Imaginaire de La Nation

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L'imaginaire de la nation

chez l'ésoteriste Grasset d'Orcet (1828-1900)

Jean-Claude Drouin
Extrait de
L'imaginaire de la nation (1792-1992)
Actes du colloque européen de Bordeaux,
Textes réunis par Claude Gilbert Dubois
Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, pp 369-380

Chaque nation apparaît comme une grande expérience instituée par la nature, disait Hippolyte Taine. A côté de
cette conception positiviste et déterministe, d'autres constructions faisant appel davantage à l'histoire et à
l'imaginaire se sont développées au XIXe siècle. À partir de l'oeuvre encore méconnue d'un publiciste français de
la fin du XIXe siècle, Claude Sosthène Grasset d'Orcet (1828-1900), nous voudrions montrer à propos de la
révolution française comment un individu cultivé a pu reconstituer toute une mythologie personnelle appuyée sur
des rapprochements ingénieux et hardis mais aussi sur des intuitions qui manquent de preuves rationnelles. Ce
chercheur solitaire n'est pas un "fou littéraire" : journaliste littérateur, il fournit de nombreux articles à deux
revues largement diffusées à la fin du XIXe siècle. La Revue Britannique d'Amédée Pichot et La Nouvelle Revue
de Juliette Adam.

Il faut donc démonter le système historique et philosophique de Grasset d'Orcet appliqué à l'histoire de la France
sur la longue durée. Il est évident que nous ne prenons pas ces spéculations souvent déconcertantes pour des
vérités dogmatiques. Notre but est seulement de pénétrer dans l'univers mental d'un homme qui semble l'héritier
d'une tradition ésotérique française, tradition fondée sur l'interprétation des rébus et des emblèmes dans la
littérature et les beaux-arts. Grasset d'Orcet, archéologue, s'est surtout servi de méthodes linguistiques et
philosophiques fort complexes et hermétiques inspirées par la langue dite des oiseaux. En étudiant d'une manière
cabalistique des œuvres aussi variées que Le Songe de Poliphile, les livres de Rabelais, les Emblèmes héroïques
de Paradin, les Prognosticatio de Paracelse, les brochures maçonniques du XIXe siècle, Grasset d'Orcet veut
démontrer que l'on peut traduire en messages politiques et philosophiques les dessins et les gravures de toutes les
époques jusqu'aux journaux satiriques et illustrés de son époque y compris le Don-Quichotte, le Gil Blas, le
Courrier Français ou le Chat Noir. Il applique la même méthode aux monnaies anciennes, aux faïences
patriotiques et aux armoiries de l'héraldique française ou européenne (l'art du blason).

Grasset d'Orcet apparaît donc comme un représentant isolé de la cabale occidentale qui, à l"extérieur des grands
mouvements occultistes de son époque, tente de retrouver les aspects cachés de l'histoire de la nation française
dans l'évolution des innombrables groupes, corporations, sectes, sociétés secrètes qui se sont développées depuis
au moins le XIVe siècle jusqu'en 1789.

Il serait trop long et fastidieux de reconstituer toute l'histoire de France selon la conception de Grasset d'Orcet. A
partir d'articles dispersés dans de nombreuses revues, nous avons tenté de montrer que, pour ce spécialiste de
grimoires, la révolution française de 1789 fut l'aboutissement normal de trois courants qui ont convergé. Il insiste
à la fois sur les origines économiques, politiques et idéologiques de la révolution ; en outre, il l'interprète dans un
schéma plus large de lutte quasi-philosophique de deux principes antinomiques mais qui ont besoin l'un de l'autre
pour subsister.

La révolution fut à la fois le résultat immédiat d'une réaction du peuple français contre le pacte de famine, elle
fut aussi l'oeuvre de la société de Jésus supprimée par le pape, mais introduite dans la franc-maçonnerie, enfin
elle fut le dernier épisode d'une lutte sanglante entre les deux grands mouvements multiséculaires : les "gibelins"
d'une part, les "guelfes" de l'autre.

