Arganier Colloque Avril2007 Rabat Partie1 PDF
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Levier du développement humain
du milieu rural marocain
organisé par
en collaboration avec
27 28 avril 2007
Faculté des Sciences, Université Mohammed V-Agdal, Rabat
Colloque international • 27-28 avril 2007 • Rabat
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Levier du développement humain
du milieu rural marocain
Sommaire
26 Projet de loi relative aux signes distinctifs d’origine et de qualité des produits agricoles et des
denrées alimentaires
Abderrahmane Hilali, Martine Hrouch
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Levier du développement humain
du milieu rural marocain
Introduction
La présente communication a pour objet d’informer les participants, d’une part, sur les recherches scientifiques
entreprises sur l’arganier par notre Laboratoire et, d’autre part, sur les actions entreprises sur le terrain par
l’Association Ibn Baytar pour appliquer les résultats de recherche obtenus et pour contribuer au développement
local de la zone de l’arganeraie. L’objet de la communication va au-delà de l’information sur le bilan ; elle
cherche à relancer la réflexion sur les perspectives d’avenir afin de faire de notre arganeraie un levier encore
plus puissant pour le développement durable de notre milieu rural.
Après la présentation de notre patrimoine arganier, en termes de potentiel et de menace, la communication
s’articulera autour de 3 axes :
• la recherche scientifique qui traite des programmes développés, des résultats obtenus et de leurs impacts sur
les plans de la médecine et de la pharmacopée ainsi que des thèmes à développer dans l’avenir ;
• les résultats économiques obtenus par les femmes productrices et leurs coopératives et les perspectives qui leur
seront ouvertes par la labellisation et la reconnaissance d’huile d’argane comme indication géographique ;
• le développement humain qui traite des améliorations enregistrées par les femmes aux niveaux individuels, de
leurs familles, de leurs coopératives et de la communauté communale auxquelles elles appartiennent.
Cette présentation serait incomplète sans la mention de l’effort déployé pour la formation qui ouvre les
perspectives de la relève par la jeune génération.
I. Présentation de l’arganeraie
I.1. L’arganier
Sa situation géographique, son climat, ses vastes plaines et plateaux et l’importance de ses chaînes de montagnes
confèrent au Maroc une grande variété bioclimatique et une importante diversité bio-écologique. L’arganier
(Argania spinosa (L.) Skeels), arbre endémique au Maroc, constitue dans ce contexte, la deuxième essence
forestière du pays, après le chêne vert et juste avant le thuya. C’est un arbre qui peut vivre jusqu’à 200 ans ;
certains sujets de 250 ans ont pu être observés. La forêt d’arganiers, aussi appelée arganeraie, s’étend sur plus
800 000 ha et compte plus de 20 millions de pieds. Cet arbre de la famille des sapotacées est particulièrement
résistant aux conditions sèches et arides de cette région. Il peut en effet supporter des températures allant de
3 à 50 °C et se contenter d’une pluviométrie très faible.
L’arganier pousse d’une façon sauvage et en abondance dans les zones arides et semi-arides du Sud-ouest
marocain, où il joue un rôle irremplaçable dans l’équilibre écologique et dans la préservation de la biodiversité.
Grâce à son système racinaire puissant, il contribue au maintien du sol et permet de lutter contre l’érosion
hydrique et éolienne qui menace de désertification une bonne partie de la région. L’arganier présente également
un grand intérêt économique grâce à ses usages multiples. Chaque partie de l’arbre est utilisable et constitue
une source de revenus ou de nourriture pour l’usager : le bois est utilisé comme combustible, les feuilles et les
fruits sont un fourrage pour les caprins et les camelins, et l’huile extraite de l’amande est utilisée pour
l’alimentation humaine et en médecine traditionnelle. L’arganeraie assure ainsi la subsistance de près de
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2 millions de personnes, dont approximativement un million en milieu rural. Les différentes productions de
l’arganeraie fournissent plus de 20 millions de journées de travail, dont 7,5 millions de journées essentiellement
féminines pour la seule extraction de l’huile d’argane.
L’arganeraie joue donc un rôle socio-économique et environnemental de première importance. Son statut
législatif particulier (dahir du 4 mars 1925 et cahier des charges relatif aux pratiques agraires sous l’arganier du
20 juillet 1983) en fait une forêt domaniale dont le droit d’usage dédié aux populations locales est très étendu:
droit de cueillette des fruits et de ramassage de bois à usage domestique, droit de parcours, droit de plantation
sous les arbres.
I.3. Problématique
Malheureusement, victime de sa générosité, mais aussi de l’évolution du mode de vie rural et du climat,
l’arganeraie est fragilisée. Sa surexploitation agricole, l’érosion des sols et l’avancée du désert constituent
autant d’agressions contre ce patrimoine unique. En moins d’un siècle, plus de la moitié de la forêt a disparu,
et sa densité moyenne est passée de 100 à 30 arbres par ha. Pourtant, tous les travaux de recherche montrent
que l’arganier n’est pas un fossile en voie de disparition, mais au contraire un arbre d’avenir pour certaines zones
arides. Il est donc impératif d’améliorer les potentialités de production de l’arganier, pour que cet arbre retrouve
sa place dans les systèmes agraires du Sud-ouest marocain.
4 20 ans de recherche-action pour faire de l’arganier un levier du développement durable du milieu rural marocain
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L’importance de protéger l’arganeraie n’a échappé ni aux autorités locales ni aux autorités internationales. De
nombreuses initiatives ont vu le jour pour préserver et développer l’arganeraie et enrayer sa régression.
L’UNESCO et l’Etat marocain ont classé l’arganeraie marocaine « Réserve de biosphère (RBA) » en 1998.
Préoccupé par cette problématique, le Laboratoire de la faculté des sciences de l’Université Mohammed V-Agdal
a lancé dès 1986 un programme de recherche fondamentale, de recherche appliquée et de recherche-action afin
de contribuer à la préservation de ce patrimoine qui constitue le dernier rempart contre la désertification. Ce
programme de recherche a pour finalité la préservation et le développement de l’arganeraie. Il est réalisé avec
la conviction que la valorisation des produits de l’arganier et l’implication des communautés locales permettent
un développement durable de notre ressource phytogénétique. Les retombées de ce programme sont aussi bien
scientifiques, socio-économiques qu’environnementales.
20 ans de recherche-action pour faire de l’arganier un levier du développement durable du milieu rural marocain 5
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La spécificité de l’huile d’argane est sa forte teneur en acide linoléique (acide gras essentiel de la série oméga 6)
dont les bienfaits pour la santé humaine ont été démontrés. La teneur en acide linoléique de l’huile d’argane
peut être 10 fois supérieure à celle de l’huile d’olive, elle atteint une teneur proche de celle rencontrée pour
l’huile d’arachide ou de sésame.
La fraction insaponifiable de l’huile d’argane renferme en quantité égale (20 %) des phytostérols et des triterpènes.
