Rapport Cap22
Rapport Cap22
Rapport Cap22
Véronique BÉDAGUE-HAMILIUS
Ross McINNES JUIN 2018
Frédéric MION
Mai 2018
Crédit photo : Yves MALENFER/MATIGNON
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Remerciements
Le Comité Action Publique 2022 remercie toutes les équipes de pilotage et d’appui pour
leur aide précieuse à l’ensemble des travaux.
M. Thomas CAZENAVE
Direction du Budget
France Stratégie
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Sommaire
Introduction ................................................................................................................... 9
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Introduction
Ce rapport est le fruit de ce travail, à la fois
techniquement exigeant et ambitieux.
Pourtant, il n’est pas, et ne pouvait pas être
exhaustif. En effet, notre champ de travail
portait sur l’action publique. Or, l’action
publique est extrêmement vaste, complexe
Le 13 octobre 2017, aux côtés du ministre et hétérogène. Elle s’étend bien au-delà des
de l’Action et des Comptes publics et du seuls services de guichets. L’école, la
secrétaire d'État chargé du Numérique, le sécurité, la justice mais aussi la régulation et
Premier Ministre a installé officiellement le le contrôle constituent des services publics.
Comité Action Publique 2022 – ou "CAP 22" Elle est exercée par des entités diverses :
– comprenant une quarantaine de membres État, collectivités territoriales, sécurité
mêlant économistes, personnalités issues sociale, hôpitaux, établissements et
du secteur public et privé, élus. Depuis lors, entreprises publics…
notre Comité s’est penché sur 21 politiques
publiques, de la santé à l’emploi, de
l’éducation à la défense, de la sécurité à la
dépendance, poursuivant un triple objectif :
améliorer la qualité de service pour les
usagers, améliorer les conditions d’exercice
du métier des agents publics et baisser la
dépense publique pour les contribuables.
Nous avons embrassé cette tâche dans un
esprit ouvert, sans a priori, confrontant les
points de vue de membres aux origines et
expériences diverses. Nous avons procédé
dans une logique collégiale, d’écoute et de
partage. Les 44 membres de CAP22 ont
travaillé pendant 21 semaines, répartis en 5
groupes thématiques, et ont réalisé des
auditions de 18 ministres et de plus de 300
personnalités qualifiées, organisé des
ateliers, échangé régulièrement avec les
ministères. 24 contributions écrites ont
également été reçues et ont nourri les
réflexions. De nombreux échanges ont eu
lieu en plénière pour faire émerger une
vision commune et transversale de la
transformation des services publics.
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Introduction
Plutôt que de chercher l’exhaustivité, En effet, les Français sont attachés à leurs
nous avons donc pris le parti d’identifier services publics. Ceux-ci assurent la
les principaux verrous qui freinent la cohésion sociale et sont un facteur
transformation publique. Nous avons la d’attractivité de notre pays. Mais le monde
conviction que les réformes que nous change, les attentes des Français évoluent
préconisons, notamment sur la fabrique du et des nouveaux besoins de service public
service public lui-même, permettront de émergent. Cela implique que l’action
créer une administration plus agile, plus publique puisse s’adapter. Les agents
adaptable, ancrée dans le monde publics sont prêts à ce changement, ils
contemporain et capable d’adopter une souhaitent s’engager davantage dans des
démarche d’amélioration permanente. Nous métiers qui ont du sens, pour des projets
militons pour un modèle d’administration où auxquels ils croient. Mais certains sont
les managers seront plus autonomes et plus aujourd’hui épuisés par un système à bout
libres de prendre des décisions, les agents de souffle. La hausse de la dépense
véritablement forces de proposition, un publique ne sera pas la réponse à ces défis,
service public qui utilisera pleinement toute la la France occupant déjà la première place
l’opportunité que représente le numérique en Europe concernant la part de la richesse
tout en restant proche des usagers, sur le nationale consacrée à la dépense publique.
terrain, à leur écoute. Nous encourageons
un modèle dans lequel l’innovation, la prise
de risque seront valorisés, encouragés, Nous pouvons améliorer les services
soutenus. Pour mettre en œuvre ce nouveau publics, améliorer la qualité de vie au
modèle, nous plaidons notamment pour un travail des agents tout en faisant baisser
renouvellement du contrat social entre le poids de la dépense publique pour les
l’administration et les agents publics dans un contribuables.
dialogue social rénové et appelons à
Nos propositions démontrent sur de
moderniser fortement la gestion des
nombreuses politiques publiques que cela
ressources humaines. Dans ce nouveau
est possible et qu’il faut cesser d’opposer
modèle, la société sera pleinement partie
l’excellence du service public et la baisse
prenante de la conception, de l’élaboration
et de la production du service public. La des dépenses publiques. Ces deux objectifs
logique de défiance encore trop présente sont compatibles à condition d’opérer un
laissera la place au principe de confiance changement de modèle, qui passe par plus
entre tous les acteurs, privés et publics, de confiance et de responsabilisation, par
agents et managers, usagers et l’utilisation de tout le potentiel offert par le
administrations, État et collectivités numérique et par un nouveau contrat social
territoriales. Nous souhaitons redonner aux entre l’administration et ses collaborateurs.
citoyens le pouvoir de connaître leurs Ainsi, la mise en œuvre des réformes que
services publics avec la transparence totale nous préconisons permettra d’améliorer les
des résultats, le pouvoir de l’évaluer, le comptes publics d’une trentaine de milliards
pouvoir de participer à sa conception et à sa d’euros à l’horizon 2022, qui recouvrent à la
production. Le secteur privé a également fois des économies pour l’Etat, les
son rôle à jouer dans l’exécution du service collectivités territoriales et les
public. administrations de de sécurité sociale et des
Faire émerger ce nouveau modèle n’est recettes fiscales nouvelles, dont une partie
aujourd’hui plus une simple option, c’est servirait à financer des investissements (en
une nécessité. particulier en matière de défense et de
justice) ou des suppressions de taxes.
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Introduction
Nous appelons à clarifier et simplifier les Nos propositions s’appuient sur les
systèmes devenus trop complexes. Nos solutions offertes par le numérique qui
systèmes de santé, de protection sociale, de constitue une rupture majeure et nous
recouvrement social et fiscal, notre permet de proposer un service public
accompagnement des personnes en augmenté. Le numérique permet d’abord
situation de handicap, notre justice, ne une meilleure participation des citoyens à
répondent plus correctement aux besoins l’élaboration et à la production du service
des Français. Ils sont difficiles à adapter au public. L’utilisation des données constitue
monde qui change ; aux attentes qui ensuite une source de transformation
évoluent, et de moins en moins lisibles pour radicale dans le domaine de la protection
les usagers. Nous proposons de les faire sociale, par exemple avec une relation de
évoluer en plaçant l’usager au centre en l’usager à l’administration fluidifiée et
personnalisant le service et en l’adaptant simplifiée. Nous proposons également de
à chacun. recourir massivement aux données pour
améliorer notre système de santé et de
Nous souhaitons améliorer la qualité de
prévention ou notre service public de
tous les services publics, mais
l’emploi. Nous encourageons également le
particulièrement ceux qui constituent des
développement d’une société où les
investissements sur l’avenir, qui
paiements seraient largement ou
produisent les effets les plus durables pour
entièrement dématérialisés. Nous appelons
nos concitoyens et notre pays. Placer le
également à généraliser les bracelets
système éducatif français dans les
électroniques géolocalisés comme solution à
10 meilleurs au monde ou encore assurer au
la surpopulation carcérale en maison d’arrêt.
mieux l’accueil dans l’enseignement
Nous proposons enfin de transformerl’offre
supérieur nous semble prioritaire. Nous
audiovisuelle publique vers une plateforme
souhaitons également renforcer les actions
numérique pour répondre notamment aux
de prévention pour retarder la dépendance,
envies des publics les plus jeunes.
pour améliorer l’espérance de vie en bonne
santé de tous les Français. Nous proposons Le succès et la portée de ces réformes
aussi des solutions pour améliorer la ambitieuses dépendront de leur mise en
politique du logement afin que demain, les œuvre. L’exécution est en effet une étape
Français puissent se loger mieux à moindre cruciale. En particulier, ces réformes
coût. Nous appelons également à réformer réussiront si les agents et les managers
le service public de l’emploi pour donner publics sont impliqués. Ceux-ci les
plus de liberté au demandeur d’emploi dans porteront et les feront vivre sur le terrain.
la manière de construire sa recherche. C’est pourquoi nous plaidons pour leur
redonner de l’autonomie, des marges de
manœuvre, pour renouer les liens de la
confiance avec celles et ceux qui constituent
la richesse du service public.
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Nos convictions
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
PREMIERE PARTIE | NOS CONVICTIONS
Notre Comité a choisi de mener ses Sans cette transformation, le service public
investigations avec un esprit ouvert, sans a se dégrade, ne répond progressivement plus
priori sur ce qu’étaient ou n’étaient pas les aux besoins, entraîne une forme
missions de l’action publique. Nous nous d’épuisement chez les agents et n’est pas
sommes interrogés ouvertement sur la soutenable économiquement.
pertinence de chaque intervention publique.
Cette transformation est nécessaire mais
Nos conclusions ne remettent pourtant elle est surtout possible, et nous tentons de
pas en cause les grandes missions du le démontrer dans ce rapport, en proposant
service public en France. Cela traduit une feuille de route ambitieuse pour un
probablement la place particulière des service public renouvelé tout en faisant
services publics dans notre pays, il reflète des économies substantielles.
l’attachement historique des Français à
l’égard de ces services.
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Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
PREMIERE PARTIE | NOS CONVICTIONS
Les services publics sont ancrés dans Le service public donne accès à des
les valeurs, l’histoire et la vie quotidienne droits, protège, aide, accompagne.
des Français qui, par exemple, voient dans
l’école publique, le creuset de la République Cela en fait le premier rempart contre les
ou dans la sécurité sociale et le système de exclusions, les replis identitaires et le risque
santé un progrès social majeur. Les services de morcellement de la société.
publics sont les héritages de notre histoire et
Au-delà de nos frontières, le service
les Français y sont attachés. D’ailleurs, les
public français constitue un facteur
résultats de la consultation menée auprès
d’attractivité. Les investisseurs étrangers,
des citoyens dans le cadre du Forum de
quand ils décident de venir en France,
l’action publique 2022 témoignent de cet
viennent pour notre capacité à innover
attachement. Interrogés sur les missions qui
(50 %) et la qualité de nos infrastructures
pourraient être abandonnées, ils n’ont pas 1
(29 %) .
identifié de missions dont l’abandon serait
une évidence.
1
Étude Ernst & Young « Baromètre de l’’attractivité de
la France en 2017 »
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Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
PREMIERE PARTIE | NOS CONVICTIONS
Le monde et la France changent. Il n’est pas possible de décrire précisément l’ensemble des
changements qui émailleront les 10 prochaines années mais les grands facteurs qui dessineront
le monde de demain sont connus.
La révolution numérique bouleverse la société et les modes de vie :
Enfin, la France n’est bien évidemment pas à l’abri des évolutions du contexte international :
► notre insertion dans l’économie mondiale, qui concerne tous les secteurs, y
compris ceux à forte valeur ajoutée. Aujourd’hui, plus de 70 % des importations
mondiales de services concernent des services intermédiaires, comme les services aux
entreprises ;
► l’augmentation des flux migratoires au niveau mondial sous l’effet des crises locales et
des changements climatiques notamment ;
► la tendance à l’accroissement des risques et des crises, au plus près de l’Europe.
Les tensions récentes au Moyen Orient, en Afrique du Nord et à l’est de l’Europe en sont
une illustration ;
► la transition énergétique. Celle-ci est enclenchée et aura des traductions concrètes :
nouvelles formes de production d’énergie, intermittentes et décentralisées, évolution des
besoins énergétiques avec l’apparition de nouveaux objets de consommation, comme le
2
La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, qui contient l’historique de tous les
échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création. Elle est sécurisée et partagée par les différents utilisateurs
sans intermédiaire.
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Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
PREMIERE PARTIE | NOS CONVICTIONS
Ces changements modifient les attentes des Français vis-à-vis de leurs services publics.
Les Français attendent un service public renouvelé, qui suive les évolutions des expériences
qu’ils font chaque jour dans les autres pans de leur vie, au travail, dans leurs loisirs et dans les
autres services qu’ils sollicitent.
Ils attendent en particulier :
► un service public accessible et plus personnalisé. Par exemple, les Français veulent
plus de dématérialisation des démarches administratives, notamment les plus jeunes.
Mais l’accessibilité ne peut se réduire à des démarches en ligne plus nombreuses et plus
simples. Il faut aussi que les démarches soient intuitives, à l’état de l’art et qu’elles
s’adaptent sans cesse pour mieux répondre aux besoins. L’accessibilité du service public
passe également par une plus grande personnalisation du service et par le maintien
d’une présence physique des services publics sur l’ensemble du territoire (voir
proposition n° 3) ;
► des services publics plus réactifs et qui tiennent mieux compte de l’avis des
usagers. Les applications, de plus en plus développées, qui permettent de signaler un
problème de voirie ou de propreté sont, à ce titre, révélatrices. Elles permettent aux
citoyens de participer à l’efficacité du service public en signalant un problème, en
évaluant le service rendu et en contribuant à son enrichissement. Elles témoignent aussi
d’une attente d’une plus grande réactivité de la part des pouvoirs publics ;
► la possibilité de participer à la production du service. Les citoyens souhaitent aussi
pouvoir participer à l’élaboration du service public et contribuer à son exécution. Ils
participent déjà à des projets d’intérêt général à grande échelle, par exemple en
contribuant à Wikipédia ou à Openstreetmap. Le développement des start-ups portant sur
des sujets d’intérêt général, par exemple dans les domaines de l’éducation ou la santé et
en particulier les civictechs, témoigne de cette volonté de s’engager davantage.
Pour répondre à ces attentes nouvelles, le service public ne peut pas se contenter
d’adaptations à la marge. Il doit se transformer profondément.
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Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
PREMIERE PARTIE | NOS CONVICTIONS
Les agents publics comme l’ensemble des Français sont attachés au service public et à ses
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valeurs. Ils sont engagés. 77 % se disent même prêts à s’investir davantage . Mais ils
considèrent que leur niveau d’engagement n’est pas suffisamment pris en compte par leur
hiérarchie.
Une forme d’épuisement peut par ailleurs s’exprimer,
allant parfois jusqu’à des situations de souffrance.
Les agents publics sont en effet soumis à des
77 %
des agents se disent prêts
injonctions parfois paradoxales et pâtissent de devoir
eux-mêmes faire des choix sur la priorisation de leurs
activités. En effet, les années passées ont été
marquées, dans certains secteurs, par des
diminutions d’effectifs et de dépenses sans véritable
revue des missions ni modification radicale de
à s’investir davantage l’organisation et des méthodes de travail. Dans ce
contexte, les agents et managers publics ont été
contraints de faire des choix qu’aucune revue des missions ou réorganisation n’avait assumés.
C’est pourquoi ils perçoivent le besoin de changement et de transformation du service public. Ils
sont d’ailleurs porteurs d’idées et de projets. Malgré les initiatives prises ces dernières années
pour développer les démarches plus collaboratives, les agents publics sont pourtant
insuffisamment associés aux évolutions qui les concernent, du fait de modes de travail encore
trop hiérarchisés et descendants.
La réponse aux insuffisances du service public et son adaptation ne pourront pas passer par une
4
hausse de la dépense publique , celle-ci étant en France très nettement supérieure à celle de ses
voisins :
► elle s’établit à 56,5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2017 (contre 47,1 % pour la zone
euro, 43,9 % en Allemagne) et a augmenté plus que dans le reste de la zone euro ;
► le taux de prélèvements obligatoires est parmi les plus élevés avec 45,6 % du PIB (contre
39 % en Allemagne et 40,1 % pour la zone Euro) si l’on inclut les cotisations sociales en
2016 ;la dette publique s’établit à 96,5 % du PIB contre 64 % en Allemagne et 86,7 %
dans la zone euro en 2017.
