Dossier: Afro Optimisme Ou Afro Pessimisme ?

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conomies

africaines : faut-il
tre afro-optimiste ou afro-
pessimiste ?



Cours : conomies africaines
Professeur : Monsieur HAPPEL
tudiant : BENNIS El Ghali
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Sommaire :

Introduction......................................................................................... 3

I LAfrique, un continent au potentiel inexploit... ......................... 4

A Le potentiel conomique africain........................................ 4

B Les ressources naturelles en Afrique................................... 6

II ... Confront des difficults qui lempchent davancer............ 8

A Les freins sociaux et gouvernementaux............................... 8

B Comment faire face ces dfis ?....................................... 10

Conclusion......................................................................................... 14

Bibliographie...................................................................................... 15











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Introduction :

Le milieu du XXme sicle et la dcolonisation en Afrique marquent un tournant majeur pour ce
continent qui voit sa population passer de 220 millions dhabitants en 1950 1 milliard dhabitants en
2010. LAfrique devient ds lors un march intressant pour les investisseurs trangers mais aussi pour
les investisseurs locaux. Mis part la consommation, il y a galement une main duvre abondante et
relativement qualifie qui dcoule de cette explosion de la population. Ainsi il est clair que le continent
africain est devenu un concurrent majeur et non ngligeable sur lchiquier international.

Au lendemain de la confrence de Bandung ds le dbut des annes 1960, avec lindpendance de la
majorit des pays africains, la notion dafro-optimisme apparat avec un espoir de dveloppement
conomique et de dmocratisation. Or les dictatures politiques et les conomies de rente semparent
du pouvoir et empchent de concrtiser tous ces espoirs jusquaux annes 1980 ce qui marque un
retour de lafro-pessimisme et donc dune priode assez sombre pour lAfrique.

Cest au dbut des annes 2000 que lafro-optimisme fait son retour avec une Afrique qui se dtache
enfin de son ancien colonisateur europen pour prendre son envol et construire sa propre conomie
et son propre dveloppement. En effet, les pays africains commencent comprendre quils doivent se
forger leur propre avenir, chose qui nest pas forcment lobjectif du pays colonisateur.

Il devient donc trs intressant dtudier et de se pencher sur le contexte conomique, social, politique
et international du continent africain en vue de confirmer ou pas si ce mouvement dafro-optimisme
sest confirm au fil du temps. Il serait alors judicieux de voir pourquoi la situation nous rappelle
rapidement quil faut dabord se pencher sur des problmes structurels auxquels est confront le
continent africain pour esprer avoir un dveloppement conomique, social et politique durable. Ainsi,
nous analyserons tout au long de ce dossier le potentiel africain et les lments conjoncturels mais
aussi structurels qui freinent lexploitation de ce potentiel depuis plusieurs annes.



















I LAfrique, un continent au potentiel inexploit... :



A Le potentiel conomique en Afrique :

Le continent africain compte aujourdhui 1,2 milliards dhabitants (15% de la population mondiale) et
un PIB de 2200 milliards de dollars en 2010. Le montant nest pas trs impressionnant mais cest sa
croissance qui lest avec 5% de croissance annuelle entre 2010 et 2014. On constate ds lors un
dveloppement des classes moyennes qui passe de 115 millions de personnes en 1980 326 millions
de personnes en 2010, et une forte mergence des marchs intrieurs qui sexplique par le dynamisme
de la population, en effet 40% de la population est urbaine en Afrique et 20 villes comptent plus de 3
millions dhabitants. Tous ces chiffres nous montrent que lAfrique connat depuis le dbut des annes
2000 un miracle dailleurs le continent na pas vraiment t touch par la crise de 2008, en effet la
croissance africaine est suprieure la croissance mondiale depuis 2008.

