Medecine Pharaonique
Medecine Pharaonique
Medecine Pharaonique
www.medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/medphar.html 1/9
18/7/2019 MEDECINE PHARAONIQUE
D’après Hérodote :
"En Egypte, chaque médecin ne soigne qu’une seule maladie. Aussi sont-ils légion : il y en a pour
les yeux, d’autres pour la tête, les dents, le ventre, et même les maladies non localisées".
Sommaire:
- Introduction
- Sources
- Implorations
- Imhotep
- Naissance de la médecine laïque
- La profession médicale
- Le début du raisonnement médical
- Pathologie et thérapeutique
- Conclusion
INTRODUCTION
L'exercice de la médecine égyptienne s'étend sur plus de cinq mille ans. Dès la fin du quatrième
millénaire, l'Egypte ( la vallée du Nil, son delta et les déserts qui la bordent de part et d'autre)
réalise son unité de peuplement, de langue et son unité politique (à l'exception de quelques
périodes de scission entre le Nord et le Sud), sous l'autorité d'un souverain absolu.
Il en est de même pour l'écriture hiéroglyphique qui suit une évolution constante, ce qui permet à
l'historien d'interpréter les documents en sa possession à chaque étape.
SOURCES
L'Egypte pharaonique a transmis des manuscrits sur cuir ou sur papyrus, des peintures ainsi que
des objets. Ces documents sont pour l'essentiel des livres de pratique médicale auxquels les
médecins se référaient, et ne sont pas des traités théoriques. Il existe à ce jour une quinzaine
d'écrits médicaux, tous écrits en hiératique (du grec hiéros: sacré), les plus connus étant, par ordre
d'importance:
1/ Papyrus d'Ebers, conservé à Leipzig, daté de 1.550 avant J.-C., il comporte en réalité des
passages recopiés remontant au début du troisième millénaire av. J.-C. (2670-2160); Après les
trois formules magiques de protection du médecin, "commence le livre relatif à la préparation des
médicaments pour toutes les parties du corps".
Il vient probablement de la bibliothèque d'une école de médecine. C'est le plus ancien des traités
scientifiques connus. Livre médical modèle, il contient des notions d'anatomie, un exposé de cas
pathologiques et les traitements correspondants, ainsi que sept cents recettes de médicaments
2/ Papyrus Hearst Californie, daté d'environ 1500 av. J.-C.
3/ Papyrus médical de Berlin de Heinrich Brugsch daté de la XIX ème dynastie
4/ Papyrus médical de Kahun est daté de la XII ème dynastie soit 1.850 ans av. J.-C.
Il s'agit d'un précis de gynécologie et mentionne une maladie "qui dévore les tissus", le cancer.
5/ Fragments de papyrus médicaux:
- Papyrus Chester Beatty n°VI, écrit vers 1300 av. J.-C.
- Papyrus Rubensohn
- Papyrus Louvre E 4864 verso
- Papyrus Carlsberg VIII, daté de 1200 av. J.-C.
www.medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/medphar.html 2/9
18/7/2019 MEDECINE PHARAONIQUE
IMPLORATIONS
Le Papyrus d'Ebers comporte trois textes destinés à la protection du médecin.
Les deux premiers sont destinés à protéger le médecin qui pénètre dans l'ambiance dangereuse
entourant le malade ou ses sécrétions pathologiques de toute nature. Le dernier concerne les soins
au médecin malade ou susceptible d'être victime d'une vengeance des démons qu'il combat.
Ces textes sont des formules écrites qui s'adressent à différents dieux. Pour en comprendre la
portée il faut tenter de se transporter 4.000 à 5.000 ans en arrière, dans une société à culture
polythéiste, au système de pensée, à l'écriture, au vocabulaire le plus souvent déroutant pour la
grande majorité des occidentaux du XXIème siècle que nous sommes.
