Habitations Bon Marche Ceinture Paris Histoire

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 128

Les Habitations à Bon Marché

de la ceinture de Paris :
étude historique

© Paris Habitat / Apur / C. Demonfaucon

mai 2017
« Il ne reste presque rien de la muraille et du bastion. Des gros débris noirs
crevassés, on les arrache du remblai mou, comme des chicots.
Tout y passera, la ville bouffe ses vieilles gencives. […] Bientôt ça ne sera
plus partout que des demi-gratte-ciel terre cuite. »
L.-F. Céline Mort à crédit 1936
La Ville de Paris a adopté en 2007 un Plan Climat dont l’ambition est de réduire de 75 % les émis-
sions de gaz à effet de serre en 2050 par rapport à 2004. Ce Plan, révisé en 2012 et 2017, décline
des objectifs de réduction quantifiés par secteur : bâtiments, transports, consommation et déchets,
industrie. Le secteur de l’habitat représente un enjeu important pour Paris puisque 1,3 million
de logements parisiens représentent 35 % de la facture énergétique globale, soit une dépense
d’1 milliard d’euros tous les ans (1). En matière d’émissions de gaz à effet de serre, le secteur du
bâtiment représente 21 % du total, presque autant que la consommation et les déchets à 21 %, et
nettement moins que le secteur des transports à 54 %.

La mise en œuvre du Plan Climat s’est traduite ces dernières années par une politique volontariste de
réhabilitation thermique des logements. Cette politique a concerné principalement les bâtiments
édifiés entre 1950 et 1974, considérés comme thermiquement très déperditifs et « relativement
simples » à réhabiliter en grand nombre.
Les bâtiments de logements bâtis entre-deux-guerres ont jusqu’à aujourd’hui été peu impliqués
dans les opérations de réhabilitation et en particulier l’habitat social, c.-à-d. les Habitations à
Bon Marché (HBM).

Les politiques de réhabilitation qui s’appliquent actuellement aux bâtiments de l’après-guerre sont
difficilement transposables aux HBM pour deux raisons principales qui relèvent de questions patri-
moniales : celle du patrimoine urbain, celle du patrimoine architectural. Concernant la question
urbaine, à l’inverse des grands ensembles qui parsèment le territoire de façon irrégulière, les HBM
suivent une double logique : celle d’une insertion dans des tissus constitués, et celle d’une implan-
tation linéaire le long des maréchaux, avec des séquences parfois longues avoisinant le kilomètre.
L’autre marqueur fort des HBM est l’usage de la brique apparente. Dans Paris la brique constitue
un matériau relativement courant de la construction de logements, y compris de la construction
haussmannienne, mais qui est rarement laissé visible, ou alors sur cour. Avec les HBM, la brique
devient visible, et participe de l’identification de ces ensembles d’habitation.

En matière de réhabilitation, toute la difficulté de l’intervention tient donc dans la préservation


de ce caractère si spécifique qui se déploie sur la ceinture de Paris en séquences morcelées et
dont la visibilité est fortement accentuée par l’usage quasi systématique de la brique. Penser la
réhabilitation thermique est un exercice complexe, puisque chaque groupe d’habitation participe
d’un ensemble cohérent de très grande échelle. Élaborer un projet à l’échelle de l’îlot nécessite
des informations d’ordres générales qui permettent de penser l’îlot comme une partie d’un vaste
ensemble urbain. Si la question urbaine posée par les HBM est la première difficulté qui se pose
à la question de la réhabilitation, il faut aussi ajouter à celle-ci de la question de la connaissance
même de ces bâtiments et de leur logique en termes de conception : matériaux de construction,
chauffage, adduction d’eau, composition des espaces libres, rapport à l’ensoleillement, à l’aération,
etc. Le déficit d’information sur ces sujets, et en particulier la question des techniques constructives,
complexifie encore plus le travail des maîtres d’œuvre lorsqu’il s’agit de concevoir des projets de
réhabilitation thermique.

L’étude de l’APUR propose une analyse prospective de ce sujet en deux temps.


Le temps 1, objet du présent rapport, compile des informations historiques permettant d’aborder
le sujet des HBM dans sa globalité. Les sujets abordés sont ceux qui permettent de comprendre la
conception des HBM, il s’agit d’un canevas de connaissance utile aux maîtres d’ouvrage et maîtres
d’œuvre s’intéressant à la question des HBM et à leurs évolutions futures.

Le temps 2 sera réalisé dans un cadre associant l’ANRU et les principaux bailleurs sociaux des
HBM de la ceinture de Paris (Paris Habitat, RIVP, Elogie). Cette étude traitera de l’évolution du
parc HBM au fil du temps, elle retracera les grandes générations d’interventions réalisées au sein
des HBM et capitalisera les enseignements tirés par leurs gestionnaires.
Elle posera la question de l’évolution du parc HBM dans le cadre des objectifs du Plan Climat de Paris.

(1) Source : http://www.paris.fr/municipalite/action-municipale/paris-pour-le-climat-2148

3
L’Apur remercie les personnes ayant contribué à la réalisation de cette étude :

Paris habitat
Laetitia BILHAUT, responsable du Pôle Gestion et Archivage des Documents
Camille TENSAOUTI, chargée de ressources documentaires - Service Conservation et Ressources documentaires
Magali ROSSANO, chargée de ressources documentaires
Philippe Drougard, chargé de ressources documentaires
Arnaud Mazé, chargé de ressources documentaires
Nadège MAREUIL-MILLET, responsable Études, Propectives et Développement Durable -
Direction du Patrimoine et du Développement Durable

RIVP
Anabelle JOLLY, chargée d’opération DC4

Elogie
Alban CHARRIER, directeur du patrimoine
Bruno CUCCUREDDU, responsable du pôle sécurité maintenance

Agence Patrick de Jean & Jérôme Marin Architectes


Patrick de JEAN, architecte DPLG
Jérôme MARIN, architecte DPLG

Directrice de la publication : Dominique Alba


Étude réalisée par : Julien Bigorgne, François L’Henaff, Béatrice Lacombe, Émile Seta
Sous la direction de : Paul Baroin, Christiane Blancot
Cartographie et traitement des données : Apur
Iconographie : Maud Charasson
Recherches documentaires et archives : Isabelle Querlier, Muriel Rouzé et Sérida Zaïd
Photos et illustrations : Apur sauf mention contraire
Maquette : Apur
www.apur.org
2017 V233
Sommaire
1. Introduction............................................................................. 7
1.1. Méthodologie........................................................................................... 7
1.2. Qu’est-ce qu’une HBM ?.............................................................................. 8
1.3. Champ d’investigation de l’étude................................................................11

2. Concepteurs et gestionnaires.................................................... 15

3. Échelle urbaine........................................................................ 21
3.1. Historique................................................................................................. 21
3.2. Les théories influençant la production de formes urbaines............................26
3.3. Les tailles et formes des îlots...................................................................... 28
3.4. Les morphologies bâties............................................................................ 29
3.5. Les modes d’occupation des îlots................................................................32
3.6. Les espaces libres...................................................................................... 34
3.7. Les équipements et services....................................................................... 44

4. Construction............................................................................ 61
4.1. Les techniques constructives...................................................................... 61
4.2. La brique.................................................................................................. 74
4.3. Le béton armé........................................................................................... 78

5. Qualités architecturales et urbaines des édifices HBM


de la ceinture........................................................................... 81
5.1. Contexte................................................................................................... 81
5.2. Les grands types d’HBM de la ceinture........................................................83
5.3. Expression stylistique des HBM ordinaires de la ceinture..............................84
5.4. Dimension urbaine : une uniformité diversifiée.............................................93

6. Les logements HBM.................................................................. 95


6.1. Typologie des logements HBM.................................................................... 95
6.2. Chauffage et ventilation............................................................................. 111
6.3. Ordures ménagères................................................................................... 116

Annexes...................................................................................... 118

Sources et bibliographie............................................................... 124

5
© Apur
1. Introduction
Ce rapport analyse sous l’angle historique la constitution du parc HBM. L’objet de ce travail à été de rassembler dans un même
document des informations permettant de guider au mieux les interventions futures sur le parc HBM. La littérature existante
sur les HBM a documenté les questions relatives à la genèse de l’habitat social parisien et à son urbanisme bien particulier, mais
elle a peu abordé les questions pratiques qui relèvent de la conception même des édifices. Elles sont pourtant un écueil récurrent
des opérations de réhabilitations qui doivent à chaque fois poser les mêmes questions pratiques : De quoi sont faits les murs
ou les planchers ? Comment l’architecture du bâtiment trouve sa place par rapport aux autres programmes HBM, comment
leur fait-elle écho ? Quelle grille de lecture prendre pour envisager la question des espaces libres ? Des éléments de réponses
existent, on peut en retrouver la trace en consultant les archives datant de l’époque de construction des HBM. Ces informations
sont dispersées, fragmentaires. Le peu d’engouement qu’ont suscité les HBM lors de leur construction n’a vraisemblablement
pas aidé à la préservation et à la capitalisation des documents historiques. Les coupures de presse calomnieuses à l’encontre des
HBM et de leurs concepteurs témoignent d’un climat relativement hostile. Tout ceci traduit la complexité d’un travail historique
actuel, si les archives sont bien présentes, elles sont peu organisées, et rarement complètes. Il est impossible par exemple de
s’intéresser à un groupe de logements en particulier et d’espérer récupérer la totalité des archives le concernant. Il vaut mieux
tenter de récupérer des informations mêmes incomplètes sur la totalité des groupes produits et essayer d’élucider un à un les
traits communs de l’édification de toutes les HBM, c’est cette stratégie qui a été retenue dans la présente étude.

Ce travail réalisé par l’Apur oriente l’aide à la décision des futures opérations de réhabilitations. À cet égard, la consultation
d’archives a été menée en examinant un champ restreint de thématiques comme : les techniques constructives, la qualité
architecturale, les typologies de logement et leurs services, la morphologie urbaine des ensembles bâtis, etc.

les entreprises et d’arbitrer au jour le jour afin de respecter les


1.1. Méthodologie délais et les enveloppes financières. Les documents historiques
écrits témoignant de cette activité sont aujourd’hui quasiment
L’essentiel des HBM produites entre les deux guerres l’a été en inexistants. En revanche des séries de photographies de chan-
régie, c’est-à-dire sans passer par des concours. Les construc- tier d’une qualité exceptionnelle (plaques de verre) ont été
teurs ont ainsi pu produire des logements en grande quantité réalisées lors de l’édification de certaines HBM. Elles repré-
durant un laps de temps assez court. sentent un témoignage très précieux qui permet de conjecturer
avec précision sur les matériaux et techniques employées par
Au sein des régies, une entité est en charge de la conception des les entreprises. Elles permettent donc de prendre la distance
projets, elle produit les plans-masses, les coupes, les élévations, nécessaire à l’égard des documents écrits issus des phases de
et les cahiers des charges pour les entreprises. Cette entité valide conception. La raison de l’existence de ces reportages exhaus-
notamment le projet auprès de la Ville de Paris. Les documents tifs n’est pas vraiment élucidée. Quoi qu’il en soit, les repor-
qui sont produits durant ces différentes phases existent encore tages photo réalisés alors donnent un aperçu très précis des
aujourd’hui et sont consultables, soient auprès des bailleurs chantiers. En complément, les différentes campagnes de son-
gérant actuellement les groupes concernés soient auprès des dages destructifs qui ont été menées ces dernières années par
Archives de Paris. Ces documents sont des traces écrites relevant les bailleurs à des fins de connaissance du bâti ont, elles aussi,
de la phase de conception des projets jusqu’à leur validation. été mises à profit. La démarche développée ici relève d’une
Comme toujours dans la question de l’édification des bâtiments, démarche d’enquête et d’archéologie constructive. L’autre
un certain décalage peut intervenir entre la conception et la réa- grande source d’information provient des rapports d’activité
lisation. À ce titre, les documents collectés n’ont qu’une valeur des gestionnaires. Les gestionnaires sont sous tutelle de l’au-
« théorique », même lorsqu’il s’agit de cahiers des charges parfois torité publique et doivent donc rendre des comptes écrits et
très documentés à destination des entreprises. chiffrés. Ces sources permettent d’avoir une visibilité sur la
production des logements au fil du temps et de dresser un
Au sein des régies, une seconde entité suit l’exécution des panorama de l’activité des gestionnaires.
chantiers, un ingénieur en chef est chargé d’échanger avec

7
1.2. Qu’est-ce qu’une HBM ?
Il n’existe pas de définition précise des HBM. Les historiens Repères historiques
ayant travaillé sur le sujet ont chacun leur propre apprécia-
tion du périmètre que recouvre la dénomination « HBM ». La question de la production de logements pour les classes
Les recherches sur les HBM ont été très documentées sur ouvrières se pose de façon cruciale à partir des années 1850 sous
les thèmes de l’habitat social ou de l’aménagement urbain, Napoléon III. La production d’un habitat spécifique aux ouvriers
avec des échelles de temps retenues assez larges. Elles vont est jugée comme un enjeu de la productivité dans un monde en
de la deuxième moitié du XIXe siècle à la première moitié du pleine révolution industrielle. Offrir un logement décent aux
XXe. Si le terme HBM est aussi peu normé c’est aussi parce ouvriers est un enjeu économique mais aussi de stabilité et de
qu’il est employé de façon continue pendant plus d’un siècle contrôle social. C’est l’époque où sont produits les familistères et
et que son sens a varié au fil du temps. Ainsi, dans les docu- les phalanstères. Ces ensembles sont rapidement vus comme des
ments d’archives, des maisons individuelles de 1919 sont « casernes », des « hôpitaux », voire des lieux d’enfermement.
qualifiées d’HBM au même titre que des barres de logements
collectifs de 1950. À Paris, les questions sanitaires sont de véritables préoccupa-
tions avec les épidémies de typhoïdes, de choléra et de tubercu-
À Paris, la présence des HBM est si forte dans le paysage lose qui sévissent de façon récurrente. Les enquêtes sanitaires
urbain qu’elles sont bien connues du grand public. On peut diligentées à la fin du XIXe siècle tendent à associer le taux de
associer ainsi aux HBM une définition assez restreinte asso- mortalité avec la densité et les conditions d’hygiène. Ainsi,
ciées à des bâtiments : c’est la production d’un habitat sain qui est identifié comme
• en brique ; la solution aux « maux » de la classe ouvrière. Les « maux »
• d’habitat social ; ne sont pas qu’épidémiologiques, il s’agit aussi de traiter des
• situés sur le boulevard des maréchaux ; « déviances » de la classe ouvrière comme l’alcoolisme mais
• édifiés entre-deux-guerres. aussi sa tendance insurrectionnelle (afin d’éviter des épisodes
Ces 4 caractéristiques que le grand public associe générale- semblables à la Commune de Paris de 1870).
ment aux HBM renvoient à un ensemble cohérent d’environ
38 000 logements. Les sociétés philanthropiques, créées à la fin du XVIIIe siècle,
construisent dans Paris à la fin du XIXe siècle des bâtiments
susceptibles d’offrir des conditions de vie décentes aux ouvriers
en introduisant les éléments de confort et de salubrité en
vigueur dans l’habitat bourgeois comme l’eau et le gaz à tous
les étages, le chauffage, les sanitaires, etc.
© Apur

© Apur

3-7, rue Jeanne d’Arc (75013) — Société philanthropique 117, rue de Belleville (75019) — H. Provensal, H.-P. Nénot et A. Rey
— Fondation Rothschild, 1908.

8
En 1905 la fondation Rothschild, dotée d’un capital important, Sur le modèle de la fondation Rothschild la Ville de Paris
lance un concours d’architecture publique autour de la question organise un concours en 1912 pour la production de loge-
de l’habitat social ouvrier. Les préoccupations hygiénistes sont ments à destination des classes les plus pauvres et des classes
très fortes au sein du concours : il s’agit de proposer des formes moyennes inférieures (notamment les familles nombreuses).
urbaines nouvelles et des cellules d’habitat permettant l’ensoleil- Pour répondre à cette attente, deux types d’habitation à bon
lement et la ventilation des logements. La notion de cour fermée marché sont élaborés : les HBMO (*) et les HBMR (**). L’Office
est fortement remise en question et laisse place à la notion d’îlot Public d’Habitations à Bon Marché de la Ville de Paris (OPHB-
ouvert. La surveillance des classes ouvrières est alors assurée au MVP) est créé en 1914 afin d’assurer la gestion des logements
sein des groupes d’habitations par des entrées monumentales et éventuellement leur construction. La guerre interrompt
sur rue qui sont autant de lieux de contrôles des allées et venues. tous les programmes en gestation qui seront livrés une dizaine
Une vie communautaire est favorisée par la création de services d’années plus tard entre 1921 et 1925. Ainsi s’achève la phase
communs (buanderies, bains douches, etc.) au sein même des dite « expérimentale » des HBM dans laquelle les concours
îlots qui forment alors de véritables « cités ». livrent des solutions innovantes qui seront reprises plus tard
à grande échelle.
Si le travail des fondations est suivi avec beaucoup d’intérêt,
leur action reste symbolique et n’est pas à l’échelle de l’am- La poursuite de la construction des HBM se fait non plus
pleur de la crise du logement qui sévit alors. La Ville de Paris seulement dans les tissus constitués mais aussi en lieu et place
désire alors devenir acteur de la production de logements et de l’ancienne enceinte fortifiée de Thiers qui est déclassifiée
interpelle l’État en ce sens. En 1912, la loi Bonnevay autorise en 1919. Cette séquence historique, qui va de 1926 à 1939,
les collectivités à construire des HBM à condition qu’elles ne correspond à un moment d’intense construction d’HBM. Les
soient pas partie prenante de leur gestion. enseignements des concours y sont mis à profit et surtout les
enseignements acquis par la gestion des HBM au début des
Les HBM se définissent alors comme des habitations carac- années 1920 par l’OPHBMVP. Par opposition à la période
térisées par : précédente qui était encore une phase de recherche et d’ex-
1/un encadrement des loyers pour des populations spéci- périmentation, la période de 1926 à 1939 marque le moment
fiques (familles nombreuses, catégories modestes, etc.) ; d’une production de grande échelle principalement sur la
2/une normalisation de l’habitat en ce qui concerne la sur- ceinture entre le boulevard des maréchaux et l’ancien glacis
face des logements et leur salubrité (eau, courante, WC, des fortifications.
cuisine, etc.) ;
3/un contrôle des sociétés de gestion par la puissance publique.

(*) « HBM de catégorie ordinaires » ou « de type Zola », en référence à la rue Émile Zola
dans le 15e arr. où elles sont édifiées pour la première fois).
(**) «  HBM de catégorie rudimentaires » ou « de type Becque » en référence à la rue Henri
Becque dans le 13e arr. où elles sont édifiées pour la première fois).

Production de logements dans les HBM ou assimilés Production de logements HBM ou assimilés

 

(  %)
(
%)
de  à €
avant  (HBM ‚ƒ‚
(HBM génération)
prototypes)
 
( %)

 
(  %)
de … à 
(HBM ‚ génération)
© Apur

© Apur

137 boulevard de l’hôpital (75013) — J. Charlet et F. Perrin — Sources : Archives de Paris, rapport d’activités  de l’OPHVP
OPHBMVP, 1922-1926.



Les critères d’admission au logement social sont élargis avec la D’un point de vue architectural, la production en grande quan-
création en 1923 des Immeubles à Loyers Modérés (ILM) qui tité d’immeubles se traduit par une restriction et une systéma-
seront conventionnés par la loi Loucheur de 1928 et qui visent tisation du vocabulaire.
les classes moyennes hautes ; ces immeubles reprennent à leur
compte tous les éléments de confort des immeubles bourgeois, L’appellation HBM perdure après la seconde guerre mondiale
ils sont en quelque sorte le « haut de gamme » du logement et est utilisée pour qualifier les ensembles sociaux bâtis sous
social d’alors. Enfin le type HBMA (« HBM de type amélioré ») l’impulsion du Ministère de la Reconstruction et de l’Urba-
est créé afin de répondre au déficit d’offre de logement social à nisme (MRU). Ces logements abandonnent les multiples
destination des classes moyennes (celles qui n’ont pas assez de déclinaisons des HBM antérieures (HBMR, HBMO, HBMA
revenus pour les ILM et trop pour les HBMO), ces immeubles et ILM). Les normes de confort de l’ILM d’avant-guerre sont
reprennent les normes de confort des équipements des HBMO retenues comme standard de l’HBM qui deviendra à partir des
avec des surfaces de logements supérieures. Dans le même années 1950, l’Habitation à Loyer Modéré (HLM). D’un point
temps, nombre de sociétés de gestion de gestion sont créées de vue constructif les techniques mises en œuvre avant-guerre
comme la Régie Immobilière de la Ville de Paris (RIVP), la sont reprises et améliorées, par contre, le plan-masse évolue
Société Anonyme de Gestion Immobilière (SAGI), la Société fortement et annonce l’urbanisme des grands ensembles des
de Gérance d’Immeubles Municipaux (SGIM), la Compagnie années 1960.
Parisienne de Gestion (CPG), etc. Elles sont créées successive-
ment et se spécialisent la production d’un ou plusieurs types
d’HBM selon l’évolution de la demande en logement social.

Périodes et principaux types de constructions des HBM à Paris

Réalisés exclusivement « intra-muros »

   ­€ ­‚-­‚€


Habitation ouvrière Concours de la fondation Rothschild Période de construction
des sociétés philanthropiques des premières HBM de la Ville de Paris
élaborées lors des concours de  et 

Période expérimentale Période expérimentale


Élaboration des prototypes HBM …†… génération d’HBM
Source : Apur

10
1.3. Champ d’investigation de l’étude
Comme le montre le rapide rappel historique précédem- En introduction de cette partie, nous avions proposé une défi-
ment mené, l’appellation HBM renvoie à plusieurs grandes nition de l’HBM selon le « sens commun » ou appréciation
périodes de constructions, on distingue ainsi au moins cinq « grand public ». Cette définition est assez cohérente d’un
types d’HBM à Paris : point de vue historique puisqu’elle permet d’isoler la période de
1/ l’habitation ouvrière de la fin du XIXe siècle ; construction allant de 1926 à 1939 qui concerne la plus grande
2/ les groupes issus des concours des fondations (1905) ; part des logements sociaux dits HBM selon son acception la
3/ les cités issues des concours de la ville de Paris (1912) et plus large, c’est cette période que nous documenterons le plus
livrées après la 1ere guerre mondiale ; en détail. Cette période est aussi celle durant laquelle s’opère
4/ les groupes d’habitations produits entre 1926 et 1939 par l’urbanisation de la ceinture de Paris et qui donc donne aux
la Ville de Paris et les sociétés HBM comme l’OPHBMVP, HBM leur cohérence urbaine de grande échelle. Les périodes
la RIVP, la SAGI, la SGIM, la CPG… ; antérieures et postérieures ne sont pas exclues du champ d’in-
5/ les premières opérations de logement de l’après 2e guerre vestigation, elles serviront notamment de grille de lecture à
mondiale. des questions cruciales comme la question architecturale, les
techniques constructives ou encore les formes urbaines.

Réalisés sur le bd des maréchaux (%)


et « intra-muros » (%)

­‚ƒ-­„­ ­€-­€ (voire au-delà)


Deuxième génération d’HBM Reconstruction d’après-guerre initiée
Période de production maximale des HBM sur le modèle de l’HBM de l’entre-deux-guerres

Période d’intense construction des HBM


‚… génération d’HBM
© Apur

11
Périodes de construction des HBM

Date de construction des HBM


Avant  (prototypes HBM)
 à € (HBM ‚ƒ‚ génération)
† à ‡ (HBM ‚ génération)

Sources : Archives de Paris, Paris Habitat, RIVP, ELOGIE

12
13
© Apur
2. Concepteurs et gestionnaires

Parmi les questions complexes soulevées par les HBM se trouve agence d’architecture en retenant les lauréats des concours de
celle relative à leur conception et à leur gestion. L’intervention la ville de Paris (1912 et 1913) et de la fondation Rothschild
de la puissance publique dans le champ du logement se tra- (1905). Le modèle de production change donc fortement, et
duit par la recherche de nouveaux modèles et notamment de deux systèmes s’opposent avec d’un côté la Ville de Paris qui
partenariats avec le secteur privé. fonctionne encore sur le mode des concours et l’Office qui
travaille exclusivement en régie.
La première séquence historique est celle de la production
d’HBM par les fondations philanthropiques. Cette production L’urbanisation de la ceinture commence après la première
est continue entre la fin du XIXe siècle et 1920. Le modèle guerre mondiale avec l’Office.
philanthropique est relativement simple puisqu’il repose sur
l’initiative privée, sans interventions de la puissance publique. La situation économique du secteur de la construction est
morose au lendemain de la guerre. Les moratoires qui péren-
À partir de la loi Bonnevay de 1912, la Ville de Paris est auto- nisent les situations d’impayés de la guerre font fuir les inves-
risée à construire et à prendre part à la construction des HBM, tisseurs du secteur privé. Ainsi, à une situation de pénurie de
elle doit par contre en céder la gestion. L’OPHBMVP est créé logements s’ajoute un déficit d’initiatives privées dans le sec-
en 1914 afin de gérer les futurs groupes de la Ville de Paris, teur de la construction. Situation d’autant plus préoccupante
l’OPHBMVP a également la possibilité de construire et de gérer qu’une partie de la ceinture devait normalement être vendue
des bâtiments sur des terrains qui lui sont cédés par la Ville à la promotion privée afin de rembourser son achat à l’État.
de Paris. Les prérogatives de l’OPHBMVP sont assez larges, Cette équation financière est donc fortement compromise, ce
mais la tâche la plus complexe à assumer semble la gestion des qui encourage la Ville de Paris à intervenir une nouvelle fois
bâtiments qui lui sont confiés par la Ville de Paris. Cette tâche dans la construction en investissant cette fois le champ de la
est assez risquée car les concours de 1912 et 1913 que la Ville construction à destination des classes moyennes supérieures,
mène pour ses premières constructions sont très inspirés des avec l’espoir de dégager des bénéfices.
concours des fondations, donc très utopiques dans leur formu-
lation et basés sur le mécénat, ce qui n’est pas garant a priori de La Ville de Paris lance donc un concours en 1923 pour l’aména-
pragmatisme économique. L’Office doit en effet s’assurer d’une gement de 4 portes (Champerret, Ménilmontant, Saint-Cloud,
rentabilité à 4 %, et des tensions naissent, notamment sur le Orléans) qui donnera naissance à l’Immeuble à Loyer Modéré
projet de Bonnier de 1921 de la rue Ménilmontant auquel on (ILM). La consigne est claire, il faut atteindre l’équilibre éco-
reproche la conception d’un projet économiquement ingérable. nomique dans les projets car l’ILM est produit sans finance-
L’Office anticipe son futur rôle de gestionnaire, et intervient ment de l’État. Les projets sont marqués par ce souci de forte
de façon récurrente lors des expertises techniques menées par rentabilité foncière qui conduit à des densités au sein des ILM
la Ville afin d’éviter les dérives. L’Office n’est pas seulement un plus élevées que pour les HBMO.
gestionnaire, elle est aussi un contrôleur des projets qui lui
seront attribués, elle joue donc pleinement un rôle de maître
d’œuvre et maître d’ouvrage. En 1919, l’Office crée en régie son

15
La Ville ne veut pas réitérer son expérience avec l’Office qui des sociétés d’économie mixtes, la Ville de Paris crée à partir
s’est avérée trop intrusive dans les projets et préfère revoir de 1930 la Société Anonyme de Gestion Immobilière (SAGI),
son modèle de gestion pour les ILM. Elle choisit de créer une la Société de Gérance d’Immeubles Municipaux (SGIM) et la
société d’économie mixte nommée Régie Immobilière de la Compagnie Parisienne de Gestion (CPG). La SAGI se révèle
Ville de Paris (RIVP) qui est chargée de construire les ILM. très habile dans les montages administratifs. Elle réussit à se
La RIVP est dotée d’une agence d’architecture composée des faire attribuer les ¾ des 20 000 logements prévus par la loi
lauréats du concours de 1923. Loucheur. Elle développe un modèle monopolistique dans
lequel un ingénieur en régie, L. Heckly, supervise les projets
Les 1 100 logements ILM des 4 portes sont réalisés selon l’équa- et une entreprise unique est chargée de la réalisation. Si le
tion économique du concours de 1923, qui va vite s’avérer dispositif s’avère efficace en termes de productivité, il est très
caduque à son tour. La situation économique est en forte dégra- critiqué. Son système de montages financiers sans appels
dation, les taux d’intérêt s’envolent, les coûts de la construc- d’offres est pointé du doigt.
tion sont renchéris, et au final les logements ne trouvent pas
preneur. La RIVP subit de vives critiques et les programmes Cette productivité rime aussi avec une perte d’inventivité
sont interrompus de 1927 à 1932. urbaine qui avait fait la marque des HBM par le passé. La SAGI
marque le retour de l’îlot fermé et tourne le dos aux considé-
La loi Loucheur de 1928 débloque la situation en convention- rations hygiénistes. La SGIM et la CPG jouent un rôle mineur
nant les ILM, et donc en plafonnant les loyers. dans la production des 20 000 logements, elles semblent
n’avoir été créées que pour donner l’illusion de la participation
La loi Loucheur traduit une volonté de réorganisation des d’une pluralité d’acteurs privés.
modes de production du logement conventionné, en fixant
des objectifs chiffrés de production (18 000 HBMO et 20 000 La production des HBM se fait, entre-deux-guerres, dans
ILM pour le département de la Seine) et en interdisant aux un climat de vives tensions économiques. La Ville de Paris
villes de construire. Cette dernière disposition vise à répondre peine à trouver un modèle économique qui donne satisfac-
aux vives critiques que suscitaient les montages administratifs tion et recherche, à travers la création de 5 grands bailleurs la
des municipalités. meilleure formulation administrative. La production d’HBM
tarde à démarrer dans les années 1920, et ce n’est qu’à partir
La RIVP reprend son activité en 1932 et complète son parc de des années 1930 que la production devient exponentielle. Ce
logements qui atteint 9 500 unités en 1935. moment est critiqué, les suspicions de corruption sont légion,
les scandales relatifs à l’attribution des marchés de la part des
Si la loi Loucheur a permis de débloquer la production des bailleurs, notamment la SAGI, ternissent l’image des HBM
ILM, elle a surtout fixé des objectifs très ambitieux de produc- auprès du grand public. Ce moment d’intense construction
tion de logements, jugés irréalistes au regard de ce qui a été sera de courte durée puisqu’interrompu en 1939 par la seconde
fait précédemment avec l’OPHBMVP et la RIVP. Sur le modèle guerre mondiale.

