11.le Monde Merveilleux Des Pierres Precieuses PDF

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Le monde merveilleux

des pierres précieuses


par

Jacques Deferne & Nora Engel

!
Couronne de Louix XV (Musée du Louvre)

Petit avertissement
Ce petit ouvrage n’est pas un traité de gemmologie destiné aux spécialistes de la joaillerie,
mais plutôt une invitation à la découverte de ce monde fascinant et mystérieux qu’est celui
des pierres précieuses.
Il s’adresse aux curieux de la nature, aux amateurs de minéraux et à toutes les femmes qui
rêvent des bijoux qu’elles voudraient qu’un prince charmant leur offre en gage de leur amour !

© J. Deferne, 19 avril 2016


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Le club très fermé des pierres précieuses
Pour entrer dans le club très fermé des pierres précieuses, un minéral doit posséder les trois
qualités suivantes :
- La beauté qui fascine l’œil de l’observateur soit par une couleur profonde, un éclat particu-
lier, un effet optique spécial, chatoyance, iridescence, opalescence, astérisme.
- L’inaltérabilité, qui grâce à la résistance aux frottements mécaniques et à une insensibilité
aux agents chimiques en garantit la durabilité et la pérennité dans le temps.
- La rareté qui lui confère la qualité d’objet convoité, donc coûteux, et en fait un symbole de
richesse et de puissance.
La convoitise humaine est telle qu’il s’établit immanquablement une hiérarchie entre les pierres
précieuses basée sur leur prix. Au sommet de cette échelle brillent le diamant, le rubis, le saphir et
l’émeraude.
Vers le bas, nous trouvons de nombreux minéraux qualifiés de pierres fines, parmi lesquelles fi-
gurent les grenats, le spinelle, l’aigue-marine, la topaze, la tourmaline, l’améthyste et bien d’autres
encore dont certaines peuvent d’ailleurs atteindre des prix élevés.
Il n’y a pas une frontière précise qui délimite le domaine des pierres précieuses de celles qui en
sont exclues. En effet, la notion de beauté est fondée sur des jugements subjectifs et il n’est pas
possible de fixer arbitrairement des valeurs limites de propriétés physiques qui permettraient de
tracer une telle frontière.
Il y a encore de nombreux autres minéraux qui, bien que n’étant pas susceptibles d'être facettés,
sont tout de même esthétiquement intéressants sous forme de cabochons ou d’objets polis. On
leur réserve alors le nom de pierres ornementales.
Sous le nom de pierres de collection, on trouve encore tous les minéraux qui, taillés, présentent
un côté esthétique certain, mais qui ne répondent pas nécessairement aux critères d'inaltérabilité
ou de rareté. Ce sont des pierres taillées qui restent dans les écrins de collectionneurs et qui, par
leur fragilité, ne sont pas montées en bague ou en pendentif.

Les pierres précieuses sont des minéraux


Les pierres précieuses, les pierres fines et les pierres ornementales sont des minéraux. Ou
du moins presque toutes. En effet, quelques productions du monde vivant peuvent être
considérées comme des gemmes. Parmi celles-ci, citons la nacre, les perles, le corail,
l'ivoire ou l'ambre.
La gemmologie, science des pierres précieuses, est une partie de la minéralogie limitée
aux espèces minérales susceptibles de répondre aux trois critères énoncés plus haut.

Fascination des pierres précieuses


Aussi loin qu’on peut remonter dans l’Histoire et même dans la Préhistoire, l’Homme a remarqué
que certaines pierres se distinguaient des autres par leur aspect insolite, couleur, brillance, éclat,
chatoiement particulier. Très tôt, elles ont joué le rôle de talisman et on leur a même attribué des
vertus curatives ou protectrices. Elles ont été aussi les emblèmes des mois, des planètes ou en-
core des signes du Zodiaque.
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Pierres précieuses associées


aux signes du Zodiaque
Verseau turquoise, oeil-de-faucon
Poisson améthyste
Bélier cornaline, jaspe rouge
Taureau quartz rose, cornaline
Gémeaux citrine, oeil-de-tigre
Cancer chrysoprase
Lion cristal de roche
Vierge citrine, agate jaune
Balance quartz fumé, citrine orange
Scorpion cornaline rouge, sardoine

La convoitise universelle en a fait tout naturellement le symbole de la richesse et de la puissance


et leur a même conféré parfois une valeur d’échange très supérieure à celle de l’or pour certaines
d’entre elles. Thésaurisées au même titre que l’or, elles font partie des trésors des rois, des nobles
et des riches bourgeois.

Les pierres précieuses, symboles du pouvoir

La couronne d’Angleterre et le diamant l’Etoile d’Afrique (530 carats)

Minéralgiste, gemmologiste, bijoutier


Lorsqu'un minéralogiste parle de béryl, le gemmologiste voudra savoir s'il s'agit
d'émeraude, d'aigue-marine, d'héliodore ou de morganite. Là où il voit un corindon, le
gemmologiste espère un rubis ou un saphir.
En e#et, beaucoup de pierres précieuses ne sont que des variétés particulières d'une
même espèce minérale, variétés remarquables par leur couleur ou par un e#et optique inha-
bituel. Le gemmologiste et le minéralogiste parlent des mêmes objets, mais souvent avec un
vocabulaire di#érent.
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La minéralogie, qui exige la connaissance de la géologie, de la chimie, de la cristallogra-


phie et de l'optique cristalline, est une science qui nécessite des études approfondies, alors
que la gemmologie a été longtemps une pratique de gens qui ignoraient presque tout des
bases de la minéralogie, en particulier de l'optique cristalline. Les gemmologistes d'au-
jourd'hui ont pris conscience de ces lacunes et, sur le plan scientifique, leur formation est
beaucoup plus rigoureuse qu'autrefois.
Espèce minérale Variété
(langage du minéralogiste) (langage du gemmologiste)

Corindon, Al2 O3 Rubis (rouge), saphir (bleu).

Émeraude (vert), aigue-marine (bleu pâle),


Béryl, Be3 Al2 Si6 O1 8
héliodore (jaune), morganite (rose).

Il n'y a pas si longtemps, certains bijoutiers, par manque de connaissances minéralo-


giques, semaient la confusion dans l'esprit des acheteurs en qualifiant de topaze orientale le
corindon jaune, de rubis de Ceylan un grenat rouge ou encore de diamant de Bohême du
simple quartz ! Heureusement aujourd'hui, ces confusions ne sont plus que de l’histoire
ancienne.

La beauté d'une gemme dépend de ses caractères optiques


La couleur, la transparence, l’éclat, le feu, termes qui désignent l’apparence d’une pierre
précieuse, dépendent de l’interaction de la lumière avec le minéral. Sans lumière, on ne parle-
rait pas de pierres précieuses. Ce sont ces effets qui constituent la beauté d’une gemme. L’ab-
sorption plus ou moins sélective de la  lumière par une gemme détermine sa transparence, son
opacité et sa couleur.
Quant à l’indice de réfraction, il est responsable de l’éclat du minéral, c’est-à-dire de son aspect
plus ou moins brillant ou terne. C'est aussi la variabilité de l'indice de réfraction suivant la couleur
qui est responsable de la dispersion, phénomène analogue à l'arc-en-ciel et qu'on peut observer
en particulier dans les diamants. C’est ce qu’on appelle le feu d’une pierre.
Les fines inclusions qui troublent parfois la transparence des pierres leur confèrent des ef-
fets lumineux intéressants : opalescence, iridescence ou encore présence d'un astérisme.

