Le Carbone
Le Carbone
Le Carbone
1. Généralités................................................................................................. D 2 660 - 2
1.1 Définition ...................................................................................................... — 2
1.2 Structure....................................................................................................... — 2
1.3 Propriétés ..................................................................................................... — 4
1.3.1 Caractéristiques générales................................................................. — 4
1.3.2 Propriétés physiques.......................................................................... — 4
1.3.3 Propriétés chimiques.......................................................................... — 5
1.4 Fabrication des carbones et des graphites................................................ — 5
1.4.1 Carbones et graphites polygranulaires............................................. — 5
1.4.2 Carbones et graphites monolithes .................................................... — 7
1.4.3 Carbone déposé en phase vapeur..................................................... — 8
1.4.4 Feuilles souples de graphite .............................................................. — 8
1.5 Mise en œuvre pour les applications électriques ..................................... — 8
2. Électrodes, charbons d’arc et résistances........................................ — 9
2.1 Utilisation en électrochimie ........................................................................ — 9
2.1.1 Électrolyse et aciérie........................................................................... — 9
2.1.2 Protection contre la corrosion ........................................................... — 9
2.1.3 Piles électriques .................................................................................. — 9
2.2 Charbons d’arc............................................................................................. — 10
2.2.1 Généralités .......................................................................................... — 10
2.2.2 Utilisation pour l’éclairage................................................................. — 11
2.2.3 Charbons pour la spectrographie...................................................... — 11
2.2.4 Charbons de soudage et de gougeage ............................................. — 11
2.3 Usinage par électroérosion......................................................................... — 13
2.4 Résistances électriques ............................................................................... — 14
2.4.1 Résistances fixes à température ambiante....................................... — 14
2.4.2 Résistances à haute température ...................................................... — 14
2.4.3 Résistances variables contenant du carbone ................................... — 15
3. Contacts électriques fixes et glissants.............................................. — 15
3.1 Contacts de coupure.................................................................................... — 15
3 - 1994
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1. Généralités graphite naturel hexagonal (figure 1), les atomes de carbone d’une
couche se projetant par moitié sur ceux des couches supérieure ou
inférieure (translation AB, AB).
1.1 Définition Les distances interatomiques dans une couche (0,142 nm) et
réticulaires entre couches (0,335 nm) montrent l’importance de
Le carbone est connu aujourd’hui sous trois formes essentielles : l’anisotropie de structure, elle-même responsable de l’anisotropie
des propriétés (§ 1.3).
— le diamant, le plus dur de tous les corps, ayant une structure
tridimensionnelle cubique (d = 0,351 nm) ; il est transparent, isolant ■ La graphitisation des carbones dits graphitisables s’opère pro-
électrique, excellent conducteur thermique ; il est utilisé essentiel- gressivement au cours du traitement thermique entre 1 600 et
lement dans les outils de coupe et comme filière ; 3 000 oC. À l’inverse, les carbones dits non graphitisables conservent
— les fullerènes, famille de molécules sphériques comprenant leur structure bidimensionnelle jusqu’à 3 000 oC [9].
60 à 70 atomes de carbone formant un réseau mixte d’hexagones
et de pentagones comme dans un ballon de football ; ces molécules
viennent d’être découvertes et on en connaît à peine les propriétés Le terme graphitisation est généralement adopté par les
fondamentales ; scientifiques et imposé par l’IUPAC (International Union of Pure
— les variétés noires, constituées essentiellement par une and Applied Chemistry : Union Internationale de Chimie Pure et
association de couches de carbone ; chaque couche est un réseau Appliquée). Le terme graphitation est toujours utilisé par les
hexagonal bidimensionnel d’atomes de carbone dont 3 valences industriels et peut être accepté lorsqu’il s’agit de l’opération
sont saturées (électrons σ ) et une valence laissée libre fait partie du (traitement thermique) et non de la transformation de carbone
nuage électronique délocalisé formé par toutes les valences libres en graphite. Les termes graphitables, graphités sont encore
de tous les atomes de la couche (électrons π ) ; c’est dans cette famille employés en pratique.
que se trouve le graphite qui est la seule forme allotropique thermo-
dynamiquement stable dans les conditions les plus usuelles.
Le degré de graphitisation P1 , probabilité pour deux couches
Nous ne nous intéresserons, dans cet article [D 2 600] qu’à ces voisines de présenter la structure du graphite, repéré par la distance
variétés noires. réticulaire entre deux couches de carbone et mesuré par la modu-
lation des bandes bidimensionnelles du carbone (1,1), permet de
caractériser un carbone partiellement graphitisé (figure 2) : le
1.2 Structure passage progressif de la structure bidimensionnelle à la structure
tridimensionnelle provoque une modulation de plus en plus
accentuée des bandes (h, k ) et donne des maximums au voisinage
Dans toutes les variétés noires, les couches de carbone sont
de la position des réflexions (h, k, ) du graphite. Pour les matériaux
empilées par paquets de couches parallèles désorientées les unes
assez purs très graphitisés, on détermine la variation de la
par rapport aux autres (turbostatiques) dans les matériaux nommés
magnétorésistance [12] (figure 6), plus sensible.
carbone et assemblées suivant un réseau tridimensionnel dans le
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En allant des matériaux les plus anisotropes jusqu’aux produits 1.3.2 Propriétés physiques
isotropes, on trouve les graphites naturels, les pyrocarbones
anisotropes, le graphite souple, les fibres de carbone à haut module ■ Propriétés électriques
d’Young, les anthracites, les cokes à aiguilles, certains carbones et
graphites agglomérés, les cokes de pétrole et de brai de houille, le Le graphite est un semi-métal (recouvrement des bandes de
coke de Gilsonite, les carbones et graphites agglomérés isotropes, valence et de conduction) ; il est donc très bon conducteur de
les pyrocarbones isotropes, le carbone vitreux et les noirs de l’électricité mais seulement dans le sens des plans d’atomes de
carbone. carbone (figure 4). Les carbones non graphitisés sont plus résistants
électriquement du fait de la séparation des bandes.
■ Propriétés mécaniques
1.3 Propriétés Les résistances de rupture et le module d’Young du graphite sont
très élevés dans le sens des plans d’atomes de carbone (figure 4)
1.3.1 Caractéristiques générales et très faibles dans le sens perpendiculaire, ce qui provoque le clivage
du graphite naturel et du pyrocarbone. Les carbones agglomérés ont
Les carbones sont des matériaux légers, de masse volumique ρ v des modules d’Young 100 fois plus faibles que le graphite parfait
inférieure ou égale à 2,26 g/cm3, à forte capacité thermique massique dans le sens des plans et des résistances encore plus faibles.
