Antología de Poesía Haitiana
Antología de Poesía Haitiana
Antología de Poesía Haitiana
Schmidheiny.
Primera edición: Fondo Editorial Casa de las Américas / LEGS ÉDITION, 2017.
ISBN 978-959-260-518-3
casa
FONDO EDITORIAL CASA DE LAS AMÉRICAS
3ra. y G, El Vedado, La Habana, Cuba
www.casadelasamericas.org
Remerciements
10
Los subsidios financieros y logísticos, sin los que nada hubiese sido
posible: la Fundación Ernst et Lucie Schmidheiny de Ginebra, que
–a través de las señoras Annemarie Geckeler, Johanne Patenaude
y Guillemette Bolens– apoyó este proyecto desde sus inicios; la
Fundación suiza Jan Michalski para la escritura y la literatura;
la Sociedad Académica de Ginebra; el decanato de la Universidad
de Ginebra, en la persona de M. Nicolas Zufferey, y la Unidad de
español (Departamento de Lenguas Romances), donde cursé mis
estudios y recibí el apoyo institucional y logístico; la Sociedad suiza
de americanistas, en particular los profesores Aline Helg y Claude
Auroi por el estímulo y la confianza.
Gracias a todos los que participaron de alguna manera en este
proyecto, de lejos, de cerca, de reojo. Gracias infinitas.
11
Préface
Poésie haïtienne: la révolution sans fin...
ROBERTO ZURBANO
Par ces temps de cynisme global, les rares vérités se trouvent dans les
discours simples et dans les petites décisions qui permettent à l’être
humain de respirer chaque jour un minimum de dignité. Alors, la
Mémoire nous rappelle son utilité, l’Histoire illumine ce qui trans-
cende et l’Espérance scrute l’horizon, toujours légèrement au-delà
de la limite atteinte par le regard. La poésie marque les moments
les plus importants: le premier amour, les découvertes de la nature,
certaines vérités de la société ou le destin personnel. Les revendica-
tions de la poésie ne sont pas toujours universelles ni éternelles, elles
correspondent plutôt à ce qu’on appelle le temps historique, où poésie
et transcendance créent une triade importante aux côtés de l’acte
irréversible de la révolution, qui change les conditions de l’Univers.
La Révolution Haïtienne est le premier fait historique qui eut
lieu dans cette partie du monde et qui a changé les perspectives de
l’humanité à l’aube du XIXème siècle, bouleversant la pensée euro-
péenne et la dépouillant de son ethnocentrisme, dans la même mesure
qu’elle s’approprie de ses valeurs pour expliquer un monde autre.
Elle révéla les causes de l’esclavage, la traite négrière et l’économie de
plantation, qui structuraient le monde colonial caribéen, où être noir,
indigène ou asiatique était moins qu’un animal. Cette révolution naît
de la subversion de la Révolution Française, quand les chefs de file
haïtiens assument les présupposés libéraux jusqu’aux dernières
conséquences; c’est pour cette loyauté qu’on a appelé jacobins noirs
ceux qui, à des milliers de kilomètres de la métropole, exigèrent pour
eux-mêmes les mêmes droits conquis à La Bastille. Ceci apparut
comme intolérable aux yeux de nombre de Français qui virent leurs
propriétés en danger et qui ne purent assumer la question fondamen-
tale de la colonialité: la non-reconnaissance du statut ou condition
humaine de tous les êtres, sans exclure les noirs et les esclaves. Pour
ces derniers, le cri de liberté, égalité et fraternité était en fait un acte
plus révolutionnaire et juste qu’en Europe même.
12
Prólogo
Poesía haitiana: la revolución interminable...
ROBERTO ZURBANO
1
C.L.R. James: Los jacobinos negros, introducción de Jhon Bracey, traducción
de Rosa López Oceguera, Fondo Editorial Casa de las Américas, colección
Nuestros Países, serie Estudios, La Habana, Cuba, 2009, p. 240.
15
Depuis lors, Haïti est un des centres fondateurs de cette question
coloniale et a été, jusqu’à présent, un noyau fondamental de ses
succès et conséquences. Là est né un regard global sur la domination
et les manières de la combattre. On dit que durant cette époque
se confrontèrent des forces et intérêts divers (anglais, espagnols,
français, hollandais, états-uniens, entre autres) et des tendances
idéologiques, économiques, philosophiques opposées, toutes démas-
quées et terrorisées par le triomphe de ces noirs qui découvrirent
les pièges coloniaux. Elles brillent encore les sages décisions des
leaders haïtiens, l’abolition de l’esclavage et la bravoure des esclaves
qui fondèrent le Premier Territoire Libre de l’hémisphère. Ces trois
raisons constituent trois défis historiques et impardonnables pour
une philosophie aussi arrogante et impitoyable que la pensée colo-
niale d’hier et d’aujourd’hui.
Ce geste subversif et illuminateur montre encore sa charge de
poésie, justice et douleur historiques. Le prix de tant de lumière a
été une obscurité de longue date qui condamne Haïti à la margi-
nalisation et à l’hostilité politiques, à l’endettement, au manque
de reconnaissance de ses valeurs culturelles et la grandeur de son
peuple, protagoniste d’une des formes les plus tenaces de résistance
culturelle. Refuser à Haïti l’intégrité de sa nation et sa trace rédemp-
trice est devenu un lieu commun car son grand geste historique
dénonce encore les objectifs du colonialisme, sa tradition raciste et
conservatrice. Nier Haïti c’est craindre les peuples et les révolutions.
C’est un acte de contre-révolution culturelle qui tente d’effacer des
expressions culturelles résistantes et créatives, au-delà du populaire,
du savant et de ses conditions politiques. C’est la confirmation de
la barbarie, l’égoïsme et l’inculture.
À l’inverse, reconnaître Haïti revient à nous assumer comme
appartenant à une tradition émancipatrice. Accepter Haïti et ses
valeurs en tant que nation et culture équivaut à nous affirmer comme
force décolonisatrice, à nous définir comme camarades d’une mission
solidaire qui demande instamment à être promue et accompagnée
par de nouveaux outils politiques, économiques et culturels. On
ne pourrait prétendre à de meilleurs arguments pour que le Fondo
Editorial Casa de las Américas présente Ayiti Cheri comme une des
grandes anthologies poétiques des Caraïbes, qui offre un témoignage
de résistance et constitue une plateforme revendicative pour célébrer
16
Desde entonces, Haití es uno de los centros fundacionales de
la cuestión colonial y hasta hoy ha sido un núcleo fundamental
de sus logros y consecuencias. Allí nació una mirada global sobre
la dominación y las formas de combatirla. Se dice que durante la
época se confrontaron fuerzas e intereses varios (ingleses, españoles,
franceses, holandeses, estadounidenses, etc.) y disímiles tendencias
ideológicas, económicas, filosóficas…, todas desenmascaradas y
aterrorizadas ante el triunfo de aquellos negros que descubrieron
las trampas coloniales. Brillan aún las sabias decisiones de los líderes
haitianos, la abolición de la esclavitud y la valentía de los esclavos
que fundaron el Primer Territorio Libre del hemisferio. Estas tres
razones constituyen tres retos históricos e imperdonables para una
filosofía tan arrogante y despiadada como el pensamiento colonial
de ayer y de hoy.
Aquel gesto subversivo e iluminador aún muestra su carga de
poesía, justicia y dolor históricos. El precio de tanta luz ha sido
una oscuridad de larga data que condena a Haití a la marginación
y hostilidad políticas, al endeudamiento, la falta de reconocimiento
de sus valores culturales y de la grandeza de su gente, protagonista de
una de las formas más tenaces de resistencia cultural. Negar a Haití
la integridad de su nación y su huella redentora, se ha convertido
en un lugar común porque su gran gesto histórico aún denuncia
los propósitos del colonialismo, su tradición racista y conservado-
ra. Negar a Haití es temer a los pueblos y las revoluciones. Es un
acto de contrarrevolución cultural que intenta borrar expresiones
culturales resistentes y creativas, más allá de lo popular, lo letrado y
de su propia condición política. Es la confirmación de la barbarie,
el egoísmo y la incultura.
A la inversa, reconocer a Haití, significa asumirnos como parte
de una tradición emancipatoria. Abrazar a Haití y sus valores como
nación y cultura significa afirmarnos como fuerza descolonizado-
ra, definirnos como compañeros de una misión solidaria que urge
ser promovida y acompañada con nuevas herramientas políticas,
económicas y culturales. No hay mejor razón para que el Fondo
Editorial Casa de las Américas presente Ayiti Cheri como una de las
grandes antologías poéticas del Caribe, que ofrece un testimonio de
resistencia y constituye una plataforma reivindicativa para celebrar
17
une culture à peine reconnue dans ses dimensions éthique, esthé-
tique et historique. Nous mettons en main du lecteur hispanophone
la meilleure tradition poétique haïtienne d’expression française et
créole par une judicieuse sélection critique d’œuvres, d’auteurs,
de tendances et de thèmes qui expriment la diversité et la richesse
d’une histoire littéraire de trois siècles, et qui décolonise l’image et
le savoir d’un peuple.
L’idée d’Ayiti Cheri est née d’une rencontre caribéenne, qui suscita
le respect affectueux pour la culture contemporaine d’Haïti et l’ur-
gence d’une meilleure compréhension de son histoire. Suite à ce
pacte de conscience se multiplièrent les démarches, les lettres et les
désirs, qui naviguèrent d’une mer à l’autre sans que l’idée naufrage.
Cet effort éditorial est le résultat du dévouement et de la collabora-
tion d’institutions, personnalités et collaborateurs d’Haïti, de Suisse
et de Cuba qui offrent un processus littéraire très singulier dans le
panorama culturel des Caraïbes et de l’Amérique latine. Ce sont des
pages où nous assistons à la naissance, croissance, succès, échecs et
persistance d’une insurrection. C’est une magnifique et touchante
histoire contée par les meilleures voix de chaque époque, classe,
genre, génération, tendance, résidante ou diasporique du pays, orale
et écrite, que nous ayons pu lire depuis/sur Haïti.
Ce livre révèlera au lecteur les meilleurs arguments d’une nation
qui ne cesse de penser et de recréer son histoire, son présent et ses
possibles futurs. Il s’agit d’une autre manière de connaître Haïti, qui
émerge, finalement, entre campagnes de manipulation, dictatures,
pauvreté, invasions nord-américaines, cyclones et tremblements,
pour nous offrir le visage le plus divers de la Vie et de l’Espoir. C’est
un livre prêt à partager les douleurs et les joies, surtout les silences.
Ayiti Cheri est l’hommage à une nation qui se reconnaît avec fierté;
c’est un long poème d’identité et de résistance, de dignité et de
beauté, un chant sans fin… ¡comme sa propre révolution!
18
una cultura apenas reconocida en sus dimensiones ética, estética e
histórica. Ponemos en manos del lector hispanohablante la mejor
tradición lírica de Haití en expresión francesa y en creol en una
atinada selección crítica de obras, autores, tendencias y temáticas
que expresan la diversidad y riqueza de una historia literaria de tres
siglos, descolonizando la imagen y el saber de un pueblo.
La idea de Ayiti Cheri nació en un encuentro caribeño, donde
afloró un respeto cariñoso hacia la cultura contemporánea de Haití
y la urgencia de una mejor comprensión de su historia. Tras aquel
pacto de conciencia fluyeron gestiones, cartas y deseos que nave-
garon de un mar a otro sin que la idea naufragara. Este esfuerzo
editorial es resultado de la entrega y colaboración de instituciones,
personalidades y colaboradores de Haití, Suiza y Cuba, y ofrece un
proceso literario muy singular en el panorama cultural del Caribe y
Latinoamérica. Son páginas donde asistimos al nacimiento, creci-
miento, éxitos, fracasos y persistencia de una insurgencia. Es una
hermosa y estremecedora historia contada por las mejores voces de
cada época, clase, género, generación, tendencia –ya sean residentes
o diaspóricas–, presentadas de manera oral y/o escrita, que hayamos
leído nunca desde/sobre Haití.
Este libro revelará al lector los mejores argumentos de una nación
que no deja de pensar y re-crear su historia, su presente y futuros
posibles. Léase como otro modo de conocer a Haití, emergiendo,
finalmente, entre campañas de manipulación, dictaduras, pobreza,
invasiones norteamericanas, ciclones y terremotos, para ofrecernos
el rostro diverso de la Vida y la Esperanza. Es un libro dispuesto a
compartir dolores y alegrías, pero no más silencios. Ayiti Cheri es
el homenaje a una nación que se reconoce con orgullo; es un largo
poema de identidad y resistencia, de dignidad y belleza, un canto
interminable… ¡como su propia revolución!
19
Préface
Entre mirage et miracle
JAMES NOËL
Ni natif Ni natal
je suis un nègre continental
FRANZ BENJAMIN
20
Prólogo
Entre espejismo y milagro
JAMES NOËL
Ni nativo Ni natal
soy un negro continental
FRANZ BENJAMIN
21
le 2 janvier 1816. Rencontre fondamentale qui accouchera de
multiples révolutions, débouchera sur la libération d’une partie
de l’Amérique latine.
Ce projet d’anthologie n’est pas antinomique à cette Histoire, au
contraire, il en est trace chaude, voire un abrazo énergique, comme
pour donner en passant les bonnes feuilles et les fécondes nouvelles
d’une terre (terre sage-femme) à ses frères et sœurs de l’Amérique
latine.
1804, une date, une équation nègre, convertie en poème libre.
De la mathématique farouchement poétique. Haïti, avouons-le,
n’est pas tant un pays qu’une métaphore frappée d’orage, brûlée de
paradoxes jusqu’au Pic Macaya.
Un pays de montagnes, avec une haute conscience de lui-même,
si haute qu’il n’arrive plus à se regarder, sans se prendre de haut.
Aujourd’hui en 2016, ce sont les casques bleus des Nations Unies
qui décolorent et souillent la mer de notre tiers d’île, périmètre par
périmètre. 27 000 kilomètres carrés de honte bue, d’orgueil foulé,
labouré par les tanks et les chars de guerre. La souveraineté fait
naufrage dans un pays où la rage de vivre se conjugue avec une haute
idée de la patrie: «Pour le Drapeau, pour la Patrie, Mourir est beau».
Mais les désillusions ont tellement peuplé «notre espace menson-
ger/ l’incertitude de ce pays aphone à force de faire des promesses»
(Georges Castera), tellement bourgeonné les désillusions que nos
peuples ne veulent plus mourir. On est loin de l’époque où le poète
Edmond Laforest s’est suicidé au moyen d’un dictionnaire, pour
manifester son refus de l’occupation américaine. Les peuples ne
veulent plus mourir et les poètes sont dépassés par l’invasion des défis
sans nombre, sans compter la pollution sonore ajoutée aux carnavals
en série rendant de plus en plus inaudible la voix des démiurges. Dans
ce contexte de dérèglement, de déchainement des éléments, on pour-
rait croire que c’est tout qui part en vrille. On pourrait même imagi-
ner un chant de cygne, d’albatros, de fin des pipirits chantants de la
cité. Et bien non. La poésie haïtienne d’aujourd’hui échappe du lot de
la chute vertigineuse qui atteint et contamine tous les secteurs de la
société. Elle déploie paradoxalement ses ailes de déraison pour planer
dans les plus hautes sphères. Est-ce par désespoir de cause poétique
que les poètes décident de peser de tous leur poids sur la balance
de l’imaginaire? Est-ce l’héritage d’Oswald Durand, de Saint-Aude,
22
el 2 de enero de 1816. Los dos las fuertes cabezas alzan: los dos del
mismo tamaño... Encuentro fundamental que dará origen a múltiples
revoluciones, y conducirá a la liberación de una parte importante
de la América Latina.
Este proyecto de antología no contradice esta Historia, todo lo
contrario, es una de sus huellas vivas, incluso un abrazo enérgico,
como para entregar al pasar las hojas sueltas y las fecundas noti-
cias de una tierra (tierra partera) a sus hermanas y hermanos de la
América Latina.
1804, una fecha, una ecuación negra, convertida en poema libre.
Una gran voz, fuerte voz, despedazando el silencio.
Es matemática vehementemente poética. Haití, aceptémoslo, no es
tanto un país, sino una metáfora golpeada por tormentas, quemada
por paradojas hasta el Pic Macaya.
Un país de montañas, con una alta conciencia de sí mismo, tan
alta que no logra siquiera mirarse sin tomar esos aires, esa altura.
Hoy, en el 2016, son los cascos azules de las Naciones Unidas los que
destiñen y profanan el mar de nuestro tercio de isla, perímetro por
perímetro. 27 000 kilómetros cuadrados de vergüenza tragada, de
orgullo pisoteado, labrado por tanques de guerra y carros armados.
La soberanía naufraga en un país donde la rabia de vivir se conjuga
con un alto concepto de la patria: «Por la Bandera, por la Patria,
Morir es bueno». Pero las desilusiones han poblado tanto «nuestro
espacio falaz / la incertidumbre de este país afónico de tanto hacer
promesas» (Georges Castera), han florecido tanto las desilusiones
que nuestros pueblos ya no quieren morir. Estamos lejos de la época
en que el poeta Edmond Laforest se suicidó con un diccionario, para
manifestar su rechazo a la ocupación americana. Los pueblos ya no
quieren morir y los poetas son superados por la invasión de desafíos
innumerables, sin mencionar la contaminación sonora añadida a
los carnavales en serie, haciendo cada vez más inaudible la voz de los
demiurgos. En este contexto de des-orden, de desencadenamiento de
los elementos, podríamos creer que todo se desmorona. Podríamos
imaginar incluso un canto de cisne, de albatros, de fin de los pitirres
cantando en la ciudad. Pues no. La poesía haitiana de hoy se des-
prende de la corriente en caída vertiginosa que alcanza y contamina
todos los sectores de la sociedad. Ella despliega paradójicamente sus
alas de la sinrazón para volar en las más altas esferas. ¿Será el último
23
d’Ida Faubert, de René Philoctècte, de Félix Morisseau-Leroy, de
René Depestre, de Phelps, de Davertige, de Manno Charlemagne,
de Frankétienne qui irrigue le ciel des poètes au point que la nouvelle
cartographie poétique soit piquée d’étoiles de jour comme de nuit?
Nous sommes en train d’assister au spectacle d’une génération
dorée de la littérature haïtienne, par ces temps de lendemain qui
sombre. Le critique Yves Chemla m’a confirmé au cours d’une
discussion que nous sommes en train de vivre l’âge d’or de la littéra-
ture haïtienne. Est-il trop tôt pour sortir nos thermomètres, prendre
la température et témoigner de l’une des plus belles santés poétiques
de la planète, à partir d’une terre malade et à genou politiquement?
Conscients peut-être que sur place les verrous sont inamovibles,
que les failles sont têtues et toujours hospitalières aux tremblements
de corps, que les tensions sociales et les préjugés toucouleurs, ajou-
tés aux manques, constituent les maux les plus démocratiquement
partagés, les poètes de la nouvelle génération écrivent de plus en plus
dans les deux langues, le créole et le français, en roulant des yeux sur
des rives et des mers éloignées de la terre natale. Quand les années
Papa et Baby doc livraient la mort à domicile, quand le sol devient
invitation à des secousses et des mouvements perpétuels, le poète, par
effet et osmose inverse, devient plus terrien que strictement haïtien.
L’engagement continue, mais plus dans le torticolis d’un passé
incurable. Une appréhension plus élargie du monde charge leur
regard de plus de souplesse tout en gardant, suivant les tempéra-
ments, la possibilité chimique du miel et du feu dans la bouche.
24
recurso poético de los poetas: decidir pesar firme en la balanza del
imaginario? ¿Es acaso el legado de Oswald Durand, de Saint-Aude,
de Ida Faubert, de René Philoctècte, de Félix Morisseau-Leroy, de
René Depestre, de Phelps, de Davertige, de Manno Charlemagne,
de Frankétienne el que irriga el cielo de los poetas al punto que,
en la nueva cartografía poética, fulgen las estrellas altas tanto de día
como de noche?
Estamos asistiendo al espectáculo de una generación dorada de la
literatura haitiana, en estos tiempos de futuro sombrío, de sombras
que solo yo veo. El crítico Yves Chemla me confirmó en una conver-
sación que estamos viviendo la edad de oro de la literatura haitiana.
¿Será demasiado temprano para sacar nuestros termómetros, tomar
la temperatura y dar fe de una salud poética de las más hermosas
del planeta, fermentada en una tierra enferma y políticamente arro-
dillada?
Conscientes tal vez de que en este lugar los cerrojos son inamo-
vibles, que las deficiencias son tercas y siempre hospitalarias a los
temblores del cuerpo, que las tensiones sociales y los prejuicios
variopintos, sumados a las carencias, constituyen los males más
democráticamente compartidos, los poetas de la nueva generación
escriben cada vez más en ambas lenguas, el creol y el francés, llevando
las miradas hacia orillas y mares lejanos de la tierra natal. Cuando los
años Papá y Baby doc entregaban la muerte a domicilio, cuando el
sol se vuelve invitación a los temblores y a movimientos perpetuos,
el poeta, por reacción y ósmosis inversa, elige ser planetario más
que estrictamente haitiano.
El compromiso continúa, pero ya sin descoyuntarse mirando hacia
un pasado incurable. Una aprehensión más amplia del mundo nutre
su mirada con mayor flexibilidad, manteniendo, según los tempe-
ramentos, la posibilidad química de la miel y del fuego en la boca.
25
Aux ancêtres qui marchent dans nos veines
Aux enfants de la Liberté
Lumière!
YASMINA TIPPENHAUER
28
Introducción
Tres siglos de canto a la Libertad
YASMINA TIPPENHAUER
29
et des troubadours, aujourd’hui celle des rappeurs et slammeurs.
Elle revendique aussi l’art des poètes qui écrivent en chansons pour
des interprètes divers.
Des poèmes classiques de l’Indépendance aux constats en prose de
jeunes poètes contemporains, nous parcourrons plus de deux cent
ans de chants à la liberté, en créole ou en français, tous traduits en
espagnol. La traduction des poèmes a été un axe central et le prin-
cipal défi de cette anthologie, car il existait peu de poèmes haïtiens
traduits en espagnol. Il fallait trouver des traducteurs répondant à
plusieurs critères: poètes et/ou professeurs de littérature, connais-
seurs de la culture latino-américaine, maîtrisant le français ou le
créole et l’espagnol, disponibles, enthousiastes. Ainsi, l’équipe a été
constituée de: Joëlle Guatelli, traductrice littéraire du Département
de Traduction et d’Interprétation de l’Université de Grenade en
Espagne; Dolores Phillipps-López, traductrice et spécialiste en litté-
rature hispano-américaine de l’Université de Genève et de Lausanne;
et moi-même. Ainsi que d’Edgard Gousse, poète et éditeur haïtien
vivant au Canada et Prisca Agustoni, de l’Université Juiz de Fora au
Brésil. Je me suis occupée de centraliser tous les textes traduits, d’or-
chestrer les discussions et les corrections et de restituer une version
finale. Chaque traduction porte sa signature. Enfin, j’ai invité Alexis
Díaz-Pimienta – poète, romancier et diseur cubain – avec qui nous
avons relu à voix haute toutes les traductions afin de leur rendre
cette touche unique que possède la poésie orale.1
Les outils entourant les poèmes choisis ont été préparés avec
rigueur et sont à disposition de celles et ceux qui souhaiteraient
approfondir leur recherche. La bibliographie et les notes de bas
de page indiquent la source d’où provient le texte reproduit et,
lorsqu’elles diffèrent, la première édition de chaque poème entre
guillemets. Quelques précieux inédits figurent également dans la
sélection. Outre la collection personnelle de recueils et d’anthologies,
les textes sont issus des auteurs mêmes et de diverses bibliothèques,
y compris virtuelles. L’introduction historique, les notices biobiblio-
graphiques des poètes, les notes de bas de page et la bibliographie
offrent nombre d’informations historiques et académiques; elles se
complètent.
1
Pour avoir une idée de ce travail innovateur, quelques images de Cosmopólitas
Linguae sont à visionner sur Vimeo, <https://vimeo.com/185727995>.
30
reivindica la importancia de la cultura popular, de las tradiciones
orales y de los trovadores, y hoy de los raperos. Reivindica también
el arte de los poetas que escriben en canciones para diferentes intér-
pretes.
De poemas clásicos de la Independencia a consideraciones en
prosa de jóvenes poetas contemporáneos, recorreremos más de
doscientos años de cantos a la libertad, en creol o francés, todos
traducidos al español. La traducción de los poemas ha sido eje central
y el reto principal de esta antología, ya que existían pocas traduccio-
nes de poemas haitianos al español. Fue preciso encontrar traductores
que respondieran a varios criterios: poetas y/o profesores de litera-
tura, conocedores de la cultura latinoamericana, que dominaran el
francés o el creol y el español, disponibles, entusiastas. Así, el equipo
contó con la participación de: Joëlle Guatelli, traductora literaria del
Departamento de Traducción e Intérpretes de la Universidad de
Granada en España; Dolores Phillipps-López, traductora y espe-
cialista en literatura hispanoamericana de la Universidad de Gine-
bra y de Lausana; y mi participación. Así como de Edgard Gousse,
poeta y editor haitiano residente en Canadá y Prisca Agustoni, de
la Universidad de Juiz de Fora en Brasil. Me dediqué a centralizar
todos los textos traducidos, organizar las discusiones y las correc-
ciones y restituir una versión final. Cada traducción lleva su firma.
Finalmente, invité a Alexis Díaz-Pimienta –poeta, novelista y repen-
tista cubano–, con quien releímos en voz alta todas las traducciones
con la finalidad de darle ese toque único que posee la poesía oral.1
Las herramientas que acompañan los poemas elegidos fueron
preparadas con rigor y están a disposición de quienes deseen
profundizar sus investigaciones. La bibliografía y las notas a pie de
página indican la fuente del texto reproducido y, cuando difieren,
la primera edición de cada poema entre corchetes. Algunos valiosos
inéditos figuran igualmente en esta selección. Además de la colec-
ción personal de poemarios y antologías, los textos provienen de
los mismos autores y de diversas bibliotecas, incluyendo virtuales.
La introducción histórica, las fichas biobibliográficas de los autores,
las notas a pie de página ofrecen abundante información histórica y
académica; se complementan.
1
Para tener una idea de este trabajo innovador, algunas imágenes de Cosmopólitas
Linguae pueden ser vistas en Vimeo, <https://vimeo.com/185727995>.
31
Et ensuite: place à la poésie. Le lecteur voyage chronologiquement
parmi les poèmes – simplement ordonnés par date de naissance des
poètes. Il pourra ainsi découvrir, au-delà des écoles, tendances et
mouvements, des poètes qui cohabitent un même temps mais pas
forcément la même sphère géographique ni philosophique; des textes
poétiques influencés par un contexte commun mais très différents
en essence ou en style.
Et la poésie se devait de dialoguer avec des illustrations, permet-
tant ainsi le repos du regard. La pureté des traits, guidés par les
poèmes, incisés sur une matrice et recouverts d’encre noire... rien
de plus évocateur pour illustrer ces textes. C’est grâce à l’Atelier Le
Poisson Bouge à Genève et à la générosité et créativité maternelle
de Doris Schwab que ces pages sont parsemées de magnifiques
gravures.
70 poètes et poétesses, 170 poèmes... Une anthologie est inélucta-
blement le fruit de décisions arbitraires, un projet imparfait. Notam-
ment, certains poèmes sélectionnés sont esthétiquement discutables,
mais ils n’en constituent pas moins de précieux témoignages, d’un
état d’esprit, d’un élan, d’un langage. Il y a aussi et toujours de
grands absents; absents, entre autres, parce que nous n’avons pas pu
obtenir de réponse des ayants droit, ou faute d’accès aux originaux.
Nous sommes également conscients des imperfections que peut
présenter un projet d’une telle ampleur – notamment par son défi
d’être bilingue, presque trilingue –, malgré notre meilleure volonté.2
Je ne cache pas que cette anthologie de poésie haïtienne est une
recherche personnelle, une contribution à la mémoire, une passion
de toujours pour la poésie. C’est aussi un hommage à une partie du
sang qui coule dans mes veines et qui nourrit mon désir permanent
de Liberté et d’Indépendance, mon insurrection contre toute injus-
tice et cet amour des fusions culturelles et humaines. C’est encore la
gratitude que j’éprouve envers la Vie et cette géographie triangulaire
qui traverse mon existence: l’Afrique, l’Amérique Latine, l’Europe.
2
Ainsi, nous avons tenté de proposer tous les outils en français et en espagnol.
Une édition totalement trilingue, incluant le créole, est à envisager.
Concernant le créole, étant donné que son orthographe est récente, il existe
plusieurs graphies, ce qui ne simplifie pas la transcription ni la traduction d’un
choix si large de poèmes. Cf. la note du poème «Choucoune» d’Oswald Durand.
32
Y luego: paso a la poesía. El lector viaja cronológicamente a través
de los poemas –simplemente ordenados por fecha de nacimiento de
los poetas–. Así podrá descubrir, más allá de las escuelas, tendencias
y movimientos, a poetas que cohabitan un mismo tiempo pero
no necesariamente la misma geografía ni filosofía; textos poéticos
influenciados por un contexto común pero muy diferentes en esencia
o estilo.
Y la poesía no podía dejar de dialogar con ilustraciones, permi-
tiendo el descanso de la mirada. La fuerza y la pureza de los rasgos,
guiados por los poemas, hendidos en una matriz y bañados en tinta
negra… nada más evocador ni más fino para ilustrar estos textos.
Es gracias al taller Le Poisson Bouge de Ginebra y a la generosidad
y creatividad maternal de Doris Schwab que estas páginas están
sembradas de magníficos grabados.
Setenta poetas y poetisas, ciento setenta poemas... Una antología
es irrevocablemente el fruto de decisiones arbitrarias, un proyecto
imperfecto. Así, por ejemplo, algunos de los poemas seleccionados son
estéticamente discutibles, pero son sin duda alguna valiosos testimo-
nios de un espíritu, de un impulso, de un lenguaje. Asimismo, siempre
hay grandes ausentes; ausentes, entre otros motivos, porque no obtuvi-
mos respuesta de los titulares de derechos o por falta de acceso a los
originales. También somos conscientes de las imperfecciones que
puede presentar un proyecto de tal magnitud –en particular por el
reto de ser bilingüe, casi trilingüe–, a pesar de nuestra mejor voluntad.2
No puedo negar que esta antología de poesía haitiana es una
búsqueda personal, una contribución a la memoria, una pasión de
siempre por la poesía. Es también un homenaje a una parte de la
sangre que corre por mis venas y que alimenta mi deseo permanente
de libertad y de independencia, mi insurrección contra toda injusticia
y este amor por las fusiones culturales y humanas. Y es la gratitud
que siento hacia la Vida y esta geografía triangular que atraviesa mi
existencia: África, América Latina, Europa.
2
Así, hemos intentado proponer todas las herramientas en francés y en español.
Una edición totalmente trilingüe, que incluya el creol, sería ideal.
Con respecto al creol: dado que su ortografía es reciente, existen varias grafías,
lo que no facilita la transcripción ni la traducción de los poemas. Ver nota del
poema «Choucoune» de Oswald Durand.
33
Dans un monde où le matériel et l’utilitaire semblent primer, la
Poésie devient une urgence; un havre de liberté et de beauté, mais
aussi de constat et d’énonciation. Je souhaite que ce livre parcoure
et inspire Cuba, Haïti, l’Amérique Latine, au-delà. Que la lecture de
ces poèmes replace Haïti (et le créole) dans un lieu positif et central,
et qu’elle ravive la flamme de liberté en chacun-e.
34
En un mundo donde lo material y lo utilitario parece prevalecer, la
Poesía se vuelve urgencia; un remanso de libertad y belleza, también
de hallazgos y enunciaciones. Deseo que este libro recorra e inspire
Cuba, Haití, América Latina, allende. Que la lectura de estos poemas
vuelva a colocar a Haití (y al creol) en un lugar positivo y central y
reavive la llama de libertad en cada lector.
35
Brève histoire de la poésie haïtienne
de 1804 à nos jours
Commencements
Au lendemain de l’indépendance en 1804, c’est sur un pays dévasté
et en guerre que se dessinent les contours des institutions littéraires
haïtiennes. Des auteurs comme Juste Chanlatte (1766-1828) ou
Antoine Dupré (1782-1816) – auteur de Hymne à la liberté1 et
Le Rêve d’un Haytien2 – publient des pièces de théâtre en vers. Mais
très rapidement une sorte de frénésie de la poésie s’empare de ceux,
peu nombreux, qui ont réussi à apprendre à lire et à écrire.
En 1817, Jules-Solime Milscent (1778-1842), qui propose ses
services pour enseigner le français et d’autres matières à ses compa-
triotes,3 fonde la première revue connue: L’Abeille Haytienne.4 La
revue publie des nouvelles d’Europe, des nouvelles maritimes, ainsi
que des analyses et des poèmes souvent liés à l’actualité politique
du pays.
Écrire des poèmes en Haïti, à cette époque, c’est poursuivre le
combat pour la reconnaissance, en rivalisant avec l’autre sur son
terrain à lui, et parvenir à s’en dégager. La poésie française du
XVIII ème siècle est encore la référence, alors qu’en France elle
commence à passer de mode.
1
Dupré, Antoine: Hymne à la liberté, [Imprimerie du Gouvernement], Port-au-
Prince, 1812.
2
Publié en 1815, selon Christophe Charles: Littérature haïtienne: Les pionniers,
l’école de 1836, Éditions Choucoune, Port-au-Prince, 2001.
3
Voir par exemple la section «Intérieur» de L’Abeille Haytienne, nro. 4, 1817,
p.11. Disponible en ligne sur Gallica.
4
L’Abeille Haytienne. Journal politique et littéraire, Imprimerie du Gouvernement,
Port-au-Prince, 1817-1820. (41 numéros disponibles en ligne sur Gallica:
<http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32680720w/date>).
36
Breve historia de la poesía haitiana
de 1804 a la actualidad
Inicios
Tras la independencia en 1804, el perfil de las instituciones literarias
haitianas comienza a diseñarse en un país devastado y en guerra.
Autores como Juste Chanlatte (1766-1828) o Antoine Dupré
(1782-1816) –autor de Hymne à la liberté1 y Le Rêve d’un Haytien2–
publican obras de teatro en verso. Pero rápidamente se genera un
entusiasmo por la poesía en los pocos que lograron aprender a leer
y escribir.
En 1817, Jules-Solime Milscent (1778-1842), que propone sus
servicios para enseñar el francés y otras disciplinas a sus compa-
triotas,3 funda la primera revista conocida: L’Abeille Haytienne.4 La
revista publica noticias de Europa, noticias marítimas, así como
análisis y poemas a menudo relacionados con la actualidad política
del país.
En aquella época, escribir poemas en Haití significaba seguir
luchando por el reconocimiento, competir con el otro en su propio
terreno, y lograr superarlo. La poesía francesa del siglo XVIII seguía
siendo la referencia, mientras en Francia empezaba a pasar de
moda.
1
Antoine Dupré: Hymne à la liberté, [Imprimerie du Gouvernement], Port-au-
Prince, 1812.
2
Publicado en 1815, según Christophe Charles: Littérature haïtienne: Les
pionniers, l’école de 1836, Éditions Choucoune, Port-au-Prince, 2001.
3
Ver, por ejemplo, la sección «Intérieur» de L’Abeille Haytienne, nro. 4, 1817,
p. 11. Disponible en línea en Gallica.
4
Revista L’Abeille Haytienne. Journal politique et littéraire, Imprimerie du Gouver-
nement, Port-au-Prince, 1817-1820. (41 números disponibles en línea en
Gallica: <http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32680720w/date>).
37
Cette contrainte n’interdit pas des moments particulièrement
intenses, notamment dans les hymnes célébrant les luttes pour
l’indépendance ou les nouveaux pouvoirs sur l’île. On y retrouve
là encore des accents de France, ceux des chants révolutionnaires.
Hérard Dumesle
Dumesle a 20 ans en 1804. Dans les guerres qui opposent le
royaume du Nord à la République du Sud, il prend le parti de la
seconde. En 1824, après la ruine du royaume du Nord, il publie
Voyage dans le Nord d’Haïti ou Révélation des lieux et des monuments
historiques.5 L’ouvrage est un jalon important dans l’histoire de la
poésie haïtienne: récits de souvenirs, descriptions des paysages,
méditations sur l’histoire, la politique, la dégradation; il rythme son
texte de poèmes. On est là en présence d’une forme particulière de
chantefable, qui fonctionne comme un système de double éclairage:
des passages en prose par le poème; de l’élégie ou du chant de guerre
par l’argumentaire construit et progressif. Il s’agit de concevoir de
nouvelles formes d’expression qui indiquent déjà les procédés qui,
dans le futur, serviront à transmettre «le merveilleux haïtien»: ce
sera le mélange des genres.
Dumesle distingue nettement l’indifférence de la sensibilité,
traçant ainsi une ligne de partage qui traverse toute l’histoire
sociale d’Haïti. Mais il opère aussi un coup de force dans l’écono-
mie du texte par sa construction du rapport à l’histoire, qui déjoue
la trame, en général orientée du passé vers le plus proche présent.
C’est ainsi qu’il remet en scène, à partir du récit de la tentative de
soulèvement de Vincent Ogé (1755-1791) et de Jean-Baptiste
Chavannes (1748-1791), les réunions comme la cérémonie du
Bois Caïman en 1791. Il rappelle que cette révolte n’est pas la
première, et il l’inscrit dans une série amorcée dès la conquête et
renouvelée en 1754 par Macanda (Mackandal). Dans un poème
au souffle épique, il fait de la réunion et du serment de Boukman
un moment fondateur, car approuvé par les dieux. Et par là même,
il donne en note de bas de page l’invocation prophétique du Bois
Caïman, qui est elle-même fondatrice de la mémoire haïtienne et de
5
Dumesle, Hérard: Voyage dans le nord d’Hayti ou Révélations des lieux et des
monuments historiques, Imprimerie du Gouvernement, Les Cayes, 1824.
38
Esta limitación no impedía momentos muy intensos, como en los
himnos que celebran las luchas por la independencia o los nuevos
poderes en la isla. En ellos también se encuentra la influencia fran-
cesa, la de los cantos revolucionarios.
Hérard Dumesle
En 1804, Dumesle tiene 20 años. En las guerras que oponen el reino
del Norte a la República del Sur, optó por defender la segunda. En
1824, tras la derrota del reino del Norte, publica Voyage dans le Nord
d’Haïti ou Révélation des lieux et des monuments historiques,5 obra
que es un hito en la historia de la poesía haitiana donde se alternan
textos y poemas: relatos de recuerdos, descripciones de paisajes,
meditaciones sobre la historia, la política, la degradación; . Esta-mos
ante una forma particular de fábula, que funciona como un sistema
de doble perspectiva: secciones en prosa puestas de relieve por el
poema, elegías o cantos de guerra contrastando con argumentos
construidos y progresivos. Dumesle trata de concebir nuevas formas
de expresión que ya dejan entrever los procesos que se utilizarán
ulteriormente en «lo real maravilloso haitiano»: la mezcla de
géneros.
El poeta distingue claramente entre la indiferencia y la sensibi-
lidad, creando de esta forma una línea divisoria que recorre toda
la historia social de Haití. También realiza una hazaña en la econo-
mía del texto a través del vínculo que crea con la historia, cuya
trama rompe con la cronología tradicional, que suele ir del pasado
al presente más cercano. De esta forma, a partir del relato de la
tentativa de levantamiento por Vincent Ogé (1755-1791) y Jean-
Baptiste Chavannes (1748-1791), pone en escena reuniones como la
ceremonia de Bois Caïman en 1791. Recuerda que esta rebelión no
es la primera y la incluye en un conjunto iniciado desde la conquista
y reiterado en 1754 por Macanda (Mackandal). En un poema de
consonancias épicas, hace de la reunión y del juramento de Bouk-
man un momento fundador, por ser aprobado por los dioses. De
esta manera, pone en nota al pie la invocación profética de Bois
Caïman, fundadora de la memoria haitiana, y de su carácter popular
5
Hérard Dumesle: Voyage dans le nord d’Haïti ou Révélations des lieux et des monu-
ments historiques, Imprimerie du Gouvernement, Les Cayes, 1824.
39
son caractère populaire (invocation en créole que l’on retrouve dans
le recueil sacré de chants du vaudou de Max Beauvoir,6 en ouverture
de cette anthologie):
6
Beauvoir, Max G.: Le Grand Recueil Sacré ou Répertoire des Chansons du Vodou
Haïtien, Edisyon Près Nasyonal d’Ayiti, Koleksyon Memwa Vivan, Port-au-
Prince, 2008.
40
(invocación en creol que encontramos en el compendio sagrado de los
cantos del vodú de Max Beauvoir,6 en la obertura de esta antología):
10
Pierre Faubert: Ogé ou le préjugé de couleur, drame historique suivi de Poésies
fugitives et de notes, C. Maillet-Schmitz, Paris, 1856, <http://dloc.com/
AA00009687/00001>.
11
Charles Séguy Villevaleix: Primevères: poésies, Imprimerie de Jouaust, Paris,
1866, <http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5714694b>.
45
quatre alexandrins par un décasyllabe. Les thèmes en sont souvent
morbides: l’oubli, la perte de conscience, la mort tissent des réseaux
de sens singulièrement teintés de sérénité.
Le général Alibée Féry (1818-1896), connu d’abord pour ses adap-
tations des contes populaires de Bouqui et Malice, publie en 1876 les
Essais Littéraires,11 qui rassemblent ses œuvres (théâtre, contes, poésie,
notices biographiques). Réputé pour ses traits d’humour, il a laissé
des épigrammes qui se gaussent de certains personnages, comme de
l’esprit du temps. Cette forme d’humour ouvre également des pers-
pectives à cette littérature désormais établie, et qui dispose déjà d’une
bibliothèque fournie.
Mais c’est aussi durant cette période qu’un véritable élan
anime le genre poétique en Haïti: Paul Lochard (1835-1919),
Virginie Sampeur (1839-1919), Oswald Durand (1840-1906),
Alcibiade Fleury-Battier (1841-1882), Alcibiade Pommayrac
(1844-1908), Tertullien Guilbaud (1856-1937), Massillon Coicou
(1867-1908), Arsène Chevry (1867-1915). Cette vitalité du genre
va de pair avec un moment de crise profonde qui affecte l’univers
haïtien. Les constructions et les réalisations poétiques sont diverses,
mais certains thèmes semblent récurrents: la folie, le sentiment
d’abandon, la déréliction, la déception amoureuse.
Ce moment poétique est aussi celui de l’émergence d’une grande
poésie nationale, qui célèbre la nation, ses premiers combats, et le
désastre qu’entraînent les guerres civiles récurrentes. Trois noms sont
plus particulièrement connus: Oswald Durand, Massillon Coicou
et Tertullien Guilbaud.
Oswald Durand est l’auteur du célébrissime «Choucoune».12
Considéré comme un des premiers poèmes écrit en langue créole, il
rassemble en lui plusieurs axes qui informent les thèmes du poète:
l’inscription féminine dans le paysage, la présence de son corps,
la conquête amoureuse, l’acuité de la représentation sociale, la
rivalité, entraînée par la violence du préjugé, la déception, le poids de
la démoralisation et l’impossibilité de modifier le cours des choses.
Nombreuses sont les analyses de ce poème qui en montrent le
11
Féry, Alibée: Essais littéraires, Imprimerie Énélus Robin, Port-au-Prince, 1876.
12
Durand, Charles Alexis Oswald: Rires et pleurs 1869-1896 (Tome 1 et 2), Éditions
Corbeil-Crété, Paris, 1896.
46
con pequeños desequilibrios, como el terminar estrofas de cuatro
alejandrinos por un endecasílabo. Los temas suelen ser morbosos, el
olvido, la pérdida de conciencia, la muerte tejen redes de significados
singularmente teñidos de serenidad.
El general Alibée Féry (1818-1896), célebre por sus adaptacio-
nes de los cuentos populares de Bouqui y Malice, publica en 1876
Essais littéraires,12 donde reúne sus obras (teatro, cuentos, poesía,
datos biográficos). Conocido por su humor, dejó epigramas que se
burlan de ciertos personajes así como de la época misma. Esta forma
de humor también le abre perspectivas a esa literatura finalmente
establecida, y que ya dispone de una biblioteca surtida.
Asimismo, un verdadero impulso anima el género poético en
Haití en aquel periodo: Paul Lochard (1835-1919), Virginie
Sampeur (1839-1919), Oswald Durand (1840-1906), Alcibiade
Fleury-Battier (1841-1882), Alcibiade Pommayrac (1844-1908),
Tertullien Guilbaud (1856-1937), Massillon Coicou (1867-1908),
Arsène Chevry (1867-1915). La vitalidad del género va relacionada
con el momento de crisis profunda que afecta el universo haitiano.
Las construcciones y logros son diversos, pero algunos temas son
recurrentes: la locura, el sentimiento de abandono, el desamparo,
la decepción amorosa.
Aquel momento poético también ve el surgimiento de una gran
poesía nacional, que celebra la nación, relata sus primeros combates, y
el desastre causado por las guerras civiles recurrentes. Tres nom-
bres sobresalen: Oswald Durand, Massillon Coicou y Tertullien
Guilbaud.
Oswald Durand es el autor del muy célebre «Choucoune».13
Considerado uno de los primeros poemas en creol, reúne varios ejes
que revelan los temas del poeta: la inclusión femenina en el paisaje,
la presencia de su cuerpo, la conquista amorosa, la agudeza de la
representación social, la rivalidad, causada por la violencia del prejui-
cio, la desilusión, el peso de la desmoralización y la imposibilidad de
modificar el curso de los acontecimientos. Numerosos análisis del
poema subrayan su carácter desesperado, que Durand parece utilizar
para plasmar el estado del país, objeto de codicias y sobre todo de
12
Alibée Féry: Essais littéraires, Imprimerie Énélus Robin, Port-au-Prince, 1876.
13
Charles Alexis Oswald Durand: Rires et pleurs 1869-1896 (Tome 1 et 2), Éditions
Corbeil-Crété, Paris, 1896.
47
caractère désespéré, et par lequel Durand semble chercher à traduire
l’état même du pays, objet de convoitises et surtout de rapines, qui
finissent par user les êtres au point de neutraliser leurs réactions.
Ainsi, il faut entendre ce vers de Choucoune par delà l’expression
imagée de l’immobilité: «Choucoun’ quitté moin, dé pieds moin lan
chaine…». La chaîne aux pieds fait référence à la réalité épouvantable
qui peine à s’éloigner des consciences, et qui évoque la brutalité de
la sexualité des maîtres.
C’est avec Tertullien Guilbaud qu’une poésie d’inspiration réso-
lument patriotique prend son essor. Il publie Patrie, espérance et
souvenirs en 1885,13 qui rappelle les combats initiaux. Ainsi, son
«Toussaint-Louverture, à l’aspect de la flotte française (1802)»
expose les méditations du héros, au moment où il prend la décision
de résister. Il revient sur la hantise qui a informé une bonne partie de
la conscience nationale pendant de longues années. C’est par Guil-
baud qu’entre dans la poésie haïtienne ce que l’on désigne comme
la dimension mystique de l’épopée de la libération.
Le cadet des deux précédents, Massillon Coicou, publie à Paris
ses Poésies nationales en 1892.14 Il y célèbre la gloire haïtienne de
la conquête de l’indépendance, et de la lutte contre l’esclavage. En
même temps, il sanctuarise la noblesse de ces luttes, par opposition
à des temps sans grandeurs. Il s’agit bien pour Coicou de préserver
par le texte cette identité nationale menacée de toutes parts, et en
particulier par la défaite du sentiment national qui a pourtant été le
guide de ces combattants initiaux.
Coicou donne le fameux «Yanquisme», il y dénonce la dégradation
des mœurs aux États-Unis, avec la véhémence teintée d’ironie qui
semble bien un souvenir de ses lectures des Satires de Juvénal:
13
Guilbaud, Tertullien: Patrie, espérance et souvenirs, Librairie Léopold Cerf, Paris,
1885.
14
Coicou, Massillon: Poésies nationals, V. Goupy et Jourdan, Paris, 1892.
48
rapiñas, que terminan agotando a los seres humanos al punto de
neutralizar sus reacciones. Por lo tanto hay que interpretar este verso
de «Choucoune» más allá de la expresión simbólica de inmovilidad:
«Choucoun’ quitté moin, dé pieds moin lan chaine…».14 El grillete
en los pies hace referencia a la realidad espantosa que difícilmente se
aleja de las conciencias, y que evoca la brutalidad sexual de los amos.
Con Tertullien Guilbaud se desarrolla una poesía de inspiración
firmemente patriótica. Publica Patrie, espérance et souvenirs (1885),15
que trae al recuerdo las luchas iniciales. Su poema «Toussaint-
Louverture, à l’aspect de la flotte française (1802)» presenta las
reflexiones del héroe, en el momento en que decide resistir. Vuelve
sobre la obsesión que atormentó gran parte de la conciencia nacional
durante largos años. Es a través de Guilbaud que entra en la poesía
haitiana la llamada dimensión mística de la epopeya de liberación.
Massillon Coicou, el menor de los dos anteriores, publica sus
Poésies nationales (1892)16 en París. En ellas celebra la gloria haitiana
de la conquista de la independencia y de las luchas contra la escla-
vitud. A la vez, sacraliza la nobleza de esas luchas, en oposición a
tiempos sin grandeza. Para Coicou se trata de preservar, a través del
texto, la identidad nacional amenazada en todos los frentes, y en
particular por la derrota del sentimiento nacional que, sin embargo,
guió a los combatientes iniciales.
Coicou suelta el famoso «Yanquisme», donde denuncia la degra-
dación moral de los Estados Unidos, con una vehemencia teñida de
ironía, sin duda un recuerdo de sus lecturas de las Sátiras de Juvenal:
14
«Choucoune me abandonó, tengo los pies encadenados...».
15
Tertullien Guilbaud: Patrie, espérance et souvenirs, Librairie Léopold Cerf, Paris,
1885.
16
Massillon Coicou: Poésies nationales, V. Goupy et Jourdan, Paris, 1892.
17
Hace falta oro –o nada–, para ser –o no ser, / Time is money. El crimen tam-
bién. / Mas, pasemos por alto el bien; pues el honor enmaraña; / El mal permite
triunfar.
49
Les Poésies nationales se terminent par un «Adieu» qui est un appel
au patriotisme et qui fait du livre le support de la lutte pour le culte
de la patrie. En 1908, Massillon Coicou participe à un mouvement
qui vise à déposer le président Nord Alexis. Celui-ci le fait arrêter et
fusiller. Il devient, par ce destin funeste qui atteste de la réalité de ses
augures poétiques, le symbole même de la poésie haïtienne militante
et opprimée. Avec Durand et Coicou, la poésie haïtienne prend la
mesure de cette poésie souveraine, qui sait aller au bout de son souffle
et de la puissance de l’image. Coicou sait plier ces formes au profit de
cette force de l’imaginaire par lequel survivent dans les consciences
la grandeur de la libération, mais aussi celle du désastre recommencé
génération après génération. Durand et Coicou deviennent dès leur
vivant des classiques essentiels de la poésie haïtienne.
La Ronde
15
La Ronde. Revue littéraire et critique, fondée par Pétion Gérome et Dantès
Bellegarde, [s. n.], Port-au-Prince, 1898-1902.
