((t)). Si est derivable
0
0
alors L est aussi derivable avec (L) (t) = L (t).
85

Exercice 2.6.3. Soient u : I E, v : I F et B : E F G une


application bilineaire continue. On note : B(u, v) : I G definie par
B(u, v)(t) = B(u(t), v(t)). Montrer que si u et v sont derivables alors
B(u, v) est aussi derivable avec
0

B(u, v) (t) = B(u (t), v(t)) + B(u(t), v (t))


Exercice 2.6.4. Soient u, v : I Rn et M, N : I M(n, R) de
fonctions derivables. Calculer les derivees de fonctions
t < u(t), v(t) >

et t M (t)N (t)

Exercice 2.6.5. Soit : I Rn une fonction derivable. On suppose


que
t I : k(t)k2 = C(une constante)
Montrer que 0 (t) est orthogonal `a (t) pour tout t I.
Exercice 2.6.6. Soit f : I R R3 une fonction de classe C 1 telle
0
que : pour tout t I : f (t) 6= 0 et la famille (f (t), f (t)) est liee. On
pose
f (t)
g(t) =
kf (t)k
0

- Montrer que g est de classe C 1 et que g (t) est orthogonal et co aire


c
linA
`a g(t).
- En deduire que f (t) garde une direction constante.
- Chercher un contre-exemple lorsquon retire la propriete : t I , f (t) 6=
0.
Exercice 2.6.7. Soient A GL(n, C) et I un intervalle reel contenant
0. On suppose quil existe une application
X :] , [ M(n, C)
de classe C 1 telle que
0

t ] , [ : X (t) = A.X(t) et X(0) = I


Montrer que
t ] , [ : X(t) GL(n, C)
Indication : calculer la derive de X(t)X(t) pour t ] , [.

86

Exercice 2.6.8. Soient e1 , e2 , e3 : I R3 trois fonctions de classe


C 1 telles que pour tout t I : Bt := (e1 (t), e2 (t), e3 (t)) soit une base
orthonormee de R3 ( base orthonormee mobile ).
0
0
0
Soit Mt la matrice dans Bt des vecteurs derivees e1 (t), e2 (t), e3 (t). Montrer que Mt est antisymetrique i.e
tr

Mt + Mt = 0,

tI

En deduire quil existe un vecteur (t) tel que


0

ei (t) = (t) ei (t),

i = 1, 2, 3

On suppose que e1 , e2 , e3 sont de classe C 2 sur I. Montrer que est de


0
00
classe C 1 et calculer ei (t) en fonction de (t), (t), ei (t).
Exercice 2.6.9. 8- Soit f :]a, b[ E ( espace de Banach ) de classe
C 1 . Montrer que si f admet une derivee seconde au point t0 ]a, b[ alors
00

f (t0 ) = lim

h,k0

f (t0 + h + k) f (t0 + h) f (t0 + k) + f (t0 )


hk
00

Pour cela, introduire la fonction g(u) = f (t0 +u+k)f (t0 +u)ukf (t0 )
et montrer que pour tout  > il existe > 0 tels que si |u| < et |k| <
0
alors kg (u)k (2|u| + |k|).
els
c
Exercice 2.6.10. Soit a et b deux rA
(a < b), E un espace de
Banach et f : [a, b] E une fonction continue. On suppose que f
admet en tout point de [a, b[ une derivee `a droite continue. Montrer que
f est de classe C 1 dans [a, b[.
Exercice 2.6.11. Soit E un espace de Banach et f : [0, a[ E ( a >
0) une fonction derivable `a droite de 0 et telle que f (0) = 0. Determiner
les limites suivantes :
lim

n
X

f(

p=1

p
) et
n2

lim

n
X

f(

p=1

1
)
n+p

Exercice 2.6.12. Soit E un espace de Banach et f : R E une


fonction continue telle que
f (2x) f (x)
=`E
x0
x
lim

Montrer que f est derivable ne 0.


87

Exercice 2.6.13. Soit (E, |.k) un evn.


1- Soit u, v E. Montrer que la fonction : R R definie par
(t) = ku + tvk
est derivable `a droite en tout point de R et
0

t R : | (t)| kvk
Montrer que que si f : R E est derivable en t0 alors la fonction
t R (t) = kf (t)k
0

est derivable `a droite de t0 et d (t0 ) kf (t0 )k


Exercice 2.6.14. Soient f et g deux fonctions continues ur [a, ] et
0
derivables sur ]a, b[ avec g (t) 6= 0 pour tout t ]a, b[. Montrer la formule
des accroissements finis generalisee : il existe c ]a, b[ tel que
0

f (c)
f (b) f (a)
= 0
g(b) g(a)
g (c)
Exercice 2.6.15. Soit a, b R avec a < b. Soit f : [a, b] R une
fonction derivable. On note T = {(x, y) [a, b]2 : x < y}.
Determiner T dans R2 .
On definit la fonction g : T R par
f (x) f (y)
si x 6= y
xy
0
g(x, y) = f (x) si x = y
g(x, y) =

Demontrer que g(T ) est un intervalle de R. On note I = g(T ).


0
Demontrer les inclusions I f ([a, b]) g(T ) I.
0
Demontrer que f verifie la propriete des valeurs intermediaires i.e
0

m [f (a), f (b)], c ]a, b[ : f (c) = M


Exercice 2.6.16. Soit f une application continue dun segment [a, b]
R dans un espace de Banach E. On suppose que f admet une derivee `a
0
droite fd (t) en tout point t ]a, b[. Montrer quil existe c ]a, b[ tel que
0

kf (b) f (a)k (b a)kfd (c)k


Indication : Poser k = kf (b) f (a)k/(b a) > 0, on supposera que
0
kfd (t)k < k pour tout t ]a, b[. Il existerait alors t0 ]a, b[ et h > 0 tels
que
kf (t0 + h) f (t0 )k < kh
On obtient une contradiction en appliquant le theor`eme des accroissement finis aux segments [a, t0 ] et [t0 + h, b].
88

Exercice 2.6.17. On munit lespace C([a, b], F ) de la norme k.k definie


par kk = sup{k(t)k : t [a, b]}.
- Montrer que lapplication
I : C([a, b], F ) F
Z b
(t)dt

a

est continue.
- Montrer que si (k ) C([a, b], F ) converge vers alors
Z
lim

k (t)dt =
a

(t)dt
a

Exercice 2.6.18. Le but de lexercice est de caracteriser les homomorphismes du groupe additif (R, +) dans le groupe GL(n, R), ) muni de
la composition des matrices. Soit une application continue : R
GL(n, R) qui est en meme temps un homomorphisme de groupes cest `a
dire
(s, t) R2 ) : (t + s) = (t) (s)
Pour tout t R, on note
h
i
(t) = aij (t)

(i,j){1,2, ,n}2

GL(n, R)

Verifier que la fonction F : R M(n, R) definie par


Z t
hZ t
i
F (t) =
(u)du =
aij (t)dt
M(n, R)
0

(i,j){1,2, ,n}2

est derivable et

t R : F (t) = (t)
Montrer que si t est proche de 0 alors F (t) GL(n, R) ( Penser `a
utiliser linegalite des accroissements finis et le fait que si A M(n, R)
verifie kA In k < 1 alors A est inversible ).
Soit > 0 tel que F () GL(n, R). Montrer que
t R : (t) = [F ()]1 (F (t + ) F (t))
Indication : deriver la fonction
u F (t + u) F (u)(t)
89

En deduire que est derivable.


0
On pose M0 = (0). Montrer que
0

t R : (t) = M0 (t) = (t)M0


En derivant f (t) = (t) exp(tM0 ), conclure que
t R : (t) = exp(tM0 )
o`
u
exp(A) :=

+
X
An
n=0

n!

est lexponentielle de A M(n, R).


Exercice 2.6.19. En utilisant linegalite de Taylor-Lagrange, montrer
que
+ n
X
x
x
xR : e =
n!
n=0
En utilisant la formule : eix = cos x + i sin x, deduire les decompositions
des fonctions x sin x et x cos x.
Montrer
x ] 1, 1[ : log(1 + x) =

+
X
(1)n+1
n=1

xn

Exercice 2.6.20. Soit : I F de classe C 2 . On suppose quon a


0

00

(a) = 0 et k (t)k (t)


pour tout t [a, b] o`
u : [a, b] R+ est une fonction continue. Majorer la quantite : k(b) (a)k `a laide dune integrale faisant intervenir
.
Exercice 2.6.21. Formule des trap`ezes : soit f : [a, b] F (un
espace de Banach) de classe C 2 , avec a < b. Montrer quil existe C > 0
tel que
Z b
(f (a) + f (b))
00


f (t)dt (b a)

C max kf (t)k(b a)2
t[a,b]
2
a

90

Chapitre

Differentiablilite
3.1

Notations de Landau

D
efinition 3.1.1. Soient E et F deux evn et V E une partie de E.
Soit R : V F et : V R+ deux applications definies sur V .
1- Supposons que V est un voisinage de 0. On dit que R(h) est un petit
o de (h) , et on ecrit R(h) = o((h)), si on a (h) > 0 pour h 6= 0
suffisamment proche de 0 et
kR(h)kF
=0
h0
(h)
lim

2- On dit que R(h) est un grand O de (h) sur V , et on ecrit R(h) =


O((h)), sil existe une constante C < telle que pour h V on a
kR(h)kF C(h)
Les notations o et O ne changent pas si on remplace les normes
par des normes equivalentes.
Exemple 3.1.2. Par definition R(h) = o(1) signifie que kR(h)kF
tend vers 0 quand h tend vers 0.
2- On a khk2 = o(khk) quand h tend vers 0.
3- Si L : E F est lineaire continue , alors L(h) = O(khk) sur E.
Les notations o et O sont extremement commodes, et il faut
faire leffort de sy habituer. On peut ecrire ( exactement comme quand
on fait des developpement limites ) des identites du style
o((h)) o((h)) = o((h))
O((h)) O((h)) = O((h))
O((h)) o((h)) = O((h))
91

3.2

Fr
echet diff
erentiabilit
e

Dans ce qui suit, E et F sont des evn. Si L : E F est lineaire


continue, on note L.h au lieu de L(h).
D
efinition 3.2.1. Soit f : F , o`
u est un ouvert de E. On dit
que f est Frechet differentiable au point p sil existe une application
lineaire continue L : E F telle que
f (p + h) = f (p) + L.h + o(khk)
quand h tend vers 0.
Cette definition a bien un sens car h f (p + h) est effectivement
definie dans un voisinage de 0 : puisque est un ouvert alors p + h
si h est voisin de 0.
Lemme 3.2.2. Si f est Frechet diffeentiable en p alors il existe une
unique L L(E, F ) verifiant
f (p + h) = f (p) + L.h + o(khk)
On dit que L est la differentielle de f au point p et on ecrit
L = Df (p)
Ainsi quand h 0 on a
()

f (p + h) = f (p) + Df (p).h + o(khk)

Demonstration. Soient L1 et L2 deux applications lineaires continues


verifiant (). On a quand h tend vers 0
(L1 L2 ).h = (f (p + h) f (p) + o(khk))
(f (p + h) f (p) + o(khk))
= o(khk)
Soit u E \{0} fixe. Pour t R voisin de 0 et h = tu on a (L1 L2 ).tu =
o(ktuk) = o(|t|kuk) = o(|t|). Ceci entraine que
0 = lim
t0

|t|k(L1 L2 )(u)k
k(L1 L2 )(tu)k
= lim
= k(L1 L2 )uk
t0
|t|
|t|

Par suite k(L1 L2 )uk = 0 et donc L1 = L2 car L1 et L2 sont nulles en


0.
92

Proposition 3.2.3. Si f : F est Frechet differeniable au point


p alors f est continue au point p.
Demonstration. on a
f (p + h) f (p) = Df (p).h + (khk)
Puisque Df (p) est lineaire on a Df (p).h = O(khk) et donc
f (p + h) f (p) = o(khk) + O(khk) = O(khk)
au voisinage de 0, et en particulier f (p + h) f (p) tend vers 0 quand h
tend vers 0.
La reciproque est evidamment fausse : la fonction f (t) = |t| au point
t = 0.
D
efinition 3.2.4. Soit : I F avec I un intervalle ouvert de R et
t0 I. On dit que et derivable en t0 si
0

(t0 ) := lim

tt0

(t) (t0 )
t t0

existe dans F

Lapplication : I F est appelee chemin ou courbe tracee ou aussi


une trajectoire dun mobile sur F . Le vecteur (t) est la position du
mobile.
Si E = R les notions de derivabilite et Frechet differentiabilite sont
equivalentes.
Lemme 3.2.5. Soit : I F o`
u I est un intervalle ouvert de R. Soit
t0 I. Alors est Frechet differeniable en t0 si et seulement si elle est
derivable en t0 . Dan ce cas la differentielle en t0 est donnee par
0

D(t0 ).h = h (t0 )


0

En particulier, on a (t0 ) = D(t0 ).1 qui est la vitesse du mobile.


Demonstration. En effet si est derivable au point t0 alors on peut
ecrire
0
(t0 + h) = (t0 ) + h (t0 ) + h(h)
o`
u (h) tend vers 0 dans F quand h tend vers 0 dans R. Comme h(h) =
o(|h|) quand h tend vers 0 et que lapplication
0

h h (t0 )
93

est lineaire continue, cela montre que est differentiable en t0 avec


0
D(t0 ).h = h (t0 ).
Inversement, si est Frechet differentaible en t0 , alors
(t0 + h) = (t0 ) + D(t0 ).h + o(|h|)
quand h tend vers 0. Comme D(t0 ) est lineaire , on a pour h R :
D(t0 ).h = D(t0 )(h 1) = h D(t0 ).1
En posant = D(t0 ).1, lidentite
(t0 + h) = (t0 ) + D(t0 ).h + o(|h|)
secrit donc
(t0 + h) = (t0 ) + h + o(|h|)
Ainsi possede un developpement limite a` lordre 1 en t0 et par consequent
0
est derivable en t0 avec (t0 ) = = D(t0 ).1.
Remarque 3.2.6. L(R, F ) sidentifie isometriquement de mani`ere canonique `a F .
D
efinition 3.2.7. Soit un ouvert de E et soit f : F
(i) On dit que f est Frechet differentiable sur si elle est Frechet
differentiable en tout point de p . On a alors une application
Df : L(E, F )
p Df (p)
quon appelle la differentielle de f .
(ii) On dit que f est de classe C 1 sur si f est Frechet differentiable
sur et sa differentielle Df : L(E, F ) est continue.
La differentielle de f est donc une application de dans un espace
dapplications , a` savoir L(E, F ). Il est tr`es important detre toujours
bien conscient de ce fait : une differentielle est un objet complique quil
faut prendre soin de bien la manipuler.
Proposition 3.2.8. Soit I un intervalle ouvert de R. Une application
: I F et de classe C 1 au sens de la definition precedente si et
0
seulement si est derivable et est continue.

94

Demonstration. En effet on sait deja que : I F est Frechet


differentiable sur I si et seulement si elle est derivable sur I et sa
0
derive (t) = D(t).1. Autrement dit la correspondance canonique
0
entre L(R, F ) et F identifie D(t) et (t) pour tout t I. Ainsi lorsque
est Frechet differentiable sur I sa differentielle D : I L(R, F )
0
sidentifie `a son application derivee : I F et on a pour tous , t I
0

kD(t) D(s)kL(R,F ) = k (t) (s)kF


0

En particulier D : I L(R, F ) et continue si et seulement si : I


F est continue.
Supposons quil existe une application lineaire continue L : E F
telle que pour tout u : f (u) = L(u). Alors f est de classe C 1 et
u : Df (u) = L. En effet, la differentielle Df : L(E, F )
est donc constante : car
f (p + h) = L(p + h) = L0 p) + L(h) = f (p) + L.h + 0
Autrement dit la differentielle dune application lineaire continue L :
E F est L.

3.3

G
ateaux diff
erentiabilit
e

Dans ce qui suit, E et F sont toujours des evn.


D
efinition 3.3.1. Soit F : F o`
u est un ouvert de E et soit
p . Soit v E \ {0}. On dit que f admet au point p une derivee
dans la direction de v si la fonction dune variable reelle
t f (p + tv)
definie au voisinage de t = 0 est derivable en t = 0. On pose alors
i
dh
f (p + tv) |t=0
Dv f (p) =
dt
f (p + tv) f (p)
= lim
t0
t
D
efinition 3.3.2. Soit F : F o`
u est un ouvert de E et soit
p . On dit que f est Gateaux differentiable au point p si pour tout v
E \ {0}, lapplication f admet au point p une derivee dans la direction
v.
95

Exercice 3.3.3. Si Dv f (p) existe alors Dv f (p) existe pour tout R


et
Dv f (v) = Dv f (p)
Proposition 3.3.4. Si f : F est Frechet differentiable en p alors
f est Gateaux differentiable.
De plus pour tout v E \ {0}
Dv f (p) = Df (p).v
Demonstration. On a
f (p + h) = f (p) + Df (p).h + o(khk) quand h 0
par consequent si v E \ {0} est fixe , on a
f (p + tv) = f (p) + Df (p).tv + o(ktvk) quand t 0
= f (p) + tDf (p).v + o(|t|
car Df (p) est lineaire et ktvk = |t|kvk = O(|t|). Ainsi f (p + tv) possede
un developpement limite `a lordre 1 en 0 et par consequent
i
dh
f (p + tv) |t=0 = Df (p).v
dt

Remarque 3.3.5. Attention : La Gateaux differentiabilite nentraine


pas toujours la Frechet differentiabilite comme on va le voir dans lexemple
suivant.
Exemple 3.3.6. Soit f : R2 R la fonction definie par
f (x, y) = 0 si y =
6 x2
f (x, y) = 1 si y = x2
f (0, 0) = 0
1- f est Gateaux differentiable : f admet en (0, 0) des derivees dans
toutes les directions et Dv f (0) = 0 pour tout v R2 \ {(0, 0)}.
2- f nest pas continue en (0, 0) et donc pas Frechet differentaible en
(0, 0).

96

Demonstration. 2- Il est clair que f nest pas continue en (0, 0) car


f (x; x2 ) = 1 et ne tend pas ver 0 = f (0, 0) quand x 0.
1- Soit v = (, ) R2 \ {(0, 0)}. On a
f ((0, 0) + tv) = f (t, t)
pour tout reel t. Lequation
t = (t)2
possede au plus deux solutions ( qui sont 2 si et sont tous les deux
non nuls) dont lune est t = 0. Donc on a certainement t 6= (t)2 si
t 6= 0 est assez proche de 0, et donc f (t, t) = 0. Par consequent
f ((0, 0) + tv) f (0, 0) = 0 pour t 6= 0 assez proche de 0
et donc Dv f (0, 0) = 0.

3.4

Fonctions `
a valeurs dans Rm

Proposition 3.4.1. Soit f : Rm o`


u est un ouvert dun evn E.
On ecrit f (u) = (f1 (u), , fm (u)). Alors f est Frechet differentiable
en un point p si et seulement si ses composantes f1 , , fm le sont.
Dans ce cas la differentielle de f au point p est est donnee par
h E Df (p).h = (Df1 (p).h, , Dfm (p).h) Rm
Demonstration. En effet, on munit Rm de la norme k.k . On a besoin
du fait suivant :
Fait : soit L : E Rm une application lineaire quon ecrit L(h) =
(L1 (h), , Lm (h)). Alors L est continue si et seulement si ses composantes L1 , , Lm le sont, de plus kLk = max(kL1 k, , kLm k).
Supposons que f est Frechet differentiable en p. On peut alors ecrire
f (p + h) = f (p) + Df (p).h + R(h)
o`
u R(h) = o(khk) quand h 0. On note par i : Rm R les projections
i (x1 , , xm ) = xi . On a pour tout i {1 , m}
i (f (p + h)) = i (f (p)) + i (Df (p).h) + Ri (h)
o`
u Ri (h) = i (R(h)). Autrement dit
fi (p + h) = fi (p)) + i (Df (p).h) + Ri (h)
97

Puisque i est lineaire on a Ri (h) = O(kR(h)k) et donc Ri (h) = o(khk)


quand h 0. Cela montre que chaque fi est differentaible en p avec
Dfi (p).h = i (Df (p).h) i {1, , m}.
Inversement, supposons que chaque fi est Frechet differentiable en
p. On peut alors ecrire
fi (p + h) = fp ) + Dfi (p).h + Ri (h) o`
u Ri (h) = o(khk)
Par consequent
f (p + h) = f (p) + (Df1 (p).h, , Dfm (p).h) + R(h)
o`
u R(h) = (R1 (h), , Rm (h)). Puisque Ri (h) = o(khk) on a
kR(h)k = max(|R1 (h)|, , |Rm (h)|) = o(khk)
Dapr`es le Fait precedent, lapplication lineaire L definie par
L(h) = (Df1 (p).h, , Dfm (p).h)
est continue. Ainsi f est Frechet differentiable en p avec Df (p) = L.
Corollaire 3.4.2. Soit f : Rm o`
u est un ouvert dun evn E.
On ecrit
f (u) = (f1 (u), , fm (u))
Alors f est de classe C 1 sur si et seulement si ses composantes
f1 , , fm le sont.
Demonstration. On munit Rm de la norme k.k . Dapr`es le fait precedent,
lespace L(E, Rn ) sidentifie isometriquement `a L(E, R) L(E, R), mfois comme suit : si L = (L1 , , Lm ) alors
kLkL(E,Rn ) = max(kL1 kL(E,R) , , kLm kL(E,R) )
Une application
: L(E, Rn ) L(E, R) L(E, R)
est donc continue si et seulement si ses composantes 1 , , m le sont.
En particulier si f est Frechet differentiable alors
Df : L(E, Rn )
est continue si et seulement si les Dfi : L(E, R) le sont. Autrement dit , f est de classe C 1 si et seulement si les fi le sont.
98

3.5

D
eriv
ees partielles

D
efinition 3.5.1. Soit un ouvert de Rn et F un evn. Soient f :
F et j {1, 2, , n}. On dit que f admet en un point x0 =
(x01 , , x0n ) une derivee partielle par rapport `a la j-i`eme variable
si la fonction dune variable s f (x01 , , x0i1 , s, x0i+1 , , x0n ) est
derivable au point x0j . On pose alors
i
f
dh
(p) =
f (x01 , , x0j1 , s, x0j+1 , , x0n )
xj
ds
s=x0j
Autrement dit
f (x01 , , x0i1 , x0j + t, x0j+1 , , x0n ) f (x0 )
f
(p) = lim
t0
xj
t
Remarque 3.5.2. 1- La definition est simple : on consid`ere toutes les
variables comme constantes sauf une et on derive par rapport `a cette
variable.
f
(p), quand elle existe, est un element de F .
2- La derivee partielle x
j
On a donc une application
f
: F
xj
quon appelle la j-`eme derivee partielle.
3- On a
f 0
(x ) = Dei f (x0 )
xj
o`
u ei = (0, , 0, 1, 0 , 0), o`
u 1 est dans la i-i`eme position, est le
i-i`eme vecteur de la base canonique de Rn .
Th
eor`
eme 3.5.3. Soit un ouvert de Rn et soit f : F . Si f est
Frechet differentiable en un point x0 alors f admet au point x0 des
derivees partielles par rapport `a chaque variable.
De plus pour h = (h1 , , hn ) Rn on a
Df (p).h =

n
X

hj Df (x ).ej =

j=1

n
X
j=1

hj

f 0
(x )
xj

Demonstration. Puisque f est Frechet differentiable au point x0


alors f admet au point x0 des derivees dans toutes les directions avec
99

Dv f (x0 ) = Df (x0 )(v) pour tout v Rn \{0}. Donc f admet des derivees
partielles en x0 qui est
f 0
(x ) = Df (x0 ).ej ,
xj

j {1, 2, , n}

Pour h = (h1 , , hn ) Rn , on a donc


n
X

Df (x0 ).h = Df (x0 )
hj ej
j=1

n
X

hj Df (x0 ).ej =

j=1

n
X
j=1

hj

F 0
(x )
xj

On a vu, a` laide dun exemple, que lexistence de derivees partielles en


un pont ne suffit pas `a assurer la differentiabilite. Avec des hypoth`eses
plus fortes, on obtient cependant une reciproque du theor`eme precedent.
Cest le theor`eme fondamentale sur les fonctions de plusieurs variables.
Th
eor`
eme 3.5.4. Soient un ouvert de Rn et f : F tels que
f admet des derivees partielles en tout point de . Soit p . Si les
fonctions
f f
f
,
, ,
: F
x1 x2
xn
sont continues au point p alors f est Frechet differentiable en p.
Demonstration. En effet, dapr`es le theor`eme precedent, le seul candidat
possible pour Df (p) est lapplication lineaire ( continue ) L : Rn F
definie par
n
X
f
(p)
L.h =
hj
x
j
j=1
Il sagit donc de montrer quon a
f (p + h) f (p) L.h = o(khk) quand h 0
On munit Rn de la norme k.k et on choisit > 0 tel que
khk = p + h