[0,9 < c < 2,5 J/(g · K)], réfractaires (température de sublimation à la
pression atmosphérique d’environ 3 600 oC, température de fusion
sous 100 bar de 3 900 oC), mais oxydables dès 500 oC.
Comme souligné au paragraphe 1.2, les caractéristiques aniso-
tropes peuvent prendre les valeurs extrêmes qu’indique la figure 4 ;
C et G représentent respectivement les carbones et les graphites
industriels ; P représente le graphite parfait, les valeurs dans le sens
longitudinal étant repérées P// et dans le sens transversal P⊥. On
trouve aussi des valeurs pour les pyrocarbones (py) et les fibres de
carbone à haut module d’Young (fibres).
La plupart des caractéristiques des carbones évoluent :
— avec la plus haute température de traitement HTT comme, par
exemple, la résistivité ρ , la conductivité thermique λ et le module
d’Young E d’un carbone graphitisable aggloméré (figure 5) ou la
magnétorésistance (figure 6) de plusieurs carbones plus ou moins
graphitisés ;
— avec la température de mesure θ m , comme, par exemple, la
résistance à la flexion R f , la capacité thermique c et la conductivité
thermique λ (figure 7) de carbones graphitisés à 3 000 oC.
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■ Intercalation
Les carbones peuvent donner des composés d’intercalation avec
toute une série d’atomes ou de molécules, principalement les
alcalins, les halogènes et les halogénures métalliques (tableau 1).
Dans ces composés, les couches de carbone sont écartées et il se
produit un échange électronique entre les bandes du graphite et les
molécules intercalées. Les réactions d’intercalation peuvent créer
des problèmes de corrosion catastrophiques.
On a montré récemment que l’on pouvait obtenir des hyper-
conducteurs (résistivité égale ou inférieure à celle du cuivre à la
température ambiante) avec le graphite (pyrographite fortement
orienté, fibres de carbone plus ou moins graphitisées), mais, jusqu’à
présent, on atteint à peine la conductivité du cuivre et cela avec des
matériaux peu stables, très chers et très difficiles à mettre en œuvre.
Malgré l’attrait de ces produits, on n’est pas prêt de les mettre en
application.
■ Carbures
Presque tous les métaux forment des carbures ou des acétylures
avec le carbone et les graphites par réaction à haute température [8]
[13] (tableau 1). C’est une application importante où la qualité du
carbone intervient peu du fait de la faible valeur des matières
Figure 7 – Propriétés des carbones graphitisés à 3 000 oC premières (cokes métallurgiques).
en fonction de la température de mesure m
(0)
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Figure 8 – Fabrication des carbones et graphites polygranulaires industriels à grains fins : schéma de principe
Tableau 1 – Corps pouvant entrer dans la formation de composés d’intercalation du graphite ou de carbures
Li Be B O F Na Mg Al Si P Cl K Ca Sc Ti V Cr Mn Fe Co
sous forme
X X X X X X
d’éléments
Composés
d’intercalation sous forme
du graphite de molécules
ou d’halogénures X X X X X X X X X X X
moléculaires
Carbures ou acétylures X X X X X X X X X X X X X X X X
Ni Cu Zn Ga As Br Rb Sr Y Zr Nb Mo Ru Rh Pd Cd In Sn Sb Cs
sous forme
X X X
d’éléments
Composés
d’intercalation sous forme
du graphite de molécules
X X X X X X X X X X X X X X X X
ou d’halogénures
moléculaires
Carbures X X X X X X
Ba La Hf Ta W Re Os Ir Pt Au Hg TI Bi Ac
(1) (2)
Carbures ou acétylures X X X X X X X
(1) certains lanthanides (2) certains actinides
Les pièces de grande taille (à partir de gros grains de cokes) ou c’est-à-dire qu’on élabore des pièces qui sont broyées après cuisson
de taille moyenne (à partir de cokes fins) obtenues par compression pour servir de matière première aux pièces définitives.
ou filage se déforment au cours du traitement thermique (dilatation Si la masse volumique ou les propriétés mécaniques du produit
et retrait). Il importe donc que le gradient thermique soit le plus faible cuit sont insuffisantes, on peut améliorer celui-ci par imprégnation
possible dans la pièce pendant toute sa cuisson, car le matériau cru de brai, de goudron, de glucose ou de résine. Les imprégnants seront
a, en outre, une faible conductivité thermique [λ < 5 · 10–3 W/(m · K)]. carbonisés soit par une deuxième cuisson, soit, plus généralement,
De plus, le craquage du liant dégage des gaz qui créent une pression au cours de la graphitisation ultérieure.
à l’intérieur des pores de la pièce d’autant plus forte que la vitesse
de chauffage est plus rapide, et cela dans un matériau cru qui Pour certaines applications, le produit cuit est directement
possède de très faible propriétés mécaniques (R f < 1 MPa). Si la utilisable (joints, électrodes d’électrolyse pour Al...). Si les matières
pièce n’est pas homogène, ou si elle est cuite trop vite, elle se fissure premières employées comportent du graphite (naturel et/ou arti-
et n’est plus utilisable. ficiel), on obtient des matériaux graphitiques moins chers que les
graphites, mais dont les propriétés se rapprochent de celles du
Les fours sont souvent à feux tournants. Certaines matières graphite.
premières (noir de carbone) ne peuvent pas être mises en œuvre
directement ; on doit alors réaliser un premier jet ou une chamotte, En général, les produits cuits sont graphitisés après avoir été
contrôlés. Les produits fissurés ou non conformes sont souvent
broyés et recyclés.
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Les caractéristiques élevées de ces fibres sont liées à leur aniso- départ, à leur morphologie et aux conditions de traitement [15].
tropie de structure due elle-même à la structure de la molécule de
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1.4.3 Carbone déposé en phase vapeur (masse volumique de l’ordre de 0,002 g/cm3 ) ayant la morphologie
de la vermiculite.
Des molécules organiques, comme les hydrocarbures légers, La compression ou le laminage d’un ensemble de ces particules
peuvent également être pyrolisées à l’état gazeux. Le tableau 3 donne des feuilles souples de graphite utilisées essentiellement
donne un ordre de grandeur des caractéristiques de ces matériaux comme joints élastoplastiques dans l’industrie (vannes, joints de
particuliers, formés à partir du carbone ainsi obtenu. culasse, etc.) et fabriquées en France sous le nom de Papyex (par
Le Carbone-Lorraine).