Le schotténol et le spinastérol sont les deux stérols majoritaires, et ces molécules possèdent des propriétés
protectrices pour l’épiderme. Enfin, l’huile d’argane est riche en tocophérols (7,5 %), composés aussi appelés
vitamines E. La teneur en tocophérols de l’huile d’argane est deux fois supérieure à celle de l’huile d’olive. En
particulier, l’huile d’argane contient des taux élevés en gamma-tocophérol, le tocophérol le plus protecteur contre
les radicaux libres. Avec les polyphénols rencontrés dans l’huile d’argane à l’état de traces, les tocophérols
participent sans aucun doute à la conservation de l’huile d’argane et à ses propriétés anti-radicaux libres.
Des études scientifiques récentes ont montré que l’application cutanée d’huile d’argane redynamise la peau,
relance les fonctions vitales des certaines cellules épidermiques, restaure la barrière cutanée et neutralise les
radicaux libres responsables du vieillissement cutané. Ces derniers sont largement générés par le rayonnement
UV solaire, l’ozone et l’exposition à la fumée du tabac. En application dermatologique l’huile d’argane exerce
donc un effet nourrissant, et elle stimule l’irrigation. Elle contribue à prévenir l’apparition des rides, de la
cellulite, des vergetures et des pattes d’oie.
Sur le système cardiovasculaire, des tests cliniques ont démontré que l’huile d’argane abaisse les teneurs en
cholestérol sanguin et en triglycérides. Ces résultats confirment que la consommation d’huile d’argane pourrait
contribuer efficacement à la prévention des maladies cardiovasculaires.
6 20 ans de recherche-action pour faire de l’arganier un levier du développement durable du milieu rural marocain
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20 ans de recherche-action pour faire de l’arganier un levier du développement durable du milieu rural marocain 7
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une étude concernant l’intégration du GIE dans le réseau du commerce équitable (CE), car le produit et le projet
social et environnemental de Targanine correspondaient déjà à ce type de clientèle.
Plusieurs éléments nous ont incité à conseiller au GIE Targanine de s’orienter vers le CE en raison des
caractéristiques du marché des produits de l’arganier : un marché déstabilisé, une augmentation de la
concurrence au niveau local, la multiplication des coopératives adhérentes au GIE Targanine. Pour ce faire, une
évaluation de la structure selon les critères du commerce équitable a été entreprise. Les résultats ont souligné
les atouts de Targanine qui ont servi à convaincre les partenaires potentiels, et ils ont mis en exergue les points
faibles sur lesquels il faut travailler pour réaliser les progrès nécessaires.
Le GIE Targanine a actuellement 8 partenaires de commerce équitable. Ces partenaires se situent dans différents
pays : France, Italie, Autriche, Belgique et Maroc. Leurs relations avec le GIE Targanine sont récentes pour la
plupart. Les relations en commerce équitable étant un peu plus complexes que de simples relations commerciales,
beaucoup d’organismes n’ont pas encore finalisé leur projet de partenariat.
Le chiffre d’affaires des produits Targanine avec les partenaires travaillant dans un esprit de commerce équitable
a doublé entre 2005 et 2006 et pourrait être multiplié par 30 en 2007.
8 20 ans de recherche-action pour faire de l’arganier un levier du développement durable du milieu rural marocain
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La région
Il ne fait aucun doute que l’activité des coopératives et les efforts de promotion de l’huile d’argane faits au cours
des dernières années ont contribué au développement du Sud-ouest marocain et à la promotion du tourisme
régional. On ne compte plus les reportages présentés sur les chaînes marocaines, françaises, canadiennes,
américaines, italiennes, japonaises, malaisiennes, belges, allemandes, argentines et monégasques et sur TV5,
Ushuaia, National Geographic, ni les articles publiés dans différentes revues. Toutes ces activités ont attiré dans
la région de nombreux touristes. Les activités du projet y ont aussi amené de nombreux fonctionnaires des
différentes coopérations impliquées dans le financement des projets sur l’arganier, des industriels d’Europe et
d’Amérique du Nord s’intéressant maintenant à l’huile d’argane et des chercheurs travaillant sur le sujet.
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Le développement d’une technologie améliorée pour l’extraction de l’huile d’argane, la production d’une huile
de meilleure qualité et les efforts déployés par le projet pour ouvrir de nouveaux marchés ont suscité un grand
intérêt pour l’arganier un peu partout dans le monde. Ceci a eu pour conséquence d’ouvrir les yeux des
populations locales sur la grande valeur de l’arganier et de renforcer l’attachement affectif qu’elles lui portent.
Ce regain d’intérêt contribue à la valorisation de l’arbre et de son milieu aux yeux des communautés
bénéficiaires. Certaines coopératives investissent désormais dans le reboisement et le dépressage de
l’arganeraie, et quelques communes ont recruté des gardiens de la forêt. Des arganiers sont maintenant plantés,
et la multiplication des plants dans les pépinières des services publics augmente de façon exponentielle. Les
surfaces reboisées ont été multipliées par 35 entre 1995 et 2005.
La création des coopératives participe à cette dynamique, favorable à l’implication de la population dans la
sauvegarde de l’arganeraie.
Les actions des coopératives doivent maintenant être renforcées et complétées par la mise en œuvre de projets
concrets pour la restauration, la protection et la gestion durable du milieu naturel local. Dans ce sens,
l’association Ibn Al Baytar a initié un Projet de développement sylvo-pastoral à Tiout qui se propose de jeter les
bases d’un ambitieux programme de gestion et de préservation de l’espace rural concerné. Ce projet, basé sur
une étude comprenant un diagnostic paysager, une analyse socio-économique et des ateliers de concertation avec
la population villageoise, propose un plan d’action visant :
• la réhabilitation des écosystèmes et des parcours forestiers (régénération d’arganiers, enrichissements
pastoraux, gestion raisonnée des parcours, lutte contre l’érosion) ;
• le respect de la réglementation de l’accès aux parcours forestiers ;
• le renforcement et la création d’activités basées sur la valorisation des ressources naturelles forestières
(élevage caprin, production d’huile d’argane, apiculture, cultures de plantes médicinales, valorisation des
figues de barbarie et sous-produits du cactus) ;
• la production fourragère complémentaire aux parcours forestiers (Opuntia ficus indica, Atriplexe Nummularia,
Ceratonia siliqua).
Ce dernier point est actuellement expérimenté pour tenter de diminuer la pression des caprins sur la forêt de
Tiout. En cas de réussite, il serait intéressant de l’appliquer dans toutes les zones dégradées de l’arganeraie.
L’association Ibn Al Baytar a opté pour un ensemble de formations sur la préservation de l’arganier au sein des
douars où elle intervient. Ce module de formation a été enrichi par des actions de reboisement en mai et juin
2005. Les femmes ont appris à régénérer les arganiers par semis de graines et les ont plantés aux mois de
novembre et décembre 2005.
En plus de ces actions, l’association Ibn Al Baytar a aussi organisé plusieurs rencontres et réunions avec la
DREF-SO pour la préparation et la signature de conventions avec le GIE-Targanine. Ce partenariat a permis de
réaliser aussi bien des activités de régénération que des activités de dépressage.
