Betene Ebanda 2012CLF22298
Betene Ebanda 2012CLF22298
Betene Ebanda 2012CLF22298
es mecaniques et thermiques du
pl
atre renforc
e de fibres v
eg
etales tropicales
Fabien Betene Ebanda
No dordre : D.U:2298
EDSPIC : 589
et
Universit de DOUALA (UD)
cole Doctorale des Sciences Fondamentales et Appliques
Thse en cotutelle
prsente
par
Remerciements
Ce travail est laboutissement dun projet initi depuis 1994 par Professeur ATAN-
GANA ATEBA, il a t compris et soutenu par Professeur AYINA OHANDJA Louis
Max. Par la suite Dr NTENGA Richard sest impliqu en fin facilitateur. Cest alors que
Professeur Alexis BEAKOU le prit en mains pour sa finalisation : ses lettres ont contribu
obtenir le financement auprs des services de lAmbassade de France au Cameroun, son
accord a permis mon inscription lUBP, ses initiatives mont permis dobtenir une aide
la co-tutelle, ses dmarches mont facilit laccs du matriel dessais en dehors de
lIFMA et bnficier du concours des personnes ressources en rapport avec mon travail et
mes sjours franais.
Au moment o ce travail se finalise, je voudrais exprimer ma reconnaissance infinie
Professeur Alexis BEAKOU pour tous ces bienfaits. Je garde en souvenir toute sa
sympathie, son estime et son attention. Pendant les trois ans de ma formation, jai bnfici
de ses exprience et comptences. Je tiens lui dire merci du fond du cur.
Tous mes remerciements Professeur AYINA OHANDJA Louis Max pour toutes ses
implications la russite de ce projet depuis ladmission en DEA, pour ses conseils et
astuces suggres.
Que cette opportunit me permette de dire merci pour tout Professeur ATANGANA
ATEBA, des mots ne suffiront jamais pour exprimer ma gratitude pour ses uvres mon
profit.
Mes remerciements sont adresss Dr NTENGA Richard pour son implication fa-
ciliter la mise en route de cette thse. Jai bnfici de ses conseils et astuces pour mes
premiers pas dans le milieu universitaire et culturel franais.
Un remerciement tout particulier aux membres du jury qui ont accept de mnager
un espace dans leur agenda pour valuer ce travail. Je pense notamment Professeur
Christophe BALEY, Professeur NZENGWA Robert, Professeur Sofiane AMZIANE et
Professeur Ebnzer NJEUGNA.
Je saisis galement cette opportunit pour dire ma gratitude au gouvernement franais
pour le financement apport, dans un premier temps travers le projet COMETES en
anne de DEA et travers lAmbassade de France au Cameroun pour le financement de ce
4
Le pltre est un matriau de grande disponibilit et trs connu pour ses qualits :
il est favorable la protection de lenvironnement, assez mallable, de faible densit,
aux proprits fonctionnelles remarquables (coupe-feu, isolant thermique, rgulateur de
lhygromtrie des enceintes), dcoratif, ... Ce qui justifie lintrt accord ce matriau
pour les constructions. Sa grande fragilit proccupante est lorigine des travaux de
recherches dans le monde entier en vue de son renforcement. Les fibres de verre et de
sisal sont les renforts les plus utiliss ce jour. Le renforcement par des fibres vgtales
est de plus en plus recherch. La texture micro structurale poreuse du pltre favorise son
caractre disolant thermique. Les textures mises en uvre jusqu prsent sont limites
des porosits comprises entre 30 et 55%. La rduction du cot de ce matriau pour
une large utilisation est encore possible et souhaite. Deux leviers sont exploits dans
ce travail, notamment un allgement de la masse de pltre pour augmenter le taux de
porosit et un renforcement de la tenue mcanique par incorporation de fibres vgtales
produites localement.
Lobjectif de ce travail est dvaluer les caractristiques mcaniques, thermiques et
hygromtriques dun matriau constitu de pltre pris, grande porosit, renforc dune
nouvelle fibre vgtale : le Rhecktophyllum Camerunense (RC), une fibre des forts hu-
mides quatoriales. La fibre de sisal, dutilisation connue pour le renforcement du pltre,
sert de rfrence des fins de comparaison. Une srie dexprimentations est mene
cet effet. Une caractrisation physico-chimique des constituants est effectue, des essais
mcaniques de traction et de flexion sont effectus sur les constituants et les matriaux
composites pltre/fibres rsultants, la cintique dadsorption dhumidit par les consti-
tuants et le matriau fibreux est suivie. Le comportement thermique des matriaux pltre
et pltre/fibres est aussi mesur.
Les fibres utilises, le sisal et le RC, sont fort taux de cellulose (entre 49 et 78,8%), la
fibre de RC est tubulaire avec 35,5% de porosit. Le pltre est gch leau dminralise
un rapport massique E/P gal 1 partir de la poudre de semihydrate . Sa micro-
structure cristalline est constitue de cristaux de gypse sous forme daiguilles enchevtres
22 Rsum
Mots cls: Pltre; Fibre vgtale tropicale; Proprits mcaniques; Proprits ther-
miques; Adsorption dhumidit; Modlisation multi-chelle.
Abstract
The plaster is a material of high availability and very known for its qualities : it is
favourable to the protection of the environment, quite malleable, of low density, its func-
tional properties are remarkable (firewall, thermal insulation, regulator of the hygroscopy
of enclosures), decorative, ... What justifies the interest attached to this material for
constructions. Its great alarming brittleness is at the origin of the research tasks in the
whole world for its strengthening. The glass fibers and sisal are the more used reinforce-
ments to this day. The strengthening by plant fibers is more and more researched. The
microstructure of the plaster is porous ; that promotes its heat insulation character. The
textures implemented so far are limited to porosities ranging between 30 and 55%. The
reduction of cost of this material for a wide use is still possible and desired. Two levers
are exploited in this work, in particular a lightening of the plaster weight to increase
the proportion of air voids and a reinforcement of the mechanical resistance with locally
produced fibers.
The objective of this work is to evaluate the mechanical, thermal and hygrometrical
characteristics of a material made up of harden plaster, with high porosity, strengthened
by a new plant fiber : the Rhecktophyllum Camerunense (RC), a fiber of humid equatorial
forests. The sisal fiber, of known use for the strengthening of the plaster, serves as a
reference for comparison purposes. A serie of experiments is conducted to this effect. A
physicochemical characterization of constituents is performed. Mechanical tests of tensile
and of bending are performed on the constituents and the resulting plaster/fiber composite
materials. The kinetic adsorption of moisture by the constituents is followed. The thermal
behaviour of plaster and plaster/fiber is also measured.
The fibers used, sisal and RC are with high rates of cellulose (between 49 and 78.8% ),
the fiber of RC is tubular with 35.5 % of porosity. The plaster is dissolved in demineralized
water to a mass ratio W/P equals to 1 from the powder of semihydrate . Its crystalline
microstructure is composed of gypsum crystals in the form of needles tangled with the
empty intercristallins.
As far as the mechanical behavior is concerne, the result reveals that the plaster is
24 Abstract
weak, its Youngs modulus in tensile is 1.72 GPa, its tensile strength is 0.86 MPa and its
elongation at break is 1.16 %. In three points bending test, its modulus of elasticity is 0.64
GPa and its constraint at break is 0.13 MPa. The sisal fiber is stiff and fragile. Its Youngs
modulus is between 9 and 21 GPa, it admits an elongation at break of 3 to 7 %. On the
other side, the fiber of RC is quite ductile : the means of Youngs module is 7 GPa and
the elongation at break is 24.2 %. The adhesion of the plaster on the fiber surface is low :
it adheres more on the sisal than on the RC. The sisal strengthened better the plaster
with a sensitive increase of the Youngs modulus of 42.5 %, against 16.3 % for the RC.
But the RC fiber gives rather high elastic ductility. The fibers of RC deliver maximum
capacity in tensile to the plaster when they are woven into unidirectional. They offer high
capacity in bending when they are uniformly distributed inside the volume according to
the longitudinal direction of the structure.
From the point of view of thermal behavior and relative humidity, the fibers of RC
mixed with plaster decrease more the kinetics of propagation of heat within the material
compare to fibers of sisal. This characteristic is best ensured when the fibers of RC are
arranged randomly. The two fiber types are more moisture absorbent than the plaster.
This causes consequently that the plaster reinforced with fibers will be more absorbent
of moisture that when it is not reinforced.
A multi-scale analytical study of the thermal and mechanical behaviour of specimens
of plaster/RC unidirectional composite is carried out at the end. The results are in agree-
ment with the experimental results with respect to the thermal behaviour whereas the
weakness of the fiber/plaster interface causes a significant gap with the results in the case
of mechanical behaviour.
Key Words : Plaster ; Tropical plant fiber ; Mechanical properties ; Thermal proper-
ties; Moisture absorption ; Multi-scale modeling.
Introduction
ration de ses caractristiques mcaniques par incorporation de renforts. Les fibres sont les
renforts dont les rsultats sont apprciables quelque soit larchitecture utilise. Les fibres
de verre et de sisal sont les plus connues pour leur utilisation industrielle avec le pltre.
La fibre de verre prsente une grande rsistance mcanique (de 2500 4600 MPa de r-
sistance la rupture par traction [8]) et une bonne tenue de hautes tempratures. Elle
prsente cependant quelques inconvnients : un cot lev [9], une densit leve (autour
de 2,5), des dmangeaisons cutanes ou irritations des voix respiratoires sont signales
aux premiers temps de manipulation [10]. Le sisal, une fibre vgtale, donc biodgradable
et renouvelable, apporte au pltre le renforcement souhait pour les applications cou-
rantes avec des cots et risques rduits. Dans la perspective de promouvoir lutilisation
du composite pltre entirement cologique, une ncessaire diversification de la nature
du renfort vgtal est, notre avis, encourager. Une approche consisterait chercher
des solutions locales de renforcement de grande disponibilit ou daccessibilit facile pour
rduire voire annuler le cot de limportation de la fibre de sisal. Lutilisation du pltre
renforc deviendrait ainsi plus abordable.
Au Cameroun, lutilisation du pltre est connue dans le moulage des formes par les
artistes, dans la confection et la pose des plafonds suspendus (staff) et dans le revtement
des murs intrieurs. Elle est limite des uvres ou ouvrages de prestige, certainement
cause du cot de revient lev : tous les constituants sont imports. Le pltre est import
de France, dAlgrie alors que le sisal lest du Mexique, du Brsil, dHati, dInde, dIndo-
nsie, de Thalande et dAfrique de lEst [11]. Si le renfort pouvait tre produit localement,
il participerait la rduction du cot du produit fini. Le pltre renforc pourrait alors se
diversifier jusqu la construction des murs et avoir une nouvelle classe dutilisateurs. Le
premier impact vident attendu, du fait de ses qualits fonctionnelles, est la rduction de
la consommation nergtique pour le confort des habitations quentrane la climatisation
artificielle. Un regard sur les us et coutumes des peuples anciens de ce pays dAfrique
centrale permet de dcouvrir que des fibres locales ont servi tisser des nasses, des filets
de pche ou des cordages. Cest le cas des fibres dune racine arienne du Rhecktophyl-
lum Camerunense (RC), une plante grimpante (mais non parasite) des forts tropicales
humides. Cette fibre a t caractrise en 2007 [12] et ses caractristiques plaident en
faveur de son utilisation industrielle. Lide est de lessayer au renforcement du pltre de
porosit leve pour des applications fonctionnelles et structurelles dans les btiments :
cest lobjectif principal de ce travail de thse qui sappuie sur la fibre de sisal, dutilisation
connue avec le pltre, comme rfrence en vue des comparaisons.
Revue de la littrature
Sommaire
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
1.2 Le pltre dans le contexte du dveloppement durable . . . . . 30
1.2.1 Prise de conscience internationale pour la protection de lenvi-
ronnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
1.2.2 Impact du pltre sur lenvironnement . . . . . . . . . . . . . . . 31
1.2.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
1.3 Le composite matrice pltre : tat de lart . . . . . . . . . . 34
1.3.1 Gnralits sur les matriaux composites . . . . . . . . . . . . . 34
1.3.2 Composite matrice pltre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
1.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
1.1 Introduction
Ce chapitre vise prsenter un bref bilan des connaissances sur le renforcement du
pltre et en dgager les avances restant faire pour lamlioration des performances
de ce matriau. Un regard sur limpact du pltre sur lenvironnement est fait en premire
approche suivi dun rappel de quelques informations utiles connatre sur les exigences
lies la conception des matriaux composites et leur caractrisation. Une prsentation de
la matrice pltre (de lhistorique de son utilisation jusqu ses caractristiques mcaniques,
hygroscopiques et thermiques) et les types de renforts utiliss pour son renforcement est
faite par la suite. Enfin, les principaux rsultats des travaux dj mens sur le pltre
renforc sont rappels et lobjectif poursuivi par cette tude est dfini dans le cadre des
progrs raliser au del de cet tat de lart.
30 Revue de la littrature
Lextraction du gypse naturel, matire premire du pltre, se fait dans une carrire,
sa fabrication dgage des poussires et des gaz. Les dchets de production du pltre sont
entreposs, traits et couls dans la nature. Ds lors, nous pouvons nous interroger sur
linfluence du pltre sur lenvironnement. La rponse ce questionnement exige de suivre
le matriau tout le long de son cycle de vie. Des auteurs, notamment les professionnels
du pltre donnent des informations relatives ces aspects [4, 5, 15]. Nous en faisons un
aperu ci-dessous.
Le gypse est extrait du sous-sol dans des carrires, les espaces occups sont des espaces
recouverts de boisement et des terres agricoles. Elles sont ensuite revgtalises aprs
exploitation. La principale ressource non renouvelable est le gaz naturel utilis dans la
production pour la calcination et le schage. Son utilisation a lavantage de rduire les
missions de gaz effet de serre et les poussires. Dautres dispositions sont prises afin de
rduire les rejets : les fours sont quips de filtres pour limiter les missions des valeurs
faibles. Le gypse lui-mme nest pas considr comme une ressource non renouvelable,
selon le bureau amricain des mines, du fait de ses gisements presque inpuisables. Les
rserves mondiales sont estimes 2,6 milliards de tonnes [5]. Le gypse utilis dans la
fabrication du pltre nest pas exclusivement du gypse naturel. Le gypse synthtique
et les produits de recyclage sont aussi une matire premire qui rduit considrablement
lexploitation du gypse naturel. Lmission du gaz carbonique dans la fabrication du pltre
est le plus faible compar dautres industries comme celles de chimie, dacier, de verre,
etc.
32 Revue de la littrature
Le pltre a des utilisations assez diversifies. Employ dans la ralisation des cloisons
de distribution ou de sparation entre les logements, comme plafonds ou doublage des
murs, il participe lamortissement des bruits dimpact et ariens. Les salles de cinma,
les aroports, les studios denregistrement et les hpitaux sont des lieux qui bnficient
favorablement de cette caractristique.
Le pltre est trs utilis dans la dcoration intrieure grce sa capacit de se mouler
sur toutes les formes et se prter tout type de finition.