1.4.3.1 Pyrocarbone
Les pyrocarbones sont préparés par DCPV (dépôt chimique en
phase vapeur ) en pyrolysant des hydrocarbures vers 2 000 oC. On 1.5 Mise en œuvre pour les applications
obtient des dépôts orientés de carbone dense, qui sont utilisés électriques
essentiellement pour les tuyères de missiles [16].
Le pyrocarbone porté à 3 000 oC subit une graphitisation quasi
totale et conduit à un cristal mosaïque de graphite de propriétés Du fait de ses propriétés, en particulier de sa grande plage de
voisines de celles du graphite parfait, surtout si l’on applique une résistivité potentielle, le carbone se rencontre dans toute une série
faible force perpendiculaire aux plans de carbone pendant le d’applications électriques (tableau 4) :
traitement thermique. Ce matériau, utilisé comme monochromateur — électrodes (électrolyse de l’aluminium, aciérie, protection
de rayons X et de neutrons, donne des composés d’intercalation de contre la corrosion, piles) ;
conductivité voisine de celle du cuivre dans le sens des plans de — charbons d’arc (sources de lumière, gougeage, soudage,
carbones [16]. spectroscopie) ;
Par craquage à plus basse température (700 à 2 000 oC) et à des — usinage par électroérosion ;
pressions comprises entre 5 mbar et la pression atmosphérique, on — résistances massives ou à couches, fixes et variables ;
obtient des pyrocarbones plus ou moins isotropes et, en présence — contacts fixes et glissants (balais).
de catalyseur, des fibres courtes à haut module [18]. Outre celles décrites dans les paragraphes 2 et 3, on trouvera
d’autres applications dans les articles des Techniques de l’Ingénieur
1.4.3.2 Composite carbone-carbone référencés [22] [23] [24].
Par craquage d’hydrocarbure entre 1 000 et 1 300 oC sous pression On ne saurait être complet sans mentionner l’utilisation du
réduite, on peut densifier une préforme constituée de grains de carbone dans l’électronique (suscepteur support pour four
carbone très légèrement liés. Cette technique aurait pu se développer d’épitaxie de semiconducteurs), dans les laboratoires (creuset en
concurremment aux techniques habituelles (brai-coke) pour des carbone vitreux, support d’anticathode pour tube à rayons X de
objets minces de très grande série, mais elle n’a connu un dévelop- haute puissance), en mécanique (paliers et coussinets, joints,
pement pratique que dans la fabrication de composite C—C à partir butées, patins et glissières, freins, diamant artificiel) et,
d’un substrat de fibres à haut module (pour les disques de freins récemment, en aéronautique (freins d’avions) et dans le domaine
d’avions, les tuyères de missiles, les corps de rentrée dans l’atmo- spatial militaire et civil (tuyères et corps de rentrée dans l’atmo-
sphère). Les masses volumiques maximales que l’on peut atteindre sphère des missiles).Seul, son manque de résistance à l’oxydation
sont de l’ordre de 1,9 [17]. lui interdit les applications dans l’air aux températures supérieures
à 500 oC.
Pour obtenir des composites C—C encore plus denses, on a
recours à des cycles successifs d’imprégnation au brai et carboni- On constatera que les applications du carbone ont largement
sation (1 000 oC sous 1 000 bar) suivis d’une graphitisation [17]. évolué depuis quelques dizaines d’années. Certaines ont fortement
diminué (charbons d’arc lumineux et d’autres ont vu le jour dans
des domaines souvent imprévus (suscepteur d’épitaxie et surtout
1.4.4 Feuilles souples de graphite freins d’avions en composites carbone-carbone).
(0)
L’expansion d’un composé d’intercalation (en général H2SO4) de
paillettes de graphite naturel conduit à des particules très légères
v Perméabilité
Rf Rt
gazeuse
Nuances
(g/cm3) (MPa) (MPa) (en 10–6 K–1) [W/(m · K)] (en 10–8 Ω · m) (cm2 · s–1)
1 000 oC 100 4 5 500 10–12
Carbone vitreux ............. 1,52 3,2
2 500 oC 70 8 4 500 10–10
axe c 80 25 3 10 5
Pyrocarbone................... 2,20
axe a 0,1 300 à 500 400
axe c 7 90
Composite C—C(1)........ > 1,70 55 30
axe a 2 200
axe c 26 4 105 à 1,5 · 105 10–5
Papyex............................ ≈1 ≈4
axe a ≈0 160 103
Les axes c et a sont définis sur la figure 1.
(1) Les valeurs données correspondent à une nuance pour freins d’avion.
(0)
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L’électrolyse peut se faire à froid (K, Na, Cl2 , F2 ...) ou à haute Des électrodes au carbone ont été utilisées pour la pile type
température (électrolyse ignée : Al, Mg, Ce, Na). Leclanché [25]. Le bâtonnet de carbone était imprégné de cire
minérale pour éviter la remontée du liquide pouvant corroder l’ame-
■ Les électrodes de carbone utilisées pour l’ électrolyse de née du courant. La production de ce type de pile a fortement diminué
l’aluminium font appel à la faible résistivité du carbone, à sa bonne au profit des piles alcalines et la fabrication de ces électrodes a
oxydabilité à haute température, à son inertie chimique vis-à-vis de disparu en France.
l’aluminium liquide [7].
Le carbone est également employé comme amenée de courant
■ De même, les électrodes des fours à arc d’aciérie font appel aux dans d’autres piles ou accumulateurs. Il peut servir de support aux
très bonnes conductivités thermique et électrique du graphite, à sa matières actives ou aux catalyseurs, en particulier dans la pile à
réfractarité et à son faible coefficient de dilatation. gaz [26].