Ces succès ne doivent cependant pas masquer les dangers qui menacent toujours l’arganeraie, particulièrement
en raison du surpâturage (Tiout et Tinzert dans la province de Taroudant) et de la pression immobilière.
VI. La formation
On ne peut terminer ce bref aperçu sans faire mention, même brièvement, de l’action de la Faculté et de
l’Association en matière de formation. L’objectif attendu est double. Il s’agit, d’une part, d’impacter
positivement le fonctionnement de la filière « arganier » et, d’autre part, d’assurer la relève de la génération
qui a initié et mis en œuvre le processus.
Au niveau de la Faculté, en 30 ans d’enseignement, des milliers de lauréats ont été formés. 26 étudiants de
3e cycle ont par leur mémoire apporté une précieuse contribution.
Au niveau de l’Association, la formation a concerné 60 techniciens et agents de développement, que l’on
retrouve actuellement au niveau des différents maillons de la filière, depuis l’encadrement des coopératives
jusqu’à l’export en passant par le mouvement associatif et l’emploi dans les services techniques de
l’Administration. 45 étudiants appartenant à des universités étrangères ont également participé au programme
de formation en effectuant des stages dans les coopératives.
La formation a concerné également les femmes productrices et a couvert pratiquement toutes les disciplines
(techniques et autres) qui leur sont nécessaires dans leur vie quotidienne telles que l’alphabétisation de base,
l’hygiène, l’alphabétisation fonctionnelle, etc.
10 20 ans de recherche-action pour faire de l’arganier un levier du développement durable du milieu rural marocain
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Conclusion
Ces vingt dernières années ont vu le succès certain de la politique volontariste menée par le gouvernement
marocain et la société civile en faveur du développement de l’arganier. La mobilisation des associations, dont
Ibn Baytar est pionnière, la volonté du MEN et du Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la
Désertification et le soutien sans faille des autorités locales et des élus ont permis de lancer le processus de
développement de l’arganier pour en faire un levier du développement du milieu rural marocain.
Le premier résultat de cette mobilisation réside dans l’intéressement des organismes financiers et du secteur
privé national et leur volonté de s’y investir.
Actuellement, on peut enregistrer avec satisfaction que :
• des résultats scientifiques sont disponibles pour multiplier et régénérer l’arganier, pour produire des huiles de
qualité et pour confirmer les usages en médecine traditionnelle par les sciences exactes ;
• un marché mondial à très forte demande pour les produits de l’arganier a été créé, et les revenus des femmes
productrices s’est amélioré ;
• un système d’encadrement des femmes productrices a été instauré à travers de nombreuses coopératives et un
vaste tissu associatif ; le niveau socioculturel des femmes productrices s’est nettement amélioré, leur permettant
d’accéder à un nouveau statut et de mieux contribuer au fonctionnement de leurs coopératives, à l’amélioration
des conditions de vie de leurs familles et de leurs communautés villageoises, locales et régionales ;
• un système de formation a été instauré à tous les niveaux pour doter la filière des compétences requises ;
• de nombreux emplois ont été créés ;
• le rythme des plantations de l’arganier s’est fortement accéléré.
Cependant, malgré les résultats enregistrés, on ne peut oublier que nous sommes encore au stade du lancement
d’un nouveau processus et que les défis à relever sont encore assez grands :
• le renforcement des capacités des différents intervenants est nécessaire, ainsi que celui des mécanismes de
coopération et de fonctionnement en synergie. Une plus grande mobilisation de ces opérateurs est nécessaire
pour intensifier l’encadrement des coopératives en vue d’améliorer leur performance de management et le
niveau socioculturel des adhérentes ;
• davantage d’efforts doivent être déployés en vue d’obtenir le plus tôt possible la loi sur les IG, d’instaurer le
système de labellisation des produits du terroir et d’améliorer le revenu des femmes productrices dans le cadre
du concept de commerce équitable ;
• les recherches doivent être intensifiées en vue de valoriser au mieux toutes les parties de la plante et ses
dérivés : feuilles, pulpes et tourteaux ;
• le rythme de reboisement dans le site naturel actuel de l’arganier doit être relevé, et des prospections doivent
être entreprises pour identifier de nouveaux sites d’extension et contribuer ainsi à résorber la crise de la
céréaliculture en bour ;
• le passage du système d’intervention sur l’arganier à une approche écosystémique plus globale intégrant
l’élevage, l’agroforesterie, la mise en valeur du sous-bois herbacé par les plantes aromatiques et médicinales,
les cultures biologiques, l’écotourisme, etc. doit être accéléré.
Pour terminer, je voudrais espérer que l’on puisse tous travailler ensemble, la main dans la main, pour le
développement durable de notre pays et pour le bien-être de l’ensemble des citoyens. Ce n’est qu’ainsi que nous
pourrons accompagner les efforts déployés par notre jeune Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste.
20 ans de recherche-action pour faire de l’arganier un levier du développement durable du milieu rural marocain 11
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Remerciements
Tous ces travaux n’auraient pas été menés à terme sans le soutien et l’aide des personnes et institutions
ci-après :
Pr Mohammed Soufiaoui, Directeur du Laboratoire de chimie des plantes et de synthèse organique et bio-organique
(LCPSOB) ; Pr Souad Fkih Tetouani, Responsable de la section Chimie des plantes au LCPSOB ; Pr M’Hamed
Charrouf, Professeur à la Faculté des sciences Ben M’sik.
Les enseignants du LCPSOB : Professeurs A. Alami, A Berrada, K. Bougrin, R. Chekti, B. Daou, A. El Louzi,
R. El Yacoubi, F. Hlimi, A. Il Idrissi, H. Jazouli, M. Jazouli, S. Lafquih-Titouani, N. Naji.
Les étudiants du LCPSOB qui ont participé à ces travaux : Ali Oulad Ali, Addi Nait Mbarek, Adil El Kabouss,
Asmae Alaoui , Hakima Bel-Kassaoui, Halima El Hamchi, Hicham El Harhar, Nadia Fakher, Miloudi Hilali Abdelkrim
Al Bouazzaoui Fatima Aounti, Redouane El Goummadi , Mohamed Ghanmi, Aïcha Raji, Omar Safir, Bachir Qaboul,
Younos El Karfadi, Badr Kartah, Kamal Essabri, Moncif Ahmed.
Les partenaires nationaux de l’Association Ibn Al Baytar : l’Initiative Nationale pour le Développement Humain
(INDH) ; la Fondation Mohammed V ; le Haut commissariat des Eaux et Forêts et à la Lutte contre la
Désertification ; la Wilaya d’Agadir, les autorités provinciales d’Essaouira, Taroudant, Tiznit, Chtouka-Aït Baha et
Agadir ; l’Université Mohammed V-Agdal ; la Faculté des sciences de Rabat ; le Conseil régional de Souss-Massa-
Darâa ; la Fondation du Sud ; l’Agence de développement social ; l’Office du développement de la coopération
(ODCO) ; les directions provinciales de l’Agriculture ; l’Etablissement autonome de contrôle et de coordination à
l’exportation ; le Laboratoire officiel d’analyse et de recherches chimiques ; Lesieur ; Groupe Bel Hassan (GBH) ;
la Ligue nationale de lutte contre les maladies cardiovasculaires ; le Collège marocain interdisciplinaire du cœur
et des vaisseaux ; le Centre national de développement et d’alphabétisation (CNDA) ; AMAPPE ; Club de
l’environnement (Ribat El Fath) : Réseau marocain d’économie sociale et solidaire (membre-fondateur).