L'indice de réfraction

C'et un nombre sans unité qui exprime la rapport de la vitesse de la lumière


dans l'air à celle mesurée à l'intérieur du minéral :
vitesse de la lumière dans l'air
n=
vitesse de la lumière dans le minéral

L'indice de réfraction est responsable de la déviation des rayons lumineux à


la limite de séparation de deux milieux d’indices différents.
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La couleur
La couleur est le caractère utilisé en premier lieu dans la
description des pierres précieuses. Les espèces minérales
qui présentent toujours une même couleur sont peu fré-
quentes. Il faut donc être prudent et bien prendre
conscience que la couleur de la plupart des minéraux est
essentiellement variable et qu'elle peut être provoquée par
des causes très différentes.
Quatre facteurs peuvent être à l'origine de la coloration
d'un minéral :

1. Un des éléments chimiques constitutifs du minéral est chromatophore1. Le minéral possède


alors toujours sa couleur propre. Ainsi le cuivre colore les minéraux en vert ou en bleu, le man-
ganèse en rouge violet, le lithium en rose rouge et le magnésium associé au fer provoque une
coloration vert jaune.

colorant couleur gemme formule chimique

vert malachite Cu2 CO3 (OH)2


Cuivre bleu azurite Cu3 (CO3 )2 (OH)2
bleu-vert turquoise CuAl6 (PO4 )4 (OH)8 .5H2 O

Lithium rose elbaïte Na(Li,Al)3 Al6 (BO3 )3 Si6 O18 OH)4

rose rhodonite Mn SiO3


Manganèse rose rhodochrosite Mn CO3
orange spessartine Mn3 Al2 Si3 O12

Chrome vert ouvarovite Ca3 Cr2 Si3 O12

Couleur conférée par un éléments chimique chromatophore

Malachite colorée par le cuivre Rhodochrosite colorée par le manganèse

1
Littéralement "porteur de couleur"
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2. D'infimes traces d'un élément chromatophore sont dispersées dans le réseau cristallin d'un mi-
néral habituellement incolore. Une même espèce minérale peut donc présenter des couleurs
différentes suivant la nature de l'impureté. Corindon teinté en rouge par des traces d'oxyde de
chrome (rubis) ou en bleu par des traces d'oxydes de titane et de fer (saphir).

Minéraux habituellement incolores mais colorés par des impuretés


minéral comp. chim. variété couleur élément
rubis rouge chrome

Corindon Al2 O3 saphir bleu bleu titane et fer

saphir vert vert fer

spinelle rouge rouge chrome


Spinelle MgAl2 O4
spinelle bleu bleu fer

émeraude vert chrome


Béryl Be3 Al2 Si6 O18
aigue-marine bleu fer

Rubis Spinelle rouge Emeraude

3. De fines inclusions de minéraux étrangers modifient la coloration d'un minéral habituellement


incolore. Quartz teinté en vert par de fines inclusions de chlorite ou en rouge foncé par des in-
clusions d'hématite.

Quartz coloré en vert par des inclusions de chlorite, Thusis, Grisons.


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4. La perturbation du réseau cristallin d'un minéral exposé pendant des millions d'années à la ra-
dioactivité naturelle de la roche peut provoquer l'apparition de teintes inhabituelles. L’exemple
le plus connu est celui du quartz fumé dont la teinte brune plus ou moins foncée a été provo-
quée par la très faible radioactivité du granite dans lequel il a séjourné durant plusieurs millions
d'années. Cette coloration disparaît lorsqu'on chau#e le minéral et il ne reprend plus sa couleur
une fois refroidi. Par contre on peut “fumer” artificiellement un quartz incolore en le soumettant
à une irradiation artificielle, dans des accélérateurs de particules.

Quartz fumé Améthyste

Les gemmologistes utilisent aussi des qualificatifs imagés pour décrire les couleurs : rouge "sang de
pigeon" qualifie la couleur des rubis les plus recherchés, "madère" désigne le brun rose des belles to-
pazes, alors que "lie-de-vin" est réservé au grenat almandin de bonne qualité.
La couleur peut être analysée plus scientifiquement au moyen du spectromètre, appareil qui per-
met de préciser quelles sont les radiations qui sont absorbées sélectivement par la gemme.
Pour un œil exercé, la qualité de l'éclairage joue un rôle important car le spectre lumineux du soleil
n'est pas identique au spectre fourni par un éclairage artificiel. L'importance de l'éclairage est re-
marquablement mise en évidence par l'alexandrite, une variété de chrysobéryl, qui paraît verte à la
lumière du jour, mais rouge à la lumière d’une ampoule incandescente.

L’éclat
L’éclat d'une pierre précieuse est une appréciation un peu subjective qui dépend surtout de son
pouvoir réflecteur, mais aussi de son degré d'opacité et de la manière dont il di#use la lumière.
Le pouvoir réflecteur est la proportion de lumière réfléchie par rapport à la quantité de lumière reçue.

Pouvoir réflecteur = quantité de lumière réfléchie


quantité de lumière incidente

Pour les minéraux transparents, le pouvoir réflecteur est toujours assez faible et ne dépend
que de l'indice de réfraction. Les lois qui régissent le pouvoir réflecteur des minéraux opaques
sont plus complexes. Ils présentent parfois des pouvoirs réflecteurs très élevés.
L’éclat gras ou vitreux correspond à un pouvoir réflecteur faible (quartz, béryl, tourmaline),
l’éclat adamantin caractérise les minéraux au pouvoir réflecteur plus élevé (cassitérite, diamant).
La nature de la surface du minéral ou la présence d’inclusions microscopiques peut modifier
l’éclat, et il existe toute une série de qualificatifs pour décrire l'éclat : résineux, laiteux, opales-
cent, terreux, soyeux, terne, etc...
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Appréciation de l’éclat des minéraux


Minéraux transparents Minéraux opaques
éclat pouv. réflect. indice réfr. éclat pouv. réflect.

gras <5 % 1.3 à 1.5 %


submétallique 8 à 20
vitreux 5 à 10 % 1.5 à 1.8 %
métallique 20 à 50
subadamantin 10 à 15 % 1.8 à 2.2 %
supermétallique > 50
adamantin > 15 % >2.2

Le pléochroïsme
Les minéraux sont anisotropes. Cela signifie que leurs propriétés physiques varient légèrement
suivant la direction d’observation. Le pléochroïsme sa manifeste par une variation de couleur sui-
vant la direction d’observation. Ce phénomène s’observe habituellement à travers un filtre polari-
sant1 . La tourmaline présente souvent un pléochroïsme prononcé. Dans le cas de la cordiérite, le
phénomène est si intense qu’il peut être observé sans filtre polaroïd. À cause de cette particulari-
té, on l’appelait autrefois "dichroïte".

Effets lumineux particuliers


La chatoyance se manifeste par l'apparition d'une fine bande lumineuse qui traverse toute la
pierre, faisant penser à la pupille allongée de l'œil du chat.
Cet effet est provoqué par la présence dans la gemme, de nombreux canaux allongés très fins,
parallèles les uns aux autres. La taille en cabochon permet d'accentuer cet effet, et les lapidaires
s'arrangent alors pour que la bande lumineuse corresponde à l'allongement de la pierre. On parle
alors d’œil-de-chat.
L'astérisme est caractérisé l'apparition d'une étoile lumineuse, généralement à six branches, plus
rarement à quatre ou à douze branches. Cet effet est provoqué par des inclusions d'aiguilles micro-
scopiques - très souvent du rutile - toutes orientées parallèlement à plusieurs directions disposées
en un réseau imposé par la symétrie du minéral hôte. Elles provoquent des réflexions complexes de
la lumière qui font alors apparaître l’effet d’astérisme.

Chrysobéryl: Saphir étoilé : Diopside étoilé :


oeil-de-chat astérisme à 6 branches astérisme à 4 branches

1 On peut utiliser les lunettes dites “polaroïd” qui sont des filtres polarisants.
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L’iridescence et l’opalescence sont des phénomènes basés sur l’interférence de la lumière cau-
sée par la présence de lamelles dont l’épaisseur est de même ordre de grandeur que la longueur
d’onde de la lumière. Suivant l’épaisseur de ces lamelles certaines couleurs sont renforcées,
d’autres éliminées. Ces phénomènes sont observables sur la pierre de lune, une variété d’orthose,
et sur la labradorite.

