Caterpillar 980
Caterpillar 980
Caterpillar 980
à la mine de Mairy
Etude réalisée en 1975 par l’équipe de Direction de la Mine de Mairy (Claude GIROD - Directeur,
François Xavier BIBERT – Ingénieur d’exploitation, M. SERVAIS – Ingénieur d’entretien et
M. Joseph PERSOLJA – Chef comptable) et publiée en mars 1975 dans la revue de l’Industrie Minérale.
LE CATERPILLAR 980
PREMIERE PARTIE : UTILISATION ET RESULTATS TECHNIQUES
CONCLUSION
CHAPITRE A : HISTORIQUE DE L'EMPLOI DES CHARGEURS-TRANSPORTEURS DANS
LES MINES
Vers les années 1960/1965, le chargement mécanique du minerai dans les mines de fer de
Lorraine était réalisé en presque totalité par des équipements comprenant une chargeuse
électrique à pinces, montée sur chenilles et desservie par des camions diesel. Cet ensemble, qui
assurait la liaison entre le front de taille et le quai de remplissage des wagons, avait pris la relève
des treuils de raclage qui étaient, à l'époque, en voie de disparition. Au même moment une
nouvelle technique faisait son apparition, qui consistait à utiliser un engin unique pour la
réalisation du chargement et du transport, dans les mêmes conditions que ci-dessus : cet engin,
communément appelé chargeur-transporteur, est un dérivé des machines traditionnelles de
travaux publics et constitue une synthèse de l'équipement classique évoqué plus haut. En effet
son godet, monté à l'extrémité d'un système de bras articulés, remplace les pinces de la
chargeuse en même temps qu'il se substitue à la benne du camion, tandis que ses roues à pneus
jouent le même rôle que celles du camion : il assure ainsi la liaison complète entre le stock de
minerai et le wagon.
A première vue, ce dispositif s'est avéré, dès le départ, intéressant grâce à l'économie importante
de main-d'œuvre qu'il permettait de réaliser, mais il ne fallait cependant pas sous-estimer les
inconvénients que cette concentration d'opérations pouvait entraîner et dont les deux principaux
étaient le tonnage unitaire transporté et la distance de roulage maxima admissible.
Ces considérations étant faites, la mine de Mairy a estimé dès l'origine que les avantages
devaient être supérieurs aux inconvénients, et elle a mis en service un engin de ce type en juillet
1966 : il s'agissait d'un Wagner modèle ST5, équipé d'un godet de 3 500 litres. Une nouvelle
organisation de quartier a alors été conçue pour permettre à cette machine de travailler dans des
conditions optima (voir chapitre suivant) : depuis cette date, la méthode a été longuement
expérimentée et elle est correctement au point. Parallèlement à cette évolution les engins ont, de
leur côté, progressé dans le domaine de la capacité et des performances, et nous employons
maintenant des Caterpillar 980 équipés de godets de 4500 litres : ce sont eux qui vont faire l'objet
de la présente étude.
L'emploi des Caterpillar à la mine de Mairy remonte à septembre 1969, date à laquelle nous
avons mis en service notre premier « 966 ». Le passage au « 980 » s'est effectué 3 ans plus tard
et s'est traduit aussitôt par une amélioration importante des résultats, due principalement à
l'augmentation de capacité du godet, à une robustesse accrue de l'engin, à un moteur dont la
puissance a été largement calculée, enfin à des dimensions qui confèrent à la machine des
conditions d'emploi confortables pour le conducteur.
Si l'on ajoute à cela que la capacité de ce modèle se trouve quantitativement très bien adaptée
aux performances de nos équipes d'abattage du minerai on peut, en abordant cette étude,
affirmer d'emblée que le Caterpillar 980 nous procure, dans nos quartiers de traçage, une
excellente productivité.
Si la méthode traditionnelle des chambres et piliers utilisée dans les mines de fer n'a pas eu à
subir de modification fondamentale du fait de l'introduction des chargeurs-transporteurs, il n'en
reste pas moins que nous avons dû, pour ce qui concerne la phase traçages (les dépilages n'ont
pas encore été commencés à Mairy), opérer une adaptation dans l'organisation du quartier afin de
permettre un emploi judicieux et efficace du nouvel engin.
Nous avons vu plus haut qu'une des deux limites inhérentes au chargeur unique était la distance
de parcours à l'intérieur du quartier: c'est en fonction de ce problème qu'a été défini le nouveau
découpage à adopter dans nos traçages. Cette distance de parcours n'a pas, a priori, de limite
supérieure mais nous avons cherché, bien entendu, à la maintenir la moins longue possible. Ceci
implique, la voie de roulage des wagons se trouvant au milieu d'un faisceau de galeries, de
diminuer l'extension transversale du quartier et de compenser cette diminution par un avancement
plus rapide du faisceau, ce qui entraîne, comme conséquence, une pose de voie plus fréquente.
Pour permettre cette pose, sans abandonner l'objectif d'un roulage court, nous avons conçu un
schéma dans lequel les galeries centrales du faisceau sont toujours très nettement en avance sur
les autres, cependant que certains chantiers et tertiaires en amont du quai ne sont pas encore
tracés, ce qui donne à la progression de l'ensemble l'allure d'une pointe de flèche (figure 1).
Pour un quai de chargement se trouvant en position n, les travaux s'échelonnent ainsi depuis la
tertiaire n-1 jusqu'à la tertiaire n+3 avec, en permanence, un rayon d'action admissible dont la
longueur moyenne mensuelle oscille entre 100 et 200 m de trajet simple (voir graphique figure 2
relatif au premier 980 mis en service).
Le plan de la figure 1 reproduit la géométrie d'un tel quartier dans lequel le quai est déplacé tous
les 108 mètres, chaque cycle ainsi défini représentant environ 1150 m de galeries, soit 80 000 t
de production pour une durée d’exploitation de 3 mois en marche à 2 postes. Notons, en passant,
que la confection du quai ne nécessite pas de rampe d'accès mais seule ment une « cloche »
dans le toit à l'aplomb de la berline, ce qui constitue une simplification indéniable.