Il laisse passer la vapeur deau, rgule le degr dhygromtrie dans le cas de fortes
fluctuations : il absorbe lhumidit de lair quand il fait chaud et la restitue quand il
fait froid. Associ des isolants (polystyrne expans, laine minrale, film chauffant en
plafond), il participe au confort thermique des enceintes.
Dans la scurit des personnes, le semihydrate est class A1 par dcision de la Commis-
sion Europenne du 4 octobre 1996 tablissant la liste des produits aucune contribution
lincendie [4].
En fin de vie, le produit de pltre est mis en dcharge de classe III. On note une
absence de pollution de la nappe phratique cause par le dpt des dchets de pltre.
Les dchets de fabrication et de chantiers sont gnralement recycls et rintroduits
dans la fabrication du pltre, certains sont utiliss pour remblayer les carrires, dautres
sont mis en dcharge. Un ncessaire tri est faire cependant pour les dchets de dmolition,
les produits pltres associs dautres matriaux comme le carton pour les plaques de
pltre, le polyester, etc.
Selon les rsultats de la quantification FNB/ADEME, la quantit de pltre prsente
dans les dchets de construction est en moyenne de 2,8% du tonnage des produits pltre
mis en uvre annuellement cet effet. Cest dire quavec le recyclage, la quasi-totalit
des dchets de pltre est recycl. En dautres termes, cest un produit sans dchets.
Le tableau 1.1 [16] prsente des indicateurs dimpacts environnementaux dun exemple
de produit de pltre de la socit franaise Lafarge, le carreau de pltre CAROPLATRE
STANDARD 5 , au terme dune analyse de cycle de vie de lUnit Fonctionnelle (UF) :
raliser une fonction de cloison de distribution sur 1m2 de mur, pendant une annuit, en
assurant les performances prescrites du produit. La dure de vie typique (DVT) est de 50
ans.
Chap. 1. Revue de la littrature 33
Le rsultat de cette analyse rvle que le pltre, au cours de son cycle de vie, ne produit
pas de radioactivit sensible, ne contribue pas la destruction de la couche dozone, sa
pollution est insignifiante et na presque pas de dchets dangereux.
1.2.3 Conclusion
Lexpression matriau composite ici, il faut le prciser, dsigne une matire solide
rsultant de la mise en commun de deux constituants au moins dont les performances
mises ensemble rnovent celles du matriau obtenu. Les constituants sont un renfort fi-
breux ou des particules et une matrice physiquement identifiables. Le premier assure le
renforcement mcanique et le deuxime, la matrice, se charge dassurer le maintien et
la cohsion des fibres ; cest elle qui assure la transmission des efforts [18]. La dfinition
suivante de NASLAIN [9] permet dexpliciter la contribution du matriau composite dans
lusage des matriaux : cest un solide dans lequel plusieurs constituants sont associs
en vue de lui confrer, lchelle macroscopique et au moins dans certaines directions,
un ensemble original de proprits que les constituants pris isolement ne permettent pas
dobtenir .
Les performances dun matriau composite rsultent en gnral des proprits des
matriaux constituants, de leur distribution gomtrique, de leurs interactions, etc. Un
composite peut donc se caractriser par la nature et les proprits de ses constituants [19],
par la gomtrie et la distribution du renfort ainsi que par la nature de linterface matrice-
renfort. Le renfort est caractris par sa forme, sa taille, sa concentration, sa disposition
ou orientation, etc. Cette concentration se mesure en gnral par la fraction volumique ou
par la fraction massique. La conception dun matriau composite exige donc de prendre
en considration ces caractristiques en fonction du cahier des charges et, dapprhender
la nature du contact entre la matrice et la fibre.
Les fils et les mches peuvent tre rassembls pour former des mats, des tissus ou
rubans. Les mats sont des nappes de fils continus ou discontinus disposs dans un plan
sans aucune orientation prfrentielle. Les tissus (ou rubans) sont un ensemble surfacique
de fils ou de mches raliss sur un mtier tisser. Il comprend une chane constitue
dun ensemble de fils parallles rpartis dans un plan suivant la longueur du tissu, et dune
trame constitue de lensemble de fils sentrecroisant avec les fils de chane (figure 1.1 [19]).
Le mode dentrecroisement des fils de chane et des fils de trame (appel armure (figure
1.2) [19]) peut tre une toile ou taffetas, un satin ou bien un serg. Il existe une armure
unidirectionnelle chane ou trame : les fibres parallles constituant soit la chane, soit la
trame sont runis par un fil fin nintervenant pratiquement pas dans les performances
mcaniques du tissu. Les performances mcaniques des tissus dpendent du type de fils
constituant le tissu, de larmure et de la contexture.
Des tissages volumiques sont galement utiliss. Elles peuvent tre de plusieurs direc-
tions : 3D, 4D, etc. (figures 1.3 [19])
36 Revue de la littrature
1.3.1.2.1.3 Disposition des renforts Les fibres longues peuvent tre disposes
suivant une seule direction de manire libre dans le matriau ou dans un plan ; dans
ce cas, elles sont gnralement tisses suivant une armure toile avec une trame lgre,
on obtient un composite unidirectionnel. Elles peuvent tre disposes suivant plusieurs
directions dans un plan, elles sont alors sous forme de tissu darmure satin, serg ou de
tissu tridimensionnel. Les plans de fibres peuvent tre superposs en plusieurs couches, le
composite est alors dit stratifi. Lorsquelles sont courtes, elles sont en gnral orientes
de manire alatoire. Des travaux [20] rapportent que cette dernire disposition induit
une perte defficacit en terme deffet du renforcement du composite.
FM ax
app = (1.2)
2rl
avec FM ax , la force maximale atteinte pendant lessai.
Lors de lessai dindentation, la contrainte de cisaillement est value en fonction du
dplacement U de lextrmit de la fibre, du rayon r de la fibre, du module dlasticit
Ef de la fibre et de la force F applique [21]. On a :
F2
= (1.3)
4 2 rf2 Ef U
3f r
= (1.5)
4lc
Chap. 1. Revue de la littrature 39
Une approche en contrainte dveloppe par KELLY-TYSON est utilise par C. BON-
NAFOUS et autres [32]. Elle formule la contrainte apparente de cisaillement interfacial,
IFSS (Interfacial Shear Strength), en fonction du diamtre de la fibre, la longueur cri-
tique lc des fragments, la contrainte rupture f (lc ) dune fibre de longueur lc de la
manire suivante :
f (lc )
IF SS = (1.6)
2lc
1.3.1.4.1.1 Essai de traction Il consiste tirer sur une prouvette de forme nor-
malise jusqu la rupture donnant lieu, aprs traitement, une courbe contrainte/dformation.
Cette courbe dcrit la loi de comportement du matriau test. On peut alors tout de suite
connatre le type de rupture du matriau. Les trois formes de courbe de la figure1.5 [9]
ci-dessous montrent les types de rupture.
Dans le premier cas, la rupture survient dans la zone lastique linaire du matriau.
Des matriaux comme la fonte, lacier fortement alli, le verre, la cramique prsentent ce
type de comportement. Cette zone est dcrite par la loi de HOOKE (q. 1.7) en fonction
de la contrainte , du module dlasticit E et de la dformation :
= E (1.7)
l l0
r = 100 (1.8)
l0
1.3.1.4.1.2 Essai de flexion Trs utilis dans le cas des matriaux fragiles, le
principe de cet essai est rsum par la figure1.6 [9].
3P L
max = (1.9)
2BW 2
La relation 1.9 permet de calculer la dformation la rupture puis, la flche maximale
Vc au centre de la poutre sexprime par la relation suivante :
P L3
Vc = (1.10)
4EBW 3
o E est le module dYoung du matriau.
survient lorsque la dformation du matriau nest pas homogne suite aux frottements
sur les surfaces de contact prouvette/plateaux de compression qui sopposent localement
aux dformations. Ce frottement doit tre le plus faible possible dfaut dtre inexistant.
La figure1.7 [9, 8] suivante permet de visualiser le principe de cet essai ainsi que les
phnomnes indsirables viter.
contact [45] comme la mthode Flash, celle du fil chaud, de la plaque chaude garde, des
sondes thermiques. Les plus volues, sans contact, se servent de la radiomtrie infrarouge.
Une revue des principales mthodes employes par de nombreux auteurs [45, 46, 47] est
ici brivement prsente.
1.3.1.4.2.3 Mthode de la plaque chaude garde Elle est conforme aux normes
ISO 8302 et NF EN19462 [46, 47]. La plaque chaude produisant par effet Joule une puis-
sance de chauffe 0 uniforme et constante est place entre deux chantillons identiques
du matriau tester (figure1.12 [46]). Les faces extrieures des chantillons sont chacune
en contact avec une plaque de refroidissement en matriau assez conducteur et maintenue
temprature infrieure celle de la plaque chaude. Une temprature de garde 1 est
entretenue autour de la plaque chaude pour garantir un transfert unidirectionnel vers les
matriaux mesurer. Les thermocouples placs sur les deux faces des chantillons d-
tectent les variations de temprature T et T et la conductivit thermique peut tre
estime par lquation 1.11 pour un volume donn e S de la plaque chauffante.
46 Revue de la littrature
e0
= (1.11)
S (T + T )
Cette mthode qui donne une prcision de la mesure assez bonne ne sapplique quaux
isolants dont on peut ngliger les rsistances de contact par rapport la rsistance du
matriau.
lexploitation du pltre sest dveloppe. De nos jours, ce matriau est trs utilis dans les
constructions pour ses qualits dcoratives, de coupe feu, de lgret, disolant thermique
et phonique et pour son faible cot [6]. De nombreux travaux de recherche ont t mens
pour mieux comprendre ses proprits, sa structure cristalline, son comportement vis--vis
de lenvironnement dune part et, pour amliorer son comportement mcanique dautre
part.
1.3.2.1.2.1 Le gypse naturel De la famille des roches sdimentaires les plus so-
lubles dans leau, il se trouve dans la nature en quantit importante et se prsente sous
forme de deux structures [4, 49, 7] :
un hydrat de sulfate de calcium de formule chimique (CaSO4 ,2H2 O), cest le gypse,
un anhydre de formule CaSO4 qui est lanhydrite.
Les images de la figure1.13 [18] montrent ses multiples prsentations physiques.
Fig. 1.13 Images de gypses naturelles : (a, d) Gypse rose des sables,
(b) gypse en fer de lance, (c, e) gypse.
En France, le gypse naturel est extrait principalement dans le Bassin parisien, le Vau-
cluse, les Alpes, le Jura, la Charente, les Pyrnes et les Landes. Il se caractrise par une
masse volumique de 2,31.103 kg/m3 , une duret lchelle de Mohs de 1,5 2 suivant
lorientation de la face cristalline. La solubilit en grammes, par kilogramme deau de
sulfate de calcium, est donne dans le tableau 1.2 [4].
Les semihydrates et sont les principaux produits utiliss : le premier par un gchage
avec peu deau permet dobtenir de bonnes proprits mcaniques. Il est utilis pour les
moulages spciaux, la fabrication des prothses dentaires, etc. Le second aprs gchage
conduit un matriau moins dense et peu rsistant. Il est utilis dans de nombreuses
applications comme les enduits, plafonds, etc.
Le tableau 1.3 ci-dessous dress par EVE [9] en 2003 rsume les principales carac-
tristiques du gypse et des produits ci-dessus dcrits obtenus lors de sa cuisson. Ces
informations sont aussi disponibles dans la rfrence [4].
et Mchedlov-Petrosyan O.P. cits par S. EVE [9], elle est dite rhombodrique (figure 1.15
[9]); la diffrence est que le premier a une structure non poreuse alors que le second est
poreux comme on peut lobserver sur les images MEB de la figure 1.16 [6]. Cest ce qui
justifie la diffrence dans leurs applications.
Fig. 1.16 Images MEB (5m) des pltres Prestia (usine Mriel du
groupe Lafarge) : a-semihydrate ; b-semihydrate
Cette raction est accompagne dun dgagement de chaleur, P. COQUARD [7] dcrit
le protocole de gchage comme suit : la poudre de semihydrate est verse dans de leau
pendant 30 secondes environ, laisse au repos pendant 30 secondes, une agitation du
mlange est effectue pendant la mme dure, un autre repos de 30 secondes nouveau
et une dernire agitation de 30 secondes jusqu homognisation ; le mlange, dabord
liquide devient pteux marquant le dbut de la prise ; il durcit par la suite et on obtient
un matriau compact utilisable : le pltre pris.
Le taux de gchage E/P varie frquemment entre 0,5 et 1,2 dans le cas des semihydrates
pour des utilisations courantes comme matriau de construction et entre 0,3 et 0,5 dans
le cas du type [9] utilis dans la fabrication des cramiques ou bien dans lindustrie
dentaire [7]. Sur une quantit deau utilise pendant le gchage, seule une faible fraction
18,6% [9] participe la raction chimique. La quantit deau en sus permet dobtenir une
bonne fluidit de la pte. Elle dtermine aussi la porosit du matriau aprs prise.
d [Ca2+ ] 2
= kS (t) Ca2+ Ca2
(1.17)
dt
lution :
d
= k (1 ) (1.18)
dt
avec = TTfT 0
T0
: le degr davancement de la raction,
Tf : la temprature finale quand tout le semihydrate est hydrat,
T0 : la temprature initiale,
k: le coefficient cintique dpendant de la temprature k = k0 exp A
T
avec A = 4500cal/mol et k0 = 4,3.105 .S 1 .
Ce modle rendrait le mieux compte de la ralit exprimentale.
Aprs analyse, en 2006, H. JAFFEL [6] explique que les tapes de lhydratation du
pltre (dissolution initiale, priode de latence, acclration et fin du processus) ne sex-
pliquent pas par la seule thorie de LE CHATELIER parce que des techniques expri-
mentales notamment la conductimtrie, la calorimtrie, etc, montrent bien lexistence de
ces trois tapes de lhydratation. Il propose alors un nouvel clairage sur ce processus
dhydratation en effectuant la mesure par relaxation magntique du proton bas champ.
Le rsultat de son exprimentation est quil existe en permanence deux populations deau
diffrentes tout au long de la raction dhydratation :
la plus grande fraction servant alimenter la raction dhydratation et crer la
porosit,
la plus faible fraction amplifie aprs la prise occupe les espaces poreux les plus
confins (eau dans les amas daiguilles, eau inter-cristalline, . . . ).
Au regard des investigations dj effectues sur le mcanisme dhydratation du semi-
hydrate et tenant compte des mthodes et techniques modernes mises en uvre pour y
apporter lclairage, lexplication de Hamouda JAFFEL complterait bien la thorie de
LE CHATELIER pour dcrire le phnomne qui se produit pendant la prise du pltre.
1 CT2 CL2
= (1.21)
2 (CT2 CL2 )
tant la masse volumique du matriau et CL et CT , respectivement les vitesses longitu-
dinale et transversale de propagation des ondes ultrasoniques dans le matriau.