Production de logements HBM entre deux guerres

SGIM  
CPG


SAGI
 

RIVP



OPHBMVP



    


© Apur

Sources : Archives de Paris, Paris Habitat, RIVP, ELOGIE

16
© Paris Habitat

Panneaux d’affichage pour la mise en location de HBMO — Groupe de la porte de Montrouge (75014) — OPHBMVP, 1933

17
Gestionnaires des HBM

Gestionnaires des HBM


Fondations et divers
OPHBMVP
RIVP
SAGI
CPG
SGIM

Sources : Archives de Paris, Paris Habitat, RIVP, ELOGIE

18
19
© IGN
3. Échelle urbaine
3.1. Historique
Avant 1926 les HBM de Paris sont réalisées exclusivement Elle est constituée, côté Paris :
dans les tissus existants. La taille des opérations est encore • d’une route militaire de 10 à 40 m de large ;
assez restreinte, on se contente d’urbaniser une ou plusieurs • d’une enceinte fortifiée de 150 m de large et de 39 km de long ;
parcelles, mais plus rarement des îlots entiers. Ces opérations • de 94 bastions ;
qui font la promotion de l’habitat social n’ont pas vraiment • de 52 portes.
leur place dans le centre de Paris, elles sont donc principa-
lement entreprises dans les arrondissements périphériques. Côté banlieue, une zone non aedificandi de 250 m de large
Elles visent à mettre de l’ordre dans des tissus où a pu sévir borde l’enceinte fortifiée (la « zone »).
une urbanisation informelle, jugée inadaptée et peu hygié-
nique. Les HBM sont alors un vecteur de salubrité et de réor- L’inutilité militaire de l’enceinte a été démontrée en 1870
ganisation des tissus existants, même si la portée urbaine de durant la guerre franco-prussienne. Au début du XXe siècle
ces opérations reste ponctuelle. cet espace n’a plus aucune vocation militaire, et il devient un
lieu de promenade et de pique-nique pour les habitants des
La crise du logement qui ne cesse d’empirer depuis le début du arrondissements périphériques. La zone non aedificandi est
siècle et le déclassement de l’enceinte fortifiée de Thiers en 1919 largement investie d’occupations informelles, de baraques,
vont faire de la ceinture de Paris le lieu d’urbanisation privilégié d’emprises industrielles et de cultures vivrières.
de l’habitat social parisien de l’entre-deux-guerres.
La loi du 19 avril 1919 déclasse l’enceinte fortifiée, et précise les
modalités d’urbanisation selon une double ceinture concentrique :
Déclassement de l’enceinte de Thiers • sur l’ancienne enceinte, l’urbanisation prévoit 25 % de ter-
rains affectés aux logements HBM ;
L’enceinte fortifiée de Thiers a été édifiée entre 1841 et 1844, • sur l’ancienne « zone », la servitude « non aedificandi » est
elle marque la frontière administrative et spatiale de Paris préservée et une ceinture verte doit être aménagée.
depuis 1860. Les terrains de l’enceinte sont vendus à la Ville par l’État.

© BHVP

Avant-projet de l’enceinte fortifiée et de la zone non aedificandi, établi sous la direction de L. Bonnier

21
© BNF
Fortifications de la porte de Versailles — A gauche : la « zone » / A droite : l’enceinte fortifiée
Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

© Paris Habitat

Édification du groupe HBM de la porte Chaumont au droit des terrains zoniers occupés par de l’habitat informel

22
tants qui le jouxtent : aucune interaction avec la banlieue, et
Le projet d’aménagement relativement peu avec Paris. Seules les portes existantes sont
de la ceinture : le Plan Bonnier de 1924 confortées, élargies et monumentalisées par le projet, de nou-
velles portes voient le jour mais sans rôle déterminant dans la
Établi par le service du Plan de Paris Direction de l’extension, relation Paris-banlieue.
conformément à la loi Cornudet du 14 mars 1919 (N.B. : pour
les villes de plus de 10 000 habitants, cette loi stipule l’obliga- Le projet prévoit la mise en place d’un réseau de voies hié-
tion d’établir dans les trois ans un projet d’aménagement, d’em- rarchisées :
bellissement et d’extension), le Plan « Bonnier », approuvé par • le boulevard des maréchaux qui devient la grande voie de cir-
le Conseil municipal du 30 juin 1924, est le plan de référence culation. Il est conçu comme une voie périphérique marquant
pour l’aménagement de l’ensemble de la Ceinture jusqu’en une rupture dans l’espace urbain. À l’inverse du boulevard
1933, date de sa révision. haussmannien qui retravaille le parcellaire de part et d’autre
de la voie, le boulevard des maréchaux ne suscite que des
La morphologie prévue par le Plan est celle d’une entité urbaine interventions sur les terrains libérables ;
cohérente constituée de deux territoires annulaires juxtaposés • une voie d’isolement : elle marque la limite entre les nou-
avec une occupation contrastée : veaux lotissements et la ceinture verte, elle est dédiée à la
• dans la ceinture intérieure se trouvent des îlots de logements, au promenade ;
front bâti aligné sur les nouveaux boulevards des Maréchaux ; • les voies de lotissement : il est interdit de les réaliser parallè-
• dans la ceinture extérieure se trouve une bande continue lement au boulevard des maréchaux. Les voies doivent être
d’espaces verts sur la Zone Non Aedificandi en vis-à-vis des en éventail quand cela est possible ou alors perpendiculaire
territoires limitrophes de Paris. au boulevard mais à condition que les immeubles possèdent
des cours ouvertes sur la ceinture verte, afin de donner des
Ce projet urbain a pour vocation de clore l’espace urbain pari- vues sur les jardins.
sien. Il marque la frontière entre le Paris « intra-muros » et
la banlieue. Le projet prend peu en compte les tissus exis-

© Paris Habitat

Voie de lotissement HBM de la ceinture en cours de construction — Groupe de la porte d’Aubervilliers (75019) — OPHBMVP, vers 1930

23
© Paris Habitat
Boulevard des maréchaux — Groupe Bessières-Garnier (75017) — OPHBMVP, vers 1933

Avant-projet de l’enceinte fortifiée et de la zone non aedificandi (75014), établi sous la direction de L. Bonnier — juin 1924 —
Source : Préfecture du Département de la seine, Direction de l’extension de Paris

24
Le projet hiérarchise les programmes de logement. Les « ter- multiplient (SAGI, RIVP, SGIM, etc.) et le rythme de produc-
rains à vendre » et les programmes ILM sont situés à proximité tion s’accélère considérablement, il culmine à plus de 9 000
des portes principales et en vis-à-vis des deux bois, c’est-à-dire logements par an.
là où la valeur foncière est la plus forte. À l’inverse les loge-
ments HBM et les équipements sont situés sur les terrains les Avant la seconde guerre, la ceinture verte reste un espace en
moins valorisables. devenir. Cette ceinture « hygiénique » qui devait isoler Paris de
la banlieue par une succession de parcs ne sera que partiellement
Dans les faits, la ceinture HBM est lotie à partir de 1926 de réalisée, c’est après-guerre qu’elle sera réquisitionnée pour les
façon assez lente (1 000 logements/an) par l’Office. À partir besoins des Boulevards périphériques et des équipements.
des années 1930 la loi Loucheur prend effet, les acteurs se

Lotissement de la ceinture HBM


Rythme de production (nb de logements/an) Production totale (nb de logements)
   
Accélération de la production
suite à la loi Loucheur de 
   

 
 

 
 

 
 
 
 
 

 
 

 
 

   

 
                   

© Apur
Sources : Archives de Paris, Paris Habitat, RIVP, ELOGIE

© BHVP

25
3.2. Les théories influençant la production de formes urbaines
Les règles de lotissement de la ceinture HBM à partir de 1926 augmenter la longueur des façades, accroître l’ensoleillement
sont influencées par plusieurs grandes écoles en vogue au début et assurer au plus grand nombre possible de locataires des vues
du siècle, on peut citer principalement : l’hygiénisme, le mou- directes sur l’extérieur, on a eu recours au dispositif à redans.
vement anglais des cités-jardins et l’école des beaux-arts. Ces On donne aux façades sur rue un grand développement tout en
théories bien que contradictoires sont mises à profit dans la réservant les percées nécessaires pour la ventilation et l’enso-
définition des programmes. leillement des cours : le terrain est ainsi utilisé au maximum. »
(Rapport de l’OPHVP de 1937, p 12)
L’hygiénisme
En pratique la formulation hygiénique de la forme urbaine est
L’hygiénisme théorise la salubrité de l’habitat en adhérant à un peu retenue dans les réalisations. Certes le procédé du redan
certain nombre de postulats. Le bâtiment doit être aéré convena- est employé çà et là, mais de façon minoritaire. L’orientation
blement, pour cela la forme fermée traditionnelle de l’îlot bâti doit nord-sud des bâtiments n’est que très peu retenue et pour
être abandonnée. L’orientation des bâtiments doit être nord-sud une raison simple : il est impossible d’orienter les bâtiments
afin de produire des logements traversants est-ouest. La hauteur selon cette direction dans une surface annulaire comme celle
des bâtiments ne doit être trop importante afin de garantir un de la ceinture. C’est l’orientation du boulevard des maréchaux
ensoleillement convenable à tous les étages. Le dispositif à redans qui guide donc les compositions et non l’axe héliothermique.
est considéré comme une solution hygiénique appropriée, il a été L’îlot ouvert est par contre très employé. Ces îlots apparaissent
notamment théorisé par H. Provensal. On trouve une trace de ces aujourd’hui comme un intermédiaire entre l’îlot haussmannien
théories dans le rapport d’activité de l’Office de 1937 : traditionnel fermé et le plan libre qui sera systématisé après-
guerre. Dans le cas des HBM de la ceinture, on peut parler
« La salubrité du groupe d’habitation est fonction de l’orientation d’îlots semi-fermés, puisque l’alignement sur rue est encore
et de l’aération de chacun des bâtiments : les rayons du soleil recherché mais dans un jeu d’assemblage de bâtis discontinus.
doivent pénétrer directement dans toutes les parties affectées à En revanche, la SAGI ignore totalement ces théories et pro-
l’habitation […] Les constructions ont autant que possible leur pose presque exclusivement des formes fermées, jugées plus
axe en direction nord-sud, leurs façades se développant à l’est rentables en termes de promotion immobilière.
et à l’ouest, bénéficient du maximum d’ensoleillement […] Pour

La forme urbaine hygiénique du « redan »

La forme urbaine hygiénique du « redan » est recommandée par la théorie hygiéniste


car bien ventilée. Les arbres en quinconce apportent de la fraîcheur. L’orientation
doit être nord-sud afin de proposer des logements traversant est-ouest.

« Au rez-de-chaussée, ils formeront des cours fermées où les enfants pourront
jouer en paix dans l’isolement des contacts malsains et souvent dangereux de
la rue. Ces cours plantées d’arbres en quinconce, donneront aux habitants de la
maison et pendant l’été, l’illusion d’un peu de verdure et d’un peu de fraîcheur
aux heures caniculaires. »
« À ces qualités indiscutables, les plantations d’arbres en offrent en outre, d’autres
non moins précieuses. Elles constituent de véritables laboratoires d’oxygène d’autant
plus précieux que les sources sont nombreuses de production d’acide carbonique. »
D’après « L’habitation salubre et à bon marché », Henri Provensal, 1904.

N.B. : l’« acide carbonique » (actuellement appelé CO2) est pensé comme un pol-
luant atmosphérique, sa captation par les arbres est vue comme bénéfique pour la
salubrité de la ville.

Exemples d’usage du « redan » dans le lotissement de la ceinture de Paris

Porte Montmartre (75018) — OPHBMVP, Groupe Mortier (75020), H. Boileau — Groupe Orléans-Jourdan (75014), Brandon
1926 OPHBMVP, 1932 — RIVP, 1932

26
Les cités-jardins anglaises Groupe Sérurier-Indochine (75019) —
OPHBMVP, 1936
Le mouvement anglais des cités-jardins inspire certains projets
d’HBM. Dans ceux-ci, les vues qu’il est bon de privilégier sont
celles donnant sur la ceinture verte, ainsi le front bâti doit
marquer une frontière avec le boulevard et s’ouvrir du côté de
la ceinture verte comme pour le groupe Général de Maistre à
proximité de la porte de Châtillon (75014) mis en service par
l’OPHBMVP en 1935.
Cette disposition est peu mise en œuvre, une minorité de pro-
jets l’adopte.

Porte de Châtillon (75014) —


OPHBMVP, 1935 L’école des beaux-arts
Les beaux-arts ont fortement influencé les mécanismes de
production de la ville haussmannienne et ils restent une doc-
trine prépondérante de la production des formes urbaines
d’HBM. Les règles d’axialité et de symétrie s’appliquent aux
De même, les voies secondaires sont obliques et sinueuses, afin îlots entiers qui demeurent les moteurs de la production
de bloquer les perspectives. Ces principes sont rappelés dans de la ville. Ainsi les principes de perspectives bloquées et
le rapport d’activité de l’Office : d’orientation nord-sud sont remis en cause par ces principes
de composition classiques ce qui fait émerger le caractère
« Il faut se garder de donner une impression de sécheresse ou de inconciliable des théories classiques, hygiénistes et celles
monotonie […] La composition des plans tendra à éviter des des cités-jardins. Toujours selon le principe classique, la
perspectives trop longues qui créent des impressions d’ennui, monumentalité est recherchée dans les perspectives. Ainsi
elle combinera le jeu des pleins et de des vides de façon à les façades sur les boulevards et sur les portes sont composées
donner un caractère aux masses d’architecture, elle ménagera de façon monumentale à l’inverse des façades sur cour ou sur
des échappées sur les cours parsemées d’arbres, de massifs voies de desserte locale.
d’arbustes ou décorées de pergolas. »
(Rapport de l’OPHVP de 1937, p 15) Le système de production de la ville de type haussmannienne
se retrouve ici avec :
Porte d’Aubervilliers (75019) — • un habitat organisé en îlots qu’ordonne un réseau de voies
OPHBMVP, 1936 hiérarchisées ;
• une variété volontaire de taille et de formes d’îlots afin de
briser l’impression d’homogénéité.

Hiérarchie des réseaux de voies — Classification des voies entre la porte de Brancion et la porte d’Orléans (75014)

Boulevard et voies
principales
Voies secondaires
Voies de desserte locale

Le réseau primaire (rouge), à l’échelle de l’agglomération, est constitué par les boulevards des Maréchaux de 40 m de large et les principales
voies radiales dans le prolongement des routes nationales, le réseau secondaire (vert) assure les liaisons entre les arrondissements
périphériques parisiens et les territoires de la première couronne et enfin le réseau de desserte locale (bleu), large de 12 à 20 m, dessert les
lotissements entre les maréchaux et l’allée des fortifications. (N.B. : « aménagement et utilisation des terrains : les concurrents auront la
faculté de proposer la division en plusieurs îlots par des voies publiques… qui n’auraient pas moins de 15 m avec des pans coupés de 5 m ».
Concours ILM, Art 12, chapitre 3, Délibération du conseil de Paris du 29 mai 1923).
La hiérarchie du réseau établit une transition progressive entre l’échelle urbaine et celle domestique du groupe HBM. La répartition des
fonctions urbaines respecte cette hiérarchie : équipements, commerces et transports en communs sur les boulevards des Maréchaux, petits
équipements de quartier et stationnement résidentiel sur les voies secondaires et de desserte locale.

27
3.3. Les tailles et formes des îlots
La production des îlots HBM obéit au principe de découpage • les îlots peuvent aussi se développer parallèlement au bou-
des terrains militaires acté par le plan Bonnier. Des îlots de levard sans pour autant remplir toute l’épaisseur de la bande
toutes tailles voient alors le jour : à construire. Ainsi sont dessinés des îlots tout en longueur
• les îlots les plus petits font moins de 1 000 m², ils sont carrés dont la taille peut dépasser les 10 000 m², des voies d’espaces
ou triangulaires. Les bâtiments s’implantent alors en sui- publiques sont créées à l’intérieur de la bande constructible.
vant des formes élémentaires, par exemple en C ou U, qui
répondent à un principe de composition global qui se lit à Cette grande variété de taille des îlots, qui est sûrement associée
l’échelle de plusieurs îlots dans lequel s’observent des règles à une volonté de briser la monotonie urbaine du type HBM,
de symétries. L’emploi de petits îlots entraîne systématique- n’est pas appréciable par un piéton depuis l’espace public. La
ment la production d’importants linéaires d’espaces publics distinction voie privée/voie publique qui est l’arbitre de la taille
à l’intérieur de la bande constructible (exemples : groupe de des îlots est très peu perceptible par un observateur.
la porte d’Asnières, groupe Didot) ;
• la dimension maximale des îlots, perpendiculairement au Ainsi, la variété de taille des îlots n’a pas de répercussions sur
boulevard, est comprise entre 100 et 130 m. Les îlots remplis- le paysage urbain tel qu’il est apprécié depuis le boulevard.
sant toute la bande constructible en profondeur atteignent
des tailles relativement importantes pouvant aller jusqu’à
20 000 m². Les formes adoptées par les bâtiments sont
alors libres, non assujetties à la présence de voies publiques
(exemples : groupe Berthier, groupe de la porte de Vitry) ;

Morphologie et taille des îlots HBM de la ceinture de Paris


Facteur de forme = périmètre / surface
,

Îlot étudié
,
Espace public
suplémentaire
induit par l’îlot

,

Îlots aux formes


, atypiques
génératrices
d’espace public

,
Petits îlots
générateurs
d’espace public Largeur atypiques
de la ceinture
, (proximité du bois de Boulogne,
de la Porte Brunet, etc.)

Îlots compacts
, non générateurs d’espace public

,
                      
Surface
de l’îlot (m²)
© Apur

Source : Apur

Légende : Le facteur de forme est un indicateur permettant d’évaluer la capacité qu’a un périmètre à accueillir une surface donnée. Plus l’indicateur
est élevé plus les formes des îlots sont complexes ou allongées, et donc plus la compacité du plan est mauvaise. Lorsque l’on exprime cet indicateur
par rapport à la surface des îlots, on peut apprécier l’efficacité foncière pour la ville de Paris dans l’exercice de lotissement. Plus le lotissement
génère de l’espace public et plus les lotissements sont coûteux pour la Ville.

28
3.4. Les morphologies bâties
Les motifs géométriques des bâtiments HBM qui composent • les formes semi-fermées sont elles aussi pratiquées, il s’agit en
la ceinture de Paris relèvent de procédés de composition qu’il réalité d’îlots fermés dans lesquels sont pratiquées de simples
est possible de regrouper en plusieurs familles : les formes brèches qui marquent la prise en compte d’un hygiénisme
fermées, les formes semi-fermées, les formes en « U, C, L, minimal ;
I », les barres, et les peignes, auxquelles s’ajoutent des formes • les formes en U, C, et L marquent une rupture nette avec
atypiques souvent associées à des productions architecturales la conception de l’îlot fermé. Elles permettent de réaliser
exceptionnelles (à vérifier). des îlots suffisamment ouverts pour faire disparaître la cour
fermée, alors fortement décriée, tout en conservant un mini-
Ces grandes familles ne se substituent pas les unes aux autres mum de bâtis en alignement sur rue. Souvent des petites
au fil du temps, elles sont toutes employées tout au long du barres sont employées dans ces compositions en U, C, et L.
processus de lotissement de la ceinture, elles sont symptoma- Elles marquent la transition naturelle vers le « plan libre »
tiques de la volonté de recherche et d’expérimentation alors qui sera adopté après-guerre.
mise en œuvre dans les projets :
• les premiers projets de la ceinture, portés par l’OPHBMVP, Si le modèle de la barre n’est pas un aboutissement chro-
sont très académiques comme le montre la forme en peigne nologique du processus de lotissement de la ceinture, il
de la porte Montmartre (1926) qui est comprise à l’époque s’agit d’un centre de gravité vers lequel convergent assez
comme une forme exemplaire d’un point de vue hygiénique. naturellement les recherches formelles sur la géométrie
Cette forme annonce déjà le modèle de la barre, elle lui est des formes urbaines et bâties menées sur la ceinture tout
géométriquement très proche, la principale différence étant au long de son lotissement.
la présence d’un corps de bâtiment sur rue censé marquer le
respect de l’alignement ;
• à l’inverse de tout cela, la forme fermée est pratiquée par la SAGI
de 1932 à 1937. Sa production urbaine va totalement à l’en-
contre des préoccupations hygiénistes, et relève d’une logique
de promotion immobilière standard sans recherche particulière.

29
Morphologies bâties des principaux HBM de la ceinture de Paris
FORMES
FERMÉES
Alignées avec l’espace public

Non alignées avec l’espace public

FORMES
SEMI-FERMÉES

U, C, L

U, C, L, I

«BARRES»

PEIGNES

ATYPIQUES

Source : Apur
       

30
© Apur

  

31
3.5. Les modes d’occupation des îlots
Le rapport entre plein et vide au sein des îlots HBM s’établit • les premiers groupes d’HBM ordinaires (HBMO) construits
dans une difficile articulation entre le respect des normes de à partir de 1926 atteignent R+6 (ex : porte de Montmartre,
salubrité propres aux HBM et la tentation d’une certaine valo- porte de Vanves, etc.) au lieu des R+7 ou R+8 permis par
risation foncière. le règlement de 1902 sur le boulevard des maréchaux. La
limitation des hauteurs permet d’améliorer l’ensoleillement
En effet, les normes sur l’hygiène et la salubrité des logements des cours et garantit la cohérence volumétrique d’un groupe
HBM, doivent être respectées (N.B. : un certificat de salubrité HBM avec les bâtiments de 6 niveaux implantés en bordure
est délivré depuis 1907 par les Comités Départementaux de de voies plus étroites ;
patronage des HBM et de la Prévoyance Sociale) pour obtenir • la construction de bâtiments peu épais avec logement
la qualification « HBM » et les aides financières afférentes. traversant pour favoriser la ventilation est prescrite dans
Ces normes autorisent des densités moins importantes que le le règlement sanitaire de la Ville de Paris de 1904 révisé
règlement urbain en vigueur à Paris depuis 1902. en 1910. L’ensemble des HBM est en grande majorité à
Ainsi : double orientation (N.B. : les petits logements comme les
• les dimensions des cours délimitées par les bâtiments HBM, chambres isolées ne sont pas traversants). Cette configu-
dans le règlement de salubrité de 1908 du Comité de patro- ration détermine l’épaisseur des bâtiments qui varie de
nage des HBM, sont doublées par rapport à celles prévues au 9 m à 10,50 m.
règlement du 13 août 1902. Une directive du ministère du
travail de 1929 confirme ces prospects qui sont fixés à 9 m pour Les normes d’hygiène qui s’appliquent aux HBM produisent
une façade de 18 m de hauteur et à 10 m pour une façade de des formes urbaines aux densités faibles. Leurs COS sont géné-
20 m de hauteur au lieu de 6 m pour une façade de 18 m de ralement en dessous de 4. Le COS moyen des HBM amélioré
hauteur et de 6,66 m une façade de 20 m de haut prescrit par (HBMA) de la ceinture est aux alentours de 3. On est donc
le règlement de 1902. Les espaces libres entre les bâtiments bien loin de ce qu’a pu produire le règlement de 1902 dans
HBM présentent des dimensions supérieures à celles réalisées à le bâti post-haussmannien pour lequel des COS voisins de 6
la même période dans les cours et les courettes des immeubles ont été atteints.
des tissus constitués, conformément au règlement de 1902 ;

Coefficient d'Occupation du Sol des différents types de bâti selon le niveau de confort
TISSUS CEINTURE
(COS calculé sur l’exemple en dessous) (COS calculé en moyenne sur la ceinture)
­
 ,€

†,‡

‚,ƒ

‚,„

…,€


Bâtiment HBMR HBMO (OPH) HBMA (OPH) ILM (OPH, RIVP)
haussmannien ou Type Becque (OPH) et Type  et Type bis (SAGI) et Type 
(SAGI, SGIM, CPG) (SAGI, SGIM, CPG)
© Apur

Sources : Apur

32
Dans le cadre de la loi de 1919 sur le déclassement de l’en- La valeur locative des logements ILM, non conventionnés
ceinte, la Ville de Paris doit rembourser l’achat d’une partie jusqu’à la loi Loucheur de 1928, doit assurer l’équilibre finan-
des terrains à l’État pour construire un grand nombre de pro- cier des opérations. Les normes sanitaires qui s’appliquaient
grammes sans rendement financier : infrastructures, équipe- aux anciens HBM ne sont pas appliquées dans le cas des ILM.
ments, espaces verts et HBMO. La diminution du nombre de À la différence des HBM ordinaires, élevés sur 6 étages, les
terrains initialement destinés à la vente pour assurer l’équilibre immeubles ILM s’élèvent jusqu’à 7 voire 8 étages conformé-
financier de la construction des HBM, entraîne une densifica- ment au règlement d’urbanisme de 1902.
tion des îlots mise en œuvre à partir de 1923 avec les projets
du concours des logements ILM.

© C. Demonfaucon (2014)
© Apur

HBMO en R+6 — Groupe Humbert, porte de Vanves (75014) — ILM en R+8 — Groupe de la porte de Brancion (75015) — RIVP, 1934
OPHBMVP, 1928

33
3.6. Les espaces libres
Les morphologies
Les espaces libres sont formés par toutes les emprises privées
Espace public
non bâties au sein des groupes de HBM. Un même groupe peut
Voie privée
comprendre plusieurs îlots séparés par des voiries publiques.
Parfois, cependant, cette partition est assurée par des voiries
privées séparées de l’espace public par des grilles. Les îlots
résultant de cette configuration avec voies privées sont donc
bien plus grands car composés de plusieurs « sous-îlots ». Les
deux configurations présentent des morphologies urbaines
sensiblement similaires et aucun élément ne permet d’expli-
quer aujourd’hui clairement pourquoi certaines voies sont
intégrées aux îlots comportant des HBM et d’autres non. Il n’y
a pas de corrélation avec les catégories construites ni avec l’em-
placement des immeubles, ni même d’explication en termes de
phasage, le tracé des voies privées s’étant fait en concomitance
avec celui des voies publiques.

© Apur
Groupe Saint-Mandé (75012) — A. Tur — RIVP, 1932

Caractéristiques
Les nombreuses morphologies bâties des HBM induisent une Espace public
grande variété de formes des espaces libres. Si le rapport de Voie privée
l’Office de 1937 fait état de « cours » et « allées privées », il
est en fait difficile de qualifier ces espaces tant ils revêtent
souvent des caractéristiques relevant à la fois de la rue (espace
libre, traversant, formé d’une chaussée bordée de trottoirs et
longé de bâtiments) et de la cour (espace libre, clos, entouré
de bâtiments).

Le caractère hybride de ces espaces, entre voie et cour, témoigne


de la création d’un nouveau type d’îlot, rompant avec la mor-
phologie de l’îlot haussmannien. Les îlots des HBM s’ouvrent
pour laisser passer air et soleil selon les préceptes hygiénistes.
Les interruptions ponctuelles des fronts bâtis de ces îlots

© Apur
rendent les espaces libres accessibles et visibles depuis la rue
dans la majorité des cas. Ces derniers sont dessinés comme des Groupe Mortier (75020) — RIVP, 1934
prolongements de l’espace public et lui sont connectés. L’en-
semble du réseau des voies publiques de la Ceinture, aménagé
en continuité avec celui réalisé à partir de la seconde moitié règles d’aménagement : « Ils [NDLR : les espaces libres] seront
du XIXe siècle dans Paris, est traité selon la configuration sui- agrémentés de plantations (arbres, arbustes, corbeilles, plates-
vante : chaussée pavée, trottoirs asphaltés, bordure de granit. bandes, etc.), mais les bâtiments seront toujours entourés de
Cette configuration est reprise pour l’aménagement des espaces trottoirs pavés, bitumés ou dallés en ciment de 1,50 m de
libres des HBM. Cette continuité de traitement entre espace largeur au minimum, avec bordure et caniveaux pavés pour
public et privé caractérise l’ensemble des groupes HBM. l’écoulement des eaux. ».

Les espaces libres des HBM se différencient néanmoins des


voiries publiques par un traitement avec des matériaux spéci- Dimensions
fiques. Aucun règlement officiel ne définit avec précision leur Selon le rapport de l’Office de 1937, les espaces libres sont
aménagement, ce qui peut expliquer les disparités rencon- aussi vastes que le permettent la « cherté des terrains et les
trées entre les espaces libres des différents groupes de HBM. moyens financiers ». Toujours selon ce rapport, la proportion
Il revient aux bailleurs d’établir leur composition. Quelques accordée à ces espaces dans les opérations de HBM menées
notes techniques internes des bailleurs de l’époque font état par l’Office est bien plus généreuse que dans les opérations de
de la nécessité de composer avec soin les espaces libres et logement privé de la même époque. La densité de construction
rappellent l’obligation d’y insérer des parterres plantés. Ces dans les opérations privées serait, en effet, selon l’Office, de
notes techniques internes définissent aussi avec précision les l’ordre de 75 à 80 % de la surface du terrain, contre 33 à 40 %
matériaux et la manière de clôturer les espaces libres. D’autres pour les opérations de HBM. Cette générosité dans la taille des
dispositions sont apportées par les cahiers des charges de espaces libres est l’une des prescriptions les plus importantes
concours. Celui de la RIVP de 1923 pour la construction d’ILM dans les règles d’édification des HBM. La « courette », associée
ajoute aux traditionnelles prescriptions de matériaux quelques à l’haussmannien et jugée peu hygiénique, est abandonnée.

34
Exemples de parterres plantés au sein de groupes HBM

© Paris Habitat
Groupe porte de Vanves (75014) — OPHBMVP, 1928

L’exception de la SAGI
Les opérations menées par la SAGI se distinguent de celles des
autres bailleurs. Un grand nombre d’îlots bâtis par l’institution
ne sont pas ouverts et possèdent donc une densité bâtie plus éle-
vée. Il en résulte une homogénéisation des espaces libres de ces
îlots qui présentent une morphologie de cour fermée. Dans ce
cas-là, les espaces libres ne sont donc plus visibles depuis la rue
et ne sont pas traités comme des espaces publics. On constate
d’ailleurs une simplification dans le traitement de ces espaces. Ils
peuvent apparaître comme résiduels, contrairement aux espaces
libres très fonctionnels des opérations des autres bailleurs.

