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EL LE
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KARINE LES CLASSIQUES
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« À 50 ANS, MÉDECINS
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PSYCHO
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SOMMAIRE Semaine du 11 au 17 janvieR 2019
{le fashion cRuSh }
13 l’édito Par Alix Girod de l’Ain.
14 elle info
Trois millions d’Indiennes contre l’inégalité
des sexes • Elizabeth Warren, une
démocrate en piste pour 2020 • Le succès
fou du skate • Triple dose de Nicole Kidman
en 2019 • Le Quai des Orfèvres sur le banc
des accusés.
23 elle culture
23 cinéma • EXPOs • musiquE
Little Simz, la prolifique virtuose du rap
• De la série « Carmen Sandiego » au film
« Ben Is Back », la sélection écrans de la
semaine • Jean-Marie Périer au sommet
de la Grande Arche.
28 livrEs
Une rentrée d’hiver sous le signe du père
• La révélation Kaspar Colling Nielsen et
la confirmation Michèle Forbes • Rencontre
avec Audrey Dana.
36 elle style
La gazette fashion. Beauty scoop. Sac « Peekaboo », Fendi.
40 elle MaG
40 intErviEw Karine Le Marchand :
« À 50 ans, ce qu’on vit, ça se voit. »
46 rEPOrtagE À Los Angeles, le lycée
qui sauve les mères adolescentes.
50 EnquêtE Ces femmes soignantes 84 elle vie privée
harcelées par leurs patients. Un cocon dans la Tarentaise pour la créatrice
52 décryPtagE Les podcasts sont-ils Clémentine Larroumet • Nos conseils pour
la nouvelle psychanalyse ? s’habiller éthique • C’est mon histoire :
54 rEncOntrE Yaël et Nour, l’entraide « Un petit chat m’a rendue zinzin » • Une
au-delà des clichés communautaires. journée avec l’humoriste Agnès Hurstel.
58 sOciété PMA et figure du père :
entretien avec le psy Jean-Pierre Winter. 97 numérOscOPE
60 actu L’Ascenseur Paris-Bastille, 98 hOrOscOPE
un immeuble qui s’engage pour la solidarité. 99 fichEs-cuisinE
62 elle Mode Les pascades de Bruno Doucet.
101 la listE dE nOs EnviEs
allurE 102 la bd dE sOlEdad en couverture
Plissés, lavallières, volants… les classiques karine le Marchand
nous emballent. Ce numéro comporte, insérées entre les pages 98 et 99, 4 pages spéciales PORTE UNE VESTE Paul
numérotées de I à IV (édition Alsace) ; ou 4 pages spéciales numérotées de I
78 elle beauté à IV (édition Lorraine) ; ou 4 pages spéciales numérotées de I à IV (édition & JOE, UN JEAN lEvi’s ET
Normandie) ; ou 4 pages spéciales numérotées de I à IV (édition Nord-Pas- UNE CEINTURE laurEncE
de-Calais) ; ou 4 pages spéciales numérotées de I à IV (édition Val-de-Loire
bras. MAQUILLAGE CoCo
EnquêtE centre) ; ou 12 pages spéciales numérotées de I à XII (édition Île-de-France)
et, posés contre la 4e de couverture, un message “Psychologies” sur une par- Olivaud. COIFFURE Katia
Pourquoi tant de filles veulent ressembler à tie des abonnés. Ce numéro comporte un encart abonnement Dynapresse
presse
sur les exemplaires kiosques Suisse et des envois de correspondance sur la giOrgi. PHOTO
Kim Kardashian. France métropolitaine + Dom-Tom. JEan-françOis rObErt.
E L L E .FR 9
elle
11 janvieR 2019
Fondatrice HélènE GoRdon-lazaREFF
PrÉSident d’HonneUr danIEl FIlIPaCCHI
GÉrante-directrice de La PUBLication ClaIRE léoSt
directrice de La rÉdaction ERIn doHERty

directrice de La crÉation GEnèvE doHERty
rÉdaction en cHeF
KatEll PoulIquEn (MaGazInE), BRunE dE MaRGERIE (ModE), élISaBEtH MaRtoREll (BEauté),
danIèlE GERKEnS (vIE PRIvéE/touRISME/déCo/CuISInE), annE-CéCIlE SaRFatI (EllE PaRIS/EllE RéGIonS/dIvERSIFICatIon).
directrice de L’iMaGe et dU caStinG SoPHIE laMaRE
SecrÉtaire GÉnÉraL de La rÉdaction JEan-CHaRlES GandIa
ÉditoriaLiSteS
alIx GIRod dE l’aIn, olIvIa dE laMBERtERIE, MaRIon RuGGIERI, doRotHéE WERnER.
rÉdaction en cHeF adJointe
édouaRd dutouR (MaGazInE), SylvIa JoRIF (ModE MaGazInE), JEannE lE Bault (ModE).
assistantEs dE La rédaction SéGolènE dElloyE (43 32) (dIRECtIon), FloREnCE dE Mont (43 69) (RédaCtIon En CHEF),
SoPHIE BouCot (43 31) (ModE), SandRInE FuREt (43 60) (vIE PRIvéE/lIFEStylE), natHalIE GRouaRd (43 34) (BEauté).
direction artiStiQUe adJointe
véRonIquE BonSIGnoRE (43 93), CaRolInE IGnazI (43 94).
MaGaZine
alICE auGuStIn, olIvIa dE laMBERtERIE, FRançoISE dElBECq, natHalIE dolIvo, MaRIon RuGGIERI, doRotHéE WERnER (GRandS REPoRtERS),
CatHERInE RoBIn, PatRICK WIllIaMS. avEC la CollaBoRatIon dE natHalIE duPuIS, SoPHIE GaCHEt.
départEmEnt céLébrités véRonIquE vatInoS. guidE cuLturEL PHIloMènE PIéGay (CHEF dE SERvICE) (43 74).
avEC la CollaBoRatIon dE tHoMaS JEan, Paul SIGoGnaC, FloREnCE tRédEz. LiVrEs olIvIa dE laMBERtERIE (CHEF dE SERvICE).
avEC la CollaBoRatIon dE SandRInE MaRIEttE Et PaSCalE FREy (GRand PRIx dES lECtRICES).
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annE-MaRIE BRouIllEt (49 75), HoRtEnSE ManGa (49 73). avEC la CollaBoRatIon dE taMaRa taICHMan (49 92), dIanE BoulEnGER, vIRGInIE BEnaRRoCH.
accEssoirEs avEC la CollaBoRatIon d’élISaBEtH aKESSoul (49 82) (+ MaRKEt EdItoR). stYLE auRélIE GaIllaRd (49 79). avEC la CollaBoRatIon d’èvE MaEno.
EnFants avEC la CollaBoRatIon dE CHaRlottE HuGuEt (49 84). mErcHandising ISaBEllE MERlE.
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avEC la CollaBoRatIon dE SolInE dEloS, JulIa dIon, GIulIa FoïS, HélènE ClaudEl, Héléna vIllovItCH, JulIE PuJolS-BEnoît.
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FaBIEnnE CoRon (1re MaquEttIStE), CoRalIE GallIBouR, CaRInE GouJon, MaRIE MaRaMzInE,MaRGaux PEIllon. ELLE à paris natHalIE ElBaz-FoRISSIER.
ÉditinG
SandRa BaSCH (CHEF dE SERvICE). avEC la CollaBoRatIon dE CaRolInE SIx Et alExandRE MouaWad.
SecrÉtariat de rÉdaction
KaRInE laCoIn (SGR adJoIntE). MaRIE GIRaud-RouaBaH (1re SR), annE alBy, SylvIE aRnoux, BERnadEttE duPRat, annE FauvEl, SandRInE MaRIEttE,
CatHERInE PaGèS, MaRGottE uHaldE. réVision MuRIEl SaFaR-JaouI. avEC la CollaBoRatIon dE annE BaRon, valIa BREItEMBRuCH.
rÉdaction en cHeF tecHniQUe
PHIlIPPE GautRand (43 52), louIS HInI (adJoInt).
ProdUction
odIlE BERnaRd (43 40) (ModE-BEauté), StéPHanIE SEMEdo (43 47), MalIKa Mala (déCo),
tIFFany MalonE (43 49) (CoIFFuRE MaquIllaGE), RESPonSaBlE voyaGES ISaBEllE CanavéSI avEC tIFFany MalonE.
PHoto
MaRIE-odIlE PERullI (CHEF dE SERvICE) (43 57). RédaCtRICES : léa CauquIl (43 59), BéatRICE laBBé (43 58).
PHototHÈQUe
tHéRèSE GEnEvoIS (48 00) (CHEF dE SERvICE). ÊRIC vIEIRa dE Souza, ClaIRE FauRE, GWénaëllE MoREau, BéatRICE d’oléon.
revente PHotoS et texteS
nElly dHoutaut (59 46).
diverSiFication ÉvÈneMentS
dElPHInE laPEyRèRE, CléMEnCE lEvEau. avEC la CollaBoRatIon dE lou BèS.
Fondation eLLe
KaRInE GuldEMann (46 17), CHloé FREoa (46 16). WWW.EllEFondatIon.oRG
HoroScoPe-nUMÉroScoPe MaRIE GaRdaIRE.
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10 E L L E .FR
Photo : Gregory Derkenne - mac-douglas.com

11 janvier 2019
l’édito de ELLE
semaine du 11 au 17 janvier 2019
où sont
les Femmes? Ah, ce sondage annuel « JDD » - Ifop des personnalités
préférées des Français ! Chaque fois, c’est la même chose. Les
footeux (mâles) et les comiques (mâles) se bousculent sur le podium, un
grand mutique (mâle) gagne (Zidane, Goldman, ça alterne, mais un
gars qui la ferme, toujours), tout le monde se demande où sont les
femmes, Muriel Robin pousse un coup de gueule, Marlène Schiappa
tweete sa colère, et Sophie Marceau, toujours la première à apparaître,
toujours assez bas, ne dit rien. Mais en ce début 2019, c’est un peu dif-
férent car les résultats, encore plus défavorables aux filles que d’habi-
tude, sont arrivés en même temps que ceux de Press’edd, une plate-
forme de veille qui, chaque année, recense les 1 000 personnalités dont
par Alix Girod de l‘Ain
éditorialiste on parle le plus dans les médias. Et là, c’est la douche froide, directement
indexée sur celle du « JDD ». Seulement 15,3 % de femmes dans le
classement, le deuxième niveau le plus bas depuis six ans (à noter, c’est
un peu plus pour la presse écrite, 22 % des Unes, pas de quoi se rouler
de joie mais bon, une mini-autocongratulation de branche reste pos-
sible). Dans le détail ? Eh bien on pleure : 19 % des sportifs évoqués dans
les médias en 2018 étaient des sportives et… 1 % des patrons étaient des
patronnes. Les résultats pour les rubriques « culture et médias » (45 %) et
politique (35 %) sont tous deux en chute (respectivement 47 et 39 % en
2017). La corrélation entre faible présence médiatique et faibles scores
de popularité étant limpide, il convient de se demander comment faire
pour que les femmes soient plus visibles. Une bonne solution, mais vous
la connaissez déjà, c’est de lire ELLE : 100 % de couvertures féminines
en 2018, et plein d’infos étonnantes sur des filles qui font du sport,
dirigent des entreprises, écrivent des sketchs (drôles, en plus) ou, sum-
mum du dingo, sont payées pour faire la cuisine. Alors, puisque c’est
encore le temps des vœux, permettez-moi d’en formuler un : puissent
SOPHIE STEINBERGER
nos confrères nous copier, que dis-je, nous piller, afin que peut-être, en
2020, le « JDD » annonce, pour la première fois dans l’histoire, une
femme personnalité préférée des Français. Et si elle l’a beaucoup fer-
mée pour en arriver là, on sera super contentes quand même, promis. n
E L L E .Fr 13
ELLE info
{ droit des femmes }
les indiennes
se lèvent
11 janvier 2019
ELLE / info
en dressant un mur humain pour protester contre l’inégalité des sexes,

les femmes du Kerala, en inde, initient un rapport de force spectaculaire avec
le gouvernement conservateur de narendra modi. par manou farine
elles étaient plus de 3 millions le 1er janvier à
former une chaîne de six cent vingt kilomètres le long
des routes du Kerala. Unies dans une lutte spectaculaire
pour l’égalité des sexes. En ligne de mire ? Le temple de
Sabarimala, haut lieu de pèlerinage hindouiste perché sur
une colline de cette province du sud de l’Inde, drainant
chaque année plus de 100 millions de fidèles. L’un des der-
niers temples à interdire son accès aux femmes âgées de 10
à 50 ans. Comprendre : entre la puberté et la ménopause.
Le 28 septembre pourtant, la Cour suprême indienne avait
annulé le « menstruation ban », interdisant aux femmes d’en-
trer dans les temples pendant la période des règles. Encou-
ragées par la nouvelle loi, quelques téméraires se sont alors
risquées à pénétrer dans le lieu saint, en vain. Sous les jets
de pierres, elles en ont été chassées par les fondamenta-
listes hindous, malgré la présence de la police. Bilan : plus
de 2 000 arrestations, et toujours pas l’ombre d’un sari dans
le temple. Jusqu’à ce « mur de femmes » inaugurant l’année
2019, que le gouvernement du Kerala – dominé par le Parti
communiste – a soutenu. Un mouvement déjà comparé à la
lutte pour les droits civiques initiée en Europe par Rosa
Luxemburg au début du XXe siècle. Le 2 janvier, à l’aube,
Bindhu Ammini et Kanaka Durga, deux militantes, sont par-
venues à se glisser, sous protection policière, dans l’enceinte
sacrée pour prier le dieu Ayyappan, un ascète vénéré pour
sa chasteté, qui, dit-on, n’aurait jamais rencontré une femme.
Mais à quel prix ? Si Bindhu Ammini et Kanaka Durga ont le
droit pour elles, elles font désormais l’objet de menaces. La
réponse des fondamentalistes ne s’est pas fait attendre avec
une séance de purification organisée manu militari dans le
temple suivie d’une flambée de violence dans la rue.
Un affrontement qui en dit long sur la société indienne. Alors
que, sur le papier, Delhi s’affiche en vitrine du progrès avec
la dépénalisation récente de l’adultère et de l’homosexua-
lité par la Cour suprême, les traditions peinent à rendre les
armes. En juin, une enquête de la Fondation Thomson Reu-
ters classait l’Inde comme le pays le plus dangereux au
monde pour les femmes. En septembre, une étude publiée
par la revue scientifique britannique « The Lancet » montrait
que 37 % des femmes qui se suicident dans le monde vivent
en Inde. Des chiffres réfutés bruyamment par Narendra
Modi, le Premier ministre issu du BJP (Parti du peuple indien),
nationaliste et conservateur. Le chef du gouvernement, qui
avait fustigé, dans l’affaire du temple de Sabarimala, une
décision « contraire aux valeurs hindoues », encourage
aujourd’hui les recours devant la Cour suprême, contrainte
de plancher à nouveau sur le dossier à partir du 22 janvier.
Une façon de flatter sa base électorale ultra conservatrice
et pro-hindoue dans la perspective d’une campagne sous
haute tension avant les législatives qui auront lieu en avril
legende credits
et en mai. La moitié de ce pays de 1,5 milliard d’habitants

r.s. iyer/ap/sipa
pourrait une fois encore en faire les frais.

Le 1er janvier,
à Thiruvananthapuram,
pages dirigées par caroline six. rédacteurs : cora
la capitale du Kerala. delacroix, louise deschamps, paola dicelli,
manou farine, alix girod de l’ain, hélène guinhut.
15
ELLE info
11 janvieR 2019
{ États-Unis }
Y a-t-il une
candidate
pour sauver
la démocratie ?
La sénatrice le jour des
élections de mi-mandat,
le 6 novembre dernier.
combative, ÉgalitaRiste, elizabeth WaRRen,
sÉnatRice dÉmocRate dU massachUsetts, Luther King), avant d’être interrompue par le républicain Mitch
McConnell qui avait déclaré : « Elle a été avertie. On lui a donné une
incaRne dÉjà la RÉsistance anti-tRUmp.
explication. Malgré tout, elle a persisté. »
« nous allons mettre fin à la corruption à Washington. Dans son propre camp, elle devra faire face à une solide concur-
Nous allons reconstruire la classe moyenne. Nous allons sauver la rence, car Joe Biden, l’ex-vice-président de Barack Obama, Bernie
démocratie. Allez-vous rejoindre le combat ? » Sur son site Internet, Sanders, la sénatrice Kamala Harris, le Texan Beto O’Rourke ou
Elizabeth Warren fait défiler son appel en lettres capitales. Même Cory Booker lorgnent aussi du côté de la Maison-Blanche. « Elle
si l’élection présidentielle américaine n’a lieu qu’en novembre 2020, sera une candidate de poids dans la primaire, analyse Nicole
la démocrate est déjà dans les starting-blocks. Dès le 31 décembre, Bacharan. Mais la question d’un changement de génération est
elle a mis en ligne une vidéo annonçant la création d’un comité de posée et plusieurs aspects de sa personnalité évoquent ceux qui
soutien et s’est présentée sur le perron de sa maison en compagnie avaient rebuté certains avec Hillary Clinton : c’est une femme de la
de son mari et de son chien pour répondre aux journalistes. À 69 ans, côte Est, réputée comme dure et donneuse de leçons… Joe Biden est
celle qui occupe le siège de sénatrice du Massachusetts depuis beaucoup plus populaire qu’elle. Kamala Harris coche aussi de
2013 se positionne en défenseure de la classe moyenne face aux nombreuses cases. Nettement plus jeune, elle est devenue une figure
milliardaires et aux grosses entreprises qui « ont décidé qu’ils vou- télévisuelle pendant les auditions du juge Brett Kavanaugh, elle est
laient une plus grosse part du gâteau ». Dans une autre vidéo, filmée afro-américaine… » En octobre dernier, Elizabeth Warren avait déjà
depuis sa cuisine, elle vilipende Wall Street, les compagnies d’assu- commis une maladresse. En réponse à une provocation de Donald
rances, les banques qui « ruinent les consommateurs » et les entre- Trump qui la surnommait Pocahontas, elle avait publié son test ADN
prises pétrolières « qui détruisent la planète ». La politologue franco- prouvant ses origines amérindiennes, relançant de multiples polé-
américaine Nicole Bacharan* observe : « C’est quelqu’un de très miques sur son opportunisme. Face au président américain, elle a
brillant, de très expérimenté sur le plan législatif. Sa capacité à tout intérêt à se montrer stratège. « Trump a déjà fait savoir qu’il serait
représenter les individus face au grand capitalisme financier est sa ravi de l’avoir comme adversaire, ce qui veut dire qu’il sera ravi de
force. » On lui associe déjà le puissant slogan féministe « Never- la détruire, note Nicole Bacharan. On imagine bien comment il va
theless We Persist », en référence à cette séquence de février 2017, l’attaquer, en la traitant de Hillary Clinton 2, de Pocahontas… Ce sera
où elle s’était opposée à la nomination de Jeff Sessions comme pro- une campagne hideuse. » Nous préférerions que non. H.G.
cureur général des États-Unis. Elle avait alors lu un texte de Coretta *Auteure avec Dominique Simonnet de « First Ladies. à la conquête
Scott King (militante pour les droits civiques et épouse de Martin de la Maison-Blanche » (éd. Perrin).
plein soleil
Des lunettes orangées
ultra light pour mettre notre
joseph prezioso/AFp
regard au beau fixe…

Solaires « General Pop »,
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16 E L L E .FR
EN KIOSQUE ACTUELLEMENT
DES IDÉES COCOONING

POUR LA MAISON
ELLE info
{ la voix d’aga }
l’arnaque
du siècle
Quel tintouin, après la publication de
l’enquête de chercheurs russes qui affir-
ment que la doyenne de l’humanité
aurait été une escroque ! La supercen-
tenaire morte officiellement à l’âge de
122 ans et 164 jours n’en aurait eu que
99, et n’aurait pas été Jeanne Calment
Skate Rick mais Yvonne, sa fille, qui aurait pris
McCrank l’identité de sa mère le jour de sa mort,
en 1934, afin de ne pas payer de droits
de succession. Certains évoquent déjà
{ cultuRe } la possibilité d’exhumer la malheureuse
easy rideuses
afin de la passer au carbone 14 ou à
une autre technique de datation des
fossiles. Cette perspective fait tellement
froid dans les os qu’on a bien envie de
prendre la défense de l’antique Arlé-
Jusqu’où les emmènera leur skate ? Les filles ont fait de leur planche un emblème sienne, avec des arguments non pas
féministe. Il y a quelques mois, le clip de Maggie Rogers « Give a Little » montrait scientifiques (depuis dix jours ils affir-
des skateuses en mode badass. Bientôt, le film « Skate Kitchen », signé Crystal ment tout et son contraire), mais simple-
Moselle (en salle le 30 janvier), relatera le parcours d’une ado solitaire qui trouve ment logiques. Si la thèse des Russes est
la liberté à travers sa planche à roulettes. Le signe de ralliement des néo-rideuses ? vraie, ça voudrait dire qu’à l’époque,
Le hashtag #GirlsCanRide, qui fait florès sur Instagram. De la communauté cali- Yvonne, qui avait 36 ans, aurait réussi
fornienne GRLSWIRL à se faire passer pour une femme de
(@grlswirl) au site fémi- 59 ans (mais qu’est-ce qu’elles met-
grlswir ; keepherwildhq ; sophie steinberger ; youtube ; makadam distribution ; presse.