On ne peut donc avancer des expressions que de manire paramtre en prcisant les
paramtres de mise en uvre utiliss. Cest ainsi que PERONNET en 1996 [51] dtermine
une contrainte la rupture par traction de 2,3 MPa, de 3,7 MPa par flexion 4 points et
de 3, 2 MPa par flexion 3 points pour un pltre (semihydrate ) gch au taux E/P=0,8.
A titre dillustration, le tableau 1.4 [52] prsente les valeurs des caractristiques
physiques et mcaniques (en compression) du pltre pris en fonction des paramtres de
mise en uvre.
Pltre Pltre
E/P (gcm3 ) E(GP a) M ax (M P a) M ax (%) (gcm3 ) E(GP a) M ax (M P a) M ax (%)
0,35 1,60,02 210,7 417 2,30,3 - - - -
0,4 1,60,02 160,3 394 3,80,2 1,4 4,90,6 242 2,50,8
0,5 - - - - 1,3 1,30,3 171 2,60,2
0,6 - - - - 1,2 1,40,5 122 1,70,6
On en conclut que le pltre absorbe davantage deau pour un taux dhumidit relative
important.
Ltude du pltre en prsence de leau est aussi justifie pour comprendre son com-
portement vis--vis de lhumidit dans des applications fonctionnelles. Des essais de labo-
ratoire [4] permettent de dcouvrir que ce matriau de construction contribue amortir
les variations hygroscopiques de lenvironnement dans lequel il est utilis.
Les matriaux composites, comme nous lavons voqu dans la dfinition constituent
une mise en commun dau moins deux constituants dont la matrice et le renfort. Le renfort
peut tre fibreux ou bien granulaire. Ci-dessous, nous prsentons les diffrents renforts les
plus souvent utiliss avec la matrice pltre.
1.3.2.2.2 Les renforts fibres Cest ce type de renfort qui est trs rpandu dans
le renforcement du pltre. Sophie EVE [9] qui utilise les fibres de polymres en 2003
fait une revue des auteurs ayant utilis diffrentes fibres pour renforcer le pltre. On en
retient donc que les fibres de verre, des tiges et fleurs de coton, de sisal, de polymres
synthtiques et dalliages mmoire de forme (F e M n Si Cr) ont t utiliss pour
renforcer le semihydrate avec des rsultats probants. Sajoutent cette liste les fibres de
bois, de palmier dattier et de papier usag [20, 40, 41]. MAGALY ARAJO C. et autres
[56] ont tudi en 2008, le renforcement du pltre par des fibres de cellulose de carton
demballage du ciment.
Nous lavons dj dit plus haut, le pltre est un matriau extrmement fragile. Sa
disponibilit et ses vertus avres permettent de sy pencher pour chercher les possibilits
de rduire leffet de ce principal dfaut. Il est avr que renforcement par des fibres ap-
porte une importante rduction de cette fragilit. Des tudes sont donc menes travers
le monde entier pour le renforcer avec des fibres prises localement. La fabrication du com-
posite matrice pltre utilise la procdure que de mise en uvre du pltre : il est question
en gnral davoir les fibres mlanges dans la pte de pltre, de verser le mlange dans
un moule et de dmouler aprs la prise. Le procd de ce mlange varie avec les auteurs. Il
faut noter quen gnral, lordre de mlange dpend de la morphologie des fibres (courtes
ou longues), elle dpend aussi de lorientation que lon souhaite donner aux fibres dans
le matriau. Dans la suite de ce paragraphe, les mlanges pltre/fibres dj tudis dans
la littrature seront prsents. Les protocoles de mise en uvre utiliss par les uns et les
autres et les caractristiques obtenues seront prciss.
1.3.2.3.1 Pltre renforc de fibres de verre ALI et ses co-auteurs [9] ont tudi
en 1969 le renforcement du pltre par des fibres de verre de type E de longueur 5 mm,
de diamtre de 8 10 m regroups en faisceau de 204 fibres et ensimes de polyactate
de vinyle, de caractristiques mcaniques R = 2,06 2,75 GPa, E = 68,9 75,8 GPa.
Les pltres et ont t utiliss comme matrice avec un retardateur : la kratine. Ils
procdent par projection du mlange pltre fibres de verre dans des moules suivie dun
schage pendant 72 heures lair libre et conservation dans une enceinte 18 C avec
un taux dhumidit relative de 40%. Des essais de flexion 4 points et de traction ont t
mens sur des prouvettes dcoupes sur des plaques obtenues dans des moules de 1,5 m
par 1 m, dpaisseur variant entre 11 et 13 mm. Daprs les rsultats, la contrainte la
rupture par traction ou par flexion des composites pltre/fibres de verre est 2,5 3 fois
suprieure celle du pltre non renforc. Mais cette contrainte, en compression diminue
58 Revue de la littrature
1.3.2.3.2 Pltre renforc de fibres de sisal D.A. St. John et J.M. Kelly [37] men-
tionnent au terme de leurs travaux quil existe une grande variation de la rsistance ultime
la flexion lorsque le sisal est utilis comme renfort du pltre entranant limpossibilit
de la prvoir avec prcision.
Manjit [35] et ses coauteurs se sont penchs sur le renforcement des plaques de pltre
par des fibres de sisal pour remplacer les panneaux de bois sur des portes. Des plaques
de dimensions 750 560 12mm3 sont fabriques, pour cela, par un mlange sandwich
dune couche de fibres courtes de sisal de 5 cm de longueur, non orientes entre deux
couches de pltre gch 66%. Les produits dmouls sont placs, pour traitement, dans
un environnement humidit relative contrle au dessus de 90% pendant 28 jours. Ils
sont ensuite schs 42 C dans un four puis tests lhumidit, la flexion, la traction,
au choc, au gonflement par absorption deau et la duret de la surface. Les rsultats
prsents par comparaison dautres matriaux dans le tableau 1.6 montrent que les
panneaux prsentent une bonne rsistance au bout de 28 jours dexposition lhumidit,
quils tiennent dans leau pendant le mme temps sans tre rods tandis que le pltre
non renforc cde lrosion ds le 3 me jour dimmersion. Le tableau 1.6 [38] montre
galement que la rsistance au choc est similaire celle quoffre le panneau renforc de
fibres de verre et reste suprieur celle des panneaux dautres matriaux. La rsistance
la flexion au bout des 28 jours dexposition est plus leve que celle des panneaux de
pltre, de panneaux de pltre fibreux et comparable aux panneaux de ciment colls et
autres panneaux de particules. Ces rsultats rvlent aussi que le panneau en composite
pltre sisal absorbe moins deau et gonfle moins que les plaques de ciment damiante et
de pltre renforc de fibres de verre. Une comparaison de prix rvle enfin que le panneau
de pltre renforc de fibres de sisal peut tre produit un cot relativement bas.
Le sisal est lune des fibres utilises grande chelle pour renforcer le pltre. Nombre
dentreprises de pose des staffs au Cameroun utilisent principalement la fibre de sisal
comme renfort dans la fabrication des produits de dcoration et de confection des plafonds
suspendus. La mise en uvre des produits est effectue selon le protocole utilis dans les
Chap. 1. Revue de la littrature 59
1.3.2.3.4 Pltre renforc des fibres de palmier dattier Pour rsoudre des pro-
blmes denvironnement en Algrie causs par labondance de fibres de palmier dattier
ainsi que leur incinration, Amina Djoudi et autres [40] ont entrepris dutiliser ces fibres au
renforcement du pltre, afin de valoriser ces ressources biologiques. Ils mlangent avec une
pte de pltre gche E/P=0,6 des fibres de palmier dattier pralablement immerges
dans leau et sches lair libre ; une proportion de 6% de chaux teinte est ajoute dans
leau de gchage comme retardateur et le mlange est rapidement vers dans le moule. Le
dmoulage est effectu 24 heures aprs. Les rsultats rapports rvlent un changement
complet du comportement rhologique du matriau, une augmentation considrable de sa
rsistance la flexion et sa ductilit tout en amliorant son seuil de fissuration.
1.3.2.3.5 Pltre renforc de fibres synthtiques EVE [9] disperse dabord soi-
gneusement les fibres de polymres dans leau de gchage juste avant lajout du pltre,
puis elle saupoudre en 30 secondes le pltre la surface de cette eau, elle laisse reposer une
minute, le mlange est remu pendant une minute puis laiss repos nouveau et coul
ensuite dans le moule aprs deux trois minutes. Les rsultats rapports par lauteur
rvlent que le mlange pltre fibres de polymres (polyamide, polypropylne) confre un
accroissement de la porosit du composite et conduit une rduction des contraintes la
rupture en flexion et en compression. Toutefois, la morphologie des fibres peut apporter
une amlioration, il en ressort que des fibres de longueur 6 9 mm conduisent des
valeurs les plus leves des caractristiques mcaniques.
de rupture du mlange de pltre avec les fibres de bois dorientations alatoires (espce
" Pinnus radiata " de Nouvelle Zlande). Les observations montrent un bon accrochage
des fibres sur la matrice, meilleur quentre les cristaux de la matrice. Lauteure suivante a
men une tude approfondie de la microstructure du mlange fibres de polymres/pltre
Lutce 75. Elle a observ des modifications significatives de la microstructure du pltre
(figure1.19 [9]) : une cristallisation plus grossire, la prsence de grains de pltre non
hydrat dans les spcimens renforcs de polypropylne trait corona, la prsence dune
cmentation dans ceux de polyamide et une interface peu lie. Les derniers auteurs ont
utilis des fibres de cellulose de carton usag demballage de ciment. Ils ont observ une
modification de la formation des cristaux de pltre autour des fibres.
1.4 Conclusion
La lecture qui vient dtre faite des informations disponibles dans la littrature concerne
le pltre, son laboration, ses applications ainsi que son impact environnemental. Elle
concerne les paramtres essentiels pour llaboration dun matriau composite et les m-
thodes de sa caractrisation mcanique et thermique, et enfin, la nature des composites
matrice pltre dj tudis. Cette revue nous permet de retenir que le pltre est un
matriau propre vis--vis de la ncessaire prservation de lenvironnement : les ressources
sont qualifies dinpuisables, la production de radioactivit est quasi nulle, il ny a pas
de dgagement de gaz effets de serre, les dchets de fabrication et dutilisation sont
non toxiques et presque entirement renouvelables, sa combustion ne dgage pas de gaz
toxique. Avec ses ressources dclares non puisables, on serait amen le considrer
comme un co-matriau mais le statut non renouvelable de cette ressource rendrait cette
classification discutable. On apprend aussi que lutilisation du pltre est trs adapte pour
le btiment, quil est mme recommandable parce que, non seulement il est trs lger et
dcoratif, il offre un confort dhabitation inestimable : cest un bon isolant thermique et
phonique, un matriau anti incendie de classe I et un bon rgulateur de lhygromtrie.
Des qualits qui ont t confirmes par des analyses et essais en laboratoires. De plus,
cette revue nous renseigne que les performances mcaniques des composites sont forte-
ment influences par ladhsion de la matrice sur la fibre et la proportion volumique du
renfort. Ces paramtres seront valus dans ce travail : la mthode de dchaussement de
la microgoutte testera laccrochage des fibres sur la matrice, plusieurs techniques dva-
luation de la fraction volumique des fibres seront employes. On note aprs cette revue
de la littrature que, des matriaux composites base de pltre tudis ce jour, au-
cune incompatibilit na t signale avec les fibres vgtales ou non. Le pltre sadapte
plutt de multiples associations et se prte trs bien aux exigences de conception des
matriaux composites. On relve aussi que le renforcement de la tenue mcanique est la
proccupation principale de la majorit des auteurs. Il est avr que le renforcement du
pltre par des fibres amliore sa tenue mcanique. La texture microstructurale utilise se
limite des porosits comprises entre 30 et 55%.
Du moment o la solution pour la limitation de la propagation de la fissuration du
matriau pltre est obtenue par le biais du renforcement fibreux, il nous parat intres-
sant de nous proccuper de laspect fonctionnel, de ses proprits disolation thermique
prcisment, de rduire le cot de revient du matriau et de lallger davantage. Une di-
minution de la quantit de matire de semihydrate utilise dans la mise en uvre est un
Chap. 1. Revue de la littrature 63
Sommaire
2.1 Le pltre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
2.1.1 Prsentation physico-chimique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
2.1.2 Les paramtres de gchage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
2.1.3 Microstructure du pltre pris . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
2.1.4 Mesure de la porosit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
2.2 Les renforts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
2.2.1 Prsentation physicochimique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
2.2.2 Evaluation de la masse volumique . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
2.3 Le composite pltre/fibres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
2.3.1 Microstructure du mlange pltre fibres . . . . . . . . . . . . . 72
2.3.2 Evaluation de la fraction volumique . . . . . . . . . . . . . . . 74
Introduction
Les composites objets de cette tude rsultent de la mise en commun de pltre pris et
de fibres vgtales de Rhecktophyllum Camerunense (RC) dune part et de sisal dautre
part. Ce chapitre est destin faire une bonne connaissance individuelle des constituants.
Des informations disponibles dans la littrature sur ces produits sont prsentes, certaines
sont nouveau dtermines et dautres encore inconnues sont values.
66 Chapitre 2
2.1 Le pltre
2.1.1 Prsentation physico-chimique
La matrice utilise est le semihydrate (pltre modeler) commercialis par CASTO-
RAMA de formule (CaSO4, 1/2 H2O). Cest une poudre blanche (figure2.1-a) obtenue
partir de la cuisson du gypse selon les procds chimiques prsents au paragraphe 1.1.3
du chapitre prcdent, suivie de broyage. Mlange avec de leau, on parle de gchage, on
obtient un liquide blanc (figure 2.1-b) qui, au bout de quelques minutes devient pteux
puis, durcit (figure 2.1-c). Ce processus seffectue selon le principe dcrit au paragraphe
1.3.2 du chapitre 1. Les principaux producteurs en France sont Les Industries du Pltre
et le groupe Lafarge. Il est employ dans le btiment, pour la confection dlments pr-
fabriqus (carreaux, panneaux, corniches, etc.), des revtements des surfaces intrieures
et pour le moulage. Il est aussi utilis dans la mdecine comme appareil de contention et
dimmobilisation moul directement sur le patient avec de la tarlatane.
Des prouvettes de section 30 40mm2 sont dcoupes la scie diamante sans po-
lissage de la surface, la surface est alors observe au microscope lectronique balayage
(MEB) JSM 820 muni dun systme danalyse PGT AVALON de Polytech Clermont Fer-
rand.
Le produit obtenu selon les paramtres que nous venons dindiquer, observ au micro-
scope balayage (MEB), a la microstructure de la figure 2.2. Elle prsente, comme dcrit
dans la littrature, une structure faite daiguilles enchevtres et accoles sans orientation
privilgie les unes aux autres.
Fig. 2.2 Image MEB dune surface de rupture du pltre gch E/P
gale 1
La prsence des vides est observable sur cette image, tmoin de sa grande porosit.
Une valuation de cette dernire est ncessaire. Une porosimtrie au mercure est donc
effectue. Le paragraphe suivant prsente les rsultats.