Il n'est pas question ici d'établir la monographie complète d'un quartier fonctionnant avec chargeur
Caterpillar, mais seulement d'esquisser les grandes lignes de l'organisation de ce type de
quartier :
- Cette organisation est intimement liée à l'effectif qui comprend 4 hommes par poste,
répartis en 2 groupes de 2 et régis par un impératif qui est la marche continue du
jumbo et du chargeur pendant tout le poste. De plus, la conduite du chargeur n'étant
confiée à un même homme que pendant 1 demi poste, cela nécessite qu'il soit
polyvalent et, plus précisément, apte à la foration. Le schéma figure 3 indique la
répartition des tâches du personnel. On y remarquera de plus, qu'en fin de poste,
toute l'équipe participe au tir des volées (oxygène liquide)
- Le matériel comprend :
- Le boulonnage fait partie du travail de l'équipe : foration des trous et pose des boulons
par le foreur - serrage par un mineur.
- Pistes de roulage : elles sont jusqu'à présent brutes de foration, avec un simple
nettoyage effectué par un chenillard. Nous reparlerons de ce problème dans la dernière
partie de l'étude.
- Aérage : 25 m3/s
- Résultas obtenus : nous donnons ici les chiffres relatifs au quartier G déjà cité, où se
trouve le plus ancien de nos CAT 980. Ces résultats concernent l'ensemble de l'année
1973 :
Production totale : 305381 t
Production par poste : 667 t
Rendement mineurs 234,2 t
Rendement chargeurs : 674,9 t
Rendement quartier : 173,9 t
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
LE CATERPILLAR 980
PREMIERE PARTIE
UTILISATION ET RESULTATS TECHNIQUES
Les chargeurs sur pneus modèle 980, dont nous allons maintenant étudier l'emploi et donner les
résultats qu'ils permettent d'obtenir en travaux miniers, sont des engins conçus initialement pour
le chargement de camions situés à proximité immédiate du point de travail. Leur introduction dans
les galeries de mines a évidemment posé quelques petits problèmes d'adaptation. Nous en
retiendrons trois principaux, qui sont :
Nos CAT 980 ont bénéficié, dès leur mise en service, des essais que nous avions effectués sur le
modèle 966 utilisé antérieurement. Ces essais avaient permis de choisir, parmi plusieurs modèles,
un type de godet particulièrement bien adapté que nous nous sommes contentés de transposer,
le moment venu, sur le 980. Il nous a semblé intéressant de rappeler ici les grandes lignes de ces
essais, ainsi que leurs résultats. Les trois types utilisés en concurrence sont représentés dans les
mêmes conditions (figure 4) et ils correspondent aux caractéristiques principales suivantes :
- Type A : c'est le modèle « Roc » standard de fabrication américaine, livré d'origine sur
les chargeurs Caterpillar. Il est caractérisé par un fond plat assez large, et son axe de
fixation se trouve relativement haut.
- Type B : il s'agit d'un godet fabriqué en France par un sous-traitant de Bergerat-
Monnoyeur, de forme assez voisine de celle du précédent mais avec une rupture de
pente entre le bas du godet et la lame d'attaque.
- Type C : il a été fabriqué par l'usine Caterpillar de Belgique et présente, outre une
profondeur plus grande, un fond arrondi et son axe de fixation est très nettement abaissé.
Très schématiquement, nous pouvons dire que les deux premiers types ont donné des résultats
sensiblement identiques à savoir, d'ans le cas du modèle 966, un temps moyen de remplissage
légèrement inférieur à 30 secondes avec un remplissage sur cinq nécessitant deux passes.
Le troisième type au contraire a permis d'abaisser le temps de chargement à moins de 20
secondes, tandis qu'une fois sur huit seulement il était nécessaire d'opérer le remplissage en deux
fois. Nous pensons que ces résultats meilleurs sont la conséquence de l'arrondi du fond qui
permet une pénétration du minerai plus régulière et plus facile, ainsi que de la position du point
d'application de l'effort tangentiel du godet qui se trouve beaucoup plus près du sol. Ces deux
facteurs permettent, à n'en pas douter, de réduire dans des proportions importantes l'opération de
cavage qui est à la base même du remplissage du godet.
Il est certain aussi que ce dernier modèle, qui est bien entendu celui que nous avons adopté, a
une meilleure influence sur la tenue mécanique de la machine. Tous ces godets sont munis d'une
lame d'attaque en forme de pointe tronquée, les dents traditionnelles équipant des lames droites
ne convenant pas à nos conditions de travail.
En ce qui concerne le transport, les types A et C sont mieux adaptes que le type B mais
conservent néanmoins le handicap de la conception du chargeur qui n est pas, d'origine, destiné à
ce travail. Cela se traduit par un relèvement insuffisant du godet d'où une perte inévitable de
matériaux en cours de trajet et un salissage progressif des pistes
La charge utile transportée ayant une influence directe sur les performances de la machine, il
convenait de définir la capacité maximum compatible avec les caractéristiques mécaniques du
chargeur. Le constructeur recommande de ne pas dépasser, pour un engin travaillant en chargeur
pur, la moitié de la charge limite d'équilibre statique (que nous désignerons désormais par
C.L.E.S.), cette charge étant calculée dans la position la plus défavorable, c'est-à-dire avec bras
de levage en position horizontale. Dans cette situation, les positions relatives du godet et des
deux essieux sont schématisées sur le croquis de la figure 5. Compte tenu des équipements
spéciaux montés sur le type « Mine » (bac de barbotage, réserve d'eau et pare-chocs autour du
moteur), la répartition du poids à vide est de
12 t sur l'essieu AV
11 t sur l’essieu AR
Une charge de 1 t placée dans le godet se répartit suivant :
1 force pesante F1 sur l'essieu AV
1 réaction F2 sur l'essieu AR
liées par les relations
F1 - F2 = 1t
F1 X 2,30 = F2 X 5,60
dont on tire
F1 = 1,7 t
F2 = 0,7 t.
La C.LE.S. ou limite de basculement sera atteinte lorsque la réaction totale Somme de F2 sera
égale au poids mort appliqué sur l'essieu AR, soit pour :
11
= 1−,6t
0,7
Mais dans ces conditions d'emploi, le transport implique, pour des raisons mécaniques bien
évidentes, que le godet chargé soit toujours en position basse pour laquelle le bras de levier 2,30
m est ramené à 1,90 m: les 2 forces deviennent alors F1 = 1,5 t et F2 = 0,5 t, ce qui conduit à une
C.L.E.S. de 11 t.
Nous avons donc adopté un godet de 4 500 l de capacité S.A.E. qui peut, dans les meilleures
conditions, recevoir une charge de 9 t (figure 6)
Contrôle : une pesée expérimentale nous a donné les chiffres suivants:
Essieu AV = 24,8 t
Essieu AR = 6,9 t
d’où une charge au godet de 8,7 t. En répartissant ce poids suivant F1 et F2 définis plus haut, on
obtient 25 t à l'AV et 6,7 t à l'AR, c'est-à-dire des chiffres tout à fait comparables à la réalité.
