Guide DGAC - FH Instructeurs
Guide DGAC - FH Instructeurs
Guide DGAC - FH Instructeurs
EN INFORMATION AERONAUTIQUE
GUIDE
FACTEURS HUMAINS
POUR L’INSTRUCTEUR
1ére
SERVICE
DE LA FORMATION AERONAUTIQUE
ET DU CONTROLE TECHNIQUE Édition
SERVICE
DE LA FORMATION AERONAUTIQUE
ET DU CONTROLE TECHNIQUE
FACTEURS HUMAINS
POUR L’INSTRUCTEUR
SERVICE
DE L’INFORMATION
AERONAUTIQUE
AVERTISSEMENT
1. INTRODUCTION 1
1.1 LES FACTEURS HUMAINS DANS L’AVIATION 1
1.2 LES FACTEURS HUMAINS DANS L’INSTRUCTION 1
1.3 OBJECTIFS DU GUIDE 2
2. RAPPEL - L’APPRENTISSAGE 5
2.1 L’ACQUISITION DE L’EXPERTISE 5
2.2 LES APPROCHES PÉDAGOGIQUES 6
2.3 LA PERCEPTION DES SAVOIR FAIRE 7
2.4 L’ÉLÈVE 8
2.5 L’INSTRUCTEUR 9
3. MÉTHODE GÉNÉRALE 11
3.1 NOTION DE COMPORTEMENT TYPE 11
3.2 PRINCIPE GÉNÉRAL DE DIAGNOSTIC ET DE REMÉDIATION 14
3.2.1 Les trois étapes de décision 14
3.2.2 Le diagnostic des comportements types 14
3.2.3 Le diagnostic de progression 15
3.2.4 Principe général de remédiation 17
3.3 PRÉPARATION D’UNE SÉANCE D'INSTRUCTION 18
3.4 OBSERVATION DU COMPORTEMENT EN SÉANCE 20
3.5 DÉBRIEFING 20
3.6 PROFIL DE L'ÉLÈVE - EXPÉRIENCE ANTÉRIEURE 21
3.6.1 Rôle de l'expérience antérieure de l'élève 21
3.6.2 Profil et projet pédagogique 23
4. COMPORTEMENTS TYPES 23
4.1 MÉTHODE DE L’EXPERT 23
4.2 TABLE DES COMPORTEMENTS TYPES 23
5. LES SIGNES 85
5.1 MÉTHODE DE L’INSTRUCTEUR NOVICE 85
5.2 LISTE DES SIGNES 85
GLOSSAIRE G1 à G13
AVERTISSEMENT
La compréhension* et l'évaluation en temps réel des aspects “Facteurs Humains*“des
comportements* en vol relèvent d'une expertise* qui sera longue à acquérir, et suppose
à terme une évolution de la culture professionnelle de l'ensemble des acteurs
concernés. Ce guide ne prétend pas être un manuel de formation. Il ne vise à remplacer
ni les manuels de formation aux Facteurs Humains*, ni les manuels de formation à la
pédagogie de l’instruction au pilotage, ni les formations aux Facteurs Humains*
spécifiques des stages “Instructeur” Il se veut simplement un assistant opérationnel de
l’instructeur. La dynamique d’une situation d’instruction ne permet certes pas son
utilisation en temps réel, pendant la séance. Mais il se veut un assistant pour la
préparation de la séance et pour son débriefing.
Ce guide porte bien son nom : il ne prétend rien de plus que guider votre action. Ce n’est
pas un manuel de procédures à suivre impérativement. Il est probable que vous soyez
amenés à l’utiliser de façon différente de celle qui est explicitement prévue, et qui
conduit le diagnostic du signe* au comportement* et au “remède”. Ne vous sentez pas
prisonnier d’une chronologie rigide. Mais essayez de conserver de la rigueur à vos
diagnostics. Les modèles de comportements types qui vous sont proposés ici, les
signes* qui les repèrent, et les actions pédagogiques qui vous sont suggérées résultent
d’une synthèse approfondie du savoir-faire d’instructeurs expérimentés et d’expertise*
sur les facteurs humains*. Essayez de vous en servir.
Un dernier mot : ce guide ne prétend pas être complet. Il devait rester assez succinct
pour être utilisable en situation, et il est par ailleurs un compromis entre les demandes
de plusieurs niveaux d’instruction. Même si le pilotage d’un avion est un corps
d’expertise* relativement homogène, il est très difficile de traiter efficacement dans un
même document les contraintes de l’apprentissage ab-initio sur monomoteur léger et la
décision d’un équipage sur une panne de système en vol ETOPS. Il sera progressivement
amélioré grâce à vous. Vous avez des désaccords sur certaines interprétations ? Vous
avez des idées d’action pédagogique ? Vous pensez à des comportements types
supplémentaires importants ? Faites le savoir en écrivant à l'adresse suivante :
Dans ce guide, tous les mots suivis d’un astérisque (*) ont leur développement dans le
glossaire en annexe.
INTRODUCTION
RAPPEL-L’APPRENTISSAGE
MÉTHODE GÉNÉRALE
COMPORTEMENTS-TYPES
SIGNES
GLOSSAIRE
1
1. INTRODUCTION
-1-
Introduction
• qu’il a conscience des paramètres “Facteurs humains*” qui influencent son activité.
Par exemple, on gère mieux son circuit visuel quand on a compris les mécanismes et
les limitations de l’attention*, le rôle de l’anticipation* et du projet d’action*. C’est
dans ce but d’apporter au pilote les moyens de cette compréhension* que la
formation théorique aux “Facteurs humains*” est devenue obligatoire.
-2-
Introduction
• la seconde est que les instructeurs et les contrôleurs doivent pouvoir porter un
jugement sur les comportements* en vol de pilotes stagiaires ou en contrôle, non
seulement au plan strictement technique, mais également au plan des “Facteurs
humains*”. Ils doivent ensuite être capables de fonder sur ce jugement une action
adaptée, les uns en choisissant des éducatifs appropriés à la progression de
l'élève, les autres en décidant si les pilotes contrôlés démontrent le savoir-faire
requis pour leur activité professionnelle
Il propose une démarche pour “comprendre”, c’est-à-dire pour interpréter ce que l’on
observe à l’aide de modèles reconnus des comportements* humains. Le principe général
d’une méthode de “diagnostic des comportements*”, et d’action pédagogique de
-3-
Introduction
-4-
2
RAPPEL
L’APPRENTISSAGE
-5-
Rappel l’apprentissage
Anderson1 distingue ainsi trois phases (qui peuvent se recouvrir partiellement) dans
l’apprentissage :
Le stade autonome : c’est une phase de consolidation. Les procédures mentales cessent
de se regrouper et de se complexifier, par contre elles deviennent de plus en plus
“autonomes”, c’est-à-dire automatiques, capables de fonctionner hors du champ
d’attention*. En même temps, elles gagnent en rapidité, et en résistance au stress et aux
perturbations par des facteurs extérieurs, y compris les autres activités. On parle de sur
apprentissage quand il n’y a plus de gain apparent en performance* (vitesse, précision) :
on ne gagne plus alors qu’en robustesse face aux perturbations.
La dimension Facteurs humains* 1) Il s’agit en fait d’un modèle proposé en 1964 par Fitts, qu’Anderson a repris et
perfectionné en changeant les dénominations des phases. Pour simplifier, nous conservons ici les termes de Fitts.
-6-
Rappel l’apprentissage
Cette vision s’est vue progressivement contestée par la réflexion pédagogique moderne.
Elle nous apprend que les compétences* ne s’acquièrent ni par la seule action des
instructeurs, ni uniquement lors des stages de formation. Cette vision se centre
beaucoup plus sur l’élève.
C’est lui et lui seul qui développe ses aptitudes*. L'instructeur est un assistant dont le
rôle est de faciliter ce processus en montrant à l’élève ce qu’il doit apprendre et
comment il peut apprendre, tout en assurant la sécurité pendant l’apprentissage.
L’approche traditionnelle est centrée sur le contenu. Le style d’instruction associé est
directif, voire “autocratique” : le contenu à enseigner est défini en soi, sans tenir compte
de l’élève, de son niveau, de ses particularités. Puisqu’il s’agit d’une transmission du
maître à l’élève, il n’y a qu’une seule façon de présenter la connaissance*. Il y a peu de
place pour l’affectif. Une déviation caricaturale de ce modèle est donnée par les
instructeurs qui cherchent à montrer qu’ils savent et que leurs élèves ne savent pas.
Dans l’approche humaniste, l’idée de base est que l’apprentissage est un phénomène de
découverte naturelle. L’instructeur donne donc peu de modèles, mais il joue un grand
rôle affectif par sa présence rassurante et ses encouragements. Il permet à l'élève de
découvrir lui-même ce qui est bien. On peut rapprocher cette conception du style de
leadership “laisser-faire”.
-7-
Rappel l’apprentissage
2.4 L'élève
On n’apprend pas à partir de rien. Même à la première leçon de pilotage, l'élève arrive
avec quantité de représentations*, d’idées sur l’aviation, l’atmosphère, le vol, la
physique, les moteurs, la pesanteur, les accidents. Il a aussi déjà (heureusement !) des
aptitudes* psychomotrices développées lors d’autres apprentissages (bicyclette, ski,
automobile, etc.). Apprendre, ce n’est pas empiler de nouvelles choses sur les
anciennes. C’est transformer, compléter, modifier des représentations* antérieures.