Le cas de l’opale est particulier : ce sont des myriades de sphé-


rules de silice qui s’alignent et s’empilent au sein de la matière et
qui provoquent les interférences lumineuses caractéristiques de
ce minéral.
Empilement de sphérules
de silice au sein de l’opale

Le feu des pierres


L'indice de réfraction varie suivant la longueur d'onde de la lumière. La lumière blanche est
constituée de l'association d'une multitude de rayons colorés, chacun obéissant à une longueur
d'onde particulière. Ainsi, chacun de ces rayons lumineux colorés est dévié avec un angle légère-
ment différent lorsqu'il traverse un prisme de verre. C'est le phénomène bien connu de l'arc-en-
ciel. Les minéralogistes parlent de la “dispersion de la lumière”.
Dispersion de la lumière dans un corps transparent

Dispersion de la lumière
dans un prisme Dispersion de la lumière dans une pierre taillée

De la même manière, la lumière blanche qui pénètre dans une pierre taillée est plus ou moins
dispersée par celle-ci en de nombreux rayons monochromatiques. Le phénomène se manifeste
par des éclats colorés qui semblent être émis par la pierre elle-même. C'est ce qu'on appelle les
feux de la pierre.

L’inaltérabilité
L'inaltérabilité d'un minéral - les gemmologistes parlent de durabilité - repose essentiellement
sur trois propriétés : sa dureté, sa ténacité et son insensibilité aux agents chimiques.
La dureté d’un minéral reflète la résistance opposée par sa structure cristalline aux efforts méca-
niques. Pratiquement, c'est la résistance à la rayure. Un minéral qui peut rayer un autre minéral est
plus dur que ce dernier. La mesure de la dureté est empirique et se fait par comparaison avec 10
minéraux de référence qui constituent l'échelle de dureté dite de Mohs.
Pour préserver l’intégrité d’une pierre montée sur une bague ou sur un collier et éviter qu’elle ne
se raye, il faut que sa dureté soit supérieure à celle de tous les objets avec lesquels elle pourrait
être en contact. Pratiquement il est souhaitable qu’elle ait une dureté égale ou supérieure à 7. 

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Échelle de dureté dite de Mohs

1. talc 6. orthose
2. gypse 7. quartz
3. calcite 8. topaze
4. fluorine 9. corindon
5. apatite 10. diamant

Dureté de quelques gemmes usuelles


diamant 10 topaze 8 améthyste 7
rubis 9 émeraude 7.5 agate 6.5 à 7
saphir 9 aigue-marine 7.5 péridot 6.5 à 7
chrysobéryl 8.5 almandin 7.5 lapis-lazuli 5à6
spinelle 8 tourmaline 7.5 turquoise 5à6

Il faut prendre garde de ne pas confondre la dureté avec la ténacité qui est la résistance
aux chocs. Le diamant qui est le plus dur de tous les minéraux se brise facilement lorsqu’il
subit un choc.
Un autre critère de durabilité est bien évidemment une totale insensibilité face aux agents chi-
miques les plus fréquents dans notre environnement. La plupart des gemmes sont des oxydes
ou des silicates, classes de minéraux habituellement résistants aux agressions chimiques.

De la pierre brute à la pierre taillée


La taille d'une pierre précieuse est effectuée par un lapidaire. Elle a pour but de mettre en
valeur son éclat, sa transparence, sa pureté et sa couleur. Dans l'Antiquité, on se contentait
de polir les faces naturelles ou de confectionner des cabochons arrondis. Ce n'est qu'à par-
tir du XIVe siècle que la technique de la taille a commencé à se développer. Le choix de la
forme de la taille d'une pierre brute est dicté par le souci de souligner toutes ses qualités
potentielles tout en conservant le maximum de poids.

Principe physique de la taille


La base de la technique consiste à user la pierre brute, pour faire apparaître des facettes,
sur une meule plate enduite d'une poudre abrasive plus dure que la gemme qu'on souhaite
tailler. Parmi les poudres abrasives utilisées mentionnons l’émeri (poudre de corindon) ou la
poudre de diamant.

Conseils pour observer les gemmes


- pour bien percevoir la couleur, les observer à la lumière du jour, mais pas au soleil,
- pour percevoir l’éclat, le feu ou d’autres effets spéciaux, les observer avec une source lumineuse
ponctuelle, lampe halogène, par exemple,
- pour percevoir un éventuel pléochroïsme, les observer à travers un filtre polarisant (les lunettes Po-
laroïd par exemple) en faisant tourner la pierre sur elle-même.
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Avant toute chose, le lapidaire étudie soigneusement la pierre brute pour déterminer la
forme la plus appropriée, forme qui permettra d'éliminer les parties qui comportent des dé-
fauts, tout en conservant un maximum de poids. Il favorisera certaines orientations, afin
d'accentuer des phénomènes optiques particuliers (astérisme, chatoyance).
La première face obtenue constitue la "table", c'est-à-dire la face supérieure de la pierre.
Le lapidaire colle cette première facette sur une tige appelée "dop". C’est en orientant de
manière précise le dop par rapport au disque abrasif qu’il obtient successivement toutes les
autres facettes.
On commence généralement par une opération appelée ébrutage qui consiste à obtenir
une forme arrondie du brut. Elle précède l'ébauchage qui est l'entaillage des facettes. La
taille proprement dite s'effectue avec une poudre relativement grossière. Pour le polissage
final, on utilise des poudres ultra-fines.

Quelques tailles classiques

Taille “ciseaux”

Taille “brillant” à 56 facettes

Taille “émeraude” ou “à gradins”

Taille ovale Taille “coeur”


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Taille du diamant
La taille du diamant est un peu particulière : on calcule les angles de taille de façon à multiplier
les réflexions de la lumière à l'intérieur de la pierre, afin d'amplifier la dispersion des couleurs. Les
formes de taille traditionnelle en "brillant" sont bien définies.
Le diamant brut est souvent bien cristallisé et une de ses formes les plus courantes est l'octaèdre.
Par ailleurs, le diamant possède la propriété de se cliver en octaèdres. Si la pierre brute n'est pas
octaédrique, le spécialiste commence par la cliver pour obtenir cette forme, car c'est à partir de
cette dernière qu'il va préparer la taille du diamant.

Clivage d’un diamant Sciage d’un octaèdre Facettage et polissage

On peut définir aussi l'octaèdre comme étant constitué de deux pyramides de section carrée
accolées par leur base. On commence justement par scier le diamant parallèlement à cette base
pour obtenir deux demi-octaèdres. Ce plan de sciage constituera plus tard la table de chacune
des deux pierres. La suite des opérations s'effectue
comme pour les autres gemmes.
C'est l'optique cristalline qui a permis d'effectuer
les calculs qui ont abouti à la forme de taille du dia-
mant la plus appropriée pour mettre en valeur sa
beauté. Vers 1940, un physicien nommé W. Epler, se
fondant sur les travaux de ses prédécesseurs, a défi-
ni une forme de taille idéale (la taille Epler).

Un peu d'histoire de la taille


On n'a commencé à tailler des gemmes que tardivement, mais le procédé de l'intaille était
connu dès l'Antiquité. On a trouvé des pierres gravées dans des fouilles datant d’avant l’ère
chrétienne.
Au Moyen Âge, des diamants façonnés provenant des Indes sont arrivés en Europe. Ils
avaient des formes d'octaèdre ou de demi-octaèdre. En effet, bien qu'étant le minéral le plus
dur qui existe, le diamant est paradoxalement fragile. Si on exerce sur lui un effort méca-
nique, il peut se casser et se débiter en petits octaèdres. Et ainsi, les diamantaires prati-
quaient le clivage des diamants pour faire apparaître des faces parfaitement brillantes. Au
XIVe siècle, les premiers diamants taillés en forme de "rose" font leur apparition.
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Quelques tailles classiques du diamant

Taille “poire” Taille “navette” ou “marquise”

Taille “Old Miner” Tailles roses hollandaises,


simple et double

La rareté
Les pierres précieuses ne se rencontrent que dans certains environnements. La rareté
d’une gemme est appréciée en fonction de sa disponibilité sur le marché.
En amont de la table des marchands se situent les gisements et leur exploitation. La plu-
part des gemmes sont exploitées dans des pays lointains tels l’Inde, le Brésil, Madagascar,
la Thaïlande, la Birmanie, l’Afrique du sud et divers pays africains. Les mines se situent dans
des environnements géologiques bien particuliers.

Où trouve-t-on les pierres précieuses ? 1


Les conditions favorables à la formation des minéraux dépendent des processus géolo-
giques qui, au cours des temps, modifient l'aspect de la partie superficielle de notre planète.