3
Enquête en juin-juillet 2016 par Sociovision pour la MGEN
4
C’est-à-dire les dépenses de l’État, de ses opérateurs, des administrations publiques locales et de la sécurité sociale,
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Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
PREMIERE PARTIE | NOS CONVICTIONS
30,0%
25,9%
25,0% 21,4%
20,0%
12,9%
15,0% 12,7%
10,0% 7,0%
4,0% 3,5% 5,2% 5,5% 4,9%
5,0% 2,8% 1,9%
0,0%
2010 2016
Cette situation n’est pas soutenable, en n’aurions pas les marges de manœuvre
particulier au regard du niveau nécessaires pour répondre à une nouvelle
d’endettement atteint aujourd’hui (96,5 % du crise économique. Par ailleurs, ce niveau de
PIB). Elle ne permet pas d’envisager de dépenses, qui se traduit par des taux de
financer durablement les services publics ni prélèvements obligatoires élevés, pèse sur
de répondre aux besoins à venir. Elle l’économie et la compétitivité de la France.
comporte un risque réel en cas de hausse La baisse du poids de la dépense
des taux d’intérêt car le poids de la dette publique dans l’économie constitue donc
pèserait alors plus lourdement sur nos un objectif incontournable.
finances publiques qui sont déjà soumises à
une forte tension. De même, en raison de ce Or, si le déficit public français a diminué
poids des dépenses publiques, nous entre 2010 et 2016, c’est exclusivement par
des hausses de prélèvements obligatoires (
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Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
PREMIERE PARTIE | NOS CONVICTIONS
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10
8
6
4
2
0
Une analyse plus fine de la dépense publique l’accumulation de décisions ponctuelles. C’est
française par rapport à celle de ses voisins montre notamment le cas pour les interventions
que 83 % de l’écart s’explique par trois domaines : la économiques dont ni l’efficacité ni la pertinence ne
protection sociale et notamment les retraites, les sont régulièrement réévaluées. Pour mettre un
interventions économiques et la santé. Cela terme à cette sédimentation, nous proposons que
correspond à des choix de société : mutualiser le tous les dispositifs d’intervention publique soient
financement de certains biens ou services. Certains évalués régulièrement afin qu’ils fassent la
de ces choix sont régulièrement réaffirmés (la santé, preuve de leur efficacité (voir proposition n° 20).
par exemple) mais d’autres sont le résultat de
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Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
PREMIERE PARTIE | NOS CONVICTIONS
1,3
5,1 1,0
50,0 0,6 0,3
3,2
46,3
45,0 - 0,4
40,0
Santé
France
Charge de la dette
Dépenses sectorielles
Zone euro (19) hors
Dont retraites
Éducation
Dont prestations
Dont prestations
Protection sociale
Recherche
Dont autres prestations
Régalien
Chômage
familiales
logement
de solidarité
France
La dépense publique n’est pas non plus L’Histoire l’a montré : la recherche
toujours efficiente, c’est-à-dire que les indifférenciée d’économies, sans
résultats ne sont pas toujours à la hauteur modification des structures (politique dite du
des coûts. Face à ce constat et selon les « rabot »), dégrade les conditions de travail
politiques publiques, on peut faire le choix des agents et plus largement la qualité du
de baisser la dépense et/ou d’améliorer les service public. Pour faire plus avec moins, il
résultats mais avec l’ambition suivante : le est indispensable de revoir en profondeur
rapport coût/résultat du service public les modes d’organisation et les manières de
français doit se situer parmi les meilleurs faire.
européens dans chaque domaine. C’est ce que nous proposons. Nous
souhaitons réformer fondamentalement
notre manière de faire du service public
pour l’adapter aux nouveaux enjeux. Cet
objectif a du sens pour les agents et les
managers publics mais aussi pour les
citoyens. C’est de ces réformes que
naîtront des économies et non l’inverse.
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Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
PREMIERE PARTIE | NOS CONVICTIONS
Les Français voient les services qu’ils Dans le domaine de l’éducation par
utilisent dans la vie de tous les jours évoluer exemple, on constate que la France, en
et devenir de plus en plus personnalisés. dépit de son système national
Les services qui sont proposés sont adaptés d’enseignement scolaire, est le pays de
dans leur contenu et peuvent évoluer quand l’OCDE où la différence de niveau des
leurs besoins changent. Ils attendent la élèves selon le milieu social est la plus
même chose du service public. élevée.
Nous ne souhaitons évidemment pas revenir Reconnaître que les usagers et les
sur le principe d’égalité. Tous les citoyens territoires ont des besoins différents,
doivent pouvoir avoir accès à l’ensemble auxquels il faut répondre de manière
des services publics. Ce principe demeure différenciée, est ainsi un enjeu d’équité.
pour nous intangible. L’adaptabilité ne
Pour cela, il faut construire le service
signifie pas non plus que tous les services
public autour de l’usager final et de ses
publics doivent être rendus de manière
besoins et non plus en fonction de la
différenciée. La police ou la justice, par
manière dont l’administration est
exemple, doivent être identiques pour tous.
organisée.
Pourtant, l’objectif d’égalité ne doit pas
conduire à un traitement indifférencié,
uniforme, des usagers. Celui-ci peut au
contraire renforcer certaines inégalités.
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Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
PREMIERE PARTIE | NOS CONVICTIONS
Si nous poussons jusqu’au bout la logique Cela passe ensuite par une plus grande
d’un service public construit autour de responsabilisation. Dans ce rapport, nous
l’usager, le regard que celui-ci porte sur lui invitons à renforcer l’évaluation des services
doit constituer le premier levier publics, de leurs performances et de la
d’amélioration et de progrès. satisfaction des usagers.
Cela passe d’abord par la transparence. La
C’est le cas par exemple pour la santé
France a été l’un des pays pionnier du
(aussi bien à l’hôpital qu’en ville), pour
partenariat pour un gouvernement
5 l’éducation ou encore l’enseignement
ouvert et s’est engagée depuis plusieurs
supérieur. Surtout, nous préconisons
années sur la voie d’une plus grande
d’utiliser l’avis des usagers comme un
transparence. D’une ambition nouvelle et
critère de performance et de pilotage.
une source d’innovation, la transparence
Dans le domaine de la santé, nous
doit devenir l’un des principes fondateurs
proposons par exemple de conditionner une
guidant au quotidien l’action publique.
partie des moyens alloués aux hôpitaux aux
L’administration doit s’engager dans la
résultats de satisfaction des usagers.
publication systématique de ses données et
de ses résultats, notamment ceux liés à la
satisfaction des usagers. Nous pensons
d’ailleurs que publier les résultats de
satisfaction permettra dans la majorité des
cas d’améliorer l’image que les Français ont
de leur service public. Le taux de
satisfaction de ceux qui utilisent
effectivement les services publics est
nettement supérieur à l’opinion que les
6
citoyens s’en font a priori . La publication
des résultats rendra ainsi justice à la qualité
du travail des agents.
5
Open Government Partnership : partenariat
multilatéral visant à promouvoir la transparence de
l'action publique et son ouverture à de nouvelles formes
de concertation et de collaboration avec la société
civile.
6
Voir les baromètres Delouvrier depuis 2004. En 2017,
l’écart entre le taux de satisfaction et le taux d’opinions
favorables est de près de 30 points.
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Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
PREMIERE PARTIE | NOS CONVICTIONS
2.3 | Produire le service public avec les citoyens et les acteurs du secteur
privé
Produire les services publics en commun Quand ils s’engagent dans des missions
avec la société n’est pas un phénomène d’intérêt général, ils sont une chance pour
nouveau : c’est ce que font les parents dans les citoyens : ils augmentent l’offre,
les crèches parentales, certaines favorisent l’innovation et constituent un
associations d’intérêt général, certaines aiguillon qui pousse le service public à
cliniques ou écoles privées. De la même toujours s’améliorer.
manière, l’État comme les collectivités
Pour que ce mouvement prenne de
peuvent déléguer à d’autres la mise en
l’ampleur, la puissance publique doit
œuvre des services publics.
l’accompagner et l’encourager fortement.
L’externalisation a ainsi toujours constitué
l’une des manières de rendre le service Elle devra s’assurer que les nouveaux
public. Mais les évolutions technologiques et services soient effectivement accessibles à
les nouvelles appétences des citoyens pour tous, pour éviter une segmentation de la
une société moins verticale devraient société. En ce sens, l’État devra renforcer
permettre d’amplifier ce mouvement son rôle de régulateur, qui sera d’autant
d’ouverture et de décloisonnement. plus important que conception et production
du service public seront ouvertes. La
Nous pensons en effet que les citoyens, le
puissance publique doit aussi veiller à ce
monde associatif, les entreprises et les start-
que le cadre normatif existant ne bloque
ups constituent une force d’innovation et
pas les initiatives. L’ouverture des données
une capacité d’action. À ce titre, il faut les
et la transparence que nous préconisons
associer plus étroitement à la conception
même des politiques publiques. Ils peuvent devraient ainsi permettre d’encourager la
également être encouragés à proposer des société à participer au service public.
offres complémentaires à celle du secteur
public.
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Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
PREMIERE PARTIE | NOS CONVICTIONS
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II | Changer de mod
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
DEUXIÉME PARTIE | CHANGER DE MODELE
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Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
DEUXIÉME PARTIE | CHANGER DE MODELE
PROPOSITION 1 |
Constats
Aujourd’hui, le cadre de la gestion publique ne favorise pas les logiques de transformation et
d’investissement et conduit les gestionnaires publics à des approches « court-termistes » car il
est contraint à plusieurs titres :
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Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
DEUXIÉME PARTIE | CHANGER DE MODELE
Objectifs
L’objectif est d’évoluer vers un autre Ce modèle s’appuie sur la dévolution de la
modèle d’organisation et de pilotage de la pleine responsabilité de gestion aux
sphère publique, tel qu’il a déjà été mis en dirigeants des structures administratives,
place dans d’autres pays européens, notamment celles chargées de missions
notamment la Suède. opérationnelles.
Réformes préconisées
Ce nouveau modèle de gestion publique doit reposer sur les principes suivants :
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Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
DEUXIÉME PARTIE | CHANGER DE MODELE
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Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
DEUXIÉME PARTIE | CHANGER DE MODELE
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Elle reprendrait l’actuel centre national pour le développement du sport (CNDS)
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Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
DEUXIÉME PARTIE | CHANGER DE MODELE
PROPOSITION 2 |
Constats
Le cadre actuel de la gestion des ressources Or, pour conduire les réformes que nous
humaines (RH) pâtit d’une grande rigidité, préconisons et adapter l’administration aux
avec une gestion trop centralisée, juridique attentes et aux besoins des usagers, les
et administrative. Cette centralisation managers doivent bénéficier d’une plus
excessive ne correspond pas aux besoins grande souplesse, adaptabilité et agilité.
des managers publics ni ne permet de
mener des transformations en profondeur. Alors que les agents sont le premier actif
du service public, le cadre actuel ne
Cette rigidité s’exprime notamment par :
répond pas toujours à leurs aspirations.
► le pilotage de la masse salariale par Les mobilités sont peu encouragées dans
le point d’indice, décision prise au niveau les parcours et sont contraintes,
national pour l’ensemble des trois fonctions notamment par les différents corps. De
publiques ; plus, la gestion des ressources humaines
dans la fonction publique est aujourd’hui
► les commissions administratives beaucoup trop centrée sur des questions
paritaires (CAP) qui apparaissent dans leur générales, d’ordre juridique autour du
fonctionnement actuel comme statut ou du contrat, et n’est pas
excessivement centralisées, organisées par suffisamment individualisée, avec un
corps et consultées a priori sur un grand accompagnement de chaque agent, une
nombre de mouvements au lieu de se attention réelle à la formation et aux
concentrer sur les cas litigieux ; perspectives de carrière. Cela nuit aux
► la prépondérance du statut de la agents mais également in fine à
l’administration publique qui doit continuer
fonction publique pour les embauches, le
à attirer des talents.
recours au contrat ne pouvant s’entendre
que dans des cas spécifiques.
Objectifs
Notre ambition est de réformer le cadre contractuel entre l’administration et ses agents afin :
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Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
DEUXIÉME PARTIE | CHANGER DE MODELE
Réformes préconisées
Pour atteindre ces objectifs, nous préconisons les réformes suivantes :
► encourager le dialogue social de proximité, au plus près du terrain et donner ainsi une
plus grande liberté de gestion aux managers. En effet, les managers sont ceux qui
conduisent effectivement les transformations, avec les agents. Ils sont chargés de porter
le sens de la réforme et d’entraîner leurs équipes. Cela implique de leur donner des
marges de négociation. Il faut notamment :
► valoriser davantage les agents publics qui ont fait le choix d’aller servir dans des
zones difficiles (par exemple les policiers, les enseignants …), avec des carrières
accélérées notamment ;
► mieux connaître les besoins des managers et des agents. Il s’agit de comprendre leur
état d’esprit vis-à-vis de leurs missions, de la transformation et de recueillir leurs besoins
d’accompagnement pour conduire la transformation. Pour cela, il faut généraliser les
baromètres sociaux au sein de l’administration et en restituer publiquement les résultats
au moins tous les 6 mois ;
37
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
DEUXIÉME PARTIE | CHANGER DE MODELE
38
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
DEUXIÉME PARTIE | CHANGER DE MODELE
PROPOSITION 3 |
Constats
Le numérique est en train de modifier en public et une diminution des dépenses de
profondeur les métiers. C’est notamment fonctionnement. Le numérique nous permet
le cas de l’intelligence artificielle (IA), la de remplir conjointement ces deux objectifs
robotique, la cryptographie avec la et c’est ce qui change, aujourd’hui, par
blockchain ou encore de l’impression 3D. rapport aux exercices précédents de
Parmi les applications actuelles, on trouve réforme de l’action publique.
déjà des agents conversationnels, qui
reconnaissent le langage naturel, et des
applications sur des tâches complexes et à On peut ainsi utiliser des solutions
forte valeur ajoutée. On peut penser à l’aide technologiques pour effectuer des tâches
au diagnostic médical avec par exemple la administratives de « back office ». Cela
lecture de radiographies pour laquelle on permet de libérer du temps de travail qui
sait déjà que la machine est plus à même pourrait être mieux utilisé, d’une part, à
que les professionnels de détecter certains accompagner davantage les usagers et,
cancers. Et les cas d’usage de l’IA d’autre part, à rendre le service public moins
continuent de se développer. coûteux. C’est le cas par exemple des
tâches liées à l’instruction des demandes
La massification de la collecte de
d’aides, de titres, de documents ou
données et la capacité à les traiter, à les
d’autorisations administratives qui sont
utiliser constitue un autre changement
déposées quotidiennement par les usagers
majeur pour les fournisseurs de services.
auprès de l’administration. L’instruction de
Aujourd’hui, l’utilisation des données
ces demandes implique généralement des
produites dans notre vie quotidienne se
tâches qui se prêtent très bien à
traduit essentiellement par des publicités
l’automatisation : réception et analyse de
ciblées mais, appliquée au service public,
pièces justificatives, vérification de la
peut se révéler extrêmement utile, précieux
complétude des dossiers, saisies multiples,
et bénéfique pour l’usager.
connexion à des applications différentes,
La révolution numérique constitue une consultation de bases de données,
rupture majeure pour la transformation structuration des données pour remplir des
de l’action publique car, en l’utilisant à champs prédéfinis. On peut aussi penser à
son plein potentiel, on peut sortir de la toutes les tâches de contrôle que ce soit
contradiction apparente entre deux pour aider au ciblage ou pour constituer les
objectifs majeurs : un meilleur service dossiers, en réunissant et analysant une
39
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
DEUXIÉME PARTIE | CHANGER DE MODELE
grande masse d’information. On peut enfin public sur-mesure, exactement adapté aux
penser à toutes les tâches de planification besoins de chaque citoyen. Ces données
des équipes et des ressources qui sont très pourront être sollicitées pour construire des
consommatrices de temps en anticipant les meilleurs systèmes de prévention. Par
risques et pics de charge (planning des exemple, dans le domaine de la
équipes dans les hôpitaux, répartition des dépendance, on pourra mieux connaître les
forces de sécurité sur le territoire, facteurs de risques et les repérer plus tôt
planification d’équipes de maintenance, chez les personnes âgées. Cela nous
prévision des flux aux guichets et centres permettra de retarder l’entrée dans la
d’appels des services publics par exemple). dépendance. De la même manière, dans le
domaine social, on pourra mieux prévenir
Nous appelons ainsi à l’utilisation de la
les risques d’exclusion. Ces données
donnée dans de nombreux domaines : la
peuvent également être utilisées dans le
santé, l’éducation, la protection sociale, le
domaine des contrôles, dans le champ fiscal
service public de l’emploi, la justice... Ces
par exemple : grâce au croisement des
données doivent permettre de mieux
données disponibles, il est possible
connaître le service public, de l’évaluer, d’en
d’effectuer un ciblage des contrôles à mener
suivre régulièrement les points forts et les
et donc d’économiser des moyens
faiblesses, afin de corriger les problèmes
importants. En contrepartie, les citoyens
presqu’en temps réel, de proposer des
doivent bénéficier d’un cadre de régulation
solutions nouvelles. Les données doivent
efficace pour assurer la confidentialité et
aussi permettre de produire un service
la protection des données.