L'Egypte pharaonique se désigna plusieurs divinités ayant en charge la médecine et les praticiens.
Le pouvoir revient à certains dieux mais il n'y a pas de divinité spécialement bonne ou mauvaise.
www.medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/medphar.html 3/9
18/7/2019 MEDECINE PHARAONIQUE
Dieu de la Sagesse et de la Science, patron des scribes et greffier du Jugement des morts. Il aurait
remis en place l'oeil d'Horus arraché lors de son combat contre Seth. Il guide le médecin dans
l'interprétation des écrits.
Elle rassemble les restes du dieu tué par Seth. Elle parvient à leur rendre vie, faisant d'Osiris le
dieu de la résurrection des morts. Déesse mère protectrice. Isis intervient en faveur du médecin.
Horus est le fils d'Isis et d'Osiris. Dieu à l'effigie du faucon protecteur du roi. Il fut guéri d'une
plaie à l'oeil par Thot. Véritable Dieu Médecin, gardien de la santé:
"Horus instruit par Isis, sa mère, dans la médecine et la divination, rendit de grands services au
genre humain par ses oracles et ses traitements des maladies" (Témoignage de Diodore, cité par
Spiegelberg, 1922)
Sa colère se déchaîne les cinq derniers jours de l'année . Déesse dangereuse, pourvoyeuse de mort,
lançant les envoyés du destin. En furie elle répand les maladies, apaisée elle est capable de les
retenir.
Elle est compétente en gynécologie.
www.medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/medphar.html 4/9
18/7/2019 MEDECINE PHARAONIQUE
Représenté le sexe dressé, le bras droit replié et portant un fouet "guérit le malade et ranime le
misérable." Il est « le taureau de sa mère », la déesse ciel qu'il fécond chaque soir pour donner
naissance au soleil
Son culte s'affirma au nouvel empire et il devint le roi des dieux. "Celui qui détruit le mal, chasse
la maladie, le médecin qui guérit l'oeil sans user de remèdes."
- Thouéris (ou Taourèt ou Taurt, ou Taweret ou Opet ou Toeris ), Déesse au corps hybride, mi-
hippopotame, mi-crocodile, aux pattes de lion, dite "la Grande"
Elle protège la mère et l'enfant lors des accouchements. Son apparition était censée effaroucher
n'importe quel esprit malin qui aurait pu nuire à un enfant. Elle était souvent accompagnée du dieu
nain Bès, qui avait une fonction semblable.
www.medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/medphar.html 5/9
18/7/2019 MEDECINE PHARAONIQUE
IMHOTEP
Il vécut vers 2700 av. J.-C., résidait sans doute à Menphis résidence du roi Djezer, deuxième
pharaon de la troisième dynastie.
Chancelier du roi de Basse-Egypte, Vizir (premier après le roi de Haute-Egypte), Administrateur
du palais, lecteur sacré (grand prêtre d'Héliopolis), moraliste, écrivain, astronome, ce personnage
universel fut également architecte de l'ensemble de l'imposant complexe de la pyramide à degrés
de Saqqarah ainsi que du temple d'Edfou.
Patron des scribes, magicien, guérisseur, chef du clergé et des médecins de l'époque qui
cumulaient ces deux professions,
Figure historique amplifiée par le temps, il reste dans l'état actuel des connaissances un des
premiers grands noms de l'histoire de l'humanité.
Il symbolise la fusion de la médecine mythologique, sacerdotale et praticienne. "Grand médecin
des dieux et des hommes" il vécut en un temps où l'activité de médecin n'était pas individualisée.
On ignore si Imhotep était médecin ou possédait des connaissances médicales.
Imhotep ne fut vénéré et reconnu qu'à la Basse époque ( à partir de 1085 av. J.-C.) comme dieu
guérisseur et descendant du dieu Ptah. A ce titre les égyptiens lui dédièrent de nombreux temples
à Memphis, à Thèbes et à Philae qui attestent de son influence dans la société égyptienne jusqu'à
la conquête de l'Egypte par Alexandre-le-Grand en 322 av. J.-C.