Dans les roches éruptives


Les masses magmatiques qui se refroidissent lentement en profondeur donnent naissance
aux roches éruptives dont le représentant le plus répandu est le granite. La cristallisation si-
multanée de la plus grande partie des minéraux confère à la roche un aspect granulaire. Il
est donc rare de rencontrer dans ces roches des minéraux de qualité gemme aux formes
bien développées.

1 Pour plus de détails, consultez le chapitre “Les minéraux dans leur environnement” dans la publication “Au
coeur des minéraux”.
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Dans les pegmatites


Dans les parties marginales des roches éruptives on trouve souvent les pegmatites qui ré-
sultent de la cristallisation des fluides les plus solubles. Ces roches sont riches en bore,
fluor, phosphore, béryllium, lithium et divers autres éléments chimiques peu fréquents. On y
rencontre souvent des minéraux de grandes tailles. En plus de ses constituants courants,
quartz, feldspath, mica, on trouve parfois des minéraux occasionnels : tourmaline, topaze,
béryl, spodumène, zircon, cassitérite, wolframite et d'autres espèces encore toutes fort ap-
préciées des collectionneurs.

Dans les filons hydrothermaux


Après la formation des pegmatites, les liquides résiduels, les solutions hydrothermales qui
renferment encore de nombreux éléments dissous, s'accumulent sous forme de filons dans
les fractures des roches encaissantes. Leur pression et leur température diminuent au fur et
à mesure qu'elles se rapprochent de la surface de la croûte terrestre. Elles déposent sur les
parois des fissures une succession de minéraux qui constituent les filons hydrothermaux. La
température de formation des minéraux décroît au fur et à mesure que l’on s'éloigne du
massif magmatique originel.

Pegmatite, Brésil
Ce bloc mesure environ un mètre de largeur. On distingue de gros
cristaux d’orthose et, en noir, une section d’un cristal de tourmaline.

Il n’y a pas une coupure bien franche entre les pegmatites et les minéraux filoniens de
haute température. On peut donc trouver dans ces derniers quelques mêmes minéraux que
ceux des pegmatites, la topaze et la tourmaline par exemple.
Le quartz est fréquemment présent sous forme de cristal de roche limpide dans les filons
de haute température, de quartz laiteux dans ceux de moyenne température et de calcé-
doine dans les parties les plus froides.
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Principaux minéraux et gemmes des pegmatites

microcline (parfois var. amazonite),


abondants albite en feuillets (var. cleavelandite),
quartz, muscovite, biotite, phlogopite.
fréquents béryl, tourmaline noire, apatite, grenats.

tourmaline colorée, chrysobéryl, topaze, lépidolite,


occasionnels spodumène, zircon, cassitérite, monazite, amblygonite,
fluorine, cryolite.

Dans les laves


Les roches volcaniques sont issues des magmas qui, au lieu de cristalliser très lentement
en profondeur, ont atteint la surface de la croûte terrestre. Les éléments volatils, en s'échap-
pant brutalement, sont responsables de l'activité explosive du volcan. Une fois dégazées, les
laves s'écoulent plus tranquillement en coulées qui se solidifient rapidement.
Les minéraux des laves sont toujours mal formés et rarement visibles à l'oeil nu. Il arrive
parfois qu'on y trouve des minéraux plus gros, qui étaient déjà formés dans le magma avant
qu'ils n'atteignent la surface, comme la leucite, l'augite, plus rarement le péridot.
Mentionnons encore une roche éruptive peu courante, la kimberlite, qui se présente sous
forme de culots volcaniques cylindriques qui s’enfoncent dans les profondeurs de la croûte
terrestre. Aucun appareil volcanique externe ne leur est associé. C’est la roche mère du
diamant.

Dans les roches superficielles


L'eau de pluie qui s'infiltre dans les roches superficielles contient, à l'état dissous, de
l'oxygène, de l'acide carbonique et d'autres substances qui lui confèrent un pouvoir oxydant
et dissolvant important. Au-dessus du niveau hydrostatique (limite du niveau de l'eau dans
un puits), l'eau circule rapidement, dissout les minéraux les plus solubles, laissant intacts les
minéraux chimiquement stables. Des réactions chimiques complexes contribuent à la forma-
tion de nouvelles espèces minérales fortement enrichies en oxygène. Pour cette raison on
appelle cette zone, zone d'oxydation.

Quelques gemmes de la zone d'oxydation des gîtes métallifères

Métal Minéral primaire zone d'oxydation


Cuivre chalcopyrite malachite, dioptase, azurite,
Fer magnétite hématite,
Manganèse manganite rhodochrosite.

En surface, les minéraux résiduels non dissous par les eaux superficielles s'accumulent sur
place ou, entraînés par le ruissellement, rejoignent les alluvions des cours d'eau. C'est ainsi
que les grains de quartz libérés par la destruction des roches granitiques produisent le sable
des rivières, des lacs et des océans. Certains minéraux insolubles, de dureté plus élevée et
plus denses que les autres, et qui, bien souvent, n'existent qu'en faible quantité dans leur
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gisement originel, sont concentrés par gravité dans les alluvions, constituant des gisements
secondaires alluvionnaires fort recherchés. Ce sont les "minéraux lourds" que les prospec-
teurs retrouvent au fond de leur batée.

Gemmes exploitées dans les alluvions


Eléments diamant.

Oxydes rutile, corindon (rubis & saphir), spinelle.

Silicates topaze, zircon, tourmaline, grenats.

Dans les roches sédimentaires


Dans les roches sédimentaires, divers minéraux peuvent se former par des mécanismes
chimiques ou biologiques complexes. On peut trouver dans ces conditions la pyrite, la mar-
cassite, l'hématite, la calcédoine, l’opale et la turquoise.

Dans les roches métamorphiques


Lorsqu'une roche est soumise à une augmentation de pression et de température, au
contact d'une intrusion magmatique ou à la suite d'un enfouissement profond sous d'autres
roches, elle subit une métamorphose - que les géologues appellent métamorphisme - qui
fait apparaître un nouvel assemblage minéralogique au détriment de celui qui existait aupa-
ravant. Ce sont les roches métamorphiques.
Les minéraux qui se forment dépendent, d'une part de la composition minéralogique origi-
nelle de la roche et, d'autre part, de l'intensité du métamorphisme. Ce sont dans ces roches
qu’on peut rencontrer occasionnellement le rubis, le saphir, l’émeraude, les grenats, la né-
phrite et la jadéite.

L’Homme peut imiter les gemmes et même les fabriquer


Aujourd'hui, l'Homme sait fabriquer en quelques jours les minéraux que la nature met des
millénaires à élaborer. Ce sont les pierres de synthèse. Elles sont rigoureusement identiques
aux pierres naturelles. Seul un examen microscopique approfondi portant sur le contour des
stries de croissances et sur la nature des inclusions étrangères emprisonnées lors de la
croissance du minéral permet de distinguer les unes des autres.
Pour synthétiser un minéral utilisable en bijouterie, le fabricant doit réunir les critères sui-
vants :
− obtenir un cristal unique de qualité gemme suffisamment gros pour pouvoir être taillé,
− le cristal doit correspondre aux critères de beauté de la pierre naturelle,
− il doit être aussi homogène que possible (pas ou peu de variations de couleur).

Le procédé Verneuil
Il consiste à faire introduire de la fine poudre d’alumine (Al2O3) à l’intérieur d’un chalumeau
oxhydrique dirigé vers le bas. L’alumine en fusion tombe sur un petit fragment de corindon
(Al2O3) qui sert de germe fixé sur un support réfractaire. L’alumine vient augmenter la masse
du corindon en s’adaptant strictement au réseau cristallin du germe. On peut obtenir ainsi
des corindons très purs. Par adjonction de faibles quantités d’oxydes métalliques, on obtient
toutes les couleurs voulues dont celle du rubis ou du saphir.
17

Procédé Verneuil, par fusion

Le procédé Verneuil consiste à faire


tomber de la poudre d’alumine sur
un fragment de corindon à travers
un chalumeau oxhydrique. La
poudre en fusion cristallise sur le
fragment épousant son orientation
cristallographique.
L’ensemble tourne lentement et
s’abaisse au fur et à mesure de la
croissance de la “bougie”. Cette
technique permet de produire du
corindon (Al 2 O 3 ), du spinelle
(MgAl2O4) et du rutile (TiO2).