100

Soit h = (h1 , h2 , , hn ) Rn verifiant khk . En ecrivant


f (p + h) f (p)

[f (p1 + h1 , p2 + h2 , , pn + hn )
f (p1 , p2 + h2 , , pn + hn )]
[f (p1 , p2 + h2 , , pn + hn )
f (p1 , p2 , p3 + h3 , , pn + hn )]
[f (p1 , p2 , , pn1 , pn + hn )
f (p1 , p2 , , pn )]

On obtient
f (p + h) f (p) L.h =

n
X

j (h)

j=1

o`
u les j (h) sont donnees par les formules suivantes :
1 (h) = f (p1 + h1 , p2 + h2 , , pn + hn )
f (p1 , p2 + h2 , , pn + hn ) h1

f
(p)
x1

2 (h) = f (p1 , p2 + h2 , , pn + hn )
f (p1 , p2 , p3 + h3 , , pn + hn ) h2
=
n (h) = f (p1 , p2 , , pn1 , pn + hn )
f
f (p1 , p2 , , pn ) hn
(p)
xn

f
(p)
x2

Si t [0, 1] on pose
(t) = f (p1 + th1 , p2 + h2 , , pn + hn ) th1

f
(p)
x1

On a
1 (h) = (1) (0)
Puisque (p1 +th1 , p2 +h2 , , pn +hn ) B(p, ) pour tout t [0, 1]
f
et comme
existe en tout point de , la fonction est derivable sur
x1
[0, 1] avec
0

(t) = h1

f
f
(p1 + th1 , p1 + h2 , , pn + hn ) h1
(p)
x1
x1
101

Dapr`es linegalite des accroissements finis : c ]0, 1[ tel que


0

k(1) (0)k k (c)k


Autrement dit
f

f


k1 (h)k |h1 |
(p1 + ch1 , p1 + h2 , , pn + hn )
(p)
x1
x1
Dautre par, le point
1 (h) := (p1 + ch1 , p1 + h2 , , pn + hn )
verifie
k 1 (h) pk = max(|ch1 |, |h2 |, , |hn |) khk
Ainsi on a trouve un point 1 (h) tel que
f

f


k 1 (h) pk khk et k1 (h)k |h1 |
( 1 (h))
(p)
x1
x1
En appliquant successivement linegalite des accroissements finis, on
peut trouver des points 2 (h), , n (h) tels que pour tout j, on a

f
f


j
j
( (h))
(p)
k (h) pk khk et k1 (h)k |hj |
xj
xj
On en deduit
kf (p + h) f (p) L.hk

n
X


f
f


( j (h))
(p)
|hj |
x
x
j
j
j=1

khk

n

X
f
f j

( (h))
(p)

x
x
j
j
j=1

= khk (h)
o`
u

f

f


(h) :=
( j (h))
(p)
xj
xj

Comme k j (h) pk khk , chaque j (h)k tend vers 0 quand h 0 et


f
donc (h) tend vers 0 car les x
sont continues au point p. On a donc
j
bien montre que
f (p + h) = f (p) + L.h + o(khk) quand h 0

102

Corollaire 3.5.5. Soit un ouvert de Rn . Pour une application f :


F , les proprietes suivantes sont equivalents : (i) f est de classe
C 1 sur ,
(ii) f admet des detrivees partielles en tout point de et les fonctions
f f
f
,
, ,
: F
x1 x2
xn
sont continues sur .
Demonstration. En effet, si (i) est verifiee, alors f admet des derivees
partielles en tout point et on a pour tout j {1, 2, , n} et p
f
(p) == Df (p).ej
xj
Comme lapplication lineaire
L(Rn , F ) F
L L.ej
est continue et comme Df est continue sur , on deduit par composition
f
que x
: F est continue sur .
j
Inversement, supposons que (ii) est verifiee. Dapr`es ce qui precede,
f est Frechet differentiable sur . Il reste a` voir que
Df : L(Rn , F )
est continue. On munit Rn de la norme k.k .
FAIT : si L L(Rn , F ) alors
kLkL(Rn ,F ) =

n
X

kL(ej )kF

j=1

Exercice 3.5.6. Etablir


ce fait.
Si x, y alors on a
n

X


kDf (x) Df (y)k =
Df (x).ej Df (y).ej
j=1
n
X


f

f
(x)
(y)
=

xj
xj
j=1
Comme les

f
xj

sont continues : Df est continue i.e f est C 1 .


103

Corollaire 3.5.7. Soit un ouvert de Rn et soit f = (f1 , , fm ) :


Rm . Alors f est de classe C 1 si et seulement si pour tous i
{1, , m} et j {1, , n} :
fi
: R
xj
existe et est continue sur .
Remarque 3.5.8. Linteret pratique des deux corollaires precedents est
evident : pour montrer quun fonction definie sur un ouvert de Rn est de
classe C 1 il suffit de calculer les derivees partielles et de verifier quelles
sont continues. On peut meme oublier la definition de la differentiabilite.

3.6

Gradient et matrice jacobienne

D
efinition 3.6.1. Soit un ouvert de Rn et soit f : R possedant
des derivees partielles en un point p . Le gradient de f au point p,
quon note f (p), est le vecteur de Rn definie par
f (p) =

 f
x1

(p),


f
f
(p), ,
(p)
x2
xn

Remarque 3.6.2. Si h = (h1 , h2 , , hn ) Rn on a


Df (p).h =

n
X
j=0

hj

f
(p) =< f (p), h >
xj

D
efinition 3.6.3. Soient un ouvert de Rn et f = (f1 , , fm ) :
Rm . On suppose que les fonctions fi : R possedent des
derivees partielles en un point p . La matrice jacobienne de f au
point p est la matrice associee `a lapplication lineaire Df (p) : Rn
Rm relativement aux bases canoniques de Rn et Rm :
Jacf (p) :=

3.7

 f

xj


(p)

( m lignes et n colonnes )
1im,1jn

Divergence et Rotationnel

D
efinition 3.7.1. Soit f : Rn Rn , quon appelle champ, de
composantes f1 , , fn dont toutes les derivees partielles existent. La
104

divergence du champ f est la fonction scalaire definie par


divf : Rn R
n
X
fi
x divf (x) := tr(Jf )(x) =
(x)
xi
i=1

o`
u tr(Jf )(x) est la trace de la matrice Jacobienne.

En ecrivant := x 1 , , xn comme un vecteur , on ecrit parfois
divf = .f =< , f >

(Notation physicienne)

a` ne pas confondre avec le gradient qui est un vecteur !


Pour ~u, ~v Rn , on note ~u ~v leur produit vectoriel dont les composantes
sont les determinats dordre 2 formes par les composantes de ~u et ~v . Si
la famille {~u, ~v } est libre, alors ~u ~v est un vecteur orthogonal `a lespace
vectoriel engendre par ~u et ~v .
D
efinition 3.7.2. Soit f : Rn Rn un champ de composantes
f1 , , fn dont toutes les derivees partielles existent. Le rotationnel du
champ f au point x est la fonction vectorielle de Rn definie par
rotf (x) = [ f ](x)

(Notation physicienne)

Si n = 3 , le rotationnel de f secrit
 f
f2 f1
f3 f2
f1 
3

rotf (x) = (
x2 x3 x3 x1 x1 x2

Exercice 3.7.3. Ecrire


la matrice jacobienne de f : R2 R3 definie
par
f (x; y) = (x3 y 4 , (x + y 2 ) sin(xy), arctan(x y 3 ))
en tout point (x, y) R3 .

Exercice 3.7.4. Ecrire


la matrice jacobienne des applications suivantes :
f (x, y, z) = (sin(xyz), x + ez , y + z)
f (x, y, z) = (x cos y, ey cos z)
f (x, y, z) = exy (cos z + sin y)
f (x, y) = (x, yex , xy 2 )
f (x, y) = (ex , x3 , cos x)
105

La derivee de la composee pour une variable


0

(g f ) (t) = g (f (t)) f (t)


setend aux applications Frechet differentiables.
Th
eor`
eme 3.7.5. Soient E, F, G trois evn, f : U F o`
u U est u
ouvert de E, et g : V G o`
u V est un ouvert de F . On suppose que
f (U ) V . Si f est differentaible en un point p U et g est differentaible
en f (p) alors g f : U G est Frechet differentiable en p avec
D(g f )(p) = Dg(f (p))Df (p)
o`
u Dg(f (p))Df (p) L(E, G) est la compose des applications lineaires
Df (p) L(E, F ) et Dg(f (p)) L(F, G).
Demonstration. En effet, il sagit simplement dune compositions de
developpement limites. On a
f (p + h) = f (p) + Df (p).h + R1 (h)
o`
u R1 (h) = o(khkE ) quand h E 0 et
g(f (p) + k) = g(f (p)) + Dg(f (p)).k + R2 (k)
o`
u R2 (k) = o(kkkF ) quand k F 0. En prenant k = Df (p).h, on en
deduit
g f (p + h) = g(f (p) + Df (p).h + R1 (h))
= g(f (p)) + Dg(f (p))(Df (p). + R1 (h))
+R2 (Df (p).h + R1 (h))
= g f (p) + Dg(f (p))Df (p) + R3 (h)
o`
u
R3 (h) = Dg(f (p))R1 (h) + R2 (Df (p).h + R1 (h))
Comme Dg(f (p)) est lneaire continue on a
Dg(f (p))R1 (h) = O(kR1 (h)k) = o(khk) quand h 0
Puisque k = Df (p).h + R1 (h) tend vers 0 quand h 0 on a
Df (p).h + R1 (h) = O(khk) + o(khk) = O(khk)
Par suite quand h 0
R2 (Df (p). + R1 (h)) = o(kDf (p).h + R1 (h)k) = o(khk)
Par suite R3 (h) = o(khk) quand h 0.
106

Corollaire 3.7.6. La composee de deux applications de classe C 1 est


de classe C 1 sur son domaine de definition.
Demonstration. En effet, dapr`es le theor`eme precedent si f et g sont
Frechet differentiables alors = g f est Frechet differentiable sur U
avec

D(p) = B Df (p), Dg(f (p))
o`
u B : L(E, F ) L(F, G) L(E, G) est lapplication bilineaire definie
par B(S, T ) = T S. Comme B est continue, on en deduit par composition
que si Df : U L(E, F ) et Dg : V L(F, G) sont continues, alors on
en deduit la continuite de
D(g f ) : p U B(Df (p), Dg(f (p)))

Corollaire 3.7.7. Soient f : U Rm o`


u U est un ouvert de Rn , et
m
g : V R o`
u V est un ouvert de R . On suppose que f (U ) V . Si
f est Frechet differentiable en un point p U et g est differentaible en
f (p) alors la matrice jacobienne de g f au point p est le produit des
deux matrices Jacg (f (p)) et Jacf (p) :
Jacgf (p) = Jacg (f (p))Jacf (p)
qui est la matrice associee `a lapplication lineaire composee :
D(g f )(p) = Dg(f (p)) Df (p)
Demonstration. Cest trivial car les matrices jacobiennes sont les matrices des differentielles et on sait que la composition des applications
lineaires correspond au produit des matrices.
Exemple 3.7.8. 1- Soit un ouvert de Rm et Y : Rn
(x1 , , xm ) (y1 (x1 , , xm ), , yn (x1 , , xm ))
une application Frechet differentiable. Soient V est un ouvert de Rn tel
que Y () V et F : V R une fonction Frechet differentiable. Si
f = F Y : R alors pour tout i {1, 2, , m} et p :
n

X F
f
yj
(p) =
(Y (p))
(p)
xi
y
x
j
i
j=
107

Cest une consequence directe de Jacf (p) = JacF (Y (p))JacY (p), autrement dit
 F
(1,n)
(n,m)
 y
i
Jacf (p) =
(Y (p))
(p)

yi
xj
1in
1in,1jm
2- Comme consequence de 1, si f : I R, o`
u I est un intervalle de
R, est de la forme f (t) = F (x(t)) o`
u x(t) = (x1 (t), , xn (t)) avec F
Frechet differentiable et les xj des derivables, alors
n
X
F
0
(x(t))xj (t)
f (t) =
xj
j=1
0

= < F (x(t)), x (t) >


3 - Soient : I R E derivable avec (I) E et f : F
Frechet differentiable. ALors la fonction : I F definie par (t) =
f ((t)) est derivable et sa derivee est donnee par
0

(t) = Df ((t)). (t)


4 - Si est un ouvert dun evn E et
f, g : R
Frechet differentiables. Alors f + g et f g sont Frechet differentiables et
D(f + g)(p) = Df (p) + Dg(p),

D(f g)(p) = gDf (p) + f Dg(p)

Si de plus g ne sannule pas alors f /g est Frechet differentiable et


f 
gDf f Dg
(p) =
D
g
g2

3.8

Accroissements finis

Si u et v sont deux vecteurs dun espace vectoriel reel E, on note par


[u, v] le segment dextremites u e v :
[u, v] := {(1 t)u + tv : t [0, 1]}
Th
eor`
eme 3.8.1. Soient E et F deux evn et f : F Frechet
differentiable o`
u est un ouvert de E. Si u, v et le segment [u, v]
alors il existe un point [u, v] tel que
kf (v) f (u)kF kDf ().(v u)kF
En particulier, on peut trouver [u, v] tel que
kf (v) f (v)kF kDf ()kL(E,F ) kv ukE
108

Demonstration. En effet, soit : [0, 1] F la fonction dfinie par


(t) = f ((t))
o`
u
(t) = (1 t)u + tv
Comme [u, v] , la fonction est derivable sur [0, 1] par composition
et
0
0
(t) = Df ((t)). (t) = Df ((t)).(v u)
Dapr`es linegalite des accroissements finis pour les fonctions dune variable, on sait quil existe un point c [0, 1] tel que
0

k(1) (0)k (1 0)k (c)k


Comme (1) = v et (0) = u, cela secrit
kf (v) f (u)k kDf ((c)).(v u)k
do`
u le resultat avec = (c). La deuxi`emme inegalite du theor`eme est
claire dapr`es la definition de la norme de L(E, F ) :
kDf ().(v u)k kDf ()kkv uk

Corollaire 3.8.2. Sous les memes hypoth`eses du theor`eme si de plus


est convexe et sil existe une constante M telle que pour tout on
a
kDf ()kL(E,F ) M
alors f est M -lipschitzienne sur : pour tous u, v
kf (v) f (u)kF M kv ukE
Demonstration. Cest trivial car [u, v] pour tous u, v .
Corollaire 3.8.3. Soit un ouvert de Rn . Si f : F est de classe
C 1 sur alors f est lipschitzienne sur toute boule ferme contenue dans
.
Demonstration. En effet, si B est une boule fermes dans alors elle est
compacte (on est en dimension finie ), donc la fonction continue
B kDf ()kL(E,F )
109

est bornee sur B : il existe M telle que B : kDf ()kL(E,F )


M.
De plus B est egalement convexe, donc kDf ()kL(E,F ) M pour tout
[u, v] si u, v B. Dapr`es linegalite des accroissements finis, on en
deduit le resultat.
Corollaire 3.8.4. Soit f : F une application Frechet differentiable
o`
u est un ouvert connexe de E. Si Df 0 sur alors f est constante
sur .
Demonstration. En effet, dapr`es linegalites des accroissements finis
avec M = 0 : si u, v avec [u, v] alors f (u) = f (v). Donc si
u, v sont tels que [u, v] alors f (u) = f (v).
Soient u, v deux point quelconques de . Puisque est connexe, on
peut trouver une ligne brisee L = [a0 , a1 ] [aN 1 , aN ] tel que
a0 = u et aN = v. Dapr`es ce qui precede on a : f (ai+1 ) = f (ai ), si i
{0, 1, , N 1}. Par suite
f (v) = f (aN ) = = f (a0 ) = f (u)
Comme u, v sont quelconques alors f est constante.
Exercice 3.8.5. Soit E un espace de Banach et u GL(E) un isomorphisme de E. On consid`ere lapplication f : L(E) L(E) definie
par
f (v) = 2v v u v
Montrer que f est de classe C 1 et calculer sa differentielle.
Calculer f (u1 ) et Df (u1 ).
Montrer quil existe > 0 tels que pour tout v L(E)
kv u1 k = kDf (v)k

1
2

Soit v0 L(E) tel que kv0 u1 k . On definit la suite recurrente


vp+1 = f (vp ) si p N. Montrer que pour tout p N : kvp u1 k .
En deduire que (vp ) converge vers u1 dans L(E).

3.9

Th
eor`
eme fondamentale de lanalyse

Dans la suite, on suppose que E et F sont deux evn avec F complet.


Soit un ouvert de E. On rappelle quun chemin dans est une application continue : [a, b] E definie sur un intervalle compact [a, b]
telle que ([a, b]) .
110

Th
eor`
eme 3.9.1. Soit un ouvert de E et f : F de classe C 1 .
Si : [a, b] est un chemin de classe C 1 alors
Z
f ((b)) f ((1)) =

Df ((t)). (t)dt
a

Demonstration. En effet, Il suffit dapplique le theor`eme fondamentale


de lanalyse pour les fonctions dune variable.
Corollaire 3.9.2. Soit f : F de classe C 1 . Si u, v et si
[u, v] alors
Z 1
f (v) f (u) =
Df ((1 t)u + tv).(v u)dt
0

Demonstration. On applique le theor`eme fondamentale de lanalyse au


chemin : [0, 1] definie par (t) = (1 t)u + tv.

3.10

S
eries dapplications diff
erentiables

Proposition 3.10.1. Soit un ouvert de E et soit (fk ) une suite de


fonctions fk : F de classe C 1 sur . Soient f : F et
: L(E, F ). On suppose que
(i) la suite (fk ) converge simplement vers f dans : cest `a dire
p

lim kfk (p) f (p)kF = 0

(ii) la suite des differentielles (Dfk ), Dfk : L(E, F ), converge


uniformement vers sur toute boule ferme B contenu dans : cest `a
dire


lim sup kDfk (p) (p)kL(E,F ) = 0
k pB

Alors f est de clase C 1 et Df (p) = (p) pour tout p .


Demonstration. La preuve se fera en deux etapes : on montre dabord
que est continue puis f est Frechet differentiable avec Df = .
Etape 1 : : L(E, F ) est continue.
Soit p et R > 0 tel que B(p, R) . On va montrer que est
continue sur B(p, r) avec r < R quon va choisir apr`es. Ceci qui entraine
que est continue au point p. Si u B(p, r) et k N , en ecrivant
(u) (p) = (u) Dfk (u) + Dfk (u) Dfk (p) + Dfk (p) (p)
111

dapr`es linegalite triangulaire de la norme subordonnee


k.k = k.kL(E,F )
k(u) (p)k k(u) Dfk (u)k + kDfk (u) Dfk (p)k
+kDfk (p) (p)k
()
Soit  > 0 fixe. Puisque (Dfk ) converge uniformement vers sur B(p, R)
alors il existe N1 N tel que
() k N1 , u B(p, R) : k(u) Dfk (u)kL(E,F ) /3
Puisque (Dfk ) converge uniformement vers sur B(p, R), en particulier
simplement, il existe N2 N tel que
k N2 ,

()

k(p) Dfk (p)kL(E,F ) /3

On fixe N3 max(N1 , N2 ). Puisque DfN3 est continue au point p : il


existe r > 0(r < R) tel que
( )

u B(p, r)

kDfN2 (u) DfN2 (p)kL(E,F ) /3

En prenant k = N3 dans () et () et joignons les avec ( ) dans (),


on obtient
 > 0, r > 0, u B(p, r)

k(u) (p)kL(E,F ) 

Autrement dit : L(E, F ) est continue en p.


Etape 2 : on va montrer que f est Frechet differentiable sur et
Df (p) = (p) pour tout p .
Soit p fixe et r > 0 tel que B(p, r) . Alors le segment [p, p+h]
pour tout h E verifiant khk r car la boule B(p, r) et convexe.
Pour un tel h, on a donc
Z 1
() k N : fk (p + h) = fk (p) +
Dfk (p + th).hdt
0

Comme (Dfk ) converge uniformement vers dans B(p, r) :



lim sup kDfk (p + th) (p + th)k
k t[0,1]


sup kDfk (u) (u)k = 0

lim

uB(p,r)

112

Puisque
Z 1

Z 1


Dfk (p + th).hdt
(p + th).hdt

0
Z0 1
kDfk (p + th).h (p + th).hkdt

khk sup kDfk (p + th) (p + th)k


t[0,1]

on en deduit
1

Z
lim

Z
Dfk (p + th).hdt =

(p + th).hdt

Puisque fk converge simplement vers f dans , en faisant tendre k vers


linfini dans () on a
Z 1
f (p + h) = f (p) +
(p + th).hdt
0

pour E verifinat khkE r.


Comme est continue, on peut ecrire
(p + h) = (p) + (h)
o`
u (h) tend vers 0 quand h 0. Pour khk r, on a donc
Z 1
f (p + h) = f (p) +
[(p) + (th)].hdt
0

= f (p) + (p).h + R(h)


o`
u

Z
R(h) =

(th).hdt
0

Mais
1

Z
kR(h)k

k(th).hkdt
Z 1
khk
k(th)kdt
0

Comme (h) tend vers 0 quand h 0, on a aussi


Z 1
lim
(th).hdt = 0
h0

113

On a donc
R(h) = o(khk)
quand h 0 et comme
(p) L(E, F )
cela prouve que f est Frechet differentiable en p avec
Df (p) = (p)

Les corollaires suivants sont des consequences de la proposition precedante :


Corollaire 3.10.2. Soient un ouvert de Rn et (fk ) une suite de fonctions de classe C 1 `a valeurs reelles. Soit f : R. On suppose que
(i) la suite (fk ) converge simplement vers f dans ,
 f 
k
converge uniformement
(ii) pour tout j {1; 2, , n} la suite
xj
sur tout compact de ver une fonction gj : R.
f
Alors f est de classe C 1 et
= gj pour tout j {1, 2, , n}.
xj
Corollaire 3.10.3. Soient un ouvert de Rn et (fk ) une suite de fonc1
tions de classe
P C `a valeurs reelles. On suppose que
(i) la serie
fk converge simplement sur ,
X fk
converge normalement
(ii) pour tout j {1; 2, , n} la serie
x
j
k
sur tout compact de .