Cette transformation se fait par intégration des expériences vécues. Cette intégration
peut être dirigée par l’imitation, l’imprégnation progressive (répétition), la recherche de
solution à un problème. Mais avant d’être un technicien ou un pilote d’avion, l’être
humain est un être social. L’apprentissage résulte fortement d’une interaction sociale. Il
est très influencé par les gratifications affectives (ou leur contraire) qui en résultent. En
particulier, l’intérêt et la motivation* de l’élève pour son apprentissage, la qualité de la
relation personnelle entre l'élève et l’instructeur, et la qualité des interactions sociales,
notamment entre les élèves sont déterminants.
La motivation* est une dimension complexe, liée à la perception claire des buts à long
terme et à l’engagement* personnel. Les élèves démotivés n’ont que des buts de
performance* : ils n’accomplissent pas une activité pour acquérir de nouveaux savoir-
faire mais pour obtenir des bonnes notes, ou les compliments de leur instructeur. Il est
important que vous discutiez avec votre élève de sa motivation*, de ses buts. Pourquoi
est-il là, pourquoi veut-il devenir pilote ?
L’effet du style pédagogique de l’instructeur est également très important. Si votre élève
croit pouvoir exercer un contrôle sur le déroulement et les conséquences de son activité
d’apprentissage, en d’autres termes si vous lui laissez son mot à dire, il s’engagera plus
en profondeur et s’appropriera véritablement les résultats de la séance. Dans le cas
contraire, des études ont montré que les élèves se contentent d’essayer de mémoriser le
plus possible d’informations.
-8-
Rappel l’apprentissage
Pour les “kinesthésiques”, ceux qui ont besoin de toucher et manipuler pour se
construire des représentations*, faites repérer les gestuels, les sensations, les
vibrations, les accélérations, les efforts, etc.
Vous devrez essayer de ne pas prendre à contre pied le style* cognitif* des élèves. Il
vous faudra vous adapter à chacun, mais à l’inverse, attention à ne pas l’enfermer dans
son style. N’oubliez pas que vous avez aussi un rôle de correction.
2.5 L'instructeur
Le rôle de l’instructeur, c’est donc d’aider l’élève à faire évoluer ses représentations*.
Il lui faut donc avant tout comprendre les représentations* préexistantes, et donner à
l'élève l’occasion de les exprimer, d’en prendre conscience. En effet elles résistent fort
bien (un bon nombre traverse les scolarités, inchangées jusqu'à l’université). C’est vrai
même pour les aptitudes* psychomotrices de base. Un exemple : un élève avait de
réelles difficultés à contrôler le roulage au sol de son avion lors de ses toutes premières
leçons. Les difficultés se sont rapidement estompées après que son instructeur ait eu
l’idée de lui faire dire qu’étant enfant, il avait beaucoup “piloté” un chariot à roulettes
dont le “palonnier” de direction appelle des actions inverses.
Comme nous l’avons évoqué un peu plus haut, il existe des styles pédagogiques
différents. Comme les styles de leadership, les styles d'instructeur sont bien sûr liés à la
personnalité de chaque instructeur. Il y a des instructeurs naturellement autoritaires et
des instructeurs naturellement libéraux. Vous pouvez aussi, comme pour les élèves,
identifier votre propre style* cognitif*. Le visuel aura tendance à parler vite, à utiliser
beaucoup de schémas*, à s’intéresser à la forme et aux horaires. L’auditif parlera moins
vite mais discutera beaucoup, reformulant ce que ses élèves disent, quitte à s’écarter de
son plan initial. Le kinesthésique parlera lentement, utilisant de nombreux supports de
cours, fera “faire” et s’intéressera avant tout à ce que l'élève sait “faire”. Il est important
qu’un instructeur ait conscience de son style, au même titre que celui de ses élèves, afin
-9-
Rappel l’apprentissage
Un élément joue néanmoins un rôle fondamental dans tous les styles d’instruction : les
attentes*. Vous avez, de par votre formation et votre expérience, des attentes* en
matière de progression, d’acquisition de tel ou tel savoir faire à telle séance. C’est l’outil
fondamental que vous utilisez pour évaluer votre élève. De son côté, votre élève aussi a
des attentes* vis-à-vis de vous, de son apprentissage, de sa séance. Comme dans un
équipage, il est important que ces attentes* soient clarifiées de sorte que les projets
d’action coïncident au mieux. D’innombrables séances de formation ont été gâchées
parce que l'élève n’avait pas compris ce que son instructeur attendait de lui.
Vous avez aussi des attentes* vis-à-vis de l’élève lui-même, des a priori favorables ou
défavorables construits à partir de ce que vous savez de lui. Ces attentes* vont évoluer
au fur et à mesure que vous connaissez mieux votre élève. Il est important d’en prendre
conscience, car elles influenceront d’autant plus votre jugement que vous en êtes
inconscient. Par exemple dans une étude sur la notation à l’école, les notes données par
des enseignants à des copies identiques variaient dans des proportions importantes
(jusqu'à deux points d’écart sur la moyenne) selon que les copies étaient censées venir
d’un bon ou d’un mauvais lycée, d’une classe forte ou faible, ou selon les notes que les
élèves étaient censés avoir obtenues précédemment.
Rappelez-vous que vous n’évaluez pas la performance* de votre élève isolément : vous
évaluez la performance* du couple que vous formez avec votre élève, vis-à-vis d’un
processus d’apprentissage normalisé qu’on vous demande de respecter.
En conclusion, dites-vous que l’instruction est comme le pilotage lui-même : vous devrez
anticiper au maximum, tout en sachant que l’approximation reste la règle, que l’imprévu
peut être au rendez-vous, que l’erreur n’est jamais exclue. Il n’existe pas de méthode
absolue. Que vous formiez un élève, ou un pilote confirmé dans le cadre d’une
qualification de type en compagnie, vous savez à peu près de quel point vous partez, et
vous connaissez l’objectif* visé. Mais le chemin qui vous en sépare reste à parcourir et
varie d’une relation d’instruction à une autre. Refuser cette caractéristique constante du
métier d’instructeur, et rechercher à tout prix une méthode objective et définitive,
constitue avant tout une méthode de gestion de votre propre angoisse. Ceci est perçu
inconsciemment par les élèves, et produit le plus souvent un stress élevé et néfaste dans
la relation d’instruction. Rectifier la progression en permanence, gérer l’imprévu et
décider en temps réel, signifie “gérer l’instruction”. Bien comprendre les dimensions
“facteurs humains*” de l’instruction facilite ce travail, et permet de mieux maîtriser la
construction de l’expertise* de l’élève.
- 10 -
3
MÉTHODE GÉNÉRALE
Par exemple :
• un élève passe au-dessus du plan de descente chaque fois qu’il sort les volets
parce qu’il n’anticipe pas assez la correction d’assiette nécessaire.
• un commandant de bord effectue un arrêt décollage injustifié parce qu’il a compris
que le copilote annonçait “overheat” (alarme majeure) alors que ce dernier
annonçait “overhead” (alarme mineure). Il s’agit ici d’une mauvaise
communication* au sein de l’équipage.
Ce n’est donc pas tant sur l’écart entre le résultat technique obtenu (performance* de
l’élève) et le résultat technique attendu (objectif* de l’instructeur) qu’il faudra s’attarder,
mais plutôt sur les comportements* qui en sont la cause. En fait, ce sont les
comportements* de votre élève qui constituent votre matière première. C’est à partir
d’eux que vous jugez de la progression, et adaptez vos actes d’instructeur : vous
corrigez, vous expliquez, vous faites refaire, etc. Vous êtes habitué à faire un constat de
manière explicite pour les aspects techniques de l’apprentissage, et un diagnostic de
manière plus implicite et plus flou pour les aspects “Facteurs humains*” : anticipation*,
régulation de la charge de travail (“disponibilité”), gestion des priorités, délégation,
communication*, coopération, détection et récupération des erreurs, contrôle du stress
et gestion des situations anormales. La méthode générale proposée dans ce guide est
une aide au diagnostic des causes “Facteurs humains*” de la performance* que vous
observez. Elle vous aide également à mettre en œuvre les remèdes qui vous permettront
d’atteindre vos objectifs* pédagogiques.
- 11 -
Méthode générale
Les comportements* de vos élèves peuvent être décrits par des signes* observables. Il
s’agit le plus souvent d’une anomalie, de quelque chose qui vous alerte, retient votre
attention, vous paraît porteur de signification par rapport à votre tâche d’instruction. Par
exemple, l’élève oublie régulièrement une action, ou bien son pilotage est instable, ou
bien il réussit particulièrement bien un exercice alors que ce n’était pas attendu à ce
stade de la progression. Cependant une anomalie peut ne représenter rien de plus que la
dispersion de la performance*, l’effet du hasard, de la chance ou de la malchance. Pour
que vous puissiez vraiment en déduire quelque chose en matière d’instruction, il faut en
général qu’elle se reproduise, ou qu’elle vous paraisse vraiment significative par
elle-même. C’est vous qui donnez à ce signe* un sens particulier, parce que ce que fait
l’élève ne correspond pas à ce que vous attendez, à ce moment de la progression, ou à
ce niveau professionnel.