Objectifs
Nous souhaitons utiliser tous les volets qu’offrira la transformation numérique pour créer un
« service public augmenté » :
40
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
DEUXIÉME PARTIE | CHANGER DE MODELE
Réformes préconisées
Pour utiliser tout le potentiel du numérique et tirer les bénéfices d’un service public meilleur tout
en étant moins coûteux, il faut :
41
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
DEUXIÉME PARTIE | CHANGER DE MODELE
DGFiP n’est pas la seule pour laquelle notre Comité propose une révolution
technologique. C’est également le cas pour la santé, la protection sociale, la justice, les
services consulaires, etc. La contrepartie de cet investissement est la mise en place
d’une gouvernance forte, compte-tenu des échecs passés de grands programmes
d’investissements informatiques ;
► investir dans les ressources humaines pour accompagner ces transformations. Il
faut recruter les bons profils dans tous les domaines de la transformation numérique
8
(développeurs, data scientists mais aussi chefs de produits, UX designers , experts de
l’accompagnement du changement), ce qui n’est pas toujours aisé en raison des niveaux
de rémunération dans la sphère publique. Il est de manière générale indispensable de
revoir les modalités de recrutement comme de rémunération des talents ;
► développer les outils collaboratifs permettant aux agents publics d’animer des
communautés et ainsi de collaborer et travailler différemment, de façon plus horizontale
et moins hiérarchique.
Afin de donner sans attendre une impulsion à cette ambition numérique, notre Comité a identifié
sept domaines d’application prioritaires pour les prochaines années :
► la santé ;
► la protection sociale ;
► les données fiscales et sociales ;
► la justice et en particulier les « arrêts domiciliaires » ;
► les services consulaires ;
► l’enseignement ;
► de manière transversale, la publication des résultats dans une logique de transparence
complète.
8
L’user experience (UX) designer conçoit et améliore les interfaces numériques à partir d’une démarche centrée sur
l’utilisateur.
42
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
DEUXIÉME PARTIE | CHANGER DE MODELE
PROPOSITION 4 |
Constats
La présence physique des services publics les premières enquêtes montrent un fort
sur le territoire est une source de cohésion taux de satisfaction. Pourtant, l’offre de
nationale et de réduction des inégalités. service de ces MSAP relève davantage
C’est la raison pour laquelle chaque citoyen d’une impulsion locale rendue possible par
doit pouvoir avoir accès à un agent, à une opportunité immobilière que d’une
proximité de chez lui. proposition innovante d’amélioration du
service à destination de l’usager. Or
Aujourd’hui, cette offre de proximité est
aujourd’hui deux exigences s’imposent :
organisée soit dans les guichets de chaque
réseau (assurance maladie, allocation ► un besoin d’accompagnement
familiale, impôts, Pôle Emploi…), soit dans numérique pour les personnes qui en ont
des lieux d’accueil unifié. besoin. Cela passe par une mise à
Cependant, les réseaux des services publics disposition de matériel informatique pour
sont amenés à évoluer fortement dans les faire les démarches en ligne pour ceux qui
années à venir sous l’effet conjugué d’une ne seraient pas équipés, mais aussi par un
rationalisation du déploiement physique et accompagnement des personnes pour
du développement du numérique dans les lesquelles les démarches dématérialisées
services publics. La logique de mutualisation s’avèrent complexes ou inaccessibles ;
devrait, à ce titre, se développer dans les ► un besoin d’une offre à la fois
années à venir, par exemple via des unifiée pour l’accueil de premier niveau –
dispositifs comme les maisons de services avec un seul interlocuteur pour régler toutes
aux publics (MSAP). les questions relatives à la prise de rendez-
vous, l’état d’avancement d’un dossier, les
Ces maisons de services au public sont des pièces justificatives nécessaires… – mais
espaces mutualisés qui ont vocation à également spécifique et spécialisée, pour
délivrer une offre de proximité et de qualité à les situations les plus complexes qui
l'attention de tous les publics. Aujourd’hui,
demandent une expertise.
1 150 « maisons » sont opérationnelles et
Objectifs
L’offre de proximité des services publics pourrait être repensée autour des principes
structurants suivants :
43
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
DEUXIÉME PARTIE | CHANGER DE MODELE
Réformes préconisées
Quatre actions sont à mener conjointement :
► développer les lieux d’accueil uniques. Il s’agit de mettre en place un seul lieu pour tous
les services publics offerts aussi bien par l’État, les collectivités territoriales et les opérateurs,
afin que l’usager n’ait plus à se déplacer plusieurs fois. C’est la traduction physique du
principe « Dites-le nous une fois » en quelque sorte. Il faut améliorer le maillage territorial
actuel, sur le principe d’une grande modularité pour s’adapter aux spécificités des territoires.
Le guichet de premier niveau doit pouvoir apporter une assistance pour l’ensemble des
services publics. L’axe de développement pour ces structures mutualisées repose
principalement sur l’enrichissement du niveau d’information et d’accompagnement des
usagers. Cela passe par plusieurs leviers complémentaires : polyvalence des agents, mise
en place de référents uniques, utilisation d’agents conversationnels (ou chatbot), y compris
sous la forme de robots physiques, pour assurer une partie de l’accueil de premier niveau,
9
sur des plages horaires plus étendues ;
► concevoir de nouvelles offres de service mutualisées. Les « MSAP de nouvelle
génération » devront aller au-delà de la simple orientation, à travers une offre élargie : accès
aux services publics (offres d’emploi, sites Internet CAF, assurance maladie,…), prise de
rendez-vous, médiation numérique (visio-conférence avec un conseiller, conseils en
rénovation thermique,…), solution de mobilité (réservation de billets,…), formation (rédiger
un CV,…), accès aux soins, etc. ;
► développer les échanges de données entre les services concernés. Pour permettre
d’aller au-delà de la simple orientation, il est nécessaire que les agents présents dans ces
nouvelles structures disposent de l’information nécessaire et aient donc accès aux données
de l’ensemble des services qu’elles couvrent.
► projeter de nouveaux services, plus spécialisés, pour améliorer l’offre dans les
territoires mal desservis. Cela peut conduire à assurer, sur certaines plages horaires, des
rendez-vous avec des agents spécialisés pour traiter les dossiers compliqués, les
consultations juridiques,… Par exemple, la télémédecine permettra, demain, si elle est bien
organisée par les pouvoirs publics, de consulter des médecins spécialistes exerçant dans de
grandes métropoles depuis des zones plus rurales.
En conclusion, nous proposons de dessiner un nouveau modèle en rupture avec les modes de
fonctionnement existants, et mobilisant l’ensemble de ces leviers. Nous préconisons qu’il soit
expérimenté rapidement, par quelques administrations ou opérateurs pilotes, afin de pouvoir en
tester et mesurer les bénéfices attendus.
9
On estime que d’ici 10 ans la part des agents conversationnels dans les services client s’établira à 50 % (données
CapGemini)
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Les propositions précédentes permettent de présentées dans les pages suivantes. Le Comité
transformer le cœur de l’action publique. Elles a souhaité concentrer sa réflexion sur un
sont pour nous le préalable indispensable à la nombre limité de réformes : celles-ci répondent
conduite des projets de réforme, à leur mise en en effet à des attentes fortes des Français en
œuvre dans la durée et à la création d’une termes d’amélioration du service public, et elles
dynamique de transformation et d’amélioration permettent de conjuguer amélioration du service
continue pérenne. Elles rendent aussi possibles rendu et réduction de la dépense publique.
les différentes réformes sectorielles, qui sont
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
PROPOSITION 5 |
Constats
Notre système de santé présente de que celui de ses principaux voisins
nombreuses forces mais aussi des européens, (la dépense publique de santé
faiblesses dans certains domaines (mortalité est supérieure de 1,3 point de PIB par
infantile et mortalité précoce évitables des rapport à la moyenne européenne) et les
adultes par exemple). Il répond surtout leviers que nous avons utilisés pour contenir
insuffisamment à l’évolution des besoins des les dépenses commencent à montrer leurs
usagers et des territoires : très axé sur limites.
l’hôpital, cloisonné entre la médecine de ville
et l’hôpital, avec des modes de régulation Enfin, la santé et le soin en général font
peu souples, il ne permet pas de corriger partie des secteurs pour lesquels la
suffisamment les inégalités sociales et révolution numérique apporte un vaste
territoriales de santé, ni de répondre aux champ d’opportunités. Un véritable virage
enjeux que sont le vieillissement de la numérique en santé mis en œuvre à grande
population et le développement des échelle et de manière coordonnée serait
maladies chroniques. Les symptômes de porteur de bénéfices nombreux et
ces difficultés sont connus : délais d’attente, documentés, à la fois en matière
engorgement des urgences des hôpitaux à d’amélioration de l’espérance de vie en
défaut de solutions de proximité en matière bonne santé, de qualité de service aux
de soins primaires et d’urgence, usagers et de capacité à fournir un soin
renoncement aux soins, et épuisement des pertinent au plus près du patient, ou encore
professionnels concernés. de pilotage de l’offre et de maîtrise des
dépenses. La France dispose pour cela
Paradoxalement, si l’évolution des dépenses d’une filière « health tech » dynamique qui
est mieux maîtrisée depuis quelques ne demande qu’à croître.
années, notre système reste plus coûteux
Objectifs
Face à ces enjeux il faut engager une transformation structurelle de notre système de santé, qui
remettra le patient au cœur du système, avec les principes d’intervention suivants :
► sortir du fonctionnement cloisonné et faire tomber les barrières entre la médecine de ville,
l’hôpital, le domicile, le médico-social, pour faire en sorte que les patients bénéficient
d’une prise en charge coordonnée entre les différents acteurs et donc plus efficiente et
moins coûteuse ;
50
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
► rapprocher le soin du patient, rééquilibrer l’offre de soins sur le territoire et offrir une
médecine personnalisée ;
► évaluer de façon permanente le système de santé, pour permettre une information
précise des patients et un meilleur pilotage des politiques de santé ;
► redonner des marges de manœuvre au niveau local et permettre aux établissements et à
leurs responsables de répondre aux défis constants d’adaptation du système de santé.
Cette transformation doit permettre de transmettre un système de santé solide et performant aux
générations futures.
Réformes préconisées
Pour atteindre ces objectifs, le Comité propose deux réformes structurantes :
► mieux répartir et graduer de l’offre de soins sur les territoires, c’est-à-dire les
différentes solutions offertes aux patients pour se soigner, en insistant sur l’offre
de des soins primaires, pour que les patients aient moins besoin d’aller à l’hôpital,
notamment aux urgences. Pour cela, nous préconisons de :
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
10
De 4,8 % par an, un rythme deux fois plus rapide que la croissance de l'ensemble des remboursements de soins.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Impacts attendus
L’ensemble de ces réformes devrait améliorer la qualité de notre système de santé et le service
rendu aux patients. Nous pourrons le mesurer grâce à trois résultats clé:
Ces réformes permettront d’améliorer les conditions de travail des personnels grâce au
désengorgement de l’hôpital et au rééquilibrage avec la médecine de ville et donc de répondre au
maise actuel. Ces réformes devraient enfin permettre de rendre le système de santé plus
efficient, en générerant plus de 5 Mds€ d’économies.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
PROPOSITION 6 |
Constats
La population française vieillit. La part des Or, les moyens consacrés à la prévention ne
plus de 80 ans dans la population devrait représentent qu’une infime partie des
passer de 5 % en 2010 à 11 % en 2060. Ce dépenses engagées : un peu plus de
mouvement se traduit mécaniquement par 500 M€ sur les 22,2 Md€ en 2016.
une augmentation de la population âgée en
perte d’autonomie. Cela génère une hausse Par ailleurs, pour les personnes âgées
régulière des dépenses publiques qui y sont concernées par la dépendance lourde, l’offre
liées (22,2 Md€ en 2016). D’ici 2060, ces d’hébergement spécialisé est mal répartie
dépenses pourraient doubler d’après les sur le territoire et ces structures spécialisées
projections démographiques. Ainsi, ce souffrent d’un déficit récurrent de moyens.
domaine représente 1,1 % du PIB
Enfin, il existe des inégalités tarifaires d’un
aujourd’hui et pourrait se situer entre 1,85 %
département à l’autre. Le paysage des
et 2,25 % du PIB en 2060. Par ailleurs, la
établissements se caractérise par une
perte d’autonomie est ce qui effraie le plus
11 grande diversité des structures et des
les Français face à la vieillesse .
modèles de financement, ce qui entraîne
Retarder la perte d’autonomie par des des problèmes d’équité entre les usagers
actions de prévention représente donc un face au coût que représente la prise en
enjeu considérable pour la qualité de vie des charge de la dépendance.
personnes âgées comme pour les finances
publiques.
11
56 % d’entre eux d’après un sondage Ipsos de 2010 ;
29 % pour le manque d’argent qui est le second facteur
d’inquiétude.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Objectifs
La prévention de la perte d’autonomie constitue une priorité et doit permettre d’aider les
personnes âgées à continuer à vivre chez elles aussi longtemps que possible. Cette politique de
prévention doit permettre de :
Parallèlement, l’offre pour les personnes âgées dont la dépendance nécessite un hébergement
spécifique doit être améliorée sur l’ensemble du territoire. Il faut notamment simplifier les
mécanismes de financement, de gouvernance et de régulation de l’offre et améliorer les
conditions de prise en charge des personnes âgées (meilleur accueil, meilleure prise en compte
de leurs besoins, …).
Réformes préconisées
Pour atteindre ces objectifs, le Comité propose quatre axes de transformation :
12
Voir notamment « Personnes âgées dépendantes : les dépenses de prise en charge pourraient doubler en part de PIB
d’ici à 2060 », Etudes et résultats n°1032, DREES ? octobre 2017.
55
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
► faire en sorte que le passage à l’hôpital ne soit pas un facteur de perte d’autonomie
ou d’aggravation de la perte d’autonomie pour les personnes âgées. Cela passe
par les leviers suivants :
mieux coordonner les interventions des acteurs du système de santé pour éviter
les hospitalisations ou en réduire la durée. Cela passe par la généralisation des
structures de coordination ville – hôpital, par le développement des missions
d’appui des établissements de santé auprès des médecins de ville et des
établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD)
(notamment pour la mise en place de permanences téléphoniques assurées par
un gériatre pour conseiller les médecins généralistes sur des cas complexes) et
par le développement des astreintes infirmières la nuit en EHPAD ;
revaloriser la dimension gériatrique des établissements publics avec un travail
sur leur culture et leur organisation et reconnaître l’action des personnels et des
structures qui agissent pour prévenir la perte d’autonomie ou sa dégradation ;
organiser la sortie d’hôpital pour prévenir toute perte d’autonomie (en
développant la coordination avec les autres structures pour éviter toute rupture
de la prise en charge, en organisant un accompagnement du retour à domicile
par un soignant …) ;
Impacts attendus
Ces réformes amélioreront l’espérance de vie en bonne santé ou l’espérance de vie sans
incapacité. Leur bonne exécution pourra notamment se mesurer à l’effort fait en matière de
prévention qui, seul, permettra de générer une diminution de la dépense publique que l’on peut
évaluer à 300 M€.