Les diamtres des pores sont calculs partir de la pression applique pour introduire le
mercure selon lquation de WASHBURN [6, 9]. Elle se ralise en deux temps : premi-
rement lensemble pntromtre-chantillon est en configuration basse pression (mesure
jusqu 30 psia soit 2 bars) ; puis lensemble pntromtre-chantillon est en configura-
tion haute pression (mesure jusqu 60000 psia soit 4000 bars). La taille minimale des
pores accessibles est de 3 nanomtres (nm). Le taux de porosit total est le pourcentage
total de vide analys (porosit inter + intra particulaire).
Les rsultats sont prsents dans le tableau rcapitulatif (tableau 2.1) des principales
donnes physiques.
Masse volumique Masse volumique Masse volumique Taux de Taux de Taux de
Echantillon enveloppe squelettique thorique porosit porosit porosit
g/cm3 g/cm3 g/cm3
ouverte (%) ferme (%) totale (%)
Essai 1 0,88 1,36 2,30 20,8 40,9 61,7
Essai 2 0,88 1,75 2,30 23,9 37,8 61,7
Le taux de porosit total mesur du pltre de cette tude avoisine 62%, une augmen-
tation attendue par rapport aux taux de gchage infrieurs parce quil est tablit que la
porosit du pltre augmente avec le taux de gchage [6]. Ce rsultat est conforme aux
valeurs de la littrature [6]. Cest cette valeur qui sera retenue comme porosit du pltre
pris dans la suite du travail. Procdons une vrification thorique de cette valeur en
utilisant la relation (2.1) tablie dans la rfrence [60] qui calcule la porosit du pltre
pris connaissant le taux de gchage. On obtient que la porosit du semihydrate pris, gch
au taux de gchage E/P gale 1 est de 61,4%. Une valeur trs proche de la valeur exp-
rimentale obtenue. Nous esprons par cette texture, une augmentation de la capacit de
rduction du transfert de chaleur du matriau utilis. En revanche, les performances m-
caniques saffaiblissent. Nous en avons conscience, et cest pour contrer cet affaiblissement
que le renforcement est tudi dans les chapitres suivants.
(E/P ) 0,186
= (2.1)
(E/P ) + 0,326
2.2.1.1 Le sisal
La fibre de sisal est une fibre dure extraite des longues feuilles de la plante du mme
nom. La plante sisal (figure 2.3 [12]), de nom scientifique Agave sisalana, est dorigine
mexicaine et cultive au Brsil, en Afrique de lest, en Hati, en Inde, en Indonsie et en
Thalande. Ces feuilles sont composes de 4% de fibres, 0,75% de cuticule, 8% de matire
sche et 87,25% deau. Une feuille contient 1000 1200 paquets de fibres et une plante
produit environ 200 250 feuilles avant la floraison. Les fibres de sisal utilises dans ces
travaux sont celles commercialises dans les magasins FOKOU au Cameroun.
La fibre de sisal est dutilisation ancienne pour la fabrication des ficelles, des nattes,
des cordes, pour le rembourrage, le capitonnage. De nos jours, de nouvelles utilisations se
sont dveloppes compte tenu de lintrt croissant avr pour lutilisation des produits
respectueux de lenvironnement. Les fibres de sisal sont actuellement utilises dans la
confection des tapis, le revtement mural, le macram, les matelas, les sacs, les produits
artisanaux, la fabrication de bourrellerie, de tissus de polissage, de filtres, de gotextiles,
des matriaux pour lindustrie automobile, pour le renforcement des matriaux composites
et bien plus.
Les caractristiques chimiques et physiques de la fibre de sisal sont prsentes dans le
tableau 2.2 [59, 61, 12, 21].
le Rhecktophyllum Camerunense (RC) (Figure 2.4) est une plante grimpante non
parasite des forts humides quatoriales, des fibres sont extraites de ses racines ariennes.
Les fibres utilises dans cette tude sont extraites dans les zones forestires de Zotl et
70 Chapitre 2
de Ngomedzap au centre et sud du Cameroun par nos soins. La fibre de RC peut atteindre
une longueur de plus de six mtres dpendamment de la hauteur du sol partir de laquelle
la racine a germ de la plante. La premire tude de cette fibre date de 2007 mene par
R. NTENGA [12]. Ses travaux ont permis de connatre certaines de ses caractristiques
physiques, sa composition chimique et ses caractristiques mcaniques. Nous savons de
son utilisation primaire quelle a servi la pche artisanale comme fil pche et au tissage
des nasses.
(m3 m1 )
ddp = m (2.2)
(m2 m1 )
Les morceaux de fibres sont introduits dans le pycnomtre propre et sec, soit m4 la
masse de lensemble, il est rempli par la suite moiti de dibutyle phtalate et plac dans
le dessiccateur. Le vide est fait jusqu dgazage total (absence de bulles). Une pese est
effectue aprs dgazage, soit m5 la masse obtenue.
La masse volumique est alors value par la relation (2.3) :
(m4 m1 )
= (2.3)
(m3 m1 ) (m5 m4 )
Les rsultats obtenus au cours de cet essai sont donns dans le tableau 2.4.
72 Chapitre 2
Fig. 2.6 Mesure des masses volumiques des fibres : agitation vortex
dans un dessiccateur pour vacuation des microbulles des
fibres
Ces rsultats sont lgrement diffrents des valeurs de la littrature [59, 61, 12]. Les
valeurs de densit trouves au cours de cet essai sont plus faibles. Lapprciation de la fin
du dgazage tant visuelle et fonction de la patience de loprateur, on pourrait le qualifier
de pas assez efficace. Ce qui peut expliquer cette diffrence de rsultats. Toutefois, ils
confirment le caractre peu dense du RC devant le sisal. Prs de trois fois plus lger que
le sisal.
Lobservation est faite sur le MEB JSM 820 muni dun systme danalyse PGT AVA-
LON. Un logiciel, SPIRIT, permet le traitement des images. La prparation des chan-
tillons est contraignante. Ils doivent tre dshydrats puis subir un traitement pour devenir
conducteur (fixation des tissus, nettoyage). Les surfaces de nos prouvettes ne sont pas
polies cause des risques de destruction du matriau. Elles ont t coupes aprs un sjour
dans un conglateur ; malgr cela les fibres ne sont pas sectionnes comme souhait. Les
chantillons sont colls sur le porte-objet laide dun adhsif double face conducteur. Le
pltre ntant pas conducteur, une bande de cet adhsif est mise en place reliant lchan-
tillon la surface du support. Lensemble est ensuite plac dans une enceinte vide partiel
pour mtallisation lor (figure 2.7), puis plac dans le MEB pour observation aprs une
mise sous vide dune heure au minimum. Les photographies effectues sont traites par
le logiciel de traitement dimage pour la finalisation. Limage est sauvegarde dans un
format transportable.
Les images observes du composite pltre/RC sont prsentes dans la figure 2.9.
On note galement des dbris de pltre sur la surface des fibres tmoignant de la
faiblesse de linterface. Les fibres situes au cur des faisceaux ne sont pas imprgnes de
la matrice. Toutes les fibres ne peuvent consquemment pas participer au renforcement.
74 Chapitre 2
2.3.2.1.2 Rsultats La mthode est applique sur quatre prouvettes : deux avec des
fibres orientes suivant quatre directions (F4D) et deux autres avec des fibres non orientes
(FNO). Les rsultats sont prsents dans le tableau 2.5.
Masse du Masse des Fraction Volume du Masse volumique Volume des Fraction
composite fibres massique composite des fibres fibre volumique
(g) (g) des fibres (%) (cm3 ) (g/cm3 ) (cm3 ) des fibres (%)
Pltre/RC F4D 84,93 3,44 4,05 156,35 0,95 3,63 2,32
PLtre/Sisal F4D 84,5 2,22 2,63 151,47 1,35 1,64 1,08
Pltre/RC FNO 79,95 3,17 3,96 161,41 0,95 3,35 2,07
Pltre/Sisal FNO 80,47 1,67 2,07 125,59 1,35 1,23 0,98
Les fibres utiliser pour la mise en forme de lprouvette sont peses, soit mf la masse
obtenue. Le volume V de lprouvette est valu ; partir de la masse volumique f de
la fibre, la fraction volumique Vf est calcule par la relation (2.4).
mf
Vf = (2.5)
f V
Cette mthode est utilise pour calculer la fraction volumique des fibres dans les prou-
vettes destines aux essais de traction et de flexion. Les valeurs obtenues sont rcapitules
dans le tableau 2.6.
contient les informations dabsorption (densit) des rayons X de lchantillon analys. Plu-
sieurs projections radiographiques sont prises sous diffrents angles balayant une plage de
0 a 360 . Les images obtenues sont des cartes 2D de la distribution du coefficient datt-
nuation des rayons X. A partir de lintensit du rayonnement transmis pour une position
angulaire, on peut reconstruire une image, puis diffrencier les matriaux prsents en
tenant compte de la variation du coefficient dattnuation (cette attnuation du rayon-
nement est cre par la prsence de lobjet) et de lnergie initiale des rayons. Plus le
nombre atomique de la matire est grand, plus labsorption du rayonnement par celle-ci
est grande. A partir des images 2D obtenues, on peut alors reconstituer des images 3D,
en les empilant. Des logiciels spcifiques associs au systme dacquisition permettent de
reconstruire numriquement lchantillon partir du signal (intensit de londe lectroma-
Chap. 2. Caractrisation physico-chimique des matriaux de ltude 77
La fraction volumique des fibres peut tre galement dtermine partir de ltude de
la microstructure [64] des chantillons en utilisant des mthodes danalyse dimage. Les
chantillons sont observs au microscope lectronique pour identifier la disposition des
fibres. Des images micrographiques sont prises par portion sur toute la surface. A laide
dun logiciel de traitement dimages, elles sont superposes et ajustes pour reconstituer
limage de la surface. Il est alors possible de quantifier la proportion de fibres dans le
matriau.
Cette mthode na pu tre mise en uvre en raison de la mauvaise qualit des images
obtenues.
Nous avons souhait faire une comparaison des diffrentes mthodes et identifier la plus
prcise, mais les mthodes par tomographie et imagerie nayant pas donn les rsultats
escompts, les rsultats obtenus par peses seront exploits. On enregistre un cart de 5
6 % entre elles. La mthode par pese des fibres avant la mise en forme donne, notre
avis, des valeurs apparentes parce que le volume de lprouvette contient le volume de la
porosit dont la masse est nulle.
Conclusion
Dans ce chapitre, les caractristiques physicochimiques du pltre, des fibres de sisal et
de RC sont prsentes. On retient que la texture du pltre tudi est de grande porosit
soit prt de 62%. Sa microstructure est constitue daiguilles enchevtres et colles sans
orientation privilgie les unes aux autres. Les fibres de sisal et de RC sont fort taux
de cellulose (entre 49 et 78,8%). La fibre de RC est tubulaire et poreuse (28,31 35,5%
de porosit). La microstructure du composite pltre/fibres est galement observe. Elle
montre une interface faible.
Les fractions volumiques des fibres ont t values en utilisant plusieurs mthodes.
Seuls les rsultats des mthodes par pese des fibres avant la mise en uvre sont exploi-
tables. Les valeurs obtenues sont approximatives du fait que la porosit, qui est consid-
rable, ne soit pas prise en compte.
Les caractristiques mcaniques de ces mmes matriaux sont mesures dans le cha-
pitre qui suit.
Chapitre 3
Approche exprimentale du
comportement mcanique
Sommaire
3.1 Caractrisation des constituants . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
3.1.1 Caractrisation en traction des fibres . . . . . . . . . . . . . . . 80
3.1.2 Caractrisation du pltre non renforc . . . . . . . . . . . . . . 85
3.1.3 Caractrisation de linterface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
3.1.4 Conclusion sur la caractrisation des constituants . . . . . . . . 98
3.2 Caractrisation du composite pltre/sisal . . . . . . . . . . . . 99
3.2.1 Essai de traction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
3.2.2 Essai de flexion trois points . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
3.3 Caractrisation du composite pltre/RC . . . . . . . . . . . . 106
3.3.1 Essai de traction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
3.3.2 Essai de flexion trois points . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
3.4 Influence de larchitecture du RC . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
3.4.1 Fibres non orientes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
3.4.2 Fibres unidirectionnelles libres . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
3.4.3 Fibres tisses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
3.5 Etude comparative des rsultats . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
3.5.1 Traction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
3.5.2 Flexion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
3.5.3 Influence de larchitecture du RC . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
3.5.4 Conclusion sur ltude comparative . . . . . . . . . . . . . . . . 129
3.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
80 Approche exprimentale du comportement mcanique
Introduction
Le chapitre prcdent a prsent les caractristiques physiques et chimiques des ma-
triaux en tude : le pltre, la fibre de sisal et la fibre de RC. Ce chapitre quant lui
se consacre dterminer leurs caractristiques mcaniques. La caractrisation des consti-
tuants est dabord mene : la fibre de sisal, la fibre de RC, le pltre pris gch E/P=1
non renforc et linterface pltre/fibres. Par la suite, le matriau rsultant du mlange
pltre/fibres est caractris en traction et en flexion trois points. Un examen de lin-
fluence de larchitecture des fibres de RC est fait en traction et en flexion ainsi quune
comparaison des performances du renforcement par le RC par rfrence au sisal.
Les essais se droulent sur une machine INSTRON Version IX 8.28.00, de type 4302
(figure 3.1-a) pilote par un micro-ordinateur. Une centaine de fibres de sisal et de RC est
teste en traction. La distance initiale entre les mors L0 est de 20 millimtres. Le diamtre
de chaque fibre tester est tout dabord valu par conversion en millimtres des diamtres
mesurs en pixels sur des images numriques des fibres. Ces images sont prises au moyen
dun microscope lectronique BRESSER CD MICRO (Figure 3.1-c). Les prouvettes de
fibres sont montes dans des mors pneumatiques appropris (Figure 3.1-b). Lprouvette
est charge jusqu la rupture. Un graphique de la force en fonction du dplacement de
la traverse se dessine lcran pendant lessai. A la fin de lessai, les donnes numriques
sont rcupres sous un fichier EXCEL.
Les caractristiques recherches au terme de ces essais sont le type de rupture, le
module dYoung, la rsistance et lallongement rupture :
le type de rupture est dtermin par une analyse qualitative de la courbe,
le module dlasticit est obtenu en dduisant la pente de la courbe contrainte/dformation
dans la zone lastique,
la rsistance la rupture est calcule par la relation (3.1),
Fmax
Rm = . (3.1)
S0
Fmax tant la force maximale de traction en Newtons (N) et S0 , la section initiale de
lprouvette en millimtres carrs. Le chapitre prcdent nous a permis de montrer
la faveur dune analyse de la section de la fibre que le RC prsente un taux
Chap. 3. Approche exprimentale du comportement mcanique 81
de porosit de 32%. Cette ralit est prise en compte dans le calcul de sa section
effective,
lallongement pour cent (A%) la rupture est obtenu par cent fois la diffrence
entre la longueur de lprouvette la rupture et sa longueur initiale divise par
cette dernire, soit la relation (3.2).