Un signe* est le plus souvent une indication sérieuse “qu’il y a quelque chose”
d’intéressant du point de vue de l’apprentissage. Mais cela peut ne pas être suffisant
pour bien orienter votre diagnostic et votre action pédagogique. Pour vous aider, vous
allez utiliser le fait qu’un signe* vient rarement seul. Un petit peu comme les symptômes
d’une maladie : il est rare qu’ils soient uniques.
Quand un ensemble de symptômes cohérents peut traduire une maladie précise, les
médecins parlent de “syndrome” (regroupement de signes* prenant alors un sens
particulier). Par exemple, l’addition d’une forte fièvre, de courbatures pénibles, de
douleurs articulaires, d’un pouls élevé, évoque le syndrome de la grippe. Pour ce qui
nous intéresse comme il ne s’agit pas de maladies, nous donnerons le nom de
“comportement type” à ces groupes de signes* significatifs.
Une fois un comportement type diagnostiqué, ses causes possibles peuvent être
examinées, et l’action pédagogique nécessaire pour y remédier à l’aide des éducatifs
appropriés peut être exécutée. Les méthodes de diagnostic dépassent largement le
cadre médical (diagnostic de pannes par exemple). Votre démarche sera analogue à
celle du médecin : alerté par un signe*, vous chercherez à reconnaître un ou plusieurs
comportements types dans lequel il s’inscrit. Dans la plupart des cas, d’autres signes*
devront être recherchés pour confirmer vos premières hypothèses, et pour réduire les
risques de faux diagnostic. Si vous n’en trouvez pas, vous pourrez créer une situation
test, un peu comme un médecin qui ferait faire une prise de sang pour faire la différence
entre plusieurs maladies.
- 12 -
Méthode générale
anomalies
activité
session 1 session 2 session 3 session 4 session i
• Certaines anomalies isolées sont observables. Elles n’ont en général aucune valeur
particulière.
- 13 -
Méthode générale
• Dans tous les cas, la démarche n’est conclue que quand une solution pédagogique
est identifiée (éducatif). Elle ne s’arrête jamais au diagnostic.
• la décision de remédiation. C’est une décision d’action, qui débouche sur une
intervention pédagogique de l’instructeur qui sera de nature à modifier le
comportement* de l’élève.
L’expert et le débutant n’auront donc pas tout à fait la même approche. La méthode
générale présentée dans ce guide prend en compte cette différence. On distinguera
deux variantes de la méthode :
- 14 -
Méthode générale
Il teste ensuite son (ses) hypothèse (s). Souvent, il aura recours à une situation
“d’épreuve” (en simulateur notamment), en créant une situation où les signes* observés
vont être retrouvés si l’hypothèse est juste.
Le plus souvent, l’expert connaît la cause. Il choisit la remédiation dans son répertoire
d’actions pédagogiques possibles par appariement de la situation à un exercice adapté.
Cette caractéristique de l’expert fait à la fois sa force, efficacité et rapidité, et sa
faiblesse, risque* d’erreur de routine.
Le guide lui permettra de limiter les risques* d’erreur, et de mieux comprendre les
déterminants profonds du comportement* de l’élève.
S’il sait ne pas être sur confiant, l’instructeur débutant est alors naturellement plus
laborieux que l’expert.
Il observe des signes*, mais leur regroupement n’est pas toujours immédiat et n’évoque
pas forcément une hypothèse ; ou au contraire en évoque de trop nombreuses. Les
signes* sont alors regroupés dans un comportement type observé, qu’il faut étiqueter et
comprendre avant d’agir.
S’il a plusieurs hypothèses candidates, l’instructeur débutant pourra essayer de les
différencier, de les séparer, en recherchant d’autres signes* discriminants.
Son répertoire d’action pédagogique étant plus faible, il ne trouve pas toujours
facilement la remédiation appropriée. Le guide lui permettra de formaliser plus
clairement sa démarche, de comprendre les mécanismes qui régissent l’apprentissage
chez l’élève, et permettra de confirmer les choix faits pour remédier à la situation
observée.
- 15 -
Méthode générale
Pour vous aider, voici une présentation un peu plus détaillée de ces niveaux
d’acquisition.
• Règles : il connaît ou non les principes et les règles opérationnelles qu’il faut
appliquer (ex. : “pied mort, moteur mort”), y compris dans le domaine des “Facteurs
humains*” (ex : les principes d’une bonne décision).
- 16 -
Méthode générale
• L'élève ne sait pas mettre en œuvre un savoir faire de base en situation réelle
Par exemple, l'élève sait effectuer sur demande un virage à taux constant, à altitude ou
Vz constante, pour sortir à un cap prédéfini, et en tenant compte du vent. Mais en
situation opérationnelle, avec une charge de travail élevée (procédures à suivre,
communications à gérer, etc.), il ne sait plus mettre en œuvre correctement ce savoir-
faire. Il s’agit d’un problème d’intégration de différents savoir-faire, d’ordonnancement
de priorités, et de gestion des conflits de ressources* mentales.
• Faire percevoir qu’il sait : lui faire expliquer ce qu’il aurait dû faire. Le complimenter,
car en général il sait répondre.
• Faire percevoir les conditions pour faire bien en situation : anticipation*,
planification.
- 17 -
Méthode générale
• Remettre l'élève en situation équivalente (mais pas identique) lors d’une séance
suivante.
Il est bon de préparer votre séance d’instruction aussi du point de vue des “Facteurs
humains*”. La préparation a pour but d'identifier préalablement à la séance
d'instruction, les concepts “Facteurs humains*” qui seront volontairement mis en œuvre
à titre éducatif ou qui ont de bonnes chances d’être mis en œuvre a priori compte tenu
du contenu de la séance (ex. : le stress et la panne moteur). Cette anticipation* vous
permettra de percevoir plus aisément le comportement* des élèves (d’avoir le bon
“filtre”) pendant le vol, ou en simulateur.
- 18 -
Méthode générale
La préparation peut se faire à partir des objectifs* fixés par le programme détaillé de la
séance d’instruction. Chaque objectif* du programme (ou syllabus) est décomposé en
tâches* à réaliser par l'élève ou l'équipage. A certaines tâches*, vous pouvez associer
un thème ou “Concept Facteurs humains*” pertinent : projet d’action*, anticipation*,
régulation de la charge de travail, gestion des priorités, délégation, communication*,
coopération, détection et récupération des erreurs, contrôle du stress et gestion des
situations anormales, etc…
• Tâche* : décomposition des exercices en une suite de buts pour l’élève (prise
d'information sur les instruments, calcul d'une distance à partir du temps, etc.). La
décomposition fait notamment apparaître les points où les facteurs humains*
peuvent influencer l'activité de l'élève. Elle permet aussi à l'instructeur d'identifier
les moments où il peut exercer son action pédagogique avec le plus d'efficacité,
compte tenu des mécanismes d'apprentissage.
• Niveau attendu : c'est une formulation de vos attentes*. Il intègre les dimensions
techniques et les facteurs humains*. C'est le plus souvent un objectif de
performance* correspondant à un stade donné de l'instruction ; par exemple,
maîtriser correctement la dissymétrie après l'arrêt d'un moteur sur un bimoteur. Il
peut aussi s'agir d'un objectif de compétence*. Vous vous assurez que l'élève
dispose d'une connaissance*, ou d'un savoir-faire, qu'il pourra mobiliser ou mettre
en œuvre dans une situation donnée, même si sa performance* initiale n'est pas
très bonne. A titre d'indication, trois niveaux sont proposés, mais vous pourrez très
vite créer votre propre échelle de classification. Le niveau réel (performance*
effective) peut être comparé au niveau attendu, définissant ainsi une mesure de la
progression.
- 19 -
Méthode générale
Vous pouvez aussi vous demander quel est, selon votre expérience, le niveau de maîtrise
attendu à ce stade de l'instruction, soit pour la tâche* de pilotage elle-même, soit pour
les aspects “Facteurs humains*” associés. Vous pouvez également passer en revue les
comportements types présentés dans ce guide et qui vous paraissent intéressants a
priori pour la séance, ainsi que les signes* associés.
3.5 Débriefing
Le débriefing sera d’autant plus efficace que la préparation de la séance aura permis à
l’instructeur de réaliser une observation claire et simple. Le regroupement des signes*
permet à l’instructeur de formuler un diagnostic, de le soumettre au (x) élève (s), et
d’expliquer ce qui le cause.
C’est le seul moment ou l’intégration véritable des aspects techniques et des aspects
“Facteur Humain” de l’activité des pilotes formés se produit. L’instructeur doit non
seulement commenter et discuter la technique, mais aussi faire ressortir les aspects du
fonctionnement humain qui expliquent la performance*.
- 20 -
Méthode générale
La plupart des pilotes en instruction ont déjà une expérience aéronautique. En dehors
des véritables situations d’instruction ab-initio, l’instructeur doit prendre en compte le
passé de son élève. Il est important de se renseigner sur ce passé au début de
l’instruction. Un entretien avec l’élève apporte déjà de nombreux renseignements. Il peut
porter sur le cursus professionnel et aussi sur les activités extra-professionnelles,
notamment celles qui comportent une relation au risque* (activité sportive, compétition).
