Carême 2017

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qxp_Couverture 16/01/2017 14:14 Page1

CARÊME 2017

Guides-aînées et Routiers
Prière des Routiers
Seigneur Jésus, qui vous offrez à nous comme
la route vivante,
toute irradieée par la lumière d’en-haut,
daignez vous joindre à nous
sur le chemin de la vie,
comme vous fîtes jadis
pour les routiers d’Emmaüs.
Donnez-nous part à votre Esprit,
afin que nous découvrions
la voie de votre plus grand service
et que, nourris de l’Hostie,
ce vrai pain des routiers,
nous cheminions allègrement,
malgré fatigues et contradictions,
sur le chemin qui mène droitement
Carême 2017

à la maison du Père. Amen !


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SOMMAIRE Prière du Feu


Editorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1 O Christ, mon Seigneur et mon bien-aimé,
Introduction au carême . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 fais briller sur moi ton visage !
Servir sa patrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4 Attire-moi vers la splendeur de la route
Sainte Jeanne d’Arc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5
Le carême . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7 et que je marche sans trève à tes côtés.
Il n’est rien que je ne tienne de ta bonté.
Entrée en carême . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9 Voici ma tente pour te reposer.
1er mars, mercredi des cendres . . . . . . . . . . . . . . .10
5 mars, 1re semaine de carême . . . . . . . . . . . . . . . .19
Voici mon feu pour te réchauffer.
12 mars, 2e semaine de carême . . . . . . . . . . . . . . .39 Voici le pain de mon sac à partager.
19 mars, 3e semaine de carême . . . . . . . . . . . . . . .57 Prends mon cœur aussi, je te le donne.
26 mars, 4e semaine de carême . . . . . . . . . . . . . . .77 Rends-le pauvre pour vivre en ton intimité,
2 avril, 5e semaine de carême . . . . . . . . . . . . . . . . .95
9 avril, semaine sainte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .115 humble, pour proclamer ta royauté,
Temps pascal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .135 fidèle au service des hommes.
Dimanche de la miséricorde . . . . . . . . . . . . . . . . .160 Tu es venu jeter un feu sur terre ;
Chants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .165 tu choisis pour serviteur un feu de flamme :
La confession . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .171 qu’en toute hâte, je porte à mes frères
Prières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .181 le feu brûlant de ta charité !

Photo de couverture : Aude Dupuy


EDITORIAL
Béatrice Leconte (CNF ) et Pierre Gavoille (CNR)

Chère guide-aînée, cher routier,


Et si l’on découvrait la France à
travers ses saints ? Ce sont eux
qui lui ont apporté la foi, forgé
son âme, ou joué un rôle dans
son histoire.
Tu as entre les mains un outil
merveilleux pour grandir en sainteté et
dans ton amour de ta patrie ! Les vies des saints
sélectionnés pour toi dans cette nouvelle édition du
livret de carême sont des modèles d’hommes et de
femmes qui ont fait notre pays et à qui nous devons beaucoup !
Puissent ces quelques semaines passées en leur édifiante et hum-
ble compagnie, te donner une belle image de la France et faire
grandir en toi un sain et juste amour de la patrie, pour mieux la
connaître et mieux la servir. À la suite de Péguy, amoureux de la
France et du christianisme, pose-toi la question de « pourquoi le
Seigneur a permis que tu naisses français. Qu’attend-il de toi sur
cette terre de France » ?
Français, dit Dieu, c’est vous qui avez inventé ces beaux jardins des
âmes. Je sais quelles fleurs merveilleuses croissent dans vos mys-
térieux jardins,
Je sais quelles épreuves infatigables vous portez.
Je sais quelles fleurs et quels fruits vous m’apportez en secret, C’est
vous qui avez inventé le jardin, les autres ne font que des horreurs.
Vous êtes celui qui dessine le jardin du Roi.
Aussi je vous le dis en vérité, c’est vous qui serez mes jardiniers de-
vant Dieu,
C’est vous qui dessinerez mes jardins de Paradis.
Extraits du porche de la deuxième vertu

1
Photo : Augustin de Taillac
Tels sont nos Français, dit Dieu. Ils ne sont pas sans défauts. Il s’en
faut. Ils ont même beaucoup de défauts. Ils ont plus de défauts que
les autres.
Mais avec tous leurs défauts Je les aime encore mieux que tous les
autres avec censément moins de défauts. Je les aime comme ils
sont. Il n’y a que moi dit Dieu, qui suis sans défaut. Nos français sont
comme tout le monde, dit Dieu. Peu de saints, beaucoup de pé-
cheurs. Un saint, trois pécheurs. Et trente pécheurs. Et trois cent pé-
cheurs. Et plus. Mais j’aime mieux un saint qui a des défauts qu’un
neutre qui n’en a pas. Or, ces Français, comme ils sont, ce sont
mes meilleurs serviteurs…
Peuple, les peuples de la terre te disent léger. Parce que tu es un
peuple prompt.
Les peuples pharisiens te disent léger ; parce que tu es un peuple
vite.
Tu es arrivé avant que les autres soient partis. Mais moi, je t’ai pesé,
et je ne t’ai point trouvé léger. O peuple inventeur de la cathédrale,
je ne t’ai point trouvé léger en foi.
O peuple inventeur de la croisade, je ne t’ai point trouvé léger en
charité.
Quant à l’espérance il vaut mieux ne pas en parler. Il n’y en a que
pour eux.
C’est embêtant, dit Dieu, quand il n’y aura plus ces Français,
Il y a des choses que je fais, il n’y aura plus personne pour les com-
prendre.
Extrait de « La France » Poésie, 1912

Bonne lecture et belle route avec nos amis les saints de France !
Notre Dame, Montjoie !

2
frère Christophe-Marie Baudouin et père Bernard Binon

Introduction au carême

E
ncore une chance, chaque année le
Seigneur nous offre inlassablement un
temps favorable pour nous tourner plus
particulièrement vers lui, pour bien remettre les
priorités, « Messire Dieu premier servi » aimait à
rappeler sainte Jeanne d’Arc. Il est encore
temps, il est toujours temps de se mettre en
route. Vézelay, Paray sont bien loin, les routes
d’été et les camps pas encore là mais déjà
dans les cœurs, il est donc temps de se
remettre en route, de prendre ce chemin
que le Christ a suivi et de l’accompagner
jusqu’à la croix pour avoir part à sa résur-
rection. Oui, ce carême est comme un
grand cadeau que nous fait le Seigneur.
En plus, cette année, nous ne sommes pas
seuls, nous cheminons avec les saints qui ont fait la France et
l’Europe, nous puisons à nos racines chrétiennes, celles qui font
que nous sommes encore là aujourd’hui. Les églises de nos villes,
de nos villages portent leur nom, parfois même le nom de nos
communes : je pense notamment à saint Martin mais il y en a bien
d’autres.
Dans cette grande intercession de tous les saints, je te propose,
sœur guide-aînée, frère routier, pour ce carême 2017, de prier tout
particulièrement pour notre pays à la veille d’échéances électo-
rales.

3
Marie-Camille Borde (CNGG) et Michel-Henri Faivre (CNGS)
Servir sa patrie par la prière et la rencontre
du Seigneur en silence

C
hacun d’entre nous, nous en avons fait la pro-
messe, désire pratiquer pleinement les prin-
cipes de son engagement scout.
Chacun veut demeurer fidèle et servir
sa patrie. C’est pourquoi nous
avons choisi ce thème d’année.
Ces méditations qui nous sont of-
fertes pour nos moments de ren-
contre en cœur à cœur avec le
Seigneur, vont nous y aider. Elles
vont nous permettre de remplir fidèle-
ment ce « devoir de reconnaissance et de charité » qui sont les
traits chrétiens de l’amour et du service de sa patrie.
Prier pour sa patrie, c’est servir encore plus. N’ayons pas peur de
nous mettre à l’école des saints et saintes de France, de demander
leur intercession pour être encore plus ces filles et ces fils de
France au service de leurs frères et sœurs, d’ici, d’Europe et du
monde. Sans cela, nous ne pourrons répondre au 3e principe qui
est celui de notre mission de baptisés, celle d’établir le règne du
Christ dans toute notre vie et le monde qui nous entoure.
Car, chrétiens fidèles, par la grâce de cette prière, nous nous met-
tons au service de servir notre vraie patrie, la patrie céleste.
Seigneur Jésus, aie compassion de la France, daigne l’étreindre
dans ton Amour et lui en montrer toute ta tendresse. Fais que, rem-
plie d’amour pour toi, elle contribue à te faire aimer de toutes les na-
tions de la terre. Ô Amour de Jésus, nous prenons ici l’engagement
de te rester à jamais fidèles et de travailler d’un cœur ardent à ré-
pandre ton Règne dans tout l’univers. Amen.
Prière inspirée à Marcel Van, novice rédemptoriste vietnamien,
le 14 novembre 1945

4
Jean-Baptiste Lefebvre, ancien CNR

Sainte Jeanne d’Arc,


patronne secondaire de la France

S
ainte Jeanne d’Arc vous accueille au seuil de
ce carnet de Carême-Pâques 2017. Je
suis née en Lorraine et j’ai toujours aimé
être au travail de la famille. Pourquoi moi ? Je ne
le sais… Une seule chose est certaine : le
Seigneur m’a appelé et m’a demandé d’accom-
plir une mission. Et de cela, il n’est question ni de
douter des moyens pour accomplir ladite mission,
ni de douter du bien-fondé de la mission, ni de douter
du bon aboutissement de la mission : Messire Dieu, premier servi.
Mon Dieu me demande d’aller faire couronner le Roi de France ?
En avant, avec Jésus et Marie !
C’est vrai que j’étais bien jeune quand j’ai reçu cet appel, 17 ans
à peine, mais mes parents m’encourageaient à prier et c’est dans
la prière que je l’ai reçu… Oui, cela a été difficile de les quitter et
cela les a fait souffrir de me voir partir, mais c’était pour l’œuvre de
mon Seigneur, pour le service du royaume et je ne pouvais pas
faire autrement qu’obéir à mes Voix ! Elles m’ont d’ailleurs toujours
accompagnées ces voix : m’encourageant ou me consolant dans
les difficultés, m’éclairant lorsque j’avais un discernement à effec-
tuer. La route jusqu’à Chinon ne fut pas sans péril en cette année
1429, mais la compagnie de deux hommes armés que j’avais
convaincus de ma mission a permis d’arriver jusqu’au Roi !
Ce ne fut pas simple de convaincre ce dernier d’aller se faire sacrer
à Reims, mais la victoire d’Orléans a été décisive en cela et le sacre
à Reims fut un triomphe : l’accueil que lui fit le peuple fut digne de
son rang ! Ensuite, j’aurais tant aimé qu’il continue d’écouter mes
conseils, car ceux-ci venaient de mes voix ! Et nous aurions alors
bouté les Anglais hors du royaume bien plus vite que cela n’a été
fait… Mais la volonté du Seigneur se réalise toujours : quelque
temps après que ces maudits anglais m’aient fait prisonnière à
5
Rouen puis m’aient brûlé vive alors que je n’avais que 19 ans
(c’était en 1431), Rouen fut libéré par mes compagnons
d’armes.
Quel bonheur pour moi durant ces deux années
d’avoir servi la France durant ma vie terrestre. Je lui
serai toujours fidèle, tu peux compter sur ma prière
petite sœur guide-aînée ou petit frère routier…
Je crois bien que « Fidèle à ma patrie, je servi-
rai » aurait pu être ma devise. Sans aucun
doute, notre belle France est voulue par
mon Dieu : quel beau pays, quelle belle
langue, quelle belle culture ! Et que dire de
tous ces grands saints que la France a donné
à ses fils et filles pour exemple… Ceux qui t’ac-
compagneront dans ce carnet en sont
quelques exemples : saint Bernard de Clairvaux qui prêcha une
croisade de Vézelay, sainte Bernadette Soubirous qui sut voir la
Vierge, saint Irénée père de l’Église, sainte Thérèse de l’Enfant-
Jésus qui éclaire notre foi, saint Martin de Tours évêque nommé
par les habitants de son diocèse tellement sa sainteté était édi-
fiante, sainte Élisabeth de la Trinité canonisée par François il y a
quelques mois, saint Louis le saint roi qui devint un exemple no-
tamment pour tout homme d’État et enfin Bienheureux Charles de
Foucauld ou le don total de soi dans l’humilité la plus grande…
Ma vie fut plus courte et bien plus agitée que celle de tous ces
grands saints. Mais merci mon Seigneur de m’avoir tant accom-
pagné et merci de m’avoir donné la France pour patrie ! Telle était
ta volonté, tel était le service que devait être ma vie : Messire Dieu,
premier servi.

6
Jean-Marie Lonak, ACPrR Bretagne

Le carême

L
e carême est un temps de préparation à la
fête de Pâques, le cœur de la foi chrétienne,
jour de la résurrection du Christ. Le carême
commence le mercredi des Cendres, premier
jour du carême qui est marqué par l’imposition
des Cendres. Le prêtre dépose un peu de cendres
sur le front de chaque fidèle, en signe de la fragilité
de l’homme, mais aussi de l’espérance en la miséricorde
de Dieu.
Ce carême est un temps de conversion qui repose sur la prière, la
pénitence et le partage. C’est un temps de conversion. Il dure 40
jours (sans compter les dimanches) et nous rappelle les 40 ans
passés au désert par le peuple d’Israël entre sa sortie d’Égypte et
son entrée en Terre Promise ; il nous renvoie aussi aux 40 jours
passés par le Christ au désert (Mt 4,1 11) entre son baptême et le

© Benoist Clouet, Vézelay 2016


7
début de sa vie publique. Le chiffre de 40, symbolique, montre les
temps de préparation à de nouveaux commencements.
Le carême, temps de vérité, nous permet de préparer notre cœur
à la résurrection du Christ. La pénitence n’est pas une fin en soi,
mais la recherche d’une plus grande disponibilité intérieure. Le par-
tage peut prendre différentes formes, notamment celle du don. Le
jeûne a pour but de donner faim et soif de Dieu et de sa parole. Il
n’est pas seulement un geste de pénitence, mais aussi un geste
de solidarité avec les pauvres et une invitation au partage et à l’au-
mône.
Le Seigneur n’a jamais séparé dans son enseignement le jeûne de
l’aumône et de la prière (Mt 6,18 ) les Pères de l’Eglise devaient le
rappeler chaque année au peuple avec insistance, comme en té-
moigne en particulier les sermons de saint Léon le Grand.
Le carême est comme un temps d’entraînement, un chemin de
progression vers la sainteté où chaque effort, chaque geste de
partage, chaque temps de prière, chaque pardon, chaque acte
de bonne volonté, chaque service fraternel, nous fait grandir. En
ouvrant son coeur au Christ, cela nous permet de le tourner da-
vantage vers lui. « Sursum corda : élevons notre cœur) » prière que
nous disons avant la préface lors de la messe. Ainsi tous ces ef-
forts, tous ces appels à la conversion, ces rencontres, cœur à
cœur avec le Christ, dans la prière, nous rapproche du Messie
souffrant jusqu’à la mort pour nous sauver. Mais à la fin du carême,
temps de l’attente et de l’espérance, viendra la joie et la gloire de
la résurrection.

8
ENTRÉE EN CARÊME

© Benoist Clouet, Vézelay 2016


/ MERCREDI 1ER MARS - MERCREDI DES CENDRES /
Prieuré St Thomas d’Aquin (Chémeré-le-Roi)

Vie de saint Irénée

S
i la patrie est « la terre des pères, le lieu de la
naissance et de l’éducation », saint Irénée
doit être considéré comme l’un des
« grands-pères » de la France. Né à Smyrne (Asie
mineure) dans la première moitié du IIe siècle, il fut
dans sa jeunesse un auditeur fervent du vieil
évêque Polycarpe, lequel, souligne Irénée, « avait
été en relations avec Jean et avec les autres qui
avaient vu le Seigneur ». Toute sa vie, il restera
marqué par ce contact avec la tradition aposto-
lique.
Vers 177, Irénée succède à saint Pothin à la
tête de l’Église de Lyon, en Gaule (qui devien-
dra la « France » après l’œuvre d’unification de
Clovis, au Ve siècle). Avec son évêque Pothin, mort en prison, la
communauté chrétienne de Lyon a payé au prix du sang son atta-
chement au Seigneur Jésus. Le martyre des chrétiens lyonnais,
parmi lesquels la célèbre et si touchante Blandine, est relaté dans
une fort belle lettre (peut-être écrite par Irénée lui-même). Par la
suite, l’histoire retient au sujet d’Irénée certaines ambassades au-
près du pape : il cherche toujours la concorde entre les églises,
en quoi il agit conformément à son nom (« Irénée » veut dire « paix »
en grec). On ne sait rien sur la fin de sa vie terrestre (certains au-
teurs postérieurs parlent de son martyre).
En plus du témoignage d’un homme de concorde, Irénée laisse à
la postérité une œuvre capitale : deux ouvrages dont le sujet est la
doctrine chrétienne, telle qu’il l’a reçue des apôtres. Il s’agit de la
Démonstration de l’enseignement apostolique et la Dénonciation
et réfutation de la gnose au nom menteur (ou plus simplement
Contre les hérésies). Le premier est un exposé catéchétique, le
second est une des œuvres les plus importantes de l’Antiquité
chrétienne et de la littérature patristique. Dans son Contre les hé-
10
/ Entrée en carême /

résies, Irénée présente avec précision les différents systèmes


gnostiques qui pullulaient de son temps et cherchaient à réinter-
préter la doctrine chrétienne. Irénée oppose à ces systèmes faux
la vérité de la tradition reçue des apôtres. À ce titre, cette œuvre
est un témoignage exceptionnel de la foi de l’Église catholique au
IIe siècle. C’est ce trésor inestimable de la foi catholique que saint
Irénée, un des grands-pères de la France chrétienne, a agrégé à
notre patrimoine national.

Méditation
Avec l’exemple d’Irénée, je prends conscience de l’importance de la
transmission de la foi. Irénée a écouté Polycarpe, qui avait écouté Jean et
« les autres qui avaient vu le Seigneur ». Ce qu’il a reçu, Irénée l’a transmis.
Nous sommes, dix-neuf siècles plus tard, les héritiers de cette tradition
venue des apôtres. À notre tour, soyons résolus à transmettre ce que nous-
mêmes avons reçu.

Tweet i m’ont transmis


et rends grâce pour tous ceux qu istes, prêtres,
Je prie catéch
ptême : parents,
la foi de mon ba ou ts , et c.
s sc
éducateurs, chef

Prière
Recrée-moi un coeur pur, ô mon Dieu, refais-moi un esprit inébranla-
ble. Seigneur, ouvre mes lèvres et ma bouche publiera ta louange.
Psaume 50

11
/ JEUDI 2 MARS /
Prieuré St Thomas d’Aquin (Chémeré-le-Roi)

La tradition, lien d’unité des églises

L
’Église, bien que dispersée dans le monde entier jusqu’aux
extrémités de la terre, ayant reçu des apôtres et de leurs dis-
ciples la foi en un seul Dieu, Père tout-puissant, « qui a fait le
ciel et la terre et la mer et tout ce qu’ils contiennent », et en un seul
Jésus-Christ le Fils de Dieu, qui s’est incarné pour notre salut, et
en l’Esprit Saint, qui a proclamé par les prophètes les « écono-
mies », la venue, la naissance du sein de la Vierge, la passion, la
résurrection d’entre les morts et l’enlèvement corporel dans les
cieux du bien-aimé Christ Jésus notre Seigneur et sa parousie du
haut des cieux dans la gloire du Père, pour « récapituler toutes
choses » et ressusciter toute chair de tout le genre humain, afin
que devant le Christ Jésus notre Seigneur, notre Dieu, notre
Sauveur et notre Roi, selon le bon plaisir du Père invisible, « tout
genou fléchisse au ciel, sur la terre et dans les enfers, et que toute
langue le confesse » et qu’il rende sur tous un juste jugement, en-
voyant au feu éternel les esprits du mal et les anges prévaricateurs
et apostats, ainsi que les hommes impies, injustes, iniques et blas-
phémateurs, et accordant au contraire la vie, octroyant l’incorrup-
tibilité et procurant la gloire éternelle aux justes, aux saints, à ceux
qui auront gardé ses commandements et qui seront demeurés
dans son amour, les uns depuis le début, les autres depuis leur
conversion : ayant donc reçu cette prédication et cette foi, ainsi
que nous venons de le dire, l’Église, bien que dispersée dans le
monde entier, les garde avec soin, comme n’habitant qu’une seule
maison, elle y croit d’une manière identique, comme n’ayant qu’une
seule âme et qu’un même cœur, et elle les prêche, les enseigne
et les transmet d’une voix unanime, comme ne possédant qu’une
seule bouche.
Car, si les langues diffèrent à travers le monde, le contenu de la
Tradition est un et identique. Et ni les Églises établies en Germanie
n’ont d’autre foi ou d’autre tradition, ni celles qui sont chez les
Ibères, ni celles qui sont chez les Celtes, ni celles de l’Orient, de
12
/ Entrée en carême /

l’Égypte, de la Lybie, ni celles qui sont établies au centre du


monde ; mais, de même que le soleil, cette créature de Dieu, est
un et identique dans le monde entier, de même cette lumière
qu’est la prédication de la vérité brille partout et illumine tous les
hommes qui veulent « parvenir à la connaissance de la vérité ».
Contre les hérésies, Livre I, ch. 10, §§ 1-2.

Méditation
Je réalise la grandeur et la beauté de ma foi qui ouvre mon intelligence à des
horizons insoupçonnés : sur l’origine du monde, sur le salut opéré par le
Christ, sur le Saint-Esprit qui me sanctifie, sur la fin du monde où toutes
choses seront « récapitulées ». Ces connaissances me donnent assurance,
espérance et joie. Assurance, car je vois la bonté du plan de Dieu et son
amour prévenant pour ses créatures. Espérance, car je discerne que le terme
de l’existence humaine et la fin du monde sont « dans la main de Dieu ».
Joie, car je constate que ma foi est celle de l’Église, et qu’elle est partagée
par tous ceux qui écoutent sa voix.

Tweet lises qui, au-


of fre un sa cr ifice pour les ég ns la persé-
Je prie et de la foi da
t le témoignage ine,
jourd’hui, donnen oyen-Orient, Inde, Pakistan, Ch
ro ch e et M
cution (P
etc.).

Prière
Heureux l’homme qui ne prend pas le parti des méchants, mais s’at-
tache à la loi du Seigneur et médite cette loi jour et nuit.
Psaume 1

13
/ VENDREDI 3 MARS /
Prieuré St Thomas d’Aquin (Chémeré-le-Roi)

Le vrai pain des routiers

S
i donc la coupe qui a été mélangée et le pain qui a été
confectionné reçoivent la parole de Dieu et deviennent l’eu-
charistie, c’est-à-dire le sang et le corps du Christ, et si par
ceux-ci se fortifie et s’affermit la substance de notre chair, com-
ment ces gens peuvent-ils prétendre que la chair est incapable de
recevoir le don de Dieu consistant dans la vie éternelle, alors qu’elle
est nourrie du sang et du corps du Christ et qu’elle est membre
de celui-ci, comme le dit le bienheureux apôtre dans son épître
aux Éphésiens : « Nous sommes les membres de son corps, for-
més de sa chair et de ses os » ? Ce n’est pas de je ne sais quel
« homme pneumatique » et invisible qu’il dit cela, « car l’esprit n’a
ni os ni chair », mais il parle de l’organisme authentiquement hu-
main, composé de chairs, de nerfs et d’os : car c’est cet orga-
nisme même qui est nourri de la coupe qui est le sang du Christ
et fortifié par le pain qui est son corps. Et de même que le bois de
la vigne, après avoir été couché dans la terre, porte du fruit en son
temps, et que « le grain de froment, après être tombé en terre » et
s’y être dissous, resurgit multiplié par l’Esprit de Dieu qui soutient
toutes choses – ensuite, moyennant le savoir-faire, ils viennent en
l’usage des hommes, puis, en revenant la parole de Dieu, ils de-
viennent l’eucharistie, c’est-à-dire le corps et le sang du Christ –,
de même nos corps qui sont nourris par cette eucharistie, après
avoir été couchés dans la terre et s’y être dissous, ressusciteront
en leur temps, lorsque le Verbe de Dieu les gratifiera de la résur-
rection « pour la gloire de Dieu le Père » : car il procurera l’immor-
talité à ce qui est mortel et gratifiera d’incorruptibilité ce qui est
corruptible, parce que la puissance de Dieu se déploie dans la fai-
blesse.
Contre les hérésies, Livre V, ch. 2, § 3.

14
/ Entrée en carême /

Méditation
L’Eucharistie, le « pain des forts », est la seule nourriture qui rassasie
vraiment : elle ne comble pas la faim passagère de ce temps, mais celle de la
vie éternelle. Mettez en nous la faim de ce pain-là, Seigneur ! Ce pain, où
vous vous donnez vous-même – « Ceci est mon corps » – et tout entier :
corps, sang, âme et divinité. Je crois que vous êtes vraiment, réellement,
substantiellement présent sous les espèces eucharistiques. Quand je vous
reçois, vous êtes avec moi : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure
en moi et moi en lui » (Jn 6, 56). Je crois que celui qui vous reçoit en état de
grâce, reçoit en même temps le gage de la vie éternelle : « Qui mange ma
chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour »
(Jn 6,54).

Tweet is dans
messe une fo
rême, je vais à la
Pendant tout le ca du dimanche).
us
la semaine (en pl

Prière
Lave-moi tout entier de ma faute, et purifie-moi de mon péché.
Psaume 50

15
/ SAMEDI 4 MARS /
Prieuré St Thomas d’Aquin (Chémeré-le-Roi)

Marie, Ève nouvelle

P
arallèlement au Seigneur, on trouve aussi la Vierge Marie
obéissante, lorsqu’elle dit : « Voici ta servante, Seigneur ; qu’il
me soit fait selon ta parole. » Ève, au contraire, avait été dés-
obéissante : elle avait désobéi, alors qu’elle était encore vierge.
Car, de même qu’Ève, ayant pour époux Adam, et cependant en-
core vierge […], en désobéissant devint cause de mort pour elle-
même et pour tout le genre humain, de même Marie, ayant pour
époux celui qui lui avait été destiné par avance, et cependant
Vierge, devint, en obéissant, cause de salut pour elle-même et
pour tout le genre humain. C’est pour cette raison que la Loi donne
à celle qui est fiancée à un homme, bien qu’elle soit encore vierge,
le nom d’« épouse » de celui qui l’a prise pour fiancée, signifiant
de la sorte le retournement qui s’opère de Marie à Ève. Car ce qui
a été lié ne peut être délié que si l’on refait en sens inverse les bou-
cles du nœud, en sorte que les premières boucles soient défaites
grâce à des secondes et qu’inversement les secondes libèrent les
premières : il se trouve de la sorte qu’un premier lien est dénoué
par un second et que le second tient lieu de dénouement à l’égard
du premier. C’est pourquoi le Seigneur disait que les premiers se-
raient les derniers, et les derniers les premiers. Le prophète, de
son côté, indique la même chose, en disant : « Au lieu de pères
qu’ils étaient, ils sont devenus tes fils. » Car le Seigneur, en devenant
le Premier-né des morts et en recevant dans son sein les anciens
pères, les a fait renaître à la vie de Dieu, devenant lui-même le prin-
cipe des vivants parce qu’Adam était devenu le principe des morts.
C’est pourquoi aussi Luc a commencé sa généalogie par le
Seigneur, pour la faire remonter de celui-ci jusqu’à Adam, indiquant
par là que ce ne sont pas les pères qui ont donné la vie au
Seigneur, mais lui au contraire qui les a fait renaître dans l’Évangile
de vie. Ainsi également le nœud de la désobéissance d’Ève a été
dénoué par l’obéissance de Marie, car ce que la vierge Ève avait
lié par son incrédulité, la Vierge Marie l’a délié par sa foi.
Contre les hérésies, Livre III, ch.22, § 4.
16
/ Entrée en carême /

Méditation
La spiritualité du Feu et de la Route nous invite et nous incite à prendre Marie
comme guide de vie chrétienne. Cela passe par l’imitation de ses vertus, que
nous contemplons dans notre chapelet quotidien. Cela se traduit, plus
profondément, par une vénération spéciale envers celle qui fut « l’Aurore du
Salut », en ouvrant son cœur et son corps à la réalisation des promesses
messianiques. Dans la prière de l’Angélus, nous saluons et remercions avec
des paroles angéliques (Ave Maria !) celle qui a cru et qui s’est montrée
obéissante. Avec saint Irénée, nous voyons comment dans le plan du Salut,
cette obéissance de Marie répare et rachète, en la « dénouant », la
désobéissance d’Ève. Ô Marie, nouvelle Ève, rendez-nous attentifs et
réceptifs à la parole de Dieu.

Tweet t la récitation
ée , je reprends résolumen a-
Si je l’ai aban do nn i et soir) et du ch
ien ne de l’A ng élus (matin, mid
quot id
pelet.

Prière
Toi, qui es bon et qui pardonnes, plein d ‘amour pour tous ceux qui t’ap-
pellent, écoute ma prière, Seigneur, entends ma voix qui te supplie.
Psaume 85

17
/ NOTES /

18
PREMIÈRE SEMAINE
DE CARÊME

© Aude Dupuy, Paray 2016


/ DIMANCHE 5 MARS /
Jean-Marie Lonak, ACPrR Bretagne

Saint Benoît

S
aint Benoît (« béni de Dieu ») est né
à Nursie, en Ombrie, vers 480. Il
quitte sa ville natale à 14 ans pour
Rome où il va poursuivre ses études. Le
contact de la jeunesse dorée qu’il ren-
contre, brillante, prodigue, le blesse.
Où trouver Dieu, seul vrai but de sa vie,
parmi cette dissipation ? Mais bientôt,
il fuit la ville et les vanités du monde et
se retire dans la solitude d’une ca-
verne près de Subiaco. Là, un ermite,
Romain, un cénobite, qui lui indique
une grotte où il vivra de solitude et
d’ascétisme. Il lui donne la vie reli-
gieuse et devient son père spirituel.
Benoît cherche Dieu dans une constante prière réflexion.
Sa réputation de sainteté lui attire les disciples qui se rassemblent
autour de lui. Rapidement Benoît les répartit en douze monastères,
de douze moines chacun, qu’il garde sous sa direction. Avec
quelques-uns d’entre eux, il quitte Subiaco et se fixe au Mont-
Cassin, vers 529 où il fonde la célèbre abbaye dans laquelle il res-
tera jusqu’à sa mort vers 550. C’est dans ce lieu, considéré
comme le berceau des Bénédictins, qu’il rédigea sa fameuse
Règle.
Le 12 octobre 1964, Paul VI proclama saint Benoît, patron de
l’Europe, titre qu’il partage depuis 1980 avec les slaves saint Cyrille
et saint Méthode proclamés par Jean-Paul II copatrons de l’Europe.
Plus tard trois saintes de l’Europe seront elles aussi proclamées
copatronnes de l’Europe, sainte Catherine de Sienne, sainte
Brigitte de Suède et sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (sainte
Édith Stein).

20
/ 1re semaine de carême /

La fidélité observée dans la règle de saint Benoît


1- Il est un mauvais zèle, un zèle amer, qui sépare de Dieu et mène
à l’enfer.
2- De même, il est un bon zèle qui sépare des vices et mène à
Dieu et à la vie éternelle.
3- C’est ce zèle que les moines pratiqueront avec un très ardent
amour.
4- Ils s’honoreront mutuellement avec prévenance.
5- Ils supporteront avec une très grande patience les infirmités
d’autrui, tant physiques que morales.
6- Ils s’obéiront à l’envie.
7- Nul ne recherchera ce qu’il juge utile pour soi, mais bien plutôt
ce qui l’est pour autrui.
8- Ils s’accorderont une chaste charité fraternelle.
9- Ils craindront Dieu avec amour.
10- Ils aimeront leur abbé avec une charité sincère et humble.
11- Ils ne préféreront absolument rien au Christ…
12- qu’Il nous amène tous ensemble à la vie éternelle !