niste allonsrider.fr, fondé taient comme crèmes de nuit, avant la
par la jeune sportive guerre ? De la javel ?) et qu’elle aurait
française Manon Lanza, vécu maritalement avec son propre
toutes exhortent les père jusqu’à sa mort, en 1942, or, qui-
sportives à se serrer les conque a revu récemment « Peau
coudes dans un milieu d’âne » au théâtre Marigny sait que
toujours plutôt miso- Le clip « Give a Little », marier les filles avec leur papa consti-
gyne : « Aucun site ne de Maggie Rogers. tue un « hymen insensé ». Mais, mon
met en avant les nanas enfant, il y a encore plus probant :
pour montrer ce qu’elles personne ne conteste que Jeanne
savent faire vraiment, c’est ce créneau- Calment a gardé toute sa tête jusqu’à
là qu’on veut occuper », a confié Manon la fin. Or, quelle femme saine d’esprit
Lanza à « Cheek Magazine ». Les pro- aurait eu l’idée de se vieillir de vingt-
chains jeux Olympiques, qui se dérou- trois ans pendant plus de soixante
leront à Tokyo en 2020, compteront Le film
ans ? Même pour payer moins
« Skate
pour la première fois une épreuve de d’impôts, c’est absurde. Chercheurs
Kitchen »,
skate, et joueront le jeu avec une parité russes, de grâce, laissez donc notre
de Crystal
parfaite, 40 hommes et 40 femmes. Moselle. trésor national en paix !
Alors let’s ride, girls ! P.Di.
18 E L L E .FR
{ nicole kidman }
plus forte que
wonder woman Hasan Minhaj
Chic ! nic revient ! Si elle s’était faite plus discrète ces
derniers mois, en ce début d’année, la belle Australo-Amé-
ricaine vient nous rappeler « Kid » est la plus forte. Si on la
savait capable de tout jouer et d’évoluer avec autant de netflix
sous
grâce dans les grosses productions que dans le cinéma
indépendant, l’année 2019 devrait nous donner un
L’actrice à la condensé parfait de sa palette. Kidman, c’est (au moins)
influence
première de trois salles, trois ambiances. Dans le rouleau compresseur
« Destroyer », « Aquaman », sorti en fin d’année, elle incarne Atlanna, la
le 14 octobre maman de l’homme-poisson maous interprété par Jason
dernier. Momoa et néanmoins la crevette la plus sexy de tous les la liberté de netflix a du plomb
océans. Résultat : le film vient de détrôner le record au box- dans l’aile. Depuis le 1er janvier, la plate-
office de « Wonder Woman » avec 822 millions de dollars forme a retiré en Arabie saoudite le deuxième
de recettes. Le 20 février, on la retrouvera, méconnaissable, épisode de la série « Patriot Act » de
dans « Destroyer », polar ténébreux de Karyn Kusama, déjà l’humoriste américain Hasan Minhaj, sous la
annoncé comme le meilleur rôle de sa carrière. Elle y sera pression de... l’Arabie saoudite. Pourquoi ?
Erin Bell, une détective du LAPD badass, naguère infiltrée L’épisode revient non seulement sur la guerre
dans un gang du désert californien et confrontée à la fois à sanglante menée par le royaume wahhabite
son passé et à une perruque à frange méchée de gris sale, au Yémen, mais aussi sur l’implication présu-
un attentat à la beauté pour n’importe quelle femme… Sauf mée du prince Mohammed Ben Salman
pour Nicole Kidman, que tous ceux qui ont déjà vu le film dans l’assassinat du journaliste saoudien
ont trouvée flippante, plus dark que jamais et… sublime. Pour Jamal Khashoggi, perpétré en octobre
la troisième ambiance de Nicole, nous devrons attendre le dernier. La Toile s’est rapidement insurgée
mois de juin et la saison 2 de « Big Little Lies », la série contre cette censure de Netflix, qui justifie
géniale qu’elle produit avec sa copine Reese Witherspoon. dans le « Financial Times » « avoir reçu une
Après avoir vu la première saison, Meryl Streep, qui refusait requête légale valide » et que la plateforme
tous les rôles pour le petit écran depuis sept ans, a insisté se « conforme à la législation locale ». Si elle
pour participer à la deuxième, dans laquelle elle incarnera, a déjà réalisé des coupes dans des films ou
tiens tiens, la belle-mère de Nicole-Céleste. Une façon, des séries pour s’adapter à la morale améri-
pour l’impératrice incontestée du cinéma, d’adouber la caine (comme avec « Girl », de Lukas Dhont),
seule qui aura l’étoffe pour lui succéder un jour ? A.G.A. c’est en revanche la première fois qu’elle
cède aux exigences d’un pays étranger. Un
précédent inquiétant. P.Di.
{data buzz}
40 %
matt crossick/abaca ; cara howe/netflix ; presse.
c’est la part de l’électricité issue d’énergies renouvelables dans

la production allemande en 2018. pour la première fois, elle a dépassé
celle des énergies fossiles, selon le très sérieux institut de recherche consacré oh key !
à l’énergie solaire fraunhofer ise. excellente nouvelle pour le ciel européen, Ce nounours décoiffant
longtemps enfumé par les usines à charbon ! déverrouille sacrément votre porte-
clés. Porte-clés « Thomas Bear »,
Burberry, 220 €.
19
ELLE info
11 JANvIER 2019
{ JustIcE } La Canadienne Emily S.
affirme avoir été violée
somBre affaire au par des policiers.
L’histoire a fait trembler la

mythique institution. Le procès se quai des orfÈVres qué une « relation sexuelle consentie »
et Antoine Q., après avoir nié tout
déroulera au 34, quai des Orfèvres, à LE PROCÈS DES POLICIERS ACCUSÉS rapport physique, a reconnu des
deux pas des lieux du crime supposé, DU vIOL D’UNE ÉTUDIANTE CANADIENNE « attouchements sexuels réci-
du 14 janvier au 1er février. Nicolas R. S’OUvRE. ENCORE UNE FOIS, proques ». L’avocate d’Antoine Q.,
et Antoine Q., policiers d’élite de la LA PAROLE DE LA vICTIME EST MISE EN DOUTE. Me Anne-Laure Compoint, dénonce
brigade de recherche et d’interven- « un travestissement de la réalité et
tion, comparaîtront pour « viol en réunion » au sein de la préfecture de une usurpation de la qualité de victime ». La personnalité d’Emily risque
police de Paris. Le 22 avril 2014, Emily S., Canadienne de 34 ans, d’être à nouveau passée au crible. La Canadienne n’a jamais caché
passe une soirée festive dans un pub irlandais, le Galway. Elle sympa- son mode de vie libéré. « Emily n’est pas une oie blanche, mais, plutôt
thise avec des policiers et les suit pour visiter leurs locaux, au fameux que d’essayer de comprendre comment ils ont pu violer son consente-
36, quai des Orfèvres. Elle en ressortira plus d’une heure après, en ment, on a recours à l’argument habituel : “Elle l’a bien cherché ”. J’es-
larmes, déclarant avoir été violée. Plusieurs agresseurs l’auraient pla- père que, cette fois-ci, nous allons évoluer », assure Me Obadia, qui
quée contre le bureau, avant de la pénétrer, protégés avec des pré- ajoute que sa cliente aborde ce procès la peur au ventre. Après la
servatifs. Un certificat médical signale des hématomes et une lésion tempête #MeToo, Me Compoint espère « que la justice saura se
gynécologique traumatique. Des traces d’ADN des deux policiers et départir d’un contexte. Nous sommes là pour considérer si les faits sont
d’un homme non identifié ont été retrouvées sur le string de la jeune établis ou pas ». L’avocate d’Emily attend une condamnation pour
femme. Pour son avocate, Me Sophie Obadia, il s’agit « d’une tour- briser le silence dans « une institution fermée et viriliste », et montrer aux
nante au quai des Orfèvres ». Au cours de l’enquête, Nicolas R. a évo- victimes qu’« il n’y a plus de bastion imprenable ». H.G.
{ BuzzomètRE }
l’AIR du tEmps EN coup dE vENt pAR cora delacroix
panoramic ; ellen von unWerth ; avalon.red/crystal pictures ; presse.

Kasia Wandycz/paris match/scoop ; gWendoline le goff/
#dryjanuary
1 2 3 4 5
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Tina Kunakey et « Guilty Pleasures ». #dryjanuary. Parce Christopher Bailey. Le 9Confidentiel.
Vincent Cassel. Parce Parce que les clichés de que ce concept Parce l’ex-directeur Parce que le boutique-
que les deux frenchies la photographe Ellen débarque d’Angleterre artistique de Burberry hôtel du Marais signé
les plus sexy du monde von Unwerth nous pour nous encourager à figure sur la liste Starck tombe à pic pour
attendent leur premier émoustillent à la librairie passer un mois sans une d’honneur d’Élisabeth II. un cosy tea time Art
enfant. Félicitations ! La Hune (Paris-6e). goutte d’alcool. Santé ! Un couronnement ! déco. Réconfortant !
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EN AVANT-PREMIÈRE
ELLE culture
11 janvieR 2019
little simz, la rappeuse prodige

originaire d’Islington, une banlieue du
nord-est de Londres, et soutenue à ses
débuts par Jay-Z ou Kendrick Lamar, a
déjà sorti quatre mixtapes, sept EP et
s’apprête à publier son troisième
album. Elle se penche déjà sur son
passé avec la nostalgie d’un vétéran
de la rime, dans son nouveau single,
« 101 FM », récit circonstancié et émou-
vant de ses premières fois musicales.
Son flow, posé sur un beat minimal, est
si rapide qu’on a l’impression d’attra-
per ses souvenirs au vol…
De son vrai nom Simbi Ajikawo, celle
qui s’est toujours considérée comme un
« mouton noir » (dit-elle sur son titre
« Backseat ») fut une enfant précoce
qui écrivait déjà des textes à 9 ans et
qui a commencé à se produire sur
scène à 11. Sa mère, nigériane, gagne
sa vie en accueillant chez elle des
pupilles anglais, placés par les
services sociaux, mais aussi de jeunes
réfugiés venus de Somalie, d’Érythrée
ou d’Albanie. C’est sa première
ouverture sur le monde, et une leçon
d’humilité qui forge sa personnalité.
« Tout le monde n’a pas l’amour d’une
famille, un toit, des repas tous les
jours », dira-t-elle. À 14 ans, Little Simz
ne se contente pas d’affûter son style
m u s iq u e
incisif au micro, elle passe aussi des
castings. La jeune actrice obtiendra
ainsi un rôle dans une série pour ado-
lescents de la BBC « Spirit Warriors »,
ou, trois ans plus tard, dans une autre
série, « Youngers ». Travailler sans
relâche, se remettre sans cesse en
question font partie des mantras de
la grande
cette bosseuse généreuse qui, sans se
réclamer du féminisme, a organisé en
2017 un festival de musique au nord de
Londres destiné à promouvoir les
« femmes talentueuses de couleur ».
little simz
À 24 ans, la Rappeuse se pose déjÀ en vétéRan
« Moi, ce que je veux, c’est sortir du
stéréotype de “la femme qui rappe”
auquel certains veulent me réduire,
déclare-t-elle. Je ne suis pas juste une
femme ou une rappeuse. Je suis une
personne et une artiste avant tout. »
jack bridgland presse
du hip-hop. poRtRait d’une viRtuose Little Simz : petite par le nom mais
grande par l’esprit ! n
pRête À dégaineR un tRoisième album. « 101 FM » (AGE : 101 Music/Awal
Recordings). En concert le 6 mai aux Nuits
paR florence trédez Botanique de Bruxelles.
E L L E .FR 23
ELLE culture
animation
gentleman cambrioleuse
au voleur ! Ou plutôt… à la voleuse ! La cambrioleuse kleptomaniaques, au nez et à la barbe d’Interpol. Bien équipée,
Carmen Sandiego, celle qu’on surnomme la « Femme en rouge » ou elle a un rouge à lèvres qui décrypte les codes de sécurité des
la « Duchesse de la ruse », se réincarne dans une série d’animation musées les mieux défendus. Elle a aussi la voix de Gina Rodriguez
(vingt épisodes) librement inspirée par « Where in the World Is Car- (de la série « Jane the Virgin ») tandis que son associé, connu sous
men Sandiego ? », ce jeu vidéo ludo-éducatif sorti en 1985. Une le nom de Player, a celle de Finn Wolfhard (« Stranger Things »), et
chose est sûre : la femme en rouge est une femme de goût. La que Miley Cyrus prête la sienne à Olivia Vixen Johnson, une ex-
preuve : voyez avec quelle classe cette tête à chapeaux porte le reine de beauté devenue techno-criminelle. Assez tergiversé !
fédora. Ajoutez à cela que Carmen Sandiego choisit la France, et Rejoignez le gang des super-voleuses ! p.s.
plus précisément Poitiers, cité médiévale, pour y exercer ses pulsions « CARMEN SANDIEGO », à partir du 18 janvier, Netflix.
docu
si c’est une femme

paR paul sigognac
C’est le portrait de feu d’une femme puissante, époustouflante. Disparue à 90 ans

en 2018, la cinéaste Marceline Loridan-Ivens nous revient sous sa belle tignasse carotte dans
un documentaire qui lui ressemble : « La Vie balagan de Marceline Loridan-Ivens », où cette
prod ciné ; vincent josse ; antonello montesi.
survivante, qui fut déportée en 1944 à Auschwitz-Birkenau, retrace son destin à la fois tragique
et superbement « balagan » (« bordélique » en hébreu), comme elle dit. Dans une archive, on la
découvre jeune femme aux allures d’héroïne de la nouvelle vague, mais jamais « à bout de
souffle » ; elle demande aux passants dans la rue : « Monsieur, s’il vous plaît, êtes-vous
heureux ? » Il faut voir l’air malicieux avec lequel elle se tourne vers sa complice de micro-
trottoir : « Il m’a répondu : qu’est-ce que ça peut vous foutre ? » Cette légèreté d’après guerre
donne encore plus de poignant à l’effroyable récit qui suit. Elle a 16 ans quand elle se retrouve
au camp d’internement de Drancy avec son père. Comme pour le consoler, elle lui dit : « Tu sais,
on travaillera dur là où on va, mais on se verra peut-être le dimanche, quand même. » Son père
lui répond : « Toi, tu es jeune, peut-être que tu reviendras, mais moi, je ne reviendrai pas… » n
Marceline Loridan-Ivens « LA VIE BALAGAN DE MARCELINE LORIDAN-IVENS », mercredi 16 janvier, 22 h 35, Arte.
24 E L L E .FR
11 janvieR 2019
série
la COur
du miracle
l’objet est une statue de la
Vierge en plastique, retrouvée au
domicile d’un mafieux calabrais. Poids :
2,3 kilogrammes. Particularité : cette
Vierge verse des larmes de sang. Neuf
litres par heure. Ce sang est un sang
humain masculin du groupe O. « C’est
quoi le truc ? » demande le Premier
ministre italien (Guido Caprino) quand
son chef de la sécurité intérieure lui buzz cinéma
la vie de palaCe
montre ce prodige, qu’il prend pour un
canular. Réponse : « Il n’y a pas de
truc. » Abandonnez tout espoir d’expli- paR thomas jean
quer l’inexplicable, vous qui entrez dans Cette jeunesse dorée-là brille de mille feux fantasques. Elle nous embringue dans
« Il Miracolo ». La trouble beauté de le Paris insouciant de la fin des 70s. Elle se trémousse jusqu’à plus soif, sur fond de disco, lors
cette miraculeuse série italienne en huit d’inénarrables bals costumés. Elle est filmée comme un rêve (parfois confus, toujours baroque)
épisodes (prix spécial du jury au festival par une Eva Ionesco qui connaît bien son sujet, elle, l’égérie des années Palace qui signe ici son
Séries Mania) ne réside pas dans son deuxième long-métrage. Sorte d’alter ego de la réalisatrice, voici Rose, 16 ans, mi-rebelle, mi-
aspect fantastique mais dans la façon pleurnicheuse, à qui la géniale Galatéa Bellugi – une baby-doll à suivre, déjà remarquée dans
dont le surnaturel modifie la conduite « L’Apparition », de Xavier Giannoli – prête toute sa fougue. Elle et son amoureux, Michel, incarné
des personnages qui s’en approchent. par Lukas Ionesco (fils de), vont se lier d’amour/amitié à un couple de grands bourgeois (Isabelle
Le Premier ministre, qui se bat pour que Huppert et Melvil Poupaud) aussi toxiques que magnétiques qui pourraient être leurs parents. Et
l’Italie reste dans l’Union européenne, il nous agace un peu, ce quatuor échangiste qui vit dans sa bulle de frivolités. Mais surtout il nous
ce fragile miracle. La Première dame, trouble, entre pipes à opium et batifolages dans la soie, tant il rebat les cartes du Tendre. On
qui le trompe sauvagement avec un assiste alors, à travers Rose, à une entrée fracassante dans l’âge adulte, et c’est bouleversant.
chanteur d’opéra. Sandra, la biologiste, « UNE JEUNESSE DORÉE », d’Eva Ionesco, avec aussi Alain-Fabien Delon, Hugo Dillon, Manal Issa (1 h 52).
qui, malgré son esprit scientifique, ne En salle le 16 janvier.
résiste pas à la tentation de faire boire
du sang de la Vierge, amie prodigieuse,
à sa mère mourante. Marcello, prêtre drame
dévoyé par l’alcool, les films pornos et
le jeu, qui attend un signe de Dieu. Pré-
cisons pour finir que, dans cette envoû-
rage D’aDO
paR franÇoise delBecQ
tante série, un miracle peut en cacher un
autre. Non, ce n’est pas une défaillance les ados avec des problèmes d’ad-
de votre téléviseur… Dans « Il Mira- diction sont une source d’inspiration pour
colo », la Vierge prend parfois l’appa- les scénaristes de Hollywood. En ce début
rence de Monica Bellucci. p.s. d’année, deux films traitent du même sujet :
« IL MIRACOLO », en replay sur Arte.tv « Ben is Back », de Peter Hedges, et « My Julia Roberts et
Beautiful Boy », de Felix Van Groeningen. Lucas Hedges.
Dans les deux cas, les parents décuplent leurs
efforts pour venir en aide à leur teen-ager fragilisé par la consommation de stupéfiants ou la
tentative d’en sortir. Ainsi, dans « Ben is Back », Ben Burns, 19 ans, revient-il à la maison. Il a reçu
l’autorisation du centre de désintoxication pour passer les fêtes en famille. Sa mère, tout d’abord
heureuse de le revoir, se méfie. Elle sait de quoi son fils est capable lorsqu’il replonge dans la
drogue. S’il souhaite rester, elle lui fait promettre de ne pas s’éloigner d’elle. Évidemment, rien
ne se passe comme prévu. Un scénario pas très original, mais porté par le jeu subtil de Julia
Roberts, exceptionnelle dans ce rôle de mère dont l’amour est mis à rude épreuve, et par un
Lucas Hedges – déjà vu dans « Manchester by the Sea », de Kenneth Lonergan, dans un rôle
qui lui valut une nomination à l’oscar – parfait ici en menteur et manipulateur. On se laisse plus
que séduire : on devient accros nous aussi. n
Guido Caprino « BEN IS BACK », de Peter Hedges, avec aussi Courtney B. Vance, Kathryn Newton, Mia Fowler (1 h 38).
En salle le 16 janvier.
E L L E .FR 25
ELLE culture
11 janvieR 2019
1
péRieR, C’est fOu

p h ot o 3
paR soline delos

« exposer ses photos est un grand privilège, mais les raisons peuvent être 4
multiples, l’ego, l’envie de renommée, la reconnaissance de ses pairs… moi je n’en ai
qu’une : faire plaisir aux gens », confesse Jean-Marie Périer à propos de son exposi-
tion XXL. But atteint à la Grande Arche de la Défense, où le photographe expose trois
cents images jubilatoires – dont un tiers inédites – qui nous replongent illico dans le
monde de la musique qu’il immortalise dans les années 1960 pour « Salut les
copains », et dans celui de la mode des années 1990, photographié pour ELLE.
Johnny et Sylvie en chevalier et princesse, Antoine trônant sur les Champs-Élysées,
Françoise Hardy emprisonnée dans un œuf avec Salvador Dali, Mick Jagger teen-
1. Françoise Hardy,
ager, Dutronc sur les genoux de Deneuve, Yves Saint Laurent dans l’entrebâillement années 1960.
du rideau rouge, Jean Paul Gaultier version Jean-Paul II, Kenzo perché sur un éléphant 2. Yves saint
ou encore Versace en maître du monde… Mises en scène en toute liberté, les deux laurent en 1995.
époques défilent dans l’allégresse, l’insouciance et l’insolence. Bref, toute la musique 3. « pâquerettes »,
– et la mode – que l’on aime et, face à ces clichés cultes, un plaisir intact. années 1960.
« JEAN-MARIE PÉRIER, SOUVENIRS D’AVENIR », du 15 janvier au 3 mars, Espace culturel du toit 4. « mick jagger
de la Grande Arche, La Défense (92). Et « FLASHBACK », 28 janvier, Théâtre du Rond-Point, à la pomme », 1966.
Paris-8e, où Jean-Marie Périer commentera ses images à 20 heures.
fille À suiVre
l’aura De luÀna
À 17 ans, cette comédienne impRessionne en ado inquiétante, Face À lauRent
laFitte, dans le thRilleR « l’heuRe de la soRtie ». RencontRe. paR julia dion
C’est son premier rôle au cinéma. Pourtant, du haut de ses 17 ans, Luàna Bajrami est bluffante dans
le rôle d’Apolline, chef de bande de collégiens surdoués et flippants face à un professeur déboussolé
(Laurent Lafitte, impeccable) : « Pour me préparer, Sébastien [Marnier, le réalisateur] m’a interrogée sur
mes peurs par rapport aux attentats, au danger climatique… Ma génération est assaillie d’images crues
de la réalité. Le film parle de cette lucidité précoce poussée à son paroxysme. » D’où lui est venue son
envie de jouer ? « J’adorais mes cours de théâtre, interpréter “La Tempête“, de Shakespeare, quel kif ! »
Dès 10 ans, elle jouait pour la télévision tout en continuant les cours de théâtre en parallèle de ses études.
Des études que cette fan de Xavier Dolan et de Marion Cotillard a mises entre parenthèses pour la bonne
cause : elle donne la réplique à Catherine Deneuve dans le prochain Cédric Kahn et a tourné un film
d’époque signé Céline Sciamma au côté d’Adèle Haenel. Demain lui appartient. n
presse
« L’HEURE DE LA SORTIE », de Sébastien Marnier, avec aussi Emmanuelle Bercot, Pascal Greggory (1 h 43).
26 E L L E .FR
Gallimard
présente
ELENA
FERRANTE
Le premier roman bouleversant L’autoportrait tant attendu,

d’une romancière véritable immersion au cœur
mondialement reconnue. des secrets de la création.
« Une entreprise littéraire sans égal. »

Olivia de Lamberterie, Elle
« Son choix de l’anonymat est en lui-même un plaidoyer pour la littérature. »

Marie-Laure Delorme, Le Journal du Dimanche
« Le mystère entourant son identité a fait d’elle un écrivain culte. »

Michel Schneider, Le Point
Du monde entier
gallimard.fr I facebook.com/gallimard
ELLE livreS
11 janvier 2019
léonor de récondo
légende Les pères sont Les héros
de La rentrée d’hiver.
Comment Les éCrivains
Les raContent-iLs ?
quatre variations sur
Le même thème.
1
par Jeanne de Ménibus
On aime, chez Léonor de Récondo,

sa manière audacieuse de bousculer
ses personnages dans leurs fondements
pour mettre au jour leur nature profonde.
Délaissant la fiction, voici qu’elle s’attelle à
un exercice de mise à nu autrement plus
intime et courageux : retracer la dernière
nuit de son père. Quand la jeune femme,
accompagnée de sa mère, entre dans sa
chambre d’hôpital en ce soir de printemps,
elle sait qu’elle en sortira orpheline. Si la
mort prend toujours au dépourvu, on a par-
fois la chance, trop rare, de l’apprivoiser.
Mais quoi de plus douloureux, quoi de plus
ardu que de mettre des mots sur ces
moments tremblés où l’on calque son souffle
sur celui, de plus en plus ténu, de plus en plus
espacé, de l’homme à qui l’on doit d’être au
monde ? Félix dort. Son esprit, déjà, s’est
échappé, sans doute vers sa jeunesse entre
l’Espagne et le Pays basque, puis dans l’ate-
lier italien où il délaissa un jour ses outils de
sculpteur pour ceux de luthier, afin de don-
ner forme à un violon conçu pour sa musi-
cienne de fille. En contrepoint de l’attente,
l’écrivaine lui prête voix et livre des éclats
de sa vie, comme une tentative d’en saisir
l’essence et de lui rendre hommage. Et tan-
dis que leurs partitions s’entrelacent se
découvre tout ce qu’ils ont en partage : un
rapport sensoriel au monde, réchappé de
l’enfance, le goût de l’art, qui sublime l’expé-
au nom
rience humaine, et le besoin de créer pour
ouvrir aux autres son lieu à soi. Léonor de
Récondo a su transfigurer le déchirement en
communion des êtres dans
philippe matsas/leemage ; presse.
un récit intense et lumineux

où résonne cette belle épi- `
LEONOR
`
DE RECONDO
des pèRes
taphe : « On meurt, c’est
MANIFESTO
tout, et on agrandit l’âme de
ceux qui nous aiment. » n
« Manifesto »,
de Léonor de Récondo (sabine
Wespieser, 179 p.).
28 E L L E .Fr
ELLE livreS
11 janvier 2019
premier roman
3
pÈRe à LieR
Une photographie montre les
reliefs d’un dernier repas sur une
nappe froissée, et c’est le motif d’un
roman qui apparaît. Samuel Poisson-
Quinton a toujours, dans « Un père à la
plancha », une raison d’introduire un
lapin, un chevreuil ou une simple bette-
rave dans le champ de la narration.
Lorsque le jeune homme apprend par un
coup de téléphone la mort de son géni-
teur, il est en train de retourner des steaks
au Palais des Burgers. Incapable de trou-
ver les mots pour informer ses collègues
de l’événement, il s’efforce
de continuer son travail en
cuisine… Ces mots, lorsqu’il
erwan desplanques
les rassemble, dressent le
double portrait d’un fils et
suivez ce jeune homme
american daddy
de son père, racontent la
relation compliquée avec
une personne qui s’éloigne
du réel. La solitude, la folie,
par Hélèna VilloVitcH un certain humour aussi composent un per-
sonnage de psychiatre, qui, lorsqu’il finit
L’excentricité tient parfois à un détail. ici, le père du narrateur est fou des par être interné pour de longues années,
États-Unis. Cette passion pour un pays, une histoire, un mode de vie, une attitude, aussi, déclare à son fils : « Oh, tu sais, en tant que
2
constitue la vitrine d’une maisonnée atypique. Au moment où l’auteur, trentenaire parisien médecin, c’est très intéressant de se retrou-
surbooké, apprend qu’il va bientôt être papa, son géniteur lui annonce qu’il est atteint d’un ver de l’autre côté ! » Avant quoi il aura eu
cancer. Dès lors, une fébrilité à organiser sa vie, sa carrière et ses souvenirs s’empare de lui. le temps, entre autres exploits culinaires,
Depuis toujours, son père, mais aussi sa mère, son frère et lui-même semblent s’inventer des d’adresser un millefeuille empoisonné au
rôles sur mesure pour mieux jouer la comédie familiale. « Mon père voulait être un héros Président Sarkozy et de verser du cyanure
américain. Nous n’avions jamais tenté de le dissuader », écrit Erwan Desplanques. Il est dans le potage destiné aux convives (qui
amusant de faire la connaissance de ce personnage qui arbore les chaussettes officielles en sortiront tous indemnes !) venus chez lui
de la Maison-Blanche, collectionne les armes à feu et parade au volant d’une Dodge ou assister à une projection du « Roman d’un
d’une Jeep… dans les rues de Reims ! Car l’Amérique n’est qu’un rêve, mais partagé de bonne tricheur », de Sacha Guitry. Incisif et tou-
grâce par toute la famille. Modernes et un rien décadents, le père et la mère ont des maî- chant, ce premier roman est une très belle
tresses et des amants, divorcent et se réconcilient comme Liz Taylor et Richard Burton. Nous entrée en littérature. H.V.
sommes les spectateurs d’une comédie made in USA, quel cinéma ! « un pÈRe à La pLancha », de samuel
« L’aMéRique deRRiÈRe Moi », d’erwan desplanques (L’olivier, 172 p.). poisson-quinton (L’arbalète, Gallimard, 118 p.).
premier roman
GÉnÉajOLie
4
patrice lenormand/leextra via leeemage ; presse.
par oliVia de laMberterie