50
Las Poésies nationales terminan con un «Adieu» que es un llamado
al patriotismo y que convierte el libro en la base de la lucha por
el culto a la patria. En 1908, Massillon Coicou participa en un
movimiento que aspira a destituir al presidente Nord Alexis. Este
lo arresta y lo manda a fusilar. Con un destino tan funesto que da
fe de la realidad de sus augurios poéticos, Coicou se convierte en el
símbolo de la poesía militante y oprimida de Haití. Con Durand y
Coicou, la poesía haitiana adopta la magnitud de la poesía soberana,
que sabe ir al extremo de su aliento y del poder de la imagen. Coicou
sabe adaptar esas formas en pos de esa fuerza del imaginario, por
el que sobreviven en las conciencias la magnitud de la liberación,
pero también la del desastre perpetuado generación tras generación.
Durand y Coicou se vuelven, en vida, clásicos esenciales de la poesía
haitiana.
La Ronde
18
La Ronde. Revue littéraire et critique, fundada por Pétion Gérome y Dantès
Bellegarde, [s. n.], Port-au-Prince, 1898-1902.
51
Georges Sylvain (1866-1925) décentre de façon singulière
la pratique poétique elle-même. Son adaptation des fables de
La Fontaine en créole, Cric? Crac? Fables de la fontaine racontées par
un montagnard haïtien,16 est une translittération des fables originales
dans le langage populaire et celui des usages quotidiens. Modifiant
leur contexte original, Sylvain change sensiblement leurs signifi-
cations. La retraduction des fables nouvelles en français témoigne
aussi de la condescendance de classe manifeste, à l’égard du «gentil
dialecte», ou de ce «français autrement prononcé». Mais il n’en
demeure pas moins une réussite: Sylvain fait rimer les vers, d’un
bout à l’autre du recueil, montrant par là, au-delà de l’exercice de
style, la plasticité de la langue créole, et sa capacité à advenir comme
langue littéraire, contre le préjugé ambiant.
Edmond Laforest (1876-1915), leur contemporain et ami publie
lui aussi un recueil en 1901, Poèmes Mélancoliques, 1894-1900,17 dans
la même tonalité. En 1915, il publie, en réaction au débarquement
nord-américain un «Thrène pour Haïti», poème désespéré qui se
termine par les vers suivants: «O Patrie, en la flamme impie et l’âpre
danse, / D’un coup, nous t’avons fait sauter la tête en l’air». Il se
suicide la même année, selon une légende souvent répétée, parfois
moquée, en se jetant dans un bassin, un dictionnaire Larousse au
bout d’une chaîne enserrant son cou. La symbolique d’une telle mise
en scène n’échappa pas à ses contemporains.
Une seconde voix féminine se fait entendre après celle de Virginie
Sampeur, mais de loin. Fille du général Lysius Salomon (président
de la République 1879-1888), Ida Faubert (1882-1969) publie ses
premiers vers en 1912 dans la revue Haïti Littéraire et Scientifique.18
Elle incarne une vie littéraire brillante, opulente, marquée par son
existence parisienne entre 1888 et 1903. Elle décide de s’installer
définitivement à Paris à partir de 1914, secouant les pesanteurs
conservatrices de la vie port-au-princienne et de la classe sociale dans
16
Sylvain, Georges: Cric? Crac? Fables de La Fontaine racontées par un montagnard
haïtien et transcrites en vers créoles, préface de Louis Borno, Ateliers haïtiens,
Paris, 1901.
17
Laforest, Edmond: Poèmes Mélancoliques, 1894-1900, Imprimerie Henry
Amblard, Port-au-Prince, 1901.
18
Haïti Littéraire et Scientifique, dirigée par Edmond Laforest, Port-au-Prince,
1912-1913.
52
Georges Sylvain (1886-1925) descentra considerablemente la
práctica poética misma. Su adaptación de las fábulas de La Fontaine
al creol, Cric? Crac? Fables de la fontaine racontées par un montagnard
haïtien,19 es una transliteración de las fábulas originales al lenguaje
popular y a los usos cotidianos. Al cambiar su contexto original,
Sylvain modifica sustancialmente sus significados. La retraducción
de las fábulas nuevas al francés también demuestra la manifiesta
condescendencia de clase ante ese «ingenuo dialecto», o ese «francés
pronunciado de otra forma». Sin embargo, es un éxito: Sylvain hace
rimar los versos a lo largo de todo el libro, demostrando así, más
allá del ejercicio de estilo, la plasticidad del creol y su capacidad de
convertirse en lengua literaria, contra el prejuicio imperante.
Edmond Laforest (1876-1915), su amigo y contemporáneo,
también publica un poemario en 1901, Poèmes Mélancoliques,
1894-1900,20 en el mismo tono. En 1915, en reacción al desembarco
norteamericano, publica «Thrène pour Haïti», un canto fúnebre para
Haití, poema desesperado que termina con los versos siguientes: «O
Patrie, en la flamme impie et l’âpre danse, / D’un coup, nous t’avons
fait sauter la tête en l’air».21 Se suicida el mismo año, según una
leyenda a menudo contada, a veces de manera burlona, ahogándose
con un diccionario Larousse atado al cuello. El simbolismo de tal
puesta en escena no dejó de marcar a sus contemporáneos.
Una segunda voz femenina se oye después de la de Virginie
Sampeur, pero desde lejos. Hija del general Lysius Salomon
(presidente de la República, 1879-1888), Ida Faubert (1882-
1969) publica sus primeros versos en 1912, en la revista Haïti
Littéraire et Scientifique.22 Ella encarna una vida literaria brillante,
opulenta, marcada por su experiencia parisina entre 1888 y 1903.
Decide instalarse definitivamente en París en 1914, sacudiendo la
mentalidad conservadora de Puerto Príncipe y de la clase social en
la que brilla. Abre su salón, en su departamento de la calle Blomet,
19
Georges Sylvain: Cric? Crac? Fables de La Fontaine racontées par un montagnard
haïtien et transcrites en vers créoles, prefacio de Louis Borno, Ateliers haïtiens,
Paris, 1901.
20
Edmond Laforest: Poèmes Mélancoliques, 1894-1900, Imprimerie Henry
Amblard, Port-au-Prince, 1901.
21
«Oh Patria, en la llama impía y la danza amarga, / De golpe, te hemos volado
la cabeza».
22
Haïti Littéraire et Scientifique, dirigida por Edmond Laforest, Port-au-Prince,
1912-1913.
53
laquelle elle brille. Elle tient salon, dans son appartement de la rue
Blomet, où retentissent à partir de 1924 les musiques du célébrissime
Bal Nègre.19 Elle y accueille de nombreuses personnalités culturelles et
fréquente le monde féminin et lesbien qui connaît à cette époque un
âge d’or: Anna de Noailles, Lucie Delarue-Mardrus, Myriam Harry
fréquentent assidûment son salon. Elle accueille les écrivains haïtiens
de passage, comme Léon Laleau ou bien le docteur Price-Mars. La
poésie d’Ida Faubert cultive le doux et l’amer, dans une langue qui
se veut simple et directe, et des vers octosyllabes.
Indigénisme et surréalisme
L’occupation états-unienne qui va se prolongeant suscite un mouve-
ment de retour sur la culture populaire haïtienne, et sur les combats
menés contre l’occupant. Ce sont autant de nouvelles conditions qui
sont posées à la littérature, mais plus largement aux rapports des
Haïtiens à leurs propres cultures, qui se manifestent dans ces années,
en particulier autour de la publication d’Ainsi parla l’Oncle de Jean
Price-Mars en 1928.20
Léon Laleau
La période de l’occupation américaine semble d’abord plus propice
au roman qu’à la poésie. Cependant, une génération de poètes nés
autour de 1900 prend acte d’une approche renouvelée de l’action
poétique. Léon Laleau (1892-1979) n’est pas seulement poète, mais
aussi romancier, dramaturge et essayiste. C’est un homme politi-
que et un diplomate. Il publie en 1919 À voix basse,21 sans doute le
19
Le Bal Nègre est un cabaret de musique afro-antillaise fréquenté par les grandes
personnalités de la vie culturelle parisienne des années vingt à cinquante. On
y retrouve Joséphine Baker, Man Ray, Henry Miller, Ernest Hemingway,
Francis Scott Fitzgerald, Jean Cocteau ou encore Paul Morand, Joan Miro,
Piet Mondrian, Robert Desnos, Sidney Bechet; et plus tard: Jean-Paul
Sartre, Simone de Beauvoir, Boris Vian, Albert Camus, Jacques Prévert ou
Maurice Merleau-Ponty. Le Bal Nègre rouvre ses portes en 2017, <www.
balblomet.fr>.
20
Price-Mars, Jean: Ainsi parla l’Oncle, Imprimerie de Compiègne, Compiègne,
1928.
21
Laleau, Léon: À voix basse (petits poèmes), Imprimerie Moderne, Port-au-Prince,
1919.
54
en el que se oyen a partir de 1924 los ritmos del famosísimo Bal
Nègre.23 Es la anfitriona de varias personalidades culturales y
frecuenta el mundo femenino y lésbico que vive, en aquella época,
una edad de oro: Anna de Noailles, Lucie Delarue-Madrus, Myriam
Harry suelen frecuentar su salón. Recibe a los autores haitianos en
tránsito, como Léon Laleau o el doctor Price-Mars. La poesía de
Ida Faubert cultiva lo dulce y lo amargo, en una lengua que busca
ser simple y directa, y en versos octosílabos.
Indigenismo y surrealismo
La prolongada ocupación estadounidense (iniciada en 1915) provoca
un movimiento de lucha contra el ocupante y de retorno a la cultura
popular haitiana. Son nuevas condiciones las que afectan la literatura
y, más ampliamente, la relación de los haitianos con su propia cultu-
ra, las que se manifiestan en esos años, particularmente en torno de
la publicación de Ainsi parla l’Oncle de Jean Price-Mars en 1928.24
Léon Laleau
El periodo de la ocupación norteamericana parece, en un primer
momento, más propicio a la novela que a la poesía. Sin embargo, una
generación de poetas nacidos alrededor de 1900 participa de un en-
foque renovado de la acción poética. Léon Laleau (1892-1979) no
solo es poeta, sino también novelista, dramaturgo y ensayista. Es
hombre político y diplomático. En 1919 publica À voix basse,25 sin
duda el primer poemario haitiano en el que el verso está liberado de
los códigos y de las formas versificadas tradicionales. Con Musique
nègre (1931),26 Léon Laleau gana fama más allá de las fronteras.
23
El Bal Nègre es un cabaré de música afroantillana frecuentado por las
grandes personalidades de la vida cultural parisina entre los años veinte y
cincuenta. Entre ellos, Josephine Baker, Man Ray, Henry Miller, Ernest Hemingway,
Francis Scott Fitzgerald, Jean Cocteau, Paul Morand, Joan Miro, Piet Mondrian,
Robert Desnos, Sidney Bechet, y, más tarde, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir,
Boris Vian, Albert Camus, Jacques Prévert y Maurice Merleau-Ponty. El Bal Nègre
vuelve a abrir sus puertas en 2017, <www.balblomet.fr>.
24
Jean Price-Mars: Ainsi parla l’Oncle, Imprimerie de Compiègne, Compiègne, 1928.
25
Léon Laleau: À voix basse (petits poèmes), Imprimerie Moderne, Port-au-Prince,
1919.
26
Léon Laleau: Musique nègre, À compte d’auteur, Port-au-Prince, 1931.
55
premier recueil poétique haïtien dans lequel le vers est libéré des
codes et des formes versifiées traditionnelles. C’est Musique nègre
en 1931 qui fait connaître Léon Laleau bien au-delà des frontières.22
La mince plaquette, publiée à compte d’auteur, est placée sous l’égide
de La Fontaine, Pierre Reverdy et Tristan Derème, qui prônent la
concision. Il s’ouvre par le poème «Trahison», qui pose le cadre d’un
écart radical de la désignation du monde et de l’espace intérieur,
dans la langue autre, imposée:
22
Laleau, Léon: Musique nègre, À compte d’auteur, Port-au-Prince, 1931.
23
Senghor, Léopold Sédar: Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache, PUF,
France, 1948.
56
El pequeño folleto publicado a cuenta de autor, se encuentra bajo
la égida de La Fontaine, Pierre Reverdy y Tristan Derème, quienes
preconizan la concisión. Se abre con el poema «Trahison», que esta-
blece el marco de una distancia radical de la designación del mundo
y del espacio interior, en la lengua otra, impuesta:
Émile Roumer
Né en 1903, Roumer est de Jérémie, ville de naissance de poètes
tels Etzer Vilaire et Edmond Laforest. Petit-fils d’un compagnon
de José Marti exilé en Haïti, il a sans doute, de par l’influence de
sa famille, un cadre de références ouvert sur le monde. Il mène des
études secondaires à Paris puis des études commerciales à Londres,
avant de rentrer en Haïti en 1925.
C’est la même année que Roumer publie Poèmes d’Haïti et de
France.24 En 1927 il fonde avec Normil Sylvain La Revue Indigène,25
dont les membres les plus connus sont Carl Brouard, André Liau-
taud, Jacques Roumain, Philippe Thoby-Marcelin, Antonio Vieux.
Proches du Docteur Price-Mars, qui rassemble les textes de ses
conférences ainsi que de nombreux articles dans Ainsi Parla l’oncle,
ils participent de ce mouvement qui vise à réactiver la conscience
des origines africaines d’Haïti, et à s’affirmer comme Haïtiens à part
entière, d’où le terme d’indigénisme.
Pour Roumer, en particulier, c’est plus que le phrasé poétique qui
se modifie sensiblement. Les deux langues, le créole et le français se
partagent la possibilité de nomination du monde. Ainsi, dans son
poème le plus célèbre, «Marabout de mon cœur», voit-on le blason
du corps féminin se confondre avec la préoccupation la plus essen-
tielle de l’homme haïtien: manger – dont on rappelle ici qu’il a
en créole aussi le sens de ‘faire l’amour’.
24
Roumer, Émile: Poèmes d’Haïti et de France, Éditions de La Revue Mondiale,
Paris, 1925.
25
La Revue Indigène, Imprimerie Modèle, Port-au-Prince, 1927. Premier numéro:
<http://ufdc.ufl.edu/UF00095935/00001>.
58
La poesía, precisamente, articula ambos ejes; se trata de reconocer
en sí la presencia del uno y del otro. La posibilidad poética enton-
ces abre paso a una multitud de evocaciones. La poesía haitiana se
manifiesta como intranquila.
Émile Roumer
Nacido en 1903, Roumer es de Jérémie, ciudad donde nacieron
poetas como Etzer Vilaire y Edmond Laforest. Nieto de un compa-
ñero de José Martí exiliado en Haití, Roumer tiene, sin duda por la
influencia de su familia, un marco de referencias abierto al mundo.
Sigue estudios secundarios en París, luego estudios comerciales en
Londres, antes de volver a Haití en 1925.
El mismo año, Roumer publica Poèmes d’Haïti et de France.30
En 1927 funda con Normil Sylvain La Revue Indigène,31 cuyos
miembros más famosos son Carl Brouard, André Liautaud, Jacques
Roumain, Philippe Thoby-Marcelin, Antonio Vieux. Cercanos al
doctor Price-Mars, que reúne los textos de sus conferencias y nume-
rosos artículos en Ainsi Parla l’oncle, participan de ese movimiento
que busca reactivar la conciencia de los orígenes africanos de Haití,
y afirmarse como haitianos por derecho propio, lo que explica el
uso del término indigenismo.
Para Roumer, en particular, cambia significativamente mucho más
que el fraseo poético. Ambos idiomas, el creol y el francés, comparten
la posibilidad de nombrar el mundo. Así, en su poema más famoso,
«Marabout de mon cœur», vemos el emblema del cuerpo femenino
confundirse con la preocupación más esencial del hombre haitiano:
comer –que en creol también significa «hacer el amor».
Carl Brouard
Né en 1902, Carl Brouard incarne dans la poésie haïtienne le type
du poète en rupture de classe. Rejeton d’une famille de commerçants
aisés, il s’installe à l’âge de vingt ans dans la bohème, il s’intéresse au
vaudou. Il fait partie du groupe de direction de La Revue Indigène.
En 1927 il publie à compte d’auteur Écrit sur du Ruban rose.26 Ce
n’est qu’en 1963 que le «Comité soixantième anniversaire de Carl
Brouard» publie à Port-au-Prince les Pages retrouvées,27 œuvre en
prose et en vers.
Les premiers poèmes posent habilement un changement de
perspective de la représentation. Ainsi, un court texte évoque le
«Ouanga», un objet rituel censé porter un sort, ainsi que la prêtresse,
la mambo:
26
Brouard, Carl: Écrit sur du ruban rose, Imprimerie Modèle, Port-au-Prince,
1927.
27
Brouard, Carl: Pages retrouvées. Œuvres en prose et en vers, Éditions Panorama,
Port-au-Prince, 1963.
60
Tu es le bœuf salé dont mon cœur est la couenne.
L’acassan au sirop qui coule en ma gargane.
Tu es un plat fumant, diondion avec du riz,
Des akras croustillants et des thazars bien frits.
Ma fringale d’amour te suit où que tu ailles;
Ta fesse est un boumba chargé de victuailles.32
Carl Brouard
Nacido en 1902, Carl Brouard, encarna en la poesía haitiana el
prototipo del poeta en ruptura de clase. Retoño de una familia de
comerciantes acomodados, se instala a los veinte en la bohemia y
se interesa por el vodú. Integra la dirección de La Revue Indigène.
En 1927 publica a cuenta de autor Écrit sur du ruban rose.33 Pero
solamente en 1963, el «Comité sexagésimo aniversario de Carl
Brouard» publica en Puerto Príncipe Pages retrouvées,34 obra en
prosa y en verso.
Los primeros poemas diseñan con habilidad un cambio de pers-
pectiva de la representación. Así, un texto breve evoca el «Wanga»,
un objeto ritual que suele echar un hechizo, y la sacerdotisa, la
mambo:
32
Hechicera de mi corazón con los senos de mandarina, / Eres más sabrosa que
cangrejo en berenjena. / Eres una afiba en mi calalú, / el dumbuey de mi fréjol,
mi agüita aromática. / Eres el lomo salado y mi corazón su tocino. / El acasán
con jarabe que corre en mi garganta. / Eres un plato humeante, diondion con
arroz, / Akras crujientes y pescados bien fritos. / Mi antojo de amor te sigue
adonde vayas; / Tu nalga es un caldero lleno de vituallas.
33
Carl Brouard: Écrit sur du ruban rose, Imprimerie Modèle, Port-au-Prince, 1927.
34
Carl Brouard: Pages retrouvées. Œuvres en prose et en vers, Éditions Panorama,
Port-au-Prince, 1963.
61
Avec Brouard, l’attention poétique est portée sur les êtres et
les lieux les moins évoqués dans la littérature bourgeoise. Dans
des textes retrouvés et non classés, une note, sans doute tardive,
évoque la déchirure au cœur même du poète: «Deux hommes
sont en moi, étrangement dissemblables. L’un chaste candide,
tout prêt à sangloter d’extase à vos pieds, Seigneur. L’autre,
railleur, insouciant, cynique, ardent au plaisir. Seigneur, ces
deux hommes, comment les concilier?». Il meurt, solitaire, dans la
rue, en 1965. Des funérailles officielles sont célébrées; elles sont
surtout populaires.
Magloire-Saint-Aude
Clément Magloire, né en 1912, apparaît désormais comme le poète
de l’énigme. Les textes insolites qu’il publie à partir de 1941, sa
parenté avec la frange hermétique du mouvement surréaliste,
sa poétique lapidaire et son existence en rupture avec ses origines
bourgeoises, entourent le poète d’une aura de mystère, qui a très
rapidement constitué ses poèmes en autant d’énigmes. Son œuvre
est constituée de trois minces plaquettes: Dialogue de mes lampes
(1941),28 Tabou, également de 194129 et Déchu (1956).30 Soit un peu
moins de cinquante pages qui embrasent singulièrement la poésie
haïtienne depuis leur publication. Il est aussi reconnu très rapidement
à l’étranger, notamment à la suite du séjour d’André Breton en Haïti,
fasciné par le lyrisme des images. Mais cette reconnaissance a quelque
peu un parfum d’exotisme, ne prenant pas en charge la dimension
pathétique de cette poésie qui frôle les limites de l’inexprimable et
du silence, en particulier par sa brièveté sur la page.
La poésie de Magloire-Saint-Aude est lapidaire et cultive l’hermé-
tisme. Elle défie les possibilités de représentation et d’interprétation
communes, qui visent en général à atteindre l’extérieur du texte,
comme un horizon de signification. L’œuvre du poète, si mince
28
Magloire-Saint-Aude: Dialogue de mes lampes, préface de Philippe Thoby
Marcelin, Presses de l’État, Port-au-Prince, 1941.
29
Magloire-Saint-Aude: Tabou, Imprimerie du Collège Vertières, Port-au-Prince,
1941.
30
Magloire-Saint-Aude: Déchu, Œdipe, Port-au-Prince, 1956.
62
cœur de l’aimée s’illumine à jamais
de mon amour.35
Magloire-Saint-Aude
Clément Magloire, nacido en 1912, es considerado hoy como
el poeta del enigma. Los textos insólitos que publica a partir de
1941, su parentesco con la franja hermética del movimiento surrea-
lista, su poética lapidaria y su existencia en ruptura con sus raíces
burguesas, envuelven al poeta con un aura de misterio, que también
transformó rápidamente sus poemas en enigmas. Tres folletos
delgados constituyen su obra: Dialogue de mes lampes (1941),36
Tabou (1941)37 y Déchu (1956).38 Es decir, poco menos de cincuen-
ta páginas que abrasan singularmente la poesía haitiana desde su
publicación.39 Rápidamente se da a conocer en el extranjero, espe-
cialmente tras la estancia de André Breton en Haití, fascinado por
el lirismo de las imágenes. Pero este reconocimiento tiene cierto
35
Mambo hábil en el arte hipnótico / de los wangas, quiero un cautivante elixir
de miel, para que el candil del / corazón de la amada se ilumine por siempre /
con mi amor.
36
Magloire-Saint-Aude: Dialogue de mes lampes, préface de Philippe Thoby
Marcelin, Presses de l’État, Port-au-Prince, 1941.
37
Magloire-Saint-Aude: Tabou, Imprimerie du Collège Vertières, Port-au-Prince,
1941.
38
Magloire-Saint-Aude: Déchu, Œdipe, Port-au-Prince, 1956.
39
Los poemarios de Saint-Aude han sido traducidos al español en una edición
española muy fina: Diálogo de mis lámparas; Tabú; Desposeído, prólogo de André
Breton, ilustración de Wifredo Lam, edición y traducción de Jorge Camacho,
Diputación Provincial de Huelva, Huelva, 2002.
63
soit-elle, est la tentative intransigeante de mener une quête de la
poésie elle-même, en particulier par sa mise en espace sur la page.
Le reproche d’obscurité, voire d’obscurantisme, que lui adressèrent
certains critiques contemporains, n’est que trace de la loi du moindre
effort en matière de lecture. Lui-même écrivait dans le quotidien Le
Nouvelliste du 26 janvier 1942:31
31
Magloire-Saint-Aude: «Le surréalisme ce qu’il est», Le Nouvelliste, Port-au-
-Prince, 26 janvier 1942.
32
Les Griots: la revue scientifique et littéraire d’Haïti, [s. n.], Port-au-Prince, 1938-
1940. Éditeurs: Lorimer Denis, François Duvalier.
33
Magloire-Saint-Aude: Tableau de la misère, Le Nouvelliste, Port-au-Prince,
1942.
34
Magloire-Saint-Aude: Parias: documentaire, Imprimerie de l’État, Port-au-
Prince, 1949.
64
perfume de exotismo, al no considerar la dimensión patética de
esta poesía que roza los límites de lo inexpresable y del silencio, en
particular por su brevedad en la página.
La poesía de Magloire-Saint-Aude es lapidaria y cultiva el herme-
tismo. Desafía las posibilidades de representación y de interpretación
comunes, que buscan por lo general llegar al exterior del texto, como
un horizonte de significado. La obra del poeta, por más breve que
sea, es el intento intransigente de realizar una búsqueda de la poesía
misma, en particular por su puesta en espacio en la página.
El reproche de oscuridad, incluso de obscurantismo, que algu-
nos críticos contemporáneos le hicieron son solo pruebas de la ley
del mínimo esfuerzo en cuanto a lectura. Él mismo escribía en el
periódico Le Nouvelliste del 26 de enero de 1942:40
Il n’y a point de genre obscur... Pour n’être point surchargé de rhéto-
rique ou de sincérité larmoyante, le message du poète n’en est pas
moins un chant où la pudeur de l’émotion rejette les beaux élans. Le
regret, l’angoisse, sont dans l’homme. Montaigne, en 1588, parlait de
cet état de «l’âme vive et affligée sans moyen de se déclarer». L’hermé-
tisme, la concentration, est le dernier échelon de la Pudeur. Le poète
est l’homme de l’étrange. Dédaignant les sentiers battus, son souci
immédiat est la négation de tout ce qui n’est qu’afflux sentimental,
sénilité, ou verbiage d’une âme inconsolée.41
Clément Magloire fue el secretario general de la revista Les
Griots42 al lado de Carl Brouard y del joven François Duvalier. Pero
se aleja rápidamente del movimiento indigenista. Publica artículos,
a menudo críticos, a veces mordaces. Reúne los capítulos del folle-
tín «Tableau de la misère»43 publicados en Le Nouvelliste a lo largo
40
Magloire-Saint-Aude: «Le surréalisme ce qu’il est», Le Nouvelliste, Port-au-
Prince, 26 janvier 1942.
41
No existen géneros oscuros… Por no estar sobrecargado de retórica o since-
ridad llorosa, el mensaje del poeta no deja de ser un canto donde el pudor de
la emoción rechaza los bellos impulsos. La añoranza, la angustia, están en el
hombre. En 1588, Montaigne hablaba de ese estado del «alma viva y afligida
sin posibilidad de declararse». El hermetismo, la concentración, es el último
grado del Pudor. El poeta es el hombre de lo insólito. Al desdeñar los caminos
sencillos, su principal preocupación es negar todo tipo de flujo sentimental,
senilidad, o palabrería de un alma desconsolada.
42
Les Griots: la revue scientifique et littéraire d’Haïti, [s. n.], Port-au-Prince, 1938-
1940. Editores: Lorimer Denis, François Duvalier.
43
Magloire-Saint-Aude: Tableau de la misère, Le Nouvelliste, Port-au-Prince, 1942.
65
Montée de la nuit
Plusieurs poètes nés dans les années 1910 pressentent, à l’orée des
années 1940, la montée de l’obscur, qui sera incarné par le pouvoir
de François Duvalier. Chacun suit un destin singulier, mais ils ont
en commun, à la différence de leurs contemporains Brouard et
Magloire-Saint-Aude, de ne pas se retirer du monde. Ils participent
chacun à sa manière à la vie publique, ce qui vaut à plusieurs d’entre
eux de partir en exil.
Jacques Roumain
Né en 1907, Jacques Roumain a une vie brève: il décède en 1944,
épuisé par ses luttes et ses emprisonnements. Plus connu pendant
longtemps pour ses romans, en particulier Gouverneurs de la rosée,35 il
publie des poèmes dans des périodiques, comme La Revue Indigène,
ou dans la presse quotidienne. On distingue au moins deux périodes
dans la structuration de l’écriture poétique de Roumain.
La première procède de la fondation esthétique du dire poétique.
C’est la figure même du poète qui informe ces textes, déclinée en de
multiples images, voire allégories, qui montrent combien le poète
mène une quête, celle de sa propre écriture et, sans doute aussi
de lui-même comme poète. Les textes, essentiellement publiés en
revue, traduisent le double registre de la trace et de la force solaire,
de la montée céleste et de la chute dans l’abîme. Mais l’insistance de
l’angoisse, du taedium vitae, se manifeste dans plusieurs poèmes.
Le ton change et c’est la seconde manière du poète, qui a plié
l’instrument à son projet. «Appel»,36 manifeste de cette seconde
manière, est publié pour la première fois en 1928 dans une plaquette,
en même temps que le poème de Roumer «La Chanson des Lambis»,
qui célèbre la gloire des héros de l’indépendance. Roumain y cultive
la veine patriotique et, comme le poème de Roumer, il célèbre la
35
Roumain, Jacques: Gouverneurs de la rosée, Imprimerie de l’État, Port-au-
Prince, 1944. Réédité à Paris deux ans après: La Bibliothèque Française, Paris,
1946.
36
Roumain, Jacques: «Appel» suivi de «La Chanson des Lambis», par Émile
Roumer, Imprimerie V. Pierre-Noël, Port-au-Prince, 1928.
66
de 1942, para editar Parias (1949).44 Alejado de la política y aún más
del poder, conoce la miseria profunda e incluso la cárcel. Muere en
el hospital en 1971. Duvalier le organiza funerales oficiales.
Ascenso de la noche
Varios poetas nacidos alrededor de 1910 presienten, a principios
de los años cuarenta, el ascenso de la oscuridad, encarnada en el
poder de François Duvalier. Cada uno sigue un destino singular,
pero comparten, a diferencia de sus contemporáneos Brouard y
Magloire-Saint-Aude, el no retirarse del mundo. Todos participan a
su manera en la vida pública, y por ello algunos tendrán que exiliarse.
Jacques Roumain
Nacido en 1907, Jacques Roumain tiene una vida breve: muere en
1944, agotado por sus luchas y sus encarcelamientos. Conocido
durante mucho tiempo por sus novelas, en particular Gouverneurs
de la rosée,45 publica poemas en varias revistas, como La Revue Indi-
gène, o en la prensa cotidiana. Podemos distinguir por lo menos dos
periodos en la estructuración de la escritura poética de Roumain.
El primero se funda en la construcción estética del decir poéti-
co. Es la figura misma del poeta la que le da forma a los textos,
articulada en múltiples imágenes, o alegorías, que demuestran a qué
punto el poeta emprende una búsqueda, la de su propia escritura y,
sin duda, también la de sí mismo como poeta. Los textos, publicados
principalmente en revistas, traducen el doble registro de la huella y
de la fuerza solar, del ascenso celestial y de la caída al abismo. Sin
embargo, la insistencia de la angustia, del taedium vitae, se manifiesta
en varios poemas.
El tono cambia y nace el segundo modo del poeta, que adaptó el
instrumento a su proyecto. «Appel»,46 manifiesto de este segundo
modo, es publicado por primera vez en 1928 en un folleto, con el
poema de Roumer «La Chanson des Lambis», que celebra la gloria
44
Magloire-Saint-Aude: Parias: documentaire, Imprimerie de l’État, Port-au-
Prince, 1949.
45
Jacques Roumain: Gouverneurs de la rosée, Imprimerie de l’État, Port-au-Prince,
1944. Publicado en París dos años más tarde por La Bibliothèque Française.
46
Jacques Roumain: «Appel» suivi de «La Chanson des Lambis», par Émile
Roumer, Imprimerie V. Pierre-Noël, Port-au-Prince, 1928.
67
gloire des combattants. Mais il est sensible à la souffrance et aux
conflits de représentations:
La LIBERTÉ
est un chèque
sans provisions pour la Wall-Street.
37
Roumain, Jacques: «Quand bat le tam-tam», Haïti-Journal, Port-au-Prince,
4 juillet 1931.
38
Roumain, Jacques: «Langston Hugues», Haïti-Journal, Port-au-Prince,
20 octobre 1931.
39
Roumain, Jacques: «Guinée», Haïti-Journal, Port-au-Prince, 30 décembre 1931.
40
Roumain, Jacques: «Madrid», Commun, nro. 44, Paris, avril 1937.
41
Roumain, Jacques: Bois d’ébène, poèmes, Imprimerie Henri Deschamps, Port-au-
Prince, 1945.
68
de los héroes de la independencia. En él, Roumain cultiva la vena
patriótica y, como el poema de Roumer, celebra la gloria de los
combatientes. Pero es sensible al sufrimiento y a los conflictos de
representaciones:
La LIBERTÉ
est un chèque
sans provisions pour la Wall-Street.48
47
Hermanos, acaso están muertos entre los muertos en un osario inmenso / y
dejan apagarse la llama que encendieron los guerreros / nuestros padres, que
no duermen en pequeños sepulcros cálidos / cómodos, sino sangrientos en los
mismos campos de batalla / donde cayeron frente al sol rojo
48
La LIBERTAD / es un cheque / sin fondo para Wall-Street.
49
Jacques Roumain: «Quand bat le tam-tam», Haïti-Journal, Port-au-Prince,
4 juillet 1931.
50
Jacques Roumain: «Langston Hugues», Haïti-Journal, Port-au-Prince, 20 octobre,
1931.
51
Jacques Roumain: «Guinée», Haïti-Journal, Port-au-Prince, 30 décembre,
1931.
52
Jacques Roumain: «Madrid», Commune nro 44, Paris, avril 1937.
53
Jacques Roumain: Bois d’ébène, poèmes, Imprimerie Henri Deschamps, Port-au-
Prince, 1945.
69
(je franchis ton seuil – réprouvé
je prends ta main dans ma main – intouchable)
Roussan Camille
Roussan Camille (1912-1961) a beaucoup voyagé, comme journa-
liste et comme diplomate. À ce titre, il aura été un témoin privilégié
de l’histoire de son temps, et su en tirer une substance qui a nourri
ses poèmes. Même s’il fut proche des cercles du pouvoir en Haïti, il
ne détourne pas le regard des misères sociales. Un de ses poèmes les
plus connus, qui ouvre le recueil de 1940 Assaut à la nuit, «Nedje»,42
est une méditation amère sur l’exploitation du personnage fémi-
nin: en tant que femme-enfant exploitée, en tant qu’Africaine, en
tant qu’être déplacé, à l’identité effritée sans retour. C’est aussi une
méditation sur le devenir d’un monde en train de s’effondrer et qui
vit un «soir sanglant».
42
Roussan, Camille: «Nedje», Assaut à la nuit, préface par René Piquion, Impri-
merie de l’État, Port-au-Prince, 1940.
70
el universalismo aparece más marcado, dado que la violencia del
prejuicio es ante todo de origen social:
Mineur des Asturies mineur nègre de Johannesburg métallo
de Krupp dur paysan de Castille vigneron
de Sicile paria des Indes
(je franchis ton seuil – réprouvé
je prends ta main dans ma main – intouchable)54
Roussan Camille
Roussan Camille (1912-1961) viajó mucho como periodista y
diplomático. Como tal, fue un testigo privilegiado de la historia de
su tiempo, y supo sacar de ello la sustancia que nutre sus poemas.
Aunque estuvo cerca de los círculos del poder en Haití, no desvió
la mirada de las miserias sociales. Uno de sus poemas más famosos,
que abre el poemario de 1940 Assaut à la nuit, «Nedje»,55 es una
meditación amarga sobre la explotación del personaje femenino:
como mujer-niña explotada, como africana, como ser desplazado,
y una identidad irremediablemente desintegrada. Es también una
meditación sobre el porvenir de un mundo que se está hundiendo
y que vive una «noche sangrienta».
54
Minero de Asturias minero negro de Johannesburgo metalúrgico / de Krupp
duro campesino de Castilla viticultor / de Sicilia paria de las Indias // (traspaso
tu umbral –réprobo / mi mano toma la tuya –intocable)
55
Camille Roussan: «Nedje», Assaut à la nuit, préface par René Piquion, Impri-
merie de l’État, Port-au-Prince, 1940.
71
Chacun de tes pas,
tes gestes,
tes regards,
ta chanson
diront au soleil que la terre t’appartient.
43
Brierre, Jean-Fernand: Black Soul, Editorial Lex, La Habana, 1947.
44
Morisseau-Leroy, Félix: Diacoute, Deschamps, Port-au-Prince, 1953.
Morisseau-Leroy, Félix: Dyakout 1, 2, 3, 4, Haitiana Publications, New York,
1990.
72
lorsqu’aux aurores nouvelles
baignant le désert natal,
tu retourneras danser
pour tes héros morts,
pour tes héros vivants,
pour tes héros à naître.
Chacun de tes pas,
tes gestes,
tes regards,
ta chanson
diront au soleil que la terre t’appartient.56
56
Pero tú sola sabes, / muchachita del Danakil / perdida en los clubes opacos /
de Casablanca / que tu corazón / se abrirá de nuevo a la felicidad / cuando en
las auroras nuevas / que bañan el desierto natal, / volverás a bailar / para tus
héroes muertos, / para tus héroes vivos, / para tus héroes venideros. / Cada
uno de tus pasos, / tus gestos, / tus miradas, / tu canción / le dirán al sol que
la tierra te pertenece.
57
Jean-Fernand Brierre: Black Soul, Editorial Lex, La Habana, 1947.
58
Félix Morisseau-Leroy: Diacoute, Deschamps, Port-au-Prince, 1953. Félix
Morisseau-Leroy: Dyakout 1, 2, 3, 4, Haitiana Publications, New York, 1990.
73
venue de Breton en Haïti,45 et eut avec lui un entretien important
publié dans Haïti-Journal.46 La publication, en 1945 d’Épaule
d’ombre47 marque l’avènement d’une esthétique nouvelle dont vont
s’emparer les jeunes gens qui feront basculer le régime du président
Lescot.
Bélance suivra les traces du surréalisme, alors que le mouvement
se transforme dans l’après-guerre. Mais dans ses vers il proteste aussi
contre le déferlement de la violence politique sur son pays. Il le quitte
en 1962 et entame une carrière d’enseignant aux États-Unis, ne
publiant plus avant 1984, quelques années après son retour en Haïti.
Poésie et révolution
La fondation de l’Institut français à Port-au-Prince par le surréa-
liste Pierre Mabille, celle du Centre d’Arts par Gérald Bloncourt
notamment, la venue de Breton, de Lam, de Césaire et de tant
d’autres dans ce Port-au-Prince qui est encore un centre de la vie
sociale et culturelle, la diffusion de l’idéologie du surréalisme, la
place grandissante prise par les forces de la gauche communiste,
et l’aura qui entoure encore l’Union Soviétique en 1945, consti-
tuent un nœud à partir duquel la poésie va retrouver son caractère
radical. Mais aussi, Roumain aura rencontré de jeunes écrivains en
herbe qui essaimeront sa parole. Ainsi, le premier livre de Depes-
tre, Étincelles,48 paraît en 1945 préfacé par Edris Saint-Amand et
est reçu comme le cri d’une nouvelle génération. Le succès du livre
permet à Depestre de fonder l’hebdomadaire La Ruche,49 auquel
45
Cf. André Breton: Manuscrits des conférences prononcées en Haïti entre
décembre 1945 et février 1946; et cahier 58 pages de documents et de
coupures de presse datés de Port-au-Prince et de Fort-de-France, 1945-1946.
(72 images, une notice descriptive, une collection, <http://www.andrebreton.
fr/series/82>).
46
Bélance, René: «Interview avec André Breton», Haïti-Journal, Port-au-Prince,
12-13 décembre, 1945. Republiée sous le titre «Interview de René Bélance»
dans les Entretiens (1913-1952) d’André Breton, Gallimard, Paris, 1952.
47
Bélance, René: Épaule d’ombre, Imprimerie de l’État, Port-au-Prince, 1945.
48
Depestre, René: Étincelles, préface d’Édris Saint-Amand, Imprimerie de
l’État, Port-au-Prince, 1945.
49
La Ruche, Parti démocratique populaire de la jeunesse haïtienne, Port-au-Prince,
1945-1946.
74
sumido en una miseria incomparable, ya no está condenado a ser
únicamente el sujeto de quien se habla. Es ante todo el interlocutor
privilegiado del poeta, que ya no se considera a sí mismo como un
sujeto destinado a la alteridad y alejado del mundo, marginado en
su propia soledad interior.
En lo que concierne a René Bélance, tildado de surrealista en
1943, buscó su inspiración en otras fuentes. Fue uno de los organi-
zadores de la visita de Breton a Haití,59 y tuvo con él una entrevista
importante, publicada en Haïti-Journal.60 En 1945, la publicación
de Épaule d’ombre61 marca el comienzo de una estética nueva, que
será adoptada por los jóvenes que derribaron el régimen del presi-
dente Lescot.
Bélance seguirá la senda del surrealismo, aunque el movimiento
cambie durante el periodo de posguerra. Pero en sus versos también
protesta contra la ola de violencia política en su país. Lo deja en 1962
y empieza una carrera de profesor en los Estados Unidos, dejando
de publicar hasta 1984, unos años después de su regreso a Haití.
Poesía y revolución
La creación del Instituto Francés en Puerto Príncipe por el surrealis-
ta Pierre Mabille, la del Centro de Artes por Gérald Bloncourt,
entre otros, la visita de Breton, de Lam, de Césaire y de tantos otros
a un Puerto Príncipe que es aún el centro de la vida social y cultural,
la difusión de la ideología del surrealismo, el espacio creciente que
ocupan las fuerzas de la izquierda comunista, y el aura que sigue
envolviendo a la Unión Soviética en 1945, constituyen una trama a
partir de la cual la poesía va a recobrar su carácter radical. Además,
Roumain conoció a jóvenes escritores en ciernes que divulgarán su
59
Cf. André Breton: Manuscrits des conférences prononcées en Haïti entre
décembre 1945 et février 1946; et cahier 58 pages de documents et de
coupures de presse datés de Port-au-Prince et de Fort-de-France, 1945-1946.
(72 imágenes, una nota descriptiva, una colección, están disponibles en línea
en <www.andrebreton.fr/series/82>).
60
René Bélance: «Entrevista con André Breton», Haïti-Journal, Port-au-Prince,
12-13 diciembre de 1945. Esta entrevista también ha sido publicada bajo el
títutlo «Interview de René Bélance» en el libro Entretiens (1913-1952), de
André Breton, Gallimard, Paris, 1952.
61
René Bélance: Épaule d’ombre, Imprimerie de l’État, Port-au-Prince, 1945.
75
collaborent des personnalités de cette génération: Gérald Bloncourt,
Jacques Stephen Alexis, Théodore Baker, Aurore Saint-Juste, Gérard
Chenet, membres fondateurs, mais aussi Roger Gaillard, Georges
Anglade, pour ne citer que les plus connus. La revue est le ferment
d’une réflexion en vue de l’action politique, qui culminera avec
la saisie du numéro consacré à André Breton en décembre 1945,
l’emprisonnement de Depestre et, surtout, l’insurrection populaire
«Les cinq glorieuses» du 7 au 11 janvier qui marque la chute du
président Élie Lescot.
René Depestre
Né en 1926 à Jacmel, il est un des organisateurs du mouvement des
étudiants en 1946 qui fait tomber le régime de Lescot. Très vite il
est exilé, il vit en France, avant de connaître d’autres expulsions,
d’autres errances. Depestre connaît une renommée qui dépasse les
frontières du pays. Après Gerbe de sang, paru à Port-au-Prince en
1946,50 il publie à Paris Végétations de clarté,51 préfacé par Aimé
Césaire, qu’il fréquente depuis 1944. Il se rapproche des luttes anti-
colonialistes et il finit par être expulsé de France en 1950. Commence
alors pour lui un destin de voyageur qui le mène d’abord en Europe
de l’Est, puis à Cuba, au Chili et au Brésil. Il a été le secrétaire par-
ticulier de Jorge Amado, puis celui de Pablo Neruda.
De retour à Port-au-Prince en 1957 à la chute du gouvernement
Magloire, il refuse de collaborer avec le président Duvalier et quitte
le pays pour Cuba en 1959, où il demeure une vingtaine d’années.
Il est accueilli par Ernesto Che Guevara et devient un des acteurs
de la révolution en cours. Il occupe des fonctions officielles, il est
aussi journaliste, et voyage beaucoup. Il publie des livres de poèmes
assez régulièrement.
Il travaille ensuite à l’Unesco jusqu’en 1986. Il s’installe à sa retraite
dans un petit village du Sud-Ouest de la France, Lézignan-Corbière.
Son œuvre jusque là reconnue dans des cercles relativement limités,
connaît désormais un succès international.
50
Depestre, René: Gerbe de sang, préface de René Bélance, Collection La Vie
Violente, Imprimerie de l’État, Port-au-Prince, 1946.
51
Depestre, René: Végétations de clarté, préface d’Aimé Césaire, Seghers, Paris,
1951.
76
palabra. Así, el primer libro de Depestre, Étincelles,62 es publicado
en 1945 con un prefacio de Edris Saint-Amand y es recibido como
el grito de una nueva generación. El éxito del libro le permite a
Depestre fundar el semanal La Ruche,63 en el que colaboran persona-
lidades de esa generación: Gérald Bloncourt, Jacques Stephen Alexis,
Théodore Baker, Aurore Saint-Juste, Gérard Chenet, miembros
fundadores, pero también Roger Gaillard, Georges Anglade, por
citar a los más conocidos. La revista es el fermento de una reflexión
con miras a la acción política, que culminará en la incautación del
número dedicado a André Breton en diciembre de 1945, el encar-
celamiento de Depestre y, sobre todo, la insurrección popular «Las
cinco gloriosas» del 7 al 11 de enero, que marca la caída del presi-
dente Élie Lescot.
René Depestre
Nacido en 1926 en Jacmel, es uno de los organizadores del movi-
miento estudiantil que en 1946 derroca al régimen de Lescot.
Rápidamente se exilia, vive en Francia, antes de enfrentarse a otras
expulsiones y otras andanzas. Depestre es célebre allende las fronteras
del país. Después de Gerbe de sang, publicado en Puerto Príncipe en
1946,64 publica en París Végétations de clarté,65 prologado por Aimé
Césaire, a quien frecuenta desde 1944. Se acerca a las luchas antico-
lonialistas y termina siendo expulsado de Francia en 1950. Emprende
entonces una vida de viajero que lo lleva primero a Europa del Este,
luego a Cuba, Chile y Brasil. Fue el secretario particular de Jorge
Amado, luego el de Pablo Neruda. De regreso a Puerto Príncipe
en 1957, al caer el gobierno de Magloire, se niega a colaborar con
el presidente Duvalier y deja el país para ir a Cuba en 1959, donde
se queda unos veinte años. Es recibido por Ernesto Che Guevara y
se convierte en uno de los actores de la revolución en curso. Ocupa
puestos oficiales, también es periodista, por ende viaja a menudo.
Publica poemarios con frecuencia.
62
René Depestre: Étincelles, préface d’Édris Saint-Amand, Imprimerie de l’État,
Port-au-Prince, 1945.
63
La Ruche, Parti démocratique populaire de la jeunesse haïtienne, Port-au-Prince,
1945-1946.
64
René Depestre: Gerbe de sang, préface de René Bélance, Collection La Vie
Violente, Imprimerie de l’État, Port-au-Prince, 1946.
65
René Depestre: Végétations de clarté, préface d’Aimé Césaire, Seghers, Paris,
1951.
77
Poète, romancier et essayiste, il demeure un des grands témoins
des principaux événements et personnalités de la seconde moitié
du XXème siècle. Il faut enfin relever que René Depestre ne se
considère pas comme un exilé: «Je prends racine partout», a-t-il
souvent affirmé à ses interlocuteurs.
Son œuvre poétique est intégralement à la disposition des lecteurs.
D’une richesse qui paraît inépuisable, elle se déploie dans toutes les
directions de la poésie en vers libres, témoignant de la souplesse de
la langue, jouant de tous les registres, jusqu’à la recomposition d’une
langue à même de nommer sans relâche la densité de la présence
haïtienne au monde. Ainsi, dans le célébrissime «L’âge de Papa Doc»:
«et je te papa / je te doc / je te papa doc / je te papadocquise…». Mais
Depestre est d’abord le poète de la magie amoureuse et du désir
sans rémission, dès Étincelles (1945) avec «Je ne viendrai pas», désor-
mais un classique de la poésie haïtienne, comme «Sous les ponts
de l’amour», poème qui sature sa forme par la production d’images
d’une grande richesse. C’est aussi une poésie qui, par delà le lyrisme,
sait réinventer le quotidien, y puiser l’émerveillement, comme dans
«Une lettre de ma mère». C’est enfin une poésie qui sait se garder
de la nostalgie, qui est une passion triste, en faisant revivre dans la
conscience du poète les termes les plus profonds de la poétique.
Chaque recueil de Depestre possède son économie propre, son
unité. Ainsi, Un arc-en-ciel pour l’occident chrétien (1967)52 met en
question la prétention occidentale à l’universalité des croyances et
des visions du monde, célèbre une galerie de Loas (divinités, esprits
du vaudou) avant de leur faire entonner une «cantate» par laquelle
ils dialoguent, et chante les héros haïtiens comme ceux qui ont lutté
contre le pouvoir colonialiste, tel Lumumba, ou contre le pouvoir
blanc, tel Malcolm X. L’actualité géopolitique n’est enfin pas absente
du recueil, qui remet en cause la terreur atomique et la violence géné-
ralisée, avant d’en appeler à un humanisme renouvelé. Poésie ferme,
qui fait résonner en elle le rythme fort, tendu, sans se perdre dans
la véhémence ni la grandiloquence, la poésie de Depestre évoque
des images d’une présence particulièrement nette. Peu à peu, au fur
et à mesure que le temps passe, elle glisse dans une rencontre plus
apaisée vers l’intime, même si la colère du poète face aux tribulations
ne faiblit pas; comme dans «Le pneu enflammé», critique radicale
52
Depestre, René: Un arc-en-ciel pour l’occident chrétien, Présence Africaine, Paris,
1967.
78
Luego trabaja para la Unesco hasta 1986. Al jubilarse se establece
en un pueblito en el suroeste de Francia, Lézignan-Corbière. Su
obra, hasta entonces conocida en círculos relativamente limitados,
goza ya de un éxito internacional.
Poeta, novelista y ensayista, es uno de los grandes testigos de los
principales acontecimientos y personalidades de la segunda mitad
del siglo XX. Finalmente, es importante subrayar que René Depestre
no se considera un exiliado: «Me enraízo en todas partes», suele
decirle a sus interlocutores.
Su obra poética está integralmente a disposición de los lectores.
De una riqueza que parece inagotable, se despliega en todas las direc-
ciones de la poesía en verso libre, reflejando la agilidad de la lengua,
valiéndose de todos los registros, hasta la recomposición de una
lengua capaz de nombrar sin tregua la densidad de la presencia haitia-
na en el mundo. Como en el muy famoso «L’âge de Papa Doc»: «y
yo te papa / yo te doc / yo te papa doc / yo te papadocqueo…». Pero
Depestre es ante todo el poeta de la magia amorosa y del deseo sin
remisión, desde Étincelles en 1945 con «Je ne viendrai pas», hoy día
un clásico de la poesía haitiana, como «Sous les ponts de l’amour»,
poema que satura su forma por la producción de imágenes de una
gran riqueza. Es también una poesía que, más allá del lirismo, sabe
reinventar lo cotidiano, extraer de ello el asombro, como en «Une
lettre de ma mère». Es finalmente una poesía que sabe mantener la
nostalgia, una pasión triste, al revivir en la conciencia del poeta los
términos más profundos de la poética.
Cada poemario de Depestre tiene su economía propia, su unidad.
Así, Un arc-en-ciel pour l’occident chrétien66 (Un arco iris para el occiden-
te cristiano, Premio Casa de las Américas, 1967) pone en tela de juicio
la pretensión occidental de poseer la universalidad de las creencias y
de las visiones del mundo, celebra una galería de Loas (divinidades,
espíritus del vodú) antes de hacerles entonar una «cantata» a través
de la cual dialogan, y alaba a los héroes haitianos así como a los que
lucharon contra el poder colonial, como Lumumba, o contra el poder
blanco, como Malcom X. La actualidad geopolítica tampoco está
ausente del poemario, que cuestiona el terror atómico y la violencia
generalizada, llamando a un humanismo renovado. Poesía firme, en
la que vibra el ritmo denso, tenso, sin perderse en la vehemencia
66
René Depestre: Un arc-en-ciel pour l’occident chrétien, Présence Africaine, Paris,
1967.
