Procédés de Traduction de L'anglais en Français - Wikilivres

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Procédés de
traduction de
l'anglais en
français

La traduction de l'anglais au français


est un exercice universitaire avec ses
règles et ses procédés propres. Cet
exercice s'appelle traditionnellement
« version anglaise »[1]. Les premiers
auteurs à avoir essayé de mettre de
l'ordre dans les méthodes de traduction
de l'anglais au français sont J.-P. Vinay
et J. Darbelnet, avec leur Stylistique
comparée du français et de l'anglais
(Paris, Didier, 1958)[2].

Les principaux procédés de


traduction
Les procédés techniques auxquels se
ramène la démarche du traducteur ont
été définis et classés par J.-P. Vinay et
J. Darbelnet. Ils sont au nombre de
sept : l'emprunt, le calque, la traduction
littérale, la transposition, la modulation,
l'équivalence et l'adaptation.
Emprunt lexical …

L'emprunt lexical consiste à utiliser en


français le terme anglais[3]:

boy-friend au lieu de « petit ami »,


« amoureux » (le nom)
layout au lieu de « maquette »,
« premier squelette » (d'un film
d'animation)
punching-ball au lieu de « ballon de
frappe » (au propre), « tête de turc » (au
figuré)
la City, au lieu de « la Cité » (de
Londres)
le British Museum, au lieu de « Musée
britannique »
le Golden Gate Bridge, au lieu de « Pont
de la porte d'or »

Pour certains auteurs, toutefois,


l'emprunt n'est que rarement un
procédé de traduction à proprement
parler car il se trouve généralement
intégré au lexique[4].

Calque …

Le calque est l'emprunt d'un syntagme


étranger avec traduction littérale de ses
éléments [5]:

week-end traduit par « fin de semaine »,


skyscraper traduit par « gratte-ciel »,
honeymoon traduit par « lune de miel ».
Comme l'emprunt, et pour les mêmes
raisons, le calque n'est pas considéré
par certains auteurs comme un
véritable procédé de traduction[6].

Traduction littérale …

La traduction littérale désigne une


traduction mot-à-mot aboutissant à un
texte à la fois correct et idiomatique [7]:

What time is it? ⇒ « Quelle heure est-


il ? »
Facts are stubborn ⇒ « Les faits sont
têtus »

Elle n'est acceptable que si la langue


cible garde la même syntaxe, le même
sens et le même style que la langue
source :

He had always dreamed of going to


Ireland ⇒ « Il avait toujours rêvé d'aller
en Irlande »

Transposition …

Cas général …

La transposition consiste à changer la


catégorie grammaticale d'un mot ou
d'un groupe de mots sans changer le
sens du message[8].

Verbe ⇒ substantif
what economists do ⇒ « la
conduite des économistes »
Substantif ⇒ verbe
the assumption is that ⇒ « on
suppose que »
Verbe ⇒ préposition
the British Premier thinks that ⇒
« selon le Premier ministre
britannique »
Participe passé ⇒ substantif
improved tax collection ⇒ « l'
amélioration du recouvrement de
l'impôt »
Adjectif ⇒ substantif
the speculative property boom ⇒
« la flambée de spéculation
immobilière »
Adjectif ⇒ adverbe
have generated sufficient interest
⇒ « ont suscité suffisamment
d'intérêt »
Préposition ⇒ participe passé
patients over the age of 40 ⇒ les
malades ayant dépassé l'âge de 40
ans
Verbe ⇒ expression adverbiale
he strode into the house ⇒ « il
entra à grands pas dans la
maison »
Adverbe ⇒ verbe
He nearly got arrested ⇒ « il faillit
se faire arrêter »
Préposition ⇒ relative
the people around him ⇒ « les
gens qui l'entourent »
Cas particulier : le chassé-croisé …

Le chassé-croisé est une double


transposition mettant en jeu à la fois un
changement de catégorie grammaticale
et une permutation syntaxique des
éléments formant sens.

Dans l'expression du mouvement ou de


l'évolution :

he groped his way across the room : « il


traversa la pièce à tâtons » (verbe
anglais groped ⇒ nom français
« tâtons », préposition anglaise across
⇒ verbe français « traversa »)
his mother nursed him back to health :
« par ses soins, sa mère lui fit
recouvrer la santé » (verbe anglais
nursed ⇒ complément de moyen
français « par ses soins », locution
prépositive back to ⇒ groupe verbal
« fit recouvrer »)

Avec un verbe à postposition (ou


phrasal verb en anglais) :

to hit back ⇒ « rendre les coups » (to


hit ⇒ les coups, back ⇒ rendre)
they chopped the tree down ⇒ « ils
abattirent l'arbre à coups de hache »
(chopped ⇒ « à coups de hache »,
down ⇒ « abattirent »)

Avec une structure de type résultatif :


to work oneself to death ⇒ « se tuer à
la tâche » (to work oneself ⇒ « à la
tâche », to death ⇒ « se tuer »)
he kicked the door shut ⇒ « il ferma la
porte d'un coup de pied » (kicked ⇒
« d'un coup de pied », le participe
passé adjectivé shut ⇒ « ferma »)