Les usages
Circulation et agrément
Les espaces libres constituent des espaces de circulation per-
mettant, lorsque les halls d’entrée des HBM ne sont pas adres-
sés sur des voiries publiques – ce qui est le cas dans l’immense
majorité des HBM – d’accéder aux logements. Ce sont sur ces
espaces que s’ouvrent les cages d’escalier. Les accès aux halls
d’entrée se font par des trottoirs. Même lorsque les espaces
libres en cœur d’îlot s’apparentent à des cours, des voies de
circulation sont aménagées et rendent très lisible la localisation
des halls d’entrée. Les voitures doivent pouvoir accéder au plus
© Paris Habitat

près des escaliers pour faciliter les déménagements et emmé-


nagements. Ce sont ces prescriptions qui donnent aux espaces
Groupe Alphonse Karr (75019) — OPHBMVP, 1932 libres des HBM leur ressemblance avec les voiries publiques.

35
Les espaces libres sont communs à tous les habitants d’un îlot et Entretien et assainissement
ne peuvent être appropriés par ces derniers. Les espaces libres pos-
sèdent peu de mobilier urbain (absence de bancs par exemple). Les espaces libres sont pensés pour être entretenus facilement.
Les espaces libres ne sont pas, non plus, comme c’était souvent À l’exception des parterres plantés et allées sablées (rarement
le cas à l’époque, des endroits où l’on entrepose les ordures. Les mises en œuvre), les surfaces les composant sont imper-
préceptes hygiénistes qui ont façonné la construction des HBM méables. La configuration des voiries publiques est reproduite
prévoient en effet que les ordures doivent être stockées à l’intérieur dans les allées privées à l’intérieur des îlots HBM mais avec des
des bâtiments, dans des locaux en RDC donnant sur l’intérieur des matériaux spécifiques :
îlots. Les espaces libres sont donc conçus pour être exclusivement • chaussées en béton gravillonné (les gravillons non intégrés
pratiqués comme des espaces de circulation. Les éléments de dans un béton sont interdits car ils compliquent le nettoyage
mobilier qui peuvent être présents, comme les pergolas, possèdent et peuvent boucher les canalisations) ;
le plus souvent une fonction décorative. Par ailleurs, les boutiques • trottoirs en matériaux bitumineux pavés, cimentés ou asphal-
installées en rez-de-chaussée ne sont pas traversantes et sont tés et bordés de pavés en granit ;
tournées vers la rue. L’activité commerciale en pied de HBM n’est • des parterres plantés peuvent agrémenter les trottoirs et
donc pas lisible depuis les intérieurs d’îlots et n’influe pas sur la chaussées.
composition ou la pratique des espaces libres.
Le règlement sanitaire de la ville de Paris de 1904 stipule que les
Il n’y a pas de différence visible de traitements en fonction des constructions de logements doivent être reliées au réseau d’eau
catégories de HBM (ILM, HBMO, HBMA, etc.). Les distinc- potable (« eau de source ») et si possible au réseau d’eau non
tions de traitement s’opèrent plutôt selon le positionnement potable (« eau de rivière »). Les plans de canalisation des groupes
géographique des groupes. Les îlots localisés près des bois de de HBM montrent toujours la présence des deux réseaux d’eau. Le
Vincennes et de Boulogne, appartenant à des quartiers plus règlement sanitaire de la ville de Paris de 1936 oblige les bailleurs
bourgeois que ceux du reste de la ceinture, peuvent montrer des à équiper en eau potable et non potable les terrains supportant
aménagements plus dispendieux qu’ailleurs. La sécurité des la construction de logements. Les espaces libres comportent par
espaces libres des îlots HBM est néanmoins un point essentiel conséquent des arrivées d’eau issues des deux réseaux. L’« eau de
pour tous les bailleurs, et, des grilles marquent systématique- rivière » est dédiée, entre autres, au lavage des cours. Le règlement
ment la frontière avec les voies publiques sanitaire définit avec précision le système d’assainissement de
ces espaces : « Le sol des cours et courettes devra être revêtu en
La SAGI, pour les raisons évoquées plus haut, se distingue des matériaux imperméables avec pentes convenablement réglées pour
autres bailleurs. Dans les îlots fermés qu’elle fait bâtir, les accès diriger les eaux pluviales vers les orifices d’évacuation. Les orifices
aux bâtiments se font depuis la rue. La cour, qui n’a pas voca- d’évacuation, seront raccordés sur les conduites d’évacuation. Ces
tion à être traversée, ne comporte donc pas nécessairement de orifices seront munis d’un siphon et d’un dispositif destiné à arrêter
chaussée, trottoirs ou parterres plantés. le passage des rongeurs. » (2).

Plan de viabilité — Groupe Claude Decaen (75012) — G. Maline — OPHBMVP, 1924

36
Plan de canalisation — Groupe Nicolas Fortin (75013) — OPHBMVP, 1932

© Paris Habitat
(2) R
 èglement sanitaire de la ville de Paris, article 53,
1936 reprenant et complétant le règlement de 1904.
© Paris Habitat

© Paris Habitat

Mise en place d’une conduite d’évacuation dans une voie privée (le
procédé est le même que pour une voirie publique) — Groupe Ourcq-
Oise (75019) — OPHBMVP, 1923
37
Équipements
Les espaces libres peuvent être affectés à des équipements.
Ainsi, les jardins d’enfants et garderies situés en RDC des
HBM occupent toujours une partie des cours intérieures qui
deviennent alors les cours de récréation des enfants. Des
terrains de jeux, sensiblement similaires en termes d’aména-
gements, au cours de récréations des jardins d’enfants, sont
quelquefois mis en place. De nouveaux éléments de mobilier
(portique, agrès de gymnastique, fontaines, panneaux déco-
ratifs pouvant reproduire des fables) ou aménagements (bac à
sable) peuvent apparaître. Hormis la présence de ces éléments,
rien ne distingue (dans le traitement du sol par exemple ou

© Paris Habitat
des espaces verts) les espaces extérieurs utilisés par les équi-
pements des autres espaces libres.

Cour de récréation — Groupe Général Humbert (75014) —


L’insertion d’équipements en sous-sol des îlots de HBM peut
OPHBMVP, 1929
également avoir une influence sur les espaces libres. Certaines
cours montrent des sols en pavés de verre. Il peut s’agir des
cours des ILM de la SAGI qui a souvent implanté, en sous-sol
de ses îlots, des garages. Ce genre de sols peut aussi indiquer
la présence d’autres types d’équipements en sous-sol comme
les équipements sanitaires et sociaux ou bien les chaufferies
(N.B. : les chaufferies sont le plus souvent signalées par la pré-
sence de hautes cheminées en cœur d’îlots). Il est essentiel de
noter, cependant, qu’il s’agit d’installations très ponctuelles,
les sous-sols des HBM sont le plus souvent situés à l’aplomb
des bâtiments émergents, leur emprise ne « dépasse » presque
jamais sous celles des espaces libres.

© Paris Habitat
Espaces libres avec cour de récréation en arrière-plan à gauche —
Groupe Robert Tourneux (75012) — OPHBMVP, 1925

© C. Demonfaucon (2014)

Pavés de verre d’une cour HBM — Groupe Saint-Mandé (75012) — A. Tur — RIVP, 1933

38
d’arbres, des massifs d’arbustes convenablement disposés
L’insertion d’éléments végétalisés égaient l’aspect des cours » (Note interne de l’Office, 1931).
au sein de l’îlot Elles peuvent être délimitées par des bordures formées de
briques arrondies ou en béton. Ce procédé met en valeur
À l’idée de laisser circuler air et soleil s’ajoute celle d’ouvrir les parterres plantés qui sont disposés de façon à souligner
les îlots sur des espaces verts, des « cours plantées ». C’est un le dessin des allées menant aux halls.
point important dans la composition des groupes de HBM
qui, couplé à l’idée de créer des tracés de rues sinueux permet-
tant de « bloquer » la vue, n’est pas sans rappeler les règles
de composition des cités-jardins. Le rapport de l’Office de
1937 souligne la nécessité de créer des jardins dès que cela est
possible. En fait de véritables jardins, il s’agit plutôt d’insérer
dans les cours des massifs plantés d’arbustes ou de pelouses,
ainsi que des arbres. Le végétal est donc intégré à l’îlot de
façon très réglée.

Les surfaces végétalisées sont généralement placées hors sols


(elles sont souvent situées un peu au-dessus du niveau du sol),
parfois sur des trottoirs. Certaines photographies de l’époque
des chantiers de HBM montrent que ces surfaces peuvent
être aménagées dans des bacs, tandis que d’autres semblent
être mises en œuvre sur de la terre compactée. Les coupes qui
accompagnent les plans de viabilité de l’époque ne permettent
pas de voir avec précision si les plantations se font en pleine
terre ou non.

© Paris Habitat
Les surfaces végétalisées sont interdites d’accès, elles se
distinguent donc des surfaces de chaussée et de trottoirs
où l’on circule. Elles revêtent, comme certains éléments de Cloture et portillon, détail des pilastres — Groupe Vanves (75014) —
mobilier, une dimension plutôt décorative : « des groupes OPHBMVP, 1926

© Paris Habitat

Parterres plantés délimités par des briques arrondies — Groupe de la porte d’Asnières (75017) — OPHBMVP, 1932

39
Les parterres plantés sont agencés de façon symétrique peuvent apparaître quand les espaces libres en cœur d’îlot
(N.B. : règle de composition qui domine également dans offrent des dimensions généreuses :
le dessin des façades). Hormis cela, il n’y a pas vraiment • les parterres en pied d’immeubles sont élargis afin d’empiéter
de règles dans la disposition des surfaces végétalisées au plus largement sur la « cour » et dessiner des allées privées
sien des espaces libres. Les notes techniques des bailleurs menant aux halls d’entrée ;
font seulement état de la nécessité d’aménager, dans ces • d’autres parterres sont ajoutés au centre des « cours » et, là
espaces, des parterres contenant de la terre végétale. Il est encore, structurent l’espace libre en formant des allées ;
cependant possible de noter des éléments récurrents. Des • il n’y a pas de parterres ajoutés et ceux en pied d’immeuble ne
parterres plantés sont presque systématiquement implantés sont pas élargis, la « cour » revêt alors un aspect très minéral.
le long des immeubles. Ils ne sont pas directement accolés
aux façades, un espace est toujours aménagé entre celles-ci
et les parterres plantés. Plusieurs types d’aménagements

Composition symétrique des espaces libres avec parterres plantés soulignant le dessin des allées

© Paris Habitat

© Paris Habitat
Plan de viabilité — Groupe Vauvenargue (75018) — OPHBMVP, 1933 Coupe sur un parterre planté au pied d’un bâtiment
© Paris Habitat

© Paris Habitat

Groupe Félix Terrier (75020) — OPHBMVP, 1932 Groupe de la porte Montrouge (75014) — OPHBMVP, 1935

40
© Paris Habitat
Plan de viabilité — Groupe porte de Sèvres (75015) — OPHBMVP, 1935

© Paris Habitat

Plan de RDC — Groupe Ney (75018) — OPHBMVP, 1928

41
L’emplacement et le nombre d’arbres ne répondent pas non du Chapeau Rouge, édifié par la SAGI, le square est intégré
plus à des prescriptions particulières. Ils sont implantés directement dans l’îlot : les immeubles ne sont pas séparés
aussi bien au cœur des espaces libre que près des façades. du parc par une voirie publique. Il s’agit du seul et unique
On remarque cependant qu’ils sont localisés dans les par- exemple de ce genre.
terres plantés et répartis dans les espaces libres de façon
symétrique. Leur nombre est assez variable d’un groupe à Dans les autres cas en effet, les squares constituent des îlots
l’autre. De façon générale, on observe de grandes différences distincts des groupes. Trois exemples existent dans les opéra-
de traitement paysager au sein des îlots de HBM. Certains tions de HBM menées sur la ceinture :
sont très végétalisés tandis que d’autres revêtent une appa- • le square boulevard Mortier (actuel square Séverine), au sud
rence vraiment minérale. du Groupe P. Quillard construit par l’Office ;
• le square au centre des groupes du boulevard Ney construits
Très exceptionnellement, des squares publics sont mis en par l’Office autour de la porte Montmartre (actuel square
œuvre au sein de groupe de HBM. Les groupes construits sur Marcel Sembat) et originellement conçu comme un terrain de
la ceinture de Paris, pourtant considérée comme lieu d’im- jeux pouvant bénéficier à tous les habitants de l’importante
plantation privilégiée d’espaces verts, respectent en effet des agglomération des HBM édifiées à cet endroit ;
logiques d’optimisation foncière peu propices à la mise en • le square du groupe des HBM porte d’Italie (actuel square
place de squares publics. Dans le cas du groupe de la Butte Hélène Boucher), édifié par la RIVP.

© Apur

Square de la butte du Chapeau Rouge (75019)

42
© Apur
Square Séverine (75020)

© Apur
Square Marcel Sembat (75018)
© Apur

Square Robert Bajac (à l’ouest) et Hélène Boucher (à l’est) (75013)

43
3.7. Les équipements et services
Historique cadre hygiénique, propice à l’éducation des enfants. L’institu-
tion est cependant soumise aux mêmes principes financiers
Les équipements apparaissent dès les premiers programmes que la ville et doit faire preuve de parcimonie dans le choix des
HBM des fondations. Leur implantation au sein d’opérations équipements qui alourdissent considérablement les bilans.
de logements destinés aux ouvriers résulte de la volonté de Elle parvient, pourtant, à en mettre en place un nombre assez
faire baisser le taux de mortalité élevé constaté dans les zones conséquent. Certains des immeubles construits par la ville sont
d’habitat populaire. En 1908, la fondation Rothschild intègre même équipés a posteriori par l’Office qui les a en gestion ;
par exemple, lavoirs, bains douches et salles mortuaires dans c’est le cas du groupe de la rue de Javel et de la rue des frères
son groupe de la rue de Belleville (75019). Dans programmes Peignot (75015), construit en 1923 et doté en 1929 de lavoirs
suivants, une pléiade d’équipements est ajoutée : dispensaires, et bains douches. Les équipements ne sont pas nécessairement
salles d’accouchement, garderies enfantines, écoles de garde, livrés en même temps que les logements, il arrive ainsi qu’ils
salles de conférences, restaurants économiques. Le large panel soient intégrés bien après les dates d’achèvement des groupes.
d’équipements et de services mis en place a pour but d’assurer Malgré une relative indépendance vis-à-vis des services de la
une double mission : ville, l’Office ne peut pas décider seul de l’implantation des
• aider les habitants des groupes à adopter des modes de vie équipements et doit obtenir l’accord du conseil municipal (3).
les plus hygiénique possibles (des conseils d’hygiène sont
dispensés, des campagnes de vaccins effectuées, les enfants Dans les groupes gérés par l’Office, les équipements peuvent
sont surveillés par un personnel médical chargé d’établir des être dirigés et financés par celui-ci (jardins d’enfants, jardins
statistiques sanitaires) ; de jeux, bibliothèques, bains douches, lavoirs, dépôts mor-
• participer à l’éducation des enfants (les jardins d’enfants tuaires), ou occuper seulement des emplacements au sein des
permettent un suivi très approfondi de chacun, des terrains immeubles (dispensaires, services médico-sociaux). Certains
de jeux sont installés et des sorties organisées). L’habitat est équipements, les lavoirs et bains douches notamment, sont
vu comme un moyen d’intervenir sur l’éducation populaire. payants et permettent ainsi au bailleur de rentabiliser son
investissement.
Aux équipements socio-sanitaires et éducatifs s’ajoutent des
services et activités : concierge, veilleur, garages et boutiques Les autres bailleurs qui construisent des HBM n’ont pas le
en rez-de-chaussée. Hormis les garages qui ne seront que très même financement que l’Office puisqu’il s’agit de sociétés
rarement implantés, ces services et activités constituent des d’économie mixte. Ils sont donc financés en partie par des
éléments invariants et seront perpétués dans l’ensemble du fonds privés et n’ont pas l’obligation d’intégrer des équipe-
parc de HBM. ments au sein des groupes qu’ils bâtissent.

Si les fondations peuvent se permettre de mettre en place un


tel nombre d’équipements au sein de leurs opérations, c’est Implantation
parce qu’elles n’ont pas d’obligation de rentabilité.
L’implantation d’équipements se fait donc essentiellement au
sein du parc de HBM géré par l’Office. Les services et activi-
La ville et l’Office tés comme les loges de concierges, les veilleurs de nuit et les
Dans les opérations menées par la ville de Paris, au début des boutiques en rez-de-chaussée sont, en revanche, présents chez
années 1920, le nombre d’équipement est amoindri. Trop coû- tous les bailleurs. L’implantation et le nombre d’équipements
teux, ils sont souvent réduits aux essentiels bains et lavoirs. varient en fonction de la taille et de la localisation des groupes
Écoles et dispensaires disparaissent dans la plupart des cas et qui les contiennent. Ils peuvent être spécifiquement dédiés aux
leurs rares implantations ne relèvent pas du service des HBM habitants de l’îlot ou s’adresser à un public élargi. On distingue
mais de services administratifs indépendants. La ville, bien deux catégories principales d’équipements :
qu’elle reçoive des subventions d’État pour la construction de • sanitaire et social : dispensaires, centres médico-sociaux,
logements sociaux, ne dispose pas des moyens financiers des lavoirs (ou buanderies), bains douches, chambres mortuaires ;
fondations. La ville doit s’efforcer de maintenir ses opérations • à but éducatif : jardins d’enfants, terrains de jeux, biblio-
à l’équilibre financier, ce qui l’empêche d’avoir une complète thèques.
liberté dans le choix et la mise en place des équipements.
Quelques squares sont implantés. Ce sont les seuls équipe-
Institution entièrement financée par des fonds publics, l’Of- ments qui ne sont pas nécessairement aménagés dans des
fice s’investit aussi dans la construction d’équipements. Il est groupes construits par la ville ou par l’Office. Les restaurants,
opérationnel au début des années 1920 dans la gestion et la salles de conférences et salles d’accouchements qui pouvaient
construction de HBM et tente de renouer plus amplement avec être présents dans les groupes édifiés par les fondations dis-
les préceptes des fondations. Des notes internes et des rapports paraissent dans le lotissement de la ceinture.
attestent de la volonté de créer, pour les populations populaires
éprouvées par des années de vie dans de l’habitat insalubre, un

(3) Rapport au nom de la commission des habitations à bon marché sur l’action de
l’OPHBMVP, 1929.

44
Nombre et localisation aménagées dans les jardins d’enfants) ne seront pas abordées
L’insertion d’équipements concerne une minorité de groupes : dans la partie qui suit, tout comme les chambres mortuaires
une quinzaine de groupes dans les tissus et une quinzaine sur lesquelles peu d’éléments existent et qui représentent
de groupes dans la ceinture. Cette insertion se fait majori- des petites surfaces.
tairement dans les opérations comprenant des HBMO (voir
tableau annexe 3). Un groupe peut cumuler plusieurs équipe-
ments, c’est généralement le cas lorsqu’il présente une taille Nombre d'équipements intégrés aux HBM
importante. On observe aussi une proximité d’équipements gérés par l'OPHBMVP à Paris
dans certains groupes voisins, livrés la même année. C’est le
cas des groupes Schneider, Flammarion, Ney et Clignancourt,

situés sur le boulevard Ney (75018), livrés en 1926 et qui
concentrent, à eux tous, tous les types d’équipements que l’on
peut trouver dans les HBM. Ces ensembles possèdent même
des équipements que l’on ne trouve pas ailleurs comme des
terrains de tennis. Si les très gros programmes construits par
l’Office possèdent généralement des équipements (des jardins
d’enfants au minimum), des petits groupes peuvent aussi en
comporter (notamment des lavoirs et bains douches).

Les jardins d’enfants représentent le type d’équipements le


plus livré, il y en a 23 en 1937. Ils sont suivis des lavoirs et 

bains douches (généralement associés) qui sont présents  


dans une demi-douzaine de groupes. Les bibliothèques (5
emplacements dans des HBM) et terrains de jeux (4 empla-
Dispensaires Jardins d'enfants Bibliothèques Lavoirs/
cements) sont généralement couplés à des jardins d’enfants. bains-douches

© Apur
Enfin, on note qu’il y a un petit nombre de dispensaires, 4 Source : Rapport d’activité de l’OPHVP — 
sont aménagés.

Chronologie Les différents types d’équipements


Le type d’équipements introduits au sein des groupes de HBM
évolue avec le temps :
et de services
• les jardins d’enfants sont livrés continûment de 1923 à 1937 ;
• peu bibliothèques sont créées ; Jardins d’enfants et jardins de jeux
• les bains douches et lavoirs sont légèrement plus nombreux Il y a 23 jardins d’enfants dans les groupes gérés l’Office. Ces
dans les opérations livrées avant les années 1930. Cela peut équipements sont ouverts quand aucun équipement de ce type
s’expliquer par l’obligation, à partir de 1929, d’équiper les n’existe dans le quartier et lorsque la taille du groupe construit
logements de douches. Cependant, des bains douches conti- permet d’envisager un nombre d’enfants suffisant pour justifier
nuent à être aménagés jusqu’en 1935 ; l’implantation d’un tel programme.
• l’implantation de dispensaires se fait plutôt durant avec la
première génération de HBM de 1923 à 1926, même si le Les préceptes hygiénistes qui ont animé la construction des
groupe de la rue Alphonse Karr (75019) est doté d’un dis- HBM perdurent dans la manière de gérer les équipements. Cela
pensaire en 1933 ; est particulièrement visible dans les jardins d’enfants où une
• les chambres mortuaires sont également installées dans la surveillance médicale est effectuée. Les enfants sont examinés
première période de livraison des HBM de 1923 à 1926. Assez et, si nécessaire, envoyés dans des services spéciaux. Ils sont
courantes au début des années 1920, elles sont peu à peu également baignés ou douchés chaque semaine ainsi que pesés
abandonnées car peu utilisée. Il est assez difficile d’établir et mesurés régulièrement. Les visées hygiéniste sont aussi per-
avec certitude leur nombre car elles ne figurent pas toujours ceptibles dans les cours de sport : « gymnastique respiratoire,
sur les plans des groupes et aucun document de l’époque redressement de la colonne vertébrale, correction de mauvaises
consultable aujourd’hui ne les répertorie. habitudes » (4) sont enseignés dans les classes. Des sorties à la
campagne sont organisées pour que les enfants soient « au
L’implantation des équipements au sein des groupes et leur grand air » (5). Les jardins d’enfants comprennent même un
traitement architectural relèvent de logiques différentes service de neuropsychiatrie. Les enfants pris en charges pour
selon le type d’équipement. Il convient donc de les aborder des traitements psychiatriques sont suivis et des « courbes de
séparément. Les bibliothèques qui n’apparaissent jamais sur croissance intellectuelle » sont dressées par groupe d’enfants
les plans (on peut supposer que c’est parce qu’elles étaient pris en charge. Les traitements prescrits sont gratuits dans

(4) R
 apport au nom de la commission des habitations à bon marché sur l’action de (5) Rapport d’activité de l’OPHVP — 1937.
l’OPHBMVP, 1929.

45
la plupart des cas. L’éducation est vue par l’Office comme le
moyen privilégié d’inculquer des modes de vie sains aux enfants
des classes populaires mais aussi de maintenir une surveillance
étendue sur leur santé. Ces visées se répercutent dans le des-
sin des jardins d’enfants qui contiennent des salles de bains
douches et une salle de consultation médicale.

Le rapport de l’Office de 1937 stipule que les équipements


sont signalés par un « traitement ornemental particulier, les
entrées sont monumentalisées, les frontons sculptés ». Cela est
particulièrement vrai pour les jardins d’enfants. Ces derniers
occupent une position privilégiée dans les groupes et, qu’elle
soit sur rue ou sur cour, cette position est toujours centrale. Elle

© Paris Habitat
est, de surcroît, soulignée par le dessin des voies : les jardins
d’enfants occupent souvent un emplacement sur lequel vient
« buter » un axe public, ils possèdent ainsi une très bonne Jardins d’enfants — Groupe Landouzy (75013) — OPHBMVP, 1933
visibilité dans leur quartier. Ils sont, dans l’immense majorité
des cas, construits en dehors des immeubles de logements (6)
et constituent donc des édifices à part. Pour souligner encore
symboliquement l’importance que revêt l’éducation pour l’Of-
fice, la décoration (intérieure comme extérieure) des jardins
d’enfants reçoit une attention toute particulière.

© Paris Habitat

Plan-masse — Groupe de la porte d’Ivry (75013) — OPHBMVP, 1932

(6) Certains jardins d’enfants comme celui situé 8 rue Félix terrier dans le Groupe Davout,
sont néanmoins intégrés aux immeubles de logements.

46
© Paris Habitat
Plan-masse — Groupe Brisson (75018) — OPHBMVP, 1930

© Paris Habitat

Plan-masse — Groupe Mortier (75020) — L. Boileau — OPHBMVP, 1932

47
Les jardins d’enfants sont généralement composés de deux occupant souvent une position centrale dans les îlots compre-
salles de classe/jeux, une salle de bains douches, une salle de nant des HBM, la cour de récréation est généralement la cour
consultation médicale, un bureau pour la directrice et des sani- des logements. Elle est, par conséquent, entourée d’immeubles
taires. L’emprise non bâtie de ce type d’équipement au sein des de logement ; les fenêtres de ces derniers peuvent donc donner
groupes est assez importante. La cour de récréation empiète directement sur elle.
assez largement sur les espaces libres. Les jardins d’enfants

© Paris Habitat

Plan du jardin d’enfants — Groupe Bessières (75017) — OPHBMVP, 1933


© Paris Habitat

Garderie enfantine , façade sur rue — Grouple Peupliers (75013) — OPHBMVP, 1931

48
© Paris Habitat
Les lavabos

© Paris Habitat

© Paris Habitat
La salle de classe Le jardin de jeux

© Paris Habitat

L’éducation physique

49
Lavoirs et bains douches Les lavoirs et bains douches sont situés au RDC des HBM, dans
La présence de lavoirs et bains douches n’est pas systématique les immeubles de logements. Ils ne constituent pas, comme les
au sein des groupes de HBM. Ils sont plus particulièrement jardins d’enfants, des édifices à part. Ils occupent, grâce à leur
aménagés dans le cas de groupes HBM importants pour des rai- situation sur la rue, une place visible dans les groupes – ils peuvent
sons de solvabilité économique (ce sont des services payants). s’adresser aux habitants du quartier et doivent posséder, par
Ils peuvent être financés par des redevances mensuelles préle- conséquent, un emplacement lisible dans l’espace urbain.
vées aux locataires (7). Trois groupes de la ceinture sont équipés
de lavoirs/bains douches et 3 autres groupes avec des lavoirs/ L’association lavoir/bains douches n’est pas systématique mais
bains douches sont dans des tissus constitués (voir annexe 3). courante. Elle implique des emprises importantes dans les
Ces équipements nécessitent d’importants espaces de chauf- immeubles de logement car ces équipements se déploient par-
ferie placés en sous-sol des groupes. fois sur plusieurs niveaux (R-1 et R+1 en plus du RDC).

© Paris Habitat
Bains douches — Groupe Legouvé (75010) — OPHBMVP, 1935

© Paris Habitat

Lavoir, bains douches — Groupe Peignaut-Javel (75015) — OPHBMVP, 1923

(7) Par exemple, 2,50 francs sont prélevés mensuellement aux locataires du groupe Boyer
pour la jouissance de leur buanderie (rapport au nom de la commission des habitations à
bon marché sur l’action de l’OPHBMVP, 1929).

50
Dispensaires et services médico-sociaux Un service médico-social, à distinguer des dispensaires, est
Les 4 dispensaires ne sont pas aménagés par l’Office, qui leur assuré dans une vingtaine de groupes. Comme pour les dispen-
réserve seulement des emplacements au sein de groupes qu’il saires, celui-ci n’est pas géré par Office mais par une œuvre de
construit. Sur les 4 dispensaires, un groupe de la ceinture, bou- charité. Le personnel de cette œuvre travaille en liaison avec
levard Ney (75018) présente un dispensaire (voir annexe 3). le personnel des jardins d’enfants et celui des dispensaires.
L’Office estime, en effet, que « l’organisation sanitaire est assez Ce service reçoit les familles mais peut aussi aller les visiter
complète à Paris pour ne pas avoir à construire lui-même des directement dans les appartements.
dispensaires » (8). Les dispensaires sont donc mis en place par
diverses institutions (9). Ils mènent une action conjuguée avec Ce service s’effectue dans des locaux concédés par l’Office
celle des jardins d’enfants : les enfants qui doivent être pris en pour être utilisés par les fondations ou œuvres privées. Ces
charge sont identifiés à l’école puis orientés vers les dispen- locaux sont situés en rez-de-chaussée des HBM et sont de
saires. Les dispensaires offrent en général plusieurs services : préférence choisis sur des rues secondaires, moyennement
médecine générale, soins dentaires, « petite chirurgie » (10). propices à l’implantation de commerce. Cependant, dans un
D’autres soins spécialisés peuvent éventuellement être pro- souci de flexibilité, l’Office demande que ces locaux puissent
posés (ophtalmologie, otorhinolaryngologie). Les nombreux être affectés à d’autres usages que celui des œuvres sociales. Ils
services proposés influent sur la taille de ces d’équipement qui présentent donc les mêmes caractéristiques spatiales que les
ont des emprises relativement importantes au sein des groupes boutiques en pied de HBM (11).
qui les contiennent.

Il y a peu de dispensaires et certains mentionnés dans les rap-


ports de l’Office n’apparaissent pas sur les plans, aussi est-il
difficile de dégager une logique architecturale et urbaine
pour ce type d’équipement. Ils peuvent être implantés hors
des immeubles, à leur pied (groupe Ney) ou s’intégrer dans le
bâti en rez-de-chaussée (groupe Boyer) ou encore en rez-de-
chaussée semi-enterré (groupe Ourcq). Ils peuvent occuper
plusieurs niveaux, sous-sol ou R+1, en plus de RDC. Ils sont
placés le long de voies publiques, souvent dans un angle d’îlot,
et possèdent une bonne visibilité.

© Paris Habitat

Dispensaire intégré aux bâtiments d’habitation — Plan du RdC — Groupe Boyer (75020) — OPHBMVP, 1922

(8) O
 PHBMVP, Note sur l’action de l’Office, 1931. (10) Rapport d’activité de l’OPHVP de 1937.
(9) L
 ’Administration générale de l’Assistance publique, l’Office public d’hygiène social, (11) (OPHBMVP, Rapport au nom de la commission des habitations à bon marché sur
l’œuvre du Poupon, l’Association du dispensaire de Pont de Flandre. l’action de l’OPHBMVP, 1929, p. 363.).