Le procédé hydrothermal
Il existe également d'autres méthodes de synthèse tel le procédé hydrothermal ou le procédé
par le flux. Les rubis et saphirs, les spinelles, les émeraudes, les quartz sont ainsi couramment
synthétisés. Les quartz et les rubis sont
synthétisés à des fins industriels et trouvent
des applications dans le domaine de l'hor-
logerie (montres à quartz, rubis d'horloge-
rie, verres de montre) et de l'optique (laser).
Le quartz synthétique possède une plus
grande pureté que le quartz naturel. Son
usage est destiné à l’industrie électronique.
Il existe aussi des méthodes de synthèse
du diamant dans des autoclaves sous très
haute pression. Toutes ces pierres synthé-
tiques sont également vendues pour leur
qualité gemme.
À ce propos, il existe de nombreuses
fraudes, et à l'heure actuelle, la gemmolo-
gie n'arrive pas toujours à établir avec certi-
tude si une gemme est synthétique et natu-
relle.

Les imitations Procédé hydrothermal de synthèse du quartz


Contrairement aux pierres de synthèse,
une imitation est un produit - naturel ou
synthétique - utilisé comme substitut d'une gemme. Ce substitut n'a ni la composition chimique,
ni la structure de la gemme qu'il veut imiter. Il lui ressemble, mais ses propriétés physiques et chi-
miques sont différentes.
18

Un plastique ou un verre peut imiter une gemme. De nombreuses substances naturelles ou syn-
thétiques sont - ou ont été - utilisées pour imiter certaines gemmes. Le tableau suivant montre les
minéraux synthétiques dont les propriétés se rapprochent de celles du diamant.

Substituts synthétisés imitant le diamant


Gemme composition. densité ind. réfr. dispersion
diamant C 3.53 2.42 0.044
cubic zirconia ou djevallite ZrO2 5.6 à 5.9 2.15 0.065

"YAG" = (Yttrium Aluminium Garnet) Y3Al2 (SiO4)3 4.6 1.83 0.028

"GGG"= (Gadolinium Gallium Garnet) Gd3Ga2(GaO4)2 7 1.97 0.045

moissanite (carbure de silicium) SiC 3.22 2.65 à 2.69 0.104

Seules les gemmes d'origine minérale peuvent être synthétisées. Les gemmes d'origine organique
peuvent tout au plus être produites par culture (perles). Par contre les imitations sont nombreuses.
Ainsi certains plastiques tentent d'imiter l'ivoire, le corail ou l'ambre.

Quelques "améliorations" frauduleuses


Les minéraux destinés à confectionner des cabochons sont rarement synthétisés, le coût de pro-
duction dépassant largement le prix de la pierre. Parmi les contrefaçons courantes, les turquoises
sont souvent fabriquées d'une poudre de ce minéral agglomérée et compressée dans un bain de
résine, des calcédoines peuvent être teintées, par exemple en bleu pour imiter le lapis, on décolore
les perles en les trempant dans de l'eau oxygénée etc. Les cabochons sont souvent cirés ou vernis
pour améliorer la qualité de leur éclat et pour les protéger.
L'effet d'iridescence de l'opale est couramment imité. Il s'agit d'un enduit iridescent appliqué
sur divers supports. On imite même l'opale par du plastique ("opalite").
On peut améliorer la teinte de certaines gemmes transparentes par chauffage ou irradiation : les
saphirs incolores deviennent bleus, les topazes de couleur fade prennent une couleur plus vive ou
des aigues-marines trop pâles deviennent bleues. Malheureusement les couleurs ainsi obtenues
ne supportent pas toujours les rayons UV. En exposant ces gemmes à la lumière du soleil, elles
pâlissent !
Les doublets étaient très utilisés autrefois comme contrefaçon. On peut les trouver encore sur
des bijoux ancien.


Les "Rubis de Genève"


Entre 1885 et 1910 environ, sont apparus sur le marché des pierres synthétiques qui furent
appelés "rubis genevois" ou rubis fondus ou rubis reconstitués. On pensait qu'ils étaient
fabriqués dans la région genevoise par un prêtre. On rencontre encore ces rubis sur des
bijoux anciens. La synthèse des rubis pris de l'importance lors du développement de la
méthode par fusion sèche, procédé inventé par le chimiste Verneuil en 1902.
19

Quelques doublets

Diamant doublé Imitation diamant

Doublet de grenat almandin Doublet d’émeraude Rubis doublé

Identification des pierres précieuses


Les techniques d’identification utilisées en minéralogie impliquent le prélèvement d’un pe-
tit fragment de l’échantillon.
Il est bien évident que cette procédure ne peut pas être appliquée aux pierres taillées, car
les examens qu'on peut leur appliquer ne doivent en aucun cas les altérer. Dès lors, les seuls
examens non destructifs qui peuvent être utilisés sont :
- la mesure de la densité, si la pierre n'est pas sertie,
- la mesure des indices de réfraction et l'appréciation du pléochroïsme,
- l'examen attentif au microscope des inclusions que renferme la pierre, de la forme des
stries de croissances,
- l'analyse spectroscopique qui met en évidence les raies ou les bandes d’absorption.

La densité
La mesure de la densité s'effectue à l'aide d'une balance de précision qui dispose d'un double
plateau l’un dans l'air et l’autre immergé dans l'eau. Cette mesure ne s'applique, bien évidem-
ment, qu'aux pierres non serties.
Mesure de la densité
La densité s'obtient par une double-pesée, la première
dans l'air, la seconde dans l'eau. La différence des deux
pesées correspond au poids du volume d'eau déplacé,
c'est-à-dire aussi au volume de la pierre.

Densité =
Pair
Pair - Peau

!
20

Autres investigations
On mesure les indices de réfraction au moyen d'un réfractomètre. On examine à la loupe ou au
microscope les inclusions que la pierre a emprisonnées au moment de sa formation.

Réfractomètre Polariscope
On mesure les indices de réfraction Les filtres polarisants indiquent si la
suivant diverses positions de la pierre. pierre est isotrope ou anisotrope.

Les gemmologistes utilisent encore le spectroscope, un instrument qui permet de mesurer


sommairement les longueurs d'ondes pour lesquelles la pierre absorbe sélectivement la lumière.
On observe aussi la variation éventuelle de la couleur suivant la position de la pierre vue à travers
d’un filtre polarisant : c'est le pléochroïsme.

Spectroscope
Observation des longueurs d’onde absorbées
sélectivement par la pierre.

Dichroscope
Examen de la présence ou de
l’absence de pléochroïsme.
Microscope gemmologique
Examen des inclusions et
de la qualité de la taille.
21

Le prix des pierres précieuses


Il n’y a pas de règle à la vente et l’achat des gemmes. Toutefois les professionnels font des
distinctions entre des pierres de haut de gamme, les pierres de joaillerie et les pierres fines.
De manière traditionnelle, on indique les prix au carat. Les grosses pierres de belle qualité,
c’est-à-dire parfaitement transparentes, de belle couleur, et dont la taille régulière permet la
meilleure réflexion de la lumière, sont les plus appréciées, et leur prix au carat augmente en
conséquence : un diamant de 5 carats vaudra plus que 5 diamants de 1 carat. Cela est éga-
lement le cas pour les rubis, les émeraudes, les saphirs et quelques pierres prisées par leur
coloration telles l’alexandrite connue pour ses variations de couleurs ou la célèbre tourma-
line « paraïba ». Pour le néophyte, un diamant vaut plus qu’un rubis ; or ce n’est pas tou-
jours le cas, les prix dépendent aussi des qualités de la beauté et de la rareté de la gemme !
Fixer le prix d’une pierre relève de l’appréciation du marchand et de l’acheteur. Pour les
pierres utilisées en joaillerie ou pour les pierres fines, les prix fluctuent souvent selon la de-
mande et la mode ainsi que de la disponibilité de la gemme.
Pour les diamants, il existe une échelle des qualités, à laquelle se réfèrent les diamantaires.
Les prix augmentent en fonction du poids du diamant, de sa pureté, de sa couleur ou de son
absence de couleur ainsi que de la qualité de la taille.
On trouve dans des ouvrages de référence le détail des échelles d’estimation de la valeur
des diamants.