Voici quelques exemples d’expérience susceptibles de modifier le processus
d’instruction :
Par exemple, un élève qui avait effectué sa formation sur TB20 (monomoteur à
pistons), TBM700 (monomoteur turbine), puis BE200 (bimoteur turbine) éprouvait de
grande difficultés lors de sa qualification sur Boeing 737-200. Il s’écrasait
régulièrement au simulateur lors de l'exercice “panne moteur”. En fait, son
éducation sur bimoteur sur BE200 l’avait habitué au “rudder boost”, système qui
permet d’amorcer automatiquement le contrôle de panne du bon coté. Il ne savait
donc pas discriminer et, une fois sur deux, “bottait” du mauvais côté, avec le crash
pour sanction immédiate.
Les éducatifs appropriés ont permis de sauver in extremis la situation, mais l’élève
et son instructeur auraient pu échouer si cette “antériorité” dans l’apprentissage
n’avait pas été établie et n’avait pas permis de comprendre les causes du
problème.
- 21 -
Méthode générale
• QT - Transformation machine
Il s’agit ici de pilotes expérimentés avec une expérience antérieure à l’instruction
souvent considérable. Les problèmes de transformation de pilotes confirmés de
quadriréacteurs pilotés en équipage à trois poursuivant une transformation vers
une machine “glass cockpit” pilotée à deux ont montré les difficultés attachées à
l’antériorité.
On le voit, dans tous les cas de figure, une expérience de pilotage antérieure à la phase
d’instruction qui débute mérite au moins quelques questions, et permet souvent de
comprendre plus facilement des comportements* que l’on n’attend pas forcément d’un
pilote déjà formé.
Le profil de l’élève éventuellement enrichi des données recueillies sur son expérience
aéronautique antérieure, permet de moduler le projet de formation de l’élève, et le projet
pédagogique de l’instructeur. Le processus d’instruction se trouve à l’intersection de ces
deux projets. Plus cette intersection est grande, plus les chances de réussite sont
grandes. Le profil de l’élève détermine largement le profil de la progression. Celle-ci,
pilotée par l’instructeur, devient alors une adaptation du programme d’instruction,
spécifique pour chaque élève, ou plus exactement pour chaque relation d’instruction.
- 22 -
4
COMPORTEMENTS TYPES
En observant le comportement* de votre (vos) élève (s), vous avez déjà des hypothèses
sur les causes des anomalies que vous constatez, et des signes* que vous observez. Il
s’agit maintenant de confirmer ou d’infirmer la ou les hypothèse (s) que vous avez faites.
Pour cela vous disposez d’une table qui liste les comportements types les plus
fréquemment rencontrés chez les élèves. La liste renvoie à une fiche numérotée qui
décrit les signes* qui caractérisent les comportements*, et les remèdes les plus utiles.
Sur la page en vis-à-vis figurent des explications sur les causes habituelles de ces
comportements*. Les comportements types proches, qui pourraient être confondus, ou
constituer d’autres hypothèses, sont mentionnés en haut à droite de la fiche.
Pour faciliter la recherche, ils sont regroupés par ordre alphabétique dans la grille
figurant sur l’intercalaire vert.
- 23 -
Comportements Types
1. Autocratique
Explications :
Il se peut également que le CDB ait tout simplement une forte personnalité ou qu’il
ait en face de lui des membres d’équipage dont la personnalité est trop effacée.
Enfin, une autre explication possible est une forte différence hiérarchique ou
technique entre le CdB et les autres membres d’équipage qui se retranchent derrière
le chef. C’est le cas d’un cadre de la compagnie volant avec un jeune copilote.
NOTES :
- 24 -
Comportements Types
1
Comportement type : Comportements types associés :
Autocratique Stress chronique,
Sous-confiance (en soi, machine),
Conflictuel
Signes Remède
- 25 -
Comportements Types
2. Conflictuel
Explications :
L’origine peut aussi être un style de cockpit autocratique qui frustre les membres
d’équipage et les stresse.
Le fait d’être en vol et le stress qui en résulte ont un double effet : ils retardent le
point de déclenchement du conflit (car on a conscience que ce n’est pas le lieu pour
se disputer), et en même temps affaiblit les défenses. Donc le conflit éclate plus tard
mais plus violemment.
NOTES :
- 26 -
Comportements Types
2
Comportement type : Comportements types associés :
Conflictuel Rebelle, Autocratique,
Stress chronique Stress aigu,
Egocentré
Signes Remède
- 27 -
Comportements Types
3. Conformiste
Explications :
C’est le contraire du rebelle. L’élève agit toujours selon ce qu’il croit être les
attentes* de l’instructeur. L’essentiel de son énergie est consacré à percevoir ces
attentes*.
Il ne perçoit pas son apprentissage comme un processus qui lui appartient, mais
comme “faire plaisir à l’instructeur”. A la limite, l’élève devient la servocommande de
l’instructeur. C’est une mauvaise situation, car il n’apprend pas. En fait il est démotivé :
il n’accomplit pas une activité pour acquérir de nouveaux savoir-faire mais pour
obtenir des bonnes notes, ou les compliments de son instructeur.
NOTES :
- 28 -
Comportements Types
3
Comportement type : Comportements types associés :
Conformiste Stress chronique,
Signes Remède
Ne fait rien sans que je le lui dise • Interrogez-vous donc d’abord sur votre
Suit le DV sans comprendre style de pédagogue. Est-ce que " tous
Me regarde à chaque décision les jeunes d’aujourd’hui " ont tendance à
M’annonce sans arrêt ce qu’il va faire être conformistes ? Est-ce que " la
Exécute mécaniquement mes instructions motivation* se perd " ? C’est peut-être
Suit aveuglément les instructions ATC que vous êtes un peu trop dirigiste, que
Fait toujours comme les autres vous n’expliquez pas suffisamment les
objectifs* pédagogiques.
• Discutez avec votre élève de sa
motivation*, de ses buts. Pourquoi est-il
là, pourquoi veut-il devenir pilote ?
• Discutez avec lui l’importance de
l’autonomie de jugement. Puis mettez
l'élève en situation de devoir être
autonome.
• Suggérez des attentes* contradictoires,
NOTES : comme une stratégie* très
conservatrice un jour et très
économique le lendemain.
- 29 -
Comportements Types
4. Égocentré
Explications :
Il s’agit de cockpits où les membres d’équipage sont engagés dans des projets
d’action indépendants, et n’éprouvent pas le besoin de s’informer mutuellement.
Chacun travaille dans son coin, ne s’intéresse pas à ce que les autres font, mais croit
que les autres sont au courant de ce qu’il fait.
NOTES :
- 30 -
Comportements Types
4
Comportement type : Comportements types associés :
Égocentré Stress chronique, Conflictuel
Signes Remède
- 31 -
Comportements Types
5. Erreur de représentation
Explications :
Prévention
Toutes les règles du “bon travail” en équipage (pour gérer aussi sa
représentation* de la situation à court et moyen terme)
Détection
Rappelez aux élèves et faites percevoir en situation les clignotants qui peuvent les alerter :
• des incohérences inexpliquées (ex. entre instruments),
• un “timing” tout à fait inattendu (ex. 20 minutes d'avance),
• des résultats inattendus (ex : perfos de montée anormales),
• des incohérences dans ce qu'on vous dit (en particulier l'ATC : “mais pourquoi me
demande-t-il ça ?”),
• un sentiment de bizarrerie, d'inconfort (“je ne sais pas ce qu'il y a, mais c'est bizarre”)
• Une fixation de l'attention* : réaliser soudain qu’on vient de passer un long
moment à penser à la même chose
Récupération
• Changez de niveau d'automatisation ou revenir en manuel
• Changez de source d'information : utiliser les informations de base, les informations
extérieures, des informations de nature différente, et faire des tests de cohérence croisé
• N’essayez pas de comprendre à tout prix, prenez du recul, changez de point de vue
- 32 -
Comportements Types
5
Comportement type : Comportements types associés :
Erreur de représentation Surcharge cognitive, Sous ou sur-
anticipation, Incompréhension des
buts de l’instructeur
Signes Remède
- 33 -
Comportements Types
6. Expert
Explications :
Si votre élève a l’impression qu’il sait déjà faire, il ne sera pas disposé à accepter
la mise en situation d’apprentissage. Il faut donc lui faire accepter un but de
progression bien identifié. Il acceptera alors d’être évalué et corrigé sur ce domaine-
là.
NOTES :
- 34 -
Comportements Types
6
Comportement type : Comportements types associés :
Expert Routine
Sur-confiance (en la machine)
Signes Remède
- 35 -
Comportements Types
7. Fatigue
Explications :
Si la fatigue vous paraît d’un niveau anormal, ou chronique chez un élève, cela
n’est pas normal. Il se peut qu’il ait une hygiène ou des conditions de vie inadaptées
(dort-il suffisamment ?).
Il se peut aussi que l’importance des enjeux et des risques* professionnels en cas
d’échec empêchent les épisodes de détente et de repos véritable.