■ Il convient de mentionner également l’usage du graphite pour la La surface volumique importante obtenue avec du carbone non
confection d’électrodes d’usinage par électrochimie [22]. graphitisable (cellulose, résine thermodurcissable carbonisée),
activé par oxydation, a été mise en œuvre pour les piles à dépola-
Cette méthode est utilisée pour usiner des matériaux conducteurs risation, principalement dans l’air mais aussi du côté anode (hydro-
très difficilement usinables par les méthodes classiques et pour gène). C’est ce type de carbone activé qui est employé depuis une
fabriquer des pièces difficiles. période récente (environ 10 ans) dans les supercondensateurs capa-
bles de stocker rapidement de l’énergie et de délivrer pendant un
temps court une grande puissance électrique ; leur utilisation prin-
2.1.2 Protection contre la corrosion cipale se rencontre en informatique.
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10 30 ................... .................... .................... 185 (1) .......................... 1 200 (1) 3 900 (1)
Non
intensif (limite régime stable)
12 30 50 3 60 ≈ 150
7 50 38 8 280 550 (1) (2) .......................... 2 150 (1) 5 700 (1)
7 75 ................... ..................... .................... ≈ 1 000 (1) .......................... ..................... 6 500 (1)
9 90 ................... ..................... .................... ..................... 800 (1) 5 600 (1)
Intensif 13,6 125 65 16 220 600 (2)
13,6 180 75 22 470 855 (2)
16 150 75 ..................... .................... 650 (2) 260 (2)
190 80 ..................... .................... ..................... 532 (2)
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Par contre, le charbon d’arc en graphite est toujours utilisé pour — les creusets de fusion (fusion au borax) et les creusets
la découpe des métaux, la soudure à l’arc (§ 2.2.4) et l’analyse pastillables à parois de faible épaisseur (1 mm par exemple), broyés
spectrographique (§ 2.2.3). après fusion de l’échantillon et pastillés ensuite.
Les électrodes des fours d’aciéries (§ 2.1.1), en graphite, sont des ■ Plus récemment, on a développé des fours d’absorption ato-
charbons d’arc de grande taille (de l’ordre de 2 m de longueur sur mique sans flamme, permettant d’effectuer des analyses dans les
600 mm de diamètre). milieux les plus divers (solvants, huiles, solutions aqueuses). Le
Les charbons d’arc intensifs sont utilisés dans des lanternes de graphite pur peut être revêtu de pyrocarbone (figure 10) imper-
projection cinématographiques (W < 3,5 kW), avec rotation du pôle méable aux liquides et/ou de carbones noirs réactifs.
positif pour les lanternes puissantes (4 à 12 kW) et les fours à images
d’arc (15 à 25 kW). Ces derniers, utilisés pour le traitement de
matières à haute température, permettent de travailler jusqu’à 2.2.4 Charbons de soudage et de gougeage
3 300 K en milieu oxydant sans contamination, à l’abri de toute
pollution (comme le four solaire). L’utilisation de l’arc pour le travail des métaux (découpage,
L’usure des charbons (80 à 500 mm/ h) interdit une marche gougeage, soudage et brasage) s’est, contrairement à l’emploi de
continue pendant un temps supérieur à 2 h à la différence de la lampe l’arc lumineux, fortement développée.
au xénon.
2.2.4.1 Gougeage
2.2.2 Utilisation pour l’éclairage Les charbons de gougeage permettent le découpage, le chan-
freinage, le gougeage des matériaux les plus divers : aciers
2.2.2.1 Arc en courant continu ordinaires et fontes, aciers inoxydables et aciers de blindage, cuivre
et laiton, alliages, etc.
■ Les charbons d’arc non intensifs dont le diamètre varie de 10 Le découpage des métaux utilise la très haute température de l’arc
à 22 mm pour les pôles positifs, de 6 à 16 mm pour les pôles négatifs, et consiste à faire fondre sur une ligne le métal qui, en se rassemblant
sont alimentés sous une tension de 45 à 50 V, l’intensité du courant en gouttes et en coulant, enlève la matière le long de la ligne qui
(10 à 100 A suivant le diamètre) étant limitée par l’instabilité de l’arc. sépare les deux parties à obtenir. Le gougeage, grâce à un jeu d’air
Leur luminance est modeste et assez uniforme (160 · 106 cd/m2 en comprimé puissant, chasse la matière fondue.
moyenne). Leur usure est de 60 mm/h environ.
Comparé aux procédés traditionnels (burin pneumatique, meule,
■ Les charbons d’arc intensifs ont, grâce à une densité de courant chalumeau), ce procédé offre les avantages suivants : grande rapi-
anodique élevée (de 1,2 à 2 A /mm2) et à la haute minéralisation de dité et mobilité d’emploi, absence de risques d’explosion et de bruit.
l’anode en sels de terres rares, par contre, de bien meilleures L’alimentation électrique peut être faite en courant continu (50
performances : à 2 200 A et 35 à 55 V) ou en courant alternatif (150 à 500 A et 35
— une luminance élevée de 550 · 106 à 2 000 · 106 cd/m2 ; à 55 V dans l’arc avec f = 50 Hz). Le débit d’air comprimé de 5 à 7 bar
— une température de couleur de 5 500 à 6 500 K ; varie de 0,5 à 3 m3/min.
— un rendement lumineux de 50 à 60 lm/ W, si l’on tient compte
de toute la lumière émise par l’arc.
Le charbon positif a généralement un diamètre plus grand que
le charbon négatif et est constitué par un tube de carbone à paroi
mince (le quart du diamètre et parfois moins). Ce tube est rempli
d’une composition riche en matières minérales (sels de cérium en
particulier).
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Le gougeage est utilisé pour enlever le talon des masselottes En courant continu, pour que l’arc soit stable, il faut maintenir la
coupées au chalumeau oxyacétylénique des pièces de fonderies distance électrode-métal à peu près constante. Pour un même
jusqu’à 600 kg, le diamètre de l’électrode de graphite étant choisi courant de soudage, on opère, en tenant l’électrode peu inclinée,
en conséquence. Les masselottes ne dépassant pas 40 mm de avec un arc 3 à 4 fois plus long qu’avec une électrode métallique
diamètre peuvent être enlevées directement. enrobée et ce d’autant plus que le métal est carburable. Les postes
Dans le travail de la fonte, le gougeage commence à se développer, de soudure ordinaires conviennent si l’on a une tension d’amorçage
sauf pour les fontes au silicium qui laissent se former une couche minimale de 70 V et une tension de fonctionnement de 45 V environ.
de silice isolante interdisant de mener l’opération à son terme. L’électrode en charbon doit être connectée au pôle négatif pour
Pour les métaux non ferreux, le gougeage est moins intéressant utiliser ainsi la rigidité du dard cathodique ; on obtient un façonnage
que les autres techniques (métal trop conducteur, cher et oxydable). de l’électrode en pointe, un échauffement plus important de la pièce
à souder et l’on évite le risque de transport de carbone dans le métal.
2.2.4.2 Soudage par arc métal-graphite (0)
■ On peut utiliser l’arc pour souder directement deux pièces à
bords nets et en contact ou ajouter du métal qui fond dans l’arc [24].
La soudure peut être effectuée en courant continu ou alternatif.
