Projet Bouaziz1
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Projet Bouaziz1
Directeur de thèse : Dorra Maffoudh (Thèse de Doctorat troisième cycle, Faculté des
Sciences Humaines et Sociales Tunis 1, Troisième année)
Objet Problématique
Le choix professionnel, sera l’une des questions majeures auxquelles nous allons nous
intéresser dans cette étude dans la mesure où il nous informe sur notre éducation familiale
(représentations sociales, modes de transmission…). Par ailleurs, il est révélateur, comme
nous allons voir, de l’évolution des structures économiques, sociales et culturelles
traditionnelles de la famille aussi bien que sur les rapports sociaux de sexes
L’identité, thème indispensable et associé à tout processus de socialisation n’a pas lui
même constitué une préoccupation centrale dans notre culture sociologique, psychologique et
anthropologique à l’exception de quelques articles précurseurs (Dorra Mahfoudh 1994).
L’intérêt pour cette question est resté très étréci. Appréhender ce sujet en le référant aux seuls
facteurs relatifs au monde du travail n’est, du notre point de vue, qu’une ébauche de la réalité.
Il n’est pas douteux que le problème de la structuration de l’identité professionnelle et sociale
est une question qui déborde le contexte exclusivement professionnel. D’autre part, ce qui
nous préoccupe aussi dans cette étude c’est comment rapprocher voire réconcilier le niveau
macro sociologique et le niveau microsociologique. Or, dans une partie de notre travail nous
allons nous interroger sur « les relations qu’entretiennent le macro et le microsociologique »
(Mendras,1983, p 9), sur les processus d’acculturation et d’enculturation en vigueur,
processus indispensables à tout processus de socialisation. Dans cette perspective, ce qui est
intéressant à noter c’est que seule la Tunisie, en comparaison avec les autres pays arabes
(même les pays du Maghreb) qui se caractérise par sa vocation méditerranéenne. La
méditerranée comme « composante de notre identité collective et comme facteur d’ouverture
sur les autres civilisations » a constitué une source d’inspiration pour les tunisiens » quant à la
construction de leurs identité professionnelle et sociale permettant d’entretenir des relations
spécifiques avec les pays occidentaux » et un « élément fécondant, versificateur et unificateur
à la fois, une voie de passage à sens multiples pour les pensées, les valeurs » (Emna Bel Haj
Yahyia, 2000).
D’autre part, les travaux, en Tunisie ou ailleurs, qui ont analysé le rôle professionnel des
femmes ont montré la spécificité de l’emploi féminin. Ce sont les femmes qui investissent le
moins dans leur travail. Quelque soit le contexte culturel et social dans lequel se trouvent les
femmes, le taux d’activité féminine est toujours inférieur à celui des hommes. En Tunisie,
comme dans la majorité des pays arabes, les problèmes auxquels sont confrontées les femmes
dans l’exercice de leurs métiers sont spécifiques. De ce fait, une approche de genre en
matière de socialisation professionnelle est-elle possible ? (Le choix professionnel peut,
dans une large mesure, être étudié comme révélateur de rapports sociaux de sexes, c’est ce
que allons tenter de voir aussi).
Dans notre étude nous allons aborder le métier comme un processus biographique et
identitaire interactif. Il sera également appréhendé comme forme d’accomplissement
personnel et d’apprentissage social. Ainsi, nous allons attribuer au métier le caractère
d’activité et non pas le caractère du travail dans son sens rétréci et ordinaire. Dans cette
optique, nous suggérons la définition suivante de la socialisation telle qu’elle est présentée
dans Introduction à la psychologie « En tant que processus d’interaction, la socialisation
désigne ainsi les différentes expériences d’apprentissage social à travers lesquelles l’enfant
franchit progressivement les étapes de son évolution personnelle :il apprend à s’intégrer à
l’univers familial, à intérioriser les premières données de la morale et de la culture, à
connaître les normes et les valeurs de la société dans laquelle il vit, c’est-à-dire à se conduire
selon des codes plus ou moins imposés par l’éducation qu’il reçoit, jusqu’à devenir un
membre de la communauté sociale à par entière » (Jean Pierre Citeau,1999, p 104.