L L0
A% = 100 (3.2)
L0
jusqu plus de 40% sans rompre. En plus de linclinaison des microfibres de cellulose
indique [12], sa forme tubulaire contribuerait aussi sa grande dformation. Elle semble
supporter un effort de traction plus important que le sisal ne supporterait avant rupture.
Le renforcement du pltre par cette fibre, envisag par la prsente tude, pourrait lui ap-
porter une certaine ductilit. Son lasticit pourrait maintenir le matriau en place mme
si la matrice est dj fragmente.
Nous avons l, une ide prcise du comportement mcanique des renforts qui seront
utiliss pour la conception du nouveau matriau. Le comportement mcanique de la ma-
trice renforcer est lobjet de ltude qui va suivre.
Les valeurs caractristiques sont values comme indiqu plus haut (paragraphe 3.1.1).
3.1.2.1.2 Rsultats
Les graphiques statistiques de ces valeurs sont reprsents dans la figure 3.9.
On enregistre un module dYoung moyen du pltre pris gch E/P=1 non renforc
de 1,72 GPa, une rsistance la traction moyenne de 0,86 MPa et un allongement la
rupture moyen de 1,16%.
3.1.2.1.2.3 Discussion et conclusion Des tudes menes par des auteurs [6, 49,
7] montrent une variation du module dlasticit du pltre pris en fonction du taux de
gchage. Cest ce paramtre de la mise en uvre qui dtermine la porosit du matriau.
Une loi empirique de variation du module dYoung valable pour une porosit P comprise
entre 25 et 75% est tablie (quation 1.19). Le matriau tudi prsente une porosit
88 Approche exprimentale du comportement mcanique
totale de 61,7% dtermine au chapitre 2. Une application de cette relation donne une
valeur de E=2,78 GPa. La valeur exprimentale tant de 1,7 GPa. On note une grande
dispersion des valeurs exprimentales du module dYoung (cart type 0,46 GPa) que lon
pourrait attribuer la difficult raliser un essai de traction sur le pltre compte tenu
de son extrme fragilit. Une prouvette pouvant avoir une amorce de rupture lors de la
manipulation de mise en place avant la mise en charge. Toutefois, un nombre important
de valeurs se rapprochent de la valeur thorique 2,7 GPa ci-dessus calcule.
Le pltre tudi prsente une faible rigidit, il ne supporte par leffort de traction.
Sa rsistance thorique la traction Rth 0,27 GPa de loin suprieure la rsistance
exprimentale et son faible allongement la rupture (1%) expriment sa fragilit. En
gnral, les informations obtenues par lessai de traction sont les mmes en compression
[8]. Il nest donc pas ncessaire de raliser un essai de compression. Par contre, le matriau
que nous tudions trouve ses applications dans des domaines o des sollicitations en
flexion sont immanquables. Les essais de flexion trois points sont raliss. Les rsultats
sont prsents dans le paragraphe suivant.
Les donnes recueillies sont traites sur EXCEL et MATLAB, le module dlasticit et
la contrainte maximale la rupture sont dduits pour chaque prouvette par les relations
suivantes, avec lhypothse que le matriau est homogne et isotrope.
Le module dlasticit :
F L30
E= (3.3)
48f IGZ
avec F : leffort limite lastique en Newtons, L0 : la distance entre les appuis en mm,
f : la flche (dplacement enregistr) leffort F en mm et IGZ : le moment dinertie
de la section de la poutre en mm4 ,
la contrainte la rupture :
Mfmax h 3 FM ax Lo
Rup = = (3.4)
IGZ 2 2 bh2
3.1.2.2.2 Rsultats
Un calcul statistique des moyennes et carts types conduit aux graphiques de la figure
3.12 de lensemble des modules dlasticit et des contraintes maximales obtenus.
Le pltre tudi prsente une certaine rigidit. Une fois sa limite lastique atteinte, il
rompt. Non seulement il nadmet presque pas de dformation, il ne supporte pas non plus
des efforts importants. La contrainte maximale enregistre la plus leve est de 1,38 MPa.
3.1.2.2.3 Discussion et conclusion Notons de prime abord que le pltre non ren-
forc est sujet damorce de fissure pour la moindre erreur de manipulation. Cest donc
avec dlicatesse que les essais sont mens sur ce matriau. Les rsultats qui en sont rvls
Chap. 3. Approche exprimentale du comportement mcanique 91
le traduisent : il revient que le pltre pris, lorsquil est non renforc nest pas ductile et est
trs fragile. Ces informations qui reprennent les conclusions de la caractrisation en trac-
tion viennent corroborer les rsultats de nombreux travaux [6, 49, 7]. Elles confortent ainsi
lintrt manifest de plusieurs auteurs pour tudier son renforcement. Un des objectifs
de notre travail sinscrit dans cet axe de consolidation du pltre.
3.1.3.1.2.1 Modle de Miller Couramment employ, ce modle [23, 27, 30] consiste
calculer la contrainte de cisaillement apparente dans lhypothse de luniformit de la
rpartition des contraintes interfaciales :
FM ax
inf = app = (3.5)
Sinf
FM ax est la force maximale et Sinf laire de linterface en mm2 ; Sinf = lint avec ,
le diamtre de la fibre en mm et Linf en mm, la longueur enchsse de la fibre dans la
matrice.
Chap. 3. Approche exprimentale du comportement mcanique 93
3.1.3.1.2.2 Etude dun autre modle Dans la pratique de lessai, la force sur
la fibre est applique une distance lext de la matrice (figure 3.14). Si on raisonne en
termes de dformation, la dformation apparente induite par la contrainte du modle
ci-dessus quivaut celle de la fibre seule avant le dbut du dchaussement additionne
de celle linterface fibre/matrice. Le souci est de quantifier de manire plus prcise une
caractristique mcanique relle de linterface fibre/matrice. Le modle de la figure 3.16
permet de mener la rflexion.
Assimilons la configuration qui vient dtre dcrite ci-dessus une srie de deux res-
sorts :
Les ressorts sont soumis la mme contrainte, la dformation totale (quivalente) eq
est donc gale la somme des dformations (quation 3.6) inf dformation linterface
(glissement de la fibre dans la matrice) et f ibre dformation de la fibre sur sa distance
94 Approche exprimentale du comportement mcanique
lext (allongement).
La loi de Hooke permet dcrire que linverse du module dlasticit quivalent Eeq est
la somme des inverses des modules dlasticit, Einf et Ef ibre , respectivement de linterface
et de la fibre. Nous allons considrer que Einf est un module dlasticit.
1 1 1
= + (3.7)
Eeq Einf Ef ibre
Le module dlasticit des fibres Ef ibre est valu sur chaque fibre dchausse par un essai
de traction identique celui dcrit au paragraphe 3.1.1.
3.1.3.2.1 Allure des courbes Le traitement des donnes numriques recueillies per-
met de tracer les courbes contrainte/dformation caractrisant le comportement de lin-
terface pendant lessai. Lallure dune courbe typique est montre la figure 3.17.
3.1.3.3.1 Allure des courbes Le traitement des donnes numriques recueillies pen-
dant lessai seffectue sur EXCEL et permet de tracer les courbes caractristiques de la loi
de comportement mcanique de linterface pltre/RC. La figure 3.19 prsente la courbe
dun chantillon, elle a la forme de toutes les courbes obtenues.
On peut observer que les valeurs des caractristiques obtenues sont disperses. Les
valeurs trop faibles pourraient tre le fait dune amorce de dcohsion lors du montage de
lchantillon dans les mors. La longueur enchsse de la fibre ne peut pas tre infrieure
98 Approche exprimentale du comportement mcanique
250m comme suggr dans la rfrence [30] ; toutefois, le risque de voir la fibre rompre
qui inspire cette mesure de lauteur est cart car aucune fibre na rompu. La contrainte
de cisaillement linterface fibre/pltre apparat faible devant les contraintes la rupture
de la matrice non renforce (soit un quart). Les liaisons sisal/pltre et RC/pltre peuvent
donc tre classes comme faibles [21]. Il est noter que lessai se ralise un taux de
fibre faible (une seule fibre) ; les rsultats apparus ici doivent tre considrs comme sous
estims. Cette adhsion peu bien tre plus forte avec la fraction volumique des fibres et en
fonction de larchitecture du renforcement. Le composite raliser devrait donc prsenter
une adhsion interfaciale moyenne si on considre la classification faite dans la rfrence
[21]. Le sisal offre une adhsion suprieure avec le pltre comparativement au RC. Un
traitement chimique des surfaces des fibres [53, 67, 68] pourrait amliorer cette adhsion
linterface fibres/pltre. Pour le RC particulirement, le traitement devrait viser boucher
les porosits et le trou central en particulier afin de diminuer le rtrcissement de sa section
lors de la traction sur la fibre.
Les caractristiques mcaniques ont t observes en fonction de laire de linterface
(tableau 3.8) pour y dceler une possible linarit. On observe plutt une dispersion ne
permettant pas den tablir une proportionnalit. Ce fait est, notre avis, le rsultat des
caractristiques de la fibre difficiles prdire.
Pltre/RC Pltre/Sisal
Einf (M P a) app (M P a) Sinf Einf (M P a) app (M P a) Sinf
9,33 0,20 2,91 5,56 0,03 2,70
5,93 0,24 3,20 5,67 0,05 2,88
20,41 0,39 3,78 27,50 0,11 2,88
12,68 0,81 3,82 44,12 1,33 2,88
6,31 0,42 4,00 15,54 0,55 3,07
4,26 0,10 4,71 44,27 0,84 3,07
18,06 0,03 4,97 6,57 0,03 4,19
7,57 0,20 5,15 15,00 0,35 4,19
4,09 0,11 5,29 27,90 0,24 4,70
9,43 0,14 5,56 12,50 0,32 4,70
raide et fragile avec 12,8 GPa de module dYoung, 300 MPa de rsistance la traction et
2,73% dallongement la rupture. La fibre de RC quand elle est lastique et ductile : elle
permet un allongement la rupture de 24,2%, possde un module dYoung de 7,1 GPa et
rsiste la traction jusqu 400 MPa. Ces rsultats sont en phase avec ceux disponibles
dans la littrature [12, 21, 59, 61]. Le pltre, qui est renforcer est raide et fragile. Ses
caractristiques rvles par les essais sont : 1,7 GPa de module dYoung, 0,90 MPa de
rsistance la traction et un allongement de 1%. Les interfaces sont classes dadhsion
faible. Ltude se poursuit donc avec les composites proprement dits avec un rsultat at-
tendu des caractristiques mcaniques amliores du nouveau matriau par rapport la
matrice pltre.
Les formes et dimensions des prouvettes utilises sont identiques celles indiques au
paragraphe 3.2.2.1 mais la mise en uvre des prouvettes est la suivante : les fibres sont
dabord disposes en cinq faisceaux de dix fibres, lgrement tendues, en unidirectionnel
dans le moule et le fluide de pltre fabriqu comme indiqu plus haut dans le paragraphe ci-
dessus rfr y est vers en plus. Trente chantillons renforcs de sisal sont ainsi fabriqus.
Cette proportion du renforcement est value pour chaque type de fibre par dduction
partir de sa masse mesure, sa masse volumique tire de la littrature [12] et du volume
de lprouvette. Les valeurs obtenues sont reprsentes par le graphique de la figure 3.22.
100 Approche exprimentale du comportement mcanique
3.2.1.2 Rsultats
pour le module dYoung avec un cart type de 0,42 GPa ; 8,52.10 3 GPa pour la rsistance
la rupture avec un cart type de 2,35.10 3 GPa et 21,3% pour lallongement la rupture
avec un cart type de 24,2.10 3 %.
La loi des mlanges permet dvaluer avec une bonne approximation, le module dYoung
longitudinal dun composite unidirectionnel connaissant les caractristiques des consti-
tuants et leur fraction volumique de fibres. Si Ef et Em sont respectivement les modules
de la fibre et de la matrice, Vf et Vm les fractions volumiques des deux constituants, on
a:
Ec = Ef Vf + Em Vm (3.8)
Une application de cette loi avec les valeurs exprimentales moyennes des constituants
du composite pltre/fibre, donne un module dYoung du composite pltre/sisal gale :
Epl/s = 4,75 GPa. Bien que les valeurs exprimentales montrent que le matriau de base
a amlior son module dlasticit de 1,2 GPa pour le pltre 2,5 GPa aprs renforce-
ment par le sisal, on observe une grande diffrence entre la valeur thorique et la valeur
exprimentale 2,5 GPa. La loi de mlange considre que chaque fibre est ancre dans la
matrice, une hypothse qui permet de comprendre cet cart de valeurs : dans la ralit, il
existe des fibres qui ne participent pas au renforcement, celles situes au cur du faisceau
notamment. Lorsque les fibres sont en paquet comme cest le cas dans les prouvettes
testes, il y en a bien qui ne participent pas au renforcement. De plus linterface rvle
faible participerait ce faible renforcement. La rsistance la traction quant elle est
multiplie par huit et lallongement la rupture a galement augment. Le pltre se trouve
tre renforc par le sisal.
Chap. 3. Approche exprimentale du comportement mcanique 103
Les prouvettes testes ont les mmes formes et dimensions que celles dcrites au
paragraphe 3.1.2.2 et sont renforces de fibres de sisal. Cinq spcimens sont dcoups
par sciage dans deux plaques de 210 297 23mm3 pralablement moules et renfor-
ces de la manire suivante : une plaque est renforce par quatre couches de paquets de
20 fibres rgulirement espaces, superposes et orientes suivant quatre directions 45
les unes par rapport aux autres [0 /90 /45 /-45] (F4D) (figure 3.25) ; une autre plaque
renforce de fibres non orientes (FNO). Cinq autres sont moules aux dimensions de
lprouvette et renforces de fibres dorientation unidirectionnelle (F1D) suivant la lon-
gueur de lchantillon. Lessai se droule comme indiqu plus haut (paragraphe 3.1.2.2)
sauf quici, lprouvette est charge jusqu la limite de dformation autorise par les ins-
tallations. La fraction volumique correspondante des fibres de sisal est value 1,1% en
moyenne.
3.2.2.2 Rsultats
les courbes des prouvettes FNO et F1D quant elles prsentent, outre les deux
phases lasticit linaire et de rupture, une phase intermdiaire de multifissuration
dans laquelle les fibres imposent une rpartition homogne de la fissuration dans le
composite. La rsistance se poursuit jusqu la contrainte maximale.
Des calculs statistiques des moyennes et cart types permettent de construire les gra-
phiques de la figure 3.27.
Les fibres non orientes offrent le plus grand module dlasticit avec une moyenne
Chap. 3. Approche exprimentale du comportement mcanique 105
de 0,6 GPa tandis que celles dorientation unidirectionnelle conduisent la plus grande
valeur moyenne de contrainte maximale 4,1 MPa. La structure F4D est rigide mais fragile.