Figure 7 : Caterpillar 980 : Remplissage du godet
(photo François Xavier Bibert)
Ce chapitre constitué essentiellement de chiffres, est tout entier contenu dans Ie tableau 1 qui
donne les résultats totaux et performances moyennes de nos machines depuis leur mise en
service. Quelques lignes d'explications et de commentaires suffiront à en compléter la teneur :
- Les heures de fonctionnement sont fournies par un compteur de puissance dont la
correspondance avec l'heure réelle est basée sur une vitesse du moteur de 1 600 tr/mn.
Suivant les conditions de marche, l'écart avec le temps réel peut atteindre 20 %. Cette
façon de compter nous paraît néanmoins bien adaptée à la représentativité des résultats.
- Tout le tonnage chargé au chantier est, bien entendu, transporté par le Caterpillar lui-
même jusqu'au point de déversement en wagon. Les dimensions de nos wagons (4,50 m
de longueur de caisse X 2 m de largeur pour une capacité en eau de 10 250 I) facilite le
déchargement du godet qui est très rapide. Lorsqu'un déversement fractionné est
nécessaire (fin de wagon), cela ne pose aucun problème. Tous les wagons sont pesés
avant culbutage.
- Sont réputés « postes de travail » tous ceux au cours desquels il y a eu des wagons
chargés, quel que soit leur nombre.
Les postes de pannes en arrêt complet qui se trouvent confondus avec un jour de
chômage hebdomadaire, ne sont pas pris en compte dans la statistique.
Si l'on décompte pour moitié les postes de marche partielle, le taux de disponibilité des
engins oscille entre 90 et 94 %.
- Les durées de fonctionnement par poste correspondent non seulement aux cycles
normaux déchargement/transport, mais aussi aux opérations annexes telles que la purge
des chantiers qui est effectuée avec le godet de l'engin, déplacements pour ravitaillement
en fuel et eau, attentes diverses, etc.
- Cela explique que les débits horaires indiqués soient inférieurs (de 12 à 15 % environ)
aux débits réalisables en fonctionnement classique permanent. Ce sont donc, pour nous,
des débits pratiques correspondant aux conditions de notre exploitation.
marche, l'écart avec le temps réel peut atteindre
- Enfin, précisons que les distances de roulage sont évaluées chaque mois de façon
exacte, par moyenne pondérée des chantiers en activité. Les chiffres moyens du tableau
sont les moyennes arithmétiques des mois concernés par la statistique.
Chronométrages
Une étude a été faite sur 3 postes en février 1973, mais nous nous abstiendrons d'en publier les
résultats car :
1. Ils ne nous ont rien appris que nous ne sachions déjà et qui ne figure de façon explicite
ou implicite dans les pages de ce rapport.
2. Dans des opérations où le facteur humain intervient au moins autant que la
performance mécanique, le comportement du personnel contrôlé est toujours influencé
par la présence des opérateurs et il faut bien se garder des normes trop absolues.
CHAPITRE 3 : INFLUENCE DE LA DISTANCE SUR LE DEBIT
Nous avons dit, au début de la présente étude, que la distance de parcours était, avec la capacité
du godet, un élément prépondérant dans les performances de la machine. Nous en avons eu un
aperçu global au chapitre précédent, mais le chiffre moyen de débit horaire indiqué pour chaque
chargeur ne permet pas une relation précise entre ce débit et la distance de transport.
Pour établir le rapport existant entre ces 2 grandeurs, nous avons donc porté sur un graphique
(figure 10) tous les points correspondant aux débits moyens et distances moyennes enregistrés
chaque mois pour nos Caterpillar 980. Cela représente 43 points, qui se répartissent suivant une
bande dont la ligne centrale peut être considérée comme la courbe de variation du débit en
fonction de la distance simple de roulage. Cette courbe empirique n’est, bien entendu, valable que
dans des conditions propres à la mine de Mairy (en liaison avec l’organisation du travail dans le
quartier) et pour des pistes généralement non revêtues et médiocrement entretenues.
On voit immédiatement que le débit ce ces chargeurs n’est pas comparable a celui qu ils peuvent
réaliser en carrière ou en travaux publics. Il nous a donc paru intéressant de faire figurer ici un
calcul prévisionnel (que nous avions fait en janvier 1972) et ce, dans le double but :
Les courbes représentatives de ces deux cas sont tracées sur le même graphique que celle de
nos résultats pratiques (figure 10), qui apparaissent ainsi meilleurs que la plus optimiste de nos
prévisions.
On pourrait alors penser que nos bases théoriques ont été sous-estimées, mais nous devons à la
vérité de dire que notre étude de 1972 comportait aussi la courbe du Caterpillar 966 et que, pour
ce modèle, les résultats pratiques ont été moins bons que la prévision. Ceci explique donc toute la
part qualitative non chiffrable déjà évoquée dans notre premier chapitre, qui a participé, pour le
Caterpillar 980, à l'augmentation notable de ses performances par rapport au modèle inférieur.
Signalons enfin, qu'à titre de contrôle, nous avons porté sur le graphique les points moyens (voir
tableau 1) de nos 4 premiers engins depuis leur mise en service, et cela appelle les commentaires
suivants :
Il va sans dire que des conditions techniques différentes ou des pistes d'une autre nature
modifieraient très certainement l'allure de cette courbe.
Les travaux nécessités par nos machines sont effectués sous la responsabilité du Service
Entretien de la mine, et orientés suivant les trois axes d'activité suivants :
Entretien préventif
C'est celui qui constitue de loin la part la plus importante des interventions relatives au chargeur
CAT 980. Il se fait 1 une fois par semaine lors de l'arrêt hebdomadaire du quartier, la machine
étant ainsi à la disposition des mécaniciens pendant un poste complet. Le travail de ces
mécaniciens est programmé sur des fiches de travail (F.T.) établies par le B.P.A. à la suite du
rapport fait par le mécanicien « visiteur », qui effectue au moins un contrôle hebdomadaire sur
chaque machine. Les défectuosités constatées sont, bien entendu, classées suivant l'urgence
d'intervention, qui peut aller de l'arrêt immédiat jusqu'à plusieurs semaines si le tableau de charge
de l'entretien hebdomadaire est important.
L'approvisionnement des pièces nécessaires à tous les travaux ci-dessus est également du
ressort du B.P.A.