Auparavant il n'était pas considéré comme une divinité médicale.
Parmi les vestiges du temple de l'île de Philae consacré à Isis, on trouve des ruines imposantes de
l'édifice consacré à Imhotep.
Dans les demeures de certains riches particuliers, un autel lui était réservé.
Soucieux d'améliorer l'état sanitaire de la population, les médecins ont entrepris des travaux
d'hygiène publique, diffusé la circoncision et l'usage fréquent du lavement.
Au début la médecine était exercée par trois types de praticiens (Papyrus Edwin Smith).
- Le sinou exerce auprès des plus humbles et tire ses connaissances des livres et de sa pratique
empirique
- Le ouabou, prêtre exorciste attachés au culte de Sekhmet ou à celui de Thot, soigne les
privilégiés. Sa médecine est fortement teintée de religiosité, car il tient des dieux le pouvoir de
guérir.
- Le saou, à la fois magicien, sorcier et rebouteux, lutte contre les puissances invisibles à l'origine
www.medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/medphar.html 6/9
18/7/2019 MEDECINE PHARAONIQUE
des maux inexplicables ou représentés par des animaux s'attaquant à l'homme, tel le scorpion, les
serpents. Il soigne par le biais de formules, incantations, amulettes et statues guérisseuses.
Magicien et médecin ne sont pas fondamentalement différents.
La maladie était considérée comme l'effet d'une vengeance humaine ou d'une possession
démoniaque.
L'acte thérapeutique comportait simultanément une formule incantatoire et l'administration d'un
remède. Puis lorsque par expérience on sut que le médicament pouvait agir seul, sans recourir à
une incantation, cette dernière ne fut plus utilisée que par tradition avant de disparaître.
Le clergé de l'Egypte a toléré et même favorisé l'activité des médecins ordinaires, sans tenter de
définir leur qualité de prêtres ou de laïcs.
LA PROFESSION MéDICALE
L'organisation dans tous les domaines de la société pharaonique n'a pas manqué de réglementer la
profession médicale. Les médecins faisaient semble-t-il partie de l'élite des fonctionnaires
nationaux (ils côtoient les chefs militaires, les prêtres et les hauts responsables de l'Etat), leur
réputation s'étendait jusqu'aux pays étrangers où ils étaient parfois appelés en consultation.
Dans la littérature médicale égyptienne retrouvée, les auteurs ne sont jamais cités. Ceci peut
s'expliquer par l'importance de la médecine du palais. La plus part des "grands médecins" se
trouvaient auprès du roi et agissaient au nom du roi le délégué des dieux sur terre. Leur rôle était
de répandre à travers le pays les bienfaits de l'Art médical. La santé est donc avant tout un don du
roi et à ce titre aucun médecin ne pouvait se présenter comme un auteur ou un guide.
Le "Grand des médecins du palais" (médecin personnel du roi), était le chef de tous les autres
médecins d'Egypte dont les titres se rapportaient plutôt à une spécialité. En effet une
caractéristique particulière de la médecine pharaonique était sa répartition en spécialités.
L'historien grec Hérodote (484-420 av.J.-C.), rapporte d'un voyage en Egypte: "Chaque médecin
soigne une maladie, non plusieursles uns sont médecins pour les yeux, d'autres pour la tête, pour
les dents, pour la région abdominale, pour la gynécologie,ou pour les maladies de localisation
incertaine."
Ainsi les médecins de cour sont chargés de la rédaction des livres médicaux qui serviront de
modèle aux médecins de base (le sounou).