Ce rsultat rvle que la fibre de sisal na pas amlior le module dlasticit du pltre.
La faible adhsion linterface expliquerait ce fait. La rpartition spatiale homogne
des fibres dans une section droite non contrlable pendant la mise en forme est une
autre explication pertinente. Toutefois, le composite a gagn en contrainte maximale de
46% jusqu trois fois plus par rapport la matrice non renforce. Elle est amliore de
46% par la configuration F4D des fibres, double par la disposition FNO des fibres et
triple par les fibres orientes unidirectionnellement. Il apparait que les renforcements
unidirectionnels et non orients rduisent considrablement la fragilit du pltre. Il faut
noter que lessai de flexion sur des poutres de pltre renforces de fibres longues ne peut pas
rendre compte efficacement du niveau de renforcement des fibres tant que la rpartition
spatiale homogne des fibres dans le matriau nest pas assure.
106 Approche exprimentale du comportement mcanique
3.3.1.2 Rsultats
tion et de lallongement la rupture des spcimens tests conduit aux valeurs prsentes
dans le tableau 3.11.
Leurs distributions statistiques sont rsumes dans les graphes de la figure 3.30.
Il en ressort que le module moyen dlasticit est de 2 GPa, la rsistance moyenne
la traction est de 5,2 MPa et lallongement moyen la rupture est de 39%.
108 Approche exprimentale du comportement mcanique
Ces rsultats montrent que les caractristiques mcaniques en traction du pltre sont
amliores par les fibres de RC : en module dlasticit, le matriau a volu de 1,72 GPa
2 GPa, la rsistance la traction est augmente de cinq fois plus et lallongement la
rupture sest accru de prs de 40%. Il faut noter quaucune fibre, notre connaissance,
na apport au pltre pris un tel allongement. Cependant, en comparant ces performances
avec celles attendues daprs les calculs thoriques avec la loi des mlanges, on dirait
quil ny a pas eu de gain en module dlasticit : 2 GPa pour une valeur attendue de 3,7
GPa. La faiblesse de ladhsion linterface est une explication de ce fait ainsi que la non
participation concrte et uniforme de toutes les fibres la rsistance [70], les fibres au
cur des faisceaux ntant pas imprgnes par la matrice pltre.
3.3.2.1.1 Allure des courbes Les chantillons sont renforcs de fibres de RC, comme
indiqu au paragraphe 3.2.2.1 pour les fibres de sisal. Le taux de fibre moyen est de 2%.
Aprs dpouillement, les courbes de force en fonction de la flche sont traces. La figure
3.31 prsente lallure typique des courbes obtenues.
Deux modes de comportement se dgagent sur les trois types dprouvettes :
les courbes des prouvettes F4D prsentent deux phases : une premire lastique
linaire jusqu la naissance de la fissuration de la matrice, une deuxime qui com-
mence par la rupture localise de la matrice par glissement des plans, entrainant une
chute de la contrainte. Cette dernire diminue progressivement par la suite, retenue
par la friction du glissement des plans.
Chap. 3. Approche exprimentale du comportement mcanique 109
les courbes des prouvettes FNO et F1D quant elles prsentent, outre les phases
dlasticit linaire et de rupture, une phase intermdiaire de multifissuration dans
laquelle les fibres imposent une rpartition homogne de la fissuration dans le com-
posite. La rsistance se poursuit jusqu la contrainte maximale.
Les graphiques statistiques de ces caractristiques sont reprsents dans la figure 3.32.
110 Approche exprimentale du comportement mcanique
Le module dlasticit le plus lev est celui du composite F4D 0,8 GPa avec un cart
type de 0,4 GPa, suivi du composite F1D, 0,65 GPa avec un cart type de 0,2 GPa et du
composite FNO 0,5 GPa dcart type 0,26. Par contre, cest le composite FNO qui offre
la plus grande contrainte maximale, 3,46 MPa. Le plus grand couple de valeurs (module
dlasticit/contrainte maximale) est donn par le composite F1D (0,65 GPa; 2,59 MPa).
La configuration F4D ne supporte pas mieux leffort de flexion (1,53GPa) de contrainte
maximale.
caractrise par la rupture de la matrice (figure 3.35) suivie par une reprise de charge par
les fibres jusqu une valeur maximale de contrainte. Une dernire zone se caractrise par
une diminution progressive de la contrainte justifie par la friction du dchaussement des
fibres.
dlasticit de 0,64 GPa avec un cart type de 0,06 GPa, une rsistance la traction de
0,44 MPa dcart type 0,13 MPa et un allongement la rupture de 2,04% dcart type
1,3%.
Fig. 3.37 Influence de larchitecture des fibres : a- les fibres non orien-
tes dans le moule b- prouvette de flexion (FNO)
.
Lallure des courbes rvle dans un premier temps, un comportement linaire las-
tique, puis surviennent une succession de fissurations peine visibles traduisant la dualit
fissurations du pltre et renforcement par des fibres. A la force maximale, la courbe reste
constante admettant une grande dformation. Ce maintien tmoigne du rle particulier
des fibres. Le pltre, par ce renforcement devient assez ductile.
de 0,19 GPa et une contrainte maximale de 0,3 MPa avec un cart-type de 0,04. Il revient
que le module dlasticit est de moiti celui du matriau de base alors quon observe
plutt une multiplication par 3 de la contrainte maximale. Notons que des auteurs [62]
ont examin linfluence du taux de fibres sur le module dlasticit du bton en flexion
et rvlent que celui-ci diminuait avec le taux de fibres. Le pltre tant un matriau
similaire, cette donne est considrer pour comprendre ces rsultats puisque le taux de
fibres est pass de 21% 34% et le module a chut de 0,52 GPa 0,36 GPa. La difficult
se garantir une rpartition spatiale homogne des fibres dans le volume est une autre
explication de ces rsultats.
Les prouvettes plates (figure 3.40) de 3012210mm3 sont tailles la scie lectrique
ruban dans une plaque de pltre de 12210297mm3 renforce de fibres de RC 3,92%
de son volume. Les fibres sont orientes de manire tre parallles laxe longitudinal
116 Approche exprimentale du comportement mcanique
3.4.2.1.1 Rsultats
On note dans un premier temps un comportement linaire lastique, puis une zone de
multifissuration de la matrice allant jusqu la contrainte maximale. Un quasi maintien
est conserv ce maximum admettant un grand allongement. La fonction rgulatrice de
la vitesse de propagation de la fissuration est encore manifeste par la prsence des fibres
confrant un mode de rupture ductile au matriau.
Chap. 3. Approche exprimentale du comportement mcanique 117
La distribution statistique de ces valeurs est reprsente par les graphiques de la figure
3.42.
3.4.2.2.1 Rsultats
Le module dlasticit est de 0,61 GPa avec un cart-type de 0,15 GPa et la contrainte
maximale de 2,94 MPa avec un cart-type de 0,34 MPa.
Un mtier tisser est conu et fabriqu par nos soins (figure 3.45) ; les fibres de RC,
fils de trame et de chane, utilises pour tisser les renforts sont des multi-filaments (3 au
maximum). Les fils de chane sont espacs de 12mm entre eux. Le tissu obtenu est de
dimensions 600 500mm2 darmure toile (un pris, un saut). Cette configuration du tissu
dans le composite est assimile lunidirectionnel.
3.4.3.2.2 Rsultats
Chap. 3. Approche exprimentale du comportement mcanique 121
Les courbes prsentent une allure caractristique dun matriau ductile. Trois phases
sont identifiables : une premire phase de comportement lastique linaire, une seconde
de microfissuration du pltre suivie de la reprise de charge par les fibres jusqu la force
maximale.
une grande aptitude rsister des efforts de plus en plus importants et accepter une
dformation importante sans se fragmenter. Le module dlasticit demeure faible. Les
plus faibles valeurs seraient imputables des possibles amorces de rupture de la matrice
pendant la mise en position de lprouvette.
3.4.3.3.2 Rsultats
3.4.3.3.2.1 Allure des courbes Les courbes force/flche traces partir des don-
nes recueillies pendant lessai prsentent lallure de celle de la figure 3.50.
Les courbes ont la mme allure que celles de la configuration prcdente prsentant les
mmes phases notamment, un comportement linaire lastique dans un premier temps,
puis une zone de fissurations jusqu la force maximale et un maintien jusqu la baisse de
la rsistance des fibres. Une allure qui est loin dtre caractristique dun matriau fragile.
Le module dlasticit enregistr est de 0,42 GPa avec un cart type de 0,09 GPa. La
contrainte maximale est de 2 MPa pour un cart type de 0,54 MPa.
3.5.1 Traction
Le tableau 3.19 rcapitule les caractristiques mcaniques exprimentales obtenues
par traction sur les matriaux pltre non renforc et composites pltre/fibres, un taux
de fibres moyen de 2%, ainsi que leurs valeurs thoriques calcules par la loi des mlanges.
Des graphiques (figure 3.52) permettent de visualiser les performances des composites par
comparaison au matriau de base non renforc.
Module dlasticit Rsistance la Allongement la
E traction Rm rupture
Matriau Fraction E (GPa) Ecart Valeurs Rm (MPa) Ecart Valeurs A% Ecart
volumique (%) type thoriques type thoriques type
Pltre 1,72 0,46 2,78 0,86 0,12 1,16 0,70
Pltre/Sisal 0,28 2,45 0,42 4,76 8,52 2,35 83,95 21,30 24,20
Pltre/RC 0,18 2,00 0,49 2,69 5,20 1,83 68,10 38,89 34,82
3.5.2 Flexion
Le tableau 3.20 rcapitule, par analogie au tableau 3.19, les caractristiques mca-
niques exprimentales obtenues par essai de flexion sur les matriaux pltre non renforc
et composites pltre/fibres, un taux de fibres moyen de 1,1% pour le sisal et 2% pour
le RC, ainsi que leurs valeurs thoriques calcules par la loi des mlanges. Des graphiques
(figure 3.53) permettent de visualiser les performances des nouveaux matriaux par com-
paraison au pltre, matriau de base non renforc.
126 Approche exprimentale du comportement mcanique
Il en ressort que seule la fibre de RC, dans les configurations fibres orientes, a ap-
port un plus au module dlasticit. Cependant, le composite pltre/fibres (avec le sisal
tout comme avec le RC) offre une contrainte maximale la flexion plus grande que le
matriau de base seul. Ici, lorientation des fibres en unidirectionnel donne les meilleures
performances pour les deux fibres, la fibre de sisal renforant nettement mieux que le RC.
Les caractristiques mcaniques exprimentales obtenues par traction sur des prou-
vettes renforces de fibres de RC selon trois architectures diffrentes, au mme taux de
Chap. 3. Approche exprimentale du comportement mcanique 127
renforcement (0,39%), sont rassembles ct des valeurs thoriques obtenues par calcul
avec la loi des mlanges dans le tableau 3.21. Une visualisation par des graphiques est
faite la figure 3.54.
3.5.3.2 Flexion
Les caractristiques mcaniques exprimentales obtenues par flexion sur des prou-
vettes renforces de fibres de RC selon trois architectures diffrentes, au mme taux de
renforcement (0,39%), sont rassembles dans le tableau 3.22 de la mme manire que pr-
cdemment avec leurs valeurs thoriques. Une visualisation par des graphiques est aussi
faite par la suite (figure 3.5.3.2).
.
Il est rvl, l aussi, une rduction du module dlasticit mais une multiplication de
la contrainte maximale au moins par 2. Larchitecture des fibres unidirectionnelles non
lies fournit le plus grand apport mcanique en flexion. Cest parce quelles ont une forte
probabilit de se rpartir dans le volume de lprouvette.
Chap. 3. Approche exprimentale du comportement mcanique 129
3.6 Conclusion
Au terme de cette tude de caractrisation mcanique du pltre renforc par des fibres
de RC par rfrence aux fibres de sisal, des informations prcises se dgagent :
en traction, le pltre amliore sa tenue mcanique suite au mlange avec les fibres de
sisal et de RC. La fibre de sisal augmente mieux le module dlasticit et la rsistance
la traction par rapport celle de RC. Par contre, cette dernire confre au pltre
un allongement considrable. Elle serait adapte pour une sollicitation admettant
130 Approche exprimentale du comportement mcanique
de grandes dformations,
En flexion, les fibres de RC orientes pourraient apporter une amlioration du mo-
dule dlasticit du pltre. Il est not que lorientation des fibres en unidirectionnel
donne les valeurs les plus leves des rsultats, le sisal renforant mieux.
En sintressant larrangement des fibres de RC dans le matriau, il est confirm
que larchitecture des fibres a bien une influence sur la tenue mcanique du composite.
Les rsultats rvlent toutefois quun taux de fibres lev affaiblit la rigidit du composite
pltre/fibres par similitude au bton qui diminue son module dlasticit avec le taux du
renforcement [70] :
Approche exprimentale du
comportement thermique et
hygromtrique
Sommaire
Introduction
Le ptre est trs utilis comme matriau de construction en btiment, son renforce-
ment tudi dans le chapitre prcdent contribue diminuer sa fragilit lgendaire. Cette
application dans le btiment est motive par ses qualits fonctionnelles. Il est important
de sinterroger sur le maintien ou non de ces performances lorsquil est mlang des fibres
nouvelles. Ce chapitre sintresse examiner linfluence du renfort sur les caractristiques
thermiques du pltre renforc de fibres vgtales et sur son comportement vis vis de
lhumidit.
4.1.1.1.1 Le transfert thermique Lorsque deux points distincts dun corps (ou bien
deux corps en contact) ont la mme temprature, on dit quils sont en quilibre thermique.
Si leur temprature est diffrente, lnergie est cde par le point ou le corps le plus chaud
au point ou corps le plus froid. Il y a donc transfert thermique [72]. Le transfert thermique
correspond donc une transmission de lnergie contenue dans une zone vers une autre.
4.1.1.1.3 Gradient de temprature Si lon runit tous les points de lespace qui
ont la mme temprature, on obtient une surface dite surface isotherme. La variation
de temprature par unit de longueur est maximale le long de la normale la surface
isotherme. Cette variation est caractrise par le gradient de temprature :
T
grad (T ) = n (4.1)
n
Avec :
Chap. 4. Approche exprimentale du comportement thermique et hygromtrique 133
n vecteur unitaire de la normale,
T
n
driv de la temprature le long de la normale.
4.1.1.1.4 Flux de chaleur La chaleur scoule sous linfluence dun gradient de tem-
prature par conduction des hautes vers les basses tempratures. La quantit de chaleur
Q transmise par unit de temps et par unit daire S (en m2 ) de la surface isotherme est
appele densit de flux de chaleur. Il sexprime en W m2 .
1 dQ
= (4.2)
S dt
Le flux de chaleur est la quantit de chaleur Q en (W) transmise sur la surface S par
unit de temps :
dQ
= (4.3)
dt
Les changes thermiques son classes en trois grandes familles de phnomnes phy-
siques : la conduction, la convection et le rayonnement.