79
et désenchantée des règlements de compte politiques dans la rue
port-au-princienne.
Haïti Littéraire
À partir de 1957, une chape de plomb tombe sur Haïti. La montée
au pouvoir par François Duvalier entraîne un ralentissement de la
production poétique, particulièrement sur ses versants créatifs. Le
régime de Duvalier fonde en partie son discours sur une forme de
panégyrique de la plainte, contre l’étranger, et contre tous ceux qu’il
réduit à l’ennemi intérieur. Mais des jeunes gens prennent la relève,
au risque de leur liberté, de leur intégrité physique et de leur vie. En
1960, après la grève avortée des étudiants contre le gouvernement,
François Duvalier se fait proclamer président à vie. Les intellectuels
sont nommément menacés, eux qui tentent de résister à l’emprise des
esprits, et à la langue essentialiste du tyran taciturne – une langue qui
redouble le confinement économique et social d’une césure entre la
réalité et le discours censé la prendre en charge. Il y va de l’exigence
de probité que de mener un véritable travail de critique des discours.
C’est dans ce climat de violence généralisée qu’Anthony Phelps, né
en 1928, va rencontrer de jeunes poètes de l’Association Samba et
fonder en 1961, avec Davertige (Villard Denis), Serge Legagneur,
Roland Morisseau, René Philoctète et Auguste Thénor le groupe
Haïti Littéraire et la revue Semences.53
Haïti Littéraire rompt délibérément avec les thèmes littéraires
de l’époque. Les jeunes poètes, gagnés au surréalisme, prônent une
ouverture sur le monde, prennent leur distance à l’égard de l’indigé-
nisme et de la négritude, et vont animer la vie culturelle de Port-au-
Prince, malgré la dictature. En trois ans, outre une vingtaine de
pièces radiophoniques, Phelps publie trois recueils: Été (1960),54
Présence (1961),55 Éclats de silence (1962)56 et il commence la
53
Semences. Revue mensuelle Haïti Littéraire, Les Presses Libres, Port-au-Prince,
1961-1962.
54
Phelps, Anthony: Été, couverture et illustrations de Grace Phelps en collabo-
ration avec l’auteur, Collection Samba, Imprimerie N. A. Théodore, Port-au-
Prince, 1960.
55
Phelps, Anthony: Présence, poème, illustrations de Luckner Lazard, Collection
Haïti Littéraire, Haïti Littéraire, Port-au-Prince, 1961.
56
Phelps, Anthony: Éclats de silence, Collection Haïti Littéraire, Art Graphique
Presse, Port-au-Prince, 1962.
80
ni la grandilocuencia, la poesía de Depestre evoca imágenes de una
presencia particularmente nítida. Poco a poco, a medida que pasa el
tiempo, se desliza hacia un encuentro más sosegado con lo íntimo,
aunque la ira del poeta no flaquea ante las tribulaciones, como en
«Le pneu enflammé», crítica radical y desencantada de los ajustes
de cuentas políticos en las calles de Puerto Príncipe.
Haïti Littéraire
A partir de 1957, una era oscura se desploma sobre Haití. La llegada
al poder de François Duvalier trae consigo una disminución de la
producción poética, principalmente en sus vertientes creativas. El
régimen de Duvalier basa en parte su discurso en una forma panegí-
rica de la queja, contra el extranjero, y contra todos los que él reduce
a enemigo interior. Pero algunos jóvenes asumen el desafío, poniendo
en peligro su libertad, su integridad física y su vida. En 1960, tras el
fracaso de la huelga estudiantil contra el gobierno, François Duva-
lier se proclama presidente vitalicio. Los intelectuales que intentan
resistir al dominio de los espíritus y a la lengua esencialista del tirano
taciturno son claramente amenazados, –una lengua que le añade
al aislamiento económico y social la ruptura entre la realidad y el
discurso que debería hacerse cargo de ella. La búsqueda de integri-
dad exige realizar un profundo trabajo de crítica de los discursos.
En este clima de violencia generalizada, Anthony Phelps, nacido
en 1928, conocerá a varios jóvenes poetas de la Asociación Samba
y creará en 1961, con Davertige (Villard Denis), Serge Legagneur,
Roland Morisseau, René Philoctète y Auguste Thénor, el grupo
Haïti Littéraire y la revista Semences.67
Haïti Littéraire rompe deliberadamente con los temas literarios
de la época. Los poetas jóvenes, seducidos por el surrealismo,
preconizan una apertura hacia el mundo, se distancian del indige-
nismo y de la negritud y animan la vida cultural de Puerto Príncipe
a pesar de la dictadura. En tres años, además de una veintena de
obras radiofónicas, Phelps publica tres poemarios: Été (1960),68
67
Semences. Revue mensuelle Haïti Littéraire, Les Presses Libres, Port-au-Prince,
1961-1962.
68
Anthony Phelps: Été, couverture et illustrations de Grace Phelps en collabo-
ration avec l’auteur, Collection Samba, Imprimerie N. A. Théodore, Port-au-
Prince, 1960.
81
rédaction de ce qui allait devenir Mon pays que voici,57 une marche
poétique à l’intérieur de l’histoire d’Haïti.
Les poètes d’Haïti Littéraire cultivent des relations avec les
peintres (Lazard, Denis, Cédor, Wah) et fréquentent souvent leurs
aînés, intellectuels, écrivains comme Léon Laleau, Jean Fouchard,
Antonio Vieux ou René Bélance. Les poètes passent leurs textes au
crible du jugement du groupe, dans une perspective d’émulation
certes, mais surtout dans celle de la recherche de la rigueur, de
l’image qui fait sens, du mot juste. Haïti Littéraire, c’est d’abord
une éthique de la forme. Mais les temps sont dominés par la
répression: fréquentant des opposants au régime, Phelps et Émile
Ollivier sont arrêtés, et ne doivent leur survie qu’à des concours de
circonstances. Les écrivains se dispersent, quittent en grande partie
le pays, d’autres s’emmurent dans un silence politique et dans une
production littéraire qui va paraître incompréhensible aux sbires du
pouvoir duvaliériste. Phelps part en exil pour s’installer en 1964 à
Montréal. Il faut poursuivre le travail entrepris, mais aussi prendre
ses marques, dans un pays qui connaît à cette époque de profonds
bouleversements sociaux.
René Philoctète
Né en 1932, René Philoctète est un poète qui a reçu une recon-
naissance importante dans son pays, mais celle-ci n’a pas gagné
l’étranger. Or, sa voix n’est pas des moindres. Il a peu quitté le pays
sous la dictature, il a vécu dans la discrétion, écrivant peu à peu
entouré par des jeunes gens qu’il marque durablement, en particulier
l’écrivain Lyonel Trouillot. Il fut longtemps enseignant, et participa
aux aventures culturelles du Port-au-Prince de ces années. Mais sa
poésie est aussi ouverte au politique. Dans la préface à l’anthologie de
Philoctète Poèmes des îles qui marchent, Lyonel Trouillot58 a ces mots:
«Ce poète quasiment inconnu des “spécialistes” non-haïtiens de la
littérature haïtienne est sans doute le plus présent dans la mémoire
57
Phelps, Anthony: Mon pays que voici suivi de Les dits du fou-aux-cailloux,
P. J. Oswald, Honfleur, 1968.
58
Philoctète, René: Poèmes des îles qui marchent, anthologie préfacée par Lyonel
Trouillot, Actes Sud, Arles, 2003.
Philoctète, René: Ces îles qui marchent, Spirale, Port-au-Prince, 1969.
82
Présence (1961),69 Éclats de silence (1962)70 e inicia la redacción de
lo que será Mon pays que voici,71 una marcha poética en las entrañas
de la historia de Haití.
Los poetas de Haïti Littéraire crean vínculos con los pintores
(Lazard, Denis, Cédor, Wah) y frecuentan a menudo a sus mayores,
intelectuales y escritores como Léon Laleau, Jean Fouchard, Anto-
nio Vieux o René Bélance. Los poetas someten sus textos al juicio
minucioso del grupo, sin duda con una perspectiva de emulación,
pero también en busca del rigor, de la imagen que tiene sentido y de
la palabra precisa. Haïti Littéraire es ante todo una ética de la for-
ma. Pero en ese entonces domina la represión: por frecuentar a oposi-
tores del régimen, Phelps y Émile Ollivier son detenidos y sobre-
viven gracias a meras coincidencias. Los autores se dispersan, muchos
dejan el país, otros se encierran en un silencio político y en una
producción literaria que le será incomprensible a los esbirros del
poder duvalierista. Phelps se exilia y se instala en Montreal en 1964.
Es preciso proseguir el trabajo emprendido, pero también posicio-
narse, en un país que vive entonces profundas conmociones sociales.
René Philoctète
Nacido en 1932, René Philoctète es un poeta que ha recibido un
gran reconocimiento en su país, no así en el extranjero. No obstan-
te, su voz no deja de ser importante. Salió poco del país durante la
dictadura, vivió discretamente, escribiendo, cada vez más rodeado
por jóvenes en los que influye profundamente, en particular el es-
critor Lyonel Trouillot. Enseñó por muchos años y participó en las
aventuras culturales del Puerto Príncipe de entonces. Pero su poesía
se abre también a lo político. En el prólogo de la antología de
Philoctète Poèmes des îles qui marchent,72 Lyonel Trouillot expresa:
«Ce poète quasiment inconnu des “spécialistes” non-haïtiens de la
littérature haïtienne est sans doute le plus présent dans la mémoire
littéraire de la jeunesse haïtienne, celui qui a tenu le langage de la
69
Anthony Phelps: Présence, poème, illustrations de Luckner Lazard, Collection
Haïti Littéraire, Haïti Littéraire, Port-au-Prince, 1961.
70
Anthony Phelps: Éclats de silence, Collection Haïti Littéraire, Art Graphique
Presse, Port-au-Prince, 1962.
71
Anthony Phelps: Mon pays que voici suivi de Les dits du fou-aux-cailloux, P. J.
Oswald, Honfleur, 1968.
72
René Philoctète: Poèmes des îles qui marchent, anthologie préfacée par Lyonel
Trouillot, Actes Sud, Arles, 2003. [René Philoctète: Ces îles qui marchent,
Spirale, Port-au-Prince, 1969].
83
littéraire de la jeunesse haïtienne, celui qui a tenu le langage de la
confiance en ce pays auquel plus personne n’accorde sa confiance».
Avec Frankétienne, Jean-Claude Fignolé et Bérard Cénatus, il est un
des fondateurs et promoteurs de ce mouvement littéraire qui vise à
retrouver le sens d’une parole qui s’est effilochée dans le politique et
la perversion: le Spiralisme. La poésie de Philoctète est une ardente
célébration de la solidarité et une quête incessante de l’authenticité.
L’art du poète se déplie entre les notations du quotidien, comme
des traces de conversations à voix basse entre soi et soi. Mais il
se déploie aussi dans des compositions amples comme Promesse59
(1963) ou bien Caraïbe60 (1982). Dans un art poétique publié dans
Les Tambours du soleil61 (1962), il rend compte de cette articulation,
qui est d’abord l’identification d’un contrat énonciatif préalable.
À l’évidence, Philoctète prolonge ici le chant que publie la même
année Anthony Phelps, Mon pays que voici. En même temps, il cite
un passage clé du roman de Jacques Roumain Gouverneur de la rosée,
et qui résonne depuis sa publication comme le glas pour le pays.
Mais Philoctète n’est pas des attentistes ni des mélancoliques: Haïti
demeure le lieu cardinal d’une Promesse, et le poème éponyme se
termine par ces vers, qui rappellent que la place du poète n’est pas
dans l’empyrée, mais bien parmi les siens:
59
Philoctète, René: Promesse, [s. n.], Port-au-Prince, 1963.
60
Philoctète, René: Caraïbe, [s. n.], Port-au-Prince, 1982.
61
Philoctète, René: Les tambours du soleil, Imprimerie des Antilles, Port-au-Prince,
1962.
84
confiance en ce pays auquel plus personne n’accorde sa confiance».73
Junto a Frankétienne, Jean-Claude Fignolé y Bérard Cénatus, es uno
de los fundadores y promotores de ese movimiento literario que
aspira a reencontrar el sentido de una palabra que se perdió en lo
político y la perversión: el Espiralismo. La poesía de Philoctète es
una ardiente celebración de solidaridad y una búsqueda incesante de
autenticidad. El arte del poeta se expande entre las observaciones
de lo cotidiano, como huellas de conversaciones en voz baja consigo
mismo. Pero también se despliega en composiciones más amplias
como Promesse (1963)74 o Caraïbe (1982).75 En un arte poético
publicado en Tambours au soleil (1962),76 muestra esta articulación,
que es ante todo la identificación de un contrato enunciativo previo.
Es evidente que Philoctète prolonga así el canto publicado por
Anthony Phelps el mismo año, Mon pays que voici. A la vez, cita un
fragmento clave de la novela de Jacques Roumain Gouverneurs de la
rosée que, desde su publicación, resuena como un réquiem por el país.
Pero Philoctète no es ni de los expectantes, ni de los melancólicos:
Haití sigue siendo el punto cardinal de una Promesse, y el poema
epónimo termina con estos versos, que recuerdan que el lugar del
poeta no está en la bóveda celeste, sino entre los suyos:
73
«Este poeta casi desconocido por los “especialistas" no haitianos de la literatura
haitiana es sin duda el más presente en la memoria literaria de la juventud haitiana,
el que cultivó el lenguaje de la confianza en un país en el que ya nadie confía».
74
René Philoctète: Promesse, [s. n.], Port-au-Prince, 1963.
75
René Philoctète: Caraïbe, [s. n.], Port-au-Prince, 1982.
76
René Philoctète: Les tambours du soleil, Imprimerie des Antilles, Port-au-Prince,
1962.
77
Volvemos de una memoria… El tiempo fue hecho / del espanto de una noche de
hombres de hierro; / ¡Oh miseria sobre la ciudad! Pesadilla y ruido de acero, /
85
Roland Morisseau
Roland Morisseau (1933-1995) s’installe à Montréal en 1964. Il
a déjà publié à Port-au-Prince, mais c’est entre 1988 et 1993 qu’il
fait paraître la majeure partie de son œuvre. Sa voix singulière dit
l’insoumission, la générosité d’une parole à la liberté sans concession,
et qui se bat pied à pied contre l’emprise du silence. Dès 5 poèmes
de reconnaissance (1961),62 ce poète inquiet se refuse au silence:
«J’entends des pas vibrer dans mon sommeil / Mes yeux sont clos
comme des portes d’acier». Il connaîtra cette inquiétude qui exerce
sa pression tout au long de son existence de poète. Dans La Chanson
de Roland (1979),63 qui joue sur le souvenir du texte fondateur de
la littérature d’expression française – histoire d’une défaite dont le
cor du héros Roland ne cesse de faire résonner l’écho –, Morisseau
écrit: «Et c’est un roulis de cœur roulant en nous / Qui s’amenuise
au loin dans le silence glauque / Nos yeux de cire rêvent de miettes
d’étoiles».
En 1993, il compose un poème au titre prémonitoire, «Testa-
ment 7».64 La poésie y est offerte comme le seul levier contre les
discours sans raison et la débâcle de l’esprit mais qui, par ce retour-
nement que seule la poésie rend possible, devient aussi le lieu de
germination d’une parole.
62
Morisseau, Roland: 5 poèmes de reconnaissance, Imprimerie Théodore, Port-au-
Prince, 1961.
63
Morisseau, Roland: La Chanson de Roland, Nouvelle Optique, Montréal, 1979.
64
Morisseau, Roland: «Testament», Sapriphage, Revue de Création littéraire.
Numéro spécial 22 «Présence d’Haïti», présenté et coordonné par Jean Métellus
avec un avant-propos de Paul Laraque. Nanterre, 1994.
86
Roland Morisseau
Roland Morisseau (1933-1995) se establece en Montreal en 1964.
Ya publicó en Puerto Príncipe, pero la mayor parte de su obra es
impresa entre 1988 y 1993. Su voz singular cuenta la insumisión, la
generosidad de una palabra absolutamente libre, que lucha asidua-
mente contra las garras del silencio. Desde 5 poèmes de reconnaissance
(1961),78 el poeta inquieto se niega al silencio: «J’entends des pas
vibrer dans mon sommeil / Mes yeux sont clos comme des portes
d’acier».79 Esa inquietud lo oprimirá durante toda su existencia de
poeta. En La Chanson de Roland (1979),80 que juega con el recuerdo
del texto fundador de la literatura de expresión francesa –historia de
una derrota cuyo eco suena incesantemente en la trompeta del héroe
Roland–, Morisseau escribe: «Et c’est un roulis de cœur roulant en
nous / Qui s’amenuise au loin dans le silence glauque / Nos yeux
de cire rêvent de miettes d’étoiles».81
En 1993 compone un poema de título premonitorio: «Testa-
ment 7».82 La poesía es ofrecida como el único incentivo contra los
discursos sin razón y el colapso de la mente pero que, por esa invo-
lución que solo es posible a través de la poesía, también se convierte
en el lugar de germinación de una palabra.
Anthony Phelps
Anthony Phelps a une carrière poétique exemplaire, par la diversité
des formes et des thèmes, par la rigueur avec laquelle chaque poème
est composé et, surtout, en conservant la présence du pays quitté
malgré l’exil. Il publie Points cardinaux (1966),66 peu de temps
après son installation à Montréal. Même si les thèmes sont tournés
du côté d’Haïti, et de la décrépitude de la parole («Pourquoi tes
mots s’estompent-ils / quand dans l’obscurité / maman rejoint ton
65
Davertige: Idem, Collection Haïti Littéraire, Imprimerie Théodore, Port-au-
Prince, 1962.
66
Phelps, Anthony: Points cardinaux, Holt, Rinehart et Winston, Montréal,
1966.
88
y la exaltación– reintegra en su impulso a los poetas anteriores. La
densidad de las imágenes no confinan al hermetismo, sino que cada
una de ellas exige del lector una espera paciente, para dejarle el tiempo
de alcanzar las profundidades del imaginario. Uno de sus poemas más
famosos, «Omabarigore», publicado en su libro Idem (1962),83 se
abre enteramente a la brecha en la pantalla cotidiana y permite echar
una mirada del otro lado, donde la razón procede por imágenes:
83
Davertige: Idem, Collection Haïti Littéraire, Imprimerie Théodore, Port-au-
Prince, 1962.
84
Omabarigore la ciudad que creé para ti / Tomando el mar en mis brazos / Y
los paisajes alrededor de mi cabeza / Todas las plantas están ebrias y llevan su
primavera a cuestas / En su tallo que los vientos amordazan / En medio de los
bosques que vibran con nuestros sentidos / Hay árboles de pie que conocen
nuestros secretos / Todas las puertas se abren ante el poder de tus sueños /
Cada músico tiene tus sentidos como instrumento / Y la noche como collar
rodeando el baile / Porque anclamos las tormentas / En los brazos de los
desechos domésticos / El dolor cae como los muros de Jericó / Las puertas
se abren por tu sola potencia de amor / Omabarigore donde suenan / Todas
las campanas del amor y de la vida / El mapa se ilumina como ese rostro que
amo / Dos espejos que recogen las lágrimas del pasado / Y el pueblo del alba
asediando nuestras miradas
89
point de chute?»), le paysage a déjà changé. Il est vrai aussi que la
terre québécoise n’est pas inconnue au poète, qui y a déjà séjourné.
Le «gel», les «érables», par exemple, esquissent un paysage intérieur
déjà marqué par la terre d’élection de l’exil. C’est Mon pays que voici
(1966) qui rend Phelps mondialement célèbre. Ce n’est pourtant
pas une œuvre composée en exil, car elle a été en grande partie écrite
entre 1960 et 1963 quand le poète vivait encore à Pétion-Ville. Mais
c’est l’enregistrement du poème sur un disque par l’auteur qui va
faciliter de façon déterminante sa diffusion.67 Le poète y accomplit
en quatre parties distinctes la célébration de la magnificence de la
terre haïtienne depuis sa présence immédiate et celle de la contrainte.
Haïti est d’abord un espace mémoriel, qui s’éveille à la parole du
poète dès qu’il marque une pause dans le glissement du temps et des
saisons: «L’été s’achève / et ma mémoire se souvient». Il ne s’agit pas
ici d’une présence immédiate: la parole poétique est marquée d’une
parole du plus lointain, parole souveraine car libérée, et maintenant
qui se tient debout:
67
Phelps, Anthony: LP Mon pays que voici, Les Disques Coumbite, Montréal, 1966
(transféré numériquement sur CD par Les Productions Caliban, Montréal,
2000, 2005).
68
Phelps, Anthony: Mon pays que voici suivi de Les dits du fou-aux-cailloux,
P. J. Oswald, Honfleur, 1968.
90
Anthony Phelps
Anthony Phelps tiene una carrera poética ejemplar por la diversidad
de las formas y de los temas, por el rigor con el que cada poema
está compuesto y, sobre todo, porque mantiene viva la presencia del
país que dejó a pesar del exilio. Publica Points cardinaux (1966),85
poco después de instalarse en Montreal. Aunque sus temas están
centrados en Haití y la decadencia de la palabra («Pourquoi tes
mots s’estompent-ils / quand dans l’obscurité / maman rejoint ton
point de chute?»),86 el paisaje ya cambió. También es cierto que el
poeta conoce la tierra del Quebec, donde ya residió. El «hielo», los
«arces», por ejemplo, esbozan un paisaje interior marcado por la
tierra elegida para el exilio. Con Mon pays que voici (1966), Phelps
gana renombre mundial. No obstante, no se trata de una obra
compuesta en el exilio, puesto que fue escrita en gran parte entre
1960 y 1963, cuando el poeta todavía vivía en Pétion-Ville. Pero la
grabación del poema en disco por el autor facilitará su difusión de
forma determinante.87 En cuatro partes distintas, el poeta logra la
celebración de la magnificencia de la tierra haitiana desde su presencia
inmediata, y la de la restricción. Haití es ante todo un espacio de
memoria, que despierta ante la palabra del poeta apenas hace una
pausa en el correr del tiempo y de las estaciones: «L’été s’achève / et
ma mémoire se souvient».88 No se trata aquí de una presencia inme-
diata: la palabra poética está marcada por una palabra más remota,
palabra soberana por liberada, y que ahora está de pie:
Je reviendrai
comme on remonte le lit asséché du torrent
dans un roulis de tout le corps
Ô ma terre incessible
tu es mon printemps sans rivage
mon mois de juin fou de couleurs
Tu es l’été qui m’habite.
69
Phelps, Anthony & Laforest, Jean-Richard & Ollivier, Émile: Pierrot le Noir,
Enregistré à Montréal en mai 1968, avec des chansons de transition de Toto
Bissainthe, pour les Disques Coumbite. Transfert numérique du LP sur CD,
Les Productions Caliban, Montréal, 2005.
70
Phelps, Anthony: Orchidée nègre, Triptyque, Montréal, 1987.
71
Phelps, Anthony: Les doubles quatrains mauves, Éditions Mémoire, Port-au-
Prince, 1995.
72
Phelps, Anthony: Immobile Voyageuse de Picas et autres silences, Cidihca,
Montréal, 2000.
92
Ahí mismo están las fuerzas de la noche que dañaron la palabra y
la hundieron en las tinieblas. En 1968, Phelps también publica Les
dits du fou-aux-cailloux,90 inspirado en el espectáculo de un presunto
loco, que recoge piedras para edificar una estructura extraña entre
dos flamboyanes de los que retiró la corteza. Phelps interpreta ese
acto irrisorio y extraño como un acto de resistencia a la presencia
de la noche y de la muerte en el país. Entremezcla su poema con
referencias bíblicas y de mitología egipcia, para nutrir una palabra
hecha añicos, y hacer una promesa de tiempos mejores:
Je reviendrai
comme on remonte le lit asséché du torrent
dans un roulis de tout le corps
Ô ma terre incessible
tu es mon printemps sans rivage
mon mois de juin fou de couleurs
Tu es l’été qui m’habite.91
Georges Castera
Né en 1936, Georges Castera quitte le pays en 1956 et n’y revient
que trente ans plus tard. Pendant ces années il a milité contre les
injustices, mais il a aussi travaillé d’arrache-pied à la constitution
de la langue créole écrite. Castera écrit en français, en créole et en
espagnol, ce qui fait de son œuvre un moment poétique exception-
nel. Depuis son retour en Haïti, il conseille les jeunes poètes, voire
participe à leur formation, et son influence est déterminante. La
poésie de Castera se méfie de la grandiloquence, mais ne s’interdit
pas la véhémence, au profit d’une image poétique qu’il rend immé-
diatement perceptible.
Cette montée vers l’inouï, il l’a aussi accomplie dans sa poésie en
créole, recueillie dans près d’une vingtaine de livres publiés à partir
de 1965. Peu à peu, de livre en livre, de poème en poème, Georges
Castera a posé les jalons d’une poésie contemporaine, et dont la
reconnaissance est désormais acquise. Néanmoins il est essentiel de
bien comprendre ici que Castera n’écrit pas une langue contre l’autre,
mais qu’il recherche une même densité. Car le parti pris de Castera
est de ne pas assimiler la poésie en créole à une «oraliture», mais
bien de lui conférer dès le départ le statut d’une poésie en langue
courante. À plusieurs reprises, les poèmes disent l’écriture, l’encre,
le papier. Dans le rapport courant de la langue créole à l’image,
Castera se défait de l’évidence de celle-ci: l’image dans sa poésie est
motivée, construite, elle devient une véritable création, à l’écart de
l’usage commun. Avec Castera, le créole devient vraiment une langue
d’écriture poétique. Et ses publications, d’une grande beauté, ont
ouvert la voie à la fin de la déconsidération condescendante à l’égard
de la langue commune. De 1965 à 2012, il publie 19 recueils de
94
en 1994 cuando el país es víctima del embargo, narra la lucha frente
a un posible hastío, el agotamiento ante al desastre sin fin. Immobile
Voyageuse de Picas (2000)95 también insiste sobre el riesgo de amar-
gura, que solo la palabra poética puede superar.
Anthony Phelps es, sin duda alguna, el poeta haitiano más
importante de este periodo y de la literatura haitiana en gene-
ral. El punto cardinal de su obra siempre es el país, sus gran-
dezas pasadas, sus desastres contemporáneos, la energía que le
instila todos los días un «Peuple / poussant continuellement sa
fleur / de très vieille souche métisse / s’ensemençant sans cesse».96
Discreto, comedido, poco amante de énfasis ni grandilocuencia,
propone una palabra que sabe jugar con las gamas armónicas de la
lengua y se apoya en una ciencia segura del ritmo y de la versificación.
Georges Castera
Nacido en 1936, Georges Castera deja el país en 1956 para volver
treinta años más tarde. Durante esos años luchó contra las injusti-
cias, y también trabajó sin descanso para la constitución de la lengua
creol escrita. Castera escribe en francés, en creol y en español, lo que
convierte su obra en un momento poético excepcional. Desde su
regreso a Haití su influencia es determinante: orienta a los jóvenes
poetas e incluso participa en su formación. La poesía de Castera se
aleja de la grandilocuencia, pero se permite la vehemencia, en pos
de una imagen poética inmediatamente perceptible.
Ese ascenso hacia lo inaudito también se encuentra en su poesía
en creol, recogida en unos veinte libros publicados a partir de 1965.
Poco a poco, libro tras libro, poema tras poema, Georges Castera
sienta las bases de una poesía contemporánea, cuyo reconocimiento
es un hecho. No obstante, es importante entender que Castera no
escribe una lengua en contra de la otra, sino que busca una misma
densidad. Castera toma el partido de no asimilar la poesía en creol
a una «oralitura», sino más bien de conferirle desde el principio el
rango de una poesía en un idioma común. En repetidas ocasiones,
los poemas cuentan la escritura, la tinta, el papel. En esta relación
común de la lengua creol a la imagen, Castera se deshace de la
95
Anthony Phelps: Immobile Voyageuse de Picas et autres silences, Cidihca,
Montréal, 2000.
96
«Pueblo / creciendo su flor sin cesar / de muy antigua cepa mestiza / sembrán-
dose siempre».
95
poèmes en créole, dont l’anthologie Rabouch (2012),73 et 9 recueils
en français, dont Le Retour à l’arbre74 (1974) et Le Trou du souffleur
(2006).75 Sans compter sa participation à nombre d’ouvrages collec-
tifs et sa littérature enfantine.
Astres
La parole poétique haïtienne connaît depuis les années 1980 une
véritable effervescence, à travers des personnalités majeures. Chacu-
ne étant un univers en soi et imprimant à son passage de nouvelles
manières de penser et de dire Haïti ou le monde. Désormais, on
peut difficilement parler de courant ou d’école, mais plutôt d’une
multiplicité d’expressions, libres et originales, concernées et façon-
nées par la complexe réalité haïtienne, ainsi que par le devenir,
inquiétant, du monde.
Frankétienne
Franck Étienne (1936) – qui change son nom en Frankétienne ou
Franketyen – construit une œuvre qui renverse les frontières de
genre, voire de support: il est tout à la fois chanteur, dramaturge,
comédien, écrivain et peintre. Longtemps dissimulée, sa notoriété
éclate au grand jour à partir de la chute de la maison Duvalier.
Associant le texte, l’image, la calligraphie, les jeux de caractères, – et ce
depuis la parution en 1993 de L’Oiseau schizophone –,76 cette œuvre
déconcerte par son caractère bouleversé et bouleversant, qui déplace
la plupart des normes courantes de l’écriture. Le Spiralisme, dont il
se réclame à l’instar de René Philoctète et de Jean-Claude Fignolé,
participe de cette remise en jeu des normes: le temps y est fracturé,
la sommation et l’invective courantes. Mais ce qui frappe d’abord
73
Castera, Georges: Rabouch (antoloji), Presses Nationales d’Haïti, Port-au-Prince,
2012.
74
Castera, Georges: Le Retour à l’arbre, avec des dessins de Bernah Wah, Calfou
Nouvelle Orientation, New York, 1974.
75
Castera, Georges: Le Trou du souffleur, préface de Jean-Durosier Desrivières,
dessins de Georges Castera. Caractères, Paris, 2006.
76
Frankétienne: L’Oiseau schizophone (Spirale), Éditions des Antilles, Port-au-
Prince, 1993.
96
evidencia de esta imagen: en su poesía ella es motivada, construida,
se vuelve verdadera creación, al margen del uso común. Con Castera,
el creol se convierte realmente en una lengua de escritura poética.
Y sus publicaciones, de una gran belleza, inauguraron el fin de la
desconsideración condescendiente hacia la lengua común. De 1965
a 2012 publica diecinueve poemarios en creol, incluyendo la antolo-
gía Rabouch (2012),97 y nueve poemarios en francés, entre ellos Le
Retour à l’arbre (1974)98 y Le Trou du souffleur (2006).99 Además de
su participación en numerosas obras colectivas y su literatura infantil.
Astros
La palabra poética haitiana conoce después de los años ochenta una
verdadera efervescencia, a través de personalidades mayores. Cada
una es un universo en sí, creando al pasar nuevas maneras de pensar
y decir Haití y el mundo. Resulta ya difícil hablar de tendencias o
escuelas, sino más bien de una multiplicidad de expresiones, libres
y originales, concernidas y moldeadas por la compleja realidad
haitiana, y por el porvenir, inquietante, del mundo.
Frankétienne
Franck Étienne (1936) –que cambia su nombre por Frankétienne o
Franketyen– construye una obra que derriba las fronteras de género,
incluso de soporte. Es a la vez cantante, dramaturgo, comediante,
escritor y pintor. Disimulada durante mucho tiempo, su notoriedad
estalla a partir de la caída de la familia Duvalier.
Asocia texto, imagen, caligrafía, juegos de caracteres, desde la
publicación en 1993 de L’Oiseau schizophone,100 esta obra desconcierta
por su carácter perturbado y perturbador, que altera la mayoría de
las normas habituales de la escritura. El espiralismo, que él reivin-
dica al lado de René Philoctète y Jean-Claude Fignolé, participa de
97
Georges Castera: Rabouch (antoloji), Presses Nationales d’Haïti, Port-au-Prince,
2012.
98
Georges Castera: Le Retour à l’arbre, avec des dessins de Bernah Wah, Calfou
Nouvelle Orientation, New York, 1974.
99
Georges Castera: Le Trou du souffleur, préface de Jean-Durosier Desrivières,
dessins de Georges Castera. Caractères, Paris, 2006.
100
Frankétienne: L’Oiseau schizophone (Spirale), Éditions des Antilles, Port-au-
Prince, 1993.
97
est l’élaboration d’une langue à soi, qui certes croise l’haïtien et
le français, mais se caractérise d’abord par l’invention lexicale et le
pouvoir de l’évocation, reprenant ainsi des traits de l’oralité paysan-
ne. Œuvre fascinante par sa densité et son caractère qui se joue de
la démesure, elle a cette force particulière de faire de son créateur
l’objet même de sa création. Frankétienne devient un personnage
de ce texte, à la fois pitre clownesque qui se rit des fauteurs de la
déchéance, et imprécateur qui dénonce par des invectives puissan-
tes les forces du mal qui rongent les êtres et le pays. Avec H’Eros
chimères en 200277 et Miraculeuse en 2003,78 il tisse les fils d’une
autobiographie qui plonge au plus profond de l’imaginaire person-
nel et national.
Cette posture relève d’une quête spirituelle dont Frankétienne
décrit sans relâche la nécessité et la force de résistance: il s’agit de
ne pas se détourner du spectacle de la dégradation, mais bien de se
plonger dans celui de la corruption, et d’aller chercher, quitte à les
inventer, les mots qui disent le mal, peut-être même des mots qui
font mal, parce que c’est aussi par cette plongée que peut renaître
l’infime et discret bourgeonnement de la résistance.
Cette œuvre majeure renoue avec cette façon initiale de fabri-
quer du collage et de croiser des textes et des références, comme
observé dès le Voyage dans le Nord d’Haïti de Dumesle. Mais avec
Frankétienne, cette esthétique du collage et du croisement articule
avec une grande rigueur l’exigence métaphysique, le retour sur sa
propre biographie et sur sa singularité, la prise en charge des contacts
de langues et des rapprochements, ainsi que des oppositions entre
l’écrit et la parole. Cette «esthétique du chaos» l’a peu à peu séparé
de ses compagnons de route, Philoctète et Fignolé. La langue de
Frankétienne oscille ainsi, sans arrêt, entre la confrontation brutale
avec l’innommable qu’il s’agit de parvenir à saisir, et l’espérance qui
s’éloigne. Constituée de paragraphes courts aux phrases lapidaires,
cette écriture emploie la saturation et la grandiloquence pour mieux
parvenir à dessaisir le réel de toute emprise du pouvoir.
Dans un tout autre registre, mais qui est lui aussi traversé par
cette double quête de soi et d’Haïti, la poésie de Jean Métellus
(1937-2014) trace un chemin diamétralement opposé à celui de
Frankétienne. Chez Métellus, pas d’invention lexicale, pas d’écart
77
Frankétienne: H’Eros chimères, Spirale, Port-au-Prince, 2002.
78
Frankétienne: Miraculeuse, Spirale, Port-au-Prince, 2003.
98
esta nueva puesta en juego de las normas: el tiempo está fracturado,
la advertencia y el exabrupto son frecuentes. Pero lo que llama la
atención es, ante todo, la elaboración de una lengua propia que, si
bien entremezcla el haitiano y el francés, se caracteriza primero por
la invención del léxico y el poder de la evocación, retomando así los
rasgos de la oralidad campesina. Obra fascinante por su densidad
y su carácter amante de la desmesura, posee ese poder particular
de transformar a su creador en el objeto mismo de su creación.
Frankétienne se convierte en un personaje del texto, a la vez bufón
que se mofa de los responsables de la decadencia, e increpador que
denuncia con poderosas invectivas las fuerzas del mal que corroen
a los seres y al país. Con H’Eros chimères en 2002101 y Miraculeuse
en 2003,102 teje la trama de una autobiografía que se sumerge en lo
más profundo del imaginario personal y nacional.
Esta postura revela una búsqueda espiritual, de la que Frankétien-
ne describe incansablemente la necesidad y la fuerza de resistencia:
se trata de no desviarse del espectáculo de la degradación, más bien de
sumergirse en el de la corrupción, y de ir a buscar, hasta inventarlas,
las palabras que dicen el mal, tal vez incluso palabras que duelen,
ya que es también por esta inmersión que puede nacer el ínfimo y
discreto brote de resistencia.
Esta obra mayor reanuda con aquella manera inicial de hacer colla-
ge y de cruzar textos y referencias, como en el Voyage dans le Nord
d’Haïti de Dumesle. Pero con Frankétienne, esta estética del collage
y de la hibridación articula con gran rigor la exigencia metafísica,
el retorno hacia su propia biografía y singularidad, el hacerse cargo
de los roces de idiomas, así como de las oposiciones entre escri-
tura y palabra. Esta «estética del caos» lo desvinculó poco a poco de
sus compañeros de camino, Philoctète y Fignolé. Así, la lengua
de Frankétienne nunca deja de fluctuar entre el enfrentamiento brutal
con lo innombrable que debe ser aprehendido, y la esperanza que se
aleja. Constituida por párrafos cortos y frases lapidarias, esta escri-
tura emplea la saturación y la grandilocuencia para alcanzar mejor
a despojar lo real de toda influencia.
Étoiles
La chute de la maison Duvalier en 1986 avait descellé l’emprise de
la parole mortifère sur le pays. Certes, le pays n’est pas pour autant
sorti des épreuves: coups d’État, dictatures militaires, politiciens
antidémocratiques, émergence de la grande criminalité, pressions
économiques sur un pays exsangue – dont la population la plus
pauvre ne parvient pas à accéder à la dignité sociale –, et puis le 10
janvier 2010, un séisme d’une ampleur inconnue jusque là en Haïti
et dont les effets sont extrêmement dévastateurs. Mais désormais,
la voix poétique se fait entendre, comme d’une manière générale la
79
Métellus, Jean: Au pipirite chantant, Les Lettres Nouvelles / Maurice Nadeau,
Paris, 1978.
80
Métellus, Jean: Rhapsodie pour Hispaniola, Bruno Doucey, Paris, 2015.
100
Métellus, no hay invención léxica, no hay brecha en relación con
el léxico, pero sí una búsqueda incesante de la palabra precisa, que
ya existe. El extremo cuidado otorgado al lenguaje, a sus cimientos
y a sus trastornos –era neurólogo, especialista en trastornos del
lenguaje–, pero también a sus manifestaciones poéticas, constituye en
Métellus un conjunto complejo, cuyas resonancias recorren la obra
entera. Esta es orientada, por un lado, hacia la huella interior del
país perdido –sin embargo reencontrado en el retrato y la evocación
histórica– y, por otro, en la inscripción de paisajes, seres y situaciones
que son los de esa migración en un país también aprehendido en sus
letras, pero profundamente marcado por el exilio, incluso interior.
Entre Au pipirite chantant (1978)103 y la gesta póstuma Rhapsodie
pour Hispaniola (2015),104 Jean Métellus compuso una obra a la vez
como novelista, historiador e investigador, partiendo del arraigo
profundo en una tierra (pese a haberla dejado en 1960), de la que
recorrió los espacios mentalmente, buscando en lo hondo de su
imaginación las huellas más sensibles, a veces también las más tenues.
La gesta épica que constituye el trasfondo de la última obra es a la
vez una obra testamentaria y, principalmente, la promesa de una
eterna juventud. La poesía de Métellus sorprende en particular por
su amplia métrica, la que le da a la imagen la libertad de florecer, y
a la historia, de dejar sentir su aliento.
Estrellas
La caída de la casa Duvalier en 1986 había quebrantado el dominio
de la palabra mortífera en el país. Obviamente, no por ende el país
ha salido de sus dificultades: golpes de Estado, dictaduras militares,
políticos antidemocráticos, emergencia de la gran delincuencia,
presiones económicas sobre un país desangrado –cuya población
más pobre no alcanza dignidad social alguna–, y además el 10 de
enero de 2010, un sismo de una amplitud desconocida hasta entonces
en Haití y cuyos efectos son particularmente devastadores. Pero la
voz poética ya se impone, como la literatura en general y, en menor
103
Jean Métellus: Au pipirite chantant, Les Lettres Nouvelles / Maurice Nadeau,
Paris, 1978.
104
Jean Métellus: Rhapsodie pour Hispaniola, Bruno Doucey, Paris, 2015.
101
littérature et, dans une moindre mesure, les sciences humaines.
La forme courte, nouvelle ou poésie, devient le passage obligé
pour débuter une carrière littéraire. Cependant, il faut relever que
la plupart des romanciers qui ont publié des poèmes et des romans
poursuivent dans les deux genres. Il faut aussi relever que la poésie
en créole connaît une diffusion sans précédent. Dans le même sens,
nombreux sont les poètes dont les textes deviennent des chansons,
ou qui écrivent directement pour cet art. Comme Syto Cavé, né
en 1944, longtemps exilé aux États-Unis et connu d’abord comme
dramaturge. Il publie en 2015 D’amour à mort / Damou a mò,81 un
recueil de chansons, dont plusieurs ont été mises en musique par
des interprètes aussi divers que Wooly Saint Louis Jean ou Emeline
Michel.
Plusieurs voix témoignent de la vitalité de la forme et du parti
pris pour la poésie, à travers des individualités fortes. Par exemple
Robert Berrouët-Oriol (1951), dont l’œuvre est adossée à la maîtrise
des sciences du langage. Il a coécrit en 2011 le livre de référence sur
l’aménagement linguistique en Haïti.82 Son œuvre – caractérisée par
un langage rythmé et d’une grande rigueur lexicale – se construit au
fil de son triptyque, composé des recueils Poème du décours (2010),83
Découdre le désastre suivi de L’île anaphore (2013)84 et Éloge de la
mangrove (2016).85
Il s’agit de ne pas détourner le regard sur l’Haïti souffrante et de
mettre des mots là où il n’y aurait que de l’émotion vague et confuse.
Constellations nouvelles
Vient alors une génération de nouvelles voix, de jeunes poètes nés à
partir de 1970. C’est un Jean-Durosier Desrivières (1972) qui suit
pas à pas le langage des incertitudes, des conversations, des choses
vues, qui déterminent autant de contrastes. Notamment avec Bouts
87
Trouillot, Lyonel: Le doux parfum des temps à venir, Actes Sud, Arles, 2013.
88
Trouillot, Lyonel: C’est avec mains qu’on fait chansons, Le Temps des Cerises,
Montreuil, 2015.
89
Dalembert, Louis-Philippe: Évangile pour les miens, Choucoune, Port-au-Prince,
1982.
90
Dalembert, Louis-Philippe: Et le soleil se souvient suivi de Pages cendres et palmes
d’aube, l’Harmattan, Paris, 1989.
91
Dalembert, Louis-Philippe: Ces îles de plein sel et autres poèmes, Éditions
Silex-Nouvelles du Sud, Ivry-sur-Seine, 2000.
92
Dalembert, Louis-Philippe: Poème pour accompagner l’absence, Mémoire
d’encrier, Montréal, 2005.
106
soledad de aquel que se niega a desviar la mirada. Así, cada poema
de Lyonel Trouillot es el testigo de una lucha feroz pero silenciosa,
entre la posibilidad siempre abierta de renunciar, y la negación de la
misma. «No me defino como escritor. Soy un ciudadano haitiano
que escribe», afirma. Es precisamente desde ese arraigo que se forja
esta obra mayor, que resuena como un bajo continuo. En 2013 Le
doux parfum des temps à venir,113 luego, en 2015, C’est avec mains qu’on
fait chansons; anthologie poétique,114 confirman esta presencia poética
continua, ejercida en ambos idiomas.
Seis años menor que Lyonel Trouillot, Louis-Philippe Dalembert
(1962) publica, en 1982, Évangile pour les miens115 en Puerto Príncipe.
Su carrera de novelista y ensayista nunca apagó en él al poeta. Anda
por el mundo, celebra lo inmediato de las sensaciones, hurga en él
las reminiscencias repentinas y discretas de la infancia, suscitadas
por los encuentros. Et le soleil se souvient (1989),116 Ces îles de plein
sel (2000),117 Poèmes pour accompagner l’absence (2005),118 marcan el
ritmo de esta obra que aborda diferentes temáticas y, como sus nove-
las, dan fe de una búsqueda espiritual constante, pero transmitida
con ligereza y elegancia. Poeta escaso, publica sus poemas en obras
colectivas y en revistas.
Nuevas constelaciones
113
Lyonel Trouillot: Le doux parfum des temps à venir, Actes Sud, Arles, 2013.
114
Lyonel Trouillot: C’est avec mains qu’on fait chansons, Le Temps des Cerises,
Montreuil, 2015.
115
Louis-Philippe Dalembert: Évangile pour les miens, Choucoune, Port-au-Prince,
1982.
116
Louis-Philippe Dalembert: Et le soleil se souvient suivi de Pages cendres et palmes
d’aube, l’Harmattan, Paris, 1989.
117
Louis-Philippe Dalembert: Ces îles de plein sel et autres poèmes, Éditions Silex-
Nouvelles du Sud, Ivry-sur-Seine, 2000.
118
Louis-Philippe Dalembert: Poème pour accompagner l’absence, Mémoire
d’encrier, Montréal, 2005.
107
de ville à vendre,93 une déambulation urbaine d’avant le séisme de
2010, qui nous montre vie et poésie sous la misère.
Et c’est en particulier un jeune poète qui conduit le mouvement
actuel du renouveau poétique, James Noël.
James Noël
Né en 1978, il jouit d’une grande notoriété tant en Haïti qu’à
l’étranger. Il incarne sans aucun doute le renouvellement de l’action
poétique, voire la jouvence de celle-ci dès lors qu’elle sort du cadre
un peu feutré de la seule édition. James Noël a fédéré autour de ce
projet poétique déterritorialisé de très nombreuses figures jeunes
ou plus âgées, animant des rencontres, des soirées poétiques où se
retrouvent des diseurs, des slammeurs, des chanteurs, des comédiens.
Le projet s’est prolongé dans la création de la revue internationale
IntranQu’îllités.94
En 2005, les Poèmes à double tranchant95 sont présentés par Fran-
kétienne, qui met en avant la pratique poétique du double registre
chez James Noël: «Double tranchant. Double engagement à la fois
esthétique et idéologique à résonance individuelle et collective».
C’est sans doute cet effet de «résonance» qui atteint le lecteur. Le
poème progresse par la construction d’images qui se succèdent,
chacune d’entre elles se manifestant à partir d’un élément de celle
qui la précède. Dans «Temps mort», par exemple, la pluie est perçue
comme un geste, devient larmes, remonte dans l’aérien, où volent
les oiseaux qui se protègent du soleil et du «vent sifflant comme
flic», ce dernier confronté à la foule. Puis les images se condensent;
le tragique latent éclate alors dans le questionnement sur l’état du
pays, considéré dans son déclin. Mais aussi, le (jeune) poète reven-
dique la plénitude de son art poétique, qui ne s’achève pas dans la
contemplation mélancolique de la misère. Le langage poétique se
93
Desrivières, Jean-Durosier: Bouts de ville à vendre, Éditions Caractères, Paris,
2010.
94
Revue littéraire et artistique IntranQu’îllités créée en 2012, maître d’œuvre:
James Noël, direction artistique: Pascale Monnin, Passagers des Vents, Port-au-
Prince.
95
Noël, James: Poèmes à double tranchant / Seul le baiser pour muselière, préface de
Frankétienne, Farandole, Port-au-Prince, 2005.
108
En particular con Bouts de ville à vendre,119 una deambulación urbana
anterior al sismo de 2010, que nos muestra la vida y la poesía detrás
de la miseria.
Y es en particular un joven poeta el que dirige el movimiento
actual del resurgimiento poético, James Noël.
James Noël
Nacido en 1978, goza de una gran notoriedad tanto en Haití como
en el extranjero. Encarna, sin duda alguna, la renovación de la acción
poética, incluso su rejuvenecimiento, por extraerla del marco holgado
de la edición. James Noël federó alrededor de este proyecto poético
desterritorializando a numerosas figuras jóvenes o mayores, animan-
do encuentros en los que se reúnen narradores, raperos, cantautores,
actores. Este proyecto se perpetuó a través de la creación de la revista
internacional IntranQu’îllités.120
En 2005, Frankétienne prologa sus Poèmes à double tranchant,121
destacando la práctica poética del doble registro de James Noël:
«Doble filo. Doble compromiso a la vez estético e ideológico con
resonancia individual y colectiva». Es sin duda el efecto de «resonan-
cia» que impacta al lector. El poema progresa a través de la construc-
ción de una sucesión de imágenes, cada una de ellas manifestándose
a partir de un elemento de la anterior. En «Tiempo muerto», por
ejemplo, la lluvia es percibida como un gesto, se vuelve lágrimas,
se alza hacia los aires, donde vuelan los pájaros que se protegen
del sol y del «viento que silba como policía», este confrontado a la
muchedumbre. Luego las imágenes se condensan; lo trágico latente
estalla entonces al cuestionar la situación del país, considerado en
decadencia. Pero el (joven) poeta reivindica la plenitud de su arte
poético, que no acaba en contemplación melancólica de la miseria.
El lenguaje poético se regenera en los elementos, en la familiaridad
cósmica, así como en la insumisión radical, garantía de libertad y
de interioridad.
119
Jean-Durosier Desrivières: Bouts de ville à vendre, Éditions Caractères, Paris,
2010.
120
Revista literaria y artística IntranQu’îllités creada en 2012, editor: James Noël,
dirección artística: Pascale Monnin, Passagers des Vents, Port-au-Prince.
121
James Noël: Poèmes à double tranchant / Seul le baiser pour muselière, prefacio
de Frankétienne, Farandole, Port-au-Prince, 2005.
109
ressource ainsi aux éléments, à la familiarité cosmique, comme à
l’insoumission radicale, gage de liberté et d’intériorité.
James Noël continue de publier des recueils où il croise les
représentations de l’île, le constat amer de la déshumanisation et la
résistance à celle-ci dans la célébration amoureuse. C’est par l’image,
en général souveraine, qu’il réalise ce croisement.
Mais il s’attache aussi à faire connaître au monde entier les poètes
haïtiens, en participant à la publication d’anthologies.
96
St.-Louis, Carlos & Lubin, Maurice A.: Panorama de la poésie haïtienne, Collec-
tion Haitiana, Imprimerie Henri Deschamps, Port-au-Prince, 1950.
97
Baridon, Sylvio & Philoctète, Raymond: Poésie vivante d’Haïti, Les Lettres
Nouvelles / Maurice Nadeau, Paris, 1978.
98
Castera, Georges & Pierre, Claude & Saint-Éloi, Rodney & Trouillot, Lyonel:
Anthologie de la littérature haïtienne. Un siècle de poésie 1901-2001, Mémoire
d’encrier, Montréal, 2003.
110
James Noël sigue publicando poemarios en los que se entretejen
las representaciones de la isla, la constatación amarga de la deshuma-
nización y la resistencia a esta a través de la celebración amorosa. Es
por la imagen, generalmente soberana, que él logra esta hibridación.
Pero también se esfuerza en dar a conocer en el mundo entero a
los poetas haitianos, participando en la publicación de antologías.
Papiyon
di m kijan ou wè fèy zanmann le ve jodi a
[...]
99
Doucey, Bruno: Terre de femmes. 150 ans de poésie féminine en Haïti, Éditions
Bruno Doucey, Paris, 2010.
100
Chalmers, Mehdi & Kénol, Chantal & Lhérisson, Jean-Laurent & Trouillot,
Lyonel: Anthologie bilingue de la poésie créole haïtienne de 1986 à nos jours, Actes
Sud / Atelier Jeudi Soir, Arles, 2015.