21
/ DIMANCHE 5 MARS /

Le service observé dans la règle de saint Benoît


1- Tous les hôtes qui arrivent seront reçus comme le Christ, car
lui-même doit dire un jour : « J’ai demandé l’hospitalité et vous
m’avez reçu. » (Matth 25, 35)
2- À tous, on témoignera l’honneur qui leur est dû, surtout aux
proches dans la foi et aux pèlerins.
3- Dès qu’un hôte aura été annoncé, le supérieur et les frères se
hâteront au-devant de lui avec toutes les marques de la charité.
4- Après avoir fait la prière ensemble, on échangera la paix.
5- Dans ce salut, on témoignera à tous les hôtes une profonde hu-
milité et, soit à leur arrivée, soit à leur départ.
6- C’est par une inclination de tête ou une prostration du corps
qu’on adorera en eux le Christ même qu’on reçoit. 1 Gal 6, 10
7- Aussitôt accueillis, les hôtes seront conduits à la prière. Ensuite
on leur témoignera toute l’humanité possible.
8- L’abbé versera de l’eau sur les mains des hôtes
9- Ce sont aux pauvres et aux pèlerins surtout qu’on manifestera
le plus d’attentions parce que c’est particulièrement en leur per-
sonne que l’on reçoit le Christ.
10- Aucun moine n’abordera les hôtes, ni leur parlera sans per-
mission, et s’il les rencontre ou les aperçoit, il les saluera hum-
blement.

22
/ 1re semaine de carême /

La patrie selon saint Benoît


Saint Benoît, par sa règle, est un des principaux fondateurs du mo-
nachisme en Europe. Dans chaque pays où il s’installe, l’abbaye
prie pour les habitants de la contrée, accueille les hôtes de pas-
sage, et tout au long de leur installation dans les différents pays
d’Europe, chaque abbaye a joué un rôle au service du pays où ils
étaient accueillis. Mais la vie bénédictine, vécue sur la terre, est un
chemin qui conduit, par la prière des moines, vers la patrie céleste
où chacun de nous est appelé.

Tweet ier
je m’engage à pr
lle es t la pe rs on ne pour laquelle jou r de ce ca -
Que
r pl us sp éc ial ement chaque
chaque jou
rême ?

Prière
Recrée moi un cœur pur, ô mon Dieu, refais moi un esprit inébranlable.
Ne m’écarte pas de ta présence, ne me reprends pas ton esprit saint.
Psaume 50

23
/ DIMANCHE 5 MARS /

Vie de saint Martin (Evron - Mayenne)


La vie de saint Martin nous est connue grâce à la biographie que
lui a consacrée un disciple enthousiaste, Sulpice Sévère.

Le soldat converti
Martin naît probablement en 316 dans l’actuelle
Hongrie. Comme sa mère, le père de Martin
est païen ; officier de l’empire romain, il rêve
d’une carrière similaire pour son fils.
Devenu garde impérial, Martin est de pas-
sage à Amiens au cours de l’hiver 335.
C’est là qu’à la porte de la ville, il rencontre
le Christ dans la personne d’un pauvre qu’il
revêt d’une partie de son manteau. La nuit
suivante, le Christ lui apparaît dans son
sommeil, vêtu de la moitié de la chla-
myde donnée au pauvre. Il entend dire
la foule des anges : « Martin, qui
n’est encore que catéchumène, m’a
couvert de ce vêtement ». Sans
doute cela hâtera-t-il son baptême.
S’il continue un temps de servir l’ar-
mée, il demandera congé à l’empe-
reur.

Le moine de Ligugé
S’ouvre alors une nouvelle étape pour Martin libéré de la servitude
militaire. Il part se former auprès de l’évêque de Poitiers, Hilaire, qui
a une réputation de sainteté. Ne se sentant pas digne d’être diacre,
il devient simplement exorciste et parvient dès lors à réaliser son
projet de retraite ascétique. Il se rend ainsi en Italie du Nord sur l’île
de Gallinara puis à Ligugé près de Poitiers pour mener une vie d’er-
mite à la recherche de Dieu seul. Là il commence à opérer des
24
/ 1re semaine de carême /

miracles et des guérisons. Sa réputation de sainteté s’accroît. Les


premiers disciples affluent à Ligugé, formant une ébauche de mo-
nastère, le plus ancien d’Occident !

L’évêque de Tours
En 371, à la mort de Lidoire, évêque de Tours, Martin est pressenti
pour lui succéder mais il refuse et c’est au terme d’un véritable
guet-apens qu’il est contraint d’accepter l’épiscopat sous les ac-
clamations de la foule. Martin va désormais consacrer son énergie
à annoncer le Christ à des populations rurales encore attachées à
leurs croyances. Détruisant les sanctuaires païens, déracinant les
arbres sacrés, il baptise, prêche, fonde des paroisses. Ses multi-
ples occupations auprès des plus pauvre comme des grands de
ce monde, ne l’éloignent pas de sa préoccupation essentielle, la
prière. Il se retire souvent dans son ermitage de Marmoutiers près
de Tours. Parti pour réconcilier des frères, c’est l’âme en paix qu’il
s’éteint à Candes le 8 novembre 397 alors que le diable tente à
nouveau de le détourner du Seigneur. « Pourquoi te tiens-tu ici bête
sanguinaire ? Tu ne trouveras rien en moi qui t’appartienne, maudit :
le sein d’Abraham me reçoit » sont les dernières paroles que pro-
nonce Martin, un des premiers saints non martyr, apôtre infatigable
de la charité.

25
/ LUNDI 6 MARS /
Communuaté Saint-Martin

Saint Martin, figure originale de sainteté

C
onsidérons enfin les Saints, ceux qui ont exercé de manière
exemplaire la charité. La pensée se tourne en particulier
vers Martin de Tours († 397), d’abord soldat, puis moine et
évêque : presque comme une icône, il montre la valeur irrempla-
çable du témoignage individuel de la charité. Aux portes d’Amiens,
Martin partage en deux son manteau avec un pauvre : Jésus lui-
même, dans la nuit, lui apparaît en songe revêtu de ce manteau,
pour confirmer la valeur permanente de la parole évangélique :
« J’étais nu, et vous m’avez habillé… Chaque fois que vous l’avez
fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous
l’avez fait. » (Mt 25, 36. 40).
Benoît XVI, Deus caritas est, n°40.

Celui que l’on appelle aussi le treizième apôtre marque un tournant


dans l’histoire de la sainteté. Il n’est plus besoin de verser son sang
pour atteindre la gloire des autels. Martin a montré à tous le chemin
d’un autre martyr, celui de la charité « au goutte à goutte ».
Martin m’enseigne que je ne peux réduire la charité au simple fait
d’être gentil ou de partager avec les pauvres. Il me montre que la
charité est d’abord une amitié avec Dieu, qu’il me la propose libre-
ment : c’est lui qui m’a choisi pour me partager ce qu’il est. Le
Christ partage avec moi sa vie de Fils de Dieu. Tout ce que le Fils
EST dans la Trinité, il m’appelle à le VIVRE. Comme la foi et l’espé-
rance, la charité m’est donnée au baptême en germe. Elle est des-
tinée à grandir le plus possible. La vie sur terre est faite pour la
croissance de la charité. Vertu infuse par Dieu, lui seul peut la faire
grandir. Je ne peux pas grandir dans la charité par moi-même. Le
Seigneur veut que je coopère à ses dons. Comment faire ?
Je dois d’abord désirer cette croissance et la demander à Dieu
dans la prière. Le Seigneur la fait grandir à mesure qu’il voit que
j’en fais bon usage. Cela signifie donc aussi exercer la charité en
26
/ 1re semaine de carême /

acte. Dieu m’a donné la vertu de charité mais c’est à moi de l’exer-
cer en posant des actes de charité. Tout acte de charité dispose
à une croissance ultérieure. Parce qu’il a revêtu le pauvre d’Amiens,
Martin a pu recouvrir la France et l’Europe de prêtres, de commu-
nautés monastiques et de fidèles fervents.
Saint Martin m’enseigne donc à ne pas attendre la mort pour être
saint mais à vivre dès ici-bas comme un vaillant et fidèle compa-
gnon de Jésus-Christ. De ce regard renouvelé sur le sens de ma
vie, jaillit le regard renouvelé sur les pauvretés multiples de ceux
qui m’entourent.
À la suite de saint Paul, saint Martin m’invite à faire mienne ces pa-
roles : « soit que je vive, soit que je meure, le Christ sera glorifié dans
mon corps. En effet, pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est un
avantage. Mais si, en vivant en ce monde, j’arrive à faire un travail
utile, je ne sais plus comment choisir. Je me sens pris entre les
deux : je désire partir pour être avec le Christ, car c’est bien préfé-
rable ; mais, à cause de vous, demeurer en ce monde est encore
plus nécessaire ». Phil 1,21-24

Tweet faire grandir en


ar tin je de m ande à Dieu de essus
Avec saint M vous aime par-d
oi la ch ar ité : « Mon Dieu, je tout e m on âm e et
m ut mon cœur, de
os es , de to inim en t bon
toutes ch vous êtes inf
toutes m es fo rces, parce que im e m on pr oc hain
de j’a
ent aimable, et vous. »
et souverainem po ur l’amour de
e
comme moi-mêm Acte de Charité

27
/ LUNDI 6 MARS /

Prière
Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur ;
le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard.
Psaume 18,9

28 © Benoist Clouet, Vézelay 2016


/ MARDI 7 MARS / / 1re semaine de carême /
Communuaté Saint-Martin

Saint Martin de Tours, l’homme de la prière

I
ls sont durs, Seigneur, les combats qu’il faut livrer dans son
corps pour ton service : et j’ai assez de luttes que j’ai soutenues
jusqu’ici. Mais si tu m’ordonnes de peiner encore pour monter
la garde devant ton camp, je ne refuse pas, je n’alléguerai pas pour
excuse l’épuisement de l’âge. Je me dévouerai à la tâche que tu
m’imposeras : sous les étendards, aussi longtemps que tu l’ordon-
neras toi-même, je servirai. Sans doute un vieillard souhaiterait un
congé après une vie de labeur, mais l’âme est capable de vaincre
les années et saura ne pas céder à la vieillesse. Mais si maintenant
tu ménages mon grand âge, c’est bien pour moi, c’est ta volonté,
Seigneur. Quant à mes frères pour qui je crains, tu les garderas
toi-même. Ainsi soit-il.
Saint Martin

Méditation
Le désir ardent de rencontrer le Seigneur dans la prière a traversé toute la vie
de saint Martin, lui donnant son unité et sa cohérence. Martin passe
insensiblement de la prière à l’action. Il est moine en même temps qu’il est
évêque. Il prie en même temps qu’il évangélise. C’est dans un même
mouvement de l’être qu’il est présent à Dieu dans la prière et présent aux
hommes par le service apostolique. Il n’y a pas chez lui de fracture entre le
dehors et le dedans.
L’exemple de Martin est un puissant stimulant pour retrouver le sens de
l’intériorité. La prière a été chez lui une respiration de l’âme et du cœur. En
effet, seule la prière peut donner à tous les instants de notre vie ce souffle,
cette épaisseur sans lesquels les plus beaux actes, aussi nobles et généreux
soient-ils, manquent de consistance.
Cette prière libère d’une recherche de l’efficacité tout extérieure. Dans la
mesure où l’action s’est faite envahissante, la prière l’a été également dans
la vie du saint. Martin est-il confronté à l’hostilité ? Sa prédication
29
/ MARDI 7 MARS /

rencontre-t-elle quelque opposition ? C’est dans la prière qu’il puise sa


force ; c’est elle son arme de combat préférée. Il prie longuement, dans la
confiance la plus totale, même quand le résultat se fait attendre.

Tweet prière
ec Jésus dans la iser
rds du temps av
Aujourd’hui, je pe ier ma relation avec le Christ et pu
rtif lon
gratuite, afin de fo grâces nécessaires pour vivre se
les
dans son cœur
l’Évangile.

Prière
Je cherche le Seigneur, il me répond : de toutes mes frayeurs, il me dé-
livre. Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au
visage. Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses
angoisses.
Psaume 33, 5-7

30
/ MERCREDI 8 MARS / / 1re semaine de carême /
Communauté Saint-Martin

L’obéissance de saint Martin


Seigneur, si je suis encore nécessaire à ton peuple, je ne
refuse pas le travail : que ta volonté soit faite !
Parole de saint Martin peu avant sa mort

oldat de l’Empire, Martin a appris à ne pas vivre selon ses

S caprices. Il ne fait pas ce qui lui plaît, mais son devoir militaire
qui passe par la rigueur et la discipline. Ainsi il obéit toujours
aux lois du réel et de l’honneur. De même au camp et à la route le
style scout nous apprend à ne pas écouter nos envies de confort
mais à suivre la voie de l’effort, pour être toujours prêts à servir.
Chef militaire, et plus tard chef de ses moines lorsqu’il fondera le
premier monastère d’Occident à Ligugé, Martin sait obéir lui-même
à ses supérieurs, il n’entraîne jamais les siens selon sa petite idée
mais selon un ordre juste ; celui de l’armée, puis celui de l’Église.
Ainsi il obéit toujours aux lois de l’appartenance à un corps. De
même un scout « obéit sans réplique » parce qu’il a fait allégeance
à un chef qui lui fait confiance.
Soldat du Christ enfin, chrétien, prêtre puis évêque, Martin montre
l’exemple d’une vraie obéissance chrétienne : « Il faut obéir à Dieu
plutôt qu’aux hommes » ! C’est pour cela qu’il résiste aux autorités
impériales à chaque ordre injuste, mais qu’il obéit aux foules qui
l’élisent évêque malgré lui, dès qu’il y reconnaît l’appel divin. Ainsi
il obéit toujours à la volonté de Dieu. Avant son dernier souffle il
dira son dernier « que ta volonté soit faite ».
Le saint, le chrétien, le scout chrétien, n’est pas un soumis qui exé-
cute sans réfléchir les ordres reçus ; il est un obéissant qui sait
vouloir et résister, mais qui cherche à faire la volonté de Dieu, non
pas sa volonté propre.

31
/ MERCREDI 8 MARS /

Tweet je de-
e ! » Aujourd’hui
Non pa s m a vo lonté, mais la tienn maine précis où je
« do
de me montrer un choisissant un acte
mande à Jésus ; et je corrige en
a tête ir à une loi, ou
n’en fais qu’à m r am our pour lui (obé
lib re pa ).
d’obéissa nc e ment de Dieu…
e au torité, ou à un commande
à un

Prière
Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé.
Psaume 50

32 © Sixtine Cottenet, route en Ardèche du Feu de Vannes


/ JEUDI 9 MARS / / 1re semaine de carême /
Communauté Saint-Martin

Saint Martin, l’homme de la charité fraternelle

U
n jour que Martin était assis dans la petite cour, (…) Brice
entra furieux, et dans sa folie vomit mille injures contre
Martin (…) il s’éloigna après avoir exhalé sa colère et croyant
s’être vengé ; puis il reprit en marchant rapidement la route par la-
quelle il était venu. Cependant les prières de Martin, j’en suis per-
suadé, chassèrent les démons du cœur de Brice, qui, plein de
repentir, revint tout de suite trouver Martin, se jeta à ses pieds, et,
rentrant en lui-même, avoua qu’il avait cédé aux instigations du
démon ; rien n’était plus facile à Martin que de pardonner à un sup-
pliant ! C’est alors qu’il nous raconta, ainsi qu’à Brice, comment il
avait vu le diable l’agiter et était demeuré insensible à des injures
qui nuisaient plutôt à celui qui les proférait. Dans la suite, ce même
Brice fut accusé de grands crimes ; mais jamais Martin ne put se
résoudre à déposer ce prêtre, de peur de paraître venger une injure
personnelle ; souvent il répétait : « Si le Christ a supporté Judas,
pourquoi ne supporterai-je pas Brice ? »
Dialogue de Postumien avec Sulpice Sévère, XV

Méditation
La charité de l’ancien soldat Martin n’est pas une gentillesse douceâtre. Elle
est conquête sur son caractère, authentique vertu : il veut le bien de l’autre.
Sa relation avec le moine-prêtre Brice, nous éclaire sur la manière dont
Martin vit la charité fraternelle.
Brice fut sans doute la source de ses plus grandes souffrances. Souffrances
dues à ses critiques constantes, à ses manœuvres contre lui. Souffrance sans
doute plus vive encore que l’un de ses disciples s’éloigne si manifestement de
la voie qu’il cherche à suivre. Mais Martin ne s’est jamais départi de son
indulgence envers lui. Il aurait pu le chasser du clergé, mais veut garder avec
lui une relation fondée sur la liberté, le convertir par l’exemple. Cette
indulgence n’est pas faiblesse : Martin n’hésite pas à reprendre durement
33
/ JEUDI 9 MARS /

Brice, quitte à encourir des attaques renouvelées. Patience, vérité,


humilité… C’est vraiment au Christ que s’identifie Martin, dans sa relation
avec son disciple infidèle. Cette attitude héroïque porta du fruit bien plus
tard : Brice, évêque de Tours à la suite de Martin, finit par se convertir après
une vie mouvementée.

Tweet utre.
uloir le bien de l’a
ch ar ité th éolog ale consiste à vo donner moi-même
La e
ent disposé à m …) ?
Suis-je véritablem s (famille, amis, fréquentations
le bie n de s au tre
po ur

Prière
Le Seigneur fait tout pour moi ! Seigneur, éternel est ton amour : n’ar-
rête pas l’œuvre de tes mains.
Psaume 137

34
/ VENDREDI 10 MARS / / 1re semaine de carême /
Communauté Saint-Martin

Missionnaire à l’exemple de saint Martin


Homme unique par ses vertus vraiment ineffables, piété, miséri-
corde, charité : la charité qui chaque jour, même chez les hommes
saints, se glace en ce siècle glacé et qui, chez Martin, au contraire,
a duré jusqu’à la fin en augmentant de jour en jour.
Lettre de Sulpice Sévère au diacre Aurèle

Méditation
Jusqu’au dernier instant de sa vie, saint Martin a été tourmenté par le salut
des âmes. Sa vie entière était consacrée à l’annonce de l’Évangile. Aussi est-
il appelé l’Apôtre des Gaules : il est l’un des grands artisans de la Première
Évangélisation de notre pays. À l’heure de la Nouvelle Évangélisation,
pourquoi ne pas nous en inspirer ?
Quel a été le secret de Martin ? À l’exemple de son Maître et Seigneur, Martin
a annoncé l’Évangile en paroles et en actes. En paroles d’abord. Il n’a pas
craint d’annoncer la vérité du Christ à temps et à contre-temps, notamment
face au paganisme et à l’hérésie arienne. En acte également. Cette vérité
qu’il annonçait, Martin la vivait. Il ne se contentait pas de parler aux
hommes de l’amour du Christ pour eux. Il le leur faisait expérimenter, tant
par sa charité soucieuse des plus pauvres que par ses guérisons miraculeuses.
Tu ne peux être apôtre dans notre monde déchristianisé que si, à l’exemple de
Martin, tu l’es en paroles et en actes. As-tu le courage de témoigner de ta foi
à temps et à contre-temps ? Mais surtout, penses-tu qu’à ton contact, on
puisse faire l’expérience de l’amour de Dieu ? Parce que celui qui vient te
parler se sent écouté et aimé. Parce que tu ne comptes pas quand il s’agit de
donner du temps. Parce qu’avec toi, on ne se sent pas tout de suite jugé et
condamné. Pour évangéliser, il ne suffit pas de parler de Jésus. Il faut le
faire rencontrer. Et c’est à travers nous, pauvres pécheurs, que Jésus veut se
montrer à ceux qui ne le connaissent pas.

35
/ VENDREDI 10 MARS /

Tweet mon
non-croyante de
pa rle de ma foi à une personne un acte de charité
Je d
pose à son égar ire, service matériel,
entourage, et je tiente, aide scola
e pa
concrète (écout
etc.).

Prière
Si tu retiens les fautes, Seigneur Seigneur, qui subsistera ? Mais près
de toi se trouve le pardon pour que l’homme te craigne.
Psaume 129

© Jean-Marc Audirac
36
/ SAMEDI 11 MARS / / 1re semaine de carême /
Communauté Saint-Martin

Saint Martin,
un soldat au service de la rédemption

M
artin dit à César : Jusqu’ici j’ai été à ton service : permets-
moi maintenant d’être au service de Dieu (…) moi je suis
soldat du Christ, je n’ai pas le droit de combattre. Mais
alors à ces mots, le tyran se mit à gronder, disant que si Martin re-
fusait de servir, c’était par crainte du combat qui devait avoir lieu le
lendemain et non pour des motifs religieux. Mais Martin, intrépide,
et même d’autant plus ferme que l’on avait tenté de l’intimider, dit
alors : « Si l’on impute mon attitude à la lâcheté et non à la foi, je
me tiendrai demain sans armes devant les lignes, et au nom du
Seigneur Jésus, sous la protection du signe de la croix, sans bou-
clier ni casque, je pénétrerai en toute sécurité dans les bataillons
ennemis ». (…) Le lendemain, l’ennemi envoya des parlementaires
pour négocier la paix et se rendit avec armes et bagages.
Vie de saint Martin, Sulpice Sévère

Saint Martin était soldat de l’armée romaine et préparé au service


des armes. Il fut préparé pour cette carrière pendant de longues
années par un enseignement rigoureux et surtout par une exi-
geante discipline de vie. Et Dieu s’est servi de cette préparation
humaine et militaire pour former Martin au service de l’Église, en
gardant ces vertus de force, d’idéal, et de service.
Ma vie, mon caractère, ce que j’ai reçu de ma famille, toutes les
expériences heureuses ou éprouvantes, rien n’échappe à la misé-
ricorde de Dieu. Tout ce que j’ai et tout ce que je suis, dans la me-
sure où je l’offre au Seigneur, tout peut devenir un lieu de passage
de la grâce, pour toucher les autres autour de moi et étendre le
Royaume de Dieu. Mais c’est toujours après-coup que je peux re-
lire cette prévenance de Dieu dans ma vie. Encore faut-il le faire…
« Le Seigneur était là et je ne le savais pas. » (Gn 28, 16)

37
/ SAMEDI 11 MARS /

Tweet uve person-


er et re m er cie r pour une épre bien plus
Relire, nom m a permis un
ns laquelle Dieu
nelle traversée, da ricorde, témoignage…).
misé
grand (maturité,

Prière
D’un cœur droit, je pourrai te rendre grâce, instruit de tes justes déci-
sions.
Psaume 118 (119)

38
DEUXIÈME SEMAINE
DE CARÊME
/ DIMANCHE 12 MARS /
Jean-Marie Lonak, ACPrR Bretagne

Saint Cyrille

D
e tout temps, la mission s’est révélée une
matrice des cultures nationales. Il n’en est
de meilleur exemple que l’évangélisation
menée par Cyrille et Méthode. Apôtres des
slaves, ces deux frères étaient originaires de
Thessalonique, la ville où avait vécu et travaillé
l’apôtre Paul. Fils d’un officier supérieur Cyrille
et Méthode entrèrent tous deux au monastère
de l’Olympe en Bithynie d’où l’empereur Michel
III et le patriarche Photius les en tirèrent, en
862, pour les envoyer en Moravie et en
Pannonie.
Les Francs et les Germains tâchaient de s’ins-
taller dans ces régions qui étaient traditionnel-
lement dans la mouvance de l’empire
byzantin et de l’église d’Orient. Les deux mis-
sionnaires commencèrent par traduire
l’Évangile et les textes liturgiques en slavon
et, dotèrent ce groupe de langues d’un alphabet de 38
lettres, plus tard connu comme le « cyrillique ». Les prêtres francs
les traitèrent d’hérétiques parce qu’ils ne disaient pas la messe en
latin. Le 14 février 869 Cyrille mourut et fut solennellement enseveli
dans l’église Saint-Clément.
Saint Cyrille et saint Méthode ont été proclamées copatrons de
l’Europe, le 31 décembre 1980, par saint Jean-Paul II. Ainsi avec
saint Benoît proclamé le premier saint patron de l’Europe, l’Ouest
et l’Est de l’Europe peuvent respirer avec leurs deux poumons,
grâce à ces trois saints patrons de ce continent. Auxquelles s’ajou-
tent maintenant, les trois saintes copatronnes de l’Europe : sainte
Brigitte de Suède, sainte Catherine de Sienne et sainte Thérèse
Bénédicte de la Croix (sainte Édith Stein), proclamées par saint
Jean-Paul II, le 1er janvier 1999.
40
/ 2e semaine de carême /

On doit tout d’abord remarquer la passion avec laquelle Cyrille


aborda les écrits de saint Grégoire de Nazianze, apprenant à son
école la valeur de la langue dans la transmission de la Révélation.
Saint Grégoire avait exprimé le désir que le Christ parle à travers
lui : « Je suis le serviteur du Verbe, c’est pourquoi je me mets au
service de la Parole ». Voulant imiter Grégoire dans ce service,
Cyrille demanda au Christ de vouloir parler en slave à travers lui. Il
introduit son œuvre de traduction par l’invocation solennelle :
« Écoutez, ô vous tous les peuples slaves, écoutez la Parole qui vint
de Dieu, la Parole qui nourrit les âmes, la Parole qui conduit à la
connaissance de Dieu ». En réalité, déjà quelques années avant
que le prince de Moravie ne demande à l’empereur Michel III l’envoi
de missionnaires dans sa terre, il semble que Cyrille et son frère
Méthode, entourés d’un groupe de disciples, travaillaient au projet
de recueillir les dogmes chrétiens dans des livres écrits en langue
slave. Apparut alors clairement l’exigence de nouveaux signes gra-
phiques, plus proches de la langue parlée : c’est ainsi que naquit
l’alphabet glagolithique qui, modifié par la suite, fut ensuite désigné
sous le nom de « cyrillique » en l’honneur de son inspirateur. Ce
fut un événement décisif pour le développement de la civilisation
slave en général. Cyrille et Méthode étaient convaincus que
chaque peuple ne pouvait pas considérer avoir pleinement reçu la
Révélation tant qu’il ne l’avait pas entendue dans sa propre langue
et lue dans les caractères propres à son alphabet.
Benoît XVI : mercredi 17 juin 2009

41
/ DIMANCHE 12 MARS /

Tweet t d’enseigner,
ign eu r m ’a confié le talen Je
Est-ce que le Se ondir l’Écriture ?
rle r, d’ all er en mission, d’approf pe ut m ’o ffr ir et
de pa
x ch ar ism es qu e l’Esprit Saint
réfléchis au irituel.
eil à mon Père Sp
je demande cons utes
t pour l’unité de to
jou rd ’hu i, je pr ie particulièremen
Au
nnes.
les Églises chrétie

Prière
Notre vie dépend du Seigneur : il est notre aide et notre protection.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous, comme notre espoir est en toi !
Psaume 32

42
/ 2e semaine de carême /
Abbaye cistercienne de Novy Dvur (Tchéquie)

Saint Bernard de Clairvaux


Ces réflexions sur Saint Bernard ont été préparées par Dom Samuel, moine trappiste entré à
l’abbaye de Sept-Fons en 1983, aujourd’hui abbé de Nový Dvůr en République tchèque.

Coupée de la charité, la foi se meurt. Crois-tu au Christ ? –


Fais les œuvres du Christ pour que vive ta foi.
Sermon sur le Cantique, 24, 8

N
é en 1090 au dans une famille noble de
Bourgogne, Bernard de Fontaine a huit ans quand
les chevaliers du royaume de France s’embar-
quent pour la première croisade, avec l’intention de li-
bérer le tombeau du Christ. Son regard porte plus loin.
Dieu l’appelle à une vie consacrée à son service.
À 22 ans, il entre donc à l’abbaye de Cîteaux fon-
dée quinze ans auparavant, accompagné de trente
compagnons qu’il a convaincus par sa parole et son
exemple. Trois ans plus tard, il est envoyé comme fon-
dateur de l’abbaye de Clairvaux dont dépendront, à sa
mort, près de soixante-dix monastères dont la moitié
hors de France. Il meurt en 1153 après avoir arbitré
bien des conflits qui agitaient l’Église de son temps.
Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, lui reprochera, non
sans raison, d’avoir eu une plume trop agressive dans ses critiques
à ses frères bénédictins : ô nouvelle génération de pharisiens…
vous seuls vraiment moines dans tout l’univers… mais dites-moi,
stricts observateurs de la Règle, comment vous targuez-vous
d’être si fidèles, vous qui n’avez nul souci de ce petit chapitre où
est prescrit au moine de se considérer comme le plus vil et le der-
nier de tous, et cela non seulement dans ses paroles, mais au fond
de son cœur ? Même les saints ont des défauts. Même ceux qui
ont des défauts peuvent devenir des saints.
43
/ LUNDI 13 MARS /
Abbaye cistercienne de Novy Dvur (Tchéquie)

Ne cherchez pas autre chose autant que Lui, ni autre chose


que Lui, ni autre chose après Lui. Cherchez-le.
Saint Bernard, Sermon lors du travail de la moisson

La vie de saint Bernard commence par une expérience ou la relation


personnelle avec Dieu domine, et se termine sous d’écrasantes
responsabilités politiques : les croisades, les divisions dans l’église, les
conseils au pape Eugène III. Notre équilibre tient à un subtil accord entre une
vie spirituelle toujours prioritaire mais qui laisse notre sensibilité
insatisfaite, et d’autres aspects plus concrets, qui comptent moins, certes,
mais qui ont leur place.
Que retenir de ces contradictions ? Aucun d’entre nous ne doit entretenir en
lui l’ambition d’une influence. Ce sera ce que Dieu voudra. Mais aucun
d’entre nous ne doit négliger le subtil équilibre qui, dans notre existence,
mêle l’activité temporelle à la vie spirituelle. Saint Bernard, sur ce point, est
intarissable. Notre union à Dieu va passer par un détachement vis-à-vis de
tout, y compris vis-à-vis d’un quelconque succès personnel lié à l’estime des
autres.
La prière, remède à toute chose, seule tâche pure de toute ambition dans
notre existence, seul fruit, mais invisible, et en même temps, chemin pour
tous les perfectionnements que Dieu nous destine, pour son service.

Aide-nous, Dieu notre Sauveur, pour la gloire de ton Nom.


Ps 78

44
/ 2e semaine de carême /

Relation personnelle avec Dieu ou influence dans le monde où nous vivons ?


Où donc est le fondement de la vie chrétienne ?

Tweet a
ière place dans m
e qu e je m et s le Christ à la prem ns un e co nv er -
Est-c
nc on tre de s co ntradicteurs da
vie si je re
?
sation sur Jésus

Prière
Comme un cerf altéré qui cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche,
toi, mon Dieu.
Psaume 41

45
/ MARDI 14 MARS /
Abbaye cistercienne de Novy Dvur (Tchéquie)

L’édifice spirituel ne peut tenir que sur le solide fondement


de l’humilité. Or, pour s’humilier, l’âme ne peut trouver rien
de plus efficace… que de se découvrir elle-même en vérité.
Sermon sur le Cantique, 15,6

On ne comprendrait rien à saint Bernard si nous venions à oublier qu’il fut


d’abord, comme chacun d’entre nous, un jeune homme aux mille projets dans
lesquels Dieu trancha pour n’en laisser qu’un seul. Le vrai Bernard de
Clairvaux est là, dans une recherche de Dieu qui ressemble à la nôtre. Et si
l’on pense souvent au docteur qu’il devint, on oublie parfois le jeune abbé
que sa charge épuisait, impuissant, malade, incapable d’assister à l’office
de nuit, quasi mourant à l’aube de son existence monastique.
Heureux les pauvres ! Avons-nous une seule fois laissé résonner cette parole
de Notre Seigneur à nos oreilles, en lui donnant son vrai poids ? Humilité,
humble acceptation de la vérité sur un chemin déroutant, celui que le Christ
nous a montré en sa Passion, chemin qui consiste autant à consentir aux
blessures que nous portons qu’à accepter celles de ceux avec lesquels nous
vivons. Saint Paul se donnait en exemple aux Philippiens. Il savait, lui aussi,
que nous portons des trésors de grâce dans des vases d’argile, que le chrétien
se glorifie dans sa faiblesse, que c’est quand il est faible qu’il est fort et que
Dieu ne permet jamais que nous soyons tentés au-delà de nos forces.