L’articulation de deux notions, métier et activité, nous paraît essentielle dans notre travail. Il
est vrai que pour nous procéder à une analyse satisfaisante en matière de socialisation et
d’identité professionnelle et sociale, il faudrait que notre intention soit portée
fondamentalement sur l’individu dans sa totalité, et dans les différentes interactions qu’il
entretient tout en tenant compte de ses aptitudes et ses capacités intrinsèques, mais jamais dire
que notre approche en la matière soit systémique. Les aptitudes, les automatismes humains,
saisis comme ‘le produit de l’apprentissage qui est fondamentalement le fait de l’éduqué et de
sa propre activité’(Gaston Mialaret 1979), et les capacités physiques et mentales des
individus sont, non seulement, malléables et indéfinissables mais elles nous projettent aussi
dans le boulet d’individualisation et de particularisation.
Pourquoi choisir-t-on tel ou tel métier et non pas l’autre ? Les métiers sont-ils encore
considérés un héritage, c’est-à-dire comme facteurs d’immobilité sociale? Dans un contexte
où s’estompent plusieurs hiérarchies à savoir des âges, des sexes, comment les métiers se
transmettent-ils d’une génération à une autre ? Quels sont les mécanismes de cette
transmission ? Quels effets ont-ils sur la consolidation ou l’effritement des solidarités
familiales et intergénérationnelles ? Dans ces décennies d’immenses changements,
qu’attendent les jeunes actifs de leurs parents et familles ?
Une des questions autour desquelles s’articulera notre problématique est la suivante : Avec
quel héritage familial, qu’il soit économique (ressources et moyens) , culturel
(normes, valeurs, traditions…) ou social (réseaux de relations familiales) les ingénieurs
agricoles et les enseignants, , embarquent-ils et se comportent-ils, dans leurs milieu de travail
et quel poids aura-il sur la structuration de leur identité professionnelle et sociale ? Plus
précisément, comment ils construisent leur identité professionnelle et sociale et quelle place
pouvons-nous réserver aux interactions familiales ( père, mère, oncle, frère…). Nous allons
nous intéresser donc à l’étude des formes de mobilisation familiale existantes et celle suivies
et adoptées par les individus. Certes, les formes de mobilisation familiale pour les jeunes, les
manières de ces derniers de se défendre et de se conformer aux ordres parentaux ne sont pas
toujours explicites et accessibles. Elles peuvent répondre à des objectifs latents. Mais, avant
de se mettre au travail, l’individu, dans l’agriculture ou dans l’enseignement, a été, le plus
souvent influencé et socialisé d’une manière qui l’a conduit consciemment ou
inconsciemment à choisir son métier.
Une fois ont affranchi les frontières de leurs familles et allant exercer une autre activité,
quelles stratégies, attitudes développent-ils les parents de nouveaux éducateurs de leurs
enfants ? En revanche, comment les enfants vont-ils se conduire face aux attitudes et
stratégies parentales ? Quelles sont leurs nouvelles expressions comportementales dans la
famille ou dans le travail ? Existe-t-il des stratégies de conflit et d’opposition ou de
complémentarité et d’entraide entre éducateurs familiaux et éducateurs professionnels ?
Qu’attendent-ils les parents des nouveaux éducateurs au travail ? Et qu’attendent-ils ces
derniers des parents des enfants ? Le partage des tâches éducatives ne signifie jamais avoir les
mêmes intentions, besoins. Quelles solutions procurent-ils les nouveaux éducateurs aux
parents ? Et quelles solutions procurent-ils les parents aux éducateurs professionnels de leurs
enfants ? En conclusion, l’interventionnisme familial dans la gestion de la carrière
professionnelle des enfants-nous allons le voir- peut s’opérer de deux manières différentes. Il
peut se réaliser d’une manière intentionnelle, c’est-à-dire en faisant appel à des actions socio-
éducatives initiées dans la famille ou dans un autre cadre institutionnel agissant tel que l’Etat
par ses différentes institutions comme l’Ecole comme il peut se réaliser d’une manière non
intentionnelle. Cette manière non intentionnelle concerne l’ensemble des conduites initiées
par les individus eux-mêmes et qui s’enracinent dans leur vécu quotidien étroitement liés aux
normes et valeurs du groupe et du société globale. C’est autour de cette question de stratégies
intentionnelles et non intentionnelles que s’articule, pour une bonne part notre problématique.
Dans l’exercice de leur métier, et dans n’importe quel milieu familial ou période historique, la
prise d’initiative des individus, la confiance totale en leurs aptitudes, en leurs compétences, en
leurs moyens personnels et en leurs réseaux de relations n’est pas toujours rassurant pour
leurs parents. Sans leur aide, leur soutien, leur rescousse, leur appui matériel et morale,
l’individu ne pourrait pas, à leur égard, réussir et promouvoir dans son métier, c’est-à-dire
réaliser son ascension professionnelle et sociale.