NOTES :
- 36 -
Comportements Types
7
Comportement type : Comportements types associés :
Fatigue Stress chronique, Routine
Sous-anticipation
Signes Remède
NOTES :
- 37 -
Comportements Types
L’incompréhension par l'élève de ce que vous attendez de lui peut porter sur
plusieurs choses : l’exercice en lui-même, le niveau de performance* attendu (plus ou
moins vite, etc.), l’objectif* pédagogique, etc.
L’incompréhension des buts de l’instructeur peut aussi être feinte pour justifier un
échec dans un exercice.
Interrogez-vous aussi sur votre relation pédagogique : pourquoi votre élève a-t-il
du mal à reconnaître ses échecs ? N’avez-vous pas inconsciemment essayé de lui
montrer que vous en savez plus que lui ?
NOTES :
- 38 -
Comportements Types
8
Comportement type : Comportements types associés :
Incompréhension des buts Surcharge cognitive,
de l’instructeur Oubli du long terme,
Erreur de représentation
Signes Remède
- 39 -
Comportements Types
9. Indécision
Explications :
Dans la décision, le décideur engage sa responsabilité dans une voie (un risque*)
de préférence aux autres. Dans les stratégies* à fort engagement*, la prise de risque*
est concentrée sur cet instant : la décision est irréversible et le cours des choses est
incontrôlable une fois que le “coup est parti”. C’est la décision efficace de l’expert sûr
de lui (mais sans droit à l’erreur). Dans les stratégies* de porte ouverte, le risque* est
réparti sur une série de décisions partielles, à faible engagement*, réversibles. C’est la
décision du novice. Le risque* est que l’échec d’une étape entraîne en cascade
l’échec des autres (Décisions* pauvres en série). Certains pilotes ne parviennent pas à
accepter un fort engagement* même quand c’est la solution efficace.
NOTES :
- 40 -
Comportements Types
9
Comportement type : Comportements types associés :
Indécision Novice, Stress chronique, peur
(sous-engagement dans la décision)
Signes Remède
- 41 -
Comportements Types
10. Laisser-faire
Explications :
Le problème vient souvent du souci de plaire du CdB, ou du fait que son leadership
est peu efficace ou peu reconnu par ses coéquipiers.
Il est également fréquent quand les membres d’équipage se connaissent très bien
(cas des petites compagnies où on vole très souvent ensemble), au terme d’une longue
rotation de plusieurs jours, quand le commandant fait équipe avec un groupe très
compétent, surtout quand c’est “l’étape du copilote”.
Une autre situation est celle du CdB qui joue les instructeurs et donc laisse faire.
NOTES :
- 42 -
Comportements Types
10
Comportement type : Comportements types associés :
Laisser-faire Sur-confiance (machine), Ludique
Signes Remède
- 43 -
Comportements Types
11. Ludique
Explications :
NOTES :
- 44 -
Comportements Types
11
Comportement type : Comportements types associés :
Ludique Laisser-faire, Sur-confiance (en soi),
Sur-confiance (en la machine),
Signes Remède
NOTES :
- 45 -
Comportements Types
12. Novice
Explications :
Toute instruction commence par un stade où l'élève est novice dans le domaine
instruit. Cela signifie qu’il ne dispose pas encore des automatismes nécessaires à un
contrôle complet de ses actions. Il doit sans arrêt faire appel aux modes
cognitifs supérieurs.
Mais cela ne veut pas dire qu’un instructeur n’ait aucun rôle à jouer. Il a un rôle
fondamental dans la construction de la confiance* de l’élève. Il est un “concentré
d’expertise*”. Il peut en faire bénéficier ses élèves, puis savoir se retirer peu à peu, et
donc faire évoluer son style d’une présence très directive, traditionnelle, à un “laisser-
faire” quasi total préparant les phases de “lâché”. Plus l’élève est novice, plus son
instructeur le marquera de son empreinte.
NOTES :
- 46 -
Comportements Types
12
Comportement type : Comportements types associés :
Novice Sous-anticipation, Stress chronique
Indécision, Surcharge cognitive
Signes Remède
- 47 -
Comportements Types
13. Obstination
Explications :
NOTES :
- 48 -
Comportements Types
13
Comportement type : Comportements types associés :
Obstination Sur-confiance (en soi)
(sur engagement dans la décision)
Signes Remède
Ne remet pas en cause ses décisions • Proposez des situations impliquant des
Ne prend pas en compte les réserves des décisions “pointues” avec une solution
autres PNT nettement plus risquée en cas d’échec.
Ne voit que ce qui lui donne raison (fort Par exemple :
biais de confirmation) ◊ sur avion de ligne, un vol avec ETF
Cherche trop (longtemps) à comprendre (Escale Technique Facultative) et une
Justifie en permanence ses erreurs météo médiocre à l’arrivée. Au point
de décision on est “sur l’épaisseur du
trait”, mais plutôt du mauvais côté. Si
on continue, la météo continue à se
dégrader, il y a de l’attente, et le
dégagement finit par fermer.
◊ sur avion léger, une navigation VFR
avec un trajet qui conduit à une lente
dégradation des conditions météo,
avec enfermement et demi-tour
NOTES : impossible.
• Apprenez à l’élève à positionner des
indicateurs et des butées de validité de
la décision prise, et à reconsidérer
celle-ci le cas échéant.
- 49 -
Comportements Types
NOTES :
- 50 -
Comportements Types
14
Comportement type : Comportements types associés :
Oubli du court terme Pas d’attente cognitive
Signes Remède
Ne mémorise pas les actions en cours • Interrogez l'élève sur les problèmes qu’il
Ne détecte pas ses écarts se pose à long terme, et apprenez lui à
Ne vérifie pas le résultat de ses actions raisonner avec le niveau de détail utile à
Ne détecte pas les changements d’état chaque horizon de temps. Apprenez lui à
de la machine “balayer le temps” (présent, passé,
Ne détecte pas les changements de futur) selon un circuit bien établi, en
contexte stabilisant d’abord la situation à court
N’effectue pas les annonces prévues terme avant de faire de la stratégie*.
Toujours plongé dans la doc “suivante” • Si le Commandant est PF dans une
Toujours plongé dans le FMS phase chargée du vol, il risque fort de
ne pas pouvoir assumer correctement à
la fois son rôle de stratège et la gestion
tactique* du vol. Il peut alors faire des
erreurs tactiques* importantes.
Apprenez à l’équipage à jouer sur la
répartition des tâches* pour équilibrer
NOTES : les charges.
• L’un des problèmes des FMS est
précisément qu’ils ne fonctionnent pas
avec un tel principe de niveau de détail
adapté à l’horizon temporel. Apprenez à
l’équipage à abandonner ce niveau
d’automatisation si cela devient
incompatible avec le temps disponible
dans le court terme ou si ce qui se
passera à long terme est trop incertain.
- 51 -
Comportements Types
D’autre part un certain nombre de décisions irréversibles sont prises avant ou pendant
un vol (décision d’emport carburant, tolérance technique, ETF, etc.). Ce sont des décisions
pour le “long terme” car elles valent pour tout le vol. Mais il faut les “faire vivre” en vol,
actualiser les données (le dégagement est-il toujours accessible ?).
NOTES :
- 52 -
Comportements Types
15
Comportement type : Comportements types associés :
Oubli du long terme Incompréhension des buts de
l’instructeur,
Perte du projet d’action
Signes Remède
Toujours plongé dans ses instruments • Interrogez régulièrement l’élève sur ses
N’anticipe pas les difficultés à venir intentions à long terme, y compris
Se fait surprendre (par la descente, la pendant les phases chargées du vol.
remise de gaz, la météo..) Apprenez-lui à vous faire, puis à se faire
Se fait bousculer en approche à lui-même des briefings sur ses
N’a jamais prévu le cas, d’alternative intentions.
Oublie les briefings • Apprenez-lui à “balayer le temps”
Travaille bien, mais dans le court terme (présent, passé, futur) selon un circuit
bien établi, en stabilisant d’abord la
situation à court terme avant de faire de
la stratégie*.
• Apprenez-lui à positionner des butées
temporelles au delà desquelles le projet
d’action de la phase suivante devra être
établi et partagé (briefing)
(typiquement : préparation de
NOTES : l’approche en croisière).
• Apprenez à l’équipage à se poser la
question de la répartition des rôles
après une panne ou un imprévu,
notamment quand le Commandant est
PF dans une phase chargée du vol, ou
PNF sur glass-cockpit (Sur glass-
cockpit, c’est plutôt le rôle de PNF qui
pose problème, car il tend à être le plus
chargé lors d’un traitement de panne
complexe).
- 53 -
Comportements Types
Le projet d’action* définit nos attentes*, oriente les questions que nous nous
posons et la prise d’information, et réactive nos savoir-faire. Sans projet d’action*, pas
de compréhension*, pas de surveillance possibles, et donc pas de pilotage.