Moi, je suis sûr de toi, Seigneur,


Je dis : « Tu es mon Dieu ! »
Ps 30

Suivre le Christ n’est pas affaire de défilé triomphal, mais de renoncement,


d’humilité.

46
/ 2e semaine de carême /

© Domitien Asselin de Williencourt

Tweet ns
es de Dieu » sa
m en t pu is- je « goûter les chos ant pas agir ma
Com ne laiss
ma journée, en mon
cesse à travers de la pr és en ce de Dieu dans
ib ilit é m ais ce lle
sens
cœur ?

Prière
Invoque-moi au jour de l'angoisse: je t'en délivrerai, et tu me rendras
gloire
Psaume 49

47
/ MERCREDI 15 MARS /
Abbaye cistercienne de Novy Dvur (Tchéquie)

Le nom de Jésus

L
e nom de Jésus n’est pas seulement lumière, mais aussi
nourriture… Il est encore remède. L’un de nous est-il triste ?
Que le nom de Jésus lui vienne au cœur, et de là monte à
ses lèvres… Ou bien quelqu’un est-il coupable d’une grave
faute ?… Qu’il invoque le nom de celui qui donne la vie…
Sommes-nous en plein danger, haletant et tremblants ? Ce nom
de puissance, une fois invoqué, ne ramène-t-il pas immédiatement
la confiance en chassant la peur ?… Le courage a-t-il jamais man-
qué à celui qui a prononcé ce nom protecteur ?
Voilà les maladies et les faiblesses de l’âme, et voilà leur remède…
Rien de tel que cette invocation pour apaiser l’assaut de la colère,
calmer l’enflure de l’orgueil, guérir la blessure de l’envie…
Vraiment, quand je prononce le nom de Jésus, je mets en face de
moi un homme doux et humble de cœur, bienveillant… rayonnant
de toute droiture et de toute sainteté. Mais il est aussi lui-même
Dieu tout-puissant. Par son exemple, il me guérit ; par son aide, il
refait mes forces. Voilà tout ce qui doit résonner en moi dès que le
nom de Jésus aura été prononcé.
Sermon sur le Cantique, 15,6

Sans soumission de l’intelligence à la lumière de la Révélation, il n’y a pas de


foi. Mais sans soumission de la sensibilité à cette lumière, il n’y a pas non
plus de goût. Sans goût, la foi n’a que la volonté pour s’imposer. Et la
volonté, sans goût, n’a d’autre recours que la vertu de force pour tenir. Cela
ne peut durer très longtemps. Tout chrétien honnête a dû, de temps à autre,
persévérer des mois durant, quelquefois des années, sans goût, sans autre
soutien que la grâce insensible et sa propre détermination. Mais ceux qui
sont restés fidèles, n’ont-ils pas réussi à développer une sorte de « goût des
choses de Dieu » ? La sensibilité, de même que l’intelligence, a donc un rôle
à jouer dans la croissance spirituelle.
48
/ 2e semaine de carême /

Saint Bernard invitait ses moines à se laisser tailler, à prendre le contrepied


de leurs mouvements spontanés mais non pas à renoncer à vivre avec leur
sensibilité. Le Chrétien s’interdit de s’enfermer dans une sensibilité
éparpillée ; il essaie de mener sa vie de prière en combattant contre le « vieil
homme ». De la sorte, il restaure progressivement les forces de sa sensibilité
en accord avec l’intelligence de la foi. Cet apprentissage conduit à la
ferveur : un certain accord de la volonté et de la sensibilité purifiée.

Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur !


Ps 33

L’église, lumière et vérité, rayonne la beauté de Dieu.

Tweet nd je
magnifique ! Qua ns
le no m de Jé sus est beau et je ré ali se le se
Que que
de Jésus, est-ce retentit dans mon
prononce le nom en il
nom et combi cesse, tout au
profond de ce ab itu de de dire sans
ds l’h mon
cœur ? Je pr en es présent dans
g de la jou rn ée : « Jésus, Tu e. »
lon âm
esprit, dans mon
cœur, dans mon

Prière
Je compte sur toi, Seigneur : je dis « Tu es mon Dieu ».
Psaume 30

49
/ JEUDI 16 MARS /
Abbaye cistercienne de Novy Dvur (Tchéquie)

Ma relation avec Dieu


Ne cherchez pas autre chose autant que Lui, ni autre chose
que Lui, ni autre chose après Lui. Cherchez-le.
Sermon lors du travail de la moisson

Notre union à Dieu passe nécessairement par un détachement vis-à-vis de


tout, y compris vis-à-vis d’un quelconque succès personnel lié à l’estime des
autres. Saint Bernard, sur ce point, est intarissable. Pourtant, sa vie
commence par une expérience ou la relation personnelle avec Dieu domine, et
se termine sous d’écrasantes responsabilités politiques : les croisades, les
divisions dans l’église, les conseils au pape Eugène III. Que retenir de ces
contradictions ? Notre équilibre tient à un subtil accord entre une vie
spirituelle toujours prioritaire mais qui laisse notre sensibilité insatisfaite,
et d’autres aspects plus concrets, qui comptent moins, certes, mais qui ont
leur place. Aucun d’entre nous ne doit entretenir en lui l’ambition d’une
influence. Ce sera ce que Dieu voudra. Mais aucun d’entre nous ne doit
négliger le subtil équilibre qui, dans notre existence, mêle l’activité
temporelle à la vie spirituelle.
La prière, remède à toute chose, seule tâche pure de toute ambition dans
notre existence, seul fruit, mais invisible, et en même temps, source des
perfectionnements que Dieu nous destine pour son service…

Aide-nous, Dieu notre Sauveur,


pour la gloire de ton nom.
Ps 78

Relation personnelle avec Dieu ou influence dans le monde où nous vivons ?


Où donc est le fondement de la vie chrétienne ?
50
/ 2e semaine de carême /

Tweet réali-
concrets puis-je is-
nd an t ce ca rê me, quels efforts de vie ? Q ue pu
Pe ité
une meilleure un stes
ser pour retrouver es habitudes qui me sont néfa
pp rim er da ns m de Jé su s ?
je su roch er
tent de me rapp
et qui me permet

Prière
Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous, adorons le Seigneur qui nous
a faits. Oui, il est notre Dieu, nous sommes le peuple qu’il conduit, le
troupeau guidé par sa main.
Psaume 94

© Louis-Robert Rathuéville, Paray 2015 51


/ VENDREDI 17 MARS /
Abbaye cistercienne de Novy Dvur (Tchéquie)

La présence du Seigneur dans l’épreuve

C
elui-là donc qui désire éprouver si Dieu habite en lui, qu’il
examine dans une recherche sincère le dedans de son
cœur […] et s’il trouve la charité tendue de tout son cœur
vers l’amour de Dieu et du prochain, au point qu’il voudrait que soit
donné à ses ennemis cela même qu’il souhaite lui être accordé,
celui qui est tel, qu’il ne doute pas que Dieu ne le guide et ne l’ha-
bite.
Sermon 38, 4

C’est au fort de l’épreuve que le chrétien fidèle rencontre le Seigneur et


perçoit sa présence. Il n’est pas une ligne de l’Évangile qui nous promette
une vie facile. Par contre, quelle grandeur, quelle ambition, quelle
noblesse ! Le Moyen Âge a donné à saint Bernard le nom de docteur
Mellifons, source de miel. Mais le miel, dans nos vies, où le trouve-t-on ?
Que Dieu propose-t-il à ceux qu’il invite à marcher à sa suite ? D’abord, une
vérité, la foi : une révélation de son existence, de sa nature, de sa bonté, et
quelques indications succinctes pour lui être fidèle et trouver le bonheur.
Ensuite un chemin, l’Évangile précise qu’il est escarpé. En outre, cette vie
que les chrétiens appellent la grâce, présence en nous du Seigneur qui anime
nos actes.
Depuis que Dieu s’est révélé à Moïse et s’est fait homme en Jésus, cette vie
est le sel de l’humanité, le levain de multiples cultures ; elle l’est également
aujourd’hui et le sera encore demain, aussi réduit que soit le troupeau des
fidèles du Seigneur. Cette vie se révèle à nous quand, tenant ferme dans la
foi, émergent de nous des actes, des gestes, des fidélités, une persévérance,
qui ne viennent pas de nous. On sent qu’elle nous appartient, c’est notre vie,
mais elle vient d’ailleurs.

52
/ 2e semaine de carême /

Cherchez le Seigneur et sa puissance


Souvenez-vous des merveilles qu’il a faites
Ps 104
La grâce échappe totalement à l’emprise des sens. Comment tenir sous le
choc ? Comment persévérer si la grâce est à ce point insensible ?

Tweet isse les bras » ou


ult és , es t-ce que je « ba cher-
Dans les di ffic t, plutôt que de re
t-ce qu e j’a ba ndonne facilemen rappelant que je re-
es e
igneur tout en m chemins difficiles ?
cher l’aide du Se av ance r sur les
çois des grâces
po ur nt celles que le
e qu e la G râ ce et quelles so
Qu’est-c
nne ?
Seigneur me do

Prière
Ah ! Si mon peuple m’écoutait ! Israël, s’il suivait mes chemins ! Alors,
je le nourrirais de la fleur du froment, je le rassasierais avec le miel du
rocher.
Psaume 80

53
/ SAMEDI 18 MARS /
Abbaye cistercienne de Novy Dvur (Tchéquie)

Saint Bernard et Marie

O
toi, qui que tu sois, qui te sais vacillant sur les flots de ce
monde […], si tu ne veux pas te noyer durant les bour-
rasques […], regarde l’étoile, invoque Marie. Si tu es bal-
lotté sur les vagues de l’insolence et de l’ambition, du dénigrement
ou de la jalousie, regarde l’étoile, invoque Marie. Si la colère, l’ava-
rice ou les désirs de la chair secouent l’esquif de ton âme, regarde
vers Marie. Si […] tu commences à sombrer dans le gouffre de la
tristesse, […] pense à Marie. […]. Qu’elle ne s’éloigne pas de ton
cœur. En la suivant, tu ne t’égares pas ; en la priant tu ne déses-
pères pas ; elle te tient, tu ne t’écroules pas ; elle te protège, tu ne
crains pas ; elle te guide, tu ne te lasses pas ; elle te favorise, tu
viens à bout de tes engagements.
Sermon sur le Missus est, 2, 17.

La piété mariale est un aspect essentiel de notre vie chrétienne. Saint


Bernard est tout jeune abbé quand il écrit l’un des textes fondateurs de sa
théologie mariale. Regarde l’étoile, invoque Marie. Les médiévaux
entretenaient avec les astres une tout autre relation que la nôtre ; la leur est
fondée sur la réciprocité. Chaque homme, sommet de la création divine,
garde le contact avec un cosmos à son image. La terre n’est pas seulement
« notre maison commune », elle est un organisme dans lequel nous vivons.
Invoquer l’étoile, c’est se lier avec une créature, la Bienheureuse Vierge
Marie, qui fait partie de notre monde. Représenter la Vierge avec la lune à
ses pieds, c’est encore reconnaître qu’elle règne sur la nuit. Apprenons à
aimer les nuits. Quand il fait nuit, prie la Vierge. Craindrais-tu que ton
amour pour Elle estompe celui que tu dois au Seigneur, à Dieu lui-même ?
Aurais-tu des scrupules, en l’aimant beaucoup, d’aimer moins son Fils ? Ne
sais-tu pas que les étoiles disparaissent au lever du jour et que la lumière de
la lune n’est rien d’autre qu’un reflet de l’éclat du soleil ? Étoile, ou lune,
c’est l’humble place qui sied à Marie. Je vous salue Marie,... maintenant…

54
/ 2e semaine de carême /

Comme le ciel domine la terre,


Fort est son amour pour qui le craint.
Ps 102

Maintenant, c’est la nuit. Et à l’heure de notre mort : ce sera la porte du


jour.

Tweet e
quelle est la plac
ie es t l’é to ile de notre chemin, prends l’habitude
M ar ? Je
dans mon cœur pour laisser entrer le
qu’elle occupe de m on cœur
po rte
qu’elle ouvre la ur
nds de mon cœ
Seigneur au tréfo

Prière
Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, dans ta grande miséricorde,
efface mes torts. Lave-moi tout entier de ma faute, et, de mon péché,
purifie-moi
Psaume 50

55
/ NOTES /

56
TROISIÈME SEMAINE DE CARÊME

© Aude Dupuy, Paray 2013


/ DIMANCHE 19 MARS /
Jean-Marie Lonak, ACPrR Bretagne

Saint Méthode

S
aint Méthode ne peut pas être séparé de
son frère cadet Constantin, qui prit par la
suite, le nom de Cyrille, ils eurent une
même vocation religieuse, un même désir
d’apostolat. Ce qui s’exerça particulièrement en
Moravie. Des missionnaires y étaient réclamés
parlant la langue du peuple. Méthode et son
frère y vinrent et le dotèrent d’un alphabet
conforme à son génie propre, merveilleux ins-
trument pour gratifier les Slaves de la liturgie
chrétienne et de la Bible. Mais la liturgie pou-
vait-elle être, sans danger, adaptée à ce lan-
gage ? Le pape Hadrien soutint les deux
apôtres qui furent sacrés évêques. Cyrille
mourut plus jeune, à 42 ans. Méthode conti-
nue seul leur œuvre. Accusé d’hérésie par les
évêques bavarois, il fut emprisonné deux an-
nées, puis appelé à Rome où le pape Jean
VIII l’approuva, ordonnant à ses adversaires
de reconnaître son pouvoir archiépiscopal et
sa délégation chez les Slaves. Saint
Méthode eut encore beaucoup à souffrir d’intrigues. Il a été nommé
archevêque de l’antique siège de Sirmium. Il fut de nouveau en-
voyé en Moravie pour continuer son œuvre apostolique avec l’aide
de ses disciples. Il traduisait la Bible et les œuvres des Pères de
l’Église quand il mourut le 6 avril 885.
Saint Jean-Paul II, le 31 décembre 1980, proclama saint Cyrille et
saint Méthode, copatrons de l’Europe. Saint Benoît représente « le
Poumon Ouest » de l’Europe et saint Cyrille et saint Méthode « le
Poumon Est » de l’Europe. Et aussi trois saintes femmes ont été
proclamées copatronnes de l’Europe : sainte Catherine de Sienne,
sainte Brigitte de Suède et sainte Édith Stein (sainte Thérèse
58
/ 3e semaine de carême /

Bénédicte de la Croix), le 1er janvier 1999 par saint Jean-Paul II.


C’est à Méthode que revient le mérite d’avoir fait en sorte que l’œu-
vre entreprise avec son frère ne soit pas brusquement interrompue.
Alors que Cyrille, le « Philosophe », avait tendance à la contempla-
tion, il était plutôt porté vers la vie active. C’est grâce à cela qu’il
put établir les présupposés de l’affirmation successive de ce que
nous pourrions appeler l’« idée cyrillo-méthodienne » : celle-ci ac-
compagna les peuples slaves pendant les diverses périodes his-
toriques, favorisant le développement culturel, national et religieux.
C’est ce que reconnaissait déjà le Pape Pie XI dans la Lettre apos-
tolique Quod Sanctum Cyrillum, dans laquelle il qualifiait les deux
frères : « fils de l’Orient, byzantins de patrie, grecs d’origine, ro-
mains par leur mission, slaves par leurs fruits apostoliques ».
Le rôle historique qu’ils jouèrent a ensuite été officiellement pro-
clamé par le Pape Jean-Paul II qui, dans la Lettre apostolique
Egregiae virtutis viri, les a déclarés copatrons de l’Europe avec saint
Benoît. En effet, Cyrille et Méthode constituent un exemple clas-
sique de ce que l’on indique aujourd’hui par le terme d’« incultura-
tion » : chaque peuple doit introduire dans sa propre culture le
message révélé et en exprimer la vérité salvifique avec le langage
qui lui est propre. Cela suppose un travail de « traduction » très
exigeant, car il demande l’identification de termes adaptés pour re-
proposer, sans la trahir, la richesse de la Parole révélée. Les deux
saints Frères ont laissé de cela un témoignage significatif au plus
haut point, vers lequel l’Église se tourne aujourd’hui aussi, pour en
tirer son inspiration et son orientation.
Benoît XVI : mercredi 17 juin 2009

59
/ DIMANCHE 19 MARS /

Tweet sens d’une


au jou rd ’h ui reconnaître le rer
Comment pu is- je angile, pour éclai
bole qu e je ch oisis dans mon Év vangile de ce jour
para l’É
le Christ ? Et dans eau
mon chemin avec mment le Christ est-il source d’
m ar ita ine ), co
(la Sa
vive pour moi ?

Prière
Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous, adorons le seigneur qui nous a
faits.
Oui, il est notre Dieu, nous sommes le peuple qu’il conduit.
Psaume 50

60
/ 3e semaine de carême /
Béatrice (CNF ) et Philippe Leconte

Saint Louis
Poissy 1214-Tunis 1270, roi de France (1226-1270)

P
etit-fils de Philippe Auguste et grand-
père de Philippe le Bel, Louis IX – plus
connu sous le nom de saint Louis –
est l’un des maillons essentiels de l’histoire
de la dynastie des Capétiens.
Né le 25 avril 1214 à Poissy, le futur mo-
narque est le troisième enfant de Louis VIII
le Lion et de Blanche de Castille. Héritier
du trône après la mort de son frère aîné,
Louis est âgé de douze ans lorsqu’il suc-
cède à son père le 7 novembre 1226. Il
est sacré à Reims le 29 novembre de la
même année.
Louis IX est proclamé majeur en 1234,
mais il laisse à sa mère la conduite des
affaires au moins jusqu’en 1242.
Jusqu’à cette date, et de nouveau de
1248 à 1252, pendant la croisade
d’Égypte, le sort du royaume est ainsi
entre les mains de l’énergique Espagnole qu’est Blanche
de Castille.
Le règne de saint Louis, et son originalité : la combinaison de la
spiritualité et de l’intérêt du royaume. Ses décisions répondent à
un souci d’ordre moral tout en affirmant la supériorité du pouvoir
royal. Par exemple l’ordonnance de 1254 interdisant les jeux de
hasard et d’argent.
Louis IX aura à cœur d’étendre le domaine royal et d’entretenir des
relations avec les autres souverains européens.
61
/ DIMANCHE 19 MARS /

C’est en décembre 1244, à la suite d’une grave maladie, que


Louis IX fait le vœu personnel de « se croiser ». Mais l’expédition
est un échec : le roi est fait prisonnier à Mansourah le 5 avril 1250.
Avec l’aide de son épouse, Louis négocie sa rançon et celle de
ses chevaliers.
En mars 1267, il prend de nouveau la croix, trois ans avant de
s’embarquer, le 1er juillet 1270, pour Tunis. L’armée sera décimée
par la peste, qui emportera Louis le 25 août.
C’est pendant le pontificat de Boniface VIII, en 1297, qu’est ac-
cordée la canonisation de Louis IX. Tout en reconnaissant les ver-
tus du roi, l’Église a surtout voulu sanctifier un laïc, un homme de
son temps qui a su mener sans ostentation une vie édifiante. C’est
ainsi que passe à la postérité l’image de Saint Louis, roi juste et
pieux.
Homme de piété, passionné de l’Évangile, défenseur des pauvres
et des faibles, nous devons à saint Louis la sainte chapelle,
construite entre 1241 et 1248 pour accueillir dignement les re-
liques de la Passion du Christ : couronne d’épines et clou du Christ
en croix.
Sa fête est le 25 août.

62
/ LUNDI 20 MARS / / 3e semaine de carême /
Béatrice (CNF ) et Philippe Leconte

La vertu de force

L
e frère Guérin allait me répétant : « Sire quoique roi, l’infortune
vous guette.Soyez assez valeureux pour mériter un jour d’être
malheureux avec dignité. »
La reine Blanche me baillait courage en mes ascensions royales :
« Louis, mieux serait pour vous de périr que de commettre quelque
péché mortel à escient. »

Mais, est-ce péché mortel, pour le roi, d’aller chercher la force pour
être le plus fort afin de se garder ?
Non, car seule la violence est un péché ? La force est une vertu.
Mais à quoi sert-il d’être le plus fort si ce n’est pour soulager le plus
faible ? Quand vous croirez être au-dessus des hommes, songez
que Dieu est au-dessus de vous. Entre un roi et un malheureux, il
n’y a qu’une ligne de distance ; entre Dieu et un roi, s’étend l’infini.
(…) Si le souverain porte la couronne et l’habite en son cœur, alors
à son tour la couronne le porte et l’élève. Ce sont les grâces d’état.
« C’est un creuset d’humilité. » Le péché, pour un monarque, c’est
la Superbia. Le temps efface le roi de l’instant pour ne retenir que
la trace de l’œuvre séculaire. La royauté est d’essence sacrificielle.
Car son point culminant est le sacrifice de toute sa personne (…)
Les attributs du roi sont la Potentia (la puissance) qui commande
le pouvoir de punir, et la benignitas (la bonté) d’où découle le pou-
voir de miséricorde. Le roi doit donc être investi d’un tiers attribut,
la sapienta (la sagesse) qui empêche la potentia de virer à l’arro-
gance et la benignitas de dégénérer en dissolution et en désordre.
Les attributs royaux vont parfois par deux : « la bonté sans la justice
cesse d’être une vertu », me rappelle le frère Guérin.

63
/ LUNDI 20 MARS /

Méditation
Lorsque nous aurons une mission qui nous sera confiée, que ce soit pour
chercher de l’eau ou pour diriger une unité, ne nous gonflons pas d’orgueil et
agissons dans l’obéissance à notre loi scoute.
Sachons vivre notre mission d’éducateurs avec la grâce de Dieu, donc en
étant en état de grâce. Si nous savons le faire à l’égard de notre hiérarchie,
nous saurons l’expliquer à ceux qui nous sont confiés ! C’est en s’exerçant
aux vertus cardinales et morales que l’on devient vertueux.

Tweet à un
renonçons pas
er s ch ef s et cheftaines, ne
Ch
et plus juste !
monde plus vrai

Prière
Sans fin je lui garderai mon amour, mon alliance avec lui sera fidèle.
Psaume 88

64
/ MARDI 21 MARS / / 3e semaine de carême /
Béatrice (CNF ) et Philippe Leconte

Le don de sagesse

D
ans un climat politique trouble, Louis a 12 ans et avant
d’être précipitamment couronné Roi de France, il doit
d’abord être adoubé chevalier. Préalablement il doit passer
la nuit qui précède cette cérémonie en prière seul dans une église.
Ce sera dans la cathédrale de Soisson où il restera enfermé et seul
toute une nuit durant laquelle il devra lutter contre la fatigue, la peur
et les interrogations de son âge sur son avenir. Comment pourra-
t-il tenir son rôle de roi après son sacre ?
La fatigue a déjà commencé sur mon corps son ouvrage de vieil-
lissement. Elle me courbe comme un géronte. Je relève la tête.
Au-dessus du maître-autel, une statue de la Vierge me regarde,
qui a le soleil pour mantel. Je la supplie d’intercéder. Soudain la
grande verrière aspire mon regard et m’éblouit. C’est l’aurore de
l’Orient. Le jour se lève. Je fixe de mes yeux, peu à peu inondés
de lueurs ardentes, le grand vitrail de la rosace. Il raconte le songe
de Salomon. Le jeune roi supplie ainsi Yahvé :
« Seigneur nous m’avez fait régner à la place de David mon père,
Mais moi, je ne suis qu’un petit enfant, au milieu d’un peuple infini.
Je n’ai pas la sagesse…
- Jeune Salomon, répond Yahvé, tu ne m‘as demandé ni richesses
ni les âmes de tes ennemis. Que veux-tu donc ?
- Je veux, moi qui suis un enfant, être capable de discerner ce qui
est juste…
- Alors, à toi l’enfant roi, Salomon, je donnerai la Sagesse. »
Parole d’En-Haut. Illumination. Vitrail flamboyant ? Ruissellement de
lumière en mon for intime. Le voilà le signe, le signe du Ciel !
Seigneur, envoyez-moi la sagesse de Salomon, la sagesse d’un
ancien prud’homme dans un corps d’enfant.
Mon visage glisse de vitrail en vitrail. Il se pose enfin sur l’image de
65
/ MARDI 21 MARS /

Jésus au temple de Jérusalem, qui enseigne les docteurs de la


Loi. C’est l’inauguration de sa vie publique. Quel âge peut-il bien
avoir ? J’attends que le soleil éclaire la légende du vitrail : « L’enfant
croissait et se fortifiait en âge et en sagesse. Il avait douze ans. »
Douze ans ? Mais c’est aussi mon âge. Voilà encore un signe. « Il
n’y a pas de hasard », dirait ma mère. On peut donc être un enfant
de sagesse à douze ans ?
Je me redresse : « ô Jésus au temple, qui resplendissez de pru-
dence sur cette mosaïque de lumière, je vous demande de m’ac-
corder un peu de cette Sagesse éternelle. »

Méditation
À 12 ans, rappelez-vous, vous aviez de l’audace et de l’innocence, c´était la
fin de l’âge louvette ou louveteau, ou le début de l’âge éclaireur ou
éclaireuse. Vous étiez à la fois certain d’être capable d’un peu d’autonomie
dans un monde bien balisé, mais l’aventure vous faisait peur tout en vous
attirant. C’est un âge où il faut du courage pour surmonter cette peur.
Rappelez-vous qu’avec confiance vous aviez osé prononcer une promesse qui
nous dépasse tous et qui encore aujourd’hui vous engage à fuir la médiocrité
et à vivre en serviteur des autres !
Comme saint Louis confiez-vous à la Vierge Marie, puis à Jésus enfant
courageux de 12 ans, et enfin à Dieu le Père ; avec confiance demandez-lui,
comme un enfant de 12 ans, la sagesse de discerner dans votre vie, dans vos
engagements et la force de tenir votre promesse et d’observer la loi scoute…
S’il plaît à Dieu : toute la vie !

66
/ 3e semaine de carême /

Tweet êmes… Seigneu


r,
is nous nous fermons sur nous-m les plus faibles.
Parfo serv ir
vers les autres, à
aide-nous à aller

Prière
Sa justice dirige les humbles, il enseigne aux humbles son chemin.
Psaume 24

© Benoît Eude, Vézelay 2016 67


/ MERCREDI 22 MARS /
Béatrice (CNF ) et Philippe Leconte

La vertu d’humilité

L
’archevêque me place alors le sceptre dans la main dextre
et la main de justice en ivoire dans la main senestre. Il prend
enfin la couronne royale sur l’autel. Elle pèse de tout son
poids symbolique, c’est la couronne fleur de lysée à tiare « de
Charlemagne » portée par mon grand-père Philippe Auguste. Il la
dépose sur mon chef en prononçant le rituel traditionnel :
« Dieu te ceint de la couronne de gloire et de justice. »…
… Je suis le roi, pour ma vie entière, coram Deo, clero et populo
(devant Dieu, le clergé et le peuple).
Un roi des temps derniers – me dit-on. Je ne comprends pas. Je
ne sais ce qu’on attend de moi. Enfin seul avec ma mère, plus tard
je l’interroge :
« Quelle est donc la mission d’un roi ? Le salut de son peuple dans
l’Au-delà ou les bonheurs ici-bas ? Les fins premières ou les fins
dernières ? »
Ma mère me regarde tendrement puis me répond :
« Vous savez, Louis, ce qu’on attend d’un roi, ce n’est point d’ap-
porter les bonheurs domestiques mais d’abord d’éloigner les mal-
heurs publics. »

Méditation
Nos talents, nos idées bien trempées nous brûlent les lèvres pour agir à temps
et contre temps, redresser les torts de ceux que l’on côtoie… La question
qu’on doit avant tout se poser : sommes-nous chargés de corriger tel ou tel
frère ?… Si oui, saint Paul nous éclaire pour savoir comment nous y prendre,
mais ce sera toujours en respectant et obéissant celui qui est en charge
d’agir en premier, de décider de le corriger après discernement. Si tu as reçu
l’investiture qui te donne charge d’âme, tu dois sentir peser sur tes épaules
cette responsabilité, bien plus que des barrettes, quelle qu’en soit la
couleur ! Tu dois sentir que c’est par toi, selon ta mission et la pédagogie du

68
/ 3e semaine de carême /

mouvement que tu appliques, que Dieu touchera ces âmes confiées. Ce n’est
pas le prestige de ta couronne sous forme de barrettes, de cordelière, ou
bague à deux torons qui doivent te motiver, c’est le poids de ton engagement
que tu prends avec la grâce de Dieu. Quel que soit le chef ou la cheftaine qui
te précédait, considère que ta mission est d’élever vers Dieu ceux qui te sont
confiés aujourd’hui. Que par la pédagogie de ta Branche - que tu chercheras
à appliquer loyalement - tu gagnes en douceur et patience pour appliquer et
faire appliquer ce qui est juste et vrai. L’objectif d’un chef d’unité n’est pas
de faire briller son unité, mais de faire grandir chacun des enfants de
l’unité. Les décisions que tu devras prendre ne seront pas pour plaire mais
pour témoigner de la vérité et de la beauté de l’Homme. La pédagogie scoute,
et plus spécialement encore celle des scouts d’Europe, est basée sur la
confiance en la capacité de chacun de progresser. L’enjeu n’est et n’a jamais
été de briller… l’enjeu n’est pas qu’une unité, qu’une patrouille, une équipe,
soient d’abord couronnés de succès, mais que les membres qui les
constituent identifient leurs forces et leurs faiblesses, et leur besoin d’être
accompagnés pour progresser. C’est dans ces conditions que l’on te fait
confiance et que tu dois mesurer la confiance donnée à ceux qui te sont
confiés.

Tweet ne reste déçue


r Dieu
se laisse guider pa
Aucune âme qui
ute !
ou ne perd sa ro

Prière
Glorifie le Seigneur, Jérusalem ! Célèbre ton Dieu, ô Sion !
Psaume 50

69
/ JEUDI 23 MARS /
Béatrice (CNF ) et Philippe Leconte

L’esprit de pauvreté

J
e cherche à mieux séparer ce qui relève de la Respublica et
ce qui tient de l’Ecclesia. Je veux mettre l’État, qui abrite le
Bien commun, au-dessus de ma personne.
Ma royauté souveraine s’établit sur le « devoir d’État ». J’en appelle
aux frères jacobins. Leurs réflexions inaugurent dans mon esprit
une sage distinction entre le corps mystique, de l’Église, et le corps
social de l’État. Les frères mendiants ont justement exprimé le
souci d’irriguer à nouveau l’Église de sa sève évangélique, en la
détachant des séductions des biens terrestres. Je mande au fran-
ciscain Gilbert de Tournai et au dominicain Vincent de Beauvais
de composer les enseignements – des miroirs – pour faire connaî-
tre que l’impérium du roi, d’une autre nature que le pouvoir des ba-
rons, s’appuie sur le Bien commun, l’utilitas publica : « Le roi ne
peut tenir de personne. » Chaque baron demeure souverain en sa
baronnie, mais le roi est souverain par-dessus tout.