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2.2.4.3 Brasage
■ Rappelons que les électrodes de graphite peuvent être utilisées
également en brasage :
a ) à basse température (< 400 oC) par échauffement d’une résis-
tance de contact (piles, relais, connections, composants électriques,
rebobinage de moteurs, réparations automobiles, tuyauteries) ;
Figure 11 – Courant admissible dans les charbons
b ) à haute température (de 400 à 1 100 oC) avec des électrodes
pour le soudage en fonction de leur diamètre
plus compliquées ou mieux la flamme d’un chalumeau électrique,
en particulier en dentisterie.
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Tableau 8 – Usinage par électroérosion. Relation entre états de surface et usure frontale
Critères de choix Réglages
Masse volumique
Usure frontale Masse de Temps Temps
Rugosité Courant Tension à vide
de l’électrode métal enlevé d’impulsion de pause
(g/cm3) (µm) (%) (mm3/min) (A) (V) (µs) (µs)
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2.4.3 Résistances variables contenant du carbone Pour ces contacts, on trouve deux nuances à base de carbone :
les frittés de poudres d’argent et de graphite et les imprégnés
Par effet de percolation dans une matière thermoplastique (ou d’argent ou d’autres métaux (cadmium, cuivre). Les caractéristiques
éventuellement thermodurcissable) isolante contenant du carbone des contacts à l’argent sont données dans le tableau 9. (0)
(et bien d’autres matières minérales isolantes, verre par exemple),
on a récemment fabriqué des thermistances dont le coefficient
thermique est extrêmement élevé au voisinage du seuil de perco- Tableau 9 – Caractéristiques d’un matériau
lation, sur une plage d’une dizaine de kelvins. pour contact de coupure
Ces thermistances à bon marché sont utilisées comme composant
protecteur dans la téléphonie et l’électronique. Une application Argent Graphite
particulièrement intéressante et originale est le traçage des Procédé
conduites de fluide : en enroulant un câble constitué par ces maté- (en 10–8 Ω · m) (% masse) (% masse)
riaux autour de la conduite, on peut arriver à chauffer sélectivement
les zones trop froides (par exemple, s’il y a risque de gel en un point). 200 45 55 imprégnation
10 85 15 frittage
3 95 5 frittage
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tension, des commutateurs et relais de mesure où le faible courant résistivité transversale, mais qui laissent passer le courant d’utili-
à couper permet de conserver l’intégrité du contact et d’assurer un sation sans échauffement excessif. Les nuances utilisées varient
grand nombre de coupures franches et, en circuit fermé, une très suivant la tension Vs entre spires ; on emploie :
faible chute de tension [27]. — les nuances graphite-argent, pour Vs < 0,2 V ;
Les divers contacteurs commandant certains moteurs de — les nuances graphite-métal, pour Vs < 0,4 V ;
puissance moyenne (par exemple, les moteurs d’ascenseurs), qui — les nuances électrographitiques, pour 0,3 V < Vs < 0,8 V.
ont une utilisation intensive, doivent assurer un fonctionnement sans En outre, si l’on utilise, pour certains frotteurs, des matériaux
défaillance. Leurs contacts, soit en carbone pur, soit en carbone composites, la tension Vs peut atteindre 1,2 V.
imprégné de métal, ont été choisis pour leurs excellentes
propriétés d’insoudabilité. Les contacts en carbone pur doivent être Ces contacts sont des contacts glissants (sertis ou soudés), avec
assez durs pour résister aux chocs et sont en carbone amorphe ou une face de frottement réduite, ou roulants (galets à moyeu souvent
électrographitique dense. métallique).
Le carbone a été choisi, en plus de ses propriétés d’insoudabilité,
en raison du fait qu’il demande une tension minimale à l’ouverture 3.2.2 Frotteurs sur fils et rails conducteurs
plus élevée que les métaux pour l’entretien de l’arc (15 à 20 V contre
8 à 13 V pour le cuivre, 8 à 12 V pour l’argent et 10 à 16 V pour le
■ Caractéristiques et conditions d’utilisation
tungstène). Mais le soufflage de l’arc par l’oxyde de cadmium, que
l’on ajoute à ces métaux pour former d’autres matériaux, compense Elles sont indiquées pour quelques nuances dans le tableau 10.
cette moindre tension d’ouverture à la différence du carbone qui,
■ Généralités
seul, peut plus facilement conduire à un réamorçage de l’arc.
La captation de courant peut se faire par un élément conducteur
métallique (cuivre ou métaux frittés, fonte, bronze) ou par du carbone
imprégné de métal ou non. Dans ce cas, la bande ou la pièce de
3.2 Frotteurs de captation de courant graphite est montée sur étrier (figure 15a ).
L’avantage du carbone et des matériaux carbonés est :
3.2.1 Petits frotteurs pour rhéostats
— de ne pas nécessiter de graissage de caténaire et de diminuer
et potentiomètres les coûts de maintenance par son pouvoir autolubrifiant ;
— de diminuer l’usure et d’éviter l’oxydation du conducteur ;
■ Parmi les composants pour l’électronique, les potentiomètres à
— d’augmenter la durée de vie du conducteur (5 à 10 fois) ;
piste cermet, plastique ou couche de carbone, utilisent de très petites
— de donner moins de parasites, de réduitre l’étincelage, la forma-
pièces en carbone comme contact mobile. En effet, le carbone s’est
tion d’arc et leurs conséquences sur le conducteur.
imposé par ses performances (endurance, conservation des pistes,
absence de parasites) et par son faible coût. Ces pièces sont obtenues On peut distinguer trois types de dispositifs de captation de
par moulage en grande série, dans des formes qui permettent un courant :
montage facile, souvent par simple pression, malgré leur petitesse. — les pantographes (figure 15a ) ;
Leurs dimensions varient de 1 à 4 ou 5 mm au plus. — les perches (figure 15b ) ;
— le captage sur rail (figure 15c ).