51
© Paris Habitat
Plan RC — Dispensaire de plain-pied avec salle d’attente, salles de consultation, laboratoire et pharmacie — Groupe Ney (75018) — OPHBMVP, 1928

© Paris Habitat

Salle d’attente d’un dispensaire — Groupe Ney (75018) — OPHBMVP, 1928

52
© Paris Habitat

© Paris Habitat
La pesée Cabinet de soins dentaires

© Paris Habitat

Pharmacie d’un dispensaire — Groupe Ney (75018) — OPHBMVP, 1928

53
Boutiques
Les rez-de-chaussée des HBM sont pensés pour accueillir par- peinent par conséquent à trouver preneurs et sont bien souvent
tiellement des boutiques. Les loyers des locaux commerciaux, transformés en logements avant même la livraison de l’édifice
contrairement à ceux des logements, ne sont pas convention- qui les abrite.
nés. Ils sont vus comme un moyen pour les bailleurs de com-
penser les revenus, insuffisants, apportés par la location des Les boutiques sont situées sur les rues les plus passantes.
logements. Les montants des loyers de ces locaux sont donc Généralement les boutiques disposent d’espace de stockage
fixés en fonction de la nature du commerce, sa surface et sa en sous-sol de surface légèrement inférieure ou équivalente à
localisation. Au moment du lotissement de la ceinture, les sa surface en RdC. Ces stockages sont accessibles depuis le RdC
HBM prennent place dans quartiers encore en devenir, parfois des commerces et sont donc indépendants des caves adjacentes
très industrialisés et peu peuplés. Les locaux commerciaux en sous-sol.

© Paris Habitat

Transformation d’une boutique en logement — Groupe Nicolas Fortin (75013) —


OPHBMVP, 1936

54
© Paris Habitat
Plan des boutiques transformées en logement — Groupe Ney (75018) — OPHBMVP, 1928

© Paris Habitat
Plan du RDC — Groupe Brisson (75018) — OPHBMVP, 1930

© Paris Habitat

Plan du sous-sol — Groupe Brisson (75018) — OPHBMVP, 1930

55
Garages Les garages peuvent être créés sous les cours ; les sous-sols à
Certains groupes comportent des garages. La plupart des l’aplomb des immeubles sont généralement réservés aux caves
garages existants font partie des groupes de HBM de type et tous les logements en possèdent. Le fait de placer les garages
2 construits par la SAGI. D’autres bailleurs ont ponctuelle- sous la cour permet d’envisager un éclairage zénithal de ces
ment aménagé des garages. Un seul garage apparaît sur les derniers grâce à un plafond en pavés de verre.
plans de l’Office, celui du groupe d’ILM porte d’Asnières.
Ce service, complexifiant la construction des groupes car Les garages peuvent aussi, comme le fait la RIVP dans certaines
nécessitant une vaste intervention en sous-sol, est très coû- opérations, être aménagés en rez-de-chaussée des immeubles,
teux. Il n’est donc mis en place que dans les catégories de on trouve des exemples de garages de ce type, accessibles
HBM de type 2 et ILM. depuis la rue ou depuis la cour.

Plan de garage (aménagé sous la cour) — Groupe de la porte


d’Asnières (75017) — OPHBMVP, 1932

© Paris Habitat

© Paris Habitat

Plan des garages souterrains — Groupe Berthier (75017) — SAGI, 1931

56
© Paris Habitat
Garage en RdC — Groupe Montera (75012) — RIVP, 1934

© Apur 2017

Garage en RdC — Groupe porte de Bagnolet (75020) — RIVP

© Paris Habitat
© Apur 2017

Garage en RdC — Groupe Square d’Aquitaine — porte Chaumont Garage en RdC — Groupe porte de Bagnolet (75020) — RIVP, 1933
(75019) — Paris Habitat

57
Loges de concierges et veilleurs (dépassant la centaine de logements), des locaux pour les
Les loges de concierges sont placées de façon stratégique près veilleurs de nuit.
des accès, de façon à pouvoir surveiller à la fois les entrées et
les cours. L’éclairage des cours et passages qui y mènent est Les loges sont signifiées par un traitement architectural par-
suffisamment important pour y effectuer une surveillance ticulier qui souligne leur entrée. Elles sont composées d’un
aisée. Les bailleurs estiment qu’une loge doit être placée pour bureau-loge, où le concierge reçoit les habitants et d’un loge-
une centaine de logements environ. Un même cœur d’îlot ment possédant une grande pièce principale, une chambre,
peut donc contenir plusieurs loges de concierges. En plus des une cuisine et des toilettes.
loges de concierges, sont ajoutés, pour les groupes importants

© Paris Habitat

Locaux de veilleurs
Loges de concierges

Plan de RdC — Groupe Ney (75018) — OPHBMVP, 1928

58
© Paris Habitat
Exemple de loge desservant deux escaliers — Rapport d’activité de l’OPHVP de 1937
© Paris Habitat

© Paris Habitat

Entrée d’une loge — OPHBMVP, vers 1930 Bureau-loge — Entrée d’une loge — OPHBMVP, vers 1930

59
© Paris Habitat
4. Construction
4.1. Les techniques constructives
Les théories hygiénistes ont incité à l’innovation dans beau- la conception et l’exécution. Il existe par contre une source
coup de domaines. Le plus connu est celui de la forme urbaine : d’information beaucoup plus fiable qui est celle des reportages
les implantations des bâtiments doivent permettre un ensoleil- photographiques de chantiers qui avaient été organisés par les
lement optimal et une bonne aération des logements. Dans les futurs gestionnaires, notamment l’OPHBMVP. Il est difficile de
bâtiments eux-mêmes, nombre d’innovations technologiques connaître les raisons exactes de l’existence de ces reportages.
sont censées garantir la salubrité (même si elles ne sont pas À l’époque, il y a vraisemblablement un besoin de documen-
utilisées de façon systématique) : systèmes de chauffage col- ter un moment d’intense modification du paysage urbain de
lectif, ventilations naturelles, vide-ordures, etc. Paris avec le lotissement de la ceinture ; mais ces reportages
sont surtout un moyen de contrôler l’exécution des ouvrages et
Après la 1ere guerre mondiale les techniques constructives d’anticiper les futurs litiges. Le rythme de construction effréné
mises en œuvre à Paris pour l’édification des HBM n’ont pas des années 1930 incite à une certaine prudence.
eu de caractère expérimental, à l’inverse de nombreux pro-
grammes de reconstruction d’habitats individuels ailleurs en Dans le texte qui suit, les informations mises à disposition du
France. L’édification des HBM qui s’étale de la fin du XIXe à lecteur sont tirées :
la seconde guerre mondiale se fera presque toujours selon les • d’informations collectées au sein de groupes HBM par des
meilleures techniques du « moment ». Les concours des fon- diagnostics destructifs récents ;
dations (1905) et la Ville de Paris (1912-1913) qui se veulent • des cahiers des charges mises à la disposition des entreprises
des laboratoires de la pensée hygiéniste n’abordent à aucun par l’OPHBMVP et la RIVP ;
moment la question des techniques constructives. À l’inverse • de l’analyse des reportages photographiques.
de la forme urbaine, l’innovation constructive n’est pas iden-
tifiée comme un vecteur de l’amélioration de l’habitat, les Ces informations permettent de cerner le contexte de la
candidats aux concours ne sont pas particulièrement incités à construction et ses exigences, elles donnent un aperçu des
apporter de détails sur ce sujet. Pour l’observateur actuel, il est grands dénominateurs communs à tous les HBM.
très difficile d’avoir une vision claire des techniques construc-
tives employées pour les HBM, elles ne sont presque jamais Lors d’une intervention menée actuellement sur un bâtiment
évoquées dans les documents d’archives. Concernant l’après HBM, ces informations ne peuvent se substituer à un diagnos-
1ere guerre, beaucoup de cahiers des charges existent concer- tic technique du bâtiment.
nant l’édification des HBM. Ces documents, s’ils s’avèrent sou-
vent précis, n’ont qu’une portée indicative. Comme toujours
dans le secteur du bâtiment il existe un fort décalage entre

61
sont édifiées les HBM. Dans les cas classiques où le sous-sol
Fondations n’apporte pas de difficulté particulière, des puits de béton
Les techniques varient selon les contraintes des sols de chaque supportant l’ossature sont exécutés ou bien les bâtiments
projet. Les plus complexes étant celles où le métropolitain reposent directement sur le sol par des rigoles en béton
passe sous les édifices comme à la porte de Clignancourt. Dans armé. Le dimensionnement des puits dépend bien sûr de
ce cas le plan-masse des bâtiments prend en compte au mieux la construction en élévation, la profondeur des puits est
l’infrastructure souterraine et une descente de charge est étu- étudiée selon la qualité du sol. Le remplissage des puits est
diée en sous-sol pour contourner les ouvrages. effectué grâce à un béton de cailloux et un mortier de chaux
ou de ciment de laitier.
Il existe un aléa assez fort concernant la composition du
sous-sol des anciennes fortifications au-dessus desquels

© Paris Habitat
Rigoles avant bétonnage des semelles — OPHBMVP, vers 1930

Caves
Les murs des caves sont soit en voiles de ciment armé (0,20)
soit en ossature de béton armé remplie de meulière ou de
brique ordinaire (mur de 0,50). Les moellons provenant de la
démolition des anciennes fortifications ont pu être employés
pour les murs des caves. Les planchers des caves et du RdC
doivent pouvoir supporter 500 à 600 kg/m². Ils sont réalisés en
béton armé à l’aide poutres et poutrelles (« planchers nervu-
rés »). Ces planchers font 0,15 d’épaisseur et les poutres envi-
ron 0,35. Les sous-faces des planchers des caves sont laissées
brutes de décoffrage.
© Paris Habitat

Préparation du coffrage du puit de fondation

62
mortier de chaux assure le liaisonnement entre les deux murs,
Maçonneries en élévation l’épaisseur du mur fait alors 0,28. Les cahiers des charges
La brique est le matériau principal de remplissage des murs. Il demandaient aux entreprises de réaliser un briquetage par-
existe de nombreuses façons d’utiliser la brique pour le rem- ticulier en certains points afin de réaliser le liaisonnement
plissage des ossatures HBM. Nous évoquerons les systèmes les entre les deux murs. Il n’a pas toujours été exécuté sur les
plus courants. Ces systèmes sont dans leur conception assez chantiers. Les briques de parement font toujours 0,11 même
simple et très économe en matière, c’est pour cela qu’ils ont quand le briquetage donne l’illusion d’une alternance de bou-
été très employés. tisses et de panneresses. Les boutisses sont alors réalisées en
cassant une brique de parement en 2. L’appareillage n’est que
Le principe du remplissage de l’ossature des étages courant est décoratif, il s’agit d’un geste esthétique faisant référence aux
toujours le même, il repose sur un remplissage en deux ran- anciens modes de bâtir des premiers HBM mais sans valeur
gées de briques. Du côté extérieur on trouve soit une brique constructive. Une brique spéciale, dite « mulot » (1/4 de
de parement perforée de 0,11 soit une brique pleine de même brique) est couramment employée pour habiller les façades,
format destinée à être ravalée au ciment de Portland. Du côté elle est placée le long de l’ossature ce qui permet au mur de
intérieur on trouve des matériaux de remplissage quelconque 0,28 de décaler l’assise des briques de parement vers l’inté-
souvent mélangés les uns aux autres : briques creuses de 0,13 rieur et donc de parfaitement noyer l’ossature et la rendre
ou briques ordinaires de 0,11. Entre les deux, un fort joint de invisible à l’intérieur comme à l’extérieur.

Exemples de détails de construction de murs HBM


Groupe Sérurier-Indochine (75019) en construction —
OPHBMVP, 1935
❶ Brique de parement de 0,11
❷ Brique creuse de 0,13

Notons que l’appareil des briques apparentes fait référence à un


appareil à l’anglaise (alternance de boutisses et de panneresses)
mais que les boutisses qui le composent sont cassées à la truelle sur
 
chantiers afin de respecter une épaisseur de 0,11.
 
 
  
  
© Paris Habitat

  
  
  
  
 
 
 
Groupe porte d’Aubervilliers (75019) en construction —
OPHBMVP, 1936
❶ Brique de parement de type « mulot » au droit de l’ossature 0,055
❷ Tableau de 0,22 qui crée une feuillure de 0,06 avec le mur de
0,28 (brique perforée + brique creuse). Cette feuillure permet le
positionnement de la baie à l’intérieur.

 
 
 
 
 
© Paris Habitat

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  63
 
Examen destructif d’une allège avec léger vide entre le mur de parement et le remplissage  
 
   
   
 
   
 
    
 
    
 
    
 
   
 
   
 
   
 

© RIVP
    

❶ Brique de parement
  qualité « Bourgogne »
perforée
❷ Brique de remplissage
 
ordinaire de qualité « Belleville »
❸ Ossature en béton armé
 
❹ Mortier de chaux bâtard

❺ Rejointement des briques au ciment Portland
 
© Apur

Groupe Brunet (75019) — RIVP, 1934

Une variante de ce système consiste à séparer d’un vide d’air nique, sa mise en œuvre s’avère tout de même assez coûteuse
les rangées de briques intérieures et extérieures, il s’agit de la puisqu’un harpage est censé être mise en œuvre pour que les
technique dite du « mur creux » ou « double mur ». Ce type deux murs restent solidaires. L’épaisseur du vide d’air varie
de mur est particulièrement intéressant dans la mesure où il selon les étages, elle va par exemple de 0,14 pour les étages
réalise une coupure thermique et hygrique avec l’extérieur. Il bas à 0,07 pour les étages hauts.
existe quelques groupes (12) d’HBM qui ont employé cette tech-

Dispositif de double mur employé dans une HBM

 
 
 
   
 
   
 
   
 
   

 

   
© ALTEREA

© ALTEREA

  
 

   
© Patrick de Jean & Jérôme Marin Architectes

  
 

Groupe Chaufourniers,  
avenue Mathurin Moreau
  

(75019) — OPHBMVP,
  1929



Examen destructif d’un double 
 (vues de l’intérieur du logement) :
mur  
 

❶ mur extérieur en briques 
 de parement
 perforées de 0,11 avec alternance panneresse-
boutisse, ici les boutisses
 
 sontdes briques de parement cassées en 2 à la truelle.
❷ mur intérieur en briques perforées de 0,11  
 
❸ brique de liaisonnement entre les deux murs  
 
Sources : Patrick de Jean & Jérôme Marin Architectes, ALTEREA 
 

(12) E
 xemples de groupes de l’OPHBMVP employant des doubles murs : Chaufourniers
(75019), Cantagrel (75013), Ravel-Malet (75012), Rentiers-Edisson (75013), Roquette-
Ranvier (75011), Davout-Terrier (75020)…

64
Théoriquement, toutes les maçonneries sont hourdées au mor- de Portland est réalisé sur ces briques, l’enduit de finition est
tier de chaux bâtard (2/3 de chaux de Beffes, 1/3 de ciment alors lissé, brettelé, ou bien jeté au balai. Dans le cas de bâti-
de Portland). Lors de la finition, les briques de parement qui ments d’aspect entièrement blanc, le remplissage est même
passent devant l’ossature sont rejointées au ciment de Portland, réalisé par de seules briques creuses, elles sont alors mon-
en creux, et les joints sont lissés au fer. tées en boutisse-panneresse entre l’ossature. Ce procédé est
particulièrement économique, il est d’ailleurs couramment
Lorsque l’architecte stipule que certaines zones de la façade employé pour les derniers étages de nombreuses HBM qui
doivent être peintes en blanc, alors des briques ordinaires sont sont alors recouverts d’un enduit de ciment gravillonné (ou
   
employées pour remplir l’ossature et un ravalement au ciment « mignonette »).
   
 
Mur d’une HBM avant et après finition au ciment de Portland peint en blanc 
   
   
   
   
   
   
 
 
 
 
 
 
     
 
     
   
© Louis Laurent / Cinémathèque Robert-Lynen / Roger-Viollet

     
   
  
  
 
   
  
  
 
   
  
  
 
   
  
 

    
  
    
  
 
 
 
 

© Apur
 
Groupe de la porte de Brancion (75015) — RIVP, 1934 ❸ Ciment peint
❶ Brique de parement brune (qualité « bourgogne ») laissée ❹ Brique de parement rouge
apparente ❺ Saillie du linteau en nez-de-dalle
❷ Brique ordinaire (qualité « rive gauche ») destinée à être enduite ❻ Ajout sur le linteau de ciment lissé peint

 
 

Mur d’une HBM avant et après finition au ciment de Portland et peint en 
blanc
 
 
 
 
 
 

 


 

 Groupe de la porte de Montrouge (75014) — OPHBMVP,


 

 1933


 

 ❶ Ciment de gravillons lavés (ou « mignonette »)
 
© Paris Habitat


 
 ❷ Gobetis en ciment Portland

 
 ❸ Treillis de la couche d’accrochage
 
© Apur

  4 Mignonette mise en œuvre sur façade



 



 


  65

 


 

© Paris Habitat

Finition d’une HBM au ciment de Portland dressé à la règle, la façade est ensuite peinte — Groupe Ravel-Malet (75012) — OPHBMVP, 1933

66
Voici brièvement décrites les grandes étapes de la production
Planchers d’un plancher d’étage courant d’une HBM de l’entre-deux-
Les planchers des HBM de l’entre-deux-guerres sont généra- guerres. Tout d’abord un étaiement est réalisé il permet de
lement réalisés grâce à des poutres et poutrelles avec un rem- disposer un plancher bois provisoire. Dessus, on dispose les
plissage de corps creux comme des hourdis en ciment en ce qui hourdis creux en rangée, perpendiculairement à la façade.
concerne les étages courants. Les poutres et poutrelles sont Un ferraillage est ensuite disposé entre les hourdis et sur les
disposées au mieux pour éviter les saillies dans les locaux. Les hourdis, le béton qui est coulé assure la cohésion d’ensemble.
reportages photographiques de l’OPHBMVP permettent de L’épaisseur des planchers, une fois la finition et le parquet
bien comprendre les différentes phases de leur mise en œuvre. (ou le carrelage) posés, est aux alentours de 0,25. Le plancher
À cette époque les poutrelles préfabriquées en béton armé ne ainsi réalisé offre une résistance de l’ordre de 200 kg/m² dans
sont pas encore très employées. Comme pour le coulage de les étages courant. Le dessus des planchers est recouvert de
l’ossature, c’est le bois qui sera préférentiellement employé parquet (0,07) dans les chambres, débarras, couloir, pièce à
pour leur coffrage. vivre et de carrelage (0,03) pour les cuisines, entrées, WC.

Réalisation d’un plancher HBM à base de hourdis creux  


   
   
   
   
   
   
   
   
 
© Paris Habitat

© Paris Habitat
 
 
 
 
 
 
 
 
 

© Apur

1 Pose des hourdis creux sur plancher bois provisoire


2 Un ferraillage est disposé et une chape est coulée
3 Schéma de principe du système de plancher avec des hourdis creux

67
Détails constructifs d’une HBM théorique
répondant aux caractéristiques techniques des cahiers des charges
pour les constructions de l’OPHBMVP

Façade HBM

68
Détail de l’intersection façade/plancher

© Apur

69
permet une exécution plus économique des ouvrages par rapport
Toitures à l’avant-guerre, mais il n’est pas a proprement parlé vecteur
Plusieurs types de toitures ont été employés dans les HBM. Avant d’innovation architecturale.
la 1ere guerre, le toit à comble brisé à plusieurs pans et le toit
à versants multiples sont communément employés. Ces deux Les toits-terrasses sont réellement des points faibles des construc-
types de toitures sont constitués d’une charpente en bois tradi- tions HBM car ils sont exécutés comme des planchers ordinaires
tionnelle. Après la 1ere guerre, ces deux types de toits continuent auxquels il est ajouté une étanchéité, la surcharge admise est donc
d’être employés mais l’ossature de béton armé remplace certains très faible, de l’ordre de 200 kg/m² voire moins. Le principe de
éléments de charpente. Rapidement ces types de toitures cèdent sa composition est celui d’un plancher nervuré avec corps creux
la place à la toiture-terrasse. Il est difficile depuis la rue de se au-dessus duquel on rencontre généralement (de bas en haut) :
rendre compte du type de toiture d’une HBM. Le style des HBM • un dallage de brique creuse de 0,04 posé à bain de mortier
de l’entre-deux-guerres a été très influencé par les bâtiments des de chaux ;
concours de l’avant-guerre. • un mortier de chaux de 0,07 d’épaisseur, réduit avec chape
Ainsi beaucoup d’architectes des années 1920 ou 1930 conti- qui constitue les pentes nécessaires à l’écoulement des eaux
nuent d’habiller les derniers étages des HBM avec les anciens (pente minimum de 0,015 m/m) ;
brisis pittoresques en ardoise, même lorsque la toiture est celle • une couche d’asphalte pure ;
d’un toit-terrasse en béton armé. Encore une fois le béton armé • une couche d’asphalte sablée.

Exemple de toiture à deux versants d’une HBM  


   
   
   
   
   
   
   
   
 

© Patrick de Jean & Jérôme Marin Architectes


© Patrick de Jean & Jérôme Marin Architectes

Groupe Chaufourniers, avenue Mathurin Moreau (75019) —


OPHBMVP, 1929
1 Toiture vue de l’intérieur avec ferme en béton armé
2 Toiture vue de l’extérieur
Source : Patrick de Jean & Jérôme Marin Architectes
© Apur

© Apur

Toit terrasse, revêtement gravillons — Groupe A. Karr, rue Alphone Toit terrasse, revêtement plaque d’ardoises — Groupe Bagnolet II,
Karr (75019) — OPHBMVP, 1932 boulevard Davout (75020) — OPHBMVP, 1933

70
© Paris Habitat
Construction du dernier étage : ossature en béton armé, brisis et terrassons poutrelles-hourdis — Groupe Bessières-Garnier (75017) —
OPHBMVP, 1933

© Paris Habitat

Toit terrasse d’une HBM en cours de construction — Groupe Bessières-Garnier (75017) — OPHBMVP, 1933

71
Travaux divers
Cloisons, refends Escaliers
De façon générale l’ossature est rendue la plus possible invi- Les escaliers sont en ciment armé coffrés in situ. De nom-
sible à l’intérieur des logements. Les refends en pans de béton breux revêtements sont employés pour les marches : mosaïque,
sont remplis avec des matériaux très variés telles les briques granito de marbre ou pierre dure, carreaux de grès cérame,
creuses ou pleines. Pour les cloisons, peuvent être employées etc. Généralement les murs des escaliers sont recouverts d’un
des briques creuses, pleines, des briques plâtrières ou des car- parement quelconque sur une hauteur d’1,8 m, le revêtement
reaux de plâtre. Les carreaux et les briques de mâchefers ont plus économique est la « mignonette ».
eux aussi été très employés dans certains groupes. La finition
des cloisons et refends est toujours réalisée au plâtre (0,015)
Dans les caves, les cloisons peuvent être réalisées avec toute
sorte de matériaux, notons que des briques silico-calcaires
semblent avoir été employées dans certains groupes.
 
 
   
   
   
   
   
   
   
 
 

 
 
 
   
   
   
   
   
   
 
 
 
 
 
 
© Paris Habitat

© Paris Habitat

 
 
 
Cloisonnement d’un sanitaire d’un logement d’HBMO Parties communes d’une HBM : mosaïque de grès cassé au sol,
  marches en granito — Groupe porte de Clichy — OPHBMVP, vers 1930
❶ Cloison de mâchefer du sanitaire

❷ Cloison en briques creuses du lavabo 
❸ Mur de remplissage en briques ordinaires

❹ Poutrelles du plancher (coffrées et coulées in situ)
❺ Hourdis creux préfabriqués

72
Petits éléments de béton
Le béton moulé est utilisé pour les petits éléments décoratifs
ou utiles à la pérennité du bâtiment. Ce béton est dosé de 300
à 350 kg de ciment par mètre cube de gravillon (dosage porté
à 500 kg pour les ouvrages de faible épaisseur) et sable de
rivière pour les appuis de baies avec larmiers voire rejingots,
encorbellements, assises unies, sommiers, corbeaux, pilastres,
bandeaux, balcons et balustrades, couronnements de souches
de cheminées, entourages de descentes de caves, murs bahuts,
y compris armatures pour les fortes saillies. Les appuis de baies
affleurent intérieurement les dormants des croisées. Les murs
bahuts ont 0,25 d’épaisseur et 0,50 de hauteur moyenne, ils
reposent sur des semelles armées.

© Paris Habitat

© Paris Habitat
Élévation d’une pergola en B.A. avec indication des matériaux — Schéma d’une pergola en B.A. — Groupes Bessières (75017) —
Groupes Bessières (75017) — OPHBMVP, 1933 OPHBMVP, 1933

© Paris Habitat

Pergolas et colonnes en béton moulé — Groupes Peupliers (75013) — OPHBMVP, 1933

73
4.2. La brique
Historique peu baveux, ce qui donne à l’ensemble une facture générale
assez brouillonne et dévalorisante, tout de suite à associée à
La brique est le matériau qui symbolise le mieux les HBM dans un habitat de faible qualité à destination des ouvriers.
l’imaginaire collectif. Elle a été employée massivement pour leur
construction de façon apparente ou non. Si la brique est bien Avec les générations suivantes d’HBM, les concepteurs
présente et très employée à Paris dans le logement dès le XIXe, démontreront que la brique peut produire une architec-
notamment à partir de 1850, elle reste toujours « cachée » ; on la ture de qualité, innovante, tout aussi digne d’intérêt que
réserve aux façades sur cour, ou pour les étages en retrait sur rue. l’architecture bourgeoise qui reste, elle, sur le registre de
Dans ces cas la brique peut être apparente ou recouverte d’un la pierre de taille.
enduit à la chaux. La brique est de ce fait un matériau presque
invisible, comme le sont les pans de bois (systématiquement Les progrès techniques apportés par la seconde révolution
enduits à Paris). La brique fabriquée en région parisienne est industrielle mettent à disposition des architectes des briques
réputée de mauvaise qualité, elle est jugée moins noble que la polychromiques, vernissés, des céramiques, de tailles et de
pierre de taille (associée à l’habitat bourgeois). À partir de la formes variables.
seconde moitié du XIXe siècle, les techniques de production
industrielles des matériaux en terre cuite émergent, c’est alors Les concours expérimentaux des premiers HBM menés par
une profusion de matériaux préfabriqués qui peuvent être les fondations puis par la Ville de Paris suscitent des réponses
employés dans l’édification des bâtiments. qui valorisent cette diversité de matériaux, ce qui marquera
fortement la 1ere génération d’HBM. Le groupe du boulevard
Les premières HBM de la fin du XIXe emploient des briques de de l’hôpital est l’illustration de cette richesse qui produit une
médiocre qualité qui sont laissées apparentes. C’est le cas de architecture pittoresque.
l’immeuble du 45, rue Jeanne d’Arc, immeuble qui symbolise
bien l’habitat ouvrier tel qu’il est conçu alors. À partir de 1926, la 2e génération d’HBM abandonne cette
diversité de motifs, de saillies, de polychromies qui était carac-
La brique qui est mise en œuvre est ici de qualité sommaire : téristique de la 1ere génération issue des concours. On assiste
les arêtes sont peu marquées et le jointement briques est un alors à une régression dans la palette de matériaux employés,

© Apur
© Apur

© Apur

Habitation ouvrière, 45 rue Jeanne d’Arc, (75013) — Fondation 137 boulevard de l’hôpital (75013) — J. Charlet et F. Perrin —
Philanthropique — 1888 OPHBMVP, 1922-1926

74
les céramiques ont presque totalement disparu, les polychro- sont très souvent perforées. Leur avantage est qu’elles sont
mies de briques également. Les calepinages de brique servent plus légères à manipuler sur le chantier, qu’elles ont une
encore à réaliser des motifs géométriques discrets pour signaler meilleure prise avec le mortier en raison des trous qui aug-
le premier étage ou la corniche. mentent la surface d’adhérence et sont mieux cuites. C’est
cette qualité de cuisson qui permet aux briques de se casser
facilement et nettement à la truelle, ce qui réduit les coûts
sur le chantier car les demi-briques nécessaires aux dessins
de la façade peuvent être produites sur place. Les briques
perforées sont aussi réputées plus isolantes thermiquement
et plus imperméables, elles sont donc vues comme un atout
dans la logique d’un habitat hygiéniste.

Brique perforée — Format : 22 cm


x 10,5 cm x 5,5 cm (ou 6 cm) —
Ce format a été très largement
employé dans les HBM de 2e
génération

© C. Demonfaucon

© Apur
Calepinage du 1er étage — Groupe Saint-Mandé (75020) — RIVP, 1933

Les briques les plus courantes employées Matériaux de construction disposés aux pieds d’une HBM
dans la 2e génération d’HBM en cours de construction
À l’issue de la 1ere guerre mondiale, les techniques construc-
tives font appel à 3 grands types de brique qui sont employés
dans la quasi-totalité des projets : les briques perforées pour
le parement, les briques pleines de remplissage, les briques
creuses de remplissage.

Les briques de parement sont des briques laissées visibles,


employées sur cour et sur rue, leur couleur et leur agence-
ment sont mis à profit par les architectures pour composer
le style du bâtiment. Les couleurs les plus fréquentes sont :
le blanc crème, les jaunes, les roses, les rouges et les bruns.
Ces briques sont généralement de très bonne qualité. La
qualité des briques est associée à la provenance de la pro-
duction. Pour les HBM, les briques de parement sont de
qualité « bourgogne » ou équivalente, mais aussi de « Pays »
(légèrement inférieure et moins chère). Une grande part
de ces briques provient encore de Paris et de ses alentours
malgré le déclin que subissent les unités de production
   
dans cette région entre les deux guerres. Ces briques sont
bien cuites, elles ont de ce fait une très bonne résistance    
© Paris Habitat

à l’écrasement (200 à 300 kg/cm²), leur porosité ne doit    


être ni trop forte (pour ne pas trop laisser transiter l’eau à    
travers la façade) ni trop faible (pour que le mortier adhère Groupe Davout-Félix Terrier (75020) — OPHBMVP, 1932  
 
correctement). Leur porosité assure la prise avec le mortier, ❶ Briquesde parement
 perforées. Le sceau  
ce qui permet de réaliser des éléments constructifs d’une sur les briques indique la provenance et la qualité
grande cohésion. Théoriquement les briques doivent être  Ici ils’agit de briques de la briqueterie 
de la brique.

mouillées avant la mise en œuvre pour qu’elles n’absorbent de Gournay
 de Vitry-sur-Seine
 (94). Ces briques  
sont dites de qualité « briques de pays ».
pas trop l’eau du mortier. Pour la même raison, les joints    
Une qualité un peu inférieure à la qualité
ne doivent pas être trop minces (pas moins d’1 cm). Leurs de « Bourgogne » souvent exigée dans les cahiers
arêtes sont bien prononcées ce qui permet de réaliser des des charges
joints en creux. Entre-deux-guerres, les briques de parement ❷ Brique creuse de remplissage

75
Aux briques parallélépipédiques rectangles, s’ajoute toute
une gamme de briques de formats divers qui permettent aux
architectes d’élaborer des volumétries de façades complexes,
de traiter les halls d’entrées par des arrondies ou des angles
aigus, de composer des bordures de trottoir, etc. Parmi ces
briques le « mulot » est le modèle le plus utilisé, il sert entre
autres à assurer la continuité du parement au droit des ossa-
tures en béton armé.