« Ton père n’est pas ton père. » La phrase tombe comme un couperet séparant à
jamais la vie d’avant, celle de l’innocence, de la vie d’après, celle des questions sans fond. Le
12 octobre 1984, Thomas a 14 ans quand sa mère lui assène la nouvelle et qu’il découvre que son existence
est encore plus compliquée que « La Guerre des étoiles ». Son géniteur ? Sa mère n’a jamais su son nom.
« Ça ne change rien de toute façon. » Un peu court pour un garçon qui ne saurait vieillir en fils de personne
et qui partira donc en quête d’un certain K, initiale trouvée sur une carte postale. Quand on est né en 1970,
forcément l’histoire s’invite dans les généalogies. Si le Cambodge joue ici un rôle déterminant, c’est un
premier roman de sentiments que signe Philippe Beyvin, sans effet de manche mais au charme fou et
amoureux, le beau livre d’un cœur recousu. n
« Les photos d’un pÈRe », de philippe Beyvin (Grasset, 220 p.).
30 E L L E .Fr
11 janvier 2019
Kaspar colling nielsen
révélation
Le HoueLLebecq
danOis !
par MarGuerite bauX
L’accroche est racoleuse, mais, malgré son physique de
Viking et ses yeux de husky, le Danois Kaspar Colling Nielsen
entretient en effet quelques affinités avec notre Michel national. Situé
dans un futur affreusement proche, « Les Outrages » envisage l’avenir
des bons sentiments, mais, au lieu des cadres moyens et des parkings,
il vise les hipsters et leurs potagers bio. Au centre du roman, il y a Stig,
ancien punk, galeriste d’art contemporain, marié à une experte en
intelligence artificielle. Lorsqu’elle est invitée par un grand laboratoire
à vivre sur l’île de Lolland, privatisée et transformée en paradis écolo,
le couple y voit l’occasion d’éloigner leur fille, Emma, de la violence
de la ville, quadrillée par des barrages anti-migrants. Quant au gros
Christian, l’artiste vedette de Stig, il est en pleine idylle avec une jeune
fille étrange, mais sexuellement très disponible. Libido marchande,
apartheid mondial, élite écolo, cynisme du progrès : les thèmes se
bousculent dans ce page-turner truculent et mélancolique, qu’on
dirait écrit par toute une équipe de petits génies des séries télé. Il
faudrait encore évoquer, sans trop en dire, les per-
sonnages d’animaux, géniaux, qui ajoutent une note
de fable. La dénonciation est plus évidente que chez
Houellebecq, le plaisir plus immédiat, mais l’esthé-
tique aussi singulière – comme cette montagne de
Lolland, paysage artificiel qui provoque pourtant de
isak hoffmeyer ; presse.
très sincères rêveries chez le promeneur, et le lecteur

du livre. Le romantisme est un mensonge, mais l’émo-
tion est vraie.
« Les outRaGes », de Kaspar colling nielsen,
traduit du danois par alex fouillet (calmann-Lévy, 407 p.).
E L L E .Fr
ELLE livreS
confirmation
L’iRLandaise qui monte

par Pascale Frey
il y a cinq ans, Michèle Forbes, après avoir longtemps brûlé les planches
des scènes irlandaises, se lançait dans la littérature avec « Phalène fantôme »,
une merveille. Le genre de texte dont on a envie de souligner chaque phrase ou presque.
Le deuxième livre représente un passage difficile dans une carrière d’écrivain. Obstacle
franchi brillamment avec ce nouveau roman, dont l’écriture imagée et ciselée se met au
service d’une descente aux enfers heureusement illuminée d’éclats de vie et même d’éclats
de rire. « J’ai toujours été fascinée par le monde du music-hall, souvent extravagant et peuplé
de gens hors norme », se souvient la romancière, qui imagine un couple d’artistes : Oliver
est illusionniste, Edith pianiste. « Au début du XXe siècle, l’univers du spectacle se trouve en
pleine mutation. Le cinéma fait son apparition et captive un public qui déserte alors les autres
productions. » Oliver sacrifie tout à la passion de son métier, qui va le détruire petit à petit.
Comment lutter contre des salles qui se vident et des imprésarios qui bradent son travail ?
L’illusionniste perd peu à peu ses illusions. Ce récit est né d’une scène inoubliable, boulever-
sante, que l’on vous laissera découvrir. « J’ignore comment j’en suis arrivée là, mais je l’ai
visualisée. Je n’étais pas certaine de savoir où elle allait m’emmener, mais, comme je suis
aussi comédienne, je n’ai pas peur de la dramatisation. » Dès les premières pages, il est clair
que l’histoire ne se terminera pas très bien, « pour me débarrasser d’emblée du suspense ».
Le lecteur a, dès lors, l’esprit libre pour se concentrer sur la richesse du style, la montée de
la tension dramatique et les personnages pleins de douleur et de passion. n
« edith & oLiveR », de Michèle forbes, traduit de l’anglais par anouk neuhoff (quai voltaire, 435 p.)
et aussi : « phalène fantôme » (La petite vermillon, La table Ronde.)
1/2 pub deMi LaRG

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Avec les Trophées ellesdeFrance, la Région
est fière de mettre en lumière les femmes
franciliennes engagées en Île-de-France.
Particulièrement investie dans l’égalité
hommes-femmes, la Région, toujours
aux côtés des femmes franciliennes, les
© Valérie Archeno
soutient au quotidien dans leurs projets.
Diaryatou Bah, Prix du courage

Ghada Hatem-Gantzer, Prix Simone Veil
iledefrance.fr/ellesdefrance2018
ELLE livres
11 JANVIER 2019
ELLE. « Maryland », la maison où vous
avez grandi, était-ce un enfer ?
A.d. C’était surtout une maison totalement
délabrée dans la Beauce, au milieu des
champs de betteraves. Sans aucun confort,
perpétuellement en travaux. On y habitait,
mon frère, mes sœurs et moi, avec notre mère
et des enfants de la Ddass, parfois plus de
vingt en même temps. Ma mère ne vivait que
des allocations que l’Êtat lui versait pour les
accueillir. Donc, plus il y avait d’enfants, plus
elle avait d’argent… Ma sœur aînée s’occu-
pait de tout. Nous étions totalement livrés à
nous-mêmes, mais nous étions une fratrie unie.
ELLE. On découvre que vous avez tou-

jours voulu être une actrice…
A.d. Oui, je l’avais annoncé à mon père à
l’âge de 6 ans. Il m’avait répondu : « Passe
ton bac d’abord » – un grand classique.
J’avais donc un but, ce fichu bac, et, après,
vive la liberté. Lorsque je l’ai décroché avec
mention, il m’a dit que, avec un 16 en philo,
on fait des études et on change le monde. Je
lui ai alors écrit une lettre pour lui faire part
de mes doutes et de mes interrogations.
w
rvie
Qu’il m’a renvoyée entièrement raturée,
inte Audrey dana
avec en conclusion : « Et si l’art de vivre était
l’art d’écrire ? Médite cela, ma fille. » Je lui
Sacrée famille
ai répondu, sans une faute d’orthographe :
« Et si l’art de vivre était celui d’élever ses
enfants ? Médite ça, papa. » On ne s’est pas
vus pendant deux ans !
PAR Nathalie Dupuis ELLE. Finalement, qu’est-ce que votre mère

vous a transmis ?
On connaissait l’actrice à l’aise dans ELLE. En quoi était-ce plus simple à ce
A.d. Elle m’a appris à n’avoir peur de rien,
tous les registres, la réalisatrice à succès, moment-là de raconter votre histoire ?
car elle ne s’inquiétait jamais pour nous.
on découvre l’écrivaine. Dans son premier A.d. Il fallait que je sois en paix pour l’écrire.
Grâce à elle, je n’ai jamais envisagé le
roman, « Fa(m)ille », Audrey Dana raconte Que j’aie pris de la distance. Que je sois
monde comme quelque chose de dange-
une enfance pas comme les autres, entre un bienveillante et reconnaissante. Certes, j’ai
reux. Et le théâtre permanent qu’était notre
père génial mais absent et une mère laxiste eu une enfance haute en couleur que je ne
maison a sûrement nourri mon imaginaire.
et distante. De ses souvenirs, elle tire un récit souhaite à personne. Mais c’est ce parcours
sensible, poignant, jamais larmoyant. La qui a fait de moi la femme que je suis
ELLE. Et votre père, cet as des cartes, qui
sacrée histoire, qui se lit le cœur serré, d’une aujourd’hui.
a longtemps travaillé à ELLE ?
petite fille sans (re)père(s), devenue une
A.d. Mon père est mort il y a plus de quinze
femme talentueuse et singulière. ELLE. Quand avez-vous pris conscience du
ans. Mais il est là à travers tout ce qu’il m’a
caractère hors norme de votre enfance ?
laissé comme empreintes et
ELLE. Quelle est la genèse de ce livre ? A.d. Lorsque je suis moi-même devenue
comme cicatrices. Il ne nous a
AudrEy dAnA. Je voulais faire de cette mère, à 21 ans. Avant, mon monde était celui
pas élevés, mais il aimait ses
histoire mon premier film. J’avais écrit un scé- que l’on m’avait donné à voir. Même si
enfants. Infiniment. Et je pense
B. decoin/starface ; presse.
nario, mais ceux qui l’ont lu étaient trop retour- j’avais souvent la sensation de vivre en enfer,
que l’on peut se remettre de
nés par sa teneur un peu glauque ! Je suis et même si je ne rêvais que d’une maman qui
tout, du moment que l’on a
donc partie sur autre chose… L’an dernier, j’ai m’aime et me protège, j’ai longtemps cru que
reçu de l’amour. n
monté mon spectacle « Indociles », qui racon- les papas ne s’occupaient pas de leurs « FA(M)iLLE », d’Audrey
tait des bribes de mon enfance. Des éditrices enfants et qu’il était normal que ma mère dana (Les Èquateurs, 220 p.)
sont venues le voir et m’ont poussée à écrire. passe ses journées au lit. En librairie le 16 janvier.
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11 janvier 2019
LA GAZETTE FASHION
Tendances, griFFes, bouTiques, siTes, inFos… chaque semaine,
on vous dÉvoile le meilleur de la mode.
par sophie gachet
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dont tout
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le commerce a
la Fille sTylÉe
de la semaine
alors que le ToTal-look
enregisTrÉ un
le monde parle… recul moyen de
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blunT (en michael kors
les « MAureeN » 25 % de son collecTion) a la bonne idÉe
de malone chiFFre d’aFFaires de mÉlanger les TarTans.
sur un an dans des Tons Très Écossais.
en raison des
maniFesTaTions
des gileTs jaunes.
Source : secrétariat d’Ètat
à l’Économie.
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un bel été et annonce une augmentation de ses ventes auprès des
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1
Source : Harris Interactive/Zooms
soin palace
de l’Observatoire Cetelem,
novembre 2018.
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11 janvier 2019
ELLE mag / interview
Karine Le MarchanD
« J’ai envie d’absolu »
elle est belle comme une top et naturelle comme une paysanne.
la présentatrice de « l’amour est dans le pré »
déFend Farouchement sa liberté et celle des autres.
par ÉDouarD Dutour et Marion ruggieri photographe Jean-franÇois robert
« Je suis toutes les femmes », chantait Dalida… Karine ELLE. d’où vous vient cette disposition pour la confession ?
Le Marchand pourrait s’en enorgueillir ! Tant cette grande saute- K.L.m. Je me reconnais dans ceux que j’interviewe, peu importe leur
relle cumule des qualités plus ou moins contradictoires sans don- milieu social. Quand je regarde « L’amour est dans le pré », je me
ner l’impression de vouloir brouiller les pistes. Dans les cam- retrouve dans la maladresse de ceux qui tentent de séduire. J’ai
pagnes qu’elle arpente pour « L’amour est dans le pré »*, on connu ces moments où tu crois à un nouveau bonheur alors que tu es
appelle ça « une nature ». En vrac : reine de M6 où elle alterne en train de choisir la mauvaise personne, ces périodes de doutes qui
confessions rurales et politiques, garçon manqué et physique de créent des angoisses...
top-modèle, scandaleuse à l’occasion et célibataire assumée,
gilet jaune et résidente du 16 e, #MeToo mais volontiers coquine ELLE. aujourd’hui, qui auriez-vous envie de recevoir sur le
aux « Grosses Têtes », très sympathique et réputée emmerdeuse... canapé d’« Une ambition intime » ?
Mais qui êtes-vous, mademoiselle Le Marchand ? Interview aux K.L.m. J’aimerais beaucoup entendre Brigitte Macron ! Édouard
ambitions intimes. Philippe aussi. Et échanger avec le président, en dehors de ses prises
de parole officielles. On l’entend souvent, mais jamais face à
ELLE. En décembre, vous avez dit comprendre la colère des quelqu’un qui lui poserait des questions toutes simples. Je voudrais
gilets jaunes, la détresse des agriculteurs, l’isolement des mères percer sa carapace, obtenir une parole d’homme. Je voudrais qu’il
célibataires... Vous vous lancez en politique ? parle de l’image qu’il renvoie, essayer de comprendre pourquoi il
KarinE LE marchand. Non, pas du tout ! Je ne suis porte-parole n’est pas toujours entendu. Emmanuel Macron n’est pas quelqu’un
de personne, je craindrais trop d’être instrumentalisée et il aurait été qui exprime facilement ses émotions. Pour en avoir parlé avec sa
indécent de porter un gilet jaune avec ce que je gagne. Mais je per- femme au téléphone (nous évoquions son éventuelle participation à
çois la souffrance de ceux « qui ne sont rien », comme le président de l’émission avant la présidentielle), il n’est pas très à l’aise avec
la République l’a maladroitement dit. Bien sûr, il y a des probléma- l’intime. Il cloisonne énormément. Il y a sûrement un monde entre ce
tiques économiques, mais on sent aussi que les gens ont besoin d’être qu’il montre de lui aux Français et la manière dont il se comporte avec
considérés, de retrouver l’estime d’eux-mêmes. On vit dans une ses petits-enfants, par exemple.
époque basée sur la performance en oubliant que chacun a besoin
de savoir qu’il vaut quelque chose. Humainement. Qu’il a de la ELLE. Et vous, vous êtes-vous déjà allongée sur un divan ?
(Chemise BarBara Bui, Jupe alexandre Vauthier, sandales Zuhair murad.)
valeur. On ne se le dit plus nulle part, même en couple ! K.L.m. J’ai fait une psychothérapie, de la EMDR (« Eye Movement
Desensitization and Reprocessing »), j’adore tester plein de trucs !
ELLE. Votre ambition, c’est donc l’intimité, pour se référer au Aujourd’hui, je pratique surtout l’hypnose grâce à laquelle j’ai
thème d’une de vos émissions ? soigné mon addiction au chocolat et au Coca. Je m’affamais pour
K.L.m. Je dirais plutôt que je cherche à montrer une vérité, au-delà pouvoir manger des tonnes de chocolat sans grossir. C’était
des caricatures. Par exemple, les paysans ne sont pas forcément des ridicule ! Je continue à voir un thérapeute comportementaliste deux
gens qui s’expriment mal avec un fort accent ! Dans la dernière saison fois par mois qui m’aide à avoir de bonnes relations avec mes
de « L’amour est dans le pré », il y avait un agriculteur gay : pour la équipes ou avec ma fille. J’avais en moi une colère et une peur de
première fois en prime time à la télévision – et j’en suis fière –, on ne l’abandon... Mon père est parti quand j’étais très jeune. Mais je
parlait pas de sa sexualité mais uniquement du fait qu’il cherchait n’ai pas du tout eu une enfance difficile, au contraire. J’ai toujours
l’amour au même titre que les autres candidats. Il marchait sur la eu cette propension à prendre la vie du bon côté. J’ai grandi à
plage, main dans la main avec un garçon, c’était beau... Je crois aux Nancy, avec ma sœur et ma mère, et une grand-mère que
vertus de la banalisation. Peut-être parce que je suis métisse et que je j’adorais. Je n’ai pas manqué d’amour, j’ai bénéficié de regards
milite pour l’indifférence. Je pense que dans mon travail, ma couleur bienveillants, féminins. Celui d’un père protecteur m’a manqué,
de peau n’est plus une question ni un sujet. Personne n’allume plus sa alors je suis devenu mon propre père. Avec le temps, je sais que je
télé en se disant : « Elle est noire, Karine Le Marchand ! » peux compter sur moi.
E L L E .Fr 41
photos Jean-franÇois roBert. Veste « resolute BlaCk » BlaZé, pantalon BarBara Bui, esCarpins «i loVe » roger ViVier.)
11 janvier 2019
ELLE. Quel genre de rapport cela induit avec les hommes ? ELLE. comment avez-vous perçu #meToo, vous qui avez porté
K.L.m. Je n’ai pas eu un père pour me défendre ou me dire que j’étais plainte pour violences conjugales en 2013 contre Lilian Thuram ?
jolie, que j’étais sa princesse... Du coup, je suis un vrai garçon man- K.L.m. J’ai porté plainte pour montrer à ma fille qu’aucun homme,
qué ! Avec une vision assez classique de ce que doit être un homme : aussi connu soit-il, ne peut avoir ce genre de comportement. Finale-
Charles Ingalls ! Un type rassurant mais qui accepte aussi une véri- ment, comme il s’est excusé devant elle, j’ai retiré ma plainte tout en
table égalité au sein du couple. Autant dire que ce n’est pas facile à maintenant que les faits avaient bien eu lieu... Quant à #MeToo, en
trouver. Être seule ne me pose aucun problème, mais je ne sais pas tant que mère, je trouve ça formidable de penser que si votre fille subit
aimer à moitié. Quand j’aime, je donne tout, mais si on me trahit, je une violence, elle osera en parler. #MeToo nous a fait prendre
reprends tout. J’ai une idée assez exaltée de l’amour, pas toujours conscience que les choses peuvent changer, qu’on a le droit de
compatible avec la vie de couple. dénoncer ces comportements et qu’il faut des sanctions. Après, je
participe aux « Grosses Têtes », j’ai un humour assez « cul »... Dieu
ELLE. aujourd’hui, vous êtes amoureuse ? merci, en France, une émission aussi politiquement incorrecte dans
K.L.m. Non, je suis seule et heureuse. Je suis mère célibataire, ma laquelle Laurent Baffie me parle de fellation en insinuant que je suis
fille a 16 ans, je n’ai aucune envie de lui imposer un homme à la une fille facile peut encore exister ! Ça n’a rien à voir avec le regard
maison et d’éventuelles séparations. C’est toujours douloureux... que certains dégueulasses posent sur vous comme sur un morceau
Elle a grandi loin de son père, puis elle a vécu avec un beau-père, de steak. Le respect est une question d’attitude plus que de mots.
Lilian Thuram, pendant huit ans,
photos Jean-françois roBert. assistante stylisme èVe maeno. maquillage CoCo oliVaud. Coiffure katia giorgi. (Veste et pantalon ermanno sCerVino, t-shirt maJestiC filature.)
jusqu’à notre séparation brutale ELLE. Votre liberté de ton, on
rai
Je suis un v
en 2013. Je préfère désormais vous l’a parfois fait payer ?
notre cocon de filles, stable, K.L.m. Ah oui ! Je suis célibataire,
avec notre chat ! En tout cas,
a r ç o n M an qu É ! je suis une femme libre, j’ose dire
g
ion assez
jusqu’à ce qu’elle passe son non, j’ai de l’ambition, je cherche
bac... C’est ma responsabilité
ave c u n e v is une sexualité épanouie, j’ai envie
de la conduire vers elle-même,
u e De c e q ue Doit d’absolu... ça peut déranger ou
vers sa féminité, et même si c’est
cLassiq Me :
alimenter le cirque médiatique.
être un hoM !
un peu sacrificiel, je ne veux pas Mais j’ai 50 ans, j’ai travaillé dur
l’abandonner pour un homme. depuis mes 17 ans, je gagne bien
aLLs
charLes ing
Nous avons transformé ce qui ma vie : j’assume ! Enfant, j’ai vu
pourrait être douloureux en un a r c h a n d ma mère compter même pour une
délice. À Noël, on est parties en karin e le m baguette, alors je profite d’un cer-
vacances toutes les deux, on a tain confort et j’ai arrêté de me
dormi ensemble... Elle est adolescente, normalement chiante je dire que c’était trop beau pour moi. Mais je ne peux pas être proche
dirais. [Rires.] J’en profite avant qu’elle ne quitte la maison. de quelqu’un qui considère l’argent comme une valeur primordiale.
ELLE. comment gérez-vous votre notoriété ? ELLE. En parlant de vos 50 ans, vous ne les faites vraiment pas !
K.L.m. Je vis en permanence avec une forme de myopie. Je suis dans K.L.m. Je trouve que c’est un âge où ce que l’on a vécu se voit. Si vous
une bulle, avec un champ visuel restreint, je ne vois plus le fait que les êtes malheureuse, aigrie, frustrée, si vous avez une mauvaise hygiène
gens se retournent sur moi. Pour ma fille, c’est plus difficile, surtout de vie, si vous vivez avec quelqu’un que vous n’aimez pas, si vous êtes
qu’elle vivait avec un beau-père champion du monde de foot. À jalouse des autres... cela finit par se voir ! Bon, je dois aussi dire que
5 ans, elle m’a dit qu’elle en avait marre que je ne sois plus à elle. j’ai eu recours à la chirurgie esthétique, je l’assume parfaitement, je
Depuis ce jour, je refuse toute photo ou tout autographe quand je suis n’aime pas qu’on culpabilise les femmes sur ce sujet. Sinon, je dois
avec ma fille. Je n’ai jamais dérogé à la règle, je l’explique aux gens avoir une bonne génétique, j’ai arrêté de fumer à 39 ans, je me suis
et ils le comprennent, même si ça leur est parfois désagréable. mise au sport, et quand je sens que j’abuse un peu du rosé, je passe
Aujourd’hui, il lui arrive de plaisanter avec ça : « Ça va, j’ai 16 ans, en mode détox. Mon plaisir, chaque 1er janvier, c’est d’aller courir, qu’il
elle était quand même gentille, cette dame ! » Si on la montre dans pleuve ou qu’il vente, pendant que tout le monde a la gueule de bois !
la presse, j’attaque systématiquement, à tel point qu’elle m’a dit : « J’ai
parfois l’impression d’être cachée comme le deuxième fils de ELLE. À ce sujet, que vous souhaiter pour la nouvelle année ?
Claude François ! » K.L.m. L’an passé, on m’a détecté une tumeur à l’utérus et j’ai dû subir
une hystérectomie. J’ai eu peur d’avoir un cancer, de mourir, heureu-
ELLE. il vous arrive tout de même d’exposer votre vie amoureuse sement tout s’est bien passé. Aujourd’hui, j’ai la vie devant moi. Le fait
sur les réseaux sociaux. avec JoeyStarr, récemment... de ne plus avoir d’utérus, l’effroi que ça a suscité autour de moi m’a
K.L.m. Je l’ai rencontré dans un cadre professionnel et il a posté une poussée à me poser des questions sur le vrai sens de la féminité : ne
photo de nous deux. Plus tard, il a posté une photo de moi en train de plus pouvoir enfanter n’a rien à voir avec le plaisir sexuel, le plaisir de
dormir. J’ai fait la même chose deux mois plus tard... Mais ce n’était vivre et de se sentir femme. Pour 2019, je souhaite à toutes les filles
pas de l’exposition, je ne me suis pas exprimée, je n’ai ni confirmé ni d’oser davantage sans culpabiliser. n
démenti quoi que ce soit. Et vous savez, des photos intimes avec * Les portraits des agriculteurs de la nouvelle saison de « L’amour est dans le pré »
Stéphane Plaza, mon meilleur ami, j’en ai posté des dizaines ! seront diffusés à la fin du mois sur m6.
44 E L L E .Fr
Leticia, Carla,
Jennifer et Alisson,
dans la cour du lycée
00 xxxx 2019
Thomas Riley,
à Los Angeles,
le 14 décembre 2018.
reportaGe à loS aNGeleS
LE LYCéE qui sauvE LEs