Les partenaires internationaux de l’Association Ibn Al Baytar : la Principauté de Monaco ; le Gouvernement
flamand ; l’Ambassade du Canada ; l’Ambassade du Japon ; l’Ambassade et le Consulat d’Angleterre ;
l’Ambassade d’Allemagne ; le Centre de recherches pour le développement international (CRDI, Canada) ; la
Maison de l’argane ; la Commission européenne ; Agropolis ; les ONG internationales (Oxfam-Québec, le Comité
d’entraide internationale, Slow Food, la Fondation SQLI), ORIGIN ; la région Aquitaine ; l’Université de
technologie de Lille, l’Université de Metz, l’Université de Montréal, l’Université de Reims, l’Institut des
nutraceutiques et des aliments fonctionnels (Québec) ; les Laboratoires sérobiologiques Cognis (France)
Mon époux, Mohamed Chafchaouni, la famille Chafchaouni et Charrouf.
Tous les sponsors et les personnes qui nous ont aidés de près ou de loin dans nos réalisations.
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Levier du développement humain
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Problématique de la conservation
et du développement de l’arganeraie
Benhammou Bouzemouri
Directeur du Développement forestier au Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la lutte contre la Désertification
I. Données monographiques
L’arganier est une essence spécifiquement marocaine, à affinités tropicales, unique espèce de son genre.
L’arganier se contente d’une tranche pluviométrique qui peut baisser jusqu’à 120 mm/an et supporte des
températures élevées pouvant atteindre 50 °C. L’isotherme 3°8 limite son extension en altitude. Cette espèce
couvre actuellement 870 000 ha représentant environ 17 % de la superficie forestière nationale. L’espace à
arganier s’étale essentiellement sur le territoire des provinces d’Essaouira : 130 000 ha, Agadir : 37 000 ha,
Chtouka-Aït Baha : 90 000 ha, Tiznit : 140 000 ha, Taroudant : 360 000 ha et Inzeguane-Aït Melloul : 13 000 ha.
La population de la région est passée de près d’un million d’habitants en 1960 à plus de 2,5 millions d’habitants
en 2004 dont 55 % en milieu rural, soit un taux d’accroissement de 2,2 %. La densité moyenne est de 65 hab/km2
en 2004, soit 44 % de plus que la moyenne nationale (45 hab/km2).
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Levier du développement humain du milieu rural marocain
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Levier du développement humain du milieu rural marocain
V. Conséquences
Les effets cumulés de tous ces facteurs conduisent, à terme, à une situation lourde de conséquences en matière de :
• Stress hydrique : l’intensification de l’agriculture dans la région a provoqué une exploitation incontrôlée des
eaux souterraines, le déficit en eau de la région est de 250 millions de m3/an avec un rabattement de la nappe
phréatique de l’ordre de 3 à 5 m/an.
• Erosion hydrique et éolienne : la dégradation des terres dans la région est de l’ordre de 500 tonnes/km2/an.
Cette dégradation est inquiétante dans la mesure où la reconstitution des sols est lente dans des milieux
caractérisés par l’aridité. La zone à haut risque d’érosion représente près de 40 % de la superficie totale de la
région du Souss-Massa, soit 1,12 million d’hectares.
• Recul de l’arganeraie : l’étude d’évaluation de la régression des peuplements d’arganier sur une période de
20 ans par des analyses diachroniques des photographies aériennes fait ressortir un recul de l’équivalent de
600 ha/an pour le seul massif forestier d’Admine qui s’étend sur 22 000 ha dans la plaine du Souss.
VI. Atouts
L’arganier est une espèce relique d’une rare vitalité qui s’adapte au climat aride et aux sols pauvres et fragiles
et constitue le dernier rideau face à l’avancée du désert.
Les travaux de recherche forestière ont permis la maîtrise de l’itinéraire technique de régénération de l’arganier
par plantation.
L’arganeraie offre des opportunités de valorisation des produits au profit des populations de la région,
notamment les fruits qui donnent une huile comestible et cosmétique à haute valeur ajoutée.
La région est caractérisée par une dynamique associative prédisposée pour une intégration de la filière arganier
prenant en considération les impératifs de gestion durable de l’arganeraie et l’intérêt des populations usagères.
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Levier du développement humain du milieu rural marocain
Ces projets s’articulent autour des principales composantes suivantes pour une période de dix ans :
• la reconstitution de l’arganeraie sur 40 000 ha ;
• l’élaboration de plans de gestion concertés des massifs forestiers sur 200 000 ha ;
• l’aménagement de l’ensemble des aires protégées en relation avec le zonage de la Réserve de Biosphère
Arganeraie ;
• l’organisation des usagers en groupements sylvo-pastoraux ;
• l’organisation de la filière dans l’objectif de restituer une part de la valeur ajoutée générée à l’aval pour
participer à l’effort de reconstitution de l’écosystème arganier ;
• la valorisation des produits de terroir par la labellisation pour protéger les intérêts des usagers en améliorant
leur revenu.
Pour soutenir ces actions de développement, les mesures d’accompagnement mises en place consistent en :
• la compensation des mises en défens par l’octroi aux usagers d’une indemnité de 350 Dh/ha/an ;
• l’appui aux actions de développement local dans les zones périforestières.
Conclusion
La multiplicité des acteurs et intervenants dans l’arganeraie, qui prévaut jusqu’à présent, est caractérisée
par la dispersion des actions avec des visions sectorielles. La stratégie mise en place par le Haut
Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification est à même d’assurer la conservation
de l’arganeraie, la gestion durable des ressources naturelles et le développement humain de la région.
Aussi, les initiatives de tous les intervenants gagneraient à être mises en commun à travers cette stratégie pour
une meilleure synergie des moyens mis en œuvre afin d’inverser la tendance de dégradation de l’arganeraie.
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Levier du développement humain
du milieu rural marocain
1. Introduction
L’arganeraie s’étend sur une superficie d’environ 800 000 ha d’Essaouira jusqu’au sud de Tiznit. Au cours du
XXe siècle, la forêt de l’arganier a connu une importante dégradation puisque sa densité a évolué de
300 arbres/ha au début du siècle à 100 arbres/ha durant les années 90 soit une perte de 2/3 du patrimoine
forestier. Cette dégradation est essentiellement due aux facteurs anthropiques, au surpâturage, à la coupe du
bois pour des besoins de chauffage, à l’agriculture intensive et à l’urbanisation.