X
Alors f =
fk est de classe C 1 et pour tout j {1, 2, , n} :
k=0

X fk
f
=
xj
xj
k=0
Exercice 3.10.4. Sur M(n, R), muni de la norme subordonnee k.k ,
on definit lapplication exponentielle par
A M(n, R) exp(A) :=

X
Ak
k0

k!

= lim

k
X
Aj
j=0

j!

(i)- Montrer que pour tout A M(n, R) : k exp(A)k ekAk .


(ii)- Montrer que exp est de classe C 1 sur M(n, R).
114

3.11

Diff
erentiabilit
e seconde

D
efinition 3.11.1. Soit un ouvert dun evn E. On dit quune fonction
f : R est deux fois differentiable en p si elle est Frechet
differentiable sur un voisinage de V de p et
Df : V L(Rn , R)
est Frechet differentiable en p.
(ii) f et de classe C 2 sur si elle est de classe C 1 et
Df : L(Rn , R)
est de classe C 1 .
Remarque 3.11.2. Dans le cas E = Rn , on peut reformuler la definition
en faisant appel aux derivees partielles : f est deux fois Frechet differentiable
en un point p si f est Frechet differentiable au voisinage de p et si
toutes les derivees partielles de f :
f
: R,
xj

j {1, , n}

sont Frechet differentiable en p.


On dit que f est de classe C 2 si f est de classe C 1 et si ses derivees partielles sont de classe C 1 sur . On note C 2 () lensemble des fonctions
de classe C 2 sur .
Pour i, j {1, 2, , n}, on note
2f
xi xj
la derivee partielle par rapport `a xj de
f
xj
Si i = j on ecrit
2f
x2i
au lieu

2f
xi xi
115

D
efinition 3.11.3. Soit f : Rn R deux fois Frechet differentiables
en un point p. La differentielle seconde de f au point p est la forme bilineaire
D2 f (p) : Rn Rn R
2

(h, k) D f (p)(h, k) :=

n
X

2f
(p)hi kj
xi xj
i,j=1

Si (e1 , e2 , , en ) est la base canonique d Rn alors


D2 f (p)(ei , ej ) =

2f
(p)
xi xj

La matrice de la forme bilineaire D2 f (p) dans la base canonique de Rn


sappelle la matrice hessienne de f aupoint p quon note Hf (p) :
 2f
n
Hf (p) =
(p)
xi xj
i,j=1
On a alors
D2 f (p)(h, k) =< Hf (p)h, k >
Proposition 3.11.4. Si f : R est deux fois differentaibles en
un point p alors la derivee directionnelle iteree
Dh Dk f (p)
existe pour tous h, k Rn et on a
D2 f (p)(h, k) = Dh Dk f (p)
Demonstration. Soient h, k Rn . Puisque f est Frechet differentiable
sur un certain voisinage U de p, on sait que Dk f (u) existe en tout point
u U at
n
X
f
(u)
Dk f (u) =
kj
xj
j=1
Comme f est deux fois differentiables en p toutes les fonctions
differentiables en p. Donc Dk f est differentiable en p et

f
xj

sont

Dh (Dk f )(p) = D(Dk f )(p).h


n
n
n

 f 
X
X
X
2f
=
kj D
(p).h =
kj
hi
(p)
xj
xi xi
j=1
j=1
i=1
= D2 f (p)(h, k)

116

3.12

Sym
etrie des d
eriv
ees crois
ees : th
eor`
eme
de Schwarz

Le theor`eme suivant signifie que lordre dans lequel on effectue des


derivees partielle na en fait aucune importance : cest le theor`eme de
Schwarz.
Th
eor`
eme 3.12.1. Si f C 2 () Rn alors
2f
2f
=
xi xj
xj xi

i, j {1, 2, , n}

pour tous

Le theor`eme ne fait intervenir que deux variables xi et xj , on peut


se limiter au cas dune fonction de deux variable x, y. Autrement dit, on
se donne une fonction f de classe C 2 sur R2 , il sagit de montrer
2f
2f
=
xy
yx
Pour la preuve on va utiliser le lemme suivant. Tout dabord, si R =
[a, b] [c, d] est un rectangle de R2 et si : R R est une fonction
continue, on a la formule de Fubini
Z d Z b
Z b Z d


(x, y)dx dy
(x, y)dy dx =
a

La valeur commune des ces deux integrales est appele integrale de sur
R et notee
Z b Z d
Z

(x, y)dy dx
(x, y)dxdy :=
a

Le lemme quon a besoin est le suivant :


Lemme 3.12.2. Soient 1 et 2 deux fonctions continues sur et `a
valeurs reelles. On suppose quon a
Z
Z
1 (x, y)dxdy =
2 (x, y)dxdy
R

pour tout rectangle R . Alors 1 = 2 sur .


Il est connu, voir le cous danalyse semestre 2, que si f et g sont
deux fonctions continues sur un intervalle I de R et
Z b
Z b
f (t)dt =
g(t)dt
a

pour tout segment [a, b] I alors f = g sur I. Le lemme precedent est


la generalisation en deux variables.
117

Demonstration. On reprend exactement la preuve du cas dun seule variable. Soit = 1 2 . On a


Z
(x, y)dxdy = 0
R

pour tout rectangle R et on veut montrer que = 0. On raisonne


par labsurde : supposons que ce ne sois pas le cas. Alors on peut trouver
un point (p0 = x0 , y0 ) tel que (p0 ) > 0. Soit 0 > 0 tel que
0 < 0 < (p0 ). Puisque est continue, on peut trouver > 0 tels que
ku p0 k = (u) 0
Il suffit de prendre  = (p0 ) 0 en exprimant la definition de la
continuite de au point p0 . Mais
B(p0 , ) = {u : ku p0 k }
= ]x0 , x0 + []y0 , y0 + [
qui est un rectangle R . Dapr`es le choix de on a
Z
Z
(x, y)dxdy
0 dxdy = 0 (2)2 > 0
R

ce qui contredit lhypoth`ese faite sur .


D
emonstration du th
eor`
eme de Schwarz : on applique le lemme
precedent avec
2f
2f
1 =
et 2 =
xy
yx
Si R = [a, b] [c, d] est un rectangle contenu dans , alors
Z
R

2f
dxdy =
xy

Z d Z

 
f  f
(x, y) dx dy
a x y
c
Z dh
i
f
f
=
(b, y)
(a, y) dy
y
y
c
= [f (b, d) f (b, c)] [f (a, d) f (a, c)]

De meme on trouve
Z
Z d Z b
 
2f
f  f
dxdy =
(x, y) dy dx
R yx
c
a y x
= [f (b, d) f (a, d)] [f (b, c) f (a, c)]
118

Ainsi

Z
2f
2f
dxdy =
dxdy
R xy
R yx
pour tout rectangle R , dapr`es le lemme on a donc
Z

2f
2f
=
sur .
xy
yx
En fait, on peut montrer la version forte du theor`eme de Schwarz :
Th
eor`
eme 3.12.3. Si f : Rn R est de classe C 1 dont les
f
derivees partielles x
, 1 {1, 2, , n}, sont Frechet differentiables
i
alors
2f
2f
=
, i, j {1, 2, , n}
xi xj
xj xi
Remarque 3.12.4. Si f est de classe C 2 alors les derivees partielles sont
automatiquement de classe C 1 . On en deduit la version faible du thor`eme
de Schwarz dej`a etabli.
Demonstration. soit ei = (0, , 0, 1i , 0, , 0) la base canonique de
Rn . On consid`ere, au voisinage [a, a] de 0, la fonction
h(t) = f (a + tei + tej ) f (a + tei ) f (a + tej ) + f (a)
Notons que h(t) = g(t) g(0) o`
u g(s) = f (a + sei + tej ) f (a + sei ).
Dapr`es le theor`eme des accroissements finis il existe c [0, t] tel que
0

h(t) = g(t) g(0) = tg (c)


Mais
0

g (c) =
0

f
f
(a + cei + tej )
(a + cei )
xi
xi

f
f
(a + cei + tej )
(a + cei )
xi
xi
 f

f
=
(a + cei + tej )
(a)
xi
xi
 f

f
(a + cei )
(a)
xi
xi

g (c) =

Puisque

f
xi
0

est Frechet differentiable

g (c) =

2f
2
2
(a).c +
(a).t + o( c + t )
x2i
xj xi
 2f

(a).c
+
o(c)
x2i

 2f

119

Puisque 0 c t alors c 0 quand t 0, par suite


2f
h(t) = tg (c) =
(a).t2 + o(t2 )
xj xi
0

En ecrivant h(t) = r(t) r(0) o`


u r(t) = f (a + tei + sej ) f (a + sej ),
on obtient aussi
2f
h(t) =
(a).t2 + o(t2 )
xi xj
par consequent
h(t) =

2f
2f
(a).t2 + o(t2 ) =
(a).t2 + o(t2 )
xj xi
xi xj

En divisant par t2 et faisant tendre t vers 0, on obtient legalite.


Corollaire 3.12.5. Si f C 2 () alors D2 f (p) est une forme bilineaire
symetrique :
h, k Rn

et donc
2

D f (p)(h, k) =

3.13

D2 f (p)(h, k) = D2 f (p)(k, h)

n
X

2
2 f
hj 2 (p)
xj
j=1

X 2f
(p)
+2
xi xj
i<j

Laplacien dune fonction

D
efinition 3.13.1. Soit f : R une fonction scalaire dont toutes
les derivees partielles secondes
 2f 
x2i

1in

existent. On appelle laplacien de f , la fonction scalaire


f (x) := div(gradf )(x) =

n
X
2f
i=1

x2i

(x)

Si toutes les derivees partielles secondes de f existent, on peut ecrire


f (x) = trace(Hf )(x)
 2f 
o`
u Hf :=
est la matrice hessienne de f .
xi xj 1i,jn
120

3.14

Formule de Taylor `
a lordre 2

On va etendre la formule de Taylor pour les fonctions de plusieurs


variables. Comme on a jute parle de la differentiabilite jusqu`a lordre
2, on va enoncer la formule qu`a lordre 2.
Proposition 3.14.1. Soit f C 2 (). Si p et si h Rn est tel que
[p, p + h] alors
Z 1
(1 t) < D2 f (p + th).h, h > dt
f (p + h) = f (p) + Df (p).h +
0

Demonstration. on rappelle que < ., . > est le produit scalaire usuel de


Rn definie par :
n

u, v R

: < u, v >=

n
X

uj vj

j=1

Soient h Rn tel que [p, p + h] pour tout khk . On definit la


fonction : [0, 1] R par
(t) = f (p + th)
Alors est de classe C 2 car f lest et
0

00

(t) = Df (p + th).h et (t) =< D2 f (p + th).h, h >


On applique la formule de Taylor `a lordre pour les fonctions dune
variable reelle et a` valeurs reelle, on obtient
Z 1
0
00
(1) = (0) + (0) +
(1 t) (t)dt
0

ce qui, par definition de , donne


Z 1
f (p + h) = f (p) + Df (p).h +
(1 t) < D2 f (p + th).h, h > dt
0

3.15

D
eveloppement limit
e`
a lordre 2

De la formule de Taylor precedente, on peut tirer le developpement


limite.
121

Proposition 3.15.1. Soit f C 2 (). Pour tout p , on a le developpement


limite `a lordre 2 au point p :
f (p + h) = f (p) + Df (p).h +

1
< D2 f (p).h, h > +o(khk2 )
2

o`
u k.k est une norme quelconque sur Rn .
Demonstration. En effet, on munit Rn de la norme k.k . On fixe p
et r > 0 tel que B(p, r) . Puisque la boule B(p, r) est convexe on a
[p, p + h] pour tout h Rn verifiant khk r. On ecrit la formule
de Taylor :
f (p + h) = f (p) + Df (p).h
Z 1
+
(1 t) < D2 f (p + th).h, h > dt
0

= f (p) + Df (p).h
Z 1
n
X
+
(1 t)

2f
(p + th)hi hj
x
x
i
j
i,j=1

Puisque f est de classe C 2 alors les derivees partielles seconde de f sont


continues. On peut ecrire
2f
2f
(p + u) =
(p) + ij (u)
xi xj
xi xj
o`
u ij (u) 0 quand u 0.
f (p + h) = f (p) + Df (p).h
Z 1
n
X
2f
+
hi hj
(p)
(1 t)dt + R(h)
xi xj
0
i,j=1
= f (p) + Df (p).h +

1
< D2 f (p).h, h > +R(h)
2

o`
u le reste R(h) est donne par la formule
Z 1
n
X
R(h) =
hi hj
(1 t)ij (th)dt
0

i,j=1

FAIT : ( que vous devez etablir )


Z 1
ij (th)dt = 0
lim
h0

Puisque |hi hj | khk2 on a alors R(h) = o(khk2 ).


122

Remarque 3.15.2. Pour determiner le developpement limite a` lordre 2


dune fonction de plusieurs variables en un point, on peut toujours ,
au moins en theorie, appliquer la formule de la proposition. Dans la
pratique, cela devient penible pour une fonction un peu compliquee :
cela se ram`ene donc `a calculer des derivees partielles secondes. Il est
souvent plus rapide de proceder comme pour les fonctions dune variable
qui consiste a` composer des developpement limites.

3.16

Exercices

Exercice 3.16.1. Montrer que si B : E E F est bilineaire continue


alors B(h, k) = o(k(h, k)k) si (h, k) tend vers 0.
Exercice 3.16.2. Si E = F = M(n, R) et si k.k est une norme quelconque sur M(n, R) alors H 2 = o(kHk) quand H 0.
Exercice 3.16.3. Montrer que si R(h) = o((h)) quand h 0 et
(h) = O((h)), alors R(h) = o((h) quand h tens vers 0.
Exercice 3.16.4. Monrer que toute application lineaire L : R F
est de la forme L(h) = h o`
u = L(1) F .
Exercice 3.16.5. Montrer que lapplication L L(R, F ) =
L(1) F est un isomorphisme et
kLkL(R,F ) = kL(1)kF
Exercice 3.16.6. Montrer que la fonction A M(n, R)
R est de classe C 1 .

p
tr(I + t AA)

Exercice 3.16.7. Soit E, F et G trois evn. Montrer que si B : E


F G est une application bilineaire continue alors B est Frechet
differentiable et sa differentielle est donnee par la formule DB(u, v)(h, k) =
B(u, k)+B(h, v). En particulier P : M(np, R)M(pm, R) M(nm, R)
qui a (A, B) AB est de classe C 1 sur M(np, R) M(pm, R) et
DP (A, B)(H, K) = HB + AK.
Exercice 3.16.8. Montrer quune norme k.k sur Rn nest jamais Frechet
differentiable `a lorigine.
Exercice 3.16.9. Montrer que la norme k.k1 sur Rn est Frechet differentiable
en a = (a1 , , an ) Rn si et seulement si i {1, 2, , n} : ai 6= 0.
Meme question pour k.k sur Rn .
123

Exercice 3.16.10. Soit M(n, R) muni du produit scalaire euclidien et


la norme associee
< A, B >= tr(At B)

kAk = tr(At A)

On consid`ere les applications suivantes :


A M(n, R) tr(A) R,
A M(n, R) det(A) R,
A GL(n, R) log |det(A)| R,
A M(n, R) (tr(A), tr(A2 ), , tr(An )) Rn ,
A GL(n, R) A1 GL(n, R),
A M(n, R) Ap M(n, R), p N ,
A GL(n, R) Ap M(n, R), p N .
Montrer que ces applications sont Frechet differentiables et determiner
en tout point de leurs domaines de definition, le gradient pour les trois
premi`eres et la differentielle pour les quatre derni`eres.
Exercice 3.16.11. Soit A = (aij ) M(n, R) une matrice symetrique :
aij = aji pour tout i, j {1, 2, , n}. Soit f : Rn \ {0} R definie
par
< Ax, x >
f (x) =
kxk2
- Calculer f (x) en tout point x Rn \ {0}.
- Comparer f (x) `a la projection orthogonale de Ax sur le sous espace
vectoriel Hx orthogonale `a x.
Exercice 3.16.12. Soit M(mn, R) muni du produit scalaire < M, N >:=
tr(t AB). Soit B M(mn, R) symetrique. On definit f, g : M(mn, R)
R par
f (A) = tr(AB t A) et g(a) = det(AB t A)
Determiner les gradients de f et g en tout A M(mn, R).
Exercice 3.16.13. Soit un ouvert dun espace de Banach E, A :
GL(E) et B : L(E) deux applications frechet differentiables.
On fixe y E et on consid`ere lapplication C : E definie par
C(x) = A(x)1 B(x) A(x)).y + x
Sans chercher `a justifier la Frechet differentiabilite de C, calculer DC(x).h
pour tout h E.
124

Exercice 3.16.14. Montrer que


det : GL(Rn ) R
est Frechet differentiable de differentielle en u GL(Rn ) donnee par
h M(n, R) : D(det)(u).h = det(u)trace(u1 h)
Exercice 3.16.15. Soit E = Cb (R, R) lespace vectoriel des fonctions
continues et bornees sur R, muni de la norme
kf k = sup |(f (t)|
tR

Soit : E R definie par


Z

f (0)

(f ) =

f (t)dt
0

Montrer que est Frechet differentiable sur E et


Z f (0)
f, h E : D(f ).h =
h(t)dt + f (0)h(0)
0

Exercice 3.16.16. Soit E == C([0, 1], R) muni de la norme


kf k = sup |(f (t)|
t[0,1]

Soit : R R une fonction de classe C 1 et : E E lapplication


(f ) = f
Montrer que est Frechet differentiable sur E et
0

f, h E : D(f ).h = ( f ) h
Exercice 3.16.17. Soit E lespace vectoriel des application f : [0, 1]
R2 qui sont de classe C 1 sur ]0, 1[ et dont les composantes sont conti0
nument derivables `a gauche de 0 et `a droite de 1. On prolonge f par
continuite en 0 et en 1. On munit cet espace de la norme

0
kf k = sup kf (t)| + kf (t)k
t[0,1]

Montrer que lapplication T : E R definie par


Z
0
T (f ) = det(f (t), f (t))dt
0

est de classe C 1 est calculer sa differentielle.


125

Exercice 3.16.18. Soit E un espace de Banach. On consid`ere lapplication : L(E) L(E) definie par (A) = An = A A A (
n-fois ). Montrer que est Frechet differentiable et calculer D(A).H
pour A, H L(E) ( commencer dabord par le cas n = 1, 2, 3).
Exercice 3.16.19. Sur M(n, R) on considere lapplication
exp : A M(n, R) exp(A) =

+
X
Aj
j=0

j!

Montrer que exp est Frechet differentiable en la matrice nulle O et


H M(n, R) : D(exp(O)).H = H
Exercice 3.16.20. Calculer la differentielle `a lorigine des applications
Frechet differentiables
p
f (x, y, z) = 2 + 3z + xy + x sin(x2 + y 2 ), g(x, y) = 1 + x 1 + y 2
Calculer les derivees partielles de g et montrer quelles sont continues.
Exercice 3.16.21. Soit f : R2 R definie par
1

f (x, y) =

ye x2
2

y 2 + e x2
f (0, 0) = 0

si

(x, y) 6= (0, 0)

Montrer que f nest pas continue en (0, 0) mais toutes les derivees directionnelles en (0, 0) existent.
Exercice 3.16.22. Soit f : R2 R definie par


xy
1
sin p
si (x, y) 6= 0, 0)
f (x, y) = p
x2 + y 2
x2 + y 2
f (0, 0) = 0
Lapplication f est-elle continue en (0, 0) ? Calculer ses derivees partielles sur R2 \ {(0, 0)}.
Determiner ses derivees directionnelles en (0, 0) quand elles existent.
Demontrer que f nest pas Frechet differentiable en (0, 0) et en deduire
que les derivees partielles de f ne sont pas continues en (0, 0).
Soit (a, b) R2 , etudier la continuite des fonctions :
x f
(x, b), x f
(x, b), y f
(a, y), y f
(a, y).
x
y
x
y
126


Exercice 3.16.23. Etudier
la continuite, lexistence et la continuite des
derivees partielles premi`eres des fonctions suivantes :
 1 
2
2
si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = (x + y ) sin 2
x + y2
f (0, 0) = 0
x
g(x, y) = y 2 sin
si y 6= 0
y
g(x, 0) = 0
h(x, y) = x2 si |x| > y
h(x, y) = y 2 si |x| y
Exercice 3.16.24. On munit Rn de sa structure euclidienne usuelle.
Soit a = (a1 , ..., an ) 6= 0. On consid`ere la fonction f : Rn R definie,
pour tout x = (x1 , ..., xn ) Rn par :
n
X
 Pn 2
kxk2
f (x) =< a, x > e
=
aj xj e j=1 xj
j=1

rentiable
c
Montrer que f est diffA
et calculer sa differentielle de deux
mani`eres : en utilisant les derivees partielles de f puis utiliser la definition.
Exercice 3.16.25. Demontrer que la fonction f : R2 R definie par
exy 1
si x 6= 0
f (x, y) =
x
f (0, y) = y
est de classe C .
Exercice 3.16.26. Soit un ouvert de C et f : C de classe C 1 .
Montrer que les deux proprietes suivantes sont equivalentes :
(a) z = x + iy :
f
f
(z) + i (z) = 0
x
y
(b) Pour tout z0 , lapplication
z

g(z) g(z0 )
z z0

admet une limite finie `(z0 ) C lorsque z tend vers z0 .


Si f verifie (a) ou (b) , on dit que f est holomorphe sur .
Montrer que tout polynome P en z est holomorphe sur C.
La fonction f (z) = z = x iy est-elle holomorphe sur C ?
127


Exercice 3.16.27. Ecrire
la matrice jacobienne de f : R2 R3
definie par
f (x; y) = (x3 y 4 , (x + y 2 ) sin(xy), arctan(x y 3 ))
en tout point (x, y) R3 .

Exercice 3.16.28. Ecrire


la matrice jacobienne des applications suivantes :
f (x, y, z) = (sin(xyz), x + ez , y + z)
f (x, y, z) = (x cos y, ey cos z)
f (x, y, z) = exy (cos z + sin y)
f (x, y) = (x, yex , xy 2 )
f (x, y) = (ex , x3 , cos x)
Exercice 3.16.29. Soit > 0. Montrer que la formule f (x, y) = (x2 +
y 2 ) definit une fonction de classe C 1 sur R \ {(0, 0)}. Pour = 1/2,
cette fonction est-elle de classe C 1 sur R2 ?
Exercice 3.16.30. Soit F : R3 R differentaible. Donner une formule
pour la derivee de la fonction
t F (t2 + t5 , et , t3 cos t)
Exercice 3.16.31. Soit E un espace de Banach et u GL(E) un
isomorphisme de E. On consid`ere lapplication f : L(E) L(E)
definie par
f (v) = 2v v u v
Montrer que f est de classe C 1 et calculer sa differentielle.
Calculer f (u1 ) et Df (u1 ).
Montrer quil existe > 0 tels que pour tout v L(E)
kv u1 k = kDf (v)k

1
2

Soit v0 L(E) tel que kv0 u1 k . On definit la suite recurrente


vp+1 = f (vp ) si p N. Montrer que pour tout p N : kvp u1 k .
En deduire que (vp ) converge vers u1 dans L(E).

128

Exercice 3.16.32. Sur M(n, R), muni de la norme subordonnee k.k ,


on definit lapplication exponentielle par
A M(n, R) exp(A) :=

X
Ak
k0

k!

= lim

k
X
Aj
j=0

j!

(i)- Montrer que pour tout A M(n, R) : k exp(A)k ekAk .