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TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
PROPOSITION 7 |
Constats
En dépit des moyens investis ces dernières Pour les personnes en situation de handicap
années pour le soutien aux personnes pour lesquelles un accueil spécialisé doit
handicapées – plus de 40 Md€ en 2015 –, le être envisagé, l’offre est insuffisante et
« service public du handicap » cristallise les inégalement répartie sur le territoire.
insatisfactions des usagers : inégalités de
traitement sur le territoire, accès aux droits Enfin, malgré les nombreuses avancées en
et services longs, complexes et peu lisibles, matière d’éducation permises par la loi du
complexité administrative avec des 11 février 2005 pour l’égalité des droits et
structures qui dépendent de l’État d’un côté des chances, les freins à l’inclusion scolaire
et des départements de l’autre, absence de restent nombreux (disponibilités dans des
coordination du parcours de l’usager classes spécialisées, possibilité de recourir
contraignant les personnes concernées et à des personnels d’encadrement…) et sont
leurs proches à de véritables « parcours du sources d’incertitudes pour les familles, et
combattant » et à une « justification de ruptures de parcours pour les personnes.
permanente », qualité de service des
maisons départementales pour les
13
personnes handicapées jugée faible .
13
Ce constat et une partie des propositions sont issus
de la mission confiée à Adrien Taquet et Jean-François
Serres en novembre 2017, pour simplifier le parcours
administratif des personnes en situation de handicap
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Objectifs
L’objectif est de faciliter la vie quotidienne des personnes en situation de handicap et de leurs
proches, de garantir l’homogénéité et l’effectivité des droits sur le territoire, de favoriser l’inclusion
et l’insertion éducative, de concevoir une offre de prise en charge plus innovante et graduée et de
mieux réguler l’offre d’accueil spécialisée lorsqu’elle est nécessaire, pour offrir à chacun une
place adaptée.
Réformes préconisées
Pour atteindre ces objectifs, nous préconisons les réformes suivantes :
► renforcer le rôle de l’État pour garantir l’égalité d’accès aux droits et aux services
dédiés aux personnes en situation de handicap sur le territoire. Concrètement cela
consiste à :
renforcer le rôle de coordonnateur de la caisse nationale de solidarité pour
l’autonomie (CNSA) vis-à-vis des maisons départementales des personnes
handicapées (MDPH) qui aujourd’hui dépendent des conseils départementaux ;
standardiser les processus appliqués dans toutes les MDPH, en s’appuyant
notamment sur un système d’information commun et des référentiels, pour
renforcer l’égalité de traitement au niveau territorial ;
harmoniser les décisions des commissions spécialisées. Au sein de la maison
départementale des personnes handicapées (MDPH), la commission des droits
et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) prend les décisions
relatives à l’ensemble des droits de la personne handicapée, sur la base de
l’évaluation réalisée par l’équipe pluridisciplinaire et du plan de compensation
proposé. Cette commission est notamment compétente pour apprécier le taux
d’incapacité de la personne handicapée, attribuer la prestation de compensation,
reconnaître la qualité de travailleur handicapé ou encore se prononcer sur les
mesures facilitant l’insertion scolaire, etc. Notre proposition vise à unifier les
décisions pour éviter les inégalités territoriales ;
faire en sorte que les droits accordés par une MDPH soient valables dans un
autre département durant 12 mois en cas de déménagement, pour faciliter la
mobilité des personnes en situation de handicap et éviter les carences ;
59
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
► faciliter le maintien dans la vie professionnelle des parents d’un enfant en situation
de handicap :
développer des solutions pour la petite enfance et la garde d’enfants en situation
de handicap : places réservées dans les crèches, mécanismes de compensation
pour les assistantes maternelles agréées, formation des professionnels de la
petite enfance, crèches spécialisées, avantage pour les entreprises de garde
d’enfants qui proposent des services pour les enfants handicapés… ;
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Impacts attendus
Les mesures que nous préconisons doivent améliorer la vie quotidienne des personnes en
situation de handicap et de leurs aidants, en particulier en simplifiant leurs relations avec
l’administration.
Elles doivent se traduire par une augmentation significative du taux de satisfaction des
usagers concernés. La simplification des dispositifs doit pouvoir se traduire concrètement par la
baisse du nombre de pages transmises chaque année aux services publics (essentiellement
dossier MDPH avec tous ses justificatifs).
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
PROPOSITION 8 |
Constats
L’école constitue le ciment de la cohésion Face à ces enjeux, les constats sur les
nationale, la promesse de l’égalité des performances de notre système éducatif
chances et le socle de la méritocratie sont décevants : au sein de l’OCDE, la
républicaine. La République s’est construite France est le pays où la situation sociale
par l’école, autour de ces enseignants qui des parents détermine le plus les résultats
ont cru en leurs élèves et qui leur ont donné scolaires de leurs enfants. Les résultats
les clés pour réussir. Dans un contexte en éducatifs de la France aux grandes
forte évolution, comment l’école peut-elle enquêtes internationales ne sont que dans
continuer à faire vivre et partager les valeurs la moyenne, alors que l’engagement et la
de la République et faire réussir tous les
mobilisation des enseignants n’ont pas faibli
enfants ?
et que leurs efforts sont considérables.
Les évolutions de notre économie et de
notre société font peser de fortes attentes
sur notre école et notre système éducatif.
Elle doit répondre à de nouveaux enjeux :
donner aux enfants puis aux jeunes les
connaissances et les compétences
nécessaires pour trouver leur place dans la
société et aborder sereinement le marché du
travail, dans un monde connaissant de
fortes mutations (révolution numérique,
mondialisation de plus en plus complexe,
évolution du cadre de vie, etc.).
Objectifs
La rénovation de notre système éducatif doit permettre d’améliorer les résultats des élèves, en
mettant un accent fort sur la réduction des inégalités. Notre objectif, au-delà des résultats, est de
restaurer la confiance des parents dans le système éducatif français et de répondre de manière
plus adaptée aux besoins des territoires.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Pour cela, notre ambition est de mobiliser tous les acteurs de l’éducation en :
Réformes préconisées
Pour atteindre ces objectifs, nous proposons de rénover notre système éducatif autour de
principes ambitieux : une plus grande transparence sur les performances en tenant compte des
contextes propres à chaque environnement ; une confiance plus grande faite à l’administration
déconcentrée du ministère de l’Éducation nationale et aux responsables d’établissements pour
que les décisions puissent être prises au plus près des réalités du terrain ; un meilleur
accompagnement des enseignants tout au long de leur carrière.
Ces principes guident la proposition des réformes suivantes :
14
renforcer le rôle de l’échelon départemental pour qu’il décline à son niveau les
orientations régionales (stratégie d’animation pédagogique, accompagnement
des établissements…) et mettre en place une gestion des carrières des
enseignants ;
développer une fonction ressources humaines, mise en œuvre jusqu’au niveau
départemental, pour accompagner les personnels des établissements. Cela
permettrait notamment d’accompagner les personnels avant que les difficultés ne
surgissent mais également d’ouvrir les enseignants vers d’autres environnements
professionnels, etc. ;
► revoir la formation des enseignants afin qu’elle favorise l’exercice du métier mais
aussi les mobilités professionnelles et la diversité des carrières :
la formation initiale doit être revue selon plusieurs modalités : tout d’abord le
moment du concours pourrait intervenir dès la fin du cycle de licence, afin de
consacrer les deux années de master à une formation en alternance dans
laquelle la pratique mais aussi la réflexion autour des pratiques pédagogiques
occupent une place de choix ; ensuite les pré-recrutements pourraient être
développés. Les étudiants s’engageraient tôt dans leur cursus à devenir
enseignant et pourraient ainsi bénéficier rapidement d’une première insertion
dans le monde professionnel, avant de passer les concours ; enfin une
évaluation objective et impartiale des écoles supérieures du professorat et de
l’éducation (ESPE) doit être menée et pourrait donner lieu à une accréditation
professionnelle ainsi qu’une réflexion sur le recrutement des personnels des
ESPE et leur lien avec l’université ;
la formation continue doit elle aussi être repensée, en rendant certaines
formations obligatoires, en laissant le choix aux enseignants pour les autres et en
effectuant les formations en dehors des heures de cours tout en les valorisant
pour que les enseignants qui s’y rendent. En effet, le fait que les formations aient
lieu durant les heures passées devant les élèves constitue un frein à l’accès à la
formation et une augmentation du coût lorsque les remplacements sont
obligatoires (dans le cas du primaire uniquement). La proposition est donc
d’intégrer un temps réservé à la formation, de 3 à 5 jours, pleinement intégrée
aux obligations réglementaires de service avec sa valorisation. Contrepartie
indispensable au caractère contraignant des formations, il convient
d’améliorer la qualité des formations offertes et ouvrir davantage la
formation des enseignants, notamment par la recherche. Les formations
gagneraient notamment à développer les nouvelles pratiques d’enseignement,
laissant davantage de place à l’interaction entre élèves et professeurs, et moins à
la transmission de contenus sous une forme descendante. Une distinction doit
cependant être opérée entre les niveaux primaire et secondaire. Dans le
primaire, le temps réservé à la formation existe d’ores et déjà mais devrait être
15
renforcé . Dans le secondaire, ce temps devrait être instauré. En effet, bien que
les obligations de service des enseignants du secondaire ne se réduisent pas au
16
service d’enseignement devant les élèves , aucune obligation spécifique de
14
Direction d’académie des services de l’éducation nationale
15
Les textes prévoient 18 heures annualisées dédiées à l’animation et aux actions de formation continue, dont au moins
la moitié consacrée à cette dernière, la formation pouvant être réalisée à distance (décret n°2008-775 du 30 juillet 2008,
tel que commenté par la circulaire n°2013-019 du 4 février 2013).
16
Les décrets n°2014-940 et 2014-941 du 20 août 2014 ; la circulaire n°2015-057 du 29 avril 2015.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
formation n’y est intégrée, hors celle prévue par le droit commun de la fonction
17
publique ;
► utiliser le numérique pour améliorer la qualité de l’enseignement. Le numérique
contribue directement à la part d’individualisation indispensable dans les méthodes
d’apprentissage. Par exemple, on peut utiliser les supports digitaux pour les exercices qui
nécessitent une répétition dès l’école primaire, ou encore, renforcer l’enseignement des
langues au secondaire et au-delà. Le numérique constitue une solution temporaire pour
assurer des formations de remplacement en cas d’absence d’un enseignant dans le
secondaire par exemple. Il constitue également une piste prometteuse pour améliorer
l'accessibilité du service public de l'éducation, à la fois pour les élèves ou les enseignants
en situation de handicap. Un préalable est d’anticiper la transformation des métiers
(mixité physique et digital, personnalisation,…) et de former les enseignants au
numérique pour leur permettre d’en saisir les avantages et les limites ;
► clarifier les responsabilités des différentes collectivités territoriales afin d’assurer
une plus grande équité sur le territoire. Au niveau maternel et élémentaire, nous
préconisons de transférer les compétences scolaires et périscolaires au niveau
intercommunal, afin d’assurer une meilleure péréquation et une plus grande équité dans
la répartition des moyens sur le territoire. Pour les collèges, compte tenu des très forts
écarts des dépenses actuelles par élève d’un département à l’autre, il faudra mener une
étude pour comprendre pourquoi ces coûts varient autant et quel est l’effet sur les élèves.
En s’appuyant sur les résultats de cette étude, il faudra choisir le meilleur niveau
territorial de gestion des collèges (intercommunalité, départements ou régions) ;
► augmenter le temps d’enseignement des enseignants du secondaire actuels avec un
recours à deux heures supplémentaires, ce qui conduira à améliorer leurs
rémunérations, et créer pour cela un nouveau corps d’enseignants qui pourrait se
substituer progressivement à celui de professeur certifié. Pour ce nouveau corps, que les
enseignants pourraient rejoindre sur la base du volontariat, le temps d’enseignement
serait supérieur à celui des professeurs certifiés mais la rémunération serait également
supérieure. Par ailleurs, on pourrait leur proposer des dynamiques de carrière plus
intéressantes. Ce corps serait soumis à des obligations supplémentaires (bivalence,
annualisation d’une partie du temps d’enseignement, obligation de remplacement dans
l’intérêt du service) qui offriraient plus de souplesse aux chefs d’établissement.
Impacts attendus
Au final, l’impact de ces réformes doit pouvoir se mesurer simplement, d’une part par
l’amélioration du classement sur tous les indicateurs PISA (Programme for International Student
Assessment), établi tous les trois ans par l’OCDE, et, d’autre part, par la réduction des inégalités
scolaires. Cela ne passe pas par l’attribution de ressources supplémentaires – le Comité ayant
d’ailleurs identifié 300 M€ d’économies dans ce domaine.
17
Le décret 2007-1470 du 15 octobre 2007, applicable à tous les fonctionnaires de l’État, dispose ainsi en son article 7
que « Les fonctionnaires peuvent être tenus, dans l'intérêt du service, de suivre des actions de formation continue
prévues au 2° de l'article 1er »
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
PROPOSITION 9 |
Constats
L’enseignement supérieur est aujourd’hui Par ailleurs, la dépense par étudiant, en
confronté à un double défi : baisse sur les dernières années (- 8 % entre
2013 et 2016 pour les universités), se situe
► un défi quantitatif, avec l’arrivée de au niveau de la moyenne de l’OCDE,
générations plus nombreuses et la inférieure à certains grands pays
progression de la durée des études. 19
développés . Elle pourrait être optimisée
L’objectif est de former tous les bacheliers par une réduction de l’échec, liée à une
qui souhaitent poursuivre leurs études. En meilleure orientation et par une
2022, l’enseignement supérieur devrait modernisation des méthodes pédagogiques.
compter 204 000 étudiants de plus qu’en
Enfin, le système actuel de subventions de
2017 (pour 2,6 millions d’étudiants à la
18 la recherche et de l’enseignement supérieur
rentrée 2017) . De plus, le pic des
n’est pas suffisamment incitatif. En effet, les
naissances de l’an 2000 conduira à un afflux
subventions publiques constituent
d’étudiants à la rentrée prochaine : 56 600
aujourd’hui trois quarts des ressources des
étudiants en plus sont attendus, dont 28 300
universités et des organismes de recherche.
nouveaux inscrits supplémentaires. L’arrivée
Or, l’attribution de ces subventions n’est pas
massive d’étudiants dès la rentrée 2018
conditionnée à la performance, à l’atteinte
constitue un risque important sur la qualité
d’objectifs ou de résultats.
de leur accueil dans l’enseignement
supérieur, d’autant plus que les moyens
prévus paraissent très en deçà des besoins
estimés ;
► un défi qualitatif : dans la
promotion 2011, 61 % des étudiants n’ont
pas réussi leur licence en quatre ans et
environ 1/5ème des étudiants sortent de
l’enseignement supérieur sans diplôme. Les
compétences acquises sont parfois
inadaptées au marché du travail, alors
même qu’elles sont cruciales, notamment
pour ce qui concerne les compétences de
pointe.
19
Le coût moyen d’un étudiant est variable selon les
filières, notamment entre un élève en licence et en
18
Source MESRI. classe préparatoire
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Objectifs
L’ambition est d’améliorer le taux de réussite à l’université et l’accès à l’emploi en sortie d’études.
Réformes préconisées
L’atteinte de ces objectifs passe notamment par un nouveau pilotage des universités, qui les
responsabilise davantage avec une contractualisation autour d’objectifs plus clairs, portant sur la
qualité de l’enseignement, la réussite universitaire des étudiants et sur leur insertion
professionnelle. Cela passe également par une régulation de l’offre de formation afin qu’elle soit
en adéquation avec les besoins du marché du travail. Pour atteindre ces objectifs, nous
proposons de :
67
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Impacts attendus
Ces réformes permettront de diminuer les sorties de l’enseignement supérieur sans diplôme
et d’améliorer ainsi l’accès des jeunes à l’emploi.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
PROPOSITION 10 |
Constats
Le service public de l’emploi français a fait Par ailleurs, le bilan de la création de Pôle
l’objet de profondes réformes depuis 10 ans, Emploi est contrasté. Si ses évolutions
cependant les difficultés demeurent. récentes, notamment en matière de
différenciation du service, de transformation
Il se distingue d’abord par sa complexité. digitale et d'ouverture des données,
Aux côtés de Pôle Emploi, il existe des semblent porter leurs fruits en matière de
acteurs dédiés aux publics spécifiques (Cap satisfaction usager, demeure encore la
emploi pour les personnes en situation de question de l’activation et de la mise en
handicap, missions locales pour les capacité des demandeurs d’emploi.
jeunes….) ou à vocation généraliste
(maisons de l’emploi) qui dépendent souvent Enfin, dans un contexte d’augmentation du
de financements simultanés de plusieurs chômage, le service public de l’emploi a
acteurs (État, Pôle Emploi, collectivités connu une augmentation significative de ses
locales, partenaires sociaux….). Cela induit effectifs. Les coûts de personnel ont donc
des problèmes de coordination et de fortement augmenté et sont faiblement
gouvernance des différents acteurs et nuit à flexibles pour faire face à un retournement
la lisibilité et à l’efficacité des dispositifs de la conjoncture.
d’insertion professionnelle des demandeurs
d’emploi.