Cas particulier : l'étoffement …

L'étoffement (ou amplification) est un


type de transposition consistant à
ajouter un syntagme nominal ou verbal
pour traduire une préposition, un
pronom ou un adverbe interrogatif [9].
Ainsi, les prépositions françaises ont
besoin d'être étoffées par l'adjonction
d'un participe passé ou par un nom,
alors que les prépositions anglaises se
suffisent à elles-mêmes :

according to a report in European Policy


Analyst ⇒ « selon un rapport publié
dans le European Policy Analyst »
To Exits (sur un panneau) ⇒ « Accès
aux sorties »
a campaign by Redmond, Washington-
based Microsoft ⇒ « une campagne
orchestrée par Microsoft, société ayant
son siège social à Redmond, dans
l'État de Washington »
the charge against him ⇒
« l'accusation portée contre lui »
You can reach his room through the
study ⇒ « On peut atteindre sa
chambre en passant par le bureau »
Trips from Dover ⇒ « Excursions au
départ de Douvres »

Le procédé inverse a pour nom


dépouillement : il se rencontre surtout
en allant du français à l'anglais.

Modulation …

La modulation consiste à changer le


point de vue, l'éclairage, soit pour
contourner une difficulté de traduction,
soit pour faire apparaître une façon de
voir les choses, propre aux locuteurs de
la langue d'arrivée[10]:
war's wrenching effects on ordinary
lives ⇒ « les effets dévastateurs de la
guerre sur le commun des mortels »
John Major has promised there will be
no hiding place from the challenge of
competition ⇒ « John Major a assuré
que « le défi de la concurrence frappera
partout »
trade buyers have been as rare as hen's
teeth ⇒ « la clientèle des marchands
s'est faite aussi rare que le merle
blanc »
Who knows? You may be right ⇒ « Qui
sait ? Tu n'as peut-être pas tort »

La modulation de syntaxe consiste à


changer l'ordre des mots pour rendre la
phrase plus fluide :

By 2003, according to the latest EITO


report, 17% of all sales will be
transacted over the Internet. ⇒ « Selon
le dernier rapport en date de l'EITO,
l'Internet verra passer 17% des ventes
mondiales d'ici 2003. »
Midland is likely to oppose the bid ⇒ « il
est probable que Midland s'opposera à
l'OPA »

Équivalence …

L'équivalence est un procédé par lequel


on rend compte de la même situation
que dans l'original, en ayant recours à
une rédaction entièrement différente[11]:
Une interjection anglaise est rendue par
l'interjection française équivalente :

Ouch! ⇒ « Aïe ! » (ou encore


« Ouille ! »)

Un proverbe anglais est rendu par le


proverbe correspondant en français :

Birds of a feather flock together ⇒ « Qui


se ressemble s'assemble »
Too many cooks spoil the broth ⇒
« Deux patrons font chavirer la
barque »

Une expression toute faite (ou


idiotisme) en anglais est rendue par
l'expression toute faite équivalente en
français :
to court disaster (litt. « courtiser la
catastrophe ») ⇒ « jouer avec le feu »
like a bull in a china shop (litt. « comme
un taureau dans un magasin de
porcelaines ») ⇒ « comme un chien
dans un jeu de quilles »

Idem pour une institution :

Hannah goes to grammar school now


⇒ « Hanna va au lycée maintenant »
the Blue Berets ⇒ « les Casques
bleus »

La plupart des équivalences sont en fait


figées, appartenant à un répertoire
phraséologique d'idiotismes, de clichés,
de proverbes, de locutions
substantivales ou adjectivales[12].

Adaptation …

L'adaptation tient compte de la


différence entre les réalités culturelles
de chaque société pour exprimer le
même effet :

Blend 1 tsp (teaspoon ou teaspoonful)


white truffle paste and 15 cc (cubic
centimeters) of brandy ⇒ « mélanger
une cuillerée à café de beurre blanc aux
truffes et 15 millilitres d'eau de vie »

L'adaptation porte ici sur teaspoon(ful),


qui devient « cuillerée à café », et cubic
centimeters, qui devient « millilitres ».

Autre exemple :

« bread and butter pudding » ⇒


pudding diplomate aux raisins secs

J.-P. Vinay et J. Darbelnet qualifient ce


procédé de « limite extrême de la
traduction »[13]. Pour Hélène Chuquet et
Michel Paillard, l'adaptation paraît
difficile à isoler en tant que procédé de
traduction car faisant entrer en jeu des
facteurs socio-culturels et subjectifs
autant que linguistiques[14].

Autres procédés
Divers auteurs (Michel Ballard, Hélène
Chuquet et Michel Paillard) font état
d'autres procédés que ceux recensés et
définis par Vinay et Darbelnet. Il s'agit
principalement de l'explicitation, la
collocation et la compensation.