(ii)- Montrer que exp est de classe C 1 sur M(n, R).
Exercice 3.16.33. Soit f : R2 R definie par
f (0, 0) = 0

et f (x, y) = xy

x2 y 2
x2 + y 2

si

(x, y) 6= (0, 0)

Est-ce que f verifie le theor`eme de Schwarz ?


Exercice 3.16.34. Soit v, w C 2 (, R2 ) o`
u est un ouvert de R2 .
Montrer que lapplication
x Dw(x).v(x) Dv(x).w(x) R2
est de classe C 1 sur . On note
x [v, w](x) := Dw(x).v(x) Dv(x).w(x) R2
cette application, appelee le crochet de Lie de v et w.
Soit u C 2 (, R2 ). On definit (u, v, w) par
(u, v, w)(x) = D2 u(x).(v(x), w(x)) Dv(x).(Du(x).w(x))
Dw(x).(Du(x).v(x))
Montrer que definit une application tri-lineaire sur C 2 (, R2 ) symetrique
en (v, w).
Exprimer [[u, v], w] en fonction de (u, v, w) et (v, u, w) et en deduire
lidentite de Jacobi :
u, v, w C 2 (, R2 ) : [[u, v], w] + [[v, w], u] + [[w, u], v] = 0
Exercice 3.16.35. Soit f une fonction de classe C 1 sur un ouvert U de
R2 muni du rep`ere ~i = (1, 0) et ~j = (0, 1). On consid`ere les coordonnees
polaires
x = r cos
y = r sin ,

r > 0 et
129

[0, 2[

Soit f(r, ) = f (r cos , r sin ) et g :]0, +[[0, 2[ R2 definie par


g(r, ) = (r cos , r sin )
Si [0, 2[ on pose
~u() = cos ~i + sin ~j
~v () = sin ~i + cos ~j
Determiner le jacobien J(r,) g de g en (r, ) et Jg(r,) f au point g(r, ).
En deduire les expressions de
f
r

et

f
x

et

f
y

en fonction de

Exprimer
f
x

et

f
y

en fonction de
f
f
et
r

Demontrer que pour tout (x, y) U et (r, ) ]0, +[[0, 2[ on a


f (x, y) =

f
1 f
~u() +
~v ()

Exercice 3.16.36. On cherche les fonctions f solutions de lequation


aux derivees partielles
x

p
f
f
+y
= x2 + y 2
x
y

Deduire de ce qui precede que cette equation est equivalente `a lequation


f
=1
r
Resoudre cette derni`ere et demontrer que f est de la forme
p
y
f (x, y) = x2 + y 2 + ( )
x
o`
u est une fonction de classe C 1 sur R.
130

Exercice 3.16.37. En utilisant les coordonnees polaires, trouver toutes


les fonctions f :]0, +[2 R telles que
x

f
y
f
+y
=
x
y
x

Exercice 3.16.38. Soit f une fonction de classe C 1 sur un ouvert U


de R2 . On pose
F (r, ) = f (r cos , r sin )
Exprimer
2f
2f
et
x2
y 2
en fonction des derivees premi`eres et secondes de F .
En deduire que
2F
1 F
1 2F
f =
+
+ 2 2
r2
r r
r
Exercice 3.16.39. Soit : R+ R de classe C 2 . On definit
p
f (x, y) = ( x2 + y 2 )
On dit que f est une fonction radiale.
Montrer que f est de classe C 2 sur R2 \ {(0, 0)}.
Determiner toutes les fonctions f radiales et de classe C 2 sur R2 \
{(0, 0)} telles que
f = 0
Exercice 3.16.40. Soit F : Rn R de classe C 2 telle que
F (0) =

F
(0) = 0,
xj

1jn

On pose
aij =

1 2F
(0)
2 xi xj

En appliquant la formule de Taylor avec reste integrale, montrer quil


existe des fonctions gij continus telles que
gij = gji , gij (0) = aij
et
x = (x1 , , xn ) R

: F (x) =

n
X
i,j=1

131

gij (x)xi xj

Exercice 3.16.41. Soit I un intervalle ouvert de R et f : I Rn de


classe C 1 .
a- Soit a I. Montrer que pour tous x, y I avec x 6= y,
1

0


(f
(x)

f
(y)

f
(a))

sup kDf (z) Df (a)k
xy
z]x,y[
Soit g : I I E definie par
f (x) f (y)
xy
0
g(x, x) = f (x)
g(x, y) =

si

x 6= y

b- Montrer que g est continue sur I I.


c- Monter que g est de classe C 1 sur I I \ {(x, x) : x I}.
d- Soit a I. On suppose que f est deux fois Frechet differentiable en
a et lon veut montrer que g est Frechet differentiable en (a, a).
00
- Quelle est la relation entre f (a) ( derivee seconde de f au point a )
et D2 f (a) ( differenielle seconde de f au point a ) ?
- En supposant que g est Frechet differentiable au point (a, a), calculer
00
un candidat pour Dg(a, a) `a laide de f (a).
- Demontrer que g est Frechet differentiable au point (a, a).
Exercice 3.16.42. Monter que f admet un developpement limite dordre
2 si et seulement si f est deux fois Frechet differentiable en p.
Exercice 3.16.43. Determiner le developpement limite `a lordre 2 en
2
(0, 0) de la fonction f (x, y) = cos(x + 3y 2 ) + ex 4y .
Exercice 3.16.44. Soit une forme bilineaire sur Rn telle que
x, y Rn : (x, y) = (y, x)
et
(x, x) = 0 x = 0
n

Soit f : R R une application deux fois Frechet differentiable telle


que : x, h Rn on a
(Df (x).h, Df (x).h)) = (h, h)
Montrer que pour tout x Rn et h, k Rn
(Df (x).h, Df (x).k)) = (h, k)
Montrer que D2 f est identiquement nulle. En deduire quil existe L
GL(Rn ) et b Rn tels que
x Rn : f (x) = L(x) + b.
132

Exercice 3.16.45. ( Version faible du lemme de Morse )


1- Soit une forme bilineaire symetrique sur Rn et q la forme quadratique associee definie par q(x) = (x, x).
- Montrer que sil existe un ouvert non vide tel que la restriction de
q `a soit constante, alors q est nulle sur .
- On suppose q non nulle. Soient g1 , g2 : Rn R continues telles que
x Rn : g1 (x)q(x) = g2 (x)q(x)
Montrer que g1 = g2 .
2- Soit f C 2 (Rn , R) telle que
f (0) = 0, Df (0) = 0

et D2 f (0) 6= 0

On suppose de plus quil existe une fonction g C p (Rn , R+ ) ( p 2)


telle que
x Rn : D2 f (x).(x, x) = g(x)D2 f (0).(x, x)
- Verifier que la fonction
f (x1 , x2 ) = x21 x22 x21 x22 + x41
satisfait `a ces conditions si n = 2.
- On revient au cas general. Montrer
x Rn , t R : D2 f (tx).(x, x) = g(tx)D2 f (0).(x, x)
- Que vaut g(0) ?
3- pour x Rn on pose
Z

(1 t)g(tx)dt

h(x) =
0

Montrer que
x Rn : f (x) = h(x)D2 f (0)(x, x)
En deduire que f est de classe C p .
4- En calculant Df (x).x de deux mani`ers differentes, montrer que
Z 1
n
x R : Dh(x).x + 2h(x) =
g(tx)dt
0

5- Montrer que pour tout x Rn , la fonction


x : 2 h(x)
133

est une bijection strictement croissante de R+ sur R+ .


6- Montrer que la fonction : Rn Rn definie par
p
(x) = h(x)x
est une bijection de classe C p de Rn sur Rn .
7- Monter que
x Rn : f (x) = D2 f (0)((x), (x))
La bijection ram`ene f `a une forme quadratique

134

Chapitre

Extrema Libres
Soient E un evn et A une partie non vide de E.
Soit f : A R. Dans cette section, on va sinteresser a` deux questions
qui sont naturelles :
1- La fonction f poss`ede-t-elle un maximum ou un minimum ? Cest a`
dire sont-elles finies
sup{f (x) : x A} ou inf{f (x) : x A}?
2- Si oui, comment le calculer, et comment determiner le ou les points
o`
u il est atteint ? Cest a` dire les a A tels que
f (a) = sup{f (x) : x A} ou f (a) = inf{f (x) : x A}
D
efinition 4.0.46. Soit f : A R et soit a A.
1- On dit que f possede
- un maximum global en a si u A : f (u) f (a),
- un maximum local en a si on peut trouver un voisinage ouvert
V E
de a tel que u V A : f (u) f (a).
- un minimum global en a si u A : f (a) f (u),
- un minimum local en a si on peut trouver un voisinage ouvert
V E
de a tel que u V A : f (a) f (u).
2- On dit que f poss`ede un extremum ( global ou local ) en a si f possede
un maximum ou minimum ( global ou local ) en a.
Remarque 4.0.47. Tout extremum global est un extremum local.
Remarque 4.0.48. Vocabulaire : le pluriel de extremum nest pas
extremums mais extrema . De meme le pluriel de maximum est
maxima et de minimum est minima.
135

4.1

Compacit
e et existence dextrema

Th
eor`
eme 4.1.1. Soit A une partie non vide dun evn E et soit f :
A R. Si R, on note
{f } := {u A : f (u) }
et
{f } := {u A : f (u) }
les sous ensembles de niveau de f .
1- Sil existe 0 R tel que {f 0 } est non vide et {f } est
compact dans E pour tout 0 alors f poss`ede un minimum global.
2- Sil existe 0 R tel que {f 0 } est non vide et {f } est
compact dans E pour tout 0 alors f poss`ede un maximum global.
La demonstration repose sur le lemme des compacts emboites qui
est lanalogue dans un evn E du lemme des segments emboites dans R.
Lemme 4.1.2. Soit (Kn )nN une suite de parties compactes dun evn
E. On suppose que les Kn sont tous non vides : Kn 6= pour tout n N,
et que la suite (Kn ) est decroissante :
Kn+1 Kn
pour tout n N. Alors lintersection de tous les Kn est non vide :
\
Kn 6=
nN

Demonstration. La demonstration est identique a` celle dans le cas E =


R.
En effet ,pour tout n N on choisit xn Kn .
Puisque Kn+1 Kn K0 alors (xn ) K0 , qui est compact, alors
on peut extraire une sous-suite (x(n) )nN qui converge vers un point
a E.
Puisque n N (n) N est croissante alors (n) n pour tout
n N ( cest facile `a etablir par recurrence sur n ). Par suite pour tout
n N on a x(n) Kn parce que K(n) Kn . Comme Kn est ferme
dans E et x(n) a, on en deduit que a Kn pour tout n N, cest
a` dire
\
a
Kn 6=
nN

136

Demonstration du theor`eme . Il suffit de demontrer (1) car on obtient


(2) en appliquant (1) a` f .
On pose m = inf A f , on a m < + car f (u) 0 sur A. En
fait, on va montrer que m est fini :
< m < +
Par definition de m il suffit de trouver a A tel que f (a) m et par
suite f admet un minimum global en a.
- Si 0 = m alors la fonction f est constante sur A et tout point de A
est un minimum global de f .
- Si m < 0 , dapr`es la definition de la borne inferieure, pour tout entier
n il existe n telle que la suite (n ) est decroisante verifiant
m < n 0

et

lim n = m

Par definition de m, les ensembles


Kn = {f n }
sont tous non vides. De plus les Kn sont compacts par hypoth`ese car
n 0 et la suite (Kn ) est decroissante car la suite (n ) est decroisante.
Dapr`es le theor`eme des segments emboites on a donc
\
Kn 6=
nN

Soit a

Kn , alors on a pour tout entier n :

nN

f (a) n
En faisant tendre n vers linfini on a f (a) m car n m. Comme on
a aussi m f (a), par definition de m on obtient
f (a) f (u), u A
Corollaire 4.1.3. E un evn et A E une partie non vide. Si f : A R
est continue et sil existe 0 R tel que
{f 0 }
est non vide et compact dans E alors f possede un minimum global
a A . De meme sil existe 0 R tel que
{f 0 }
est non vide et compact dans E alors possede un maximum globale a
A.
137

Demonstration. En effet, on verifie les hypoth`ese du theor`eme . Puisque


f est continue tous les ensembles {f } pour 0 sont fermes dans
le compact {f 0 }, donc compacts.
Corollaire 4.1.4. Si K est un compact de E alors toute fonction continue sur K possede un maximum et un minimum ( globaux ).

Exercice 4.1.5. Etablir


ce corollaire de ce qui precede.
Corollaire 4.1.6. E un evn de dimension finie et soit M une partie
ferme et non bornee de E. Si f : M R est continue et verifie
lim

f (x) = +

xM,kxk+

alors f possede un minimum global dans M .


Demonstration. Si R alors {f } est un ferme de M car f est
continue. Puisque M est ferme alors {f } est ferme dans E.
FAIT : montrer que {f } est borne en utilisant
lim

f (x) = +

xM,kxk+

Par suite {f } est compact pour tout R car E est de dimension


finie. On applique donc le theor`eme
Afin de devisser quelques conditions necessaires et suffisantes sur les
derivees premi`ers et seconde pour lexistence des extrema, on a besoin
du lemme elementaire suivant.
Lemme 4.1.7. Soient I un intervalle de R et : I R.
(1) Si admet un extremum local en un point a interieur `a I et si est
0
derivable en a alors (a) = 0.
(2) Soit a I tel que soit deux fois derivable en a.
00
(i) Si admet un maximum local en a alors (a) 0.
0
(ii) Si admet un minimum local en a alors (a) 0.
(3) Soit a un point interieur `a I tel que est deux fois derivable en a
0
et (a) = 0.
00
(i) Si (a) < 0 alors admet un maximum locale en a.
00
(ii) Si (a) > 0 alors admet un minimum locale en a.
Demonstration. (1) Supposons par exemple que possede un maximum
local en a. Comme a I, on peut trouver > 0 tel que
t ]a , a + [ I
138

(t) (a)

Par suite si 0 < h < on a


(a + h) (a)
(ah ) (a)
0
h
h
0

En faisant h 0 on a (a) 0 (a) i.e (a) = 0.


0

(2) Supposons que possede un extremum local en a. Alors (a) = 0


par (1) et donc le developpement limite a lordre 2 de au point a secrit
(a + h) = (a) + 0 +

h2 0
(a) + o(h2 )
2

On en deduit
()

(a + h) (a)
h0
h2

00

(a) = 2 lim

Si possede un maximum local en a alors le quotient du membre


de droite de () est negatif ou nul pour h assez petit. Par suite on a
00
00
(a) 0. De meme on obtient (a) 0 si possede un minimum
local en a.
0

(3) Supposons que (a) = 0. Dapr`es la preuve de (2) on a


00

(a)
(a + h) (a)
=
lim
2
h0
h
2
00

Si (a) < 0 on en deduit quon a


(a + h) (a)
< 0 si h est assez petit
h2
et donc (t) < (a) si t 6= a suffisamment proche de a. La fonction
possede donc un maximum local en a. De meme, possede un minimum
00
local en a si (a) > 0.
0

Remarque 4.1.8. Dans (1), on ne peut pas conclure que (a) = 0 si a


nest pas interieur a` I et donc a est une des extremites de I. Par exemple
la fonction (t) = t sur [0, 1] possede un minimum global en t = 0 est
0
un maximum global en t = 1 mais (t) = 1 ne sannule jamais.
0

Remarque 4.1.9. La condition (a) = 0 et les conditions (i) ou (ii) de 2


ne suffisent pas a` assurer lexistence dun extremum local. Par exemple
la fonction (t) = t3 ne possede pas dextremum local et cependant
0
00
(a) = 0 et (a) = 0.
139

` pas
Remarque 4.1.10. Sous le hypoth`eses de (3) la fonction ne possde
necessairement de maximum ou de minimum global en a.
Par exemple, si : R R est definie par
(t) = t3 + t2
alors

00

(0) = 0 et (0) = 2 > 0


mais ne possede pas de minimum global car elle nest meme pas minoree ( elle tend vers et + ).
Dautre part, les hypoth`eses de (3) ne sont pas necessaires pour avoir
un maximum local. Par exemple, (t) = t4 possede un minimum global
00
en 0 mais (0) = 0.

4.2

Extrema et diff
erentielle premi`
ere

Le theor`eme suivant est la generalisation du lemme precedent.


Th
eor`
eme 4.2.1. Soit A une parie dun evn E et soit f : A R.
Si f admet un extremum local en un point a interieur `a A et si f est
Frechet differentiable en a alors
Df (a) = 0
sur E.
Demonstration. Comme a est un point interieur `a A on peut trouver
r > 0 tel que B(a, r) A. Soit h E et > 0 tel que khk < r.
Alors
(t) = f (t + th)
est bien definie pour t ], [ car kthk < r . La fonction est derivable
0
en 0 par composition avec (0) = Df (a).h. Donc possede un extre0
mum local en 0 par hypoth`ese sur f par suite (0) = 0 dapr`es le lemme
On a donc Df (a).h = 0 pour tout h E i.e Df (a) = 0.
D
efinition 4.2.2. Un point a pour lequel Df (a) = 0 sappelle un point
critique pour la fonction f .
Remarque 4.2.3. On a donc montre que tout extremum local pour une
fonction f definie et Frechet differentiable sur un ouvert de E est un
point critique.
Remarque 4.2.4. Si E = Rn , la condition Df (a) = 0 equivaut au syst`eme
de n equations
f
f
(a) = =
(a) = 0
x1
xn
140

4.3

Formes bilin
eaires sym
etriques

Dans la suite, on va etablir lanalogue des parties (2) et (3) du lemme


pour les fonctions de plusieurs variables. Pour cela, on a besoin dintroduire les forme bilineaires positives et les matrices positives.
D
efinition 4.3.1. Soit E un espace vectoriel. Une forme bilineaire B :
E E R est dite symetrique si pour tous u, v E
B(u, v) = B(v, u)
Une matrice M M(n, R) est symetrique si la forme bilineaire sur
R Rn definie par
B(u, v) :=< M u, v >
n

est symetrique o`
u <, > est le produit scalaire usuel sur Rn .
D
efinition 4.3.2. Soit E un evn. Une forme bilineaire symetrique B :
E E R est positive si pour tout u E
B(u, u) 0
La forme bilineaire symetrique B est dite definie positive si pour tout
u E \ {0}
B(u, u) > 0
Une matrice symetrique M M(n, R) est dite positive ou definie positive si la forme bilineaire B : Rn Rn R definie par
B(u, v) :=< M u, v >
est positive ou definie positive.
On a aussi la notion dune forme bilineaire negtive et definies negative :
B est negative ou definie negative si B est positive ou definie positive.
On note par
S(n, R) := {M L(n, R) : symetrique}
et
S + (n, R) := {M S(n, R) : definie positive}

141

Proposition 4.3.3. Toute matrice symetrique reelle possede au moins


une valeur propre reelle.
Autrement dit si A : S(n, R) alors le polynome caracteristique de A :
PA () := det(A IRn ) admet un zero reelle.
Demonstration. On peut supposer que n 2 car le resultat est trivial
dans R. On munit Rn1 de la norme euclidienne k.k2 . Soit Sn1 := {x
Rn : kxk2 = 1} la sph`ere unite de (Rn , k.k2 ). On consid`ere la fonction
f : Sn1 R
x < M x, x >
Comme Sn1 est ferme et bornee dans Rn alors elle est compact. La
fonction continue f atteint sa borne superieure
0 := sup < M x, x >
xSn1

Il existe donc x0 Sn1 tel que 0 =< M x0 , x0 > .


Soit B : Rn Rn R la forme bilineaire definie par
B(x, y) =< 0 x M x, y >=< (0 IdRn M )x, y >
Puisque M est symetrique alors B est symetrique. De plus B est positive
par definition de 0 : si x Sn1 alors
B(x, x) = 0 kxk2 < M x, x >= 0 < M x, x > 0
Par suite B(x, x) 0 pour tout x Rn \{0} en considerant

x
Sn1 .
kxk

Dapr`es linegalite de Cauchy-Schwarz appliquee a` B on a


0 B(x, y)2 B(x, x)B(y, y), x, y Rn
En prenant x = x0 on a
B(x0 , x0 ) = 0 < M x0 , x0 >= 0
on en deduit que
B(x0 , y) = 0, y Rn
cest `a dire
< M x0 0 x0 , y >= 0, y Rn
142

Donc le vecteur M x0 0 x0 est orthogonal a` tous les vecteurs de Rn ,


donc il est nul
M x0 0 x0 = 0 M x0 = 0 x0
Par suite x0 est un vecteur propre de M associe a` la valeur propre reelle
0 .
Comme application de la proposition, on a le theor`eme de reduction
des matrice symetyriques qui est un resutltat connu et tr`es important.
Th
eor`
eme 4.3.4. Toute matrice symetrique M est diagonalisable dans
une base orthonormee.
De plus M est positive (resp. definie positive) si et seulement si toutes
ses valeurs propres sont positives (resp. strictement positives).
Demonstration. Soit M S(n, R) et B la forme bilineaire symetrique
B(u, v) =< M u, v >
Il sagit de trouver une base (b1 , , bn ) de Rn et des scalaires 1 , , n
tels que
kbi k = 1, < bi , bj >= 0 si i 6= j
et
M.bi = i bi i {1, 2, , n}
Pour cela on va raisonner par recurrence sur la dimension n :
- si n = 1 alors on est dans R et cest trivial car M x = x avec 0.
- Supposons le resultat est vrai pour une matrice M S(n, R). Soit
M S(n+1, R). Dapr`es la proposition precedente M admet une valeur
propre reelle 0 . On pose
E0 := Ker(M 0 IdRn+1 ) = {x Rn+1 : (M 0 IdRn+1 )x = 0}
Alors E0 est le noyau de lapplication lineaire M 0 IdRn+1 .
- Si E0 = Rn+1 alors M = 0 IdRn+1 et il ny a rien a` demontrer.
- Si E0 6= Rn+1 alors dim(E0 ) < n + 1. On a aussi dim(E0 ) < n + 1
car E0 6= 0 o`
u E0 est lorthogonal de E0 dans Rn+1 :
E0 := {x Rn+1 : < x, y >= 0 y E0 }
Exercice 4.3.5. Montrer que les sous-espaces E0 et E0 sont stables et
supplementaries : cest `a dire M (E0 ) E0 , M (E0 ) E0 et Rn =
E0 E0 .
143

Dapr`es lhypoth`ese de recurrence applique `a E0 et E0 le restrictions


de M |E0 et M |E0 son diagonalisables en base orthonormee. Comme
Rn+1 = E0 E0
on obtient une base orthonormee de M en mettant bout `a bout deux
bases de diagonalisation pour M |E0 et M |E0 . Ce qui ach`eve la demonstration
du theor`eme.
Remarque 4.3.6. Si on note 1 , , n les valeurs propres de M
S(n, R) et si (bi , , bn ) une base
Pn orthonormee de vecteurs
Pn propres pour
M avec M bi = i bi . Si x = i=1 xi bi alors M x = i=1 i xi bi et par
orthonormalite
n
X
< M x, x >=
i x2i
i=1

On en deduit que M est positive ( resp. definie positive ) si et seulement


si les i sont positives ( resp. strictement positives ).
Linconvenient , souvent pratique, du theor`eme est quau del`a de
la dimension 2 ou 3, il est souvent tr`es difficile de detreminer les valeurs propres dune matrice. La proposition suivante donne un moyen
de verifier quune matrice symetrique est definie positive sans avoir a`
trouver ses valeurs propres.
Proposition 4.3.7. Soit M = (aij )ni,j=1 une matrice symetrique reelle.
Pour k {1, 2, , n} , on note
k := det(aij )ki,j=1
Alors M est definie positive si et seulement si tous les mineurs principaux 1 , , n sont strictement positifs.
Demonstration. On munit Rn de la norme euclidienne et de sa base
canonique e1 , , en ). On associe `a M la forme bilineaire
B(u, v) =< M u, v >
Pour k {1, 2, , n} on note par
Ek := Vect(e1 , , ek )
le sous espace vectoriel de Rn e dimension k engendre par {e1 , , ek }.
La matrice
Mk = (aij )ki,j=1
144

est la matrice de la restriction Bk de B a` Ek Ek dans la base (e1 , , ek ).