© Architecture d’aujourd’hui #12 p 17, 1935


© C. Demonfaucon

Briques arrondies d’une allège — Groupe Berthier (75017) — RIVP, Briques de parement spéciales — Parmi elles, la « mulot » est la plus
1934 employée

Briques pleines ordinaires Sa résistance à l’écrasement est faible (3 à 5 kg/cm²) ce qui


Ces briques de moins bonne qualité sont utilisées pour les convient pour une hauteur d’étage entre les poteaux et les
murs de façades de deux manières : poutres d’une ossature en béton armé.
• en remplissage derrière les briques de parement, elles sont Il existe de très nombreux formats de briques creuses : briques
alors disposées sur une rangée en panneresse ; creuses à 6 trous (par exemple : 0,3 x 0,08 x 0,16), briques
• ou bien elles remplissent la totalité de l’ossature quand un creuses à 9 trous (par exemple : 0,3 x 0,13 x 0,16), etc.
enduit doit recouvrir la façade. Elles sont alors disposées en
deux rangées en panneresse.

Les briques ordinaires servent aussi pour les cloisons inté-


rieures posées sur chant (0,06) ou en panneresse (0,11). Ces
briques étaient très employées dans les précédentes généra-
tions de HBM.

Briques creuses de remplissage


La brique creuse est un matériau extrêmement employé dans
les HBM de deuxième génération. Elle supplante dans beau-
coup de programmes la brique ordinaire pleine pour le rem-
plissage des murs derrière la brique de parement. Cette brique
possède de très bonnes qualités thermique et hygrique, elle
protège donc bien l’habitat des aléas climatiques. De plus,
ses parois striées de cannelures permettent une très bonne
© Apur

adhérence au mortier de chaux, ce qui donne une liaison très


solide aux éléments. Exemple de brique creuse à 6 trous

76
Autres types de briques
Les briques vernissées des premiers HBM disparaissent
progressivement après la 1ere guerre. Seuls les éléments de
céramiques de petites dimensions restent employés, essen-
tiellement en RdC pour les équipements, les loges, les halls
d’entrées. On les emploie comme des éléments discrets de
ponctuation de l’architecture.

Les briques silico-calcaires sont presque abandonnées en


façade, seuls quelques groupes en font encore l’usage pour
des façades de cœur d’îlot. L’usage de ces briques reste très
répandu en remplissage des cloisons, c’est aussi le cas des
briques de mâchefer.

Qualité des briques employées dans les HBM

Qualité Types Briques argileuses Briques non argileuses

Bonne Briques Brique de Bourgogne


qualité de parement

Brique de Montereau ou Salins

Brique de pays
(Vitry, Feucherolles, Mitry, Champigny-sur-Marne...)

Brique silico-calcaire

Briques Brique de qualité "rive droite" :


ordinaires Belleville, Sarcelles, Pantin,
de remplissage Montreuil, Aubervilliers...

Brique de qualité "rive gauche" : Brique de mâchefer


Bicêtre, Villejuif, Châtillon,
Montrouge...

Mauvaise
© Apur

qualité

Source : Apur

77
4.3. Le béton armé (B.A.)
Avant la 1ere guerre mondiale, les HBM sont généralement édifiés est rappelé aux entreprises dans les cahiers des charges de
suivant la technique du mur porteur en brique, l’épaisseur du l’OPHBMVP : « L’ossature des murs de façade sera constituée
mur se réduisant avec l’élévation (0,45 en RdC, 0,34 aux étages par des poutres et poteaux en ciment armé non apparents en
courants et 0,22 aux étages supérieurs). En France, après la 1ere parement de manière à ne modifier en rien le point de vue esthé-
guerre mondiale, le béton armé est très largement employé pour tique des projets. Les linteaux pourront être apparents selon
la structure des bâtiments, qu’il s’agisse d’HBM ou de bâtiments indications des dessins. ». Les linteaux, qui étaient avant-guerre
« bourgeois » en pierre apparente. Dans d’autres pays, comme des éléments utiles au transfert de charge, n’en sont pas moins
les États-Unis, c’est l’ossature métallique qui majoritaire. À Paris facultatifs, ils continuent d’exister en tant qu’éléments de décor.
la plupart des HBM construits après 1920 utilisent une ossa- On est bien loin du rationalisme constructif dans lequel étaient
ture en béton armé. Seuls quelques groupes ont employé une nés les premiers HBM.
ossature métallique, notamment des groupes construits par la
Ville de Paris pour la RIVP : porte d’Italie (75013), boulevard L’ossature en béton armée est conçue de façon particulière-
Berthier (75017), et porte de Brancion (75015). Ces ossatures ment savante. Elle est réalisée à l’aide de coffrages bois. Si en
métalliques sont employées conjointement avec de nombreux première approche sa volumétrie faite de poteaux et de poutres
ouvrages en béton armé (planchers des caves, linteaux, poitrails semble assez simple et relativement proche de ce qui sera pro-
de boutiques, etc.) duit après la 2e guerre, un examen plus approfondi amène à la
conclusion inverse. Chaque HBM possède une ossature bien
L’ossature en béton armé s’est imposée après la 1ere guerre mon- spécifique dont la volumétrie, faite de petits décrochements
diale, elle est plus économique que le mur plein, elle permet et de petites saillies, est censée s’adapter parfaitement au type
d’accélérer le rythme de la construction et elle libère le plan de remplissage de brique voulu par l’architecte.
de l’habitat des lourds refends porteurs. Dans l’architecture
ordinaire, comme celle des HBM, l’ossature n’est pas un sujet Si les matériaux employés dans l’édification des HBM sont
d’architecture en soi, elle reste cachée. Même si avec l’ossa- ceux de l’ère industrielle, leur mise en œuvre est totalement
ture, la brique devient un pur matériau décoratif, l’usage de artisanale. La connaissance empirique des techniques de
l’ossature n’introduit pas de discontinuité de style entre les coffrage atteint un niveau jamais égalé dans sa capacité à
bâtiments d’avant 1914 et ceux des années 1920. L’esthétique produire de subtils détails. Cette connaissance se perdra tota-
HBM issue des concours perdure et n’est pas remise en question lement après-guerre avec l’arrivée des coffrages industriels et
par l’arrivée soudaine de l’ossature en béton armé, ce principe des éléments préfabriqués.
© Louis Laurent / Cinémathèque Robert-Lynen / Roger-Viollet

© C. Demonfaucon

Ossature métallique — porte de Brancion (75015) — RIVP, 1934 Porte de Brancion (75015) — RIVP, 1934

78
Édification du groupe square d’Aquitaine — porte Chaumont (75019) — OPHBMVP, vers 1935

© Paris Habitat

© Paris Habitat

© Apur
 
 
 
Groupe square d’Aquitaine (75019) — OPHBMVP, vers 1935
 
❶ Saillie pour garde-corps
  ❷ Prolongement de la dalle pour bow-window
  ❸ Saillie pour linteau en ciment peint
    ❹ Dalle pour loggias avec fer en attente pour garde-corps plein
      ❺ Trou dans la poutre pour ventilation
      ❻ Fers en attente pour console du bow-window
 
      ❼ Console du bow-window
      ❽ Garde-corps plein
     
  
© Paris Habitat

   
   
    
   
    
 
    
 
    
   
 
   
 
     
    
     
    
   
    
   
     
   
       
   
© Paris Habitat

           
   
           
© Apur

   
 en briques
Parement  perforées    en béton armé 
surossature  État actuel  
   
         
         
       
       
     
   

Béton employé pour la structure des HBM.


Ce béton incorpore de nombreux gravillons, le dosage recommandé
à l’époque est de : 800 litres de gravillons, 400 litres de sable de
rivière et 300 kg de ciment de Portland.
Ce béton est associé à une armature en acier doux.

79
© Apur
5. Qualités architecturales et urbaines
des édifices HBM de la ceinture
Le paysage formé par les HBM de la ceinture de Paris est l’aboutissement d’un processus de recherche alimenté par les concours
des fondations et de la Ville de Paris avant la première guerre mondiale. Son esthétique est également marquée par la modernité
et les contraintes de lotissement de grande échelle de la ceinture de Paris.

5.1. Contexte
Des habitations ouvrières
philanthropiques aux HBM
de première génération
(avant la 1ere guerre mondiale)
L’habitat ouvrier des sociétés philanthropiques de la fin du
XIXe siècle est une première réponse hygiéniste à l’insalubrité
des taudis qu’il remplace : meilleure luminosité dans les loge-
ments, premiers éléments de confort. La brique est employée
systématiquement, elle sert à l’édification de murs porteurs.
Les façades sont peu décorées. Dans une logique rationaliste,
les éléments structurels sont apparents et participent sobre-
ment à l’esthétique des façades : ancres de tirants métalliques,
linteaux, ventouses, etc.

Sous l’impulsion du Musée Social, les recherches architecturales


sur le logement social se multiplient. Même les architectes renom-
més comme H. Sauvage ou G. Vaudoyer se prêtent à l’exercice de
la production de logements ouvriers pour les sociétés philanthro-
piques. Au 1 rue Ferdinand flocon, H. Sauvage édifie en 1912 des
habitations à bon marché à la fois dépouillées et dignes. Le soin

© Apur
du détail est présent au sein d’une recherche esthétique limitée
et sobre : brique calco-fer, carreaux vernissés verts habillant les 71, rue d’Hautpoul (75019) — E.Devisme —
linteaux, décors de céramiques de la porte d’entrée, etc. Société Philanthropique, 1912

© Apur

1, rue Ferdinand Flocon (75018) — H. Sauvage — Société des logements hygiéniques à bon marché, 1912

81
Au début du XXe siècle le logement ouvrier est très reconnais- Les HBM de deuxième génération
sable, outre sa sobriété, c’est surtout l’emploi de la brique qui
lui donne sa connotation ouvrière. La brique et la pierre de
sur la ceinture de Paris : une rupture
taille sont des matériaux qui renvoient à des codes sociaux mal assumée
antagonistes. La pierre de taille est associée au logement riche,
bourgeois, plus tard, elle le sera au logement de « standing » Les HBM de la ceinture de Paris s’édifient dans un contexte
alors que la brique est un matériau quelque peu dévalorisant, très différent de celui de l’avant-première guerre mondiale.
réservé à l’habitat ouvrier. Lorsque la brique est présente dans Les HBM d’avant-guerre relèvent d’opérations ponctuelles,
l’habitat bourgeois, elle est réservée aux cours ou aux étages en elles s’inscrivent sur le temps long, celui des concours et des
retrait, elle est parfois masquée sous un enduit blanc. projets ambitieux d’architectes qui définissent de nouvelles
conceptions de bâtiment, mais rarement dans une logique de
Si la brique est un matériau incontournable de la construction rationalité économique.
de l’habitat ouvrier en raison de son coût de production et de sa
facilité de mise en œuvre, son image trop négative doit évoluer. À l’inverse, le lotissement de la ceinture pose la question de la
Les concours des fondations et de la Ville de Paris tentent de massification et de l’accélération de la production des HBM.
revaloriser l’image de la brique et de démontrer qu’elle peut
produire une architecture digne et de qualité, et être ainsi un Après la 1ere guerre mondiale les bailleurs vont revendiquer la
élément décoratif à part entière. continuité en mettant en avant l’héritage des enseignements
hygiénistes des concours. En réalité, cette production qui
Le groupe de la fondation Rothschild au 117 rue de Belleville prend désormais une échelle urbaine doit assumer un certain
(75019), édifié en 1908 par H. Provensal, H.-P. Nénot et A. nombre de ruptures.
Rey, reprend les codes du régionalisme, de l’art nouveau et • la première rupture est celle de la rationalité économique.
de l’architecture post-haussmannienne en alliant la brique à Elle est une contrainte essentielle, et dimensionnante, des
des éléments de bétons peints imitant la pierre de taille. Une projets de lotissement de la ceinture, elle faisait défaut aux
certaine monumentalité se dégage de cet ensemble dans lequel programmes des concours précédents ;
les bow-windows et les balcons animent les façades. • une autre rupture est celle imposée par l’hécatombe qu’a
été la première guerre mondiale. Une part du savoir-faire
Plus symptomatique des enseignements des concours de la artisanal des maçons a disparu. Et c’est avec le béton armé
ville de Paris, le groupe du 27 rue du docteur Potain (75019) que les maçons de l’après-guerre doivent composer pour
édifié de 1922 à 1927 illustre un parti pris plus pittoresque, l’édification des HBM de la ceinture. La grande majorité
voire exubérant. Les architectes Daniel, Lionel et Raoul Bran- de ces groupes emploie des ossatures en béton armé. Cette
don emploient toute une palette de briques polychromiques technique permet d’accélérer notablement le rythme de
et de carreaux de faïences. La polychromie des briques permet la construction ;
la réalisation de véritables frises. Les volumétries sont com- • enfin, la rupture est aussi due à l’influence stylistique de la
plexes, articulant de façon atypique loggias et balcons. Même modernité. Cette influence est assumée à des degrés divers
les cheminées deviennent décor d’architecture. L’impression selon les projets. Dans les programmes d’HBM ordinaires,
générale est celle d’HBM proliférantes dans lesquelles il existe les régies ont tendance à brider l’influence moderne au profit
un soin du détail irréprochable. Ce type d’HBM se retrouve de d’une vision passéiste, relecture souvent banalisée des pro-
façon récurrente dans Paris, notamment au 137 boulevard de ductions des concours d’avant-guerre.
l’Hôpital (75013), des architectes J. Charlet et F. Perrin.
© Apur

© Apur

117, rue de Belleville (75019) — 27, rue du docteur Potain (75019) — Daniel, Lionel et Raoul Brandon — OPHBMVP,
H. Provensal, H.-P. Nénot et A. Rey — 1922-1927
Fondation Rothschild, 1908

82
5.2. Les grands types d’HBM de la ceinture
Regrouper les HBM de la ceinture en diverses familles ou typo- • certaines HBM sont le fruit d’un travail d’architecture qui
logie est un exercice périlleux car si certains groupes d’HBM allie acceptation du vocabulaire banal des HBM avec le parti
affirment une rupture stylistique avec l’ensemble, l’impression pris d’une composition originale. Ces groupes peuvent être
d’uniformité qui se dégage de la plupart des séquences HBM qualifiés d’« exceptionnel en continuité ». On peut citer
cache une diversité qui rend complexe la catégorisation. Néan- en exemple le groupe des 42-52 boulevard Mortier (75020),
moins il semble possible de proposer certains regroupements de L-H. Boileau. Ici l’appartenance au style HBM est claire-
même s’ils peuvent paraître subjectifs. ment affirmée (« continuité »), alors que certains éléments de
décor sont magnifiés comme les garde-corps pleins décorés
Ici, le parti pris est de qualifier d’« ordinaires », les HBM de de frises jouant sur des reliefs de briques (« exceptionnel ») ;
la ceinture les plus communes, les plus fréquentes, celles qui • enfin, certains groupes sont l’occasion pour certains archi-
donnent à la ceinture une apparente impression d’homogénéité tectes de développer un parti pris architectural n’ayant plus
de par leur trompeuse ressemblance. Les HBM qui semblent rien à voir la conception banale des HBM, on peut qualifier
s’écarter de façon flagrante de cette définition constituent des ces groupes, d’« exceptionnel en rupture ». Cette rupture
catégories à part, que l’on peut tenter de lister sommairement est celle d’une rupture avec le style HBM conventionnel qui,
et de façon non exhaustive : entre-deux-guerres, est un style déjà dépassé. Cette rupture
• certaines HBM de la ceinture appartiennent à une catégorie est généralement le fait d’une adhésion assez nette et assu-
qualifiable de « passéiste » ou « régionaliste », comme les mée à l’architecture moderne et à celle des arts décoratifs.
HBM de la porte Montmartre. Ce sont les premières HBM de L’exemple du 95 boulevard Jourdan (75014) de M. Solotareff
la ceinture (livrées à partir de 1926), ces dernières reprennent est un exemple d’architecture exceptionnelle dans laquelle les
les codes des productions des concours. Elles sont conçues références au style HBM sont presque effacées et réinterpré-
dans la continuité des programmes antérieurs livrés dans les tées de façon moderne (fenêtres en bande, fenêtres d’angle,
tissus comme celui de la rue de l’Ourcq (1923). Le style est ici dissymétrie de la composition). Le bâtiment est entièrement
pittoresque, régionaliste. Les bâtiments sont assez bas. Ce type revêtu de mignonette, une part très importante est laissée aux
d’architecture est un reliquat des constructions à bon marché vitrages. Sur les angles, les volumétries en arrondis marquent
d’avant-guerre. C’est un modèle qui est abandonné dans la une réinterprétation du traditionnel bow-window.
poursuite du lotissement de la ceinture ;

Régionaliste Ordinaire
© Apur

© Apur

Porte Montmartre (75018) — OPHBMVP, 1926 Avenue Georges Lafenestre (75014) — OPHBMVP, 1933

Exceptionnel en continuité Exceptionnel en rupture


© Apur

© Apur

42-52, boulevard Mortier (75020) — L-H. Boileau — OPHBMVP, 1932 95, boulevard Jourdan (75014) — M. Solotareff — RIVP, 1934

83
5.3. Expression stylistique des HBM ordinaires de la ceinture
Les architectes en charge de la construction des HBM pra- ce qui ne relève pas d’une utilité concrète doit être chassé :
tiquent un exercice sous contrainte, à l’inverse de leurs prédé- « sobriété de décoration et de toute chose dont l’utilité abso-
cesseurs de l’avant premier guerre mondiale qui étaient invités lue ne serait pas reconnue » (extrait du rapport au nom de
à innover lors des concours. la commission des habitations à bon marché sur l’action de
l’OPHBMVP, 1929, p. 344). Le faste des HBM pittoresques
Matériaux de façade : d’avant-guerre n’apparaît plus sur la ceinture : la polychromie
des briques et des faïences disparaît presque totalement. Le
un vocabulaire restreint triptyque : brique/mignonette/enduit ciment peint en blanc
Le rationalisme et l’hygiénisme sont les maîtres mots de la est la palette de matériaux à laquelle adhèrent les HBM ordi-
conception. La sobriété est une doctrine dans laquelle tout naires de la ceinture.

Restriction du vocabulaire des HBM de la ceinture par rapport aux HBM antérieures : simplification des motifs de brique,
disparition de la polychromie des briques…

Motifs décoratifs du 1er étage — HBM des tissus constitués Motifs décoratifs du 1er étage — HBM ordinaire de la ceinture

© Apur

© Apur
27, rue du Docteur Potain (75019) — OPHBMVP, 1922-1927 Porte de Brancion (75014) — Bellou, Bellanger — RIVP, 1934
© Apur

© Apur

2, rue Duc (75018) — L. Besnard — OPHBMVP, 1922-1925 Groupe P. Quillard — Porte de Bagnolet (75020) — OPHBMVP, 1934

84
Des principes constructifs novateurs
au service d’une esthétique
conservatrice
La principale révolution constructive de l’entre-deux-guerres
est la systématisation de l’usage du béton armé. L’ossature en
béton armé est généralisée, elle simplifie la mise en œuvre des
bâtiments. Le béton armé est plus qu’une révolution construc-
tive, il entraîne avec lui toute l’innovation architecturale portée
par la pensée moderne.

Innovation architecturale à Paris entre-deux-guerres (parc privé)

Le béton armé devient entre-deux-guerres un matériau de construction courant.


Les ossatures en béton armé offrent une souplesse mise à profit dans l’innovation architecturale.
© Apur

© Apur

© Apur
12, square Alboni (75016) — P. Abraham, 176, rue Saint-Maur (75011) — L. Lambion, 28, boulevard Raspail (75014) — P. Abraham,
1923 1929 1932
© Mairie de Paris – DU – MCC – J. Leroy
© Apur

© Apur

161, rue Saint-Charles (75015) — H. et C. 5, avenue Vion-Whitcomb (75016) — 10, rue Jacques Mawas (75015) —
Delacroix, 1935 J. Ginsberg, 1935 arch. inc., entre-deux-guerres

85
Bien qu’employant systématiquement l’ossature en béton
armé, les HBM ordinaires de la ceinture de Paris restent tour-
nées vers le passé, les régies des bailleurs gardent en tête cette
image d’Épinal que représentent les HBM d’avant-guerre, et
elles font tout pour garder intactes les références architectu-
rales à cet ancien style. Au final, le béton armé n’est pas autre
chose qu’un moyen constructif, il n’est pas perçu dans le cas des
HBM ordinaires comme un moyen de renouveler l’esthétique
de l’habitat social. Une forme de doctrine passéiste subsiste
dans les régies des bailleurs comme en témoigne cette phrase
figurant au cahier des charges de la plupart des constructions
de l’OPHBMVP :  
« L’ossature des murs de façade sera constituée par des poutres    
et poteaux en ciment armé non apparents en parement de    
manière à ne modifier en rien le point de vue esthétique des    
projets. Les linteaux pourront être apparents selon indications  
 
des dessins ». L’ossature doit être cachée. On recherche même  
le pastiche en continuant à prôner la présence de linteaux,  
   
autrefois essentiels dans la logique du mur porteur, mais désor-
mais facultatifs dans la logique du béton armé. La pensée des    
HBM qui s’est toujours voulue rationaliste est ici contredite :    
ne devrait être visible que ce qui est utile.  

De façon assez paradoxale, alors que les régies rejettent les pos-
sibilités esthétiques offertes par le béton armé, les maçons de
l’entre-deux-guerres développent un savoir-faire et une ingé-

© Paris Habitat
niosité inégalés dans la maîtrise du coffrage du béton armé.
L’ossature en béton armé est toujours réalisée en parfaite
adéquation avec les besoins du programme et en particulier
avec les exigences esthétiques des architectes. Cet apogée du Les linteaux des HBM de la ceinture — OPHBMVP, vers 1930
coffrage montre à quel point les HBM sont des réalisations arti- L’ossature en béton armé est masquée par le parement de briques
sanales exceptionnelles faites de matériaux industriels (béton selon la doctrine figurant dans les cahiers des charges de l’OPHBMVP.
armé, briques, hourdis, etc.) parfaitement mis en œuvre. Les linteaux sont des éléments de décors qui perdurent bien qu’ils
n’aient plus l’utilité qu’ils avaient à l’époque du mur porteur.
Dans la même logique, l’appareillage des briques devient un ❶ Coffrage d’un linteau formant saillie sur poutre
pur sujet ornemental, alors qu’il était avant la symbolisation ❷ Brique de parement de type mulot recouvrant l’ossature en béton armé
d’un choix d’assemblage garantissant la cohésion structurelle
du mur porteur. Dans le cas des HBM de la ceinture, le mur
de parement et le mur de remplissage suivent des logiques Appareillages courants des briques de parement des HBM
d’appareillage distinctes. Alors que l’appareillage le plus simple de la ceinture
pour le mur de parement serait la panneresse, les architectes
éprouvent la nécessité de faire référence à d’autres types d’ap-
pareil, comme l’appareillage à l’anglaise. Généralement sur
les chantiers, les briques devant apparaître en boutisse sont
cassées pour n’occuper que l’épaisseur du mur de parement, à
savoir une demi-brique.

Dans les HBM exceptionnelles ou « passéistes » (selon les caté-


gories précédemment définies), l’appareillage des briques est
© Apur

un sujet essentiel de la composition des façades.


Dans les HBM ordinaires, cet appareillage est un sujet mineur Appareillage de type « panneresse »
car la simplicité est de rigueur. Les motifs ou reliefs sont rares
et presque toujours identiques : l’un des plus communs consiste
en la mise en saillie des rangées de briques afin de donner une
impression d’horizontalité, ce procédé est souvent repris au
niveau des allèges.
© Apur

Appareillage à l’anglaise

86
Exemples de calepinages ordinaires procédant à la mise en saillie de rangées de brique selon des lignes horizontales

© Apur

© Apur

© Apur
© Apur

© Apur

© Apur
Exemples de calepinages exceptionnels
© Apur

© Apur

© Apur

Groupe Brunet (75019) — Saint-Maurice, Groupe pte d’Orléans (75014) — Brandon — Groupe Brunet (75019) — Saint-Maurice,
Boutefroy — RIVP, 1934 RIVP, 1932 Boutefroy — RIVP, 1934
© C. Demonfaucon (2014)

© C. Demonfaucon (2014)
© Apur

Groupe Mortier (75019) — L. Boileau — Groupe pte d’Italie (75013) — J. Bassompierre, Groupe St-Mandé (75012) — A. Poulthier. —
OPHBMVP, 1932 P. de Rutté, P. Sirvin — RIVP, 1928 RIVP, 1934

87
Si le mécanisme de « variations infimes » est largement
D’infinies variations pour un même employé, il existe pourtant quelques cas de bâtiments jumeaux
modèle de bâtiment c’est-à-dire presque totalement identiques. Chez les bailleurs
autres que la SAGI, cette pratique est rare. On peut citer le
Les HBM ordinaires de la ceinture de Paris doivent être lues cas d’Ali Tur qui produit pour la RIVP deux bâtiments extrê-
comme des réalisations sous contraintes. Les degrés de liberté mement similaires à deux points diamétralement opposés de
offerts aux concepteurs sont très restreints ce qui donne aux Paris : porte de Saint-Cloud (75016) et porte de Saint-Mandé
réalisations de la ceinture de Paris une impression d’apparente (75012).
uniformité. La qualité architecturale de ces productions se lit
dans l’étonnante subtilité des variations infimes qui singula-
risent les groupes les uns par rapport aux autres.

Singularisation des groupes par variations infimes

© Apur

© Apur
Groupe porte de Bagnolet (75020) — RIVP, 1933 Groupe porte d’Aubervilliers (75019) — OPHBMVP, 1936
© Apur

© Apur

© Apur

Groupe Séré de Rivières (75014) — Groupe Ravel-Malet (75012) — OPHBMVP, Groupe square d’Aquitaine (75019) —
OPHBMVP, 1933 1933 OPHBMVP, 1935

88
Bâtiments jumeaux : exemple de la RIVP à la porte de Saint-Mandé (75012) et à la porte de Saint-Cloud (75016)

© Apur

© Apur
7, rue Changarnier (75012) — Groupe Saint-Mandé — A. Tur — RIVP, 9, rue Abel Ferry (75016) — Groupe Point du Jour, porte de Saint-
1933 Cloud — A. Tur — RIVP, 1933

Modèle de bâtiment repris en plusieurs endroits de la ceinture par la SAGI


© Apur

© Apur
Groupe de la porte de Montreuil (75020) — Heckly — SAGI, 1935 Groupe Sérurier (75019) — Heckly — SAGI, 1937

La SAGI est l’exemple le plus caricatural en matière de répli- La SAGI, une régression du vocabulaire HBM
cation architecturale. La SAGI suit une logique de promotion
immobilière basique, elle emploie tous les moyens possibles
pour réduire ses coûts. Elle travaille sur un nombre très res-
treint de modèles de bâtiments qu’elle dissémine à grande
échelle. On notera la pauvreté générale de la conception archi-
tecturale de la SAGI. Les bow-windows sont très peu présents,
des travées peintes en blanc en très légère saillie sont censées
évoquer les bow-windows intrinsèquement liés à l’esthétique
HBM. Ces travées blanches alternent souvent avec des travées
en brique de parement. Cette variété n’anime que pauvrement
les façades. Le manque de relief est flagrant. La SAGI invente
en quelque sorte le bow-window ornemental, sans intérêt pour
la luminosité de l’habitat, ni en termes de gain d’espace pour le
salon. La logique de la SAGI évoque l’essoufflement du modèle
HBM et la fin de l’ingéniosité de composition inhérente aux
productions ordinaires.

37, av. Brunetière (75017) — Groupe Berthier — Heckly — SAGI, 1933


Dans nombre d’opérations, la SAGI invente le bow-window
ornemental : une saillie de 10 à 30 cm du salon ou de la salle à manger.
Seul compte ici le décor et la scansion verticale de la façade.
Aucun parti pris hygiéniste n’est appliqué. Vu la faible taille du bow-
window, la luminosité supplémentaire apportée est inexistante, les
© Apur

baies sont du même type que dans les autres travées.

89
Le vocabulaire architectural L’influence régionaliste, pittoresque voire
art nouveau
des HBM (ordinaires
et exceptionnelles) de la ceinture : Le pittoresque et le régionalisme sont des résurgences du passé.
Ils sont pourtant invoqués afin de rompre l’uniformité et la
à la croisée de trois grandes répétition. On note ainsi l’emploi de pergolas en béton armé,
influences de moellons apparents en soubassement, de discrets motifs
floraux des consoles de bow-windows, de frontons, etc.
Les façades des HBM de la ceinture sont composées grâce à
une palette restreinte. Des éléments de vocabulaire récur- Influences pittoresques, régionalistes, art nouveau
rents peuvent être relevés, on peut les rattacher à trois types
d’influence.

L’influence haussmannienne,
post-haussmannienne
L’inf luence haussmannienne est tout d’abord celle des
registres : soubassement, étages courants, couronnement
avec étages en retrait que le règlement de 1902 a considéra-
blement enrichi. Ces registres bien que repris dans les HBM
sont nettement moins affirmés que dans l’esthétique du bâti-
ment haussmannien qui est, elle, marquée par les balcons
ornementaux qui soulignent avec insistance ces découpages
horizontaux. L’adoption des registres dans le cas des HBM
semble avoir été pensée de façon consensuelle afin de favori-
ser l’acceptabilité de ces bâtiments dans le paysage parisien.
L’influence du règlement de 1902 se lit dans les arrondis qui
permettent de magnifier les angles, ainsi que dans l’emploi
des bow-windows, etc.

Influences haussmanniennes et post-haussmanniennes


Registres traditionnels Traitement arrondi des angles
Couronnement
Étages courants
Soubassement

© Apur

© Apur

Groupe Séré de Rivières (75014) Groupe Murat (75016) — SGIM,


— OPHBMVP, 1933 1934
© Apur

90
L’influence Moderne voire art déco
Ces influences sont omniprésentes : fenêtres en angles avec
poteaux apparents, bow-window à pans coupés, fenêtres aux
proportions horizontales, balcons filants en angles.