Mais, lors des événements révolutionnaires, les troupes levées par les deux sectes, lunaire et solaire, ne se
laissèrent pas désarmer si bien que les chefs des deux factions s'exterminèrent mutuellement. Les deux ordres
(ionique et dorique) succombèrent tour à tour dans la tourmente révolutionnaire. D'après les définitions de
l'auteur, l'ordre ionique est fondé sur le principe lunaire et féminin des Ioniens ou Béienides (l'aspect "gibelin").
Au contraire, l'ordre dorique est celui de la section stoïque de Mithra conservé successivement par le patriarcat
de Jérusalem, par les Templiers. l'Ordre du Christ et les Illuminés de l'ordre de Killwinning.

Combat manichéen et grandiose que Grasset d'Orcet ne croit pas entièrement disparu dans l'Europe de la fin du
XIXe siècle car il perçoit la permanence des Iones dans les pays monarchiques (Espagne, Italie, Allemagne.

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Autriche). Il considère la Triple Alliance comme un pacte monarchique du XIXe siècle, la Triple Entente
représenterait le principe démocratique face au principe aristocratique des royaumes et des empires.

Comment Grasset d'Orcet imagine-t-il l'évolution de la nation depuis les origines ? Pour le lecteur du XXe siècle,
il s'agit bien d'imagination pure c'est-à-dire la reconstruction d'un passé prochain ou lointain à partir de sources
cachées et de méthodes philologiques ésotériques. Mais l'auteur présente ses thèses non comme des hypothèses
mais comme des évidences qui pour lui ne font pas de doute. La nation française est l'histoire d'une lutte de
classes et d'une lutte de races.

La révolution française est le résultat du pacte de famine.

Jusqu'en 1789 les descendants des cavaliers ioniens ou habitants des Tours (torricoles) formèrent la noblesse et
ne cessèrent de s'entendre pour affamer le paysan et le bourgeois. Ces Engastromythes selon Rabelais tenaient le
peuple par la famine. Les rois Capétiens de Bourbons auraient contracté avec l'Eglise catholique un pacte secret,
le pacte de Saint-Rémi, héritier d'un pacte coutumier druidique. Mais les derniers rois violèrent leur serment et
n'accordèrent pas aux paysans le défrichement des forêts et des terres banales. C'est pour cela qu'ils furent
condamnés à mort et exécutés. Le pacte de famine, spéculation sur les grains, fut encouragé par la Cour qui se
rapprocha alors des banquiers protestants et d'un parti appelé la "franc-maçonnerie lunaire".

En fait, la franc-maçonnerie qui succéda à la basoche servit. selon Grasset d'Orcet. de masque à deux sectes
ennemies : leur but était le même, la sécularisation de biens d'Eglise, mais pour l'une au profit de la Cour et des
nobles (Pacte de famine), pour l'autre au profit du peuple afin de raffermir le catholicisme et développer les
libertés populaires. Ce sont ces deux sectes qui par leurs sicaires sont à l'origine des événements sanglants de la
Révolution.

Louis XIV avait interdit les pactes de famine qui permettaient à une ligue de seigneurs d'accaparer les blés et
d'affamer les autres classes de la population. Ses successeurs changèrent de politique, Louis XV fut attiré par
l'espoir d'abolir les corporations parisiennes. Le roi et la cour favorisèrent la spéculation baptisée sous Louis XV
"le magasin de modes de la Dubarry". la vengeance populaire lanterna dès le début de la révolution tous les
accapareurs et massacra la princesse de Lamballe, chef de ce parti du sépulcre de Flore ou de cette Méridienne
représentée depuis des siècles par une mort danse. La princesse de Lamballe avait succédé aux deux reines de
Navarre, à Diane de Poitiers, Gabrielle d'Estrées, Olympe Mancini, Mme de Pompadour et Mme du Barry qui
finit aussi sur l'échafaud. On sait que le peuple de Paris alla chercher la famille royale à Versailles et que les
poissardes s'écriaient Maintenant nous ne manquerons plus de pain, nous ramenons le boulanger, la boulangère
et le mitron.

La révolution française fut donc la révolte des travailleurs des campagnes et des villes contre les rois de France
qui avaient violé le pacte de Saint Rémi et contracté avec les nobles et les banquiers étrangers un nouveau pacte
de famine.