Entretien palliatif
Aussi efficace que puisse être l'entretien préventif, on ne peut pas éviter des pannes nécessitant
un arrêt immédiat : point n'est besoin de s'étendre sur ce chapitre car tout alors n'est qu'une
question de rapidité liée, la plupart du temps, à l'approvisionnement en pièces de rechange de
façon à immobiliser le chargeur le moins longtemps possible. Cela implique bien sûr que certaines
pièces ou sous-ensembles importants existent en réserve à la mine, car l'envoi par le fournisseur
au moment de la panne entraîne souvent un arrêt prolongé qui touche, finalement, toute l'activité
du quartier.
Statistiques
Grâce aux fichiers que nous tenons continuellement à jour, nous avons la possibilité de connaître
à tout instant la situation exacte de nos chargeurs, chaque intervention ou panne survenue à l'un
d'eux y étant consignée avec précision.
Nous avons résumé sur le tableau 3, et par tranches chronologiques de 200 h, les principales
pannes que nous avons eu à déplorer sur les organes importants depuis la mise en service de
chaque machine. Cette statistique, qui présente un intérêt documentaire, n'est cependant pas
suffisante dans la présente étude pour préciser le comportement de nos engins dans leurs
conditions de travail. Aussi avons-nous complété cette énumération un peu sèche par le tableau 4
qui fait une analyse globale des plus importantes de ces pannes, en indiquant les améliorations
que nous avons apportées à la tenue mécanique des organes concernés.
Nous reviendrons au chapitre 6 sur le problème de l'entretien pour en définir le coût, mais on peut
conclure le présent chapitre en disant que le CAT 980 est une machine assez robuste dont la
tenue, dans le contexte très dur où elle évolue, nous donne jusqu'à présent satisfaction.
CHAPITRE 5 : LE PROBLEME DES PNEUS
Les pneumatiques constituent un élément important du chargeur à godet, car ils interviennent
dans plusieurs domaines essentiels où leur participation est prépondérante :
A l'époque de nos Wagner, puis CAT 966, Michelin était pratiquement le seul fabricant en mesure
de nous fournir les pneus nécessaires à ces engins. C'est donc tout naturellement que nos CAT
980 ont été à l'origine équipés avec des pneus de cette marque. Disons tout de suite que, sur les
2 montes possibles, le 23,5 X 25 a été écarté d'emblée, car l'expérience des 966 avait déjà mis
clairement en évidence l'insuffisance de la dimension standard. Nous ne parlerons donc, dans la
suite de l'exposé, que de pneus 26,5 X 25.
Après quatre ans d'utilisation sans histoire des pneus Michelin XKA sur les chargeurs 966 (durée
moyenne comprise entre 2 000 et 2 500 h) nous avons, dès le départ, rencontré des problèmes
avec le train AV des 980 : nous y reviendrons au sous-chapitre suivant. Précisons seulement qu'à
fin mai 1974, pour une durée globale de fonctionnement de 8 500 h environ, 20 pneus ont déjà
été mis hors service sur nos 4 premiers chargeurs, dont 18 à l'AV.
Cette situation nous a conduits à diversifier nos choix, et nous avons actuellement en service 4
types de pneus :
Les Michelin sont à carcasse métallique radiale, et les GoodYear à carcasse nylon entrecroisée.
Le dernier type équipe le chargeur n° 5 qui vient d'être mis en service : nous n'en parlerons donc
pas, mais analyserons le comportement des trois autres modèles.
Nous laissons aux fournisseurs l'entière responsabilité des choix qu'ils nous ont conseillés et qui
relèvent à la fois de la résistance des carcasses et de l'usure des bandes de roulement, et
rappelons que la coutume veut que l'on appelle AV le côté godet et AR le côté moteur.
Notre expérience actuelle permet de porter les jugements suivants :
- Michelin 1 étoile : très nettement insuffisant à l'AV (tous les pneus ont été détériorés
avant usure), mais se comporte correctement à l'AR. Il y a eu une erreur de choix
manifeste pour l'AV concrétisée par des déchirures prématurées de la carcasse.
- Michelin 2 étoiles : très bon pour l'AR, tandis qu'à l'AV la carcasse résiste mais la bande
de roulement s'use assez rapidement puis s'arrache par plaques. Ces arrachements
peuvent aussi avoir lieu avant usure.
- GoodYear : mis à part un pneu qui a péri par accident, les autres se comportent très
honorablement à l'AV comme à l'AR avec, toutefois, une différence d'usure entre les deux
positions.
Une autre cause de détérioration réside dans le sous-gonflage qui, par frottement du cercle sur le
talon du pneu, provoque une coupure circulaire souvent néfaste : elle est nettement visible sur la
photo 12b.
L'intérêt bien compris de l'exploitant consiste, bien évidemment, à faire durer les pneus le plus
longtemps possible de façon à réduire leur influence sur le prix de revient. Cette durée, si elle est
directement liée à la qualité du pneu et à son adaptation à la machine, qualités que nous
admettons implicitement, dépend aussi d'un certain nombre d'autres facteurs dont l'influence est
loin d'être négligeable.
1. Estimation prévisionnelle
Une telle prévision peut paraître utopique mais l'analyse qu'en a fait Michelin, et que nous
reproduisons dans le tableau 5 montre que, par rapport à une situation idéale, les coefficients
minorateurs sont nombreux et qu'on a parfois tort de s'étonner de l'usure rapide de certains
pneus.
Nous n'en dirons rien de plus si ce n'est que les chiffres relatifs à Mairy sont faibles et qu'un de
nos objectifs actuels est d'essayer de faire mieux que cette prévision.
Nous avons tenu une statistique très précise de nos pneus et les durées moyennes de chaque
type sont données dans le tableau 6 qui ne prendra, bien sûr, une réelle signification que lorsqu'il
comportera des données plus nombreuses. Il constitue cependant déjà une « photographie » de
la situation qui montre l'importance du problème tout en laissant entrevoir, dans les lignes qui le
complètent, un espoir d'amélioration.
En effet, si l'on fait, dès maintenant, entrer dans la statistique les 9 pneus encore en place mais
qui ont déjà assuré un service durable, la moyenne générale passe de 950 à 1 214 h, chiffre qui
est très proche de la prévision définie plus haut
Il n'est pas interdit de songer à dépasser, même assez nettement, cette prévision (l'amélioration
des pistes dont nous parlerons plus loin devra nous y aider) mais il semble exclu de pouvoir
retrouver les résultats du CAT 966. Toutefois, le débit nettement plus fort, du 980 permettra sans
doute un coût à la tonne à peine plus élevé
Le rechapage
Cette opération, très couramment pratiquée dans les mines des Etats-Unis où les engins sur
pneus sont fort nombreux, est beaucoup plus controversée en France où elle a ses adeptes et
ses opposants. Nous nous rangeons volontiers dans cette deuxième catégorie.