teeN MoMS
À Los AngeLes, dAns Le Il est 12 h 30 lorsque retentit la sonnerie du lycée
Thomas Riley, à Watts, dans le sud de Los Angeles. Dans
quARtieR déshéRité de WAtts, la salle de classe, les élèves, une petite vingtaine, uniquement des
filles, rangent trousses et cahiers dans leur sac à dos, se lèvent, et vont
LA thomAs RiLey high saluer leur professeure d’anglais, d’histoire-géo et d’études sociales,
Mrs Minton, avec une cordialité qui ne laisse aucun doute sur sa
schooL AccueiLLe popularité. « Passez de joyeuses fêtes, mes chères ! On se voit à la
rentrée. Et pour celles qui ne pourront pas, je vous souhaite par
excLusivement des jeunes avance le meilleur et vous dis à très bientôt », lance-t-elle le plus cha-
leureusement du monde. Nous sommes le vendredi 14 décembre,
FiLLes mèRes. un Lieu veille des vacances de Noël, et elles ne se reverront pas avant trois
d’exception qui Redonne semaines. Les bras chargés de cadeaux, glanés quelques heures plus
tôt dans une petite foire organisée par l’assistante sociale du lycée,
de L’espoiR. les jeunes filles se séparent dans la cour. Certaines vont profiter du
déjeuner offert (des tamales, spécialité mexicaine, sorte de crêpes à
pAR Jacky GoldberG photogRAphe Matthew reaMer base de maïs, fourrées à la viande et servies avec des haricots rouges
46 E L L E .FR
ELLE mag
nous les recueillons,

et faisons de notre mieux
pour les amener jusqu’au
bac, afin de préserver
leur avenir.
Lin dA Ro uss eL, pRovis euRe
La professeure d’anglais
Barbara Minton.
ou du riz), d’autres rentrent directement chez elles, seules ou accom-

pagnées de leur mère. Mais une poignée d’entre elles sont attendues
impatiemment derrière la grille par quelqu’un d’autre : leur enfant.
La Thomas Riley High School n’est pas un lycée comme les autres : il
est réservé aux adolescentes enceintes ou déjà mères. Âgées de
14 à 21 ans, les soixante-dix élèves, réparties sur trois campus, de la
cinquième à la terminale, sont inscrites là dans l’espoir de décrocher
leur bac ou, à défaut, une équivalence (appelée GED, ou General
Education Development). Comme n’importe quelle lycéenne, donc.
Sauf qu’elles cumulent les handicaps : elles doivent non seulement
faire avec la maternité ou la grossesse, pas toujours désirée, mais Arys et son bébé.
elles proviennent de surcroît, pour l’écrasante majorité, de milieux
défavorisés – les deux étant évidemment liés par une infernale,
quoique résistible, logique déterministe. « Nos étudiantes sont sou- de 1965, puis pour celles de 1992, dont l’épicentre se situait à
vent issues de familles à problèmes et vivent dans des quartiers diffi- quelques kilomètres seulement. Pour se figurer les rues du ghetto en
ciles, confirme Linda Roussel, proviseure du lycée depuis douze ans. ces temps-là, on peut revoir « Killer of Sheep », de Charles Burnett,
Pour beaucoup, notre établissement est une deuxième chance après chef-d’œuvre de 1977 racontant le quotidien d’un ouvrier des abat-
qu’elles se sont rendu compte qu’il était compliqué voire impossible toirs, ou encore « Menace II Society », des frères Hughes, qui montre
de rester dans un lycée traditionnel. Alors nous les recueillons, et fai- le quartier en 1993, durant l’âge d’or du hip-hop et des guerres de
sons de notre mieux pour les amener jusqu’au bac, afin de préserver gang. Mais c’est plus sûrement « Wassup Rockers », de Larry Clark,
leur avenir. Nous tâchons aussi, c’est essentiel, d’en faire des jeunes ode aux skateurs sortie en 2006, qui donnera une image juste de
femmes accomplies et responsables. » Une double mission donc : ce qu’est aujourd’hui Watts : un quartier essentiellement latino (à
préparer à un diplôme, mais aussi préparer à la vie, ici moins sou- 60 %), où la violence, quoique relativement plus présente qu’ailleurs,
riante qu’ailleurs. a fortement baissé – ce qui n’a pas pour autant réglé tous les pro-
Il faut rouler longuement, depuis les beaux quartiers de Los Angeles, blèmes. Au milieu d’une zone résidentielle, composée de mornes
pour arriver à Watts, un des faubourgs les plus pauvres de la méga- blocs de béton, de plain-pied, aux fenêtres protégées par des bar-
lopole californienne, tristement célèbre pour ses émeutes raciales reaux de fer verdâtres (un paysage horizontal, typique de
E L L E .FR 47
11 jAnvieR 2019
ici, j’ai trouvé
du soutien, des
ressources, de la
flexibilité et des
filles qui sont
comme mes sœurs,
qui comprennent
mes problèmes.
L e s L i e , Ly c é e n n e
Kanani
derrière son bureau, les bras croisés. Au cœur de la matinée, nous

la verrons courir partout, occupée à mille tâches, la mine inquiète.
« Elle se bat constamment pour le lycée, avec une énergie folle »,
nous confient ses collègues. Une partie de son activité consiste
notamment, avec son assistante sociale Leslie Prieto, à nouer des
partenariats et à trouver des sponsors. Elles ont ainsi convaincu Jes-
sica Alba et son Honest Company de leur fournir gracieusement des
couches et autres produits pour bébé, en plus de venir une fois par
an saluer les jeunes mamans. Une mission dont l’actrice s’acquitte,
selon elles, par plaisir et authentique dévouement.
C’est que les besoins sont énormes, et la puissance

publique largement absente. Chaque année aux États-Unis,
plus de 200 000 jeunes filles de moins de 19 ans enfantent*. C’est,
rapporté à la population, près de deux fois plus qu’en France. Et si les
statistiques indiquent une baisse continue du phénomène de la « teen
mom » — qui est d’ailleurs le nom d’un reality show toujours populaire
Kayli, 14 ans, la plus jeune de la classe,
sur MTV —, celui-ci demeure massif, dans un pays où la contraception
et Kenya, 17 ans, enceinte de sept mois.
est onéreuse, la sexualité souvent mal enseignée et l’avortement
encore tabou pour beaucoup. Et notamment pour les Latino-Améri-
Los Angeles, très différent de nos grandes barres de HLM), caines, qui composent la quasi-totalité des étudiantes du lycée Tho-
se trouve depuis 1985 le lycée Thomas Riley. mas Riley. La question ne s’est ainsi pas posée pour Kenya, 17 ans,
C’est un petit ensemble de bâtiments aux murs ocre et rose délavés enceinte de sept mois, qui a préféré renoncer à l’école militaire la
qui se tient là, séparé d’une école primaire par une grille. Une demi- préparant au concours d’entrée dans l’US Air Force, plutôt qu’à son
douzaine de salles de cours sans fioritures (mais avec des portraits bébé. « Contrairement à ce qu’on dit, la vie ne s’arrête pas quand on
d’Obama), une grande salle de réunion, une cour garnie de a un enfant ! » s’exclame la jeune femme, au visage encore poupin,
quelques bancs et tables protégés par un auvent, un peu de verdure et qui souhaite toujours, dès qu’elle le pourra, s’engager dans l’ar-
çà et là… La richesse, ici, n’est manifestement pas dans les infrastruc- mée, « pour y devenir médecin examinateur ». On l’écoute raconter
tures, financées par la municipalité, mais plutôt dans l’encadrement : sa vie à Watts, avec sa petite sœur et sa mère célibataire (les familles
MatthEw REaMER
une demi-douzaine de professeures, soutenues par une équipe monoparentales sont ici la règle), la violence de son « boyfriend »,
extra-pédagogique soudée – « tiny but mighty », selon la formule de qu’elle quitta le jour où il pointa sur elle son revolver, et la grossesse,
la prof d’anglais Barbara Minton, qu’on pourrait traduire par « petite accidentelle, avec un autre homme, avec qui elle était aussi sur le
mais costaude ». À sa tête, Linda Roussel n’est pas du genre à rester point de rompre, avant de se réconcilier par sens des réalités… « Et
48 E L L E .FR
ELLE mag / reportage
Ci-dessous, Leticia et
Roxanne révisent leur cours.
Ci-contre, Daisy et sa fille.
les après-midi sont normalement réservées au sport et

aux autres activités extrascolaires, les élèves du lycée
Thomas Riley ont l’autorisation de rentrer chez elles
s’occuper de leur bébé.
« Le but est de leur fournir l’environnement le plus
adapté et accueillant possible », précisent l’infirmière
et la prof d’anglais, avant de détailler fièrement les
autres spécificités de leur établissement : des cours de
contraception (pour éviter une seconde grossesse
non désirée) et des préservatifs gratuits, des cours de
nutrition et de parentalité, du conseil juridique, des
encore, c’est loin d’être l’histoire la plus tragique, nous confie Barbara ateliers de thérapie artistique en collaboration avec une université
Minton. Certaines filles ont été violées, battues, d’autres sont SDF, prestigieuse**, des visites médicales et dentaires, une doula venant
orphelines… On recueille ici une grande misère, qu’on s’efforce de régulièrement prodiguer des conseils sur l’accouchement… Bref, tout
laisser à la porte de notre petit havre. » ce que l’Ètat providence, notoirement déficient ici – et encore, un peu
En première ligne, Luanne Rosevear, une infirmière qui termine là sa moins à L.A. qu’ailleurs –, ne fournit pas aux plus pauvres. Avant que
carrière, après quarante ans de bons et loyaux services à l’hôpital, l’on reparte, Leslie, 18 ans, enceinte de quatre mois, vient nous expli-
et qui entretient un rapport forcément plus intime avec les élèves que quer pourquoi elle a repris ses études à Thomas Riley, après les avoir
dans un établissement classique. Un rapide sondage sur les ambi- abandonnées : « Je n’en pouvais plus des moqueries et des brimades
tions professionnelles des jeunes filles est d’ailleurs sans équivoque : dans mon précédent lycée. Ici, j’ai trouvé du soutien, des ressources,
la plupart d’entre elles veulent devenir infirmières, quand ce n’est pas de la flexibilité et des filles qui sont comme mes sœurs, qui com-
enseignantes. L’effet miroir marche à plein. « Il arrive qu’on se sente prennent mes problèmes. » Kayli, la plus jeune de la classe, enceinte
comme leur mère. On pallie les déficiences, parfois béantes, de leur à 14 ans, ajoute, malicieuse : « Et c’est aussi là qu’on fait les meilleures
famille. On les soutient. On leur montre comment s’occuper de leur sorties ! » Le lycée Thomas Riley ressemble ainsi à une oasis perdue
bébé, et particulièrement, en ce qui me concerne, comment allaiter », au milieu du désert. Mais une oasis où, insiste Mrs Minton, affichant
explique l’infirmière. L’allaitement est véritablement sa croisade, dans soudain un air sérieux, « on ne lâche rien sur le programme scolaire,
un pays où, aussi incroyable que cela puisse paraître, la pratique hein ». Et de nous montrer un long SMS, reçu la veille au soir, d’une
demeure controversée – elle n’a été complètement légalisée sur élève venant d’accoucher et qui la remercie longuement, avec force
l’ensemble du territoire qu’en juillet 2018 ! S’il n’existe pas encore de émotion et émojis, avant de conclure : « Et sinon, pour l’essai, c’est
garderie au sein du lycée (« mais c’est notre prochain objectif, on trois ou quatre pages ? » n
cherche les fonds », avance la principale), une salle avec des * hhs.gov/ash/oah/adolescent-development/reproductive-health-and-teen-
pompes à lait est accessible à tout moment. De même, les élèves pregnancy/teen-pregnancy-and-childbearing/trends/index.html
peuvent facilement aller et venir aux toilettes sans se justifier. Et là où ** La Loyola Marymount University.
E L L E .FR 49
ELLE mag / enquête
harcelées
par leurs patients!
De plus en plus De soignantes osent se plainDre De gestes et De
mots Déplacés De la part De certains malaDes. la Fin D’un tabou ?
par Catherine robin
Dans le cabinet de Caroline*, les consultations se font ce qui m’a pris mais j’étais focalisée sur l’aspect médical des choses,
uniquement sur rendez-vous. Un jour, un homme qu’elle et puis j’étais jeune, installée depuis peu, et sans doute un peu naïve.
n’avait encore jamais vu dans sa salle d’attente y prend place. « Le Je lui ai dit d’accord et je me suis retournée pour qu’il fasse en sorte
motif de la consultation était un peu bizarre », se souvient-elle, mais de pouvoir me montrer son problème. Quelques secondes plus tard,
les médecins sont prêts à tout entendre. Il dit avoir des problèmes de j’ai pris conscience de l’incongruité de la situation. Du danger aussi,
lubrification excessive pendant ses érections. Soit. Caroline enfile puisque j’avais fermé la porte. Je lui ai immédiatement demandé de
albert facelly/divergences
des gants et l’invite à se déshabiller, comme elle le fait avec tous les se rhabiller, ce qu’il a fait, sans se presser. Après ça, je me suis sentie
patients quand cela est nécessaire. Dans ce cas, d’ailleurs, elle a si ridicule. » Elle en parle le soir même à son mari, qui prend cela à
pris l’habitude de fermer la porte à clé, pour éviter qu’un distrait la rigolade, puis à une ancienne collègue plus âgée, qui, fataliste,
n’entre dans la pièce en plein examen. Elle ne constate rien d’anor- lui dit qu’elle n’est pas au bout de ses peines. Un jour, l’homme réci-
mal et lui demande de se rhabiller, mais l’homme insiste : « Ce n’est dive dans le cabinet d’une consœur. Là, elle décide d’agir mais le
que quand j’ai des érections. » Elle raconte la suite : « Je ne sais pas secret médical l’empêche de le dénoncer nommément, et le Conseil
50 E L L E .Fr
11 janvier 2019
quanD un homme
de l’ordre des médecins ne donne pas est allongé Cul nu sous une blouse,
suite à ses courriers. Depuis, elle ne
ferme plus la porte à clé avec les Face à Des soignantes Debout,
patients hommes, seulement avec les
femmes. Elle a même envisagé la mise
c’est une Façon pour lui
en place d’un bouton d’alarme, mais
elle y a finalement renoncé.
De rétablir sa vision De
Est-ce un fait isolé ou un exemple la Domination masCuline.
parmi de nombreux autres ? Au début baptiste beaulieu, méDecin et romancier
du mois de décembre, le médecin et
romancier Baptiste Beaulieu** a
lancé un appel à témoins sur les
réseaux sociaux après qu’une de ses
amies lui a parlé d’un patient qui se déshabillait systématiquement, Heureusement que l’on a un chef exceptionnel, un homme, totale-
même pour une angine, alors qu’il ne le faisait pas avec ses ment solidaire, qui intervient dès que nous en avons besoin. » Même
confrères masculins. L’auteur d’« Alors voilà. Les 1001 Vies des dans une situation de vulnérabilité liée à la maladie, certains se per-
urgences » (éd. Fayard) reçoit des dizaines de témoignages de mettent des réflexions salaces qu’ils n’oseraient jamais lancer devant
médecins, dentistes, infirmières, kinésithérapeutes, aides-soi- un soignant masculin. « Je pense même que c’est une façon pour eux
gnantes… victimes de harcèlement sexuel de la part de certains de de réaffirmer leur domination sur le sexe féminin, analyse Baptiste
leurs patients. À ne pas confondre avec les processus de transfert Beaulieu. Quand un homme est cul nul sous une blouse, en position
(fréquents dans les relations de soins), dans lesquels les patients horizontale face à des soignantes debout, c’est une façon pour lui
passent par toute la gamme des sentiments envers leur thérapeute, de rétablir sa vision de la domination masculine. Et je ne parle même
y compris l’amour et le désir. Non, il s’agit bien ici de harcèlement. pas du vieux fantasme bien dégueu que certains projettent sur le
Petit florilège ? « Un jour, alors que je me baissais pour augmenter personnel féminin en blouse blanche. »
le chauffage de la pièce, un patient m’a dit : “Vous pouvez recom-
mencer ? Je n’ai pas bien vu la couleur de votre soutif” », raconte alors même que les bancs des facultés de médecine se
Constance, kinésithérapeute. « J’ai gardé le courrier d’un homme féminisent à grand pas, certains stéréotypes restent ancrés :
de 88 ans me disant que ce serait sympa que je vienne sans soutien- « Combien de fois, lorsque j’étais interne et que je rentrais dans la
gorge, confie Priscilla, infirmière à domicile. Un autre, lors d’une chambre d’un malade accompagnée d’un camarade, on me pre-
aide à la douche, m’a dit : “Frotte plus fort, mets les ongles, fais-moi nait pour l’infirmière et lui pour le médecin ? » raconte Amélie,
mal !” » Et Julia, infirmière, évoque le cas d’un patient qui s’est 35 ans. « C’est par l’éducation que les choses changeront, espère
exclamé « Oh oui ! Fais-moi du bien » quand elle devait lui poser une Baptiste Beaulieu. Il faut apprendre aux jeunes garçons ce qu’est le
sonde urinaire. « Je ne l’ai pas oublié, dit-elle. L’homme avait moins consentement, qu’on ne montre pas son corps à n’importe qui. Je
de 50 ans et toute sa tête. Et puis il y a eu ce malade qui a joui prends souvent cet exemple : vous vous promenez la nuit et vous
lorsque ma collègue l’a rasé, en précisant : “Vous savez, avec ma voyez sortir un groupe de gens d’une ruelle obscure. Combien
femme, ce n’est plus ce que c’était…” » d’entre nous seraient soulagés de voir que, parmi eux, il y a des
femmes ? Qu’est-ce que ces appréhensions disent de notre vision
si les cas de harcèlement moral et sexuel au sein des du masculin ? Qu’est-ce que ça dit de la masculinité et de la vio-
équipes médicales sont régulièrement dénoncés, cette lence qu’elle contient implicitement ? » Une étude du Conseil de
forme d’agression verbale et parfois physique de la part des patients l’ordre des médecins constatait, début 2018, une hausse de 7 % des
est encore un non-sujet. « Pourtant, ce sont des comportements extrê- violences commises (elles sont à 50 % le fait de patients) contre les
mement banalisés, affirme Audrey, interne d’un hôpital dans la région médecins, hommes et femmes confondus. Représentant « 51 % des
Occitanie. Des mains aux fesses, des patients qui s’accrochent aux cas, les femmes sont pour la première fois davantage victimes que
“décolletés” de la blouse, qui font des remarques déplacées… Et on les hommes, alors qu’elles ne représentent que 47 % des médecins »,
ne réagit pas toujours. Pourtant il le faudrait. Car moins on réagit, plus révélait l’étude. Sachant que les médecins femmes ne sont proba-
on laisse un boulevard à ce genre de comportement. » « C’est vrai blement pas les plus exposées à la violence sexiste. Infirmières et
que c’est fatiguant, toutes ces remarques, observe Ingrid, aide- aides-soignantes, compte tenu de leurs contacts quotidiens et
soignante dans un service de chirurgie orthopédique. Ces hommes intimes avec les patients, sont les premières concernées. Mais sans
qui nous lancent des “baissez-vous un peu plus pour que je voie que l’on sache précisément dans quelles proportions. Il serait temps
mieux”, ceux qui se découvrent quand on entre dans leur chambre, de s’en soucier. n
ceux qui se sentent tout permis, peut-être parce que dans notre ser- *Le prénom a été changé.
vice le port de l’alliance n’est pas toléré pour des raisons d’hygiène. **Dernier ouvrage paru : « Toutes les histoires d’amour du monde » (éd. Mazarine).
E L L E .Fr 51
ELLE mag / culture
Les podcasts
sont-ils la nouvelle
psychanalyse ?
les histoires personnelles chuchotées dans nos oreilles
sont podcastées par millions. ne serait-ce pas parce qu’elles
font un bien fou ? enquête sur une nouvelle écoute.
par marine revoL illustration mikeL casaL
5,4 millions. C’est le nombre d’écoutes revendiquées produits par Louie Media et d’autres studios indépendants : Nou-
par « Transfert ». Depuis son lancement en 2016, le podcast du velles Écoutes, Binge Audio ou BoxSons. Sur les ondes, Arte Radio a
magazine en ligne « Slate », où des anonymes livrent leur histoire été la première à se lancer dans ces formats en 2002 mais Radio
personnelle, fascine les auditeurs. Charlotte Pudlowski et Mélissa France compte bien accélérer le développement de ce type d’offre
Bounoua, à l’origine du programme, peuvent se targuer d’avoir eu avec notamment « Hasta Dente ! », le podcast de fiction de France
du nez. Convaincues que les podcasts vont envahir le monde – 40 % Culture lancé en février dernier.
des Français en ont déjà écouté un * –, elles créent leur propre stu- Selon une étude parue dans « American Psychologist », « la voix est le
dio, Louie Media, en mars 2018. Ce sont elles qui sont derrière meilleur vecteur pour détecter les émotions de quelqu’un ». Ce que
« Entre », qui plonge l’auditeur dans les rêves et épreuves de Justine, l’étude ne dit pas, c’est pourquoi l’intimité d’anonymes nous remue tant.
11 ans, alors qu’elle rentre en sixième. Un carton – un million Est-on face aux mêmes mécanismes que pour n’importe quelle fiction
d’écoutes entre mars et décembre 2018 – que l’on se refile entre (séries, cinéma, littérature) ? Pas exactement, selon Michael Stora : « Le
copines avides de nouveaux contenus narratifs. La semaine der- storytelling a une fonction beaucoup plus riche que l’image dans le
nière, Louie Media présentait son dernier-né, baptisé « Émotions ». processus d’identification.
L’écoute de l’épisode pilote a eu lieu dans l’intimité d’une chambre Lorsqu’on regarde une image,
décorée de quelques luminaires et d’affiches vintage. À travers on est avant tout du côté de
l’enceinte, « l’hôte », c’est-à-dire Adélie Pojzman-Pontay, la présen- l’émotion, qui peut venir parasi-
tatrice du podcast, lâche les armes et avoue dès la première minute ter l’élaboration du sentiment. le podcast
qu’elle est mal à l’aise. Elle a le trac. Le trac que le podcast ne ren- L’audio pur touche paradoxale- permet de
contre pas le succès escompté, le trac de mal faire, le trac de déce- ment des zones plus profondes
voir. Et puis elle interroge : « Et vous, comment vous sentez-vous, là car l’inconscient est plus sen-
trouver
tout de suite ? » Dans un mélange d’histoires personnelles, d’anthro- sible au vocabulaire métapho- d’autres façons
pologie et de sociologie, le podcast décortique nos états d’âme rique. » L’Américain Ira Glass a de se raconter.
avec le souci de poser le mot juste sur chaque émotion. C’est ce que conquis les oreilles de ses com-
la chercheuse américaine en psychologie Lisa Feldman Barrett patriotes dès 2014. Après le
appelle la « granularité émotionnelle ». Un objet de recherche intel- succès de « This American Life » c har lot t e c r e t t en a n d,
lectuelle sur lequel elle planche en équipe depuis 1990 à l’université – les USA racontés à travers p syc h ot hér a p eu t e
de Northeastern, à Boston. Les conclusions ? Arriver à développer des histoires individuelles –, ce
un vocabulaire riche pour exprimer les nuances de ses émotions pionnier du genre lance
permettrait de mieux encaisser les coups durs et de moins se réfugier « Serial », où la journaliste Sarah Koenig reprend une enquête crimi-
dans les addictions. Ce que Michael Stora, psychanalyste spécia- nelle pour déterminer si la justice a envoyé un innocent en prison. C’est
liste du numérique, décrit comme un processus d’autonomisation : un raz de marée : le podcast est téléchargé 340 millions de fois aux
« Nommer ses émotions a un effet libératoire. Certains enfants vont États-Unis, un record. Et Ira Glass passe au statut de rock star avec un
attendre avant de commencer à parler alors qu’ils en ont les compé- média pourtant paradoxal : l’immersion lente qu’offrent les podcasts
tences, car nommer quelque chose, c’est quelque part s’en séparer, est aux antipodes du zapping sur petit écran ou du scrolling sur Insta-
s’autonomiser. » En France, le succès du livre pour enfants « La Cou- gram, épiphanie numérique des générations Y et Z. Sur ce créneau,
leur des émotions » (Éditions Quatre Fleuves) en atteste : en identi- difficile de passer à côté de « Mortel », sans doute l’expérience la plus
fiant ses émotions, on comprend mieux soi-même, mais aussi le troublante dans le vortex des formats disponibles sur iTunes. Incarné
monde. C’est le credo des podcasts dits « narratifs », comme ceux par l’auteure Taous Merakchi, aka Jack Parker, « Mortel » prétend
52
11 janvier 2019
« réconcilier avec la mort ». Dans