NOTES :
- 54 -
Comportements Types
16
Comportement type : Comportements types associés :
Perte du projet d’action Conformiste, Sous-anticipation,
Surcharge cognitive,
Incompréhension des buts de
l’instructeur, Stress aigu
Signes Remède
Trop de précision sur les détails, oublie • Apprenez aux élèves à :
l'essentiel
Effectue les procédures sans réfléchir ◊ Clarifier et partager régulièrement les
Nombreuses actions inutiles intentions à travers les briefings, la
Ne corrige pas ses écarts communication* professionnelle
Ne hiérarchise pas les problèmes, ne (annonces)
définit pas de priorité ◊ Raisonner par succession d’états
Oublis nombreux stabilisés caractérisés par certains
Se laisse interrompre (très facilement, paramètres
sans prendre ses marques) ◊ Positionner en permanence les butées
caractéristiques, les objectifs clés de
la phase suivante (altitude,
configuration, stabilisation)
NOTES :
- 55 -
Comportements Types
17. Peur
Explications :
La peur est évidemment génératrice de stress, soit aigu en cas de peur intense,
soit chronique s’il s’agit d’une peur larvée qui perdure pendant toutes les séances.
Mais la peur est en même temps ce qui nous protège des prises de risque* excessives.
Il n’y a pas de sécurité sans peur. Votre rôle est donc d’aider l'élève à régler
convenablement sa peur, et à maîtriser les effets négatifs d’une peur excessive.
NOTES :
- 56 -
Comportements Types
17
Comportement type : Comportements types associés :
Peur Stress aigu, Stress chronique
Signes Remède
- 57 -
Comportements Types
18. Procédurier
Explications :
Sauf peut-être pour certaines check-lists secours, dont les justifications sont trop
complexes, la mise en œuvre d’une procédure suppose qu’on en comprenne l’esprit et
les fonctions.
Cela peut aussi venir d’une attitude plus générale de protection contre l’inconnu et
l’incertitude, suscitée par un manque de confiance* en soi ou en la machine.
NOTES :
- 58 -
Comportements Types
18
Comportement type : Comportements types associés :
Procédurier Sous-confiance (machine)
Sous-confiance (en soi)
Signes Remède
- 59 -
Comportements Types
19. Rebelle
Explications :
Cette opposition peut venir de la personnalité de l’élève (il est comme ça avec tout
le monde), de la relation que vous lui imposez (il est comme ça avec vous), ou de sa
position dans la structure (il est contre la compagnie, contre ce stage, contre l’avion,
contre la méthode,...).
NOTES :
- 60 -
Comportements Types
19
Comportement type : Comportements types associés :
Rebelle Conflictuel, Sur-confiance (en soi)
Signes Remède
Très pointilleux sur ce que lui dit • Personnalité : Identifiez ce que l'élève
l’instructeur cherche à prouver. Tentez de le
Rechigne à appliquer les procédures rassurer. Si la difficulté vous paraît
Critique volontiers les instructions ATC insurmontable, et que vous êtes certain
Décide “contre “ce qu’on lui apprend de ne pas avoir à faire à une opposition
Recherche les limites de toute personnelle, référez-en à
proposition avant d’en apprécier l’encadrement.
les avantages • Opposition contre la compagnie :
N’écoute pas les recommandations ou les reconnaissez sa différence, respectez-
questions de l’instructeur. la sans nécessairement lui donner
Pense que c’est “tous des c...” raison. Montrez-lui son intérêt
Critique la réglementation, trouve les personnel à sa formation.
limitations mal faites ou injustifiées • Opposition personnelle : discutez-en
franchement avec votre élève, exposez
lui ce que vous ressentez. Vous avez
peut-être des styles cognitifs totalement
NOTES : opposés ! Si la discussion ne résout pas
le problème, proposez le changement
d’instructeur, en le présentant comme
un événement normal. Si le changement
est accepté, effectuez-le avec un
instructeur suffisamment différent de
vous. Si l'élève refuse le changement, il
est probable que le problème va se
résoudre. Dans le cas contraire,
effectuer le changement malgré
son avis.
- 61 -
Comportements Types
Le risque* interne est le paramètre qui domine dans les décisions humaines. Le
réglage des comportements* balance la peur d’échouer et le plaisir de réussir. Il n’y a
pas de plaisir de réussite sans risque* d’échec. Le risque externe* augmente ces
enjeux : ce n’est pas la même chose de réussir un bel atterrissage en conditions de
vent de travers limite au simulateur et en réalité.
Certaines personnalités ont un tel besoin de consolider leur image interne qu’ils
recherchent systématiquement les situations de risque* interne élevé (ils travaillent
toujours en limite de leur savoir-faire), voire même de risque* externe élevé (ils se
mettent en situation de danger objectif).
NOTES :
- 62 -
Comportements Types
20
Comportement type : Comportements types associés :
Recherche de risque Sur-confiance (en soi, machine),
Rebelle
Signes Remède
Prend toujours la solution à engagement* • Rappelez les limitations chaque fois que
maximum nécessaire. Faites les commenter
Prend systématiquement les hypothèses et justifier
les plus optimistes • Montrez soi-même un respect
Va au delà des limites réglementaires scrupuleux de toute limitation
(avion, minima,...) sous prétexte • Faites respecter strictement les règles
d’instruction du travail en équipage : briefings
Bâcle la visite prévol (annonce et explication des intentions),
Veut toujours” aller voir “ participation collective à la décision
A beaucoup d’anecdotes de situations • Donnez des exemples ou des scénarios
limites où “un jeune ne s’en serait d’accident à chaque prise de risque*
pas sorti “ constatée
Critique la réglementation, trouve les •Débriefez sévèrement, voire
limitations mal faites ou injustifiées sanctionnez en cas de dépassement
volontaire des limites (violations)
• Apprenez à l’élève à renoncer de façon
NOTES : raisonnée, et non émotionnelle.
Valorisez les victoires de sa raison sur
ses impulsions.
• Si le besoin de risque* est vraiment fort,
conseillez une activité risquée... hors
aviation.
- 63 -
Comportements Types
21. Routine
Explications :
NOTES :
- 64 -
Comportements Types
21
Comportement type : Comportements types associés :
Routine Expert, Sur-anticipation, Fatigue
Signes Remède
- 65 -
Comportements Types
22. Sous-anticipation
Explications :
Anticiper réactive les “filtres” mentaux et les savoir-faire utiles pour l'action à
venir. Anticiper permet aussi de décider avant l'action, quand la contrainte du temps
ne se fait pas encore sentir. En conséquence, mieux on anticipe, et plus on comprend
vite dans l'action, plus on est efficace, et plus on a de temps pour anticiper. C’est pour
cela qu’on est vite débordé quand on n’est plus “devant l’avion”.
NOTES :
- 66 -
Comportements Types
22
Comportement type : Comportements types associés :
Sous-anticipation Perte du projet d’action,
Surcharge cognitive, Fatigue, Novice,
Erreur de représentation
Signes Remède
- 67 -
Comportements Types
NOTES :
- 68 -
Comportements Types
23
Comportement type : Comportements types associés :
Sous-confiance (en soi) Stress chronique, Autocratique,
Indécision
Signes Remède
- 69 -
Comportements Types
NOTES :
- 70 -
Comportements Types
24
Comportement type : Comportements types associés :
Sous-confiance (machine) Procédurier, Autocratique, Fatigue,
Stress chronique, Surcharge cognitive,
Erreur de représentation
Signes Remède
N’a jamais terminé, veut tout prévoir • Expliquez le rôle de la confiance* dans
Toujours plongé dans ses instruments le réglage de l’attention*, et les risques*
Justifie ses erreurs par des critiques sur de mauvaise gestion des ressources*
la machine en cas de sous-confiance (surcharge
Critique beaucoup la machine cognitive, fatigue, stress)
Fait tout en manuel • Renforcez la confiance* dans l’avion de
N’utilise qu’une faible partie des base, dans la reprise en manuel
possibilités de la machine • Démystifiez la complexité, autorisez la
Ajoute systématiquement des marges simplification, les choix restreints sur
(vitesse d’approche, carburant,...) l’ensemble des possibilités offertes par
Vérifie très souvent les conditions la machine
d’application des procédures dans la • Montrez la logique des changements de
documentation technique avion niveau d’automatisation, et leur
implication sur la charge de travail,
l’autonomie de la machine, les horizons
temporels adaptés
NOTES : • Donnez des repères de priorité, des
principes pour aller à l’essentiel
• Amenez l’élève, dans des conditions de
sécurité irréprochable (simu), au bord
du domaine de vol. Montrez la marge
avec le vol en ligne.
- 71 -
Comportements Types
NOTES :
- 72 -
Comportements Types
25
Comportement type : Comportements types associés :
Stress aigu Sous-confiance (en soi),
Surcharge cognitive, Peur
Signes Remède
NOTES :
- 73 -
Comportements Types
Le stress diminue quand le sujet prend confiance* et trouve des solutions aux
difficultés posées.
NOTES :
- 74 -
Comportements Types
26
Comportement type : Comportements types associés :
Stress chronique Ego centré, Conflictuel, Fatigue,
Sous-confiance (machine), Novice
Signes Remède
- 75 -
Comportements Types
27. Sur-anticipation
Explications :
L'anticipation* est une condition indispensable pour piloter. Mais c'est en même
temps un risque*. En effet ce qui a été anticipé peut très bien ne pas se produire. On se
retrouve alors avec un projet d’action* pré-armé et inadapté, et aucune bonne réponse
prête. C'est la situation du gardien devant un tir au but. S'il n'anticipe pas le côté du tir,
il arrivera trop tard. S'il anticipe du mauvais côté, il est battu. Tout le problème est donc
d’anticiper, mais pas trop, pour être capable de changer d’action au dernier moment le
cas échéant. On rencontre des risques* de sur-anticipation* en pilotage dans toutes
les situations hautement routinières, ou bien où il est nécessaire de véritablement
“répéter le film” dans sa tête avant d’agir (ex. : panne moteur au décollage).