La révolution française est l'oeuvre des jésuites.

Le pacte de famine était non seulement une spéculation sur les grains mais aussi un complot ourdi contre l'Eglise
de Rome et la Société de Jésus. Les Jésuites, expulsés, se mirent à la tête de la franc-maçonnerie solaire. Un petit
livre de Nicolas de Bonneville, publié à Londres en 1788 et analysé par Grasset d'Orcet, veut démontrer que les
Jésuites étaient les maîtres tout puissants de la franc-maçonnerie avant la révolution. Par leur idolâtrie de la
république romaine, les Jésuites avaient développé l'idée d'une république catholique recherchant la gloire de
Dieu dans l'affranchissement de la plèbe par rapport aux pouvoirs des rois, de la noblesse et de la basoche
lunaire. Selon Grasset d'Orcet, Louis XVI aurait été condamné à mort par un collège archigaulois réuni à Paris,
en février 1785, dans les bâtiments du collège de Clermont. Louis Capet, le Ione, était accusé d'avoir renié la loi
de la race Belenus.

Sous l'influence de Molina, les Jésuites auraient été partisans de la liberté de conscience et hostiles aussi bien à
l'Inquisition qu'à la noblesse. Ce sont eux, représentants de la franc-maçonnerie solaire, de rite écossais, qui ont
poussé les massacreurs de Septembre. Mais, par la suite, les jésuites ne tirèrent pas profit de leur politique.

Si le 9 thermidor fut une réaction Iones, le trône et l'autel s'étaient effondrés après des massacres réciproques.
Grasset d'Orcet voit dans les jésuites les héritiers de l'Ordre du Christ et des Templiers.

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Ainsi la Révolution française fut la victoire posthume de la Société de Jésus sur l'Ancien Régime.

La révolution française est le dernier épisode d'une lutte permanente entre guelfes et gibbelins.

Les deux noms sont symboliques. Dès 1786, Louis XVI aurait été condamné à mort en même temps que le roi
Gustave III de Suède par une assemblée d'Illuminés, présidée par le due de Brunswick, chef du parti guelfe.
Ainsi, la révolution française serait une conjuration anti-gibeline ; lorsque Louis XVI se rapprocha de ses
origines "ioniennes", de la noblesse héritière des chevaliers celtes et de la banque suisse il provoqua une réaction
des organisations d'inspiration guelfe : les membres de la secte solaire d'Herodon, les Adonhiramites, nés en
Espagne en 1490 et transportés en Écosse par Marie Stuart, partisans de la liberté de pensée.

La secte qui organisa les massacres de Septembre et guillotina le roi était de rite écossais ou solaire et les
victimes de septembre 1792 sont des lones, mis au ban de la franc-maçonnerie. Si les septembriseurs étaient des
sicaires à la solde du parti solaire, les sans-culottes, eux, étaient à la solde du parti lunaire.

Louis XVI se distingue donc de son ancêtre Louis XIV qui avait, comme Catherine de Médicis, favorisé la
bourgeoisie et les idées démocratiques. Louis XIV avait pris le parti des paroiques (habitants près de la Tour) et
avait pris la perruque comme signe de ralliement alors que les habitants des Tours (Turricoles ou tory)
représentaient la noblesse baptisée aussi carabou. Ce terme a été le mot d'ordre des incendiaires des châteaux de
1793. Ainsi le parti whig des perruques est le même que celui des Jésuites en réaction contre le parti tory des
loties. L'argent peut et doit remplacer la Terre. A la fin du XVIIIe siècle, la bourgeoisie romaine des villes
s'oppose à l'aristocratie foncière des campagnes et aux banques protestantes. Quand Louis XV et Louis XVI se
rapprochent du parti lunaire, ils provoquent leur mort : l'assassina pour le premier, la guillotine pour le second.

Louis XV et Louis XVI subissent le sort d'Henri II, d'Henri III et d'Henri IV qui n'ont pas été fidèles à la
politique traditionnelle des Capétiens étaient de soutenir les guelfes contre les gibelins c'est-à-dire les paysans et
les bourgeois contre les aristocrates (turricoles). Les plus grands rois guelfes ont été Louis XI, Catherine de
Médicis et Louis XIV.