un univers sonore à vif et délicieu-
sement morbide, Taous Merakchi
évoque le décès de son père pour
interroger notre propre rapport à
la mort. Une « Carrie Bradshaw »
du cimetière, selon ses propres
mots, qui veut décomplexer les
auditeurs (en avouant, par
exemple, avoir photographié le
cadavre de son père). « Je partage
de l’intime pour abattre les bar-
rières et prouver que c’est un
endroit safe. Même quand on se
sent seul et en marge, on a tous le
même vécu. Nous sommes liés par
nos histoires », explique-t-elle. L’ef-
fet de légitimation et de libération
procuré par un récit donne même
lieu à une technique de thérapie,
« l’approche narrative », théorisée
par Michael White et David
Epston dans les années 1980 en
Nouvelle-Zélande. Peu connue en
France, elle est plus pratiquée dans
le milieu du coaching que sur le
divan. Pour Charlotte Crettenand,
psychothérapeute spécialiste de
cette approche, les podcasts nar-
ratifs s’inscrivent dans une expé-
rience confirmative : « Le récit est
fondateur de notre identité et on ne
vit sa propre histoire que parce
qu’elle entre en lien avec les his-
toires des autres, cela met le “moi“ en conversation avec des “soi“. » pour être écoutés seul, souvent en mobilité et au casque. Aurore
Une démarche profondément utile selon elle : « Quand on est en souf- Meyer-Mahieu, bercée par l’Atelier de création radiophonique de
france, on se raconte sous la loupe du problème qui nous obsède, France Culture et aujourd’hui réalisatrice sonore pour le studio Nou-
comme si nous n’étions que cette histoire. Le podcast apporte de la velles Écoutes, explique que créer ce climat de proximité peut deman-
nuance et permet de trouver d’autres histoires, d’autres façons de se der plusieurs jours de manipulations techniques (atténuer le bruit d’une
raconter, auxquelles on va avoir envie de s’identifier. À partir de là, on pièce, clarifier une voix, compenser les aigus). « Pour “Mortel“, j’ai voulu
fait grandir un autre discours autour de soi, c’est facteur de développe- que l’atmosphère soit tendue afin de traduire toute l’angoisse du pro-
ment. » Des marques comme Guerlain ont senti le filon : la maison de pos, qu’on se sente immergé dans le chaos et même légèrement
luxe vient de dévoiler Olfaplay, une application qui permet d’enregis- oppressé, raconte-t-elle. Le narrateur parle très près du micro pour que
trer et de diffuser un témoignage personnel autour des odeurs. sa voix soit plus proche de nous. Elle est souvent coupée net pour créer
de la frustration et du choc. » Pour aller plus loin, elle a même utilisé la
Car toucher les cordes sensibles de l’auditeur n’est pas méthode thérapeutique ASMR (Autonomous Sensory Meridian
uniquement affaire de propos. Les podcasteurs mettent en Response). Une relaxation par le son qui donnerait des « orgasmes
place une bulle ultra intime, dispositif redoutable pour créer de l’iden- cérébraux » : pages qui se tournent, chat qui ronronne, chuchotements,
tification. « On mise sur le très particulier, explique Charlotte Pudlowski, parquet qui craque et voix parallèles. Et ça marche : sorti en novembre,
on ancre le personnage dans une réalité complexe et singulière, on « Mortel » est un des plus gros démarrages de Nouvelles Écoutes. Sur
donne un maximum de détails pour que l’auditeur roule pour lui. » Tous les réseaux sociaux, les auditeurs sont unanimes : « Ça fait mal, mais
les épisodes de « Transfert » sont enregistrés dans l’appartement de ça fait du bien. » Les podcasts, nouveaux psys ? On en est loin puisque,
celui qui livre son témoignage. Dans ce lieu très personnel, ses égare- comme le rappelle Charlotte Crettenand, « une psychanalyse, c’est un
ments résonnent comme une confidence au creux de l’oreille, soutenus psy et son patient qui échangent ». À la fin de l’histoire, « Mortel » ne
par un simple micro qui fait une voix « chaude ». À cela, les podcas- réconcilie pas vraiment avec la mort, « Entre » ne guérit pas les
teuses ajoutent une identité sonore intimiste qui n’a plus rien à voir avec syndromes de Peter Pan, il examine des ressentis plus qu’il ne les
le son compressé de la radio, parfait pour une écoute au PMU ou dans soigne. Jusqu’au prochain épisode. n
sa voiture. Les épisodes sont pensés comme des « créations sonores » *sondage opinionWay 2017.
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La Libyenne
Nour Aljarari et
la Française Yaël
Cojot-Goldberg,
à Montreuil en
décembre dernier.
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ELLE mag / actu
Yaël
et Nour,
transformées
par l’ asile
nour, libyenne et musulmane,
a Fui la guerre et trouvé
C
reFuge à Paris chez yaël, ’est une maison nichée sur les hauteurs
de Montreuil, un refuge bobo à l’est de Paris.
Française et juive. DePuis, Une cuisine chaleureuse ouverte sur un jardin en
fouillis, les affaires des enfants qui traînent ici et
elles se Découvrent, là, un havre campagnard en pleine ville. C’est
calme et pourtant ici, auprès de Yaël et Nour, le
aPPrennent l’une De l’autre monde se raconte. « C’est comme une comédie
romantique », prévient Yaël Cojot-Goldberg. Il faut dire que cette
et s’aPPrécient au-Delà Des scénariste, mariée à un cinéaste, a l’œil : « L’histoire commence par
deux personnes qui ne sont pas faites pour se rencontrer, la tête
clivages religieux et culturels. pleine d’interrogations mutuelles. Les préjugés se déconstruisent, et
une entraiDe qui balaie on se met à s’aimer. » La première rencontre a eu lieu en septembre
dernier, dans un café voisin. Yaël, son mari Thomas et leurs deux
les clichés communautaires. enfants (Éliette et Maya, 10 et 14 ans) sont volontaires pour accueillir
chez eux une personne en exil, « un migrant », un an durant. Ils l’ont
Par Dorothée Werner déjà fait avec Tashi, une jeune Tibétaine, via l’association Singa qui
PhotograPhe aglaé bory met en relation les « accueillants » et les « accueillis » (lire page 57).
On ne choisit ni l’âge, ni la religion, ni le pays d’origine, juste le sexe :
« Je suis souvent seule avec mes enfants, mon mari part régulièrement
en tournage, une fille, c’était plus simple », dit Yaël. Libre à chacun,
après cette première rencontre, de se lancer ou non dans l’aventure.
Un coup de fil de Singa avait prévenu : Nour Aljarari, 22 ans, a dû
fuir seule la Libye en guerre. Réfugiée à Paris en février 2017, en
attente de sa carte de séjour, elle cherche un toit, une base
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une chambre, parfois même de l’amour, mais
guère plus ? « Ma famille a connu le rejet, l’exil,
l’extermination pour des raisons d’identité, raconte
Yaël. Trop de gens sont morts parce qu’on ne leur
a pas ouvert la porte. Je ne peux pas ne rien faire
pour les migrants… Ni prendre le risque de vivre
sous mon toit le même rejet à cause de mes ori-
gines. » Que pouvait répondre Nour, élevée dans
la classe moyenne de la banlieue de Tripoli, bibe-
ronnée à la télé libyenne qui montre en continu,
dit-elle, les musulmans comme les gentils, et les juifs
comme les méchants ? Que pouvait dire cette fille
qui n’a jamais rencontré un juif de sa vie, et dont les
parents, avec lesquels elle est en contact plusieurs
fois par jour, étaient inquiets à la perspective de la
voir atterrir chez ceux qu’ils considèrent comme
des ennemis ? Du haut de ses 22 ans, Nour a dit
simplement : « Je comprends ta question et ton
inquiétude. Mais ça m’est égal. Je veux rencontrer
des gens différents de moi. »
La suite ? « C’est une série de

déconstructions de clichés, comme
une greffe qui prend au-delà de
C’est Comme toute espérance », raconte Yaël.
Parfois, Nour n’a pas le moral, pas
si on se trop envie de parler. Au départ, elle
Connaissait dormait beaucoup. Elle rêve d’être
journaliste pour raconter le monde
depuis tel qu’il ne tourne pas rond. Son his-
longtemps. toire, elle la déroulera au fil des
on rit et discussions avec Yaël. Banlieue de
Tripoli, parents divorcés et aimants,
on pleure belle maison, belle voiture. Le père
qui lui permettra de reconstruire sa vie. Premier
rendez-vous au café : « Une Libyenne de 22 ans, musul-
des mêmes tient un magasin de confection, la
mère un restaurant. Une vie
mane, j’avoue que je me suis inquiétée, confie Yaël. Je suis Choses, C’est agréable qui se déglingue avec la
féministe, juive, attachée à la liberté des filles, et je me suis FasCinant… guerre, resserrant de manière invi-
demandé comment on allait pouvoir vivre avec une fille vable l’enfermement des filles,
voilée à la maison. C’est idiot mais j’imaginais un genre de jusqu’à prendre des proportions
souris grise et terne, cachée derrière son foulard, et honnê- effrayantes, jusqu’à mettre Nour en
tement je ne savais pas si j’allais pouvoir aider. » Au café, Ya ë l C o j o t - g o l d b e r g danger… On n’en saura pas plus, si
personne. Yaël guette une silhouette furtive, rien. Au bout ce n’est que deux de ses proches
d’un moment, elle finit par passer un coup de fil. La fille ins- ont été assassinées. Elle part avec
tallée à une table voisine décroche : Nour a un téléphone avec une un peu d’argent des parents. D’abord en Tunisie, ensuite en
coque rose, porte une minijupe, un joli rouge à lèvres, comment soup- Espagne, puis à Paris. Nuits à l’hôtel, files d’attente pour la demande
çonner en la voyant son histoire et son statut si précaire ? Ce fut la d’asile, avec des Soudanais, des Syriens, des Érythréens, des
première surprise. La deuxième fut pour Yaël de prononcer, dès les Chinois, etc., des heures, des jours durant. Nour vit deux mois ici,
premières minutes, et alors même que Nour ne parle pas encore bien deux mois là, avant de s’inscrire à l’association Singa. « Avant, ma
le français, ce qu’elle appelle « cette phrase folle » : « Je suis juive, vie était floue, confie-t-elle. J’ai travaillé dans un restaurant, mais
est-ce un problème pour vous ? » j’avais un autre plan en tête que d’attendre des pourboires toute
Pourquoi reçoit-on à la maison quelqu’un dont on ne sait rien, si ce ma vie. Je veux gagner très bien ma vie, avoir une belle maison, et
n’est qu’il sera là le matin, le soir, lors des repas de famille, le week- faire des choses pour les femmes de mon pays. Depuis que je vis
end pour tout partager ? Pourquoi en vient-on à se demander si l’on chez Yaël, c’est plus net. J’apprends le français, je fais du baby-
aglaé bory
sera capable de faire face à une personne venue de l’enfer, trauma- sitting, du sport, j’espère pouvoir entrer à la fac. Je me vois comme
tisée, hurlant peut-être toute la nuit, sachant qu’on peut toujours offrir une femme libre. »
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Installée dans la chambre d’amis depuis plus de trois mois, Nour fait Parfois, Nour apporte des fleurs, prépare une spécialité
des progrès chaque jour. Courageuse et volontaire, elle est éperdue libyenne. Yaël l’emmène au musée, au cinéma, au théâtre…
de gratitude pour Yaël qu’elle appelle son « ange gardien », comme « C’était magnifique de la voir à Bobigny devant une pièce de
une mère symbolique qui lui ouvrirait la voie de sa liberté. « Il faut dire Molière. Elle avait des étoiles plein les yeux ! » Ensemble elles parlent
que Nour arrive avec une sorte de mission féministe assez incroyable, de Dieu, des hommes, du chemin ardu vers la liberté d’être soi-même.
souligne Yaël, admirative. Son chemin lui demande de se défaire de « C’est comme si on se connaissait depuis longtemps, confie Yaël.
toute sa vision du monde, par exemple sur ce qu’une fille doit ou ne On rit et on pleure des mêmes choses, c’est fascinant… » Nour a des
doit pas faire… » Les amies de son âge restées à Tripoli sont mariées, coups de blues, c’est inévitable. L’exil laisse des traces. L’autre nuit,
avec plusieurs enfants. « Moi, je veux être le sujet de ma vie, dit Nour. elle a fait un rêve : « J’étais blonde aux yeux bleus, moi en plus belle.
Là-bas, c’était impossible d’entrer en guerre contre toute la société. Dans le miroir, je me demandais : “Pourquoi ai-je tellement changé ?“
Ici, je fais ce que je veux. » Yaël s’amuse de leurs différences : « Pour Ma famille me trouvait bizarre, mais au fond de moi j’étais si
moi, être une femme libre, c’est être débarrassée des codes contente… » Lors du premier dîner,
de la domination masculine, de l’hyper-féminité censée Nour la frondeuse avait osé poser
plaire aux hommes… Au contraire, la liberté pour Nour, c’est cette question dans son français hési-
celle de s’habiller comme elle veut sans rendre de compte tant : « Je comprends très bien mon
à personne : toujours sexy, maquillée, hyper féminine ! » je veux être le intérêt à être ici, mais le vôtre ? » Yaël
sujet De ma vie. était soufflée. Elle savait que l’enri-
en libye, c’était chissement serait mutuel. « Depuis, je
la vois partir à l’assaut de sa vie avec
imPossible tant de courage, cela nous donne
D’entrer une ligne de conduite. Et puis, com-
ment le dire sans passer pour une
en guerre illuminée, mais je ne savais pas que
contre toute j’avais tout cet amour en moi… Plus on
la société. ici, en donne, plus on en reçoit. » La
conversation prend fin et soudain
je Fais ce que Nour s’interroge : « Mais comment
je veux. vais-je faire pour partir d’ici dans
quelques mois ? » Yaël répond en
riant : « Tu feras comme tous les
enfants qui grandissent, tu viendras
n o u r al jar ari
déjeuner à la maison tous les
dimanches avec ton linge sale ! » n
un réseau pour
la rencontre
Présente dans 10 pays et 20 villes, Singa est une
association qui fait se rencontrer des personnes
réfugiées et des bénévoles dans le but de vivre des
choses ensemble, et dont l’écrivaine Leïla Slimani
siège au conseil d’administration. Le dispositif
Calm (Comme à la maison) regroupe des
bénévoles prêts à accueillir un réfugié pour une
durée « de trois à douze mois ». Très encadrés et
réfléchis, d’autres programmes permettent
d’organiser des sorties, des visites, des vacances,
des cours, des soirées, la mise en contact avec des
employeurs… « Notre philosophie, explique
Vincent Berne, directeur du réseau Calm, est de
privilégier les vraies rencontres, l’échange autour
de la langue, l’apprentissage mutuel des codes de
chacun, selon les affinités… pour que ce soit le plus
enrichissant possible pour tout le monde. »
singafrance.com
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Jean - Pierre
Winter
sans
père et La remise en cause de l’autorité paternelle se diffuse
sans
dans les familles comme dans toute la société… Cela
touche jusqu’à la reproduction, puisque la science permet de faire
un bébé avec un simple don de sperme. Psychanalyste, Jean-Pierre
Winter cherche à comprendre le sens de ce changement aux consé-
quences potentiellement phénoménales. Comment les générations
repère ?
futures se construiront-elles ? Comment réinventer un père qui ne soit
plus confondu avec l’autorité ? Éléments de réponse dans « L’Avenir
du père » (éd. Albin Michel), un livre profond et généreux.
ELLE. La crise du père vous semble-t-elle inéluctable ?

JEan-PiErrE WintEr. Il semblerait… Même si la structure paternelle
est fragile par essence. Face au père symbolique, chacun de nous
balance constamment entre l’amour et la haine, le désir d’être pro-
tégé par lui et le désir de le tuer. Ce père, qui transmet la loi, suscite
des sentiments ambivalents.
ELLE. Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui ?

J.-P.W. Notre société manifeste les mêmes ambivalences. On
alors que la Figure paternelle demande de plus en plus d’égalité et, en même temps, toujours plus
d’autorité. Regardez certaines manifs des « gilets jaunes », qui
est contestée, notamment peuvent rassembler à la fois l’extrême droite autoritaire et l’extrême
à travers la possible gauche égalitariste ! Mais, désormais, la société pousse à la dispa-

rition du père par l’intermédiaire de la loi, qui pourrait légitimer et
légalisation de la p.m.a. pour légaliser l’idée selon laquelle on peut se passer de père.
les Femmes célibataires, ELLE. Une loi qui autorisera peut-être, dans les prochains mois,
une femme à faire un enfant sans père grâce à la P.M.a. ?
le psychanalyste s’inquiète J.-P.W. Oui, c’est un signal qui dit qu’un père n’est pas indispensable
et peut être remplacé par n’importe qui, par n’importe quoi, ou même
de sa disparition par rien. En allant jusqu’à gommer sa présence à l’état civil.
potentielle dans son ELLE. Est-ce problématique ?

J.-P.W. Le père transmet la loi, mais en donnant des limites à la toute-
nouveau livre. entretien. puissance de l’enfant. En le séparant de sa mère, il autorise le désir :
c’est une histoire de transmission, structurante et indispensable à la
par dorothée werner vie psychique d’un enfant.
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ELLE mag / société
ELLE. Et la mère ? ELLE. Pourtant, les pères peuvent jouer un rôle maternant…
J.-P.W. La mère est celle qui accouche, on la reconnaît par les sens, J.-P.W. Oui et c’est formidable ! Mais cela ne fait pas forcément un
sans avoir besoin, comme avec le père, d’élaborer une construction papa. Quand l’enfant va se poser la question : « En quoi mon père
psychique. Pour faire le lien entre un père et sa propre existence, entre a-t-il été un père pour moi ? », il va aller chercher ailleurs, du côté de
lui et cet homme, qui est à la fois un protecteur et un gêneur, un enfant la parole qui a fait coupure, qui a nommé suffisamment les choses
doit élaborer psychiquement quelque chose qui lui permet de grandir. pour l’aider à se séparer de l’emprise de sa mère, réelle ou fantasmée.
ELLE. Pourquoi le père est-il indispensable à notre existence psy- ELLE. Même un père manquant peut avoir ce rôle ?
chique comme à notre vie en société ? J.-P.W. Bien sûr ! Je raconte l’histoire d’un homme qui questionne sa
J.-P.W. Le père métaphorise l’existence d’un lien au-delà du sensible mère sur l’identité de son père. Elle ne répond pas, jusqu’au jour où
qui fait notre humanité. Les animaux ne se posent pas la question. Un elle lui avoue : « Je ne peux pas te dire son nom car j’ai fait à cet
veau sait vaguement qui est sa mère et se moque de savoir qui est le homme le serment de ne jamais te le dire. » Ce jour-là, cet homme
taureau ! Alors que l’être humain a besoin d’un recours au-delà de aura assez de matière pour se construire un père symbolique, celui
la matérialité pour pouvoir se construire. C’est parce qu’il est doué pour lequel sa mère tient sa promesse…
de langage qu’il lui faut se construire un père, et c’est parce qu’il a un
père qu’il peut être doué de langage. Le père est celui qui nomme ELLE. Comment laisser une place au père dans la filiation et
les choses, celui qui permet la coupure avec la mère. donc dans l’état civil ?
J.-P.W. Il me semble important pour l’enfant à venir que la place du
ELLE. D’où le problème avec la confusion des rôles parentaux ? père ne soit pas effacée. Qu’il soit écrit qu’il a fallu un homme pour
J.-P.W. Oui. Récemment, à Montpellier, un homme devenu une donner son sperme, peu importe sa situation familiale. Qu’un homme,
femme à l’état civil a exigé devant le tribunal d’être reconnu comme à un moment donné, a eu ce désir. L’État ne doit pas contribuer à son
la mère biologique de son enfant. Après appel, les juges l’ont effacement, je le rappelle chaque fois que je suis auditionné…
déclaré « parent biologique ». C’est un concept inédit en
droit, qui fait disparaître toutes les nuances qui font qu’un
père et une mère n’ont pas le même rôle dans la construc- Un Père PeUt exister en creUx,
tion psychique d’un enfant. Or, cette différenciation est
indispensable pour qu’il ne grandisse pas dans la toute- simPLement dans Le discoUrs de La
puissance pulsionnelle. Pour un enfant, avoir affaire à mère qUi Le désigne comme teL.
deux personnes, dont l’une peut accoucher et l’autre pas,
jean - pierre Winter
c’est être confronté à une différence structurante.
ELLE. En quoi vos propos sont-ils différents de ceux de La Manif ELLE. Comment analysez-vous la demande d’autorité qui secoue
pour tous : « Un enfant = un papa + une maman »… les démocraties, comme au Brésil, par exemple ?
J.-P.W. Les militants de La Manif pour tous, comme ceux qui soutiennent J.-P.W. C’est ce qui se passe quand la dimension du père est effa-
que l’on peut se passer d’un papa, font une fixation sur le désir d’enfant cée, ici, sous le poids de l’individualisme libéral : au lieu même où
à l’instant présent, sans se poser la question de la transmission pour les il n’y a plus de père, l’enfant se crée un surmoi qui va prendre cette
générations d’après. Nous sommes pourtant tous le fruit d’une chaîne place. Or le surmoi est bien plus cruel que n’importe quel père
de transmission. Contrairement à La Manif pour tous, la biologie ou la Fouettard. Avoir cela en soi est si invivable, si angoissant que l’on va
morale ne m’obsèdent pas. Un père peut exister en creux, simplement chercher quelqu’un qui nous soulage et qui va l’incarner dans une
dans le discours de la mère qui le désigne comme tel. Cela permet à figure autoritaire.
l’enfant de sortir de son emprise parce qu’il y a de l’autre, de l’ailleurs,
de l’étranger, de l’inconnu… Le papa n’est pas celui qui transmet ses ELLE. Vous expliquez que c’est la même chose pour les jeunes
gènes ou qui donne de l’amour. Mais celui qui est désigné par la djihadistes…
parole de la mère, qui n’a pas besoin d’être explicite. J.-P.W. On a découvert que, bien souvent, il manquait dans leur
famille un père qui soit un repère, qui n’ait pas été déchu ou disqua-
ELLE. Comment considérez-vous la demande actuelle de l’inven- lifié. Pourquoi ces jeunes vont-ils tuer ou se faire tuer au nom de Dieu
tion de soi totale, de son identité, de son genre ? en Syrie ou ailleurs ? Parce qu’il faut soulager leur surmoi d’une
J.-P.W. C’est une illusion et un déni de l’inconscient. Elle est nourrie par angoisse existentielle quasiment insoutenable. Le dieu qu’ils se
la conviction erronée que le sujet se construirait seul, sans héritage ni donnent n’est plus un mythe structurant, mais il a tout du « père de la
influence. C’est une conséquence du capitalisme libéral qui produit horde primitive » du mythe freudien, c’est-à-dire qu’il s’arroge tous
l’individualisme libéral. On pense qu’il s’agit de liberté individuelle, les modes de jouissance, et le droit de vie et de mort…
mais cela permet juste une exploitation consentie des individus.
ELLE. Quel père êtes-vous avec vos trois fils ?
ELLE. Vous comprenez que le formuler ainsi puisse être perçu J.-P.W. C’est plutôt à eux de le dire… Mais j’aime-
stéphane lavoué/pasco
comme agressif ? rais faire passer l’idée que la fonction paternelle,