L’arganeraie a été reconnue comme réserve de biosphère depuis 1998. Cette reconnaissance comme patrimoine
international par l’UNESCO a permis l’établissement d’un zonage qui distingue les zones A de conservation, les
zones B d’entretien et les zones C ouvertes aux activités de développement.
La présente intervention traite quelques éléments de la dynamique socio-économique constatée au niveau de
l’arganeraie essentiellement depuis sa renaissance en tant que réserve de biosphère. Outre les acteurs des
départements ministériels qui mènent des actions sectorielles, l’intervention apporte un éclairage sur le mouvement
associatif, les principaux projets de coopération qui ont induit la création et l’encadrement des coopératives, la
recherche scientifique et la nouvelle stratégie du conseil régional du Souss-Massa-Drâa relative à l’arganeraie.
2. Développement économique
Plus de 80 % de la superficie de l’arganeraie est située dans la région Souss-Massa-Drâa.
Cette région constitue le deuxième pôle économique du pays. Les principales activités économiques s’articulent
autour du tourisme, de l’agriculture et de la pêche.
Le tourisme est l’activité économique la plus importante, générant un PIB de 7 milliards de dirhams en 2001. La
région s’inscrit dans la stratégie nationale de développement du secteur tourisme et prévoit un PIB de 21 milliards
à l’horizon 2015.
La pêche, dont le PIB fut de 3 milliards de dirhams en 2001 ne connaitra qu’une faible croissance. Les estimations
prévoient un PIB de 4 milliards en 2015 à cause de la surexploitation des ressources halieutiques.
L’agriculture, essentiellement intensive destinée à l’export, a connu un développement très important durant les
3 dernières décennies. La région d’Agadir, première région horticole du pays, produit plus de 90 % de la
production nationale de tomate destinée à l’export et plus de 60 % des agrumes avec seulement 30 % de la
superficie nationale. L’agriculture moderne a contribué de façon significative à la diminution de la forêt
d’arganier et s’est faite de façon non durable puisque les dernières extensions ont abouti à la surexploitation de
la nappe phréatique qui accuse aujourd’hui un déficit annuel d’environ 260 millions de m3. Ce secteur ne
connaîtra pas une évolution substantielle d’ici 2015. Le maintien de son rôle économique en termes de PIB et de
création d’emploi à l’horizon 2015 est tributaire de la gestion de la crise hydrique.
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Levier du développement humain du milieu rural marocain
collectivités locales, les administrations et les projets de coopération pour subvenir au déficit du monde rural en
matière d’infrastructures de base (eau potable, désenclavement, électrification rurale). Certaines associations
ont pu évoluer pour assurer l’autopromotion des communautés villageoises.
En 1998, plusieurs associations intermédiaires qui œuvrent au niveau provincial ont émergé pour accompagner la
dynamique associative locale. Ces associations provinciales se sont fixé les objectifs suivants :
(1) l’accompagnement des associations locales en vue de leur autopromotion ; (2) la sensibilisation à la gestion
des ressources naturelles et (3) la conservation et la valorisation du patrimoine culturel.
En 2002, après 4 années de reconnaissance de la RBA, aucune structure institutionnelle de gestion de la RBA n’a
été identifiée. Ceci a poussé les acteurs de la société civile à s’organiser en réseau pour devenir un acteur de
développement reconnu au niveau de la RBA. Le réseau des associations de la réserve de biosphère arganeraie
(RARBA) a été créé au mois de mai 2002 à l’initiative de 150 associations émanant de préfectures et provinces de
la RBA. Le RARBA est organisé en une structure régionale et 5 coordinations provinciales (Essaouira, Agadir
Idaoutanane et et Inezgne Aït Melloul, Chtouka Aït Baha, Taroudant et Tiznit).
Un autre réseau d’associations de l’environnement qui opèrent dans la région a été créé en 2005 pour promouvoir
l’éducation environnementale et l’écotourisme dans les aires protégées de l’arganeraie.
En 2004, deux fondations à caractère social et environnemental ont vu le jour. Il s’agit de :
• La Fondation du Sud qui contribue à combler un déficit en matière de prise en charge de certaines catégories
sociales marginalisées (enfance en situation difficile, filles sans domicile fixe…) et à la préservation de
l’environnement par des actions de reboisement et d’encadrement de la population des zones de montagne.
La fondation du Sud a également entamé un programme ambitieux de valorisation du patrimoine culturel.
• La Fondation Abbès Kabbage qui s’intéresse à la prise en charge des enfants en bas âge en milieu rural en
matière d’éducation préscolaire et d’encadrement de jeunes dans la province de Taroudant.
Ce processus d’évolution de la dynamique associative dans l’arganeraie est enrichi par les échanges entre acteurs
et par le développement de partenariats et de coopérations avec d’autres acteurs associatifs nationaux et
internationaux, entre autres l’AMSED, l’Association Ibn Al Baytar, le CNDA, les Amis de la Nature…
4. Projets de coopération
Plusieurs projets de coopération ont contribué au développement de l’arganeraie. Le Projet de conservation et
de développement de l’arganeraie (PCDA) mené en collaboration entre la Direction régionale des Eaux et forêts
et la Coopération technique allemande a été à l’initiative de la préparation du dossier de reconnaissance de
l’arganeraie comme réserve de biosphère.
Les initiatives de Pr Zoubida Charrouf, en collaboration avec la coopération canadienne et la principauté de Monaco,
entre autres, ont permis de promouvoir les activités des femmes rurales en matière d’organisation et de
valorisation de l’huile d’argane.
Le projet arganier, qui s’inscrit dans le programme « appui à l’amélioration de la situation de l’emploi de la
femme rurale et gestion durable de l’arganeraie dans le Sud-Ouest du Maroc » mis en œuvre par l’Agence de
développement social (ADS) avec le soutien financier de l’Union européenne, a également renforcé les capacités
des femmes rurales à valoriser les produits de l’arganeraie.
Ces principaux projets de coopération, qui œuvrent sur des sites pilotes, ont permis d’accompagner les femmes
rurales et de les organiser en une cinquantaine de coopératives de production de l’huile d’argane, ce qui a permis
la valorisation de l’huile et d’autres sous-produits de l’arganier et, par conséquent, un regain d’intérêt pour le
reboisement et la conservation de l’arganier.
5. La recherche scientifique
En guise de mise en œuvre de la RBA, les chercheurs émanant de différentes institutions scientifiques de la RBA
se sont concertés pour la détermination d’un programme de recherche relatif à l’arganeraie. Certaines actions
de recherche ont été menées pour résoudre des problèmes au niveau de la régénération et de la transplantation
des arganiers. Une plateforme de concertation a été créée. Il s’agit d’une commission de suivi et d’évaluation
de la recherche (CSE) multi-institutionnelle et multidisciplinaire.
Les recherches menées au niveau du CSE ont été renforcées par les recherches menées au niveau d’autres
institutions nationales telles que l’université de Rabat, notamment ses facultés des Sciences et de Pharmacie. La
Fondation Mohammed VI pour la recherche et la sauvegarde de l’arganier, créée en mai 2004, offre un cadre qui
permet de fédérer les efforts et de renforcer les recherches visant la sauvegarde de la valorisation de l’arganeraie
et de ses produits.