Dun point de vue conomique, on retrouve 3 grandes catgories dconomies en Afrique :

Les conomies rentires sont essentiellement des pays ptroliers ou miniers, ces pays connaissent
videmment beaucoup de croissance grce la vente de leurs ressources naturelles mais peinent
maintenir un niveau de croissance stable cause de linstabilit des prix des matires premires. Cette
instabilit conomique sexplique galement par le manque de diversification au sein mme de ses
pays, et on constate que les recettes gnres par le secteur ptrolier sont tellement importantes que
les autres secteurs sont dlaisss et ne peuvent crotre. Ainsi la demande interne souffre et le systme
conomique interne ne subsiste que grce aux subventions de lEtat. Ce mcanisme est trs important
puisquil montre clairement quavoir cette aubaine nest pas toujours positif. Le pige est que grce
aux subventions tout fonctionne correctement, plus ou moins, or il faut rappeler que le prix des
matires premires est un prix de march ce qui implique quil fluctue. On se retrouve alors dans la
situation o toute lconomie dun pays repose sur les fluctuations dun prix de march. Par exemple,
89% du PIB angolais est issu des revenus ptroliers en 2005. Heureusement, ce que lon voit ces
dernires annes est que les pays rentiers ont appris de leurs erreurs du pass et songent diversifier
leurs activits mais ils songent surtout se dvelopper grce largent gnr par la rente.

Les conomies diversifies, revenu intermdiaire suprieur, ce sont des pays qui connaissent une
relative stabilit politique et une mergence du secteur manufacturier et financier. Ils sont par-dessus
cela intgrs au commerce international. On a comme exemple lAfrique du Sud, qui est la premire
puissance du continent (fait partie du G-20) et qui est un modle de dveloppement pour le continent
africain puisque cest un pays qui dispose de nombreuses ressources naturelles mais qui a su
dvelopper et investir dans ses infrastructures. Cest dailleurs un des 5 pays des fameux BRICS qui se
positionnent comme les 5 plus grands pays mergents au monde. Nous avons galement lexemple de
lle Maurice qui est un nouveau pays mergent et qui est lconomie subsaharienne la plus
comptitive selon le Forum conomique mondial (World Economic Forum) en 2016. Lle Maurice est
dsormais le nouvel exemple de diversification suivre, puisque ce pays ouvre la voie et donne
lexemple suivre de nombreux pays dans la mme situation (peu ou pas de ressources ptrolires
ou minires, position gographique peu favorable, etc.) en Afrique. Ainsi, nous avons ci-dessous la
rpartition des dpenses de PIB en pourcentage dans les secteurs majeurs en le Maurice :


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Part des dpenses publiques en pourcentage du PIB en le Maurice



Dans cette catgorie on retrouve galement des pays comme lAngola (pays ptrolier) qui a su se
diriger vers une diversification de son conomie mais aussi le Maroc qui ne possde que du phosphate
(85% des rserves mondiales) et qui sappuie sur le tourisme, lagriculture et plus rcemment la finance
avec lexplosion de la place boursire de Casablanca qui fait partie des meilleures places boursires
africaines.

La 3e catgorie compte la majorit des pays africains puisque nous avons des situations extrmement
diffrentes avec par exemple lthiopie qui lun des pays les plus pauvres au monde mais qui ralise
en moyenne 10% de croissance annuelle depuis 10 ans et qui compte plus de 100 millions dhabitants.
Ce pays dispose dune population jeune, et dune main duvre jusqu 10 fois moins chre quen
Chine, dailleurs plusieurs grands groupes sy sont dj installs (par exemple H&M). Ce pays est
qualifi de terre vierge puisque lcart entre offre et demande nest pas ngligeable, il y a tout
faire en thiopie, de quoi tre optimiste... Dans cette mme catgorie on trouve galement des pays
comme la Cte dIvoire (pays dont lconomie repose principalement sur la production de cacao et
ventuellement sur les ressources ptrolires quelle possde). Les situations des pays africains sont
trs htrognes mais chacune possde des freins majeurs son expansion.

On voit donc bien les normes disparits entre les pays et leur situation (gographique et
conomique), qui fait la diversit conomique du continent africain.

Toujours du point de vue conomique, il est important daborder linnovation en Afrique, en effet cest
ce qui indique quun pays ou quune certaine zone gographique est active et surtout attractive du
point de vue des investissements directs ltranger. Le prsident guinen Alpha Cond (Prsident de
lUnion Africaine galement) disait que lAfrique avait besoin dtre plus innovante, plus productive
et plus comptitive pour russir lmergence de son conomie. On trouve en Afrique des technopoles
dans les premires puissances conomiques africaines telles que lAfrique du Sud (Silverton), lAlgrie

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(Alger), lgypte (Le Caire), le Maroc (Casablanca, Rabat, Oujda, Fs, Tanger et Agadir), le Nigria (Uyo)
et la Tunisie (Tunis, Sfax, Sousse, Monastir, Bizerte) mais aussi dans des pays de second rang tels que
la Namibie (Windhoek) ou le Sngal (Dakar). On voit donc que le Maroc et la Tunisie ont beaucoup
investi dans les technopoles et cela est en accord avec la situation gographique de ces pays qui nont
pas de ressources naturelles majeures (ptrole, gaz) mais qui se positionnent comme des leaders
indiscutables au niveau continental.