■ Pour les rhéostats ou les autotransformateurs, les frotteurs
s’apparentent aux balais, bien que leurs formes (roulettes ou petits ■ Pantographes et perches
patins) soient différentes, mais les nuances utilisées sont les Les bandes de pantographes doivent être imprégnées de métal
mêmes (§ 3.3.3) (cuivre) si l’on veut faire passer des courants importants ou si l’on
Pour les rhéostats, on choisit des nuances à faible chute de a besoin de fortes caractéristiques mécaniques [R f , dureté
tension au contact, susceptibles de nettoyer la piste sans user les (tableau 10)].
fils du bobinage, comme les nuances métallographitiques (par Avec l’augmentation de la vitesse (TGV par exemple), il faut faire
exemple, cuivre-plomb). évoluer les frotteurs en carbone vers des systèmes autoporteurs
Pour les autotransformateurs, où la tension entre spires n’est donnant des inerties plus faibles. (0)
pas négligeable, il faut s’orienter, par contre, vers des nuances à forte
v Dureté
Nuance Rf Applications Pression démarrage en fonctionnement
Shore
(g/cm3) (en 10 –8 Ω · m) (MPa) (daN/cm) (A/cm) (A/cm)
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En alimentation en haute tension, le carbone diminue la probabilité — les perches de la figure 15b qui sont utilisées pour des
de formation et de maintien de l’arc. tramways ou des trolleys en Europe [Suisse, France (Nancy),
Parmi les applications actuelles du carbone, dans le domaine de Portugal] et quelques réseaux américains (Mexico City).
la captation sur fil, on peut citer, par exemple : ■ Troisième rail
— les pantographes avec le frotteur de la figure 15a, qui sont Il est de plus en plus souvent en aluminium revêtu d’acier inoxy-
utilisés, notamment : dable et il nécessite le carbone comme frotteur. Ainsi, dans le métro
• par la SNCF, pour les trains à grande vitesse (TGV) et pour les sur pneu où le troisième rail sert aussi de bande latérale de roule-
trains du réseau banlieue parisien, ment, le carbone empêche la détérioration des roues latérales.
• par la RATP, pour le RER (réseau express régional),
Pour le 3e rail, le carbone est utilisé, notamment, pour le VAL à
• par des réseaux européens (Italie, Suisse, Belgique),
Lille, pour les métros de Lyon, Barcelone et Mexico City, Montréal,
• par certaines villes françaises pour des tramways ;
Taipei.
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Il est possible de visualiser la commutation, par exemple en ■ La rectification ne suffit pas ; il convient, en outre, de chanfreiner
équipant deux lames du collecteur d’une machine tournante à à 45o, en général, les arêtes des lames des collecteurs (pour éviter les
courant continu de prises de potentiel et en transmettant, pendant risques de flash) sur 1/10 ou 1/20 de l’épaisseur de la lame. L’usinage
le fonctionnement de la machine, le signal obtenu à l’aide d’un d’une rainure hélicoïdale (3 mm de large sur 3 à 4 mm de profondeur
dispositif à bagues. La figure 18a illustre le cas d’un fonctionne- avec un pas de 8 à 12 mm) sur les bagues est recommandé et
ment sans pôles auxiliaires, avec un signal très tourmenté. Au améliore la répartition du courant, active la ventilation, évacue les
contraire la figure 18b, obtenue avec des pôles auxiliaires (dits poussières et favorise la stabilité mécanique. Les bords de cette
également pôles de commutation ) qui améliorent beaucoup la rainure doivent être aussi chanfreinés.
commutation, montre un signal nettement moins irrégulier.
■ La matière des bagues peut être rainurée pour différentes raisons,
comme nous venons de le voir, mais il importe que les bronzes Cu-Sn
qui la composent ne comportent ni soufflure, ni dendrites, ni cristaux
3.3.2 Transmission du courant isolés (phase δ ou ε de l’alliage) trop durs et contiennent moins de
0,05 % de P et de 1 % d’Al.
3.3.2.1 Collecteurs et bagues
Le courant arrive dans le moteur soit par des bagues en acier, en
cuivre ou en bronze, soit par des collecteurs en cuivre. Un collecteur
(figures 17 et 19) est constitué par un ensemble de lames radiales
séparées par des lames plus fines et en retrait en matière isolante
(par exemple, du mica).
■ Il convient de rectifier périodiquement les bagues et collecteurs
afin d’en éliminer toutes déformations (§ 3.3.4.3) : faux rond, usure
inégale, méplats (dus à des chocs), lame en saillie ou en retrait,
lames desserrées.
On peut utiliser, pour ce faire, un tour ou un outil de tour renversé
montable sur le rotor en place, une meule montée sur le bâti du
moteur avec rotation dans le sens de rotation du collecteur ou,
mieux, une pierre abrasive sur le moteur en rotation à vitesse
normale.
Pour les grosses machines alimentées sous tension réduite, on
ne peut utiliser que la pierre abrasive et on emploie avantageuse-
ment des bâtis porte-brique avec la pierre en position traînante.
Les avances d’usinage sont toujours très faibles, soit 0,02 à
0,03 mm par passe sur machine (un peu plus sur tour). Après
usinage, on vérifie que l’état de surface a une rugosité Ra comprise
entre 0,5 et 1,5 µm suivant les machines.
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3.3.2.2 Géométrie des balais L’introduction d’un jonc amortisseur sur l’un des balais permet
encore mieux de maintenir un contact permanent à condition de
Pour couvrir tous les cas d’espèce, les fabricants de balais ont été
placer convenablement ce jonc amortisseur :
amenés à créer une infinité de formes, de dimensions et de nuances
de carbone, de graphite et de composés métaux-carbone. Ces — en aval, dans le cas des balais droits (figure 22a ) ;
fabricants, en collaboration avec les constructeurs de machines — en amont, dans le cas des balais inclinés (figure 22b ).
électriques et les utilisateurs, définissent la forme, la nuance et le Pour les machines à un seul sens de rotation, on utilise avanta-
nombre de balais qui conviennent le mieux à un cycle donné de geusement les balais inclinés. Les plaquettes peuvent être collées
fonctionnement d’une machine travaillant dans des conditions et/ou enfilées sur les câbles.
données. Nous conseillons aux utilisateurs de balais de consulter
le questionnaire du tableau 14 avant de commander des balais. 3.3.2.3 Disposition des balais sur la machine
Les balais moulés ou usinés dans un bloc ont la plupart du temps
Pour que la commutation se fasse avec le minimum de pertes, il
une forme parallélépipédique dont les cotes a, b t , h représentent
importe que le courant soit minimal lorsque le balai passe d’une lame
respectivement les dimensions axiales, tangentielles et radiales
de collecteur à une autre ; pour ce faire, on détermine le plus exacte-
(figure 17) : en général, on a b t < a sur collecteur (figure 20a ) et
ment possible la ligne neutre de la machine et on cale les balais
b t > a sur bague (figure 20b ).
dessus.
Les cotes doivent être celles recommandées par la norme CEI 136
Il existe des méthodes simples pour déterminer la ligne neutre
et les dimensions doivent respecter des tolérances précises
sur la machine à l’arrêt (figure 25), ou en charge, à l’aide d’un filtre
également recommandées par cette norme et correspondant à celles
branché entre deux lignes de balais de polarités différentes ; il
des porte-balais. Il convient, en effet, que, sous la pression P d’appui
mesure quantitativement la commutation par sommation des
sur le collecteur, le balai puisse coulisser facilement en fonction de
valeurs moyennes redressées de la tension, de fréquence supérieure
l’usure et qu’il ne puisse se bloquer dans la gaine (cage) du porte-
à 35 kHz, associées à la commutation.
balais.