Influences modernes, art déco    


     
     
     
     
     
     
     
    
 

       
       
       
       
       
       
       
       
     

 
      
       
       
       
       
       
       
       
         
     
       
       
       
       
       
       
       
     
 
© Apur

1 Fenêtres horizontales 3 Loggia d’angle 5 Poteaux d’angle 7 Porte d’entrée 9 Calepinage


2 Bow window à pans coupés 4 Balcon 6 Console 8 Sculpture, bas relief

91
Relation entre statut social des ment, sont édifiées des HBM dont les façades alternent entre
pierres de parement et briques. Dans le 16e arrondissement,
occupants et esthétique des façades la logique de l’habitat bourgeois s’applique de façon démesu-
Le statut social des occupants des HBM se traduit par diffé- rée aux constructions de la SAGI sur la séquence allant de la
rentes catégories d’habitat. Principalement : HBMO, HBMA, porte d’Auteuil au square Tolstoï. Ici c’est bien un habitat de
ILM (selon la nomenclature de l’OPHBMVP). Ces différentes standing qui est édifié en pierre de parement sur ossature en
catégories renvoient à des niveaux de services et à des tailles béton armé. Comme la vocation sociale de cet habitat est bien
de logements bien distinctes, en revanche il n’existe pas de lien sûre factice, il en résulte un scandale mettant en cause la SAGI,
direct entre l’esthétique de la façade et la catégorie de l’habitat. et qui discrédite les mécanismes de financement des HBM.

Le bâtiment de la porte de Bagnolet édifié en 1933 par


Saint-Maurice et Boutefroy pour le compte de la RIVP illustre Traitement architectural sur rue
bien le fait que la catégorie ILM n’est pas garante de qualité
architecturale, il s’agit ici d’un bâtiment relativement com- et sur cour
mun, enduit en blanc et dont il existe de nombreux équiva- Les théories hygiénistes prônent l’abolition de la cour, cette doc-
lents dans les tissus constitués et qui sont conçus selon le trine est largement reprise dans les lotissements HBM de la cein-
même procédé constructif. ture. Les cœurs d’îlot, qui sont désormais ouverts, ne sont plus
cachés de l’espace public, il s’ensuit un traitement architectural
L’influence la plus notable sur l’esthétique des façades est celle relativement comparable des façades sur rue et sur cour.
des tissus préexistants à la construction des HBM : on constate
que les quartiers bourgeois héritent d’HBM plutôt soignées, Encore une fois, la SAGI fait figure d’exception. Dans une
présentant une certaine qualité architecturale, et avec l’emploi logique d’optimisation foncière, elle fait perdurer le modèle
de matériaux nobles comme la pierre en parement. Ainsi, les de l’îlot fermé et donc le traitement architectural différencié
portes de Paris donnant sur les bois parisiens bénéficient d’un entre la cour et la rue, comme cela était pratiqué avec les bâti-
traitement spécifique. À la porte Dorée, dans le 12e arrondisse- ments haussmanniens puis post-haussmanniens.
© Louis Laurent / Cinémathèque Robert-Lynen / Roger-Viollet

© Apur
Groupe porte de Bagnolet (75020) — RIVP, 1933 Groupe porte de Bagnolet (75020) — 2017

Influences pittoresques, régionalistes, art nouveau


© Apur

© Apur

Porte de Dorée (75012) — L. Madeline — SGIM, 1935 Porte d’Auteuil (75016) — Heckly — SAGI, 1934

92
5.4. Dimension urbaine : une uniformité diversifiée
« Lorsque l’on a à édifier, comme cela se produit notamment HBM en leur temps est peut-être dû à cette forme de brutalité
sur l’enceinte fortifiée, non plus un seul immeuble, mais de véri- que l’on peut associer à la brique rouge qui vient habiller la
tables quartiers coupés de voies publiques, la nécessité s’impose ceinture de Paris, matérialisant la dernière délimitation histo-
plus que jamais, d’égayer l’austérité des façades et, sans renon- rique de Paris et la densification des anciennes fortifications.
cer à faire une composition d’ensemble, de traiter chaque groupe Le formalisme et le conservatisme des procédés architecturaux
de bâtiments suivant une conception différente. La division des mis à l’œuvre dans les HBM ordinaires donnent à la ceinture
agglomérations importantes en immeubles distincts facilite cet un sentiment d’uniformité et de répétition. Mais la qualité
effort de diversification. » (Rapport de l’action l’OPHBMVP, constructive des édifices et l’étonnante lucidité des archi-
conseil municipal de Paris, rapports et documents, 1929) tectes de régie qui ont bâti tous ces linéaires tranchent avec
l’impression de banalité qui se dégage en première instance.
La dimension urbaine de la ceinture HBM est une préoccu- Le jeu sur les variations infinitésimales des éléments du bâti
pation présente chez les bailleurs. Deux éléments rentrent en (loggias, bow-window, linteaux, revêtement, etc.) est le trait
compte dans la perception urbaine de cet ensemble : la forme le plus caractéristique des productions HBM, il s’agit de gestes
urbaine et l’esthétique des façades. architecturaux dont la qualité se lit à l’échelle urbaine. On saisit
mieux leur pertinence dès que les HBM sont regardées les unes
La forme urbaine est un sujet de recherche majeur pour les par rapport aux autres et non individuellement. La qualité de
concepteurs, beaucoup d’innovations géométriques sont pro- ces édifices tient donc dans le fait qu’on a répliqué un même
posées pour les HBM. Pourtant la perception que l’on a des ces concept de bâtiment dans toutes ses expressions matérielles
ensembles bâtis depuis les boulevards est celle d’un front bâti possibles sur un très grand linéaire.
relativement uniforme qui s’interrompt à la limite des îlots.
Les prouesses géométriques appliquées aux plans-masses des Les dispositifs architecturaux mis en œuvre dans la compo-
HBM ont la volonté d’amenuiser l’impression d’un front bâti de sition des HBM ordinaires ne doivent donc pas être regardés
briques rouges presque continu. Si ces recherches géométriques à la seule échelle du bâtiment, sous peine de les trouver
ont nécessairement un fort impact sur les conditions d’ensoleille- rudimentaires. En revanche dès qu’on les replace dans le
ment des logements, leur plus-value urbaine est plus discutable. contexte d’un lotissement de grande échelle, ces dispositifs
peuvent être lus comme des procédés de différenciation
L’esthétique des façades est un tout autre sujet. Paris n’est pas des bâtiments, c’est dans cette perspective que ressort leur
une ville coutumière de la brique et le rejet qu’ont connu les étonnante ingéniosité.
© Paris Habitat

© Apur

Avenue Georges Lafenestre (75014) — vers 1930 Avenue Georges Lafenestre (75014) — 2017
© Paris Habitat

© Apur

Boulevard d’Indochine (75019) — vers 1930 Boulevard d’Indochine (75019) — 2017

93
© Paris Habitat
6. Les logements HBM
6.1. Typologie des logements HBM

Élaboration et production des quatre Les trois catégories principales (HBMO, HBMA, et ILM),
sont édifiées par l’OPHBMVP et la RIVP. Les autres sociétés
catégories de logements HBM d’économie mixte qui participent à la production de loge-
De 1912 à 1930, quatre catégories de logements HBM sont ment HBM, reprennent ces catégories en leur apportant une
élaborées et édifiées à partir de 1921 pour loger des popula- dénomination différente.
tions aux revenus différents :
• en 1912 et 1913, deux premières catégories (13) : les HBM Ainsi, à Paris, cinq principaux bailleurs produisent des loge-
Rudimentaires (HBMR) destinées à reloger les populations ments HBM dans des gammes de confort variées :
démunies et les HBM Ordinaires (HBMO) dédiées aux • l’OPHBMVP créé en 1914 avec une agence d’architecture
ouvriers et aux employés, sont définies par deux concours opérationnelle en 1919 (14) pour construire les trois catégories
organisés par la ville de Paris ; (HBMO, HBMA, ILM) avec une majorité de HBMO ;
• en 1923, la catégorie Immeuble à Loyers Moyens (ILM), • la RIVP créée en 1923 pour produire uniquement des ILM ;
définie également lors d’un concours de la ville de Paris, • la CPG et la SAGI fondées en 1930 pour réaliser des loge-
s’adresse à une population plus aisée. Les appartements des ments de types 1 et 2, équivalents respectifs des HBMO et
ILM intègrent les caractéristiques du logement bourgeois et ILM. La SAGI va produire également des logements type 2
généralisent les éléments de confort moderne de l’époque : bis, équivalent du HBMA ;
eau courante, eau sanitaire chauffée, chauffage central, ascen- • la SGIM née en 1931 pour bâtir des logements de type 1 et 2.
seur, vide-ordures ;
• en 1930 une dernière catégorie est élaborée : les HBM Amé- Le nombre de logements livré par la CPG et de la SGIM est
liorées (HBMA) ou logements de type intermédiaire qui pré- faible par rapport aux autres bailleurs.
sentent des surfaces et un niveau de confort situé entre ceux
des HBMO et des ILM.

Le logement HBMR, peut être assimilé à un habitat de transit


entre le taudis et le logement normal et se caractérise par un
confort frustre : absence de douche, de chauffage, de débarras.
Le caractère « indigne » du logement HBM Rudimentaire,
suscite des polémiques dès sa livraison en 1922 et il est pro-
gressivement abandonné au début des années 1930. Le loge-
ment HBMR, uniquement construit par l’OPHBMVP, est peu
représenté dans le parc HBM de Paris.

Catégories de confort
Bailleurs
Confort rudimentaire Confort moyen Confort élevé

OPHBMVP HBMO HBMA ILM

RIVP / / ILM

SGIM Type 1 / Type 2

CPG Type 1 / Type 2


© Apur

SAGI Type 1 Type 2 bis Type 2

(13) V oir paragraphe « 2laboratoin des catégories de logements », p.97.


(14) Créée en 1919, l’agence de l’OPHBMVP comprend 7 architectes : 3 architectes issus de
la Fondation Rothschild, (Provensal, Bersnard, Demierre), 2 de la Fondation Lebaudy
(Boutefroy et Maline) et 2 issus des concours de la Ville de Paris (Maistrasse et Brandon).

95
En parallèle, depuis 1907, un certificat de salubrité, délivré
Contexte législatif et réglementaire par les Comités Départementaux de patronage des HBM et
Les principales caractéristiques des catégories de logements, de la Prévoyance Sociale est obligatoire pour obtenir des aides
définies lors des concours de la ville de Paris, ont évolué en financières. Cette disposition entraîne l’application de normes
fonction du contexte législatif, réglementaire et économique. affectées aux dimensions des pièces et aux équipements des
logements et favorise la standardisation de la production des
Principaux textes législatifs (voir tableau annexe 2) : trois catégories.
• loi du 23 décembre 1912 ratifie une typologie de loge-
ments HBM avec un loyer maximal et autorise les com- Les principaux textes réglementaires :
munes à construire des HBM, obligatoirement gérés par • Règlement sanitaire de juin 1904, de la Ville de Paris avec
des bailleurs agréés ; des prescriptions sur les pièces habitables et l’entretien des
• loi du 24 octobre 1919, précise les surfaces des logements immeubles : Article 4 « pièces habitables 9 m² minimum
HBMO ; équipées d’un conduit de fumée, surface vitrée 1/6 minimum
• loi et décret Poincaré du 28 décembre 1926, autorisent les de la surface de la pièce à éclairer… » ;
communes à devenir actionnaires de Sociétés privées ayant • Règlement de salubrité (16) de 1908 du Comité de Patronage des
pour mission de construire et gérer des HBM. La Ville devient HBM avec des prescriptions sur les équipements des pièces ;
actionnaire minoritaire de la RIVP ; • Instructions du Ministère du travail publiées en 1929 pour la
• décret du 20 octobre 1928, suite à la loi Loucheur du 13 juil- construction des ILM, concernant : la composition et la sur-
let 1928, conventionne la catégorie ILM qui doit respecter face des logements, la présence d’ascenseur, les WC communs
des surfaces minimales ; pour les chambres louées séparément, etc.
• loi Bonnevay du 28 juin 1930 créée la catégorie HBMA et pré-
cise les caractéristiques de ces logements ayant une surface
de 12 m² en moyenne supérieure au HBMO (15).

Production de logements HBM à Paris recensés selon leur niveau de confort de  à 

  SGIM - Type 


  CPG - Type 

  SAGI - Type 


Confort
  OPHBMVP - ILM complet

  RIVP - ILM

  OPHBMVP - HBMA Confort


 SAGI - Type  bis moyen

  OPHBMVP - HBMO


Confort
réduit

  SGIM - Type 


  CPG - Type 
  SAGI - Type 

    


Source : Apur

(15) «  Leurs valeurs locatives sont fixées au double de celle des HBM et leur prix de revient à 1,5 (16) R
 èglement de salubrité : Art 3 « Dans les maisons collectives, la capacité des
supérieur au HBMO » circulaire N° 98 du 5 juillet 1930, Fédération Nationale des OPHBM. pièces destinées à l’habitation sera d’au moins 25 m3… » - Art 24 « … il y aura par
appartement à partir de 3 pièces habitables : 1 cabinet d’aisance avec appareil à effet
d’eau obturateur, un évier avec poste d’eau comportant robinet d’amenée pour l’eau et
vidoir avec occlusion hermétique… ».

96
Élaboration des catégories Volume de logements produits
de logements De 1921 à 1939, les 58 500 logements HBM livrés dans Paris,
se répartissent de manière suivante : 29 750 HBMO et type 1
Les deux groupes de logements des deux premières catégories, (51 %), 24 800 ILM et type 2 (42 %), et 3 950 HBMA et type 2
92 logements HBMR et 136 logements HBMO, conçus lors bis (7 %). Les effectifs des HBMO intègrent les 830 logements
d’un premier concours organisé en 1912 par la ville de Paris de catégorie HBMR (H. becque) construits de 1921 à 1933,
et réalisés en 1922 sur deux terrains qu’elle possède au 1, rue dont une centaine sur la Ceinture de Paris.
H. Becque (75013) et au 40, avenue E. Zola (75015), en sont
les archétypes. La catégorie HBMR est souvent désignée sous Les chambres isolées sont exclues de ces effectifs n’étant
le vocable de « type Becque » et la catégorie HBMO peut être pas répertoriées systématiquement dans les bilans annuels
évoquée sous celui de « type Zola ». des bailleurs. Au 1er avril 1935, l’effectif de chambres iso-
lées est estimé à 9 000 dont 20 % vacantes (source : BMO du
Le cahier des charges du concours de 1912, élaboré par le ser- 29 novembre 1935).
vice municipal d’architecture, se réfère au cahier des charges
du concours de 1905 organisé par la fondation Rothschild et
affiche la volonté de produire des logements de qualité béné-
ficiant de services communs :
• l’immeuble collectif unique ou des immeubles distincts ne
doivent pas évoquer l’idée de la caserne, de la Cité ouvrière
ou de l’Hospice ;
• des services généraux, chauffage, éclairage, buanderie,
lavoirs, séchoirs, bains douches, les rez-de-chaussée pour-
ront être affectés à des boutiques
• interdiction des courettes, et assurer une bonne ventilation
des pièces ;
• mise en œuvre de matériaux de choix avec le plus grand soin
de façon à réduire la dépense future d’entretien (17).
Ces orientations architecturales forment le socle commun
des 2 autres catégories d’HBM qui émergeront à partir de
1923. La diversification des catégories de logements s’accroît
à partir de juillet 1928 avec la loi Loucheur qui conventionne
la catégorie ILM (18).

Nombre de logements HBM produits par catégories de confort

   %

 %
 
 %
 
 %
 %  
 

 
   

 

 

 %
 
 
   
  %  

%
  %
    
 
CONFORT RÉDUIT CONFORT MOYEN CONFORT COMPLET
HBMO Type  HBMA Type  bis ILM Type 
Source : Apur

(17) Source : délibération du Conseil de Paris, 2 avril 1912, cahier des charges du concours HBM. (18) Le décret d’octobre 1928, article 26, autorise l’affectation de locaux à usage professionnel
dans les appartements ILM destinés aux travailleurs de professions libérales (source :
Mémoire du Préfet de la Seine au Conseil Municipal, 24 décembre 1928).

97
Niveaux de confort des logements HBM

Catégories de confort des HBM


HBMR ou Type Becque (OPH)
ILM (OPH, RIVP) et Type  (SAGI, SGIM, CPG)
HBMO (OPH) et Type   (SAGI, SGIM, CPG)
HBMA (OPH) et Type  bis (SAGI)

Sources : Archives de Paris, Paris Habitat, RIVP, ELOGIE

98
99
Ressemblances et dissemblances Équipement
entre les types • eau, gaz et électricité dans chaque logement ;
• pièces d’eau regroupées pour réduire l’importance des
N.B. : dans la suite du texte les type 1, 2 bis, et 2 ne sont canalisations ;
plus mentionnés car assimilés à leurs équivalents de • cuisine avec conduits, équipée d’un fourneau à gaz ou à charbon ;
l’OPHBMVP, à savoir : HBMO, HBMA, ILM. • cheminée ou niche pour un poêle dans la pièce principale.

La construction de logements HBM nécessite de définir Si elles présentent des caractéristiques communes, les caté-
précisément un plan « standard » pour chaque catégorie de gories de logements se distinguent par les points suivants :
logements et les éléments de confort associés pour les livrer • surface et hauteur sous plafond ;
en grand nombre sur une durée limitée avec des moyens de • distribution des pièces ;
production préindustrielle et en respectant des contraintes • dimension et équipement des pièces d’eau ;
économiques (19) importantes. • matériaux de revêtement des sols et des murs ;
• configuration des parties communes.
Les trois catégories de logements présentent des caractéris-
tiques communes suivantes : Les caractéristiques architecturales de ces trois catégories de
logement sont modifiées au début des années 1950 sous les
Dimension et configuration effets de la modernisation des moyens de production (pré-
fabrication, coffrage outils…), de l’évolution de la configura-
• accès aux logements par une cage d’escalier en façade sur cour tion des logements avec l’épaississement des bâtiments et la
(excepté pour les îlots de fermés de la SAGI) ; généralisation de l’appartement à simple orientation et par
• appartement traversant d’une profondeur de 9,50 m à l’introduction de nouveaux éléments de confort : planchers
10,50 m (excepté pour les studios et chambres isolées) ; chauffants, ventilations mécaniques...
• pièces systématiquement éclairées en jour naturel et ventilées
en façade ; Au début des années 1930, les caractéristiques spécifiques à
• pièces de vie de forme rectangulaire sans recoin avec une chacune des 3 catégories de logements conventionnés peuvent
surface jamais inférieure à 9 m²et une profondeur rarement se résumer dans le tableau comparatif suivant :
supérieure à 4,60 m ;
• salle à manger avec une surface systématiquement égale ou
supérieure à 12 m².

CATÉGORIES HBMO (ordinaire) HBMA (amélioré) ILM (loyers moyens)


Chambre isolée 9 à 15 m² 27 m² 9 à 15 m²
Studio 15 à 25 m² 37 m²
46 m² (loi Loucheur)
2 pièces + Cuisine 25 à 35 m² 47 m²
46 à 50 m² (Ville de Paris)
3 pièces + Cuisine 35 à 45 m² 57 m² 58 m² (loi Loucheur)
60 à 65 m² (Ville de Paris)
+12 m² (loi Loucheur)
ou
4 pièces + Cuisine
+13 m² (Ville de Paris) par pièce
supplémentaire
Eau Eau
Eau
WC (1 WC commun pour 4 chambres WC
WC
isolées) Salle de bains
Cabinet de toilette
Confort obligatoire Salle de douche ouvrant sur cuisine Électricité/Gaz
Électricité/Gaz
(à partir de 1929) Chauffage central
Chauffage central
Électricité/Gaz Vide-ordures
Cave
Cave Cave
Ascenseur
Confort souhaité 20 Baignoire Porte de service sur cuisine
Escalier de service facultatif
RDC et R+1 : 2,80 m RDC et R+1 : 2,80 m
RDC : 2,80 m
Hauteur sous plafond R+2 à R+5 : 2,65 m R+2 à R+5 : 2,70 m
Au-dessus : 2,70 m
© Apur

R+6 et plus : 2,60 m R+6 et plus : 2,65 m


Tableau de comparaison des catégories de logements, « Le logement social à Paris », M.-J. Dumont, Ed. Mardaga, 1991, p 167. Tableau complété dans le cadre de l’étude.

(19) Les valeurs locatives, les intérêts et la durée des emprunts, les coûts de revient, … (20) L
 es groupes ILM livrés par la SAGI de 1931 à 1935 comportent des parcs de
doivent être validés par le Conseil de Paris. stationnement souterrain.

100
L’analyse suivante isole, pour mieux les comparer, les prin-
cipaux espaces d’un appartement standard tel que présenté
dans le rapport d’activité de l’OPHVP de 1937 : vestibules,
couloirs et dégagements, salles familiales : salles à manger/
salons, chambres à coucher, cuisines, WC/salles d’eau/salles
de bains et les parties communes : circulations verticales.

Les vestibules, couloirs et dégagements


Pour les trois catégories, la distribution des appartements tra-
versants est assurée par un couloir central. Le vestibule et les
dégagements présentent des dimensions différentes.

HBMO
Le vestibule et le couloir présentent une largeur constante de
1 m. Dans les appartements de 3 ou 4 pièces, le couloir ne
dessert pas systématiquement toutes les pièces : l’une peut
être commandée par la salle à manger. Dans la majorité des
appartements, l’entrée vise la porte d’un débarras ou l’entrée
d’une chambre située à l’extrémité du couloir.

© Paris Habitat
Plan de logement — HBMO

HBMA
Le vestibule et le couloir avec une largeur de 1,20 m, s’allongent
légèrement à cause de la présence de la salle de douche et du
WC séparé. Le couloir distribue l’ensemble des pièces et vise
la porte d’une chambre, le débarras étant placé latéralement.
© Paris Habitat

© Paris Habitat

Plan de logement — HBMA Vestibule — HBMA

101
ILM vestibule (21), renforce son caractère d’antichambre dédiée à
La distribution est assurée par deux espaces en continuité : la réception. Toutes les pièces sont indépendantes. Une pen-
un vestibule d’une largeur 1,80 m prolongé par un couloir de derie largement dimensionnée complète le débarras présent
0,90 m de large avec un dégagement vers les pièces d’eau. La dans les deux catégories précédentes. La surface minimum
porte de séparation entre ces deux espaces, délimite la partie d’un débarras est de 1 m² pour les logements de 1 à 2 pièces
publique et la partie intime de l’appartement. et de 2 m² pour les 3 à 4 pièces.

La porte d’entrée principale s’ouvre perpendiculairement


au vestibule, face aux deux portes du salon et de la salle à
manger. La cuisine possède un accès de service ouvert direc-
tement sur le palier. L’absence d’accès à la cuisine depuis le

© Paris Habitat

© Paris Habitat
Plan de logement — ILM Vestibule — ILM

Les salles familiales : salle à manger/salon


Dans les trois catégories, la salle à manger est généralement
agrémentée d’un bow-window en étage courant qui permet de
l’identifier en façade.

HBMO/HBMA
La salle à manger, semblable pour ces deux catégories, est un
rectangle de 13,5 m² de surface (3 m x 4,5 m). La salle à man-
ger, avec un accès proche de l’entrée, communique avec une
chambre attenante. Équipée d’une cheminée et d’un radiateur
pour les HBMA, la salle à manger présente un traitement du
sol différent : mosaïque de grès pour les HBMO et parquet
pour les HBMA.
© Paris Habitat

© Paris Habitat

Salle à manger — HBMO Plan de logement — HBMO

102
© Paris Habitat

© Paris Habitat
Plan de logement — HBMA Salle à manger — HBMA

ILM La surface cumulée des salles familiales augmente avec le


La salle à manger de l’ILM se démarque de celle des 2 nombre de pièces par appartement (22) : 22 m² pour un 2 pièces
autres catégories par une surface légèrement plus grande jusqu’à 35 m² pour 5 pièces.
et son prolongement par un salon attenant d’une surface
de 13,5 m². La juxtaposition salle à manger/salon, reprend La cheminée du salon, placée dans l’axe des pièces peut être
l’enfilade des pièces de réception des appartements bour- agrémentée d’un miroir visant à amplifier la profondeur de
geois parisiens construits à partir de 1860. Ces deux pièces l’enfilade des pièces.
de réception, dénommées salles familiales, ont chacune un
accès sur le large vestibule et peuvent être séparées ou non Des radiateurs alimentés par un système de chauffage central
« selon les convenances du locataire par une porte vitrée à sont installés dans les deux pièces avec un sol recouvert d’un
quatre ventaux ». parquet en chêne.

© Paris Habitat
© Paris Habitat

Plan de logement — ILM Salle à manger — ILM

(21) L
 e vestibule prend le nom de galerie sur les plans de la SAGI.
(22) I nstructions du Ministère du travail publiées en 1929 pour la construction des ILM.

103
Les chambres à coucher
Les trois catégories HBM présentent des chambres à coucher
aux caractéristiques similaires avec une superficie comprise
entre 10 et 12 m² : « Elles sont disposées de façon à permettre
de placer deux lits d’une place dans la plupart des cas ». Seule
exception pour le logement ILM (23), avec une chambre princi-
pale qui doit présenter une surface minimale de 14 m².

L’agencement des étages courants privilégie la mitoyenneté


des chambres (24) de logements différents, pour les préserver
des nuisances phoniques des pièces de jour.

La principale différence entre les trois catégories de logements


est le mode de chauffage.

HBMO
En l’absence de radiateurs, les chambres bénéficient de la
chaleur d’une pièce adjacente équipée d’un poêle ou d’une
cheminée : « Des poêles chauffent non seulement la pièce où ils
sont installés mais aussi par des bouches de chaleur, les pièces
contiguës. Des gaines prises au plafond, passant dans l’épais-
seur du plancher et débouchant sur le mur de face assurent la
ventilation des pièces dépourvues de conduit de fumée. ».

© Paris Habitat
HBMA/ILM
L’ensemble des chambres est équipé de radiateurs alimentés
par un système de chauffage central. Chambre — HBMO

© Paris Habitat

Chambre — ILM

(23) « La surface minimum légale de 9 m² n’est acceptée qu’à titre exceptionnel » - (24) L
 ’adossement des chambres dans les étages courants et les différentes dimensions
Instructions du Ministère du travail publiées en 1929 pour la construction des ILM. des baies selon la fonction des pièces ont un impact important sur la composition des
façades sur rue et sur cour.

104
Les cuisines cuisinière en tôle émaillée), garde-manger, évier-paillasse et
armoire sous évier.
Dans les trois catégories, les cuisines, séparées mais proches
de la salle à manger, présentent des surfaces augmentant de 6 Les matériaux de revêtement des murs et des sols sont à la fois
à 10 m² en fonction de la catégorie. économiques, résistants et faciles à nettoyer : sols recouverts de
mosaïque de grès cassé pour les HBMO et de carrelage grès cérame
Les cuisines dotées systématiquement de conduits sont pour les HBMA et ILM. À la base des murs, les plinthes en céra-
équipées (25) : fourneau à gaz ou à charbon (pour les HBMA mique d’une courbure concave facilitent le nettoyage à grande eau.

HBMO
La cuisine commande l’accès à la salle de douche.

© Paris Habitat

© Paris Habitat
Plan de logement — HBMO Cuisine — HBMO

HBMA
La cuisine est équipée d’un vide-ordures (26) avec un conduit
situé dans le WC séparé et attenant.
© Paris Habitat

© Paris Habitat

Plan de logement — HBMA Cuisine — HBMA

(25) « En aucun cas les prix d’amortissements de ces éléments de confort ne pourront être (26) Les vide-ordures sont en rouge sur les plans.
récupérés sur les locataires en sus du loyer normal » sources : articles 27 à 30 du décret
du 20 octobre 1928, archive PH cote 48435.

105
ILM
La cuisine possède un accès direct sur le palier de l’escalier ou « Dans chaque cuisine, il sera installé une hotte vitrée en verre
de l’escalier de service le cas échéant. Une pièce ou un déga- cathédrale avec sortie d’air réglable dans le mur de façade. Une
gement formant office est aménagée entre la cuisine et l’anti- amenée d’air sera en outre aménagée sous le bloc cuisinière (28). »
chambre. La cuisine avec un dispositif d’évacuation d’ordure
ménagère, est alimentée en eau chaude soit par la chaufferie
centrale soit par une chaudière individuelle au gaz (27). La cui-
sine est chauffée par un radiateur situé à proximité de l’évier.

© Paris Habitat

© Paris Habitat
Cuisine — ILM Plan de logement — ILM

© Paris Habitat

Salle de bain, WC, cuisine et parties communes — ILM


© Paris Habitat

Salle de bain, WC, office, cuisine et parties communes — ILM

(27) « Dans les immeubles récemment construits, toutes les dispositions sont prises par (29) «  Les WC seront éclairés et aérés directement ou exceptionnellement par trémie,
avance, de concert avec la Société de Gaz de Paris pour que les locataires puissent celle-ci n’étant autorisée qu’à la condition qu’elle ait 0,2 m²de surface au moins et
installer sans autre dépense que le prix de la location, un chauffe-eau à gaz de 8 à 25 litres que sa profondeur sa profondeur maxima soit de 1,50 m du nu intérieur des WC au
distribuant l’eau chaude sur l’évier et dans la salle de douches. » Archives Paris Habitat. nu extérieur de la façade. La paroi inférieure de la trémie devra être inclinée » arrêté
(28) I nstructions du Ministère du travail publiées en 1929 pour la construction des ILM. préfectoral du 7 août 1926.

106
Les WC et salles d’eau/salles de bains
Les trois catégories présentent un Water-Closet séparé des
autres pièces avec un accès indépendant. Le WC est près de
l’entrée dans l’appartement HBMO. Dans les appartements
HBMA et ILM, il est renvoyé après la cuisine et dispose d’une
baie en façade. Cette localisation permet d’améliorer sa ventila-
tion naturelle et d’installer le conduit du vide-ordures derrière
la cuvette des WC.

La dimension de la pièce d’eau est l’une des principales diffé-


rences entre les 3 catégories de logements : Salle de douche de
1,50 m² dans les HBMO, Cabinet de toilette de 3,50 m² dans
les HBMA et salle de bains de 4,50 m² dans les ILM.