Alors Bk est definie positive si B est definie positive. Par consequent
, tous les k == det(aij )ki,j=1 doivent etre strictement positifs si M et
definie positive.
Pour la reciproque, on va raisonner par recurrence sur la dimension n :
- si n = 1 cest evient.
- supposons que le resultat est vrai pour n et soit
M = (aij )n+1
i,j=1
une matrice symetrique de taille n + 1 dont les mineurs principaux sont
strictement positifs.
Soit (ei , , en , en+1 ) la base canonique de Rn+1 et
En = Vect(e1 , e2 , , en )
La matrice de la restriction de B a` En En est
Mn = (aij )ni,j=1
et par suite B |En En est par hypoth`ese definie positive. Soit v Rn+1 \
{0} un vecteur orthogonal au sous espace vectoriel
Vect(M e1 , M e2 , , M en )
qui est limage par M de En . Un tel vecteur existe car dimEn = n <
n + 1. Alors
B(v, u) =< M v, u >=< v, M u >= 0, u En
Exercice 4.3.8. Montrer que v 6 En : utiliser le fait B |En En est
definie positive et v 6= 0.
Par consequent (e1 , e2 , , en , v) est une base de Rn+1 . Par le choix
0
0
de v, la matrice de M de B dans la base (e1 , e2 , , en , v) est M =
(bij )n+1
u
i,j=1 o`
bij = aij si i, j {1, 2 , n}
bn+1,1 = b1,n+1 = 0 et b(n+1)(n+1) =< M v, v >
Dapr`es la formule de changement de base pour les formes bilineaires,
on sait quil existe une matrice inversible P telle que
0

M = P tM P
145

On a donc

detM = det(P 2 )n+1 > 0


Or

det(M ) =< M v, v > det(Mn ) =< M v, v > n > 0


et n > 0 par suite b(n+1)(n+1) =< M v, v > est strictement positif.
Soit u Rn+1 qui se decompose dans la base (e1 , e2 , , en , v)
comme suit
u = w + v
avec w En et R. Comme B(v, w) = 0 = B(w, v) on en deduit
B(u, u) = B(w, w) + 2 B(v, v)
= B(w, w) + 2 < M v, v >
Comme w ou est non nul si u 6= 0, < M v, v > est strictement positif
et B |En En est definie positive, alors B(u, u) > 0 si u 6= 0, cest `a dire
M est definie positive .
Puisque k (M ) = (1)k k pour tout k {1, 2, , n} dapr`es la
r`egle du determinant, une consequence de la proposition est le corollaire
suivant :
Corollaire 4.3.9. Une matrice M est definie negative si et seulement
si tous les k , pour k impair, sont strictement negatifs et tous les k ,
pour k pair, sont strictement positifs.

4.4

Extrema et diff
erentielle seconde

Comme application des formes blineaires symetriques, on a le theor`eme


suivant qui donnent des conditions neceessaires pour lexistence dextrema locaux portant sur la differentielle seconde.
Th
eor`
eme 4.4.1. Soient un ouvert de Rn et f C 2 ().
(1) Si f poss`ede un minimum local en un point p alors la forme
bilineaire symetrique D2 f (a) : Rn Rn R est positive. Autrement
dit la matrice hessienne
 2 f n
Hf (p) =
xi xj i,j=1
est positive.
(2) Si f poss`ede un maximum local en un point p alors Hf (p) est
negative.
146

Demonstration. Supposons que f possede un minimum local en p. Pour


t voisin de 0, la fonction (t) = f (p + th) est de classe C 2 et
00

(t) =< D2 f (p + th).h, h >


et possede un minimum en t = 0. Dapr`es le lemme 5.2.1
00

(0) =< D2 f (p).h, h > 0


Meme raisonnement si on suppose que f possede un maximum locale
en p.
Comme application des formes blineaires symetriques, on a le theor`eme
suivant qui donnent des conditions suffisantes pour lexistence dextrema
locaux portant sur la differentielle seconde.
Th
eor`
eme 4.4.2. Soient un ouvert de Rn , f C 2 () et p .
(1) Si Df (p) = 0 et si D2 f (p) est definie positive, alors f possede un
minimum locale en p.
(2) Si Df (p) = 0 et si D2 f (p) est definie negative, alors f possede un
maximum locale en p.
Pour la preuve du theor`eme, on a besoin du lemme facile suivant :
Lemme 4.4.3. Soit B : Rn Rn R une forme bilineaire symetrique
definie positive. Soit k.k une norme quelconque sur Rn . Alors il existe
une constante c > 0 telle que
u Rn

B(u, u) ckuk2

Autrement dit si Sn1 = {u Rn : kuk = 1} alors


c = inf B(u, u) > 0
uSn1

Exercice 4.4.4. Etablir


ce lemme.
On va demontrer (1) du theor`eme car le (2) suit le meme raisonnement. Supposons que p est un point critique de f et D2 f (p) est definie
positive.
Soit k.k une norme quelconque sur Rn . Puisque Df (p) = 0, le developpement
limite a` lordre 2 de f au point p s ecrit donc
f (p + h) = f (p) +

1
< D2 f (p).h, h > +R(h)
2
147

o`
u R(h) = o(khk2 ). Dapr`es le lemme precedent, il existe une constante
c strictement positive telle que
< D2 f (p).h, h > ckhk2
Par definition de R(h) on peut choisir > 0 tel que
c
khk = |R(h)| khk2
4
Par suite
1
c
c
c
< D2 f (p).h, h > +R(h) khk2 khk2 = khk2
2
2
4
4
pour tout h tel que khk et donc si u = p + h on a
u B(p, )

c
f (u) f (p) + ku ak2 f (p)
4

Par suite f possede un minimum local en a.


Remarque 4.4.5. En un point critique (x0 , y0 ) o`
u f admet des derivees
partielles secondes
R=

2f
(x0 , y0 ),
x2

S=

2f
(x0 , y0 ),
xy

T =R=

2f
(x0 , y0 )
y 2

Si S 2 RT < 0 alors f presente un extremum local en (x0 , y0 ) : il sagit


dun minimum si R > 0 et un maximum si R < 0.
Si S 2 RT > 0 alors f presente un point-selle , comme une selle de
cheval ( ou un point-col comme un col de montagne ) ) : ce nest pas un
extremum.
Si S 2 RT = 0, on ne peut pas conclure `a partir des derivees secondes :
il faut aller jusquaux derivees troisi`emes : ce qui est hors programme !
Ce qui revient a` etudfier le signe de
B(h, k) := f (x0 + h, y0 + k) f (x0 , y0 )

4.5

Extrema dune fonction convexe

On rappelle que si I est un intervalle de R, une fonction : I R est


dite convexe si t1 , t2 I et [0, 1] :
(t1 + (1 )t2 ) f (t1 ) + (1 )f (t2 )
148

Definition 4.5.1. Une partie C dun espace vectoriel E est convexe si


chaque fois quon se donne u, v C le segment [u, v] := {(1 t)u + tv :
t [0, 1]} est contenu dans C.
Cette definition va nous permettre de definir les fonctions convexes
sur un convexe dun evn.
Definition 4.5.2. Soit C une partie convexe dun espace vectoriel E. Une
fonction f : C R est dite convexe sur C si
f (u + (1 )v) f (u) + (1 )f (v) u, v C et [0, 1]
La fonction f est dite concave sur C si f est convexe sur C :
f (u + (1 )v) f (u) + (1 )f (v) u, v C et [0, 1]
Proposition 4.5.3. Si E est un evn. Pour tout p E, la fonction f : u
E ku pk est convexe. En particulier toute norme sur E est convexe.
Demonstration. En effet
f ((1 )u + v) =
=

k(1 )u + v pk
k(1 )(u p) + (v p)k
k(1 )(u p)k + k(v p)k
(1 )kuk + kvk

1- En particulier si : I R est deux fois derivable sur I alors est


00
convexe si et seulement si 0.
2- la fonction (t) = t est convexe sur [0, +[ si 1 et concave si
< 1. De meme la fonction t et est convexe sur R et la fonction
t log t est concave sur ]0, +[.
Puisquune partie C dun espace vectoriel E est convexe si chaque
fois quon se donne u, v C le segment [u, v] := {(1 t)u + tv : t
[0, 1]} est contenu dans C, ceci va permettre de se ramener `a etudier les
fonctions convexes dune seule variable.
Lemme 4.5.4. Soit C une partie convexe dun espace vectoriel E. Pour
une fonction f : C R, les proprietes suivantes sont equivalentes :
(i) f est convexe sur C,
(ii) pour tout u C et pour tout h E tel que u + h C , la fonction
: [0, 1] R definie par
(t) = f (u + th)
est convexe sur [0, 1].
149

Demonstration. Si f est convexe et u C tels que h E tel que


u + h C. Alors on a [u, u + h] C car C est convexe. Puisque f est
convexe on a
f (u + ((1 )t + s)h) = f ((1 )(u + sh) + (u + th))
(1 )f (u + sh) + f (u + th)
cest `a dire t [0, 1] (t) = f (u + th) est convexe.

Etablir
la reciproque du lemme !
Comme pour le cas des fonctions dune variable, on peut caracteriser
la convexite a` laide de la differentielle premi`ere et la differentielle seconde.
Proposition 4.5.5. Soit un ouvert convexe dun evn E et f : R.
(1) On suppose que f est Frechet differentiable sur . Alors f est
convexe sur si et seulement si
u, v

(Df (v) Df (u)).(v u) 0

(2) On suppose que est un ouvert de Rn et que f est de classe C 2 .


Alors f est convexe si et seulement si D2 f (u) est positive pour tout
u , cest `a dire
u , h Rn

: < D2 f (u).h, h > 0

Demonstration. (1) Comme f est Frechet differentiable la fonction t


f (u + th) est derivable et
0

(t) = Df (u + th).h
0

Si f est convexe alors est croissante :


0

(1) (0)
Autrement dit
(Df (u + h) Df (u)).h 0
Si on pose v = u + h on a donc
u, v

Df (v) Df (u)).(v u) 0

Reciproquement si Df (v) Df (u)).(v u) 0 pour tous u, v . En


prenant x = u + sh et y = x + yh on obtient (Df (u + th) Df (u +
sh)).((t s)h) 0 cest a` dire t, s [0, 1], h E :
(t s)(Df (u + th) Df (u + sh)).h 0
et par suite t f (u + th) est croissante autrement dit t f (u + th)
et convexe sur [0, 1].
150


Exercice 4.5.6. Etablir
le (2) de la proposition : considerer la fonction
(t) = f (p + th) pour t R qui est definie pour t voisin de 0, puis
calculer sa derivee seconde !
En une seule variable, la convexite eet equivalente geometriquement
au fait suivant : si : I R est derivable et convexe alors le graphe de
est au dessus de la tangente en chaque point de I : pour tous t, t0 I
0

(t) (t0 ) + (t0 ).(t t0 )


On a de meme en plusieurs variables :
Proposition 4.5.7. Soit un ouvert convexe dun evn E et soit f :
R une fonction Frechet differentiable. Si f est convexe sur alors pour
tout p et pour tout h E tel que p + h on a
f (p + h) f (p) + Df (p).h

Demonstration. Etablir
cette proposition en se ramenant en une variable t [0, 1] f (u + th).
Comme corollaire de la proposition on a
Corollaire 4.5.8. Si f : R une fonction convexe sur E
convexe. Si f est differentable et si p est un point critique de f
alors f poss`ede un minimum global en p.

4.6

In
equation dEuler

Les theor`emes suivants resument les extrema dans R :


- Si f : [a, b] R est continue alors f atteint ses bornes sup(f ) et
inf(f ).
- Soit f :]a, b[ R une fonction derivable. Si x0 ]a, b[ est un ex0
tremum alors f (x0 ) = 0.
0

- Soit f :]a, b[ R une convexe qui est derivable en x0 . Si f (x0 ) =


0 alors x0 est un minimum global de f sur ]a, b[.
Les analogues des deux premiers en plusieurs variables ont ete etablies
respectivement dans le chapitre 1 et le chapitre 4. Lanalogue du troisi`eme
en plusieurs variables est un etabli ci-dessus dans ce chapitre.
Dans le deuxi`eme, si lextremum x0 est a ou b, on a aussi une condition
0
sur le signe de la derive f (x0 ) :
151

Lemme 4.6.1. si f : [a, b] R une fonction derivable et si x0 [a, b]


est un point minimum locale de J alors
0

(1) f (x0 ) 0 si
0
(2) f (x0 ) 0 si

x0 = a
x0 = b

Demonstration. Pour (1) on choisit x = x0 + h avec h > 0 petit et ecrire


f (x) f (x0 ) et donc
0

f (x0 ) + hf (x0 ) + o(h) > f (x0 )


0

ce qui donne f (x0 ) 0. Pour (2) et (3) on procede de meme.


Dans ce qui suit, on va etablir lanalogue de ce lemme en plusieurs variables. Pour ce faire on a besoin dintroduire lanalogue des hypoth`eses
du lemme :
- le role de R va etre joue par un evn de E,
- le role de [a, b] va etre joue par un convexe ferme de E.
Le theor`eme suivant, appele Inequation dEuler, est la generalisation en
plusieurs variables du lemme precedent.
Theor`eme 4.6.2. Soit E un espace vectoriel norme et un convexe ferme
de E. Soit F : U R une fonction continue sur un ouvert U E
contenant K. Soit x0 K. On suppose que F est Frechet differentiable
en x0 .
Si x0 est un minimum local de F sur alors
(i)

x : Df (x0 ).(x x0 ) > 0

Si x0 est un maximum local de F sur alors


(ii)

x K : Df (x0 ).(x x0 ) > 0

Si x0 verifie (i) ( respectivement (ii) et F est convexe alors x0 est


un minimum ( respectivement maximum ) global de F sur .
Demonstration. On etablit (i) : soit x K et h ]0, 1[. Puisque est
convexe x0 + h(x x0 ) et x0 est un minimum local de F sur on
a pour h proche de 0 :
F (x0 + h(x x0 )) F (x0 )
0
h
152

On fait tendre h vers 0, on obtient < Df (x0 ), x x0 > 0.


Supposons que pour tout x on a < Df (x0 ), x x0 > 0. Puisque
F est convexe sur , dapr`es le lemme 5.0.26 , pour tout x
F (x) F (x0 ) + DF (x0 ).(x x0 ) > F (x0 ]
Par suite x0 est un minimum global de F sur . Meme raisonnement
pour (ii).
Remarque 4.6.3. Il sagit dune condition necessaire de minimisation sur
K qui devient necessaire et suffisante si F est convexe.
Remarque 4.6.4. Si x0 est un point interieur a` on a automatiquement
DF (x0 ) = 0 : en effet il existe r > 0 tel que B(x0 , r) et donc
x B(x0 , r) : DF (x0 ).(x x0 ) = 0
et par suite h B(0, r) : DF (x0 ).h = 0, ceci entraine que
R, h B(0, r) : DF (x0 ).(h) = 0
Mais
E=


B(0, r)

o`
u B(0, r) := { x : x B(0, r)} et par suite Df (x0 ) = OL(E,R) .
Definition 4.6.5. Un R- espace vectoriel E est dit prehilbertien sil possede
un produit scalaire hilbertien.
Un R- espace vectoriel E est un espace de Hilbert sil existe sur E un
produit scalaire hilbertien <, > tel que si k.k est la norme induite alors
(E, k.k) est un evn complet.
Exemple 4.6.6. - E = Rn muni du produit scalaire usuel est un
P Hilbert.2
- E = `2 , lensemble des suites reelles (un ) telles que la serie n0 |un |
converge, est un Hilbert pour le produit scalaire
< (un ), (vn ) >=

+
X
n=0

153

un vn

4.7

Exercices

Exercice 4.7.1. Soit E un evn et F un sous espace vectoriel de E de


dimension finie. Montrer que
a E, p F tel que kp ak = inf ku ak
uF

On dit que p est la projection de a sur F et on note


kp ak = d(a, F )
o`
u par definition d(a, F ) := inf uF ku ak est la distance de a `a F .
Exercice 4.7.2. Dessiner le graphe dune fonction dune variable reelle
f : R R possedant 2 minima locaux, 3 maxima locaux, 1 minimum
global et aucun maximum global.
Exercice 4.7.3. Sur Rn , en utilisant la formule de changement de base
0
pour les matrices de M = t P M P , montrer que les proprietes suivantes
sont equivalentes :
(i) B est positive ( resp. definie positive ),
(ii) la matrice de B dans toute base de Rn est positive(resp. definie
positive),
(iii) la matrice de B dans la base canonique de Rn est positive(resp.
definie positive),
(iv) la matrice de B dans au moins une base de Rn est positive(resp.
definie positive).
Exercice 4.7.4. Soit B une forme bilineaire symetrique positive sur un
espace vectoriel E . En calculant le discriminant du polynome
t R B(x + ty, x + ty)
etablir linegalite de Cauchy-Schwarz :
v, v E : B(u, v)

B(u, u)

p
B(v, v).

Exercice 4.7.5. Determiner les extrema locaux de la fonction f : R2


R definie par
f (x, y) = x4 + y 4 (x + y)2

154

Exercice 4.7.6. Determiner les extrema des fonctions suivantes :


(x, y) R2
(x, y) R2
(x, y) R2
(x, y, z) R3
(x, y) (R+ )2
(x, y) ]0, [2

x2 + xy + y 2 + 2x + 3y
x2 y + log(1 + y 2 )
ex sin y
xyez + yxez + zxey
xy

(1 + x)(1 + y)(1 + xy)


sin x + sin y + cos(x + y)

(x, y) R3 (x + z 2 )ex(y +z +1)


(x, y) R+ R x((log x)2 + y 2 )
(x, y) ] 1/2, 1/2[2 x2 + y 2 + cos(x2 + y 2 )
Exercice 4.7.7. Soit R+ . Detrminer le minimum de f : R2 R
definie par
p
p
f (x, y) = x2 + (y )2 + y 2 + (x )2
Exercice 4.7.8. Soit f : R2 R definie par
f (x, y) = (x2 y)(3x2 y)
- Montrer que pour tout R la fonction g : R R definie par
g (x) = f (x, x)
admet un minimum local en 0.
- Est-ce que f admet un minimum locale en (0, 0) ?
Exercice 4.7.9. Soit a, b Rn , (n 2) tels que a 6= b. On munit Rn
de la norme euclidienne. Soit
f : Rn R
x kx ak2 kx bk2
- Montrer que f est de classe C sur Rn .
- Trouver tous les points critiques de f i.e des vecteurs x Rn tels que
Df (x) = 0
- la fonction f possede-t-elle des extrema locaux dans Rn ? des extrema
globaux dans Rn ?
155

Exercice 4.7.10. soit g : R+ R definie par g(t) = (t 1)2 (t + 1)


et : R3 R definie par
(x, y, z) = x2 + y 2 + z 2 + xy xz
0

- Montrer que g sannule seulement en 1.


- Montrer que : est `a valeurs positives et sannule seulement en (0, 0, 0).
- Soit f = g . Montrer que a R3 est un point critique de f si et
seulement si a = (0, 0, 0) ou (a) = 1.
- Determiner la matrice hessienne de f en (0, 0, 0). En deduire la nature
de ce point critique.
- Montrer que f est valeurs positives. En deduire que tout point critique
non nul de f est un minimum global de f .
Exercice 4.7.11. Soit U louvert de Rn defini par
U = {(x1 , , xn ) Rn : xk > 0, k = 1, 2, , n}
et R+ . Soit f : U R definie par
f (x1 , , xn ) =

n
Y

xk +

n+1

k=1

n
X
1
xk
k=1

- Montrer que f est de classeC sur U et calculer Df (x) pour tout


x U.
- Montrer que f admet un unique point critique a U .
- Calculer D2 f (x) pour tout x U .
- Montrer que a est un minimum local strict pour f .
- Dans quel cas simple le point a est un minimum global ?
Exercice 4.7.12. Soit n 2 et f : Rn R le fonction polynomiale
de degre cinq definie par
f (x1 , , xn ) = (1 + xn )3

n1
X

x2i + x2n

i=1

Montrer que 0 est le seul point critique de f , quil est un minimum local
strict, amis quil nest pas un minimum global de f .
Exercice 4.7.13. Determiner les extrema de la fonction definie sur R2
par
f (x, y) = xey + yex
156

Exercice 4.7.14. Soit D = {(x, y) R2 : x2 + y 2 p


9}. Determiner
les extrema sur D de la fonction definie par f (x, y) = x2 + y 2 +y 2 1.
3- Soit a > 0 et f definie sur R+ R+ par
a a xy
+ + 2
x y
a

f (x, y) =

Montrer que f admet un minimum local que lon determinera.


Montrer que le minimum obtenu precedement est global : pour cela
etablir
1
++
(, , ) (R+ )2 :
() 3
3
Exercice 4.7.15. Determiner les extrema de la fonction definie sur
] /2, /2[2
f (x, y) = tan x tanh y tanh x tan y
Exercice 4.7.16. Determiner
x2 y 2 (x2 + y 2 )

sup
{(x,y)]0,+[2 ,x+y2}

sup

sin x sin y sin(x + y)

{(x,y)]0,+[2 ,x+y}

Exercice 4.7.17. Soient I est un intervalle de R et : I R continue sur I et derivable en tout point interieur `a I. Montrer que est
0
convexe si et seulement si est croissante.
Exercice 4.7.18. Si f : C R et convexe et si : I R est une
fonction convexe croissante sur un intervalle I R tels que f (C) I
alors f : C R est convexe.
Exercice 4.7.19. Montrer que la somme de deux fonctions convexes
sur C est convexe.
Exercice 4.7.20. Montrer que si f est convexe et > 0 alors f est
convexe.
Exercice 4.7.21. Soit E un ouvert convexe. Que peut-on dire
dune fonction convexe f : R admettant un maximum local en un
point de ?

157

Exercice 4.7.22. La reciproque de la proposition est-elle vraie ? Cest


a` dire : est-ce quune une fonction Frechet differentiable f : R
sur un ouvert convexe dun evn E verifiant : pour tout p et pour
tout h E tel que p + h on a
f (p + h) f (p) + Df (p).h
est-ce quelle est convexe ?
Exercice 4.7.23. Soit E un espace vectoriel sur R muni dune forme
blineaire B symetrique definie positive. On associe `a B la norme
kxk := B(x, x)
Soient a1 , a2 , , an E. Montrer quil existe un point unique a E,
appele le barycentre des points a1 , a2 , , an , tel que
n
X
i=1

ka ai k = inf

n
nX

ku ai k : u E

i=1

qui est donne par


n

1X
ai
a=
n i=1
Exercice 4.7.24. Soit H un espace de Hilbert muni dun produit scalaire note <, > et k.k la norme associee. Soit E un sous espace vectoriel
ferme de H et a H. Montrer quil existe au moins un point p E tel
que
kp ak = d(a, E) = inf kx ak
xE

On definie la fonction f : E R definie par f (u) = kx ak2 . Montrer


que q E est un point critique de f si et seulement si
h E : < q a, h >= 0
En deduire que p est unique et (p a) E : cest lunique pont p E
tel que kp ak = d(a, E). Cest le projete orthogonal de a sur E.
Montrer directement quon a
(p a) E u E : kp ak ku ak.
Exercice 4.7.25. Soit E = M(n, R) muni de la forme bilineaire
< A, B >:= tr(At B)
Verifier que <, > est definie positive sur E et (E, k.k) est un espace de
Hilbert.
158

Exercice 4.7.26. Soit `2 (N) le R-espace


vectoriel des suites reelles u =
P
(un ) telle que la serie numerique n0 |un |2 est convergente. On munit
`2 (N) de la forme bilineaire
< (un ), (vn ) >:=

+
X

|un ||vn |

n=0

Montrer que cest un produit scalaire.