101
«Lisette quitté la plaine» est considéré comme le premier texte en créole; il
aurait été écrit en 1757 par Duvivier de la Mahautière (conseiller au Conseil
supérieur de Port-au-Prince à Saint-Domingue de 1754 à 1767) et a été repris
par Moreau de Saint-Méry dans Description topographique, physique, civile, poli-
tique et historique de la Partie française de l’Isle Saint-Domingue, Philadelphie,
1797. Il est notamment étudié par: Hazaël-Massieux, Marie-Christine: Textes
anciens en créole français de la Caraïbe: Histoire et analyse, Collection Lettres &
Langues. Linguistique. Recherches, Publibook, Paris, 2008, pp. 87-89.
112
Y en 2010, poco después del sismo, Terre de femmes. 150 ans de
poésie féminine en Haïti125 recordaba cuán eminente es el lugar de
las mujeres poetas en Haití, a pesar de la frecuente ocultación de la
que han sido víctimas. Desde entonces, ya no es posible contradecir
ese lugar significativo.
En 2015 se publican dos antologías importantes. La primera
propone un inventario de la poesía en lengua creol: Anthologie de
la poésie créole haïtienne de 1986 à nos jours.126 La lengua creol, ya
lo sabemos, no tiene como única función ser una herramienta de
comunicación. La lengua creol es traducible, es una verdadera lengua,
y no el retoño de una lengua madrastra. La poesía escrita –no solo
las canciones infantiles populares, o las canciones arqueológicas
como Lisette quitté la plaine–127 se ha apoderado de la lengua creol
desde hace unas décadas, y esta vez no para darse un color local ni
para interpretar una vez más la desesperación del amante rechazado
de Choucoune. La evidencia de la poesía también se manifiesta en
creol haitiano. Se trata ante todo de un traslado cuyo desafío es
intrínseco a un rasgo de esta poesía: participar de la matriz misma
de la sociedad, y no asimilarla únicamente a un objeto nombrado.
Así, André Fouad (1972) en «Se kijan» interroga las palabras para
percibir mejor la ligereza:
Papiyon
di m kijan ou wè fèy zanmann le ve jodi a
[...]
125
Bruno Doucey: Terre de femmes. 150 ans de poésie féminine en Haïti, Éditions
Bruno Doucey, Paris, 2010.
126
Mehdi Chalmers, Chantal Kénol, Jean-Laurent Lhérisson y Lyonel Trouillot:
Anthologie bilingue de la poésie créole haïtienne de 1986 à nos jours, Actes Sud /
Atelier Jeudi Soir, Arles, 2015.
127
«Lisette quitté la plaine» es considerado como uno de los primeros textos en
creol, supuestamente escrito en 1757 por Duvivier de la Mahautière (Consejero
del Consejo superior de Puerto Príncipe en Saint-Domingue de 1754 a 1767) y
retomado por Moreau de Saint-Méry en Description topographique, physique, civile,
politique et historique de la Partie française de l’Isle Saint-Domingue, Philadelphie,
1797. Este texto y otros antiguos en creol son estudiados por Hazaël-Massieux
en Textes anciens en créole français de la Caraïbe: Histoire et analyse, Collection
Lettres & Langues. Linguistique. Recherches, Publibook, Paris, 2008.
113
e se kijan ki fòm pou m bay mo yo
e se kijan jan
e se kijan ki mannyè
po lapli lespwa pa mouri102
102
Papillon / dis-moi comment tu as vu les feuilles / d’amandier se réveiller ce
matin / [...] / et quelle allure quelle forme dois-je donner aux mots / et c’est
comment / et de quelle façon quelle manière / pour que la pluie qui apporte
l’espoir ne meure pas
103
Qu’avons nous donné à la vie / sinon une douleur de halage / une parole toute
droite / qui remue la terre?
114
e se kijan ki fòm pou m bay mo yo
e se kijan jan
e se kijan ki mannyè
po lapli lespwa pa mouri128
128
Mariposa / dime cómo viste las hojas / de almendro amanecer esta mañana /
[...] / y qué aspecto qué forma debo darle a las palabras / y cómo es / y de
qué forma qué manera / para que la lluvia que trae esperanza no se muera
129
¿Qué le dimos a la vida / salvo un dolor a la izquierda / una palabra bien
derecha / que remueve la tierra?
130
James Noël: Anthologie de poésie haïtienne contemporaine, Points, Paris, 2015.
115
La seconde anthologie, Poésie haïtienne,104 sous la direction de
James Noël, dresse un panorama exhaustif des poètes vivants.
De Depestre, l’aîné, à Fabian Charles le plus jeune (né en 1993),
l’ouvrage recueille des textes souvent rares, car publiés dans des
revues éphémères, ou dans des plaquettes éditées à compte d’auteur,
et mal identifiées dans les bibliographies. Comme la précédente,
cette anthologie est immédiatement devenue une référence, et
participe à un effort de diffusion internationale que les faibles
ressources de l’édition haïtienne ne permettent pas. Alors que
bien peu de femmes ont réussi à publier – et par conséquent à
laisser une trace – dans l’histoire de la poésie haïtienne, l’antho-
logie montre, comme celle de Bruno Doucey, que la situation
a considérablement changé.105 On peut y trouver des poèmes
de Marie-Alice Théard, Marie-Célie Agnant, Évelyne Trouillot,
Michèle Voltaire Marcelin, Elsie Suréna, Kettly Mars, Maggy de
Coster, Jeanie Bogart, Farah-Martine Lhérisson, Émelie Prophète,
Stéphane Martelly, Kerline Devise et Kermonde Lovely Fifi. C’est
reconnaître ainsi que les territoires du poétique peuvent prendre
sens autrement, que Virginie Sampeur ou Ida Faubert pour les
plus anciennes, ont ouvert une voie qui ne se referme plus. Il n’est
pas question ici d’établir un classement. La seule présence des
poètesses dans les deux anthologies est déjà une reconnaissance de
leur existence poétique. Mais on peut retenir tel ou tel poème, qui
semble pouvoir nommer un effet de génération. Ainsi, de Stéphane
Martelly (1974), «Façades», qui dit la fragilité de la présence dans
le désordre des consciences, et du corps, qui tente au moins de
rejoindre l’apparaître de sa présence:
104
Noël, James: Anthologie de poésie haïtienne contemporaine, Points, Paris,
2015.
105
À signaler: la création à Port-au-Prince, en 1934, du journal La voix des femmes,
organe de la Ligue Féminine d’Action Sociale et qui offrait un espace d’ex-
pression aux femmes de l’époque, y compris les poétesses. Duvalier mit fin à
leurs activités et fit brûler toutes leurs archives en 1957.
116
cados en revistas efímeras, o folletos editados a cuenta de autor, y
que están mal identificados en las bibliografías. Como la anterior,
esta antología se convirtió enseguida en referencia, y formó parte
de un esfuerzo de difusión internacional que los pocos recursos de
la edición haitiana no permitieron. Mientras muy pocas mujeres
lograron publicar –y por ende marcar– la historia de la poesía haitia-
na hasta entonces, la antología demuestra, junto con la de Bruno
Doucey, que la situación cambió considerablemente.131 En ella
encontramos poemas de Marie-Alice Théard, Marie-Célie Agnant,
Évelyne Trouillot, Michèle Voltaire Marcelin, Elsie Suréna, Kettly
Mars, Maggy de Coster, Jeanie Bogart, Farah-Martine Lhérisson,
Émelie Prophète, Stéphane Martelly, Kerline Devise y Kermonde
Lovely Fifi. Admitiendo así que los territorios de la poesía también
pueden cobrar sentido de otra forma, que Virginie Sampeur o Ida
Faubert, las mayores, abrieron un camino que no se volverá a cerrar.
No se trata aquí de elaborar una clasificación. La presencia de las
poetisas en ambas antologías es de por sí el reconocimiento de su exis-
tencia poética. Pero se puede subrayar uno u otro poema, que parece
señalar un efecto de generación. Como en «Façades» de Stéphane
Martelly (1974), habla de la fragilidad de la presencia en el desor-
den de las conciencias, y del cuerpo que al menos intenta alcanzar
la apariencia de su presencia:
131
Señalemos la creación en Puerto Príncipe, en 1934, del periódico La voix des
femmes, órgano de la Ligue Féminine d’Action Sociale, que ofrecía un espacio
de expresión para las mujeres de la época, incluyendo a las poetisas. Duvalier
puso fin a sus actividades y mandó a quemar todos sus archivos en 1957.
117
comme si ce n’était rien
comme si le bruit
n’en était pas
Alors que
On accède
Enfin
au statut de façade
Ancrage sans pesanteur
Appuyé
sur le vent
Je viens à vous
118
au statut de façade
Ancrage sans pesanteur
Appuyé
sur le vent132
Je viens à vous
C’est sans doute la question que posaient, dans des formes diffé-
rentes certes, les fondateurs de cette poésie haïtienne plus de deux
siècles auparavant. Et à cette question cruciale, qui n’appelle pas
de réponse directe, les poètes d’Haïti ont répondu par un appel
soutenu à l’insoumission – contre l’autorité sociale, politique, et
linguistique, tout à la fois –, en mettant l’accent sur la nécessaire
liberté, en élaborant, de façon délibérée, une identité qui assure à
cette poésie une reconnaissance, dans tous les sens du terme. C’est
bien cet appel à la liberté, celle par exemple qui consiste à se laisser
«guider par son ombre» malgré la ruine autour de soi, que la lecture
des textes de cette anthologie permet de relever.
120
se entiende como un canto fúnebre que la «Ballade» de Kermonde
Lovely Fifi (1989) expresa con agudeza singular en la soledad:
134
El niño en el camino ya no sabe / Si el cielo está negro / Avanza tranquilo / Se
deja guiar por su sombra // Está en esta senda que quizás no lleva / A ninguna
parte / Avanza sin fe / sin más convicción / Su madre lo abandonó por muerto /
Con sus otros cuatro niños / [...] / ¿Cómo explicar las palabras / que tropiezan
una tras otra con nuestras desesperaciones? / ¿Cómo explicar la muerte?
121
ANTHOLOGIE DE POÉSIE HAÏTIENNE
UN ANTES...
CHANTS
Lapriyè Boukman1
1
Selon Max Beauvoir: «Cette prière a été prononcée par le Houngan Boukman
lors d’une cérémonie vodou qui s’est déroulée au Bwa Kayiman le 14 et le 21
août 1791, et qui est généralement considérée comme le point de départ de la
révolution anti-esclavagiste et anti-colonialiste». In Beauvoir, Max Gesner: Le
Grand Recueil Sacré ou Répertoire des Chansons du Vodou Haïtien, Edisyon Près
Nasyonal d’Ayiti, Koleksyon Memwa Vivan, Port-au-Prince, 2008, p. 54.
2
In Beauvoir, Max Gesner: op. cit. Ce recueil est le seul qui rassemble de manière
systématique les chants sacrés des rituels du vodou haïtien. C’est le fruit de
nombreuses années de recherche et de pratique par le biochimiste et houngan
(prêtre vodou; peut aussi s’écrire hougan) Max G. Beauvoir (1936 - 2015). Un
de ses objectifs était de redonner au vodou une place centrale dans le domaine
académique et religieux.
126
CANTOS
Oración de Boukman1
Este Dios que creó el sol, que nos alumbra desde los cielos,
Que agita el mar, que alimenta la tormenta,
Este Dios sépanlo está escondido en una nube,
Nos contempla y ve los abusos de los blancos.
1
Según Max Beauvoir, esta oración fue pronunciada por el houngan Boukman
en la ceremonia que tuvo lugar en el Bwa Kayiman (o Bois Caïman) el 14 y
21 de agosto de 1791, generalmente considerada como punto de partida de la
revolución antiesclavista y anticolonialista. Cf. Max Gesner Beauvoir: Le Grand
Recueil Sacré ou Répertoire des Chansons du Vodou Haïtien, Edisyon Près Nasyonal
d’Ayiti, Koleksyon Memwa Vivan, Port-au-Prince, 2008, p. 54.
El libro de Beauvoir es el único que recoje de manera sistemática las canciones
sagradas de los rituales del vodú haitiano. Es el fruto de años de investigación
y de práctica por parte del bioquímico y houngan (o hougan, sacerdote vodú)
Max G. Beauvoir (1936-2015). Uno de sus objetivos fue volver a otorgarle al
vodú un lugar central en el ámbito académico y religioso.
127
Legba3
3
Legba (ou Atibon Legba) – Elegguá ou Elegba pour les hispanophones, Eshu
pour les anglosaxons et au Brésil – est une divinité originaire du Dahomey,
actuel Bénin. Legba est l’esprit qui ouvre les chemins; c’est l’intermédiaire
entre le monde matériel et le monde spirituel, entre les êtres humains et les loas
(divinités ou esprits); c’est le gardien des entrées, des barrières et des carrefours.
Dans le syncrétisme religieux, il est associé à Saint Pierre.
4
In Beauvoir, Max Gesner: Le Grand Recueil Sacré ou Répertoire des Chansons
du Vodou Haïtien, Edisyon Près Nasyonal d’Ayiti, Koleksyon Memwa Vivan,
Port-au-Prince, 2008.
128
Legba2
2
Legba (o Atibon Legba) –Elegguá o Elebga para los hispanoblantes, Eshu para
los anglosajones y en Brasil– es una divinidad proveniente de Dahomey, actual
Benín. Legba es el espíritu que abre los caminos: es el intermediario entre el
mundo material y el espiritual, entre los seres humanos y los loas (deidades o
espíritus); es el guardián de las entradas, de las barreras y de los cruces. En el
sincretismo religioso es asociado a San Pedro.
129
Batay la angaje5
Batay la angaje,
An mil senk san twa, yo pran nou nan Ginen,
Yo mete chenn nan ren nou, pou nou ka fè esklav pou yo.
Zanfan yo nou tande, an nou met tèt ansanm,
Pou nou sove peyi a, batay la angaje!
An mil senk san twa, yo pran nou nan Ginen,
Yo mete chenn nan ren nou, pou nou ka fè esklav pou yo.
Zanfan yo nou tande, an nou met tèt ansanm,
Pou nou sove peyi a, batay la angaje!
Yo di fò n gen lafwa, yo di fò n batize,
Yo di fò n konvèti, yo di se demon nou ye!
Zanfan yo nou tande, an nou met tèt ansanm,
Pou nou sove peyi a, batay la angaje!
Nou fè Bwa Kayiman nou, nou fè revolisyon nou,
Nou kreye drapo nou, pou nou ka genyen libète vre.
Zanfan yo nou tande, an nou met tèt ansanm,
Pou nou sove peyi a, batay la angaje!
Sou Prezidan Jefra, yo monte yon konkòda,
Yo di y ap fè lekòl, pou yo ka sivilize nou vre la.
Zanfan yo nou tande, an nou met tèt ansanm,
Pou nou sove peyi a, batay la angaje!
An mil nèf san kenz, blan vi n pran peyi a.
Vodou a pa kontan, li voye Chalmay,
Li voye Batravil, yo touye toulede.
Yo di se Makanda yo ye la a a!
Zanfan yo nou tande, an nou met tèt ansanm,
Pou nou sove peyi a, batay la angaje!
Sou Prezidan Vensan, reyaksyonè legliz yo,
5
Nous incluons ce chant, qui raconte l’histoire haïtienne à partir de l’imaginaire
vodou. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un poème en soi, nous considérons intéressant
d’inclure des créations du monde oral, étant donné qu’il existe une continuité
entre l’univers culturel, les chansons populaires et la poésie dite savante. À
plus forte raison s’agissant du thème de la liberté. Max G. Beauvoir était au
courant de cette anthologie poétique et était reconnaissant d’y retrouver des
chants sacrés du vodou, puisque son objectif était, précisément, d’établir des
liens entre l’univers populaire haïtien et le monde académique.
130
La batalla está librada3
3
Incluimos este canto, que narra la historia haitiana desde el imaginario vodú.
A pesar de no ser un poema en sí, nos parece interesante incluir creaciones
del mundo oral, ya que existe una continuidad entre el universo cultural, las
canciones populares y la poesía «culta». Y más aún tratándose del tema de la
libertad. Max G. Beauvoir estaba al tanto de esta antología poética y agradeció
la inclusión de cantos sagrados del vodú, ya que su meta era la de establecer
lazos entre el universo popular haitiano y el mundo académico.
131
Yo pouse Lachanm, pou yo pran yon lwa,
Pou di Vodou a se maji vre l ap fè la a.
Zanfan yo nou tande, an nou met tèt ansanm,
Pou nou sove peyi a, batay la angaje!
Sou Prezidan Lesko, yo kanpe lame yo,
Yo pran rejete yo, yo koupe pye bwa yo,
Y arete Bòkò yo, yo di se démon nou ye vre la!
Zanfan yo nou tande, an nou met tèt ansanm,
Pou nou sove peyi a, batay la angaje!
Kwak mouche Divalye te di se pèp li ye,
Li di se Vodou l ye, li fon w twa rekòlt
Li masakre kochon nou, li vann peyi a ven milyon an.
Zanfan yo nou tande, an nou met tèt ansanm,
Pou nou sove peyi a, batay la angaje!
Apre sèt fevriye, relijyon yo dechennen, yo masakre bòkò,
Yo touye Manbo, yo kraze Hounfò,
Yo vyole tifi, yo di se travay Bondje vre y ap fè la a!
Zanfan yo nou tande, an nou met tèt ansanm,
Pou nou sove peyi a, batay la angaje!
Gen yon jou ka rive, Na sonnen Ason nou, na pale ak Zansèt yo.
N a val jete dlo, peyi a pa pou AMÈN se peyi ABOBO li ye!
Zanfan yo nou tande, an nou met tèt ansanm,
Pou nou sove peyi a, batay la angaje!
Peyi a pa pou AMÈN se peyi ABOBO li ye!
Zanfan yo nou tande, an nou met tèt ansanm,
Pou nou sove peyi a, batay la angaje!
Peyi a pa pou AMÈN se peyi ABOBO li ye!
Zanfan yo nou tande, an nou met tèt ansanm,
Pou nou sove peyi a, batay la angaje!
ABOBO…, ABOBO…, ABOBO…!
Peyi a pa pou AMÈN,
Se peyi ki moun li ye? ABOBO…!6
6
In Beauvoir, Max Gesner: Le Grand Recueil Sacré ou Répertoire des Chansons
du Vodou Haïtien, Edisyon Près Nasyonal d’Ayiti, Koleksyon Memwa Vivan,
Port-au-Prince, 2008.
132
Forzaron el Parlamento a votar una ley,
Para decir que el Vodú es brujería pura.
Oh, hijos míos, tomen conciencia de ello, debemos unirnos,
Para salvar el país, ¡la batalla está librada!
Durante la presidencia de Lescot, movilizaron al ejército,
Confiscaron objetos religiosos, cortaron los árboles sagrados,
Detuvieron a los sacerdotes Bokò, ¡nos acusaron de ser verdaderos
/ demonios!
Oh, hijos míos, tomen conciencia de ello, debemos unirnos,
Para salvar el país, ¡la batalla está librada!
Aunque Duvalier decía ser parte del pueblo,
Y decía ser practicante del Vodú, nos dio tres golpes en la espalda.
Masacró nuestros puercos y vendió su país por veinte millones.
Oh, hijos míos, tomen conciencia de ello, debemos unirnos,
Para salvar el país, ¡la batalla está librada!
Después del siete de febrero, las religiones se rebelaron, entonces
/ masacraron a los bokò,
Mataron a las sacerdotisas, destruyeron sus templos,
Violaron a niñas, ¡y decían cumplir la obra de Dios!
Oh, hijos míos, tomen conciencia de ello, debemos unirnos,
Para salvar el país, ¡la batalla está librada!
Llegará un día en que tocaremos la sonaja, hablaremos con los
/ antepasados.
Serviremos los loas, y no diremos más AMÉN, sino ¡ABOBO!
Oh, hijos míos, tomen conciencia de ello, debemos unirnos,
Para salvar el país, ¡la batalla está librada!
No diremos más AMÉN, sino ¡ABOBO!
Oh, hijos míos, tomen conciencia de ello, debemos unirnos,
Para salvar el país, ¡la batalla está librada!
No diremos más AMÉN, sino ¡ABOBO!
Oh, hijos míos, tomen conciencia de ello, debemos unirnos,
Para salvar el país, ¡la batalla está librada!
¡ABOBO… ABOBO… ABOBO!
No diremos más AMÉN,
¿Pero de quién es este país? ¡ABOBO…!
133
COMMENCEMENTS
LOS INICIOS
Antoine DUPRÉ (1782-1816)
Hymne à la liberté
7
In Vaval, Duraciné: Histoire de la littérature haïtienne ou L’âme noire, Imprimerie
Héraux, Port-au-Prince, 1933. Vaval signale que la première version de ce poème
a été publiée dans le recueil Hymne à la liberté, [Imprimerie du Gouvernement],
Port-au-Prince, 1812.
136
Antoine DUPRÉ (1782-1816)
Himno a la libertad
4
Vaval señala que la primera versión de este poema se publicó en el libro Hymne
à la liberté, [Imprimerie du Gouvernement], Port-au-Prince, 1812. Cf. Duraciné
Vaval: Histoire de la littérature haïtienne ou L’âme noire, Imprimerie Héraux,
Port-au-Prince, 1933.
137
PERCEPTION INTIME
ET POÉSIES NATIONALES
PERCEPCIÓN ÍNTIMA
Y POESÍAS NACIONALES
Coriolan ARDOUIN (1812-1835)
Le départ du négrier
140
Coriolan ARDOUIN (1812-1835)
141
Et son grand mât qui penche
Sous le souffle du vent.
Car à la nef qu’importe
La rive qui l’attend;
Insensible, elle porte
Et l’esclave et le blanc!8
8
Ardouin, Coriolan: Poésie complète, Collection l’Intemporel, Presses Nationales
d’Haïti, Port-au-Prince, 2005. Nous ignorons la date de la première parution
de ce poème. Nous savons que les poèmes de Coriolan Ardouin furent publiés
après sa mort, dans des revues telles que L’Union d’Ignace Nau et la Revue des
Colonies (Paris), et réunis par l’historien Émile Nau en 1837 sous le titre de
Reliques d’un poète haïtien, R. Éthéart, Port-au-Prince, 1837. Les deux revues
sont disponibles en ligne sur Gallica, le portail de la Bibliothèque Nationale de
France.
142
De los vientos inclina.
Pues al bajel qué importa
A qué playa irá al cabo;
¡Insensible transporta
Al blanco y al esclavo!5
5
Tomado de Mónica Mansour: Identidades. Poesía negra de América. Antología,
Editorial Arte y Literatura, La Habana, 2011. Desconocemos la fecha de la
primera publicación de este poema. Sabemos que los poemas de Ardouin fueron
publicados póstumamente en revistas como L’Union de Ignace Nau y la Revue
des Colonies (París), y recogidos por el historiador Émile Nau en 1837 bajo
el título Reliques d’un poète haïtien, R. Éthéart, Port-au-Prince, 1837. Ambas
revistas están disponibles en línea en Gallica, el portal de la Biblioteca Nacional
de Francia.
143
Liautaud ÉTHÉART (1826-1888)
Zombis
144
Liautaud ÉTHÉART (1826-1888)
Zombis
145
Vous vous ressouviendrez du brillant bamboula
Où la peau du cabrit si souvent vous héla
Et du danseur Bozor aujourd’hui tout en larmes
Dont le cœur fit zip-zip à l’aspect de vos charmes!
O Zombis!9
9
In St.-Louis, Carlos & Lubin, Maurice A.: Panorama de la poésie haïtienne,
Collection Haitiana, Imprimerie Henri Deschamps, Port-au-Prince, 1950.
[Ethéart, Liautaud: «Zombis», Le Constitutionnel, 19 août 1876 (selon
Hoffman, Léon-François: Histoire littéraire de la francophonie. Littérature d’Haïti,
Collection Universités francophones, EDICEF / AUPELP, 1995)].
146
¡Ustedes volverán a recordar el tam-tam poderoso
Cuando la piel de cabra los aclamó tan a menudo
Y el bailarín Bozor hoy bañado en llanto
Cuyo corazón latió pum-pum al ver su encanto!
¡O Zombis!
147
Charles Alexis Oswald DURAND (1840-1906)
Aux Cubains
À Eliseo Grullón
A los cubanos
A Eliseo Grullón
151
Choucoune11
6
«Choucoune» es uno de los primeros poemas cultos en creol. La ortografía es
aún imprecisa y aparecen muchas palabras francesas «creolizadas». Nótese que el
creol solo ha sido reconocido como lengua oficial en la Constitución haitiana de
1987. Según un artículo de Albert Valdman sobre la estandarización del creole
haitiano (resumo y traduzco espontáneamente): «Haití y Seychelles poseen una
ortografía autónoma sistemática y oficial. Pero lo que se ignora es que existía
desde 1872 una ortografía con base fonológica perfectamente adaptada al creol
con base léxica francesa. Pero hasta 1943 no existía en Haití razón alguna para
elaborar una ortografía que no tuviera bases etimológicas ya que el objetivo,
desde el periodo colonial, incluyendo la abundante creación de obras literarias
en creol haitiano a principios de los años cincuenta, era de naturaleza literaria,
dirigida a francófonos letrados que se habrían sentido desorientados ante una
grafía lejana de la que les era familiar.
»La elaboración de la primera grafía accesible a los creolófonos unilingües fue
con objetivos pedagógicos. Su autor, Ormonde McConnell, apuntaba a una
enseñanza del francés con una etapa transitoria, la de la alfabetización en creol
haitiano. [...] La oficialización hecha por el gobierno de Jean-Claude Duvalier
en 1979 puso fin a las querellas sobre la ortografía del creol que había durado
cuatro décadas». Valdman, Albert: «Vers la standardisation du créole haïtien»,
Revue française de linguistique appliquée, 1/2005 (Vol. X), 2005, pp. 39-52,
<www.cairn.info/revue-francaise-de-linguistique-appliquee-2005-1-page-39.
htm>.Valdman se refiere a la Ley del 18 de septiembre de 1979 que autoriza
el empleo del creol como lengua escrita y hablada en la enseñanza.
153
Jusqu’zoézeaux lan bois té paraitr’ contents!
Pitôt blié ça, cé trop grand la peine,
Car dimpi jou-là, dé pieds moin lan chaine…
P’tits dents Choucoun’ blanch’ com’ laitt’
Bouch’li couleur caimite:
Li pas gros femme, li grassett’:
12
In St.-Louis, Carlos & Lubin, Maurice A.: Panorama de la littérature haïtienne,
Collection Haitiana, Imprimerie Henri Deschamps, Port-au-Prince, 1950.
La version de "Choucoune" qui figure dans l’anthologie de Louis Morpeau
(1925) est légèrement plus longue. La première édition du poème date de
1896: Durand, Charles Alexis Oswald: Rires et pleurs 1869-1896 (Tome 1
et 2), Éditions Corbeil-Crété, Paris, 1896.
154
¡Hasta los pequeños pajaritos del bosque se pusieron contentos!
Más vale no recordar aquello, me causa tanta pena,
Porque desde aquel día, tengo los pies encadenados...
Choucoune tenía dientes finos y blancos como la leche
Y su boca, morada y oscura como el caimito:
No era una mujer gorda, sino generosa:
7
La versión de «Choucoune» que figura en la antología de Louis Morpeau (1925)
es un tanto más larga. La primera edición del poema es de 1896: Charles Alexis
Oswald Durand: Rires et pleurs 1869-1896 (Tome 1 et 2), Éditions Corbeil-Crété,
Paris, 1896.
155
Chant national13
II
II
¡No hay nada más hermoso que estos hijos del África
Quienes, trescientos años en todos los males sumergidos,
Vuelven su frente, su yugo y su garrote
Contra la fuerza y los viejos prejuicios!
¡Miren hacia abajo! Es la bandera noble
Cubriendo a los negros que van a morir allá arriba…
–¡No! Su arroyo, con Lamartinière,
Viene corriendo impetuoso de la Crête-à-Pierrot.
IV
158
III
IV
Su felicidad es efímera;
¡Tengan derecho a la igualdad!
Para pisar dichosos esta tierra,
Les hace falta el lema claro:
«¡Dios! ¡trabajo! ¡libertad!».
159
L’antique Europe et la jeune Amérique
Nous voient de loin tenter le rude assaut.
Bêchons le sol qu’en l’an mil huit cent quatre
Nous ont conquis nos aïeux aux bras forts.
C’est notre tour à présent de combattre
Avec ce cri: «Le progrès ou la mort!».
14
In Pompilus, Pradel: Pages de Littérature Haïtienne, Collection du centre
d’études secondaires, Imprimerie Théodore, Port-au-Prince, 2ème édition revue,
corrigée, augmentée, 1955. [Durand, Charles Alexis Oswald: Rires et pleurs
1869-1896 (Tome 1 et 2), Éditions Corbeil-Crété, Paris, 1896].
160
La antigua Europa y la joven América
Nos miran de lejos intentar el difícil asalto.
Aremos el suelo que en mil ocho cientos cuatro
conquistaron nuestros antepasados de brazos fuertes.
Nos llegó la hora de combatir
Con este grito: «¡Progreso o muerte!».
161
Alcibiade FLEURY-BATTIER (1841-1883)
À Lélio Dominique
162
Alcibiade FLEURY-BATTIER (1841-1883)
A Lélio Dominique
163
Et disaient sans nuls propos dérisoires,
Que tout était bien de leur goût.
Mais soit négligence,
Soit chose faite exprès,
L’eau qui n’était pas près,
Brilla soudain par son absence.
– Sapristi! dit le bœuf, c’est une absurdité!
N’est-ce pas, mes amis que je suis insulté?
Manger sans boire, est-ce possible?
L’un sans l’autre est chose inutile.
Avisons aux moyens de réparer le mal
Qui ne manquerait pas de nous être fatal.
Que le plus laid d’ici s’en aille à la rivière
Nous chercher ce qu’il faut pour terminer l’affaire!
À ces mots, tous s’agitent pleins d’effroi,
Et disent tout bas: «est-ce moi?»
Mais, enflammé d’une grande colère,
Maître macaque, soulevé,
Crie d’une voix amère:
«Non! Tonnai boulé moin, moin pas pralé!»
Ce récit, cher lecteur, prouve sans subterfuge,
Que chacun porte en soi, son véritable juge.15
15
In St.-Louis, Carlos & Lubin, Maurice A.: Panorama de la poésie haïtienne,
Collection Haitiana, Imprimerie Henri Deschamps, Port-au-Prince, 1950.
[Fleury-Battier, Alcibiade: Sous les bambous (poèmes), Kugelmann, Paris, 1881].
164
Y decían sin intenciones irrisorias,
Que todo era muy de su agrado.
Pero por negligencia,
O con intención,
El agua que no estaba cerca,
Brilló de pronto por su ausencia.
–¡Caramba!, dice el buey, ¡esto es una insensatez!
¿No es verdad, amigos míos, que soy insultado?
Comer sin beber, ¿será posible?
Lo uno sin lo otro es cosa ruin.
Pensemos en la mejor forma de reparar el mal
Que no dejaría de sernos fatal.
¡Que el más feo de nosotros vaya al río
A buscarnos lo que falta para acabar el asunto!
Dicho esto, cada uno se agita lleno de pavor,
Y murmura: «¿seré yo?»,
Pero, enardecido por una gran furia,
Maestro Chimpancé, ofendido,
Grita con voz amarga:
«¡No! ¡Que la tormenta me lleve si voy!».
Este cuento, querido lector, prueba sin subterfugio,
Que cada cual tiene en sí su verdadero juez.
165
Tertullien Marcelin GUILBAUD (1856-1939)
Le montagnard
166
Tertullien Marcelin GUILBAUD (1856-1939)
El montañés
167
La prime beauté du soleil.
Et les grands palmiers – ces gendarmes
De nos monts – dédaigneux des rois,
Semblent te présenter les armes,
À toi, le souverain des bois!
Et tu t’inclines et tu pries, –
Car étranger à nos discours,
Rien encor ne les a flétries,
Tes croyances des premiers jours;
Nulle voix dans l’ombre échappée,
Ton hymne jamais ne troubla,
Sinon la fraîche mélopée
Du sourd et lointain bamboula…
168
La primeriza belleza del sol.
Y las grandes palmeras –gendarmes
De nuestros montes– desdeñosas con los reyes,
Parecen presentarte las armas,
¡A ti, soberano de los bosques!
Y te inclinas y rezas,
Pues ajeno a nuestros discursos,
Nada aún ha marchitado
Tus creencias de los primeros días;
Ninguna voz en la sombra escapada,
Tu himno jamás perturbó,
Sino la fresca melopeya
Del sordo y lejano tambor...
169
Debout alors! Comme autrefois,
Sous le souffle de ta poitrine,
Il faut qu’on entende en tous lieux
Rugir de colline en colline
Le fier lambi de nos aïeux!16
16
In St.-Louis, Carlos & Lubin, Maurice A.: Panorama de la poésie haïtienne,
Collection Haitiana, Imprimerie Henri Deschamps, Port-au-Prince, 1950.
[Guilbaud, Tertullien: Patrie, espérance et souvenirs, Librairie Léopold Cerf,
Paris, 1885].
170
¡Arriba entonces! Como antaño,
Bajo el soplo de tu pecho,
Debe oírse por doquier
Rugir de colina en colina
¡El fiero lambí de nuestros antepasados!
171
Louis DUVIVIER HALL (1861-1938)
Printemps
Été
Automne
Hiver
17
Duvivier Hall, Louis: À l’ombre du mapou, Imprimerie Henri Deschamps,
Port-au-Prince, 1982. [Duvivier Hall, Louis: À l’ombre du mapou, Imprimerie
Bonnefil, Les Cayes, 1931].
172
Louis DUVIVIER HALL (1861-1938)
Primavera
Verano
Otoño
Invierno
173
Airs de chez nous
Héritage
Liberté
Ambition
18
Duvivier Hall, Louis: À l’ombre du mapou, Imprimerie Henri Deschamps,
Port-au-Prince, 1982. [Duvivier Hall, Louis: À l’ombre du mapou, Imprimerie
Bonnefil, Les Cayes, 1931].
174
Aires nuestros
Herencia
Libertad
Aspiración
175
Georges SYLVAIN (1866-1925)
Frères d’Afrique
(extraits)
[...]
176
Georges SYLVAIN (1866-1925)
Hermanos de África
(fragmentos)
Para mi padre
[...]
177
Partaient pour l’inconnu, comme on part dans un rêve,
Chevauchant devant eux, tout droit vers le soleil;
S’endormaient au hasard, dans les bois, sur la grève,
Sûrs d’entendre partout sonner, à leur réveil,
19
In Berrou, Raphaël & Pompilus, Pradel: Histoire de la littérature haïtienne illus-
trée par les textes, tome II, Éditions Caraïbes, Port-au-Prince, 1975. [Sylvain,
Georges: Confidences et mélancolies (1885-1898), précédées d’une Notice sur la
poésie haïtienne par l’auteur, préface de Justin Dévot, Port-au-Prince, Imprimerie
Henri Deschamps, 1901].
178
Partían hacia lo ignoto, como se parte en un sueño,
Cabalgando adelante, de frente hacia el sol;
Se dormían al azar, en los bosques, en la ribera,
Seguros de oír sonar por doquier, al despertar,
179
Massillon COICOU (1867-1908)
Colomb
180
Massillon COICOU (1867-1908)
Colón
181
Et c’est ce doux parfum qui rendit indécise
La volonté du mal jusqu’à l’heure où brilla,
Là-bas, la trinité dans les flots bleus assise;
La Gouanahani, Cuba puis Quisquéya!
182
Y es ese dulce perfume el que indecisa volvió
La voluntad del mal hasta la hora en que brilló,
Allá, la trinidad en las ondas azules posada;
¡Guanahaní, Cuba y luego Quisqueya!
183
Et ce rêve animé, cette œuvre grandiose,
Qu’étouffa si longtemps l’ombre des sombres jours,
Dans l’ensoleillement de ton apothéose,
Sur les temps éblouis va resplendir toujours!20
20
In St.-Louis, Carlos & A. Lubin, Maurice: Panorama de la poésie haïtienne,
Collection Haitiana, Imprimerie Henri Deschamps, Port-au-Prince, 1950.
[Coicou, Massillon: Impressions, Rêves des jours de trêve (de la vingtième à la
trentième année), Librairie des Mathurins, Dujarric et Cie, Paris, 1903].
184
Y ese sueño animado, esa obra grandiosa,
Que tanto tiempo ahogó la sombra de los aciagos días,
Bajo el radiante sol de tu apoteosis,
¡En los tiempos deslumbrados siempre resplandecerá!
185
À Toussaint Louverture
21
In St.-Louis, Carlos & A. Lubin, Maurice: Panorama de la poésie haïtienne,
Collection Haitiana, Imprimerie Henri Deschamps, Port-au-Prince, 1950.
[Coicou, Massillon: Poésies nationales, V. Goupy et Jourdan, Paris, 1892].
186
A Toussaint Louverture
187
Amédée BRUN (1868-1896)
Pour Haïti
22
In «Anthologie de la Poésie Jacmélienne par Maurice A. Lubin», Conjonction,
nro. 83, Port-au-Prince, 1962. La première édition du poème est probablement
issue de l’œuvre posthume publiée par son frère Maurice Brun, qui compre-
nait des contes et des poèmes; Brun, Amédée: Sans pardon et autres nouvelles,
Imprimerie de l’Abeille, Port-au-Prince, 1909.
188
Amédée BRUN (1868-1896)
Para Haití
9
La primera edición del poema viene probablemente de la obra póstuma editada
por su hermano Maurice Brun, que incluía cuentos y poesía. Cf. Amédée Brun:
Sans pardon et autres nouvelles, Imprimerie de l’Abeille, Port-au-Prince, 1909.
189
Etzer VILAIRE (1872-1951)
L’ajoupa
190
Etzer VILAIRE (1872-1951)
El ayupá
191
Des images de saints qui servent aux humforts,
Des cartes que des mains magiques ont usées,
Enfin, dignes d’orner de sinistres musées,
Parmi des crucifix de plâtre profanés,
Des basaltes luisants bizarrement cannés,
Des bolides vomis au sol avec la foudre,
Et d’antiques butios pétris de grasse poudre,
Taillés dans le gaïac par des doigts indiens,
Figurant des lézards et des bacas, ces chiens
Muets et disparus de l’île avec leurs maîtres…
Dans un angle accroupi, le plus sombre des êtres,
L’inspiré du Vaudou, l’étrange macandal,
Ouvre, méditatif, dans l’ombre un œil fatal,
Un œil enténébré de funèbres pensées,
Dans l’âme taciturne et profonde amassées
En rêves longs et lourds, comme un nuage noir
Qu’il roule dans sa nuit.
Luttant contre le soir,
Au fond du bouge empli d’horreur, deux mèches brûlent
Dans deux vases poudreux, où sur l’huile pullulent
Des insectes sans nom que la flamme a tués.
Sur les vagues panneaux poussiéreux, pollués,
Son image au reflet des lampes se détache;
Et cette ombre ressemble à quelque horrible tache.
Sa face est comme un bloc informe de charbon
Où, dans leur songerie inerte de démon,
Tranche le blanc des yeux sur la nuit de la joue.
Cette tête est, enfin, comme une idole hindoue,
Ébauche violente aux angles ténébreux,
Où, taillés à grands coups, les traits jurent entre eux.
Mais sur l’œil fixe, ouvert comme celui d’un fauve,
Et dont le regard veille en dedans, un front chauve
S’épanouit magique et beau dans la laideur.
Il impose, marqué d’un signe de grandeur
Sinistre: et sur ce front nu, nimbé de ténèbres,
192
Imágenes de santos que sirven de santuarios
Unos naipes por manos mágicas desgastados,
Y finalmente, dignos de siniestros museos,
Por entre crucifijos de yeso profanados,
Basaltos que relucen con extraños adornos,
Bólidos vomitados al suelo con el rayo,
Y antiguas figuras amasadas con pólvora,
Talladas en guayaco por la mano del indio,
Que figuran lagartos y bacás, esos perros
Mudos que se esfumaron del país con sus amos…
Agachado en un ángulo, el más sombrío ser,
El brujo del Vodú, el macandal extraño,
Pensativo, en la sombra, abre un ojo fatal,
Un ojo ensombrecido por pensamientos fúnebres
En el alma profunda y callada amasados
En agobiantes sueños, como una nube negra
Que él empuja en su noche.
Lucha contra la noche,
Al fondo atroz del antro, la llama de dos mechas
En polvorientos vasos en cuyo aceite flotan
Insectos innombrables que la llama ha matado.
En las vagas paredes llenas de polvo y manchas,
Su imagen a la luz del candil se destaca,
Y esa sombra parece un horrible borrón.
Su rostro es como un bloque informe de carbón
Donde, en su ensoñación inerte de demonio,
Rompe el blanco del ojo la noche de los pómulos.
La cabeza es, en fin, como un ídolo hindú,
Esbozo violento de aristas tenebrosas,
Donde, a golpes tallados, se combaten los rasgos.
Mas sobre el ojo fijo como el de alguna fiera,
Cuya mirada escruta hacia adentro, se abre
La frente calva, mágica, bella en la fealdad.
Marcado por un signo de grandeza siniestra,
Es imponente: y sobre la frente envuelta de sombras,
193
Dans un mystère obscur, en cohortes funèbres,
Flottent les noirs esprits des ancêtres lointains,
Qui dictent au houngan ses oracles certains:
Invisibles veilleurs, des fantômes sans nombre
Lui font, venus d’Afrique, un cortège dans l’ombre.23
Septembre, 1907.
23
Vilaire, Etzer: Nouveaux poèmes: Les voix, Terre et ciel, Au delà, Fantaisies poétiques,
Imprimerie Peyriller, Rouchon & Gamon, Le Puy-en-Velay, 1910.
194
En un misterio oscuro, en fúnebres cohortes,
Flotan negros espíritus de lejanos ancestros,
Que dictan al sacerdote sus oráculos ciertos.
Invisibles guardianes, innúmeros fantasmas
Le hacen, venidos de África, un cortejo en la sombra.10
Septiembre, 1907.
10
Tomado de Mónica Mansour: Identidades. Poesía negra de América, Antología.
Editorial Arte y Literatura, La Habana, 2011.
195
Ida FAUBERT (1882-1969)
Soir tropical
24
Faubert, Ida: Anthologie secrète, Mémoire d’encrier, Canada, 2007. [Faubert,
Ida: Cœur des îles, préface de Jean Vignaud, Éditions René Debresse, Prix
Jacques-Normand, Paris, 1939].
196
Ida FAUBERT (1882-1969)
Noche tropical
197
À mon fils
25
Faubert, Ida: Anthologie secrète, Mémoire d’encrier, Canada, 2007. [Faubert,
Ida: Cœur des îles, préface de Jean Vignaud, Éditions René Debresse, Prix
Jacques-Normand, Paris, 1939].
198
A mi hijo
199
Frédéric BURR-REYNAUD (1884-1946)
Haïti
Sonnet liminaire
26
Burr-Reynaud, Frédéric: Poèmes quisqueyens. Époque indienne, Collection
haïtienne des éditions de La Revue Mondiale, Paris, 1926.
200
Frédéric BURR-REYNAUD (1884-1946)
Haití
Soneto liminar
201
Douce existence
27
Burr-Reynaud, Frédéric: Poèmes quisqueyens. Époque indienne, Collection
haïtienne des éditions de La Revue Mondiale, Paris, 1926.
202
Dulce existencia
203
INDIGÉNISME, SURRÉALISME
ET RÉVOLTE
INDIGENISMO, SURREALISMO
Y REBELDÍA
Carl BROUARD (1902-1965)
Le tam-tam angoissé
28
Brouard, Carl: Pages retrouvées. Œuvres en prose et en vers, Éditions Panorama,
Port-au-Prince, 1963. [Brouard, Carl: Écrits sur du ruban rose, Compte d’auteur,
Imprimerie Modèle, Port-au-Prince, 1927].
206
Carl BROUARD (1902-1965)
El tam-tam angustiado
207
Nous
Nous,
les extravagants, les bohèmes, les fous.
Nous
qui aimons les filles,
les liqueurs fortes,
la nudité mouvante des tables
où s’érige, phallus,
le cornet à dés.
Nous
les écorchés de la vie, les poètes.
Nous
qui aimons tout,
tout;
l’église,
la taverne,
l’antique,
le moderne,
la théosophie,
le cubisme.
Nous
aux cœurs
puissants comme des moteurs
qui aimons
les combats de coqs
les soirs élégiaques,
le vrombissement des abeilles
dans les matins d’or,
la mélodie sauvage du tam-tam,
l’harmonie rauque des klaxons,
la nostalgie des banjos.
Nous,
les fous, les poètes,
nous
qui écrivons nos vers les plus tendres dans des bouges
et qui lisons l’Imitation dans les dancings.
208
Nosotros
Nosotros,
los extravagantes, los bohemios, los locos.
Nosotros
los que amamos a las muchachas,
los licores fuertes,
la desnudez movediza de las mesas
donde se yergue, falo,
el cubilete de dados.
Nosotros
los mutilados de la vida, los poetas.
Nosotros
que lo amamos todo,
todo;
la iglesia,
la taberna,
lo antiguo,
lo moderno,
la teosofía,
el cubismo.
Nosotros
de corazones
poderosos como motores
que amamos
las peleas de gallos
las veladas elegíacas,
el zumbido de las abejas
en las mañana doradas,
la melodía salvaje del tam-tam,
la armonía ronca de las bocinas,
la nostalgia de los banjos.
Nosotros,
los locos, los poetas,
nosotros
que escribimos nuestros versos más tiernos en tugurios
y que leemos la Imitación en los dancings.
209
Nous
qui n’apportons point la paix,
mais le poignard triste
de notre plume
et l’encre rouge de notre cœur!29
29
Brouard, Carl: Pages retrouvées. Œuvres en prose et en vers, Éditions Panorama,
Port-au-Prince, 1963. [Brouard, Carl: Écrits sur du ruban rose, Compte d’auteur,
Imprimerie Modèle, Port-au-Prince, 1927].
210
¡Nosotros
que no traemos paz,
sino el puñal triste
de nuestra pluma
y la tinta roja de nuestro corazón!
211
Vous
Vous,
les gueux,
les immondes,
les puants:
paysannes qui descendez de nos mornes avec un
gosse dans le ventre,
paysans calleux aux pieds sillonnés de vermines,
putains,
infirmes qui traînez vos puanteurs lourdes de mouches.
Vous
tous de la plèbe,
debout!
pour le grand coup de balai.
Vous êtes les piliers de l’édifice:
ôtez-vous
et tout s’écroule, châteaux de cartes.
Alors, alors,
vous comprendrez que vous êtes une grande vague
qui s’ignore.
Oh! vague,
assemblez-vous,
bouillonnez,
mugissez,
et que sous votre linceul d’écumes,
il ne subsiste plus rien,
rien
que du bien propre
du bien lavé,
du blanchi jusqu’aux os.30
30
Brouard, Carl: Pages retrouvées. Œuvres en prose et en vers, Éditions Panorama,
Port-au-Prince, 1963. [Brouard, Carl: Écrits sur du ruban rose, Compte d’auteur,
Imprimerie Modèle, Port-au-Prince, 1927].
212
Ustedes
Ustedes,
los pordioseros,
los inmundos,
los malolientes:
campesinas que bajan de nuestros montes con un
retoño en el vientre,
campesinos callosos con pies surcados de gusanos,
putas,
inválidos que arrastran sus pestilencias llenas de moscas.
Ustedes
todos de la plebe,
¡arriba!
para la gran barrida.
Ustedes son el pilar del edificio:
muévanse
y todo se derrumba, castillo de naipes.
Pues, sí,
ustedes comprenderán que son una gran ola
que se ignora.
¡Sí! ola,
júntense,
burbujeen,
bramen,
y que bajo su mortaja de espumas,
no subsista nada más,
nada
más que pureza
impecable,
blanqueada hasta los huesos.
213
Émile ROUMER (1903-1988)
Le Caïman étoilé
31
Roumer, Émile: Le Caïman étoilé, Éditions Panorama, Port-au-Prince, 1963.
214
Émile ROUMER (1903-1988)
El Caimán estrellado
215
Conversion d’indigènes dans la famine
du cyclone Hazel
au chanoine Kir
député-maire de Dijon
32
Roumer, Émile: Le Caïman étoilé, Éditions Panorama, Port-au-Prince, 1963.
216
Conversión de indígenas en la hambruna
del huracán Hazel
al canónigo Kir
diputado-alcalde de Dijon
217
Merci quand même
33
Roumer, Émile: Le Caïman étoilé, Éditions Panorama, Port-au-Prince, 1963.
218
Pese a todo, Gracias
219
Jacques ROUMAIN (1907-1944)
Bois d’ébène
Prélude
220
Jacques ROUMAIN (1907-1944)
Madera de ébano
Preludio
221
La sirène ouvre ses vannes
du pressoir des fonderies coule un vin de haine
une houle d’épaules l’écume des cris
et se répand par les ruelles
et fermente en silence
dans les taudis cuves d’émeute
224
y que yo escuchaba en las Antillas
porque este canto negra
quién te enseñó negra este canto de inmensa pena
negra de las Islas negra de las plantaciones
esta desolada queja
225
et le tympan du ciel crevé sous le poing
de la justice
POURTANT
226
y el tímpano del cielo reventado bajo el puño
de la justicia
SIN EMBARGO
227
Et la mine
et l’usine
les moissons arrachées à notre faim
notre commune indignité
notre servage sous tous les cieux invariable?
228
¿Y la mina
y la fábrica
las cosechas arrancadas a nuestra hambre
nuestra común indignidad
nuestra servidumbre invariable bajo todos los cielos?
Si el torrente es frontera
arrancaremos al barranco su cabellera
inagotable
si la sierra es frontera
quebraremos la mandíbula de los volcanes
afirmando las cordilleras
y la llanura será la explanada de la aurora
donde reunir nuestras fuerzas separadas
por la astucia de nuestros amos
229
Comme la contradiction des traits
se résout en l’harmonie du visage
nous proclamons l’unité de la souffrance
et de la révolte
de tous les peuples sur toute la surface de la terre
35
Roumain, Jacques: Œuvres complètes, édition critique de Léon-François
Hoffmann, colección Archivos, ALLCA XX / Ediciones UNESCO, Madrid,
2003. [Roumain, Jacques: Bois d’ébène, poèmes, Imprimerie Henri Deschamps,
Port-au-Prince, 1945]. La disposition des vers dans la version traduite diffère
de celle du poème original.
230
Como la contradicción de los rasgos
se resuelve en la armonía del rostro
proclamamos la unidad del sufrimiento
y de la rebelión
de todos los pueblos sobre la faz de la tierra
12
Tomado de Mónica Mansour: Identidades. Poesía negra de América. Antología,
Editorial Arte y Literatura, La Habana, 2011. La disposición de los versos en
la versión traducida difiere del poema original.