Pour que le rechapage soit justifié il faut, on effet qu'il conduise à un coût de revient inférieur à
celui des pneus neufs, or :
a) Il implique une carcasse en bon état, ce qui nécessite d'arrêter le pneu à rechaper
avant usure complète. Celle-ci pouvant intervenir très soudainement, il faut prendre
une marge de sécurité qui diminue la durée d'emploi du pneu : nous estimons cette
perte de fonctionnement à 20 % .
b) Le fabricant refuse souvent le rechapage après examen radioscopique de la carcasse :
la proportion est de l'ordre de 1 sur 3. La durée résiduelle ci-dessus est
irrémédiablement perdue car le pneu incriminé n'est pas remis en service.
c) Le prix du rechapage représente 70 % de la valeur du pneu neuf: les chiffres de mars
1974 pour Michelin XKA** étaient :
neuf 7740 F
rechapé 5430 F
Ces préalables étant posés, appelons x la durée d'un pneu neuf de valeur y et calculons quelle
doit être la durée z d'un pneu rechapé pour que le coût de revient qu'il entraîne soit inférieur à
celui d'un pneu neuf et qui est :
y
Cn =
x
Compte tenu de ce qui a été dit plus haut, la solution rechapage nécessite donc, par groupe de 3
unités :
- 3 pneus neufs à durée limitée 0,8 x prix unitaire y
- 2 pneus rechapés durée z0,7 y
- 1pneu neuf durée normale x y
(en remplacement du rechapage refusé)
d'où un coût de revient moyen
5,4 y
Cr =
3,4 x + 2 z
et la relation Cr < Cn conduit au résultat z > x, ce qui a de fortes chances de ne pas se réaliser
car les carcasses travaillent énormément (cavage) et elles peuvent lâcher prématurément.
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
DEUXIEME PARTIE
RESULTATS ECONOMIQUES
Ils sont concrétisés par la connaissance du coût d'un certain nombre de facteurs plus ou moins
détaillés et dont le regroupement en chapitre constitue un prix de revient. Ces coûts sont établis
par rapport à une base de référence qui est, soit la tonne, soit l'heure de marche.
Nous avons intentionnellement séparé ce coût des autres éléments du prix de revient car,
contrairement aux autres dépenses relativement constantes dans des conditions données, il peut
varier dans des proportions sensibles suivant l'âge de la machine, l'efficacité de son entretien, la
manière de la conduire,l'état des pistes de roulage, etc.
C'est d'ailleurs ce qui nous a incités à en suivre l'évolution séparément pour chacun de nos
chargeurs : cela nous permet, d'une part d'augmenter la précision de nos statistiques, et d'autre
part et surtout, de pouvoir définir correctement la date de leur renouvellement (on parlera plus en
détail de cette question au chapitre 8 consacré à la rentabilité).
Ces coûts sont détaillés pour nos 4 premiers 980 (la mise en service du cinquième étant trop
récente) dans le tableau 7 qui donne des dépenses à la tonne, référence habituellement utilisée
dans les mines de fer. A Mairy, nous avons coutume d'inclure dans l'entretien les frais de
pneumatiques : nous n'avons pas cru devoir y déroger mais néanmoins, comme nous faisons
figurer pour mémoire une référence horaire nous la donnons sans pneus, comme cela se fait dans
d'autres professions, afin de permettre des comparaisons plus faciles. Nous rappelons toutefois
que les unités horaires ne sont pas toujours les mêmes (voir chapitre 2) et qu'il faut être très
prudent dans les études comparatives.
Il n'y a guère pour l'instant de commentaire à faire sur ces résultats car nos chargeurs sont, dans
leur ensemble, encore très jeunes et il est normal qu'ils conduisent à des coûts relativement
modérés. Disons seulement que :
Nous nous sommes par contre penchés un peu plus sur l'analyse du prix de revient publié au
tableau 9 et qui établit une comparaison complète entre les CAT 980 et l'équipement classique
que nous utilisions jusqu'alors, constitué d'une chargeuse JOY 18 HR et deux camions JOY 14
D2. Cette comparaison est, à nos yeux, très intéressante car elle met clairement en valeur la
supériorité constante de l'engin unique réalisant à lui seul les deux opérations. Les rendements
très supérieurs ainsi obtenus ne sont un secret pour personne mais il était nécessaire, pensons-
nous, de mettre aussi l'accent sur l'intérêt économique incontestable que présente cette nouvelle
technologie. A cet égard, les chiffres du tableau parlent d'eux-mêmes et condamnent sans appel
le matériel ancien.
Pour une bonne interprétation des chiffres exposés, nous ajoutons les quelques remarques et
explications ci-après :
- Il s'agit d'une étude théorique basée sur des données techniques réalisables (et ayant
été réalisées)
dans des conditions normales, les coûts étant calculés sur les bases économiques
actuelles.
- En ce qui concerne les frais d'entretien, ils ont été définis pour du matériel présentant un
degré d'usure moyen. En particulier pour les Caterpillar, le chiffre correspond au
prévisionnel de 4000 h de marche (droite n° 2 sur la figure 13).
- Le coût des pneus du Cat. est établi d'après la formule Michelin (voir tableau 5) qui
correspond à une durée moyenne AV + AR de 1 260 h (prix unitaire d'un pneu 8 000 F),
et pour un débit moyen de 150 t/h.
- Nous avons bien évidemment tenu compte du taux de reprise du CAT (voir chapitre
suivant) lors de son renouvellement, avantage qui est exclu pour les autres matériels.
- Enfin notons, pour qu'aucun doute ne subsiste, que le rayon d'action plus faible du CAT
ne constitue pas dans le cas de la mine de Mairy un handicap, car le découpage de notre
gisement permet d'assurer une desserte correcte de nos quartiers avec parcours intérieur
limité à 250 m sans pose de voie supplémentaire, à la seule condition d'aménager des
quais de déchargement plus fréquemment (v.p.h. méthode d'exploitation), ce qui
n'entraîne pas d'augmentation des dépenses car le coût de ces quais est très inférieur à
celui des quais camions.
Il peut être intéressant, dans le but de rentabiliser au mieux un tel engin, de suivre l'évolution dans
le temps des dépenses qui varient avec l'ancienneté de la machine, à savoir la charge de capital
(autrement dit l'amortissement à la tonne) et les frais d'entretien. Cette étude, très simple, doit
permettre de voir s'il existe un moment où la somme de ces dépenses passe par un minimum et,
dans l'affirmative, d'en déterminer les coordonnées.