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Levier du développement humain du milieu rural marocain
7. Perspectives de la RBA
La reconnaissance de l’arganeraie comme réserve de biosphère par l’UNESCO est normalement valable pour une
durée de 10 ans. En 2008, cette reconnaissance doit être renouvelée. Une mission d’évaluation de la RBA s’est
déroulée au mois de mars 2007 à la demande du projet Arganier et de la DREF. Au terme de la mission
d’évaluation, il s’est avéré que la RBA n’a toujours pas une structure institutionnelle de gestion. Les membres
de la mission ont proposé une unité de coordination provisoire constituée par la Région Souss-Massa-Drâa et la
DREF. Ils ont également proposé un plan d’actions urgentes à mener durant les deux années 2007 et 2008 pour la
reconduction de la reconnaissance de l’arganeraie comme réserve de biosphère.
La stratégie de développement durable tracée par le conseil régional Souss-Massa-Drâa, le dynamisme des
acteurs économiques et sociaux, l’esprit d’entreprenariat et de solidarité qui caractérisent la population de
l’arganeraie augurent du renversement de la tendance de désertification et de la réhabilitation progressive de
l’arganeraie véritable barrière contre l’avancée du désert.
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Levier du développement humain
du milieu rural marocain
Le monde sera dans un avenir proche confronté à des enjeux incontournables et majeurs. Que nous l’acceptions
ou pas, il devra faire face à une augmentation structurelle du prix de l’énergie et — c’est aujourd’hui
scientifiquement démontré — à un changement climatique certain. Ces données à caractère mondial se
retrouvent concentrées dans un pays comme le nôtre et sont même démultipliées dans le contexte marocain.
En effet, le Maroc importe 97 % de ses hydrocarbures. Nous avons tous pu constater l’impact de la moindre
évolution à la hausse du prix du baril sur son économie et notamment lors des années 2005 et 2006. De même,
l’agriculture représente une part importante du PIB dont la stabilité reste tributaire du résultat des campagnes
agricoles. Or, le changement climatique se traduira immanquablement par une baisse des précipitations,
certaines sources parlent même d’une réduction de 20 % dans un avenir proche.
Si la fourchette des possibilités peut être sujette à caution et donner lieu à de multiples débats d’experts,
certaines réalités ne peuvent plus être niées : l’augmentation du prix des énergies fossiles et le changement
climatique auront bien lieu. La question fondamentale qui se pose alors est la suivante : serons-nous prêts ?
Certains, conscients de ces enjeux, ont décidé de prendre le problème à bras le corps. C’est le cas de la Région
du Souss-Massa-Drâa. Celle-ci s’est fixé comme mission d’inscrire son agriculture dans un futur intégrant ces
nouvelles donnes et s’appuyant sur la valorisation de ses spécificités. Une démarche a donc été menée en ce sens
avec les objectifs suivants :
• accroître le revenu des agriculteurs de manière pérenne ;
• permettre une sédentarisation des jeunes générations par une meilleure attractivité des revenus et du niveau
de vie ;
• capter l’essentiel de la valeur ajoutée dans la région ;
• renouveler et améliorer le rapport entre les différentes régions productrices et leurs différents marchés ;
• protéger et valoriser de manière nationale et internationale les produits spécifiques du Souss-Massa-Drâa.
Dans la démarche préliminaire d’identification des cultures du terroir, c’est sans surprise que l’arganier s’est
imposé comme l’une des cultures majeures de cette région. La culture de l’arganier s’inscrit dans une filière
débutant du producteur jusqu’au consommateur final, que ce soit sur le marché national ou international. Cette
filière a fait l’objet d’une analyse critique à travers un filtre agriculture durable puis à travers la chaîne de
valeur. Ce filtre était constitué de 11 critères qui se veulaient être de grandes clés d’entrée nécessaires et
suffisantes pour juger du niveau de durabilité de chaque produit agricole de la région. Ces critères se répartissent
selon 3 domaines spécifiques : le domaine économique, social et environnemental. C’est plus particulièrement
dans ces 2 derniers domaines que l’arganier déploie toute sa séduction et permet de prendre la mesure de son
importance. Il est en effet peu consommateur en eau et en énergie. Il permet un couvert végétal tout le long de
l’année et le maintien d’un écosystème fondamental dans la lutte contre la désertification et pour la
conservation des sols. Il ne nécessite aucun intrant d’origine synthétique, et il est le pilier de toute une économie
rurale. De plus, il participe fortement à la valorisation du travail féminin.
* Etude relative à la mise en place d’une agriculture durable ayant pour objectif de structurer la filière production et commercialisation de produits issus
du terroir Souss-Massa-Drâa.
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C’est sur le plan économique que le tableau est plus nuancé, car la filière est moyennement organisée, comme
le confirme l’analyse critique de la filière à travers la chaîne de valeur.
Celle-ci fait ressortir les points suivants :
• son organisation révèle une forte diversité des acteurs et des situations : on trouve aussi bien des producteurs
isolés que de gros producteurs industriels ou encore des coopératives elles-mêmes de types divers (industrielles
et artisanales) ;
• le niveau de transformation est élevé à l’échelle nationale, avec cependant une exportation encore faible bien
qu’en forte croissance ;
• la création de la valeur ajoutée locale varie fortement en fonction de l’adhésion ou pas à une coopérative et
en fonction de la mécanisation ;
• le niveau de création d’emplois est important à tous les niveaux de la filière.
Dans les cultures à développer prioritairement, l’arganier s’impose, car il représente 11 % du chiffre d’affaires
de la région après le figuier de barbarie 57,3 %, et le palmier-dattier, 19,6 %. Ce chiffre démontre à lui seul toutes
les possibilités de développement de la filière. De plus, le SMD représente 86 % de la production d’arganier au
Maroc, ce qui confirme sa particularité régionale agricole et culturelle et implique la présence d’un fort potentiel
de différenciation et de valeur ajoutée.
Une démarche-produit couplée à une démarche-marché a permis de déterminer les différents usages des produits
de l’arganier dans la région et dans le monde et d’évaluer ceux qui sont le plus appropriés à chaque marché
(national et international).
Ainsi l’arganier se décliner en :
• huile alimentaire, fortement recommandée pour le marché du bio et de la diététique pour le marché national
et international ;
• huile cosmétique, pour le marché du bio, du cosmétique de luxe et pour les grandes boîtes pharmaceutiques à
l’échelle nationale et internationale ;
• produits traditionnels tel qu’amlou, produit caractéristique du terroir, à mettre en valeur sur le marché
national et le marché touristique ;
• tourteau, riche en acides gras et qui représente un bon aliment pour le bétail malgré une faible rentabilité ;
• pulpes également pour l’alimentation animale ;
• coques pour la production de feu.
L’analyse de la chaîne de valeur fait également apparaître que l’arganier est un produit à forte valeur ajoutée.