231
Sales nègres
(extraits)
Et bien voilà:
nous autres
les nègres
les niggers
les sales nègres
nous n’acceptons plus
c’est simple
fini
d’être en Afrique
en Amérique
vos nègres
vos niggers
vos sales nègres
nous n’acceptons plus
ça vous étonne
de dire: oui missié
en cirant vos bottes
oui mon pé
aux missionnaires blancs
oui maître
en récoltant pour vous
la canne à sucre
le café
le coton
l’arachide
en Afrique
en Amérique
en bons nègres
en pauvres nègres
en sales nègres
que nous étions
que nous ne serons plus
Fini vous verrez bien
232
Malditos negros
(fragmentos)
234
nuestros yes Sir
oui blanc
sí Señor
y
atención, firme, soldado
sí, mi Comandante,
cuando nos den la orden
de ametrallar a nuestros hermanos árabes
en Siria
en Túnez
en Marruecos
y nuestros camaradas blancos huelguistas
muriendo de hambre
oprimidos
despojados
menospreciados como nosotros
los negros
los niggers
los malditos negros
Sorpresa
cuando la orquesta en vuestros dancings
de rumba y de blues
les toque algo tan distinto
que no esperaba el puterío hastiado
de vuestros gigolos y zorras endiamantadas
para quienes un negro
no es más que un instrumento
para cantar, claro,
bailar, of course
fornicar naturlich
no es más que una mercancía
para comprar para vender
en el mercado del placer
no es más que un negro
un nigger
un maldito negro
Sorpresa
235
jesusmariejoseph
surprise
quand nous attraperons
en riant effroyablement
le missionnaire par la barbe
pour lui apprendre à notre tour
à coups de pieds au cul
que
nos ancêtres
ne sont pas
des Gaulois
que nous nous foutons
d’un Dieu qui
s’il est le Père
eh bien alors c’est que nous autres
les nègres
les niggers
les sales nègres
faut croire que nous ne sommes que ses bâtards
et inutile de gueuler
jesusmariejoseph
comme une vieille outre de mensonges débondée
il faut bien
que nous t’apprenions
ce qu’il coûte en définitive
de nous prêcher à coup de chicote et de confiteors
l’humilité
la résignation
à notre sort maudit
de nègres
de niggers
de sales nègres
[…]
Trop tard
jusqu’au cœur des jungles infernales
retentira précipité le terrible bégaiement
télégraphique des tam-tams répétant infatigables
236
jesúsmaríajosé
sorpresa
cuando agarremos
riendo a carcajadas
al misionero por la barba
para enseñarle a nuestra vez
a patadas en el culo
que
nuestros ancestros
no son
galos
que nos vale madre
un Dios que
si es el Padre
pues entonces es que nosotros
los negros
los niggers
los malditos negros
parece que no somos más que sus bastardos
y es inútil gritar
jesúsmaríajosé
como un odre repleto de mentiras
tenemos
que enseñarte
lo que cuesta en definitiva
sermonearnos a latigazo limpio y mea culpa
la humildad
la resignación
a nuestra suerte maldita
de negros
de niggers
de malditos negros
[...]
Demasiado tarde
hasta el corazón de las selvas infernales
repercutirá retumbante el terrible tartamudeo
telegráfico de los tam-tams repitiendo incansables
237
répétant
que les nègres
n’acceptent plus
n’acceptent plus
d’être vos niggers
vos sales nègres
trop tard
car nous aurons surgi
des cavernes de voleurs des mines d’or du Congo
et du Sud-Afrique
trop tard il sera trop tard
pour empêcher dans les cotonneries de Louisiane
dans les Centrales sucrières des Antilles
la récolte de vengeance
des nègres
des niggers
des sales nègres
il sera trop tard je vous dis
car jusqu’aux tam-tams auront appris le langage
de l’Internationale
car nous aurons choisi notre jour
le jour des sales nègres
des sales indiens
des sales hindous
des sales indo-chinois
des sales arabes
des sales malais
des sales juifs
des sales prolétaires
Et nous voici debout
Tous les damnés de la terre
tous les justiciers
marchant à l’assaut de vos casernes
et de vos banques
comme une forêt de torches funèbres
pour en finir
238
repitiendo
que los negros
no aceptan más
no aceptan más
ser vuestros niggers
sus malditos negros
demasiado tarde
pues habremos surgido
de las cuevas de ladrones de las minas de oro del Congo
y de África del Sur
demasiado tarde será demasiado tarde
para impedir en los algodonales de Luisiana
en los Ingenios azucareros de las Antillas
la cosecha de venganza
de los negros
de los niggers
de los malditos negros
será demasiado tarde lo repito
pues hasta los tam-tams habrán aprendido el lenguaje
de la Internacional
pues nosotros habremos escogido nuestro día
el día de los malditos negros
de los malditos indios
de los malditos hindúes
de los malditos indochinos
de los malditos árabes
de los malditos malayos
de los malditos judíos
de los malditos proletarios
Y henos aquí de pie
Todos los parias de la tierra
todos los justicieros
marchando al asalto de sus cuarteles
y de sus bancos
como un bosque de antorchas fúnebres
para acabar
239
une
fois
pour
toutes
avec ce monde
de nègres
de niggers
de sales nègres36
36
Roumain, Jacques: Œuvres complètes, édition critique de Léon-François Hoff-
mann, colección Archivos, ALLCA XX / Ediciones UNESCO, Madrid, 2003.
[Roumain, Jacques: Bois d’ébène, poèmes, Imprimerie Henri Deschamps, Port-au-
Prince, 1945]. Poema escrito hacia 1941, según la edición de sus Œuvres
complètes.
240
de una
vez
por
todas
con este mundo
de negros
de niggers
de malditos negros
241
Jean-Fernand BRIERRE (1909-1992)
Black Soul
242
Jean-Fernand BRIERRE (1909-1992)
Black Soul
13
Aquí el traductor pasa a la segunda persona del singular, cuando Brierre emplea
el «vous» de cortesía, que corresponde a «Usted»; y usa el «tú» solamente en
tres ocasiones al final de su poema.
243
et, dans votre cœur,
le vertige de la souffrance sans paroles.
Vous sortiez de la cuisine
et jetiez un grand rire à la mer
comme une offrande perlée.
Mais quand le paquebot vibrait
de rires opulents et de joies luxueuses,
l’épaule lourde encor du faix de la journée,
vous chantiez pour vous seul, dans un coin de l’arrière,
vous aidant de la plainte amère du banjo,
la musique de la solitude et de l’amour.
Vous bâtissiez des oasis
dans la fumée d’un mégot sale
dont le goût a celui de la terre à Cuba.
Vous montriez sa route dans la nuit
à quelque mouette transie
égarée dans l’épais brouillard
et écoutiez, les yeux mouillés,
son dernier adieu triste
sur le quai des ténèbres.
244
y, en tu corazón,
el vértigo del sufrimiento sin palabras.
Salías de la cocina
y echabas una gran risa al mar
como una ofrenda perlada.
Pero cuando el barco vibraba
de risas opulentas y lujosas alegrías,
el hombro pesado aún de la dura jornada,
cantabas para ti mismo, en un rincón de allá atrás,
ayudado por la amarga queja del banjo,
la música de la soledad y del amor.
Construías oasis
en el humo de una colilla sucia
que sabía a la tierra de Cuba.
Mostrabas la ruta en la noche
a alguna gaviota aterida
sin rumbo en la espesa niebla,
y escuchabas, los ojos húmedos,
su último adiós triste
sobre el muelle de las tinieblas.
245
de toute l’Amérique Espagnole.
Vous avez construit Chicago
en chantant des blues,
bâti les États-Unis
au rythme des spirituals
et votre sang fermente
dans les rouges sillons du drapeau étoilé.
Sortant des ténèbres,
vous sautez sur le ring:
champion du monde,
et frappez à chaque victoire
le gong sonore des revendications de la race.
Au Congo,
en Guinée,
vous vous êtes dressé contre l’impérialisme
et l’avez combattu
avec des tambours,
des airs étranges
où grondait, houle omniprésente,
le chœur de vos haines séculaires.
Vous avez éclairé le monde
à la lumière de vos incendies.
Et aux jours sombres de l’Éthiopie martyre,
vous êtes accouru de tous les coins du monde,
mâchant les mêmes airs amers,
la même rage,
les mêmes cris.
En France,
en Belgique,
en Italie,
en Grèce,
vous avez affronté les dangers et la mort…
Et au jour du triomphe,
après que des soldats
vous eussent chassé avec René Maran
d’un café de Paris,
vous êtes revenu
246
de toda la América española.
Construiste Chicago
cantando blues,
erigiste los Estados Unidos
a ritmo de spirituals
y tu sangre fermenta
en los rojos surcos de la bandera de estrellas.
Saliendo de las tinieblas,
saltas al ring:
campeón del mundo,
y golpeas en cada victoria
el gong sonoro de las reivindicaciones de la raza.
En el Congo,
en Guinea,
te alzaste contra el imperialismo
y lo combatiste
con tambores,
con melodías extrañas
en las que gruñía, muchedumbre omnipresente,
el coro de tus odios seculares.
Iluminaste al mundo
con la luz de tus incendios.
Y en los días sombríos de Etiopía mártir,
acudiste de todos los rincones del mundo,
masticando las mismas melodías amargas,
la misma ira,
los mismos gritos.
En Francia,
en Bélgica,
en Italia,
en Grecia,
afrontaste los peligros y la muerte.
Y el día del triunfo,
cuando los soldados
te corrieron con René Maran
de un café de París,
regresaste
247
sur des bateaux
où l’on vous mesurait déjà la place
et refoulait à la cuisine,
vers vos outils,
votre balai,
votre amertume,
à Paris,
à New York,
à Alger,
au Texas,
derrière les barbelés féroces
de la Mason-Dixon Line
de tous les pays du monde.
On vous a désarmé partout.
Mais peut-on désarmer le cœur d’un homme noir?
Si vous avez remis l’uniforme de guerre,
vous avez bien gardé vos nombreuses blessures
dont les lèvres fermées vous parlent à voix basse.
248
a los barcos
donde ya se te acorralaba
y se te refundía en la cocina,
con tus trastos,
tu escoba,
tu amargura,
en París,
en Nueva York,
en Argelia,
en Texas,
tras las alambradas feroces
de la Mason-Dixon Line
de todos los países del mundo.
Te desarmaron en todas partes.
Pero ¿se puede desarmar el corazón de un negro?
Si devolviste el uniforme guerrero,
guardaste muy bien tus muchas heridas
cuyos labios cerrados te hablan en voz baja.
249
en Guinée,
au Maroc,
au Congo,
partout enfin où vos mains noires
ont laissé aux murs de la Civilisation
des empreintes d’amour, de grâce et de lumière…37
37
Brierre, Jean-Fernand: Black Soul, Editorial Lex, La Habana, 1947. La dispo-
sition des vers dans la version traduite diffère de celle du poème original.
250
en Guinea,
en Marruecos,
en el Congo,
en fin, allí donde tus manos negras
dejaron en los muros de la Civilización
la impronta del amor, de la gracia y de la luz…14
14
Tomado de Mónica Mansour: Identidades. Poesía negra de América. Antología,
Editorial Arte y Literatura, La Habana, 2011. La disposición de los versos en
la versión traducida difiere del poema original.
251
Robert LATAILLADE (1910-1931)
Noun
38
Lataillade, Robert: L’urne close, préface de Jean-F. Brierre, Les Éditions des
«Amis de Robert Lataillade», Imprimerie La Presse, Port-au-Prince, 1933.
252
Robert LATAILLADE (1910-1931)
Noun
253
Le tableau d’Hikato
(Poème nippon)
À Jean Brierre
Car ils sont avant tout les fils de la chimère.
J. RICHEPIN
254
El cuadro de Hikato
(Poema nipón)
A Jean Brierre
Pero ante todo son los hijos de la quimera.
J. RICHEPIN
255
Par les magiques soirs de l’orient féerique
Amant de la névrose et du vain Idéal,
Il recherche sa Muse et son chant nostalgique
Réveille dans les bois un écho sépulcral.
256
Y por las mágicas noches del oriente de las hadas
Amante de la neurosis y el inútil Ideal,
Busca a su anhelada Musa, busca su canto nostálgico
Que despierta entre los bosques resonancia sepulcral.
257
Et alors… comme mû par un bras satanique
Sous le ciel d’orient limpide, ensorceleur,
Déroulant son manteau scintillant et magique
Hikato, le vieux peintre avec une vigueur
39
Lataillade, Robert: L’urne close, préface de Jean-F. Brierre, Les Éditions des
«Amis de Robert Lataillade», Imprimerie La Presse, Port-au-Prince, 1933.
258
Y entonces… como impulsado por un satánico brazo
Bajo el cielo del oriente, límpido y embrujador,
Desplegando un largo manto, manto centelleante y mágico,
Lleno de energía y fuerza, Hikato, el viejo pintor,
259
Claude FABRY (1910-?)
(Pseudonyme de Arthur BONHOMME)
Le sentier
Comme miraculeusement
Surgie d’un océan d’encre,
260
Claude FABRY (1910-?)
(Seudónimo de Arthur BONHOMME)
El sendero
Cual milagrosamente
Surgida de un océano de tinta,
261
Étalée à ses pieds,
La plaine informe se mouvait
Dans la vaporeuse obscurité.
262
Extendida a sus pies,
La llanura informe se movía
En la vaporosa oscuridad.
Oí en el presto sendero
Caer rodando los rojos guijarros.
263
Les halforts de lataniers
Pendaient aux épaules torturées
Et d’énormes paniers
Courbaient les têtes crépues.
264
Las alforjas de latanias
Colgaban de los hombros torturados
Y canastas enormes
Doblegaban las cabezas encrespadas.
265
Et ses centenaires mapous, bruirent ensemble
Une douce et lente et consolante chanson,
Invitant ma Jeunesse malheureuse,
À gravir la route, la route pierreuse,
La route tournante, qui monte
Vers les régions élargies où l’on respire mieux,
Vers les bleuâtres cimes.
40
Fabry, Claude: L’âme du Lambi, préface de Léon Laleau, Collection des Griots,
Imprimerie Nemours Telhomme, Port-au-Prince, 1937.
266
Y sus ceibas centenarias, susurraron juntas
Una dulce y lenta y consoladora canción,
Invitando a mi Juventud desdichada,
A subir por la senda, la senda pedregosa,
La senda que gira, que sube
Hacia las vastas regiones, donde mejor se respira,
Hacia las azulosas cumbres.
267
Le lambi
À Léon Laleau
O cor tropical,
lambi d’Afrique
qui chante et rit
ou pleure et sanglote
pourquoi ce soir,
pourquoi me parles-tu
aussi lugubrement?
268
El lambí
A Léon Laleau
Oh trompa tropical,
lambí de África
que canta y ríe
o llora y solloza
¿por qué esta noche,
por qué me hablas
tan lúgubremente?
Pues tu alarido,
–eterno–,
se detiene en un hipo,
y se eleva y exalta
y redobla y ruge en mi alma dilatada
como la nota grave y triste
que sola, hace vibrar
las tumbas.
269
l’écho fait pleuvoir sur les feuilles frémissantes
la lointaine colère des fauves affamés.
Et soudain,
la nuit moite se souvient:
recueillie,
elle écoute en elle grandir et mourir
les sanglots sourds
que prolonge et caresse l’écho,
les sanglots lourds
du lambi
qui, plus ne chante et ne rit.
Pourquoi ce soir,
pourquoi,
nostalgique lambi,
ta voix éplorée
murmure aussi lugubrement
en mon âme remuée?
Hélas,
des larmes qui ne laissent
nulle trace
glissent sur ma face.
270
el eco hace llover en las trémulas hojas
la cólera lejana de las fieras hambrientas.
Y de pronto,
la noche húmeda se acuerda:
recogida,
escucha crecer y morir en ella
los sollozos sordos
que prolonga y acaricia el eco,
los sollozos pesados
del lambí
que, ya no canta más ni ríe.
Por desgracia,
lágrimas que no dejan
rastro alguno
por mi rostro se deslizan.
271
Et, je ne sais pourquoi,
je voudrais être ce soir
l’ancêtre hirsute,
qui, jadis, dans le mystère de la brousse,
dansait, ignorant, libre et nu!41
41
Fabry, Claude: L’âme du Lambi, préface de Léon Laleau, Collection des Griots,
Imprimerie Nemours Telhomme, Port-au-Prince, 1937.
272
Y, yo no sé por qué,
quisiera esta noche ser
el antepasado hirsuto,
que, otrora, en el misterio del monte,
bailaba, ¡ignorante, libre y desnudo!
273
MAGLOIRE-SAINT-AUDE (1912-1971)
(Clément MAGLOIRE-SAINT-AUDE)
Vide
42
Magloire-Saint-Aude: Dialogue de mes lampes, Imprimerie Œdipe, Port-au-
Prince, 1957. [Magloire-Saint-Aude: Dialogue de mes lampes, préface de Philippe
Thoby Marcelin, Presses de l’État, Port-au-Prince, 1941].
274
MAGLOIRE-SAINT-AUDE (1912-1971)
(Clément MAGLOIRE-SAINT-AUDE)
Vacío
275
Larme
43
Magloire-Saint-Aude: Dialogue de mes lampes, Imprimerie Œdipe, Port-au-
Prince, 1957. [Magloire-Saint-Aude: Dialogue de mes lampes, préface de Philippe
Thoby Marcelin, Presses de l’État, Port-au-Prince, 1941].
276
Lágrima
277
Poison
44
Magloire-Saint-Aude: Dialogue de mes lampes, Imprimerie Œdipe, Port-au-
Prince, 1957. [Magloire-Saint-Aude: Dialogue de mes lampes, préface de Philippe
Thoby Marcelin, Presses de l’État, Port-au-Prince, 1941].
278
Veneno
279
Déchu
(extraits)
Poème du prisonnier,
Au glas des soleils remémorés.
Crécelles ensevelies
Sur le cœur du pèlerin.45
45
Magloire-Saint-Aude: Anthologie secrète, Mémoire d’encrier, Montréal, 2012.
[Magloire-Saint-Aude: Déchu, Imprimerie Œdipe, Port-au-Prince, 1956].
280
Caído
(fragmentos)
Sonajas sepultadas
Sobre el corazón del peregrino.
281
Félix MORISSEAU-LEROY (1912-1998)
Touris
Kodak ou a va krase
M twò sal
M twò nwa
Blan parèy ou pap kontan
M twò lèd
M a pete kodak la
Pa pran pòtre m, touris
Kite m trankil, blan
Pa pran pòtre bourik mwen
Bourik isit pote twòp chay
Bourik isit twò piti
Bourik isit pa manje
Pa pran pòtre bèt mwen
Touris, pa pran pòtre kay la
Kay mwen,
Se kay pay
Pa pran pòtre joupa m
Joupa m, se kay tè
Kay la tou kraze
Ale tire pòtre Palè
Ale tire pòtre Bisantnè
Pa pran pòtre jaden m
282
Félix MORISSEAU-LEROY (1912-1998)
Turista
Tu kodak se destruirá
Soy demasiado sucio
Soy demasiado negro
Los blancos como tú se enojarán
Soy demasiado feo
Romperé tu kodak
No tomes mi retrato, turista
Déjame en paz, blanco
No retrates a mi burro
Los burros aquí están muy cargados
Los burros aquí son muy pequeños
Los burros aquí no comen
No retrates a mi animal
Turista, no tomes el retrato de mi casa
Mi casa es casa de paja
No tomes el retrato de mi choza
Mi choza es casa de tierra
Mi casa está deshecha
Ve a retratar el Palacio
Ve a retratar la plaza del Bicentenario
No tomes el retrato de la milpa
283
M pa gen chari
M pa gen machin
M pa gen trakté
Pa pran pòtre pyebwa m
Touris, m pye atè
Rad mwen tou chire
Malè nèg pa gade blan
Men, touris, gade chive m
Kodak ou pa abitye ak koulè m
Kwafè w pa abitye ak chive m
Touris, pa pran pòtre m
Ou pap konprann pòz mwen
Ou pap konprann anyen
Nan zafè m, touris
«Gi mi fay sens»
Epi, ale fè chimen w touris!46
46
In The Sun. The Haitian English language newspaper, volume IV, nro. 15,
Bernard Diederich Éditeur, Port-au-Prince, 25.12.1953. Le poème fut publié
quelques mois plus tôt dans: Morisseau-Leroy, Félix: Diacoute. Éditions
Henri Deschamps, Port-au-Prince, 1953. Le poète Georges Castera dit de ce
recueil qu’il marque le début d’une vraie poétique créole, en mettant fin aux
chansonnettes et aux imitations des fables françaises. (Cf. Saint-Éloi, Rodney:
«Écrire en créole. Entretien avec Georges Castera», Notre Librairie: Revue du
livre Afrique, Caraïbes, Océan Indien, nro. 133, Clef, Paris, 1998).
284
No tengo arado
No tengo coche
No tengo tractor
No tomes el retrato de mi árbol
Turista, estoy descalzo
Mi ropa está desgarrada
La desgracia del negro qué le importa al blanco
Pero turista, mira mi pelo
Tu kodak no está acostumbrada a mi color
Tu peluquero no está acostumbrado a mi pelo
Turista, no tomes mi retrato
No vas a entender nada
De mis asuntos, turista
«Give me five cents»
¡Y vete por tu camino, turista!15
15
Tomado de Mónica Mansour: Identidades. Poesía negra de América. Antología,
Editorial Arte y Literatura, La Habana, 2011. El poema fue publicado pocos
meses antes en Félix Morisseau-Leroy: Diacoute, Éditions Henri Deschamps,
Port-au-Prince, 1953. El poeta Georges Castera dijo de este poemario que
marca el inicio de una verdadera poética creol, poniendo fin a las cancioncitas
e imitaciones de fábulas francesas (Cf. Rodney Saint-Éloi: «Écrire en créole.
Entretien avec Georges Castera», Notre Librairie: Revue du livre Afrique, Caraï-
bes, Océan Indien, nro. 133, Clef, Paris, 1998).
285
Terre
(extrait)
III
47
In Lubin, Maurice A.: «Anthologie de la Poésie Jacmélienne par Maurice A.
Lubin», Conjonction, nro. 83, Port-au-Prince, 1962.
286
Tierra
(fragmento)
III
287
Regnor Charles BERNARD (1915-1981)
Aube
Le savez-vous?
48
In Pompilus, Pradel: Manuel illustré d’histoire de la littérature haïtienne, Éditions
Henri Deschamps, Port-au-Prince, 1961. [Bernard, Regnor Charles: Nègre!!!,
Imprimerie Telhomme, Port-au-Prince, 1945].
288
Regnor Charles BERNARD (1915-1981)
Alba
Pedestales se desplomarán
Cuando yo cante mi canción soberana
y cuando mi dedo se eleve al sol.
¿Lo sabíais?
Como sombras.16
16
Tomado de Mónica Mansour: Identidades. Poesía negra de América. Antología,
Editorial Arte y Literatura, La Habana, 2011.
289
Soir
49
Bernard, Regnor Charles: «Soir», Conjonction: «L’indigénisme», nro. 197,
Institut français d’Haïti, Port-au-Prince, 1993. [Bernard, Regnor C.: Nègre!!!,
Imprimerie Telhomme, Port-au-Prince, 1945].
290
Noche
291
Marie-Thérèse COLIMON HALL (1918-1997)
Mon pays
292
Marie-Thérèse COLIMON HALL (1918-1997)
Mi país
293
Mais j’enflerais ma voix d’une ardeur plus guerrière
Pour dire la vaillance de ceux qui l’ont forgé;
Je dirais la leçon qu’au monde plus qu’étonné,
Donnèrent ceux qu’on croyait des esclaves soumis.
Je dirais la fierté, je dirais l’âpre orgueil,
Présents qu’à nos berceaux nous trouvons déposés,
Et le farouche amour que nous portons en nous
Pour une liberté au prix trois fois sanglant…
Et le bouillonnement vif montant dans nos artêres
Lorsqu’au fond de nos bois nous entendons, la nuit,
Le conique tambour que nos lointains ancêtres
Ont porté jusqu’à nous des rives de l’Afrique,
Mère vers qui sans cesse sont tournés nos regards…
S’il me fallait au monde présenter mon pays,
Je dirais plus encor, je dirais moins encor.
Je dirais ton cœur bon, ô peuple de chez nous.50
50
Colimon Hall, Marie-Thérèse: «Mon pays», Optique, nro. 7, Le Nouvelliste,
Port-au-Prince, septembre 1954. [La Voix des femmes, Port-au-Prince, mars
1953]. Dans l’Anthologie négro-africaine de Lilyan Kesteloot ce poème est
faussement attribué à Jean-Fernand Brierre.
294
Pero inflaría mi voz con un ardor más guerrero
Para decir el valor de los que lo forjaron;
Diría la lección que a un mundo más que asombrado,
Dieron los que creíamos esclavos serviles.
Diría la altivez, diría el amargo orgullo,
Ofrendas que encontramos al pie de nuestra cuna,
Y el amor arisco que llevamos en nosotros
Por una libertad cuyo precio es tres veces sangriento...
Y la viva efervescencia que crece en nuestras arterias
Cuando en nuestros bosques profundos oímos, de noche,
El cónico tambor que nuestros ancestros lejanos
Trajeron hasta nuestras orillas desde el África,
Madre hacia la cual siempre vuelven nuestras miradas...
Si tuviera que presentar mi país al mundo,
Diría aún más, diría aún menos.
Diría tu buen corazón, oh pueblo de nuestra tierra.17
17
En la Anthologie négro-africaine de Lilyan Kesteloot este poema es erróneamente
atribuido a Jean-Fernand Brierre.
295
Paul LARAQUE (1920-2007)
(Pseudonyme: Jacques LENOIR)
Soldat-marron
51
Laraque, Paul: Les armes quotidiennes, Casa de las Américas, La Habana, 1979.
296
Paul LARAQUE (1920-2007)
(Seudónimo: Jacques LENOIR)
Soldado cimarrón
297
Tam-tam d’Haïti
tam-tam
filon inépuisable de la mine populaire
fleuve dont la colère trouve enfin le chemin de la mer
tu brises les verrous de la peur
tu éclates les écluses du silence
pour dire seul la honte et la misère
tam-tam
leader lyrique du grand coumbite solaire
ton chant assemble les soldats de la liberté
qui font sauter les ponts du passé
et les paysans plantant dans la rosée
les arbres de la vie nouvelle52
52
Selon une note de l’édition de Casa de las Américas (1979), ce poème a été
publié aupravant sous différents titres: «Nouveau Tam-Tam», «Tam-Tam de
l’exil». Nous savons que Laraque a publié des poèmes dans la revue Optique à
Port-au-Prince entre 1954 et 1957, sous le pseudonyme de Jacques Lenoir.
298
Tam-tam de Haití
tam-tam
veta inextinguible de la mina popular
río cuyo furor encuentra por fin la salida al mar
rompes los cerrojos del miedo
revientas las esclusas del silencio
para decir solo la vergüenza y la miseria
tam-tam
líder lírico del gran cumbite solar
tu canto congrega a los soldados de la libertad
que hacen saltar los puentes del pasado
y los campesinos sembrando en el rocío
los árboles de la vida nueva18
18
Según una nota de la edición de Casa de las Américas (1979), este poema había
sido publicado antes bajo diferentes títulos «Nouveau Tam-Tam», «Tam-Tam de
l’exil». Sabemos que Laraque publicó poemas en la revista Optique en Puerto
Príncipe, entre 1954 y 1957, bajo el seudónimo de Jacques Lenoir.
299
La croix de Guevara
53
Laraque, Paul: Les armes quotidiennes, Casa de las Américas, La Habana, 1979.
300
La cruz de Guevara
301
Ballade de l’exil
homme de neige
et de fleurs
vivant selon l’instant
et jouant sur le temps
homme de toutes les saisons
et surtout de printemps
et d’herbe verte
comme l’enfance
ou la terre natale
ou le désir qui fait flamber l’amour
comme le four
où cuit le pain du jour
homme de neige
et de fleurs
l’exil est ta prison
femme-enfant
femme de tête et de cœur
ange gardien des invalides
petite fée des laboratoires
princesse du royaume des livres
femme libre des temps nouveaux
fille de la légende
qui enfante l’histoire
enfant de l’espoir
enfant que l’amour invente
différente
mais souveraine de toi-même
femme-enfant
302
Balada del exilio
hombre de nieve
y de flores
que vive según el instante
hombre de todas las estaciones
y ante todo de primavera
y de hierba verde
como la infancia
o la tierra natal
o el deseo que atiza el amor
como el horno
donde cuece el pan del día
hombre de nieve
y de flores
el exilio es tu prisión
mujer-niña
mujer de cabeza y corazón
ángel de la guarda de los inválidos
hada pequeña de los laboratorios
princesa del reino de los libros
mujer libre de los nuevos tiempos
hija de la leyenda
que alumbra la historia
hija de la esperanza
niña que el amor inventa
diferente
pero soberana de ti misma
mujer-niña
303
femme de tête et de cœur
l’exil est ta prison
envoi
304
mujer de cabeza y corazón
el exilio es tu prisión
envío
305
Peuple empêtré dans ta légende
et pour qui nous connaissons
les barbelés du racisme blanc
dans la chair de nos enfants
d’hier à demain peuple de la révolution
sauve-nous de la barbarie
et que s’ouvrent les portes de la patrie54
54
Laraque, Paul: Les armes quotidiennes, Casa de las Américas, La Habana, 1979.
306
Pueblo encallado en tu leyenda
y para el que conocemos
las alambradas del racismo blanco
en la carne de nuestros hijos
de ayer a mañana pueblo de la revolución
sálvanos de la barbarie
y que se abran las puertas de la patria
307
Raymond CHASSAGNE (1924-2013)
L’affranchi
ce monde étrange
où la présence insolite côtoie les larmes
ce monde étrange
où la mer accueille la moderne flibuste
fils du soleil fille en vacances et séquelles d’histoire
ce monde étrange
où la servante noire fredonnant des airs d’église
refait de moi l’affranchi de la fange55
55
In Castera, Georges & Pierre, Claude & Saint-Éloi, Rodney & Trouillot, Lyonel:
Anthologie de la littérature haïtienne. Un siècle de poésie 1901-2001, Mémoire
d’encrier, Montréal, 2003. [Chassagne, Raymond: Mots de passe, Naaman,
Sherbrooke, 1976].
308
Raymond CHASSAGNE (1924-2013)
El liberto
309
Longitude
56
In Castera, Georges & Pierre, Claude & Saint-Éloi, Rodney & Trouillot, Lyonel:
Anthologie de la littérature haïtienne. Un siècle de poésie 1901-2001, Mémoire
d’encrier, Montréal, 2003. [Chassagne, Raymond: Mots de passe, Naaman,
Sherbrooke, 1976].
310
Longitud
311
Blues à Madame
57
In Castera, Georges & Pierre, Claude & Saint-Éloi, Rodney & Trouillot, Lyonel:
Anthologie de la littérature haïtienne. Un siècle de poésie 1901-2001, Mémoire
d’encrier, Montréal, 2003. [Chassagne, Raymond: Incantatoire, illustrations
de Patrick Vilaire, Éditions Regain, Port-au-Prince, 1996].
312
Blues a Madame
313
Menace d’exil
58
In Castera, Georges & Pierre, Claude & Saint-Éloi, Rodney & Trouillot, Lyonel:
Anthologie de la littérature haïtienne. Un siècle de poésie 1901-2001, Mémoire
d’encrier, Montréal, 2003. [Chassagne, Raymond: Incantatoire, illustrations
de Patrick Vilaire, Éditions Regain, Port-au-Prince, 1996].
314
Amenaza de exilio
315
René DEPESTRE (1926)
XI
Saison de colère
Je me suis fait béton armé contre les vers qui nous rongent et nous
dessèchent Ma peau de nègre autrefois lieu commun des supplices
et des crachats voilà qu’elle est devenue un sésame qui ouvre des
portes inviolables
Je suis de race hideuse
Qu’en dites-vous Femme blanche Quand hier encore vous trouviez
mon plaisir trop féroce et les mouvements houleux de mes reins vous
ont rappelé les roulis furieux des négriers sur les mers de la traite
Depuis Race de conquérants que d’abcès on a crevés dont tes fils
furent la rougeur environnante et les bourbillons jaunes
Je ne crois pas à la virginité des filles de toutes les races J’ai besoin
de croire à des divinités moins fragiles Hallucination ou réalité
pourtant ce n’est pas un mensonge de mes vingt ans
Je sors des procédés habituels de faire l’amour Pour moi d’autres
caresses d’autres douceurs plus atroces d’autres transes aux dents
plus aiguës d’autres femmes plus voraces
Voilà un langage comme une torche dans la poudre des passions
hypocrites et des traditions rouillées dans la moisissure des caves
Je ne l’ai pas choisi pour la joie simple d’être cruel envers mon
temps mais pour mettre à leur place royale des valeurs trop long-
temps calomniées ligotées comme des bêtes dangereuses
Je vais couper les liens à tous les organes du corps qu’on désigne
à voix basse Je décrète la mutinerie des instincts qui portent encore
des fleurs de lys ou d’autres flétrissures
L’ère enchantée des dérèglements va précéder de quelques aurores
celle de la libération des peuples
On doit faire âme neuve pour s’enfoncer furieusement dans le
fouillis ténébreux des printemps dont la verte éclosion est promise
aux damnés de la terre
316
René DEPESTRE (1926)
XI
Estación de la ira
317
La saison va naître des régions troubles et purifiées de ma
conscience là où ma révolte est encore la volonté féroce de briser
les moules dans lesquels on a vidé les plaisirs déréglés de l’enfance
les excès de la virilité et les pâles attitudes de l’âge mûr
Ma raison demande des armes
Ma raison appelle aux armes
Les lâches peuvent faire viser leurs passeports Il faudra beaucoup
de vertus pour vivre selon les exigences de l’instinct de l’imagination
de la bonté de l’amour comme unique saison de la vie59
Juillet,1946.
59
Depestre, René: Gerbe de sang, préface de René Bélance, Collection La Vie
Violente, Imprimerie de l’État, Port-au-Prince, 1946.
318
La estación nacerá de las depuradas y conturbadas comarcas de
mi consciencia ahí donde mi rebeldía sigue siendo fiero empeño por
quebrar los moldes en donde se vaciaron los desenfrenados placeres
de la niñez los excesos de la virilidad y las sosas poses de la madurez
Pide armas mi razón
Mi razón llama a las armas
Bien pueden los cobardes sellar sus pasaportes Hará falta mucha
virtud para vivir según las exigencias del instinto de la imaginación
de la bondad del amor como única estación de la vida
Julio, 1946.
319
XXIII
Écluses ouvertes
Choucoune es enfermera
y los mangos en flor van a morir
y se despiden del suelo las fuentes
y hasta las hojas agitan pañuelos blancos
60
Depestre, René: Gerbe de sang, préface de René Bélance, Collection La Vie
Violente, Imprimerie de l’État, Port-au-Prince, 1946.
322
No ha muerto Choucoune
y tú para ella revives una y mil veces
revives los pechos desnudos de su blusa en fiesta
revives sus caderas en el susurro de tu camelia
revives su sexo Tú revives su pena Tú revives su alma
323
Minerai noir
325
Les profondeurs obscures de ta chair,
Combien de flibustiers se sont frayés leur chemin
À travers la riche végétation de clarté61 de ton corps,
Jonchant tes années de tiges mortes
Et de flaques de larmes
Peuple dévalisé peuple de fond en comble retourné
Comme une terre en labours
Peuplé défriché pour l’enrichissement
Des grandes foires du monde,
Mûris ton grisou dans le secret de ta nuit corporelle
Nul n’osera plus couler des canons et des pièces d’or
Dans le noir métal de ta colère en crue...62
61
Dans la version originale, Depestre écrit «végétation de clarté» au singulier;
cependant, la transcription proposée dans l’anthologie de Mansour et la traduc-
tion de Virgilio Piñera mettent le mot «claridad» au pluriel, autant en français
qu’en espagnol. Voir également la note suivante.
62
Depestre, René: «Minerai noir», Optique, nro. 2, Le Nouvelliste, Port-au-Prince,
avril 1954. Depestre publia par la suite le livre Minerai noir aux éditions Présence
Africaine en 1956, avec quelques variantes dans la ponctuation et dans l’ordre
de certains vers. Ceci est reflété dans la traduction de Virgilio Piñera, qui n’a
probablement pas eu accès à la première édition de ce poème. Voir également
la note antérieure.
326
Las oscuras profundidades de tu carne,
Cuántos filibusteros se han abierto camino
A través de la rica vegetación de claridades19 de tu cuerpo,
Sembrando tus años de tallos muertos
Y de charcos de lágrimas!
Pueblo desvalido pueblo de arriba abajo
Como una tierra labrada,
Pueblo diezmado para el enriquecimiento
De los grandes mercados del mundo
Madura tu grisú en el secreto de tu noche corporal,
Nadie se atreverá ya a fundir cañones y monedas de oro
En el negro metal de tu creciente cólera...20
19
En la versión original, Depestre escribe «végétation de clarté» en singular; sin
embargo, la transcripción encontrada en la antología de Mansour y la traduc-
ción de Virgilio Piñera pone la palabra «claridad» en plural, tanto en francés
como en español. Ver también nota siguiente.
20
Tomado de Mónica Mansour: Identidades. Poesía negra de América. Antología,
Editorial Arte y Literatura, La Habana, 2011. Posteriormente, Depestre publicó
el libro Minerai noir en la editorial Présence Africaine en 1956 con pequeñas
variantes en la puntuación y en el orden de algunos versos. Esto se ve reflejado
en la traducción de Virgilio Piñera que, probablemente, no tuvo acceso a la
primera edición de este poema. Ver también nota anterior.
327
La machine Singer
328
La máquina Singer
329
Retournaient à leur enfance de la forêt
Et ces jours-là nous savions que Singer
Est un mot tombé d’un dictionnaire de proie
Qui nous attendait parfois derrière les portes
une hache à la main!63
63
Depestre, René: Rage de vivre. Œuvres poétiques complètes, Seghers, Paris, 2006.
[Depestre, René: Au matin de la négritude, Euroéditeur, Paris, 1990].
330
Volvían a su infancia del bosque
Y esos días sabíamos que Singer
Era una palabra caída de un diccionario de rapiña
Que nos esperaba a veces detrás de las puertas
¡un hacha en la mano!
331
Non-assistance à poètes en danger
64
Depestre, René: Non-assistance à poètes en danger, préface de Michael Onfray,
Seghers, Paris, 2005.
332
No asistencia a poetas en peligro
333
HAÏTI LITTÉRAIRE
Anthony PHELPS (1928)
336
Anthony PHELPS (1928)
Este es mi país
(fragmento)
Llegaron en sentinas
tus hijos nuevos de negra piel
para el relevo del Indio en el fondo de las minas
(El dios del Español no tiene prejuicios
mientras sus magnos sitios de piedras y plegarias
sean enaltecidos por su presencia de amarillos reflejos
poco le importa la mano
que lo escarba desde el vientre de la tierra)
337
et dans sa chair et dans sa foi
ce fut la Trouée Noire
et dans l’Histoire la haute brèche de couleur
Ô Pères de la Patrie
Précurseur Empereur Roi bâtisseur Républicain
Pères glorieux que je ne nommerai point
car tous mêmement avez droit à notre Amour
ô Pères de la Patrie
accordez-nous le don du courage et de l’honneur65
[...]
65
Phelps, Anthony: Nomade je fus de très vieille mémoire, Éditions Bruno Doucey,
Paris, 2012. [Phelps, Anthony: Mon pays que voici suivi de Les dits du fou-aux-
cailloux, P. J. Oswald, Honfleur, 1968]. Ce poème fut diffusé par le biais d’un
enregistrement discographique dès 1966 (Les Disques Coumbite, Montréal,
1966; transféré numériquement sur CD par Les Productions Caliban, Montréal,
2000, 2005).
338
en su carne y en su fe
fue la Grieta Negra
y en la Historia la alta brecha de color
Oh Padres de la Patria
Precursor Emperador Rey constructor Republicano
Padres gloriosos que no nombraré
pues todos mismamente tienen derecho a nuestro Amor
oh Padres de la Patria
concédannos el don de la valentía y del honor21
[...]
Traducción de Yasmina Tippenhauer.
21
Este poema fue difundido a través de una grabación discográfica desde 1966
(Les Disques Coumbite, Montréal, 1966; transferido numéricamente a CD
por Les Productions Caliban, Montréal, 2000, 2005).
339
La nuit des invertébrés
Frères d’exil
compagnons aux pieds poudrés
dans nos regards passe une même vision
340
La noche de los invertebrados
Hermanos de exilio
compañeros de pies polvorientos
una misma visión nos surca la mirada
341
les souvenirs en cage derrière la vitre opaque
pèsent comme une dalle
Nous n’avons plus que gestes de fumée
pour conter le temps des kénépiers en fleurs
car nous entrons dans un domaine étrange
de plus en plus tournant dos au Pays
et le verre et l’acier modifient nos croyances
342
los recuerdos enjaulados tras el opaco cristal
pesan como losa
Tan solo nos quedan gestos de humo
para contar el tiempo de las quenepas en flor
pues penetramos en sitio extraño
dándole al País cada vez más la espalda
y acero y cristal trastornan nuestras creencias
343
C’est la nuit des invertébrés
ombre plénière sur le silence des fuyards
Caraïbéens de forte souche et de longue lignée
nous parlons maintenant langage de gratte-ciel
paroles de givre et mots de neige.66
66
Phelps, Anthony: Nomade je fus de très vieille mémoire, Éditions Bruno Doucey,
Paris, 2012. [Phelps, Anthony: Motifs pour le temps saisonnier, P. J. Oswald,
Paris, 1976].
344
Es la noche de los invertebrados
sombra plenaria sobre el silencio de los prófugos
Caribeños de fuerte cepa y largo linaje
lenguaje de rascacielos hablamos ahora
palabras de escarcha y vocablos de nieve.
345
Père Caraïbe
348
a golpes de palabras de hierro salubre
señala la vida como nueva y nuestra
anclada en el presente
349
reconnu assumé
Lieu de ma Caraïbe
défaillance de toute prophétie
Non point le règne de cannibales
mais tendresse d’hommes et de femmes
en lumineuses moissons
Lieu de ma Caraïbe
Terre prétexte où se pétrit sans cesse
le pain rebelle de l’exil
et se façonne une écriture en dard d’abeille
Métisse coulée en mélasse magique
notre Terre fleurit sa parole-pépite
mûrit sa fleur de triple greffe
350
reconocido asumido
Lugar de mi Caribe
yerro de cualquier profecía
En nada reino de caníbales
sino ternura de hombres y mujeres
en luminosas mieses
Lugar de mi mestizaje
cuatro lenguas vivas en estructura vertical
Estrechos llanos y ciclones
playas vírgenes tierras altas
encarando la arrogancia
Deuda a Carlos X Bloqueo de Washington
Lugar de mi Caribe por dos veces ejemplar
Palabras de playas somnolientas
Palabras sobre pilotes
Palabras de diamantistas tallando nuevas caras a la Historia
El tiempo del sueño pasando de isla en isla
exportándose incluso al continente
causando ráfagas rotura de las cadenas todas
Lugar de mi Caribe
Tierra pretexto donde siempre se amasa
el pan rebelde del exilio
y se moldea una escritura aguijón de abeja
Mestiza fundida en melaza mágica
nuestra Tierra abre su palabra-pepita
madura su flor de triple injerto
351
Ah Père Caraïbe
Passé piégé Présent gagné
67
Phelps, Anthony: Nomade je fus de très vieille mémoire, Éditions Bruno Doucey,
Paris, 2012. [Phelps, Anthony: La Bélière caraïbe, Casa de las Américas, La
Habana / Nouvelle Optique, Montréal, 1980].
352
Ah Padre Caribe
Pasado rapiñado Presente conquistado
353
René PHILOCTÈTE (1932-1995)
Promesse 3
68
Philoctète, René: Poèmes des îles qui marchent, anthologie préfacée par Lyonel
Trouillot, Actes Sud, Arles, 2003. [Philoctète, René: Promesse, [s. n.], Port-au-
Prince, 1963].
354
René PHILOCTÈTE (1932-1995)
Promesa 3
355
Ces îles qui marchent
(extrait)
[...]
356
Esas islas que caminan
(fragmento)
[...]
357
Qu’il fait bon parmi les rues parmi le ciel parmi
les gens et que l’air a le chant d’une colombe heureuse
de couver
Comme on se dit bonjour et que l’on se comprend!
On dirait qu’une verte promesse élargit les paupières
Il tourne dans les yeux d’étranges escaliers
que montent et descendent des anges
comme dans le livre de Jacob
358
Qué bien se está entre las calles entre el cielo entre
la gente y qué parecido el aire al canto de una paloma contenta
de empollar
¡Cómo nos saludamos y cómo nos comprendemos!
Diríase que una verde promesa agranda los párpados
Giran por los ojos extrañas escaleras
que suben y bajan ángeles
como en el libro de Jacob
359
J’entends grandir cet âge que je ne puis définir tant la
majesté m’éblouit d’une beauté suprême
pousser des lèvres comme en mai partout des tiges
glorieuses
comme dessus les vagues se pavaner des flammes
Oh que marchent les couleurs! Oh que ma poésie se taise
car la fête dépasse la magnificence de la prophétie!69
69
Philoctète, René: Ces îles qui marchent, Éditions Mémoire, Port-au-Prince,
1992. [Philoctète, René: Ces îles qui marchent, Spirale, Port-au-Prince, 1969].
360
Oigo crecer esa edad que definir no puedo de tanta
majestad deslumbrante de hermosura suprema
brotar labios como en mayo por todas partes tallos
gloriosos
como por sobre las olas pavonearse llamas
¡Oh que anden los colores! ¡Oh que calle mi canto
pues la fiesta supera la magnificencia de la profecía!
361
À mon pays blessé!
70
In Castera, Georges & Pierre, Claude & Saint-Éloi, Rodney & Trouillot,
Lyonel: Anthologie de la littérature haïtienne. Un siècle de poésie 1901-2001,
Mémoire d’encrier, Montréal, 2003. [Philoctète, René: Ping pong politique,
[s. n.], Port-au-Prince, 1987].
362
¡A mi país herido!
363
Terrophagie
71
In Conjonction: «Surréalisme et révolte en Haïti», nro. 193, préparé par Georges
Castera, Institut français d’Haïti, Port-au-Prince, 1992.
364
Terrofagia
365
Roland MORISSEAU (1933-1995)
Ce petit mot
a
rougi mon sang du rouge d’un monde
que l’unité des bras forgera
Ce petit mot
a
tranché mes heurts au tranchant des heures
qui font sonner l’espoir
366
Roland MORISSEAU (1933-1995)
367
Ce petit mot
est
vacarme de lambi dans la luxuriance des étoiles
saccade de tambour dans les entrailles du coumbite
saccade de tambour dans le moteur des bandes-de-société
qui vont wagon-humains
dans le sillage des nuits de mon pays
Et les hommes sont mille torches éteintes dans les aisselles de la nuit.
Or
je naquis un jour au carrefour des années
un jour parmi ceux de septembre
comme ça
368
Esa pequeña palabra
es
barahúnda de lambí en la suntuosidad de las estrellas
sacudidas de tambor en las entrañas del cumbite
sacudidas de tambor en el motor de las bandas-de-sociedad
que van como vagón-de-humanos
al compás de las noches de mi país
Y los hombres son mil extintas antorchas en las axilas de la noche.
Pero
yo nací un día en el cruce de los años
un día entre los de septiembre
así
369
décharnés. Les bons amis que je n’ai pas revus Pierre BATHARD,
Jacques GABRIEL, G. FORTUNE et qui savaient jouer au soldat
marron sur la Place Pétion rue Bonne Foi sont dispersés.
[...]
370
paisajes descarnados. Los buenos amigos que no he vuelto a ver
Pierre BATHARD, Jacques GABRIEL, G. FORTUNE y que solían
jugar al soldado cimarrón en la Plaza Pétion calle Bonne Foi están
dispersados.
[...]
371
pour ceux qui tombent d’anémie à cinq heures du matin
et qu’on retrouve adossés aux portes des églises
Les cécités qui ne voient pas la vie avec ses extravagances
Les surdités qui n’entendent pas la vie et ses tintamarres
Il y aura pour tous d’autres agapes fraternelles
quand aux confins des jours à venir
se lèvera l’immense soleil de justice
il y aura pour tous un seul nom: CAMARADE
(poésie 59)72
72
Morisseau, Roland: Germination d’espoir, Collection Haïti Littéraire, Impri-
merie N. A. Théodore, Port-au-Prince, 1962.
372
para aquellos que caen de anemia a las cinco de la mañana
y que acaban recostados en las puertas de las iglesias
Las cegueras que no ven la vida con sus extravagancias
Las sorderas que no oyen la vida y sus bullarangas
Para todos habrá otros ágapes fraternales
cuando en los confines de los días venideros
se levante el inmenso sol de justicia
habrá para todos un solo nombre: CAMARADA
(poesía 59)
373
Janine TAVERNIER (1935)
Volonté 2
374
Janine TAVERNIER (1935)
Voluntad 2
375
mais de quelle volonté d’innocence
oserais-je aujourd’hui me réclamer?
J’entends encore sonner cette cloche de nulle part
elle sonne, de ma tète elle s’éparpille
avec mes corbeaux qui lui font escorte,
elle est là dedans ma tête cette maudite,
c’est sans doute un son de cor,
un hallali la bête est traquée,
cernée et je sais qu’elle mourra.
Ô le savoir impitoyable et l’inertie inextricable
dans la montée abyssale et lente des marées
contritionaires du refoulement enfin libéré…
Parce qu’ailleurs dans un grand univers quelconque
Je me suis trouvée peinarde protégée par leur
gigantisme cacophonique ma vie apprivoisée
en équilibre au centre de leur déséquilibre
Mais qui sont-ils ces enfants croûtés crottés
qui se détournent en ricanant?
c’est partout des enfants
on ne peut même plus savoir
à partir de cette virtualité
où on est, qui ils sont, qui on est
et puis qui je suis est sans doute
une évidence contrefaite d'un fait divers
mais c’est vraiment tant pis
si je ne me connais plus
c’est tellement sans importance
si je ne sais plus qui je suis
puisque chaque jour des voix nouvelles
à la légère me renomment,
que des mains étrangères de justesse
me taillent me cisaillent me rafistolent
à la mesure de leur miniaturisme,
moi qui ne suis que démesure.
J’avance je passe
Il suffit de reconnaître le ciel
pardessus toutes choses
pour que se retrouve la succession
376
pero ¿de qué voluntad de inocencia
me atrevería a alardear hoy?
Todavía oigo esa campana que suena desde ningún lugar
ella suena, desde mi cabeza se esparce
con mis cuervos que la escoltan,
ella está aquí dentro de mi cabeza la maldita,
es sin duda un toque de cuerno,
un hallali la bestia está acorralada,
cercada y yo sé que morirá.
Oh el saber inclemente y la inercia inextricable
en la subida abismal y lenta de las mareas
contricionarias de la represión por fin liberada...
Porque en otro lugar en un gran universo cualquiera
Yo me sentí tranquila protegida por su
gigantismo cacofónico mi vida amansada
en equilibrio en el centro de su desequilibrio
Pero ¿quiénes son esos niños mocosos mugrientos
que se apartan riéndose?
por todos lados son niños
ya no se puede saber
desde esta virtualidad
dónde estamos, quiénes son, quiénes somos
y luego quién soy es sin duda
una evidencia copiada de una crónica cualquiera
pero de verdad da igual
si ya no me conozco
es de tan poca importancia
ya no saber quién soy
ya que cada día voces nuevas
a la ligera me vuelven a nombrar,
que manos extranjeras con las justas
me tallan me cincelan me reparan
a la medida de su miniaturismo,
yo que no soy más que desmesura.
Avanzo paso
Basta con reconocer el cielo
sobre todas las cosas
para volver a encontrar la secuencia
377
des pas hésitants.