NOTES :
- 76 -
Comportements Types
27
Comportement type : Comportements types associés :
Sur-anticipation Erreur de représentation, Routine
Signes Remède
par exemple :
◊ Le compte rendu technique dans
l'avion fait état d'une intervention sur
le moteur 1
- 77 -
Comportements Types
NOTES :
- 78 -
Comportements Types
28
Comportement type : Comportements types associés :
Surcharge cognitive Sous-anticipation, Novice,
Sous-confiance (machine), Stress aigu
Signes Remède
- 79 -
Comportements Types
NOTES :
- 80 -
Comportements Types
29
Comportement type : Comportements types associés :
Sur-confiance (en soi) Rebelle, Recherche de risque,
Obstination
Signes Remède
- 81 -
Comportements Types
NOTES :
- 82 -
Comportements Types
30
Comportement type : Comportements types associés :
Sur-confiance (machine) Laisser-faire, Recherche de risque,
Erreur de représentation, Routine
Signes Remède
- 83 -
5
LES SIGNES
Vous observez vos élèves en instruction. Pour décrire leur comportement*, il est utile de
pouvoir nommer les signes* qui vous paraissent remarquables. Ils expriment la
personnalité et les capacités* propres d’un pilote, et aussi ils correspondent à un mode
particulier d’interaction entre un élève et son environnement de pilotage, entre des
membres d’équipage, ou entre le (les) élève (s) et vous.
Ces signes* peuvent se regrouper dans les profils les plus fréquemment rencontrés en
instruction. Ces profils sont décrits comme des comportements types au chapitre 4.
Essayez d’identifier un ou plusieurs signes* observables, puis recherchez les
comportements types auxquels ils peuvent appartenir. Quand vous aurez formulé
quelques possibilités, recherchez d’autres signes*, pour tenter de confirmer ou
d’infirmer vos hypothèses.
Quand vous vous serez fixé sur une hypothèse, retournez dans le chapitre 4. Consultez
les remèdes préconisés.
- 85 -
Signes
L’INDIVIDU L’AVION
L’EQUIPAGE L’INSTRUCTION
11 ATMOSPHERE 15 L’INSTRUCTEUR
12 LEADERSHIP 16 LA SITUATION D’INSTRUCTION
13 COMMUNICATION*
14 BRIEFINGS
Pour chaque famille, vous trouverez dans le tableau qui suit la liste des signes* de la
famille regroupés par rubrique comme indiqué ci-dessus. En face de chaque signe, vous
trouverez les comportements types que vous pouvez essayer d’associer. La corrélation
présentée ici n’est évidemment pas exhaustive. Vous la compléterez avec l’expérience.
En consultant alors au Chapitre 4 les fiches correspondantes des comportements types
indiqués, vous retiendrez celui qui vous paraît correspondre le mieux aux autres signes*
que vous avez observés.
- 86 -
Signes
L’INDIVIDU ☺ 2. Erreurs
- 87 -
Signes
L’INDIVIDU ☺ 3. Compréhension*
- 88 -
Signes
- 89 -
Signes
L’INDIVIDU ☺ 5. Décision
- 90 -
Signes
L’AVION ✈ 6. Procédures
- 91 -
Signes
- 92 -
Signes
- 93 -
Signes
L’AVION ✈ 9. Automatismes
- 94 -
Signes
- 95 -
Signes
- 96 -
Signes
- 97 -
Signes
- 98 -
Signes
- 99 -
GLOSSAIRE
- G1 -
Glossaire
Affirmation de soi
(modèle d'Hopkins)
HOPKINS distingue plusieurs niveaux dans la façon d'affirmer sa présence dans une
relation de collaboration avec autrui. Ce modèle est applicable aux situations
d'instruction et au travail en équipage.
• Passivité
Le sujet n'ose pas s'exprimer. Il fait un timide essai et, s'il n'y a pas de réaction, ne
dit plus rien et laisse faire. On appelle ce type de comportement* “le syndrome du
copilote “.
• Transmission de l’information
L'information est communiquée franchement. Même si l'interlocuteur n’a pas
répondu, l'information est considérée comme reçue.
• Transmission de l'information et suggestion
L’information est transmise clairement. Une option est proposée, éventuellement
sous forme interrogative.
• Critique
Une option choisie par l’autre est critiquée.
• Conflit
Le conflit est une situation extrême dans laquelle des points de vues divergents
sont affirmés sans compromis apparent.
Anticipation
Anticiper, c'est travailler sur des informations qui ne sont pas le résultat de notre
perception, mais de notre imagination. L'anticipation* est indispensable pour éviter un
pilotage réactif. Anticiper réactive les “filtres” mentaux et les savoir-faire utiles pour
l'action à venir. Anticiper permet aussi de décider avant l'action, quand la contrainte du
temps ne se fait pas encore sentir.
L'homme anticipe les situations auxquelles il doit faire face parce que ses ressources*
cognitives sont limitées. Cette activité permet d'éviter la saturation ou le blocage du
système cognitif* liés à une trop grande quantité d'information à traiter en temps réel.
Aptitudes
- G2 -
Glossaire
Attentes
Les attentes de l'instructeur pilotent son projet pédagogique pour l'élève. Elles sont
déterminées par la représentation que l'instructeur se fait de l'élève et du processus
d'apprentissage.
Les attentes de l'élève pilotent son projet de formation. Elles sont influencées par la
représentation qu'il se fait de l'instructeur et du processus d'instruction.
Ces deux groupes d'attentes doivent coïncider au mieux pour que les objectifs* de
formation soient atteints (synergie d'instruction).
Attention
Comme il nous est impossible de traiter tous les aspects de la réalité en même temps,
notre première stratégie* est de faire du séquentiel.
Nous passons d'un sujet à un autre. Nous concentrons nos ressources* disponibles sur
un seul objet à la fois. Ce phénomène est appelé “l'attention”. En simplifiant, on pourrait
dire que notre attention balaie la réalité comme le spot d'une torche. Le circuit
d’attention est piloté par nos attentes*, nos objectifs et nos priorités, et aussi bien sûr
par les événements marquants qui se produisent autour de nous, qui sont capables
d'attirer notre attention (une alarme est conçue pour ça).
Attitude
Une attitude est une disposition mentale qui influence les comportements* et les réactions
d'un pilote envers autrui et envers les objets dans les situations qu'il rencontre.
Les attitudes spontanées reflètent la personnalité. Elles orientent le pilote vers des
comportements* naturels s'il ne fait pas d'effort particulier. L'entraînement permet de
développer des attitudes professionnelles qui orientent vers des comportements* plus
adaptés au métier.
Béhavioriste
- G3 -
Glossaire
Capacités
Les capacités d'un pilote sont constituées de l'ensemble des ressources* internes
(mentales et physiques) qu'il peut mobiliser pour l'activité de pilotage.
Cognitif
Communication
.
Communiquer suppose la transmission d’un message qui active une modification de la
représentation* mentale de celui ou celle qui le reçoit (récepteur). Ces messages sont
exprimés par des codes (parole, écrits, gestes, regards).
Le récepteur d'un message doit, pour le comprendre, traduire le code. La clé du code
dépend du contexte du récepteur (par ex. : préparation du vol, situation d'approche,
situation de panne).
Le récepteur doit interpréter le message dans le même contexte que l'émetteur.
- G4 -
Glossaire
Compétence
L'ensemble des situations qu'un pilote est en mesure de maîtriser (sur un ou plusieurs
types d'avions) définit sa compétence de pilotage. La compétence varie spontanément
assez lentement dans le temps (effet de l'expérience). L'apprentissage organisé peut
l'enrichir plus rapidement.
• Par extension, l'ensemble des qualités requises pour maîtriser les situations
correspondant à un niveau donné est parfois appelé “compétences* du pilote”.
Comportement
Compréhension
Confiance
- G5 -
Glossaire
• PHASE INITIALE
Le pilote acquiert un noyau de compétences* suffisantes pour piloter l'avion lors
de la qualification sur le type. Mais ce noyau ne permet pas d'établir un niveau de
confiance élevé dans les systèmes, et dans ses capacités* à maîtriser l'avion dans
toutes les situations.
• PHASE D'EXPLORATION
Le pilote augmente son expertise* par une exploration active et personnelle des
limites du système. Il se rapproche suffisamment des limites du système pour juger
de ce qu'il sait faire ou non. Une fois cette représentation* des savoir-faire établie,
l'expertise* arrête de grandir, la confiance est installée. Attention ! Aucun pilote
n'atteint les limites de l'ensemble des connaissances* que l'on pourrait avoir sur
un système (sur un type d'avion).
• PHASE DE RETRACTION
Rétraction de l'expertise* à un noyau correspondant à l'utilisation habituelle de la
machine. La confiance acquise reflète la marge de sécurité laissée par cette
rétraction pour répondre à des situations rares.