B Les ressources naturelles en Afrique :

Les ressources naturelles ont toujours t abondantes en Afrique (ptrole, gaz, minerais, diamant,
uranium, etc.) ce qui fait de ce continent une terre attractive et cest ce qui explique en partie
lacharnement des puissances coloniales au 19e sicle sur lAfrique.

Principaux exportateurs de matires premires en Afrique




Le ptrole :
Dans les annes 1980, la production ptrolire africaine provenait pour la plus grande partie dentre
elle du nord du continent et plus prcisment de trois pays : LEgypte, lAlgrie et la Lybie. En effet,
cette rgion du continent reprsentait plus des deux tiers de la production continentale totale.
lheure actuelle, il ya quilibre entre les pays dAfrique du Nord et dAfrique subsaharienne en matire
de ressources ptrolires. En effet, LAfrique subsaharienne fournit 7,1% de la production mondiale de
ptrole et cela sexplique notamment par lexploitation croissante de ces ressources dans les pays du
golfe de Guine (surnomm dailleurs par certains spcialistes lautre golfe en rfrence lArabie
saoudite) avec notamment le Nigeria et lAngola. Les rserves de ptrole dans cette rgion sestiment
55 milliards de barils, ce qui reprsente 4,8 % des rserves mondiales. De plus, de nouvelles
dcouvertes ont eu lieu ces dernires annes au Ghana et en Cte dIvoire, ce qui dailleurs a t
lorigine dun conflit entre les deux pays qui se disputent un territoire litigieux qui pourrait dtenir
environ deux milliards de barils de ptrole. On observe dans ces pays autrefois rentiers pour la majeure

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partie de leur PIB une modernisation du systme judiciaire et lgislatif, une amlioration de lefficacit
des institutions et administrations publiques. La cause de cette prise de conscience est bien sur la
baisse de la rente (qui oblige bien organiser les revenus), laugmentation des couts dentretien, le
surendettement, la pression des ONG et institutions financires. Cela laisse entrevoir un lan de
progrs conomique mais surtout social au vu des investissements structurels massifs.

Le gaz naturel :
La production de gaz naturel dbute en Afrique ds le dbut des annes 1970 et ne cesse de
progresser, elle a en effet t multiplie par 3 entre 1988 et 2008. En 2008, 56% de la production est
exporte vers dautres continents, ce qui constitue une force majeure pour les pays concerns ;
condition de rinjecter cette rente dans lconomie nationale et rgionale. Le principal pays
producteur de cette ressource naturelle est lAlgrie et elle exporte 70% de sa production travers
certains gazoducs souterrains vers lEurope (Espagne et Italie). Lgypte est depuis 1985 le second plus
gros producteur de gaz naturel africain. Le Nigria arrive en troisime position et exporte son gaz
travers un gazoduc de 680km, le West Africa Gas Pipeline, il est important de noter que le Nigria vient
de signer avec le Maroc un accord visant prolonger ce gazoduc jusquen Espagne mais en passant par
toute la cte Ouest du continent africain, ce qui profitera tous les pays sur le chemin de ce gazoduc
et par consquent contribuera stimuler lconomie rgionale. Il est important de rappeler que la
majorit des pays producteurs de gaz naturel sont galement ptroliers, on retiendra donc les mmes
consquences vues prcdemment.

On retient de ces deux courtes analyses que la rente lie aux ressources concerne beaucoup de pays
mais que cela les a dans un premier temps conduits se reposer sur leurs lauriers, seulement la baisse
des prix de ses ressources et linstabilit des prix sur le march international les a conduits une prise
de conscience sans prcdent en Afrique et cest ce qui explique la croissance conomique du
continent et les avances sociales ralises dans un bon nombre de pays africains. Peut-on ds lors
parler de stimulation rgionale ? dun effet dmulation au sein mme du continent africain ?