Déjà dans ce petit cimetière privé à Pétion-ville
j’ai enfoui parmi les fleurs dans la terre consentante
à côté de toi papa le passeport bleu de la piété
et de la reconnaissance filiale et ce doit être
encore à cause de cette cloche qui n’arrête pas
alors ma mémoire par pitié pour mon cœur
la pare de noms artificieux,
cloche d’église, vêpres, tocsin?
mais moi je sais que ce grondement qui
me projette en avant dans l’affolement
m’arrachant cette rengaine barbare de
phrases hachées de mots de colère bilieux
hoquetant sans fin une même malédiction
contre cette autre moi-même c’est…
c’est…
73
Tavernier, Janine: Sphinx du Laurier Rose, Éditions Khus Khus / Imprimerie
Le Natal, Port-au-Prince, 2010.
378
de los pasos vacilantes.
Ya en este pequeño cementerio privado de Pétion-ville
enterré entre las flores bajo la tierra condescendiente
cerca de ti papá el pasaporte azul de la piedad
y del reconocimiento filial y aún debe ser
por esa campana incesante
entonces mi memoria por piedad de mi corazón
la adorna de nombres artificiosos,
¿campana de iglesia, vísperas, sirena?
pero yo sé que este rugido que
me proyecta hacia el pánico
arrancándome ese estribillo bárbaro de
frases cortadas con palabras de cólera biliosas
sollozando sin fin una misma maldición
contra esa otra yo misma es...
es...
379
Georges CASTERA FILS (1936)
Art poétique
Arte poética
382
el temor
el miedo.
pues bien
las palabras
las queremos
RISAS Y RITMOS
en exceso
Claro
como pasan la puerta de nuestras
bocas
con sangre (y sin encoger)
Ritmos y Danzas
en exceso
...pon tu boca en la herida de las palabras
y bebe su pus amargo...
Ya no temas los tambores amontonados bajo tu piel
ya no temas reír a carcajadas la risa
africana de los tam-tam
Risas y Jazz
en exceso
no ni hablar de reglas
ni hablar
para Nosotros (los hombres tam-tam)
de acostarnos con la rima
en una cama de doce pies
bien contados
marcado por cesura
RITMOS Y RISAS
como un auténtico negro
sin acento extranjero
RITMOS Y RISAS
como Aimé Césaire
sublime asesino de la rima
pero salvador del ritmo escondido en el sexo de las palabras
nuestras
risas
SÍ había negros para reír y
yo me sigo riendo
383
…Pas de règles
nous sautons plus haut que l’alexandrin
pas de règles: (simples accords de sexes bandés)
hors de toute ruse
attelle le rythme à tes pas
face au mur
1… 2… 3… FEU
nous violons les règles d’où qu’elles viennent
et mort au vers
à fleur de peau
à fleur de ride
à fleur de cœur
sans plainte murmurante
MAIS
clameurs osées
murissant sous nos pieds
ou figures géométriques
séduites par un pas de vodou
à fleur de rire
à fleur de rythme
Peut-être bien
c’est à dormir debout
et se réveiller mort-né
à six lieues de la forêt du langage?
POURQUOI PAS?
la rime: un entre-mets
et non
le vrai repas où nous nous offrons des chants à pleine
bouffée
à fleur de rire
à fleur de rythme
Rythmes rires et giffles
pêle-
mêle
sans crédit
MAIS gestes nègres
fertiles en sensations
… nos rires: un pur mélange de rhum et de piment
384
...Nada de reglas
nosotros saltamos más alto que el alejandrino
nada de reglas: (simples acordes de sexos erguidos)
fuera de toda astucia
ata el ritmo a tus pasos
frente al muro
1...2...3.... FUEGO
violamos las reglas de dónde vengan
y muerte al verso
a flor de piel
a flor de arruga
a flor de corazón
sin queja murmurante
SINO
clamores audaces
madurando bajo nuestros pies
o figuras geométricas
seducidas por un paso de vodú
a flor de risa
a flor de ritmo
Es posible
es para no creer
y nacer muerto
¿a seis leguas del bosque del lenguaje?
¿POR QUÉ NO?
la rima: un entremés
y no
el plato fuerte donde saboreamos cantos a bocanadas
llenas
a flor de risa
a flor de ritmo
Ritmos risas y bofetadas
sin
orden
sin crédito
SINO gestos negros
fértiles en sensaciones
...nuestras risas: pura mezcla de ron y pimienta
385
des rires qui plantent leurs symboles
dans un jour plus beau
qu’un corps d’une femme.
C’est juste,
un rire minutant notre coït matinal
avec tous les grands-poèmes-à-rythmes-de-négresse
RIRES, RYTHMES
et du sang dans la bouche. Ah! Ah! Ah! Ah! Ah!
mon rire me déchire la gueule. Non pas question de s’excuser
mets ton oreille sur la poitrine des mots
et gardes-en le souffle
libre et Nègre
de tams-tams haïtiens
Et le rythme est à la mesure des foules…74
74
Castera fils, Georges: «Art poétique», Optique, nro. 27, Le Nouvelliste, Port-au-
Prince, 1956.
386
de risas que plantan sus símbolos
en un día más hermoso
que el cuerpo de una mujer.
Es claro,
una risa midiendo la cadencia de nuestro coito matutino
con todos los grandes-poemas-con-ritmos-de-negra
RISAS, RITMOS
y sangre en la boca. ¡Ah! ¡Ah! ¡Ah! ¡Ah! ¡Ah!
mi risa me desgarra el hocico. No nada de disculpas
pon tu oreja sobre el pecho de las palabras
y guarda su aliento
libre y Negro
de los tam-tam haitianos
Y el ritmo sigue el compás de la muchedumbre...
387
Première réponse
75
Castera fils, Georges: L’encre est ma demeure, anthologie établie et préfacée par
Lyonel Trouillot, Actes Sud, Arles, 2006. [Castera fils, Georges: Voix de tête,
Éditions Mémoire, Port-au-Prince, 1996].
388
Primera respuesta
389
Certitude
76
Castera fils, Georges: L’encre est ma demeure, anthologie établie et préfacée par
Lyonel Trouillot, Actes Sud, Arles, 2006. [Castera fils, Georges: Voix de tête,
Éditions Mémoire, Port-au-Prince, 1996].
390
Certidumbre
No es con tinta
que te escribo
sino con mi voz de tambor
asediado por derrumbes de piedras
391
Signal
77
Castera fils, Georges: L’encre est ma demeure, anthologie établie et préfacée par
Lyonel Trouillot, Actes Sud, Arles, 2006. [Castera fils, Georges: Voix de tête,
Éditions Mémoire, Port-au-Prince, 1996].
392
Señal
393
DAVERTIGE (1940-2004)78
(Villard DENIS)
Anacaona
78
Davertige est le seul auteur qui rompt la chronologie, étant donné qu’il est
né en 1940 et que Frankétienne, né en 1936, le suit dans cette anthologie.
Il figure ici car il a fait partie d’Haïti Littéraire.
79
Davertige: Idem et autres poèmes, Éditions Seghers, Paris, 1964. [Davertige:
Idem, Collection Haïti Littéraire, Imprimerie Théodore, Port-au-Prince, 1962].
394
DAVERTIGE (1940-2004)22
(Villard DENIS)
Anacaona
22
Davertige es el único autor que rompe la cronología, ya que nació en 1940
y Frankétienne, que le sigue en esta antología, nació en 1936. Lo incluimos
aquí por haber formado parte de Haïti Littéraire.
395
L’île déchaînée
(extrait)
Soûlard mon Christ les cheveux de sisal vert sale Illimité comme
les zombis de la nuit à naître Et qui naîtra à l’arc roux de notre Île
O grands cierges allumés pourquoi notre équilibre se trouve hors
de son centre O souvenirs Les carrefours se dévident sur l’infini
le Guédé de soleil fait des pirouettes Les foules la tête au Levant
lancées à l’assaut des yeux du soleil pour ce topaze de la lumière Le
sable ivre recrée la chair et la pierre de la fronde ressuscite les fruits
O saisons mortes de notre Île nous vivons dans la mort comme hier
vous vécûtes près des tambours à taille de vache
80
Davertige: Idem et autres poèmes, Éditions Seghers, Paris, 1964. [Davertige:
Idem, Collection Haïti Littéraire, Imprimerie Théodore, Port-au-Prince, 1962].
398
Rotos y recompuestos por el trance de las noches nuestros cuerpos
inscritos en su movimiento de piedra tienen gestos de mundongos
de ojos de mil luciérnagas El sílex inicia en la potencia de la savia
Señaladme la senda de las fuentes
399
ASTRES
ASTROS
FRANKÉTIENNE (1936)
Samba
81
Frankétienne: Vigie de verre, Imprimerie Serge L. Gaston, Port-au-Prince, 1965.
402
FRANKÉTIENNE (1936)
Samba
Compartiría mi corazón
Bajo el brote de los soles claros
Abriría generosamente
Mi catequismo reluciente de verdades
403
Ultravocal
(extrait)
82
Frankétienne: Ultravocal (Spirale), Imprimerie Serge L. Gaston, Port-au-Prince,
1972.
404
Ultravocal
(fragmentos)
23
Tomado de Mónica Mansour: Identidades. Poesía negra de América. Antología,
Editorial Arte y Literatura, La Habana, 2011.
405
Haïti Chaos
Haïti Babel
(extraits)
406
Entre el sueño y la pesadilla
(fragmentos)
407
Mais, en même temps, de manière paradoxale, il n’existe pas non
plus.
Mon pays Haïti n’existe pas sous le poids des légendes et des
mythes. Du moins, il a cessé d’exister.
Il lui a fallu deux siècles d’un lent naufrage interminablement long,
pour sombrer au ralenti, étonnamment suspendu dans l’éternité d’un
rêve inouï. Un projet de libération, d’autonomie, d’indépendance
et de souveraineté infiniment inconcevable, quasiment impossible,
par rapport à la prédominance indiscutable des idéologies domi-
nantes obscurantistes et à l’hégémonie des puissances impériales,
esclavagistes et colonisatrices.
Entre les pattes du sphinx, mes doutes, mes amours, mes déserts,
mes énigmes, mes utopies, mes souffrances et mes incertitudes
s’entassent sur un amas de sable aux battements d’un pays qui existe
et n’existe pas tout à la fois.
408
Pero al mismo tiempo, de manera paradójica, tampoco existe.
Mi país Haití no existe bajo el peso de las leyendas y los mitos.
Por lo menos, ha dejado de existir.
Ha necesitado dos siglos de lento naufragio, interminablemente
largo, para zozobrar pausadamente, sorprendentemente suspendido
en la eternidad de un sueño inaudito. Un proyecto de liberación, de
autonomía, de independencia y de soberanía infinitamente inconce-
bible, casi imposible, con relación al predominio indiscutible de las
ideologías oscurantistas y a la hegemonía de las potencias imperiales
esclavistas y colonizadoras.
Entre las patas de la esfinge, mis dudas, mis amores, mis desiertos,
mis enigmas, mis utopías, mis sufrimientos y mis incertidumbres
se amontonan sobre un cúmulo de arena al latido de un país que al
mismo tiempo existe y no existe.
409
Quant à la nation haïtienne, elle n’a jamais existé. Elle n’existe
pas encore. Peut-être que, par retard de phase, par ratages réitérés
et surtout par carence de nouveaux mythes fondateurs d’une société
haïtienne moderne qui soit capable de fonctionner en adéquation
avec le Monde Global hors de tout mimétisme anéantissant, elle
n’existera plus. Elle n’existera jamais. Condamnée déjà à être absor-
bée et à se dissoudre de manière impersonnelle et anonyme dans le
ventre de la machine mondialisante, dont le fonctionnement sauvage
actuel repose sur le phénomène brutal de la phagocytose digestive,
uniformisante, anéantissante.83
83
Frankétienne: H’Eros chimères, Spirale, Port-au-Prince, 2002.
410
En cuanto a la nación haitiana, nunca existió. No existe todavía.
Puede ser que por desfase, por fracasos reiterados y sobre todo
por carencia de nuevos mitos fundadores de una sociedad haitiana
moderna, capaz de funcionar adecuándose al Mundo Global fuera
de todo mimetismo aniquilador, no existirá más. No existirá jamás.
Condenada desde ya a ser tragada y a disolverse de manera imper-
sonal y anónima en el vientre de la máquina globalizante, cuyo
actual funcionamiento salvaje descansa en el fenómeno brutal de la
fagocitosis digestiva uniformadora y aniquiladora.24
24
Frankétienne: «Entre el sueño y la pesadilla», Casa de las Américas, no. 233,
(dedicado a Haití), La Habana, oct.-dic., 2003.
411
Le corps en plein écho
d’un yanvalou de feu
femme flamme araignée
sur la route qui s’étire
à l’élan du désir.84
84
Frankétienne: Le sphinx en feu d’énigmes. Spirale poétique, Vents d’ailleurs,
La-Roque-d’Anthéron, France, 2009.
412
El cuerpo en pleno eco
de un yanvalou de fuego
mujer llama araña
sobre el camino que se alarga
al impulso del deseo.
413
L’effervescence du rêve
illumine le voyage
la sève de l’utopie
dissolvant le cauchemar.85
85
Frankétienne: Le sphinx en feu d’énigmes. Spirale poétique, Vents d’ailleurs,
La-Roque-d’Anthéron, France, 2009.
414
La efervescencia del sueño
ilumina el viaje
la savia de la utopía
disuelve la pesadilla.
415
Sauras-tu décrypter
les chiffres du désastre
au tournant des ténèbres
ornées de fausses parures?86
86
Frankétienne: Le sphinx en feu d’énigmes. Spirale poétique, Vents d’ailleurs,
La-Roque-d’Anthéron, France, 2009.
416
¿Sabrás desentrañar
las cifras del desastre
detrás de las tinieblas
adornadas de atavíos?
417
Absolue naïveté
de l’enfance perpétuelle
où pourtant s’amalgament
innocence et violence.87
87
Frankétienne: Le sphinx en feu d’énigmes. Spirale poétique, Vents d’ailleurs,
La-Roque-d’Anthéron, France, 2009.
418
Absoluta ingenuidad
de la infancia perpetua
donde empero se fusionan
inocencia y violencia.
419
Et le sang de la femme
redevient feu pluriel
marelle de lune et de soleil
une invention d’étoiles
et de clartés sauvages
illuminant la terre
en sa rondeur femelle.88
88
Frankétienne: Le sphinx en feu d’énigmes. Spirale poétique, Vents d’ailleurs,
La-Roque-d’Anthéron, France, 2009.
420
Y la sangre de la mujer
vuelve a ser fuego plural
rayuela de luna y sol
un invento de estrellas
y fulgores salvajes
iluminando la tierra
en su redondez femenina.
421
Et quand les nuages
effaceront l’horizon
l’oiseau s’envolera
pour retrouver soudain
la musique de ses ailes
la beauté du voyage.89
89
Frankétienne: Le sphinx en feu d’énigmes. Spirale poétique, Vents d’ailleurs,
La-Roque-d’Anthéron, France, 2009.
422
Y cuando las nubes
borren el horizonte
el pájaro se irá volando
para hallar de pronto
la música de sus alas
la belleza del viaje.
423
Jean MÉTELLUS (1937-2014)
Au pipirite chantant
(extraits)
[...]
424
Jean MÉTELLUS (1937-2014)
Al canto pipirite
(fragmentos)
[...]
425
Ce sont des écueils naufrageant l’espoir
Par la semelle fiévreuse de sa transe tressaille le message des devins
Et son cœur comme un coursier assoiffé guette des fleuves de santé,
nourrit une étincelle de courage
Et disperse les graines au front même du vent
Les hounsis ont exhalé des oracles
[...]
426
Son escollos zozobrando la esperanza
Por la suela febril de su trance late el mensaje del nigromante
Y su corazón, sediento corcel, acecha ríos de salud, nutre una chispa
de coraje
Y dispersa las semillas en la cara misma del aire
Oráculos exhalaron los hunsis
[...]
427
Et naisse enfin la fanfare des hommes libres comme une explosion
fervente, comme l’aurore des Antilles et l’alliance des îles
Et rugisse l’aube sur les eaux les sorciers les fruits, pour la gloire et
l’extase des vivants
Les ravins éblouis, les montagnes purifiées, les collines offertes, les
buissons frissonnants, les halliers en festin, demanderont compte
des ossuaires à tous les mercenaires, à tous les sanguinaires
O dieux d’Afrique, amateurs de très grandes excursions, vos larmes
ont humecté tous les horizons, exhaussé jusqu’aux portes du
firmament les plus aigres des souffles, et depuis s’est déchaînée sur
toute la terre l’amère salive de la douleur, la mousse douloureuse
des guerres et des discordes
O dieux brûlés par les crépitements de l’alcool
O dieux immunisés par la terreur et la faim
Où trouver le chemin libre qui vous honore, la voie sûre qui vous
libère?90
90
Métellus, Jean: Au pipirite chantant, Les Lettres Nouvelles / Maurice Nadeau,
Paris, 1978.
428
Y que por fin nazca la fanfarria de los hombres libres
como una explosión ferviente, como la aurora de las Antillas y la
alianza de las islas
y que ruja el alba sobre las aguas los brujos las frutas, para gloria y
éxtasis de los vivos
Las barrancas deslumbradas, las purificadas montañas, las colinas
ofrecidas, las convulsas zarzas, las agasajadas malezas, pedirán
cuenta de los osarios a todos los mercenarios, a todos los sangui-
narios
Oh dioses de África, que gustan de muy largas travesías, vuestras
lágrimas han humedecido todos los horizontes, han alzado hasta
las puertas del cielo los más agrios alientos, y desde entonces se
ha desencadenado sobre la tierra la amarga saliva del dolor, la
dolorosa espuma de guerras y discordias
Oh dioses quemados por el crepitar del alcohol
Oh dioses inmunizados por el terror y el hambre
¿Dónde encontrar el libre camino que os honra, la vía segura que
libera?
429
Ogoun
(extrait)
[...]
Haïti, Haïti
La colère du cœur a laissé flamber des têtes
Elle a nommé des crocodiles grands rois des Caraïbes
Où sont ces constellations qui brillaient au large de mes rêveries
/ d’enfance
Que sont devenues mes étoiles d’hier
Jean-Jacques Dessalines Ambroise, l’épaule du peuple
Jacques Stephen Alexis les yeux de la jeunesse
Jacques Roumain l’étoile brillante sans firmament
Albert Luthuli la grande voix de l’Afrique du Sud
Lumumba la poitrine de la liberté
Che Guevara l’aigle foudroyé d’Amérique
O Satan omniforme
O paresse
Haïti, Haïti
Toutes les demeures réclament des dieux
Qui vivent dans la fièvre des espaces
Et dans les fermes obscures
Loin des fraîcheurs des clairs de lune91
91
Métellus, Jean: Au pipirite chantant, Les Lettres Nouvelles / Maurice Nadeau,
Paris, 1978.
430
Ogún
(fragmento)
[...]
Haití, Haití
La cólera del corazón dejó que ardieran cabezas
Ella nombró a cocodrilos grandes reyes del Caribe
Dónde están esos astros que brillaban en el ancho mar de mis sueños
/ infantiles
Qué ha sido de mis estrellas de antaño
Jean-Jacques Dessalines Ambroise, hombro del pueblo
Jacques Stephen Alexis ojos de la juventud
Jacques Roumain lucero sin firmamento
Albert Luthuli voz magna de Sudáfrica
Lumumba pecho de la libertad
Che Guevara águila fulminada de América
Oh Satán omniforme
Oh pereza
Haití, Haití
Todas las moradas reclaman dioses
Que viven en la fiebre de los espacios
Y en las oscuras granjas
Lejos del frescor de los claros de luna
431
Ogoun92
Lassés, haussés,
Saoulés par le sang de vos dieux
Minés, honnis,
Talés par vos propres sacrilèges
Vos vergers seront ravagés
Tondus par les insectes et la sécheresse
Votre plénitude sera inquiète
La fin de vos journées débordera de larmes écarlates
Votre pays sera terre de sang
Car vous avez ignoré vos dieux
J’ai détourné de vos cœurs les balles,
De vos cases les canons,
De votre tête les mauvais esprits
92
Poème complet portant le même titre que le texte antérieur.
93
Métellus, Jean: Au pipirite chantant, Les Lettres Nouvelles / Maurice Nadeau,
Paris, 1978.
432
Ogún25
Hastiados, alzados,
Mareados por la sangre de vuestros dioses
Minados, escarnecidos,
Magullados por vuestros propios sacrilegios
Vuestros vergeles serán arrasados
Esquilados por insectos y sequías
Vuestra plenitud será inquieta
El ocaso de vuestras jornadas rebosará lágrimas escarlatas
Vuestro país será tierra de sangre
Pues habéis dejado de lado a vuestros dioses
De vuestros corazones he desviado las balas,
De vuestras cabañas los cañones,
De vuestra cabeza los malos espíritus
25
Poema completo que lleva el mismo título que el anterior.
433
ÉTOILES
ESTRELLAS
Jean-Claude MARTINEAU (1937)
(KORALEN)
Ténèbres
436
Jean-Claude MARTINEAU (1937)
(KORALEN)
Tinieblas
437
Mais la voix qui lance un appel
N’est étouffée que pour un temps
Notre misère et nos tourments
Lui font un écho éternel
94
Inédit.
438
Pero la voz que lanza un llamado
Solo es sofocada por un instante
Nuestra miseria y nuestro tormento
Le hacen un eco eterno
439
Libète
Libète, wi se vre
Mwen avè w nou poko janm kwaze
Lè mwen wè w yo di m je m ap vegle
Men pare pa pare mwen rive
Libète, libète
Kwè m si w vle, kè m ta leje kon pay
Lè m envite w si w te aksepte
Pou m pran men w mennen w vini lakay
440
Libertad
Libertad, es cierto
Tú y yo jamás nos encontramos
Dicen que al verte quedaré ciego
Sea lo que sea, llegaré
Libertad, libertad
Créeme si quieres, mi corazón como brizna flotaría
Si aceptaras mi invitación
De tomarme la mano para llevarte a mi casa
441
Libète, mwen konprann
Ou pa ni pou achte ni pou vann
Si nou vle manje fri libète
Se nan lakou lakay pou l plante95
95
Martineau, Jean-Claude & TiCorn & Obas, Beethova: Album Zanmi Nou.
Chansons créoles de Jean-Claude Martineau, TiCorn Music, 2015. Ce texte
fut d’abord écrit en anglais sous le titre de «Freedom Bound»; il fut d’abord
interprété par Martha Jean-Claude (LP Kric? Krac? Tales of a Nightmare, MTFS,
1985) et plus tard par Emeline Michel.
442
Libertad, comprendí al fin
No se te puede vender ni comprar
Si deseamos probar tus frutos
Hemos de cultivarte en nuestro propio jardín26
26
Este texto fue escrito primero en inglés bajo el título «Freedom Bound» e
interpretado por Martha Jean-Claude (LP Kric? Krac? Tales of a Nightmare,
MTFS, 1985) y, más tarde, por Emeline Michel.
443
Vyewo
445
Kouzen m sot fè tè Ayiti
Gen yon komisyon madanm ou voye ba ou
Kouzen li lè pou ou tounen
Kouzen menm si ou pat pot anyen
Lè w ap janbe fwontyè
Pa bliye manchèt ou dèyè.96
96
In Martineau, Jean-Claude & TiCorn & Obas, Beethova: Album Zanmi Nou.
Chansons créoles de Jean-Claude Martineau, TiCorn Music, 2015.
446
Primo he vuelto de Haití
Tu mujer te envía este mensaje
Primo, es hora de volver
Primo, aunque no lleves nada
Al cruzar la frontera
No olvides tu machete.
447
Jacques VIAU RENAUD (1941-1965)
448
Jacques VIAU RENAUD (1941-1965)
449
sentarnos sobre los árboles intuyendo próxima la partida.
Nos depositamos sobre nuestra sangre
sin acordarnos de que en otros corazones el mismo líquido ardía
o se derramaba combatido y combatiendo.
¿Qué silencios nos quedan por recorrer?
¿Qué senderos aguardan nuestro paso?
Cualquier camino nos inspira la misma angustia,
el mismo temor por la vida.
Nos mutilamos al recogernos en nosotros,
nos hicimos menos humanidad.
Y ahora,
solos,
combatidos,
comprendemos que el hombre que somos
es porque otros han sido.
II
450
nous asseoir sur les arbres devinant l’imminence du départ.
Nous nous sommes sédimentés sur notre sang
sans songer que ce même liquide embrasait d’autres cœurs
ou qu’il coulait combattu et combattant.
Quels silences devons-nous encore parcourir?
Quels sentiers guettent nos pas?
Tout chemin réveille en nous la même angoisse,
la même crainte de la vie.
Nous nous sommes mutilés en nous repliant sur nous,
nous avons amoindri notre humanité.
Et maintenant,
seuls,
combattus,
nous comprenons que nous sommes cet homme
car d’autres l’ont été.
II
451
Todos han olvidado que el hombre es aún capaz de cólera.
Las llamas se extinguen sin haber consumido el odio.
El día irredento ha postergado la resurrección del hombre.
Y los otros,
Aquellos que presencian la matanza sentenciando:
«¡Locos, habéis tocado a la puerta de la muerte
y ella se quedó en vosotros!»
Esos
Solo saben predecir la muerte,
No han aprendido a combatirla.
No han aprendido a cobijar la tierra en el corazón
ni a ganar la patria para el hombre.
Y el sumiso, ¿qué hace?
¿Dónde deposita su silencio?
¿En qué lugar del corazón teje la venganza?
Nadie lo sabe.
Todos le han olvidado.
Se ha dictaminado que su morada sea la sombra,
que el pan deshabitado sea su alimento,
que el pico le prepare el lecho
y la pala le cubra el corazón.
¿Qué es el hombre combatido?
Nadie lo recuerda.
Lo visten los trapos.
Lo arrojaron en la parte trasera de la casa
y allí
con los residuos
un guiñapo se amontona.
Las llamas se extinguen.
Se arrinconan los hombres en una sola sombra,
en un solo silencio,
en un solo vocablo,
en un llanto solo
y cuando todo sea uno,
uno el llanto y el vocablo uno
no habrá paz sobre la tierra.
¿No habrá paz?
452
Ils ont oublié que l’homme est encore capable de colère.
Les flammes s’éteignent sans avoir consommé la haine.
Le jour damné a reporté la résurrection de l’homme.
Les témoins de la tuerie qui fustigent:
«Insensés, vous avez frappé à la porte de la mort
et elle est restée en vous!»
Ceux-là
ils ne font que prédire la mort.
Ils n’ont pas appris à la combattre.
Ils n’ont pas appris à abriter la terre dans leur cœur
ni même à conquérir la patrie pour l’homme.
Et l’asservi, que fait-il?
Où garde-t-il son silence?
Dans quelle partie du cœur tisse-t-il la vengeance?
Personne ne le sait.
Tout le monde l’a oublié.
Ils ont décrété que l’ombre soit sa demeure,
que le pain deshabité soit son aliment,
que la pelle prépare son chevet
et la pioche recouvre son cœur.
Qu’est-ce que l’homme combattu?
Personne ne s’en souvient.
Ils l’ont vêtu de haillons.
Ils l’ont rejeté à l’arrière de la maison
et là
avec les résidus
les guenilles s’amoncèlent.
Les flammes s’éteignent.
Les hommes se tapissent en une seule ombre,
en un seul silence,
en un seul verbe,
une seule complainte
et lorsque tout sera un,
une la complainte et le verbe un
il n’y aura pas de paix sur la terre.
Pas de paix?
453
Y aquellos que dictaminaron el destino del hombre,
los que jamás contaron con los sumisos,
amasarán con sangre su propia podredumbre.
¡No habrá paz!
¡Llanto para quebrar el llanto,
muerte para matar la muerte!
[...]97
97
Viau Renaud, Jacques: Permanencia del llanto, Publicaciones del Frente Cultu-
ral, Santo Domingo, 1965. Este poema figurará en Poemas de una isla y de dos
pueblos, Jacques Roumain, Pedro Mir, Jacques Viau, publicado en 1974 por Casa
de las Américas. Jacques Viau escribía directamente en español.
454
Et ceux qui décrétèrent le destin de l’homme,
ceux qui n’ont jamais pris en compte les asservis,
ils pétriront de sang leur propre pourriture.
Pas de paix!
¡Complainte pour rompre la complainte
mort pour tuer la mort!
[...]27
27
Ce poème apparaîtra dans le recueil Poemas de una isla y de dos pueblos, Jacques
Roumain, Pedro Mir, Jacques Viau, publié en 1974 par Casa de las Américas.
Jacques Viau écrivait directement en espagnol.
455
Syto CAVÉ (1944)
Le Poète
456
Syto CAVÉ (1944)
El Poeta
457
Il est d’un livre à faire
Il est d’un livre à dire
comme une corolle de sang
un aboiement fidèle sur le froid quotidien
Et puisque je songe,
Je réinvente des visages,
Je donne à voir à qui entend98
98
Inédit.
458
Es de un libro por hacerse
Es de un libro por decirse
como una corola de sangre
un ladrido fiel en el frío cotidiano
Y ya que estoy soñando,
Reinvento rostros,
Ofrezco una visión a quien escucha
459
C’est bien d’aimer ainsi
99
Inédit.
460
Es bueno amar así
Ya te lo había dicho
Te lo digo otra vez:
Esta lluvia que me duele
Me devuelve tanto a ti
Te amo como una página siempre recomenzada
Te amo y me gusta el tiempo que hace
Ese tiempo en que la lluvia viene a festejarte
glotona,
con su abundante fluir
con sus flecos insolentes,
con sus notas lascivas,
con su finura milagrosa
Ese tiempo que irá, corazón mío, como perro
a saciar su sed a orillas de tu rostro,
en el largo río de tus ojos
Y esa risa repentina
de infancia perdida entre los charcos vivos
¡Y esa calle obsequiada a la afluencia de tu imagen!
Te amo sin razón
Es bueno amar así
461
Serge BAGUIDY-GILBERT (1945)
Prologue
(extrait)
462
Serge BAGUIDY-GILBERT (1945)
Prólogo
(fragmento)
463
J’ai fondé ma gloire à l’extrême pointe de l’ivresse
et nul ne dira fumée de ma mémoire qui sonde les cyclones
Or entre nous il n’est que la genèse de la plume
cette légende sans fin ni commencement de la légende
Le poème chante l’amertume des miroirs
464
He fundado mi gloria al punto extremo de la embriaguez
y nadie dirá humo de mi memoria que escudriña los ciclones
No obstante, entre nosotros tan solo la génesis de la pluma
esta leyenda sin fin ni comienzo de la leyenda
El poema canta la amargura de los espejos
465
Pourtant la main n’a pas de sexe
et ne connaît d’autre beauté que celle des doigts
Pourtant la flamme n’a pas de lèvres
et ne connaît qu’un seul vertige
Dans la nuit l’oiseau momifié de mon songe
tourne ainsi qu’une crécelle aigre
sur le sommeil de ma poupée
Tourne la tête et vois les palmes sur ses dents
Sa chevelure un autre monde
entre son front pluvieux et le gel de mes doigts
Vois comme une musique sourdre
la lente agonie des paupières mortes
[…]100
Épilogue
100
Baguidy-Gilbert, Serge: Poèmes dits dans un miroir, Collection Hounguénikon,
Port-au-Prince, 1966.
466
Sin embargo, no tiene sexo la mano
y no conoce otra belleza que la de los dedos
Sin embargo la llama no tiene labio
y no conoce más que un solo vértigo
En la noche el ave momificada de mi sueño
gira como una carraca agria
sobre el sueño de mi muñeca
Voltea la cabeza y mira las palmas sobre sus dientes
Su cabellera otro mundo
entre su frente lluviosa y la tesura de mis dedos
Mira como una música brotar
la lenta agonía de los párpados muertos
[...]
Epílogo
467
il n’est en face de moi que mon image renversée
Car le miroir muet abonde vers les Chiffres
et tait cette présence de l’homme au cœur de lui-même
Pourtant les mots recouvrent leur sens à passer dans le tain
Pourtant le poème vit de se mirer
Hier il a venté du sable aux quatre coins de l’exil
Coiffe mes miroirs101
101
Baguidy-Gilbert, Serge: Poèmes dits dans un miroir, Collection Hounguénikon,
Port-au-Prince, 1966.
468
no quedará más que mi imagen revertida frente a mí
Porque el espejo mudo abunda hacia las Cifras
y calla esta presencia del hombre en su propio corazón
Sin embargo, las palabras recobran su sentido pasando en el azogue
Sin embargo, el poema vive de contemplarse
Ayer, venteó arena en las cuatro esquinas del exilio
Encubre mis espejos
469
Serge ST-JEAN / Serge SAINT-JEAN (?-?)102
102
Bien que nous ne disposions d'aucune information biographique sur cet auteur,
il figure ici car il a publié au sein de la Collection Hounguénikon.
103
St-Jean, Serge: Du sombre au clair. Poèmes 1963-1964, Collection Houngué-
nikon, Imprimerie Panorama, Port-au-Prince, 1964.
470
Serge ST-JEAN / Serge SAINT-JEAN (?-?)28
28
A pesar de no tener información biográfica sobre el autor, figura aquí por haber
publicado en la Colección Hounguénikon.
471
O cette nuit de Décembre
Le poignard de l’absence au cœur de mon amour
Ivre de soleil et de crépuscule
L’espace tournoie autour de ma tête
Ma cigarette sur mes lèvres allume
un feu de tristesse
drapée d’azur et de silence
La terre gémit
Retiré dans mon grenier
Je contemple Port-au-Prince assis à ma fenêtre
La fumée qui monte de l’usine
On dirait le sang grillé des travailleurs
O belle quand tu viendras
La foule explosera comme une colère104
104
St-Jean, Serge: Du sombre au clair. Poèmes 1963-1964, Collection Houngué-
nikon, Imprimerie Panorama, Port-au-Prince, 1964.
472
Oh esta noche de Diciembre
El puñal de la ausencia en el corazón de mi amor
Ebrio de sol y de crepúsculo
El espacio revolotea alrededor de mi cabeza
Mi cigarro en los labios enciende
un fuego de aflicción
envuelta en azul y silencio
La tierra gime
Retirado en mi desván
Contemplo Puerto Príncipe sentado en mi ventana
El humo que sube de la fábrica
Parece sangre achicharrada de los trabajadores
Oh hermosa cuando vengas tú
La multitud estallará como una cólera
473
Ah cette nuit de février
Amoureusement roucoule dans l’air
Le calme duvet des palmes
et je pense à toi –
De tristes poèmes souriant comme des gueux
sont assis au coin des rues – Dans le vent
qui jase à l’oreille des chênes
Je crois ouïr la colère des feuilles
Car dans mes branches l’oiseau qui chante
m’apprend tout bas qu’un camarade est mort
Le collier d’un ange au cou de la lune
Il bruit dans l’air des soupirs d’amants
Ce soir mon caciquat rêve à de nouveaux caciques
Assis au quai Colomb mon enfance
caresse l’arc-en-ciel
comme la chevelure d’un cerf-volant
et là-bas tout là-bas
où chantent les hommes en caraco bleu
Mille étoiles mille sourires mille poings
mille feuilles éparses
se rassemblent105
105
St-Jean, Serge: Du sombre au clair. Poèmes 1963-1964, Collection Houngué-
nikon, Imprimerie Panorama, Port-au-Prince, 1964.
474
Ah esta noche de febrero
Amorosamente arrulla en el aire
El apacible plumón de las palmas
y yo pienso en ti –
Tristes poemas sonrientes como pordioseros
están sentados en la esquina de las calles –En el viento
que musita al oído de los robles
Creo oír la cólera de las hojas
Ya que en mis ramas el pájaro que trina
me cuenta bajito que un camarada ha muerto
El collar de un ángel en el cuello de la luna
Suenan en el aire suspiros de amantes
Esta noche mi cacicazgo sueña con nuevos caciques
Sentado en la plaza Colón mi infancia
acaricia el arcoíris
como la cabellera de una cometa
y allá a lo lejos
donde cantan los hombres en camisa azul
Mil estrellas mil sonrisas mil puños
mil hojas dispersas
se juntan
475
Manno EJÈN / Emmanuel EUGÈNE (1946)
Mayilò
ekriti-mwen se vwayaj
virewon an chimen dekoupe
pou viwonnen lemonn
vwayajman nan mwenmenm
mwen fè nan lang-mwen
alaviwonndede toutotou
pwezi se teritwa-mwen
madoulè ouvè alawonbadè
tankou yon memwa vif
yon rekizitwa prezante
espoze afiche plakade
106
Ejèn, Manno / Eugène, Emmanuel: Vwa Zandò La voix des mystères, Mémoire
d’encrier, Montréal, 2007.
476
Manno EJÈN / Emmanuel EUGÈNE (1946)
Vértigo
mi escritura es un viaje
errancia por los atajos
para recorrer el mundo
incursión en mi propio universo
excursión en el territorio de mi lengua
vaivén alrededor del mundo entero
la poesía es mi territorio
mi herida cantera abierta
como una memoria viva
una reivindicación formulada
expuesta colgada exhibida
477
Yon lang zileniz
(fragman)
107
Ejèn, Manno / Eugène, Emmanuel: Vwa Zandò La voix des mystères, Mémoire
d’encrier, Montréal, 2007.
478
Lengua insular
(fragmento)
479
Yanick JEAN (1946-2000)
Recommencer Paule
(extraits)
[...]
480
Yanick JEAN (1946-2000)
Recomenzar Paula
(fragmentos)
[...]
481
Je te repasse
Je te redis et tu fermes mes yeux
ton souffle m’ondule et me déferle
dans les vidures des lessives
c’est mon essence qui se lasse...
[...]
Bien sûr,
La corde raide n’est que doux tressaillir
Long balancer. Entrelacs mélodieux d’émoi
Aux cordages candides de soi:
Mais ceux qui suent, attelés aux marches de l’homme
Giflés de lourds anneaux
Percés de langue-candélabre m’ont absoute:
Toutes les feuilles ne retiennent pas les rosées
D’autres, sur la simple foi de leurs baisers, s’enroulent..
Et il n’importe pas d’où je viens
Puisque les pays, c’est des portes.
[...]108
108
In Castera, Georges & Pierre, Claude & Saint-Éloi, Rodney & Trouillot,
Lyonel: Anthologie de la littérature haïtienne. Un siècle de poésie 1901-2001,
Mémoire d’encrier, Montréal, 2003. [Jean, Yanick: Recommencer Paule, Les
Éditions Fardin, Port-au-Prince, 1982].
482
Te repito
Vuelvo a decirte y me cierras los ojos
tu aliento me ondula y me despliega
en las vísceras de la colada
es mi esencia la que se agota...
[...]
Claro,
La cuerda floja no es más que suave palpitar
Largo balancear. Maraña melodiosa de emoción
En las jarcias cándidas de sí:
Pero los que sudan, atados al caminar del hombre
Zaheridos de pesadas argollas
Hendidos de lengua-candelabro me absolvieron:
No todas las hojas guardan los rocíos
Otras, bajo la simple fe de sus besos, se enroscan...
Y poco importa de donde vengo
Pues los países son puertas.
[...]
483
Manno CHARLEMAGNE (1948-2017)
Dwa de lòm
109
Charlemagne, Manno: Album La Fimen, Kako Productions, New York, 1994.
484
Manno CHARLEMAGNE (1948-2017)
Derechos humanos
485
Na sispann pèdi
110
Charlemagne, Manno: Album La Fimen, Kako Productions, New York, 1994.
488
Aunque tengo que lanzar piedras
Pero debo armarme con un fusil, pero debo armarme con un fusil
Pero debo armarme con un fusil
Por cierto, iré con un machete
Pero debo armarme con un fusil, debo armarme con un fusil
489
Marie-Alice THÉARD (1948)
Temps des terrains de neutralité pour se marcher sur les pieds. Des
silences baveux et hors de saison, des absences dedans la tête, des
voix étouffées, nulles et pathétiques.
490
Marie-Alice THÉARD (1948)
491
les conflits meurtriers. Des vocations contrariées sans objet, des
hésitations veules.
Temps volatile des profils bas, des brisures et des portes fermées
sans mot de passe pour sortir de leur prison.
492
por mortíferos conflictos. De vocaciones contrariadas sin razón, de
las débiles vacilaciones.
493
Temps avant-coureur de cotillons et des nouvelles naissances, de
latence menant à l’acceptation du spectacle saisissant de la liberté
conquise sur les cendres des héros martyrs.
111
Théard, Marie-Alice: Yam, l’amour réincarné, Théard, Pétion-Ville / Kiskeya,
Miami, 2012.
494
Tiempo anunciador de cotillón y de nuevos nacimientos, de latencia
que lleva a la aceptación del conmovedor espectáculo de la libertad
conquistada sobre las cenizas de los héroes mártires.
495
Poète exilé
II
496
Poeta exiliado
II
497
Scandant la disharmonie des gargouillements de la folie et de ses
tourments.
Artiste du bonheur tu cours après tes repères identitaires
Quand ta littérature tourne le dos à Minerve.
Végétant sous un ciel hivernal, tes cris d’alarme lancés depuis
l’ailleurs ne suscitent nul écho de ta terre nourricière.
L’exil a englouti tes paris de jeunesse dans le gargouillement des
compromis
Ton chant traversé par la mort n’est que le cri muet d’un sacrifié
de plus.
Du paradis, tu es banni112
112
Théard, Marie-Alice: «Migration et littérature de la diaspora», Leg et Littéra-
ture, nro. 5, Legs Édition, Delmas, Janvier 2015.
498
Cantando la desarmonía del borboteo de la locura y sus tormentos.
Artista de la dicha corres tras tus referentes identitarios
Cuando tu literatura le da la espalda a Minerva.
Languideciendo bajo un cielo invernal, tus gritos de alarma
lanzados desde lejos no suscitan ningún eco de tu tierra nodriza.
El exilio engulló tus apuestas de juventud en el gorgoteo de los
compromisos
Tu canto penetrado por la muerte no es más que el grito mudo de
un sacrificado más.
Del paraíso, eres proscrito
499
Jean-Claude CHARLES (1949-2008)
[...]
Je suis un homme sans légende
je ne me fatiguerai pas de vous conter autour du feu la couleur de l’âge
pourvu que trois de vos fils m’accompagnent au tambour au tcha-tcha
/ et à l’accordéon
j’aurai bientôt dix ans douze ans ou neuf ou onze je ne sais plus
le dimanche choit sur mon crâne tous les huit jours
et chaque fois j’oublie d’aboyer comme si c’était normal
nous n’avons jamais eu le sens de la durée
voyez comme nous prenons le temps de prendre notre temps
les camarades et moi nous allions donc à la messe deux par deux
en ce temps-là la contrainte l’habitude et l’ignorance
dormaient dans la même cabane sans se connaître
le sacrilège viendra plus tard par une porte dérobée
un jour d’inquiétude extrême
nous allions donc chez le Bon Dieu soulier-bata et cravate bleue
la rue riait de toutes ses dents
elle qui n’en avait pas trente-deux pourtant
moi j’étrennais sans en rire la fausse grandeur
d’un mérite de hasard
moi illustre général de guerre
de quelle Crête-à-Pierrot ma médaille avait-elle hérité son pur néon
j’étais l’alcool inédit des jours fastes
je provoquais le vertige jusque dans son terrier
mais déjà la mort s’égarait dans mes sanglots
je m’agenouillais pour la prière
je vous saluais la Vie pleine de crasse
je te lançais des confettis à la face Seigneur
et dire qu’aujourd’hui je ne peux plus je ne veux
plus retrouver l’innocence des mains jointes
500
Jean-Claude CHARLES (1949-2008)
[...]
Soy un hombre sin leyenda
no me cansaré de contarles en torno al fuego el color de la edad
si tres de sus hijos me acompañan con el tambor con las maracas
/ y con el acordeón
pronto cumpliré diez años doce años o nueve once ya no sé
el domingo cae sobre mi cráneo cada ocho días
y cada vez olvido ladrar como si fuese normal
nunca hemos tenido el sentido de la duración
miren cómo nos tomamos el tiempo de tomarnos el tiempo
los amigos y yo íbamos pues a misa de dos en dos
en esos tiempos la restricción la costumbre y la ignorancia
dormían en la misma cabaña sin conocerse
el sacrilegio llegará más tarde por una puerta oculta
un día de inquietud extrema
íbamos pues a la casa de Dios con zapatos de charol y corbata azul
la calle reía con todos sus dientes
ella que no tenía treinta y dos dientes sin embargo
yo mantenía, sin reír, la falsa grandeza
de un mérito de azar
yo ilustre general de guerra
de la que Crête-à-Pierrot heredó mi medalla su puro neón
era el alcohol inédito de los días festivos
azuzaba el vértigo hasta en su madriguera
mas la muerte ya se extraviaba en mis sollozos
me arrodillaba para la oración
te rezaba Vida llena eres de máculas
te echaba confetis a la cara del Señor
y pensar que hoy ya no puedo ya no quiero
volver a encontrar la inocencia de las manos unidas
501
il faut que je me salisse le cul
il faut que je nous somme à nous-mêmes de retrouver en nous-mêmes
/ les cristaux du courage sans limite
113
Charles, Jean-Claude: Négociations, Mémoire d’encrier, Montréal, 2015.
[Charles, Jean-Claude: Négociations, P. J. Oswald, Paris, 1972].
502
debo ensuciarme el culo
debo sumarnos a nosotros mismos recuperar en nosotros mismos
los cristales del valor sin límite
29
Tomado de Mónica Mansour: Identidades. Poesía negra de América. Antología,
Editorial Arte y Literatura, La Habana, 2011. En Identidades, Mansour seleccio-
nó y tradujo dos fragmentos de este poema de Charles, eliminando un párrafo
importante («era el alcohol [...] volver a encontrar») que reintroducimos tanto
en el fragmento original como en su respectiva traducción.
503
Les migrateurs
(extrait)
[...]
114
Charles, Jean-Claude: Négociations, Mémoire d’encrier, Montréal, 2015.
[Charles, Jean-Claude: Négociations, P. J. Oswald, Paris, 1972].
504
Migratorios
(fragmento)
[...]
505
Je
lassitude
dénouée
tu
girouette
retrouvée
il
roulis
retourné
elle
discordance
mutilée
nous
décombres
bannis
vous
martyre
terrorisé
ils
grâce
rendue
elles
gloire
conquise115
115
Charles, Jean-Claude: Négociations, Mémoire d’encrier, Montréal, 2015.
[Charles, Jean-Claude: Négociations, P. J. Oswald, Paris, 1972].
506
Yo
agotamiento
desatado
tú
veleta
hallada
él
balanceo
revuelto
ella
discordancia
mutilada
nosotros
escombros
proscritos
usted
mártir
aterrorizado
ellos
gracia
devuelta
ellas
gloria
conquistada
507
Marie-Ange JOLICŒUR (1950-1976)
Mon île
508
Marie-Ange JOLICŒUR (1950-1976)
Isla mía
509
qu’une perle de soleil
couchée dans l’archipel
Là, sous le bleu du ciel
116
In Berrou, Raphaël & Pompilus, Pradel: Histoire de la littérature haïtienne
illustrée par les textes, tome III, Éditions Caraïbes, Port-au-Prince, 1977.
[Jolicœur, Marie-Ange: Oiseaux de mémoire, Imprimerie Séminaire adventiste,
Port-au-Prince, 1972].
510
que una perla de sol
acostada en el achipiélago
Allá, bajo el azul del cielo
511
Edgard GOUSSE (1950)
117
Gousse, Edgard: Les oiseaux se taisent et me regardent, Éditions Triptyque,
Montréal, 2008.
512
Edgard GOUSSE (1950)
En el vientre de la tierra
513
L’imaginaire du soleil
118
Gousse, Edgard: Les oiseaux se taisent et me regardent, Éditions Triptyque,
Montréal, 2008.
514
Imaginario del sol
515
Je t’écris de mon île, le tumulte est si fou en ce lieu
se mue alors l’écrivain en icône ses yeux de pollen comme lit de rivière
un cri de lierre en fin de crête bruissement de son âme
qui exorcise la croisade
une cohue de sanglots du premier-né de la brebis
516
Te escribo de mi isla, el tumulto es tan loco en este lugar
el trance carnal del ojo polar traiciona el vuelo ofrecido hasta la rampa
el regreso inagotable a la edad de piedra y la del del arco
de la flecha y del fuego a la vela amamantada como miel blanca
en la esencia del polvo
oh pobre país mío mi amado Haití
518
se abren entonces al eco vivo de la memoria inventan la tristeza
que agrieta las piedras menstruales del cuerpo
oh pobre país mío mi amado Haití
519
je n’ai jamais voulu qu’elle devienne marchande d’îles
laissant derrière elle l’écorchure du corps onctueux
car même la douleur délibérément métissée
eut sa lente agonie
pauvre pays bien-aimé ô Haïti
119
Gousse, Edgard: Les oiseaux se taisent et me regardent, Éditions Triptyque,
Montréal, 2008.
520
jamás quise que se hiciera vendedora de islas
que dejara tras ella el rasguño del cuerpo untuoso
ya que incluso el dolor deliberadamente mestizado
tuvo su lenta agonía
oh pobre país mío mi amado Haití
521
Robert BERROUËT-ORIOL (1951)
Découdre le désastre
(extrait)
un dire-à-deux
ballabile appas
huché au parvis
bruisse ses noctiluques
522
Robert BERROUËT-ORIOL (1951)
Deshilvanar el desastre
(fragmento)
un tándem
carnada bailable
en lo alto de la plaza
susurra sus luciérnagas
523
safre
d’hallali
de savane crépue
le saint-office des sens
décline ivresse
dans la ferveur des aromates
moulin volubile
et dard ramoneur
j’élonge chaque accul
aux menstrues flamboyantes
à l’halètement du Nordé
dans la patiente géodésie de tes gestes
le front ceint de craie j’exile
ma transhumance
ma forge utérine
ma chevrotante misaine
d’épissures ciselées
ourlées
sur lent arpentage d’icône
contre l’oubli halluciné de soi
un parjure prédateur
le sein timbré de nuit
dresse rictus sa malemort
sépulcre en crue
à consumer emblème
molino voluble
y dardo deshollinador
pujo cadera acorralo
a las sangres flamantes
525
Éloge de la mangrove
(extrait)
526
Elogio del manglar
(fragmento)
y hete allí que para cada nota del elogio abro voz al silabario del día
pasando a pies fértiles tantas fronteras desteñidas hilvano sus lenguas
viajeras ellas copulan desde tiempos inmemoriales en los linderos
del Poema a menudo troqué allí mis silencios petrificados mis
palabras-crisálida mis epigramas de memorial migrancia legados por
el ancestro del primer patronímico que bordeaba Poema de la mengua
al Trópico Sur del Genovés cabalgando las carabelas henchidas del
oro de la Reina sable desenvainado en la nuca obsequiada del Taíno
sable emparejado en el vientre tan festivo de la Peule mas cómo
Deshilvanar el desastre deshilar las maldiciones encadenadas cómo
deshollinar mi canto de cálida luna adosado en los cayos pródigos
de los mangles cuando vacilantes mis manos sobre la farándula de
un compás buscan absolución de sí
527
c’est par le chant de l’autre aïeul du second patronyme ayant jeune
quitté le Monte Cinto en italienne Corse que défila l’éloge de la
mangrove un jour provisionné d’aventures et de bois-debout en
carafe par périlleuse traversée en aller simple entre Naples Rome
Nantes Basse-Terre et Jacmel lui partant chamarré pour les isles à
sucre il gaule l’autre engagé de première classe qui veille dans les
cales des vaisseaux du roy la geste désespérée des Nubiles défiant par
dessus bord dans l’infâme traversée des voies salées la malédiction
des neuf mois ventrus121
[…]
121
Berrouët-Oriol, Robert: Éloge de la mangrove, Éditions Triptyque, Montréal,
2016.