J.-P.W. Oui, on essaie tous d’échapper à la castration, autrement dit ce que j’appelle « le minimum de père », n’a rien à
à la frustration, à la limite ! Pourtant, la limite est structurante. L’une voir avec une position d’autorité. Pour être un père,
d’elles, c’est qu’être un homme n’est pas pareil qu’être une femme, et il suffit de dire la bonne parole au bon moment, de
qu’être un papa n’est pas pareil qu’être une maman. nommer les places de chacun dans la filiation. n
E L L E .Fr 59
engagement
à tous
Les étages
Nouveau haut-lieu de la
solidaRité iNstallé au cœuR
de la capitale, l’asceNseuR
paRis-Bastille accueille
des associatioNs œuvRaNt
pouR l’égalité des chaNces.
uNe pRemièRe.
paR Julia Dion photogRaphe FréDérique Stucin
« Les fenêtres, on vous les pose où ? », lance un monsieur

tout en bras. En ce lundi de décembre, c’est l’effervescence dans cet
immeuble haussmannien du boulevard Bourdon, à deux pas de la
place de la Bastille, à Paris. Le rez-de-chaussée est en travaux, des
affichettes indiquent les noms des locataires, mais, dans les étages,
les derniers arrivants prennent les mesures pour ajouter une étagère
tandis que d’autres sont déjà au travail. Depuis les balcons, on aper-
çoit au loin l’ange perché au sommet de la colonne de Juillet. Bon
présage ? Symbole révolutionnaire, oui ! Car entre ces murs, dans
ce nouveau lieu baptisé « L’Ascenseur », on est bien décidé à ouvrir
les horizons et le champ des possibles. Ce sont pas moins de vingt
et une associations qui y cohabitent pour offrir un meilleur accès à
l’éducation, à l’emploi et à la culture aux jeunes de milieux défavori-
sés. Un immeuble parquet-moulures-cheminées tout entier consacré L’Ascenseur rassemble dans un bel immeuble
à l’égalité des chances ? Du jamais-vu ! haussmannien une vingtaine d’associations
qui aident les jeunes défavorisés
Ce projet utopique est né de la rencontre de deux hommes engagés,
à se construire un avenir professionnel.
Benjamin Blavier, de l’association Article 1, qui accompagne les
jeunes de milieux modestes depuis leur orientation jusqu’à leur inser-
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ELLE mag / actu
des beaux quartiers ou issus de milieux sociaux défavorisés quand

ils doivent trouver leur voie professionnelle. Selon l’Institut Télé-
maque, installé également à L’Ascenseur, 31% des collégiens de
tion professionnelle, et Saïd Hammouche, le patron du cabinet de REP+ font un stage en lien avec leur orientation après la troisième
recrutement Mozaïk RH, surnommé le « DRH des cités ». « Avec Saïd, contre 56 % des collégiens hors éducation prioritaire ; les enfants
nous nous connaissons depuis longtemps, raconte Benjamin Blavier, d’ouvriers ont onze fois moins de chances de réussir au bac que les
ancien cadre chez SFR. Nous rêvions d’un endroit dans lequel nous enfants de cadres ; 75 % des collégiens de REP+ réussissent leur
pourrions mutualiser nos efforts pour aider les jeunes. Quand nous brevet versus 90 % hors éducation prioritaire… Virginie Salmen,
sommes tombés sur ce magnifique immeuble, nous nous sommes cofondatrice de Viens voir mon taf, est convaincue de la nécessité
dit : “La voilà, notre maison de l’égalité des chances !” » Ce projet de se rassembler pour lutter plus efficacement contre les discrimi-
un peu fou séduit même une banque, BNP Paribas, sous la houlette nations en s’attaquant à chaque maillon de la chaîne, école, stage,
d’Antoine Sire, directeur de l’Engagement d’entreprise du groupe, job, culture : « Nous aidons les collégiens sans réseau à décrocher
qui décide de financer L’Ascenseur en prenant notamment en charge leur stage de troisième, Fête le mur intègre les jeunes grâce au
l’intégralité du loyer du rez-de-chaussée pour les six années du bail. sport, Become organise des séjours pour les ados afin de leur don-
En avril 2018, un appel à candidatures est lancé afin d’attribuer les ner le goût de l’engagement, Les Concerts de poche fait découvrir
2 300 mètres carrés sur 8 étages et les 250 postes de travail : la musique classique à un public qui n’a pas l’habitude d’en écou-
« Nous avons reçu une quarantaine de candidatures, explique Saïd ter, La Cravate solidaire récolte des costumes et des tailleurs (et des
Hammouche. Nous avons choisi les associations les plus motivées, cravates !) pour aider des candidats à préparer leur entretien
les plus expérimentées et surtout celles qui étaient prêtes à tout par- d’embauche. Partager des bureaux avec tous ces acteurs de l’inclu-
tager, leur carnet d’adresses, leur expérience du digital, leurs com- sion et de la diversité facilite des tas de choses, comme les
pétences. Ce n’est pas du coworking, c’est une aventure commune. » démarches administratives, que l’on fait ensemble. Cette année,
Résultat : à chaque étage, les portes sont grandes ouvertes, et, dans certains de nos jeunes vont certainement effectuer leur stage au
les kitchenettes communes, des débats enflammés se succèdent et sein de L’Ascenseur ! C’est un cercle vertueux. »
des réunions s’improvisent : « Nous partageons la machine à café, un renvoi d’ascenseur qui se fait aussi dans la bonne
mais surtout les bonnes idées, s’enthousiasme Claire de Mazancourt, humeur à l’heure du déjeuner. Aujourd’hui, c’est Mathilde
à la tête de l’Institut de l’engagement, qui aide chaque année qui présente les succès de Time2Start et ses entrepreneurs « issus
700 jeunes à trouver un job même s’ils n’ont « ni le bon diplôme, ni le des quartiers ». De quoi inspirer les bénévoles assis autour de la
bon nom, ni la bonne adresse ». Cette quadra vient d’organiser sa table. Un réseau sur Facebook est utilisé comme messagerie
première réunion entre « voisins de palier » : autour de la table, interne ; chacun y poste offres d’emploi et actualités. Même
Benenova, qui met en relation associations et bénévoles, La Chance, Eloquentia, la fameuse association de Seine-Saint-Denis qui forme
qui démocratise l’accès aux concours des écoles de journalisme, et à la prise de parole les collégiens et les lycéens, a pris un bureau
Crésus, qui lutte contre le surendettement : « Chacun s’est présenté, à L’Ascenseur. De nombreux ateliers de formation à l’entretien
a décrit ses besoins et, en une heure, on s’est déjà mis d’accord sur d’embauche sont déjà organisés dans les salles encore en rénova-
plusieurs actions communes. On parle la même langue, on a les tion. Adel Boughazi, 23 ans, et Louis Augustin Mbagnick Sène,
mêmes convictions. On est là pour se retrousser les manches et pour 25 ans, sont tous les deux passés par Yes Akademia, l’une des
réparer l’ascenseur social. » Julie Perrin, de Crésus, est sur la même dernières associations à s’être établie à L’Ascenseur. Adel, après
être parti en Inde pour aider d’autres jeunes pendant
quarante-cinq jours, continue d’être bénévole à L’Ascen-
oN est là pouR se RetRousseR seur : « Je suis passé donner un coup de main pour le
déménagement et aussi pour fêter l’anniversaire de Louis
les maNches et pouR Augustin, qui a 25 ans aujourd’hui, notre asso, c’est une
grande famille ! Venir ici, dans un si bel immeuble, c’est
RépaReR l’asceNseuR social. vraiment génial et super motivant ! » Louis Augustin, né
dans un village très pauvre du Sénégal, est aujourd’hui
c l a i R e d e m a z a N c o u R t, d i R e c t R i c e d e l’ i N s t i t u t d e l’ e N g a g e m e N t
secrétaire général du comité de jeunes de Yes Akademia
dans son pays et effectue son service civique à Paris au
longueur d’onde : « Nous allons former les 250 lauréats de l’Institut sein de L’Ascenseur. « On voulait qu’à chaque étage nos bénéfi-
de l’engagement à la gestion de leur budget, on a l’impression que ciaires trouvent un interlocuteur pour leur donner un coup de main,
tout est possible ! » Au troisième niveau, dans le bureau de Yes explique Saïd Hammouche. Nous installer au cœur de Paris nous a
Akademia, l’excitation créée par cette aventure citoyenne et soli- permis de rendre les problématiques de l’égalité des chances plus
daire est palpable : « C’est formidable d’être tous réunis, confie visibles par tous : les politiques, les pouvoirs publics, les journalistes.
Sarah Gogel, la fondatrice, on s’épaule, on s’entraide. Quand on Afin de leur dire : “Nous sommes là, on existe, on a des solutions,
ressent du découragement face à l’immensité de la tâche, on monte venez nous voir !” Et puis, ce bel immeuble indique aussi à nos jeunes
d’un étage, on discute et on est reparti pour un tour ! » Sur les murs que l’on veut le meilleur pour eux, l’excellence, et pas un avenir au
des bureaux, des affiches avec des slogans très « feel good » rabais. Ils ont droit au meilleur. » Non loin, dans le ciel de Paris, l’ange
comme : « Leur avenir en grand », « Confiance », « On prend la de la Bastille y veillera. n
parole »… Les salles de réunion portent des noms comme « Espoir »
ou « l’Everest ». Naïf ? Réaliste, au contraire, car c’est bien une mon-
tagne de préjugés et d’obstacles qu’ont à franchir les jeunes nés loin
E L L E .FR 61
allu re
suRe
& déme
mini-robes et maxi-volants,
dÉtails couture et
accessoires rock, tons
pastel et touches
animales… en mariant les
extrêmes, la tendance se
joue des codes pour mieux
rÉinventer notre look.
photographe victor demarchelier
rÉalisation benedetta dell’orto
mannequin anya lyagoshina
Robe à plis, ALBERTA
FERRETTI. Choker
et bracelets en cuir,
avec studs en argent,
HERMÈS. Bottes
à lanières, GIUSEPPE
ZANOTTI POUR
REDEMPTION.
Top à manches
ballon et short,
JW ANDERSON.
Boucles d’oreilles
« Love », CARTIER.
sac, LONGCHAMP.
Veste, colliers
de perles, ceinture,
gants de biker et
sacs à bandoulière,
CHANEL. Boucles
d’oreilles « Love »,
CARTIER.
Veste volantée,
GIORGIO ARMANI.
ViCToR demaRCheLieR
short, PHILOSOPHY
BY LORENZO
SERAFINI. Boucles
CARTIER. socquettes,
CALZEDONIA.
sandales, GIUSEPPE
ZANOTTI.
Chemise à jabot,
nœud et chapeau
à chaînette,
SAINT LAURENT
PAR ANTHONY
vACCARELLO.
ViCToR demaRCheLieR
mini-robe à pois,
chapeau à voilette,
sac et boots à
lanières, CELINE.
Top en filet, jupe-

culotte, collier-chaîne
et choker « J’adior »,
CHRISTIAN DIOR.
socquettes,
CALZEDONIA.
sandales à clous,
vIvIENNE
WESTWOOD.
ViCToR demaRCheLieR
mini-robe et maxi-nœud,
vALENTINO.
Robe imprimé animal

avec une broche cousue
dessus, débardeur blanc
et escarpins, CALvIN
KLEIN 205W39NYC.
socquettes plumetis,
CALZEDONIA.
Robe ceinturée à gros

nœud et collier en métal et
cristal, MIU MIU. Boucles
CARTIER. Collant,
CALZEDONIA. slingback
à broche « Vivier »,
ROGER vIvIER.
ViCToR demaRCheLieR
Robe à bretelles
en cuir et choker
à studs, HERMÈS.
Robe à volants et
broderies, et body
à manches en
latex noir, GUCCI.
Bagues, GIOvANNI
RASPINI. Bracelet
serpent, GUCCI.
ViCToR demaRCheLieR
mini-robe sans
manches, collier
à nœud, bandeau,
gants et bracelet
cloutés, et sac
chaîne, PRADA.
Robe plissée,
GIvENCHY. Boucles
CARTIER. socquettes,
MARIA LA ROSA.
sandales, GIvENCHY.
ViCToR demaRCheLieR
Robe asymétrique,
ceinture, collier
en argent et sandales
à clous, ALEXANDER
McQUEEN. Boucles
CARTIER.
Top et minijupe à
volants, ERMANNO
SCERvINO. Boucles
CARTIER.
Chaîne de corps,
N°21.
anya Lyagoshina est

représentée par
l’agence The society.
maQuiLLaGe
Charlotte Willer.
CoiFFuRe
Teddy Charles.
ViCToR demaRCheLieR
ELLE beauté
le teint
illuminé la crinière
Pour cela, une de jais
touche de Kim a développé
highlighter. une ligne capillaire
avec ses sœurs,
Kardashian Beauty.
les sourcils les faux cils

ultra papillon
marqués Ou, à défaut, du
crayon et poudre mascara noir ultra
à la rescousse. volumateur.
les
pommettes
contourées
Ombre et lumière
pour les « plumper ».
les lèvres
nude et
ourlées
crayon en contour le nez
et rouge ou gloss sculpté
beige. Les arêtes
redessinées avec
deux tons de fond
de teint.
zuma/starface
11 janvier 2019
Kim
{ phÉnomène }
l’aime la suive
on ne compte plus les femmes qui veulent ressembler
à Kim Kardashian… mais comment la star a-t-elle rÉussi
à bouleverser durablement les codes de la beautÉ ?
par alice augustin avec sarah-lyse Koné
C
rinières de jais, pommettes et nez sculptés, direction du public, depuis son premier tutoriel, réalisé en 2008 en
bouches surdimensionnées, cils papillonnants, coulisse d’un shooting pour « Vegas Magazine », jusqu’au lancement
sourcils imposants… sur chaque photo, la même de sa marque KKW, en juin 2017, en passant par ses milliers de posts
signature beauté. Et un sentiment de vertige face à ces Instagram… Esthétique selfie, ode à la sexyness et maximalisme
visages quasi identiques qui se déclinent sans fin sur les réseaux décomplexé, Kim Kardashian a fait de son style un standard. Un
sociaux. Irakiennes, Britanniques, Américaines, Brésiliennes, Ira- tsunami glossy qui, comme par magie, ne semble jamais s’essouffler.
niennes, Arméniennes, Françaises, Canadiennes, elles vivent aux
quatre coins du monde mais se ressemblent comme deux gouttes 50 étapes et 59 cosmétiques et ustensiles (pinceaux,
d’eau, entraînant dans leur sillage des centaines de milliers voire des éponges, brosses, produits bronzants, sticks illuminateurs, mascaras,
millions de followers accros à leurs tutos et à leurs prescriptions. Elles poudres en tout genre, fards, spray fixant, etc.) dont le coût est estimé
sont fans de maquillage, et certaines en ont même fait un business. à plus de 2 500 dollars (environ 2 200 euros)… Voilà le mode d’em-
Une nouvelle religion beauté, une secte ultra sophistiquée et mon- ploi digne d’une notice Ikea et la liste surréaliste que propose la star
dialisée, dont la sainte patronne officie depuis son Smartphone à au cours de master class très courues dont le ticket d’entrée peut
Los Angeles. Car ces mille visages n’en rappellent qu’un, celui de atteindre 1 500 dollars. Elle est toujours accompagnée de Mario
Kim Kardashian, dont l’image est comme diffractée à l’infini. Toutes Dedivanovic, son maquilleur attitré depuis dix ans. L’artisan du look
celles que nous avons contactées – Maya Ahmad à Dubai, Okaylaaa Kim, c’est lui. Cet ancien conseiller de vente, passé par diverses
et Rachel Leary au Royame-Uni, Jennifer Pamplona au Brésil, Aseel marques avant d’enchaîner les expériences en studio photo, ren-
Yaseen en Irak – reconnaissent sans complexe être influencées par contre la jeune femme sur un shooting en 2008. Entre eux, le courant
la starlette américaine. La it girl d’origine arménienne, fille de l’avo- passe immédiatement. « Il a su sublimer ce que je vois dans le miroir,
cat qui a obtenu l’acquittement d’O.J. Simpson lors de son procès dit-elle. La première fois qu’il m’a maquillée, je lui ai demandé de
fleuve, devient une star sulfureuse de la télé-réalité sur fond de sex- m’accompagner pour acheter tous les produits qu’il avait utilisés sur
tape il y a un peu plus de dix ans. En 2007, le public commence à moi. Je l’ai même supplié d’emménager avec moi ! » De ce coup de
suivre les aventures de « L’Incroyable Famille Kardashian ». Pendant foudre cosmétique sont nés tous les codes repris par des millions de
les quinze saisons, on y voit les sœurs se faire maquiller en long en femmes. « Les techniques utilisées par Kim et Mario Dedivanovic ne
large et en travers, du réveil au coucher, pour faire du sport ou se sont pas nouvelles, révèle Lyne Desnoyers, directrice maquillage
rendre sur une séance photo, perpétuellement entourées d’une chez M.A.C. Elles viennent tout droit des années 1920 et reprennent
équipe de make-up artists prêts à dégainer poudres et pinceaux. les artifices des stars du cinéma muet pour mieux capter la lumière et
Une vie passée sous les projecteurs, un quotidien perfusé au fond faire ressortir la structure du visage. Les années 1990 ont démocratisé
de teint et au mascara volumateur. Et une information continue en l’utilisation du make-up. Le travail de Kevyn Aucoin, célèbre
79
@elnaz_golrokh (Iran).
@amirallg (France).
@okaylaaa
(Royaume-Uni).
mille et
une Kim
Les réseaux
sociaux regorgent
d’influenceuses
beauté qui assument
leur « Kardashian
attitude ». Difficile
parfois de distinguer
les héritières de
@sananas (France).
l’originale.
@tenipanosian
(États-Unis).
Ouverture du pop-up store de KKW

Beauty, le 20 juin 2018, à Los Angeles.
version cartoon à grand renfort de faux cils et, enfin, la bouche le plus
FReDeRIcK M. BRown/getty IMages/aFP ; steFanIe Keenan/getty IMages ; InstagRaM ; anDRea aDRIanI/IMaxtRee ;

souvent nude mais toujours ourlée par un effet d’ombres (et des injec-
@rahmanbeauty tions). « Kim Kardashian a démythifié l’usage du maquillage, constate
(Canada). @kamiosman (Canada). Lyne Desnoyers. Avec ses tutos et son attitude décomplexée, elle a
rendu les techniques de pro accessibles à toutes et a initié cette vague
de blogs et de vidéos beauté. Avec elle, les verrous ont sauté, le
maquillage est devenu une véritable célébration. »
maquilleur de top-modèles, se retrouve aujourd’hui totale-
ment dans la routine beauté de Kim Kardashian. » Passage obligé de Les premières à se féliciter de cette démocratisation, ce
saMIR hUsseIn/wIReIMage ; nacIon john, saRa De BoeR, stePhen sMIth/aBaca.

ce style : la technique du contouring, un jeu d’ombre et de lumière sont bien sûr les marques de cosmétiques. « Cela nous a
nécessitant de multiples étapes et couches de produits de nuances fait une pub de folie », reconnaît Lyne Desnoyers. En quelques années,
différentes dans le but d’affiner les traits et d’illuminer le teint. L’alpha le marché a explosé sous la demande de millennials devenus accros
et l’oméga de Kim Kardashian, dont elle a même fait un mantra : au fond de teint hyper couvrant ou aux fards exubérants. Tous les spé-
« Conceal, bake, brighten », soit « camoufle, cuit, illumine » (l’étape cialistes le constatent : on a assisté à un boom de la consommation
« cuisson » consistant à laisser poser plusieurs minutes un produit sous de maquillage chez les 18-35 ans. En 2017, selon l’institut d’études
une grosse couche de poudre afin que la chaleur corpo-
relle le fasse parfaitement pénétrer dans la peau). Il y a
14 157 635
aussi les sourcils ultra marqués. « Kim a changé leur forme
pour qu’ils s’harmonisent avec son visage sculpté par le
maquillage, et ils sont aujourd’hui entièrement dessinés à
l’aide d’un crayon taupe ou d’une poudre marron,
explique Sabrina Éléonore, fondatrice du salon parisien C’est le nombre de vues que Compte
Un Jour, Un Regard, qui compte Kris et Kendall Jenner le tuto le plus populaire de sa Chaîne
parmi ses clientes. Leur particularité est d’être épais mais
très plats. La star utilise une pâte lissante afin de discipliner Youtube.
les poils rebelles. » Viennent ensuite le regard de biche
ELLE beauté
de marché américain NPD, elles consommaient 25 % de produits de

plus qu’en 2015 et en utilisaient en moyenne six par jour. « Kim
Kardashian est à l’origine de ce phénomène très générationnel,
confirme Dinah Sultan, du bureau de tendances Peclers. De nouveaux
produits inspirés du maquillage professionnel comme les éponges ou
les pinceaux sont apparus en grandes surfaces. Même chose pour
les kits à sourcils, les mascaras effet faux cils et les produits de contou-
ring, y compris les crayons pour les lèvres, pourtant bannis de nos
trousses depuis vingt ans. » Une tendance toujours observable : entre
2017 et 2018, les produits pour sourcils ont vu leurs ventes augmenter
de 17 % et celles des illuminateurs de 34 % (études IRI). De nouvelles
marques très Kim-compatibles ont également vu le jour : parmi elles,
Anastasia Beverly Hills, lancée par Anastasia Soare, la gourou cali-
fornienne du sourcil, qui s’est occupée du clan Kardashian pendant
des années. Ou encore les lignes des influenceuses beauté Sananas
(française) et Huda Kattan (dubaïote), répliques vivantes de Kim et
adeptes des mêmes techniques de maquillage. « Le succès de ces
marques est incroyable, constate Élisabeth Sehmer, directrice marke-
Kim avec son maquilleur ting chez Sephora France. En plus des produits pour le teint, le dernier
attitré, mario Dedivanovic. best-seller de ces labels, c’est la palette multi-usages. C’est devenu le
nouveau it bag. Chaque lancement est un événement précédé d’un
savant teasing sur les réseaux sociaux. L’attente est énorme et il nous
arrive régulièrement d’être en rupture de stock dès le premier jour. »
Les intérieurs feutrés des salons de beauté frémissent