La coopration ptrolire existe depuis longtemps, notamment avec le dtournement illicite du
ptrole nigrian. Aujourdhui cest diffrent, la coopration est beaucoup plus axe sur le partage et
sur le transfert de savoir-faire. Dailleurs cest de cette manire que certains pays comme le Cap Vert,
le Sngal, la Gambie et le Burkina Faso bnficient du ptrole des pays voisins. La zone accordant le
plus dimportance cette coopration est incontestablement lAfrique de lOuest avec le Nigria
comme leader incontestable. On a par exemple le West African Gas Pipeline (WAGP) qui est un des
projets rgionaux initi par le Nigria qui devra acheminer du gaz issu de lexploitation ptrolire du
Sud du Nigria vers le Bnin, le Togo et le Ghana. La question est de savoir si cette coopration est
rellement profitable aux tats concerns et si lon assiste un rel effet dmulation au sein du
continent africain. Notons dabord quil existe un grand nombre de communauts rgionales en
Afrique, en partie hrites de lpoque coloniale par exemple pour les pays utilisant toujours le Franc
CFA. On peut citer la CEDEAO (Communaut conomique des Etats dAfrique de lOuest) ou la CEEAC
(Communaut conomique des Etats dAfrique centrale). Il rsulte des donnes dont nous disposons
que la coopration rgionale est bel et bien prsente (il faut rappeler quil y a 8 grandes organisations
rgionales en Afrique) mais quelle a besoin de plus de mouvement. Il faut bien sur voir dans ces prises
dinitiatives la volont de fdrer et de se dvelopper ensemble mais les problmes structurels
africains sont, comme pour de nombreux projets, un frein majeur ce dveloppement.

Tous ces lments nous montrent que depuis le dbut des annes 2000, lAfrique connat un vritable
miracle conomique, il est donc important de noter que lAfrique est un vivier de croissance o il y
a normment de choses faire. Il faut galement rappeler que cest le seul continent au monde o il
y a toujours une vraie marge de croissance comme nous lavons vu avec le cas de lthiopie considre
par ses hommes daffaires comme une terre vierge . Nous navons videmment pas tout trait
durant cette partie mme sil ne faut pas ngliger lexplosion du monde numrique en Afrique,

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lascension fulgurante du secteur bancaire qui sappuie essentiellement sur une coopration Sud-Sud
avec la prsence des banques togolaises dans plus des deux tiers des pays africains.

La consquence vidente de toutes ces informations est que les investisseurs ont tendance avoir
confiance en lconomie africaine, cela consolide la thse afro-optimiste qui ne cesse de saffirmer au
fil du temps.

II - ... Confront des difficults qui lempchent daller


de lavant :

A Les freins sociaux et gouvernementaux :

La vague dindpendance du continent africain qui survient au dbut des annes 1960 est pleine
despoir pour les populations locales mais les dictateurs corrompus au service des puissances
occidentales semparent du pouvoir et servent dautres intrts que lintrt gnral. Cela a eu pour
consquence de crer des carences structurelles de dveloppement au sein de nombreux pays
africains. Les pays les plus touchs par ces problmes sont bien sur les pays rentiers et dtenteurs
dimportantes quantits de ressources naturelles.

Linstallation de lesprit de rentier nencourage pas du tout linnovation et la diversification. Ainsi,
les Etats se reposent sur leur rente et ne cherchent pas rinjecter les revenus gnrs dans dautres
secteurs plus porteurs. La face cache de cela est laspect ingal de la rpartition des richesses, cette
rente est bien sur rpartie trs ingalement au sein de la socit. Cela encourage la corruption, le
laxisme et les privilges pour une trs petite tranche de la socit. Cela induit donc un
dysfonctionnement des institutions publiques et donc un systme tatique trs peu performant. On
voit donc quon est face un cercle vicieux qui senracine dans les mentalits des dirigeants et des
populations, dailleurs on constate que la production agricole qui constituait la majorit des
exportations au Nigria (65%), au Congo (50%) et au Soudan (90%) est tombe quasiment rien pour
le Nigria et le Congo, et moins de 5% pour le Soudan. La diversification est donc inexistante dans ses
pays et dautres que lon ne citera pas, cest lesprit de rentier qui lemporte, malgr les risques
possibles.

Toujours conomiquement parlant, il faut bien souligner que la rente encourage fortement la dette
puisque les pays exportateurs de ptrole sont considrs comme faible risque , ils sont donc
solvables et sendettent sans aucun problme. Or il ne faut pas oublier la volatilit des prix du ptrole
qui peuvent tout moment compromettre les prvisions de remboursement de ses pays.