On note k.k2 la norme associee. Montrer que (`2 (N), k.k2 ) est un espace
de Hilbert
Montrer que la famille {e1 , e2 , , en , } `2 (N) definie par
en = (0, , 0, 1, 0, , 0, ) o`
u 1 est dans la n-i`eme position
est une base de `2 (N) i.e
+
X

u `2 (N), !(un ) R tels que :

|un |2 < + et

u=

n=0

Soit (an ) une suite de reels positifs telle que la serie


converge. Montrer que lensemble
+
X

un en

n=0

FF

K = {u `2 (N) : u =

+
X

n0

|an |2

un en , |un | an }

n=0

est un compact convexe de `2 .


Exercice 4.7.27. Montrer que E = C([0, 1], R) muni du produit scalaire
Z 1
< f, g >:=
f (t)g(t)dt
0

nest pas un Hilbert. Soit F = Ker(T ) le noyau de la forme lineaire


T : E R definie par T (f ) = f (0).
Montrer que T nest pas continue sur (E, k.k1 ).
Soit F lorthogonal de F dans E pour <, > :
F := {g E : < f, g >= 0, f F } = 0
Montrer que F = {0} et donc F + F 6= E.
Indication : si g F , considerer la fonction f (x) = xg(x) qui est dans
F et exprimer < f, g >= 0.
159

Exercice 4.7.28. Soit E un espace vectoriel muni dun produit scalaire


hilbertien <, > : cest `a dire une forme bilineaire symetrique definie et
positive i.e
<, > : E E R
bilineaire verifiant :
x, y E : < x, y >=< y, x >
et
< x, x >= 0 x = 0

Pour x E on pose kxk := < x, x > qui est la norme associe `a <, >.
Verifier que k.k est une norme sur E.
Exercice 4.7.29. Soit M(n, R) lespace des matrices muni du produit
scalaire
< A, B >:= tr(At B)
Soit N une norme sur M(n, R). On pose
S = {M M(n, R) : N (M ) = 1} sph`ere unite
B = {M M(n, R) : N (M ) 1} boule unite ferme
On definit
N : M(n, R) N (A) = max{< A, M > : M S}
Monter que N est une norme sur M(n, R).
On consid`ere la fonction f : M(n, R) R definie par
f (X) := det(X)
Montrer que
max{f (X) : X B} = max{f (X) : X S}
En deduire quil existe X S tel que
f (X) = max{f (X) : X S}
Le but de la suite est detablir legalite suivante :
h 1 i
N (X )t = n
160

Montrer que X est inversible et det(X) > 0. En deduire que


h 1 i
N (X )t n
Montrer que si X GL(nR) on a
H M(n, R) : Df (X).H = tr((CofX)t H)
En deduire que f (X) = Cof(X) o`
u Cof(X) est la matrice des cofacteurs de X.
Montrer que
M B : < f (X), M X > 0
Sachant que
(X)1 =

1
(cof(X))t
det(X)

montrer que
h

N (X

1 t

Conclure.

161

Chapitre

Inversion locale et fonctions


implicites
5.1

Diff
eomorphismes

D
efinition 5.1.1. Soient E et F deux evn. Soient E et F
deux ouverts. Une application : est un diffeomorphisme de
sur si
- est une bijection de sur ,
- et 1 sont toutes les deux de classe C 1 .
Remarque 5.1.2. Si L : E F est une application lineaire continue
inversible alors L est un diffeomorphisme de E sur F .
Rappel : Si I est un intervalle ouvert de R et
: I R
0

une fonction de classe C 1 avec (t) 6= 0 pour tout t I alors J = (I)


est un intervalle ouvert de R et : I J est un diffeomorphisme avec
1
0
(1 ) (x) = 0
((x))
0

En effet est continue et ne sannule jamais, dapr`es le theor`eme des


0
valeurs interm`ediaires garde un signe constant sur I. Par suite
est strictement monotone et donc J = (I) est un intervalle ouvert et
: I J est une bijection et 1 : J I est continue. Si x, y J
avec (t) = x et (s) = y on a
1 (y) 1 (x)
1
=
(s) (t)
yx
st
162

Ce qui entraine que 1 est derivable et on a la formule de (1 ) qui


est continue aussi et donc 1 est de classe C 1 sur J.

5.2

Formule de la diff
erentielle de linverse

On a la formule de la differentielle de linverse qui generalise celle


dune variable.
Proposition 5.2.1. Soient E et F deux evn. Si : est un
diffeomorphisme dun ouvert E sur un ouvert F alors pour
tout p la differentielle D(p) : E F est inversible et
D(1 )(q) = (D(p))1
o`
u (p) = q.
Demonstration. On a
1 = IdE | et 1 = IdF |
Puisque IdE et IdF sont lineaires continues, en prenant la differentielle
des deux identites , on a pour tout p et q
D1 ((p)) D(p) = IdE et D(1 (q)) D1 (q) = IdF
Si q = (p), la premi`ere identite donne
D(1 )(q) = (D(p))1

Corollaire 5.2.2. Sil existe un diffeomorphisme dun ouvert de E sur


un ouvert de F alors E et F sont isomorphes. En particulier si m, n
N , alors il ne peut exister de diffeomorphisme de Rn sur Rm que si
n = m.
Remarque 5.2.3. En fait sil existe seulement un homeomorphisme ( cest
a` dire une bijection continue dont la reciprque est continue ) dun ouvert
de Rn sur un ouvert de Rm alors n = m. Cest le theor`eme de Brouwer,
difficile `a demontrer.
Le theor`eme important quon a besoin dans la suite est le suivant :

163

Th
eor`
eme 5.2.4. Si E est un espace de Banach alors GL(E) est un
ouvert dans L(E). De plus lapplication
: X GL(E) (X) = X 1 GL(E)
est de classe C 1 sur GL(E) et sa differentielle est donnee par
H L(E) : D(X).H = X 1 HX 1
Demonstration. Soit A GL(E) fixe. On montre dabord que GL(E)
est un ouvert de L(E). Soit A GL(E) fixe. Si X L(E) verifie
kX Ak <

1
kA1 k

alors
kA1 X Ik = kA1 (X A)k kA1 kkX Ak < 1
Dapr`es le lemme A1 X GL(E) et donc X GL(E). Par suite la
boule
B(A,

1
1
) = {X L(E) : kX Ak <
} GL(E)
1
kA k
kA1 k

ce qui montre que GL(E) est un ouvert dans L(E).


Il sagit de montrer que quand H 0 dans L(E) on a
(A + H) = (A) A1 HA1 + o(kHk)
Puisque est continue au point A on a
(A + H) (A) = (A + H)H(A)
= ((A) + (H))H(A)
= A1 HA1 (H)HA1
o`
u (H) tend vers 0 quand H tend vers 0.
Comme lapplication
H A1 HA1
est lineaire continue sur L(E). Comme k(H)HA1 k kA1 kk(H)kkHk
alors
(H)HA1 = o(kHk)
164

On en deduit que est Frechet differentiable en tout point A GL(E)


et
D(A).H = A1 HA1
Soit B lapplication de L(E) L(E) L(E) definie par
B : L(E) L(E) L(E)
(U, V ) B(U, V )
o`
u B(U, V ) : L(E) L(E) est lapplication lineaire definie par
H L(E)

B(U, V ).H = U HV

Il est clair que B est bilineaire. Pour tout H L(E) on a


kB(U, V ).Hkk kU kkV kkHk
Par suite pour tout U, V L(E) on a kB(U, V )k kU kkV k et donc B
est continue. De plus pour tout X GL(E) on a
D(X) = B((X), (X))
Puisque est continue sur GL(E), on en deduit que
D : GL(E) L(L(E), L(E))
A D(X) = B((X), (X))
est continue comme composee, cest a` dire
: X GL(E) (X) = X 1 GL(E)
est de classe C 1 .

5.3

Enonc
e du th
eor`
eme dinversion locale

Dans toute la suite E et F sont deux evn, est un ouvert de E et


est un ouvert de F .
D
efinition 5.3.1. Soit : et p . On dit que est un
diffeomorphisme local au point p sil existe un voisinage ouvert U
de p tel que V = (U ) est un ouvert de F et
|U : U V
est un dffeomorphisme.
165

Si : F est un diffeomorphisme local au point p alors D(p) :


E F est necessairement inversible. Le theor`eme suivant montre que
la reciproque est vraie : cest le theor`eme dinversion locale.
Th
eor`
eme 5.3.2. On suppose que les evn E et F sont complets. Soit
: F de classe C 1 et soit p0 . Si
D(p0 ) : E F
est inversible alors est un diffeomorphisme local au point p0 . Autrement dit il existe un voisinage ouvert U de p0 et un voisinage ouvert
V F de (p0 ) tels que U : U V est un diffeomorphisme.
Remarque 5.3.3. Si E = F = Rn , la condition D(p0 ) est inversible
veut dire que le determinant jacobien , quon note J (po ), de la matrice
jacobienne de au point p0 est non nul : si = (1 , , n ) alors

i
h
i
(p0 )
J (p0 ) = det
xj
1i,jn
On a des consequences du theor`eme dinversion local :
Corollaire 5.3.4. Soit une bijection de classe C 1 . Si D(p)
est inversible pour tout p alors est un diffeomorphisme.
Demonstration. Il suffit de montrer que 1 est de classe C 1 sur . Soit
q et p avec q = (p). Dapr`es le theor`eme dinversion local
est un diffeomorphisme sur un voisinage ouvert de p. Puisque est
bijective alors 1 est de classe C 1 au voisinage de q.
Corollaire 5.3.5. Si : est une bijection de classe C 1 entre
deux ouverts de Rn et si J (p) 6= 0 pour tout p alors est un
diffeomorphisme.
Remarque 5.3.6. Un interet tr`es pratique du corollaire precedent est le
suivant : pour montrer que 1 est de classe C 1 , en general il est inutile
de determiner lexpression de 1 , il suffit de verifier que le determinant
jacobien de ne sannule jamais.
Du theor`eme dinversion locale, on deduit le theor`eme de lapplication
ouverte.
Corollaire 5.3.7. Soit : F de classe C 1 . Si pour tout p
D(p) : E F
est inversible alors est une application ouverte : cest `a dire limage
par dun ouvert de est un ouvert de F .
166

Demonstration. Soit U un ouvert de et soit q (U ) : on montre


que q est interieur `a (U ) . Sot p tel que (p) = q. Puisque D(p)
est inversible, dapr`es le theor`eme dinversion local il existe un voisinage
ouvert V U de p tel que (V ) est un ouvert de F et donc un voisinage
ouvert de q. Puisque (V ) (U ). Cela montre que tout q (U ) est
interieur `a (U ), autrement dit (U ) est un ouvert de F .
En utilisant les corollaires precedents, on a le resultat pratique suivant :
Corollaire 5.3.8. Soit : F de classe C 1 . Si est injective et
si D(p) est inversible pour tout p alors = () est un ouvert
de F et est un diffeomorphisme de sur .
Pour la preuve on a besoin du theor`eme du pont fixe quon enonce
sous la forme adaptee pour la suite.
Th
eor`
eme 5.3.9. Soit M un ferme dun epace de Banach E. Soit f :
M E verifiant :
(i) f (M ) M : pour tout p M on a f (p) M ,
(ii) f est k-lipschitzienne pour un certain k ]0, 1[ : pour tous p, q M
kf (q) f (p)k kkq pk
Alors f possede un seul point fixe dans M : il existe c M unique tel
que f (c) = c.
Demonstration. Soit x0 M un pont fixe. Comme M verifie (i), on
peut definir la suite recurrente (xn )n0 M par
xn+1 = f (xn )
Dapr`es (ii) on a par recurrence
kxn xn1 k
kxn1 xn2 k

kx2 x1 k

kkxn1 xn2 k
kkxn2 xn3 k

kkx1 x0 k

Par suite pour tout n 1 :


kxn xn1 k k n1 kx1 x0 k
Comme 0 < k < 1, alors la serie
X
kxn xn1 k
n1

167

est convergente. Puisque E est complet , on en deduit que la serie


X
(xn xn1 )
n1

est convergente. Or pour tout n 1 on a


xn = x0 +

n
X

(xk xk1 )

k=1

Cela entraine que la suite (xn ) est convergente dans E vers un point
c F . Puisque M est ferme et (xn ) M alors c M . Aussi f est
continue en c , par suite
f (c) = lim f (xn ) = lim xn+1 = c
n

Le point c est unique car sil y en a deux c1 et c2 alors


kc1 c2 k = kf (c1 ) f (c2 )k < kkc1 c2 k < kc1 c2 k
ce qui est impossible.

5.4

Preuve du th
eor`
eme dinversion locale

Demonstration. Soit : F de classe C 1 et soit p0 tel que


D(p0 ) GL(E, F )
On cherche un voisinage ouvert U de p0 tel que V = (U ) est un ouvert
et F et
|U : U V
est un diffeomorphisme. La demonstration va se faire en cinq etapes.
Premi`
ere
etape : on se ram`ene au cas o`
u E = F et D(p0 ) = IdE .
On pose L = D(p0 ) et
: E

definie par
Puisque L1
tion et on a

(p)
= L1 ((p))
est de classe C 1 par composiest lineaire continue alors
0 ) = DL1 ((p0 )) D(p0 )
D(p
= L1 D(p0 )
= IdE
168

est un diffeomorphisme locale en p0 alors on


Donc si on montre que
saura montrer que est un diffeomorphisme locale en p0 car

=L
et L est un diffeomorphisme de E sur F . On suppose dans la suite que
E=F

et D(p0 ) = IdE

Deuxi`
eme
etape : On peut trouver un voisinage ouvert U de p0
tel que D(p) est inversible pour tout p U et lapplication
h : U E
p p (p)
est 21 -lipschitzienne sur U .
En effet, puisque D est continue au point p0 et D(p0 ) = IdE , on peut
trouver un > 0 tel que
u U := B(p0 , ) = kIdE D(p)k

1
2

Dapr`es ce qui precede D(p) est inversible pour tout p U . On definit


g : U E par
g(u) = (p) p = ( IdE )(p)
Pour tout p U on a
kDg(u)k = kD(u) IdE k

1
2

Puisque U = B(p0 , ) est convexe, dapr`es linegalite des accroissements


finis pour tous p, q U
1
kg(q) g(p)k kq pk sup kDg()k kq pk
2
U
Par suite h = g est 12 -lipschitzienne sur U .
Troisi`
eme
etape : Lapplication est injective sur U et ( |U )1 est
continue sur (U ).
En effet, dapr`es la deuxi`eme etape si p, q U on a
k(q) (p)k = k((q) q) ((p) p) + (q p)k
kq pk k((q) q) ((p) p)k
1
kq pk

2
169

Par suite est injective sur U : car dapr`es ce qui precede.


(p) = (q) = q = p .
Dautre part si
u = (p) et v = (q)
sont deux points quelconques de (U ) , on a
k( |U )1 (v) ( |U )1 (u)k = kq pk
2k(q) (p)k
= 2kv uk
Donc ( |U )1 est 2-lipschitzienne sur U sur (U ) et donc continue sur
(U ).
Quatri`
eme
etape : Lensemble (U ) est un ouvert de E.
Soit u0 (U ) quelconque et p0 U tel que (p0 ) = u0 . On cherche
> 0 tel que B(u0 , ) (U ) : cest a` dire pour tout u B(u0 , )
lequation
(p) = u
admet une solution u U . Soit > 0 tel que B(p0 , ) U . On va
montrer que pour tout u B(u0 , /2) lequation
(p) = u
admet une solution u U . Autrement dit = /2 convient parfaitement.
Soit u B(u0 , /2) et soit : B(p0 , ) E definie par
(p) = p (p) + u
Donc
(p) = u (p) = p
Autrement dit : pour tout u B(u0 , ) lequation (p) = u admet
une solution p B(p0 , ) si et seulement si admet un point fixe
p B(p0 , ).
Puisque E est complet, il suffit de verifier que les hypoth`eses du du
theor`eme du point fixe sont verifiees avec M = B(p0 , ) et f = .
Par definition
(p) = p (p) + u
170

comme u est une constante et IdE est 1/2-lipschitzienne dapr`es la


deuxi`eme etape, alors est 1/2-lipschitzienne sur B(p0 , ). Il nous reste
a` verifier que
(B(p0 , )) B(p0 , )
Soit p B(p0 , ) alors
k(p) p0 k k(p) (p0 )k + k(p0 ) p0 k
= k(p) (p0 )k + ku (p0 )k
1

kp p0 k + ku u0 k
2

+ =
2
On a bien (p) B(p0 , ) pour tout p B(p0 , ). Ce qui ach`eve la
preuve du quatri`eme etape.
Cinqui`
eme
etape : conclusion .
Dapr`es les etapes 2,3 et 4, on sait que
|U : U (U )
est une bijection de classe C 1 de U sur (U ) et que (U ) est un ouvert
de E. De plus D(p) est inversible pour tout p U et
( |U )1 : (U ) U
est continue. On en deduit que |U est un diffeomorphisme de U sur
(U ). Autrement dit est un diffeomorphisme locale au point p0 .

5.5

Formulation du probl`
eme de fonctions
implicites

Soient E, F et G trois evn et E et F deux ouverts. Soit


F : G
une application de classe C 1 .
Soit (p0 , u0 ) G tel que
F (p0 , u0 ) = 0

171

Question : existe-t-il des ouverts U voisinage ouvert de p0 , V


voisinage ouvert de u0 et une application
: U V
p (p)
de classe C 1 tels que
(p, u) U V

F (p, u) = 0 u = (p)?

On dit que lequation


F (p, u) = 0
definit implicitement u comme fonction de classe C 1 de p au voisinage
de (p0 , u0 ).
Une autre formulation plus geometrque est la suivante : on pose
:= {(p, u) : F (p, u) = 0}
Cest le lieu des zeros de F sur . Existe-t-il un voisinage ouvert
U V de (p0 , u0 ) tel que lensemble (U V ) est le graphe
dune application : U V de classe C 1 :
(U V ) = {(p, u) U V : u = (p)}
Exemple 5.5.1. Soit F : R R R definie par
F (x, y) = x2 + y 2 1
Dans ce cas
:= {(x, y) R R : x2 + y 2 = 1}
est le cercle de centre (0, 0) et de rayon 1.
Soit (x0 , y0 ) tel que
y0 6= 0 x0 6= 1
G
eom
etriquement, on voit toute de suite que lequation
F (x, y) = 0
definit implicitement y comme fonction de classe C 1 de x au voisinage
de tout point (x0 , y0 ) tel que
y0 6= 0 x0 6= 1
172

Analytiquement, si on choisit un voisinage ouvert W de (x0 , y0 ) ne


contenant pas les points (1, 0) et (1, 0), il est clair que W est le
graphe dune fonction x y(x) de classe C 1 . En effet :
- si y0 > 0 on peut prendre
U =] 1, 1[ et

V = {y R : y > 0}

car si x ] 1, 1[ lequation
F (x, y) = 0
possede une solution unique
y(x) =

1 x2

qui est de classe C 1 sur U .


- si y0 < 0, on
prend U =] 1, 1[ et V = {y R : y < 0} et dans ce
cas y(x) = 1 x2 .
G
eom
etriquement, il est tout `a fait clair quau voisinage des points
(1, 0)

et (1, 0)

que lequation
F (x, y) = 0
ne definit pas implicitement y comme fonction de classe C 1 de x : si W
est un voisinage ouvert de (1, 0) ou de (1, 0) , lensemble
W
nest visiblement pas le graphe dune fonction x y(x).
Analytiquement, on peut le voir de deux mani`eres :
(i) si U est un voisinage de x0 = 1 et V est un voisinage ouvert de
y0 = 0 alors V contient `a la fois :
- des points x pour lesquels F (x, y) = 0 na pas de solution ( par exemple
x>0)
- des points x pour lesquels lequation F (x, y) = 0 possede deux solutions :
on prend x < 1 proche de 1 pour que

1 x2 V
et

1 x2 V
173

(ii) En fait il nest meme pas possible de definir une fonction x y(x)
de classe C 1 sur un intervalle I =], 1] telle que F (x, y(x)) = 0 sur I.
Si oui, on aurait en derivant par rapport `a x que
x I

F
F
0
(x, y(x)) + y (x)
(x, y(x)) = 0
x
y

autrement dit
x ], 1]

2x + 2y(x)y (x) = 0

Comme y(1) = 0 on a une contradiction en prenant x = 1. On montre de


meme que lequation F (x, y) = 0 definit implicitement x comme fonction
C 1 de y au voisinage de tout point (x0 , y0 ) tel que x0 6= 0 mais pas
au voisinage des points (0, 1) et (0, 1).
Sur cette exemple, on remarque que les deux points de au voisinage
desquels lequation F (x; y) = 0 ne definit pas implicitement y comme
fonction de classe C 1 de x ( les points (1, 0) et (1, 0) ) sont les seuls
points de o`
u la derivee partielle
F
= 2y
y
sannule. De meme les deux seuls points de au voisinage desquels
lequation F (x, y) = 0 ne definit pas implicitement x comme fonction
C 1 de y ( les points (0, 1) et (0, 1) ) sont ceux pour lesquels
F
= 2x
x
sannule.