Objectifs
Les pistes proposées répondent à deux objectifs majeurs : renforcer la responsabilisation des
demandeurs dans la construction de leur projet d’évolution professionnelle et rendre Pôle emploi
plus flexible, plus adaptable aux variations du chômage.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Réformes préconisées
Le Comité propose plusieurs pistes de réformes qui permettront d’atteindre ces objectifs :
► redimensionner Pôle Emploi afin que ses effectifs varient en fonction du cycle
économique et encourager le développement d’un secteur associatif et privé. Ceci
implique de :
limiter les recrutements en prévision de la baisse attendue du taux de chômage
et renégocier la convention collective de Pôle Emploi, afin de recourir plus
fortement à des contrats à durée déterminée (pour faire face à des surcroîts
temporaires d’activité) ;
ouvrir largement le marché de l’accompagnement de la recherche d’emploi et du
conseil en orientation professionnelle. Une régulation de ce secteur devrait
toutefois être assuré par une autorité indépendante ou par le ministère du travail ;
concentrer les effectifs de Pôle Emploi sur les missions régaliennes
(indemnisation et contrôle) et sur les missions d’accompagnement des
demandeurs d’emplois les moins autonomes, pour lesquelles sa valeur ajoutée
est la plus forte.
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TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Impacts attendus
L’efficacité de ces réformes pourra utilement être évaluée en mesurant régulièrement le taux de
recours au « chéquier d’évolution professionnelle » et le raccourcissement de la durée au
chômage.
Le champ de la politique de l’emploi est par ailleurs une bonne illustration des politiques
publiques qui doivent être suffisamment agiles dans leur exécution pour tenir compte de
l’évolution de la conjoncture. Ainsi, compte-tenu des hypothèses de baisse du taux de
20
chômage , il paraît utile de pouvoir ajuster les moyens consacrés et ainsi de pouvoir dégager
des économies à hauteur de 350 M€ d’économies.
20
Hypothèse de taux de chômage de 7% en 2022.
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TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
PROPOSITION 11 |
Constats
Notre pays consacre à la politique du Si le logement en France est souvent décrit
logement un niveau de dépenses publiques comme « en crise », il ne s’agit pas d’une
sensiblement supérieur à celui des autres crise globale, mais de crises extrêmement
pays de l’OCDE. Le montant alloué à la aigües dans certaines zones localisées. Il
politique du logement a, en outre, augmenté existe en effet en réalité des marchés et des
de près de 50 % en dix ans, sans lien publics très différents, qui n’appellent pas
apparent avec l’évolution de la production de une réponse homogène. En particulier, sur
logements ou de leur prix. Cette hausse un nombre limité de zones dites tendues, le
résulte à la fois de régimes d’aide plus développement d’une offre nouvelle est
limité par la rigidité de l’offre foncière. Ces
favorables, sur le plan fiscal notamment,
zones connaissent un déficit de logements,
d’une augmentation des volumes de
qui se traduit localement par une
logements aidés, et du rôle d’amortisseur
aggravation des phénomènes de
social des aides à la personne.
surpeuplement et une hausse des prix. Cela
Pourtant, les résultats de cette politique sont peut limiter la capacité des ménages à se
difficiles à mesurer. Par exemple, elle n’a loger dans le parc privé et, en conséquence,
pas permis d’enrayer la progression des à limiter la fluidité dans le parc social. Dans
taux d’effort des ménages modestes, ces zones, les propriétaires fonciers ou
notamment les locataires, alors que la immobiliers peuvent augmenter le prix de
proportion de propriétaires occupants sans vente de leurs terrains car la demande est
charge d’emprunt atteint un niveau record abondante et solvabilisée par l’aide
(38 %). publique. Ainsi, d’un côté, ils captent l’aide
publique qui se transforme pour eux en
rente et de l’autre, ils créent de l’inflation.
L’empilement des dispositifs, qu’ils visent à
soutenir l’offre ou la demande, vient alors
alimenter la hausse des prix immobiliers et
fonciers qu’ils sont censés compenser.
Par ailleurs, une autre problématique
importante porte sur la qualité des
logements : dans des collectivités petites ou
moyennes, il existe un fort enjeu de
réhabilitation des logements anciens afin de
permettre aux ménages de réinvestir ces
logements de centre urbain et de limiter
l’étalement urbain.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Objectifs
Notre ambition est d’augmenter les mises en construction, de fluidifier les parcours résidentiels en
levant les freins du marché du logement et de limiter le coût de la politique publique. Cela passe,
sur le marché privé, par une augmentation des mises en construction dans les zones tendues et
une réhabilitation des logements anciens. Sur le parc social, l’objectif est de faciliter l’accès aux
familles qui en ont vraiment besoin.
L’objectif est également de limiter le coût de la politique du logement pour l’État, en améliorant
l’efficience des dispositifs.
Réformes préconisées
Le Comité propose plusieurs pistes de réformes qui permettront d’atteindre ces objectifs :
21
Selon les chiffrages réalisés par une mission conjointe IGF/CGEDD, le relèvement du plafond à 20 000 € aurait un coût
de 80 M€ et couvrirait 80 % des propriétaires. Pour autant, il s’agit d’un coût brut hors économies générées par la
réduction des coûts de gestion et de la fraude
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
surloyer) dans le parc social proche des prix pratiqués sur le marché privé pour
les ménages bénéficiant de revenus suffisants. Ceci peut inciter les ménages à
sortir du parc social pour se loger dans le parc privé ;
favoriser la péréquation entre les bailleurs du parc social – y compris sur les
ressources supplémentaires provenant de l’augmentation des surloyers – afin de
ne pas pénaliser les bailleurs accueillant les ménages les plus modestes dans
les territoires les moins valorisés ;
► remédier aux distorsions de l’aide personnalisée au logement (APL) selon la nature
des revenus. Le Comité propose de recentrer l’APL et de mieux l’articuler avec les
autres revenus de transfert afin d’en améliorer l’équité. Cela suppose de calculer
désormais l’APL en prenant en compte, sans distinction d’origine, l’ensemble des
revenus (salaires, revenus de transfert, revenus de remplacement) à l’exception de l’AAH
(une réflexion sur l’intégration de l’APL dans l’allocation sociale unique que nous
proposons de mettre en place à terme – voir proposition n°12 – devra par ailleurs être
conduite). Cela passe aussi par le maintien de la possibilité, pour l’ensemble des
étudiants, de bénéficier des APL mais sans pouvoir se rattacher au foyer fiscal de leurs
parents ;
► normaliser l’action publique en matière de financement du parc social :
transformer les statuts de l’ensemble des bailleurs sociaux en statuts
commerciaux (pouvant comporter des sociétés publiques locales à but non
lucratif), afin de favoriser les regroupements, et les assujettir à l’impôt sur les
sociétés ;
responsabiliser les acteurs en cas de recours au soutien financier auprès de la
Caisse de garantie du logement locatif social (CGLLS), notamment avec une
mise sous tutelle possible ;
transformer le « 1 % logement » en ressource fiscale et dans le même temps
diminuer le montant qui est prélevé sur les entreprises.
Impacts attendus
Les mesures que nous préconisons doivent d’une part faire diminuer le coût de la politique
publique du logement (elles permettent d’améliorer la situation des finances publiques d’environ
3 Mds€, dont 1,4 Md€ d’économies) et, d’autre part, de la rendre plus efficace, par la
réduction du délai d’obtention d’un logement social pour les ménages éligibles et par
l’augmentation du nombre de permis de construire délivrés dans les zones tendues.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
PROPOSITION 12 |
Constats
Le système français de solidarité vise à assurer à chacun des conditions de vie dignes ainsi que
des possibilités d’insertion sociale et professionnelle.
Mais les dispositifs qui existent aujourd’hui ont été conçus progressivement pour répondre à des
besoins spécifiques, sans que l’articulation générale du système ne soit revue. De ce fait, le
système de prestations sociales est foisonnant et complexe : chaque besoin, chaque public,
mobilise une prestation particulière qui obéit à des règles d’attribution propres. L’ensemble aboutit
à des incompréhensions des bénéficiaires, à des difficultés de ciblage et à un système coûteux :
Objectifs
Notre ambition est de donner à tous les bénéficiaires potentiels un accès simple et équitable au
système de solidarité, leur permettant de mobiliser l’ensemble de leurs droits et de proposer plus
rapidement des solutions, y compris d’accompagnement, pour retrouver leur autonomie. L’objectif
est également de mieux cibler les aides vers les publics qui en ont le plus besoin. Cela permettra
de créer un système plus juste, tout en répondant mieux aux objectifs de réduction de la pauvreté
et d‘incitation au retour à l’emploi. Cela passe notamment par un accès facilité aux droits sociaux
(en s’appuyant sur la simplification des règles d’attribution, les échanges de données inter-
administrations et l’automatisation de la délivrance des prestations), par une simplification de la
relation de l’usager avec la sphère sociale (en recourant à la fois au numérique et à des guichets
réunis voire intégrés), par une amélioration de la qualité de service, de l’efficience et de la
productivité des opérateurs de protection sociale (grâce au numérique) et par un meilleur ciblage
des aides sur les publics qui en ont le plus besoin.
Réformes préconisées
Pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire de profondément transformer notre système de
protection sociale, en s’appuyant sur le numérique pour créer un système plus humain, simple et
coordonné :
► refondre l’architecture des minima sociaux en allant vers une allocation sociale
unique. Sans cette simplification, on ne pourra pas utiliser pleinement l’outil numérique ni
pour améliorer la gestion ni pour simplifier l’accès de l’usager. Cette simplification peut
s’entendre à deux niveaux :
en vision cible, la mise en place d’une « allocation sociale unique ». Cette
allocation réunirait en une seule plusieurs dispositifs existants (RSA, AAH,
ASS…). Le montant versé prendrait en compte des paramètres différenciants tels
que la situation familiale ou les besoins spécifiques de la personne (âge,
handicap…). Elle serait construite de manière à inciter au retour à l’emploi. À
22
noter que 13 départements souhaitent aujourd’hui expérimenter une telle
allocation unifiée ;
à plus courte échéance, une modernisation considérable des conditions de
délivrance des prestations sociales est possible : simplification des règles, mise
en place d’un « versement unique » des prestations, accompagnement des
publics éloignés pour favoriser le recours aux droits, harmonisation des bases
ressources et des périodes de référence pour l’ensemble des minima sociaux.
22
Ardèche, Ariège, Aude, Dordogne, Gironde, Gers, Haute-Garonne, Ille-et-Vilaine, Landes, Lot-et-Garonne, Meurthe-et-
Moselle, Nièvre et Seine-Saint-Denis.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Impacts attendus
Grâce à ces réformes de simplification et d’amélioration de l’accompagnement, le taux de non
recours aux droits devrait baisser et les bénéficiaires de minima sociaux devraient accéder
plus rapidement à un emploi. En outre, ces réformes permettent d’envisager une couverture de
100 % des salariés sur la prévoyance invalidité et incapacité de longue durée.
Les réformes proposées ouvrent également la voie à la mise en place d’une allocation sociale
unique.
PROPOSITION 13 |
Constats
La politique française de justice s’est traduite depuis quinze ans par une forte augmentation de
ses crédits et de ses emplois : son budget est passé de 4,6 Md€ en 2002 à 8,7 Md€ en 2018.
Pour autant, il persiste une forte impression d’inadéquation entre les moyens mobilisés et les
attentes des usagers. Par rapport aux autres services publics, la justice enregistre en effet un net
23
déficit d’opinion positive de la part de ses usagers .
Objectifs
Notre ambition est de faire évoluer l’organisation de la justice et de modifier substantiellement
certains de ses modes de fonctionnement, afin d’aboutir à un allègement significatif des flux de
contentieux et donc à des délais de jugement plus courts.
Réformes préconisées
La concrétisation de ces orientations passe par plusieurs pistes de réforme :
► faciliter l’accès à la justice via un plus grand recours aux outils numériques. Le
Comité propose la mise en place d’une interface numérique performante qui permette de
digitaliser les procédures et de déposer plainte en ligne. Aujourd’hui, il existe une pré-
plainte en ligne limitée à un certain nombre de délits. En cible, le dépôt de plainte en ligne
doit être élargi à un nombre plus important de délits et il doit pouvoir se faire de bout en
bout à l’aide d’une signature électronique. Par ailleurs, le Comité propose la
généralisation de l’accès numérique aux décisions de justice (open data). Cette réforme
serait conduite sous l’égide du ministère de la justice et nécessiterait naturellement
l’anonymisation des décisions. Cette augmentation de la transparence permettrait
notamment le développement de la réalisation de statistiques et de probabilités sur la
solution à un problème juridique donné ;
► développer les modes alternatifs de règlement des différends. Afin de limiter les flux
de contentieux pouvant être évités, le Comité propose d’utiliser pleinement le potentiel
23
Selon le Baromètre Paul Delouvrier de novembre 2017, le taux de satisfaction à l’égard de la justice s’établit à 60 %,
soit 11 points inférieurs à la moyenne des autres services publics.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Impacts attendus
L’ensemble de ces réformes doivent permettre d’accroitre l’efficacité de la justice et en particulier
de réduire les délais de jugement des procédures civiles.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
PROPOSITION 14 |
Constats
La surpopulation dans les maisons d’arrêts Grâce au développement de nouvelles
est avérée : le taux d’occupation des technologies, des dispositifs ont été mis en
24
prisons est de 119 % , ce qui ne permet place pour que des prévenus et des
pas la prise en charge adéquate des condamnés en fin de peine puissent réaliser
détenus ni la préparation de leur réinsertion. leur peine en dehors de la prison (bracelet
électronique). Ces solutions sont adaptées
Par ailleurs, la surpopulation retarde la aux personnes qui ne présentent pas de
réalisation des peines d’emprisonnement risques sérieux et permettent d’éviter de les
ferme prononcées par les tribunaux confronter à des milieux qui peuvent être
correctionnels. En 2016, les taux de ces criminogènes. Elles sont par ailleurs dix fois
peines en attente d’exécution s’établissaient moins coûteuses qu’une place de prison :
à 44 % à 6 mois du jugement, 39 % à 1 an une journée de détention s’élève à plus de
25
et 16 % à 2 ans . 100 €, tous types d’établissements
confondus, alors qu’une journée sous
Or, la construction de nouveaux
bracelet électronique coûte moins de
établissements pénitentiaires demande des
26 10 €. Pourtant, aujourd’hui, le suivi des
délais et des budgets importants .
bracelets électroniques, qui ne sont
majoritairement pas géolocalisés, n’est pas
assuré. Ces solutions pourraient être
27
davantage mobilisées par les juges si les
conditions de suivi et de sécurité étaient
véritablement assurées.
24
Source : Rapport d’information du Sénat pour le
redressement de la justice, n°495, M. Philippe Bas.
25
JO du 21 novembre 2017, question n°109.
26 27
La construction d’une place de prison coûte de 108 L’utilisation du bracelet électronique géo localisé est
k€ à 145 k€ et une journée de détention s’élève à 106 € très réduite (49 personnes au 1er février 2018) par
tous types d'établissements confondus. Chiffres de la rapport aux pays étrangers. Le placement sous
direction du budget à partir des données Cour des surveillance électronique -PSE- pour les condamnés est
comptes et de la direction de l’administration certes progression (10 440 personnes au 1er février
pénitentiaire. 2018) mais pourrait sans doute encore augmenter.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Objectifs
L’objectif est de créer un nouveau dispositif, l’ « arrêt domiciliaire », comprenant deux évolutions
majeures par rapport au système actuel. D’une part, il serait applicable aux prévenus, aux
condamnés en fin de peine et aux condamnés à des courtes peines, comme aujourd’hui, mais il
pourrait devenir une peine autonome. D’autre part, la sécurité serait renforcée afin d’assurer un
contrôle rigoureux des prévenus et condamnés en dehors de la prison.