Explicitation …

L'explicitation consiste à introduire


dans la langue d'arrivée des précisions
qui restent implicites dans la langue de
départ, mais qui se dégagent du
contexte ou de la situation[15]:

workers stay in jobs they hate for fear


that a preexisting medical condition will
make them ineligible for coverage
elsewhere ⇒ « les employés gardent
un emploi qu'ils détestent de peur que
leur passé médical ne les empêche
d'être couverts dans une autre
entreprise »

Le procédé inverse est l' allègement, ou


l'économie lexicale, qui consiste à
retirer un ou plusieurs termes inutiles :

whatever he does next, Neil Kinnock will


do it in the best interest of his people ⇒
« quoi qu'il fasse, Neil Kinnock le fera
dans l'intérêt supérieur de ses
concitoyens » (Le futur simple suffit à
« traduire » next : ensuite.)

Collocation …
La collocation consiste à utiliser une
suite de termes souvent employés
ensemble en français pour traduire une
expression similaire en anglais[16]:

I should have married you all the same


if I had known that you would win only
reputation (G. Gissing) ⇒ « je t'aurais
épousé malgré tout si j'avais su que tu
réussirais seulement à te faire un
nom »

La coloration, sous-catégorie de la
collocation, consiste à traduire un
terme anglais qui paraîtrait trop simple
en français par un terme plus habituel
ou précis :
The director said ⇒ « Le directeur
déclara »

Compensation …

La compensation consiste à
abandonner une connotation, une
allusion, un niveau de langue ou un trait
d'humour dans une partie du texte pour
le reporter dans une autre, afin de
conserver la tonalité globale d'origine.

Exemple[17]:

"They don't want me in any capacity.


Army, Navy, Air Force, Foreign Office,
one and all say the same thing - I'm too
old. I may be required later." (Agatha
Christie, N or M?, 1941, Fontane books,
1962, pp. 5-6) ⇒ - Ils ne veulent de moi
nulle part. L'armée de terre, l'air, la
marine, les Affaires étrangères, partout
c'est la même réponse : j'ai dépassé la
limite d'âge : on fera – peut-être ? –
appel à moi plus tard ...

Deux compensations s'opèrent d'un


point à l'autre du texte. On a des
expressions de niveau de langue plus
soutenu car plus techniques tantôt en
anglais, tantôt en français : in any
capacity (plus soutenu) ⇒ nulle part
(moins soutenu) — I'm too old (moins
soutenu) ⇒ j'ai dépassé la limite d'âge
(plus soutenu).
Notes et références
1. L'exercice en 3. J.-P. Vinay et
sens inverse a J. Darbelnet
pour nom (Stylistique
« thème ». comparée du
2. Cf. Michel français et de
Ballard, La l'anglais, Paris,
traduction de Didier, 1958)
l'anglais au définissent
français, l'emprunt
Nathan, 1987, comme « mot
p. 11 qu'une langue
(Traduction et emprunte à
enseignement une autre sans
). le traduire ».
4. Hélène 6. Hélène
Chuquet, Chuquet et
Michel Michel
Paillard, Paillard, op.
Approche cit., p. 10.
linguistique 7. J.-P. Vinay e J.
des problèmes Darbelnet, op.
de traduction cit., pp. 48-50.
anglais <->
8. J.-P. Vinay et
français,
J. Darbelnet,
Ophrys,1989,
op. cit., p. 50.
p. 10.
9. Hélène
5. J.-P. Vinay et
Chuquet et
J. Darbelnet,
Michel
op. cit., p. 6.
Paillard, op.
cit., pp. 14-17.
Vinay et op. cit., p. 52.
Darbelnet 13. J.-P. Vinay et
n'isolent pas J. Darbelnet,
l'étoffement op. cit., pp. 52-
comme sous- 54.
type de la
14. Hélène
transposition.
Chuquet et
10. J.-P. Vinay et Michel
J. Darbelnet, Paillard, op.
op. cit., p. 51. cit., p. 10.
11. J.-P. Vinay et 15. J.-P. Vinay et
J. Darbelnet, J. Darbelnet,
op. cit., pp. 8-9 op. cit., p. 9.
et p. 52.
16. Michel Ballard,
12. J.-P. Vinay et dans La
J. Darbelnet, traduction de
l'anglais au appartenant à
français, des catégories
Nathan, 1987, grammaticale
pp. 58-59, en s différentes
donne la entretiennent
définition entre eux ».
suivante : « On 17. Tiré de Hélène
appelle Chuquet,
collocations Michel
les relations Paillard, op.
privilégiées cit., pp. 217 et
d'ordre 286-287.
sémantique
que des mots
Bibliographie
J.-P. Vinay et J. Darbelnet, Stylistique
comparée du français et de l'anglais,
Didier, Paris, 1967.
Michel Ballard, La traduction de
l'anglais au français, Nathan, 1988.
Hélène Chuquet, Michel Paillard,
Approche linguistique des problèmes de
traduction anglais <-> français, édition
révisée, Ophrys, 1989.
Jean-Max Thomson, From & Into
English. An introduction to translating
from & into English, Dunod, 1993.
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Dernière modification il y a 5 mois par Elnon

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