Une Thèse Récente
Une Thèse Récente
Une Thèse Récente
une
femme sicilienne du VIIe siècle av. J.-C. (et dont le personnage de Nausicaa serait une sorte
d'autoportrait) : le premier à avoir lancé l'idée est l'écrivain anglais Samuel Butler dans The Authoress of
the Odyssey, en 1897. Le philosophe français Raymond Ruyer, grand admirateur de Samuel Butler (cf. La
Gnose de Princeton), va dans le même sens dans son ouvrage Homère au féminin ou La jeune femme
auteur de l'Odyssée publié chez Copernic en 1977. Cette conception a été reprise par le poète Robert
Graves dans son roman Homer's Daughter20 et plus récemment, en septembre 2006, par l'universitaire
Andrew Dalby dans son essai Rediscovering Homer21.
D'autres remettent en cause l'existence d'un Homère historique. Son nom même pose problème : on ne
connaît aucune autre personne portant ce nom avant l'époque hellénistique et il reste rare avant l'époque
romaine, où il est porté en particulier par des affranchis22. Le nom signifierait « otage » et différents récits
visent à expliquer pourquoi Homère a reçu ce nom, après avoir été donné en otage par telle ou telle cité.
On a objecté que le terme se rencontre normalement au neutre pluriel (ὅμηρα / homêra) et non au
masculin. Éphore de Cumes, un auteur du IVe siècle av. J.-C., explique quant à lui que, dans le dialecte de
sa cité, le nom signifie « aveugle » et qu'il a été donné au poète en raison de sa cécité, le but étant de
prouver qu'Homère est un compatriote23. Cependant, le mot n'est pas attesté par ailleurs et le mot
« aveugle », si on le rencontre comme cognomen, n'est jamais donné comme nom seul24. Par ailleurs, on a
fait valoir que pour les épopées, l'anonymat était la règle et le nom d'auteur, l'exception 25.
On a donc pu parler de l'« invention » d'Homère. Pour Martin L. West, le personnage a été inventé par les
érudits athéniens du VIe siècle av. J.-C. à partir des revendications d'organisations de rhapsodes tels que
les Homérides de Chios, qui prétendaient descendre d'Homère, lui attribuaient les poèmes qu'ils récitaient
et racontaient divers épisodes de la vie de leur supposé ancêtre26. Pour Barbara Graziosi, il s'agit plutôt
d'un mouvement panhellénique, lié aux représentations des rhapsodes à travers l'ensemble de la Grèce :
qu'il ait existé ou non un Homère, le nom d'Homère est devenu un nom fameux dans toute la Grèce,
auquel les rhapsodes pouvaient se référer pour attirer les foules lors de leurs récitations publiques 27.
Œuvres