Si lon regarde de plus prs lEtat et son rle, on voit que la plupart du temps ce dernier prfre
redistribuer la rente en crant des emplois plutt improductifs et mettre lcart la production et la
diversification comme cite plus tt.

Aprs un large focus sur les pays rentiers et lexplication de leur retard de dveloppement quasiment
tous les niveaux, focalisons-nous sur laspect social en gnral qui reste toujours un trs gros frein la
croissance et donc linvestissement. En effet, la Banque Mondiale nous informe que prs de 388
millions de personnes vivaient en 2012 sous le seuil de pauvret en Afrique subsaharienne, soit 43%
de la population de cette zone, rappelons que le seuil de pauvret est atteint lorsquon vit avec moins
de 1,9USD par jour. Ce qui est alarmant est quen 1990, on avait 100 millions dafricains de moins
atteints dextrme pauvret, on ne peut que faire le bilan dun creusement des ingalits en Afrique
qui rsulte de la faiblesse et la mdiocrit des infrastructures (sant, scurit sociale, ducation, etc.).

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Population sous le seuil de pauvret en pourcentage de la population totale :



Cette carte nous montre amplement la crise sociale laquelle est confront le continent africain, en
effet la majorit des pays africains ont plus de 30% de leur population qui vit sous le seuil de pauvret.
Lautre constat que lon peut faire nous renvoie lanalyse prcdente concernant les pays riches en
ressources naturelles puisque lon remarque que ce sont les habitants de ces pays qui sont les plus
pnaliss au niveau du dveloppement humain : ils vivent en moyenne dix ans de moins et souffrent
de problmes de scolarisation (illettrisme) - nous traiterons ces deux aspects plus tard dans lanalyse.

Du point de vue du march du travail, on trouve des disparits en fonction des rgions, en Afrique
australe on a des emplois de services faiblement qualifis, le secteur est sensible aux fluctuations du
march cest--dire que le march du travail nest pas du tout stable dans cette rgion, il sapparente
un march de matires premires. En Afrique du Nord on a un chmage de travailleurs qualifis avec
un secteur informel moins important quen Afrique de lOuest, centrale et de lEst o lon a un taux de
chmage officiel peu lev mais des jeunes fortement prsents dans le secteur informel. On a encore
une fois ici une consquence de la faiblesse des infrastructures scolaires et sociales, le march du
travail est trs complexe en Afrique dautant plus que la croissance des annes 2000 na pas fait baisser
le chmage mais au contraire a entrain une prcarisation des conditions de travail. Cela sexplique
par le fait que la demande de main duvre naugmente pas au mme rythme que la population en
ge de travailler (plus doffre de travail que de demande de travail).

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La question que lon pourrait se poser est de savoir pourquoi les secteurs sources de croissance en
Afrique ne gnrent pas suffisamment demplois. Un des lments de rponse cette question nous
renvoie ce que nous avons vu plusieurs fois durant cette tude, le fait que la majorit des pays
africains ont un PIB essentiellement constitu dexportations de matires premires ltat brut, ce
qui ne ncessite pas normment de main duvre. La solution serait donc de moderniser
lexploitation de ses ressources naturelles afin de crer des emplois forte valeur ajoute.

Compte tenu de limportance de lconomie informelle en Afrique, serait-il possible de rsoudre le
chmage travers cette conomie ? Il est ncessaire, pour les pays frapps par ce phnomne, de
mettre en uvre des politiques qui ont pour objectif doptimiser les rendements de ce secteur en le
stimulant et en favorisant son passage un secteur priv productif et efficace. Il est certain que les
membres de cette conomie ne sont pas tous qualifis pour intgrer le march de lemploi mais si
ltat prend des mesures permettant de rorienter cette conomie en offrant des formations aux
individus et en accompagnant les gens vers une officialisation de leur activit, beaucoup dlments
changeront, notamment la vision quauront ces populations de lillicite qui est trs banale aujourdhui
en Afrique. Ainsi, ltat a tout gagner en agissant de la sorte, il gagne la confiance du citoyen mais
aussi une socit civile duque et consciente des enjeux dun travail non couvert et instable. Il sagit
ds lors dinvestir dans lducation, la sant et les infrastructures publiques de sorte avoir une
nouvelle gnration de travailleurs qualifis, informs et duqus, ces transformations structurelles
sont le seul moyen pour ces pays africains de sortir de ce cercle vicieux qui les tirent vers le bas depuis
des dcennies.