5.6

Enonc
e du th
eor`
eme de fonctions implicites

Avant denoncer la forme general du theor`eme des fonctions implicites, on va introduire quelques notations.
Pour toute fonction F : G o`
u E, F sont des ouverts
des evn E et F et G est un evn. Si (p0 , u0 ) un point donne ,
on note
Fp0 : G
174

et
Fu0 : G
les fonctions partielles definies par
Fp0 (u) = F (p0 , u)

et

Fu0 (p) = F (p, u0 )

Si F est differentaible en (p0 , u0 ), les differentielles partielles de F au


point (p0 , u0 ) sont les applications lineaires :
Dp F (p0 , u0 ) : E G
et
Du F (p0 , u0 ) : F G
definies par
Dp F (p0 , u0 ) := DFu0 (p0 )

et

Du F (p0 , u0 ) := DFp0 (u0 )

Lemme 5.6.1. Si F : G est Frechet differentiable en (p0 , u0 )


alors :
(i) Dp F (p0 , u0 ) sidentifie `a la restriction de lapplication lineaire DF (p0 , u0 ) :
E F G `a E {0F } ' E,
(ii) Du F (p0 , u0 ) sidentifie `a la restriction de lapplication lineaire DF (p0 , u0 ) :
E F G `a {0E } F ' F .
Pour tout h = (h1 , h1 ) E F , on a
DF (p0 , u0 ).h = Dp F (p0 , u0 ).h1 + Du F (p0 , u0 ).h2
Demonstration. En effet, on a
Fu0 = F Iu0

et

Fp0 = F Ip0

o`
u
Iu0 : E E F

et

Ip0 : F E F

sont definies par


Iu0 (p) = (p, u0 ) = (IdE (p) et Ip0 (u) = (p0 , u) = (p0 , IdF (u))
Les applications IdE et IdF sont lineaires continues et les applications
p E u0 et u F p0 sont constantes.
On a pour tout h1 E
DIu0 (p0 ).h1 = (IdE .h1 , 0F ) = (h1 , 0F )
175

et pour tout h2 F on a
DIp0 (u0 ).h2 = (0E , IdF .h2 ) = (0E , h2 )
Par consequent
DFu0 (p0 ).h1 = DF (Iu0 (p0 ) DIu0 (p0 ).h1 ) = DF (p0 , u0 ).(h1 , 0F )
et
DFp0 (u0 ).h2 = DF (p0 , u0 )(0E , h2 )
Si = (h1 , h2 ) E F on a
DF (p0 , u0 ).(h1 , h2 ) = DF (p0 , u0 ).(h1 , 0F ) + DF (p0 , u0 )(0E , h2 )
= Dp F (p0 , u0 ).h1 + Du F (p0 , u0 ).h2

Le theor`eme de fonctions implicites senonce comme suit :


Th
eor`
eme 5.6.2. Soient E, F et G trois evn complets. Soit
F : G
de classe C 1 o`
u E et F des ouverts. Soit (p0 , u0 ) tel
que F (p0 , u0 ) = 0G . Si
Du F (p0 , u0 ) : E G
est inversible alors lequation
F (p, u) = 0G
definit implicitement u comme fonction C 1 de p au voisinage de (p0 , u0 ).
Autrement dit : ils existent des ouverts U voisinage ouvert de
p0 , V voisinage ouvert de u0 et une application
: U V
p (p)
de classe C 1 tels que
(p, u) U V

F (p, u) = 0 u = (p)

De plus pour tout p U on a


h
i1
D(p) = Du F (p, (p))
Dp F (p, (p))
176

5.7

Preuve du th
eor`
eme de fonctions implicites

Demonstration. Soit : E G lapplication definie par


(p, u) = (p, F (p, u)) = (E (p, u), F (p, u))
o`
u E : E F E est la projection canonique E (p, u) = p. Lapplication est de classe C 1 et pour tout h = (h1 , h2 ) E F on
a

D(p0 , u0 ).h = E (h), DF (p0 , u0 ).h )

= h1 , Dp (p0 , u0 ).h1 + Du F (p0 , u0 ).h2
= IdE .h1 + OL(F,E) .h2 , Dp F (p0 , u0 ).h1

+Du F (p0 , u0 ).h2
Si
(w1 , w2 ) = D(p0 , u0 ).(h1 , h2 )
alors
h1 = w1

h2 = [Du F (p0 , u0 )]1 Dp F (p0 , u0 ).w1 + [Du F (p0 , u0 )]1 .w2
On en deduit que
D(p0 , u0 ) : E F E G
est inversible. Dapr`es le theor`eme dinversion local, est un diffeomorphisme
local au point (p0 , u0 ). Comme
(p0 , u0 ) = (p0 , OG )
il existe un voisinage U E F tel que |U est un diffeomorphisme
de U sur louvert (U) E G qui contient (p0 , OG ).
Soit U un voisinage ouvert de p0 et V un voisinage de u0
tels que U V U et U {0F } (U). Alors pour tout (p, u) U V
on a les equivalences
F (p, u) = 0G (p, u) = (p, 0G )
(p, u) = ( |U )1 (p, 0G )
h
i
1
u = F ( |U ) (p, 0G )
177

o`
u F : E F F est la projection canonique. On en deduit que
pour tout p U il existe un unique point
h
i
1
u = (p) := F ( |U ) (p, 0G ) V
tel que
(p, u) U V

F (p, u) = 0 u = (p)

et lapplication
:

U V
p (p) = F

i
( |U ) (p, 0G )
1

est de classe C 1 en p U car ( |U )1 et F sont de classe C 1 .


En dimension trois , le theor`eme de fonctions implicites prend la
forme suivante.
Corollaire 5.7.1. Soit un ouvert de R3 et f : R de classe C 1 .
Soit (x0 , y0 , z0 ) tel que
f (x0 , y0 , z0 ) = 0 et

f
(x0 , y0 , z0 ) 6= 0
z

Alors dans un voisinage de (x0 , y0 ) , lequation f (x, y, z) = 0 est equivalente


`a z = (x, y).
Autrement dit , lensemble
S = {(x, y, z) : f (x, y, z) = 0}
est le graphe dune fonction definie au voisinage de (x0 , y0 ) cest `a dire
il existe U voisinage ouvert de (x0 , y0 ) dans R2 , V un voisinage ouvert
de z0 dans R et et : U R de classe C 1 tels que z0 = (x0 , y0 ) et
(U V ) S = {(x, y, z) U V : z = (x, y)}
On dit dans ce cas que S est une surface reguli`ere au point (x0 , y0 , z0 ).
En dimension deux , le theor`eme de fonctions implicites prend la
forme suivante.

178

Corollaire 5.7.2. Soit un ouvert de R2 et f : R de classe C 1 .


Soit (x0 , y0 ) tel que
f (x0 , y0 ) = 0 et

f
(x0 , y0 ) 6= 0
y

Alors dans un voisinage de x0 , lequation f (x, y) = 0 est equivalente `a


y = (x).
Autrement dit , lensemble
S = {(x, y) : f (x, y) = 0}
est le graphe dune fonction definie au voisinage de x0 cest `a dire il
existe U voisinage ouvert de x0 dans R, V un voisinage ouvert de y0
dans R et et : U R de classe C 1 tels que y0 = (x0 ) et
(U V ) S = {(x, y) U V : y = (x)}
On dit dans ce cas que S est une courbe reguli`ere au point (x0 , y0 ).
Soit Rn [X] lensemble des polynomes de degre inferieur ou egal `a n
et `a coefficients reels quon munit dune norme k.k.
Soit An le sous ensemble des P Rn [X] forme des polynomes ayant n
racines reelles distinctes 1 (P ) < 2 (P ) < < n (P ). On va montrer
que An est un ouvert de Rn [X] en appliquant le theor`eme de fonctions
implicites.
Soit
:= {(1 , , n ) Rn : 1 < 2 < < n }
et F : Rn [X] Rn lapplication definie par
F (P, (1 , , n )) = (P (1 ), , P (n ))
Soit P0 An et 01 < < 0n ) les racines de P0 . On a
F (P0 , (01 , , 0n )) = 0
Question 5.7.3. Montrer que F est de classe C 1 et
n
 Y
0
0
0
Jac D(1 , ,n ) F (1 , , n ) =
P (0k )
k=1

On en deduit quils existent un voisinage ouvert U de P0 dans Rn [X]


et un voisinage ouvert V de (01 , , 0n ) dans et une application
: U V de classe C 1 tels que dans U V
F (P, (1 , , n )) = 0 (1 , , n ) = (P )
par suite toute P U admet n racines reelles distinctes et donc U An .
Par suite An est un ouvert de Rn [X].
179

5.8

Exercices

Exercice 5.8.1. Montrer que (t) = t3 nest pas un diffeomorphisme


de R sur R.
Exercice 5.8.2. Soit = {(x, y) R2 : x < y} et : R2
definie par
(x, y) = (x + y, xy)
Montrer que est un diffeomorphisme de sur louvert = {(t, s)
R2 : t2 4s > 0} et determiner 1 .
Exercice 5.8.3. Soient f et g deux fonctions de classe C 1 sur R `a
0
0
valeurs dans R. On suppose que f (t) 6 g (t) pour tout t R. Montrer
que lapplication de R2 dans R2 definie par
F (x; y) = (x + y, f (x) + g(y))
est un C 1 -diffeomorphisme de R2 sur son image.
Exercice 5.8.4. Soient E et F deux espaces de Banach et un ouvert
de E contenant lorigine. Soit A : L(E, F ) une application de
classe C 1 tel que A(0) GL(E, F ). Soit B : F definie par
B(x) = A(x).x
Montrer que B est un diffeomorphisme locale en 0.
Exercice 5.8.5. On munit Rn de la norme euclidienne. Soit > 0 et
F C 1 (Rn , Rn ). On suppose que pour tout (x, h) R2 Rn on a
< DF (x).h, h > khk2
Le but de lexercice est de monter que F est un C 1 -diffeomorphisme.
Montrer que F est injective.
Soit x1 , x2 Rn . Verifier que
Z 1
F (x2 ) F (x1 ) =
Df (x1 + t(x2 x1 )).(x2 x1 )dt
0

Montrer que
< F (x2 ) F (x1 ), x2 x1 > kx2 x1 k2
Soit b Rn et Gb : Rn R definie par
Gb (x) = kF (x) bk2
180

Si x, h Rn calculer DGb (x).h.


Montrer que
lim Gb (x) = +
kxk

En deduire que Gb atteint un minimum global sur Rn en un point a.


Montrer que F (a) = b. En deduire que F est surjective.
Montrer que F realise un C 1 -diffeomorphisme de Rn sur Rn .
Exercice 5.8.6. Soit f : R R de classe C 1 . On suppose quil existe
0
]0, 1[ tel que pour tout x R : |f (x)| . Soit F : R2 R2
definie par
F (x, y) = (x + f (y), y + f (x))
Monter que F est de classe C 1 et pour tout (x, y) R2 : DF (x, y)
Gl(2, R).
Soit (a, b) R2 fixe et g : R2 R2 definie par g(x, y) = (a f (y), b
f (x)). Montrer que quil existe ]0, 1[ tel que
kg(x1 , y1 ) g(x2 , y2 )k k(x1 , y1 ) (x2 , y2 )k
En deduire de ce qui precede que F est un diffeomorphisme de R2 sur
R2 .
Exercice 5.8.7. Soit E un espace de Banach. On note IE : x x
lapplication identite sur E. Soit Q : L(E) L(E) definie par
Q(u) := u u
Montrer que Q est de classe C 1 sur L(E) et calculer sa differentielle.
Montrer quil existe  > 0 tel que, pour tout v L(E) verifiant
kv IE k < 
lequation
uu=v
poss`ede une solution dans L(E).
On suppose ici E = R2 et on consid`ere les matrices u = (uij ) et
h = (hij ) definie par
u12 = u21 = 0, u11 = 1, u22 = 1
h11 = h21 = h22 = 0, h12 = 1
181

Calculer DQ(u).h. En deduire quil nexiste pas de fonction Frechet


differentiable sur un voisinage U de IE et `a valeurs dans un voisinage
de u dans L(E) tels que
v U : (IE ) = u

et

(v) (v) = v

Exercice 5.8.8. Soit : R R continue et f, g : R2 R definies


par
Z x+y
Z xy
f (x, y) =
(t)dt et g(x, y) =
(t)dt
0

0
1

Montrer que f et f sont de classe C et calculer leurs differentielles.


On definit F : R2 R2 par F (x, y) = (f (x, y), g(x, y)). On note
B =] 1, 1[] 1, 1[ et on munit R2 de la norme k.| . Montrer que F
est lipschitzienne sur B.
On suppose que (0) 6= 0 et (1) 6= 0, montrer que F est un diffeomorphisme
locale en (0, 1). Dire pourquoi quil en est de meme au point (1, 0).
On suppose que (t) > 0 pour tout t R, montrer que F |D o`
u
D = {(x, y) R2 : x < y} est un diffeomorphisme de D sur F (D).
Exercice 5.8.9. Soit lapplication exponentielle exp : M(n, R)
GL(n, R) definie par
A M(n, R) : exp(A) =

X
Ap
p=0

p!

Montrer que exp realise un diffeomorphisme dun voisinage de 0 dans


M(n, R) sur un voisinage de IRn dans GL(n, R)
Exercice 5.8.10. On consid`ere lapplication F : R2 R2 definie par
F (x, y) = (x + f (y), y + f (x))
0

o`
u f : R R de classe C 1 telle quil existe ]0, 1[ verifiant |f (t)|
pour tout t R.
Soit (a, b) R2 et g : R2 R definie par
g(x, y) = (a x f (y))2 + (b y f (x))2
Montrer que g admet un minimum en un point (x1 , y1 ) tel que F (x1 , y1 ) =
(a, b). En deduire que F est surjective.
Montrer que F est bijective.

182

Exercice 5.8.11. Soit E = (C([0, 1]), R) muni de la norme kf k0 =


supt[0,1] |f (t)| qui est complet. On consid`ere E1 le sous espace de E
forme des fonctions de classe C 1 qui sont nulles en 0 muni de la norme
0
|f k1 = supt[0,1] |f (t)|.
Montrer que (E1 , k.k1 ) est complet.
On consid`ere lapplication
: E1 E
0
f f + f 2
Calculer la differentielle de en 0.
En deduire que est un diffeomorphisme dun voisinage V de 0 dans
E1 sur un voisinage W de 0 dans E .
Exercice 5.8.12. Soit E un espace de Banach. On notera
IE : x E x E

et IL(E) : u L(E) u L(E)

Soit f : L(E) L(E) definie par


f (u) := u3 = u u u
Montrer que f est de classe C 1 sur L(E) et calculer sa differentielle.
Demontrer lingalite : pour tout u L(E)
kDf (u) 3IkL(L(E)) 6ku IE kL(E) + 3ku IE k2L(E)
Soit B = B(0, 13 ) L(E) la boule ouverte de centre IE et de rayon 1/3.
Montrer que
1
u B : Df (u) GL(L(E))
3
Pour u B, on pose : g(u) = f (u) 3u.
Montrer que pour tout (u, v) B B on a
7
kg(u) g(v)k ku vk
3
En deduire que f est injective sur B.
Montrer que f est un diffeomorphisme de B sur f (B).
Exercice 5.8.13. Soit U le plan prive de lorigine et
f (x, y) = (x2 y 2 , 2xy)
- Montrer que f est un diffeomorphisme au voisinage de chacun des
points de U mais quil nest pas un diffeomorphisme global.
- Expliciter des ouverts V , aussi large que possible tel que f soit un
diffeomorphisme de V sur f (V ).
183

Exercice 5.8.14. On note = {(x, y) R2 : 0 < x < 1, 0 < y < 1}.


Soit : R2 definie par
(x, y) = (xy, y)
0

- Montrer que est un diffeomorphisme de sur un ouvert `a determiner.


- Determiner toutes les fonctions f : R de classe C 1 verifiant
lequation aux derivees partielles
y

f
f
x
=0
x
y

Exercice 5.8.15. En utilisant le changement de variables


u = x+y
v = xy
resoudre lequation aux derivees partielles
2f
2f

= 2(x y)
x2 x
Resoudre

f
f

=0
x y
en utilisant le changement de variables u = x + y et v = x + ky.
k

Exercice 5.8.16. Dans R3 , on consid`ere les coordonnees cylindriques


C : ]0, +[] , [R R3
(r, , z) (r cos , r sin , z)
Determiner le jacobien de C an (r, , z).
Montrer que C realise un diffeomorphisme de ]0, +[] , [R sur
R3 \ {(x, 0, z) : x R , z R}.
Exercice 5.8.17. Dans R3 , on consid`ere les coordonnees spheriques
S : ]0, +[]0, 2[] /2, /2[ R3
(r, , ) (r cos cos , r sin cos , r sin )
Determiner le jacobien de S an (r, , ).
Montrer que S realise un diffeomorphisme de ]0, +[]0, 2[]/2, /2[
sur R3 \ {(x, 0, z) : x R+ , z R}.
184

Exercice 5.8.18. On munit R3 de la norme euclidienne k.k. Soit f :


R3 B(0, 1), o`
u B(0, 1) designe la boule unite de R3 , lapplication
definie par
x
tanh(kxk) si
kxk
f (0) = 0

f (x) =

x 6= 0

Determiner
lim kf (x)k

kxk

Montrer que f est un diffeomorphisme de classe C 1 .


On note

tanh t :=

e2t 1
e2t + 1

( tangente hyperbolique )

Exercice 5.8.19. Montrer que lensemble


= {(x, y) R2 : x2 y 2 = 0}
est le graphe dune fonction au voisinage de tout point (x0 , y0 ) \
{(0, 0)} et que (0, 0) est le seule point qui verifie
F (0, 0) = (0, 0)
Exercice 5.8.20. Soit f : R+ R R de classe C 1 et (x0 , y0 )
R+ R. Soit F : R+ R R definie par
1
1
1
F (x, y) = y y0 + (f (x, y) + f (x0 , y0 )

2
x x0
Montrer quau voisinage de (x0 , y0 ) : F (x, y) = 0 est equivaut `a y =
(x) o`
u est de classe C 1 .
0
Exprimer `a laide de f et ses derivees partielles.
On suppose que f (x, y) = xy avec > 0. Montrer que la limite
lim

xx0

f (x, (x)) f (x0 , y0 )


x x0

existe et la calculer.
Exercice 5.8.21. Soient E et F des espaces de Banach et f : F E
E une application de classe C 1 . On suppose quil existe k ]0, 1[ tel que
(, x) F E : kDx f (, x)k k
185

- Montrer que pour tout F il existe un unique x = x() E tel que


f (, x) = x.
le but de la suite est de montrer que lapplication
F x() E
est de classe C 1 .
- Soit g : F E E definie par
g(, x) = x f (, x)
Justifier que g est de classe C 1 .
Montrer que pour tout (, x) F E :
Dx g(, x) : E E
est inversible.
On fixe 0 F et on note x0 = (0 ).
Montrer quil existe un voisinage V de 0 dans F et : V E de
classe C 1 telle que
V : f (, ()) = ()
En deduire que est de classe C 1 et calculer sa differentielle.
Application : montrer que le syst`eme
1
sin(x + y) + t 1
2
1
1
y =
cos(x y) t +
2
2

x =

admet pour tout t R une unique solution (x(t), y(t)) de classe C 1 en


t. Montrer que
x(t) = y(t) = 0 t = 1
0

Calculer x (1) et y (1).


Exercice 5.8.22. Montrer que la relation suivante definit implicitement y en fonction de x au voisinage du point (a, b) indique et former
le developpement limite `a lordre 3 au voisinage de a de la fonction
y = (x).

186

ex+y + y 1
xy 2 sin(x + y) + y
x3 + y 3 3xy 1
2ex+y1 + log(x y) 2x + y 3
xy sin y + x
1 yex + xey

=
=
=
=
=
=

0
0
0
0
0
0

au
au
au
au
au
au

point
point
point
point
point
point

(0, 0)
(1, 1)
(0, 1)
(1, 0)
(0, 0)
(0, 1)

Exercice 5.8.23. Montrer que la relation suivante definit implicitement


z en fonction de (x, y) au voisinage du point (a, b, c) indique et former
le developpement limite `a lordre 3 au voisinage de (a, b) de la fonction
z = (x, y).
x3 + y 3 + z 3 zx x + y 2z + 1 = 0 en
log(1 + y z) x z = 0 en
2
2
2
(x + y + z ) log(x + y + z) ex+y + 1 = 0 en

(0, 0, 1)
(0, 0, 0)
(0, 0, 1)

Exercice 5.8.24. Calculer les derivees partielles premi`eres et secondes


de la fonction
z = (x, y)
definie implicitement par
log z = x + y + z 1
en (2, e, e).
Exercice 5.8.25. Soit n un entier naturel. Montrer que
x R, !y R : y 2n+1 + y x = 0
Montrer que lapplication
: R R
x y = (x)
ainsi definie est de classe C 1 sur R.
Pour tout x R, calculer
Z x
(t)dt
0

en fonction de n, x et (x).
187

Exercice 5.8.26. Soit E = M(n, R) lespace des matrices (n, n). On


note
F = {M E : M t = M }
le sous espace de matrices symetriques et
G = {M E : M t = M }
celui des matrices anti-symetriques. On consid`ere lapplication
f : G F F
(A, S) (S + A)(S A) I
Montrer que f est de classe C 1 et calculer Df (A, S).
Montrer que DS f (O, I) : F F est un isomorphisme.
Deduire de ce qui precede quil existe un voisinage V de 0 dans G,
un voisinage W de I dans F et une application : V W de classe
C 1 tels que :
(A, S) V W : f (A, S) = 0 S = (A)
Calculer D(0).
Demontrer que E = F G : pour toute matrice M on calculera S F
et A G en fonction de M et M t tel que M = S + A.
Deduire de ce qui precede quil existe un voisinage U de I dans M(n, R)
et une application : V F de classe C 1 tels que (0) = I, D(0) =
0 et
M Mt 
M Mt
M U : M M t = I , M =
+
2
2
Exercice 5.8.27. Soit E lensemble des fonctions f : R R de classe
C 1 et 1-periodiques i.e f (x + 1) = f (x) pour tout x R.
On munit E de la norme
0

kf k = max( sup |f (t)|, sup |f (t)|)


t[0,1]

t[0,1]

qui en fait de E un espace de Banach.


Soit g E, non constante, et F : E R R definie par
Z 1
0
F (f, s) =
f (t + s)g (t)dt
0
1

Montrer que F est de classe C et calculer DF (f, s). En deduire quau


voisinage de (g, 0) legalite F (f, s) = 0 equivaut `a s = (f ) o`
u est de
1
classe C .
188

Chapitre

Extrema lies
6.1

Motivation

Dans lespace euclidien , quelle est le parallelepip`ede rectangle de volume maximum qui soit contenu dans une sph`ere ?
Dans une base orthonorme, une telle sph`ere a pour equation
g(x, y, z) := x2 + y 2 + z 2 R2 = 0
Si le parallelepip`ede rectangle a pour cotes x, y et z alors son volume
est f (x, y, z) = xyz. Le probl`eme pose se traduit par chercher
inf{f (x, y, z) : g(x, y, z) = 0}
Cest `a dire trouver la borne inferieur de la restriction de f sur lensemble
= {(x, y, z) R3 : g(x, y, z) = 0}

6.2

Encore une motivation

Dans lespace euclidien, quelle boite en carton parallelepidique sans


couvercle de volume fixe qui consomme le moins de carton possible ?
Il sagit de determiner les dimensions de la boite. Si les dimensions de
la boite sont x, y pour la base et z pour la hauteur, alors son aire sans
couvercle, est f (x, y, z) = xy +2xz +2yz et son volume V (x, y, z) = xyz.
Si on pose
= {(x, y, z) (R+ )3 : xyz = V0 }
189

alors le probl`eme pose se traduit par chercher


min{f (x, y, z) : (x, y, z) }

6.3

Formulation g
en
erale du probl`
eme

Cest un probl`eme du type suivant : Soit E, F deux espaces vectoriels


normes et un ouvert de E. On se donne
f : R et g : F
On cherche a` maximiser ou minimiser f (x) sous la contrainte g(x) = 0F ,
cest `a dire determiner
sup{f (x) : g(x) = 0F }
ou
inf{f (x) : g(x) = 0F }
Autrement dit , il sagit de determiner les extrema de
f |
o`
u
:= {x : g(x) = 0}
quon appelle extrema lies : le terme lie est relative a` la condition que
lextremum, sil existe, doit appartenir `a .
Si la fonction g est identiquement nulle alors = et on retrouve
les extrema libres cest `a dire des extrema sans contraintes.