La prison serait recentrée sur la prise en charge des prévenus et des condamnés qui le
nécessitent, et la mise en œuvre de toutes les peines prononcées serait facilitée.
Réformes préconisées
Pour mettre en place cette nouvelle approche nous proposons les actions suivantes :
28
« Le développement de la surveillance électronique en France et ses effets sur la récidive », Annie Kensey, René Lévy
et Abdelmalik Benaouda, Criminologie, vol. 43, n° 2, 2010, p. 153-178.
82
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Impacts attendus
Ces réformes mises en œuvre conduiront à résorber la surpopulation en maison d’arrêt à
horizon 2022, d’éviter de construire de nouveaux établissements pénitentiaires et de garantir
l’exécution de 100% des peines d’emprisonnement ferme dans les délais.
PROPOSITION 15 |
Constats
Le recouvrement des prélèvements fiscaux Le recouvrement constitue un champ
et sociaux repose aujourd’hui sur une d’application très important pour toutes les
organisation fractionnée : 250 entités potentialités offertes par le numérique. Des
interviennent pour gérer plus de réformes structurantes, dont certaines sont
600 prélèvements obligatoires. Par ailleurs, engagées, permettent de réduire le coût,
on n’exploite pas à plein potentiel le partage d’accroître l’efficacité et d’améliorer la
des données fiscales et sociales : en qualité de service rendu aux usagers :
mobilisant les données disponibles, les déclaration en ligne, prélèvement à la
démarches pourraient être moins source, déclaration sociale nominative,
chronophages et moins coûteuses pour les suppression de la taxe d’habitation. Cela
entreprises. suppose toutefois de procéder aux
investissements nécessaires dans les
Sur le plan des moyens, l’administration systèmes d’information.
fiscale a vu ses effectifs diminuer ces
dernières années, mais des marges de
manœuvre subsistent, y compris dans les
autres administrations concernées
(URSSAFF, ACOSS, AGIRC-ARRCO,
DGDDI).
Objectifs
L’objectif est de simplifier drastiquement le système de recouvrement, en réduisant le nombre de
dispositifs et de structures qui en ont la charge.
En vision cible, les acteurs économiques mettraient sur une plateforme les données économiques
et sociales et ces données seraient utilisées pour le recouvrement par un système unique,
fortement automatisé et orienté vers l’usager. Cela aurait pour effet de faire évoluer les missions
de l’État vers le contrôle, le conseil et l’accompagnement.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Réformes préconisées
Le Comité propose plusieurs pistes de réformes qui permettront d’atteindre progressivement ces
objectifs :
29
Association générale des institutions de retraite des cadres – Association pour le régime de retraite complémentaire des
salariés
30
Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Impacts attendus
La mise en œuvre de ces réformes conduira à réduire le nombre de taxes, ce qui sera
mesurable en observant le nombre supprimé chaque année.
Une telle réforme devrait permettre d’améliorer de manière très significative l’efficience du
recouvrement de l’impôt. Les travaux conduits par le Comité permettent d’estimer l’économie à
1 Md€ d’ici 2022.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
PROPOSITION 16 |
Constats
La proportion des transactions faites en d’autres moyens de paiement dès que la
espèces est plus faible en France que dans somme augmente.
d’autres pays européens. Ainsi on estime à
55 % le nombre des transactions payées en D’autre part, on estime aujourd’hui que la
espèces en France contre 89 % en Italie, 75 fraude à la TVA représente en France
% en Allemagne et environ 60 % au environ 10 Md€, une partie correspondant à
Royaume-Uni. Seuls des pays nordiques des revenus non déclarés. De même, le
comme la Suède et la Finlande ont des taux travail non déclaré représente un manque à
inférieurs. 92 % français plébiscitent la carte gagner important pour les administrations
bancaire pour les achats quotidiens. Les fiscales et sociales. En 2016, 555 M€ ont été
espèces représentent moins de 5 % du redressés par les Unions de recouvrement
montant total des transactions en valeur des cotisations de sécurités sociale et
selon des estimations convergentes. En d’allocations familiales (URSSAF). Enfin et
effet, en France, on utilise les espèces pour plus généralement, la circulation d’espèces
les petits achats ; les Français préférant favorise par ailleurs le blanchiment d’argent.
Objectifs
En supprimant progressivement la circulation d’espèces, on simplifiera les paiements,
correspondant aux modes de vie déjà préconisés par les Français, tout en permettant une lutte
plus efficace contre la fraude et le grand banditisme.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Réformes préconisées
Pour cela, nous proposons d’aller progressivement vers une société sans espèces, à l’image de
la Suède. Ce mouvement peut se faire en plusieurs étapes :
► supprimer les espèces, les chèques et les timbres pour les paiements fiscaux et
sociaux d’ici deux ans. Afin d’accompagner en particulier les publics les plus fragiles,
des solutions intermédiaires pourraient être envisagées (par exemple utilisation d’une
carte sans contact) ;
► rendre obligatoire l’acceptation des paiements dématérialisés (carte bancaire,
téléphone, virement) pour tous les achats, sans montant minimum, et développer
une application par laquelle les consommateurs pourraient aisément signaler des
difficultés ;
► réduire progressivement la circulation d’espèces vers une extinction complète. On
pourrait commencer à court terme par mettre fin à la circulation des pièces de 1 et 2
centimes, comme cela a été fait en Irlande, en Finlande et en Belgique par exemple.
Impacts attendus
La mise en œuvre de ces réformes conduira à la dématérialisation intégrale des paiements
aux administrations à horizon 2020.
Le Comité est convaincu que cette réforme est source d’économies importantes mais n’a pas été
en mesure de les chiffrer. Par ailleurs, elle devrait permettre de lutter contre la fraude fiscale et
donc d’accroître la rentrée d’impôts.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
PROPOSITION 17 |
Constats
Dessiné pour l’essentiel dans les années Il doit donc prendre le virage numérique et
31
1980 , le paysage audiovisuel a connu adapter son offre et son organisation en
depuis de profondes métamorphoses : conséquence, en recourant aux
l’abondance et l’hyperconcurrence ont investissements nécessaires, et dégager
succédé à la rareté ; la multiplication des des gains de productivité.
32
supports et des usages permise par le
numérique entraîne une convergence
progressive de la radio, de la télévision et
d’Internet vers un « média global » qui se
diffuse sur plusieurs canaux. Les Français
n’ont jamais regardé autant d’écrans, mais
le temps passé devant la télévision
n’augmente plus, voire diminue chez les
jeunes.
31
Avec la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative
à la liberté de communication.
32
Chaînes de la TNT, numériques, plateformes de
vidéos à la demande ; phénomène de convergence des
médias avec l’entrée des GAFAM (Google, Apple,
Facebook, Amazon et Microsoft) sur le marché.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
Objectifs
Les réformes proposées visent à adapter l’offre audiovisuelle publique aux nouveaux usages, en
tirant notamment toutes les conséquences de la révolution numérique. L’offre audiovisuelle
publique doit se concentrer sur ses missions essentielles : le soutien à la création et l’information.
Réformes préconisées
Cette nouvelle ambition en faveur du service public audiovisuel passe par trois réformes
majeures :
Impacts attendus
Ces réformes visent notamment à augmenter la part d’audience des médias publics. Pour en
mesurer l’efficacité, nous proposons d’évaluer le nombre de visiteurs uniques par mois sur la
nouvelle plateforme numérique du service public audiovisuel et le taux de transformation en
téléchargement et/ou streaming.
Grâce en particulier aux opportunités offertes par le numérique (en termes de création et de
diffusion notamment), une telle réforme devrait permettre par ailleurs de faire des économies
dans le fonctionnement de l’audiovisuel publique, à hauteur de 400 M€ d’économies.
90
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
TROISIÈME PARTIE | TRANSFORMER LES SERVICES PUBLICS
PROPOSITION 18 |
Constats
Toutes les réformes conduites depuis 2009 les rôles sont mal définis, des surcoûts, mais
se sont attachées à modifier les structures, aussi un malaise au sein des services de
sans réellement interroger la nature des l’Etat. Les agents de l’État qui exercent des
missions respectives de l'État et des missions pour lesquelles les responsabilités
collectivités territoriales. Or, faute d'une ont été décentralisées savent qu’ils
vision claire sur le « qui fait quoi » et, au- doublonnent les interventions des
delà, sur le « qui est le plus outillé et légitime collectivités territoriales. Ils souffrent de
pour faire quoi », les réformes sont restées cette situation car leur métier perd de son
au milieu du gué, chacun des acteurs sens et qu’ils ont subi d’importantes
s'estimant légitime à intervenir sur tout. restructurations ces dernières années sans
véritable revue des missions. Il n’est pas
Par ailleurs, les différentes vagues de acceptable, pour eux, de laisser une telle
transferts de compétences n’ont pas permis situation perdurer.
de clarifier les rôles entre l'État et les
collectivités. L’État a transféré des Enfin, cette situation dilue les
compétences aux collectivités territoriales responsabilités. En effet, comme celles-ci ne
mais l’équilibre qui naît de cette situation sont pas clairement établies, comment
n’est jamais véritablement remis en cause savoir qui est responsable des résultats –
car, malgré la réduction des moyens et des bons ou mauvais – obtenus ?
effectifs dans les services déconcentrés de
l’État, celui-ci n’abandonne jamais Enfin, l’Etat fait face à une dilution de ses
véritablement une compétence. Cela crée ressources alors même qu’il est attendu sur
des doublons et de la complexité puisque les fonctions les plus régaliennes (le
contrôle en particulier).
Objectifs
L’État doit notamment renoncer entièrement aux compétences qu’il a décentralisées. C’est
pourquoi la revue des missions doit porter sur l’ensemble des niveaux de l’État, des services
déconcentrés jusqu’aux administrations centrales.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
QUATRIÉME PARTIE | ÉVITER LES DÉPENSES PUBLIQUES INUTILES
Réformes préconisées
Pour atteindre ces objectifs, nous proposons les réformes suivantes :
► achever la décentralisation pour les compétences qui ont d'ores et déjà fait l'objet
d'un transfert mais pour lesquelles l’État intervient encore. Un travail d'inventaire doit
être entrepris, aux différents niveaux territoriaux. Le Comité a d’ores et déjà identifié les
domaines où l’État continue d’intervenir alors que les compétences ont été confiées aux
collectivités territoriales :
33
Loi pour une nouvelle organisation territoriale de la République – NOTRe
96
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
QUATRIÉME PARTIE | ÉVITER LES DÉPENSES PUBLIQUES INUTILES
34
À la fin de l’actuelle génération de contrats (2014-2020)
35
Sauf les compétences actuellement exercées par l’ANRU, l’ANAH et les dispositifs fiscaux
36
Selon les interlocuteurs rencontrés par le Comité, en IDF, 20 % des communes concentreraient 80 % des constructions
de logements neufs.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
QUATRIÉME PARTIE | ÉVITER LES DÉPENSES PUBLIQUES INUTILES
Au-delà de ces exemples identifiés, une revue des missions doit permettre d’interroger le partage
des rôles entre l’État et les collectivités territoriales et d’envisager de nouveaux transferts de
compétences, mais déterminés au cas par cas et en tenant compte des différences entre
territoires. Ainsi, plutôt que de recourir à des transferts de compétences uniformes sur tout le
territoire, nous proposons de retenir une logique de partenariat sur mesure et de procéder
37
par délégation de compétences de l’État vers les collectivités territoriales, avec des contrats de
territoire élaborés au niveau régional par le préfet de région et le président du conseil régional :
l’orientation scolaire pourrait ainsi faire l’objet d’une délégation de compétence auprès des
collectivités compétentes en matière de formation. Ces choix ne seraient donc pas imposés mais
guidés par les réalités territoriales et le contexte local. Ainsi, dans des territoires plus fragiles, la
présence de l’État pourrait être réaffirmée.
De telles réformes, qui revoient en profondeur les métiers exercés par l’État, et qui le recentrent
sur ses missions fondamentales, notamment de contrôle, auront des impacts forts sur les agents,
qu’il faut anticiper, en élaborant conjointement un plan d’accompagnement des agents très
structuré, pour proposer des formations et des reconversions mais également, éventuellement,
des mobilités géographiques. Ce plan d’accompagnement sera l’occasion de proposer à ces
agents d’exercer de nouveaux métiers qui ont du sens.
Impacts attendus
L’ensemble de ces mesures œuvrant à la suppression des doublons et à la clarification des
modalités d’intervention des acteurs simplifieront le pilotage des politiques publiques et l’accès
aux services publics pour les usagers, qui auront un interlocuteur par sujet. Elles redonneront
aussi du sens aux missions de chaque agent public contribuant au service local. Elles permettront
enfin d’améliorer le solde public d’environ 1 Md€.
37
Cette possibilité est rendue possible par l'article L. 1111-8-1 du CGCT et créée par la loi MAPTAM
98
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
QUATRIÉME PARTIE | ÉVITER LES DÉPENSES PUBLIQUES INUTILES
PROPOSITION 19 |
Constats
Au-delà des doublons entre l’État et les Dans le domaine les domaines prioritaires
collectivités territoriales, l’État et de de la sécurité publique, beaucoup de
nombreux opérateurs publics souffrent d’une progrès ont été faits ces dernières années
organisation territoriale héritée du passé et pour réorganiser les structures, renforcer
qui n’a pas été revue malgré l’évolution de la leur coordination ou favoriser la fluidité des
carte des régions ou l’évolution des échanges d’information. Pourtant, pour Paris
missions. Cette organisation, qui n’est pas et la « plaque » parisienne, dont
suffisamment rationalisée par rapport aux l’organisation se distingue du droit commun
besoins, est coûteuse et inefficace. et qui concentre de forts enjeux dans les
différents domaines prioritaires de la
Nous avons identifié plusieurs domaines
sécurité, la préfecture de police de Paris
dans lesquels l’organisation territoriale
intègre, sous l’autorité du préfet de police,
mérite d’être revue. Dans le domaine de la
l’ensemble des forces de sécurité. Ce
justice ou de l’éducation nationale,
modèle « intégré » d’organisation, qui
l’organisation territoriale n’a pas évolué alors
concentre sur un territoire le pilotage de
que le périmètre géographique des régions
l’ensemble des fonctions de la politique de
a changé.
sécurité présente d’indéniables avantages.
Les chambres de commerce et d’industrie, Néanmoins, qu’il s’agisse de renseignement,
les chambres des métiers et de l’artisanat, et de lutte contre le terrorisme ou de lutte
les chambres d’agriculture maintiennent contre l’immigration irrégulière, l’action
une organisation départementale, en plus de s’appuie nécessairement sur des
leur organisation régionale. Cela dilue les coopérations internationales multilatérales,
effectifs et diminue la capacité à agir. des contacts bilatéraux avec des pays ou
des services étrangers, sur l’analyse de
phénomènes de filières, qui transcendent les
frontières, les territoires et les organisations
administratives habituelles. Par ailleurs,
toujours dans le domaine de la sécurité,
l’implantation territoriale de la police
nationale présente des insuffisances. D’une
part, celle-ci occupe 2 200 sites, dont
environ la moitié au sein de l’agglomération
parisienne. L’état du parc est, globalement,
très insatisfaisant, notamment en région
parisienne. D’autre part, les effectifs peinent
à être concentrés dans les zones plus
difficiles.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
QUATRIÉME PARTIE | ÉVITER LES DÉPENSES PUBLIQUES INUTILES
Les incitations financières pour les Enfin, compte-tenu des évolutions attendues
personnels affectés dans ces zones du cadre d'exercice des finances locales, et
(avantage spécifique d’ancienneté, prime de au-delà de la généralisation de la
fidélisation, notamment), ou les obligations certification des comptes des établissements
pour les fonctionnaires sortis d’école publics de santé intervenue en 2017,
(obligation de servir huit ans en Ile-de- l’organisation de la fonction comptable
France lorsqu’ils y ont leur première au sein des collectivités et de certains
affectation), ne parviennent pas à limiter les établissements publics, dont ceux de la
demandes de mutation. sphère sanitaire (hôpitaux notamment)
demeure complexe et fragmentée entre
La mission de contrôle est parfois
échelons communal et intercommunal.
difficilement exercée par l’État, faute de
compétences suffisantes ou de clarté des Outre ces exemples, il apparaît que les
périmètres d’intervention des différents chefs d’équipe locaux, responsables de la
services. Dans certains cas, le partage de la mise en œuvre de la politique du
responsabilité du contrôle est peu lisible, Gouvernement, que sont les préfets ou les
donc mal perçu par les usagers, et ambassadeurs pour l’action de l’État à
chronophage. Par exemple, pour les l’étranger, ne disposent pas des marges de
contrôles en matière d’eau et de manœuvre pour véritablement adapter
biodiversité », interviennent la direction l’organisation de leurs équipes aux besoins
départementale des territoires (et de la mer) qu’ils identifient.