également de cette Kim-mania. « Depuis dix ans, il y a une
vraie demande pour reproduire ses sourcils, confirme Sabrina Éléo-
nore. Cela peut se faire à l’aide de l’épilation, du maquillage et,
parfois, de la dermo-pigmentation. Certains salons, comme celui
d’Anastasia Soare à Beverly Hills, proposent même des pochoirs
300 000 décalqués sur les sourcils de Kim. À New York, les femmes n’hésitent
pas à recourir à la chirurgie esthétique pour s’en approcher : à par-
c’est le nombre de Kits tir d’une entaille sous les cheveux de la tempe, la peau est tirée afin
de remonter la queue du sourcil et d’obtenir le même regard qu’elle. »
de contouring vendus en deux Un phénomène qui n’épargne pas la France, comme nous l’explique
heures lors du lancement la Dre Benouaiche, chirurgienne esthétique à Paris : « Beaucoup de
jeunes rêvent du look Kardashian : pommettes pulpées, lèvres our-
de sa marque KKW, en juin 2017. lées par des injections d’acide hyaluronique et sourcils redessinés
grâce au Botox. Les jeunes femmes qui me consultent
e ll
pB
c am
en n er
d id
i
d
om
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di lj ag
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g ha
na
da
ih
la
y
Ke n
gig
lad
B el
les people aussi

si naomi campbell n’a rien à apprendre de Kim Kardashian en termes de contouring
(c’est l’une des premières stars à l’avoir utilisé dans les années 1990), les autres n’ont pas hésité
à adopter cette technique maKe-up capable de redessiner les traits du visage.
6 1 5 7 8
00 01 01 01 01
2
2
2
Karda rétro
le looK de Kim, c’est dix ans de travail et une sacrée évolution. d’un maquillage bimbo,
elle a progressivement affiné sa signature beauté, plus nude, plus pointue, même si on note
un grand retour du fard à paupières charbonneux cette année.
l’assument totalement. Elles m’envoient leurs copines, Progrès ou régression ? Ses détracteurs reprochent à la star
montrent le résultat sur leur compte Instagram. Le danger, c’est de se de véhiculer une vision hypersexualisée de la femme, tandis que
retrouver avec une beauté standardisée. J’essaie de leur faire com- nombre de ses fans voient en elle un modèle. « Chez les jeunes, le
prendre que ce qui est harmonieux sur Kim Kardashian peut ne pas fantasme de monter son label de mode a été supplanté par celui de
correspondre à leur morphologie. Certaines s’en fichent : plutôt que lancer sa marque de cosmétiques, constate Eric Briones, cofonda-
de corriger un défaut, elles préfèrent se concentrer sur les pommettes teur de la Paris School of Luxury et coauteur de « La Génération Y et
et les lèvres. » Une demande qu’ont constatée d’autres chirurgiens le Luxe » (éd. Dunod). Kim Kardashian inspire ce désir d’entrepreneu-
interviewés aux États-Unis, au Royaume-Uni ou en Arménie. riat dans la beauté. » Aujourd’hui, les sœurs Kylie et Kim sont à la tête
d’un petit empire cosmétique. La marque de maquillage de la
« Kim Kardashian est une sorte d’espéranto de la cadette serait déjà valorisée à plus d’un milliard de dollars, tandis
beauté, en référence à cette langue internationale inventée pour que son aînée aurait engrangé plus de 14 millions de dollars avec le
être comprise dans tous les pays, analyse l’anthropologue Élisabeth lancement de sa ligne de parfums. Sortis en juin 2017, ses cosmé-
Azoulay, directrice de publication de “1 00 000 ans de beauté” (éd. tiques siglés en toute simplicité KKW s’arrachent sur le Web ou dans
Gallimard). Elle fusionne des critères qui parlent à de nombreuses des pop-up stores. Un succès reconnu par ses pairs puisqu’elle vient
cultures. Au Japon ou en Chine, on rasait les sourcils pour mieux les de recevoir le prix parfum prestige WWD, l’équivalent des Oscars
dessiner. Ses cheveux longs, noirs et raides parlent aux Indiennes et de la beauté aux États-Unis. Depuis février, elle produit également
aux Orientales. Sa taille sanglée et ses fesses rebondies l’émission « Glam Masters », où des
rappellent les représentations idéalisées des femmes en maquilleurs s’affrontent, et le grand
Afrique à une certaine époque. Son maquillage gla-
mour convoque les icônes du cinéma américain. » Un 100 % gagnant aura droit à une collab
avec elle. « Beaucoup de marques
visage universel donc, une beauté mondialisée et inclu- c’est le rêveraient d’avoir autant de succès
sive qui donne aussi une visibilité à des physiques que Kim Kardashian , poursuit Eric
jusqu’ici peu représentés car moins conformes aux cri- pourcentage de Briones. Il faut dire qu’elle utilise des
tères imposés par la culture occidentale, notamment parts que cette outils commerciaux redoutables :
aLessaDrO zenO, anDrea aDrIanI, vaLentIna vaLDInOcI, matteO scarPeLLInI/Imaxtree.

celui de la blonde aux yeux bleus qui a caracolé en tête
businessWoman influencée par Kanye West et Virgil
jOhn KOPaLOff/fILm magIc ; jB LacrOIx, DIa DIPasuPIL/wIreImage ; antOneLLO trIO ;

des canons de beauté pendant des décennies. « Kim Abloh, elle a su récupérer les tech-
Kardashian parle aussi aux Africaines-Américaines, aguerrie détient niques des marques streetwear
constate Dinah Sultan. Son mariage avec Kanye West dans sa société. – collections en séries très limitées,
lui a permis de rester branchée, au contraire d’une Paris lancement sur le mode du “drop”
Hilton tombée dans l’oubli. Kim Kardashian a également [des ventes éclair annoncées par
repris de nombreux codes de la beauté noire, comme le contouring, un compte à rebours, ndlr]. Mais surtout, elle dispose du Graal
que pratiquait déjà Naomi Campbell, ou les tresses africaines. » Un marketing : celui de l’incarnation et du story telling. Chaque produit
procès en appropriation culturelle lui est d’ailleurs régulièrement fait qu’elle vend est un bout de son histoire, voire un bout de son corps :
aux États-Unis. Mais pour Élisabeth Azoulay, elle est aussi l’icône le flacon de Body est moulé sur ses courbes ; elle a composé la
d’une révolution technologique, celle des réseaux sociaux : « Le pro- gamme de parfums Crystal Gardenia en s’inspirant des cristaux qui
grès a plusieurs fois bouleversé le rapport à notre image. Avec l’ont aidée à se remettre de son kidnapping parisien ; chaque fard
l’apparition de la photographie et la production de miroirs légers et de sa nouvelle palette porte un nom qui correspond à une anecdote
bon marché à la fin du XIXe siècle, les gens ont commencé à s’obser- de sa vie ou à une valeur qu’elle défend – Arménie, Miami, Loyauté,
ver de plus en plus. Avant, ils avaient très peu conscience de leur etc, etc. Alors que tout dans son univers est construit et retouché, tout
apparence. Aujourd’hui, avec le selfie s’est créé un physique “ava- semble finalement vrai. » La plupart de ses « clones » Instagram que
tar”, presque cartoonesque qui impose la routine beauté comme un nous avons interviewées saluent d’ailleurs son authenticité. Un
parachèvement de soi. Kim Kardashian incarne ainsi une nouvelle comble ? Un don, plutôt. Faire croire en l’impossible, n’est-ce pas là
religion, celle de l’empowerment par le bricolage de l’apparence. » le talent des plus grands magiciens… n
ELLE beauté
Ligne de
sourcils
redessinée
et lèvres
ourlées.
jeu d’ombre et de
lumière sur le teint.
les codes
Kardashian
sur les
podiums
cheveux lissés, sourcils
redessinés, teint sous
contrôle et bouche
nude : Kim K. influence
même la mode, en
particulier les maisons Poudre veloutée
balmain et fendi. et ensoleillée pour
Kendall jenner.
Pommettes sculptées.
sourcils au cordeau
et blush xxL.
highlighter
à haute dose.
ELLE vie privée / déco
Mon beau
ChaLet
C’est dans la taRentaise que Clémentine
laRRoumet, CoFondatRiCe du studio
Be-Poles, a tRansFoRmé une vieille gRange
en CoCon ContemPoRain. visite PRivée.
PaR Charlotte huguet PhotogRaPhe VinCent leroux
Directrice artistique, Clémentine Larroumet a cofondé le climat rude en hiver... Reste que le dépaysement est total et la nature
studio Be-Poles avec Antoine Ricardou. Ils signent à quatre mains brute ! La famille s’agrandissant, ils ont jeté leur dévolu sur une grange
l’identité des lieux et marques les plus en vue. Son secret pour faire construite il y a un siècle. Sans porte ni fenêtres, ce vaisseau de bois
face à un quotidien fait de multiples réunions et projets ? Filer vers les ouvert sur le paysage leur a paru merveilleux. Certes, le chantier
sommets. En 2016, cette amoureuse des grands espaces a même serait titanesque, mais il autorisait toutes les fantaisies. Deux ans
acheté une maison dans le hameau où la famille d’Emmanuel, son plus tard, cette vieille grange s’est muée en chalet moderne, ouvert
mari, passait ses vacances depuis les années 1960. Sur le papier, sur le panorama, aussi design qu’intemporel. Bienvenue dans
les inconvénients sont nombreux : difficile d’y filer pour un week-end, leur cocon déco !
84 E L L E .FR
SaLLe à manger
Pour isoler la maison, tous les murs de
pierres ont été remplacés par du verre et
du bois, ce qui rend le lieu très chaleureux.
Dans la salle à manger, une grande table
de presbytère, chinée au Mans, peut
accueillir huit à dix convives. Indispensable
quand on a quatre enfants ! De là,
on a une vue superbe sur la montagne.
(Suspensions Zangra, saladier Ailleurs.)
CuiSine au vert
Pendant les travaux, Clémentine s’est découvert
une passion pour le vert sapin. Carreaux Emery
& Cie, suspension Zangra, accessoires… Elle en
a semé un peu partout dans la cuisine en bois.
(Pots et tableaux chinés, passoire Jars x Maison
Plisson, tasses India Mahdavi, cuillère Démodé.)
vertige en terraSSe
La vue de cette maison est la plus belle de la vallée.
C’est d’ailleurs pour elle que Clémentine et Emmanuel
ont craqué, faisant réaliser une immense baie vitrée,
ouverte dès qu’il fait beau.
mini-refuge
Au dernier étage, très mansardé, les enfants
adorent passer l’après-midi sur les matelas et
coussins Jamini posés à même la moquette.
Le tout se transforme en dortoir dès que
les amis débarquent !
eSprit gaLerie
« J’ai commencé à dessiner avec ma grand-mère et je ne
me suis jamais arrêtée, raconte Clémentine. Sur le
meuble de l’entrée, j’ai installé un pêle-mêle d’œuvres
des artistes que j’aime, de photos de famille et même
certains clichés pris par mes enfants. J’adore fouiller
à la Librairie des Alpes (6, rue de Seine, Paris-6e)
à la recherche de vieilles photos et de livres. »
86
CoSy CoCon
Simple et confortable, le salon est constitué
d’une banquette sur mesure en pin. couverte de
matelas et de gros coussins en tissu (rue Hérold),
elle permet de s’y asseoir ou de s’y allonger.
Aux murs, des dessins et photos de clémentine
et de Gwenaëlle, la femme d’Antoine ricardou,
cofondateur du studio Be-Poles.
(table basse roche Bobois.)
vIncent Leroux
11 janvieR 2019
Bain D’aLpage
Atmosphère chaleureuse pour la salle de bains grâce à un jeu malin
de poutres de bois sablées. Au sol, clin d’œil aux entrées
d’immeubles haussmanniens, le carrelage à cabochons rencontre
la moquette douillette. Lavabo et robinet anciens.
aLCôve perChée
calée dans une niche de bois, la chambre
d’amis bénéficie d’une vue incroyable
vIncent Leroux
sur la montagne. De petits recoins ont

également été prévus dans les murs afin
d’y installer livres et photos. n
(Linge de lit Merci.)
N° 122 / JANVIER - FÉVRIER 2019 80

RECETTES
INÉDITES
NOS 15 TENDANCE
FONDANT ET
BOUILLONS BRANCHÉ,
MAGIQUES LE PULLED PORK,
ADOPTEZ-LES C’EST LE
POUR RESTER NOUVEAU
JEUNE, MINCE BURGER
ET PLEIN(E)
D’ÉNERGIE
AGRUMES
DU SOLEIL
EN HIVER!
HIVER!
POULET AU CITRON
CEVICHE AU LIME EXTRAITS
TARTE AUX POMELOS…
L’UL
CAK TIME
TOUR DE OURSIN, LA SAGA
E BO
FRANCE FOOD
ÉTAPE 4 :
KIWI, CHOUX
NOS STARS
DE LA SAISON
DES ROSTANG
LA GASTRONOMIE
de c
OK
hri
sto
phe
mic
MARSEILLE DE PÈRE EN FILLES hal
ak
EXCLUSIF
20 RECETTES DE
CHRISTOPHE MICHALAK
1,10€ EN PLUS DU MAGAZINE
ELLE vie privée / environnement
11 janvier 2019
site jusqu’à 10 000 litres d’eau (arrosage du
coton pour sa culture et lavage compris), soit
l’équivalent de 200 douches. Chez Maison
Standards, le denim est « sourcé » chez Can-
diani, une maison très respectée en Italie, et
mode
le délavage écologique a été imposé. Et les
jeans sont recyclés à 37,5 %. D’autres marques
font des efforts, telles 1083 et Mud Jeans.
les aNaïs Dautais Warmel

Fondatrice de la marque Les Récupérables
exiger la transparence
Dessous Pourquoi ne pas interroger les marques ?

Posez vos questions par mail ou aux ven-
deurs en boutique pour savoir comment sont
Des conçus leurs vêtements. N’hésitez pas à les

questionner sur le salaire et les conditions de
travail des ouvriers chez leurs fournisseurs.
étiquettes mettre le prix

Achetez moins et mieux. Certaines ensei-
gnes décortiquent le prix final sur leur site en
isolant la matière première, le montage, la
teinture, les finitions, les transports, les
intermédiaires, etc. C’est le cas de Maison
Standards, Honest By ou Everlast.
stéphaNie CalViNo
Fondatrice de Rencontres AntiFashion
Choisir les bonnes boutiques
Tournez-vous vers les enseignes vendant des
marques écolo-compatibles comme Mani-
feste011 (14, rue Jean-Macé, Paris-11e), Front
Des pros De la moDe responsable nous Donnent de Mode (42, rue Volta, Paris-3e) ou Centre
Commercial (2, rue de Marseille, Paris-10e).
leurs petites astuces pour s’habiller plus On y trouve par exemple Bleu de Paname,
éthique en respectant les hommes et la nature. Roseanna, Veja ou Valentine Gauthier.
Chinez dans des friperies : Ding Fring (56,
par julia dion Grande-Rue, 59100 Roubaix ou La Coquette
(5, place de la Corderie-Henry-Bergasse,
Nayla ajaltouNi traitement. Il n’existe malheureusement pas Marseille-6e). Sur Internet, allez sur sloweare.
Membre du collectif Éthique sur l’étiquette de label social. Un T-shirt en coton bio peut com ou dressingresponsable.com n
Bien comprendre le « made in » très bien avoir été confectionné par des tra- anti-fashion-project.com
Savoir comment et où votre vêtement a été vailleurs sous-payés au Bangladesh ! Bon à
fabriqué est essentiel. Le « made in Europe »
n’est pas toujours synonyme d’éthique car,
savoir, l’Ademe (ademe.fr/ecolabel-europe)
liste les produits respectueux de l’environne- 3 iDées
dans certains pays comme la Slovaquie, les ment et de la santé, notamment dans le textile. plus éthiques
salaires des travailleurs du textile sont très ethique-sur-etiquette.org Dégainer son appli Good on
bas. Et un vêtement conçu à l’étranger béné- you : infos sur les conditions de travail,
ficie du « made in France » juste grâce à ses uriel KarseNti le respect de l’environnement, etc.
boutons cousus dans l’Hexagone ! Enfin, la Créateur de Maison Standards pour 1 000 références fashion.
mention « made in » n’est pas obligatoire, Faire attention à la matière se plonger dans « rétro-cool »
seules la composition du vêtement et ses Préférez les fibres naturelles (coton, laine), (éd. Flammarion), de Nathalie Dolivo
conditions d’entretien le sont. moins polluantes que les synthétiques sou-
katie + joe/stocksy
et Katell Pouliquen, grand reporter

Vérifier les labels vent issues de la pétrochimie (polyester, et rédactrice en chef à ELLE.
Oeko-Tex, Max Havelaar, Gots sont des cer- acrylique, polyamide, élasthanne, etc.). louer son dressing
tifications fiables mentionnant la qualité de la Être exigeant avec les jeans via panoplycity.com
fibre (bio et équitable) et son processus de La fabrication de ce type de pantalon néces-
90 E L L E .Fr
ELLE vie privée
c’est moN histoire
un petit
chat m’a rendue
zinzin
un animal domestique ? Jamais ! pouR isabelle,
55 ans, boule de poils Rimait avec tas d’ennuis, Jusqu’à
ce que ZoRRo déboule dans sa vie.
pRopos Recueillis paR Pascale Frey illustRation aNNabel brieNs
Je n’ai jamais voulu d’animaux, pas même un cochon coup moins contraignant qu’un chien, etc. J’ai tenté d’interrompre ce
d’inde, un canari ou un poisson rouge. ce n’est pas que je flot, demandant pourquoi ce ne serait pas un de ses copains qui
les déteste, mais ces petits êtres me semblent à la fois étrangers, un jouerait les sauveurs. peine perdue. trente minutes, vingt textos et six
peu dégoûtants et extrêmement encombrants. Évidemment, mes coups de fil plus tard, j’ai abdiqué, usée par le décalage horaire. de
enfants ont tenté de me convaincre lorsque les peluches ne les ont l’autre côté de l’atlantique, j’ai commencé à être inondée de photos
plus comblés. harcèlement, culpabilisation… ils ont tout essayé. sans du chaton sur les lits des enfants, à la cuisine, dans la baignoire, sur
succès. passer pour une mère sans cœur, restant de glace devant mon bureau… le nouveau roi, c’était lui. Quand il s’est agi de le
une petite boule de poils, ne me posait aucun problème. pourquoi ? baptiser, j’ai opté pour zorro.
parce que la mignonne petite bête finit toujours par se transformer en À mon retour de voyage, zorro m’a tournicoté autour, aussi sociable
mastodonte qu’il faut nourrir, soigner, promener (à voir l’empresse- que ses jeunes maîtres. il était effectivement très mignon. Malheureu-
ment que mes fils mettaient à vider le lave-vaisselle, nul doute qu’ils sement, il avait une propension à se
auraient tout mis en œuvre pour éviter la promenade hygiénique de glisser dans mon sac et à faire ses
minuit en décembre !), voire faire piquer avec tout le chagrin qui en griffes partout : fauteuils, rideaux…
découle. et que faire de Médor ou de Félix pendant les vacances ? on l’a fait castrer, mais nous n’avions
tels étaient les arguments de mes parents lorsque j’étais enfant, et je pas prévu qu’il se vengerait en Je me suis
les avais repris à mon compte à l’âge adulte. nos fils ont donc grandi confondant, quelques jours durant, touJouRs
sans bête à poils, nous avons toujours tenu bon. seule exception, la
présence de souris peu farouches dans notre immeuble. le soir, elles
sa litière et notre canapé. Ça, c’était
moins rigolo. on avait beau net- moquée des
venaient régulièrement regarder la télévision à nos côtés, comme toyer, ça empestait. au moment où gens gâteux
Jerry, nous poussant parfois à envisager l’acquisition d’un tom, plus
efficace que tous les dératiseurs incompétents qui ont défilé à la mai-
même nos fils ont fini par dire que ce
n’était plus possible et qu’on n’allait
avec leuRs
son. surtout que thomas, notre cadet, est violemment « musophobe ». pas pouvoir le garder, il a retrouvé animaux.
dès qu’il voit poindre un museau, ce grand gaillard de rugbyman le chemin de sa litière officielle. dès maintenant,
peut finir recroquevillé sur son bureau, terrifié. Bref, louis et thomas lors, zorro a fait partie de la famille,
ayant dorénavant 20 et 18 ans, nous étions passés entre les gouttes petite présence apaisante. Je compRends.
et avions échappé à l’esclavage des « quatre pattes ». Mais, un matin, juste après noël,
plus de zorro. les fenêtres étaient
Ne jamais dire jamais fermées, il n’avait donc pas pu s’en-
un beau jour de décembre pourtant, ma vie a basculé. J’étais en fuir par là… tout d’un coup, je me suis souvenue que j’avais entendu
voyage d’affaires à new York lorsque louis, parti travailler avec des la porte d’entrée claquer dans la nuit. les garçons étaient revenus
copains à la campagne, a téléphoné non-stop pendant une réunion. tard et ils avaient dû le laisser filer sans même s’en rendre compte.
imaginant toutes sortes de malheurs, je me suis éclipsée et l’ai rap- Branle-bas de combat ! À 7 heures, on a sonné chez les voisins, visité
pelé. Quelques secondes plus tard, il claironnait : « Maman, j’ai une les caves, erré dans la rue en hurlant « zorro ! », collé des petites
excellente nouvelle, on va avoir un petit chat ! » Je suis restée muette, annonces à la boulangerie. dès le lendemain, toute la rue suivait RetRouvez
« C’est
l’écoutant m’expliquer que ses amis et lui avaient été élus par un cha- l’affaire et nous demandait des nouvelles. zorro était petit, il ne mon histoire »
ton noir, qu’ils s’étaient renseignés auprès des voisins, qu’il n’appar- connaissait pas le quartier, il faisait un froid de gueux. Je l’imaginais en podcast suR
la chaîne itunes
tenait à personne, que sans aide il allait mourir, que ce serait beau- grelottant, s’il était encore vivant, bien sûr. J’ai même appelé sophie, de « elle ».
92 E L L E .FR
11 JanvieR 2019
ma copine fan de Yi King, qui m’a rassurée, affirmant qu’il était vivant, de nous le rendre s’il était à nous. Quelques minutes plus tard, je
pas très loin, plutôt au nord. J’étais bien avancée. une semaine qu’on sonnais à sa porte. eh oui, c’était zorro, pas particulièrement content
l’avait perdu quand même. J’allais au bureau comme une âme en de me retrouver. visiblement, il se plaisait bien ici !
peine, les yeux rougis au point d’inquiéter mon équipe, qui se deman-
dait si j’avais perdu un proche. « oui », ai-je répondu. Qu’allait-on le retoUr dU chat ProdiGUe
devenir sans zorro ? soudain, j’ai eu une idée. internet sert à tout, sieste tout l’après-midi, java la nuit, miaulements le matin devant la
acheter des meubles, retrouver des vêtements égarés et même porte de la chambre pour avoir ses croquettes… zorro a très vite
rechercher des amis perdus de vue depuis cinquante ans. pourquoi repris ses marques à la maison. Échaudés par sa fugue, on a com-
pas un chat ? J’ai tapé « j’ai perdu mon chat » et découvert qu’il exis- mencé à le laisser sortir pour qu’il apprenne à rentrer tout seul.
tait bien un site dédié : chat-perdu.org. incroyable ! il était gratuit, ce depuis, il a un emploi du temps chargé. le matin, il va dire bonjour à
n’était donc pas une arnaque. J’ai rédigé mon annonce, avec le lieu la voisine qu’il a prise en affection, et vice versa. ensuite, il passe une
et la date de la disparition, et posté une photo de zorro. trois jours bonne partie de la journée sur le toit du garage, en face. le soir, il file
plus tard, à l’aube, j’ai reçu une alerte. on me prévenait que, sur dieu sait où jusqu’à ce qu’on l’appelle. dès qu’il y a du monde, il
Facebook, des personnes habitant tout près de chez nous signa- débarque, ravi, et fait le tour de la table. et quand on part en
laient la présence d’un petit chat noir. avec un numéro de téléphone. vacances, une « cat sitter » du quartier vient deux fois par jour le nour-
J’ai appelé et je suis tombée sur une gardienne qui m’a raconté l’avoir rir et lui tenir compagnie. Je me suis toujours moquée des gens gâteux
recueilli parce qu’il errait dans la rue. son immeuble l’avait adopté avec leurs animaux. Maintenant, je comprends. Á tel point que je me
et il passait chez les uns et les autres. Reste qu’elle serait bien contente demande si je ne vais pas aussi recueillir un chien ! n
Vous aVez enVie de raConter Votre histoire ? nos JouRnalistes peuvent RecueilliR
votRe tÉMoignage. ÉcRivez-nous À [email protected]
E L L E .FR 93
ELLE vie privée / une journée avec
11 janvier 2019
06.00
J’aimerais vous dire qu’après une
heure de méditation je me branche son lieu
sur France Culture et je déguste un « La pâtisserie Conté
thé vert fumé pendant que mon mec à Toulouse. C’est
prépare un granola maison… Mais là que j’allais chercher
j’émerge péniblement à 8 h 30 et ma chocolatine
seulement parce que le réveil de après l’école. »
Matthieu a sonné. Je suis imbuvable 37, rue Croix-Baragnon,
tant que je n’ai pas avalé mon café 31000 Toulouse.
et mis mes lentilles. Ensuite, cap sur
le frigo. Rien à part un bout de
pizza... Namasté !
08.40
Mon téléphone sonne. C’est ma
mère. Trop tôt pour répondre.
10.30
J’enfourche mon vélo, direction la agnès
hurstel
Maison de la Radio pour rejoindre
l’équipe de « La Bande originale » son hobby
de Nagui. « #passionpharmacie.
Dès que je me rends
10.55 Cette étoile montante du stand-up, dans une ville, c’est
le premier lieu dans lequel
J’arrive juste avant le début de nouvelle venue dans « la bande je rentre. Ça me rassure. »
l’émission. Nagui m’a appelée
le 15 août pour me proposer une originale » sur FranCe inter, nous
chronique. Il venait de voir ma dévoile son quotidien. déComplexant. son chiffre
112
conférence Ted X, huit minutes sur
le roulage de pelle. Un éloge de par soline delos
la lenteur, en quelque sorte ! La
galoche, c’est une véritable éduca- 19.00
tion sentimentale. D’ailleurs, quand on roule une J’appelle Kader Aoun, le producteur de mon spec-
pelle, on passe par toutes les émotions : la peur, tacle « Avec ma bouche », pour lui raconter ma « le nombre
l’amour, le désir. Pour ma chronique, j’ai sujet libre, dernière blague. Souvent, il me dit : « C’est nul. » de mes ex. »
mais on est sur France Inter. L’idée, c’est d’être Parfois : « Creuse ! » Je viens de finir les représenta-
drôle, intelligent, sensible et de gauche. tions à Paris et j’ai hâte de remonter sur scène.
s george jerusalmi/contour by getty images ; i-stock ; edmond sadaka/sipa.