Du côté gibelin, Diane de Poitiers, Olympe Mancini, Mme de Staël, représentent la permanence de la lutte pour
le pouvoir. La danse macabre est la manifestation de la faction gibeline et du règne de la déesse Hécate.

La Révolution française est donc, en fait, un conflit de deux "races", conflit permanent de la nation
française.

A l'origine, Grasset d'Orcet pose l'existence des Ioniens ou Bélénides, descendants de la vache Io, formant une
caste noble héréditaire de langue et liturgie grecques. Ces Ioniens ont une divinité lunaire, leur couleur est le
violet ou le rouge, l'oriflamme de Montjoie Saint Denis.

Puis seraient arrivés les Bleus, colons amorrhéens, venus de Palestine, habitant les villes murées et la classe des
travailleurs (Pekhus - Pechs - Pies - Picards) d'origine éolienne, aux dieux solaires et d'inspiration démocratique.
Leurs couleurs sont le noir et le blanc et leur slogan "Beaucéan".

Nous avons vu plus haut que les lones, ou habitants les châteaux des campagnes, avaient formé des Turricoles ou
Tory, ayant pour emblème le faucon. Leur nom est aussi Gibelins ou Engastromythes : ceux qui tiennent le
peuple par la famine.

La royauté depuis les Capétiens avait fait cause commune, sauf exception, avec les Bleus. Quand Louis XVI
voulut se rapprocher du parti lunaire, la révolution éclata.

Une autre terminologie complexe fait des ménestrels de Murcie le parti guelfe ou démocratique, dont la franc-
maçonnerie serait la fille directe tandis que les ménestrels de Morvan ou de Morgan représentent le parti
aristocratique et lunaire. Pour Grasset d'Orcet, la France de Rabelais et de Molière est naturellement guelfe mais
l'art est souvent gibelin : sous la Révolution, les Argines du sépulcre de Flore, descendantes lointaines de Diane
de Poitiers et d'Olympe Mancini et de Mme de Pompadour sont Mme du Barry, la princesse de Lamballe et Mme
de Staël.

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A côté du conflit racial, la lutte sociale est aussi reconnue par Grasset d'Orcet. Même parmi les Gouliards, dont
le but général était la liberté de me parmi les Gouliards, dont le but général était la liberté de pensée et d'égalité
de tous, il reconnaît, en suivant Rabelais, une opposition entre les membres de la mère loge, les "brahmines", les
engastromythes ou ventriloques qui ont le pouvoir pourpre et les "chevaliers", les gastrolâtres ou Gilpins qui
veulent interpréter sur le plan politique et social la fable du riche et du pauvre - leur couleur est l'or et le jaune -.

Le jour de gloire de la Marseillaise est le jour des Gouliards qui, bien avant 1793, se proclament sans-culottes
c'est-à-dire sans culte. "Peuple rêve se venge, Roi sur trône, Rome parpelards ". Selon Grasset d'Orcet les
gouliards jouèrent un rôle considérable sous la Révolution mais ils périrent avec l'ancienne bourgeoisie dont ils
étaient l'élite. Cependant Louis XVIII, auteur de l'opéra Panurge dans l'île des lanternes, aurait été, lui aussi,
gouliard.

Pour résumer l'oeuvre confuse et difficile de Grasset d'Orcet on peut dire que la révolution française est la lutte
fratricide de deux tendances de la franc-maçonnerie.

D'un côté les gastrôlastres ou francs maçons de rite solaire ou écossais, liés aux Templiers, aux Jésuites et aux
Illuminés de Bavière. Il s'agit du parti démocratique de la plèbe, qui réapparaît dans l'histoire française avec
Jeanne d'Arc, les Armagnacs, Louis XI, Catherine de Médicis, la Ligue, Louis XIV, la Terreur.

De l'autre, les engastromythes ou franc-maçon de rite lunaire. D'origine ionienne, ces cavaliers ont pour
emblème le faucon. Ces descendants d'Enée forment la noblesse dont est issue la royauté mais les rois, sauf
exception, prennent la défense des blancs et des bleus.