B Comment faire face ces dfis ?

Aprs avoir diagnostiqu les freins majeurs au dveloppement du continent africain, il faudrait
mettre des solutions et surtout entreprendre des rsolutions. Les sminaires, ateliers et confrences
sont innombrables au sujet de lAfrique et des solutions entreprendre pour ce continent mais leur
application reste quasi inexistante. Le premier point aborder est sans surprise la ncessaire transition
dmocratique en Afrique, il faut le faire avant quil ne soit trop tard. Lerreur faite par les africains est
bien videmment de ne pas avoir donn la priorit cet lment ncessaire et indispensable la
construction dun socle solide pour chaque nation et surtout pour le dveloppement du continent. La
crise institutionnelle que vit lAfrique est le reflet dune passivit des intellectuels et chercheurs, en
effet il est bien beau de critiquer le systme, dnoncer la corruption, lgosme, la mauvaise conduite,
etc. mais il faudrait que ces personnes-l plongent dans un processus de recherche et
dinstitutionnalisation.

Concernant la dmocratie, nous remarquons que les lections sont assimiles la dmocratie en
Afrique or ce nest pas du tout le cas, ce constat est trompeur et surtout faux vu que les lus, aprs
avoir t lus ne sont pas responsables vis--vis de leurs lecteurs. Le rel problme rside bien ici, les
personnes au pouvoir en Afrique nont malheureusement pas pour objectif primaire lintrt gnral,
la dmocratie, le dveloppement de leur pays, la rduction des ingalits, lradication de la pauvret,
etc. mais cherchent seulement senrichir pendant quils sont au pouvoir ; on a lexemple dIsabel Dos
Santos qui a une fortune estime 3,1 milliard de dollars daprs le magazine Forbes en 2016 (issue
de lnergie, des tlcoms et de la finance en Afrique lusophone) et qui est la fille du Prsident angolais.
La voie suivre est donc bien videmment de se diriger vers une relle dmocratie, de restructurer la
sphre publique et lconomie politique grce une stratgie qui profitera lintrt gnral long
terme. Ceci permettra au moyen terme de rduire la fracture sociale en Afrique, rduire la pauvret
et les ingalits monstrueuses au sein du continent.

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Certaines personnes parlent de planification polycentrique (dcentralise et participative), Monsieur
Akinola (chef du dpartement de planification rgionale et urbaine luniversit Osogbo au Nigria)
prne que cest un mcanisme institutionnel multicouches et multi-centres qui concerne la
rhabilitation des capacits dauto-administration des collectivits locales , cela permettrait selon lui
dinstitutionnaliser les pays dAfrique de manire dcentralise (autonomie des collectivits locales)
par une conscience collective et une volont politique dans plusieurs ples simultanment ce qui
pourrait crer moyen-long terme une synergie lchelle nationale puis in fine rgionale et
continentale. Cette approche par le bas pourrait tre une solution intressante puisquelle change
radicalement le systme en Afrique.

Dun point de vue plutt conomique, la premire proccupation devrait tre de mettre en place un
march de consommateurs parce quen Afrique il ny en a pas. La prfrence pour les produits
trangers en Afrique accentue ce phnomne qui est plus culturel quconomique. La solution pour
les producteurs locaux est de devenir un concurrent de taille dans certains produits pour regagner la
confiance locale, il faut miser sur une production locale de qualit et se positionner comme
incontournable sur le march local de sorte tre leader en Afrique. Lagriculture quant elle a
toujours t nglige et dlaisse en Afrique, en effet les agriculteurs et paysans ont toujours t
considrs comme secondaires alors que cest un atout indiscutable en Afrique. Il ne faut pas oublier
que lagriculture en Afrique nest pas du tout dveloppe, il faut songer moderniser lagriculture
des fins commerciales (exportation) or les rsultats ne se verront qu long terme ce qui nintresse
pas les personnes au pouvoir qui ne sont l que pour une courte dure en gnral et cela nous renvoie
la partie prcdente sur la dmocratie. Il ne faut pas oublier que la population africaine explose
depuis la seconde moiti du sicle dernier et que lagriculture traditionnelle ne permet plus de
satisfaire la demande croissante, il faut rformer durgence lagriculture en Afrique.