(DDT(M)), l’agence française de la
biodiversité (AFB), l’office national de la
chasse et de la faune sauvage (ONCFS).
Objectifs
Notre ambition est de proposer une organisation plus cohérente, moins coûteuse, plus efficace et
plus lisible pour le citoyen.
En concentrant les moyens là où ils sont nécessaires, en faisant coïncider les organisations des
différents ministères et des autres acteurs publics, on permet de plus grandes synergies.
Réformes préconisées
Dans les domaines spécifiques où nous avons identifié des carences, nous proposons les
réformes suivantes :
100
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
QUATRIÉME PARTIE | ÉVITER LES DÉPENSES PUBLIQUES INUTILES
Impacts attendus
Une telle réforme devrait permettre de clarifier et simplifier l’organisation de l’ensemble des
services de l’Etat sur le territoire. Elle doit permettre par ailleurs de générer des économies
substantielles qu’il est aujourd’hui difficile de chiffrer.
102
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
QUATRIÉME PARTIE | ÉVITER LES DÉPENSES PUBLIQUES INUTILES
PROPOSITION 20 |
Constats
La France dépense 2,2 points de plus que Nous avons identifié deux secteurs où les
ses voisins en interventions sectorielles aides publiques semblent particulièrement
(aides à des entreprises ou des secteurs inefficaces.
divers). Ces aides – directes ou sous forme
Pour le soutien à la transition énergétique, le
de niches sociales et fiscales – peuvent
montant de l’ensemble des dépenses de la
avoir un effet positif sur l’économie, mais il
politique nationale de l’énergie, y compris
faut s’en assurer, d’autant qu’elles peuvent
les versements aux opérateurs, s’élève à
atteindre des montants conséquents (une
16,8 Md€. Le coût pour la collectivité est
quarantaine de milliards d’euros environ).
donc très significatif. Pourtant, les choix
Or, elles ne font pas l’objet d’une évaluation
dans ce domaine sont malaisés parce qu’il
systématique et perdurent sans que leur
n’est pas évident de déterminer quelle
efficacité soit avérée. Elles sont par ailleurs
technologie soutenir. En effet, il n’y a pas de
peu lisibles pour les entreprises et fortement
consensus sur le coût de revient futur de ces
consommatrices de moyens humains
énergies.
(environ 15 000 ETP, dont près de 1 500
dans 110 agences). Dans le domaine du transport aérien, il
existe un très grand nombre de petits
aéroports qui ont besoin de subventions
d’exploitation pour être pérennes
économiquement. On peut s’interroger sur la
nécessité de maintenir les niveaux actuels
de soutien pour l’ensemble de ces petits
aéroports.
Objectifs
Les réformes que nous proposons visent à s’assurer que les mesures de soutien public à une
entreprise ou un secteur répondent clairement à l’un des besoins suivants : combler des
défaillances de marché ; encourager des activités créatrices d’externalités positives pour
l’ensemble de l’économie. Si leur impact n’est plus bénéfique pour la société, il faut y mettre un
terme. Il faut donc les évaluer au moment de leur création et revoir leur impact tous les cinq ans
pour s’assurer que l’intervention publique est toujours justifiée. Cette durée doit permettre au
dispositif de se mettre en place et donc de porter ses fruits sans pour autant le figer trop
durablement.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
QUATRIÉME PARTIE | ÉVITER LES DÉPENSES PUBLIQUES INUTILES
Réformes préconisées
De manière générale, nous appelons à limiter l’intervention publique en matière d’aides et de
niches fiscales et sociales à celles qui démontrent leur efficacité :
► en supprimant des dispositifs peu efficaces, notamment au regard de leur coût pour
les finances publiques (certaines aides sociales et fiscales zonées ; certaines
exonérations sociales ; certains taux réduits de TVA ; certaines aides à l’innovation).
Symétriquement, il conviendra également de supprimer certaines petites taxes qui
peuvent créer des distorsions entre les secteurs et dont le rendement est très faible au
regard du coût de perception et de l’impact négatif sur l’économie ;
► en introduisant un principe législatif selon lequel les aides sont supprimées si elles
ne font pas l’objet d’une évaluation indépendante probante ;
Sur la transition énergétique, la réforme propose de s’assurer que les moyens publics sont
employés à bon escient et au plus juste prix :
► recourir davantage aux appels d’offre pour obtenir des tarifs en baisse sur les
technologies les plus matures (solaire, éolien terrestre), tout en assurant la nécessaire
visibilité des engagements pour les producteurs. Dans le domaine de l’éolien offshore
dont les contrats ont été conclus à des tarifs très supérieurs à ceux pratiqués aujourd’hui,
il faut engager au cas par cas des renégociations tarifaires pour limiter le coût de cette
solution énergétique ;
► harmoniser l'ensemble des aides à la transition énergétique qui soutiennent
différents travaux de rénovation énergétiques (certificats d’économie d’énergie et crédit
d’impôt pour la transition énergétique notamment) et mieux les cibler sur les travaux les
plus efficients pour aller vers un dispositif unique plus simple ;
► supprimer le taux réduit de TVA sur les travaux de rénovation thermique et le faire
passer au taux intermédiaire ;
► aider les collectivités territoriales à s’assurer que leurs projets de soutien aux énergies
renouvelables sont techniquement réalistes et rentables. Cette rentabilité doit être
évaluée d’un point de vue économique mais également social.
► supprimer la péréquation de la taxe d’aéroports, sauf pour les aéroports dont la desserte
est nécessaire à l’aménagement du territoire ;
► pour les aéroports accueillant moins de 700 000 passagers par an, instituer un rapport
triennal qui devrait analyser l’ensemble des coûts pour la collectivité.
104
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
QUATRIÉME PARTIE | ÉVITER LES DÉPENSES PUBLIQUES INUTILES
Impacts attendus
Ces mesures permettront d’améliorer le solde public de plus de 5 Mds€, tenant à des économies
budgétaires (1 Md€) et à des recettes fiscales nouvelles (7 Mds€), issues notamment de la
suppression de certaines niches, celles-ci étant en partie utilisées pour financer la suppression
des petites taxes (3 Mds€).
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
QUATRIÉME PARTIE | ÉVITER LES DÉPENSES PUBLIQUES INUTILES
PROPOSITION 21|
Constats
L’achat public fait l’objet d’une attention passer en trois ans de 500 à 700 M€ par an
régulière, d’une part pour l’égalité d’accès à sur l’ensemble du périmètre de l’État, des
la commande publique, mais également organismes et établissements publics
pour une question de coûts : bien acheter représentant environ 26 Mds€ hors défense
permet d’acheter moins cher. C’est dans et sécurité. Il n’en reste pas moins que notre
cette optique qu’a été créé en 2009 le Comité a identifié des secteurs où l’achat
service des achats de l’État (SAE), n’était pas encore rationalisé et où une
transformé depuis 2016 en direction des mutualisation permettrait des économies.
achats de l’Etat (DAE) pour
professionnaliser la filière achat de l’État. Au-delà de l’achat lui-même, il faut réfléchir
à la manière de conduire au mieux la
Plusieurs réformes des achats de l’État ont mission de service public pour la remplir au
été menées avec l’objectif d’en baisser le meilleur prix. Dans le cadre de nos travaux,
coût, tout en améliorant la qualité des nous avons établi des activités non
achats. Ainsi, l'objectif visé par la réforme de stratégiques qui pourraient être mises en
2016 était d'amplifier les économies œuvre à moindre coût en le confiant au
réalisées chaque année en les faisant secteur privé.
Objectifs
Les administrations doivent s’assurer qu’elles ne peuvent pas remplir leur mission à moindre
coût, en mutualisant leurs achats, en externalisant une partie des leurs tâches, en achetant sur
étagère, etc …
Ce principe sera plus facile à appliquer dans un contexte où les managers auront plus
d’autonomie et seront intéressés aux économies : en effet, si ceux-ci peuvent profiter des
économies qu’ils génèrent, ils intégreront plus volontiers des démarches d’optimisation des coûts.
106
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
QUATRIÉME PARTIE | ÉVITER LES DÉPENSES PUBLIQUES INUTILES
Réformes préconisées
Les mesures d’économies que nous proposons sont d’abord de mutualiser davantage :
► accroître les efforts de mutualisation des structures d’achat, pour l’Etat, les
collectivités territoriales et les établissements publics ;
► renforcer la mutualisation des achats pour les services départementaux d’incendie et
de secours (SDIS), aujourd’hui gérés au niveau départemental. Cette organisation
conduit chaque service départemental à demander pour ses équipements, et notamment
les véhicules, des spécifications propres, ce qui renchérit les coûts d’achat et fragilise
aussi la filière industrielle : les séries moyennes produites sont ainsi de seulement trois à
cinq éléments. Il s’agit ainsi de renforcer la standardisation des équipements et
développer la mutualisation des achats d’équipements ;
► rationaliser les flottes d'hélicoptères de la sécurité civile, des services médicaux
d’urgence (SMUR), voire de la gendarmerie et les moyens dédiés au traitement des
appels d’urgence, en allant au-delà de la mutualisation de l’entretien qui a déjà été
entreprise ;
► fusionner, à terme, l’ensemble des centres de réception des appels d’urgence sur
le territoire, entre le SAMU, la police et les pompiers. En effet, aujourd’hui le traitement
des appels d’urgence fait intervenir les SAMU (le « 15 »), la police (le « 17 ») et les
pompiers (le « 18 »). Les appels à ces trois numéros sont, fréquemment, de même
nature et pour certains centres, le nombre moyen d’appels traités peut être insuffisant.
Nous proposons également de confier au secteur privé une partie des tâches réalisées
aujourd’hui par l’administration. Le choix de l’externalisation n’est pas toujours le moins cher, il
ne faut pas croire que ce soit une réponse universelle. En revanche, le secteur privé peut être
sollicité pour élargir des compétences qui lui sont déjà confiées aujourd’hui. En rationalisant le
périmètre qu’il doit traiter, on peut faire des économies d’échelle. Une meilleure définition des
cahiers des charges peut également inciter les prestataires privés à rendre des services aux
meilleurs coûts. Surtout, dans les cas que nous avons identifiés, l’externalisation décharge le
service public de ce qui n’est pas son cœur de métier. Nous avons identifiées les pistes
suivantes :
Impacts attendus
Une telle réforme devrait permettre une amélioration de la situation des finances publiques
d’environ 3 Md€ (dont 1,2 Md€ d’économies budgétaires), la moitié pouvant être réinvestie
notamment dans le champ de la Défense, pour respecter l’enveloppe prévue dans la loi de
programmation militaire.
108
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
QUATRIÉME PARTIE | ÉVITER LES DÉPENSES PUBLIQUES INUTILES
PROPOSITION 22 |
Constats
Le lien entre le service public et son coût ► transports. Les déplacements des
n’est pas toujours facile à établir et les individus et des marchandises créent des
usagers n’ont pas toujours conscience du coûts pour les pouvoirs publics : entretien
coût du service qu’ils demandent. Dans le des infrastructures de transport,
secteur marchand, le client peut choisir une investissement pour augmenter les
livraison plus rapide mais à un coût capacités d’accueil (nouvelles rames de
supérieur. Ce choix n’est pas clairement train, par exemple)… Ces déplacements
proposé à l’usager contribuable dans le engendrent également des coûts cachés
service public. Quand l’usager demande un notamment du fait de la pollution.
service spécifique, plus coûteux, ce sont les Aujourd’hui, on dispose de plusieurs choix
contribuables dans leur ensemble qui paient pour ses déplacements, qui peuvent limiter
ce service et non l’usager qui en bénéficie ces coûts cachés. Par exemple, on peut
directement. C’est le principe de choisir le covoiturage plus aisément
mutualisation par l’impôt du coût des qu’auparavant. Il n’est donc pas anormal de
services publics. Pourtant, on pourrait faire demander à ceux qui ne font pas le choix de
le choix de ne pas mutualiser entièrement réduire les coûts qu’ils engendrent pour la
certains services délivrés par la puissance société d’en prendre une plus grande partie
publique et rendre ainsi plus apparent le à leur charge ;
coût du service à l’usager. ► services consulaires. La France
offre à ses ressortissants une gamme de
Nous déclinons en particulier ce constat
services consulaires gratuits ou faiblement
dans quatre domaines :
tarifés, particulièrement étendue par rapport
► contrôles sanitaires. La aux autres Etats. Mais ce service a un coût
comparaison avec les autres membres de élevé car il repose avant tout sur une
l'Union Européenne montre que la pression présence physique forte de personnel, pour
de contrôle est bien moindre en France. partie expatrié.
Pourtant, ces contrôles sont utiles pour les ► de nombreux réseaux existent pour
consommateurs mais également pour les accompagner les entreprises (chambres de
professionnels. En effet, ils améliorent leur commerce et de l’industrie, chambres
capacité à exporter et sécurisent la filière. des métiers et de l’artisanat, Business
Or, aujourd’hui, ils sont pris en charge par le France), pour lesquels il existe des
contribuable ; prestations de services concurrentes. Cela
interroge donc le maintien de financements
publics.
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
QUATRIÉME PARTIE | ÉVITER LES DÉPENSES PUBLIQUES INUTILES
Objectifs
Revoir, dans certains domaines, le principe de financement par l’impôt du coût des services
publics en augmentant la contribution demandée aux usagers.
Dans certains domaines, rendre les coûts plus transparents peut aussi jouer sur le comportement
des usagers. Cela peut notamment les inciter à adopter des comportements plus « vertueux » ou
moins coûteux pour la société. C’est particulièrement le cas pour les transports. Si l’on fait payer
plus cher les déplacements les plus polluants, cela peut conduire certains usagers à changer
leurs modes de déplacements.
Réformes préconisées
Nous proposons d’étendre le principe de l’utilisateur/payeur dans les trois domaines identifiés de
la manière suivante :
110
Rapport du Comité Action Publique 2022 – Juin 2018
QUATRIÉME PARTIE | ÉVITER LES DÉPENSES PUBLIQUES INUTILES
Impacts attendus
Ces réformes permettent de générer plus de 2,3 Md€ d’économies dont une partie pourra être
utilisée à financer des baisses d’impôts ou une amélioration des services publics concernés (ex :
les recettes des péages urbains seront réutilisées pour financer les transports collectifs).
Conclusion
Après six mois d’auditions, de travaux et de débats au sein de notre Comité, nous sommes
convaincus qu’une transformation profonde de notre modèle de service public est à la fois
indispensable et possible. Cette transformation doit permettre d’améliorer le service rendu tout en
réalisant des économies substantielles, et de proposer aux agents publics un projet ambitieux et
mobilisateur. Et les propositions que nous formulons pour cela dessinent une voie nouvelle et
cohérente pour réinventer durablement l’action publique d’ici 2022.
C’est pourquoi nous formons le vœu que le Premier ministre et le Ministre de l’action et des
comptes publics se saisissent de ces propositions et, après la concertation qui se tiendra avec
l’ensemble des parties prenantes, puissent engager rapidement leur mise en œuvre.