Objectifs
L’objectif de notre travail est double. Le premier consiste à suivre, à chercher, à dépister
la genèse et les différentes formes de socialisation professionnelle issues simultanément des
interactions du monde du travail et du monde familial. Le deuxième est en quelque sorte de
redécouvrir les potentialités et les pouvoir-faire de la famille en matière d’éducation
professionnelle de ses membres.
D’autre part, cette étude se gardera bien d’apporter, dans la mesure du possible, une
réflexion sérieuse au divers problèmes auxquels sont et seront confrontés les jeunes dans leur
parcours professionnel et social face aux évolutions rapides que connaît le monde du travail et
la remise en question de la place de la famille dans l’éducation professionnelle et sociale de
ses membres aussi bien que faire le lien entre milieu du travail et milieu familial. S’interroger
sur le choix professionnel et sur les différentes modalités de gestion de métier ne serait-il pas
plus, dans une large mesure, significatif et opportun pour étudier le rôle de la famille dans la
socialisation professionnelle et la mobilité sociale des individus. Etudier le choix
professionnel et le rôle de la famille dans la gestion de carrière de ses membres, c’est étudier
également le problème de l’évolution des structures familiales traditionnelles. A ce niveau, le
métier peut être considéré comme l’un des principaux éléments, facteurs et facettes de la
mobilité sociale.
Méthodologie
Dans le domaine sociologique, c’est Claude Dubar (1996)qui est le premier à s’être intéressé
à la question de la socialisation et la construction des identités sociales et
professionnelles. Dans cette perspective, notre travail sera essentiellement centrée sur
l’étude des relations interpersonnelles et les conduites individuelles des sujets, sur
leurs stratégies. En effet, nous allons étudier les diverses influences sur le choix
professionnel. Nous nous référons à la psychologie sociale pour comprendre
essentiellement les modes de transmission du métier d’une génération à une autre ainsi
que l’analyse des représentations sociales des sujets de leur monde familial,
professionnel et social. A ce niveau, nous référons à Serge Moscovici, (auteur des
représentations sociales ; la théorie du noyau central et le système d’ancrage, 1986,
1989), aux travaux de Christine Roland- Lévy pour analyser la socialisation
économique des individus, définie en tant que un « processus d’interaction entre le
sujet et son environnement économique » (Christine Roland- Lévy 2002)de W Doise
(1986, 1997, 1986), de D (Jodelet, 1984, 1989b) et de J C Abric (1989, 1984, 1994),
pour comprendre le lien entre les représentations sociales des individus et leurs
conduites économiques.
Nous nous baserons sur l’interactionnisme symbolique (G.H. Mead 196) pour
comprendre les stratégies des acteurs dans leur socialisation professionnelle et dans le
processus de la construction de leur identité sociale. La notion d’interaction révèle d’une
importance particulière dans notre travail non, seulement au niveau des relations entre les
différents acteurs, mais aussi pour saisir le type de relation entre milieu du travail et milieu
familial. La flexibilité méthodologique de ce courant par rapport aux tendances classiques
( fonctionnalisme, marxisme…) est une des raison qui se trouve derrière ce choix.
Dans ce texte nous rendons également compte des résultats d’études et enquêtes
ponctuelles effectuées en Tunisie dans des différents cadres ‘pour répondre à nos
besoins locaux’.
Dans un tout autre contexte social et culturel, celui d’une société française stratifiée,
Claude Thélot (1982) nous apporte des informations précieuses sur la mobilité sociale
et professionnelle des individus. Elle est abordée en tant que source de justice et
d’égalité. Il nous renseigne sur la relation qu’elle entretient avec la structure sociale,
sur la façon dont se transmettent les statuts sociaux des ascendants aux descendants,
sur la variabilité des situations et comportements individuels en fonction de leur
milieu d’origine.
Le recours à Frédéric Le Play, qui étudie la famille de l’intérieur, est indispensable dans
notre travail en tant que précurseur de la sociologie de la famille surtout quand il s’agit
d’appréhender la question de l’autorité familiale et plus précisément le pouvoir du père.
Résumé
Nous allons essayer dans la mesure du possible d’analyser voire comprendre le rôle de la
famille dans la socialisation et la construction des identités professionnelles et sociales des
agriculteurs (ingénieurs) et des enseignants tunisiens. Les formes de socialisation
professionnelle et sociale que nous allons analyser sont engendrés par les transformations des
structures économiques, sociales, démographiques et culturelles des familles tunisiennes
depuis plus d’un demi-siècle et la conjoncture du marché du travail.
Condensé du projet
Références bibliographiques