Le carat
Le caroubier (Ceratonia siliqua), un arbre bien répandu sur le pourtour méditerranéen,
produit des gousses brunes semblables à de grands haricots, renfermant une pulpe
sucrée comestible. On trouve à l’intérieur de ces fruits des graines d’une grande
constance de poids (env. 0.205 g) qui semblent bien être à l’origine du carat, la plus
petite unité de poids dans le monde grec antique.
Cette unité de poids a été reprise chez les Romains sous le non de silique. Le sou d’or
frappé sous Constantin pesait 24 siliques. C’est probablement là l’origine du titre de l’or
qui est exprimé en vingt-quatrième de carat.

Fruit du caroubier

Graines du caroubier
22

Quelques diamants célèbres

Le vert de Dresde
Ce diamant de 41 carats est d’une couleur tout à fait insolite et
d’une taille particulièrement belle. Il vient des Indes, mais le che-
min qui l’a amené en Europe est inconnu. Il fut acheté en 1743 à la
Foire de Leipzig et devint la pièce maîtresse de la Couronne de
Saxe. Il appartient aujourd’hui à la Ville de Dresde.

Le Régent
Il a été trouvé en 1701 dans les mines de Golconde, en Inde.
Brut, il pesait 410 carats. Taillé en Angleterre son poids fût ramené
à 136 carats. Acheté par le Duc d’Orléans en 1717, alors Régent
de France, il fut monté ensuite sur la couronne de Louis XV puis fit
partie des bijoux de Marie-Antoinette. Volé à la Révolution, il fut
récupéré par Napoléon. Il est actuellement déposé au Musée du
Louvre.

Le Grand Mogol
Ce diamant a été examiné en 1665 par le marchand français Jean-Baptiste Tavernier lors
d’un de ses voyages aux Indes. Selon sa description, il pesait 280 carats, venait de la mine
de Kollur et aurait pesé 793 carats à l’état brut. Confisqué par Nadir-Shah lors de la prise de
Dehli en 1739, on ne l’a plus jamais revu.

L’Orloff
Ce diamant a été découvert dans les mines de Golconde au
XVIIe siècle. Brut, il pesait 300 carats. Taillé, il pèse encore 189
carats. Par sa qualité, c’est un des plus beaux diamants connus. Il
aurait été volé dans un temple indien au début du XVIIIe siècle. Il
réapparaît en 1773 à Amsterdam où il fût acheté par le Prince Or-
loff qui l’offrit à Catherine II de Russie. Il fait partie aujourd’hui du
trésor de l’Etat russe.
23

Jean-Baptiste Tavernier (1605-1689), fils d'un géographe anversois au-


rait effectué six voyages aux Indes entre 1631 et 1668. C'est lors de son
dernier voyage, qu'il aurait rapporté ce lot de gemmes acheté par Louis
XIV. Devenu richissime, il est anobli en 1669. On dit qu'il aurait même
acheté la baronnie d'Aubonne en Suisse, en 1670. Il a publié le récit de
ses voyages en Orient en 1676. Il continue de voyager. On le retrouve en
Suisse, au Danemark et à Moscou, où il meurt à l'âge très honorable de
84 ans.

Le Hope
C’est un magnifique diamant bleu acheté par Tavernier aux
Indes en 1642. Brut, il pesait 112 carats. Une première taille or-
donnée par Louis XIV ramène son poids à 67 carats. Il était alors
connu sous le nom de « Bleu de Tavernier ». Volé à la révolution
française, il ne fût jamais retrouvé.
Toutefois, en 1830 apparaît à Londres un magnifique diamant
bleu de 44 carats. Il est certain qu’il s’agit de l’ancien Tavernier
qui a été retaillé. Il fut acheté par le banquier américain Henry
Hope. Vendu au sultan ottoman Abdul Hamid II en 1908. Il revint
aux U.S.A. en 1911 et devint la propriété du Smithsonian Mu-
seum à Washington en 1958.

Le Koh-I-Nor
Son nom signifie “montagne de lumière”. On rapporte déjà son
existence au XIVe siècle et aurait appartenu à un prince indien en
1304. Son poids brut aurait été de 800 carats.
Une première taille en réduit le poids à 186 carats. Il fut confis-
qué par Nadir-Shah en 1739, lors de la prise de Dehli. Retrouvé
plus tard à Lahore, il fût donné à la Compagnie des Indes en com-
pensation de la révolte des Sikhs.
Il fut ensuite offert à la Reine Victoria en 1850 qui le fit retailler.
Son poids passa alors à 109 carats. Il fait partie aujourd’hui des
bijoux de la couronne d’Angleterre.

L’Etoile du Sud
Il a été trouvé par une esclave noire en 1853 à la mine de Bagagem, dans
la province de Minas Gerais au Brésil. Brut, il pesait 262 carats. On en a
retiré une magnifique pierre taillée de 128.8 carats. L’esclave fut affranchie
et reçut une pension.
24

L’English Dresden
Trouvé également dans la mine de Bagagem, en 1897, il pesait 119 carats. La taille ramena
son poids à 76 carats. Il tire son nom d’un marchand anglais nommé Dresden qui l’acheta
après qu’il fût taillé. Il est actuellement en Inde.

Le Jubilee
Trouvé en 1895 dans la mine de Jagersfontein, en Afrique du Sud, c’était
un octaèdre irrégulier de 650 carats. En 1897, année du Jubilé de la Reine
Victoria, on en fit une magnifique pierre taillée de 245 carats. C’est le troi-
sième diamant du monde par son poids. Son dernier propriétaire connu
était le collectionneur Paul-Louis Weiler.

Le Cullinan
Découvert en 1905 dans le mine Premier, le Cullinan est le plus gros dia-
mant jamais trouvé jusqu’à ce jour. Brut, il pesait 3'106 carats. Il fut offert
au Roi Edouard VII d’Angleterre en 1907. La taille permit d’en retirer 9
pierres importantes ainsi que 96 pierres plus petites. Connu sous le nom de
Grande Etoile d’Afrique, le Cullinan I a été pendant longtemps le plus gros
diamant taillé dans le monde. Taillé en forme de poire, il orne le sceptre im-
périal britannique. On peut l’admirer au Trésor de la Tour de Londres.

Le Golden Jubilee
C’est aujourd’hui le plus gros diamant taillé du monde. Il pèse 545.7
carats. Acheté en 1995 par un syndicat thaïlandais, il a été offert au roi
Rama IX de Thaïlande en guise d'hommage au cinquantième anniver-
saire de son couronnement. C’est un diamant brun-orange. Il provient
du gisement de la mine Premier en Afrique du Sud. Il a été découvert en
1985 et pesait originellement 755 carats. Il détrône ainsi le Cullinan I.

____________________________
25

Description des principales gemmes

Diamant C

Système cubique
Densité 3.5
Dureté 10
Indice de réfraction 2.42

Combinaison du cube, de l’octaèdre et du dodécaèdre

de gauche à droite : cube, octaèdre,


hexakisoctaèdre

Formes naturelles Octaèdre, cube, dodécaèdre ou combinaisons de ces formes

Transparent à translucide, incolore, grisâtre, brunâtre, plus rarement coloré en


Propriétés physiques brun, rouge, jaune, bleu, vert. Eclat adamantin. Clivage octaédrique parfait.
Minéral accessoire des kimberlites. Grâce à son inaltérabilité, on le retrouve
Gisements dans les gisements alluvionnaires dérivant des kimberlites.
Afrique du Sud, Namibie, Afrique occidentale, Russie, Brésil, Inde, Canada,
Pays producteurs Australie Diamants industriels : Zaïre, Zimbabwe

Signe distinctif Le plus dur de tous les minéraux ; éclat adamantin.

Le diamant était connus aux Indes depuis la plus haute Antiquité.