Le systme ducatif reste un point trs sensible en Afrique depuis la vague des indpendances, ce
systme est compltement inadapt au monde dans lequel nous vivons, cela est tout dabord d la
mdiocrit des infrastructures, en effet la majorit des enfants doivent parcourir des kilomtres pied
pour se rendre lcole. Par consquent, plus de 89 millions des jeunes gs de 12 24 ans ntaient
pas scolariss en Afrique subsaharienne en 2015. Laccs au suprieur quant lui natteint que 7% en
Afrique contre 76% en occident, lcart est malheureusement norme. Cela sexplique par les couts
levs des coles privs qui sont les seules garantir un enseignement de qualit en Afrique, en effet
les couts sont de 8000 20000 euros pour un cycle de cinq ans. La situation alarmante renvoie encore
une fois la crise institutionnelle en Afrique, les rformes de lducation suivent bien videmment les
rformes institutionnelles puisque pour avoir une socit civile consciente, civilis, duque et qui
uvre pour lintrt gnral il faut un systme ducatif dvelopp et jour. Il est donc ncessaire
dinvestir dans lducation en Afrique, dans les infrastructures, la recherche, la formation des
professeurs, etc. Nanmoins, il ne faut pas ngliger les efforts effectus en Afrique subsaharienne
puisquon passe dun taux de scolarisation de 50% en 1990 plus de 75% en 2015, seulement il faut
continuer dans cette voie et mettre laccent sur la promotion de lducation de sorte ce quelle
devienne le premier souci des parents pour leurs enfants. Ainsi, plusieurs rformes peuvent tre
proposes comme augmenter les dpenses publiques lies lducation durant une certaine priode
pour rendre lcole gratuite, accessible et comptente.


La sant est quant elle un pilier majeur du dveloppement, en effet le systme public de sant en
Afrique est extrmement faible, il y a de vritables ingalits face aux soins. Par consquent
lesprance de vie la naissance est extrmement faible par rapport la moyenne mondiale comme
on peut le voir ci-dessous :


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Esprance de vie la naissance par pays en nombre dannes (en 2007)




Cette carte nous montre la situation alarmante en Afrique, en effet environ la moiti des pays ont une
esprance de vie la naissance de 40 ans en moyenne et un tiers possde une esprance de vie la
naissance de 50 ans avec deux situations extrmes o le sida fait des ravages. La solution adopter
durgence est daugmenter les dpenses de sant de manire consquente puisque lon voit que dans
ces pays o lesprance de vie est faible, les dpenses en pourcentage du PIB ddies la sante sont
comprises entre 1,6 et 4,2% alors que dans dautres pays elles arrivent 12% environ en 2004 selon
The World Health report. Il est donc ncessaire de rformer et dinvestir dans les infrastructures de
sant publique puisque les tablissements de sant privs sont les seuls tre rellement efficaces en
Afrique mais les frais sont extrmement levs, dailleurs prs de la moiti des dpenses de sant
bnficie des prestataires privs. La dfaillance majeure est que mme les dpenses publiques de
sant profitent davantage aux personnes aises quaux pauvres, par exemple en Mauritanie 72% des
subventions donnes aux hpitaux profitent aux 40% dhabitants les plus aiss. Nous avons la mme
situation au Ghana dans une moindre proportion avec seulement 12% des dpenses publiques de
sant qui profitent aux 20% les plus pauvres. Cette situation constitue un rel frein au dveloppement
du continent africain avec lducation et les ingalits conomiques.

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Parmi les recommandations que nous pouvons faire pour le systme de sant, cest dabandonner le
schma traditionnel et organisationnel pyramidale qui consiste sparer les structures en fonction
des pathologies (plus la structure est grande, moins il y en a, par consquent certaines personnes
doivent faut faire des kilomtres pied pour se faire soigner). Plusieurs instances internationales
tentent de rformer ce systme mais il faut une volont tatique et publique pour mettre en uvre
de relles rformes et investir dans la sant.

Finalement, ce que lon retient de cette partie est la dfaillance institutionnelle qui explique la faiblesse
des systmes ducatifs et de sant, par consquent il faut un changement radical des mentalits en
Afrique pour mener bien une restructuration complte du systme politique et institutionnel. Il faut
ensuite privilgier lintrt gnral en investissant massivement dans lducation, la sant et le
dsenclavement de la majorit des rgions en Afrique subsaharienne dans le but de promouvoir une
socit civile qui a envie duvrer pour dvelopper son pays.