Connaissance
- G6 -
Glossaire
CRM
Ce type de formation complète l'instruction traditionnelle qui met surtout l'accent sur les
aspects techniques du pilotage. Elle est autant une éducation des comportements*
qu'une formation. Elle part d'un principe de base : on ne change pas les personnalités,
seulement les attitudes* et les comportements*.
Série de petites décisions trop limitées et mal adaptées, chacune compromettant les
chances de réussite de la suivante
Engagement
Décider, c'est s'engager, engager sa responsabilité dans une voie au détriment des
autres, dans un risque* de préférence aux autres. L'engagement est d'autant plus fort
que la décision est solitaire, qu'elle est irréversible, que les conséquences du succès ou
de l'échec sont importantes, que le cours des choses est incontrôlable une fois que le
“coup est parti” (décision “balistique”), et que les bases de la décision sont difficiles à
rendre rationnelles.
• Le stade cognitif
Découverte de la machine, apprentissage des circuits. A ce stade l'exécution se fait
avec les habitudes de la machine précédente. Nombreuses erreurs de manipulation
(époque de la qualification sur le type et des 100 premières heures de vol).
• Le stade associatif
Développement de règles et de schémas* spécifiques à cette nouvelle machine :
on prend ses habitudes, et on commence à se sentir en confiance. Premier stade
vrai de l'expertise. Se prolonge jusqu'à environ 600 à 800 heures de vol sur avion de
type “glass cockpit”.
- G7 -
Glossaire
• Le stade autonome
L'expertise continue lentement de croître. La connaissance* devient totalement
automatisée, machinale (schémas*), avec une grande difficulté à la décrire
verbalement. Nombreuses erreurs de routine*.
Facteurs Humains
Facteurs influençant la performance* d'un système piloté par des opérateurs humains,
et dont les variations trouvent leur origine dans le couplage entre les opérateurs et le
reste du système, par opposition à une origine purement technique.
LOFT
Utilisation particulière des simulateurs pour recréer un vol standard avec un niveau
d'incidents représentatif d'une charge de travail plausible en exploitation habituelle de la
machine. Les incidents ne sont pas uniquement techniques (par exemple ambiguïté du
contrôle aérien, intervention à répétition du personnel commercial dans des phases clés
du vol, etc.). Les équipages sont observés par un instructeur capable de commenter
aussi bien les aspects techniques de leur performance* que les “facteurs humains*” :
qualité de la synergie, communications, etc. L'aide d'un enregistrement vidéo est
souhaitable.
Motivation
La motivation est une qualité humaine qui permet de pousser sa performance* pour
atteindre un objectif auquel on tient. Une forte motivation permet d'améliorer sa
performance* dans tous les secteurs :
• Vigilance, attention*
• Capacité* de traitement de l'information
• Résistance au stress
• Humeur, relations avec les autres, etc.
• l'optimum de motivation : quand la motivation devient trop grande, les enjeux trop
importants, la courbe des effets sur la performance* s'inverse (courbe en U
renversé), la performance* s'écroule. Un certain équilibre est donc à rechercher
pour une motivation efficace, mais acceptable dans le cadre du travail et de la
sécurité.
- G8 -
Glossaire
Objectif de formation
Pour l’élève, un “objectif” peut être une connaissance* à acquérir (mécanique du vol),
ou un savoir-faire à maîtriser (atterrir), ou encore un niveau de performance* à atteindre
(réaliser correctement une approche NDB).
Pour l’instructeur, un “objectif” est plus encore. Il s’inscrit dans un plan de formation
pour chaque élève. Ce plan dépasse la description de la progression fournie par les
programmes généraux ou analytiques d’instruction. Il renvoie à des stratégies et à des
outils pédagogiques. Il fait appel à l’expérience vécue par l’instructeur avec les élèves
précédents. Il est également déterminé par rapport aux normes utilisées par les
contrôleurs qui testeront l’élève. Chaque objectif représente une petite partie du métier
auquel l’instructeur prépare l’élève.
Opérationnalisation
Mise en œuvre pratique d'une connaissance* ou d'un acquis restés jusque-là théoriques.
C'est la réalisation d'un potentiel, le passage à une capacité* (cf.) opérationnelle.
Performance
La performance humaine est une mesure qualitative ou quantitative d'une activité humaine
par rapport à une référence. L'activité mesurée peut être physique, psychophysiologique, ou
mentale, élémentaire (tirer sur le manche), complexe (navigation).
Les modèles de la performance décrivent l'influence des facteurs qui produisent
ses variations.
On comprend par différence, l’écart entre ce qui est attendu et ce qui est perçu. Ce qui
est attendu est déterminé par ce qu'on appelle notre “représentation* mentale de la
situation” ou encore notre “projet d'action”. Le “projet d’action” contient et tient à jour
trois catégories d'informations :
• Les actions que je vais devoir faire, mes intentions d’action.
• Ce qui peut m'arriver : je sais que les moteurs peuvent tomber en panne, etc.
• Une liste de choses à surveiller, qui me comprend moi-même, car je sais que je fais
des erreurs, que j'ai des points faibles.
- G9 -
Glossaire
• Enfin, dans quelques cas, la situation est totalement inconnue. Le pilote doit
mobiliser toutes ses connaissances* et créer des schémas* nouveaux. C'est le
"knowledge-based behavior," comportement* créatif, mais extrêmement lent,
coûteux en ressources*, impossible à maintenir longtemps, et très incertain dans
son résultat. Bien que caractéristique de l'intelligence humaine, ce comportement*
est peu adapté aux situations dynamiques et doit être évité autant que faire se peut
par un entraînement professionnel efficace.
- G10 -
Glossaire
Représentation mentale
Quand elle est appliquée au monde réel, on parle de représentation de la situation. Elle
peut par ailleurs rester purement virtuelle (situation imaginaire).
La représentation mentale est très liée au projet d'action (cf.)
Ressources
On appelle ressources cognitives (cf.) l'ensemble des moyens dont nous disposons pour
traiter la connaissance (cf.).
L'homme est limité en ressources cognitives, il doit donc en gérer l'usage à tous les
instants. Il craint les situations de saturation et ajuste ses comportements* et ses choix
en conséquence.
Risques
Dans sa gestion des risques, le pilote prend en compte deux grands types de risques
différents :
• Risque interne : Egalement dit “subjectif”, mesure le risque d’échec dans la mise
en œuvre d’une solution connue, par manque de temps ou de savoir-faire chez un
opérateur donné. C’est le risque interne qui domine dans les décisions et le
contrôle des actions humaines.
Routine
- G11 -
Glossaire
Schéma
◊ Un savoir sur la procédure, déformé par rapport aux procédures des livres,
(simplifié pour les aspects bien maîtrisés, très détaillé et protégé pour les
aspects mal maîtrisés), évolutif avec l'apprentissage.
◊ Des incidents associés avec les réponses adaptées
◊ Des points de contrôle, surtout pour les parties de la procédure jugées
difficiles par le pilote.
Signes
• Signe d'appel : signe observé par l'instructeur, dont la récurrence invite à vérifier
s'il est le symptôme d'un comportement type.
• Signe de confirmation : signe recherché par l'instructeur, qui vient confirmer une
hypothèse sur l'existence d'un comportement type.
Le balayage de l’attention* n’est pas limité à l’espace (ex. : circuit visuel). Il concerne
aussi le temps. Pour pouvoir comprendre et contrôler une situation dynamique, il faut se
souvenir de ce qui s’est passé, s’intéresser à ce qui se passe, et anticiper ce qui se
passera. Comme on ne peut pas tout faire à la fois, notre circuit attentionné balaie
alternativement le court terme (problèmes tactiques) et le long terme (problèmes
stratégiques).
- G12 -
Glossaire
Style cognitif
Un style cognitif* (cf.) décrit la manière dont un pilote fait appel à ses ressources* (cf.)
sensorielles et mentales pour traiter l'information nécessaire au pilotage d'un aéronef.
Dans les situations d'apprentissage, l'élève et l'instructeur doivent comprendre leurs
styles cognitifs respectifs. Pour l'instructeur, le style de l'élève est une donnée. Il doit
adapter son propre style en fonction des attitudes* d'instruction qui lui paraissent les
plus appropriées.
Tâche
Une tâche est définie par des buts à atteindre et des moyens pour les atteindre. Un but
complexe se décompose en sous-buts plus simples (par ex. “prendre de l'information sur
les instruments” se décompose en différentes étapes du circuit visuel).
L'instructeur définit des tâches à exécuter par l'élève (tâches prescrites). L’élève les
réalise (tâche réelle). L'écart entre la prescription et la réalisation est une mesure de
l’apprentissage.
- G13 -
GUIDE réalisé par la société Dédale, Airbus Training et
l’Ecole de Pilotage Amaury de la Grange
dans le cadre du marché DGAC n° 97.52.004
Conception et Impression
Service de l’Information Aéronautique
8, Avenue Roland Garros
BP 245
F. 33698 Mérignac Cedex
Tél : + 33 (0)5 57 92 56 68 Fax : + 33 (0)5 57 92 56 69
Édité et imprimé par : ISBN N° 2-11-091-281-2 – Photo : Peter Samuels/Fotogram Stone Images
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