Ils provenaient des gisements de Golconde dans l’Etat d’Andhra
Pradesh. Aujourd’hui épuisés, ces gisements ont été la seule
source de diamants jusque vers 1728 date à laquelle les premiers
diamants brésiliens sont apparus en Europe. Puis, en 1866, le
premier diamant africain fut formellement identifié. Dès lors
l’Afrique du Sud devint le premier producteur mondial. En 1949 on
découvrit les premiers diamants originaires de Sibérie.
A côté de son intérêt pour la bijouterie, le diamant est devenu
très important pour l’industrie. On utilise le diamant dit “industriel”
inemployable pour la joaillerie. Il est utilisé pour sa grande dureté
pour l’usinage des aciers durs et pour la confection des scies dia-
mantées. La République du Congo (ex-Zaïre) est le plus important
producteur de diamants industriels.

Le“pipe” de Kimberley en Afrique du


Sud, cheminée volcanique constituée
de kimberlite, la roche mère du diamant.
26

Corindon Al2O3
Système rhomboédrique
Densité : 4.0
Dureté : 9
Indice de réfraction : 1.76 à 1.77
Variétés : Rubis (rouge)
Saphir (bleu, jaune, rose, vert)

prisme hexagonal bipyramides hexagonales

Formes naturelles Prisme hexagonal, bipyramides hexagonales.

Faces rugueuses profondément striées. Transparent à translucide; semble


Propriétés physiques parfois opaque; incolore, grisâtre, bleuâtre, bleu profond (saphir), rouge
(rubis), jaune (saphir jaune), vert (saphir vert).
Le rubis est pléochroïque et peut être fluorescent, ce qui accentue l'intensité
Autres propriétés de sa couleur rouge (sang-de-pigeon). Les cabochons présentent parfois un
astérisme à six branches.
Dans les schistes métamorphiques, les marbres et les gisements
Gisements alluvionnaires issus de ces roches.
Rubis : Birmanie, Inde, Pakistan, Afghanistan, Thaïlande, Tanzanie, Kenia,
Pays producteurs Viet-Nam.
Saphir : Cachemire, Sri-Lanka, Australie, Tanzanie.

Signe distinctif Minéral le plus dur après le diamant.

Le rubis doit sa couleur à des traces d’oxyde de chrome disposées dans son réseau cristallin, le saphir à
des traces d’oxydes de fer et de titane. L’astérisme qui caractérise certaines pierres et qui se manifeste par
l’apparence d’une étoile lumineuse à six branches est dû à la présence de fines inclusions d’aiguilles de ru-
tile disposées dans le réseau cristallin.
On exploite ces gemmes dans les alluvions issues de la désagrégation des roches métamorphiques qui les
renfermaient

Rubis Saphir Saphir étoilé


27

Béryl, Be3Al2Si6O18

Système hexagonal
Densité 2.7 à 2.9
Dureté 7 - 7.5
Indice de réfraction 1.56 à 1.59

Variétés : Emeraude : vert profond


Aigue-marine : bleu à bleu-vert
Morganite :
rose
Héliodore :
Goshénite : jaune
prisme allongé prisme trapu incolore

Prisme hexagonal trapu à allongé, voire même aciculaire. Les faces du prisme
sont parfois striées verticalement. Les formes prismatiques allongées
Formes naturelles
caractérisent les variétés vertes et bleues. Le béryl rose montre des prismes
trapus et le béryl incolore est parfaitement tabulaire.

Le béryl ordinaire est généralement gris-blanc plus ou moins opaque. La variété


Propriétés physiques gemme la plus recherchée est l’émeraude qui présente une teinte vert clair. Son
indice de réfraction assez faible lui confère un éclat vitreux.
Roches éruptives riches en silice, pegmatites, filons hydrothermaux de haute
Gisements
température, roches métamorphiques.

Emeraude: Colombie, Oural, Zambie, Brésil


Pays producteurs
Aigue-marine: Brésil, Russie (Oural), Madagascar, Afghanistan...

On observe à l’intérieur des émeraudes des inclusions constituée de minuscules canaux ou des cavités irré-
gulières renfermant un liquide dans lequel flotte parfois un fragment de halite (sel). Ces inclusions forment
des traînées qui interfèrent avec la lumière et confèrent à la pierre un aspect qu’on appelle parfois “jardin de
l’émeraude”. Ces inclusions très particulières permettent de distinguer les pierres naturelles des synthé-
tiques !

Emeraude Aigue-marine Béryl rose (morganite) Héliodore


(photo Siber+Siber)
28

Chrysobéryl Be3Al2O3

Système orthorhombique
Densité 3.7
Dureté 8.5
Indice de réfraction 1.75 à 1.76

Variétés : Alexandrite : pourpre à la lumière incandescente,


vert foncé à la lumière naturelle.
Oeil-de-chat : effet de chatoyance

Prismes courts à section losangique, presque toujours maclés. Macle simple


Formes naturelles faite de 2 individus orientés à 60° l'un de l'autre, ou multiple, en étoile à six
branches.

Transparent à translucide, vert jaunâtre à brunâtre, parfois bleuâtre. Eclat vi-


Propriétés physiques
treux, parfois effet de chatoyance.
L'alexandrite est un chrysobéryl vert foncé qui devient rouge pourpre à la
Signes particuliers lumière artificielle. On appelle oeil-de-chat la variété qui montre le
phénomène de chatoyance.

Gisements Dans les pegmatites et dans certaines roches métamorphiques.

Pays producteurs Russie (Oural), Brésil, Sri-Lanka, Zambie, Zimbabwe

C’est dans dans l’Oural qu’on a découvert vers 1830 un chrysobéryl riche en chrome dont la couleur change
selon l’éclairage utilisé. On l’a baptisé Alexandrite en l’honneur du Tsar Alexandre II.
L’effet de chatoyance est dû à des alignements de canaux microscopiques à l’intérieur du minéral. Pour
mettre en évidence cet effet, le chrysobéryl est taillé en cabochon.

chrysobéryl oeil-de-chat Alexandrite


(photo R. Weller, Cochise College)
29

Spinelle MgAl2O4

Système cubique
Densité 3.6
Dureté 7.5 - 8
Indice de réfraction 1.72

octaèdre

Formes naturelles Octaèdre fréquent, cube. tétraèdre, dodécaèdre plus rares.

Transparent à translucide. Toutes les couleurs sont possibles : rouge, bleu,


Propriétés physiques
vert, brun; éclat vitreux à terne.

Gisements Roches métamorphiques de contact, gneiss, gisements alluvionnaires.

Pays producteurs Birmanie, Afghanistan, Sri Lanka.

Signe distinctif Presque toujours en cristaux octaédriques

On les rencontre souvent les spinelles rouges dans les mêmes gisements que le rubis avec lequel ils ont été
fréquemment confondus. Sur les bijoux historiques ils portent encore le nom de “rubis balais”.
Le "Rubis du Prince Noir" qui orne la couronne impériale de Grand-Bretagne est en réalité un spinelle rouge.
Le spinelle est un minéral d’une série isomorphe qui comprend également d’autres éléments chimique
que le Magnésium, comme le Zinc (gahno-spinelles) : pour le spécialiste, les paramètres physiques sont
supérieurs à ceux du spinelle magnésien !

Spinelle rouge, Tanzanie Spinelle bleu, Tanzanie


30

Topaze Al2SiO4 (F,OH)2

Système orthorhombique
Densité 3.50 à 3.56
Dureté 8
Indice de réfraction 1.61 à 1.64

Prisme trapu à allongé à section losangique avec terminaisons pyramidales


Formes naturelles
montrant souvent de nombreuses faces.

Transparent à translucide, incolore, bleu pâle, jaunâtre, rose, jaune brun à


Propriétés physiques
orange (madère). Eclat vitreux. Clivage basal parfait.

Gisements Dans les pegmatites et les filons hydrothermaux de haute température.

Pays producteurs Brésil, USA, Madagascar, Mexique, Russie (Oural), Pakistan.

L’appellation “topaze impériale” est réservée à la variété “madère”.

Topaze impériale Topaze bleue Topaze “champagne”


(photo R.Weller, Cochise College)
31

Tourmaline (Ca,Na)
(Al,Fe,Li,Mg)Al6(BO2)3 Si6O18(OH)4

Système rhomboédrique
Densité 3.0 à 3.2
Dureté 7 - 7.5
Indice de réfraction 1.62 à 1.64

Variétés : Rubellite (rose),


Dravite (noir),
Elbaïte (rose).

section ditrigonale

Formes naturelles Prisme allongé de section ditrigonale, terminé par un rhomboèdre; les faces
prismatiques sont striées verticalement.