Il nous faudrait bien plus que cela pour rpondre la question de comment faire face tous ces dfis
mais les chantiers prioritaires sont bien sur lducation, la sant et la dmocratie, il faut mettre laccent
sur ces trois axes et tenter de les dvelopper tout en veillant bien redistribuer les richesses pour
garantir un avenir plus prospre aux nations africaines.
































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Conclusion :

Il a t constat au dbut de ce dossier que lAfrique faisait lobjet de nombreuses thses afro-
optimistes depuis un peu moins de 20 ans pour plusieurs raisons notamment conomiques et
gographiques. En effet, lAfrique est un vivier de croissance, elle est qualifie de terre vierge par
certains conomistes, le continent est devenu grce sa croissance dmographique un march
incontournable qui attire les plus gros groupes. La dcouverte de ptrole a galement chang la vision
du monde sur lAfrique, cest devenu un partenaire stratgique de loccident. Par ailleurs, ce qui a
rellement chang limage du continent africain est sa prise de conscience au dbut des annes 2000
notamment aprs les diverses fluctuations des prix des matires premires (dont dpendent
essentiellement les conomies rentires africaines). Cette prise de conscience sest traduite par une
rinjection des rentres dargent dans lconomie nationale pour certains pays ce qui laisse entrevoir
une lueur despoir. Aujourdhui le continent africain connat une dynamique sans prcdent mais il
trouve face lui de nombreuses contraintes qui lempchent de dpasser un cap et de se ranger
comme un continent relativement dvelopp. Parmi ses obstacles on peut trouver les problmes
dingrence lis aux diffrents gouvernements opportunistes qui ne cherchent qu senrichir et qui
privilgient leur bien-tre personnel au dtriment de lintrt gnral, par consquent on trouve des
taux de pauvret alarmants, des taux dalphabtisation assez faibles et des ingalits conomiques et
sociales trs marques. Pour remdier cela il faudrait bien videmment rformer le systme
politique, conomique et social, cela passe par une relle transition dmocratique, des rformes
concernant lducation et la sant ainsi que des plans massifs dinvestissements dans les
infrastructures publiques.

Pour rpondre la question de lafro-optimisme ou de lafro-pessimisme, nous avons vu tout au long
de ce dossier que le potentiel africain tait immense mais quil fallait lexploiter bon escient,
seulement la vraie bonne nouvelle est la prise de conscience des gouvernements et populations
africaines ce qui nous montre que lAfrique se transforme de manire indite notamment en
sappuyant sur une coopration Sud-Sud avec les investissements chinois et indiens en gnral mais si
lon rentre dans les dtails on peut trouver de nombreux gants africains en Afrique par exemple les
banques togolaises ou marocaines, les cimenteries nigrianes, etc. Toutes ces donnes laissent
entrevoir beaucoup doptimisme pour le futur du continent africain.


















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Bibliographie :

- http://www.jeuneafrique.com/330730/societe/afro-pessimisme-afro-optimisme-faut-sortir-
de-lutopie/
- http://www.lesechos.fr/20/05/2015/LesEchos/21946-049-ECH_1-afr
- http://abonnes.lemonde.fr/afrique/article/2017/02/22/faire-fortune-e
- http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2017/03/29/97002-20170329FILWWW00036-la-croissance-
en-afrique-passe-par-l-innovation.php
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_technopoles_dans_le_monde#Afrique_du_Sud
- http://www.academiedegeopolitiquedeparis.com/le-petrole-et-le-gaz-naturel-en-afrique-
une-part-croissante-dans-lapprovisionnement-energetique-mondial/
- www.libreafrique.org La malediction du petrole en afrique par Hicham El Moussaoui
- http://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2015/10/16/africa-gains-in-health-
education-but-numbers-of-poor-grow
- The Role of Regional Cooperation in the context of West African Oil - GREAT insights volume
3, numro 7 (juillet/aot 2014)
- http://terangaweb.com/comprendre-le-marche-du-travail-africain-au-regard-de-ses-
faiblesses-et-de-son-potentiel/
- https://www.contrepoints.org/2015/07/27/215713-comment-trouver-des-solutions-
africaines-aux-problemes-africains
- http://www.upsail.co/blog/education/leducation-en-afrique-enjeux-defis-et-
perspectives/
- http://www.bsi-economics.org/460-acces-qualite-education-pays-developpement
- https://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2012-3-page-95.htm

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