T
= S (4.5)
x
avec:
La description analytique des changes par conduction est faite par le premier prin-
cipe de la thermodynamique sur la conservation de lnergie en tout point qui conduit
lquation de la chaleur sous sa forme gnrale :
T
Cp = div . grad T + q (4.6)
t
avec:
= hS (Tp T ) (4.7)
avec:
du rayonnement solaire qui nous parvient sur la terre aprs avoir parcouru une distance
considrable dans le vide spatial. Le rayonnement est un transfert dnergie lectroma-
gntique entre deux surfaces. Dans les problmes de conduction, on prend en compte le
rayonnement entre un solide et le milieu environnant ; dans ce cas nous avons la relation :
= p S Tp4 T
4
(4.8)
avec:
L = .T 4 (4.9)
absorber de lnergie thermique. Cette nergie thermique peut tre absorbe pour lever la
temprature du matriau ou pour le transformer : capacit thermique, enthalpie de fusion,
coefficient de dilatation thermique, etc.
Toutes les proprits thermiques de matriaux sont dpendantes de la nature du corps
et de sa temprature. La mesure de ces proprits est donc indissociable de la mesure de
la temprature et de la connaissance de la nature du matriau (homogne ou isotrope).
Les valeurs de chaque proprit sont donc affiches en donnant la nature du matriau et
la temprature de mesure ou la relation de la grandeur en fonction de la temprature.
La capacit thermique (C) dun matriau reprsente sa capacit absorber une quantit
de chaleur (Q) en W hm3 et schauffer de T en K.
Q
C= (4.11)
T
Elle sexprime en W.h.m3 .K 1 . Plus la capacit thermique est leve, plus le matriau
pourra stocker une quantit de chaleur importante. Un phnomne physique peut facile-
ment montrer ce quest linertie thermique. Il sagit des pierres exposes en plein soleil lors
dune journe ensoleille. Lorsque le soleil nillumine plus la pierre, on constate quelle reste
chaude. Elle peut mme continuer longtemps rayonner sa chaleur emmagasine. Cest
un exemple de stockage de chaleur. Gnralement ce sont les matriaux les plus lourds qui
possdent la plus grande capacit thermique. Au contraire, les isolants ont gnralement
une capacit thermique assez faible. Il convient alors de trouver le bon compromis entre
le pouvoir isolant et linertie du matriau. Les blocs de construction isolation rpartie
comme la brique monomur ont une capacit thermique assez leve tout en conservant
des performances disolation importantes. Pour les isolants, les panneaux de bois offrent
lun des meilleurs compromis entre inertie et isolation. A noter, dans les locaux utiliss de
manire intermittente, linertie nest pas souhaitable pour des raisons de lenteur de mise
en temprature de confort et de consommations nergtiques importantes.
la rapidit avec laquelle la temprature superficielle dun matriau se rchauffe. Elle est
la racine carre du produit de la conductivit thermique (), de la masse volumique ()
et de la capacit thermique massique (Cp ) :
p
E= ..Cp (4.13)
Des plaques de 21029710mm3 de pltre non renforc sont fabriques. Elles sont in-
sres dans un cadre de polystyrne. Une camra infrarouge Jade Cedip III-MWIR (figure
4.1) est utilise pour capturer le champ de temprature sur une face (B) de lprouvette.
La chaleur est projete par un projecteur sur lautre face (A) comme le montre le schma
simplifi de la manipulation de la figure 4.2. Cette camra dispose des dtecteurs infra-
rouges caractriss par une gamme de longueurs donde de 3,5 5 micromtres. Le temps
dintgration utilis pour les mesures est de 1500 micro-secondes. La rsolution thermique
la temprature ambiante est environ 0,02 C. La frquence dacquisition (fa) utilise est
gale 1 Hz. En fait, chaque image correspond limage moyenne de 10 images (lappareil
est utilis avec une acquisition de 100 Hz). La rsolution spatiale en temprature, corres-
pondant ici la taille de pixel sur le spcimen, est gale 320 240mm2 . Les prouvettes
ne sont pas particulirement prpares pour des mesures thermographiques. Dhabitude
pour des matriaux mtalliques, une mince couche de peinture noire est applique aux
spcimens pour obtenir une missivit prs de 1. Dans le cas du pltre, en tude, son
missivit tant proche de 1 (0,93) [73], il ny a plus dintrt appliquer une couche de
peinture noire sur la surface du matriau. Un modle programm sur MATLAB utilisant
la mthode des diffrences finies et prenant en compte des paramtres caractrisant le
flux entrant dun ct et la convection de lautre ct ainsi que la diffusivit thermique
permet dapprocher le thermogramme exprimental.
Les rsultats, sous la forme dun thermogramme, sont donnes sur le figure 4.5.
4.1.6.2.1 Prparation des prouvettes Lprouvette est une plaque de 210 297
14mm3 du composite pltre/RC, lorientation des renforts est unidirectionnelle une
proportion de 3% aussi. Le dispositif de lessai est identique.
de pltre non renforce. Pour cette configuration de larchitecture des fibres de RC, la
diffusivit thermique est plus faible que lorsque le matriau est non renforc ou que le
renfort est le sisal.
Six types dhysothermes sont identifies par lIUPAC (figure 4.11(b) [75]) notamment
le type I caractristique de milieux ne contenant que des micropores saturs pour de
faibles valeurs dhumidit relative ; le type II caractristique de milieux macroporeux avec
adsorption multimolculaire ; le type III semblable au type II mais ici les interactions
milieux poreux et gaz sont faibles ; le type IV correspondant des milieux msoporeux
dans lesquels il se produit une condensation capillaire ; le type V semblable au prcdent
mais les interactions milieu poreux/gaz adsorb sont faibles et le type VI correspondant
un milieu poreux dans lequel les couches adsorbes se forment les unes aprs les autres.
Au cours de ce travail, labsorption de lhumidit des constituants (fibres et pltre) et
du composite pltre/fibres dans une enceinte humidit relative contrle est suivie et
les rsultats sont prsents pour chaque matriau : dabord sous forme dune courbe de la
cintique dabsorption dhumidit, puis sous forme dun isotherme dadsorption.
Lessai se droule comme dcrit par la norme NF EN ISO 483: 2006-01. On dispose de
bocaux instruments chacun dune grille fine taille aux dimensions pour tre introduite
dans le bocal, un tube en PVC de diamtre et hauteur 3 cm, une capsule (petit rcipient
en verre de 40 mm de diamtre maximum, une pince pour manipuler les capsules et
les prouvettes et une balance de prcision 0,1 mg (figure 4.12). Les solutions sales sont
ralises avec de leau dminralise. Les solutions de sels chimiques utiliss sont prsents
dans le tableau 4.1.
Les prouvettes sont sches pendant 48h 60 C, ltuve (avec dssicant). Les en-
ceintes satures en sel sont prpares 24 heures avant le dbut de lessai. Les prouvettes
sches sont peses pour avoir la masse anhydre (m0 ), puis places dans lenceinte. Elles
sont ensuite peses intervalles de temps progressifs. Lvolution de la masse en fonction
148 Chapitre 4
du temps est releve jusqu saturation. A saturation, lorsque les masses sont stabilises,
lchantillon est plac dans une hygromtrie diffrente pour atteindre le palier suivant. Le
gain en masse deau X du matriau en fonction du temps est alors calcul pour chaque
humidit relative selon lexpression 4.2.2.2.1:
m m0
X (%) = .100 (4.14)
m0
4.2.2.2.1 Cintique dabsorption Elle est observe dans une enceinte de 98% dhu-
midit relative. Les gains en masse obtenus sont reprsents sous la forme dune courbe
de taux dabsorption en fonction du temps (figure 4.13).
La fibre de sisal absorbe de lhumidit dans les premires heures assez rapidement et
commence saturer au bout de 40 heures. Elle atteint un taux dabsorption dhumidit
de 13,2%.
Chap. 4. Approche exprimentale du comportement thermique et hygromtrique 149
4.2.2.3.1 Cintique dabsorption Aussi observe dans une enceinte de 98% dhumi-
dit relative, les gains en masse deau de la fibre sont calculs et permettent de construire
la courbe de la cintique dabsorption. Elle est reprsente la figure 4.15.
4.2.2.3.2 Isotherme dadsorption Les gains de masse saturation dans les en-
ceintes dhygromtries diffrentes sont rcuprs et un isotherme de sorption est construit.
Cette courbe est reprsente dans la figure 4.16.
Lisotherme dadsorption est caractristique dun matriau macroproreux comme dans
le cas de la fibre de sisal.
celui des fibres de sisal. Ils sont caractristiques de milieux macroporeux. Ladsorption
est multimolculaire. La faible proportion dabsorption dhumidit du RC par rapport au
sisal est ainsi mise en vidence.
Le matriel et les mthodes utiliss prcdemment pour les fibres sont identiques
lexception des capsules parce quici, les prouvettes sont dposes directement sur la grille.
Les chantillons sont constitus de deux morceaux de pltre prlevs sur les prouvettes
utilises en traction de longueur 15 mm approximativement.
4.2.3.2.1 Cintique dabsorption Les valeurs de gain en masse calcules lorsque les
chantillons sont dans une enceinte de 98% dhumidit relative 20 C de temprature
ambiante sont utilises pour construire les courbes dabsorption en fonction du temps.
Ces courbes sont prsentes dans la figure 4.17.
Le pltre absorbe lhumidit assez rapidement et sature au bout de 20 heures, soit
1,40% dabsorption.
152 Chapitre 4
4.2.3.2.2 Isotherme dadsorption Les gains de masse calculs saturation pour les
diffrentes hygromtries sont utiliss pour construire lisotherme de sorption de lprou-
vette de pltre non renforc. La figure 4.18 montre la courbe obtenue.
Lisotherme dadsorption du pltre est de type III caractristique des milieux ma-
croporeux comme le type II [75] : les interactions milieux et gaz absorbs sont faibles.
Lisotherme obtenu est semblable celui disponible dans la littrature tablit par P.
BOUSTINGORRY [20] confirmant lesdits rsultats et validant la dmarche exprimen-
tale mene dans cette tude.
Chap. 4. Approche exprimentale du comportement thermique et hygromtrique 153
4.2.4.1.1 Cintique dabsorption Les chantillons sont prlevs sur les prouvettes
de traction renforces de fibres de sisal. Les valeurs des gains en masse deau sont calcules
et permettent de construire la courbe de la figure 4.19.
Cette courbe rvle que le composite pltre/sisal, dans une enceinte humidit relative
de 98%, shydrate 5,9% en masse deau.
ractristique dun interface faible. Cette observation permet de dire que le phnomne
de variation dimensionnelle des suites dabsorption dhumidit et schage des matriaux
serait aussi responsable de la faiblesse de linterface.
Des essais de prise dhumidit ont t effectus sur des chantillons de fibres de sisal
et de RC, de pltre non renforc, de composite pltre/fibres. Les rsultats montrent dans
un premier temps que le RC, tout comme le sisal, en tant que fibres vgtales sont plus
hydrophiles que le pltre non renforc. Ceci confirme les rsultats dj trouvs en 1994 par
156 Chapitre 4
SING, M. et ses co-auteurs [38]. En second lieu, il est rvl que le RC prsente la mme
cintique dabsorption que le sisal mais sature lgrement avant le sisal. Les chantillons
de composites pltre/fibres tests absorbent en consquence plus dhumidit par rapport
au matriau non renforc.
thermique. Cela veut dire quavec ce renforcement, le pltre amliore sa proprit disolant
thermique.
Linfluence de larchitecture des fibres de RC est examine ; les valeurs de diffusivit
thermique enregistres sont regroupes dans le tableau 4.3. La configuration des fibres non
orientes est la plus recommandable pour amliorer les proprits disolation du matriau.
Des panneaux de fibres de bois sont commercialises pour servir disolants thermiques
des planchers et leur rsistance thermique est fournie [77]. Nous comparons leur caract-
Chap. 4. Approche exprimentale du comportement thermique et hygromtrique 157
thermique exprimentale par la relation a = C
p
(b)Calcule partir des bornes de Voigt et Reuss de la conductivit thermique dduite de la diffusivit
thermique exprimentale et Cp des fibres empreinte de celle des fibres du bois de chne
On peut observer que les fibres shydratent plus rapidement que le pltre. En cons-
quence, le matriau pltre renforc de fibres devient plus hydrophile que lorsquil nest
158 Chapitre 4
pas renforc. Les courbes indiquent que les vitesses dabsorption de ces matriaux sont
plus ou moins rapides en dbut de leur prsence dans lenceinte humidit contrle.
Un lissage des points exprimentaux donne lieu des isothermes de sorption (Figure
4.25) exprimant la teneur sature en eau des constituants et du matriau pltre/fibres sous
des hygromtries diffrentes. Ces graphiques permettent de connatre la quantit deau
liquide reprise par le matriau par rapport son tat anhydre ainsi que le mcanisme de
fixation des molcules deau la surface. On remarque que les isothermes de sorption des
Chap. 4. Approche exprimentale du comportement thermique et hygromtrique 159
deux fibres ont la mme allure cest dire que les mcanismes de fixation de molcules
deau en leur surface sont similaires. Les matriaux en pltre renforc de sisal ou de
RC prsentent consquemment les mmes comportements en prsence de lhumidit. Ces
isothermes suivent lallure du type II caractristique de milieux macroporeux. Ladsorption
est multimolculaire.
CONCLUSION
Les rsultats exprimentaux de transfert thermique et dabsorption dhumidit ont t
prsents dans ce chapitre. Les expriences faites sur les constituants et les composites
pltre/fibres rvlent que le renforcement du pltre par des fibres vgtales est un facteur
retardateur de la vitesse de transfert thermique dune face lautre dune paroi. Des deux
types de fibres tudies pour ce renforcement, celles de RC favorisent mieux cette carac-
tristique. Elles rvlent aussi que le pltre renforc de fibres vgtales absorbe lhumidit
plus que lorsquil est non renforc, les fibres utilises tant plus hydrophiles que le pltre.
Leur temps de saturation est en consquence rallong. Ces rsultats nous permettent de
conclure que le renforcement du pltre par des fibres vgtales, notamment le sisal et le
RC, accroit le ralentissement du transfert thermique dans le nouveau matriau. Ce qui
nous conforte dans lide dallger la densit du pltre pour augmenter sa capacit diso-
lation thermique tout en le renforant par des fibres vgtales pour amliorer sa tenue
mcanique. Les caractristiques thermiques et hygromtriques ne sont pas affaiblies par
ladjonction des fibres de sisal, encore moins celles de RC. On note aussi que les fibres uti-
lises peuvent absorber et rejeter leau. Cette caractristique est importante pour dautres
applications, le cas des procds de fabrication par voie humide par exemple.
160 Chapitre 4
La conduite des essais dabsorption dhumidit, pour recueillir toutes les informations
ncessaires avec une grande prcision, demande la confection des prouvettes dune gom-
trie rigoureuse, ce que la dcoupe des prouvettes de pltre ne permet pas. Elle demande
aussi un nombre grand dessais. Les informations livres par nos travaux donnent dj une
ide exploitable : on sait dsormais que les fibres sont plus hydrophiles que le composite
pltre/fibres qui, son tour lest plus que le pltre.