528
es por el canto del otro ancestro del segundo patronímico quien
joven dejó el Monte Cinto en italiana Córcega que desfiló el elogio
del manglar un día abastecido de aventuras y de cañazo en garrafa
en peligrosa travesía sin retorno entre Nápoles Roma Nantes Basse-
-Terre y Jacmel él partiendo abigarrado para las islas de azúcar él
apalea al otro enrolado de primera clase que vigila en las bodegas
del navío del rey la gesta desesperada de las Núbiles desafiando por
la borda en la infame travesía de las vías saladas la maldición de los
nueve meses panzudos
[…]
529
Évelyne TROUILLOT (1954)
Tanpri
Tanpri
pa mande m pale de tranblendtè
Chak grenn blòk
ap rakonte m yon malè k poko fini
mwen pa rekonèt pwezi
kap sot nan bouch mwen
pawòl la chaje ak debri lanmò
ak retay lapenn
yo kole nan pwent dwèt mwen
yo pa vle kite m
tankou yon ekip lwa ki monte m
yo derefize ale
Pa pale m de 12 janvye
depi jou sa a
mwen tounen yon chwal yo monte
depi jou sa
m ap sèvi san m pa vle122
septanm, 2010.
122
Trouillot, Évelyne: «Tanpri», in Chalmers, Mehdi & Kénol, Chantal & Lhéris-
son, Jean-Laurent & Trouillot, Lyonel: Anthologie bilingue de la poésie créole
haïtienne de 1986 à nos jours, Actes Sud / Atelier Jeudi Soir, Arles, 2015.
530
Évelyne TROUILLOT (1954)
Por favor
Por favor
no me pidan que hable de terremoto
Cada bloque de cemento
me cuenta una desgracia que aún no acaba
no reconozco la poesía
que sale de mi boca
esta palabra está impregnada de escombros de muerte
de desechos de pena
que se aglutinan en la punta de mis dedos
no me quieren soltar
como una familia de loas poseyéndome
y que se niega a irse
No me hablen del 12 de enero
desde aquel día
los loas se apoderaron de mí
desde aquel día
soy sin voluntad su servidora
septiembre de 2010.
531
Promesses
d’oublier
qu’il faut compter les heures de la nuit
pour voir le jour
et qu’il n’est jamais trop tard
pour que la morsure fasse encore mal
Je suis fatiguée des envies
qui passent dans ma rue
sans voir la montre qui sautille
incessante et narquoise
123
Trouillot, Évelyne: Par la fissure de mes mots, Éditions Bruno Doucey, Paris,
2014.
532
Promesas
de olvidar
que hay que contar las horas de la noche
para ver el día
y que nunca es demasiado tarde
para que la mordedura duela todavía
Estoy cansada de los deseos
que pasan por mi calle
sin ver el reloj que retoza
incesante y burlón
533
Hommage
534
Homenaje
En mi poema
la noche está llena de flotas misteriosas
voraces sus velas
y avaros
sus timoneles dibujan curvas
engañosas
que hacen llorar a la tierra
y mis pies ya están sangrando
sangraron y aún sangrarán
bajo la brecha del ancla
535
Dans mon poème
une femme traverse à gué
et le jour a troqué ses comptines patinées
pour la cadence chaloupée
des rives éprises
de mouvements insensés
124
Trouillot, Évelyne: «Hommage», in Noël, James: Anthologie de poésie haïtienne
contemporaine, Points, Paris, 2015.
536
en mi poema
una mujer cruza vadeando
y el día trocó sus cuentos y cantos
por la cadencia oscilante
de orillas fascinadas
por bamboleos insensatos
537
Suprice LENOUS (1955)
Ak je nou byen mi
epi bra nou tou louvri anba limyè tan an
nan chan mayi lavi
an nou kwape ata menm lonbray manzè traka
sou wout nou ansanm ak pa yon lòt
kou n ap pale a menm
pou nou prepare nwèl yon lòt moun nan kè nou
fini bati bèl kay nou vle
pou rèv nou rete bò kote pa anpil lòt
san kè sere ni dilere
126
Lenous, Suprice: Soukiyaki, Éditions Trois Amériques, Montréal, 2015.
540
Uno encima de otro
541
L’île en jeu
Il y a une île
entre deux maux
qui bégaie
avant d’avouer le fond de sa situation
à qui s’emploie à ne pas l’entendre.
L’amertume s’impose
austère
dans sa pause seule
souvent audible
presque toujours aveuglante
mais combien intransigeante
parmi ses nombreuses banderilles
sur le dos de l’île infortunée
en quête rebelle de sa vraie liberté.
La amargura se impone
austera
en su pausa sola
a menudo audible
casi siempre cegadora
pero cuan intransigente
entre sus numerosas banderillas
sobre la espalda de la isla infortunada
en búsqueda rebelde de su verdadera libertad.
L’île en jeu
domino des pierres qui roulent
déboule une à une ses entraves
avant et après les tourments
par souci malgré tout d’éviter la mousse de l’enlisement.127
127
In Sancerni, Alain & Trouillot, Lyonel: «Haïti, le désastre et les rêves», Rive-
neuve Continents, nro. 13, Riveneuve éditions, Paris, 2011.
544
su ímpetu no quiere seguir estando en el mismo cabo de anteayer
demuestra a contrario un apuro en alejarse
muy lejos del arroyo de los peligros
del desfile de sus dos mástiles anticuados
pero en pleno grito de reforestación de su imagen.
La isla en juego
dominó de las piedras que ruedan
develando una a una sus trabas
antes y después de los tormentos
queriendo evitar a pesar de todo el musgo del estancamiento.
545
Lyonel TROUILLOT (1956)
Tu diras
Je peux te dire qu’à tel coin de rue les flamboyants ne poussent plus
depuis que la police y a abattu comme un chien un homme qui
parlait de justice.
Peut-être n’y a-t-il plus dans ma vie que deux lieux: Avec toi et Sans
toi. Et que le reste importe peu.
546
Lyonel TROUILLOT (1956)
Dirás
Puedo decirte que ese supermercado que ves allí, donde los guardias
revisan los bolsos de los negros sonriéndoles a los blancos, no
siempre existió. Otrora vivía allí un pintor de domingo que recibía
en su casa a niños viejos de la calle que pasaban la noche entera
hablando de poesía.
Puedo decirte que al pie de ese cerro, allí donde acaba el asfalto,
hay un sendero. Y que al final del sendero hay un viejo cementerio
ocultado por grandes árboles. Algunos pájaros lo frecuentan y cantan
para los muertos. Las tumbas son frescas y los adolescentes gustan
de esos lechos de piedra y allí hacen el amor.
547
Et peut-être aimerais-je te voir danser sur la musique populaire,
enlever tes sandales, et marcher dans les rues où passent des gens
simples.
Dans cette ville que je connais comme ma poche, dont les blessures
sont miennes, les joies aussi,
humblement,
je te suis.128
128
Trouillot, Lyonel: C’est avec mains qu’on fait chansons, Le Temps des Cerises,
Montreuil, 2015.
548
Y tal vez quisiera verte bailar al son de la música popular, quitarte
las sandalias, y caminar en las calles donde pasa la gente sencilla.
Tal vez todo eso y otras cosas más que no te diré, porque a veces la
vida está hecha de silencios.
humildemente,
te sigo.
549
Rendez-vous
Sur la piste, chaque femme qui dansait semblait une étoile de mer,
une Vierge défigurée faisant des pieds-de-nez à la vie,
une idée de miracle, comme un reste de chance sortie d’un poème
/ de René Philoctète
ou d’une toile de Jacques Gabriel.
Sur la piste, chaque femme qui dansait avait son bordel dans sa tête.
Sur quels mots s’accordaient nos corps dans cette chambre sans
/ fenêtre qui donnait sur la mer?
129
Trouillot, Lyonel: C’est avec mains qu’on fait chansons, Le Temps des Cerises,
Montreuil, 2015.
550
Rendez-vous
551
Il n’y a plus de poème
Quand je sors
Je vois des hommes qui marchent vers le dehors des choses,
Pourtant ils savent que ce n’est jamais le pain
Ni la paix
Qui les attendent au bout de la rue.
Quand je m’arrête,
Je vois cet homme à bout de course qui regarde la mort du dedans
Mais l’arbre est trop sec pour le poids d’un pendu
Ou trop triste
Ou trop vieux,
Et pourquoi l’homme demanderait-il à l’arbre de signer sa défaite?
Tous les matins
Je vois cette femme sans jouissance ni espérance
Les bras ouverts
Tous les matins, elle blesse ses genoux sur les marches d’une église.
552
Ya no hay poema
Cuando salgo
Veo a hombres que caminan hacia el exterior de las cosas,
Sin embargo ellos saben que no es nunca el pan
Ni la paz
Que los esperan al final de la calle.
Cuando me detengo
Veo a ese hombre agotado que mira la muerte desde dentro
Pero el árbol está demasiado seco para el peso de un ahorcado
O demasiado triste
O demasiado viejo,
Y ¿por qué el hombre le pediría al árbol firmar su derrota?
Todas las mañanas
Veo a esa mujer sin goce ni esperanza
Los brazos abiertos
Todas las mañanas, ella mutila sus rodillas en los peldaños de alguna
/ iglesia.
553
Je ne sais lequel de mes morts a emporté mon bout de lune
J’ai donné en cadeau mon désir de poème
À ceux que j’ai aimés et qui ne sont plus.
Tout ce que je puis t’offrir
De l’autre côté de la mer
C’est un silence qui fait naufrage.130
130
In Noël, James: Anthologie de poésie haïtienne contemporaine, Points, Paris,
2015.
554
No sé cuál de mis muertos se llevó mi pedazo de luna
Ofrecí mi deseo de poema
A todos los que amé y que ya no son.
Todo lo que te puedo ofrecer
Del otro lado del mar
Es un silencio que naufraga.
555
Nous sommes des villes disparues
556
Somos ciudades desaparecidas
131
In Noël, James: Anthologie de poésie haïtienne contemporaine, Points, Paris,
2015.
558
caminando sobre el cuerpo de mi ciudad
de un paso ligero como un beso,
y no convertirme jamás en el hombre que seré
testigo de todas estas muertes
por sorpresa
o premeditadas.
¿Dónde estoy?
¡Oh dura ausencia de mí mismo!
¿Dónde está la ciudad que yo amé?
Ven, hijo mío, madre mía,
Y resucítame que yo te resucite:
Tus calles abriéndose a mí como líneas de la suerte.
559
Kettly MARS (1958)
Michaëlle
132
In Noël, James: Anthologie de poésie haïtienne contemporaine, Points, Paris,
2015.
560
Kettly MARS (1958)
Micaela
561
Carrefour
133
In Noël, James: Anthologie de poésie haïtienne contemporaine, Points, Paris,
2015.
562
Encrucijada
563
Marc K. EXAVIER (1962)
Matériaux de construction
(extraits)
J’aurai vécu
Malgré la boue
Malgré le goût des aubes lasses
Avec le rêve pour bouée
Et l’araignée de mes désirs
Dardant mes obélisques
Dans la moiteur des marécages
Accrochant mes dérives
Aux poils brûlant de la comète
Je suis déjà en appendice
Aux grands manages du néant
[...]
[...]
134
Inédit, 2015.
564
Marc K. EXAVIER (1962)
Materiales de construcción
(fragmentos)
Habré vivido
Pese al lodo
Pese al sabor de las albas agotadas
El sueño como salvavidas
Y la araña de mis deseos
Punzando mis obeliscos
En el vaho de las ciénagas
Colgando mis derivas
A los pelos ardientes del cometa
Ya estoy en apéndice
De los grandes circos de la nada
[...]
[...]
565
Louis-Philippe DALEMBERT (1962)
On my mind haiti
566
Louis-Philippe DALEMBERT (1962)
On my mind haiti
567
se rétrécir
de tant de deuils et de déchets
se taire les rivières
jusqu’à se consumer
telle l’ultime note d’un blues
568
encogerse
de tantos duelos y residuos
callarse los ríos
hasta consumirse
cual nota final de un blues
569
ces lambeaux de mémoire
ritournelles de l’enfance au soir de l’étoile
sortir peut-être
et encore135
Liège, 6/10/07.
135
Dalembert, Louis-Philippe: Transhumances, Riveneuve éditions, Paris, 2010.
570
esos retazos de memoria
tonadas de la infancia en la noche de la estrella
no se deja este país
ni se va siquiera
de esta tierra
de esta mujer
Lieja, 6/10/07.
571
Voyage
574
su brillo de nuestros sueños de infancia
de los reflejos plateados del sol sobre el mar
del agua de la quebrada
que acogía nuestros juegos clandestinos
después de los días de lluvia
de los aviones cuyo vuelo matutino
se confundía con la temporada de los ciclones
575
des vêtements moins crasseux
et un hypothétique repas
Medellín, 3/07/2011.
136
Dalembert, Louis-Philippe: «Voyage», in Saint-Éloi, Rodney & Morali, Laure:
Les bruits du monde, Mémoire d’encrier, Montréal, 2012.
576
ropa menos mugrienta
y una hipotética comida
Medellín, 3/07/2011.
577
Dominique DESMANGLES (1963)
Credo
Je crois
En la race haïtienne pécheresse
De la négresse à la mulâtresse
Je crois
En la souffrance par inadvertance et à la réparation par outrance
et par espérance
Je crois
En l’amour par omission, le pardon de la trahison
Je crois
En la douleur, timbre du bonheur et de sa saveur
Je crois
En l’enfant bâtard, de toutes les classes, de toutes les couleurs,
De toutes les races, de tous les espaces,
Cadavres vivants des familles avares
Je crois
En l’avenir du souvenir du martyr et sa réhabilitation au
croisement des présidents
Je crois
En Haïti au nom de son Peuple, des ses Filles et ses descendants
Je crois137
13 juillet, 1995.
137
Desmangles, Dominique: «Moi, fille d’Erzulie. Un vèvè littéraire» (compilation
de l’auteure, poèmes inédits, Genève, 2011).
578
Dominique DESMANGLES (1963)
Credo
Yo creo
En la raza haitiana pecadora
De la negra a la mulata
Yo creo
En el sufrimiento por descuido y en la reparación por exceso
y esperanza
Yo creo
En el amor por omisión, el perdón de la traición
Yo creo
En el dolor, sello de la felicidad y de su sabor
Yo creo
En el hijo bastardo, de todas las clases, de todos los colores,
De todas las razas, de todos los espacios,
Cadáveres vivientes de las familias avaras
Yo creo
En el porvenir del recuerdo del mártir y su rehabilitación en el
cambio de presidentes
Yo creo
En Haití en nombre de su Pueblo, de sus Hijas y de sus
descendientes
Yo creo
13 de julio, 1995.
579
Femme hibiscus
2005
138
Desmangles, Dominique: «Moi, fille d’Erzulie. Un vèvè littéraire» (compilation
de l’auteure, poèmes inédits, Genève, 2011).
580
Mujer hibiscus
A orillas de mi corazón
Lo descubro a él
Se revela y rompe mis dudas de fecundidad
Su sexo acurrucado en el umbral del mío
Espera mi invitación
2005
581
Rodney SAINT-ÉLOI (1963)
Cité Soleil
(extrait)
Cité Soleil
Les barbelés saignent l’horizon
la cité assassine le soleil
la cité assassine les alizés
la cité assassine la cité
la cité mange les étoiles
la cité happe les préséances
la cité écosse les braillements de détresse
hors le lamento des vagues scélérates
capitale des sept plaies
la mer maquille son visage le long des rives
Qui survivra
au jeu de marelle de la veille
à la floraison du jujubier
qui chantera le miel
qui sera la vigie de nos larmes
pour confier aux vents mauvais
que la mer nous appartienne
que le ciel guide les cinq chemins
que l’étoile soit l’avenir du désert
582
Rodney SAINT-ÉLOI (1963)
Cité Soleil
(fragmento)
Cité Soleil
Las alambradas sangran el horizonte
Cité Soleil asesina al sol
Cité Soleil asesina los alisios
Cité Soleil asesina la cité
Cité Soleil se come las estrellas
Cité Soleil devora las prioridades
Cité Soleil desgrana los bramidos de angustia
salvo el lamento de las olas canallas
capital de las siete plagas
el mar maquilla su rostro a lo largo de las orillas
Quién sobrevivirá
a la rayuela de la víspera
a la floración del jujube
quién cantará la miel
quién será la centinela de nuestras lágrimas
para confesarle a los vientos malos
que el mar nos pertenezca
que el cielo guíe los cinco caminos
que la estrella sea el porvenir del desierto
583
que le rêve n’abandonne jamais
que la lumière soit pareille sur le crépuscule
que chaque versant rencontre l’axe contraire
que la paume ouverte repousse la nuit
d’un cœur ferme nous attendons l’aube139
139
Saint-Éloi, Rodney: Récitatif au pays des ombres, Mémoire d’encrier, Montréal,
2011.
584
que el sueño nunca abandone
que la luz sea igual sobre el crepúsculo
que cada vertiente encuentre el eje contrario
que la palma abierta aparte la noche
firme el corazón esperamos el alba
585
Récitatif au pays des ombres
(extrait)
140
Saint-Éloi, Rodney: Récitatif au pays des ombres, Mémoire d’encrier, Montréal,
2011.
588
un niño que grita y se desangra
su grito se pega al polvo de las chozas
su grito llueve sobre los techos de hojalata
el fusil aún está caliente
y la sangre lava las zanjas
el grito de un niño que vomita su sangre de cara al cielo
la sangre de un niño que duerme bajo el tamarindo
cantata de una ciudad sanguijuela
cantata de una ciudad fantasma
cantata de una ciudad caníbal
la embriaguez cae del morne calvaire
el tormento cae como el mar
el mar está loco, recuerda bien el aforismo
589
Beethova OBAS (1964)
Lage l
141
Obas, Beethova: Album Le chant de liberté, Ch. Obas Productions, Port-au-
Prince, 1990.
590
Beethova OBAS (1964)
Libérenlo
591
La pli
142
Obas, Beethova: Album Planèt la, Ch. Obas Productions, Port-au-Prince,
1999.
592
La lluvia
593
Le chant de liberté
594
El canto de libertad
595
Même dans les moments de joie et de gaieté
Pour toujours se rappeler qu’il faut lutter, faut lutter, lutter,
Fredonne le chant de liberté
Fredonne le chant de liberté
kan mem fòk sa chanje
Sispann vann fre w nan zafra nan zafra143
143
Obas, Beethova: Album Le chant de liberté, Ch. Obas Productions, Port-au-
Prince, 1990.
596
Aun en los momentos de alegría y júbilo
Para siempre recordar que hay que luchar, que luchar, luchar,
Tararea el canto de libertad
Tararea el canto de libertad
kan mem fòk sa chanje
Sispann vann fre w nan zafra nan zafra
597
CONSTELLATIONS NOUVELLES
NUEVAS CONSTELACIONES
Franz BENJAMIN (1970)
144
Benjamin, Franz: Vingt-quatre heures dans la vie d’une nuit, Mémoire d’encrier,
Montréal, 2010.
600
Franz BENJAMIN (1970)
Oh mi país de rumia
vuelvo a ti
inerte indolente
te reclamo cándido dulce
en cada uno de tus impulsos
601
2
Ni natif Ni natal
je suis un nègre continental
à la mesure des océans
Ma danse d’allumette
est le dernier boucan des réverbères
la dernière marche des villes
dans la poussière du monde
Ni natif Ni natal
je suis un nègre continental
145
Benjamin, Franz: Vingt-quatre heures dans la vie d’une nuit, Mémoire d’encrier,
Montréal, 2010.
602
2
Ni nativo Ni natal
soy un negro continental
a la medida de los océanos
Mi baile de fósforo
es la última hoguera de los faroles
la última marcha de las ciudades
en el polvo del mundo
Ni nativo Ni natal
soy un negro continental
603
3
Je suis poète
dans mes vers cassés
pour te chanter
jusqu’au tarissement de la phrase146
146
Benjamin, Franz: Vingt-quatre heures dans la vie d’une nuit, Mémoire d’encrier,
Montréal, 2010.
604
3
Entre el agua y tú
siempre habrá islas
bajo mi sombrero de pluma
Soy poeta
en mis versos rotos
para cantarte
hasta el agotamiento de la frase
605
4
À la blancheur de la page
je cherche encore des mots de raison
mon mal de cerf-volant
Al blancor de la página
busco aún palabras sensatas
mi mal de cometa
Tu me fais bateau
pour les voyages d’escrime
la jetée des soupirs
en ces escales d’avril
Combien de nuits
faudra-t-il étaler sur cette heure
à l’infini de tes enlisements147
147
Benjamin, Franz: Vingt-quatre heures dans la vie d’une nuit, Mémoire d’encrier,
Montréal, 2010.
608
Oh mi país de aguas rotas
cuál es pues ese dios cebrado
que te dio el poder de parirme
una noche de lluvia
Oh mi país tambaleante
Aún eres para mí mar abierto
al lienzo del telar de bruma
mis sueños de vendimia
melodías de guitarra
trenzadas en los cabellos
de las mozas de mediodía
Me haces barco
para los viajes de esgrima
el muelle de los suspiros
en estas escalas de abril
Cuántas noches
habrá que diseminar en esta hora
al infinito de tus estancamientos
609
Jean-Durosier DESRIVIÈRES (1972)
Ma parole marquée
par la grammaire des chimères
à force de mots pare-brise
de grands éclats
***
Terre rongée
rivée à son bout de nez
bourrée de bonnes idées
boueuse
***
Nos trottoirs
pavés d’écolières sans arrêt
grâce à l’école cuissonnière
la nuit
610
Jean-Durosier DESRIVIÈRES (1972)
Mi palabra marcada
por la gramática de los matones
a fuerza de palabras parabrisa
de grandes estallidos
***
Tierra roída
remachada a su punta de nariz
repleta de ricas ideas
revuelta
***
Nuestras esquinas
sin cesar cubiertas con colegialas
por lo de hacer muslillos
de noche
611
Vie de vacarme
vilains au ventre vide
bouffons bouffant et fumant
légendes et poussières
***
***
Surplus de masques
à la crête d’un état risible
au regard d’un état
paisible
***
Palais et ministère
chapelle et mairie
restés en rade face à
la mer(de)
612
Vida de vocerío
villanos de vacío vientre
juglares jalando y fumando
leyendas y polvos
***
Publicidad y pulsiones
provocando la pobreza
ganas y gula se exhiben
a taquilla llena
***
Excedente de máscaras
en la picota de un estado risible
a la luz de un estado
apacible
***
Palacios y ministerio
capilla y consistorio
encallados frente al
agua(no)
613
Ma parole à court terme
mes poèmes dévalent s’étalent
et bravent l’espace
public148
***
2009
148
Desrivières, Jean-Durosier: Bouts de ville à vendre, Éditions Caractères, Paris,
2010.
614
Mi palabra a corto plazo
mis poemas brincan y se brindan
y retan al espacio
público
***
2009
615
noyau d’avocat servant d’oreiller
les oreilles des pauvres résonnent
dans la politic band
des sociétés secrètes
yes
prends ta main
tiens tes reins
yas149
149
Desrivières, Jean-Durosier: «L’an merde, 2010!», in Vis-à-vis de mes envers suivi
de Le poème de Grenoble, Le Teneur, Paris, 2013.
616
por almohada hueso de aguacate
retumban los oídos del pobre
en la politic band
de sociedades secretas
yes
agárrate la mano
sujétate el riñón
yas
617
André FOUAD (1972)
150
Fouad, André: Album Lè pwezim jwenn van, Métisses Productions, Port-au-
Prince, 2013.
618
André FOUAD (1972)
619
Danse mon île
151
Inédit.
620
Danza isla mía
621
Stéphane MARTELLY (1974)
Carnets
(Un triptyque et une exergue)
À Régine
S’engorger
de mauvais mots
mal placés
s’apercevoir
que toute parole
tout murmure
avait trouvé chez moi
si peu d’issues
et pas un seul
écho
Consentir
forcenée
au bris de mon corps
sur ce moelleux
sur cette sécurité
poisseuse
622
Stéphane MARTELLY (1974)
Cuadernos
(Un tríptico y una glosa)
Para Régine
Quizás no necesitaría
cuaderno alguno
Llenarse
de palabras malas
inoportunas
percibir
que toda palabra
todo murmullo
había encontrado en mí
tan pocas salidas
y ni un solo
eco
Consentir
enajenada
el quiebre de mi cuerpo
sobre esta blandura
sobre esta seguridad
asquerosa
623
pour vous porter
mon sang
plus haut
de sensibilité
poisseuse
Mine de rien
Des livres sous le bras
le mériter
sortir la langue
appeler les couteaux
Vaquer
inordinaire
à ses occupations
152
Inédit, écrit pour l’anthologie en 2015.
624
para llevarles
mi sangre
rebosante
de sensibilidad
asquerosa
Como si nada
Unos libros bajo el brazo
merecerlo
sacar la lengua
llamar a los cuchillos
Seguir
descomunal
la rutina cotidiana
Yo no sé cómo es posible
30
Inédito, escrito para la antología en 2015.
625
Laure-Ednie DIEUDONNÉ (1976)
Amour insulaire
153
Dieudonné, Laure Ednie: L’échine du ciel et autres textes, (écrits entre 1993 et
2015), Impression artisanale African Kaléïdoscope, Genève, 2015.
626
Laure-Ednie DIEUDONNÉ (1976)
Amor insular
627
Fils-Lien Ély THÉLOT (1976)
Restrictif
628
Fils-Lien Ély THÉLOT (1976)
Restrictivo
629
La foule si grande si seule si sale
La foule en mal de rêve en mal de croire
154
Thélot, Fils-Lien Ély: Ton rire est une aube inconnue, Larochellivre / Rumeur
des Âges, La Rochelle, 2004.
630
La muchedumbre tan grande tan sola tan sucia
La muchedumbre carente de sueño y de creencia
631
James NOËL (1978)
Bon Nouvèl
155
Noël, James: «Bon Nouvèl», in Wooly Saint Louis Jean: Album Quand la
parole se fait chanson, Productions Batofou, Port-au-Prince, 2005.
632
James NOËL (1978)
Buenas Nuevas
633
Dernière phase
634
Última fase
635
d’un orage précoce
hérité d’un Loa du feu
d’un Loa du vent
156
Noël, James: Des Poings chauffés à blanc, Éditions Bruno Doucey, Paris, 2010.
636
con tormenta precoz
heredada de un Loa del fuego
de un Loa del viento
637
Déclic
157
Noël, James: Des Poings chauffés à blanc, Éditions Bruno Doucey, Paris, 2010.
638
Chispazo
Ha muerto mi musa
Libres tengo las manos
639
Kana sutra
(extraits)
L’oubli n’est pas du tout une affaire close, mais plutôt une boîte de
dancing bariolée de néons bleus et de lucioles qui vous arrivent plein
les yeux. Quand la mémoire tremble, l’oubli se métamorphose en
boîte noire des fulgurances.
*
Le seul pays est celui des oiseaux migrateurs, pays avec une aile
pour drapeau et surtout un regard qui épouse l’univers tout entier
d’un seul visage.
*
Tout peuple élu sur l’échelle de Richter portera pour longtemps
sur ses épaules, la tremblante compassion des autres peuples et la
terrible excitation d’une vaste foule de voyeurs. La grande faille se
creuse dans la démarche qui consiste à tourner en rond, faute de ne
pouvoir s’exorciser ni du premier, ni du second cercle.
*
Parfois, il nous suffit d’un mince fil de salive pour coller des phrases
dans un temps de parole. Les taciturnes ont pour coutume de garder
leurs lèvres ouvertes au secours d’un mot qui a soif.
*
Donne-moi un verre d’eau pour l’overdose. Donne-moi un morceau
de pain tout creux à l’intérieur, pour que mon espérance de vie
surprenne la patience des tombeaux.
*
La poésie est une marée noire. C’est par impossible divorce que des
mains la prennent comme voile blanc de mariée.
*
Dans le désir, il y a plus de cannibalisme que d’amour. Un canniba-
lisme contraire qui aiguillonne le corps jusqu’à s’inviter à une bouche
qui est sommée de le manger.158
158
Noël, James: Kana sutra, Éditions Vents d’Ailleurs, La Roque-d’Anthéron,
2011.
640
Kana sutra
(fragmentos)
641
Claude SAINNÉCHARLES (1981)
159
Poème inédit, présenté dans le cadre de festivals et concours.
642
Claude SAINNÉCHARLES (1981)
I
Avant de partir...
Diáspora, departamento 11
(parte I & II)
I
Antes de partir...
II
À l’ombre de nos mémoires
646
Ustedes habían ahorrado durante años vendiendo yuca y maní en
el mercado de hierro
Al acecho de un salvoconducto para ese allá desconocido
sus maletas ya estaban listas bajo el colchón de sus tierras
Ustedes tenían veinte años y sus sueños se llamaban «partir»
Ustedes no hablaban aún de un regreso sino de la voluntad de triunfar
Era la época de sus veinte años, toda una vida para esperar,
La maleta llena de exilios
Solo sus voces volverían a veces envueltas en casetes Panasonic
90 minutos para probar que allá, Cara A, ustedes daban la cara;
Cara B, ningún revés los doblegaba
II
En la sombra de nuestras memorias
Aquí, los colores del otoño se unieron a los del invierno, es el color
amarillo-ambar que se funde en el gris-azulado
647
Ici, sans papier, sans travail, sans voix, nous marchons dans le ventre
de la terre, d’une ligne à l’autre, il nous faut trouver la bonne voie,
l’issue de secours
Notre mangrove natale s’éloigne dans nos esprits
On a oublié l’odeur du corossol et le goût du soir humide sous la
moustiquaire
Nous avons pris racine dans nos mémoires fixées sur les mêmes images d’un
pays chéri
Nos corps se crispent en attendant le retour vers notre pays natal, seul
espoir
Notre peau se raidit comme les feuilles mortes de douleur
L’exil s’est installé dans nos vies. Notre corps demeure une succession
d’exils
Nous pleurons nos cheveux qui tombent gris, les rides sèches qui
nous sillonnent, indélébiles
648
Aquí, sin documento, sin trabajo, sin voz, caminamos en el vientre
de la tierra, de una línea a otra, debemos encontrar el buen
camino, la salida de emergencia
Nuestro manglar natal se aleja en nuestros espíritus
Olvidamos el olor de la guanábana y el sabor de la tarde húmeda bajo
el mosquitero
En este día, nos toca ser como esos viejos campesinos de antaño
sobre su mecedora, nuestra cadencia disminuyó ex nihilo
Aquí, en las paredes, las láminas de los boss-metal y los lienzos
pintados, en migración con nosotros, sucumben a la sombra
color-materia, color-caos
649
Un jour, le bruit de l’eau limpide nous réveille
Un jour, là-bas, nous y retournerons par les chemins du souvenir
Décembre, 2013.
650
Un día, el ruido del agua cristalina nos despierta
Un día, allá, volveremos por las sendas de la memoria
Diciembre, 2013.
651
Makenzy ORCEL (1983)
quand le corps
offre ses territoires à la rue
la mort coule
buée froide sur la vitre
soir dissout
dans la houle des hanches
le ciel en fût
de la terrasse au bar
d’une soif à l’autre tu sautes
sans te soucier du vide
bouteilles
bouées dans les flots intérieurs160
160
Orcel, Makenzy: La nuit des terrasses, La Contre Allée, Lille, 2015.
652
Makenzy ORCEL (1983)
cuando el cuerpo
le ofrece sus territorios a la calle
la muerte se derrama
vaho frío sobre el cristal
noche disuelta
en el oleaje de las caderas
el cielo en barrica
de la terraza al bar
de una sed a otra saltas
sin importarte el vacío
botellas
salvavidas en las marejadas interiores
653
Viens, les vins vont aux plages
ARTHUR RIMBAUD
le large
cette démesure de ta langue
au fond de moi
laisse-moi errer
je t’offre ma soif
pour les coups à venir
pour l’étreinte de l’amant
161
Orcel, Makenzy: La nuit des terrasses, La Contre Allée, Lille, 2015.
654
Ven, los vinos van a las playas
ARTHUR RIMBAUD
alta mar
esa desmesura de tu lengua
dentro de mí
déjame vagar
te brindo mi sed
para los amargos tragos venideros
para el abrazo del amante
655
je me torche à ma santé
mes étoiles noyées
ô soifs qui descendent dans les rues
crier leur j’en peux plus
162
Orcel, Makenzy: La nuit des terrasses, La Contre Allée, Lille, 2015.
656
me emborracho a mi salud
mis estrellas ahogadas
o sedes que salen a las calles
para gritar sus no puedo más
657
Nous vivons de cri en cri
GÖRAN TUNSTRÖM
tous
suspendus entre la transhumance
et l’inertie du reste
les yeux gonflés de rêves
de toutes les mers
la nuit
s’infinitise
mièvre son chant
163
Orcel, Makenzy: La nuit des terrasses, La Contre Allée, Lille, 2015.
658
Vivimos de grito en grito
GÖRAN TUNSTRÖM
todos
suspendidos entre la trashumancia
y la inercia del resto
los ojos henchidos de sueños
de todos los mares
la noche
se infinitiza
meloso su canto
659
Anderson DOVILAS (1985)
Périphrase
(extrait)
660
Anderson DOVILAS (1985)
Perífrasis
(fragmento)
661
Une science naît
Ils sèment la vie aux biens de tous
Et récoltent le côté venin
De la pensée humaine
[...]164
164
Dovilas, Anderson: Mémoire d’outre-monde, L’Harmattan, Paris, 2014.
662
Nace una ciencia
Siembran la vida para el bien común
Y cosechan el lado venenoso
Del pensamiento humano
[...]
663
Une nuit d’Adieu à Janrabel
664
Una noche de Adiós a Janrabel
Fue la tierra
De mi depresión divina
Ese nombre de flor
Con resonancia de amor
Fue la tierra
De un calor en retirada
Esa masacre quemando las semillas
Apareciste en mi sueño
Como el primer beso mañanero
En carne
Como un viejo lápiz de labio
La ciudad ya no tiene el Tam-tam
De las nocheviejas de izquierda
Ni las sábanas blancas de la vecindad arropando
Desde la frialdad de tu fuerza
Además, me parece que tu ausencia
Y la memoria vacía de tus hijos de Guinea
Se funden
En tan poco tiempo Janrabel
El día se convirtió
En un tratado de lluvia torrencial
En tan poco tiempo mi cielo
Frases hechas
Como encrucijadas inesperadas
Pasan por mi cabeza
Para susurrarme este duelo
En soneto acústico de un retorno
Janrabel del lado sur de los solsticios
Sin palmeras testimonio de pupilas salvajes
Janrabel de pasado olvidado
En el sueño de sus hijos en novena poluta
¿En cuántas dulzuras se divide
Un atentado suicida?
¿En cuántos secretos
665
Se volatilise un trépas?
Et si la jeunesse n’est pas un paysage avorté
Un jour Janrabel
Tu dormiras dans mes bras
Comme la révolution des faunes flores suspendues165
165
Dovilas, Anderson: Vingt poèmes pour traverser la nuit, Édilivre Collection
Tremplin, Paris, 2012.
666
Se volatiliza una muerte?
Y si la juventud no es un paisaje abortado
Un día Janrabel
Dormirás en mis brazos
Como la revolución de las faunas floras suspendidas
667
Ricarson DORCÉ (1987)
Liberté
166
Inédit.
668
Ricarson DORCÉ (1987)
Libertad
669
Éthique de la révolte!
167
Inédit.
670
¡Ética de la rebelión!
671
Les guerres
168
Inédit.
672
Guerras
673
Thélyson ORÉLIEN (1988)
Laviwonn dede
169
Orélien, Thélyson: «Laviwonn dede», in Milcé, Jean-Euphèle & Orcel
Makenzy: Ancre des dattes, Page Ailée, Port-au-Prince, 2009.
674
Thélyson ORÉLIEN (1988)
Rondando
La muerte amenaza
como un ave de rapiña
rondando
acechando su presa
en un campo de chícharos
y de maíz
675
Lettre à Céline
Ce n’est pas pour te faire une farce de poisson d’avril. Me voici cette
fois. Je suis encore là, fossoyeur de rêves étranges, je m’invente des
rêves, des carnets de rêves. Je suis devenu le transfuge d’une sale
catastrophe qui ne m’a pas fait mourir.
Je m’éteins doucement dans une paix que j’ai retrouvée en plein
cœur d’une ville de verre. Je vis ma peur avec la paix dans l’âme à
l’ombre des grands édifices. Ce n’est pas ma faute si j’ai toujours
été un révolté. C’est comme ça que j’ai grandi au beau milieu d’une
fierté de ville pauvre et riche dans l’histoire.
Tu diras plus tard que j’avais peut-être raison, quand tu commenceras
à faire la connaissance de nos merveilleuses réalités – de Maurice
Sixto, d’Édris Saint-Amand ou de Jacques-Stéphen Alexis –. Nous
avons tous bu à l’instar du Compère Général Soleil, les eaux d’une
révolution perpétuelle qui barbotent dans la même source. Comme
lui j’ai descendu cette Plaine sans peur ni crainte.
Nous avons été tous témoins, il n’y a pas si longtemps, du jour
où le chef d’une caravane s’était emparé de son vêtement pour se
faire vêtir aux yeux du monde. On nous a pris le tout pour un rien,
ne reste que cette Indépendance parfois trop salée.
Je suis indigné d’avance, la vie m’a encore menti, je refuse de rendre
mon âme aux vidanges, je me révolte à l’excessive, je l’avoue chère
Céline, mais autant que le ras-le-bol se révèle grand, ma révolte
sera grande.
J’ai vu ma vie rouillée prématurément comme une vieille tôle rongée
par le sel. Ici je n’arrive plus à survivre aux tempêtes. Mes doigts
se sont refroidis durant l’hivernage. Et les arbres passent tout leur
temps dévêtus. Les arbres et moi nous avons une langue qui n’est
pas celle des autres, pour nous parler. Les mots sont là bien sûr.
Mais l’onde qui nous berce est celle d’une musique non écoutée.
Il m’arrive de voir l’émotion quitter le corps d’un arbre et venir
tranquillement vers le mien. Mais les gens qui nous entourent ne
comprennent pas. Ils sont dépassés par ce jargon qu’ils n’essaient
même pas d’expliquer et ils nous laissent seuls.
Je ne tiens pas à faire le décompte de nos discussions, autant nos
échanges sont énormes, c’est à toi que j’aimerais parler tous les
676
Carta a Céline
677
jours, dans ces lettres qui n’en finissent plus de s’étirer, car autant
que je t’écris le froid ne se répandra pas dans mon corps, je suis prêt
à le croire si tu te souviendras de nous. De toi, aplatie entre deux
bétons armés dans la pire catastrophe, depuis la ville est dévastée,
dépecée, devenue folle.
Je fais de toi mon héroïne en érigeant des monuments en ton nom.
J’ai déserté la ville. J’avais compris que je ne pouvais pas gagner
toutes mes batailles. Aujourd’hui, je suis là et je me lasse au moment
où ma jeunesse se vante de son isolement. J’ai tout à coup les
mains glacées et éteintes comme celles d’un grand-père.
J’écris ces mots les uns collés au bout des autres dans des lettres qui
se confondent, des lettres que j’ai osé partager au beau public. Mon
histoire se résume à peu de choses. Un jour, au beau milieu de la vie
le cinéma muet se mettra à parler.170
170
Orélien, Thélyson: «Lettre à Céline», IntranQu’îllités, nro. 2, Passagers des
Vents, Port-au-Prince, 2013.
678
días, en estas cartas que nunca dejan de extenderse, porque mientras te
escriba el frío no se propagará en mi cuerpo, estoy dispuesto a creer-
lo si tú te acuerdas de nosotros. De ti, aplastada entre dos bloques
de hormigón en la peor catástrofe, desde entonces la ciudad está
devastada, descuartizada, enloquecida.
Hago de ti mi heroína erigiendo monumentos en tu nombre. Aban-
doné la ciudad. Comprendí que no podía ganar todas mis batallas.
Hoy estoy aquí y me agoto precisamente cuando mi juventud se jacta
de su aislamiento. De pronto tengo las manos heladas y apagadas
como las de un abuelo.
Escribo estas palabras una tras otra en cartas que se confunden,
cartas que me atreví a compartir con la bella audiencia. Mi historia
se resume a poca cosa. Algún día, en medio de la vida, las películas
mudas empezarán a hablar.
679
Fiches biobibliographiques
682
comunicaciones y relaciones interculturales. En 2009 es elegido
Consejero de la ciudad de Montreal, como representante del distrito
de Saint-Michel y, desde 2013, es presidente del Consejo munici-
pal de esa ciudad. En 2006 coeditó con Rodney Saint-Éloi el volu-
men Montréal vu par ses poètes. Tanto en creol como en francés,
Benjamin expresa sus valores centrales: la libertad y el amor.
Ha publicado: Valkanday (2000), Chants de mémoire (2003), Dits
d’errance (2004), Lettres d’automne (2007), Vingt-quatre heures dans
la vie d’une nuit (2010), Une femme à la mer (2016).
683
BRIERRE, JEAN-FERNAND (Jérémie, 1909-Port-au-Prince, 1992).
Ambassadeur d’Haïti à Buenos Aires. Il collabore au sein de La
Revue Indigène et Les Griots. Il est avocat et, de par son activisme
politique, il est incarcéré par différents gouvernements conserva-
teurs pendant neuf ans. C’est un fervent opposant à l’intervention
nord-américaine, ainsi qu’au régime de Duvalier. Ce pour quoi il
subit l’exil, premièrement en Jamaïque, puis au Sénégal, où il mène
une vie culturelle très active. Il rentre en Haïti en 1986. La fondation
AfricAmerica crée le Prix de Poésie Jean-Fernand Brierre pour lui
rendre hommage. Son œuvre vaste est critique, intense et rebelle.
Principaux titres: Le drapeau de demain (1931), Chansons secrètes
(1933), Black Soul (1947), Dessalines nous parle (1953), La Source
(1956), Découvertes (1966), ainsi que Province (roman, 1935), Pétion
et Bolivar / El Adiós a la Marsellesa (théâtre, édition bilingue publiée
à Buenos Aires, 1955); Gorée, sketch historique (théâtre, 1966), Un
autre monde (chroniques de voyage, 1973).
685
pour la poésie. Il étudie le Droit à Paris, et fréquente le Collège de
France, où il manifeste son intérêt pour la littérature. Son écriture
romantique s’exprime à travers sa poésie amoureuse et exotique.
Malgré sa courte vie, l’œuvre de Brun est ample. Il écrit des romans
(Deux amours, 1895), et des nouvelles, inspirées de son observation
de la réalité haïtienne, comme: Pages retrouvées (1895), Sans pardon
(édition posthume, 1909) et Combat de poyes et autres nouvelles (2009).
688
Poesía en francés: Le Retour à l’arbre (1974), Les Cinq lettres
(1992), Brûler (1999) y Choses de mer sur blessures d’encre (2010).
Teatro: Tanbou Tibout-la bout (1970), Lèt ak sitron (1980),
Boulva Jan Jak Desalin (en colaboración con Syto Cavé y Lyonel
Trouillot 1987) y Au cœur de la nuit (1988).
689
COLIMON-HALL, MARIE-THÉRÈSE (Port-au-Prince, 1918-1997).
Femme écrivaine, éducatrice et féministe. Elle consacre sa vie à la
pédagogie et à la littérature, avec son conjoint, Louis D. Hall. C’est
une pionnière des sciences pédagogiques en Haïti. En plus de poète,
elle est essayiste et narratrice. Elle publie ses premières œuvres sous
le pseudonyme de Marie Bec. Militante active des droits de la femme,
elle plaide en faveur de l’équité de genre. En 1950 elle participe au
Congrès national des femmes haïtiennes, où elle présente un essai
sur le rôle féminin dans la société haïtienne. Elle collabore à l’édi-
tion de Femmes haïtiennes, publiée par la Ligue Féminine d’Action
Sociale (1953) et elle préside la Ligue de 1960 à 1971. En 1975
Colimon-Hall gagne le Prix littéraire France-Haïti pour son premier
roman, qui est aussi son livre le plus connu Fils de misère (1974).
Autres publications: La Fille de l’esclave (théâtre, 1949), La Source
(nouvelle, 1973), Mon cahier d’écritures (poésie, 1973), Haïtiennes
d’autrefois ou Le Message des aïeules (théâtre 1974), Le Chant des
Sirènes (nouvelles, 1979).
690
COLIMON-HALL, MARIE-THÉRÈSE (Port-au-Prince, 1918-1997).
Escritora, educadora y feminista. Dedica su vida a la pedagogía y
la literatura junto a su esposo Louis D. Hall. Es una pionera de
las ciencias pedagógicas en Haití. Además de poeta, es ensayista y
narradora, y publica sus primeras obras bajo el seudónimo de Marie
Bec. Promueve activamente los derechos de la mujer y aboga por
la equidad de género. En 1950 participa en el Congreso Nacional
de Mujeres Haitianas, donde presenta un ensayo sobre el papel de
la mujer en la sociedad haitiana. Participa en la edición de Femmes
haïtiennes, publicado por la Liga femenina de acción social (1953), y
es presidenta de dicha Liga de 1960 a 1971. En 1975 gana el Premio
Literario Francia-Haití por su primera y más conocida novela Fils
de misère (1974).
Otras obras: La Fille de l’esclave (teatro, 1949), La Source (cuento,
1973), Mon cahier d’écritures (poesía, 1973), Haïtiennes d’autrefois
ou Le Message des aïeules (teatro, 1974), Le Chant des Sirènes (cuen-
tos, 1979).
691
où il publie des récits de voyage. Son génie est encore peu connu,
raison pour laquelle les éditions Mémoire d’encrier ont entrepris la
réédition de toute son œuvre. Parmi ses œuvres les plus importantes,
il faut citer Négociations (1972), Sainte Dérive des cochons (1977), Le
Corps noir (1980), De si jolies petites plages (1982), Bamboola Bamboche
(1984), Manhattan Blues (1985), et Ferdinand je suis à Paris (1987).
694
blessures (2011), Cuento: Les bas-fonds de la mémoire (2012), Vodou!
Un tambour pour les anges (relato, 2003), Le roman de Cuba (docu-
mento, 2009).
695
Parmi ses œuvres principales: Poésie: Étincelles (1945), Traduit
du Grand Large (1952), Cantate d’Octobre à la Vie et à la Mort du
Commandant Ernesto Che Guevara (1968), Poète à Cuba (1976),
Au matin de la négritude (1990), Un été indien de la parole (2001),
Non-assistance à poète en danger (2005). Essai: Pour la révolution pour
la poésie (1974), Bonjour et Adieu à la Négritude (1980), Le Métier à
métisser (1998) et Ainsi parle le fleuve noir (1998). Roman: Le Mât
de cocagne (1979), Hadriana dans tous mes Rêves (1988), Éros dans
un train chinois (1990) et L’œillet ensorcelé (2006).
696
Entre sus libros se destacan: Poesía: Étincelles (1945), Traduit
du Grand Large (1952), Cantate d’Octobre à la Vie et à la Mort du
Commandant Ernesto Che Guevara (1968), Poète à Cuba (1976), Au
matin de la négritude (1990), Un été indien de la parole (2001), Non-
assistance à poète en danger (2005). Ensayo: Pour la révolution pour
la poésie (1974), Bonjour et Adieu à la Négritude (1980), Le Métier à
métisser (1998) y Ainsi parle le fleuve noir (1998). Novelas: Le Mât
de cocagne (1979), Hadriana dans tous mes Rêves (1988), Éros dans
un train chinois (1990) y L’œillet ensorcelé (2006).
697
théâtre), et de prêcher dans une église protestante. Admiratrice de la
poésie de René Depestre et d’Aimé Césaire, elle a obtenu le second
prix du concours Grand Prix Poétique du Kaïlcedrat Royal, pour
«Éloge grandiose», dédié à Césaire. «Les comestibles», «Brûlure»,
«L’Échine du ciel», «Petits brouillards» et «Échos» sont des livres
inédits, dans lesquels elle combine avec délicatesse la gravure et la
poésie manuscrite, et qui ont été présentés dans plusieurs galeries
et librairies de Suisse.
698
y Aimé Césaire, obtuvo el 2.º puesto del Grand Prix Poétique
du Kaïlcedrat Royal por el poema «Éloge grandiose», dedicado a
Césaire. «Les comestibles», «Brûlure», «L’Échine du ciel», «Petits
brouillards» y «Échos» son libros inéditos, en los que combina con
delicadeza el grabado y la poesía manuscrita, y que han sido expues-
tos en diversas galerías y librerías de Suiza.
699
encore. Il publie des romances et des chants patriotiques à succès,
et il parvient à faire rouvrir la Comédie de Port-au-Prince, au lende-
main de l’indépendance.
Dupré est connu par ses ouvrages historiques, tels que Hymne à la
liberté (1812), La Jeune Fille (1813), Le Rêve d’un Haytien (1815),
La Mort du Général Lamarre (1815). Il meurt lors d’un duel à l’âge
de 34 ans.
700
Es conocido por sus obras históricas, como Hymne à la liberté
(1812), La Jeune Fille (1813), Le Rêve d’un Haytien (1815), La
Mort du Général Lamarre (1815). Muere en un duelo a los 34 años
de edad.
701
de l’exil en langue créole. Ejèn refuse de s’exprimer autrement qu’en
cette langue, il prône l’utilisation du créole comme langue littéraire,
et comme seul moyen de construire son identité. D’autres titres:
Vwa Zandò La voix des mystères (2007), Aganmafwezay (2008), Sezon
Papiyon (2013).
702
construir su identidad. Otros títulos: Vwa Zandò La voix des mystères
(2007), Aganmafwezay (2008), Sezon Papiyon (2013).
703
FAUBERT, IDA (Port-au-Prince, 1882-Joinville-le-Pont, Fran-
ce, 1969). Femme écrivaine, fille de l’ancien président d’Haïti Lysius
Salomon. Ses premiers poèmes paraissent en 1912 dans Haïti Litté-
raire et scientifique, une importante revue littéraire haïtienne. C’est la
première fois qu’une femme publie des vers sans devoir utiliser un
pseudonyme. Faubert s’installe définitivement en France en 1914,
où elle côtoie les mouvements féministes et artistiques. Elle publie
dans Les annales politiques et littéraires, La Gazette de Paris, Le Journal
du Peuple, Lisez-moi Bleu, et dans des revues littéraires italiennes. En
1939, ses poèmes sont réunis dans le volume Cœur des îles; puis elle
publie des textes sur la vie quotidienne en Haïti Sous le soleil caraïbe,
histoires d’Haïti et d’ailleurs (1959). Anthologie secrète (2007) réunit
ses deux œuvres précédentes.
704
versos sin necesidad de usar un seudónimo. Faubert se instala defi-
nitivamente en Francia en 1914, donde se vincula con movimientos
feministas y artísticos. Faubert publica en Les annales politiques et
littéraires, La Gazette de Paris, Le Journal du Peuple, Lisez-moi Bleu
y en revistas literarias italianas. En 1939, sus poemas son reunidos
en el volumen Cœur des îles. También publica una serie de cuentos
haitianos: Sous le soleil caraïbe, histoires d’Haïti et d’ailleurs (1959).
Anthologie secrète (2007) reúne sus dos obras anteriores.