525000 3500
y1 = = y1 =
x X 150 x
et la courbe correspondante est repérée par le chiffre (1) sur le graphique de la figure 13.
Pour les frais d'entretien nous admettons une progression constante avec l'ancienneté, partant
d'un coût originel de 30 centimes pour aboutir à 1 f/t à 10000 h en entretien instantané : la droite
correspondante est tracée en tirets sur le graphique. L'entretien cumulé, qui est à tout moment la
moyenne arithmétique entre le coût instantané et le coût à l'origine, se trouve ainsi défini par la
formule
0,35
y2 = x + 0,30
10000
et est représenté par la droite repère (2).
Notons, en passant, que les pneus ne sont pas comptés dans cette dépense, car leur coût
constant est sans influence sur les variations étudiées.
La somme de ces dépenses soit Y = y1 + y2 suit les variations indiquées par la courbe (3) qui
représente à 10000 h un coût minimum de 1 franc (valeurs exactes calculées en annulant la
dérivée Y' car la représentation graphique ne fournit pas une précision suffisante). Ce point
correspond donc, en théorie, au moment idéal de remplacement de la machine, mais il est à noter
qu'au voisinage de ce minimum la courbe est très aplatie ce qui veut dire que l'on dispose d'une
période assez étendue (avant et après 10000 h) au cours de laquelle le renouvellement pourra
intervenir sans risque d'augmentation notable de la charge minimum.
Contrairement à la plupart des matériels miniers spécialement conçus pour l'emploi au fond, les
chargeurs Caterpillar présentent l'avantage d'une standardisation qui leur confère une valeur
résiduelle certaine en fin de carrière en alimentant un marché de l'occasion qui permet leur
réemploi dans d'autres industries (Travaux publics notamment). Le prix de revente, variable
suivant le degré d'usure, doit donc être pris en considération pour compléter l'étude ci-dessus et
définir un nouveau « point minimum ».
Pour ce faire, nous estimons que la dépréciation peut être considérée comme linéaire avec une
valeur de reprise égale à 40% u prix d'achat A à 5000 h, la machine devenant pratiquement sans
valeur à 15000 h. Précisons tout de suite que, si nous employons le terme « reprise », c'est parce
que la Société Bergerat-Monnoyeur peut effectivement reprendre une machine usagée lors de
l'achat d'un engin neuf (nous avons déjà procédé avec elle à cette opération lorsque nous avons
remplacé nos CAT 966 par des 980) mais que les chiffres que nous avançons, et que nous
estimons modérés, le sont sous notre entière responsabilité et n'engagent aucunement le
fournisseur.
Compte tenu des taux ci-dessus indiqués, le montant de la reprise exprimé en valeur totale
s'écrit :
y3 = − 20 x + 300000°
et pour avoir l'incidence à la tonne, il suffit de changer de signe et de diviser par la production, soit
150 x, ce qui donne l'équation :
⎛ 1 1000 ⎞
y4 = 2 ⎜ − ⎟
⎝ 15 x ⎠
dont les variations sont représentées par la courbe (4). Nous recommandons néanmoins la
prudence lorsqu'il s'agit d'utiliser cette courbe dans les zones extrêmes, la linéarité du taux
résiduel que nous avons admise dans un but de simplicité de calcul pouvant alors se trouver en
défaut.
Dans cette nouvelle optique économique, la charge totale se trouve exprimée par la formule
y1 = y + y4 représentée par la courbe (5) qui met en évidence un nouveau minimum à 6 500 h
avec un coût cumulé de 0,89 (même remarque que la courbe (3) en ce qui concerne l'étalement
de ce minimum). La reprise de l'engin permet donc, en avançant de 3 500 h la date de son
renouvellement, de diminuer la charge à la tonne de 11 centimes, ce qui fait réaliser une
économie d'environ 110 000 F.
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
TROISIEME PARTIE
CONDITIONS DE TRAVAIL — HYGIENE ET SECURITE
- Sur le plan hygiène et confort : l'aérage, les gaz d'échappement, la chaleur, le bruit et le
poste de conduite.
- Sur le plan sécurité : le freinage et la direction.
- Sur le plan conditions de travail : les pistes de roulage.
Avant l'introduction au fond d'engins à moteurs thermiques, l'aérage avait pour but de garantir une
composition normale de l'atmosphère des galeries et d'évacuer les fumées de tir. L'introduction
des moteurs diesel, de plus en plus gros d'ailleurs, a apporté eux contraintes nouvelles ;
alimentation du mélange comburant et dilution des gaz d'échappement. Nous n'entrerons pas
dans le détail du problème qui est le même pour toutes les machines et a déjà fait l'objet de
nombreuses études dans les mines de fer et ailleurs. Disons seulement que, par rapport à
l'époque des chargeuses électriques, nous avons pratiquement doublé les débits d'air dans nos
quartiers, et ce malgré l'épuration que nous faisons subir aux gaz d'échappement.
Cette épuration est faite par le procédé classique du bac de barbotage représenté sur la figure 14,
qui montre son emplacement sur le chargeur ainsi que celui de la réserve d'eau. La capacité
totale des deux récipients est de 660 l. Le remplissage se fait en moyenne 2 fois par poste, ce qui
correspond à une consommation horaire de l'ordre de 300 l (durée de marche par poste 4 h 1/3
environ).
Les teneurs moyennes en gaz d'échappement sont les suivantes :
Rappelons que les seuils maxima en teneur d'ambiance sont fixés à 50 ppm pour le CO et 10
ppm pour NOx : cela revient à dire que la dilution des vapeurs nitreuses nécessite un volume d'air
égal à 25 fois celui rejeté par le moteur. Avec un débit de 20 m/s pour un quartier normal (voir
chapitre B), nous avons un coefficient de sécurité de 300 à 400 %
Chaleur et bruit
Ces deux problèmes sont, à coup sûr, moins importants que celui de l'air mais il est intéressant,
ne serait-ce qu'à titre documentaire, de noter leurs valeurs représentatives.
L'ambiance des galeries de circulation, où la ventilation est normale et permanente, n'est pas
altérée par la chaleur que dégage le moteur. Il n'en va pas de même pour les chantiers en cul-de-
sac qui requièrent un aérage forcé et n'en sont pas encore équipés. Un certain nombre de
mesures ont été effectuées dans ces conditions pour des chantiers profonds d'une quarantaine de
mètres à partir du plus proche circuit d'air, et nous avons enregistré une élévation de la
température de l'ordre de 0,3° par godet ce qui donne, pour un stock de 20 godets chargés de
façon ininterrompue, une augmentation de près de 6° qui n'est pas négligeable.