Méditation
Faire la différence entre l’ecclésia et la respublica n’est pas chose facile pour
nous qui ne sommes pas chef d’état ni politicien, cependant cela revient à
distinguer les affaires matérielles des affaires spirituelles. Pour cela tout
chrétien doit faire comme saint Louis et placer toute richesse matérielle au
profit du bien commun. Afin de se détacher autant qu’il faudra des richesses
que l’on possède, recherchons à tout prix l’esprit de pauvreté, c’est-à-dire
de considérer ces biens matériels comme nécessaires pour agir sur terre selon
la mission qui nous est confiée, et que du coup nous en soyons suffisamment
détachés pour les laisser, les partager ou les donner quand nous n’en avons
plus l’usage. « Bienheureux ceux qui ont un esprit de pauvreté car le royaume
des cieux est à eux » : cette première béatitude nous met bien en évidence
que dès lors que nos affaires temporelles (matérielles) sont bien gérées, de
manière équitable et détachée, nous sommes mieux disposés à entrer dans le
royaume des cieux, but ultime de notre vie spirituelle.
70
/ 3e semaine de carême /

Tweet s. Seigneur,
s’e nd ur cit qu and il n’aime pa
Le cœur er.
ur qui sache aim
donne-moi un cœ

Prière
Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ?
Psaume 94

© Aude Dupuy, week-end inter-maîtrises Lorraine, Champagne, Alsace, Ardennes 71


/ VENDREDI 24 MARS /
Béatrice (CNF ) et Philippe Leconte

Le sens sacré du chef-d’œuvre

J
e mande au prévôt de Paris de rédiger le Livre des Métiers,
dans le souci de protéger l’œuvrier de toute forme d’abus
pour qu’il ne soir dominé ni par la matière qu’il soumet à sa
volonté, en tirant d’elle ce qui lui est nécessaire, ni par la loi de pro-
duction qui menace parfois de séparer l’homme de lui-même,
quand il se laisse produire par les choses. J’interdis la spéculation
par accaparement sur les matières premières et sur les marchan-
dises, ainsi que la surproduction. Le livre des Métiers encourage
les harmonies des compagnons et des maîtres. Il rappelle le sens
sacré de l’ouvrage qui est création. Le travail, qui n’est que moyen,
meurt en l’objet crée ; l’effort n’est pas une fin en soi. La fin c’est
l’œuvre. Le labeur s’abolit dans l’œuvre. Le chef d’atelier et ses
œuvriers créent un « chef-d’œuvre ».
Je veux aussi domestiquer le commerce de l’argent. L’argent n’est
qu’un serviteur ; le vrai capital, c’est le savoir-faire. Il est pernicieux
que l’argent produise de l’argent. Toute stipulation d’intérêt relève
d’une vilaine paresse car elle vient, sans labeur, grossir, au moment
de la restitution, la somme prêtée. Je veux interdire l’usure et l’ar-
gent qui prospère en dormant. Depuis le Deutéronome, on entend
par usure tout ce qui dépasse la somme principale. Les chrétiens
marchands d’argent, sous le nom de lombards ou de cahorsins,
et tous les usuriers seront découragés et pourchassés.

Méditation
Savoirs faire et richesses sont au service de l’homme pour louer, honorer et
servir Dieu et non pour servir l’amour-propre de l’homme. Dans notre
progression personnelle, le chef-d’œuvre doit être humble mais vrai. Les
étoiles des loups et louvettes sont des chefs-d’œuvre qui les construisent,
pour mieux cerner leurs capacités à se donner aux autres. Il en va de même à
l’âge éclaireur dans une proportion plus visible car plus mature. C’est déjà là
72
/ 3e semaine de carême /

que nous devons apprendre à disparaître derrière l’œuvre accomplie plutôt


que de surenchérir sur notre capacité à dominer la matière et tous ceux qui
ne la maîtrisent pas ! Le foulard marron du routier - tel une bure - nous
rappelle que nous sommes bien peu de chose devant le monde, et que le
monde est bien petit dans l’univers, qui n’est lui-même rien face à Dieu son
Créateur. Le chef-d’œuvre de la guide aînée lui permet de mettre en lumière
une perle cachée au service des autres. Restons humbles. Le savoir-faire est
une richesse comme une autre, il est juste et normal d’en faire profiter les
autres, sans artifice malhonnête tel que la spéculation ou la rétention. Il ne
doit pas permettre de générer un pouvoir sur qui que ce soit.

Tweet efs-
voirs faire, les ch
accum ules les richesses, les sa tréso r… ils vo-
Si tu rvices comme un
flots, les se
d’œuvre, les
leront ton âme.

Prière
C’est moi le Seigneur ton Dieu, écoute ma voix.
Psaume 80

73
/ SAMEDI 25 MARS /
Béatrice (CNF ) et Philippe Leconte

Annonciateur du Seigneur
La vertu de justice
Mais il est une autre forme d’injustice que je veux aussi condamner,
c’est le désordre des mots ; les choses déshonnêtes qui sont dites
parfois, ou les vilains jurements et outrages. La justice royale re-
posera sur la peine et le rachat. J’ai appris, en Terre sainte, que la
sévérité, nécessaire dans l’exercice de la justice, doit s’allier, en
une âme pieuse, à la commisération. Lors de mes batailles outre-
mer, j’ai mandé à mes gens de n’occire ni les femmes ni les en-
fants des Sarrasins. À la guerre, on ne tue pas, on met hors d’état
de nuire. Il en est de la justice comme de la guerre, on sauve autant
qu’on condamne, même s’il faut parfois en condamner certains
pour en sauver d’autres, condamner les pécheurs pour sauver les
principes. C’est une question de vraie charité et de bonne politique.
Saint Augustin l’a écrit à destination des princes : « La politique est
la plus haute forme de charité. » Elle évite d’avoir à se plaindre des
effets des maux dont on chérit les causes.

Méditation
Nous vivons un idéal scout magnifique ! Il est très exigeant mais il nous
entraîne à nous dépasser et même à souhaiter devenir saint… Trop souvent
encore la moindre contrariété nous fait sortir de nos gonds. Nous entrons en
guerre contre l’impie qui ose nous affronter. À coups de médisance et par
jugement téméraire, à coups de calomnie, nous détruisons la grâce que nous
avions reçue, nous empêchant trop souvent les uns les autres de progresser.
La rancune des vieilles batailles perdues n’arrange rien. Tout cela arrive car
nous prenons notre chemin de sainteté à l’envers… notre saint désir de
sainteté est trop souvent pris par nous comme une réalité déjà acquise, et la
moindre différence d’opinions par un autre comme un blasphème.
Ce sont là les signes visibles de la colère qui - sous forme d’empathie
74
/ 3e semaine de carême /

sournoise ou de déclaration de guerre ouverte - n’en est pas moins une


émotion dangereuse pour notre âme si on la laisse faire ! Dans notre loi
scoute nous disons « la guide/le scout est maître de lui, il sourit et chante
dans les difficultés ». Il faut étendre cela avec le premier principe qui dit que
« le devoir du scout et de la guide commence à la maison »… La maison,
n’est-ce pas également notre for intérieur, c’est-à-dire notre cœur ?
Si vous voulez être fidèles au 10e article de notre loi scoute, commencez par
identifier et combattre la suffisance et l’amour-propre qui pourrissent votre
vie et celle des autres. Ensuite verrouillez votre bouche de toutes souillures
(grossièreté, histoire salace…) car si ce verrou saute, le prochain verrou qui
sautera sera celui de la pureté. Chefs et cheftaines, soyons fermes et
exemplaires sur ce point avec nos jeunes, l’impureté du cœur entraîne
l’impureté des lèvres qui conduit à l’impureté du corps. Ensuite il est très
difficile de perdre des mauvaises habitudes prises dès l’enfance, et souvent
si peu corrigées.

Tweet s pas peur de


id es -a îné es et routiers, n’ayon
Chers gu jamais !
Christ ne déçoit
tout donner. Le

Prière
Me voici Seigneur, je viens faire ta volonté.
Psaume 39

75
/ NOTES /

76
QUATRIÈME SEMAINE DE CARÊME

© Nicolas Crépelle, Vézelay 2016


/ DIMANCHE 26 MARS /
Monseigneur Thierry Blot, RS (Rome)

Sainte Brigitte de Suède (1303-1373)


co-patronne de l’Europe
La fidélité
Brigitte de Suède se maria et eut huit enfants. Elle
s’occupa de leur éducation en leur lisant la Bible
et la vie des saints. Elle fit construire sur son do-
maine un bâtiment pour les pauvres et les ma-
lades qu’elle soignait elle-même avec ses
enfants. En 1341, Brigitte et son mari Ulf, fi-
dèles à une tradition familiale vieille de quatre
générations, partirent pour saint Jacques de
Compostelle. Sur le chemin du retour, Ulf
tomba malade à Arras, et mourut, en
1344. Veuve, Brigitte s’installa dans
une dépendance de son domaine où
commencèrent les révélations qu’elle
eut jusqu’à sa mort.
Sainte Brigitte fut une épouse exem-
plaire, d’une fidélité qui faisait l’admiration de ses
contemporains. Elle manifesta la même fidélité à l’égard de l’Église,
sa Mère. Ainsi, elle pria et agit pour la fin du Grand schisme
d’Occident et le retour du pape à Rome. Voulant revivre le climat
spirituel de l’Église priant autour de Marie au Cénacle, elle fonda
un monastère et se consacra à Dieu. Elle fut fidèle aux vœux qu’elle
prononça. Elle choisit alors Rome pour seconde patrie, où elle
mourut en 1373. Elle est fêtée le 23 juillet.

La patrie
Originaire de Scandinavie, sainte Brigitte témoigne de la manière
dont le christianisme a profondément imprégné la vie de tous les
peuples du continent européen. L’urgence missionnaire, qui illu-
mina la vie itinérante de sainte Brigitte, du nord au sud du continent
78
/ 4e semaine de carême /

européen, fait d’elle un exemple à imiter, surtout dans l’œuvre de


la nouvelle évangélisation de notre continent. C’est pourquoi, en
la déclarant co-patronne de l’Europe, le pape saint Jean-Paul II a
souhaité que sainte Brigitte - qui vécut au XIVe siècle, lorsque la
chrétienté occidentale n’était pas encore frappée par la division -
puisse intercéder efficacement auprès de Dieu, pour obtenir la
grâce tant attendue de la pleine unité de tous les chrétiens.

Servir
Ardente d’amour divin, sainte Brigitte a servi tout entière à la cause
du règne de Dieu, en œuvrant activement pour l’unité des chré-
tiens. Son expérience religieuse est marquée par le désir d’unité
et d’adhésion à Jésus, Dieu et homme, auquel la sainte s’adressait
avec des accents de confidence tendre et inspirée. Son amour
pour la Vierge Marie, « la servante du Seigneur », était intense et fi-
lial. Pour ceux qui veulent la connaître et suivre ses traces, Brigitte
apparaît comme la femme serviable, qui a laissé une empreinte
particulière dans les nombreux endroits où elle a vécu, la mère
toute dévouée à ses enfants désireuse de leur transmettre les se-
crets du salut éternel, la religieuse exemplaire qui consuma son
existence dans la charité et brûla du désir de servir Dieu.

Prière
Béni soyez-vous, Jésus Christ mon Seigneur, qui avez racheté les âmes par
votre sang précieux et votre mort sacrée, qui les avez miséricordieusement
ramenées de l’exil à la vie éternelle.
Honneur éternel à vous, Jésus Christ mon Seigneur, qui êtes ressuscité des
morts le troisième jour ; qui vous êtes manifesté vivant aux témoins de votre
choix ; qui, après quarante jours, êtes monté au ciel à la vue de beaucoup, et
qui y avez établi avec honneur vos amis que vous avais délivrés des enfers.
Béni soyez-vous, digne de louange et de gloire éternellement, Jésus mon
79
/ DIMANCHE 26 MARS /

Seigneur, qui trônez dans votre royaume céleste dans la gloire de votre
divinité, vivant corporellement avec vos membres très saints que vous avez
tirés de la chair de la Vierge. Et c’est ainsi que vous viendrez au jour du
jugement pour juger les âmes de tous, vivants et morts. Vous qui vivez et
régnez avec le Père et le Saint-Esprit pour les siècles des siècles. Amen.

Tweet a
Seigneur dans m
nf ie les âm es du purgatoire au le plus vite pos-
Je co cueille
le Seigneur les ac
prière pour que du cie l.
ire
sible dans la glo

Prière
Mon berger, c’est le Seigneur : je ne manque de rien ; sur de frais pâ-
turages, il me laisse reposer.
Psaume 22

80
/ 4e semaine de carême /
Sœurs Clarisses de Lourdes

Sainte Bernadette (1844-1879)


« Ce qui est faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi
pour confondre ce qui est fort. »

Suivons Bernadette, au fil des dates et des


messages qui ont jalonné sa vie.
Bernadette nous invite à la suivre sur le che-
min intérieur, chemin de Foi, qui l’a conduite
du Moulin de Boly à Nevers et jusque dans
les bras du Père, sur la terre des vivants.
Du baptistère paroissial à la chasse où re-
pose son corps, elle nous dit ce qui
l’anime et la pousse, parfois dans le com-
bat et les larmes ; elle nous dit sa Foi, le
désir de Dieu qui l’a habitée tout au long
de sa vie.
Et elle convie chacun à s’interroger sur
ce qui l’anime, sur ce qui le fait vivre au-
jourd’hui.

À Lourdes : 1844-1866
7 janvier 1844 : Naissance de Bernadette au Moulin de Boly.
juin 1854 : La famille quitte le Moulin et tombe peu à peu dans la
misère, Bernadette fait des crises d’asthme.
nov. 1856 : La famille s’installe au Cachot, prison désaffectée ;
« lieu insalubre » selon le rapport de police.
sept.1857-28 janv.1858 : Bernadette est « placée » à Bartrès.
11 fév 1858 : Première apparition silencieuse à la Grotte de
Massabielle.
14 février : Deuxième apparition silencieuse.
18 février : « Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant
81
/ 4e semaine de carême /

quinze jours ? Je ne vous promets pas d’être heureuse


en ce monde mais dans l’autre. ». Début de la quinzaine
des apparitions.
21 février : « Vous prierez Dieu pour les pécheurs. »
24 février : « Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! »
25 février : « Allez boire à la fontaine et vous y laver. »
27 février : « Allez baiser la terre en pénitence pour les pécheurs. »
2 mars : « Allez dire aux prêtres de faire bâtir ici une chapelle. »
25 mars : « Que soy era Immaculada Concepciou »
7 avril : Le « miracle du cierge » et 3 juin : Bernadette fait sa pre-
mière communion.
16 juillet : « Elle était plus belle que jamais ! »
18 janv. 1862 : Reconnaissance de la réalité des apparitions par
Mgr. Laurence, évêque de Tarbes.
4 juillet 1866 : Départ pour Nevers.

Bernadette à Nevers : 1866-1879


7 juillet 1866 : Arrivée à Nevers : « Je suis venue ici pour me ca-
cher. »
29 juillet 1866 : Entrée au noviciat et 30 oct 1867 : profession re-
ligieuse.
novembre 1867 : L’infirmerie est confiée à Bernadette. 3 juin
1873 : Bernadette, malade, est remplacée.
oct 1873 - sept 1874 : entre ses nombreuses maladies,
Bernadette exerce quelques activités
(aide-infirmière, sacristine).
1875-1878 : Bernadette entre dans son « emploi de malade ».
16 avril 1879 : Mort de Bernadette : « Je n’aurai pas cru qu’il faut
tant souffrir pour mourir ».
8 déc 1933 : Canonisation par le pape Pie XI.

82
/ LUNDI 27 MARS / / 4e semaine de carême /
Sœurs Clarisses de Lourdes

Les apparitions : une initiation aux


mystères de la Foi
Récit de Bernadette
J’aperçus une Dame en blanc, alors je fus un peu saisie et je me
frottais les yeux, mais en vain. Je voyais toujours la même Dame.
Alors, je pris mon chapelet, voulant faire le signe de la croix mais
en vain. Je ne pus arriver la main jusqu’au front. Alors le saisisse-
ment s’empara plus fort de moi. La Dame prit le chapelet qu’elle
tenait entre ses mains et elle fit le signe de la croix. Alors j’ai essayé
une seconde fois de le faire et je pus. Aussitôt que j’eus fait le signe
de la croix, le grand saisissement que j’éprouvais disparut.

Le signe de la croix, première prédication silencieuse


Lors de la première apparition à Bernadette, c’est par le signe de la Croix que
Marie débute sa rencontre. Plus qu’un simple signe, c’est une initiation aux
mystères de la foi que Bernadette reçoit de Marie. Le signe de la Croix est en
quelque sorte la synthèse de notre foi, car il nous dit combien Dieu nous a
aimés ; il nous dit que, dans le monde, il y a un amour plus fort que la mort,
plus fort que nos faiblesses et nos péchés. La puissance de l’amour est plus
forte que le mal qui nous menace. C’est ce mystère de l’universalité de
l’amour de Dieu pour les hommes que Marie est venue rappeler ici, à Lourdes.
Elle invite tous les hommes de bonne volonté, tous ceux qui souffrent dans
leur cœur ou dans leur corps, à lever les yeux vers la Croix de Jésus pour y
trouver la source de la vie, la source du salut.
Lourdes nous fait entrer dans une démarche de foi et de conversion. Marie
vient à notre rencontre pour nous indiquer les voies d’un renouveau de la vie
de nos communautés et de chacun de nous. En accueillant son Fils, nous
sommes plongés dans une source vive où la foi peut retrouver une vigueur
nouvelle, où l’Église peut se fortifier pour proclamer avec toujours plus
d’audace le mystère du Christ. Jésus, né de Marie, est le Fils de Dieu, l’unique
83
/ LUNDI 27 MARS /

Sauveur de tous les hommes, vivant et agissant dans son Église et dans le
monde. L’Église est envoyée partout dans le monde pour proclamer cet
unique message et inviter les hommes à l’accueillir par une authentique
conversion du cœur.
Marie a choisi Bernadette pour transmettre son message de conversion, de
prière et de pénitence, conformément à la parole de Jésus : « Ce que tu as
caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits » (Mt 11, 25).
Benoît XVI à Lourdes

Tweet âce de « voir


la Croix en demandant la gr
Fais le signe de
Dieu en tout ».

Prière
Que mon cœur ne se taise pas, qu’il soit en fête pour toi, et que sans
fin, Seigneur, mon Dieu, je te rende grâce !
Psaume 29

84
/ MARDI 28 MARS / / 4e semaine de carême /
Sœurs Clarisses de Lourdes

De la grotte de Lourdes à la chapelle


blanche de Nevers : une école de prière et
de don de soi

C
e qui me regarde, ne me regarde plus, je dois être dès ce
moment, entièrement à Dieu et à Dieu seul. Jamais à moi.

Dieu parle au cœur sans aucun bruit de parole.


Jésus vint sur terre pour être mon modèle. À l’exemple de Jésus ;
je veux me mettre à sa suite et marcher généreusement sur ses
traces.
Il faut beaucoup prier Dieu pour les pécheurs. On ne saurait jamais
assez faire pour leur conversion.
Ma bonne Mère, ayez pitié de moi ; je me donne tout entière à
vous afin que vous me donniez à votre cher Fils que je veux aimer
de tout mon cœur. Ma bonne Mère, donnez-moi un cœur tout brû-
lant pour Jésus.
O, mon Jésus, que je l’aime !
Je suis moulue comme un grain de blé.
Je n’oublierai personne.

Commentaire
Au terme de l’expérience de Massabielle, Bernadette entre dans une vie
totalement nouvelle. une vie intérieure. Ce qu’elle vit à la Grotte est une
nouvelle naissance. Bernadette devient « petite » d’une façon nouvelle :
cette petitesse a été conçue en elle durant les visites de Marie. C’est
exactement la promesse de Jésus à Nicodème (Jn 3) qui se réalise en elle :
cette petitesse n’est pas le fruit d’un effort humain, mais celui d’une grâce,
d’un don venu d’en-haut. C’est l’ambition de toute l’histoire de Lourdes et
son sens profond : que tous renaissent et aient la Vie en abondance.
« Prier pour les pécheurs », c’est la façon qu’a Bernadette de coopérer à
l’œuvre de Dieu.
Mgr You : Dans le regard et les sabots de Bernadette
85
/ MARDI 28 MARS /

Cette grotte où est apparue Marie, est le cœur de Lourdes. Ici, la Vierge invita
Bernadette à réciter le Rosaire, égrenant elle-même le chapelet. Cette grotte
est ainsi devenue le siège d’une étonnante école de prière, où Marie enseigne
à tous à contempler avec un ardent amour le visage du Christ. Comme Marie,
comme Bernadette, laissons-nous habiter par la fougue de l’Esprit Saint !

Je te salue Marie, Vierge fidèle, sainte demeure du Verbe,


enseigne-nous à persévérer dans l’écoute de la Parole, à être do-
ciles à la voix de l’Esprit, attentifs à ses appels dans l’intimité de
notre conscience.
Je te salue Marie, enseigne-nous à construire le monde, de l’inté-
rieur : dans la profondeur du silence et de l’oraison, dans la joie de
l’amour fraternel, dans la fécondité irremplaçable de la Croix.
Jean Paul II Lourdes 2004

Tweet ! Prie, toi


ns le silence, médite
Stop ! Arrête -to i ! Da monde qui en a
« po ur les pé ch eurs » et pour le
aussi :
tant besoin !

Prière
Dieu est pour nous refuge et force, secours dans la détresse, toujours
offert. Nous serons sans crainte si la terre est secouée, Il est avec nous,
le Seigneur de l’univers, citadelle pour nous, le Dieu de Jacob !
Psaume 45

86
/ MERCREDI 29 MARS / / 4e semaine de carême /
Sœurs Clarisses de Lourdes

Avec Marie, pratiquer la grande science de


l’amour : obéir, servir, souffrir

O
béir pour plaire à Jésus, c’est aimer. Tout souffrir de la part
des créatures pour plaire à Jésus, c’est aimer. Tout souffrir
en silence pour plaire à Jésus, c’est aimer.
J’aime soigner les pauvres et les malades, je resterai chez les
sœurs de Nevers.
N’oublie pas de voir Notre Seigneur dans la personne du pauvre !
Je ne vivrai pas un instant que je ne le passe en aimant. Celui qui
aime fait tout sans peine ou bien, sa peine, il l’aime.
O Marie, ma bonne Mère, accordez-moi la grâce de tout faire et
souffrir par amour. J’aurai toujours assez de santé mais jamais
assez d’amour.
Je veux vous suivre ô mon Jésus, et vous imiter : j’aime mieux être
crucifiée avec vous que de goûter sans vous toutes les délices du
siècle.
Par amour pour Jésus, je porterai la croix cachée dans mon cœur.
O très compatissant cœur de mon Jésus, acceptez chacune de
mes larmes, chaque cri de ma douleur comme supplication pour
ceux qui souffrent, pour tous ceux qui pleurent, pour tous ceux qui
vous oublient.

Commentaire
À Lourdes, nous apprenons en quoi consiste l’amour de la vie : à la Grotte et
dans les accueils, il est l’aide apportée aux malades. Dans la chapelle des
confessions, il est dans l’écoute de toutes les misères morales, le pardon
réconfortant` du Christ. L’amour est inséparable de l’esprit de service, qui
donne son prix à la vie des jeunes. Cet esprit n’est pas seulement une aide : il
est un échange, une communion offerte.
Le chemin de l’amour selon le Christ est un chemin difficile, exigeant. Ceux
qui ne vous parlent que de spontanéité, de facilité, vous trompent. Le Christ
a été un signe de contradiction. Il a offert, jusque dans sa mort, son amitié à
87
/ MERCREDI 29 MARS /

tous, avec Marie debout au pied de la croix. Bernadette aussi a connu la


contradiction et la souffrance. Ce n’est pas pour les autres seulement qu’elle
avait transmis le mot de la Vierge : “Pénitence”. Et elle avait été avertie par
Marie de la dureté du chemin. Ne craignons pas : répondre à cette exigence
nous unit vraiment au Christ qui offre sa vie, c’est une source de joie
intérieure et une condition d’efficacité de l’Église dans le monde.
Jean Paul II Lourdes 1983

À la lumière de la mort et de la résurrection du Christ, la maladie n’apparaît


plus comme un événement purement négatif, elle est envisagée comme une
« visite de Dieu », comme une occasion de libération de l’amour, en vue de
donner le jour à des œuvres d’amour en faveur du prochain, pour transformer
la civilisation humaine en civilisation de l’amour.
Jean Paul II Salvifici doloris, 30.

Tweet signifie ?
: qu ’est-ce que cela
Et pour toi, aimer

Prière
Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent, il redresse tous les acca-
blés.
Il est proche de ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent en
vérité.
Psaume 144

88
/ JEUDI 30 MARS / / 4e semaine de carême /
Sœurs Clarisses de Lourdes

L’eucharistie : le centre de la vie

D
ites à mes parents que je désire revenir à Lourdes pour aller
en classe et me préparer à la première communion !

Enfin, je vais pouvoir aller au catéchisme !


L’Eucharistie est un bain de lumière pour l’âme.
Mon Jésus, cachez-moi dans votre Sacré-Cœur. C’est ici dans le
cœur de Jésus que je veux apprendre à souffrir et aimer. C’est
dans le cœur de Jésus que je trouverai la douceur et la patience
dans la désolation, c’est dans le cœur de Jésus que je trouverai la
vraie consolation.
O Jésus donnez-moi je vous prie le pain de l’humilité, le pain
d’obéissance, le pain de charité, le pain de force pour rompre ma
volonté et la fondre à la vôtre… le pain de patience pour supporter
les peines que mon cœur souffre, le pain de force pour bien souf-
frir, le pain de ne voir que vous seul en tout et toujours.

Commentaire
Bien avant les apparitions, un seul projet accapare Bernadette : faire sa
première communion.
En 1857, placée comme servante à Bartrès, elle compte suivre le catéchisme.
Il n’en est rien, et, par trois fois, elle envoie des messages à ses parents. Pas
de réponse.
Elle gagne Lourdes, le dimanche 17 janvier et en revient le mercredi suivant.
Le jeudi 28, elle est de retour au Cachot. Dès le lendemain, elle se présente à
l’école des sœurs de Nevers : elle a 14 ans.
Ce désir de connaître Dieu, creusé par une longue attente, va pouvoir enfin
être comblé. Elle mettra les bouchées doubles, allant jusqu’à sacrifier ses
récréations, tant sa soif d’apprendre son catéchisme et de communier sont
grands. Le 3 juin, elle reçoit enfin Celui qu’elle a tant désiré.
« Bernadette placée au premier rang, les mains jointes, s’avança vers
89
/ JEUDI 30 MARS /

l’autel, reçut son Dieu dans son cœur virginal et revint à sa place, sans
donner d’autre signe que celui d’une immense et profonde félicité. » (J.B.
Estrade)
Dire : « Bernadette a vécu de l’Eucharistie » est une formule exacte, mais
insuffisante. Il faut affirmer davantage. Bernadette a vécu l’Eucharistie du
Seigneur, elle l’a vécue dans sa chair, dans son cœur, au plus intime de son
être. Sa vie a reproduit la « Pâque » du Seigneur, c’est-à dire sa passion et
sa résurrection. Et cela, « pour la gloire du Père ».
A. Ravier : Sainte Bernadette : une vie eucharistique

Les chrétiens sont appelés à se nourrir de l’Eucharistie. C’est


à l’amour mutuel que nous serons reconnus comme de véritables
disciples du Christ. Tel est le critère qui prouvera
l’authenticité de nos célébrations eucharistiques.
Jean Paul II : Mane nobiscum Domine 4’, 28

Tweet Et toi, que fais-tu


à ch aque eucharistie.
Dieu s’offre à toi
de ce do n ?

Prière
À l’Horeb ils fabriquent un veau, ils adorent un objet en métal : Ils
échangeaient ce qui était leur gloire pour l’image d’un ruminant. Ils
oublient le Dieu qui les sauve.
Psaume 105

90
/ VENDREDI 31 MARS / / 4e semaine de carême /
Sœurs Clarisses de Lourdes

Envoyée en mission pour l’Eglise

J
e suis chargée de vous le dire, pas de vous le faire croire !-
Monsieur le Curé, la Dame veut toujours la chapelle.
- Tu lui as demandé son nom ?
- Oui, mais elle ne fait que sourire.
- Elle se moque joliment de toi ! Qu’elle dise son nom et fasse fleurir
le rosier ! Et alors, nous ferons bâtir une chapelle ; et elle ne sera
pas petite, va ! Elle sera toute grande !

Commentaire
« Que soy era Immaculada Concepciou. » Ces mots, prononcés en
patois, Bernadette les enregistre. Il faut qu’elle rapporte à Monsieur le Curé
la façon dont la Dame a dit son nom. Elle va se le répéter tout au long du
chemin. Elle a tellement hâte de délivrer son message qu’elle répète tout de
go la phrase au curé. Qu’est-ce que tu dis, orgueilleuse ?
- C’est la Dame qui a dit ces paroles ! Le curé Peyramale, est très ému. C’est
bien Marie qui lui apparaît à Massabielle. (Mgr Deniau : « Bernadette et
nous »)
Béni sois-tu, Seigneur, pour tous ces jeunes, venus faire à Lourdes une
expérience de prière, d’amitié fraternelle, de service des malades, une
expérience d’Église.
Béni sois-tu, Seigneur, pour tout ce que tu nous donnes de vivre à Lourdes,
lieu d’espérance pour tant de frères souffrants, lieu de conversion pour qui
cherche Dieu sincèrement ! Cette espérance et cette conversion sont liés à la
présence, parmi nous, de Marie.
“Allez, de toutes les nations, faites des disciples”. Ce commandement du
Seigneur a été confié à Pierre et aux autres Apôtres.
À mon tour, je vous envoie tous en mission, comme baptisés et confirmés.
Et chers jeunes, j’ai une chose importante à vous dire : qu’un certain nombre
d’entre vous réponde “oui” à l’appel du Seigneur, en investissant toutes
leurs forces dans son service exclusif. Ce peut être le lieu et l’heure d’y
91
/ VENDREDI 31 MARS /

réfléchir devant Marie.


Marie, la mère de l’Église, continue à façonner le corps mystique du Christ !
Qu’elle nous apprenne à servir l’Église ! Avec l’Église, nous servirons la cause
des hommes. Ne craignons pas : répondre à cette exigence nous unit
vraiment au Christ qui offre sa vie, c’est une source de joie intérieure et une
condition d’efficacité de l’Église dans le monde.

O Mère, bénie entre toutes les mères, je te confie les


jeunes de l’univers entier.
Je te supplie pour chacun : donne-leur la grâce d’aimer la vie,
de faire totale confiance à ton Fils Jésus Christ, de
collaborer concrètement, en Église à sa mission de vérité, de
justice et de paix.
Jean Paul II Discours aux jeunes 1983

Tweet uelle sera ta


r toi et t’app elle à servir… Q
Dieu compte su
réponse ?

Prière
Le Seigneur est proche du cœur brisé, il sauve l’esprit abattu.
Le Seigneur rachètera ses serviteurs : pas de châtiment pour qui trouve
en lui son refuge.
Psaume 33

92
/ SAMEDI 1ER AVRIL / 4e semaine de carême /
Sœurs Clarisses de Lourdes

Avec la Vierge Marie, en marche vers la Vie

E
lle était si belle qu’on voudrait mourir pour la revoir. Si tu sa-
vais comme la sainte Vierge est bonne ! Fiat, Fiat, Fiat. O
Marie, fais que ma vie soit un long acte de reconnaissance
et d’amour. Je me donne tout entière à toi afin que tu me donnes
à ton Fils.
Jamais une enfant dévouée à Marie ne pourra périr.
L’âme qui implore Marie ne peut périr celle qui s’y confie garde le
calme au milieu de la tempête.
O ma Mère, c’est dans votre cœur que je veux déposer les an-
goisses de mon cœur et y puiser force et courage.
Je ferai tout pour le ciel, c’est là ma patrie. Là je trouverai ma Mère,
dans tout l’éclat de sa gloire, et avec elle, je jouirai du bonheur de
Jésus lui-même avec une sécurité parfaite.
O Marie, ma bonne Mère, faites qu’à votre exemple, je sois géné-
reuse dans tous les sacrifices que Notre Seigneur pourra me de-
mander dans le cours de ma vie.
O ma Mère, prenez mon cœur et enfoncez-le dans le cœur de
mon Jésus.