Diodore de Sicile écrivait à leurs propos :
"Ils établissent le traitement des malades d'après des préceptes écrits, rigides et transmis par un
grand nombre d'anciens médecins célèbres. Si, en suivant les préceptes du livre sacré, ils ne
parviennent pas à sauver le malade, ils sont déclarés innocents et exempts de tout reproche. Si ils
agissent contrairement aux préceptes écrits, ils peuvent être accusés et condamnés à mort ; le
législateur ayant pensé que peu de gens trouveraient une méthode curative meilleure que celle
observée depuis si longtemps et établie par les meilleurs hommes de l'art."
Le corps médical bénéficiait d'une assez grande considération. Il ne percevait pas d'honoraires,
mais une rémunération fixe sous forme de nourriture ou de vêtements. Il était réparti selon une
hiérarchie bien établie.
Les indigents bénéficient de soins gratuits.
www.medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/medphar.html 7/9
18/7/2019 MEDECINE PHARAONIQUE
Même si l'on peut considérer aujourd'hui que la formulation des propositions manque de précision
et est incomplète, que les formules thérapeutiques sont déconcertantes. On est en présence de la
charpente de la médecine pratique qui ne demandera par la suite qu'à se développer.
Cependant pour les égyptiens les poumons semblent tenir un rôle plus vital que le foie; de même
ils avaient entrevu la place du coeur et des vaisseaux dans la circulation sanguine, le pouls est
considéré comme "l'endroit où le coeur parle."
Les médecins égyptiens imaginèrent, comme principe de leur physiologie, un réseau de vaisseaux
analogue aux canaux d'irrigation du Nil . Partant du coeur les "met" (conduits) irriguaient toutes
les parties de l'organisme. Les "met" assuraient aussi l'acheminement des "oukhedou", éléments
pathogènes et facteurs de douleurs qui étaient la cause de fièvres malignes et des inflammations.
Ils s'introduisaient dans l'organisme en se glissant par le nez et par les oreilles.
A la mort de l'individu, sa partie spirituelle, le "Ba", se détache du corps et peut errer à son gré.
PATHOLOGIE ET THéRAPEUTIQUE
Les connaissances pathologiques étaient également sommaires. Tout a commencé par la plus
ancienne des techniques médicales: la simple observation clinique.
Néanmoins quelques syndromes étaient clairement identifiés:
- les affections oculaires
- les dermatoses. Ces deux types d'affections étaient traitées par un médecin en raison de leur
localisation visible, alors que les troubles moins accessibles étaient traités par sortilèges et
incantations du prêtre-magicien.
- les métrites et autres affections gynécologiques et obstétricales
- les affections de l'anus (prurit, prolapsus)
- les troubles urinaires (rétention ou hématurie ou polyurie diabétique)
- les ictères
- les dysenteries
- les réactions péritonéales
- l'oppression d'origine pulmonaire ou cardiaque
- les amygdalites
- les tumeurs du foie, de la rate
L'examen des squelettes et des momies a permis de répertorier un assez grand nombres de
pathologies:
- les caries dentaires
- lithiases
www.medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/medphar.html 8/9
18/7/2019 MEDECINE PHARAONIQUE
- rhumatismes infectieux
- cals vicieux
- ostéomyélites
- tuberculose vertébrale
- bilharziose
- ankylostomose
- poliomyélite
- ophtalmies trachomateuses, leucomes de la cornée.
Par contre les textes médicaux qui nous sont parvenus ne permettent pas d'identifier des maladies
précises à travers des descriptions élémentaires ou sommaires trouvées sur les papyrus.
CONCLUSIONS
Tous les remèdes utilisés n'agissaient sans doute pas mieux que les formules incantatoires et c'est
sans doute la nature qui faisait office de thérapeute dans la majorité des cas. La médecine
égyptienne antique a sans doute eu une influence sur les pratiques d'autres pays.
Ainsi bien avant Hippocrate on trouve dans le papyrus Edwin Smith la description
d'un tableau clinique du tétanos ainsi que de l'hémiplégie spasmodique.
www.medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/medphar.html 9/9