Les filières organisées ne concernent que 10 % des producteurs, alors que 90 % de la production est le fait de
productions autonomes. L’exportation ne concerne que 1,5 % de la production, et les marchés d’exportation sont
généralement à forte valeur ajoutée. Les marchés d’exportation identifiés sont les suivants : biologiques,
cosmétiques et d’huiles alimentaires pour le Maroc, les principaux pays européens ainsi que l’Amérique du Nord
et l’Asie, avec principalement le Japon.
Le développement de la vente des produits de l’arganier doit se faire dans le cadre de 2 approches
complémentaires : la première est le développement de la filière par un travail de rééquilibrage des rapports de
forces et des marges ainsi que par la concentration de la valeur ajoutée dans la région. La seconde est le
développement de marchés, avec un travail de recherche de débouchés pour les produits existants sur les
marchés national et international.
Dans ce cadre, un fonctionnement général adapté doit être mis en place avec un choix à réaliser entre 2 types
de stratégie possibles : une stratégie de marque indépendante et une stratégie de partenariat avec des grossistes
existants.
Enfin, il est nécessaire de protéger l’huile d’argane de manière internationale à travers un label approprié. En
effet, s’il est prouvé dans le cadre de la pénétration des marchés et en tant qu’impulseur de vente que les labels
ne semblent pas tout à fait indiqués, par contre, des labels tels que l’IGP semblent être extrêmement
intéressants.
C’est un système de qualité européen inspiré du système mis en place en France, qui affirme l’importance des
produits du terroir en tant que patrimoine national. Il défend la spécificité et le savoir-faire régional et permet
également de protéger les appellations contre une quelconque usurpation ou imitation d’autres pays.
Ainsi, l’arganier représente une grande opportunité de développement pour une région comme le Souss-Massa-
Drâa. C’est une culture qui a fait ses preuves et qui est un véritable levier de croissance pour la région. Il est
nécessaire, cependant, de transformer le plus possible d’huile d’argane — notamment cosmétique — dans la
région, afin d’arriver à un produit final de haute qualité commerciale et compétitif sur les marché
internationaux. Cette stratégie nécessite d’intégrer la filière et de créer des unités aussi bien industrielles
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Levier du développement humain du milieu rural marocain
qu’artisanales compatibles avec les normes internationales. Cette activité doit être organisée dans le cadre de
nombreux regroupements (agriculteurs, industriels, intermédiaires) et à tous les niveaux de la filière.
Il reste que cette organisation concerne aujourd’hui uniquement 10% de la filière. Près de 90% de la production
de la région est issue d’un secteur informel encore peu organisé, où la richesse et les marges sont encore
inéquitablement réparties.
Cette culture a un potentiel de développement considérable. La modernisation des processus, l’appui à la
recherche et développement (orienté produit), la recherche marketing peuvent en faire une activité à très forte
valeur ajoutée, notamment sur des marchés d’exportation (le marché des cosmétiques bio est en devenir et
affiche d’intéressantes croissances).
De bonnes pratiques existent : les organisations actuelles peuvent être d’excellents modèles à généraliser et à
soutenir. Tous les acteurs doivent être parties prenantes d’un projet de modernisation de la filière afin que celle-
ci acquière les outils nécessaires à son développement sur le marché national et international.
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Levier du développement humain
du milieu rural marocain
Le projet de loi relative aux signes distinctifs d’origine et de qualité des produits agricoles et des denrées
alimentaires, initié par le département de l’Agriculture et du Développement rural, permet aux produits de
terroir d’être mis en valeur grâce à la reconnaissance de spécificités dues à leur origine géographique, au savoir-
faire des populations locales et/ou à leurs conditions d’obtention ou de transformation.
Trois signes distinctifs sont ainsi proposés à la réglementation : l’indication géographique (IG), l’appellation
d’origine (AO) et le label agricole (LA).
Ces signes, reconnus par l’administration, feront l’objet d’une publication et pourront alors être utilisés par tout
producteur ou transformateur d’un produit agricole (alimentaire ou à usage cosmétique ou médicinal dans
certains cas), pourvu que ce producteur ou ce transformateur respecte, au cours de l’élaboration dudit produit,
les exigences du cahier des charges attaché au signe distinctif concerné.
Les critères retenus peuvent être exclusivement d’ordre géographique (indication géographique) ou combiner un
critère géographique et un mode de production (appellation d’origine) ou encore concerner essentiellement les
qualités intrinsèques au produit et des modes de production combinés à des méthodes d’obtention (label agricole).
Pour pouvoir utiliser un signe distinctif pour un produit agricole, son producteur ou son transformateur devront
obtenir une certification dudit produit par l’engagement qu’ils auront pris de se conformer au cahier des charges
correspondant, la certification et le suivi des produits ainsi certifiés étant assurés par l’administration ou un
organisme agréé à cet effet.
Cette législation, déjà largement répandue chez les principaux pays de l’Union européenne partenaires du Maroc
est exclusivement réservée aux produits agricoles. Favorable aux terroirs et aux savoir-faire traditionnels, elle a
permis à ces pays de valoriser leurs produits agricoles et surtout de préserver leur patrimoine traditionnel dans
ce domaine.
Dans l’approche retenue dans le présent projet de loi, le ministère de l’Agriculture s’est placé dans une optique
globale de développement rural, de promotion de la qualité des produits et de protection du consommateur, en
proposant un système collectivement accessible à tous les producteurs et transformateurs de produits agricoles,
notamment les petits producteurs.
En effet, les signes distinctifs d’origine et de qualité, notamment le label agricole, s’inscrivent dans une
démarche d’unicité d’un produit et concerne chaque étape de la filière, y compris les conditions de conservation,
d’emballage et de présentation.
Par ailleurs, afin de se conformer à la nouvelle législation relative à la protection de la propriété industrielle,
laquelle prévoit depuis 2006 un enregistrement des indications géographiques et des appellations d’origine, le
projet de loi charge l’autorité gouvernementale ayant reconnu une indication géographique ou une appellation
d’origine de procéder à cet enregistrement auprès de l’Office marocaine de la propriété industrielle et
commerciale (OMPIC), avant d’en assurer la publication au Bulletin officiel.
Par cet enregistrement et cette publication, l’Etat devient le propriétaire de l’indication ou de l’appellation,
s’assurant ainsi qu’un utilisateur privé ne pourra s’emparer, à titre personnel, de l’appellation d’un terroir, d’une
tradition ou d’un savoir-faire qui sont un héritage collectif.
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Colloque international • 27-28 avri 2007 • Rabat
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Levier du développement humain
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Etat d’avancement du
« projet arganier ADS/UE »
Ali Benkiran
ADS/DAGR
Présentation du projet
Le projet « appui à l’amélioration de la situation de l’emploi de la femme rurale et gestion durable de
l’arganeraie dans le Sud-Ouest du Maroc (Projet Arganier) » est le fruit d’un partenariat, conclu en mars 2003,
entre l’Agence de développement social et l’Union européenne ; il vise essentiellement à :
• aider les femmes rurales à améliorer les techniques d’extraction et de commercialisation de l’huile d’argane,
ainsi que celles de la préservation et de la gestion durable de la matière première ;
• aider à la mise en place d’une réglementation protégeant le produit (huile) et permettant à la fois la
préservation de la ressource naturelle “arganier” et la lutte contre la désertification, et
• appuyer la recherche pour une meilleure valorisation des produits et sous-produits de l’arganeraie et pour
améliorer les qualités de la matière première.