HBMO

© Paris Habitat
Initialement, cette catégorie de logements ne comprend pas
de douche, seuls des WC aménagés près de l’entrée sont soit
accolés à la façade soit distants de 1,5 m de la façade. Dans cette Plan de logement — HBMO
configuration, la ventilation du WC est assurée par une trémie
horizontale en partie haute dans un faux plafond contenant
un conduit d’aération amené jusqu’à la façade (29). L’espace de
la cuisine situé en dessous de la trémie inclinée, d’une surface
d’environ 1 m², accueille un évier avec égouttoir.

La réglementation de 1929, impose la présence d’une douche


au sein des logements HBMO construits avant cette date.
L’introduction de la douche est réalisée avec une économie
de moyen : le coin douche est aménagé dans le renfoncement
qui accueille l’évier, ce dernier étant déplacé à proximité dans
la cuisine. Les ventilations naturelles et séparées de la douche
et du WC entraînent l’installation de 2 fenêtres superposées,

© Paris Habitat
visibles en façade. Cette disposition, douche attenante à la
façade et accessible par la cuisine, caractérise les logements
de la catégorie HBMO.
  Salle de douche — HBMO

 
 
 
 

 


 
  

 
  
   

 
  
   
   
   
   
     
   
   
© Paris Habitat

© Paris Habitat

© Paris Habitat

     
       
   
       
 
      Évier-WC dansles HBMO 
      ❶ Élément de ciment armé permettant la séparation
 
    des WC et de l’évier

    ❷ Cloison derrière laquelle se trouve le WC


❸ Espace réservé à l’évier
   
❹ Espace dégagé pour l’installation d’un conduit d’aération
    tirant de l’air en façade
   
© Paris Habitat

© Paris Habitat

Installation de la douche à la place de l’évier


❺ Espace réservé à l’évier
❻ Évier remplacé par un coin douche

107
HBMA
Le cabinet de toilette équipé d’un lavabo, est assez vaste pour
permettre l’installation d’une baignoire et d’un chauffe-bain
selon le goût et les possibilités du locataire. La dimension de
cette pièce est proche de la salle de bains des ILM

© Paris Habitat

© Paris Habitat
Plan de logement — HBMA Cabinet de toilette — HBMA

ILM
La salle de bains, avec des dimensions suffisantes de 1,60 m x
1,80 m pour permettre l’installation d’une baignoire, est livrée
complètement équipée : eau chaude, évier, baignoire et le cas
échéant un bidet. Il est prévu des conduits pour les amenées
d’eau et de gaz pour l’alimentation d’un chauffe-bain, la vidange
des eaux et l’évacuation des gaz non brûlés par un conduit spécial.
© Paris Habitat

© Paris Habitat

Plan de logement — HBMA Salle de bains — ILM

108
Les parties communes : circulations verticales
La cage d’escalier en façade sur cour donne accès à 3 ou 4 loge-
ments HBMO par palier, à 2 ou 3 logements HBMA par palier et
à 2 logements ILM par palier. Ininflammable et d’un nettoyage
facile, l’escalier est réalisé sur site avec des matériaux pérennes.

HBMO/HBMA
Identique pour ces deux catégories, l’escalier à retour au palier
intermédiaire d’une largeur de 2,50 m se compose de deux
volées droites de 9 marches chacune. L’escalier est en béton
armé avec semelles de marche en pierre ou granito, surface

© Paris Habitat
des marches en mosaïque de grès cassé. Le nez de marche est
protégé par un fer mouluré (30).

Hall de HBMA

© Paris Habitat

© Paris Habitat
Plan de logement — HBMO Plan de logement — HBMA

ILM
La cage, large de 3,40 m, est équipée d’un ascenseur situé dans
le noyau de l’escalier. Les appartements bénéficient, en plus
d’un accès principal largement dimensionné, d’un accès de
service ouvert sur la cuisine. Des escaliers de service indépen-
dants avec une cage ajourée adossée à l’escalier principal ont
été réalisés par la SAGI et la RIVP, dans un nombre restreint
de bâtiments ILM

L’escalier, sans repos avec une volée tournante de 18 marches,


possède une structure en fer supportant des marches et des
contremarches en chêne (31). Aux angles de la cage, deux tré-
mies sont aménagées pour passer les conduits et gaines des
réseaux. L’escalier fait l’objet d’une mise en œuvre soignée :
rampe d’appui en ferronnerie ouvragée, marche de départ
adoucie, un tapis épais pour atténuer le bruit des pas sur les
© Paris Habitat

marches.

Plan de logement — ILM

(30) Pour les HBMR et HBMO « Les plafonds et murs sont enduits de ciment avec (31) «  30 % moins cher que les marches en pierre, les marches en bois exigent
badigeonnage à la chaux à l’exception de la partie basse qui reçoit un revêtement l’encaustiquage » rapport de l’architecte l’inspecteur de l’OPHBMVP mars 1933 « les
en gravillons lavé ; les rampes sont renforcées ou remplacées par une murette en marches seront en chêne d’un seul morceau de 5,4 cm d’épaisseur, profilées de face et
ciment armé » L’Office Public d’Habitation de la Ville de Paris 1937, 15 juillet 1937, d’un bout avec quart-de-rond et filet… » Devis descriptif des travaux de toutes natures,
Ed. Draeger Frères. Immeuble à Loyer Moyen programme 1931, RIVP.

109
© Paris Habitat

© Paris Habitat
Hall d’ILM — Groupe porte de Clichy (75017) Hall d’ILM — Groupe porte de Montreuil (75020)
© RIVP — C. Demonfaucon (2014)

© RIVP — C. Demonfaucon (2014)

Escalier principal d’un ILM — Groupe Berthier (75017) — RIVP Escalier de service d’un ILM — Groupe Berthier (75017) — RIVP

110
6.2. Chauffage et ventilation

Les questions concomitantes du chauffage et de la ventilation dans le logement les équipements de confort qui sont couram-
des bâtiments sont des préoccupations essentielles dans les ment employés dans le logement bourgeois du début du siècle,
théories hygiénistes pour l’habitat. Au début du XXe siècle, un comme le chauffage collectif.
constat s’impose : les modes de chauffage de l’habitat ouvrier
sont précaires et se résument à des cheminées et des poêles Le principe du chauffage collectif est de séparer le lieu de
dans lesquels sont brûlés toutes sortes de combustibles. Ces la combustion et les émetteurs de chaleur. La combustion
chauffages sont peu efficients, leurs rendements sont très s’effectue dans une chaufferie située en sous-sol. Elle produit
faibles et ont du mal à élever la température des pièces. Les de la vapeur d’eau à haute ou basse pression qui circule dans
températures escomptées pour les logements sont aux alen- des colonnes montantes. La distribution se fait de façon ver-
tours de 12 °C. Ces systèmes de chauffages sont surtout sources ticale, chaque colonne dessert successivement les radiateurs
de pollutions intérieures, la combustion incomplète qu’ils des différents appartements. La vapeur chauffe le radiateur,
opèrent expose les occupants au monoxyde de carbone qui condense et repart à la chaufferie. Dans ce système il n’y a
est hautement toxique. plus d’exposition des occupants aux produits toxiques de
la combustion ce qui est un réel progrès. Les logements
Le projet des HBM sera de proposer, dans la logique des théo- peuvent être chauffés entre 15 et 17 °C selon les pièces, ce
ries hygiénistes, un habitat sain et confortable en introduisant qui est élevé pour l’époque.

© Paris Habitat

Équipements de chauffage d’un logement HBM — Groupe Lucien Sampais (75011) — ICP, 1931

111
Même s’ils sont vus comme un progrès et une nécessité par n’y a pas de conduits de fumées, les pièces doivent être ventilées
les maîtres d’ouvrage, les équipements de chauffage collec- par des prises d’air hautes et basses. L’air neuf rentre dans la
tifs ne sont pas installés systématiquement dans les HBM. pièce grâce à un percement de la façade en partie basse. Cette
Les charges qu’ils entraînent sont jugées trop élevées pour entrée d’air se fait par une grille. L’air vicié est prélevé à l’autre
les classes pauvres et les classes moyennes inférieures. Ainsi extrémité de la pièce (c’est-à-dire à l’opposé de la fenêtre). Le
seuls les HBMA et les ILM sont pourvus systématiquement transport de cet air se fait grâce à une canalisation située dans
d’un chauffage collectif, en plus duquel des cheminées sont le plafond qui débouche sur le nu extérieur de la façade. Ce
installées qui permettent de se rabattre sur un chauffage au dispositif est théoriquement très efficace en termes de renou-
bois ou un poêle en cas de défaillance du système collectif vellement d’air car il effectue un balayage complet de la pièce.
(liée à une pénurie ou à la guerre). Dans les HBM dédiées aux Il est par contre peu confortable car il crée un courant d’air
classes les plus pauvres (HBMO), seul un conduit d’évacuation froid quelque peu désagréable.
des fumées pour un poêle est installé.
Ce dispositif, s’il est théoriquement pertinent, n’en reste pas
Quel que soit le standing des HBM, les conduits de fumées moins complexe à mettre en œuvre dans une logique d’habitat
individuels font débat car ils sont très encombrants et ils à bon marché, même dans la catégorie ILM. Les planchers sont
condamnent des pans de mur entiers dans les derniers étages. majoritairement composés de hourdis creux dans lesquels il
Des conduits unitaires (ou « shunt ») sont mis en œuvre à titre faudrait faire passer une canalisation dans laquelle l’air devrait
expérimental dans certains groupes mais ils sont vite abandon- circuler et traverser toute la pièce. Même s’ils sont mentionnés
nés à cause des problèmes de refoulement entre appartements. sur les plans des HBM, il est difficile de savoir si ces dispositifs
La technique n’est pas encore maîtrisée, son usage systéma- ont vraiment vu le jour. Les photos de chantier témoignent
tique verra le jour après la 2e guerre. bien de la présence des prises d’air hautes qui existent sur les
bâtiments. Mais dans nombre de cas, le hourdis jouxtant la
Tout comme le chauffage, la question de la ventilation des poutre est juste percé et la ventilation haute se résume à un
logements une question cruciale pour la pensée hygiéniste. Les trou dans le plafond au-dessus de la fenêtre. Le hourdis sert
cahiers des charges des HBM mentionnent systématiquement donc de gaine sommaire de ventilation.
cette question et prévoient des dispositifs bien précis. Lorsqu’il

© Paris Habitat

Chaufferie collective en sous-sol d’un groupe HBM — OPHBMVP, vers 1930

112
Dans les pièces possédant des cheminées ou des conduits

© Louis Laurent / Cinémathèque Robert-Lynen / Roger-Viollet


de fumée l’arrivée d’air froid se fait grâce à une prise d’air
en façade en partie basse, l’air froid est canalisé dans le
plancher (a priori entre les lambourdes) et débouche dans
le conduit de cheminée. L’air de la pièce vicié est ainsi éva-
cué. La ventilation est donc assurée par ce biais. Notons que
ce dispositif est courant dans le bâti haussmannien, il est
repris à l’identique ici.

Cheminée d’un ILM de la RIVP — Les conduits sont adossés à droite


le long du mur

Principe des ventilations hautes et basses

VB (Ventilation Basse) : entrée air froid


VH (Ventilation Haute) : sortie d’air chaud (air vicié)

Sources : ???
© Paris Habitat

© Paris Habitat
Vue en coupe d’une pièce sans conduit de fumée Vue en plan d’une salle à manger sans conduit de fumée
Groupe Lamarck (75018) — Heckly — SAGI, 1933 Groupe de la porte de Montreuil (75020) — Heckly — SAGI, 1935

Exemple de ventilation haute d’un logement HBM


  ❶ La poutre laisse apparaître un
hourdis creux à travers lequel
  s’effectue la ventilation de la pièce
  en partie haute

  ❷ À l’intérieur du logement HBM, un


  percement en sous-face du plancher
  permet de réaliser une extraction
 
  d’air en hauteur. La ventilation est
  située près de la fenêtre et non
 
  à l’autre bout de la pièce comme
  le recommandent les cahiers des
  charges
 
 
 
 
 
© Paris Habitat

© Apur

113
© Paris Habitat

Coupe type d’évacuation des fumées d’un groupe HBM de type 1 de la SAGI
Conduits de gauche : évacuation des fumées des cheminées des chambres ou salons. Au RdC, il n’y a pas d’évacuation (chambres isolées ou commerces).
Conduits de droite : évacuation des fumées des poêles des cuisines.
Rdc e e e
er étage e e

114
Souche de cheminées d’une
HBM — Groupe Roquette-
Ranvier (75011) — OPHBMVP,
1931

Souche de cheminées
composée de poteries
classiques de hauteurs
alternées

Aux deux extrémités des


mitrons-aspirateurs de type
« bouteille » installés pour
palier au déficit de tirage des
derniers étages

© Paris Habitat
Expérimentations une arrivée d’air froid dans l’habitat, alors que le chauffage
des logements est un processus laborieux. Cet inconvénient
Les théories hygiénistes restent très critiquent vis-à-vis des sys- est jugé majeur car il encourage les gens à ne pas ventiler pour
tèmes de chauffage collectifs, malgré le réel progrès qu’ils opé- préserver un air chaud qui devient rapidement vicié. En réalité
rèrent en termes de salubrité. Il est reproché aux radiateurs de la faible perméabilité des menuiseries de l’époque fait que le
brûler les poussières et de les faire voler dans la pièce en conti- renouvellement d’air des locaux est toujours trop important et
nue à cause de la convection provoquée par l’ascension de l’air donc, même fenêtre fermées, l’air vicié est renouvelé. Beaucoup
chaud au droit du radiateur. Les traces noires constatées sur de réponses techniques relativement utopiques de cette époque
les murs au-dessus des radiateurs non recouverts de tablettes ont été envisagées en tant qu’alternatives au chauffage collectif
témoignent de ce phénomène qui est bel et bien réel. La ques- par radiateur. Il s’agit principalement de systèmes convectifs
tion de la poussière est véritablement obsessionnelle chez les qui amènent directement de l’air chaud dans les logements au
hygiénistes. Dans les faits, ce phénomène est relativement niveau du plafond et qui s’évacue par le bas. Ces systèmes ne
mineur par rapport aux bienfaits que le système de chauffage semblent pas avoir été expérimentés dans les HBM parisiennes,
collectif apporte à l’habitat (suppression des fumées nocives). ils sont d’abord très consommateurs de place, mais surtout ils
Le deuxième élément qui reste critiqué est le renouvellement supposent que le logement soit relativement étanche afin que
de l’air. En hiver le renouvellement d’air est assuré par ouverture les circulations d’air se réalisent comme prévu, ce qui n’était
des fenêtres ou par les prises d’air en façade, ce qui occasionne pas possible à l’époque.

 
    1 Particules de poussières brûlées
et mises en mouvement par le
    dégagement de chaleur du radiateur.
    Ce phénomène est condamné par les
    hygiénistes

    2 Coupe d’un appartement.


    L’arrivée d’air chaud au niveau du
© « L’habitation salubre et à bon marché », Henri Provensal, 1904

© « L’habitation salubre et à bon marché », Henri Provensal, 1904

plafond par une canalisation verticale


   
et évacuation en partie basse vers
    l’extérieur. Ce dispositif expérimental
  est proposé par H. Provensal

115
6.3. Ordures ménagères

Dans la hiérarchie des préoccupations hygiénistes, la question


des ordures ménagères occupe une place bien particulière. Au
XIXe siècle, l’insalubrité des logements est considérée comme
le résultat d’une inadéquation entre les modes de vie et les
équipements du bâtiment. Les ordures s’amassent dans les
logements, sont vidées de temps à autre, et leur évacuation
par les occupants est salissante pour les parties communes.
Les hygiénistes font donc de la question des ordures ména-
gères un sujet capital de la salubrité, et de la lutte contre les
bacilles et les bactéries. La réponse apportée dans les HBM à
cette question est celle des vide-ordures. Comme dans le cas
du chauffage, les vide-ordures ne sont pas implantés systémati-
quement dans les HBM. C’est surtout dans celles au standing le
plus élevé comme les ILM ou les « type 2 » qui sont concernées.
Le coût d’entretien occasionné notamment par le ramonage se
traduit dans les charges, ce qui explique qu’ils ne sont pas mis
en œuvre dans les HBMO. À l’inverse du chauffage collectif qui
est une technique éprouvée et généralisée à l’habitat bourgeois,
l’évacuation par vide-ordures est expérimentale. Elle suscite
des craintes de la part des maîtres d’ouvrage qui hésitent à son
installation même dans les ILM.

Théoriquement les vide-ordures doivent être placés dans la


cuisine, mais la crainte des émanations encourage à les placer
dans les loggias quand les cuisines en sont pourvues. La tech-

© Apur
nique d’évacuation retenue à Paris est dite par « voie sèche »,
elle est semblable à celle qui sera employée après la seconde Arrivée des ordures ménagères en pied d’immeuble — Groupe porte
guerre mondiale. de Bagnolet (75020) — RIVP, 1933

© Apur

Vide-ordures placé dans une cuisine — Groupe porte de Bagnolet (75020) — RIVP, 1933

116
Si le vide-ordures par « voie sèche » a été employé à Paris, des
villes de banlieue ont mis en œuvre des dispositifs expérimen-
taux par « voie humide ». La voie humide est censée aller plus
loin en termes d’hygiène et répondre aux problèmes posés par
les odeurs indésirables qui émanent des vide-ordures.

Le dispositif qui semble avoir été souvent employé est celui de


l’« évier-vidoir ». Son principe est de permettre l’évacuation
des eaux usées et des ordures dans un même évier. Si ce dis-
positif peut paraître saugrenu aujourd’hui au regard des types
d’ordures que nous produisons, entre-deux-guerres les ordures
ménagères sont presque exclusivement des détritus fermentes-
cibles, produits en faibles quantités, comme les épluchures
de légumes. Le raisonnement de l’époque est assez ration-
nel, puisque l’eau de lavage des produits alimentaires ou de la
vaisselle est évacuée en même temps que les déchets par un
système de chasse. La complexité du système se situe surtout
en aval de l’évacuation. Les ordures, une fois collectées, doivent
être « séchées » dans des essoreuses géantes puis incinérées.
Le dispositif est intéressant puisqu’il permet l’utilisation des
calories de l’incinération pour alimenter le système de chauf-
fage collectif. La difficulté d’un tel système est son échelle. Il
faut le gérer comme une installation industrielle ce qui est
beaucoup trop complexe.

© Paris Habitat
Quelques HBM et cités-jardins de la banlieue parisienne
ont employé le système dit de la « voie humide », comme : le
Évier-vidoir, Garchey — Système d’évacuation des ordures
Plessis-Robinson (92), Châtenay-Malabry (92), Vanves (92), ménagères par « voie humide » — Groupe square Dufourmantelle
Issy-les-Moulineaux (92), Drancy (93), Charenton (94), Mai- à Maisons-Alfort (94) — R. Humel et A. Dubreuil — Office
sons-Alfort (94), etc. départemental d’HBM, 1934

© Architecture d’aujourd’hui #12 p 17, 1935

Évier-vidoir Garchey — Système d’évacuation des ordures ménagères par « voie humide » — Schéma de principe

117
Annexes
 — Date de construction des logements à Paris

avant   %

 % -

Parc de logement
 % -  de l’entre-deux-guerres

%  ­- HBM
(ceinture)
%
% - HBM
(tissus)
%
% - Parc privé
%

% après 

Sources : DGFIP , Apur 

2 — Étapes déterminantes dans la construction des Habitations à Bon Marché de la ceinture de Paris
Dates Textes de loi Commentaires
1882-1884 Premiers débats sur les Habitations à Bon • 1882 : débats et propositions sur la désaffectation des
Marché au Conseil Municipal de Paris. fortifications de Paris et sur le logement des ouvriers et
logements à bon marché,
Création d’une Commission de logements à • janvier 1883 : création de la Commission des logements HBM,
bon marché. présidée M. Oustry, préfet de la Seine,
• février 1884 : conseils municipaux et débats sur la construction
de HBM logements à bon marché.
1889 — 9 août Première loi sur les HBM en Belgique. Création des comités de patronage chargés d’étudier le
Loi relative aux habitations ouvrières. problème de l’insalubrité des logements populaires et de tenter de
favoriser la construction de maisons ouvrières. les premiers textes
Une délégation composée de Jules Siegfried, législatifs français vont s’inspirer de cette loi.
Cheysson et Fleury-Navarin s’est rendue à
Bruxelles en décembre 1891 afin d’étudier le
texte de 1889.
Source : Bull — Société du logement de la région de
Bruxelles — avril-juin 2006.

1889 — 17 décembre Création de la Société Française des Objectif : encourager la construction en France, par les
Habitations à Bon Marché. particuliers, les industriels et les Sociétés locales de Maisons
N.B. :rapport de M. Fleury-Ravarin, secrétaire général. Salubres et à Bon Marché ou l’amélioration des logements
Président d’honneur : Siegfried.
existants.
1894 — 30 novembre Loi Siegfried, première loi sur les Objectif : réduction des charges de la propriété immobilière :
Habitations à Bon Marché, visant à établir • exonérations fiscales sur 5 ans ; emprunts à taux réduits (caisse
l’équilibre financier de gestion des HBM par des dépôts),
une réduction des charges de la propriété • création du Conseil supérieur et des Comités locaux des HBM,
immobilière. • l’Assistance Publique peut construire des HBM.
1895 — 20 février Conseil Supérieur des HBM créé en Organe consultatif :
application de la loi Siegfried. • centralise l’information issue des comités départementaux,
• examine toutes questions liées aux HBM,
• adresse au Président de la République un rapport annuel sur les
actions des Comités.
1896 — 28 mars Comité Départemental des HBM de la Seine. Le Comité favorise la construction des HBM par des concours,
enquêtes, conseils, diffusion de l’information…

118
Dates Textes de loi Commentaires
1902 — 15 février Loi sur la santé Publique : création d’un Les communes sont tenues :
règlement sanitaire communal, possibilité • d’élaborer un règlement sanitaire contre les épidémies et la
d’expropriation pour insalubrité salubrité des maisons,
• de veiller à la conformité des constructions neuves avec le
règlement sanitaire, pour les villes de plus de 20 000 habitants,
• interdire l’occupation d’immeuble déclaré insalubre,
réhabilitation de l’immeuble par le propriétaire ou expropriation
pour insalubrité et démolition éventuelle.
1904 — juin Publication du règlement sanitaire de la • prescriptions sur l’entretien des immeubles, l’enlèvement des
Ville de Paris en application de la loi de 1902. ordures, l’alimentation en eau, l’évacuation des EP, EU…,
• prescriptions sur les locaux d’habitation : pièces habitables
9 m² minimum équipées d’un conduit de fumée, surface
vitrée 1/6 minimum de la surface de la pièce à éclairer, cabinet
d’aisance intérieur au logement et eau potable à l’étage et dans
les logements à partir de 3 pièces…
1906 — 12 avril Loi Strauss sur les HBM introduit une • intervention des communes et départements pour soutenir les
obligation de salubrité du logement HBM. sociétés HBM par des prêts, dons ou ventes de terrains, garantir
les dividendes…,
• exonération d’impôts portée de 5 à 12 ans.
Conditions requises :
• approbation des statuts des sociétés HBM,
• maintien des loyers inférieurs à un seuil fixé,
• salubrité des logements à construire.
1906 — juillet L’Assistance Publique engage un L’AP commence la réalisation de cinq immeubles de logements,
programme de construction d’HBM à la sur ses terrains du square Delambre (75014).
demande de la Ville de Paris (nov. 1905).
1907 — 10 janvier Modification du Conseil Supérieur Les Comités (obligatoires) :
des HBM et Création des Comités • certifient la salubrité des habitations,
Départementaux de patronage des HBM • donnent un avis sur les sociétés de crédit ou de construction, les
et de la Prévoyance Sociale. questions de la prévoyance sociale.
1907 — 15 novembre Création du Comité de Patronage des HBM Le comité départemental de Patronage des HBM, publie en 1908
et de prévoyance Sociale du département un règlement de Salubrité.
de la Seine.
1912 — 13 juillet Loi autorisant la ville de Paris à construire Suite au rapport de la commission des HBM de la ville de Paris,
des HBM et à emprunter 200 millions de l’État l’autorise à construire des HBM.
francs.
1912 — 16 août Premiers concours publics pour la Livrés en 1922 : les deux premiers types de logements réalisés par
construction d’HBM par la Ville de Paris sur la Ville répartis sur ces deux ensembles :
deux terrains : rues H. Becques (75013) et E. • type H. Becque destiné aux populations démunies,
Zola (75015) (arrêté préfectoral). • type E. Zola (HBMOrdinaire) destiné aux employés et aux
ouvriers aisés.
1912 — 23 décembre Loi Bonnevay : règles sur les modalités Loi généralise les dispositions appliquées à Paris :
d’intervention des communes et de l’état • typologie officielle avec loyer maxi en fonction du nombre de
pour la construction des HBM. pièces (4 types : de la chambre isolée aux 3 pièces),
• protection de l’appellation « Société HBM »,
• les communes peuvent construire des logements destinés aux
familles nombreuses sans la possibilité de les gérer,
• création d’Offices publics d’HBM, par décret en Conseil d’État,
pour construire et gérer les HBM et les services associés et accès
aux crédits de l’État.
1913 — 3 mai Décret modifiant le décret du 10/01/1907
sur l’organisation et le fonctionnement du
Conseil supérieur des Habitation à Bon
Marché.
1914 — 28 janvier Création de l’Office Public d’Habitation à • mission : construire des logements HBM de 3 catégories
Bon Marché de la Ville de Paris (décret). différentes et d’en assurer la gestion,
• l’OPHBMVP reçoit 500 000 francs de la Ville de Paris,
• Secrétaire Général : F. Schneider (ex S.G. de la Fondation
Rothschild).
1914 — 3 août Déclaration de guerre. La majorité des acteurs (architectes, entrepreneurs…) sont
mobilisés.
1915 — 18 juillet Office Public d’Habitation du Département Nouvelle politique d’acquisition foncière dans le département de la
de la Seine (décret de création). Seine pour créer des cités-jardins, sous l’impulsion d’Henri Sellier.

119
Dates Textes de loi Commentaires
1918 — 9 mars Loi sur les moratoires : règle les situations • indemnités prévues pour les bailleurs dont les locataires sont
générées par l’état de guerre entre bailleurs mobilisés,
et locataires. • les mobilisés, locataires de HBM, sont exonérés de loyer sur la
durée de la guerre,
• pas d’expulsion de veuves de soldats et personne à charge de
soldats.
1919 — 14 mars Loi Cornudet : plans d’extension et Pour les villes de plus de 10 000 habitants, obligation d’établir
d’aménagement des villes. dans les trois ans un projet d’aménagement, d’embellissement
et d’extension.
1919 — 31 mars Financement de l’État pour la L’État peut accorder aux communes ou aux Offices, des
reconstruction des villes. subventions jusqu’à 1/3 du prix de revient des constructions de
logements HBM.
1919 — 19 avril Loi relative au déclassement de Maintien de la Zone Non Aedificandi.
l’Enceinte Fortifiée de Paris, à l’annexion Convention Ville/État (article 11) :
de la zone militaire. • déclassement et cession à la Ville des terrains de l’enceinte pour
100 millions de francs,
• 25 % des surfaces libérées destinées aux HBM ou HLM pour les
familles nombreuses.
1919 — 24 octobre Modification des lois Strauss et Bonnevay, Typologie officielle précisée :
permettant à l’État de faire des avances • chambre isolée : 9 à 15 m²,
importantes aux sociétés HBM. • chambre+cuis+WC : 15 à 25 m²,
• 2 pièces+cuis+WC : 25 à 35 m²,
• 3 pièces+cuis+WC : 35 à 45 m².
1919 — décembre Constitution de l’agence d’architecture de Sur les 7 architectes salariés initialement engagés, 3 viennent de
l’Office d’HBM de Paris. la Fondation Rothschild et 2 de la Fondation Lebaudy.
1921 — 26 février Unification des systèmes de financement Attribués par la Caisse des dépôts, les prêts s’élèvent au plus à
par l’État des sociétés HBM et sociétés de 60 % du prix de revient de l’immeuble.
crédits immobiliers.
1922 — avril Création de la Fédération Nationale des
Offices d’HBM.
1922 — 5 décembre Loi Strauss : unification des lois sur les
HBM, pas de nouvelle mesure.
1923 — juin-juillet Création du type ILM à travers le concours • le type ILM, destiné à la population aisée de la classe moyenne,
organisé par la Ville de Paris (délibération est doté du « confort moderne » : salle de bains, chauffage
du 9 mai 1923). central, ascenseur escalier de service,
• les 4 terrains du concours sont répartis sur 4 portes d Paris :
Ménilmontant, de Villiers, de Saint Cloud et d’Orléans.
1923 — 24 août Création de la RIVP : Convention, • convention : la Ville apporte les terrains et garanti les emprunts,
approuvée par le Conseil d’État, entre la Ville le régisseur apporte les capitaux, construit et gère les immeubles
de Paris et la RIVP (SEGUR) pour réaliser pendant 75 ans,
des ILM. • les loyers sont fixés par la Ville, sans contrôle de l’État à qui
aucune subvention n’est demandée,
• de 1926 à 1934 la RIVP construit 9 500 logements ILM.
1925 — 10 avril Loi Strauss modifiée. • renforcement de la protection de la dénomination HBM,
• élévation de 4 à 6 % des dividendes versés par les sociétés de
crédits immobiliers.
1925 Création de l’Union nationale des
Fédérations d’organisme HBM.
1926 — Décret-loi Poincaré autorise les communes Autorise la Ville de Paris à devenir actionnaire minoritaire de la RIVP.
5 novembre-28 décembre à prendre des participations minoritaires
dans des Sociétés privées ayant pour mission
de construire et gérer HBM (SEM).
1928 Définition de trois catégories de confort • confort complet : ascenseur, chauffage central, salle de bains,
définit par le concours organisé par la Ville eau chaude et escalier de service,
de Paris. • confort moyen : ascenseur, chauffage, douche et eau chaude,
• confort réduit : douche, eau chaude.
1928 — 13 juillet Loi Loucheur : programme de construction • prêts de l’État à 2 % pour les HBM et à 4 % pour les ILM.
sur cinq ans de 200 000 logements ou • logement ILM de La ville de Paris, légalisé, devient
maisons individuelles à bon marché et subventionné,
60 000 appartements à loyer moyens. • à Paris, programmation de 18 000 logements HBMO et 20 000
logements à Loyer Moyen.
1928 — 20 octobre Définition des éléments de confort et • le type ILM de la ville de Paris est légalisé et conventionné,
les surfaces minimas (décret) (chap. 1. • surfaces minimas : 2 pièces : 46 m², 3 pièces : 58 m², 4 pièces :
conditions générales article 2). 70 m², 5 pièces : 82 m².