Commentaire
Je vous confie une intention pour la prière : invoquez avec moi la Vierge Marie
afin qu’elle obtienne au monde le don tant attendu de la paix. Que naissent
en nous des sentiments de pardon et de fraternité ! Que soient déposées les
armes et que s’éteignent la haine et la violence dans nos cœurs !
Que tout homme voit dans l’autre non pas un ennemi à combattre, mais un
frère à accueillir et à aimer, pour construire ensemble un monde meilleur.
Au rocher de Massabielle, la Vierge Sainte vint à la rencontre de Bernadette,
se révélant comme Celle qui est comblée de la grâce de Dieu, et elle lui
demanda de faire pénitence et de prier. Elle lui indiqua une source d’eau, et
elle lui fit signe de boire. Cette eau qui surgit toujours fraîche est devenue un
93
/ SAMEDI 1ER AVRIL /

des symboles de Lourdes : symbole de la vie nouvelle que le Christ donne à


ceux qui se tournent vers lui.
Oui, le christianisme est source de vie et Marie est la première gardienne de
cette source. Elle la montre à tous, leur demandant de renoncer à l’orgueil,
de se faire humbles, pour puiser à la miséricorde de son Fils et prendre part
ainsi à l’avènement de la civilisation de l’amour.
Chers frères et sœurs de France, je vous confie tous à l’intercession de la
Vierge Marie et de sainte Bernadette. Que leur prière vous obtienne de rester
forts dans la Foi, joyeux dans l’espérance et généreux dans la charité ! La
prière du pape vous accompagne. Avec une grande affection, je vous bénis
tous.
Jean-Paul II Lourdes 2004

Tweet de la
e sur les chemins
rnadette, march
Avec Marie et Be an ité !
de ton hum
pleine réalisation

Prière
J’aurai mon bouclier auprès de Dieu, le sauveur des cœurs droits.
Psaume 7

94
CINQUIÈME SEMAINE DE CARÊME
© Aude Dupuy, Paray 2016
/ DIMANCHE 2 AVRIL /
Monseigneur Thierry Blot, RS (Rome)

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)


Religieuse, docteur de l’Église et co-patronne de l’Europe

Fidélité
Catherine vécut de ce double mystère, qui
constitue sa double fidélité : fidélité à Jésus,
dont elle contempla le Sang rédempteur qui
sauve et purifie le pécheur, et fidélité à la
Vierge Marie qu’elle appelait la « douce
mère ». Elle fut consacrée, mais non cloî-
trée, pénitente et missionnaire. Sa fidélité
au Christ provient d’une vision du Seigneur
qu’elle eut à l’âge de 6 ans. Puis, elle fit
vœu de virginité, ce qui lui valut les persé-
cutions de sa famille. Elle tint bon et rejoi-
gnit la confrérie des pénitentes de saint
Dominique. Elle garda un célibat d’amour
et mena une vie de prière et de pénitence. Elle fut remarquée pour
sa fidélité à la prière quotidienne et aux pénitences qu’elle s’infligeait
pour le salut des âmes.

Patrie
À l’heure du grand schisme, Catherine de Sienne servit sa patrie
et l’Europe en enjoignant le pape de revenir au centre de la chré-
tienté, Rome. Sans complexe, elle écrivit au pape Grégoire XI, alors
en Avignon, une lettre où elle le pressait de revenir dans la ville où
saint Pierre mourut martyr, « pour le bien de l’Italie et de l’Europe
chrétienne ». Elle alla même le chercher, et il revint à Rome en
1375. À la mort de ce dernier, un nouveau pape fut élu en 1378 :
Urbain VI. Catherine vint alors s’établir à Rome afin de défendre le
nouveau pape. Cela lui valut le titre de « défenseur » du Siège
Romain, puis, plus tard, après sa mort de « patronne de l’Italie »
96
/ 5e semaine de carême /

avec saint François d’Assise. Elle a été déclarée docteur de l’Église


par le Bienheureux pape Paul VI, en 1970, et proclamée co-pa-
tronne de l’Europe en 1999 par saint Jean-Paul II. Elle est fêtée le
29 avril.

Service
Sainte Catherine avait choisi de vivre dans le monde, car elle voulait
servir les pauvres. Elle soignait les malades, secourait les miséreux,
en les enrichissant parfois de… ses propres habits. Elle exigeait
des religieux qui l’entouraient le même sens du service par l’exer-
cice généreux des vertus et l’observation de leurs règles respec-
tives. Dans sa maternelle sollicitude, les laïcs n’étaient pas les
derniers. Elle leur adressait de nombreuses et vives lettres pour les
inciter à servir les plus démunis, les voulant prompts dans la pra-
tique des vertus chrétiennes et des devoirs de leur état, animés
d’une ardente charité pour Dieu et pour le prochain. Tous les bap-
tisés, disait-elle, sont des membres vivants de l’Église, le Corps
mystique du Christ.

Prière
Ô Trinité éternelle, ô Déité, qui, par l’union de votre nature divine, avez
donné un si grand prix au sang de votre Fils unique. Ô Trinité éternelle, vous
êtes une mer profonde où plus je me plonge, plus je vous trouve, et plus je
vous trouve, plus je vous cherche. Revêtez-moi, revêtez-moi de vous-même,
éternelle Vérité, afin que je parcoure cette vie mortelle avec la véritable
obéissance et la lumière de la sainte foi, dont vous enivrez de plus en plus
mon âme. Amen.

97
/ DIMANCHE 2 AVRIL /

Tweet e.
anche de carêm
Trinité en ce dim
Je prie la sainte

Prière
J’espère le Seigneur de toute mon âme, je l’espère et j’attends sa pa-
role. Attends le seigneur, ô mon âme, plus qu’un veilleur ne guette l’au-
rore.
Psaume 129

98 © Benoist Clouet, Vézelay 2016


/ 5e semaine de carême /
Sœurs Carmélites d’Ars

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus


Ce poème retrace toute la spiritualité de sainte Thérèse :

Au soir d’Amour, parlant sans parabole


Jésus disait : « Si quelqu’un veut m’aimer
Toute sa vie qu’il garde ma Parole
Mon Père et moi viendrons le visiter.
Et de son cœur faisant notre demeure
Venant à lui, nous l’aimerons toujours !…
Rempli de paix, nous voulons qu’il demeure
En notre Amour !… »
Vivre d’Amour, c’est te garder Toi-Même
Verbe incréé, Parole de mon Dieu,
Ah ! tu le sais, Divin Jésus, je t’aime
L’Esprit d’Amour m’embrase de son feu
C’est en t’aimant que j’attire le Père
Mon faible cœur le garde sans retour.
O Trinité ! vous êtes Prisonnière
De mon Amour !…
Vivre d’Amour, c’est vivre de ta vie,
Roi glorieux, délice des élus.
Tu vis pour moi, caché dans une hostie
Je veux pour toi me cacher, ô Jésus !
À des amants, il faut la solitude
Un cœur à cœur qui dure nuit et jour
Ton seul regard fait ma béatitude
Je vis d’Amour !…
Vivre d’Amour, ce n’est pas sur la terre
Fixer sa tente au sommet du Thabor.
Avec Jésus, c’est gravir le Calvaire,
C’est regarder la Croix comme un trésor !…
Au Ciel je dois vivre de jouissance
Alors l’épreuve aura fui pour toujours
Mais exilée je veux dans la souffrance
99
/ 5e semaine de carême /

Vivre d’Amour.
Vivre d’Amour, c’est donner sans mesure
Sans réclamer de salaire ici-bas
Ah ! sans compter je donne étant bien sûre
Que lorsqu’on aime, on ne calcule pas !…
Au Cœur Divin, débordant de tendresse
J’ai tout donné… légèrement je cours
Je n’ai plus rien que ma seule richesse
Vivre d’Amour.
Vivre d’Amour, c’est bannir toute crainte
Tout souvenir des fautes du passé.
De mes péchés je ne vois nulle empreinte,
En un instant l’amour a tout brûlé…
Flamme divine, ô très douce Fournaise !
En ton foyer je fixe mon séjour
C’est en tes feux que je chante à mon aise :
« Je vis d’Amour !… »
Vivre d’Amour, c’est garder en soi-même
Un grand trésor en un vase mortel
Mon Bien-Aimé, ma faiblesse est extrême
Ah je suis loin d’être un ange du ciel !…
Mais si je tombe à chaque heure qui passe
Me relevant tu viens à mon secours,
A chaque instant tu me donnes ta grâce
Je vis d’Amour.
Vivre d’Amour, c’est naviguer sans cesse
Semant la paix, la joie dans tous les cœurs
Pilote Aimé, la Charité me presse
Car je te vois dans les âmes mes Sœurs
La Charité voilà ma seule étoile
À sa clarté je vogue sans détour
J’ai ma devise écrite sur ma voile :
« Vivre d’Amour. »
100
/ 5e semaine de carême /

Vivre d’Amour, lorsque Jésus sommeille


C’est le repos sur les flots orageux
Oh ! ne crains pas, Seigneur, que je t’éveille
J’attends en paix le rivage des cieux…
La Foi bientôt déchirera son voile
Mon Espérance est de te voir un jour
La Charité enfle et pousse ma voile
Je vis d’Amour !…
Vivre d’Amour, c’est, ô mon Divin Maître
Te supplier de répandre tes Feux
En l’âme sainte et sacrée de ton Prêtre
Qu’il soit plus pur qu’un séraphin des cieux !…
Ah ! glorifie ton Église Immortelle
À mes soupirs, Jésus ne sois pas sourd
Moi son enfant, je m’immole pour elle
Je vis d’Amour.
Vivre d’Amour, c’est essuyer ta Face
C’est obtenir des pécheurs le pardon
O Dieu d’Amour ! qu’ils rentrent dans ta grâce
Et qu’à jamais ils bénissent ton Nom…
Jusqu’à mon cœur retentit le blasphème
Pour l’effacer, je veux chanter toujours :
« Ton Nom Sacré, je l’adore et je l’Aime
Je vis d’Amour !… »
Vivre d’Amour, c’est imiter Marie,
Baignant de pleurs, de parfums précieux,
Tes pieds divins, qu’elle baise ravie
Les essuyant avec ses longs cheveux…
Puis se levant, elle brise le vase
Ton Doux Visage elle embaume à son tour.
Moi, le parfum dont j’embaume ta Face
C’est mon Amour !…
« Vivre d’Amour, quelle étrange folie ! »
101
/ 5e semaine de carême /

Me dit le monde, « Ah ! cessez de chanter,


Ne perdez pas vos parfums, votre vie,
Utilement sachez les employer !… »
T’aimer, Jésus, quelle perte féconde !…
Tous mes parfums sont à toi sans retour,
Je veux chanter en sortant de ce monde :
« Je meurs d’Amour ! »
Mourir d’Amour, c’est un bien doux martyre
Et c’est celui que je voudrais souffrir.
O Chérubins ! accordez votre lyre,
Car je le sens, mon exil va finir !…
Flamme d’Amour, consume-moi sans trêve
Vie d’un instant, ton fardeau m’est bien lourd !
Divin Jésus, réalise mon rêve :
Mourir d’Amour !…
Mourir d’Amour, voilà mon espérance
Quand je verrai se briser mes liens
Mon Dieu sera ma Grande Récompense
Je ne veux point posséder d’autres biens.
De son Amour je veux être embrasée
Je veux Le voir, m’unir à Lui toujours
Voilà mon Ciel… voilà ma destinée :
Vivre d’Amour !!!…

102
/ LUNDI 3 AVRIL / / 5e semaine de carême /
Sœurs Carmélites d’Ars

Sainte Thérèse et Marie

N
e trouvant aucun secours sur la terre, la pauvre petite
Thérèse s’était aussi tournée vers sa mère du Ciel, elle la priait
de tout son cœur d’avoir enfin pitié d’elle.
« La sainte Vierge m’a fait sentir que c’était vraiment elle qui m’avait
souri et m’avait guérie. J’ai compris qu’elle veillait sur moi, que j’étais
son enfant. »
« Jamais la sainte Vierge ne manque de me protéger aussitôt que je
l’invoque. S’il me survient une inquiétude, un embarras, bien vite je
me tourne vers elle et toujours comme la plus tendre des mères, elle
se charge de mes intérêts. »
Histoire d’une âme

Thérèse naît le 2 janvier 1873. Elle est la dernière fille de saints


Louis et Zélie Martin. Thérèse grandit et s’épanouit dans un climat
familial heureux et porteur avec ses grandes sœurs : Marie,
Pauline, Léonie et Céline.
Mais alors qu’elle n’a que quatre ans et demi, Thérèse perd sa
maman. L’épreuve est douloureuse pour la fillette qui choisit parmi
ses sœurs une nouvelle maman, Pauline.
Quand, à la fin de l’année 1882, Pauline entre au Carmel, Thérèse
vit une nouvelle épreuve. À tel point qu’elle tombe gravement ma-
lade dans les jours qui suivent. Et, alors qu’on la croit perdue, elle
guérit miraculeusement de sa maladie. C’est par la prière de la
Vierge Marie qu’elle obtient sa guérison.

103
/ LUNDI 3 AVRIL /

Méditation
Thérèse a mis toute sa confiance en Marie, sa Mère du Ciel, qu’elle ira même
jusqu’à appeler « Maman ». Elle sait que par Marie elle peut tout obtenir de
Jésus, et c’est donc par elle qu’elle fait passer ses demandes et désirs.

Tweet rcession de la
op e et m on pays à l’inte n de
Je confie l’E ur zaine à l’intentio
ge M ar ie. Je peux dire une di
Vier
et citoyens.
leurs dirigeants

Prière
Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie ; j’habiterai
la maison du Seigneur pour la durée de mes jours.
Psaume 22

104
/ MARDI 4 AVRIL / / 5e semaine de carême /
Sœurs Carmélites d’Ars

Sainte Thérèse et Jeanne d’Arc

I
l est vrai que Dieu m’a choisie bien souvent pour être l’instrument
de ses merveilles, mais c’était afin de sauver la France qu’Il opé-
rait ces prodiges… pour moi, Il a voulu que je souffre beaucoup.
Combien de larmes n’ai-je pas versées en voyant les contradic-
tions que je rencontrais auprès des grands de la cour ?… Il fallait
aussi que mon sang se mêle à mes pleurs… À l’assaut des
Tournelles, une flèche m’ayant atteinte, je suis tombée, et si je
n’avais pas été secourue par mes Saintes, j’aurais dès ce moment
été faite prisonnière [...]. Mais l’heure marquée par Dieu n’était pas
encore venue… [...] Maintenant je suis en leur pouvoir, mais j’es-
père la délivrance que mes voix m’ont promise.
« Ô mon Dieu ! Je comprends maintenant la délivrance que mes
voix m’annonçaient… Ce n’était point celle que je rêvais… Mais
c’était la mort ! [...] Mais non, je me trompe, ô mon Dieu ! Mon âme
va s’élancer vers vous, je vais vivre pour ne plus jamais mourir… »
Pièce de théâtre Jeanne d’Arc accomplissant sa mission, écrite par Thérèse en
1895

Le 9 avril 1888, Thérèse entre au Carmel de Lisieux. Elle a 15 ans.


La vie au Carmel est dense, mais elle est aussi rythmée de festivi-
tés. Pour ces occasions, à la demande de la Prieure, Thérèse écrit,
met en scène et joue des pièces de théâtre. Deux portent sur la
Vénérable Jeanne d’Arc, figure de l’Histoire de France qui parle
beaucoup à Thérèse.

105
/ MARDI 4 AVRIL /

Méditation
Si Jeanne s’est révélée par des exploits et des œuvres éclatantes, Thérèse, au
contraire, est restée cachée toute sa vie. Pourtant toutes deux ont été
appelées à de grandes choses. Leur spiritualité présente un certain nombre
de points communs : attrait pour la solitude, vie pauvre et cachée, prières
assidues, grande piété mariale. Sainte Jeanne d’Arc et Thérèse sont
aujourd’hui co-patronnes secondaires de la France.

Tweet ont servi leur


à sa fa ço n, Je anne et Thérèse
Chacune
pays. ys ?
je sers mon pa
Et m oi , co m m ent est-ce que

je fidèle ?
Comment y suis- rète que je peux
ois is un e ac tio n citoyenne conc (voter, me for-
• Je ch é(e)s
avec d’autres aîn res-
mener seul(e) ou ur la vie, la famille, protéger et
’e ng ag er po
mer, m
).
pecter la Terre…

Prière
Seigneur entends ma prière :
Que mon cri parvienne jusqu’à toi !
Psaume 101

106
/ MERCREDI 5 AVRIL / / 5e semaine de carême /
Sœurs Carmélites d’Ars

Sainte Thérèse et les vocations

L
e plus intime de mes désirs, le plus grand de tous, que je ne
pensais jamais voir se réaliser, était l’entrée de ma Céline
chérie dans le même Carmel que nous… Ce rêve me sem-
blait invraisemblable [...] aussi, j’avais fait complètement mon sa-
crifice, j’avais confié à Jésus l’avenir de ma sœur chérie étant
résolue à la voir partir au bout du monde, s’il le fallait. La seule
chose que je ne pouvais accepter, c’était qu’elle ne soit pas
l’épouse de Jésus, car l’aimant autant que moi-même, il m’était
impossible de la voir donner son cœur à un mortel.
« Notre ange [Céline] secoua ses ailes blanches, il était prêt à voler
bien loin pour trouver Jésus, mais Jésus le fit voler tout près… Il
se contenta du sacrifice qui fut bien douloureux pour la petite
Thérèse… [...] Enfin, [...] elle se réunissait à nous !… »
Histoire d’une âme

Méditation
Pour Thérèse, l’union à Dieu est le plus grand bonheur que l’on
puisse trouver sur la terre. Il n’est donc pas étonnant qu’elle la dé-
sire pour ceux qu’elle aime. Aussi, avec une grande confiance, elle
a demandé à Jésus de l’entrée en religion de sa sœur
Céline. N’osant lui faire la demande du Carmel pour elle, Thérèse
en fait le sacrifice. Mais une fois de plus, le Seigneur la comble
bien au-delà de ses désirs puisque le 14 septembre 1894, Céline
Martin vient rejoindre ses trois sœurs Pauline, Marie et Thérèse au
Carmel de Lisieux.
À travers ces quelques lignes, nous voyons la confiance que
Thérèse ose mettre en Dieu. Elle ne craint pas de Lui faire des de-
mandes concrètes et précises, comme une enfant peut le faire à
ses parents. Elle sait que si cela est bon, le Seigneur l’exaucera.

107
/ MERCREDI 5 AVRIL /

Tweet un Notre Père


je prends le temps de dire ute
Avec confian ce, e je prononce to
nn an t à ch ac un des mots qu
en do
son intensité.

Prière
À toi louange et gloire éternellement !
Cantique de Daniel

108 © Aude Dupuy, Paray 2016


/ JEUDI 6 AVRIL / / 5e semaine de carême /
Sœurs Carmélites d’Ars

Sainte Thérèse et les missions

D
epuis bien longtemps j’avais un désir qui me paraissait tout
à fait irréalisable, celui d’avoir un frère prêtre, je pensais sou-
vent que si mes petits frères* ne s’étaient pas envolés au
Ciel, j’aurais eu le bonheur de les voir monter à l’autel ; mais
puisque le bon Dieu les a choisis pour en faire de petits anges je
ne pouvais plus espérer de voir mon rêve se réaliser ; et voilà que
non seulement Jésus m’a fait la grâce que je désirais, mais Il m’a
unie par les liens de l’âme à deux de ses apôtres qui sont devenus
mes frères…
Histoire d’une âme

Louis et Zélie Martin ont eu neuf enfants. Quatre d’entre eux, dont
deux garçons, sont morts prématurément. Thérèse est la dernière
de la fratrie.
Après quelques années au Carmel, Thérèse se voit confier deux
« petits frères », prêtre et futur prêtre. Thérèse, qui avait ressenti
un appel missionnaire afin de faire connaître Jésus là où Il est in-
connu et à ceux qui n’ont pas le bonheur de connaître son Amour,
est comblée dans son désir puisque ses deux frères sont appelés
à devenir des missionnaires.
Elle les portera tous deux dans sa prière et par ses sacrifices et
aura avec chacun une correspondance épistolaire régulière.
Thérèse meurt en 1897. Elle est canonisée en 1925, et dès 1927,
elle est proclamée co-patronne des missions universelles, au
même titre que le jésuite saint François-Xavier. Elle est proclamée
Docteur de l’Église en 1997.

109
/ JEUDI 6 AVRIL /

Méditation
Thérèse n’a jamais craint d’espérer, de demander à Dieu, de Lui mendier
l’irréalisable. Elle a toujours été exaucée. Elle est pour nous un modèle de
confiance et d’abandon à la tendresse de Dieu.

Tweet ncret dans leque


l
is un en ga ge ment d’Église co ou pe de pa r-
Je chois (Even, gr
ir une formation an-
je pourrai recevo i me permettra d’ensuite « aller
bl iq ue … ) qu
tage bi
aux Nations ».
noncer l’Évangile

Prière
Cherchez le Seigneur et sa puissance, recherchez sans trêve sa face ;
Souvenez-vous des merveilles qu’il a faites, de ses prodiges, des juge-
ments qu’il prononça.
Psaume 104

110
/ VENDREDI 7 AVRIL / / 5e semaine de carême /
Sœurs Carmélites d’Ars

Fleurs de sainte Thérèse


Si du guerrier j’ai les armes puissantes
Si je l’imite et lutte vaillamment
Comme la Vierge aux grâces ravissantes
Je veux aussi chanter en combattant
Tu fais vibrer de ta lyre les cordes
Et cette lyre, ô Jésus, c’est mon cœur
Alors je puis de tes miséricordes
Chanter la force et la douceur
En souriant je brave la mitraille
Et dans tes bras, ô mon Époux Divin
En chantant je mourrai sur le champ de bataille
Les armes à la main !…
Poème de Sainte Thérèse, Mes Armes

Thérèse, vaillante et combattante : la « Petite » Thérèse avait une


âme de soldat. Très vite après sa mort, son culte se répand. Elle
est notamment d’un grand secours pour les soldats pendant la
Première Guerre mondiale. Les soldats s’identifient facilement à
Thérèse : elle a combattu, elle a souffert, elle meurt jeune. Elle leur
paraît proche et est souvent invoquée. Elle semble plus accessible
que Jeanne d’Arc qui est aussi une alliée du Ciel. Beaucoup de
soldats rapporteront au Carmel de Lisieux des témoignages : les
images ou médailles de Thérèse qu’ils portaient sur eux apparais-
sent de véritables « boucliers » et dévient des balles mortelles.

Méditation
Les premières fleurs de Thérèse ne se font pas attendre. Elle qui voulait
passer son ciel à envoyer des « pluies de roses » sur la terre. Elle a sauvé la
vie de nombreux soldats pendant la guerre. Son tempérament de battante
déjà visible sur terre continue de se manifester depuis le Ciel.

111
/ VENDREDI 7 AVRIL /

Tweet puyer sur


ffic ult é, su is- je capable de m’ap difficile
Face à une di moment
r ? Je ch er che à lui offrir ce
le Seign eu ce en lui ?
mettre ma confian
pour avancer et

Prière
Je t’aime, Seigneur, ma force :
Seigneur, mon roc, ma forteresse,
Dieu mon libérateur, le rocher qui m’abrite,
Mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire !
Psaume 17

112 © Olivier Naves, route chantante


/ SAMEDI 8 AVRIL / / 5e semaine de carême /
Sœurs Carmélites d’Ars

Sainte Thérèse et la famille


Le Bon Dieu m’a donné un père et une mère, plus dignes du
Ciel que de la terre.
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus

Ma petite sœur chérie, [...] la seule chose que je veux te répéter


est celle-ci : « Je t’aime mille fois plus tendrement que ne s’aiment
des sœurs ordinaires, puisque je puis t’aimer avec le cœur de notre
céleste époux. »
Lettre à sa sœur Léonie, Visitandine à Caen, avril 1896

« Ô ma sœur chérie, je vous en prie, comprenez-moi ! Comprenez


que pour aimer Jésus, être sa victime d’amour, plus on est faible
et misérable, plus on est propre aux opérations de cet amour
consumant et transformant… »
Lettre à Sœur Marie du Sacré-Cœur (sa sœur Marie) septembre 1896

« Il m’est bien doux de penser que de toute éternité notre Seigneur


a formé cette union qui doit lui sauver des âmes et qu’Il m’a créée
pour être votre sœur… »
Lettre au Père Roulland, juillet 1896

Les liens de Thérèse avec sa famille sont très forts. Ils sont aussi
très purs : elle a remis ceux qu’elle aime à Jésus et, à travers elle,
c’est lui qui les aime.
La famille a une place importante dans sa vie. Au Carmel, elle vit
avec trois de ses sœurs, mais elle reste aussi très liée à Léonie
avec qui elle entretient une correspondance régulière. Le père
Roulland et l’abbé Bellière, ses « frères prêtres », sont tout aussi
importants pour elle. Elle est heureuse de les avoir et de pouvoir
113
/ SAMEDI 8 AVRIL /

les offrir à ses parents qui désiraient un fils missionnaire. Très sou-
vent aussi, elle se tourne vers ses « anges » du Ciel, ses grands
frères et sœurs qu’elle n’a pas connus, à qui elle se confie.

Méditation
La famille est un support important qui nous permet de nous construire et de
grandir. L’environnement familial porteur permet à chacun de se déployer,
de s’affirmer, de cultiver ses talents, de s’épanouir.
La petite Thérèse a su trouver tout cela et elle sait en rendre grâce.

Tweet ée de
te et personnalis
çon très concrè frant
Je choisis une fa nts mon amour pour eux (en of
r à m es pa re ec l’un ou l’au-
montre ent av
ssant un bon mom pas
un cadeau, en pa rvice particulier...). Et je n’oublie
re ndan t un se e.
tre, en a prièr
Seigneur dans m
de les confier au

Prière
La jeune fille se réjouit, elle danse ; jeunes gens, vieilles gens, tous en-
semble !
Cantique de Jérémie

114
SEMAINE SAINTE

© Olivier Naves, Vézelay 2016


/ DIMANCHE 9 AVRIL- DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION /
Jean-Marie Lonak, ACPrR Bretagne

Sainte Edith Stein (Thérèse Bénédicte de la Croix)

« Dieu est la vérité. Qui cherche la vérité, cherchent Dieu,


qu’il en soit conscient ou non.

hilosophe et carmélite, Édith Stein vient

P au monde dans une famille juive le 12


octobre 1891 à Breslau en Prusse.
Malgré une éducation marquée par le ju-
daïsme, elle s’éloigne résolument à l’âge de
l’adolescence de toute croyance religieuse
emême temps qu’elle quitte librement
l’école pour un temps. Sa vive intelligence
l’engage à rechercher la vérité avec les
moyens nécessaires : elle reprend donc le
lycée et va s’inscrire à l’université pour sui-
vre les cours qui l’intéressent en psychologie et philosophie.
Édith est l’une des rares femmes de son époque à fréquenter l’uni-
versité ; elle sera la première femme docteur en philosophie avec
sa thèse sur l’empathie. Édith devient élève puis assistante
Edmund Husserl, dans les travaux en phénoménologie rendre la
jeune femme attentive au phénomène religieux.
La question de la foi en Dieu s’impose progressivement à elle
quand elle voir une femme prier seule dans une église ou quand
une de ses amis veuve traverse le deuil en puisant sa force dans
sa foi. En 1921, la lecture de l’autobiographie de Thérèse d’Avila
la décide demander le baptême dans l’Église catholique. Unissant
ses compétences philosophiques à la lumière que lui donne la foi,
Édith Stein se consacre pendant une dizaine d’années à l’ensei-
gnement. Son principal souci est de mettre en valeur une vision
chrétienne de la personne humaine.
Pleinement lucide sur la signification de la montée du nazisme et
116
/ Semaine sainte /

interdite d’enseignement en raison de sa foi juive, elle entre au


Carmel de Cologne en 1933 et y prend le nom de Thérèse
Bénédicte de la Croix. Nouvelle rupture avec sa famille et surtout
avec sa mère qui ne comprend pas son choix. Mais Édite poursuit
son combat contre le mal qui se déchaîne dans le monde à un ni-
veau de radicale profondeur : avec le Christ, sous le signe de la
Croix. Elle décide de se tenir devant Dieu afin d’intercéder pour
tous.
Elle cherche à quitter l’Allemagne et part pour le Carmel d’Echt en
Hollande en 1938. Suite à une dénonciation des exactions nazies
par les évêques hollandais, le pouvoir national-socialiste décide de
déporter tous les chrétiens d’origine juive. Le 9 août 1942, Stein
meurt dans les chambres à gaz d’Auschwitz, à la fois victime de la
Shoah et témoin du Christ.

Méditation : La prière dans la vie


Naturellement, la religion n’est pas quelque chose pour un petit coin
tranquille, ou pour quelques heures de célébration ; mais elle doit, comme
vous l’avez déjà ressenti, être la racine et la base de toute la vie, et cela, non
pour quelques rares élus, mais pour tout vrai chrétien (à vrai dire, il n’y en a
toujours qu’un petit troupeau)…  Dans la période qui a précédé
immédiatement ma conversion, et encore longtemps après, j’ai pensé que
mener une vie chrétienne signifiait renoncer à tout ce qui est de la terre et ne
penser qu’aux choses de Dieu. Mais peu à peu j’ai compris qu’en ce monde
autre chose nous est demandé, et que même dans la vie la plus
contemplative le lien avec le monde ne peut être entièrement rompu. Je crois
même que, plus quelqu’un est profondément absorbé en Dieu, plus il doit en
un certain sens, ‘sortir de soi’ pour pénétrer le monde et y apporter la vie
divine.
117
/ DIMANCHE 9 AVRIL /

Il s’agit seulement d’avoir concrètement un petit coin tranquille où l’on


puisse converser avec Dieu comme si rien d’autre n’existait - et cela chaque
jour. Les heures du matin me semblent les plus favorables, avant de
commencer le travail de la journée ; ensuite, il faut que l’on trouve là sa
mission particulière, si possible pour chaque jour, et non par choix
personnel ; enfin, que l’on se considère entièrement comme un instrument ;
et spécialement que l’on regarde les forces avec lesquelles on doit travailler
- dans notre cas, l’intelligence comme quelque chose dont nous ne nous
servons pas nous-mêmes, mais dont Dieu se sert en nous. Vous avez là ma
recette. Chaque matin ma vie commence à nouveau, et chaque soir elle se
termine.
lettre du 12 Février 1928, à Sœur Callista Kopf, Dominicaine (Lettres I, p.54ss)

Tweet mon travail, je l’o


f-
m ain e, av an t de commencer en tie r
Cette se tifie tout
pour qu’il le sanc
fre au Seigneur,

Prière
Seigneur, tu m’as répondu ! Et je proclame ton nom devant mes frères ;
je te loue en pleine assemblée : vous tous qui l’adorez, glorifiez le
Seigneur.
Psaume 21

118
/ Semaine sainte /
Jean-Marie Lonak, ACPrR Bretagne

La semaine sainte

A
près le dimanche des Rameaux et de la Passion, avec l’en-
trée triomphale de Jésus acclamé à Jérusalem, nous en-
trons dans la grande semaine qui nous prépare à la Mort et
la Résurrection de Jésus. Les trois premiers jours de cette semaine
sainte nous préparent au Triduum Pascal. « Voici que s’approchent
les jours où Jésus, notre Sauveur, souffrit sa Passion et ressuscita
dans la gloire » (2e préface). Le serviteur souffrant qu’est le Christ,
l’annonce de sa Passion aux apôtres, la trahison de Judas, le re-
niement de Pierre, tout semble envelopper de tristesse la liturgie
de ces trois jours. Mais l’espérance demeure.
Au début de cette semaine sainte, à la messe Chrismale, avec
l’évêque entouré de tous les prêtres de son diocèse, chacun re-
nouvelle sa promesse sacerdotale. Puis nous assistons à la bé-
nédiction des huiles : l’huile des malades, des catéchumènes, et
la consécration du Saint Chrême (le Saint Chrême qui sera utilisé
pour le baptême et la confirmation et pour le sacrement de l’ordi-
nation).
Le carême s’arrête alors jusqu’aux vêpres du Jeudi Saint.
Avec la messe du jeudi soir « in cena domini » s’ouvre le Triduum
Pascal. Lors de cette messe, le lavement des pieds nous rappelle
Jésus se faisant serviteur, puis c’est le dernier repas de Jésus, la
Cène, où Jésus se donne en nourriture sous la forme du Corps et
du Sang, pour sauver tous les hommes. Le Saint-Sacrement est
porté au reposoir et à partir de ce moment-là nous entrons dans
la grande nuit de la Passion de notre Seigneur. Une veillée d’ado-
ration peut suivre cette messe de la Cène.
Le Vendredi Saint rappelle la Passion du Christ, le chemin de croix
de Jésus, la crucifixion, et la mort de Jésus. Après sa mise au tom-
beau le soir du Vendredi Saint, nous entrons dans le temps du
grand silence, de l’absence de Jésus, qui descend aux enfers,

119
/ Semaine sainte /

pour emmener avec lui dans sa gloire toutes les âmes des défunts
qui l’ont précédé. Ce Samedi Saint nous rapproche de Marie qui
méditait toutes ces choses en son cœur (Luc 2,19).
La grande espérance est là : nous entrons alors dans la Vigile
Pascale, avec la liturgie de la lumière (le feu Pascal, la liturgie de la
parole, le Gloire à Dieu, la liturgie baptismale, la bénédiction de
l’eau et le renouvellement de la profession de foi baptismale.
Le Christ est ressuscité : Il est Vivant. Alléluia !