Après le temps de la conception, vient ainsi celui de l’exécution. Toutes les expériences montrent
qu’il s’agit d’une étape cruciale pour la réussite des réformes. Le Comité a constaté que les
échecs des précédentes réformes tenaient à quelques limites majeures : le manque d’implication
des acteurs (à la fois les agents, les cadres et les ministères porteurs des réformes) et une
attention insuffisante à la mise en oeuvre. Ce constat l’amène à rappeler quelques principes clés
pour réussir :
► Donner du sens : Faire connaître largement aux usagers, aux agents publics et à tous les
acteurs concernés le sens et les objectifs de la transformation engagée ;
► Responsabiliser :
Impliquer pleinement les ministères dans la mise en œuvre de leurs
transformations, en les invitant à se structurer pour cela, et en regard assurer un
suivi interministériel de l’exécution des réformes, pour veiller à leur niveau
d’ambition et être en mesure de rendre compte des résultats atteints de manière
transparente ;
Donner aux cadres qui conduiront la transformation une feuille de route claire, et
les responsabiliser sur la mise en œuvre ; informer de manière continue les
agents des orientations et des modalités retenues, et mener des expérimentations
leur permettant de contribuer à la construction des solutions ; animer un dialogue
social intense dans les différentes instances sur les modalités de réalisation des
réformes ;
► Accompagner : Mettre en place les moyens pour accompagner ces projets de réformes,
en finançant les investissements initiaux nécessaires au succès (comme cela a été initié
avec le Fonds pour la transformation de l’action publique), et en particulier les formations
de l’encadrement à la conduite de projet et à la conduite du changement, ou celles des
agents aux nouvelles organisations et méthodes de travail.
À ces conditions, et à ces conditions seulement, nous avons la conviction que l’action publique
pourra, dès demain, être réinventée.
113
1
3
Annexes
116
ANNEXE 1
Lettres de mission
5
7
9
11
ANNEXE 2
21 politiques publiques
► Solidarités / Minima sociaux
► Solidarités / Handicap et dépendance
► Politique familiale
► Santé
► Emploi et formation professionnelle
► Gestion des aides aux entreprises
► Recouvrement des prélèvements obligatoires
► Logement et hébergement d’urgence
► Énergie
► Politique des transports
► Soutien à l’agriculture et la forêt
► Sécurités
► Outre-Mer
► Justice
► Défense
► Action extérieure de l’État
► Aide publique au développement
► Éducation
► Enseignement supérieur et recherche
► Culture, médias et audiovisuel public
► Sports
13
ANNEXE 3
Méthode de travail
Notre Comité, indépendant, a été chargé de mener une réflexion profonde sur les missions et les
dépenses toutes administrations publiques confondues (Etat et opérateurs, administrations de
sécurité sociale, opérateurs) sur 21 politiques publiques et de produire un rapport pour mars 2018.
► Une vision par politique publique portée par des groupes thématiques
les membres du Comité se sont répartis en cinq groupes thématiques:
Le groupe n°1 « Santé et solidarités » a couvert les politiques publiques des minima sociaux,
du handicap et de la dépendance, de la famille et de la santé ;
Le groupe n°2 « Travail, économie et finances » a couvert les politiques de l’emploi, de la
gestion des aides aux entreprises et du recouvrement des prélèvements obligatoires ;
Le groupe n°3 « Agriculture, écologie et territoires » a couvert les politiques du logement, de
l’énergie, des transports et de l’agriculture ;
Le groupe n°4 « Régalien » a couvert les politiques publiques de sécurité, de l’Outre-mer, de
la justice, de la défense, de l’action extérieure de l’Etat et de l’aide publique au
développement ;
Le groupe de travail n°5 « Enseignement, culture et sports » a couvert les politiques de
l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche, de la culture, des médias et de
l’audiovisuel public et des sports.
Le Comité est parti des précédents travaux réalisés sur les différentes politiques publiques, afin de
capitaliser sur ce qui avait été précédemment réalisé (rapports de la Cour des Comptes, rapports
des inspections générales,…). Ces modalités de travail ont reposé à la fois sur des ateliers en
groupes et sur des auditions de personnalités qualifiées. Dans certains domaines, des ateliers ont
permis d’expérimenter rapidement certaines solutions proposées, afin d’ajuster et conforter les
pistes identifiées.
► Une vision transversale portée par des groupes dédiés et les Présidents
Des groupes transverses ont permis d’alimenter le Comité en parallèle des travaux des
groupes sectoriels :
Groupe « Regard international » chargé de s’inspirer d’exemples étrangers pour faire
évoluer le modèle français ;
Groupe « Nouvelle action publique territoriale » chargé d’associer les représentants des
collectivités territoriales et des services déconcentrés de l’Etat pour améliorer les services
publics au plus près des usagers.
Les trois Présidents du Comité ont également mené des auditions de personnalités qualifiées
pouvant apporter un regard transversal sur les politiques publiques. Ils ont aussi auditionné
l’ensemble des fédérations et confédérations des organisations syndicales, afin de recueillir leur
point de vue sur l’action publique de demain.
Des points de synchronisation hebdomadaires ont eu lieu entre les Présidents et les pilotes de
chaque groupe, afin d’assurer la cohérence globale des travaux et d’évoquer des pistes
transversales.
Des séances plénières réunissant l’ensemble des membres ont été régulièrement organisées afin
de travailler sur la vision de l’action publique de demain et l’architecture du rapport final. Des visites
de services sur le terrain ont également été organisées avec les Présidents du Comité, afin que les
travaux soient en lien avec la réalité du travail des agents.
15
ANNEXE 4
Personnes auditionnées
Présidence de la République
M. Thierry Coulhon, Conseiller enseignement supérieur et recherche
Premier ministre
Mme Marguerite Cazeneuve, Conseillère technique protection sociale et comptes sociaux ●
M. Guillaume Couillard, Conseiller technique santé ● M. Laurent Martel, Conseiller fiscalité et
prélèvements obligatoires, adjointe au chef de pôle économie, finances et industrie ● Mme Marie
Reynier, Conseillère éducation ● M. Franck Von Lennep, Conseiller santé, protection sociale,
politiques sociales
Administrations de l’État
Services du Premier ministre
Ministre de l’intérieur
Préfecture du Jura
Secrétariat général
M. Philippe Coindreau, Amiral, major général des armées ● M. Patrick Destremau, Général de
corps des armées, Sous-chef performance de l’état-major des armées ● M. François Lecointre,
Général d’armée, chef d’état-major des armées
Secrétariat général
Mme Cécile Courrèges, Directrice générale ● Mme Katia Julienne, Directrice adjointe ●
Mme Marie Anne Jaquet, Sous-directrice ● Mme Sandrine Billet, Adjointe au sous-directeur
Mme Mathilde Lignot-Leloup, Directrice de la sécurité sociale ● Mme Marie Daudé, Chef de
service ● M. Morgan Delay, Sous-directeur du financement de la sécurité sociale ● M. Thomas
Wanecq, Sous-directeur du financement du système de soin ● M. Ahmed Agarbi, Chef du
bureau SI, 4ème SD ● M. Alexandre Farnault, Chef de projet ● Mme Irina Laschluk, Chargée de
mission
Mme Anne-Claire Amprou, Inspecteur des affaires sociales ● M. Pierre-Louis Bras, Inspecteur
des affaires sociales ● M. Philippe Burnel, Inspecteur général des affaires sociales, Président du
CSNS
Autres
M. Arnaud Buissé, Chef du service des politiques publiques ● M. Thomas Courbe, Directeur
général adjoint ● Mme Astrid Milsan, Secrétaire générale ● Mme Odile Renaud-Basso,
Directrice générale
Secrétariat général
Ministère du travail
M. Bruno Parent, Directeur général des finances publiques ● M. Vincent Mazauric, Directeur
général adjoint des finances publiques ● Mme Virginie Beaumeunier, Cheffe du service stratégie
pilotage budget ● M. François Tanguy, Chef du service comptable de l’Etat ● M. Bruno
Mauchauffée, Sous-directeur de la stratégie, du pilotage et du contrôle de gestion ● M. Olivier
Touvenin, Sous-directeur en charge des dépenses et des recettes de l’État et de ses opérateurs
● Mme Maryvonne Le Brignonen, Sous-directrice de la gestion fiscale des particuliers
Collectivités territoriales
Conseil départemental de Haute-Loire
Mme Valerie Kremsky, Directrice générale adjointe
Métropole de Lyon
M. Bruno Daller, Directeur de projet efficience et modernisation de l’administration ● M. Olivier
Nys, Directeur général des services
Ville de Paris
Mme Dominique Doussaud, Cellule d'évaluation, d'analyse de la performance et d'expertise -
DASES – Département de Paris
Sécurité sociale
M. Vincent Ravoux, Directeur général délégué ● M. Thierry Mathieu, Directeur de la caisse des
allocations familiales (CAF)
Établissements publics
ASIP Santé
M. Michel Gagneux, Directeur général
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ATIH
M. Housseyni Holla, Directeur
CHU
M. Philippe Vigouroux, Directeur général du CHU de Bordeaux ● M. Claude Pr. Jeandel, PUPH
CHU de Montpellier ● Pr. Fati Nourhestami, Chef du pôle gériartrie du CHU de Toulouse
Ile-de-France mobilités
M. Stéphane Beaudet, Vice-Président ● M. Laurent Probst, Directeur général
Pôle Emploi
M. Jean Bassères, Directeur général de Pôle Emploi ● M. Paul Bazin, Directeur de la stratégie et
des affaires institutionnelles
Sciences-Po
M. Bernard Coloos, professeur
Université de Lyon
M. Yves Crozet, Professeur émérite
Entreprises
Action logement
Mme Nadia Bouyer, Directrice générale de Domaxis et Pax-Progrès-Pallas
Aéroport Toulouse-Blagnac
Mme Anne-Marie Idrac, Président du conseil de surveillance
Archery Strategy Consulting
M. Stéphane Albernhe, Associé fondateur
Arte France
Mme Véronique Cayla, Présidente du directoire ● Mme Anne Duruptuy, Directrice générale
Bla-bla car
M. Frédéric Mazzella, Président directeur général de Bla-bla car
BNP Paribas
M. Jean Lemierre, Président
Bouygues Immobilier
M. François Bertière, Président directeur général
BPI France
Mme Marie Adeline-Peix, Directrice exécutive en charge des partenariats régionaux et de l’action
territoriale ● M. Arnaud Caudoux, Directeur général adjoint – finances groupes, Si et garantie
Mme Anne-Sophie De Faucigny, Directrice des relations institutionnelles et médias ● M. Nicolas
Dufourcq, Directeur général ● M. Paul François Fournier, Directeur exécutif en charge de
l’innovation ● Madame Anne Guérin, Directrice exécutive en charge du financement et du réseau
● P. Pascal Lagarde, Directeur de l’international, de la stratégie, des études et du développement
Business France
M. Christophe Lecourtier, Directeur général
Cardiologs techonologies
M. Yann Dr Flereau, Directeur général
Carians
M. Juan Suarez, Directeur général
Cegedim
M. Béranger Lekens, Chef de produit
27
Danone
Mme Emmanuelle Wargon, Directrice générale affaires publiques et communication
Direct Energie
M. Fabien Chone, Co-fondateur, délégué général
Doctolib
M. Stranislas Niox-Château, Directeur général
Epidemium, Echopen
M. Olivier De Fresnoye, Directeur général
Eurotunnel
M. Jacques Gounon, Président directeur général
France Télévision
Mme Delphine Ernotte, Présidente directrice générale
Groupe Elsan
M. Patrick Olivier, Directeur des systèmes d'information, des partenariats, de la prospective et de
la RSE
Heva
M. Alexandre Vainchtock, Directeur général
Investisseurs et partenaires (I&P)
M. Jean-Michel Severino, Président
Lifen
M. Franck Le Ouay, Directeur général
Newfund
M. Cédric Nicolas, Cofondateur de Finamatic ● M. François Veron, Investisseur, fondateur de
Newfund
Orange Healthcare
M. Rémy Choquet, Directeur de l’innovation et de la prospective
Radio France
M. Matthieu Gallet, Président
Rolland Berger
M. Laurent Bénarousse, Directeur associé sénior ● M. Alain Chagnaud, Directeur associé ●
M. Yannig Gourmelon, Directeur associé
SNCF Immobilier
M. Benoît Quignon, Directeur général
Véolia
M. Olivier Grunberg, Directeur général délégué Véolia eau France et Président de l’UNSPIC ● M.
Frédéric Van Heems, Directeur général Véolia eau France
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Organisations syndicales
Confédération française démocratique du travail (CFDT)
Mme Jocelyne Cabanal, Secrétaire nationale de la confédération ● Mme Mylène Jacquot,
Secrétaire générale de la fédération
Solidaires
Mme Gaëlle Martinez, Secrétaire nationale ● Mme Evelyne Ngo, Secrétaire nationale ●
M. Denis Turbet-Delof, Délégué général fonction publique
Autres organismes
Ares association
M. Philippe Crouzet, Président ● M. Thibault Guilly, Directeur général
Conseil d’Etat
Mme Laurence Franceschini, Conseillère d’Etat, médiatrice du cinéma ● M. Jean-Ludovic
Silicani, Conseiller d’Etat
Fondation IFRAP
Mme Agnès Verdier-Molinié, Directrice
Institut Montaigne
Mme Morgane Weill, rapporteur
Personnalités qualifiées
M. Ain Aaviksoo, Secrétaire général adjoint ● Mme Patricia Adam, Députée du Finistère ●
M. Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre ● M. Benoît Apparu, ancien ministre du logement ●
M. Jean-Noël Barrot, Député des Yvelines ● M. Jean-Pascal Beaufret, ancien Directeur général
des impôts ● M. Joseph Carles, Maire de Blagnac ● M. Michel Boyon, avocat ● M. François
Brottes, ancien député, rapporteur loi transition énergétique ● M. Jean-Marc Coffin, ancien
Directeur central du service du commissariat des armées ● M. Laurent Collet-Billon, ancien
Directeur général de l’armement ● M. Michel Dantin, Député européen, membre de la
commission agriculture et développement rural ● M. Claude Evin, avocat ● M. Denis Favier,
ancien Directeur général de la gendarmerie nationale ● M. Antoine Garapon, Juriste, magistrat
français ● M. Guillaume Garot, Député, Président du conseil national de l’alimentation, ancien
ministre délégué à l’agroalimentaire ● M. Laurent Ghekière, représentant de l’union sociale pour
l’habitat à Bruxelles ● Mme Frédérique Lahaye, Président du groupement d’intérêt public
interventions sociales ● M. Jean-Robert Lopez, Préfet, ancien Délégué interministériel à la
sécurité routière ● M. Henri Loyrette, ancien Président du Louvre ● Mme Catherine Moisan,
ancienne Directrice de l’évaluation, de la prospective et de la performance ● M. Jean-Jack
Queyranne, ancien Président du conseil régional de Rhône-Alpes ● Dr Kirstin-Ann Rutter,
Directrice associée Mc Kinsey en intérim au sein de NHS Digital ● M. Jacques Rapoport, ancien
Président de SNCF Réseau ● M. Louis Schweitzer, ancien Commissaire général à
l’investissement ● M. Pierre-Olivier Sur, Avocat pénaliste ● Pr. Guy Vallancien, professeur de
médecine ● Dr. Olivier Veran, Député ● M. Laurent Vilboeuf, ancien Directeur de la DIRECCTE
Ile-de-France ● M. Jean-François Vilotte, avocat ● M. Bernard Vorms, ancien Directeur de
l’agence nationale pour l’information sur le logement
ANNEXE 6
Administrations de l’État
Ministre de l’intérieur
Assemblée Nationale
Mme Cendra Motin, Députée
Mairie de Paris
Mme Aurélie Robineau-Israël, Secrétaire générale
Sciences-Po
M. Guy Eiferman
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Entreprises
Capgemini
M. Etienne Grass, Directeur associé
France Télévision
Mme Delphine Ernotte, Présidente
La Poste
M. Guy-Pierre Sachot, Délégué régional Pays-de-la-Loire
Leadersys
M. Vincent Lafon, Fondateur
Radiofrance
M. Matthieu Gallet, Président directeur général
TV5 Monde
M. Yves Bigot, Directeur général
Autres organismes
Barreau de Paris
M. Pierre-Olivier Sur, Bâtonnier de Paris