Dans les mêmes conditions, nous avions mesuré naguère une même augmentation de 6° avec le
CAT 966 et 10° avec le Wagner ST5, tous deux équipés d'un godet de moins de 6 t. Sans doute
les moteurs Deutz (refroidissement à air) et Caterpillar (turbo-soufflante et refroidissement à eau)
ne se comportent-ils pas à cet égard de la même façon ?
Précisons que, quand cela est nécessaire, nos chargeurs travaillent en alternance dans deux
chantiers indépendants de façon à limiter les effets de la chaleur.
En ce qui concerne le bruit, l'emploi des Caterpillar n'a en aucune façon dégradé l'environnement.
En effet, les mesures moyennes relatives à ces engins conduisent aux chiffres suivants :
Ces résultats sont, en tous points, comparables au bruit occasionné par nos autres machines et
se trouvent même dans la moyenne de l'éventail général ainsi qu'en témoignent les exemples
suivants :
Poste de conduite
Contrairement aux chargeurs-transporteurs conçus spécialement pour les mines et qui n'ont
réservé au conducteur qu'une place restreinte sur un des côtés de la machine, avec un siège à
90° par rapport à l’axe de déplacement, le Caterpillar offre un emplacement spacieux et dégagé
situé, non plus sur le bord, mais dans l'axe du chargeur (figure 15).
Ce poste présente, par rapport à celui des engins typiquement miniers, un certain nombre
d'avantages, en particulier :
- Visibilité meilleure car le siège est situé plus haut, et également répartie puisque la
conduite est centrale.
- Confort général nettement amélioré du fait d'un espace disponible beaucoup plus grand.
Le siège, non suspendu, comporte des coussins à ressorts.
- Protection latérale du conducteur assurée par la grande largeur qui le sépare des bords
de la machine.
- Possibilité d'adaptation d'un toit de protection robuste.
- Contrôle facile du tableau de bord.
Le seul inconvénient pourrait être l'obligation de tourner la tête pour la conduite en marche AR,
mais aucun conducteur ne s'en plaint, certains même préférant ce mode de translation lorsque le
godet est plein, les balancements dus aux irrégularités de la piste étant alors, semble-t-il, moins
ressentis.
CHAPITRE 10 : SECURITE
Les deux points les plus importants dans le domaine sécurité sont incontestablement le freinage
et le système de direction qui sont, l'un et l'autre, à la base d'un comportement correct et sûr de la
machine. Nous ne nous étendrons aucunement sur les aspects technologiques de ces deux
questions puisqu'elles sont traitées par ailleurs (voir document Bergerat-Monnoyeur) : nous nous
contenterons d'en analyser le comportement ainsi que les conséquences éventuelles.
Freinage
Le CAT 980 est équipé de freins à tambours à commande pneumatique : ils nous ont toujours
donné toute satisfaction et aucune panne en ce domaine n'a été enregistrée à ce jour (voir
tableau 3).
Sur le plan pratique, ces freins, pour être en règle avec le cahier des charges défini par la
commission technique du bassin ferrifère lorrain, doivent permettre, en roulant en charge, une
décélération au moins égale à 4 m/s2.
Nous avons effectué un certain nombre de contrôles et obtenu des résultats se situant dans
l'éventail suivant :
- Vitesse de translation : 12 à 18 km/h.
- Décélération : 3,5 à 4,2 m/s2.
- Distance d'arrêt : 3,20 à 4,20 m.
Ces chiffres sont valables aussi bien en charge qu'à vide, et correspondent à des pistes en sol
naturel sèches ou peu humides ce qui est notre cas le plus général.
Direction
Elle est réalisée par l'articulation du châssis, laquelle est commandée par 2 vérins. Bien que le
circuit hydraulique d'alimentation présente des normes de sécurité largement étudiées, il n'est pas
exclu d'envisager une éventuelle rupture de flexible, ce qui pourrait entraîner des conséquences
graves. Pour éviter de tels désagréments, que nous n'avons heureusement jamais eu à déplorer,
la commission technique du bassin a demandé au constructeur d'étudier l'adaptation d'un double
circuit de commande de la direction permettant au conducteur, si une telle rupture se produit, de
pouvoir maintenir son engin en ligne ou de le redresser si l'incident survient au cours d'un virage.
Cette modification a déjà été réalisée, et elle est en cours d'essais en laboratoire : sa réception
définitive par la Commission technique susvisée aura lieu dès que possible, et après essais
pratiques sur une machine, l'adaptation systématique aura lieu sur les futurs chargeurs.
Pour qu'un engin automoteur, capable de se mouvoir rapidement, puisse le faire dans de bonnes
conditions, il paraît évident de mettre à sa disposition une surface de roulement aussi plane que
possible. Si ce principe n'est mis en doute par personne, sa réalisation au fond d'une mine
rencontre un certain nombre de difficultés et à Mairy nous ne les avons pas encore toutes
résolues. Les principales de ces diffcultés sont les suivantes :
- A moins de se trouver « in situ » dans un terrain approprié, une piste correcte requiert
l'apport de
matériaux convenables pour en constituer l'ossature. Cela pose un important problème
d'approvisionnement qui nécessite du temps et entraîne des dépenses (en plus de la
valeur propre du matériau).
- Dans une exploitation en traçages, comme c'est le cas à Mairy, l'éloignement des fronts
de taille par rapport au quai augmente sans cesse : il faut donc fréquemment allonger la
piste.
- Dans un quartier comportant de nombreux points d'attaque (10 à 15 en moyenne), il
n'est pas possible d'aménager tous les circuits : on doit se limiter à un tronçon principal,
qui est condamné à l'abandon dès que l'on déplace le quai.
- Enfin, il ne faut pas que les dépenses engagées soient supérieures au gain que l'on peut
en retirer.
Malgré tout cela la recherche d'une bonne piste doit obligatoirement être entreprise, car elle
constitue un élément éminemment favorable au confort du conducteur et à la tenue mécanique de
l'engin, facteurs qui, tous deux, concourent à l'obtention de résultats meilleurs et à moindre prix.