Les balais peuvent être en position radiale (figure 20c ) ou
inclinée [traînants (figure 20d ) ou à réaction (figure 20e )], et leur
tête peut aussi être inclinée pour améliorer leur stabilité mécani-
que (figure 22b ).
Les amenées de courant sont constituées par un (ou plusieurs)
câble(s) de brins de cuivre dont le diamètre est optimisé. Le câble
est fixée au balai par rivetage, soudure, moulage ou scellement et
reçoit à l’autre extrémité une cosse respectant généralement les
recommandations de la CEI 136 [figures 23, 24 et 19].
Si, pour les petites machines, on utilise généralement des balais
monoblocs, on peut avoir avantage, pour les fortes puissances, à
employer des balais comprenant deux demi-balais collés sur un plan
radial (figure 21a ), de même nuance (sandwich ) ou de deux
nuances différentes (composés ) pour augmenter la résistance trans-
versale et en conséquence améliorer la commutation, l’association
de nuances pouvant mieux contrôler la patine.
Pour les grosses machines, on peut se permettre de séparer les
balais (même nuance ou nuances différentes) avec deux doigts pour
la transmission de pression (figure 21b ) ou même d’avoir deux
cages contenant chacune un balais : balai tandem (figure 21c ) ou
balais jumelés (figure 21d ).
En fonctionnement, le balai peut perdre le contact avec le collec-
teur ou la bague (vibrations de différentes origines) et le courant
est alors coupé pendant un temps plus ou moins long, provoquant
des étincelles qui dégradent le balai et le collecteur. Pour pallier ce
défaut, on a imaginé d’associer deux ou plusieurs balais indépen-
dants en contact sur leur face arrière (figure 22) et de leur trans-
mettre la pression par l’intermédiaire d’une plaquette les
recouvrant.
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3 000 45
Carbographitique 1,55 à 150 000 25 2,3 à 3 6 à 10 > 0,2 15 0,2
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Toute une série d’autres facteurs peuvent intervenir dans l’usure, La patine est souvent difficile à obtenir et à maintenir en état. Si
parmi lesquels on note : l’on dépose trop de graphite, avec un balai tendre par exemple, la
— l’inversion fréquente du sens de rotation des machines ; résistance au contact va s’élever et donc la température. Si l’on utilise
— les régimes très variables et surtout la rotation sans courant ; des balais non graphitisés polisseurs, ils vont détruire la patine au
— l’environnement mécanique et atmosphérique ; fur et à mesure qu’elle se forme : on aura une usure rapide du
— l’état des porte-balais et du collecteur ou de la bague collecteur avec souvent des stries dues aux poussières d’usure du
balai.
et, bien entendu, tout écart au régime normal de fonctionnement.
Ce phénomène s’observe particulièrement sur les machines à
courant continu :
L’usure s’exprime couramment, en millimètre de longueur de — sous les balais anodes, ou entrées de courant, la patine formée,
balai à user, durant 1 000 heures de fonctionnement pour les d’aspect bleu-noir, est due à un dépôt de graphite ; les balais ont
machines industrielles ou au cours de 1 000 ou 10 000 km de un effet graisseur ;
parcours du véhicule pour les machines de traction. — sous les balais cathodes, ou sorties de courant, la patine est
claire, couleur brique ; le métal est avivé, les balais ont un effet
Les machines sous-chargées ou des atmosphères agressives gratteur ou polisseur.
peuvent l’augmenter dans de grandes proportions. Pour corriger ces phénomènes, d’autant plus importants que la
La poussière due à l’usure est normalement évacuée par la rotation densité de courant est élevée (anode) ou faible (cathode), on introduit
de la machine. Ce n’est pas le cas en présence de corps gras qui quelques balais gratteurs dans la ligne d’entrée (par exemple des
l’agglomèrent et peuvent bloquer les balais dans les gaines des balais agglomérés à la résine) et quelques balais graisseurs sur la
porte-balais. De même, des dépôts dus à la corrosion chimique et ligne de sortie (par exemple, des balais graphitiques tendres).
des poussières extérieures peuvent coincer les balais dans leur Lorsque la commutation s’accompagne de tensions résiduelles
gaine. Pour éviter ce blocage, on peut évider les grandes faces des importantes et/ou lorsque la force de pression appliquée sur les
balais sur les 3/4 de leur largeur et jusqu’à 1 mm de profondeur pour balais est trop faible ou mal transmise, la patine peut présenter des
les gros balais. perforations ou pustules dues au claquage de la couche semi-
La poussière d’usure peut également provoquer des courts- conductrice d’oxyde. Il s’agit de machines sensibles très sollicitées
circuits très dommageables pour la machine et ce d’autant plus que : avec variations de puissances importantes (par exemple, un moteur
de laminoir).
— la tension est élevée ;
— les poussières contiennent plus de métal ; Si la cause des perforations est de courte durée, le défaut ne
— la machine est plus étanche ; s’aggrave pas et la patine se reforme, contrairement aux brûlures
— l’entretien est moins fréquent. qui restent définitivement.
Cette poussière d’usure des balais, d’origine mécanique et élec- Pour limiter cet effet, on peut :
trique (microétincelles) est extrêmement fine : dans le cas d’un balai — réduire l’amplitude et la fréquence des variations de charge ;
électrographitique, on peut observer, par exemple, deux pics dans — amortir les transmissions aux balais ;
le spectre granulométrique autour de 8 µm et de 70 µm. Dans le cas — renforcer la pression ;
d’un balai métallographitique, on a un pic centré sur 2 µm. — utiliser des matières tendres et/ou des balais divisés avec
Il est parfois nécessaire d’évacuer les poussières par une venti- amortisseurs.
lation forcée orientée convenablement.
3.3.4.5 Images de balais. Étincelage
3.3.4.4 Patines Sur les bagues des machines synchrones, l’image du balai peut
Lors du fonctionnement du moteur, le balai et le collecteur s’imprimer sur le collecteur (à l’arrêt) par électrolyse et provoquer
forment, à la surface de ce collecteur, un dépôt coloré contenant à la longue des dégâts importants ; pour les éviter, il suffit de relever
essentiellement du métal (et ses oxydes), du carbone et de l’eau. les balais ou de les isoler à l’arrêt (cas fréquent dans la marine).