Propriétés physiques Transparent à translucide dans toutes les couleurs : rose, rouge, vert, bleu,
noir, parfois bicolore. Pléochroïsme intense.

Gisements Dans les filons des roches granitiques, dans les gneiss et les pegmatites.

Pays producteurs Russie, Brésil, Madagascar, USA, etc..

La composition chimique de la tourmaline est variable. Les atomes de Fe, Mg, Li et Al sont interchan-
geables. Cela explique la grande diversité des couleurs que peut prendre la tourmaline. L’appellation
“Paraïba” est réservée à une tourmaline bleu turquoise provenant de la Province du même nom au Brésil.

<
32

Péridot, (Mg,Fe)2SiO4

Système orthorhombique
Densité 3.3 à 3.5
Dureté 8
Indice de réfraction 1.65 à 1.69

Formes naturelles Il est très rare de trouver des cristaux bien développés (prisme orthorhom-
bique avec pyramide), le plus souvent ce sont des grains arrondis.

Propriétés physiques Transparent à translucide, vert à vert-jaunâtre, éclat vitreux à gras.

Gisements Dans les basaltes et roches ultrabasiques. Roches métamorphiques de


contact (dolomie) et gisements alluvionnaires. Aussi dans certaines
météorites.

Pays producteurs Zebirget (mer rouge), Birmanie,USA, Norvège, Hawaï, Pakistan.

Connu aussi sous le nom d’olivine, le péridot en cristaux suffisamment volumineux pour être taillés est ex-
trêmement rare. D’un vert profond, légèrement brunâtre, la couleur du péridot est, à mon avis, plus discrète
et plus noble que celle de l’émeraude.
L’île de Zebirget, sur la Mer Rouge abrite le plus célèbre gisement de péridots. Exploité dans l’Antiquité par
les Egyptiens, il est aujourd’hui épuisé. C’était la pierre favorite des pharaons. On a découvert récemment
un gisement au Cachemire qui fournit des pierres de grande qualité.
33

Famille des grenats, X3Y2 (SiO4)3

Système cubique
Densité 3.6 à 4.2
Dureté 6.5 - 7.5
Indice de réfraction 1.74 à 1.89

Spessartine

Trapézoèdre Dodécaèdre Dodécaèdre +

Les grenats constituent une famille homogène de composition X3Y2 (SiO4)3. Dans la structure atomique du
minéral, la position X peut être occupée par Mg, Fe ou Ca et celle de Y par Al, Fe ou Cr.

Pyrope Mg3Al2(SiO4)3 rouge sombre Spessartine Mn3Al2(SiO4)3 rouge orangé

Almandin Fe3Al2(SiO4)3 rouge sombre Andradite Ca3Fe2(SiO4)3 vert à noir

Grossulaire Ca3Al2(SiO4)3 toutes couleurs Ouvarovite Ca3Cr2(SiO4)3 vert

On appelait jadis “grenat de Bohème” des almandins utilisés pour imiter le rubis.

Formes naturelles Toujours bien cristallisé sous forme de dodécaèdre, trapézoèdre ou de


combinaison dodécaèdre-trapézoèdre.

Propriétés physiques Transparent à opaque, brun à noir, rouge, orange, vert, éclat vitreux à
subadamantin.

Gisements Dans les pegmatites et les roches métamorphiques.

Pays producteurs Sri-Lanka, Brésil, Madagascar, USA, Russie etc...

Rhodolite, grenat Ouvarovite, Tanzanie Spessartine, Nigéria


intermédiaire entre le
pyrope et l’almandin.
34

Zircon ZrSiO4

Système quadratique
Densité 3.9 à 4.7
Dureté 7.5
Indice de réfraction 1.85 à 2.0

Toujours bien cristallisé en prisme à base carrée surmonté d'une pyramide à


Formes naturelles
chaque extrémité.

Transparent à opaque, couleurs variées, le plus souvent brun foncé. La cou-


Propriétés physiques
leur bleue est obtenue par chauffage.
Sous l'effet d'inclusions radioactives, le réseau cristallin est dérangé, il
Autres propriétés devient opaque et la densité diminue jusqu'à 3.3. C'est l'état "métamicte".
Par chauffage on peut restaurer le réseau.
Minéral accessoire des roches éruptives, pegmatites et dans certaines roches
Gisements
métamorphiques et gisements alluvionnaires.

Pays producteurs Sud-est asiatique, principalement la Birmanie, Sri-Lanka.

Signe distinctif Forme quadratique bien reconnaissable,

Jadis, le zircon incolore, remarquable par son feu et son éclat, constituait un bon substitut du diamant. Les
zircons sont souvent chauffés pour améliorer leur couleur, en particulier les zircons bleus.

On peut obtenir diverses couleurs de zircon



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Spodumène LiAl(SiO3)2

Système monoclinique
Densité 3.2
Dureté 6.5 - 7.5
Indice de réfraction 1.66 à 1.68
Variétés : Kunzite, rose
Hiddénite. vert

Formes naturelles Prismes souvent aplatis, souvent striés verticalement

Propriétés physiques Transparent à translucide, incolore, blanc, gris ou délicatement teinté en rose,
vert, jaune. Clivage prismatique parfait.

Gisements Roches granitiques et pegmatites.

Pays producteurs Brésil, Afghanistan, Madagascar, USA...

Kunzite, photo R.Weller, Cochise College Hiddenite


36

Quartz SiO2

Système rhomboédrique
Densité 2.65
Dureté 7
Indice de réfraction 1.54 à 1.55

Variétés : Cristal de roche (incolore), Améthyste (violet),


Quartz fumé (brun clair à foncé), Citrine (jaune)

PrismePrisme hexagonal surmonté de deux rhomboèdres complémentaires


Formes naturelles
montrant des développements différents. Parfois en filons massifs.

Transparent à translucide, incolore à blanc laiteux, plus rarement brunâtre à


noir, rose, jaunâtre ou vert, éclat gras à vitreux. Pas de clivage, cassure
Propriétés physiques
conchoïdale, faces prismatiques souvent striées perpendiculairement à l'axe
du prisme.
En grains informes dans les granites et les gneiss, en beaux cristaux dans les
Gisements fissures des roches éruptives riches en silice et des schistes cristallins, dans
les filons hydrothermaux et les pegmatites.

Pays producteurs Nombreuses origines.

Dendrites de manganèse Citrine Améthyste Oeil-de-tigre


dans un cristal de roche
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Calcédoine SiO2 ± H2O


Système rhomboédrique
Densité 2.58 à 2.64
Dureté 6.5 à 7
Indice de réfraction 1.52

Variétés : Chrysoprase (vert), Cornaline (rouge-orangé),


Onyx (noir), Agate (calcédoine rubannée)
Jaspe (variété de calcédoine mêlée d’argile.
Aventurine (vert avec inclusions de micas)

Variété microscristalline de quartz : encroûtements, concrétions,


Formes naturelles remplissage de géodes.

Propriétés physiques Translucide à opaque, blanc, gris-bleu, vert, rouge à brun, noir, éclat résineux.

Concrétions dans les roches sédimentaires, dépôts fumeroliens, dépôts


Gisements hydrothermaux de basse température.

Pays producteurs Nombreuses origines.

Sardonyx Jaspe

Plaque polie d’agate, Brésil

Billes de calcédoine
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Opale SiO2. nH2O


Amorphe
Densité 1.98 à 2.20
Dureté -
Indice de réfraction 1.44 à 1.46
Variétés : Hyalite (transparent, incolore),
Opale noble (blanche avec reflets iridescents)
Opale, Queensland, Australie Opale de feu (rouge-brun).

Formes naturelles Encroûtements, concrétions.

Transparent, translucide, parfois même opaque, incolore, blanc, gris-bleu,


Propriétés physiques rouge, éclat nacré à résineux. Souvent iridescente ou opalescente.
Dépôts hydrothermaux de basse température dans de nombreux
Gisements environnements.

Pays producteurs Australie

Opale “noble” Opale de feu

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