Donc je peaufine le texte. Le théâtre, c’est mon truc
13.00 depuis l’enfance. Au départ, je ne pensais pas que
Je n’ai jamais sauté un seul repas de ma vie et je j’allais jouer, je voulais juste écrire. J’ai fait hypo-
mange de tout. Sauf le sucre, le sel, le gluten, le khâgne, khâgne et, à 25 ans, j’ai découvert le
gras, le lactose, la viande rouge... stand-up. Du coup, je me retrouve sur scène à faire
des blagues sur mon vagin !
15.00
Quand je ne passe pas de casting, je retrouve le 20.00
scénariste et réalisateur Victor Saint Macary, Je commande une pizza qui arrive généralement son actu
avec qui j’écris le scénario de « Jeune et golri », presque froide et toute retournée ! Je regarde Elle a une chronique dans
une série romantique et cul, pour OCS. C’est beaucoup de films et de séries. Mon top 3 : « Broad « La Bande originale »
parti pour quatre heures de boulot. On rigole, on City », « Pulling » et « Catastrophe ». J’adore l’humour de Nagui (photo), le mardi
s’engueule et, immanquablement, pendant la anglais. Ça me rappelle mon adolescence, que à 11 heures sur France Inter.
dernière demi-heure, on trouve les bonnes idées. j’ai passée à Londres. Elle joue dans « Les Parties
intimes », de Noé Debré.
18.00 23.00 Les dates de sa tournée
Ma mère me rappelle. Comme j’ai pris trois Je me mets à ma chronique du lendemain, dans le d’« Avec ma bouche »
Guronsan, je décroche. stress. J’aurais mieux fait de méditer. sont sur @agneshurstel.
94 E L L E .Fr
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r 6 mois (26 nos) : 46 € au lieu de 57,20 €* • SUISSE : 52 nos : 183 CHF ;
* Prix de vente au numéro. LLBJ5 26 nos : 91 CHF.
• Autres pays (hors Suisse, Belgique, Canada, USA : voir ci-contre)** et règlement à envoyer à :
Nous consulter au (0033) 1 75 33 70 35. Dynapresse, 38, avenue
Vibert, CH, 1227 Carouge.
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Par téléphone : France 01 75 33 70 35. Etranger (0033) 1 75 33 70 35. Tél. : (514) 355-3333.
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92534 Levallois-Perret Cedex, RCS Nanterre B 324 286 319. 355-3333. Fax : (514) 355-3332.
96
NUMÉROSCOPE Semaine du 11 au 17 janvieR 2019

paR Marie Gardaire
le climat hebdomadaire influe sur votre chiffre personnel, qui sera donc modifié chaque semaine. pour le calculer, additionnez les
chiffres de vos jour, mois et année de naissance. par exemple, si vous êtes née le 27/11/1984, 2 + 7 + 1 + 1 + 1 + 9 + 8 + 4 = 33, 33 c’est
3 + 3 = 6. Mémorisez ce premier chiffre, auquel vous ajouterez le chiffre de la semaine (voir encadré ci-dessous) : 6 + 2 = 8.
votre chiffre est le 8.
décidée stratéGique Généreuse

vous allez au bout des choses vous aimez le pouvoir ? mieux vaudrait artiste dans l’âme, vous avez une idée
et vous vous sentez en phase avec l’assumer que d’essayer de tirer les ficelles à la seconde pour embellir la vie de votre
les projets entamés. sur un plan personnel, depuis les coulisses. ce chiffre 2 ne vous entourage. mais n’en faites-vous pas trop ?
avec ce chiffre 1, vous ne tolérez aucun conduit pas à la diplomatie, peut-être vous vous donnez corps et âme et il n’est
faux pas et votre partenaire n’a qu’à est-ce dommageable... enfin, si votre pas certain que vous ayez autant de retours
marcher droit ! au cas où vous seriez couple bat de l’aile ou si vous vous sentez positifs que ce que vous pensez. vers le
célibataire, c’est votre niveau d’exigence seule, il ne tient qu’à vous d’essayer 14 janvier, vous vous rendez cependant
qui vous fait écarter des candidats de rétablir l’harmonie. après le 13 janvier, compte qu’un(e) de vos ami(e)s a besoin
potentiels (surtout après le 15 janvier). vous risquez d’être très motivée à le faire, d’un soutien d’urgence. sachez prioriser
mais, au fond, vous êtes heureuse même si vous avez un sens de pour ne pas l’abandonner à ses difficultés.
d’être libre de vos mouvements. l’improvisation poétique bien à vous. ce chiffre 3 met l’amitié au centre.
constructive idéaliste altruiste

vous en avez assez des non-dits et vous ne supportez plus ceux qui se vous avez du mal à vous dire que
des faux-semblants, alors vous dénouez plaignent à longueur de temps, vous avez si vous êtes seule à vous sentir bien,
les malentendus les uns après les autres. envie de vous confronter à des réalités c’est suffisant ! votre besoin de partager
après ce ménage de début d’année, autres. vous rêvez d’approcher des cultures crée l’émerveillement chez vos proches
vous vous sentez régénérée. ce chiffre 4 ou des façons de vivre éloignées de vos et votre vie s’en trouve illuminée.
vous a conduite à forcer votre nature trop habitudes ! Ça vous taraude. et si vous sur un plan personnel, avec ce chiffre 6,
intériorisée, à vous ouvrir. au boulot, envisagiez un long voyage ? vous avez vous êtes dans l’acceptation des limites
ça favorise aussi les échanges et une besoin de changer d’air et, si vous êtes de chacun, ce qui apporte une grande
meilleure intégration dans les projets en attente de rencontrer « la bonne » douceur dans votre quotidien... vous
ou les équipes. vers le 14 janvier, une belle personne, c’est exactement ce qui pourrait savourez ces moments privilégiés en vous
surprise de vos proches vous comble. se produire en quittant les sentiers battus. sentant gâtée par la vie.
ènervée hypersensible confiante

frustrée par une déconvenue récente, vous allez avoir du mal à avaler les vous avez foi en l’avenir et en sa myriade
vous êtes carrément en colère ! pourtant, reproches injustes qu’on vous fait cette de possibilités. vous avez mille fois raison
ce serait bien de changer d’état d’esprit, semaine (avant le 14 janvier). pour autant, de ne pas vous laisser submerger
car la vie va bientôt frapper à votre porte ne décidez pas de tout envoyer valser. par vos émotions passagères ; elles ne sont
avec une belle nouvelle… vers le 15 janvier, vous avez besoin de stabiliser votre pas bonnes conseillères. sachez qu’avec
il va falloir penser budget avec ce chiffre 7 situation et de prendre le temps de peser ce chiffre 9 votre ambition est un peu
et ne plus fonctionner seulement en les avantages et les inconvénients. avec démesurée, mais vous ne voudriez pas que
bouchant les trous au dernier moment ! ce chiffre 8, peut-être serait-ce le moment ce soit autrement… vous assumez une
par ailleurs, vous faites un réel effort d’initier un projet qui donne plus de sens forme d’excès, c’est votre signature dans
de communication : votre entourage vous à votre vie ? enfin, sachez calmer votre l’existence ! vers le 14 janvier, ralentissez
est reconnaissant de votre implication. nervosité, elle peut vous causer du tort. sur les vitamines dans votre alimentation.
2 est le chiffre de cette seMaine. vous verrez que si vous prenez vraiment le temps
de faire chaque chose comme vous l’entendez, rien ne vous rÉsistera !
Suivez Marie Gardaire sur astropartouslestemps.com
E L L E .FR 97
HOROSCOPE semaine du 11 au 17 janvieR 2019

paR marie gardaire
béLIer
21 maRs - 20 avRil
Taureau
21 avRil - 21 mai
Gémeaux
22 mai - 21 juin
Vous abordez l’année avec plein de bonnes Mercure et Saturne ont l’air de s’être mis d’ac- Vénus et Jupiter viennent vous titiller sur des points
résolutions... à mettre en pratique. Surveillez sur- cord pour vous demander de vous investir davan- que vous aviez cru acquis, mais que vous avez
tout votre vitalité. Maintenez le rythme sans accé- tage… dans votre routine ! Il ne s’agira pas de peut-être traités un peu à la légère ! Quelques
lérations sinon vous risqueriez la saturation. Votre faire preuve d’imagination, mais de respecter les changements souhaités et vraiment obligatoires
cœur ressent terriblement l’envie qu’un nouveau contraintes et les lignes imposées. Relèverez- doivent être envisagés, mais sans vous écarter de
chapitre s’ouvre et vos résolutions de stabilité, vous le défi ? Le papillonnage est de toute façon votre ligne de conduite initiale. Vers le 14 janvier,
envers et contre tout, entrent dans une zone une tentation constante qui vous guette. Et l’envie vous avez décidé de jouer le tout pour le tout
d’ombre. N’exprimez pas de regrets, sachez de moments mémorables vous fait parfois perdre pour retenir l’attention de quelqu’un, mais est-ce
simplement tourner la page. le fil… Mais rien de sérieux à l’horizon ! que le jeu en vaut la chandelle ? Pas si sûr.
cancer
22 juin - 22 juillet
LIOn
23 juillet - 22 août
VIerGe
23 août - 22 septembRe
Beaucoup d’influences très contrastées vous mal- Prudence avec la lune noire qui vous pousse un Une bouffée d’oxygène liée à votre capacité à
mènent, d’Uranus à Pluton en passant par Saturne. peu vite à vous engager dans un investissement, redynamiser votre planning va vous porter dès le
Trop de contrariétés amoureuses, de dépenses, les influx planétaires sont neutres et du coup les 13 janvier. Effectivement, vous secouez la pesan-
d’horaires malmenés, de quiproquos familiaux et protecteurs qui vous guidaient jusque-là vous teur de Neptune et ses doutes incessants. Vous
probablement de soucis avec votre habitation… manquent. La clé est dans la recherche de rensei- allez de l’avant et rien décidément ne vous arrête !
La bonne attitude est incontestablement de prendre gnements complémentaires jusqu’au 15 janvier. À partir du 15 janvier, vous allez avoir la tentation
le temps de chaque chose, surtout après le 13 jan- Ensuite, dans le fait de lâcher simplement la bride d’économiser et de réduire les coûts suite à un
vier, et de résoudre patiemment chaque point qui et de laisser le temps dérouler tranquillement son climat d’insécurité, mais ce n’est vraiment pas le
se présente à vous. fil sans plus trop se poser de questions. bon choix.
baLance
23 septembRe - 23 octobRe
scOrpIOn
24 octobRe - 22 novembRe
saGITTaIre
23 novembRe - 21 décembRe
La part de Fortune tire Mars vers l’affirmation de Du trouble et beaucoup de séduction sont distil- C’est un tournant général très fructueux qu’apporte
soi et vous osez enfin dire et faire ce que vous lés par Neptune qui se sent au maximum de son Jupiter. Vous avez besoin de vous sentir nécessaire
aviez sur le cœur depuis longtemps. Ce qui se aura. Pour autant, la question de la direction glo- aux autres et la bonne méthode est de ficeler un
prépare est un réel changement de statut ou de bale de votre vie demeure. Avez-vous envie de programme pour et avec votre entourage. Le
cap de vie, et vous l’accueillez avec sérénité. vous amuser encore ou bien sentez-vous qu’il est cœur est plus complexe à gérer parce que vous
Vers le 15 janvier, l’immobilisme d’un proche vous temps de passer à une étape plus constructive ? vous sentez globalement incomprise par votre
posera problème et vous déciderez de ne plus Votre nature indéfectiblement romantique ressort partenaire et le dialogue ne sert à rien. Peut-être
accepter l’inacceptable. Cette réaction sera très nettement après le 15 janvier et ce n’est pas faut-il prendre de la distance ou envisager de
parfaitement adaptée et légitime. forcément un mal. faire un break temporaire ?
caprIcOrne
22 décembRe - 20 janvieR
Verseau
21 janvieR - 18 FévRieR
pOIssOns
19 FévRieR - 20 maRs
Rendez-vous au sommet pour Saturne, Pluton et Seriez-vous tentée par les aventures ? Éros C’est une marge de manœuvre confortable qui
Mercure qui se disputent la première place dans manque d’espace dans votre vie et ça finit par vous attend dans les semaines à venir. Inutile de
votre signe. Des décisions mûries, qui s’appuient vous mettre le moral à plat et d’une humeur de vous presser ou d’essayer de mobiliser toutes vos
uniquement sur des personnes dont vous pouvez chien. Prenez donc le temps de vous faire plaisir ressources, vous avez surtout besoin de temps et
être sûre à 100 %, et une mutation viennent petit à et de vous coucher plus tard. Les habitudes vous vous en aurez bientôt à foison. Sollicitez vos
petit modifier votre quotidien. Après avoir tout lassent. Votre planning manque un peu de piment. proches car vous ressentez un manque d’atten-
sécurisé, vous pouvez finalement profiter du juste Attention – surtout après le 14 janvier – à ne pas tion et de sollicitude, une grande fatigue vous
repos du guerrier… et être fière de vous car ce trop investir les rencontres qui peuvent n’être abat et finit par mettre votre moral à zéro, alors
chemin a été parcouru seule. qu’éphémères... que tout va réellement très bien !
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blettes et lard COUrGes et CHOU Kale
E L L E Les pascades de Bruno Doucet E L L E Les pascades de Bruno Doucet
VeaU et MarrONs POIre et CaraMel aU beUrre salÉ
E L L E Les pascades de Bruno Doucet E L L E Les pascades de Bruno Doucet

Les pascades de Bruno Doucet Les pascades de Bruno Doucet
COUrGes et CHOU Kale blettes et lard

« L’acidité d’un jurançon rehaussera à merveille ces pascades ! » « Cette version de base est idéale à l’apéritif avec un vin orange. »
Préparation : 20 mn 1. PrÉPareZ les PasCades. Mélangez les œufs Préparation : 20 mn 1. PrÉPareZ la Pâte à PasCades. Mélangez
Cuisson : 40 mn et la farine. Faites fondre le beurre. Ajoutez le beurre Repos : 1 h les œufs et la farine. Faites fondre le beurre. Ajoutez
Repos : 1 h tiède au mélange sans cesser de remuer. Délayez Cuisson : 35 mn le beurre tiède au mélange sans cesser de remuer.
Pour 4 personnes Pour 4 personnes
au fouet avec le lait. Réservez au frais 1 h minimum. Délayez au fouet avec le lait. Réservez au frais
Beurrez largement 4 moules à gâteau antiadhésifs les PasCades 1 h minimum.
les PasCades de 20 cm de diamètre. Versez 2 louches d’appareil 6 œufs 2. faItes dessaler le lard dans l’eau. Rincez
6 œufs 200 g de farine
à pascade dans chacun d’eux et enfournez 25 mn 200 g de beurre les blettes. Faites-les fondre à feu doux dans
200 g de farine
200 g de beurre à 180 °C/th. 6. 50 cl de lait une cocotte avec l’huile d’olive après avoir haché
50 cl de lait 2. PrÉPareZ la GarNItUre. Rincez et taillez la partie verte. Salez et poivrez. Essuyez le lard
le potiron en cubes de 3 cm. Étuvez-les à feu doux et la GarNItUre dessalé puis émincez-le finement.
la GarNItUre à couvert avec 40 g de beurre pendant 10 mn. Salez 200 g de dés de lard 3. beUrreZ largement 4 moules à gâteau
600 g de potiron et déglacez avec le vinaigre en fin de cuisson. salé antiadhésifs de 20 cm de diamètre. Saupoudrez-les
80 g de beurre 1 botte de blettes
3. dÉCOUPeZ la courge butternut en gros cubes, de sucre, répartissez-y blettes, le lard, versez
1 kg de courge butternut 1 cuil. à soupe d’huile
400 g de chou kale faites-les cuire à la vapeur pendant 25 mn. d’olive 2 louches d’appareil à pascade dans chaque moule
5 cl de vinaigre de cidre Passez-les au mixeur avec 40 g de beurre pour 1 cuil. à soupe de sucre et enfournez 25 mn à 180 °C/th. 6.
40 g de noix de cajou obtenir une purée. Salez. semoule
non salées 4. ôteZ les côtes centrales du chou. Faites-le blanchir sel, poivre
sel, poivre à l’eau bouillante salée quelques minutes. Égouttez.
5. ÉtaleZ la purée de butternut au fond de chaque
pascade. Garnissez de cubes de potiron tièdes
et de chou, parsemez de noix de cajou. Poivrez et
dégustez.
brUNO dOUCet, chef de la régalade saint-Honoré
(Paris-1er), et sébastien Pradal, sommelier, ont repris
les rênes de la Pascade, table mettant à l’honneur
cette spécialité de l’aveyron. au fil des saisons,
ils déclinent cette sorte de crêpe sucrée-salée avec
les fICHes -CUIsINe E L L E imagination. 14, rue daunou, Paris-2e. tél. : 01 42 60 11 00.
Les pascades de Bruno Doucet Les pascades de Bruno Doucet
POIre et CaraMel aU beUrre salÉ VeaU et MarrONs

« Au dessert ou au goûter, une spécialité de saison très gourmande… » « Le secret réside dans la cuisson du veau,
bardé pour qu’il reste tendre et juteux. »
Préparation : 20 mn 1. PrÉPareZ les PasCades.
Cuisson : 35 mn 2. PrÉPareZ la GarNItUre. Portez à ébullition Préparation : 30 mn 1. PrÉPareZ les PasCades.
Repos : 1 h Cuisson : 55 mn 2. PrÉPareZ la GarNItUre. Disposez dans un plat
50 cl d’eau, 250 g de sucre et la gousse de vanille Repos : 1 h
Pour 4 personnes les châtaignes, les gousses d’ail en chemise, le thym,
fendue. Pochez les poires pelées dans ce sirop Pour 4 personnes
pendant 15 mn. Égouttez les poires, émincez-les le laurier et le rôti de veau. Glissez le plat 40 mn
les PasCades et ôtez les pépins. Réservez au frais. au four préchauffé à 200 °C/th. 6-7. À la fin
(voir recette les PasCades de la cuisson, réservez le veau au chaud. Conservez
3. faItes CUIre 100 g de sucre et 3 cl d’eau jusqu’à (voir recette
« Courges et chou kale ») la garniture dans le plat, déglacez le tout sur feu vif
obtention d’un caramel brun. Lorsque l’odeur devient « Courges et chou kale »)
un peu âcre, ajoutez le beurre hors du feu, mélangez. avec le vin blanc et 20 cl d’eau. Réduisez de moitié
la GarNItUre
350 g de sucre Versez-y la crème liquide, puis remettez sur feu vif la GarNItUre puis réservez.
+ 4 cuil. à soupe jusqu’à ébullition. Réservez. 250 g de châtaignes 3. taIlleZ les côtes de blette en morceaux de 3 cm.
1 gousse de vanille sous vide Faites-les blanchir, puis étuvez-les au beurre quelques
4. dÉPOseZ le riz dans une poêle à fond épais
4 poires mûres et fermes 4 gousses d’ail minutes, salez.
très chaude. Laissez cuire 4 mn jusqu’à obtention 1 branche de thym
40 g de beurre demi-sel 4. rÉCHaUffeZ les pascades. Disposez sur chacune
20 cl de crème liquide d’un riz soufflé. 3 feuilles de laurier
entière 5. ÉtaleZ sur chaque pascade sortant du four 1 kg de veau bardé d’elles un peu de blettes, quelques marrons
50 g de riz à sushi une grosse cuillère à soupe de crème fraîche. Ajoutez 10 cl de vin blanc sec grossièrement émiettés et 1 gousse d’ail en chemise.
60 g de crème fraîche les poires émincées et le caramel au beurre salé. 1 botte de blettes Arrosez de jus de cuisson. Au centre, déposez 3 fines
50 g de beurre tranches de veau et 2 demi-tranches de jambon sec.
Saupoudrez de riz soufflé et servez. 4 fines tranches Salez et poivrez.
de jambon sec
200 g de roquette
5. dÉCOreZ chaque pascade de quelques feuilles
Huile d’olive de roquette assaisonnées d’huile d’olive
Vinaigre de Xérès et de vinaigre de Xérès. Servez-les bien chaudes.
sel, poivre
ELLE 3812
Réalisation Sandrine Furet.
Photos Nathalie Carnet,
les fICHes -CUIsINe E L L E les fICHes -CUIsINe E L L E Stéphane de Bourgies.
la liste de nos envies réalisation mireille assénat
1 Charlotte Huguet 2 Cora Delacroix 3 Sandra Basch
4 Lauriane Seignier 5 Lise Dupont 6 Isabelle Sansonetti
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РЕЛИЗ ПОДГОТОВИЛА ГРУППА "What's News" VK.COM/WSNWS

M 01648 - 3812 - F: 2,30 E

Naturel. Diﬀérent. Eﬃcace.

SOMMAIRE Semaine du 11 au 17 janvieR 2019

{le fashion cRuSh }

13 l’édito Par Alix Girod de l’Ain.

directrice de La rÉdaction ERIn doHERty

directrice GÉnÉraLe dÉLÉGUÉe d’Édition

ÉditionS internationaLeS (44 61) CEo lICEnCES IntERnatIonalES

Photo : Gregory Derkenne - mac-douglas.com

{ droit des femmes }

en dressant un mur humain pour protester contre l’inégalité des sexes,

et en mai. La moitié de ce pays de 1,5 milliard d’habitants

pourrait une fois encore en faire les frais.

regard au beau fixe…

DES IDÉES COCOONING

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