© Aude Dupuy, week-end inter-maîtrises


120
/ Semaine sainte /
Sœurs carmélites d’Alençon

Sainte Elisabeth de la Trinité

E
lisabeth Catez est née en 1880.
C’est une enfant vive et sensible. À 7
ans, son père meurt soudainement
entre ses bras. À partir de 11 ans et de sa
première communion, elle grandit visible-
ment dans le don de soi et à 14 ans elle
se sent appelée à la vie religieuse.
Musicienne de talent, elle passe des
heures au piano, elle accepte de sortir
dans les réunions mondaines de Dijon et
voyage à travers la France entière pour
visiter famille et amis. Une vie normale
pour une jeune fille de son époque ?
Pas tout à fait. Car Élisabeth a un se-
cret : à travers toutes ses activités, elle
reste étroitement unie à Jésus.
Le 2 août 1901, elle entre au Carmel de Dijon. Très
recueillie, elle aime par-dessus tout le silence et l’oraison qui lui per-
mettent de rejoindre son Dieu habitant au centre d’elle-même. Sœur
Élisabeth, en véritable carmélite est une âme éminemment aposto-
lique ! Elle se tient à la Source qu’elle laisse ensuite déborder pour
la communiquer aux âmes, concrètement à travers de nombreuses
lettres et mystérieusement dans la communion des saints.
Le 21 novembre 1904, sœur Élisabeth se consacre à la Trinité
dans sa prière « O mon Dieu Trinité que j’adore ». À partir de ce
moment sa santé se dégrade. Atteinte d’une grave maladie, elle
monte sur la Croix : des souffrances terribles consument tout son
corps. Elle reconnaît alors la main aimante du Christ qui l’invite à
s’immoler avec lui pour le salut des âmes. Elle meurt le 9 novembre
1906, après avoir murmuré ces paroles : « Je vais à la Lumière, à
l’Amour, à la Vie !… »

121
/ Semaine sainte /

En ce début du XXe siècle, période troublée pour notre pays, sainte


Élisabeth offre pour la France et l’Église ce qu’elle a de plus pré-
cieux en tant que carmélite : ses prières et ses sacrifices. « Comme
l’on sent le besoin de se sanctifier, de s’oublier pour être toute aux
intérêts de l’Église… Pauvre France ! J’aime la couvrir du sang du
Juste, de celui qui est toujours vivant afin d’intercéder et de deman-
der miséricorde. », écrit-elle en 1905.
Dans tous ses écrits, Élisabeth nous ramène à l’essentiel : la sain-
teté, l’union à Dieu. Si au centre de notre vie nous plaçons Dieu,
si nous lui donnons la première place, alors tout ce que nous fe-
rons sera fait dans sa lumière : notre vie et notre apostolat seront
féconds. Je vous propose, au cours de cette semaine, d’aller pio-
cher chez sainte Élisabeth quelques conseils qui nous permettrons
d’avancer sur ce chemin de sainteté et ainsi de rester fidèles à la
volonté de Dieu et donc à la France ! Bonne et fervente semaine
sainte !

122
/ LUNDI 10 AVRIL / / Semaine sainte /
Sœurs carmélites d’Alençon

H
âte-toi de descendre, car il faut que je demeure aujourd’hui
en ta maison. Le Maître redit incessamment à notre âme
cette parole qu’Il adressait un jour à Zachée. « Hâte-toi de
descendre. » Mais quelle est donc cette descente qu’Il exige de
nous sinon une entrée plus profonde en notre abîme intérieur ?
Cet acte n’est pas une séparation extérieure des choses exté-
rieures, mais une solitude de l’esprit, un dégagement de tout ce
qui n’est pas Dieu.
Tant que notre volonté a des caprices étrangers à l’union divine,
des fantaisies de oui et de non, nous restons à l’état d’enfance,
nous ne marchons pas à pas de géant dans l’amour ; car le feu
n’a pas encore brûlé tout l’alliage ; l’or n’est pas pur ; nous sommes
encore les chercheurs de nous-mêmes ; Dieu n’a pas consumé
toute notre hostilité à Lui. Mais quand le bouillonnement de la chau-
dière a consumé tout amour vicieux, toute douleur vicieuse, toute
crainte vicieuse, alors l’amour est parfait, et l’anneau d’or de notre
alliance est plus large que le Ciel et la terre. Voilà le cellier secret
où l’amour place ses élus, cet amour nous entraîne dans les dé-
tours et les sentiers que lui seul connaît ; et il nous entraîne sans
retour, nous ne revenons plus sur nos pas.
Le Ciel dans la Foi, 2e jour, 2e oraiso
Méditation
Le Ciel dans la Foi est une retraite que sainte Élisabeth a écrite peu de temps
avant sa mort pour sa sœur Marguerite, mariée et mère de deux enfants.
Dans ce recueil de méditations, elle invite Guite, et nous à sa suite, à vivre sa
vie quotidienne en contact avec Dieu. Nos occupations de chaque jour ne
nous dispensent pas de faire grandir notre relation avec le Seigneur ! Au
contraire, Il est là qui nous appelle, qui nous attend à travers tout.
« Hâte-toi de descendre ». Jésus est pressé de venir habiter notre cœur,
répondons Lui, ne le laissons pas à la porte. Il attend de nous un vrai « oui »,
123
/ LUNDI 10 AVRIL /

une véritable décision qui Lui permettra de déverser sa grâce en nous, de


nous purifier petit à petit comme l’or au creuset. Laissons Lui les rennes de
notre vie : c’est le seul moyen de marcher « à pas de géant dans l’amour ».
Et même si nous ne comprenons pas tout car son « amour nous entraîne dans
les détours et les entiers que lui seul connaît », soyons certains que c’est
bien son amour qui nous conduit. Vivons avec ferveur la Semaine Sainte,
cette semaine qui est la plus importante pour un chrétien !

Tweet la semaine pour


oisis dès au jou rd’hui un jour dans
• Je ch
r.
aller me confesse ité de ma
ièv em en t ch aq ue nouvelle activ
• Je confie br
eur.
journée au Seign

Prière
Le Seigneur est ma lumière et mon salut, qui pourrais-je craindre ?
Psaume 26

124
/ MARDI 11 AVRIL / / Semaine sainte /
Sœurs carmélites d’Alençon

P
our atteindre à la vie idéale de l’âme je crois qu’il faut vivre
dans le surnaturel, c’est-à-dire ne jamais agir « naturelle-
ment »… Il faut prendre conscience que Dieu est au plus in-
time de nous et aller à tout avec Lui ; alors on n’est jamais banal,
même en faisant les actions les plus ordinaires, car on ne vit pas
en ces choses, on les dépasse ! Une âme surnaturelle ne traite ja-
mais avec les causes secondes mais avec Dieu seulement. Oh !
Comme sa vie est simplifiée, comme elle se rapproche de la vie
des esprits bienheureux, comme elle est affranchie d’elle-même
et de toutes choses ! Tout pour elle se réduit à l’unité, cet « unique
nécessaire » dont le Maître parlait à Madeleine. Alors elle est vrai-
ment grande, vraiment libre, parce qu’elle a enclos sa volonté en
celle de Dieu.
Ma Framboise, lorsque l’on contemple notre éternelle prédestina-
tion, les choses visibles semblent si méprisables… Écoute saint
Paul : « Ceux que Dieu a connus en sa prescience, Il les a aussi
prédestinés pour être conformes à l’image de son Fils. » (Ce n’est
pas tout, tu vas voir, ma petite, que tu es du nombre des
« connus » !) « Et ceux qu’Il a connus, Il les a appelés » : c’est le
baptême qui t’a faite enfant d’adoption, qui t’a marquée du sceau
de la Trinité Sainte ! « Et ceux qu’Il a appelés, Il les a aussi justifiés » :
que de fois tu l’as été par le sacrement de pénitence, et par toutes
ces touches de Dieu en ton âme, sans même que tu en aies
conscience !
« Et ceux qu’Il a justifiés, Il les a aussi glorifiés. » Ceci est ce qui t’at-
tend dans l’éternité ! Mais rappelle-toi que notre degré de gloire
sera le degré de grâce dans lequel Dieu nous trouvera au moment
de la mort.
La grandeur de notre vocation, n° 8-9

125
/ MARDI 11 AVRIL /

Méditation
Dans ce texte, sainte Élisabeth nous livre le secret de la véritable liberté des
enfants de Dieu. Cette liberté qui naît dans le contact de l’âme avec Dieu et
que nous voyons resplendir dans l’âme des Saints. On les voit traverser la vie,
porter la Croix sans quitter des yeux le Seigneur, puisant en Lui la force
d’avancer à contre-courant et de témoigner sans relâche de la Foi qui les
habite. Sainte Élisabeth nous rappelle que nous sommes nous aussi appelés à
la sainteté. Soyons des témoins du Christ pour ceux qui nous entourent. Ne
nous contentons pas d’une vie chrétienne médiocre. Notre vie d’ici-bas
passera, celle des Cieux est éternelle. Méditons ces paroles d’Élisabeth :
« notre degré de gloire sera le degré de grâce dans lequel Dieu nous trouvera
au moment de la mort. »

Tweet ent !
critiquer inutilem
gue pour ne pas
Je garde ma lan

Prière
Tu es Seigneur, mon espérance,
Seigneur, mon appui dès ma jeunesse.
Psaume 70

126
/ MERCREDI 12 AVRIL / / Semaine sainte /
Sœurs carmélites d’Alençon

O
ui, marche en Jésus-Christ : il te faut cette voie large, tu
n’es pas faite pour les sentiers étroits d’ici-bas ! Sois enra-
cinée en Lui, et pour cela déracinée de toi-même ou faisant
tout comme : c’est-à-dire te niant chaque fois que tu te rencontres.
Sois édifiée sur Lui, bien haut au-dessus de ce qui passe, là où
tout est pur, tout est lumineux.
Sois affermie en la Foi, c’est-à-dire n’agis que sous la grande lu-
mière de Dieu, jamais d’après les impressions, l’imagination. Crois
qu’Il t’aime, qu’Il veut t’aider Lui-même dans les luttes que tu as à
soutenir. Crois à son amour, son trop grand amour comme dit saint
Paul : nourris ton âme des grandes pensées de la foi qui lui révèlent
toute sa richesse et la fin pour laquelle Dieu l’a créée ! Si tu vis en
ces choses, ta piété ne sera pas une exaltation nerveuse, comme
tu le crains, mais elle sera vraie. C’est si beau la vérité, la vérité de
l’amour : « Il m’a aimé, Il s’est livré pour moi », voilà ce que c’est
qu’être vrai !
Et puis enfin, croîs en l’action de grâce. C’est le dernier mot du
programme, il n’en ai que la conséquence. […] Je me demande
comment l’âme qui a sondé l’amour qui est au Cœur de Dieu pour
elle peut n’être pas joyeuse toujours, dans toute souffrance et toute
douleur. Rappelle-toi qu’ « Il t’a élue en Lui avant la création pour
que tu sois immaculée et pure en sa présence, dans l’amour » ;
par conséquent ne crains pas la lutte, la tentation : « lorsque je suis
faible, s’écriait l’Apôtre, c’est alors que je suis fort, car la vertu de
Jésus-Christ habite en moi. »
La grandeur de notre vocation, n°10-11-12

127
/ MERCREDI 12 AVRIL /

Méditation
Sainte Élisabeth puise en saint Paul un « programme de vie », le programme
de la sainteté qui passe tout d’abord et nécessairement par l’humilité. Nous
sommes faits pour Dieu ; demandons cette grâce de sortir de nous-même.
Trop souvent nous restons centrés sur nous-même et c’est pour cela que la
tristesse nous gagne. Oui, il faudra lutter et combattre ; oui, il faudra
accepter notre faiblesse… Mais la faiblesse est bien notre condition de
créature. Jésus a connu cette faiblesse radicale en montant sur la croix… et
de la croix a jailli la victoire sur tout mal. Il nous faudra avancer à contre-
courant du monde et pour cela puiser dans les vérités de foi notre force,
cette force qui vient du Christ, de son amour. Avec sainte Élisabeth méditons
sans cesse ces paroles de l’apôtre : « Il m’a aimé, il s’est livré pour moi » : la
véritable joie chrétienne habitera nos cœurs.

Tweet
s Évangiles.
Christ dans un de
Lire la Passion du

Prière
C’est pour toi que je souffre l’insulte,
Que la honte me couvre le visage.
Psaume 68

128
/ JEUDI 13 AVRIL - JEUDI SAINT / / Semaine sainte /
Sœurs carmélites d’Alençon

V
ous êtes étrangement aimée », aimée de cet amour de pré-
férence que le Maître ici-bas eut pour quelques-uns et qui
les emporta si loin. Il ne vous dit pas comme à Pierre :
« M’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Mère, écoutez ce qu’Il vous dit :
« Laisse-toi aimer plus que ceux-ci ! c’est-à-dire sans craindre qu’au-
cun obstacle n’y soit obstacle, car je suis libre d’épancher mon
amour en qui il me plaît ! « Laisse-toi aimer plus que ceux-ci », c’est
ta vocation, c’est en y étant fidèle que tu me rendras heureux, car
tu magnifieras la puissance de mon amour. Cet amour saura refaire
ce que tu aurais défait : « Laisse-toi aimer plus que ceux-ci ».
…] Mère « laissez-vous aimer plus que ceux-ci » : c’est comme cela
que votre Maître veut que vous soyez louange de gloire ! Il se réjouit
d’édifier en vous par son amour et pour sa gloire, et c’est Lui seul
qui veut opérer, quand même vous n’auriez rien fait pour attirer
cette grâce sinon ce que fait la créature : œuvres de péchés et de
misères… Il vous aime ainsi, Il vous aime « plus que ceux-ci », Il
fera tout en vous, Il ira jusqu’au bout : car quand une âme est
aimée par Lui à ce point, sous cette forme, aimée d’un amour im-
muable et créateur, d’un amour libre qui transforme comme il Lui
plaît, oh ! que cette âme va loin !
Laisse-toi aimer, lettre à sa prieure, 1906.

Méditation
Ce passage de Laisse-toi aimer, est un appel pressant à se livrer à l’Amour.
Notre vie chrétienne n’est pas un catalogue de préceptes à appliquer ou à ne
pas appliquer. Non, notre vie chrétienne est un dialogue d’amour entre l’âme
et son Dieu. Un Dieu vivant qui nous aime gratuitement, qui nous aime parce
qu’Il ne sait faire que cela : aimer.
« Laisse-toi aimer plus que ceux-ci ». Aux yeux de Dieu chaque âme est
unique et tellement précieuse. Il connaît nos faiblesses, Il connaît notre
129
/ JEUDI 13 AVRIL - JEUDI SAINT /

péché : notre pauvreté l’attire. Donnons-Lui notre indigence, Il nous


donnera sa richesse : sa Miséricorde infinie. Et comme la grâce est faite pour
se communiquer, agissons comme notre Dieu : aimons. Posons un regard de
bienveillance sur notre entourage. Ces personnes que je rencontre sont, elles
aussi, des créatures… et tout aussi faibles que moi. Et Dieu les appelle :
« Laisse-toi aimer »… Mais le savent-elles ? En ce Jeudi Saint, Jésus nous
montre l’exemple de l’amour en acte en lavant les pieds de ses disciples

Tweet ts de
rs actes concre
s un, mais plusieu
Je pose non pa
rs le prochain.
miséricorde enve

Prière
Comment rendrai-je au Seigneur
Tout le bien qu’il m’a fait ?
Psaume 115

130
/ VENDREDI 14 AVRIL - VENDREDI SAINT / / Semaine sainte /

L
’abandon, chère Madame, voilà ce qui nous livre à Dieu. Je
suis bien jeune, mais il me semble que quelquefois j’ai bien
souffert. Oh alors, quand tout s’embrouillait, quand le présent
était si douloureux et que l’avenir m’apparaissait encore plus som-
bre, je fermais les yeux, je m’abandonnais comme un enfant dans
les bras de ce Père qui est aux Cieux. Chère Madame, voulez-
vous permettre à cette petite carmélite qui vous aime tant de vous
dire quelque chose de sa part ? Ce sont ces paroles que le Maître
adressait à sainte Catherine de Sienne : « Pense à moi, je penserai
à toi. » Nous regardons trop à nous, nous voudrions voir et com-
prendre, nous n’avons pas assez confiance en Celui qui nous en-
veloppe de sa Charité. Il ne faut pas s’arrêter en face de la Croix
et la regarder en elle-même, mais, se recueillant sous les clartés
de la foi, il faut monter plus haut et penser qu’elle est l’instrument
qui obéit à l’Amour divin. « Une seule chose est nécessaire, Marie
a choisi la meilleure part qui ne lui sera pas ôtée. » Cette meilleure
part, qui semble être mon privilège en ma bien-aimée solitude du
Carmel, est offerte par Dieu à toute âme de baptisé. Il vous l’offre,
chère Madame, parmi vos soucis et vos sollicitudes maternelles.
Croyez que toute sa volonté est de vous emmener toujours plus
loin en Lui. Livrez-vous à Lui avec toutes vos préoccupations.
Lettre à Madame de Sourdon, 25 juillet 1902.

Méditation
Aujourd’hui, sur la Croix, Jésus accompli son œuvre : dans son immense
amour, Il nous sauve. Contemplons la croix et celui qui a voulu y être cloué
pour nous racheter. Oui, la Croix est un mystère d’amour. Si nous avons
parfois tant de mal à vivre nos épreuves, ne serait-ce pas souvent parce que
nous ne levons pas les yeux vers le crucifié ? Écoutons attentivement sainte
Élisabeth de la Trinité, faisons-lui confiance… puisque c’est elle la Sainte !
131
/ VENDREDI 14 AVRIL - VENDREDI SAINT /

Laissons-nous « envelopper de la charité » de Jésus Crucifié.


Du haut de la croix, son regard se pose sur nous et nous dit : « J’ai soif… ».
Répondons à son amour en nous livrant à Lui avec toutes nos préoccupations.
Peut-être avons-nous de grandes épreuves à vivre, peut-être n’avons-nous
que nos petites contrariétés de tous les jours à offrir au Christ. N’ayons pas
peur de les Lui offrir vraiment. Les garder pour soi et vouloir se débrouiller
seul, ce serait une forme d’orgueil. Jésus veut faire de grandes choses en
nous : croyons à son amour et laissons le faire !

Tweet e ra-
s’est livré pour m
un ion av ec Jé sus crucifié qui po rta bl e, int er net,
En
pé ch é, je jeû ne (nourriture,
cheter du
urire !
etc.)…avec le so

Prière
Mais je compte sur toi, Seigneur ;
Je dis : « Tu es mon Dieu ! »
Psaume 30

132 © CM, Vézelay 2016


/ SAMEDI 15 AVRIL - SAMEDI SAINT / / Semaine sainte /
Sœurs carmélites d’Alençon

O
mon Dieu, Trinité que j’adore, aidez-moi à m’oublier entiè-
rement pour m’établir en vous, immobile et paisible comme
si déjà mon âme était dans l’éternité. Que rien ne puisse
troubler ma paix, ni me faire sortir de vous, ô mon Immuable, mais
que chaque minute m’emporte plus loin dans la profondeur de
votre Mystère. Pacifiez mon âme, faites-en votre ciel, votre de-
meure aimée et le lieu de votre repos. Que je ne vous y laisse ja-
mais seul, mais que je sois là tout entière, tout éveillée en ma foi,
tout adorante, toute livrée à votre Action créatrice.
O mon Christ aimé, crucifié par amour, je voudrais être une épouse
pour votre Cœur, je voudrais vous couvrir de gloire, je voudrais
vous aimer… jusqu’à en mourir ! Mais je sens mon impuissance
et je vous demande de me revêtir de vous-même, d’identifier mon
âme à tous les mouvements de votre âme, de me submerger, de
m’envahir, de vous substituer à moi, afin que ma vie ne soit qu’un
rayonnement de votre Vie. Venez en moi comme Adorateur,
comme Réparateur et comme Sauveur. O Verbe éternel, Parole
de mon Dieu, je veux passer ma vie à vous écouter, je veux me
faire tout enseignable, afin d’apprendre tout de vous. Puis, à travers
toutes les nuits, tous les vides, toutes les impuissances, je veux
vous fixer toujours et demeurer sous votre grande lumière ; ô mon
Astre aimé, fascinez-moi pour que je ne puisse plus sortir de votre
rayonnement.
O Feu consumant, Esprit d’amour, « survenez en moi », afin qu’il
se fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe : que je
Lui sois une humanité de surcroît en laquelle Il renouvelle tout son
Mystère. Et vous, ô Père, penchez-vous vers votre pauvre petite
créature, « couvrez-la de votre ombre », ne voyez en elle que le
« Bien-Aimé en lequel vous avez mis toutes vos complaisances ».
O mes Trois, mon Tout, ma Béatitude, Solitude infinie, Immensité
où je me perds, je me livre à vous comme une proie. Ensevelissez-
133
/ SAMEDI 15 AVRIL - SAMEDI SAINT /

vous en moi pour que je m’ensevelisse en vous, en attendant d’al-


ler contempler en votre lumière l’abîme de vos grandeurs.

Méditation
En ce dernier jour du carême, cette magnifique prière de sainte Élisabeth est
tout indiquée. Elle nous permet à la fois de ressaisir notre carême et de nous
introduire dans le temps pascal. Méditons-la en présence de la Vierge Marie.

Tweet ercier Dieu des


ds un pe u de temps pour rem
Je pren rême.
s pendant ce ca
grâces accordée

Prière
Rendez grâce au Seigneur : il est bon !
Éternel est son amour !
Psaume 117

134
TEMPS PASCAL

© Benoist Clouet, Vézelay 2016


/ DIMANCHE 16 AVRIL - DIMANCHE DE PÂQUES /
Jean-Marie Lonak, ACPrR Bretagne

2
000 ans après la résurrection de Jésus-Christ, l’Église laisse
éclater à Pâques son enthousiasme : « Voici le jour que fit le
Seigneur, jour de fête et de joie ». Deux sources d’allégresse.
La première est, bien sûr la résurrection de Jésus. Jean, Marie-
Madeleine, Pierre font la découverte du tombeau vide. Le Christ
va apparaître, vivant, à divers témoins, en divers lieux, en diverses
circonstances. Le Christ apparaît à Marie de Magdala, aux saintes
femmes, premières messagères du Christ ressuscité pour les apô-
tres eux-mêmes. C’est à eux que Jésus apparaît ensuite, à Pierre
appelé à confirmer ses frères, aux onze chargés d’être ses té-
moins, aux disciples d’Emmaüs. Paul parle même d’une apparition
à 500 frères à la fois.
Marie-Madeleine et Pierre, au constat du tombeau vide, n’en
concluent pas à la résurrection de leur maître. Seul Jean, plus ra-
pide dans sa course que Pierre et le laissant entrer le premier par
respect de l’ancien, voit et croit. Il a su interpréter les signes. Il faut
les yeux du cœur pour croire, les yeux de l’amour. Lui, « le disciple
que Jésus aimait » a compris la réalité de la résurrection.
Il est donc arrivé quelque chose d’inouï à Jésus : une explosion
de vie dans l’amour, l’entrée dans une condition nouvelle d’exis-
tence dont nous n’avons aucune expérience. Son corps glorieux
et incorruptible, portant les marques de sa Passion, est bien le
sien, et cependant tout autre, dégagé de toutes les contingences
temporo-spatiales, libre d’apparaître comme il le souhaite à tout
homme en tout lieu.
La seconde source d’exulter à Pâques, le sommet de la vie chré-
tienne, c’est la résurrection du Christ qui est le fondement de notre
espérance. Elle confirme la divinité de Jésus qui en est le principe,
le garant de notre propre résurrection corporelle. La vie humaine
est unique et précieuse. Par sa mort, Jésus a vaincu la mort, et
par sa résurrection, il nous a donné la vie. La mort n’est plus une
136
/ Temps pascal /

fatalité mais un passage à la vie éternelle avec l’espérance de la


résurrection de la chair à l’image de celle de Jésus.
Croire à Pâques, c’est lutter pour le respect de toute vie, s’engager
pour que les hommes aient de meilleures conditions d’existence,
combattre le mal où il se trouve, à commencer par le péché.
Depuis que le Christ a fait une brèche dans le mur de la mort, tout
est changé. Jésus vivant fait jaillir la vie, l’amour, l’espérance. Il
marche avec chacun de nous pour nous sauver du mal, de la souf-
france et de la mort.

Pâques, Jour de fête et Jour de joie : Alléluia !

Tweet e
a part une répons
rrection du Ch rist sollicite de m
La résu ’il
d’amour. ssuscité pour qu
m a m éditation, je prie le Christ re in de la sa in-
Dans le chem
et m’éclaire sur
transforme ma vie
teté.

Prière
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est maintenant la pierre d’angle :
cela, c’est l’œuvre du Seigneur, une merveille que nos yeux ont vue.
Psaume 117

137
/ Temps pascal /
Jean-Marie Lonak, ACPrR Bretagne

La fête de Pâques et la semaine pascale

L
a pierre du tombeau est roulée : le tombeau est vide. Comme
il l’a promis, Jésus est ressuscité : Il est vivant pour toujours,
Il est apparu aux saintes femmes puis aux apôtres puis à une
multitude. Notre cœur se réjouit : le Christ nous a montré le chemin
de l’éternité par sa résurrection. Alléluia ! « Le Christ, mon espé-
rance, est ressuscité ! Il vous précédera en Galilée. Nous le savons :
le Christ est vraiment ressuscité des morts. »
verset de Victimae Paschali, la séquence pascale

C’est le sommet, le plus grand jour, le jour de la résurrection, le


triomphe de l’espérance glorieuse de la vie du chrétien.
Avec le dimanche de la résurrection, s’ouvre une période de 50
jours (Pentecôte), une cinquantaine d’allégresse, qui commence
par la grande semaine pascale jusqu’au premier dimanche de
Pâques (dimanche de la Miséricorde). Tertullien nous dit : « Ces
50 jours constituent un unique jour de fête » qui, rajoute saint
Irénée : « à la même portée que le dimanche pascal ».
Cette semaine pascale (semaine in albis), l’Église fête dans la joie
la résurrection du Christ. Chaque jour est un nouveau jour pascal,
où nous nous réjouissons de Jésus qui a triomphé de la mort, pour
sauver tous les hommes par sa résurrection. Ces jours nous pré-
parent à la fête de l’Ascension, 40 jours après Pâques où le Christ
monte dans la gloire de Dieu. Puis arrivera l’envoi de l’Esprit Saint
sur les apôtres le jour de la Pentecôte, l’irruption de cet Esprit Saint
dans la lumière et le feu de la Pentecôte.
Cette semaine pascale s’achève par le dimanche de la
Miséricorde, instituée par le pape saint Jean-Paul II, qui nous rap-
pelle que le nom de Dieu est amour, miséricorde.

138
/ Temps pascal /

Rendons grâce pour cette vie nouvelle et ressuscitée de


Jésus-Christ, sa vie glorieuse, son entrée dans la jouissance
paisible de sa souveraineté, la manière dont agit cette vie
nouvelle en Marie, et en toutes les âmes qu’il a daigné appeler
alors et depuis à cette sainte participation. Jésus est au
comble de sa gloire. Honorons cette vérité.
Cardinal Pierre de Bérulle

© Benoît Salmon, JMJ 2016 139


/ LUNDI 17 AVRIL /
Abbaye bénédictine de Fontgombault

Bienheureux Charles de Foucauld

F
idèle à ma patrie, je servirai. En quoi le bien-
heureux Charles de Foucauld a-t-il illustré
par sa vie et ses écrits le troisième couplet
du chant de la promesse ? Frère Charles a tou-
jours été fidèle à la patrie ; son parcours est
comme la déclinaison de différentes formes de
patriotisme. Suivons, en six étapes, les 58 ans
du pèlerinage patriotique de cet homme de
Dieu.

Une éducation chrétienne et


patriotique (1858-1881)
Charles de Foucauld naît à Strasbourg le 15
septembre 1858 dans une famille française
profondément catholique. Il dit lui-même à
propos de sa première enfance, dans une
prière s’adressant à Dieu : « J’ai été, dès
mon enfance, entouré de tant de grâces, fils
d’une sainte mère, ayant appris d’elle à Vous
connaître, à Vous aimer et à Vous prier aussitôt que j’ai pu compren-
dre une parole ! ». À six ans, il devient orphelin de père et de mère.
Sachant que le mot « patrie » vient de « père » et que l’on parle vo-
lontiers de « mère patrie », le patriotisme de Charles va être marqué
par cette double disparition. L’attachement à la patrie prend donc
d’emblée chez Charles de Foucauld une connotation sentimentale
et idéaliste. Ce qui l’emportera par la suite dans sa vie, c’est l’idée
de patrie à l’étranger, plus que l’attachement au sol. C’est la même
dominante idéaliste que l’on retrouvera dans sa façon d’appréhen-
der Dieu. (Notes d’une retraite de 1897 : « Montant de la beauté
matérielle à la beauté d’une belle âme, des choses spirituelles, mon-
tant de degré en degré dans l’échelle des êtres, nous devons venir
à l’idée de l’Esprit parfait, ajoutant des perfections, retranchant des
140
/ Temps pascal /

imperfections, étendant la beauté des perfections jusqu’à l’excel-


lence qui surpasse tout, nous devons arriver à l’idée de Vous, mon
Père… ». L’enfance de Charles n’en demeure pas moins marquée
par la défaite de 1871 et la perte concrète de l’Alsace-Lorraine, où
il habitait. Il est éduqué dans un esprit de revanche.
À partir de ses années de lycée à Nancy, Charles de Foucauld
commence à être influencé par des courants philosophiques qui
l’éloignent graduellement de la foi au Christ. Bien vite son compor-
tement moral s’aligne sur les germes d’athéisme déposés en lui,
notamment pendant sa préparation à Saint-Cyr, au lycée Sainte-
Geneviève de Paris. Ses camarades de l’école de cavalerie de
Saumur, qu’il rejoint après Saint-Cyr, l’appellent « le gros Foucauld,
ce cochon de Foucauld, ce goinfre ». En ces années loin de Dieu,
subsistait en lui une certaine nostalgie de la Patrie céleste qui se
manifestait, au plus profond de la débauche, par un léger trouble
de la conscience. Il dira plus tard : « Je faisais le mal, mais je ne
l’approuvais ni ne l’aimais. Vous me faisiez sentir un vide douloureux,
une tristesse, que je n’ai jamais éprouvée qu’alors !… elle me revenait
chaque soir, lorsque je me trouvais seul dans mon appartement ;
elle me tenait muet et accablé pendant les fêtes : je les organisais,
mais le moment venu je les passais dans un mutisme, un dégoût,
un ennui infinis… Je n’ai jamais senti cette tristesse, ce malaise, cette
inquiétude qu’alors. Mon Dieu, c’était donc un don de vous,...
comme j’étais loin de m’en douter ! ». En effet, ces années de liber-
tinage n’ont pas pu effacer les traces objectives de la Patrie cé-
leste, notamment la grâce de son baptême. Plus tard, Charles
écrira : « Je suis à Vous, à Vous seul, tout mon être est à Vous, il
est à Vous nécessairement, malgré moi, et il est à Vous volontaire-
ment, de tout mon cœur ». Pendant ces treize années sans foi vive,
Charles de Foucauld n’était pas à Dieu « volontairement », mais il
continuait de l’être « nécessairement ».
À la fin de cette première période de sa vie, ce qu’il reste de valeurs
141
/ LUNDI 17 AVRIL /

positives pourrait se résumer en trois mots : patrie, famille, prêtre.