L’aspect de la patine est le témoignage d’un bon ou d’un mauvais En mouvement, l’image peut se former par électroérosion, soit
fonctionnement de la machine. Nous donnons (tableau 12) les lentement à chaque tour de la machine en un point donné, soit
aspects caractéristiques des surfaces de collecteur après fonction- instantanément lors d’une surcharge. Dans le premier cas, on prend
nement et l’interprétation qu’on peut en donner. Nous ajoutons les un balai polisseur, on augmente la pression et on diminue la densité
photographies de deux collecteurs fortement usés (figure 26). du courant ; on peut également poncer ; dans le second cas, on
protège le circuit d’excitation.
Pour les gros moteurs industriels, on dispose toute une série de
balais en plusieurs lignes. Les balais sont quinconcés pour avoir un
fonctionnement correct et une patine homogène. Dans certains
cas, quelques galais peuvent être avancés ou reculés par rapport à
la ligne moyenne.
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Patines normales : De coloration uniforme : marron clair à marron foncé. Fonctionnement satisfaisant de la machine et des balais.
Aspect et interprétation
(d ) Taches isolées ou régulièrement (e ) Taches foncées à bords francs suivies ou Lames tachées au milieu ou sur les bords
réparties non de taches plus claires à bords Ombrage sur le milieu des lames (f )
Taches foncées à bords dégradés estompés ou frangeant les deux bords de lames (g )
Causes les plus fréquentes
Faux rond du collecteur (tache isolée) Défaut affectant une lame ou un groupe Rectifications défectueuses du collecteur
Vibrations résultant d’un équilibrage de lames et occasionnant le soulèvement
incorrect, de paliers ou roulements du balai
défectueux, d’un alignement d’arbre
imparfait, etc. (taches régulièrement
réparties sur une ou plusieurs zones
du collecteur)
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Si le courant passe normalement du balai au collecteur par des 3.3.5 Influences extérieures
micropoints de contact provoquant des microétincelles, il faut éviter sur le fonctionnement des balais
d’avoir des étincelles visibles (en général à la sortie) dues à des
causes électriques et/ou mécaniques, car, dans ce cas, le balai s’use 3.3.5.1 Facteurs atmosphériques
davantage et le collecteur est détérioré par fusion du métal.
Lorsque l’altitude de vol des avions a augmenté, on a été surpris
Le danger de l’étincelle peut être caractérisé par la couleur par l’usure des balais de moteurs qui les équipaient. En fait, les
(violette, rouge, bleue ou verte suivant la gravité croissante) et par études ont montré que cela était dû à l’absence d’humidité de l’air
le volume (depuis le liseré à peine perceptible jusqu’à l’arc entretenu dans la haute atmosphère. On retrouve ce phénomène dans les
stable ou mobile) et est répertorié suivant la notation Westinghouse machines tournant dans un gaz sec, dans les moteurs étanches et
(tableau 13). Les limites acceptables, habituellement admises, sont : par très grands froids. À la limite, le balai peut être pulvérisé en
1 particules extrêmement fines (submicroniques), phénomène appelé
— régime normal : 1 ------ ;
2 usure noire. Inversement, un excès d’humidité provoque l’épaissis-
3 sement de la patine et des rayures dans le collecteur.
— régime de pointe, surcharge : 1 ------
4
Il est souhaitable de pouvoir travailler entre 2 et 25 g d’eau
3.3.4.6 Pertes dans les balais par m3 d’air ou mieux entre 8 et 15 g/m3.
Ces pertes, faibles par rapport aux pertes totales d’une machine,
sont : 3.3.5.2 Facteurs mécaniques
— soit d’origine mécanique et leur expression est : Une machine tournante provoque naturellement un courant de
ventilation qui peut être augmenté volontairement par autoventi-
Wm = µF v
lation ou par addition d’un motoventilateur. L’air doit être débarrassé
avec Fcomposante normale de la force d’appui du balai sur le des poussières ambiantes et circuler dans le sens du bobinage vers
collecteur, le collecteur pour ne pas introduire les poussières d’usure des balais
dans la machine.
v vitesse périphérique,
Cette ventilation doit éliminer les pertes thermiques de la machine
µ coefficient de frottement du balai sur le collecteur ; sans trop refroidir le couple balai-collecteur.
— soit d’origine électrique, avec trois composantes :
En circuit fermé, on refroidit l’air par un aéro- ou hydroréfrigérant
ρh
et on injecte un appoint d’air frais pour diminuer l’usure des balais.
• W ch = --------- I2 due à la résistance électrique, faible, du balai
S
de hauteur h et de surface S, 3.3.5.3 Facteurs chimiques
• Ws = r I2 due à la résistance r de la connexion, Si l’atmosphère environnant les balais joue un rôle important, il
• Wz = I ∆ U due à la chute de tension ∆ U , au contact. en est de même pour des matières liquides et solides organiques
À ces pertes s’ajoutent celles des courants de circulation dans les pouvant migrer vers les balais. C’est ainsi que les graisses et surtout
balais, entre lames de collecteurs, très mal connues. Pour les les silicones sont très nocives tandis que l’imprégnation de la
machines industrielles, W m et W z peuvent aller de 10 à 100 ou 200 W porosité du carbone par des résines judicieusement choisies peut
suivant les cas ; W ch est faible sauf pour les balais résine-graphite ; améliorer considérablement le fonctionnement et la durée de vie des
W s est toujours très faible. balais.
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3.3.6 Recommandations
3
1 ----- Nombreuses perles
4 Le choix d’une nuance de balai pour une machine donnée
fonctionnant dans des conditions données n’est pas évident et il est
souhaitable d’indiquer au fabricant de balais les valeurs des para-
mètres notés dans le tableau 14, tout au moins de ceux qui sont
en gras.
2 Projections intermittentes
Les difficultés rencontrées dans l’utilisation des balais tiennent très
souvent à la surveillance des machines. Un entretien préventif
maintient les machines en bon état dans de bonnes conditions de
fonctionnement. Cet entretien prévoit :
1 — des vérifications au ralentissement et jusqu’à l’arrêt de la
2 ----- Quelques projections machine ;
4
— des nettoyages efficaces ;
— des contrôles électriques et mécaniques ;
— des vérifications, à l’arrêt des collecteurs ou des bagues, des
balais et des porte-balais avant remise en route.
1 (0)
2 ----- Nombreuses projections
2
Projections importantes
3 et continues
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P
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U
Le carbone en électrotechnique R
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par Michel COULON N
Directeur de la Recherche et de la Technologie
Conrad REYNVAAN
et
Directeur Technique du Département Application Électriques
Jacques MAIRE
S
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