6.4

Th
eor`
eme des extrema li
es

Th
eor`
eme 6.4.1. Soient E er F deux evn de dimension finie n et m.
Soit {f1 , , fm } une base de F . Soit un ouvert de E et g : F
lapplication
m
X
x g(x) =
gi (x)fi F
i=1

de classe C 1 dans un voisinage de . On note :


:= {x : g(x) = 0}
190

et
Vect(g1 (p), , gm (p))
le sous espace espace vectoriel de E engendre par les vecteurs {g1 (p), , gm (p)}.
Soit f : R une fonction Frechet differentiable en tout point de .
Soit p tel que lapplication lineaire
Dg(p) : E F
h Dg(p).h
est de rang m i.e surjective. Si f | possede un extremum en p alors
f (p) Vect(g1 (p), , gm (p))
Autrement dit : ils existent 1 , , m R , appeles multiplicateurs de
Lagrange, tels que
m
X
f (p) =
i gi (p)
i=1

Lorsque F est de dimension 1, le theor`eme prend la forme suivante :


Corollaire 6.4.2. Soient un ouvert dun evn E de dimension finie et
g une fonction `a valeurs reelles definies sur de classe C 1 au voisinage
de . On pose
:= {x : g(x) = 0}
Soient f : R une fonction Frechet differentiable en tout point de
et p tel que g(p) 6= 0.
Si f | possede un extremum locale en p, alors ils existent R tel que
f (p) = g(p)
La preuve du theor`eme repose sur le theor`eme de fonctions implicites.
On a besoin de quelques lemmes preleminaires.
D
efinition 6.4.3. Soit E une partie non vide dun evn E et a .
On dit quun vecteur h E est tangent `a au point a sil existe > 0
et une courbe :] , [ E de classe C 1 telle que
(i) (t) pour tout t ] , [,
0
(ii) (0) = a et (0) = h.
On note Ta lensemble des vecteurs tangents `a au point a.
Si est dinterieur non vide on a une description de Ta en ces
points interieurs.
191

Lemme 6.4.4. Si une partie non vide dun evn E et a un point


interieur `a alors Ta = E.
Demonstration. En effet, on fixe une norme sur E et soit r > 0 tel que
B(a, r) . Soit h E et > 0 tel que khk < r. On a a + th
0
pour tout t ], [. Si (t) = a+th alors (0) = a et (0) = h 
Exercice 6.4.5. Soit f : I R derivable sur I R et = {(x, y)
R2 : y = f (x)} le graphe de f . Soit a = (x0 , f (x0 )) . Montrer que
0

Ta = {(h, k) R2 : k = f (x0 )(h x0 ) + f (x0 )}


qui est la droite tangente `a au point a.
D
efinition 6.4.6. Soient E et F des evn de dimension finie n et m.
Soit un ouvert de E et g : F de classe C 1 dans un voisinage
de . Soit
= {x : g(x) = 0F } et a
On dit que a est un point regulier de si
rg(Df (a)) = m Dg(a) : E F est surjective
On dit que a est un point singulier de si
rg(Df (a)) < m Dg(a) : E F nest pas surjective
Quand a est regulier, on a une structure despace vectoriel sur
Ta M .
Lemme 6.4.7. Soient E et F des evn de dimension finie n et m. Soit
un ouvert de E et g : F de classe C 1 dans un voisinage de .
On pose
= {x : g(x) = 0F }
Si a est un point regulier alors
Ta = Ker(Dg(a)) = {h E : Dg(a).h = 0F }
Ainsi Ta est un sous espace vectoriel de E de dimension = n m.
Demonstration. On montre dabord Ta ker(Dg(a)).
Soit h Ta et :] , [ de classe C 1 tel que (0) = a et
0
(0) = h. Par definition de on a
t ] , [ :
192

g((t)) = 0

En derivant par rapport `a t et en faisant t = 0, on obtient


0

Dg(a).h = Dg((0)). (0) = 0


cest `a dire h ker(Dg(a)).
Inversement, soit h ker(Dg(a)). On doit trouver une application
de classe C 1 :
:] , [
telle que

(0) = a et (0) = h
Puisque le rang de Dg(a) est m n alors Dg(a) : E F est surjective. Soit G un supplementaire de Ker(Dg(a)) dans E :
E = ker(Dg(a)) G
On identifie E a` ker(Dg(a)) G : si x E on ecrit
x = (, u) = u
o`
u ker(Dg(a)) et u G sont uniques.
On note a = (0 , u0 ) et
= {(, u) : g(, u) = 0}
Puisque E/ker(Dg(a)) ' G et Dg(a) est surjective, alors Dg(a) |G :
G F est un isomorphisme. Autrement dit la differentielle partielle
Du g(0 , u0 ) : E F
est un isomorphisme de G sur F . Dapr`es le theor`eme de fonctions implicites, lequation
g(, u) = 0
definit implicitement u comme fonction de au voisinage de a = (0 , u0 ).
On peut trouver un voisinage V de 0 dans ker(Dg(a)) et une application
u = () de classe C 1 sur V telle que (0 ) = u0 et
V

(, ()) et g(, ()) = 0

Puisque h ker(Dg(a)) et V est un ouvert de ker(Dg(a)) , on peut


choisir > 0 tel que
t ] , [ : 0 + th V
193

On definit la courbe
: ] , [ E = ker(Dg(a)) G
t (t) = (0 + th, (0 + th))
Il est clair que est de classe C 1 et (0) = (0 , u0 ) = a. De plus (t)
car
t ] , [ : g(0 + th, (0 + th)) = 0
0

Il nous reste `a montrer que (0) = h. Par definition de on a


0

(0) = (h, k) = h k
0

avec k = d().h E. Puisque (0) Ta on a


0

(0) ker(Dg(a))
Par consequent on a k = 0 et
0

(0) = h 0 = h
De plus dimTa = n dim(G) = n m car G est isomorphe par
construction `a Dg(a)(E) et rg(Dg(a)) = m.
On a vu pour pour un extrema libre une condition necessaire portant
sur la differentielle : Df (a).h = 0 pour tout h Rn . On a la meme
condition pour un extrema liee a sauf que Df (a) ne sannule que
sur lespace tangent Ta .
Proposition 6.4.8. Soit f : R o`
u est un ouvert dun env E de
dimension finie et une partie non vide de . Si f | possede un extremum local en un point regulier a et si f est Frechet differentiable
en a alors
Df (a).h = 0 pour tout h Ta
Autrement dit si f | possede un extremum local en un point regulier
a et si f est Frechet differentiable en a alors
Df (a) |Ta = 0
o`
u Df (a) |Ta est la restriction de lapplication lineaire Df (a) : E R
a` lespace vectoriel Ta Rn . La decomposition orthogonale
E = Ta Ta
donne
Df (a)(E) = Df (a)(Ta )
En particulier si a est un point interieur `a , i.e a est un extremum
libre, alors Df (a)(E) = 0.
194

Demonstration. Soit h Ta et :] , [ E tel que (0) = a et


0
(0) = h. La fonction
t ] , [ (t) = f ((t))
est derivable en t = 0 avec
0

(0) = Df ((0)). (0) = Df (a).h


0

et posseede un extremum locale en t = 0 par suite (0) = 0 cest `a dire


Df (a).h = 0,

6.5

h Ta 

Preuve du th
eor`
eme des extrema li
es

Demonstration. Maintenant on se dispose des ingredients de la preuve


du theor`eme des extrema lies.
On consid`ere lapplication
g : F
m
X
x
gi (x)fi
i=1

Puisque Dg(a) : E F est surjective, les vecteurs gradients g1 (a), , gm (a)


sont lineairement independants dans E.
Dapr`es les lemmes precedents
ker(Dg(a)) = Ta ker(Df (a))
autrement dit



vect(g1 (a), , gm (a)) (f (a))

Si A et B sont deux sous espaces vectoriels E, on a A B = B A .


Par consequent

 

(f (a) ) = {f (a)}
vect(g1 (a), , gm (a))
vect(g1 (a), , gm (a))
Par suite, ils existent 1 , , m R tels que
f (a) =

m
X
i=1

195

i gi (a).

Exemple 6.5.1. Soit a, b, c trois nombres reels tels que 0 < a < b < c.
Soit S lensemble
x4 y 4 z 4
3
S = {x, y, z) R : 4 + 4 + 4 = 1}
a
b
c
2
2
2
Soit f (x, y, z) = x + y + z . On va determiner
max{f (x, y, z) : (x, y, z) S}, min{f (x, y, z) : (x, y, z) S}
Tout dabord S = {(x, y, z) R3 : g(x, y, z) = 0} o`
u g(x, y, z) =
y4
x4
z4
+ b4 + c4 1 et si (x, y, z) S on a
a4
x3 y 3 33
, , ) 6= (0, 0, 0)
a4 b 4 c 4
Les points critiques (x, y, z) S sont tels que les deux vecteurs f (x, y, z)
et g(x, y, z) soient lies .
Cest `a dire les (x, y, z) S tels que tous les determinants dordre deux
formes par {f (x, y, z), g(x, y, z)} sont nuls :
g(x, y, z) = 4(

y2 z2 
y3z z3y

=
zy
4 = 0
b4
c4
b4
c
z 3 x x3 z
z 2 x2 
(2)
4 = zx 4 4 = 0
c4
a
c
a
3
3
2
xy y x
x
y2 
(3)
4 = xy 4 4 = 0
a4
b
a
b
x4 y 4 z 4
+ 4 + 4 1 = 0
(4)
a4
b
c
Il sagit de trouver les points (x, y, z) verifiant ces quatre equations.
Cest equivaut `a
(1)

(1)

zy = 0 ou

(2)

zx = 0 ou

(3)

xy = 0 ou

y2
z2
=
b4
c4
2
z
x2
=
c4
a4
2
x
y2
= 4
a4
b

x4 y 4 z 4
+ 4 + 4 =1
a4
b
c
1- Si aucun des x, y, z nest nul alors (x, y, z) verifie le syst`eme
(4)

x2
y2
z2
=
=
a4
b4
c4
4
4
x
y
z4
+ 4 + 4 =1
a4
b
c
196

On trouve donc 8 points (x, y, z) tels que


a4
b4
c4
2

, y =
, z=
a4 + b 4 + c 4
a4 + b 4 + c 4
a4 + b 4 + c 4

et f (x, y, z) = a4 + b4 + c4 .
2- Si une seule coordonnee x, y, z est nulle, par exemple x = 0 alors les
(0, y, z) solutions verifient :
2

x =

z2
x2
=
c4
a4

x2
y2
=
a4
b4

et

On trouve y 2 = b4b +c4 et z 2 = b4c +c4 et la valeurs de f (0, y, z) =

b4 + c 4 .

De meme pour les points (x, 0, z) on a f (x, 0, z) = c4 + a4 .


De meme pour les ponts (x, y, 0) on a f (x, y, 0) = a4 + b4 . 3- Si deux
coordonnees x, y, z sont nulles, on trouve les points :
- (a, 0, 0) ou (a, 0, 0) et f (a, 0, 0) = a2 .
- (0, a, 0) ou (0, a, 0 et f (0, a, 0) = b2 .
- (0, 0, a) ou (0, 0, a) et f (0, 0, a) = c4 .
S est compact dans R3 . En effet
S {(x, y, z) R3 : max(|x|, |y|, |z|) max(|a|, |b|, |c|)}
donc S est borne et S = h1 ({0}) est ferme car
h(x, y, z) =

x4 y 4 z 4
+ 4 + 4 1
a4
b
c

est continue sur R3 .


Puisque S est compact et f est continue alors f atteint sur S un
maximum et un minimum en ces points critiques determines avant.
Dapr`es les valeurs de f ences points critiques calculees precedement,
le maximum pris par f est a4 + b4 + c4 qui est atteinte aux points


a2
b2
c2
,
,
1
1
1
(a4 + b4 + c4 ) 4 (a4 + b4 + c4 ) 4 (a4 + b4 + c4 ) 4
qui sont donc des maxima globaux.
Dapr`es le cas 3, les valeurs de f en ces points critiques calculees precedement,
le minimum pris par f est a2 ( car 0 < a < b < c) qui est atteinte aux
points (a, 0, 0) qui sont donc des minima globaux.
197

6.6

Exercices

Exercice 6.6.1. ( Retour `a motivation )


Dans lespace euclidien R3 , quelle est le parallelepip`ede rectangle de volume maximum qui soit contenu dans la sph`ere SR de centre O et de
rayon R ?
Dans une base orthonorme, une telle sph`ere a pour equation
g(x, y, z) := x2 + y 2 + z 2 R2 = 0
Si le parallelepip`ede rectangle a pour cotes x, y et z alors son volume est
f (x, y, z) = xyz. Le probl`eme pose se traduit par chercher
min{f (x, y, z) : g(x, y, z) = 0}
Trouver ce parallelepip`ede rectangle.
Exercice 6.6.2. ( Retour `a Encore une motivation )
On veut construire une boite en carton parallelepidique sans couvercle
de volume V0 , en utilisant le moins de carton possible ?
Il sagit de determiner les dimensions de la boite. Si les dimensions de
la boite sont x, y pour la base et z pour la hauteur, alors son aire sans
couvercle, est f (x, y, z) = xy +2xz +2yz et son volume V (x, y, z) = xyz.
Si on pose
= {(x, y, z) (R+ )3 : xyz = V0 }
alors le probl`eme pose se traduit par chercher
min{f (x, y, z) : (x, y, z) }
Trouver cette boite.
Exercice 6.6.3. Sur le cercle de centre 0 et de rayon r > 0 du plan
euclidien, rapporte `a un rep`ere othonorme, on consid`ere trois points A, B
et C. A quelle condition le perim`etre du triangle ABC est-il maximum ?
Meme question pour quatre points.

198

Exercice 6.6.4. Rechercher les extrema des fonctions suivantes


f (x, y) =
f (x, y)
f (x, y)
f (x, y)
f (x, y)

=
=
=
=

f (x, y) =
f (x, y, z) =
f (x, y, z) =

x2 y 2
+
sur x2 + y = 1
9
4
x log x + y log y sur x + y = 2
x2 y sur x + y = 1
exp(x2 + xy y 2 + 3y 3) sur x + y = 1
log(x y) sur x2 + y 2 = 2
p
p

ey x + 1 + ex y + 1 sur
x+1+ y+1=4
x log x + y log y + z log z sur x + y + z = 1
x2 + 2y 2 4xy + 6z 2 + 12z sur z x = 3 et x y = 0

Exercice 6.6.5. Soit f : Rn R une fonction continue telle que


lim

kxk+

f (x) = +

Cest `a dire
A > 0, B > 0

tels que

kxk B = f (x) A

Montrer il existe au moins x Rn tel que


f (z) = inf{f (x) : x Rn }
Montrer que si f est convexe alors x est unique.
Exercice 6.6.6. Soit m R et fm : R3 R la fonction definie par
fm (x, y, z) = x2 + 3y 2 + mz 2 1
On definit
m = {(x, y, z) R3 : fm (x, y, z) = 0}
Montrer que m est compact si et seulement si m > 0.( Indication : dans
la cas m 0 trouver une suite (xn , yn , zn ) m tels que limn k(xn , yn , zn )k =
+).
Donner une condition necessaire et suffisante sur m pour que tout point
de m soit regulier.
On suppose que m > 0. Determiner les reels Am et Bm :
An =

min

xyz

et

(x,y,z)m

199

Bm =

max
(x,y,z)m

xyz

Exercice 6.6.7. Soit Q une matrice symetrique definie positive sur Rn


et A : Rn Rm une matrice de rang m n, b Rm et c Rn . On
consid`ere les applications f : Rn R definie par
f (x) =

1
< Qx, x > + < c, x >
2

et g : Rn Rm definie par
g(x) = Ax b = (< v1 , x > b1 , , < vm , x > bm )
o`
u on a ecrit A = (v1 , , vm ) avec {vi , , vm } les vecteurs lignes de
A.
Montrer que f et g sont de classe C 1 sur Rn et pour tout x Rn ;
f (x) = Qx + c
g(x) = At
Montrer que = {x Rn : g(x) = ORm } est un convexe, ferme et non
bornee .
Si a , determiner la dimension de Ta qui est lespace tangent `a
au point a.
Montrer que f est convexe et
lim

f (x) = +

x,kxk+

En deduire quil existe un et un seul x tel que


f (x) = inf{f (x) : x }
Conclure quil existe = (1 , , m ) tel que
f (x) = g(x). et

Ax = b

Montrer que la matrice AQ1 At : Rm Rm est symetrique et definie


positive.
Montrer que x et = (1 , , m ) ,les multiplicateurs de Lagrange
associe `a x, secrivent explicitement :
x = Q1 At (AQ1 At )1 (AQ1 c + b) Q1 c
= (AQ1 At )1 (AQ1 c + b)

200

Exercice 6.6.8. Soit des nombres reels strictement positifs 1 , , n


tels que 1 + 2 + + n = 1. Soit f : (R+ )n R definie par
f (x1 , , xn ) = x1 1 x2 2 xnn
On note
+ n

C = {(x1 , , xn ) (R )

n
X

k xk = 1}

k=1

Montrer quil existe a = (a1 , , an ) C tel que


ak > 0, k = 1, 2, , n

f (a) = sup f (x) et


xC

Trouver tous les points a C tels que f (a) = supxC f (x).


En deduire que
x C : x1 1 x2 2 xnn 1
Montrer que
+ n

x = (x1 , , xn ) (R )

x1 1

x2 2

xnn

n
X

k xk

k=1

Dans quelle cas a-t-on egalite ?


On consid`ere dans R3 un parallelepip`ede rectangle dont les cotes ont
respectivement pour longueur x, y et z. On note V son volume et S sa
surface. En exprimant V et S en fonction de x, y et z et en utilisant ce
qui precede montrer que
2
S
V3 .
6
Exercice 6.6.9. On munit Rn du produit scalaire usuel <, > et de la
norme euclidienne associee. Soit A = (aij ) M(n, R) une matrice
symetrique i.e aij = aji pour tout i, j = 1, 2, , n. Soit f : Rn R
definie par x Rn : f (x) =< Ax, x >.
Montrer que f est de classe C .
Montrer quil existe v Rn tel que kvk = 1 verifiant
f (v) = min{f (x) : kxk = 1}
Montrer quil existe R tel que Av = v i.e est une valeur propre
de A.
F
Montrer que est la plus petite valeur propre de A.

201

Exercice 6.6.10. Soient p, q deux nombres reels strictement plus grands


que 1 et tels que
1 1
+ =1
p q
laide du
Soient a1 , , an et b1 , , bn des reels strictement positifs. A
theor`eme des extrema lies, on va etablir linegalite de Holder
n
X

ai b i

n
X

i=1

api

 p1

n
X
1
q q

bi

i=1

i=1

Pour cela, on consid`ere lensemble


+ n

= {(x1 , , xn ) (R )

n
X

xqi = 1}

i=1

Soit f : Rn R lapplication lineaire f (x1 , , xn ) =


Montrer que est compact dans Rn .
En deduire quil existe tel que
f () = max

n
nX

Pn

i=1

ai x i .

o
ai xi : (x1 , , xn )

i=1

- Montrer que tous les coordonnees de sont strictement positifs : pour


cela vous supposez par exemple que 1 = 0 et soit 2 > 0 par exemple
( car au moins un des i est strictement positif ). Puis considerer pour
t ]0, 2 [, le point de :
1

x(t) = (t, (2q tq ) q , 3 , , n )


et puis montrer, `a laide du developpement limite, que pour t proche de
0
f (x(t)) > f ()
Ce qui contredit est un maximum de f sur .
Montrer quil existe R tel que
a1
a2

an

=
=
=
=

q1q1
q2q1

qnq1

202

Montrer que
n
X

f () =

api

 p1

i=1

Cela signifie que


x = (x1 , , xn ) :

n
X

ai x i

n
X

i=1

api

 p1

i=1

En considerant le point
x=

b1

bn

P
1 , , P
1
( ni=1 api ) p
( ni=1 api ) p

on a finalement linegalite de Holder


n
X

ai b i

i=1

n
X

api

 p1

i=1

n
X
 1q
bqi
i=1

Exercice 6.6.11. Soient a1 , a2 , , an des reels strictement positifs tels


que
n
X
ai = 1
1=1

Montrer que
n
Y

ai (1 ai )

1=1

(n 1)n
n2n

Exercice 6.6.12. On munit Rn du produite scalaire usuel <, > et de la


norme associee k.k. Soit a Rn \ {0} fixe et r R. Soit r lhyperplan
r = {x Rn : < a, x >= r}
On se donne v Rn et on se propose de determiner la projection orthogonale v r de v sur r .
- Determiner explicitement v r `a laide de lobservation suivante : v r est
solution du probl`eme des extrema lies
1
min{ kx vk2 : x r }
2
- On pose d(r) := 21 kv r vk2 . Verifier d est une fonction derivable de r
0
et que sa derivee d (r) est, au signe pr`es, le multiplicateur de Lagrange.
203

Exercice 6.6.13. Soient a1 , , an des nombres reels non nuls. On


consid`ere lellipsoide plein de Rn defini par
n

E := {x = (x1 , , xn ) R

n
X
u2
i

i=1

a2i

1}

Soit x 6 E et x sa projection sur E.


Montrer que x est solution du probl`eme de minimisation
min{ku xk2 : u E}
Montrer que
min{ku xk2 : u E} min{ku xk2 : u Fr(E)}
o`
u
n

Fr(E) = {x = (x1 , , xn ) R

n
X
u2
i

i=1

a2i

= 1}

est la fronti`ere de E ( lellipsoide creux ).


Montrer que
 a2 x
a2n xn 
1 1
x= 2
, , 2
a1 +
an +
o`
u > 0 est la seule solution de lequation en :
n
X
a2i xi
=1
a2 +
i=1 i

Exercice 6.6.14. Soit s1 , , sk des nombres reels positifs tels que s =


s1 + + sk > 0. Soit f : Rk R definie par
f (p1 , , pk ) =

k
Y

psi i = ps11 ps22 pskk

i=1

On veut determiner
max{log f (p1 , , pk ) : (p1 , , pk ) k }
o`
u k est le simplexe de Rk definie par
k = {(p1 , , pk ) R

| i : pi 0 et

k
X
i=1

204

pi = 1}

Montrer que k est un compact. En deduire quil existe p k tel que


log f (p) = max log f

avec pi > 0 pour tout i = 1, 1, , k.


Soit h, g : (R+ )k R definies par
h(p1 , , pk ) = log f (p1 , , pk ) =

k
X

si log pi

i=1

et
g(p1 , , pk ) =

k
X

pi 1

i=1

Verifier que
h(p) = max{h(p) : p }
o`
u = {p (R+ )k : g(p) = 0}.
Montrer quil existe R tel que
si
= pour tout
pi

i = 1, 2, , k

En deduire
max{

k
X

si log pi : pi 0 et

i=1

et
max{

k
X

pi = 1} =

i=1
k
Y
i=1

psi i

: pi 0 et

k
X

pi = 1} = s

i=1

k
X

si log

i=1

k
Y

si
s

ssi i

i=1

Exercice 6.6.15. Soient a1 , , an des reels strictement positifs. On


definit leur moyenne arithmetique par
a1 + + an
n
et leur moyenne geometrique par
n
a1 a2 an
En utilisant le theor`eme des extrema lies `a des fonctions bien choisies,
demontrer

a1 + + an
(a1 , , an ) (R+ )n : n a1 a2 an
n
Indication : sinspirer de lexercice precedent 7.7.11.
205

Exercice 6.6.16. On identifie une matrice A M(n, R) et lendomorphisme canoniquement associee. La base canonique de Rn est notee
(ej )1jn , le produit scalaire <, > et la norme associee k.k. On note par
CofA la matrice des cofacteurs de A.
Montrer que la differentielle de lapplication
det : M(n, R) R
en A GL(n, R) est donnee par
t

D(det)(A).H = trace Cof(A) H
Soit
K=

n
\

{A M(n, R) : kA(ei k = 1}

i=1

Montrer que K est un compact de M(n, R).


En deduire quil existe l > 0 tel que
l = sup{det(A) : A K}
On pose L = {A K : det(A) = l}. En utilisant le theor`eme des
extrema liees, montrer que
L = SOn (R)

et

l=1

o`
u
SO(n, R) = {A GL(n, R) : At A = In , det(A) = 1}
est le groupe speciale lineaire. En deduire linegalite de Hadamard :
A GL(n, R) : |det(A)|

n
Y
i=1

Pour quelles A a-t-on legalite ?

206

kA(ei )k

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