705
un des écrivains haïtiens les plus importants. Sa vie et son œuvre
sont marquées par le contexte de sa naissance. Fils d’une paysanne
haïtienne violée par un homme d’affaires nord-américain, Fran-
kétienne a vécu en chair et en os tous les paradoxes de la société
haïtienne. Profondément lié à sa terre, il va y demeurer même
pendant les années obscures de la dictature duvaliériste, créant des
formes subversives et marronnes d’expression. Son œuvre, en français
et en créole, est monumentale. Il rompt avec les genres, mélangeant
images, calligraphie, peinture; il crée de nouveaux mots, et un univers
extraordinaire de sons évocateurs, afin de faire de chaque page un
objet d’art qu’il appelle «spirale». Chacune de ses œuvres est profon-
dément enracinée dans l’histoire contemporaine d’Haïti, ainsi que
dans sa propre biographie. L’auteur a publié une douzaine de pièces
de théâtre et un roman en créole, ainsi que plus de cinquante titres
en français (poésie, roman, spirale) dont: Ultravocal (Spirale) (1972),
Dézafi (1975), Kaselezo (1985/1987), Les Métamorphoses de l’Oiseau
schizophone (Spirale) (8 vol. de 1993 à 2003), L’Amérique saigne
(1995), Rapjazz, Journal d’un paria (1999), H’Eros-Chimères (2002),
Galaxie Chaos-Babel (2006), Melovivi ou Le piège suivi de Brèche
ardente (2010), Chaophonie (2014).
706
Profundamente atado a su tierra, permanecerá en ella incluso duran-
te los años oscuros de la dictadura duvalierista, creando formas
subversivas y cimarronas de expresión. Su obra, en francés y creol,
es monumental. Rompe con los géneros, mezcla imágenes, cali-
grafía, pintura, creando nuevas palabras y un universo jitanjafórico
extraordinario para hacer de cada página un objeto de arte que él
llama «espiral». Cada una de sus obras está profundamente arraiga-
da en la historia contemporánea de Haití y en su propia biografía.
Cuenta con unas diez obras teatrales y una novela en creol, y con
más de cincuenta títulos en francés (poesía, novela, espiral). Entre
ellos se destacan: Ultravocal (Spirale) (1972), Dézafi (1975), Kase-
lezo (1985/1987), Les Métamorphoses de l’Oiseau schizophone (Spirale)
(8 vol. de 1993 a 2003), L’Amérique saigne (1995), Rapjazz, Journal
d’un paria (1999), H’Eros-Chimères (2002), Galaxie Chaos-Babel
(2006), Melovivi ou Le piège / Brèche ardente (2010), Chaophonie
(2014).
707
des poètes les plus importants du Romantisme haïtien. Avocat de
profession, il fonde la première école haïtienne de Lois non payante,
au Cap-Haïtien. Il est Sénateur et Ministre plénipotentiaire en France
et, en tant que représentant d’Haïti, il signe le Traité de Versailles.
Œuvre: Higuenamota (1876), Patrie, espérance et souvenirs (1885),
Feuilles au vent (1888).
709
Son double recueil de poèmes Les armes quotidiennes / Poésie quoti-
dienne remporte le Prix Casa de las Américas en 1979. Ses activités
le mènent à rencontrer des personnalités littéraires et politiques,
telles que Fidel Castro, Nicolás Guillén, Langston Hughes et C.L.R.
James. Il s’exile pendant 25 ans à New York, mais il rentre au pays
après le renversement du gouvernement duvaliériste en 1986. Il est
obligé de s’exiler encore une fois en 1991 à New York, où il meurt
en 2007.
Parmi ces œuvres poétiques, on peut citer: Français: Ce qui demeu-
re (1973), Le vieux nègre et l’exil (1988). Créole: Fistibal (1974),
Solda mawon / Soldat marron (édition bilingue traduite par Jean-F.
Brierre, 1987), Lespwa (2001).
710
de la caída de la dinastía duvalierista en 1986. Tiene que exiliarse de
nuevo en 1991 en Nueva York, donde muere en 2007.
Entre sus obras poéticas se pueden mencionar: Francés: Ce qui
demeure (1973), Le vieux nègre et l’exil (1988). Creol: Fistibal (1974),
Solda mawon / Soldat marron (edición bilingüe traducida por Jean-F.
Brierre, 1987), Lespwa (2001).
711
jeune, il publie ses poèmes dans les revues La Relève et Le Matin.
Il participe au mouvement indigéniste des Griots, et il est secré-
taire général de la revue homonyme. Cependant, il s’éloigne de ce
courant, et il crée un nouveau style, influencé par le surréalisme.
Sa poésie est unique, et elle reçoit la reconnaissance et les éloges
des surréalistes français. En 1941, il publie les recueils Dialogue de
mes lampes et Tabou. Il s’est également consacré au journalisme, par
le biais de nombreux d’articles et chroniques publiés dans divers
journaux. D’autres titres: Poésie: Déchu (1956), Dimanche (1973).
Récits: Parias (1949), Ombres et reflets (1952) et Veillée (1956).
712
los surrealistas franceses. En 1941 publica los poemarios Dialogue
de mes lampes y Tabou. Se dedica también al periodismo y publica
numerosos artículos y crónicas aparecidos en diferentes periódicos.
Otras obras: Poesía: Déchu (1956) y Dimanche (1973). Relatos:
Parias (1949), Ombres et reflets (1952) y Veillée (1956).
713
narrateur et interprète. Son œuvre est accessible à un vaste public, car
elle se nourrit du folklore haïtien, et elle exprime un regard critique
envers les injustices sociales en Haïti. Martineau plaide en faveur de
l’utilisation littéraire du créole. Il propose de revisiter l’histoire d’Haï-
ti, tant par le biais de la poésie, que par celui de l’essai et du roman.
Il est célèbre dans le milieu musical pour avoir composé des textes
pour la diva Carole Demesmim, de même que pour sa partenaire de
scène, Cornelia Schütt-Richard, connue comme TiCorn. Parmi ses
œuvres principales: Flè Dizè (1982) et Pwezi-Kont-Chante (1991).
714
así como para su compañera de escena Cornelia Schütt-Richard,
conocida como TiCorn. Entre sus obras se destacan: Flè Dizè (1982)
y Pwezi-Kont-Chante (1991).
715
dictature, qui s’oppose aux projets des intellectuels progressistes, il
décide de s’exiler à Montréal en 1964. Loin de son épouse, l’amour et
la beauté sont les principaux sujets d’un recueil comme La Promeneuse
au jasmin. Œuvres principales: 5 poèmes de reconnaissance (1961),
Germination d’espoir (1962), Clef du soleil (1963), La promeneuse au
jasmin (1988), Poésie, 1960-1991 (1993).
716
MORISSEAU-LEROY, FÉLIX (Grand Gosier, 1912-Miami, 1998).
Escritor y periodista, es el padre del renacimiento creol: cree en
la utilidad y la fuerza de esta lengua para unificar Haití en torno
a una identidad propiamente creol. Para lograrlo, promueve su
estudio en el ámbito académico e impulsa su uso como lengua
literaria. Logra que se decrete lengua oficial de Haití, junto con
el francés. Una de sus obras más emblemáticas es su adaptación
de la obra clásica Antígona al creol y al contexto haitiano: Wa
Kreyon. Morisseau-Leroy vivirá en diversos países. En Haití,
donde ocupa el cargo de Director del Ministerio de Instrucción
Pública y el de Director General de Educación Nacional. En
Estados Unidos; en Francia, donde conoce a importantes figuras
de la negritud, como Aimé Césaire. En Nigeria, Gana y Senegal;
países donde alienta la conformación de una cultura y literatura
nacionales poscoloniales. Publica, entre otros títulos: Plénitudes
(1940), Natif-natal, un conte en vers (1948), Diacoute (1953), Les
Djons d’Aïti Tonma (1996).
718
nova. En 1987, Beethova Obas graba «Nwel Anmé», el exitoso tema
que critica el régimen en el poder, y que le valió el premio de Mejor
Cantante Joven en el concurso Découverte RFI. En 1990, Obas ya
es un artista reconocido en Haití y decide reunir sus primeros temas
bajo el título Le chant de liberté, toda una revelación en Europa. Entre
sus discos podemos mencionar Si (1994), Pa prese (1997), Planèt
la (1999), Ke’m Poze (2003).
719
PHELPS, ANTHONY (Port-au-Prince, 1928). Après avoir achevé
ses études de Chimie et de céramique aux États-Unis et au Canada,
il se consacre à la littérature. En 1961, il fonde – avec les poètes
Davertige, Serge Legagneur, Roland Morisseau, René Philoctète
et Auguste Thénor – le groupe Haïti Littéraire, ainsi que la revue
Semences. Phelps crée et anime le groupe de théâtre Prisme; il dirige
aussi des programmes de poésie et de théâtre à Radio Cacique, dont
il est cofondateur. Après avoir été en prison dans les pénitenciers de
Duvalier, Phelps est forcé de partir en exil. À Montréal, il se consacre
au théâtre, au journalisme, à la lecture poétique. Il reçoit à deux
reprises le prix Casa de las Américas à Cuba. En 1985, après vingt
ans au service de Radio-Canada, il prend une retraite anticipée afin
de se consacrer entièrement à l’écriture. Son œuvre consiste en une
vingtaine de titres, traduits en plusieurs langues (espagnol, anglais,
russe, allemand, italien, japonais, entre autres). Parmi ses recueils
emblématiques: Mon pays que voici (1968), Les dits du fou-aux-cail-
loux (1968), Orchidée nègre (1987), Nomade je fus de très vieille
mémoire (2012), Je veille, incorrigible féticheur (2016).
720
lectura poética. Recibe dos veces el premio Casa de las Américas, en
Cuba. En 1985, después de veinte años al servicio de la televisión de
Radio-Canada, se retira anticipadamente para dedicarse por entero
a la escritura. Su obra consiste en una veintena de títulos traducidos a
diferentes idiomas (español, inglés, ruso, alemán, italiano, japonés,
entre otros). Entre sus poemarios emblemáticos encontramos: Mon
pays que voici (1968), Les dits du fou-aux-cailloux (1968), Orchidée
nègre (1987), Nomade je fus de très vieille mémoire (2012), Je veille,
incorrigible féticheur (2016).
721
des États-Unis. Il est emprisonné plusieurs fois, repart à l’étranger,
entreprend plusieurs formations universitaires, et passe près d’un an
avec le poète Nicolás Guillén à Cuba. Il revient en Haïti en 1941,
pour y créer le Musée des Arts et des Traditions Populaires et l’Insti-
tut d’Ethnographie, afin d’y promouvoir la recherche sur les mœurs
locales et le vodou. Son œuvre se compose de poèmes, essais, romans
et contes, allant du surréalisme à l’étude ethnologique. Parmi ses
titres: La Proie et l’Ombre (1930), La Montagne Ensorcelée (1931),
Les Fantoches (1930), Analyse Schématique 32-34 (1934), Griefs
de l’Homme Noir (1939), Autour de la Campagne Antisuperstitieuse
(1942), Contribution à l’Étude de l’Ethnobotanique Précolombienne
des Grandes Antilles (1942), Le Sacrifice du Tambour Assoto (1943),
Gouverneurs de la Rosée (1944), Bois d’ébène et Sales Nègres (1945),
ces deux derniers ont été publiés à titre posthume.
722
Noir (1939), Autour de la Campagne Antisuperstitieuse (1942),
Contribution à l’Étude de l’Ethnobotanique Précolombienne des Grandes
Antilles (1942), Le Sacrifice du Tambour Assoto (1943), Gouverneurs de
la Rosée (1944), Bois d’ébène y Sales Nègres (1945), estas dos últimas
obras fueron publicadas después de su muerte.
723
SAINT-ÉLOI, RODNEY (Cavaillon, 1963). Écrivain, éditeur et
académicien. Il commence à écrire à l’âge de 13 ans: poèmes
et essais sur la littérature et la peinture. En 1991, il crée à Port-au-
Prince les Éditions Mémoire, afin d’y publier des auteurs haïtiens
résidents, ainsi que ceux de la diaspora. En 1999, le poète Georges
Castera intègre l’équipe éditoriale en tant que directeur littéraire.
Ils fondent ensemble la revue d’art et littérature Bouture. Il habite
au Québec dès 2001, où il est membre de l’Académie des Lettres.
Il étudie la Littérature française à l’Université Laval. Dans son
œuvre autant que dans sa vie professionnelle, il défend la pluralité
des voix, la diversité et l’inclusion. À partir de la maison d’édition
Mémoire d’encrier, dont il est fondateur, il encourage la diffusion
de jeunes auteurs d’origines aussi diverses que la Caraïbe, l’Afrique,
l’Océan Indien, les communautés aborigènes nord-américaines
et, bien entendu, Haïti. Mémoire d’encrier réédite des œuvres du
patrimoine haïtien, par le biais des collections Anthologie Secrète
et Poésies. En 2012, l’auteur a reçu le Prix Charles Biddle pour sa
contribution à la vie artistique du Québec.
Œuvres principales: Graffitis pour l’aurore (1989); Pierres anonymes
(1994), Cantique d’Emma (1997), Miracle Bananier (2001), J’ai
un arbre dans ma pirogue (2004), Haïti, Kenbe la (2010), Je suis la
fille du baobab brûlé (2015).
725
1901, il publie son recueil Confidences et Mélancolies, caractérisé par
une poésie intime et sociale, évidente dans des poèmes comme «Les
Vagabonds», «Frères d’Afrique» et «L’âme des noms». Il fréquente
les milieux littéraires haïtiens et fait partie du groupe La Ronde, qui
rassemble les écrivains opposés à l’occupation américaine de 1915 (et
qui durera 20 ans). Sa fille, Suzanne Comhaire-Sylvain (1898-1975),
consacra sa vie à la transcription et valorisation du folklore haïtien.
726
SYLVESTRE-CEIDE, EDWIGE (Port-au-Prince, 1982). De padres
originarios del suroeste del país, vive en Francia desde muy niña.
Se forma en dos áreas distintas: la traducción y las relaciones inter-
nacionales. Cultiva su pasión por la literatura a través de proyectos
personales, y de proyectos asociativos relacionados con la migración
y sus testimonios. Es cofundadora y presidenta de Passerelles Extra-
muros, una asociación cultural de los suburbios parisinos.
727
genres; mélangeant la réflexion poétique, l’information et la fiction.
Son langage est précis et parfois amer. Œuvres principales: Cri du
cœur (1987), Au pays du soleil bleu (1997), Au pays des doubles (2000).
Petites histoires insolites: Volumes 1-5 (2000-2006); Le temps, paroles
à dire (2007), Zéro Tolérance (2012).
729
Parmi ses œuvres, il faut citer: Roman: Les fous de Saint-Antoine
(1989), Le livre de Marie (1993), Rue des pas perdus (1998), Thérèse en
mille morceaux (2000), Les enfants des héros (2002), Bicentenaire
(2004), L’Amour avant que j’oublie (2007), Yanvalou pour Charlie
(2009), La belle amour humaine (2001), Agase lesperans (2016).
Poésie: Depale (1979), La petite fille au regard d’île (1994), Zanj nan
dlo (1995); Éloge de la contemplation suivi de Les dits du fou de l’île et
Rendez-vous (2009), C’est avec mains qu’on fait chansons; anthologie
poétique (2015).
731
Illustrations de couvertures
Ilustraciones de portadillas*
732
Bibliographie / Bibliografía
737
FAUBERT, PIERRE: Ogé ou le préjugé de couleur, drame historique suivi
de Poésies fugitives et de notes, C. Maillet-Schmitz, Paris, 1856,
<http://dloc.com/AA00009687/00001>.
__________: Ogé ou le préjugé de couleur, drame historique suivi de
Poésies fugitives et de notes, Les Éditions Fardin, Port-au-Prince,
1979.
FAUBERT, IDA: *Cœur des îles, préface de Jean Vignaud, prix Jacques-
Normand, Éditions René Debresse, Paris, 1939.
__________: Anthologie secrète, Mémoire d’encrier, Montréal, 2007.
FÉRY, ALIBÉE: Essais littéraires, Imprimerie Énélus Robin, Port-au-
-Prince, 1876.
FLEURY-BATTIER, ALCIBIADE: *Sous les bambous (poèmes), Kugel-
mann, Paris, 1881.
FOUAD, ANDRÉ: Album Lè pwezim jwenn van, Métisses Productions,
Port-au-Prince, 2013.
FRANKÉTIENNE: Vigie de verre, Imprimerie Serge L. Gaston, Port-au-
Prince, 1965.
__________: Ultravocal (Spirale), Imprimerie Serge L. Gaston,
Port-au-Prince, 1972.
__________: L’Oiseau schizophone (Spirale), Éditions des Antilles,
Port-au-Prince, 1993
__________: H’Eros chimères, Spirale, Port-au-Prince, 2002.
__________: Miraculeuse, Spirale, Port-au-Prince, 2003.
__________: Le sphinx en feu d’énigmes. Spirale poétique, Vents
d’ailleurs, La-Roque-d’Anthéron, France, 2009.
GOUSSE, EDGARD: Les oiseaux se taisent et me regardent, Éditions
Triptyque, Montréal, 2008.
GUILBAUD, TERTULLIEN: *Patrie, espérance et souvenirs, Librairie
Léopold Cerf, Paris, 1885.
JEAN, YANICK: *Recommencer Paule, Les Éditions Fardin, Port-au-
Prince, 1982.
738
JOLICŒUR, MARIE-ANGE: *Oiseaux de mémoire, Imprimerie Sémi-
naire adventiste, Port-au-Prince, 1972.
LAFOREST, EDMOND: Poèmes Mélancoliques, 1894-1900, Imprimerie
Henry Amblard, Port-au-Prince, 1901.
LALEAU, LÉON: À voix basse (petits poèmes), Imprimerie Moderne,
Port-au-Prince, 1919.
__________: Musique nègre, À compte d’auteur, Port-au-Prince,
1931.
LARAQUE, PAUL: Les armes quotidiennes, Casa de las Américas, La
Habana, 1979. [Laraque a publié nombre de poèmes sous le
pseudonyme de Jacques Lenoir dans la revue Optique, Port-au-
Prince entre 1954 et 1957].
LATAILLADE, ROBERT: L’urne close, préface de Jean-F. Brierre, Les
Éditions des «Amis de Robert Lataillade», Imprimerie La Presse,
Port-au-Prince, 1933.
LENOUS, SUPRICE: Soukiyaki, Éditions Trois Amériques, Montréal,
2015.
MAGLOIRE-SAINT-AUDE: Dialogue de mes lampes, préface de Philippe
Thoby Marcelin, Presses de l’État, Port-au-Prince, 1941.
__________: Tabou, Imprimerie du Collège Vertières, Port-au-Prince,
1941.
__________: «Le surréalisme ce qu’il est», Le Nouvelliste, Port-au-
Prince, 26 janvier 1942.
__________: Tableau de la misère, Feuilleton, Le Nouvelliste, Port-au-
Prince, 1942.
__________: Parias: documentaire, Imprimerie de l’État, Port-au-
Prince, 1949.
__________: Déchu, Œdipe, Port-au-Prince, 1956.
__________: Diálogo de mis lámparas; Tabú; Desposeído, prólogo de
André Breton, ilustración de Wifredo Lam, edición y traducción
de Jorge Camacho, Diputación Provincial de Huelva, Huelva,
2002.
__________: Anthologie secrète, Mémoire d’encrier, Montréal, 2012.
739
MARTINEAU, JEAN-CLAUDE & TICORN & OBAS, BEETHOVA:
Album Zanmi Nou. Chansons créoles de Jean-Claude Martineau,
TiCorn Music, 2015.
MÉTELLUS, JEAN: Au pipirite chantant, Les Lettres Nouvelles /
Maurice Nadeau, Paris, 1978.
__________: Rhapsodie pour Hispaniola, Bruno Doucey, Paris, 2015.
MOREAU DE SAINT-MÉRY, MÉDÉRIC LOUIS ÉLIE: «Lisette quitté
plaine», in Description topographique, physique, civile, politique et
historique de la Partie française de l’Isle Saint-Domingue, Société de
l’histoire des colonies françaises, Paris, 1958 [Philadelphie, 1797].
MORISSEAU, ROLAND: 5 poèmes de reconnaissance, Imprimerie
Théodore, Port-au-Prince, 1961.
__________: Germination d’espoir, Collection Haïti Littéraire, Impri-
merie N. A. Théodore, Port-au-Prince, 1962.
__________: La Chanson de Roland, Nouvelle Optique, Montréal,
1979.
__________: «Testament», Sapriphage, Revue de création littéraire,
Numéro spécial 22 «Présence d’Haïti», présenté et coordonné par
Jean Métellus avec un avant-propos de Paul Laraque, Nanterre,
1994.
MORISSEAU-LEROY, FÉLIX: Diacoute, Éditions Henri Deschamps,
Port-au-Prince, 1953.
__________: «Touris», The Sun. The Haitian English language news-
paper, volume IV, nro. 15, Bernard Diederich Éditeur, Port-au-
Prince, 25 décembre 1953.
__________: Dyakout 1, 2, 3, 4, Haitiana Publications, New York,
1990.
NAU, IGNACE: «Pensées du soir», Revue des Colonies: recueil mensuel
de la politique, de l’administration, de la justice, de l’instruction et des
mœurs coloniales / par une société d’hommes de couleur (dirigée par
A. C. Bissette), nro. 11, Paris, mai 1837, <http://gallica.bnf.fr/
ark:/12148/bpt6k54582616/f35.image>.
NOËL, JAMES: Poèmes à double tranchant / Seul le baiser pour muselière,
préface de Frankétienne, Farandole, Port-au-Prince, 2005.
740
__________: «Bon Nouvèl», in Wooly Saint Louis Jean: Album
Quand la parole se fait chanson, Productions Batofou, Port-au-
Prince, 2005.
__________: Des Poings chauffés à blanc, Éditions Bruno Doucey,
Paris, 2010.
__________: Kana sutra, Éditions Vents d’Ailleurs, La Roque-
d’Anthéron, 2011.
OBAS, BEETHOVA: Album Le chant de liberté, Ch. Obas Productions,
Port-au-Prince, 1990.
__________: Album Planèt la, Ch. Obas Productions, Port-au-
Prince, 1999.
ORCEL, MAKENZY: La nuit des terrasses, La Contre Allée, Lille, 2015.
ORÉLIEN, THÉLYSON: «Lettre à Céline», IntranQu’îllités, nro. 2,
Passagers des Vents, Port-au-Prince, 2013.
PHELPS, ANTHONY: Été, couverture et illustrations de Grace
Phelps en collaboration avec l’auteur, Collection Samba, Impri-
merie N. A. Théodore, Port-au-Prince, 1960.
__________: Présence, poème, illustrations de Luckner Lazard, Collec-
tion Haïti Littéraire, Haïti Littéraire, Port-au-Prince, 1961.
__________: Éclats de silence, Collection Haïti Littéraire, Art Graphi-
que Presse, Port-au-Prince, 1962.
__________: Points cardinaux, Holt, Rinehart et Winston, Montréal,
1966.
__________: LP Mon pays que voici, Les Disques Coumbite,
Montréal, 1966. [Transféré numériquement sur CD par Les
Productions Caliban, Montréal, 2000, 2005].
__________: Mon pays que voici suivi de Les dits du fou-aux-cailloux,
P. J. Oswald, Honfleur, 1968.
__________: Les dits du fou-aux-cailloux, à la suite de Mon pays que
voici, P. J. Oswald, Honfleur, 1968.
__________: Motifs pour le temps saisonnier, P. J. Oswald, Paris,
1976.
741
PHELPS, ANTHONY: La Bélière caraïbe, Casa de las Américas, La
Habana / Nouvelle Optique, Montréal, 1980.
__________: Orchidée nègre, Triptyque, Montréal, 1987.
__________: Les doubles quatrains mauves, Éditions Mémoire, Port-au-
Prince, 1995.
__________: Immobile Voyageuse de Picas et autres silences, Cidihca,
Montréal, 2000.
__________: Mon pays que voici (nouvelle édition: introduction de
l’auteur, album photos et annexe), Mémoire d’encrier, Montréal,
2007.
__________: Nomade je fus de très vieille mémoire, Éditions Bruno
Doucey, Paris, 2012.
PHELPS, ANTHONY & LAFOREST, JEAN-RICHARD & OLLIVIER,
ÉMILE: Pierrot le Noir, Enregistré à Montréal en mai 1968, avec
des chansons de transition de Toto Bissainthe, pour les Disques
Coumbite. [Transferido numéricamente de LP a CD, Les Produc-
tions Caliban, Montréal, 2000, 2005].
PHILOCTÈTE, RENÉ: Les tambours du soleil, Imprimerie des Antilles,
Port-au-Prince, 1962.
__________: Promesse, [s. n.], Port-au-Prince, 1963.
__________: Ces îles qui marchent, Spirale, Port-au-Prince, 1969.
__________: Caraïbe, [s. n.], Port-au-Prince, 1982.
__________: *Ping pong politique, [s. n.], Port-au-Prince, 1987.
__________: «Terrophagie», Conjonction: «Surréalisme et révolte en
Haïti», nro. 193, préparé par Georges Castera, Institut français
d’Haïti, Port-au-Prince, 1992.
__________: Poèmes des îles qui marchent, anthologie préfacée par
Lyonel Trouillot, Actes Sud, Arles, 2003.
ROUMAIN, JACQUES: «Appel» suivi de «La Chanson des Lambis»,
par Émile Roumer, Imprimerie V. Pierre-Noël, Port-au-Prince,
1928.
742
__________: «Quand bat le tam-tam», Haïti-Journal, Port-au-Prince,
4 juillet 1931.
__________: «Langston Hugues», Haïti-Journal, Port-au-Prince,
20 octobre 1931
__________: «Guinée», Haïti-Journal, Port-au-Prince, 30 décembre
1931.
__________: «Madrid», Commune, nro. 44, Paris, avril 1937.
__________: Gouverneurs de la rosée, Imprimerie de l’État, Port-au-
Prince, 1944. [Réédition parisienne deux ans plus tard auprès de
La Bibliothèque Française, Paris, 1946].
__________: Bois d’ébène, poèmes, Imprimerie Henri Deschamps,
Port-au-Prince, 1945.
__________: Œuvres complètes, édition critique de Léon-François
Hoffmann, Colección Archivos, ALLCA XX / Ediciones UNES-
CO, Madrid, 2003.
ROUMER, ÉMILE: Poèmes d’Haïti et de France, Éditions de La Revue
Mondiale, Paris, 1925.
__________: Le Caïman étoilé, Éditions Panorama, Port-au-
Prince, 1963.
ROUSSAN CAMILLE: «Nedje», Assaut à la nuit, préface par René
Piquion, Imprimerie de l’État, Port-au-Prince, 1940.
SAINT-ÉLOI, RODNEY: Récitatif au pays des ombres, Mémoire
d’encrier, Montréal, 2011.
ST-JEAN, SERGE: Du sombre au clair. Poèmes 1963-1964, Collection
Hounguénikon, Imprimerie Panorama, Port-au-Prince, 1964.
SYLVAIN, GEORGES: Confidences et mélancolies (1885-1898), précé-
dées d’une Notice sur la poésie haïtienne par l’auteur, préface de
Justin Dévot, Port-au-Prince, Imprimerie Henri Deschamps,
1901, <https://archive.org/details/confidencesetm00sylv>.
__________: Cric? Crac? Fables de La Fontaine racontées par un
montagnard haïtien et transcrites en vers créoles, préface de Louis
Borno, Ateliers haïtiens, Paris, 1901.
743
TAVERNIER, JANINE: Sphinx du Laurier Rose, Éditions Khus Khus /
Imprimerie Le Natal, Port-au-Prince, 2010.
THÉARD, MARIE-ALICE: *Yam, l’amour réincarné, Théard, Pétion-
Ville / Kiskeya, Miami, 2012.
__________: «Poète exilé», Leg et Littrature (thème: «Migration et
littérature de la diaspora»), nro. 5, LEGS ÉDITION, Delmas,
2015.
THÉLOT, FILS-LIEN ÉLY: Ton rire est une aube inconnue, Larochellivre /
Rumeur des Âges, La Rochelle, 2004.
TROUILLOT, ÉVELYNE: Par la fissure de mes mots, Éditions Bruno
Doucey, Paris, 2014.
TROUILLOT, LYONEL: Le doux parfum des temps à venir, Actes Sud,
Arles, 2013.
__________: C’est avec mains qu’on fait chansons, Le Temps des
Cerises, Montreuil, 2015.
VARIOS: Poemas de una isla y de dos pueblos. Jacques Roumain, Pedro
Mir, Jacques Viau, selección de Roberto Fernández Retamar,
colección La Honda, Casa de las Américas, La Habana, 1974.
VIAU RENAUD, JACQUES: Permanencia del llanto, Publicaciones del
Frente Cultural, Santo Domingo, 1965.
VILAIRE, ETZER: Nouveaux poèmes: Les voix, Terre et ciel, Au delà,
Fantaisies poétiques, Imprimerie Peyriller, Rouchon & Gamon, Le
Puy-en-Velay, 1910, <http://ufdc.ufl.edu/UF00074116/00001/
125j?search=ajoupa>.
VILLEVALEIX, CHARLES SÉGUY: Primevères: poésies, Imprimerie
de Jouaust, Paris, 1866, <http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/
bpt6k5714694b>.
WOOLY SAINT LOUIS JEAN: Album Quand la parole se fait chanson,
Productions Batofou, Port-au-Prince, 2005.
Revues / Revistas
744
nibles en ligne sur Gallica: <http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/
cb32680720w/date>].
Les Griots: la revue scientifique et littéraire d’Haïti, [s. n.], Port-au-
Prince, 1938-1940. Éditeurs: Lorimer Denis, François Duvalier.
Haïti Littéraire et Scientifique, dirigée par Edmond Laforest, Port-au-
Prince, 1912-1913.
IntranQu’îllités, Revue littéraire et artistique, créée en 2012, maître
d’œuvre: James Noël, direction artistique: Pascale Monnin, Passa-
gers des Vents, Port-au-Prince.
Revue des Colonies: recueil mensuel de la politique, de l’administration,
de la justice, de l’instruction et des mœurs coloniales / par une société
d’hommes de couleur, dirigée par A. C. Bissette, [s. n.], Paris,
mai 1837. La Revue des Colonies fut publiée de 1834 à 1842; 12
numéros (de 1836 y 1837) sont disponibles en ligne sur: <http://
gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32858266g/date>.
La Revue Indigène, Imprimerie Modèle, Port-au-Prince, 1927.
Premier numéro: <http://ufdc.ufl.edu/UF00095935/00001>.
La Ronde. Revue littéraire et critique, Fondée par Pétion Gérome et
Dantès Bellegarde, [s. n.], Port-au-Prince, 1898-1902.
La Ruche, Hebdomadaire du Parti démocratique populaire de la
jeunesse haïtienne, Port-au-Prince, 1945-1946.
L’Union, Recueil Commercial et littéraire, Périodique du groupe le
Cénacle fondé par Ignace Nau, [s. n.], Port-au-Prince, 1837-1839.
128 numéros disponibles sur: <http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/
cb328829955/date.item.r=L’Union>.
La voix des femmes, Organe de la Ligue Féminine d’Action Sociale,
Port-au-Prince, en 1934, du journal.
Semences. Revue mensuelle Haïti Littéraire, Les Presses Libres, Port-au-
Prince, 1961-1962.
745
B ELLEGARDE , D ANTÈS : Écrivains d’Haïti, Imprimerie Henri
Deschamps, Port-au-Prince, 1950.
BERROU, RAPHAËL & POMPILUS, PRADEL: Histoire de la littérature
haïtienne illustrée par les textes, tome II, Éditions Caraïbes, Port-au-
Prince, 1975.
__________: Histoire de la littérature haïtienne illustrée par les textes,
tome III, Éditions Caraïbes, Port-au-Prince, 1977.
BISSAINTHE, MAX: Dictionnaire de bibliographie haïtienne [du 1er
jan. 1804 au 31 déc. 1949], The Scarecrow Press, Washington
D. C., 1951, <http://ufdc.ufl.edu/UF00101782/00001>.
Casa de las Américas, nro. 233 (dedicado a Haití), La Habana,
oct.-dic., 2003.
CASTERA, GEORGES & PIERRE, CLAUDE & SAINT-ÉLOI, RODNEY
& TROUILLOT, LYONEL: Anthologie de la littérature haïtienne. Un
siècle de poésie 1901-2001, Mémoire d’encrier, Montréal, 2003.
CHALMERS, MEHDI & KÉNOL, CHANTAL & LHÉRISSON, JEAN-
LAURENT & TROUILLOT, LYONEL: Anthologie bilingue de la poésie
créole haïtienne de 1986 à nos jours, Actes Sud / Atelier Jeudi Soir,
Arles, 2015.
CHARLES, CHRISTOPHE: Littérature haïtienne: Les pionniers, l’école
de 1836, Éditions Choucoune, Port-au-Prince, 2001.
C.L.R. JAMES: Los jacobinos negros. Toussaint L’Ouverture y la Revolu-
ción de Saint-Domingue, colección Nuestros Países, serie Estudios,
introducción de Jhon Bracey, traducción de Rosa López Oceguera,
Fondo Editorial Casa de las Américas, La Habana, 2010.
DOUCEY, BRUNO: Terre de femmes. 150 ans de poésie féminine en
Haïti, Éditions Bruno Doucey, Paris, 2010.
HAZAËL-MASSIEUX, MARIE-CHRISTINE: Textes anciens en créole
français de la Caraïbe: Histoire et analyse, Collection Lettres &
Langues. Linguistique. Recherches, Publibook, Paris, 2008.
HOFFMANN, LÉON-FRANÇOIS: Bibliographie des études littéraires
haïtiennes 1804-1984, ÉDICEF / AUPELF, Paris, 1992, <http://
www.bibliotheque.auf.org/doc_num.php?explnum_id=549>.
746
__________: Histoire littéraire de la francophonie. Littérature d’Haïti,
Collection Universités francophones, EDICEF / AUPELP, 1995,
<http://classiques.uqac.ca/contemporains/hoffmann_leon_fran-
cois/litterature_dHaiti/litterature_dHaiti.html>.
KESTELOOT, LILYAN: Anthologie négro-africaine. La littérature de
1918 à 1981, Marabout, Paris, 1991.
LHÉRISSON, LÉLIA J.: Manuel de littérature haïtienne et textes expli-
qués, Imprimerie du Collège Vertières, Port-au-Prince, 1945.
LUBIN, MAURICE A.: «Anthologie de la Poésie Jacmélienne par
Maurice A. Lubin», Conjonction, nro. 83, Port-au-Prince, 1962.
MANSOUR, MÓNICA: Identidades. Poesía negra de América. Antología,
Editorial Arte y Literatura, La Habana, 2011.
MILCÉ, JEAN-EUPHÈLE & ORCEL MAKENZY: Ancre des dattes, Page
Ailée, Port-au-Prince, 2009.
MORPEAU, LOUIS: Anthologie d’un siècle de poésie haïtienne: 1817-
1925, Bossard, Paris, 1925, <https://issuu.com/scduag/docs/
pap11095/7?e=1147227/2741358>.
NOËL, JAMES: Anthologie de poésie haïtienne contemporaine, Points,
Paris, 2015.
POMPILUS, PRADEL: Pages de Littérature Haïtienne, 2ème édition
revue, corrigée, augmentée, Collection du centre d’études secon-
daires, Imprimerie Théodore, Port-au-Prince, 1955.
__________: Manuel illustré d’histoire de la littérature haïtienne,
Éditions Henri Deschamps, Port-au-Prince, 1961.
PRICE-MARS, JEAN: Ainsi parla l’Oncle, Imprimerie de Compiègne,
Compiègne, 1928.
RANCOURT, JACQUES: Figures d’Haïti. 35 poètes pour notre temps,
Collection Miroirs de la Caraïbe, Le Temps des Cerises, Paris,
s. d. [2005].
REINSEL, AMY: «Poetry of Revolution: Romanticism and National
Projects in Nineteenth-century Haiti», <http://d-scholarship.pitt.
edu/8463/1/AReinselETDPDF2008.pdf>.
747
SAINT-ÉLOI, RODNEY: «Écrire en créole. Entretien avec Georges
Castera», in «Littérature haïtienne de 1960 à nos jours»,
Notre Librairie: Revue du livre Afrique, Caraïbes, Océan Indien,
nro. 133, Clef, Paris, 1998, <http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/
bpt6k64967354/f97.item.r=Castera>.
SAINT-ÉLOI, RODNEY & MORALI, LAURE: Les bruits du monde,
Mémoire d’encrier, Montréal, 2012.
SANCERNI, ALAIN & TROUILLOT LYONEL: «Haïti, le désastre et
les rêves», Riveneuve Continents, nro. 13, Riveneuve Éditions,
Paris, 2011.
SENGHOR, LÉOPOLD SÉDAR: Anthologie de la nouvelle poésie nègre et
malgache de la langue française, Collection Quadrige, PUF, Paris,
2001. [Gallimard, Paris, 1948].
ST.-LOUIS, CARLOS & LUBIN, MAURICE A.: Panorama de la poésie
haïtienne, Collection Haitiana, Imprimerie Henri Deschamps,
Port-au-Prince, 1950.
TROUILLOT, HÉNOCK: Les Origines sociales de la littérature haïtienne,
Les Éditions Fardin, Port-au-Prince, 1986 [1962].
VAVAL, DURACINÉ: Histoire de la littérature haïtienne ou L’âme noire,
Imprimerie Héraux, Port-au-Prince, 1933, <https://issuu.com/
scduag/docs/pap11111-1/5?e=1147227/5551640>.
748
BRETON, ANDRÉ: Manuscrits des conférences prononcées en Haïti
entre décembre 1945 et février 1946; et cahier 58 pages de
documents et de coupures de presse datés de Port-au-Prince et
de Fort-de-France, 1945-1946. (72 images, une notice descriptive,
une collection, <http://www.andrebreton.fr/series/82>).
__________: «Interview de René Bélance», Entretiens (1913-1952),
Gallimard, Paris, 1952.
Center for Research Libraries, <http://catalog.crl.edu>.
Haïti référence, <http://www.haiti-reference.com/notables/>.
Haiti Digital Library, Haiti Lab, Duke University, <http://sites.
duke.edu/haitilab><http://www.hougansydney.com/haitian-
poems.php>.
Île en île, <http://ile-en-ile.org/lit-haitienne/>.
Infocentre littéraire des écrivains québécois, <http://www.
litterature.org>.
KAUSS, SAINT-JOHN: «La poésie féminine haïtienne», <http://www.
potomitan.info/kauss/poesie_fem.php.>.
Mémoire de femmes, <http://www.jasminenarcisse.com/memoire/
index.html>.
Potomitan, <www.potomitan.info/kauss/bibliographie_haitiennes.
php>.
Rezo Entènèt Kreyolis Ayisyen, <http://kreyol.org>.
SABIDO SÁNCHEZ, FERNANDO: Antología de poesía mundial,
<https://poetassigloveintiuno.blogspot.pt/search/label/HAITI>.
Tanbou. Revue trilingue haïtienne d’études politiques et littéraires,
<www.tanbou.com>.
University of Florida Digital Collections (UFDC), <http://ufdc.
ufl.edu>.
VALDMAN, ALBERT: «Vers la standardisation du créole haïtien»,
Revue française de linguistique appliquée 1/2005, vol. X, 2005,
<www.cairn.info/revue-francaise-de-linguistique-appliquee-
2005-1-page-39.htm>.
749
Index
Remerciements 8
AVANT...
CHANTS
Lapriyè Boukman 126
Legba 128
Batay la angaje 130
750
Índice
Agradecimientos 9
UN ANTES...
CANTOS
Oración de Boukman 127
Legba 129
La batalla está librada 131
751
COMMENCEMENTS
Antoine DUPRÉ
Hymne à la liberté 136
752
LOS INICIOS
Antoine DUPRÉ
Himno a la libertad 137
753
Massillon COICOU
Colomb 180
À Toussaint Louverture 186
Amédée BRUN
Pour Haïti 188
Etzer VILAIRE
L’ajoupa 190
Ida FAUBERT
Soir tropical 196
À mon fils 198
Frédéric BURR-REYNAUD
Haïti. Sonnet liminaire 200
Douce existence 202
754
Massillon COICOU
Colón 181
A Toussaint Louverture 187
Amédée BRUN
Para Haití 189
Etzer VILAIRE
El ayupá 191
Ida FAUBERT
Noche tropical 197
A mi hijo 199
Frédéric BURR-REYNAUD
Haití. Soneto liminar 201
Dulce existencia 203
755
Claude FABRY
Le sentier 260
Le lambi 268
MAGLOIRE-SAINT-AUDE
Vide 274
Larme 276
Poison 278
Déchu (extraits) 280
I 280
V 280
Félix MORISSEAU-LEROY
Touris 282
Terre (extrait) 286
III 286
Regnor Charles BERNARD
Aube 288
Soir 290
Marie-Thérèse COLIMON HALL
Mon pays 292
Paul LARAQUE
Soldat-marron 296
Tam-tam d’Haïti 298
La croix de Guevara 300
Ballade de l’exil 302
Raymond CHASSAGNE
L’affranchi 308
Longitude 310
Blues à Madame 312
Menace d’exil 314
René DEPESTRE
XI. Saison de colère 316
XXIII. Écluses ouvertes 320
Minerai noir 324
La machine Singer 328
Non-assistance à poètes en danger 332
756
Claude FABRY
El sendero 261
El lambí 269
MAGLOIRE-SAINT-AUDE
Vacío 275
Lágrima 277
Veneno 279
Caído (fragmentos) 281
I 281
V 281
Félix MORISSEAU-LEROY
Turista 283
Tierra (fragmento) 287
III 287
Regnor CHARLES BERNARD
Alba 289
Noche 291
Marie-Thérèse COLIMON HALL
Mi país 293
Paul LARAQUE
Soldado cimarrón 297
Tam-tam de Haití 299
La cruz de Guevara 301
Balada del exilio 303
Raymond CHASSAGNE
El liberto 309
Longitud 311
Blues a Madame 313
Amenaza de exilio 315
René DEPESTRE
XI. Estación de la ira 317
XXIII. Esclusas abiertas 321
Mineral negro 325
La máquina Singer 329
No asistencia a poetas en peligro 333
757
HAÏTI LITTÉRAIRE
Anthony PHELPS
Mon pays que voici (extrait) 336
La nuit des invertébrés 340
Père Caraïbe 346
René PHILOCTÈTE
Promesse 3 354
Ces îles qui marchent (extrait) 356
À mon pays blessé! 362
Terrophagie 364
Roland MORISSEAU
Pour d’autres agapes fraternelles (extraits) 366
Janine TAVERNIER
Volonté 2 374
Georges CASTERA FILS
Art poétique 380
Première réponse 388
Certitude 390
Signal 392
DAVERTIGE
Anacaona 394
L’île déchaînée (extrait) 396
ASTRES
FRANKÉTIENNE
Samba 402
Ultravocal (extrait) 404
Haïti Chaos / Haïti Babel (extraits) 406
Le corps en plein écho 412
L’effervescence du rêve 414
Sauras-tu décrypter 416
Absolue naïveté 418
Et le sang de la femme 420
Et quand les nuages 422
758
HAÏTI LITTÉRAIRE
Anthony PHELPS
Este es mi país (fragmento) 337
La noche de los invertebrados 341
Padre Caribe 347
René PHILOCTÈTE
Promesa 3 355
Esas islas que caminan (fragmento) 357
¡A mi país herido! 363
Terrofagia 365
Roland MORISSEAU
Para otros ágapes fraternales (fragmentos) 367
Janine TAVERNIER
Voluntad 2 375
Georges CASTERA FILS
Arte poética 381
Primera respuesta 389
Certidumbre 391
Señal 393
DAVERTIGE
Anacaona 395
La isla desencadenada (fragmento) 397
ASTROS
FRANKÉTIENNE
Samba 403
Ultravocal (fragmentos) 405
Entre el sueño y la pesadilla (fragmentos) 407
El cuerpo en pleno eco 413
La efervescencia del sueño 415
¿Sabrás desentrañar 417
Absoluta ingenuidad 419
Y la sangre de la mujer 421
Y cuando las nubes 423
759
Jean MÉTELLUS
Au pipirite chantant (extraits) 424
Ogoun (extrait) 430
Ogoun 432
ÉTOILES
Jean-Claude MARTINEAU
Ténèbres 436
Libète 440
Vyewo 444
Jacques VIAU RENAUD
Nada permanece tanto como el llanto (fragmento) 448
I 448
II 450
Syto CAVÉ
Le Poète 456
C’est bien d’aimer ainsi 460
Serge BAGUIDY-GILBERT
Poèmes dits dans un miroir 462
Prologue (extrait) 462
Épilogue 466
Serge ST-JEAN / Serge SAINT-JEAN
EUX – C’est la moite la morne saison 470
O cette nuit de Décembre 472
Ah cette nuit de février 474
Manno EJÈN / Emmanuel EUGÈNE
Mayilò 476
Yon lang zileniz (fragman) 478
Yanick JEAN
Recommencer Paule (extraits) 480
Manno CHARLEMAGNE
Dwa de lòm 484
Na sispann pèdi 486
760
Jean MÉTELLUS
Al canto pipirite (fragmentos) 425
Ogún (fragmento) 431
Ogún 433
ESTRELLAS
Jean-Claude MARTINEAU
Tinieblas 437
Libertad 441
Viejo 445
Jacques VIAU RENAUD
Rien ne demeure autant que la complainte (extrait) 449
I 449
II 451
Syto CAVÉ
El Poeta 457
Es bueno amar así 461
Serge BAGUIDY-GILBERT
Poemas dichos en un espejo 463
Prólogo (fragmento) 463
Epílogo 467
Serge ST-JEAN / Serge SAINT-JEAN
ELLOS – Es la mustia la monótona estación 471
Oh esta noche de Diciembre 473
Ah esta noche de febrero 475
Manno EJÈN / Emmanuel EUGÈNE
Vértigo 477
Lengua insular (fragmento) 479
YANICK JEAN
Recomenzar Paula (fragmentos) 481
Manno CHARLEMAGNE
Derechos humanos 485
Dejaremos de ser perdedores 487
761
Marie-Alice THÉARD
Temps mort sur mon île 490
Poète exilé 496
II 496
Jean-Claude CHARLES
Je suis un homme sans légende (extraits) 500
Les migrateurs (extrait) 504
Je 506
Marie-Ange JOLICŒUR
Mon île 508
Edgard GOUSSE
Dans le ventre de la terre 512
L’imaginaire du soleil 514
Je t’écris de mon île, le tumulte est si fou en ce lieu 516
Robert BERROUËT-ORIOL
Découdre le désastre (extrait) 522
Éloge de la mangrove (extrait) 526
Évelyne TROUILLOT
Tanpri 530
Promesses 532
Hommage 534
Suprice LENOUS
Kou n ap pale a menm 538
Pil sou pil 540
L’île en jeu 542
Lyonel TROUILLOT
Tu diras 546
Rendez-vous 550
Il n’y a plus de poème 552
Nous sommes des villes disparues 556
Kettly MARS
Michaëlle 560
Carrefour 562
762
Marie-Alice THÉARD
Tiempo muerto sobre mi isla 491
Poeta exiliado 497
II 497
Jean-Claude CHARLES
La leyenda de un hombre sin leyenda (fragmentos) 501
Migratorio (fragmento) 505
Yo 507
Marie-Ange JOLICŒUR
Isla mía 509
Edgard GOUSSE
En el vientre de la tierra 513
Imaginario del sol 515
Te escribo de mi isla, el tumulto es tan loco en este lugar 517
Robert BERROUËT-ORIOL
Deshilvanar el desastre (fragmento) 523
Elogio del manglar (fragmento) 527
Évelyne TROUILLOT
Por favor 531
Promesas 533
Homenaje 535
Suprice LENOUS
El momento en el que hablamos 539
Uno encima de otro 541
La isla en juego 543
Lyonel TROUILLOT
Dirás 547
Rendez-vous 551
Ya no hay poema 553
Somos ciudades desaparecidas 557
Kettly MARS
Micaela 561
Encrucijada 563
763
Marc K. EXAVIER
Matériaux de construction (extraits) 564
Louis-Philippe DALEMBERT
On my mind haiti 566
Voyage 572
Dominique DESMANGLES
Credo 578
Femme hibiscus 580
Rodney SAINT-ÉLOI
Cité Soleil (extrait) 582
Récitatif au pays des ombres (extrait) 586
Beethova OBAS
Lage l 590
La pli 592
Le chant de liberté 594
CONSTELLATIONS NOUVELLES
Franz BENJAMIN
1 600
2 602
3 604
4 606
Jean-Durosier DESRIVIÈRES
Bouts de ville à vendre, poésie d’urgence (extraits) 610
noyau d’avocat servant d’oreiller 616
André FOUAD
Vil Okay vil bekàn 618
Danse mon île 620
Stéphane MARTELLY
Carnets (Un triptyque et une exergue) 622
Laure-Ednie DIEUDONNÉ
Amour insulaire 626
Fils-Lien Ély THÉLOT
Restrictif 628
764
Marc K. EXAVIER
Materiales de construcción (fragmentos) 565
Louis-Philippe DALEMBERT
On my mind haiti 567
Viaje 573
Dominique DESMANGLES
Credo 579
Mujer hibiscus 581
Rodney SAINT-ÉLOI
Cité Soleil (fragmento) 583
Cantata en el país de las sombras (fragmento) 587
Beethova OBAS
Libérenlo 591
La lluvia 593
El canto de libertad 595
NUEVAS CONSTELACIONES
Franz BENJAMIN
1 601
2 603
3 605
4 607
Jean-Durosier DESRIVIÈRES
Retazos de ciudad en venta, poesía de urgencia (fragmentos) 611
por almohada hueso de aguacate 617
André FOUAD
Ciudad Les Cayes, ciudad de bicicletas 619
Danza isla mía 621
Stéphane MARTELLY
Cuadernos (Un tríptico y una glosa) 623
Laure-Ednie DIEUDONNÉ
Amor insular 627
Fils-Lien Ély THÉLOT
Restrictivo 629
765
James NOËL
Bon Nouvèl 632
Dernière phase 634
Déclic 638
Kana sutra (extraits) 640
Claude SAINNÉCHARLES
La république de la canne à sucre 642
Edwige SYLVESTRE-CEIDE
Diaspora, le 11e département (partie I & II) 644
I Avant de partir... 644
II À l’ombre de nos mémoires 646
Makenzy ORCEL
quand le corps 652
le large 654
je me torche à ma santé 656
tous 658
Anderson DOVILAS
Périphrase (extrait) 660
Une nuit d’Adieu à Janrabel 664
Ricarson DORCÉ
Liberté 668
Éthique de la révolte! 670
Les guerres 672
Thélyson ORÉLIEN
Laviwonn dede 674
Lettre à Céline 676
Bibliographie 733
Chants, poèmes et recueils 734
Revues 744
Anthologies et recherches 745
Autres sources 748
766
James NOËL
Buenas Nuevas 633
Última fase 635
Chispazo 639
Kana sutra (fragmentos) 641
Claude SAINNÉCHARLES
La república de la caña de azúcar 643
Edwige SYLVESTRE-CEIDE
Diáspora, departamento 11(parte I & II) 645
I Antes de partir... 645
II En la sombra de nuestras memorias 647
Makenzy ORCEL
cuando el cuerpo 653
alta mar 655
me emborracho a mi salud 657
todos 659
Anderson DOVILAS
Perífrasis (fragmento) 661
Una noche de Adiós a Janrabel 665
Ricarson DORCÉ
Libertad 669
¡Ética de la rebelión! 671
Guerras 673
Thélyson ORÉLIEN
Rondando 675
Carta a Céline 677
Bibliografía 733
Cantos, poemas y poemarios 734
Revistas 744
Antologías y estudios 745
Otras fuentes 748
767
Ayiti Cheri. Poesía haitiana (1800-2015)
se terminó de imprimir
en el mes de mayo de 2018,
con una tirada de 2000 ejemplares.
casa