Patrie. De par son régiment qui est en garnison en Algérie, le lieu-
tenant de Foucauld est engagé dans l’aventure coloniale. Celle-ci
sous-tend une solide foi patriotique. Si Charles ne croit plus en
Dieu, il croit encore en la France. Il est prêt à se dévouer pour son
pays. Famille. Ce jeune français reste, de plus, attaché à sa famille
très croyante, sorte de petite patrie domestique. Il y a notamment
sa cousine germaine, Marie Moitessier, qui sait l’écouter sans le
juger, en attendant patiemment l’heure de Dieu. Prêtre. Charles n’a
plus la foi, mais il garde une estime pour le prêtre et le religieux re-
présentants, avec l’officier, d’un certain ordre dans la société, dans
la patrie. À l’heure de sa conversion, Charles n’aura pas peur du
prêtre et ira avec confiance vers l’un d’eux.

Méditation
Est-ce que je sais « me reposer en mon baptême » et rendre grâce pour ce
don ? Ceci est la spécialement vrai en cette semaine de Pâques, la grande
semaine baptismale de toute l’année liturgique. On est souvent plus enclin à
voir dans nos vies les ruptures que la continuité. Suis-je capable de rendre
grâce pour toutes les valeurs humaines qui m’ont été données par ma famille
dès l’enfance ?

Tweet , mettre l’accen


t
te m ps de pr ière quotidienne encieuse, « à
Dans le prière sil
semaine sur la ent
pendant toute la ptême ». Cela peut être simplem
e de so n ba se ule m en t en
l’écout dire, ou
inutes, sans rien elée des
une ou deux m la joi e re no uv
ba, Père ! », dans
murmurant « Ab
eu .
enfants de Di
142
/ Temps pascal /

Prière
Mon cœur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en
confiance : tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir
la corruption.
Psaume 15, 9-10

© Benoist Clouet, Vézelay 2016 143


/ MARDI 18 AVRIL /
Abbaye bénédictine de Fontgombault

La conversion
La conversion : vers la Patrie par la patrie (1881-1890)
Charles va retrouver le chemin de la Patrie céleste par trois vec-
teurs terrestres : l’armée, sa famille, l’Église. Février 1881 : le lieu-
tenant de Foucauld est au plus bas de son parcours militaire : mis
hors cadre de l’armée pour indiscipline. C’est alors que se produit
en lui un sursaut patriotique, quand il apprend que son régiment
est envoyé en Tunisie. Il demande aussitôt à le rejoindre et participe
à huit mois de campagne. Une sorte de première conversion se
produit en Charles, au plan humain seulement. Il fait en effet l’ex-
périence en cette campagne, sous l’influence du lieutenant
Laperrine, des vertus telles que l’effort, le dévouement pour ses
hommes, l’amour du pays, etc. Il est aussi marqué par une certaine
pratique religieuse extérieure des musulmans. Ce sont en définitive
les vertus patriotiques qui l’arrachent au climat de jouissance dans
lequel il sombrait. « Époque décisive, la passion coloniale va s’em-
parer du jeune officier et grandir jusqu’à donner une orientation
nouvelle à une vie mal commencée ». « L’idée de sacrifice était
rentrée dans cette âme ». L’exploration du Maroc, de juin 1883 à
mai 1884, se situe dans le prolongement de ce tournant patrio-
tique. Au service de la France, Charles met en œuvre ses qualités
de ténacité et de persévérance.
Au retour de ces campagnes sahariennes, la famille de Charles,
unie et heureuse, va prendre le relais dans son chemin de conver-
sion en apportant un complément religieux au débroussaillage hu-
main vécu en Afrique du Nord. Avec sa cousine Marie de Bondy,
Charles fréquente de fervents catholiques parisiens, à la fois sim-
ples et intelligents, qui lui montrent un nouveau visage de la religion.
Il dit lui-même de cette période : « Je me serrai de plus en plus
contre cette famille bien-aimée. J’y vivais dans un tel air de vertu
que ma vie revenait à vue d’œil, c’était le printemps rendant la vie
à la terre après l’hiver ». En cette période, la forte et chaste affection

144
/ Temps pascal /

de Charles pour sa cousine « incarne » en quelque sorte son


amour pour Dieu et lui évite de tomber dans l’angélisme.
Enfin, en octobre 1886, c’est le pas décisif. Sous l’influence de sa
cousine, Charles entre dans le confessionnal de l’abbé Huvelin, vi-
caire à la paroisse parisienne Saint-Augustin et père spirituel ré-
puté. Charles se confesse et communie. C’est le déclic. « Aussitôt
que je crus qu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire
autrement que de ne vivre que pour Lui : ma vocation religieuse
date de la même heure que ma foi : Dieu est si grand. Il y a une
telle différence entre Dieu et tout ce qui n’est pas Lui ». Commence
alors une course de géant sous la direction de ce prêtre. Très vite
– suite à une visite de la Trappe de Fontgombault, à un pèlerinage
à Nazareth – la physionomie spirituelle de Charles de Foucauld se
dessine : occuper la dernière place avec le Christ. Il restera marqué
toute sa vie par cette phrase de son directeur : « Jésus a tellement
pris la dernière place que jamais personne n’a pu la lui ravir ».

Méditation
À l’exemple du bienheureux Charles de Foucauld, suis-je prêt(e) à accueillir
des témoins de l’amour de Dieu dans ma vie ? Ils incarnent cet amour de Dieu
pour moi et entraînent vers les sommets, vers un amour divin toujours plus
grand que ce que l’on peut en comprendre ou ressentir. Dans mon parcours,
est-ce que j’accepte parfois de « maigrir spirituellement » en me situant au
plan des vertus simplement humaines, comme Charles au désert ?

145
/ MARDI 18 AVRIL /

Tweet que l’on


sa co nf ian ce à un ami de Dieu
Témoigner de ieuse.
re, religieux, relig
connaît, laïc, prêt

Prière
Notre vie dépend du Seigneur : il est notre aide et notre protection.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous, comme notre espoir est en toi !
Psaume 32

146 © Aude Dupuy, Paray 2016


/ MERCREDI 19 AVRIL / / Temps pascal /
Abbaye bénédictine de Fontgombault

La Trappe
La Trappe : renoncement à la patrie terrestre et
découverte de la Patrie céleste (1890-1897)
Charles entre à l’abbaye trappiste de Notre-Dame des Neiges le
15 janvier 1890. Il y reçoit le nom de Frère Marie-Albéric et de-
mande plus tard à être envoyé au monastère d’Akbès en Syrie. À
la veille du départ, il écrit à sa famille : « Je me vois sur le bateau
qui m’emportera demain, il me semble que je sentirai toutes les
lames qui, l’une après l’autre, m’éloigneront ; il me semble que ma
seule ressource sera de penser que chacune est un pas de plus
vers la fin de la vie ». Cette citation est révélatrice de l’état d’esprit
qui est ici dans une période de renoncements. Il lui faut s’arracher
à sa famille et à sa patrie sans forcément voir ni sentir la vie qui pren-
dra la place de cette mort. D’où cette allusion à la fin de sa vie, alors
qu’il n’a que 32 ans… Ceci est riche d’enseignements : pour trou-
ver la Patrie céleste, il faut quitter un peu sa patrie terrestre.
La vie spirituelle fonctionne en partie comme des vases commu-
nicants : plus la mort fait son œuvre par les renoncements à la vie
terrestre plus la vie céleste prend la place. Charles de Foucauld,
lui aussi, fait cette expérience de quitter pour recevoir : « 1890 où
j’ai tant quitté et tant reçu !… reçu le Saint Habit, cet habit de fiancé
que Notre Seigneur a donné à un être si indigne… reçu cette paix
merveilleuse où Il Lui a plu de me maintenir sans interruption ».
Cette paix et cette consolation données à la mesure des renon-
cements, Charles les goûte à plein en ce début de vie religieuse.
Il écrit ainsi à sa cousine : « Je serais bien ingrat envers ce père si
tendre [son père spirituel], envers Notre-Seigneur Jésus si doux, si
je ne vous disais pas combien il me tient dans sa main, me mettant
dans sa paix écartant de moi le trouble, le chassant, chassant la tris-
tesse dès qu’elle veut approcher… Cet état est trop inattendu pour
que je puisse l’attribuer à un autre qu’à lui. Qu’est-ce que cette paix,
cette consolation ? Ce n’est rien d’extraordinaire, c’est une union de
147
/ MERCREDI 19 AVRIL /

tous les instants dans la prière, la lecture, le travail, dans tout, avec
Notre-Seigneur, avec la Très Sainte Vierge, avec les saints qui l’en-
touraient dans sa vie… Les offices, la sainte messe, la prière où ma
sécheresse m’était si pénible, me sont, malgré les distractions in-
nombrables dont je suis coupable, très doux… Le travail manuel est
une consolation par la ressemblance avec Notre-Seigneur, et une
méditation continuelle ».
Cet accueil par Charles de la Patrie céleste se fait encore de ma-
nière assez sensible. Il n’a pas encore atteint les eaux profondes
de la vie dans le Christ. Il dit ainsi le jour de ses vœux simples, le
2 février 1892 : « Je suis dans un état que je n’ai jamais éprouvé, si
ce n’est un peu à mon retour de Jérusalem. C’est un besoin de re-
cueillement, de silence, d’être aux pieds du Bon Dieu, et le regarder
presque en silence. On sent, on voudrait rester indéfiniment à sentir,
sans le dire même, que l’on est au Bon Dieu et qu’Il est à nous ».
Charles en est encore à sentir Dieu.
Les années qui suivent la profession temporaire sont remplies d’in-
terrogations pour Charles. Il voudrait aller plus loin dans cette lo-
gique de renoncements à la patrie terrestre pour un plus grand
attachement à la Patrie céleste. Mais il se sent un peu « bridé » à
la Trappe d’Akbès. Ce désir d’une plus grande abnégation pourrait
paraître comme une sournoise tentation d’orgueil, Charles voulant
finalement être le premier à occuper la dernière place. Cependant
le jeune moine vit tout dans une parfaite obéissance. Il se dit prêt
à faire ses vœux définitifs et renoncer ainsi à l’idée même de re-
noncement qui lui tenait à cœur. Le Seigneur se contentera de sa
disposition d’âme. Les supérieurs du frère Albéric lui permettent
de suivre l’attrait de son cœur pour une vie de plus grande abjec-
tion, à Nazareth, la patrie de Jésus.

148
/ Temps pascal /

Méditation
Où en suis-je dans ma vie avec le Seigneur et la Vierge Marie ? Je ne cherche
pas de garanties à mon avancement spirituel, mais il y a cependant des
marques objectives de celui-ci, qui peuvent m’aider à avancer vers l’étape
suivante. Le carême m’a donné l’occasion de commencer à marcher sur la
voie du renoncement. Suis-je prêt à poursuivre dans cet esprit toute l’année
durant, toute ma vie, dans la joie que donne l’Esprit ?

Tweet mo-
préférence à un
foi aujourd’hui, de porté par le sensi-
Faire un acte de pa s
ée où l’on n’est
ment de la journ
ble.

Prière
Cherchez le Seigneur et sa puissance, recherchez sans trêve sa face
Psaume 104

149
/ JEUDI 20 AVRIL /
Abbaye bénédictine de Fontgombault

Nazareth
Nazareth : dans la Patrie de Jésus (1897-1901)
À partir de mars 1897, Charles est à Nazareth, comme ermite au
monastère des Clarisses. Les quatre années passées en Terre
Sainte correspondent à une intensification de sa vie spirituelle et à
une période où il écrit beaucoup. Charles y fait d’emblée l’expé-
rience de certaines limites de cette logique de « mort / vie ». L’abbé
Huvelin le met en garde contre un excès de mortification qui pour-
rait l’épuiser tant physiquement que spirituellement. L’équilibre va
revenir avec la prise en compte du fait qu’il habite dans la patrie
de Jésus : « J’ai l’infini bonheur, la grâce incomparable de vivre
dans ce Nazareth chéri ! Merci ! Merci ! ». Charles avait renoncé à
la patrie en entrant à la Trappe, mais il reçoit désormais le centuple
avec la patrie du Christ. Il raconte ainsi sa nouvelle vie à sa famille :
« Je me lève lorsque mon bon Ange me réveille, et je prie jusqu’à
l’Angélus ; à l’Angélus, je vais au couvent franciscain, j’y descends
dans la grotte qui faisait partie de la maison de la Sainte Famille ;
je reste là jusque vers six heures du matin, disant mon rosaire et
entendant les messes qui se disent dans ce lieu si adorablement
saint ; il est profondément doux de regarder ces parois de roc sur
lesquelles se sont reposés les yeux de Jésus et qu’il touchait de
ses mains ». Ce nouvel équilibre apporté par la patrie de Jésus
transparaît dans ses lettres à sa sœur.
Jésus étant vrai Dieu et vrai homme, la venue dans la patrie ter-
restre du Christ correspond aussi pour Charles à un accroissement
de la Patrie céleste dans sa vie spirituelle. Après les fiançailles cé-
lébrées à la Trappe, il vit ce que l’on pourrait appeler un temps de
noces spirituelles. Il écrit ainsi en cette période : « Il n’y a qu’à dé-
faillir, mon Dieu, devant de telles miséricordes ; car je succombe
sous les grâces… Oh ! mon Époux, que n’avez-vous pas fait pour
moi ! Que voulez-vous donc de moi pour me combler ainsi ?
Qu’attendez-vous de moi pour m’avoir accablé ainsi ? Mon Dieu,

150
/ Temps pascal /

remerciez-vous en moi, faites vous-même en moi la reconnais-


sance, le remerciement, la fidélité, l’amour ; je succombe, je dé-
faille, mon Dieu ; faites mes pensées, mes paroles et mes œuvres,
afin que tout vous remercie, et vous glorifie en moi. Amen, amen,
amen ». Ici Charles n’éprouve plus le besoin de nommer des
grâces particulières. C’est désormais l’Esprit Saint la grâce princi-
pale, qui fait de son âme l’épouse du Christ, qui ne recherche d’au-
tre bien que la gloire du Père. Tout ceci est bien l’expression de
l’amour trinitaire de la Patrie céleste, un amour de charité, qui aime
Dieu pour lui-même. Cette nouvelle étape dans la vie spirituelle de
frère Charles se fait dans une permanence de détachement.
Le temps en Terre Sainte est aussi la période où Charles va pro-
gressivement discerner un appel au sacerdoce. Le fondement de
la prière de Charles est la foi en la Présence de Jésus dans
l’Eucharistie. Sa prière, c’est d’être avec Jésus, de Lui parler, de
penser à Lui en l’aimant, en un mot de vivre avec Lui. Dès lors,
pourquoi ne pas être de ceux qui font descendre cette Présence
entre leurs mains. L’Eucharistie devient alors progressivement la
vraie patrie de Charles, à la fois terrestre et céleste. Il écrit ainsi :
« Baiser les lieux que Vous avez sanctifiés dans votre vie mortelle,
les pierres de Gethsémani et du Calvaire, le sol de la Voie
Douloureuse, les flots de la mer de Galilée, c’est doux et pieux,
mon Dieu, mais préférer cela à Votre Tabernacle, c’est quitter
Jésus vivant à côté de moi, Le laisser seul, et m’en aller seul, vé-
nérer des pierres mortes où Il n’est pas ». Désormais, Charles ne
sera pas lié à un lieu particulier, la patrie physique de Jésus, mais
tout lieu ou la Sainte Messe est célébrée devient la patrie de Jésus.
Charles est mûr pour une nouvelle étape de sa vie.

151
/ JEUDI 20 AVRIL /

Méditation
Charles a fait l’expérience que sa vie spirituelle devait s’épanouir, atteindre
des sommets, en s’incarnant dans une patrie, en ayant un fondement humain
et terrestre. Quelle est ma patrie ? La France ? un autre pays de l’Europe ou
du monde ? celui de Jésus ? Ou bien les réseaux mondiaux basés en grande
partie sur le virtuel ? Charles de Foucauld a vécu en Terre Sainte des noces
spirituelles. Suis-je désireux de connaître de tels sommets de l’amour dès
ici-bas, quel que soit mon état de vie ? Le bienheureux Charles de Foucauld a
trouvé dans l’Eucharistie comme la synthèse de toute sa vie spirituelle. Est-
ce que je réalise la grâce qui m’est donnée dans ce sacrement ?

Tweet ur y adorer
q m inu te s da ns une église po Il est le vé-
Passer cin Sacremen t.
ns le Très Saint de-
Jésus présent da est sa patrie en laquelle Il règne
i. La te rre
ritable Ro
le.
puis le tabernac

Prière
Ô Seigneur notre Dieu, qu’il est grand, ton nom, par toute la terre !
Psaume 8

152
/ VENDREDI 21 AVRIL / / Temps pascal /
Abbaye bénédictine de Fontgombault

Le Sahara
Le Sahara : un citoyen des cieux au service de
l’Église et de sa patrie terrestre (1901-1916)
Après son ordination en France, le 9 juin 1901, le frère Charles
part pour l’Algérie, où il va vivre quinze ans. Il séjournera successi-
vement à Béni-Abbès, une oasis en bordure nord-ouest du
Sahara, et à Tamanrasset, un village du Hoggar. Le choix du désert
pour y exercer son ministère répond à un appel qu’il explique bien
dans les lignes suivantes : « Mes retraites du diaconat et du sacer-
doce m’ont montré que cette vie de Nazareth, il fallait la mener non
pas sur la Terre Sainte tant aimée, mais parmi les âmes les plus ma-
lades, les brebis les plus délaissées. Ce divin banquet, dont je de-
venais le ministre, il fallait le présenter non aux parents, non aux
voisins riches, mais aux boiteux, aux aveugles, aux pauvres, aux
âmes manquant de prêtres ». Le Père de Foucauld se dirige donc
vers ce qui, d’une certaine façon, ressemble le moins à sa patrie.
Il quitte à nouveau cette patrie et aussi la patrie de Jésus. Cela est
possible uniquement parce que, dans l’Eucharistie – qu’il peut dés-
ormais « produire » – Par l’Eucharistie, la plus petite patrie qui
puisse exister, le royaume de Charles s’étend au monde entier, et
spécialement aux régions les plus abandonnées. Il est le « Frère
universel ».
Ce ministère auprès des âmes les plus délaissées, le Père Charles
va l’exercer concrètement, souvent aux côtés de ses amis officiers.
Pour bien comprendre cette coopération entre le prêtre et l’officier,
il faut se rappeler que Charles a grandi dans la certitude que la
fonction de l’officier s’apparentait à celle du prêtre. L’un étant le
bras séculier, l’autre le dispensateur de la doctrine et des sacre-
ments, tous deux s’emploient à faire régner la paix parmi les
hommes et à les faire progresser vers le Royaume. C’est dans
cette perspective que l’on peut comprendre l’amitié qui, pendant
quarante années, a lié le Père de Foucauld au Général Laperrine.
153
/ VENDREDI 21 AVRIL /

Elle s’explique par cette commune intelligence du rôle civilisateur


de la France. Dans l’évangélisation des Touareg, Charles ne veut
pas brûler les étapes. Il pense qu’il faut préparer les voies de
l’Évangile en inculquant aux populations locales des vertus d’abord
humaines. Au fond, Charles veut faire suivre à ces musulmans le
même chemin de conversion que celui qu’il a emprunté : com-
mencer par l’acquisition de vertus humaines, notamment grâce à
l’armée, puis en venir à découvrir le Christ.
Après les sommets de vie spirituelle vécus à Nazareth, en étant si
proche de la Patrie céleste, on a l’impression que Charles a connu
une régression par cette collaboration avec les agents de la patrie
terrestre en Algérie française. En fait, il n’en est rien. Il ne faut pas
se laisser prendre aux apparences. Mieux vaut aborder le Père de
Foucauld avec les yeux de la foi, non avec ceux du monde : « La
foi éclaire tout d’une lumière nouvelle, autre que la lumière des sens,
ou plus brillante, ou différente… Ainsi, celui qui vit de foi a l’âme
pleine de pensées nouvelles, de goûts nouveaux, de jugements nou-
veaux ; ce sont des horizons nouveaux qui s’ouvrent devant lui, ho-
rizons merveilleux qui sont éclairés d’une lumière céleste et beaux
de la beauté divine… Le monde est dans les ténèbres, dans une
nuit profonde, l’homme de foi est en pleine lumière ». Ce qui, aux
yeux du monde, pourrait ressembler à l’activisme d’un colonisateur
correspond, avec les yeux de la foi, à la prodigieuse activité d’un
saint mu par l’opération de Dieu. Sa biographe, Marguerite Castillon
du Perron ne s’y trompe pas : « Charles, à l’évidence, ne se meut
plus que sur le plan surnaturel. (...) Par l’ascèse et l’oraison, il se
maintient en permanence dans une zone qui n’est pas encore le ciel
mais qui n’est plus la terre. De la lumière incréée, il a pressenti et
probablement capté quelque reflet, assez pour en avoir vu son in-
telligence transformée. (...) Charles n’agit si adroitement en ce
monde que parce qu’il n’en est plus. Il se trouve paradoxalement
d’autant plus à l’aise dans le règlement des affaires humaines qu’elles
154
/ Temps pascal /

ne l’inquiètent que relativement à celles de Dieu, qu’il les voit de haut


et à loisir. Inconscient de l’aspect insolite de son personnage qui ar-
rache autrui aux idées reçues pour l’appeler en un espace de paix,
vivant avec une insouciance fille de l’humilité au gré de la grâce qui
l’éclaire, il ne s’interroge pas plus sur la sympathie qu’il inspire que
sur l’ascendant qu’il exerce ». Le mariage spirituel vécu à Nazareth
naguère est toujours une réalité dans l’âme de Charles qui est
pourtant impliqué, au vu de l’extérieur, dans une campagne de pa-
cification du Hoggar aux côtés des militaires. Engagé corps et âme
dans les combats d’ici-bas, le Père de Foucauld garde cependant
le regard tourné vers l’au-delà, comme en témoigne cette lettre à
un ami : « Les lointains échos qui parviennent des tristesses de la
terre font regarder avec plus de bonheur vers cette patrie de l’Église,
Épouse du Christ toujours plus jeune et plus belle et vers cette patrie
du ciel où “nous serons semblables à Dieu car nous Le verrons tel
qu’Il est” ».

Méditation
Est-ce que j’accepte de revoir mon jugement encore peut-être imprégné des
vues du monde sur tel ou tel chrétien a priori original, qui ne cadre pas avec
l’idée de ce que je me fais de la sainteté ? Inversement, est-ce que mes
engagements dans le monde, pour la cité terrestre sont entièrement
« imbibés » de la vie de la cité céleste, comme l’étaient ceux de Charles ? Ce
dernier a pu s’engager dans l’évangélisation du Hoggar parce qu’il avait
quotidiennement des moments d’intimité avec le Seigneur, comme du temps
de Nazareth. Suis-je prêt à vivre de tels moments a priori gratuits, voire
stériles ?

155
/ VENDREDI 21 AVRIL /

Tweet mps gratuit,


pr en dr e au jou rd’hui un petit te
Essayer de e habituelle.
en plus de la prièr
pour Dieu seul,

Prière
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux.
Psaume 117

156 © collection Scouteuropresse


/ SAMEDI 22 AVRIL / / Temps pascal /
Abbaye bénédictine de Fontgombault

Souffrance et amour
Souffrance et amour : vers la Patrie céleste
(1er décembre 1916)
Vers la fin de sa vie, Charles fait quelques séjours dans un ermitage
encore plus isolé que Tamanrasset : l’Assekrem, à 2200 m d’alti-
tude. Son parcours semble aller toujours plus haut, au propre
comme au figuré. Il atteint des sommets de la vie spirituelle qui tou-
chent à l’indicible. Vers la fin de sa vie, l’existence de Charles n’est
plus ni action ni contemplation, mais permanence d’amour. « Sans
doute la nuit du Golgotha ne l’étreint-elle pas de manière constante,
retrouve-t-il, comme à Nazareth, l’épaule du Bien-Aimé et se voit-il
ranimé par le souffle de l’Esprit : perdure alors l’allégresse qui le main-
tient dans l’immolation. Mais où la joie pascale s’intensifie, le creuse
et l’irradie, n’ouvre-t-elle pas ensuite des étendues que ne comble
de manière sensible aucune présence. De sa marche de mendiant
broyé par une quête sans fin, ne s’engage-t-il pas de plus en plus
loin, vers un horizon qui toujours recule ? ».
C’est dans cette atmosphère de solitude grandissante et de plus
grande intimité, dans la foi pure, avec le Seigneur que Charles va
voir en quelque sorte par avance sa mort. Depuis déjà plusieurs
années, il ne voulait que « demander, désirer et, s’il plaît à Dieu,
souffrir le martyre pour aimer Jésus du grand amour ». De même,
quand son ami Mores avait été assassiné en Libye, il avait déclaré
à son sujet : « Au Ciel, au sein de l’immense charité où il est noyé,
il n’y a que prière et amour pour ces musulmans qui ont versé son
sang et verseront peut-être le mien ». Peu de temps avant sa propre
mort, cette prière révèle le fond de son âme : « Mon Seigneur Jésus
qui avez dit : “Personne n’a de plus grand amour que celui qui donne
sa vie pour ses amis”, je désire, de tout mon cœur, donner ma vie
pour Vous, je Vous le demande instamment. Toutefois, non ma vo-
lonté, mais la vôtre. Je vous offre ma vie ; faites-moi vivre et mourir
comme il vous plaît le plus ; en Vous, par Vous et pour Vous. Sainte
157
/ SAMEDI 22 AVRIL /

Vierge, saint Joseph, sainte Madeleine… secourez-nous ! Mon Dieu,


pardonnez à mes ennemis, donnez-leur le salut ! Amen ». Le jour
même de sa mort, il écrit encore à sa cousine Marie de Bondy :
« Quand on peut souffrir et aimer, on peut beaucoup, on peut le plus
qu’on puisse en ce monde : on sent qu’on souffre, on ne sent pas
toujours qu’on aime et c’est une grande souffrance de plus ! Mais
on sait qu’on voudrait aimer et vouloir aimer c’est aimer ». Ces der-
niers mots décrivent bien la disposition de son âme au moment
de faire l’offrande suprême de sa vie. Il ne baigne pas dans les
consolations de Dieu, mais reste confiant dans l’amour. Quelques
heures après cette lettre, trahi par un ami, Charles est mis en garde
à vue. Puis, son garde ayant pris peur, il est assassiné d’une balle
dans la tête. Nous sommes le 1er décembre 1916. Charles de
Foucauld s’envole définitivement vers la patrie céleste.

158 © Sandra Chaix, Paray 2016


/ Temps pascal /

Méditation
Le bienheureux Charles de Foucauld sera resté toute sa vie l’homme des
préparations. Déjà lors de l’exploration au Maroc, il préparait la voie à de
futurs patriotes. De même dans le Hoggar, il a pensé préparer le terrain pour
une évangélisation à venir. Enfin sa vie n’a été que préparation à la venue de
disciples qu’il n’a pas vus de son vivant. Il nous rappelle que la vie est une
préparation à un au-delà, à quelque chose de plus grand que ce que l’on voit
maintenant, à la patrie des cieux.

Tweet ns une maison de


ns les proc haines semaines da lles des Petites
Aller da me ce
le religieuse, com e qui en émane.
retraite, si possib et y go ût er la joi
res,
sœurs des Pauv

Prière
Rendez grâce au Seigneur : il est bon ! Eternel est son amour !
Psaume 117

159
/ DIMANCHE 23 AVRIL - DIMANCHE DE LA MISÉRICORDE /
Frère Christophe-Marie Baudouin, CRNR

L
a Vierge Marie est celle qui aujourd’hui peut nous aider à en-
trer dans cette belle fête de la Miséricorde, c’est bien elle qui
chante dans son Magnificat (Lc 1,50) : « Sa Miséricorde
s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent ». A ceux qui mar-
chent dans les pas du Seigneur, celui-ci donne sa Miséricorde ;
avec la Vierge Marie, c’est l’histoire d’une fidélité humaine qui
s’adosse à la fidélité de Dieu, sa fidélité s’appuie celle de Dieu. La
Vierge Marie, humble fille d’Israël, est héritière de toutes les pro-
messes faites à son peuple et elle rend grâce dans son Magnificat
de tout ce que le Seigneur a accompli dans l’histoire pour son peu-
ple, c’est pour cela qu’elle peut redire ce cantique qu’est le
Magnificat (Lc 1,46-55). C’est dans cette action de grâces que la
Vierge Marie s’élance au service de sa cousine Elisabeth dans cet
épisode que nous appelons la Visitation. L’expérience de Dieu,
une Miséricorde en actes, nous fait découvrir un Dieu de Vie, un
Dieu de fidélité qui nous pardonne à partir du moment où nous ac-
ceptons de l’accueillir dans nos vies. Cette Miséricorde nous met
en marche et nous entraîne à partager ce que nous avons reçu, à
l’image de la Vierge Marie, nous sommes invités à servir nos frères
comme des témoins de sa Miséricorde.
Nous te saluons, ô Marie, lumière de foi bienheureuse,
par ta glorieuse assomption le Père des Miséricordes t’a revêtue en ton âme
et en ton corps de la splendeur du jour unique de la résurrection.
Fortifie notre foi, qu’elle imprègne de sa lumière et de sa vérité notre
intelligence, nos actions et notre service en ce monde, car tu es la Mère du
plus beau des enfants des hommes et notre Mère.[…]
Nous te saluons, aurore radieuse du Salut, par ta glorieuse assomption,tu
annonces et précèdes la gloire dans leur âme et dans leur corps de tous tes
enfants, car tu es la Mère du Monde qui vient et notre Mère.
Monseigneur de Monléon, évêque de Meaux pour les 150 ans du dogme de
l’Immaculée Conception

160
/ Temps pascal /

Tweet l’humilité, de la
es t l’e xe mple même de urs
La Vierge M ar ie élité. Soyons toujo ur
té , de l’o bé iss ance et de la fid m on co eu r po
pu re r de
ésence au coeu lle transmette toute
attentifs à sa pr èle et po ur qu’e
m od r ce chemin de
qu’elle soit mon so n fils bien-aimé, su pour la plus
cœ ur de
ma vie au rit-Saint,
lumière de l’Esp
sainteté, dans la re.

grande gloire du

Prière
Trait pour l’Alléluia : Notre Pâque immolée, c’est le Christ ! Célébrons
la fête dans le Seigneur.