Ces engastromythes sont appelés aussi le parti gibelin, appuyé sur l'aristocratie provinciale et la noblesse de
cour. Il est à l'origine du pacte de famille, soutenu par certains rois dont Henri III, Louis XV et Louis XVI. Ce
parti peut prendre des formes diverses depuis les Albigeois jusqu'aux fermiers généraux en passant par les Rose-
Croix, les frères du chêne et les banquiers suisses.

Les gastrolâtres sont synonymes de parti guelfe, formé des métiers parisiens et des péquenauds de la campagne,
défenseurs du catholicisme et des thèses ultra-mondaines. Cette classe des travailleurs possède des sentiments
démocratiques et comprend aussi bien les habitants des paroisses que des bourgs : les paysans comme les
bourgeois.

D'un côté, les Delphiens originaires des Dauphinés, d'Auvergne et de Bourgogne, porte parole de l'ordre ionique
; de l'autre les Phrygiens ou Doriens à l'origine de l'esprit démocratique et des principes de 1789.

Certains éléments dispersés dans les nombreux articles de Grasset d'Orcet laissent deviner une conception
cyclique appliquée aux événements historiques et illustrée par des personnages du folklore français puisant ses
racines dans un lointain passé. Le clerc c'est Arlequin, le noble ou militaire c'est Gille, le paysan c'est Pierrot,
l'ouvrier ou l'apprenti c'est Polichinelle. Ces quatre personnages représentent aussi les quatre phases de
l'existence humaine et des quatre stations solaires (Pierrot l'hiver et la gestation, Polichinelle le printemps et la
jeunesse, Gille l'été et la virilité, Arlequin la vieillesse et l'automne). On coupe la tête à Arlequin pour qu'un
nouveau cycle recommence. C'est la révolution du sens premier du terme.

Whig (perruque) contre Tory (Tours), - Rose rouge contre rose blanche Principe masculin contre principe
féminin - Ioniens contre Doriens

Ménestrels de Murcie contre Ménestrels de Morvan - Les oppositions sont multiples et se prolongent dans l'art et
l'architecture : les représentations du principe guelfe/démocratique sont la femme nue et décharnée avec deux
serpents, la Madone assise, le calvaire, le Pavillon de Marsan, la dame de pique, le héron ; les représentations du
principe gibelin/aristocratique sont la dame riche avec des gants, la Madone debout, la femme avec une lyre et
une cithare, le Pavillon de Flore, la dame de trèfle, le faucon. Mais on peut penser que les oppositions ont été
dépassées par la révolution puisque le drapeau tricolore combine le blanc et le bleu couleur des Pouhiers ou gens
du pays Beaucéan) et le rouge de la baillie ou de la seigneurie (Montjoie Saint Denis).

Cet exposé a été volontairement descriptif et neutre. L'appréciation critique serait trop longue. Le système de
Grasset d'Orcet peut paraître aberrant aux yeux des historiens de 1989, l'historien des idées ne peut les négliger

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car il fournit une tentative d'explication des principales tendances de la littérature et de l'art et surtout il présente
une vision dialectique de l'évolution de la nation française sur plus de mille ans.

Notre but n'était pas de mener l'attaque ou de prendre la défense des affirmations de Grasset d'Orcet mais de
montrer comment un esprit du XIXe siècle a imaginé une nation, équilibre de deux principes, a construit une
évolution, lutte permanente de ces principes, a proposé une interprétation de toutes les activités de la nation
française pendant plusieurs siècles. Il s'est sûrement trompé mais dans le fatras encyclopédique de ses recherches
il y a certainement quelques fragments de vérité que les chercheurs peuvent encore utiliser comme hypothèse de
travail.

Reconnaissons aussi que dans son imaginaire de la nation, Grasset d'Orcet a le mérite de proposer une
interprétation globale et totalisante qui fait intervenir aussi bien les facteurs socio-économiques que les
influences idéologiques, les données du folklore, et les manifestations artistiques. Chez Grasset d'Orcet la nation
n'est pas un imaginaire abstrait c'est en permanence une suite d'Images et de Mots. Images voilées et mots cachés
que l'on doit décrypter pour en découvrir le sens profond.

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