Nous nous sommes efforcés, à Mairy, d'augmenter progressivement l'efficacité de notre action en
ce domaine, et sommes bien décidés à poursuivre notre effort. Voici d'ailleurs les différents stades
opérationnels par lesquels nous sommes passés :
- Sol brut (minerai pauvre très marneux) seulement nettoyé et sommairement nivelé au
moyen d'un tracto-pelle sur chenilles. Cela conduit à des pistes qui se dégradent
rapidement (dureté du sol très inégale) : la circulation y est le plus souvent mauvaise. Au
plan économique, il faut noter que le travail du chenillard est long et relativement onéreux.
- Revêtement en ballast (granulométrie 0-80) nivelé et compacté au rouleau vibrant. Cela
donne une piste convenable dont la durée n'est malheureusement pas très longue, mais
correspond à peu près au cycle de nos quartiers. Les inconvénients de mise en œuvre en
ont déjà été évoqués, et le coût représente environ 0,10 F par tonne de minerai produit,
pour un circuit central représentant en moyenne le tiers seulement du parcours complet.
- Revêtement ballast plus tarmacadam : mêmes remarques que ci-dessus mais avec
tenue meilleure, durée plus longue et coût plus élevé (essai actuellement en cours).
- Emploi d'un compacteur spécial à pieds dameurs qui peut mettre en œuvre des
matériaux recueillis sur place, à savoir le minerai lui-même ou le stérile du pied de
couche.
Cet appareil, que nous décrivons rapidement, est constitué par les éléments de base d'un
chargeur type 966 dont les roues, beaucoup plus larges, sont munies de rangées de pieds
disposés en chevrons sur le pourtour de ces cylindres. Il est équipé, à l'avant, d'une lame de bull-
dozer (figure 16).
Figure 16 : Le Caterpillar 815 utilisée à la Mine de Mairy pour l’entretien des pistes
L'engin travaille sur des produits en vrac qu'il étale à l'aide de sa lame sur la piste à revêtir, puis la
compacte par passages répétés sur la surface ainsi nivelée. L'opération de compactage est
réalisée par effet de charge (la pression au sol augmente à chaque passe et varie aussi selon la
vitesse de translation : elle peut atteindre 30 à 40 kg/cm2), par pétrissage du sol qui subit des
contraintes entre les pieds en quinconce et par effet d'impacts qui, du fait de la vitesse, opèrent
une mise en vibration du sol.
Les 4 rouleaux portent chacun 5 rangées de 12 pieds de 19 cm de long et de 116 cm2 de surface
de contact au sol. Leur diamètre hors tout est de 1,41 m et leur largeur de 0,97 m. La largeur
totale compactée, en 2 passes juxtaposées, est de 4,30 m et celle de la lame de 3,65 m.
Au plan opérationnel, le travail est très rapide et 4 à 8 passages, suivant les matériaux, suffisent
généralement pour obtenir une sous-couche durcie et résistante. Le compactage se fait en
profondeur (épaisseur idéale de travail 30 à 50 cm) et la pellicule supérieure, qui reste meuble,
est « surfacée », lors de la mise en service, par les pneus des véhicules utilisateurs de la piste.
Nous procédons actuellement à l'essai de cette technique avec 2 types de matériaux : le stérile du
sol de la galerie préalablement défoncé à l'explosif et du minerai T.V. prélevé sur la production du
quartier. Ce dernier nécessite un court transport et un régalage, mais sa mise en œuvre est plus
aisée et il semble bien que le résultat en soit meilleur. Notre expérience est encore trop récente
pour permettre de porter un jugement de valeur mais il est d'ores et déjà certain que les
inconvénients énoncés plus haut sont presque tous surmontés : les quelques pistes que nous
venons de faire (en milieu sec, il faut bien le préciser) se comportent, pour l'instant, assez bien et
leur coût (amortissements exclus) devrait se situer à 30% environ de celui d'une piste en ballast
faite comme décrit plus haut. Il reste maintenant à apprécier leur durée, mais la méthode nous
semble très prometteuse.
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
CONCLUSION
Dans les pages qui précèdent nous avons analysé avec toute l'objectivité possible, le
comportement et les résultats obtenus à Mairy par le chargeur CAT 980 employé également
comme engin de transport du minerai. Les avantages que l'on a trouvés dans cet emploi étant de
beaucoup supérieurs aux inconvénients, on pourrait se déclarer satisfait et en rester là de notre
exposé déjà fort long. Nous croyons utile néanmoins de revenir sur quelques points déjà
soulignés dans le cours du rapport, et de faire une courte synthèse de l'opération réalisée.
Sur le plan technologique, la suppression des chargeuses JOY et des camions qui les desservent
nous a apporté un gain de productivité sur l'ensemble du quartier de l'ordre de 25% . Ensuite, le
passage du CAT 966 au 980 nous a procuré un nouvel accroissement de 25 à 30%, soit un total
de 60% par rapport à l'équipement originel. On pourrait se demander si le passage à un engin
encore plus gros ne nous procurerait pas, une nouvelle fois, une amélioration spectaculaire ?
C'est autour de cette interrogation que nous allons articuler notre conclusion. Nous avons déjà dit,
au chapitre A, qu'une des raisons du succès à Mairy du CAT 980 était sa parfaite adaptation aux
performances réalisables par l'équipe de mineurs pour l'abattage du minerai. C'est là un point
excessivement important, et nous considérons qu'une productivité plus grande de l'engin de
chargement/transport ne se répercutera pas en totalité sur l'ensemble de l'équipe si elle tend à
détruire l'homogénéité de ses performances ; nous en avons eu un exemple avec le CAT 966, qui
se traduisait par un sous-emploi des mineurs et un engin plus gros que le 980 risquerait de
provoquer un suremploi irréalisable nécessitant effectif supplémentaire et matériel nouveau, d'où
rupture d'équilibre et recherche d'une nouvelle organisation du quartier.
Qu'on veuille bien ne pas considérer ces quelques lignes comme une condamnation du progrès,
mais seulement comme une mise en garde prudente.
Cela ne veut pas dire que nous rejetons systématiquement toute idée d'augmentation du débit :
nous pensons même déjà à rechercher, pour des quartiers où nous n'avons pas la possibilité de
limiter notre roulage à 200 m, une machine susceptible d'assurer le débit moyen actuel du CAT
980, à une distance 2 à 3 fois supérieure. L'application des données du tableau 2 nous montre
qu'avec un godet de 17 t (il en existe actuellement sur le marché), un débit de 150 t/h pourra être
réalisé jusqu'à 400 m de roulage.
Dans cette hypothèse nous n'avons pas détruit l'homogénéité du quartier puisque, le débit n'étant
pas changé, le travail demandé aux mineurs reste le même.