161
/ Temps pascal /
Michel-Henri Faivre, CNGS

Saint Michel archange

J
e suis Michel, le Protecteur de la France. C’est
par ces mots que je me suis présenté à
Jeanne d’Arc, en 1425, lui demandant de
tout quitter pour aller servir la France meurtrie. Je
l’ai toujours soutenue dans cette mission, lui de-
mandant de « toujours bien se conduire, de fré-
quenter l’Église et de partir en France » (réponse
de Jeanne d’Arc à son procès en 1428).
C’est ce que je vous demande, guides-aînées
et routiers, filles et fils de France. Au sortir de
ce carême, remplis de la joie pascale, vous
avez pris des forces pour la route. Alors, soyez
confiants dans ma parole et mon soutien et suivez mon
appel à sainte Jeanne d’Arc : partez, quittez votre confort, celui de
la douce apostasie dont vous a mis en garde le pape Benoît XVI,
et allez servir la France.
Car la France, je l’ai toujours soutenue et défendue, comme j’ai
combattu les anges déchus quand ils ont préféré leur orgueil à la
joie de servir le Seigneur. Dès le début de la France chrétienne,
l’Église a placé la France sous ma protection, comme le pape
Anastase qui écrit à Clovis, après son baptême : « Daigne le
Seigneur, accorder à vous et à votre royaume sa divine protection ;
qu’il ordonne à saint Michel, qui est votre prince et est établi pour
les enfants de votre peuple, de vous garder dans toutes vos voies,
et de vous donner la victoire sur tous vos ennemis. » C’est la raison
pour laquelle, dans le sacre des rois de France, j’étais invoqué,
notamment au moment de la bénédiction de la bannière du roi. Le
roi devait être fidèle à la mission donnée à la France, sa mission
de Fille aînée de l’Église.
C’est ce que vous devez être, guides-aînées et routiers, filles et
fils de France. Je veux vous aider à demeurer fidèles et tenir les
162
/ Temps pascal /

promesses du baptême de votre pays, comme vous l’a demandé


saint Jean-Paul II. Car la vocation de la France est bien de faire ré-
gner le Christ chez elle et dans le monde. C’est à vous que cette
mission est confiée. La mienne est de vous soutenir dans son ac-
complissement.
La France a reconnu que depuis longtemps, j’ai été à ses côtés
pour l’aider et l’entraîner au combat pour le règne du Christ.
Sentant venir les temps troublés du XXe siècle, le 29 septembre
1912, les évêques de France, réunis au Mont Saint-Michel, m’ont
solennellement confié le pays, par un acte de consécration natio-
nale, pour que les enfants de France soient toujours de ceux qui
ont « la vaillance et l’âme des justes ».
C’est cette âme vaillante et juste que vous devez garder, guides
aînées et routiers, filles et fils de France. En menant un combat en-
core plus difficile, le combat intérieur, pour être emplis de la grâce
et la miséricorde du Seigneur. En effet, « l’amour avec lequel Dieu
vient à notre rencontre (…) fait de nous, à notre tour, des instruments
de miséricorde » (Pape François - lettre apostolique « Miséricorde
et Paix »). C’est en cela que vous pourrez remplir votre mission
d’hérauts de la joie de l’Évangile. Alors, confiez-moi cette mission,
pour demeurer ainsi fidèles à votre patrie et bien la servir.
Demandez mon aide, je répondrai comme une guide, comme un
scout : « toujours prêt ».

Prière
Saint Michel archange, de votre lumière, éclairez-nous !
Saint Michel archange, de vos ailes, protégez-nous !
Saint Michel archange, par votre épée, défendez-nous !

163
/ NOTES /

164
CHANTS

© Nicolas Crépelle, Vézelay 2016


/ Chants /

Chants
VIENS EMBRASER NOS CŒURS
Viens Esprit Saint, viens embraser nos cœurs, viens au secours
de nos faiblesses.
Viens Esprit Saint, viens Esprit consolateur, emplis nous de joie et
d’allégresse.

1. Viens en nos âmes lasses, Esprit de sainteté,


viens nous combler de grâce, et viens nous sanctifier.
Viens guérir nos blessures, toi le consolateur,
viens source vive et pure, apaiser notre cœur.

2. Envoyé par le Père, tu viens nous visiter,


Tu fais de nous des frères, peuple de baptisés
Enfants de lumière, membres de Jésus Christ,
nous pouvons crier « Père » d’un seul et même Esprit

3. En nos cœurs viens répandre, les dons de ton amour


viens inspirer nos langues pour chanter Dieu toujours
Viens Esprit de sagesse, viens prier en nos cœurs,
viens et redis sans cesse « Jésus Christ est Seigneur » !

ESPRIT DE DIEU, SOUFFLE DE VIE


R/ Esprit de Dieu, souffle de vie
Esprit de Dieu, souffle de feu,
Esprit de Dieu, consolateur,
Tu nous sanctifies !

1. Viens, Esprit, viens en nos cœurs,


Viens, Esprit, nous visiter
Viens, Esprit, nous vivifier,
Viens, nous t’attendons.
166
/ Chants /

2. Viens, Esprit de Sainteté,


Viens, Esprit de vérité
Viens, Esprit de charité,
Viens, nous t’attendons.

3. Viens, Esprit, nous rassembler,


Viens, Esprit, nous embraser
Viens, Esprit, nous recréer,
Viens, nous t’attendons.

GLOIRE À TOI, ESPRIT DE FEU


R/ Gloire à toi, je veux chanter pour toi, Esprit de feu,
Seigneur, Louange à toi, tu emplis l’univers, Gloire à toi, alléluia.

1. Esprit Saint, envoie du haut du ciel


Un rayon de ta lumière.
Viens en moi, Seigneur, ô viens me visiter,
Mon cœur est prêt, mon cœur est prêt !

2. Esprit Saint, Toi le don du Très-Haut,


Souverain consolateur,
Viens guérir, ô Dieu tout ce qui est blessé.
Mon cœur est prêt, mon cœur est prêt !

3. Esprit Saint, viens purifier ma vie,


Lave ce qui est souillé.
Rends droit mon chemin, garde-moi du péché.
Mon cœur est prêt, mon cœur est prêt !

4. Esprit Saint, brasier de charité,


Viens changer mon cœur de pierre.
Brûle-moi d’amour, toi l’Esprit d’unité,
Mon cœur est prêt, mon cœur est prêt !
167
/ Chants /

5. Esprit Saint, viens me donner ta paix,


Prends ma vie, embrase-moi.
Donne-moi ta joie, sans fin je chanterai,
Mon cœur est prêt, mon cœur est prêt

Refrains pour méditer


CŒUR DE JÉSUS BRÛ LANT D’AMOUR,
embrase-nous par ton Esprit,
que nos cœurs soient semblables au tien, que nous brûlions de
charité.

AIMER, C’EST TOUT DONNER (ter) et se donner soi-même.

JE VEUX VOIR DIEU,


le voir de mes yeux,
joie sans fin des bienheureux je veux voir Dieu.

EN TOI J’AI MIS MA CONFIANCE Ô DIEU TRÈS SAINT,


Toi seul est mon espérance Et mon soutien ;
C’est pourquoi je ne crains rien,
J’ai foi en toi, ô Dieu très saint. (bis)

JÉSUS,TOI QUI AS PROMIS


Jésus, toi qui as promis d´envoyer l´Esprit
À ceux qui te prient,
Ô Dieu, pour porter au monde ton feu,
Voici l´offrande de nos vies.

168
/ Chants /

VIVE FLAMME (poème de St Jean de la Croix)


Ô vive Flamme !
Vive Flamme d’Amour !
Ô vive Flamme,
Esprit Saint embrase-nous !

1. Toi, le don du Père, Toi, la source des eaux vives,


Toi, qui répands la grâce, Viens en nos cœurs !

2. Toi, père des pauvres, Prends pitié de nos faiblesses,


Toi, qui donnes la force, Viens en nos cœurs !

3. Esprit de sagesse, Toi, l’Esprit de vérité,


Toi, qui nous illumines, Viens en nos cœurs !

© Benoît Salmon, JMJ 2016 169


/ NOTES /

170
LA CONFESSION

© Aude Dupuy, Paray


/ Confession /
Abbé Guillaume Seguin, CR

Sacrement de réconciliation
Sacrement de la Pénitence / Sacrement du
Pardon / Confessions

Chers frères et sœurs de la branche aînée, routiers et guides-aî-


nées, dans l’élan de l’année sainte de la Miséricorde close en no-
vembre dernier nous restons illuminés par l’enthousiasme des
saints qui nous montrent la Miséricorde de Dieu ! Comment ces
pécheurs si peu originaux ont-ils marqué le monde au point d’être
présentés comme des modèles nous assurant le chemin du ciel,
en commençant par le goûter sur la terre ? Le saint curé d’Ars ne
se trompait pas lorsqu’il disait à ses pénitents « qu’un saint est un
pêcheur qui se sait pardonné ». Qu’en est-il alors de ta sainteté,
puisque sur l’autre point je suis certain et presque rassuré, tu es
pêcheur ?
Je te propose alors en ce temps liturgique si riche, le carême, qui
va nous conduire jusqu’au sommet de la Passion et de la
Résurrection du Christ, puis celui du temps pascal jusqu’au don
de l’Esprit, d’entrer dans « les profondeurs de la Miséricorde » que
nous montrent les saints.
Nous verrons la joie du pardon que reçoit le pêcheur avec l’abso-
lution, la nécessité de recevoir ce pardon et d’en être un témoin,
un apôtre, et comment s’y préparer.

1- Mesures-tu la chance que nous avons d’avoir un lieu où nous


pouvons secrètement ouvrir notre cœur, pour expulser les obsta-
cles qui blessent et détournent notre vie, et les remplacer par la
grâce qui s’y déverse ? Quelle délicatesse de la part du Seigneur
d’avoir prévu ce moment privilégié où je dépose mon fardeau, sa-
chant qu’il est presque inévitable, et commun à toute l’humanité,
exceptée Marie puisqu’Immaculée. Le Seigneur est un pédagogue
qui connaît les conditions de l’existence de l’homme, corps, âme

172
/ Confession /

et esprit. Ainsi avec tout ton être, va déposer ce qui alourdi ta vie,
avec ton corps présente toi, éclaire ton esprit et soigne ton âme.
Cette harmonie, équilibre, retrouvés ne manquera pas de se
concrétiser en toi par la joie. Quel sacrement magnifique qui peut,
ou devrait épuiser le prêtre, et qui le met au contact de pécheurs
redevenus joyeux. Ainsi le confesseur jubile avec son pénitent en
touchant la grâce qui chasse le péché. Ne te prive pas de cette
joie, partage-la avec ton confesseur et offre-la à l’Église jusqu’au
ciel… Connais-tu un saint qui soit triste ? Alors ne crains pas de
te livrer et va retrouver cette joie, premier signe de la sainteté à
l’œuvre dans ton cœur et ta vie ; le monde t’attend, et le prêtre
aussi…

2- C’est assez étonnant de constater que sur le plan du péché au


fond nous sommes à égalité… tous pécheurs ! Mais sur le plan
de la sainteté ? Comment pourrions-nous avoir l’idée de nous pas-
ser de ce pardon divin qui vient nous embrasser, nous embraser,
nous relever, nous relancer, donc nous sauver ? Nous ne pouvons
pas faire l’économie de cette grâce que Dieu nous offre. C’est ab-
solument nécessaire pour vivre proche de Dieu, uni à nos frères,
et ensemencer le monde de cet élan qui le conduit à bon port mal-
gré nos erreurs, ou avec nos erreurs. Sais-tu que les saints se
confessent très souvent ? Saint Jean-Paul II et Mère Teresa, toutes
les semaines ! Que pouvaient-ils bien raconter à leurs confesseurs
respectifs ? Et moi je me contenterai de quelques rares occasions
dans l’année en fonction des opportunités ? Non, il faut que nous
passions à une fréquentation régulière, habituelle, soutenue, fidèle
et fréquente. C’est pourquoi je te propose de te confesser plu-
sieurs fois pendant ce Carême afin de monter de façon stable et
ferme avec le Christ jusqu’au sommet de Pâques. Et après de
continuer pour entretenir cet élan et cette union si belle et féconde.
Va, confesse-toi et deviens comme le réclamait saint Jean-Paul II
un « apôtre du confessionnal » en y invitant tes amis. Témoigne,
173
/ Confession /

entraîne, invite, prépare-les, et goûte avec eux la joie de celui qui


devient saint, même si, à chaque fois il va presque toujours répéter
les mêmes péchés.

3- Comment faire alors ? L’Église nous donne plusieurs chemins


assez classiques ; prends celui qui te convient, en comprenant
bien que l’objectif n’est pas de gratter là où ça fait mal, mais d’avoir
le courage de la lucidité pour voir, nommer et « larguer » notre
péché. Afin de mieux le saisir souvent on conseille :
1) de regarder les dix commandements, le décalogue ou dix pa-
roles de vie qui manifestent la volonté de Dieu pour que tu sois
heureux. On peut aussi,
2) méditer les huit béatitudes, et contempler ce bonheur qui nous
est souhaité par Jésus lui-même malgré l’adversité du monde et
les difficultés que nous rencontrons. Tu peux aussi
3) retrouver les œuvres de Miséricorde que nous avons activement
vécues l’an dernier ;
4) les sept dons du Saint Esprit ou
5) les douze fruits. Souvent on conseille aussi de regarder sa vie
sous
6) les trois rapports : à Dieu, aux autres et soi-même, ou bien à
7) la lumière des vertus théologales, cardinales. Mieux encore,
8) en laissant l’Évangile projeter sa lumière sur ta vie, à la fois pour
rendre grâce de ce qui est beau et pour confier ce qui est laid.
Voici donc un résumé sur ce chemin, prends celui qui te convient,
et ne traîne pas, c’est la joie qui est en jeu et ta sainteté, pour toi,
ton entourage et le monde.

Enfin n’oublie pas qu’un seul pêcheur qui se convertit (change sa


vie) déclenche la joie au ciel ; alors rendons le ciel heureux et cour-
rons nous confesser ; tu ne seras pas le seul, et si le cœur t’en dit
n’oublie pas de remercier le Seigneur d’avoir donné sa vie pour
soigner la tienne ; de dire merci à celui que Dieu aura prévu dans
174
/ Confession /

le sacerdoce pour te donner son pardon, et enfin si ces quelques


lignes t’auront aidées, au moins un prêtre sera comblé… je prie
pour toi et me confie à toi pour que nous vivions ensemble du par-
don de Dieu.

Les 10 commandements (Ex 20, 1-18)


• Tu n’auras pas d’autres dieux que moi = respecter la place de
Dieu dans ma vie.
• Tu n’invoqueras pas le nom de Dieu pour le mal = reconnaître
l’intimité par le nom et les sacrements qui me permettent de
m’unir au Seigneur.
• Tu respecteras le jour du Seigneur = honorer le jour de la résur-
rection.
• Honore ton père et ta mère = préserver des relations saines avec
ceux dont je dépends.
• Tu ne commettras pas de meurtre = respecter le don de la vie.
• Tu ne commettras pas d’adultère = ne pas blesser l’amour, le
don.
• Tu ne commettras pas de vol = respecter la justice des biens.
• Tu ne porteras pas de faux témoignages = ne pas mentir, tri-
cher…
• Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain = savoir purifier
son regard, et son imagination.
• Tu ne convoiteras pas les biens d’autrui = ne pas être jaloux et
concupiscent.

Les huit béatitudes (Matthieu 3, 1-12)


Heureux les pauvres en esprit,
car le Royaume des Cieux est à eux.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux les affligés, car ils seront consolés.
175
/ Confession /

Heureux les affamés et assoiffés de la justice,


car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux les persécutés pour la justice,
car le Royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et
si l’on vous calomnie de toutes manières à cause de moi.
Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera
grande dans les cieux.

Les œuvres de Miséricorde


• Les œuvres de miséricorde corporelles
1- Donner à manger aux affamés
2- Donner à boire à ceux qui ont soif
3- Accueillir les étrangers
4- Vêtir ceux qui sont nus
5- Assister les malades
6- Visiter les prisonniers
7- Ensevelir les morts

• Les œuvres de miséricorde spirituelles


1- Conseiller ceux qui sont dans le doute ;
2- Enseigner les ignorants
3- Avertir les pécheurs
4- Consoler les affligés
5- Pardonner les offenses
6- Supporter patiemment les personnes ennuyeuses
7- Prier Dieu pour les vivants et pour les morts.

176
/ Confession /

Les dons du Saint Esprit


• La sagesse
• L’intelligence
• Le conseil
• La force
• La connaissance
• L’affection filiale
• La crainte de Dieu

Les fruits du saint Esprit :


• Charité
• Joie
• Paix
• Patience
• Longanimité
• Bonté
• Bénignité
• Mansuétude
• Fidélité
• Modestie
• Continence
• Chasteté

Relations à Dieu, aux autres, à moi-même

Les vertus théologales et cardinales


• Théologales : Foi, Espérance, Charité
• Cardinales : Force, Prudence, Tempérance, Justice

177
/ Confession /

L’Écriture sainte
- Ps 50
- Zachée : Lc 19, 1-10
- 2 Timothée 1, 6-14
- 1 Th 5, 15-23
- Col 3, 5-16
- Ph 4, 4-9
- Ep 4, 22-30 & 5, 8-10
- 1 Cor 1, 10-30
- 2 Cor 4, 6-9
- Ga 5, 1 et 13-17

Comment ça se passe ?
• Prépare-toi sans crainte en prenant quelques minutes ; un mo-
ment de prière, un temps de silence, et fais un examen de
conscience.

• Présente-toi avec courage et surtout enthousiasme ; laisse


l’Esprit t’inspirer, te soulever pour que tu te lèves et ailles trouver le
prêtre qui t’attend. Organise ce rendez-vous, provoque-le…

• En deux mots salue le prêtre en te présentant (ton prénom si tu


veux, tes études, ta dernière confession, ça donne quelques pe-
tites informations bien appréciables à celui qui te reçoit et va te soi-
gner). Tu peux citer l’Écriture sainte qui t’a éclairé, ou un passage
qui t’aide dans ta vie chrétienne.

• Dis tes péchés en commençant par les plus durs à dire ; juste-
ment celui ou ceux que tu ne veux pas dire, ou pense ne pas pou-
voir dire… une fois donné tu seras libre, impressionné, soulagé et
tellement heureux. Quant au prêtre il sera bouleversé d’être le té-
178
/ Confession /

moin et l’acteur devant la sainteté à l’œuvre dans ton cœur.

• Écoute les conseils du prêtre, et accueille la pénitence qu’il te


propose.

• Dis l’acte de contrition


• Reçois l’absolution

• Relève-toi en souriant sans te forcer, alors n’oublie pas d’immé-


diatement rendre grâce en remerciant, et prends maintenant la ré-
solution d’y retourner le plus vite possible pour renouveler ce
rendez-vous de grâce et de sainteté.

Prière avant la confession


Mon Seigneur et mon Dieu, je crois fermement que tu es présent
en ce lieu. Je te demande la grâce de bien éclairer ma conscience
pour que je découvre tous mes péchés et toutes mes misères ;
donne-moi la force de les confesser en toute fidélité, avec simpli-
cité, humilité et vérité pour obtenir ton pardon et la grâce de la per-
sévérance dans le bien, pour que je réponde à ma vocation depuis
mon baptême : la sainteté. Amen.

Acte de contrition
Mon Dieu j’ai un très grand regret de vous avoir offensé parce que
vous êtes infiniment bon, infiniment aimable, et que le péché vous
déplaît. Je prends la ferme résolution avec le secours de votre
sainte grâce de ne plus vous offenser et de faire pénitence.

Absolution
Que Dieu notre Père, te montre sa Miséricorde ! Par la mort et la
179
/ Confession /

Résurrection de son Fils, Il a réconcilié le monde avec Lui et Il a


envoyé l’Esprit Saint pour la rémission des péchés. Par le ministère
de l’Église qu’Il te donne le pardon et la paix ! Et moi au Nom du
Père, et du Fils, et du Saint Esprit, je te pardonne tous tes péchés.
(Amen)

Que la passion de Jésus Christ notre Seigneur, l’intercession de


la Vierge Marie et de tous les saints, tout ce que tu feras de bon
et supporteras de pénible contribuent au pardon de tes péchés,
augmente en toi la grâce pour que tu vives avec Dieu.

© Jean-Marc Audirac
180
PRIÈRES
/ Chapelet /

La prière du chapelet

A
vec le chapelet, résonne à nouveau la prière de Marie, son
Magnificat permanent pour l’œuvre de l’Incarnation rédemp-
trice qui a commencé dans son sein virginal. Avec lui, le
peuple chrétien se met à l’école de Marie, pour se
laisser introduire dans la contemplation de la beauté
du visage du Christ et dans l’expérience de la pro-
fondeur de son amour. Par le chapelet, le croyant
puise d’abondantes grâces, les recevant presque
des mains mêmes de la Mère du Rédempteur.
Jean-Paul II : « le Rosaire de la Vierge Marie » octobre 2002

Parmi toutes les créatures, la Vierge Marie est le


chef-d’œuvre de la très sainte Trinité : Dieu s’est
préparé une demeure digne, dans son cœur
humble et rempli de foi, pour mener à bien le
mystère du salut.
L’amour divin a trouvé en elle la correspon-
dance parfaite et, en son sein, le Fils Unique
s’est fait homme. Tournons-nous vers Marie,
avec une confiance filiale, afin de pouvoir,
avec son aide, grandir dans l’amour et faire de
notre vie un chant de louange au Père par
son Fils et dans l’Esprit Saint.
Benoît XVI : Place Saint-Pierre, le 11 juin 2006

182
/ Chapelet /

Les Mystères Joyeux (lundi et samedi)


• L’Annonciation faite à Marie par l’Ange Gabriel (Lc 1, 26 – 38)
Le fruit du mystère : l’humilité
• La Visitation de Marie à sa cousine Élisabeth (Lc 1, 39 – 56)
Le fruit du mystère : l’amour du prochain
• La Nativité de Jésus à Bethléem (Lc 2, 1 – 20)
Le fruit du mystère : l’esprit de pauvreté
• La présentation de Jésus nouveau-né au Temple
(Lc 2, 21 – 40)
Le fruit du mystère : l’obéissance et la pureté
• Le recouvrement de l’enfant Jésus au Temple (Lc 2, 41 – 52)
Le fruit du mystère : la recherche de Dieu en toutes choses

Les Mystères Lumineux (jeudi)


• Le baptême de Jésus au Jourdain (Mt 3, 1 – 17)
Le fruit du mystère : miséricorde, mission, vocation
• Les noces de Cana (Jn 2,1 – 12)
Le fruit du mystère : l’intercession de Marie
• La Prédication du Royaume de Dieu (Mt 4, 12 – 17 à 5, 6 et 7)
Le fruit du mystère : écoute de la Parole de Dieu, conversion

183
/ Chapelet /

• La Transfiguration (Mt 16, 28 à 17, 1 – 13)


Le fruit du mystère : contemplation, prière, union à Dieu
• L’institution de l’Eucharistie (Mt 26, 26 – 29)
Le fruit du mystère : adoration eucharistique et action de grâces

Les Mystères Douloureux (mardi et vendredi)


• L’Agonie de Jésus au Jardin des Oliviers (Mt 26,36 – 56)
Le fruit du mystère : le regret de nos péchés
• La Flagellation de Jésus (Mt 27, 20 – 26)
Le fruit du mystère : la mortification des sens
• Le Couronnement d’épines (Mt 27, 27 – 31)
Le fruit du mystère : le pardon de nos péchés d’orgueil
• Le Portement de la Croix (Mt 27, 31 – 33)
Le fruit du mystère : la patience dans les épreuves
• le Crucifiement et la mort de Jésus sur la croix (Mt 27, 34 – 56)
Le fruit du mystère : le pardon des ennemis

Mystères Glorieux (mercredi et dimanche)


• La Résurrection de Jésus (Mt 28, 1 – 20)
Le fruit du mystère : le relèvement du péché, la Foi
184
/ Chapelet /

• L’Ascension de Jésus au ciel (Mc 16, 19 – 20)


Le fruit du mystère : le désir du Ciel, l’espérance
• L’effusion du Saint-Esprit au jour de la Pentecôte
(Ac 2, 1 - 41)
Le fruit du mystère : les dons du Saint-Esprit
• La Dormition et l’Assomption de Marie au ciel (2 R 2, 11)
Le fruit du mystère : la bonne mort
• Le couronnement de Marie dans le ciel (Ap 12,1)
Le fruit du mystère : la dévotion envers Marie

© Clément Gras, Vézelay 2015 185


/ Angélus /

Prière de l’Angélus
L’Angélus est une prière de dévotion en l’honneur de l’Incarnation
de Jésus que l’on récite matin (06h00), midi et soir (18h00), au son
de la « cloche de l’angélus » qui se sonne par trois séries de trois
tintements suivis d’une « pleine volée ». Les tintements correspon-
dent au début du Versicule (V), du Répons (R) et de l’Ave Maria. La
prière de l’Angélus est née au XIVe siècle, mais on priait alors la prière
du soir seulement. Puis au XVème on lui ajouta la prière du matin en
l’honneur de la résurrection, et au XVIe siècle s’ajouta la prière du
midi en souvenir de la Passion. Pendant le temps pascal, on récite
l’antienne «Regina Caeli» (Reine du Ciel) à la place de l’Angélus.
V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie pleine de grâce, le Seigneur est avec vous.


Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus le fruit de vos entrailles est
béni. Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, mainte-
nant et à l’heure de notre mort. Amen

V. Voici la Servante du Seigneur


R/ Qu’il me soit fait selon ta parole. Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair


R/ Et il a habité parmi nous. Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu


R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le mes-
sage de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils
bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la
gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.
R/ Amen.
186
/ Angélus /

© Nicolas Crépelle, Montligeon


V. Angelus Domini, nuntiavit Mariae
R/ Et concepit de Spiritu Sancto.

Ave Maria, gratia plena, Dominus tecum.


Benedicta tu in mulierubus, et benedictus fructus ventris tui, Iesus.
Sancta Maria, mater Dei, ora pro nobis peccatoribus, nunc et in hora mortis
nostrae.

V. Ecce ancilla Domini.


R/ Fiat mihi secundum verbum tuum. Ave Maria...

V. Et Verbum caro factum est.


R/ Et habitavit in nobis. Ave Maria...
V. Ora pro nobis, sancta Dei Genetrix.
R/ Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

Oremus :
Gratiam tuam, quaesumus, Domine, mentibus nostris infunde; ut
qui, Angelo nuntiante, Christi Filii tui incarnationem cognovimus,
per passionem eius et crucem, ad resurrectionis gloriam perduca-
mur. Per Christum Dominum nostrum.
R/ Amen.
187
/ Prières /

REGINA CŒLI
Regina Cœli, laetare, alleluia,
quia quem meruisti portare, alleluia.
Resurrexit, sicut dixit, alleluia.
Ora pro nobis Deum, alleluia.

V. Gaude et laetare, Virgo Maria, alleluia.


R. Quia surrexit Dominus vere, alleluia.

Oremus :
Deus, qui per resurrectionem Filii tui, Domini nostri Jesu Christi,
mundum laetificare dignatus es, praesta, quaesumus, ut per ejus
Genitricem Virginem Mariam, perpetuae capiamus gaudia vitæ. Per
eumdem Christum Dominum nostrum.
R/ Amen.

188
/ Prières /

Prières
Laisse-toi guider par l’Esprit Saint
Rien ne te troublera autant que l’amour-propre.
Que la douceur envers les autres
Et l’humilité envers Dieu
Soient les maîtresses cordes de ton bonheur.
Aie patience envers tous
A commencer par toi-même.
Laisse-toi guider par l’Esprit Saint
Que Dieu soit ta vie et ta joie.
St François de Sales

Respire en moi, Saint-Esprit,


afin que je pense ce qui est saint.
Agis en moi, Saint-Esprit,
afin que je fasse ce qui est saint.
Attire-moi, Saint-Esprit,
afin que j’aime ce qui est saint.
Affermis-moi, Saint-Esprit,
afin que je garde ce qui est saint.
Garde-moi, Saint-Esprit,
afin que je ne perde jamais ce qui est saint.
Amen.
St Augustin

189
/ Prières /

Seigneur, je t’offre cette journée de travail.


Que ton Esprit Saint manifeste en moi et dans mon entourage
un esprit de paix et de joie,
qu’il me donne sagesse et force,
pour porter sur mon travail un regard d’amour,
pour développer en moi patience, compréhension,
douceur et disponibilité,
pour voir au-delà des apparences,
tes enfants comme tu les vois toi-même.
Seigneur, ferme mes oreilles à toute calomnie,
Garde ma langue de toute malveillance.
Revêts-moi de ta beauté, Seigneur,
pour que tous ceux qui m’approchent aujourd’hui,
découvrent ta présence.
Amen.

190
/ Prières /

Prière des chefs

Seigneur Jésus-Christ
qui malgré ma faiblesse,
m’as choisi pour chef et gardien(ne) de mes frères
scouts (soeurs guides),
fais que ma parole et mes exemples
conduisent leur marche aux sentiers de ta loi,
que je sache leur montrer tes traces divines
dans la nature que tu as créée,
leur enseigner ce que je dois,
et les conduire d’étape en étape
jusqu’à toi, ô mon Dieu,
dans le camp de repos et de joie
où tu as dressé ta tente et la nôtre
pour toute l’éternité.

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/ Prières /

Prière des Guides et Scouts d’Europe

Seigneur,
Fais de nous des instruments de ta paix!
Apprends-nous à répondre
À la haine par l'amour
À la discorde par l'union
À l'erreur par la vérité
Au désordre par la clarté de ton règne!
Rends nos cœurs droits et ouverts
Pour savoir découvrir ton visage
Dans celui de chaque compagnon
Rencontré aux carrefours de l'Europe
Ou du monde.
d'après saint François

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SOMMAIRE Prière du Feu


Editorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1 O Christ, mon Seigneur et mon bien-aimé,
Introduction au carême . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 fais briller sur moi ton visage !
Servir sa patrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4 Attire-moi vers la splendeur de la route
Sainte Jeanne d’Arc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5
Le carême . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7 et que je marche sans trève à tes côtés.
Il n’est rien que je ne tienne de ta bonté.
Entrée en carême . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9 Voici ma tente pour te reposer.
1er mars, mercredi des cendres . . . . . . . . . . . . . . .10
5 mars, 1re semaine de carême . . . . . . . . . . . . . . . .19
Voici mon feu pour te réchauffer.
12 mars, 2e semaine de carême . . . . . . . . . . . . . . .39 Voici le pain de mon sac à partager.
19 mars, 3e semaine de carême . . . . . . . . . . . . . . .57 Prends mon cœur aussi, je te le donne.
26 mars, 4e semaine de carême . . . . . . . . . . . . . . .77 Rends-le pauvre pour vivre en ton intimité,
2 avril, 5e semaine de carême . . . . . . . . . . . . . . . . .95
9 avril, semaine sainte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .115 humble, pour proclamer ta royauté,
Temps pascal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .135 fidèle au service des hommes.
Dimanche de la miséricorde . . . . . . . . . . . . . . . . .160 Tu es venu jeter un feu sur terre ;
Chants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .165 tu choisis pour serviteur un feu de flamme :
La confession . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .171 qu’en toute hâte, je porte à mes frères
Prières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .181 le feu brûlant de ta charité !

Photo de couverture : Aude Dupuy


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CARÊME 2017

Guides-aînées et Routiers
Prière des Routiers
Seigneur Jésus, qui vous offrez à nous comme
la route vivante,
toute irradieée par la lumière d’en-haut,
daignez vous joindre à nous
sur le chemin de la vie,
comme vous fîtes jadis
pour les routiers d’Emmaüs.
Donnez-nous part à votre Esprit,
afin que nous découvrions
la voie de votre plus grand service
et que, nourris de l’Hostie,
ce vrai pain des routiers,
nous cheminions allègrement,
malgré fatigues et contradictions,
sur le chemin qui mène droitement
Carême 2017

à la maison du Père. Amen !

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