120
Dates Textes de loi Commentaires
1930 — 28 juin Loi Bonnevay : Création du type HBMAmélioré, catégorie intermédiaire entre le HBMOrdinaire et
HBMAmélioré destiné à la petite classe l’ILM, comporte douche, conduites d’eau, de gaz et d’électricité et
moyenne. Par la modification du titre II la surface est de 12 m² supérieure au HBMOrdinaire.
article 5 loi Loucheur.
1930 — 7 juillet Création de la SAGI (Société Anonyme • convention du 3 septembre : la Ville apporte les terrains et les
de Gestion Immobilière) dans le cadre du fonds nécessaires à la construction, le régisseur, construit et gère
décret-loi Poincaré (Ville actionnaire à 40 %) les immeubles pendant 55 ans,
par délibération du conseil municipal. • les loyers sont fixés par la Ville, sans contrôle de l’État à qui
aucune subvention n’est demandée,
• de 1932 à 1935, la SAGI construit 15 465 logements.
1930 Création de la CPG (Compagnie de Gestion De 1933 à 1938, la CPG construit 2 440 logements.
Parisienne).
1931 Création de la SGIM (Société de Gérance De 1934 à 1937, la SGIM construit 4 075 logements.
des Immeubles Municipaux) dans le cadre du
décret-loi Poincaré (Ville actionnaire à 40 %).
1931 Concours d’ILM organisé par l’OPHBMVP. Lauréats du concours : JJ.Garnier et Vorbe architectes.
1934 — 27 juillet Loi tendant à l’achèvement du programme • en 1933, le ministère des Finances interrompt le programme
de construction d’HBM et d’ILM prévu par Loucheur pour des raisons de trésorerie,
la loi 13 juillet 1928. • à Paris, 20 000 logements sont construits contre 38 000
logements initialement prévus par la loi Loucheur,
• les réalisations sont limitées par la baisse des crédits et la lenteur
des attributions.
1935 Concours de logement populaire organisé Concours à l’initiative de L. Sellier : Lauréat M. Solotareff,
par la Ville. architecte.
1939 — 3 septembre Déclaration de guerre. La majorité des acteurs (architectes, entrepreneurs…) sont
mobilisés.
1947 — 3 septembre Loi Prêts aux Offices et Sociétés d’HBM. Relancer l’activité des HBM : modifie la législation des HBM et
institue un régime provisoire de prêts. Les organismes HBM
passent sous la tutelle du Ministère de la Reconstruction.
1983 — 7 juillet Loi : les collectivités doivent être À l’exception des 3 SEM Parisiennes (SAGI, RIVP, SGIM), la Ville
majoritaires au capital des SEM reste minoritaire (décret Poincaré).
immobilières locales.
1986 Transfert de logements à la SGIM qui Convention du 23 janvier 1986.
hérite de la gestion des 3 600 logements
initialement assurée par la CPG.
2006 — 1er janvier Transfert de logements à Paris Habitat Par délibération du conseil de Paris du 23 mai 2005 : « transfert à
(OPHBMVP) qui hérite de la gestion des l’OPAC de Paris des propriétés communales gérée par la SAGI… à
15 673 logements initialement assurée l’exception de celles soumises au statut de copropriété reprises en
par la SAGI à l’occasion de l’expiration des gestion directe par les services municipaux ».
conventions de 1930, de 1954 au premier
janvier 2006.
2008 — 10 novembre Transfert de logements à la RIVP qui Délibération du Conseil Municipal : 2008DF79 10 nov 2008
hérite de la gestion des 683 logements
initialement assurée par la SGJA (Société
de Gérance J. D’Arc).

121
3 — Liste des équipements dans les groupes de l’OPHBMVP

GROUPE DANS LA CEINTURE DE PARIS


Date d’achèvement Groupe Catégorie de logement Équipement
1926 Frédéric Schneider 362 HBMO Jardin d’enfants
Bastions 37-38 Centre médico-social
(2-4, rue Frédéric Schneider - 75018) Protection de l’enfance
Bibliothèque
Centre ménager
Jardin de jeux (square) adjacent au groupe
Sembat
1926 Clignancourt 420 HBMO Terrain de tennis
Bastions 37-38
(7-9, avenue de la pte de Clignacourt - 75018)
1927 Flammarion 272 HBMO Lavoir
Bastions 37-38 Bain douche
(2, rue Camille Flammarion - 75018)
(1-3, rue Eugène Fournière - 75018)

1927 Henri Brisson 392 HBMO Jardin d’enfants


Bastions 38-39
(5, rue Henri Brisson - 75018)
1928 Ney 389 HBMO Dispensaire
Bastions 37-38 Assistance sociale
(118, boulevard Ney - 75018) Terrain de jeux
(2, rue Eugène Fournière - 75018)
(1, Fernand Labori - 75018)
1929 Humbert 372 HBMO Jardin d’enfants
Bastion 76
(2-4, rue du Général Humbert - 75014)
1930 Mortier 345 HBMO Jardin d’enfants
Bastion 15
(1-52, boulevard Mortier - 75020)
1932 Porte d’Ivry 422 HBMO Jardin d’enfants
Bastion 90
(1-5, rue Dupuy de LOme - 75013)
(1-7, rue Péan - 75013)
1932 Porte d’Asnieres 406 ILM Garage en sous-sol
Bastion 46
(100-108, boulevard Berthier - 75017)
(1-15, avenue de la pte d’Asnières - 75017)
1932 Davout/Félix Terrier 728 HBMO Jardin d’enfants
Bastion 13 Assistance sociale
(96-106, boulevard Davout -75020) 2 terrains de jeux
(1-13, boulevard Félix Terrier -75020)
1932 Pré-Saint-Gervais 236 HBMO Jardin d’enfants
(50-52, boulevard Sérurier - 75020) Biliothèque
Centre ménager
Buanderie/douche
1933 Bessières 154 HBMA Jardin d’enfants
Bastion 40 562 HBMO
(40-42, boulevard Béssières - 75017) 50 H.Becque
(4-22 et 5-21, rue Férdéric Brunet - 75017)
1934 Montreuil 455 logements Jardin d’enfants
Bastion 11
(2-12, rue Schubert - 75020)
(5, rue Paganini - 75020)
1935 Porte Brunet 385 ILM Jardin d’enfants
Bastion 23 721 HBMA Square
(3, avenue de la pte Brunet - 75019) 469 HBMO Buanderie/douche
(108-110, boulevard Serurier -75020)
1936 Porte d’Aubervilliers 99 HBMA Jardin d’enfants
Bastion 32 1156 HBMO
(4-50, boulevard Ney - 75018) 56 H.Becque
(3-7, avenue de la pte d’Aubervilliers - 75018)
(rue Charles Hermitte - 75018

122
GROUPE DANS LES TISSUS CONSTITUÉS
Date d’achèvement Groupe Catégorie de logement Équipement
1922 Boyer 138 H.Becque Buanderie
(3, rue Boyer - 75020) Dispensaire
1923 Peignot/Javel 190 HBMO Lavoir
(21, rue des quatre Frères Peignot - 75015) Bain douche
1923 Ourcq 345 HBMO Jardin d’enfants
(51, rue de l’Ourq - 75019) Dépôt mortuaire
Dispensaire en sous-sol
Bibliothèque
1924 Brillat-Savarin 317 HBMO Jardin d’enfants
(18, rue Brillat-Savarin - 75013)
1924 Marcadet 469 HBMO Jardin d’enfants
(247-251 rue Marcadet - 75018)
1925 Fécamp 605 HBMO Jardin d’enfants
(43, rue de Fécamp - 75012) Lavoir
Dispensaire
1925 Ménilmontant 581 HBMO Jardin d’enfants
(140, rue de Ménilmontant - 75020) Bibliothèque
Terrain de jeux
1926 Hôpital 411 HBMO Jardin d’enfants
(137, boulevard de l’Hôpital - 75013) Dépôt mortuaire
Bibliothèque
1926 Peignot/Zola 159 HBMO Jardin d’enfants
(14, rue des quatre Frères Peignot - 75015)
1928 Raymond Losserand 324 HBMO Jardin d’enfant
(156, rue Losserand - 75014) Logement sanatoria (isolement des
tuberculeux)
1929 Mathurin Moreau 475 HBMO Jardin d’enfants
(20, avenue Mathurin Moreau - 75019)
1933 Peupliers 280 HBMO Jardin d’enfants
(31-33, rue de Peupliers - 75013) 37 H.Becque
150 HBMA
1933 Alphonse Karr 490 HBMO Jardin d’enfants
(9-37 et 22-36, rue Alphonse Karr - 75019) Dispensaire
Crèche
1935 Legouvé 35 HBMA Bain douche
(3-5, rue Legouvé - 75010)
1921 Épinettes/Pouchet 109 HBMO Jardin d’enfants
(62-66, rue Pouchet - 75017)
1925 Solidarité 390 HBMO Jardin d’enfants
(2-12, rue de la Solidarité - 75019) Chambre mortuaire
Atelier

* Les équipements en rose sont mentionnés dans le rapport de l’OPHBMVP de 1937 mais ne figurent pas sur les plans.

123
Sources et bibliographie
Outils bibliographiques Sources
BATY-TORNIKIAN Ginette (dir.), (2011), Architecture et Archives de Paris Habitat
social-démocratie – Les revues professionnelles 1919-1939.
Dépouillement thématique. Deux fonds ont été principalement consultés : le fonds d’ar-
chives antérieur à 1945 de l’Office public d’Habitations à bon
BATY-TORNIKIAN Ginette, (1979), Architecture et Social-dé- Marché de la Ville de Paris, et des conseils d’administration.
mocratie : un projet urbain idéal typique : agglomération pari- Également, un fonds en cours de recollement portant sur les
sienne 1919-1939, France. Ministère de l’environnement et du mémoires de travaux (avec décomptes des travaux, factures
cadre de vie, Institut d’études et de recherches architecturales détaillées).
et urbaines (Paris), Ville recherche diffusion, 134 p. Ils comprennent des plans, des écrits et des photographies.
Plans : plans des immeubles des groupes en façade et par étage
GUERRAND Roger-Henri, (1983), Le logement populaire en Écrits :
France : sources documentaires et bibliographie, Paris, École • rapports de suivi des dossiers de construction des groupes ;
Nationale Supérieure des Beaux-Arts. • devis ;
• cahiers des charges et programmes de concours ;
CASSELLE Pierre, (1991), Bibliographie des publications • correspondances ;
officielles de la Ville de Paris et du Département de la Seine : • statistiques de l’Office des constructions et mises en location ;
1800-février 1848, Paris, Institut d’Histoire de Paris, 213 p. • comptes rendus des conseils d’administration.
Photographies de suivi des chantiers : collection de plaques
DAUTEL Madeleine, (1978), Le logement social dans la presse de verre.
destinée aux architectes, constructeurs et acquéreurs d’Ha-
bitations à Bon Marché (1890-1914). Essai bibliographique, À noter notamment :
Diplôme de l’EHESS sous la direction de Paul-Henry CHOM-
BART DE LAUWE, 417 p. Préfecture du Département de la Seine. Ville de Paris, direc-
tion administrative des services d’architecture et des prome-
DUMONT Marie-Jeanne, (1991), Le logement social à Paris, nades et plantations. Cahier des charges type pour les détails
1850-1930. Les habitations à bon marché, Liège, Mardaga, d’aménagement des immeubles affectés à usage d’habitations
192 p. à bon marché. Établi par la Commission nommée par arrêté
préfectoral du 21 septembre 1916. Adopté par l’Office public
FIJALKOW, Yankel, (1995), La Vie urbaine. Recueil exhaustif d’Habitations à bon Marché de la Ville de Paris, dans sa séance
des articles, notes et chroniques (1919-1939). - Nantes, VRD, du 10 mars 1920. Paris : imprimerie C. Pailhé, 1920, 29 p.
24 p. (boîte 48485).

FOURCAUT Annie, FLONNEAU Mathieu, (2005), Une his- Préfecture du Département de la Seine. Ville de Paris, direc-
toire croisée de Paris et de ses banlieues à l’époque contem- tion administrative des services d’architecture et des prome-
poraine. Bibliographie. bilan d’étape, sept 2005. nades et plantations : Programme du concours ouvert en vue
de rechercher les procédés de construction et d’aménagement
JENN Jean-Marie (dir.), AURÉ Chantal, BANAT Françoise, les meilleurs pour l’édification des Habitations à bon Marché.
DUVERDIER Marielle (1995), Paris XIXe - XXe siècles : urba- Paris : imprimerie C. Pailhé, 1920, 15 p. (boîte 48435).
nisme, architecture, espaces verts (bibliographie et sources
imprimées à la Bibliothèque des Archives de Paris ; Guide des
sources d’archives conservées aux Archives de Paris), Paris, Archives de Paris
Département de Paris/Archives de Paris, 546 p.
Série VM 59 : « Service préfectoral chargé de l’administration
OPHLMVP, (1937), L’Office public d’habitations de la Ville de municipale/bâtiments publics. Construction et entretien des
Paris, Paris, OPHLMVP, 309 p. bâtiments publics (1808-1948) » : dossiers n° 7 – 9 -15 - 16 -
30 - 41 – 42 -47 - 63 – 65.
INSTITUT FRANÇAIS D’ARCHITECTURE, (1996), État des
fonds, dix-neuvième et vingtième siècles, Paris, Direction des Série 1 397 W : n° 38 – 44 (avec notamment un cahier des
Archives de France, 320 p. charges général de la RIVP pour la construction d’un ILM) -
59 – 63 - 73 - 84 - 87.
-Op. cit., (1991), Archives d’architecture du XXe siècle. Tome
1, Liège, Mardaga, 510 p. Série 9 W : documents de la préfecture de la Seine, du conseil
municipal, et sur les ensembles réalisés, devis, plans, coupes
et autres détails techniques émanant des architectes et entre-
prises : n° 59 - 64.

124
Série 1 397 W : développement de la politique du logement Bibliothèques historique et administrative
à Paris pendant l’entre-deux-guerres, opérateurs Sagi, Rivp, de la Ville de Paris, BNF
Cipag, Cigur, Sgim, Sgja… n° 38 - 59 – 63 - 73 - 84- 87- 27 :
Règlement du concours architectes de 1923 immeubles à loyer Préfecture du Département de la Seine. Ville de Paris, (1913),
modéré - 29, 30, 44 : RIVP – Construction d’immeubles à loyer Premier concours pour la construction d’habitations à bon
modéré. Cahier des charges générales applicables aux travaux marché. Rapport présenté au nom du jury et recueil des projets
de toute nature, et fascicules séparés, février 1924. primés, 21 p.

Règles et Instructions établies à la suite des travaux de la Com-


Fonds Sellier – institut d’urbanisme de Paris mission Technique de l’Habitation siégeant au Ministère du Tra-
vail pour la Construction des Habitations à Bon Marché et des
Ce fonds réunit la bibliothèque d’Henri Sellier et les thèses Logements prévus dans la loi du 13 juillet 1928. Ministère du
soutenues à l’IUP. Travail, de l’Hygiène, de l’Assistance et de la Prévoyance Sociales,
Imprimerie Nationale. Paris, Notice technique, 1929, 31 p.
BARDY Germaine, (1938). Le Service social dans les HBM et http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63675667.r=commis-
notamment à l’office public d’HBM du département de la Seine, sion%20technique%20habitation%20regles%20instructions
Mémoire de l’IUP, Paris, n° 150, (Picard président du jury).
Catalogue de l’exposition spéciale de la Ville de Paris et du
BERSON Claude arch., (1932). Étude sur l’œuvre sociale de Département de la Seine, Paris, imprimerie Chaix, 1911, 117 p.
l’Office Public des Habitations de la Ville de Paris. Mémoire
de l’IUP, 228 p., ill. E. Fuster président du jury (un chapitre Préfecture du département de la Seine, (1914), L’habitation à
sur chauffage et ventilation). bon marché à Paris en 1914, Paris, impr. Chaix.

CHOQUER Raymond, (1950). Le Confort dans les habita- L’habitation à bon marché à Paris en 1914 (Document carto-
tions à bon marché, Mémoire de l’IUP (thèse) sous la dir. de graphique), Paris : gravé chez L. Wuhrer, (s.d.), un plan : noir
Hazemann, n° 269. et coul, échelle 1 : 25 000, Préfecture de la Seine. Direction des
Affaires municipales. Service des Habitations à bon marché.
DERRE Hippolyte, (1935). Les Taudis à Paris du point de vue Habitations de la Ville de Paris, de l’Assistance Publique de
de l’hygiène de l’habitation, Paris, de Sociétés d’habitations à bon marché et particuliers.
Mémoire de l’IUP (thèse) sous la direction de M. Bonnier,
Paris, n° 114. Préfecture de la Seine, service de l’extension de Paris, (1918),
Arrêté du 22 juin 1904 portant règlement sanitaire de la ville
LEMOINE Jean, (1948), Les Offices Publics d’habitations à de Paris, modifié par arrêtés des 10 novembre 1909 et 29 juillet
bon marché, Mémoire de l’IUP (thèse) sous la direction de 1918. Paris, Imprimerie Chaix, 1919, 28 p.
M.Rolland, n° 260.
Comité de patronage des habitations à bon marché et de la
SELLIER Henri, (1937). Rapport sur la question des logements prévoyance du département de la Seine, (1910), Habitations
insalubres, Conseil municipal de Paris. à bon marché. Règlement de salubrité, 21 juin 1910.

SELLIER, Henri, (1943), « Définition du logement normal », Préfecture de la Seine, Direction de l’hygiène, du travail et de
Cahiers du Musée social, p. 9-11. la prévoyance sociale, (1936), Règlement sanitaire de la ville
de Paris du 7 mai 1936. Paris : Imprimerie municipale, 16 p.
La Vie urbaine, publication scientifique de l’Institut d’Ur-
banisme de Paris, avec de nombreux textes d’Henri Sellier FORGERON Fernand, Préfecture de la Seine, (1930), Guide
entre 1919 et 1939 : action en matière de santé, hygiénisme, administratif du constructeur à Paris. Suivi du texte des règle-
pénurie de logements et insalubrité (n° 6, 11, 12, 30), la cein- ments de voirie et d’hygiène. Paris, Massin, 224 p.
ture des fortifications (n° 4, 1919), sur la qualité des construc-
tions nouvelles dont celles de l’office départemental des HBM PROVENSAL Henry, (1908), L’habitation salubre et à bon
du département de la Seine (n° 4, 1919) ; « l’action de l’office marché, éd. Schmid, Paris.
public d’habitation à bon marché de la ville de Paris », C. Ber-
son (n° 18, 1933) ; « Cités-jardins et groupes d’habitations de
Paris et du département de la Seine » par H. Sellier (n° 21-22, Articles et revues
1923) ; « L’œuvre des Offices d’HBM dans le département de
la Seine », par H. Sellier (n° 14, 1922) ; « L’œuvre des socié- GOISSAUD Antoine, (1935), « Groupe d’immeubles à loyers
tés d’HBM en France », par H. Sellier (n° 33 et 34, 1928) ; les modérés destinés aux universitaires de Paris », rue Émile
ordures ménagères (n° 35, 1928). Faguet-bd Jourdan, Paris 14e, M. Solotareff, arch., La Construc-
tion moderne, 13 octobre, p. 26-33.

« L’habitation à bon marché », deux numéros spéciaux sous


la direction de Jules Posener, (1935), Architecture d’Au-
jourd’hui, n° 6 et 7.

125
BARDET Gaston, (1943), « Le facteur soleil en urbanisme », CHARVET, Marie, (2005). Les fortifications de Paris, de l’hy-
Techniques et architecture, n° 7-8, juillet-août, p. 200-206, giénisme à l’urbanisme, 1880-1919, Rennes : Presses univer-
dossier « Le soleil ». sitaires de Rennes.

« Concours des Immeubles à loyers modérés de la Ville de CHEMETOV Paul, MARREY Bernard, (1980), Architectures,
Paris », La Construction moderne, 10 juin 1923, 21 octobre Paris : 1848-1914, Paris, Dunod, 201 p.
1923, 9 décembre 1923, et 4 janvier 1924.
CHEMETOV Paul, DUMONT M-J., MARREY Bernard, (1989),
Paris-Banlieue : architectures domestiques, 1919-1939, Paris,
Ouvrages et traités techniques de référence Dunod/Bordas, 239 p.

GRANGER Albert, (1908), Pierres et matériaux artificiels de CHEVALLIER Fabienne, Comité d’Histoire de la Ville de Paris,
construction, Paris, Octave Doin éditeur. (2010), Le Paris moderne. Histoire des politiques d’hygiène
(1855-1898). Rennes : Presse Universitaire de Rennes, 410 p.
LACROUX J., (1878 et 1884), La brique ordinaire au point de
vue décoratif. Applications pratiques, Paris : Librairie générale CNRS, (1983), Banlieue, municipalités et réformisme 1900-
de l’architecture et des travaux publics, 2 volumes. 1940 - Colloque de Suresnes, Suresnes, Foyer des Cités-jardins
du Grand Paris, 250 p.
Ministère du Travail et de la Prévoyance Sociale, (1913), De
l’Emploi de la Brique Creuse dans la Construction à Bon Mar- COQ Noémie, (2011), Les habitations à bon marché. L’arti-
ché. Paris Nancy, Librairie Administrative Berger-Levrault, culation des échelles, marque de l’évolutivité ? ENSAB, Bor-
Recueil de documents sur la Prévoyance sociale, 23 p. deaux, 72 p.

REY Augustin, PIDOUX Justin, BARDE Charles, (1928), La ELEB-VIDAL Monique, DEBARRE-BLANCHARD Anne,
Science des plans de ville. Ses applications à la construction, (1995), L’invention de l’habitation moderne, Paris 1880-1914,
à l’extension, à l’hygiène et à la beauté des villes, orientation Architectures de la vie privée, suite. Paris, Hazan & Archives
solaire des habitations. Lausanne, Payot ; Paris, Dunod, 495 p. d’Architecture Moderne, 534 p.

ELEB Monique, (1994), L’apprentissage du « chez-soi » : Le


Groupe des Maisons Ouvrières, Paris, avenue Daumesnil,
1908, Marseille : Ed. Parenthèses, 123 p.
Bibliographie
ELEB-HARLE Nicole, LAISNEY François, SANTELLI Serge,
GANGNEUX MC, (1976), Typologie opérationnelle de
Ouvrages l’habitat ancien 1850-1914. Paris, Plan-construction, 2
volumes.
BATY-TORNIKIAN, Ginette, (1979), Architecture et Social-dé-
mocratie : un projet urbain idéal typique : agglomération pari- FIJALKOW Yankel, (1998), La construction des îlots insalu-
sienne 1919-1939, France. Ministère de l’environnement et du bres : Paris, 1850-1945. Préface de Marcel Roncayolo. Paris,
cadre de vie, Institut d’études et de recherches architecturales L’Harmattan, 273 p.
et urbaines (Paris), Ville recherche diffusion, 134 p.
FIJALKOW Y., (1994), Mesurer l’hygiène urbaine. Logements
BUREAU M. TETU, sd, Réf lexions sur les HBM (à Paris et îlots insalubres, Paris 1850-1945. Thèse de doctorat, Paris,
entre 1928 et 1933). EHESS, 386 p., cartes.

CHIFFARD (J. F.), ROUJON (Y.), (1970), Le Charme discret FILDERMAN Eveline, VIDECOQ Béatrice, (1980), Du côté
des HBM : Élaboration du type 1900-1914, les HBM de l’office de l’usage. L’évolution du logement social dans le 19e arron-
1919-1937. Paris, Office Public d’Habitations à Loyer Modéré dissement. Travail personnel de fin d’études sous la dir. De
de la Ville de Paris, 88 p. Gustave Massiah. [Étude monographique et comparative de
4 groupes de logement social de 1923, 1934, 1954 et 1972.].
Collectif, GULGONEN (Ahmet LAISNEY, François CHIF- Paris, UP6, 2 volumes.
FARD, J. F., DELORME Jean-Claude, PIETU M., ROUJON Y.,
SCALABRE J.P.), (1977), Morphologie urbaine et typologie GUERRAND Roger-Henri, (1966), Les origines du logement
architecturale. Tome II : Les HBM et la ceinture de Paris, Paris, social en France, Paris, éd. Ouvrières., 359 p.
Comité pour la recherche et le développement en architec-
ture – École d’architecture de Paris-Belleville, Ville Recherche KALFF Elsbeth, (2008), Le Logement insalubre et l’hygiéni-
Diffusion, 180 p. sation de la vie quotidienne : Paris (1830-1990), Paris, L’Har-
mattan (publication de la thèse soutenue sous la direction de
BURLEN Katherine dir. (1987). La banlieue oasis. Henri Sellier et Mme Haumont à l’Université Paris Diderot - Paris 7 en 1996).
les cités-jardins 1900-1940. Textes réunis avec les contributions
notamment de R.H. Guerrand, G. Osti, T. Leroux et présentés par LAPIERRE Éric, (2008), Guide d’architecture Paris 1900-2008,
K. Buren. Saint-Denis, Presses Universitaires de Vincennes, 302 p. Paris : Ed. du Pavillon de l’Arsenal, 960 p.

126
LUCAN Jacques, (1992 et rééd. 1999), Eau et gaz à tous les Articles et revues
étages. Paris, 100 ans de logement. Catalogue de l’exposition,
Paris, éditions du Pavillon de l’Arsenal, 279 p. « Logement social », dossier, AMC, (1974), n° 34.

LEROUX, Thierry, (1981), L’urbanisme social-démocrate : « Henri Sellier. La cause des villes », (2013), La Revue histoire
Henri Sellier, mémoire EHESS, sous la dir. de M. Roncayolo, urbaine, n° 37.
Paris, 234 p.
FIJALKOW Yankel, (2015), « De la rénovation urbaine au déve-
MINNAERT Jean-Baptiste, Institut Français d’Architecture, loppement durable : du poids des normes dans le logement
(2002). Henri Sauvage ou l’exercice du renouvellement (1873- (XIXe - XXIe siècles) », Métropolitiques, 3 juin 2015.
1932). Paris : Ed. Norma/IFA, 411 p. http://www.metropolitiques.eu/De-la-renovation-ur-
baine-au.html.
MOISSINAC Christine, (2001), « Henri Sellier et La Vie
Urbaine, 1919-1939 », in Cités-jardins. Genèse et actualité LAISNEY François, CHIFFARD Jean-François, ROUJON Yves,
d’une utopie, sous la dir. de Ginette Baty-Tornikian, avec la (novembre 1977), « Logement social et formes urbaines : les
collaboration d’Amina Sellali, Recherches - Les Cahiers de HBM et la ceinture de Paris », Moniteur Architecture AMC,
l’Ipraus, p. 93-99. n° 43, p. 5-25.

MIN YOU Ki, (2003), La réforme de l’habitat populaire dans LEMPEREUR Hubert, (2014), « Les architectes de la grande
la région parisienne, 1870-1914 : anthropologie historique des guerre, inventeurs du logement de masse », AMC, n° 237,
logements sociaux, Thèse d’histoire sous la direction d’André p. 67-74.
BURGUIERE, Paris, EHESS.
NICOULAUD Olivier, (1974), « Cités-jardins », in Architec-
OFFICE PUBLIC D’HABITATIONS DE LA VILLE DE PARIS, ture, Mouvement, Continuité, n° 34 ; 1974, p. 10-26 .
(1985), L’Office public d’habitations de la Ville de Paris, 70
ans, Paris, Sipress. OSTI Giovanna, (1984), « Le musée social et l’urbanisme au
début du siècle », Vie sociale, 3, p. 117-125.
RECONDO Jean-Luc, RECONDO Jean-Marc, (1987). Évolu-
tion du mouvement HBM-ILM. Élaboration de l’habitat. Paris : « L’Office Public d’Habitations à Loyer Modéré de Paris, Paris »,
École d’Architecture Paris-Belleville, 118 p. (1962), Techniques et Architecture, juin-juillet, numéro spé-
cial, 107 p.
TARIKA Jean, VILLARS Martine, (1982). Le logement à bon
marché, Paris 1830-1930, Paris, Ed. Apogée, 157 p.

TREUTTEL Jean-Jacques, TREUTTEL Jérôme, GARCIAS Jean-


Claude, (1991). Le Moderne et l’épais, linteaux, niches et
embrasures. Histoire des constructions, savoirs constructifs et
matériaux. Avancement de la recherche, Paris, MELT - Bureau
de la recherche architecturale, 10 p. + annexe.

Op.cit, (1993), « L’immeuble collectif à ossature béton : l’apo-


gée et la chute ». Recherche pour le Bureau de la Recherche
Architecturale, Ministère de l’équipement.

Op.cit, (1991), Le squelette et la jeune fille, étude structu-


relle de 15 immeubles de l’entre-deux-guerres. Recherche
pour le Bureau de la Recherche Architecturale, Ministère de
l’équipement.

127
Les Habitations à Bon Marché
de la ceinture de Paris : étude historique

Les logements d’Habitations à Bon Marché (HBM) de la Ceinture de Paris ont été édifiés entre les
deux guerres mondiales. Ces bâtiments de logements sociaux matérialisent sur 17 km la limite de
Paris, soit environ la moitié du linéaire de la Ceinture. Dans le cadre des objectifs du Plan climat
de Paris, la réhabilitation de ces ensembles bâtiments est un enjeu stratégique. L’étude de l’APUR
dresse un inventaire du parc de logements tels qu’il fut constitué jusqu’en 1940 et apporte des
réponses aux questions récurrentes posées par les maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre sur les
qualités urbaines, architecturales et constructives de ces ensembles. Ce travail historique est le
premier volet d’une série de deux études de l’APUR sur la question des HBM. Il sera suivi d’un
travail sur les enjeux de la réhabilitation thermique au sein du parc HBM.

L’Apur, Atelier parisien d’urbanisme, est une association 1901 qui réunit la Ville de Paris, le Département de Paris, l’État (la DRIEA, l’Insee), la Métropole du Grand Paris,
le Forum métropolitain du Grand Paris, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris Ile-de-France, la Régie Autonome des Transports Parisiens, la Société du Grand Paris,
l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris, La Caisse des dépôts, Eau de Paris, l’Epaurif, Grand Paris Aménagement, Paris Habitat, Ports de Paris, le SIAAP, le SIPPEREC, SNCF Immobilier,
le STIF, le Syctom, le territoire Est Ensemble (T8), le territoire Grand-Orly Seine Bièvre (T12), le territoire Grand Paris Seine Ouest (T3).

Vous aimerez peut-être aussi