Chapitre 5
Approche multichelle du
comportement du pltre renforc
Sommaire
5.1 Le pltre renforc : un matriau microstructure hirarchique162
5.1.1 Observations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
5.1.2 Description multichelle de la microstructure du pltre renforc 164
5.2 La modlisation multichelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164
5.2.1 Rappel du principe de la mthode . . . . . . . . . . . . . . . . 164
5.2.2 Approche adopte dans le cadre de ce travail . . . . . . . . . . 165
5.2.3 Rappels sur les mthodes dhomognisation . . . . . . . . . . . 165
5.2.4 Modles analytiques ou semi-analytiques . . . . . . . . . . . . . 168
5.3 Application au pltre renforc de fibres unidirectionnelles . . 172
5.3.1 Comportement thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
5.3.2 Comportement mcanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
5.4 Comparaison aux rsultats exprimentaux . . . . . . . . . . . 175
5.4.1 Comportement thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
5.4.2 Comportement mcanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
5.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
162 Approche multichelle du comportement
Introduction
Dans les chapitres prcdents, nous avons caractris exprimentalement les compor-
tements mcanique et thermique du pltre renforc ou non de fibres vgtales. Dans ce
chapitre, nous proposons une mthode destimation des proprits thermiques et mca-
niques des composites pltre/fibres vgtales. Il sagit dune dmarche surtout pdago-
gique montrant la mthodologie destimation de ces proprits. Nous nous limiterons au
cas du pltre renforc de fibres longues unidirectionnelles. Dans un premier paragraphe,
la nature hirarchique de la microstructure du pltre renforc de fibres longues unidirec-
tionnelles sera mise en vidence. Puis, nous ferons une prsentation succincte du principe
de lanalyse multichelle et de quelques mthodes analytiques destimation des proprits.
Dans la suite du chapitre, la mthode sera mise en uvre pour les matriaux tudis dans
le cadre de cette thse. Enfin, les rsultats issues de lestimation seront compars aux
rsultats exprimentaux.
5.1.1 Observations
(a) Image MEB dun chantillon de (b) Image MEB dun chantillon de pltre pris
pltre pris sans bulles. avec bulles.
Le diamtre des cristaux de gypse est de lordre de 2 micronmtres tandis que celui
des faisceaux de fibres vgtales utilises est de lordre du milimtre, ce qui assure la
sparabilit des chelles et une modlisation multichelle est donc applicable.
Dans le cas de milieux priodiques, le VER est une priode de la microstructure. Pour
les milieux alatoires, le VER est plus complexe et sa taille doit tre dtermine avec
166 Approche multichelle du comportement
prcaution. La rgle gnrale est que la taille du VER soit grande devant lchelle des
htrognits tout en restant petite par rapport lchelle macroscopique. De rcents
travaux [60] utilisent lanalyse morphologique pour estimer la taille du VER qui dpend
galement de la proprit estimer.
Trois types de conditions aux limites peuvent tre appliqus aux bords du VER : les
conditions de Dirichlet, les conditions de Neuman et les conditions priodiques. Dans le
cas dun problme de mcanique, ce sont des conditions de dformation homogne, de
contrainte homogne et priodiques.
Les conditions aux limites appliques aux bords du volume lmentaire ont une grande
influence sur les proprits homognises. Il a t montr par de nombreux auteurs que les
conditions aux limites priodiques permettent dobtenir un comportement homognis
avec des volumes lmentaires de petites tailles.
Z
1
ij = ij dV
|V | V
Z
1
Eij = ij dV
|V | V
Ces relations dhomognisation sont dites "micro-macro" car elles permettent le pas-
sage des grandeurs locales vers les grandeurs homognises. ces relations, sajoute le
lemme de Hill-Mandel, galement utilis pour le calcul des proprits homognises.
Z
1
: E = ij .Eij = ij .ij dV
|V | V
Si le comportement du matriau tudi est linaire, il est possible de dfinir des tenseurs
dits de localisation des dformations Aijkl (x) et de concentration des contraintes Bijkl (x)
fonctions de la position x des points matriels du milieu htrogne, pour le passage des
Chap. 5. Approche multichelle du comportement 167
Z Z Z
1 1 hom 1
Eij = sijmn .Bmnkl .kl dV = sijmn .Bmnkl dV.kl = Sijkl = sijmn .Bmnkl dV
|V | V |V | V |V | V
hom
Le lemme de Hill-Mandel permet galement dobtenir une expression formelle de Cijkl
hom
et Sijkl .
Les proprits cijmn (ou sijmn ) des constituants tant connues, on voit bien que toute
la difficult des mthodes dhomognisation rside dans la dtermination la plus prcise
possible des tenseurs de localisation des dformations ou de concentration des contraintes.
On distingue deux approches pour la dtermination des tenseurs de localisation des d-
formations ou de concentration des contraintes en vue du calcul des proprits homog-
nises : les approches analytiques et les approches numriques. Dans les approches ana-
lytiques, lintroduction dhypothses simplificatrices plus ou moins fortes sur les champs
locaux de contraintes et de dformations permet dobtenir un encadrement plus ou moins
serr des proprits homognises. A titre dexemple, les bornes de Voigt et Reuss sont
obtenues en supposant que les champs locaux sont homognes et gaux aux champs ma-
croscopiques imposs, soit Aijkl = Bijkl = Iijkl . Lencadrement qui en rsulte nest pas
trs prcis. Plus lon apporte de linformation dans les champs locaux, plus les bornes se
resserrent. Dautres approches analytiques permettent dobtenir, non pas des bornes mais
des estimations. Cest le cas par exemple dans les problmes de type inclusions-matrice o
lon suppose que la matrice a le comportement du milieu homognis ou dans le cas o des
conditions aux limites priodiques sont appliques aux bords du VER. Les approches ana-
lytiques sont utilises dans le cas de pavages rguliers avec des comportements linaires.
Pour des microstructures alatoires et des comportements non-linaires, on utilise plutt
des approches numriques et plus particulirement la mthode des lments finis pour
valuer les champs locaux.
Les bornes de Voigt et Reuss correspondent aux lois de mlange des conductivits
thermiques ou des rsistivits. Dans le cas des matriaux poreux comme le pltre dont le
taux de porosit est not , les expressions des bornes sont les suivantes :
hom = p + (1 )s (5.1)
Chap. 5. Approche multichelle du comportement 169
1 1
= + (5.2)
hom p s
avec p , la conductivit thermique des pores et s , celle des cristaux de gypse.
En supposant que les pores sont sphriques et que le champ de temprature est uniforme,
Hashin et Shtrikman ont obtenu des bornes plus resserres que celles de Voigt et Reuss.
La gomtrie des pores dans le pltre ne correspond pas du tout cette hypothse.
La dtermination par approche thorique des modules dlasticit dun matriau com-
posite renforts unidirectionnels peut tre aborde suivant trois types de mthodes : la
recherche dexpressions limites en utilisant les thormes variationnels de lnergie, la
recherche de solutions exactes et les approches semi-empiriques.
Les thormes variationnels de lnergie permettent de dterminer les bornes sur les
modules dlasticit : le thorme de lnergie potentielle totale est utilise dans une ap-
proche en dplacements pour dterminer les bornes suprieures ; les bornes infrieures
quant elles sont trouves par une approche en contraintes en utilisant la thorie de
lnergie potentielle complmentaire [64]. Z. Hashin et R. Hill ont ainsi trouv des bornes
sur les modules dlasticit [78, 79], elles sont donnes par les expressions suivantes :
Vf 1 Vf
Km + 1 1Vf
KL Kf + 1 Vf
(5.3)
Kf Km
+ Km +Gm Km Kf
+ Kf +Gf
Vf 1 Vf
Gm + 1
GT T Gf + Kf 2Gf
(5.4)
Gf Gm
+ (1 Vf ) 2GKm +2Gm
m (Km +Gm )
1
Gm Gf
+ Vf 2G
f (Kf +Gf )
Vf 1 Vf
Gm + 1 1Vf
GLT Gf + 1 Vf
(5.5)
Gf Gm
+ 2Gm Gm +Gf
+ 2Gf
Vf (1 Vf ) EL Vf Ef (1 Vf ) Em Vf (1 Vf )
Vf 1Vf 1
2 1Vf Vf 1
(5.6)
Km
+ Kf
+ Gm
4 (f m ) K
+ Km G
f f
Vf (1 Vf ) LT Vf f (1 Vf ) m V (1 Vf )
Vf 1Vf
1Vf Vf 1
(5.7)
1 f
Km
+ Kf
+ Gm (f m ) K1m K1f Kf
+ Km Gf
4 (f m )2
EL = Ef Vf + Em (1 vf ) + Vf 1 Vf
(5.8)
Km
+ Kf
+ G1m
1
(f m ) Km
K1f Vf (1 Vf )
LT = f Vf + m (1 Vf ) + Vf 1 Vf 1
(5.9)
Km
+ Kf
+ Gm
Des applications numriques sur ces expressions conduisent souvent les confondre avec
Chap. 5. Approche multichelle du comportement 171
LT = f Vf + m (1 Vf ) (5.11)
Dautres modules dlasticit, notamment les bornes infrieures des modules de ci-
saillement longitudinal GLT et de compression latrale KL , peuvent ainsi tre calculs
respectivement par les expressions (5.12) et (5.13).
Gf (1 + Vf ) + Gm (1 Vf )
GLT = Gm (5.12)
(1 Vf ) + Gm (1 + Vf )
Vf
KL = Km + 1 1 Vf
(5.13)
kf km +(Gf Gm /3)
+ km +(4/3)Gm
Le module dYoung transversal ET quant lui est dfini par lexpression (5.15).
2
ET = 2
(5.15)
1 1
2KL
+ 2GT T
+ 2 ELTL
Les modules des constituants permettant de calculer les valeurs de ces expressions
Ef Ef
sont donnes par les formules suivantes : pour la fibre, Gf = 2 1+ , kf = 3 12 ,
( f) ( f)
G Em Em
Kf = kf + 3f ; pour la matrice, Gm = 2(1+m)
, km = 3(12m)
, Km = km + G3m .
La caractristique thermique fournie par lessai utilis est la diffusivit thermique. Il est
donc important de dduire la valeur de cette proprit pour des besoins de comparaison
avec les valeurs trouves exprimentalement. Les valeurs de diffusivit thermique sont
hom
dduites par la relation ahom = P ltre CpP ltre
et consignes dans le tableau 5.2. Elles sont
calcules partir des donnes de la masse volumique du pltre P ltre = 880 kg/m3 obtenue
au chapitre 2 et de la chaleur spcifique du pltre CpP ltre = 1000 J/kgK tire de la
littrature [4].
Les valeurs des caractristiques ainsi obtenues sont propres au pltre pris cest dire
hom = P ltre et ahom = aP ltre .
Chap. 5. Approche multichelle du comportement 173
hom
comp = f vf + (1 vf )
hom
(5.16)
1 vf (1 vf )
= + (5.17)
hom
comp f hom
En labsence dinformations sur les caractristiques thermiques des fibres en tude,
nous allons faire usage de celles du bois de chne [83, 84, 73] de masse volumique f =
770kgm3 lorsque les fibres sont perpendiculaires au flux de chaleur, de conductivit
thermique f = 0,2W m1 K 1 et de chaleur massique Cp = 2,38kJkg 1 K 1 . Le tableau
5.3 rcapitule les donnes et les valeurs limites de la conductivit thermique des spcimens
de composites tests.
hom
comp hom
comp
infrieure suprieure
Pltre/RC FT 4,66E-02 1,67E-01
Pltre/RC F1D 4,66E-02 1,67E-01
Les quations (5.10) et (5.11) permettent de calculer les limites infrieures des modules
dlasticit et du coefficient de Poisson dun matriau htrogne deux constituants. A
lchelle msoscopique, le pltre est constitu de la porosit et des cristaux de gypse. A
cette chelle ces quations scrivent selon les relations (5.19), (5.20) et dterminent les
caractristiques du pltre pris.
E hom = Ep + (1 ) Es (5.19)
hom = p + (1 ) s (5.20)
de solutions exactes dans le cas darrangement particulier des fibres. Le modle gom-
trique de la cellule lmentaire est reprsent dans la figure 5.5. Les valeurs obtenues sont
consignes dans le tableau 5.7.
Les moyens exprimentaux utiliss ont permis dvaluer le module dlasticit longi-
tudinal. Ces valeurs sont consignes dans le tableau 5.8.
5.5 Conclusion
Ce dernier chapitre de notre travail sest consacr aux calculs thoriques de prdiction
des caractristiques thermiques et mcaniques des composites pltre/fibres unidirection-
nelles.
Chap. 5. Approche multichelle du comportement 177
bois de chne. Les caractristiques mcaniques quant elles ont t suprieures celles
mesures exprimentalement. La faible adhsion linterface fibre/matrice et la grande
variabilit des caractristiques mcaniques des fibres seraient les principaux facteurs.
Il est important de noter une assez grande difficult, et mention est faite par bien
dautres auteurs, prdire avec prcision le comportement dun composite lorsquil est
renforc de fibres vgtales. La slection des fibres aux caractristiques homognes est
encore problmatique. La variation morphologique, luniformit des proprits tout au
long de la fibre et dune fibre lautre tant difficilement contrlable. Un grand champ
dinvestigation est encore disponible dans cette direction.
La modlisation du comportement thermique du composite rencontre des difficults
par une quasi absence dinformations sur les caractristiques thermiques des fibres ou
plutt des techniques de mesure accessibles. Cest un autre axe de recherches encore
explorer.
La conduite des essais dabsorption dhumidit prsente une exigence dans lidentit de
la gomtrie des prouvettes. Les informations livres par nos travaux donnent dj une
ide exploitable : il est clair que le sisal est plus hydrophile que le RC qui, son tour lest
plus que le pltre. Un travail plus approfondi est ncessaire dans la suite des recherches sur
ces matriaux. Le milieu naturel aqueux de la fibre RC conduirait galement examiner
son comportement vis vis de la moisissure.
La mise en uvre dun matriau pltre renforc de fibres longues demeure une difficult
surmonter quant larrangement des fibres dans la matrice. Comme toutes les fibres
vgtales en gnral, un vaste champ dtudes sur la fibre de rhecktophyllum camerunense
est encore disponible. A linstar de son utilisation dans le secteur du btiment, des investi-
gations sont envisageables avec diverses rsines polymriques pour la fabrication de pices
absorption dnergie dans le gnie mcanique. La fibre de RC est tubulaire et poreuse.
Cette physiologie est un des facteurs de sa faible raideur. Une tude pourrait permettre
didentifier un traitement de la fibre conduisant rduire son effet Poisson pendant la
traction.
Il est certain quil existe une fraction volumique des fibres minimale qui garantisse
une amlioration sensible des proprits mcaniques du pltre. La dtection de ce seuil
ncessite un suivi minutieux par des essais. Des tudes allant dans ce sens sont mener.
182 Bibliographie
Bibliographie 183
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