Objectifs du projet
• Organiser et structurer un système de coopératives de femmes pour la production d’une huile de qualité.
• Consolider la structure réglementaire et commerciale du marché de l’huile (par l’Indication géographique IG,
la certification BIO des produits, l’Appellation d’origine contrôlée (AOC), etc.).
• Contribuer à la conservation et à la gestion durable de la ressource naturelle constituée par l’arganeraie.
• Développer la valorisation des sous-produits résultant de l’extraction de l’huile d’argane.
• Mettre en place des actions facilitatrices (pistes, écoles, eau potable, etc.).
• Soutenir et encourager d’autres activités génératrices de revenus induites par le projet (tourisme rural,
artisanat, etc.).
• Renforcer des capacités institutionnelles dans la promotion et l’encouragement à la création d’associations et
coopératives, dans la sensibilisation des populations à l’intérêt du projet “arganier”.
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Colloque international • 27-28 avril 2007 • Rabat
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Introduction
Depuis très longtemps, l’huile d’argane est traditionnellement préparée par les populations amazighes du Maroc.
Néanmoins, les quinze dernières années ont été le témoin du passage d’une production artisanale de l’huile
d’argane à une production semi-automatisée au sein de coopératives. Alors que l’huile produite artisanalement
n’était destinée qu’à satisfaire une consommation locale, quotidienne et familiale, éventuellement la curiosité
de quelques touristes en mal d’exotisme, la production d’huile d’argane par les coopératives à l’aide de presses
électriques a permis la mise à disposition de larges volumes d’une huile d’argane de qualité reproductible et
irréprochable sur le plan sanitaire et analytique. La conservation de l’huile s’en est trouvée nettement
améliorée, ce qui a alors permis d’en envisager la commercialisation bien au-delà des frontières du Maroc.
La tradition a montré que l’huile d’argane possède à la fois des caractères gustatifs et nutritionnels exceptionnels
en plus de propriétés thérapeutiques nombreuses et incomparables. La réunion de ces multiples avantages au
sein d’une même huile végétale, associée à l’abondance des fruits et la possibilité de production d’huile de
qualité, explique son succès commercial fulgurant sur le marché mondial. Pour pérenniser une telle position, la
contrepartie est la capacité à assurer une qualité constante aux consommateurs d’huile d’argane et, en
conséquence, le pouvoir d’assurer l’authenticité de l’huile d’argane et d’en détecter les fraudes.
Résultats
Le problème de l’absence d’adultération de l’huile d’argane par une autre huile peut dans certains cas être
simplement résolu par une analyse de la composition en acides gras de l’échantillon d’huile à évaluer. L’huile
d’argane est riche en acide oléique, linoléique et palmitique (entre 43 et 50 %, de 28 à 36 %, et 10 à 15 % ;
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respectivement) (tableau). Une quantification relative inadéquate de la teneur en ces trois acides gras peut donc
servir de critère pour distinguer l’huile d’argane de l’huile de tournesol, par exemple. Cependant, il faut aussi
considérer que certaines huiles (arachide ou sésame, par exemple) présentent, pour ces trois acides gras
majoritaires, une teneur respective proche de celle de l’huile d’argane (tableau). La seule détermination de la
teneur en acides oléique, linoléique et palmitique est donc insuffisante. De plus, il est aussi nécessaire
d’envisager la préparation, dans un but frauduleux, d’un mélange d’huiles bon marché dont la teneur finale en
acide oléique, linoléique et palmitique avoisinerait celle de l’huile d’argane. Si la mesure des taux en acide
oléique, linoléique et palmitique peut donc être considérée comme une première étape nécessaire, elle n’est
pas clairement suffisante pour certifier l’authenticité de l’huile d’argane.
La recherche de marqueur(s) minoritaire(s) est donc indispensble. Un tel marqueur doit, par sa rareté, permettre
d’empêcher l’addition minime d’une huile qui le renfermerait en quantité importante et décourager son
élimination d’une huile aux caractéristiques voisines en acides gras et son addition directe à l’état de traces.
Nous nous sommes tournés vers le campestérol, un stérol minoritaire et rarement rencontré dans l’huile d’argane
et qui présente, en chromatographie en phase gazeuse, un temps de rétention tel que sa quantification est facile,
standardisable et non ambiguë.
Nous avons procédé au dosage du campestérol dans les stérols totaux de neuf huiles alimentaires (argane, olive,
soja, colza, tournesol, noisette, arachide, sésame et abricot) et au sein de mélanges d’une de ces huiles avec
l’huile d’argane. Nous avons clairement établi qu’une pureté supérieure à 95 % peut être certifiée par application
de cette méthodologie [1].
Combinée à la détermination de la composition en acides gras, la détermination de la teneur en campestérol est
donc une méthode envisageable pour la certification de l’absence d’adultération de l’huile d’argane.
La seconde question à résoudre est la certification de la qualité des méthodes de préparation et de conservation
de l’huile d’argane. Il est nécessaire de conserver à l’esprit qu’il est inévitable que des variations de qualité
analytique de l’huile d’argane soient une conséquence de l’origine géographique des fruits, de différences
génétiques entre les arganiers ou de modifications climatiques. Une répartition autour d’une valeur moyenne doit
donc être retenue, et il est impossible d’envisager qu’une marge trop stricte élimine une production spécifique de
qualité convenable. Inversement, une marge trop grande n’aurait aucun caractère sélectif et serait inutile.
Nous avons déjà démontré que la composition en produits minoritaires de l’huile d’argane obtenue à partir
d’amandons dépulpés par les chèvres est différente de celle obtenue à partir d’amandons dépulpés manuellement [2].
Nous avons aussi procédé à l’analyse d’une vingtaine d’échantillons obtenus par différentes techniques (artisanale,
semi-automatisée…) et d’origine géographique différente afin d’identifier des marqueurs potentiels d’adultération de
l’huile d’argane [3]. Des critères tels que l’indice d’acide, de saponification, de peroxyde, de refraction, l’extinction
spécifique, l’insaponifiable, le pourcentages d’acides gras, le pourcentage en stérols… ont été déterminés. Nos
résultats préliminaires suggèrent que la détermination de l’indice de peroxyde est un bon marqueur pour identifier à
la fois l’huile d’argane préparée avec des amandons dépulpés par les chèvres et/ou conservée de façon inappropriée.
La confirmation de ces résultats par une étude sur plusieurs années reste cependant à réaliser.
En conclusion, la détermination de méthodes fiables, reproductibles et rapides permettant la certification de la
qualité de l’huile d’argane est difficile, mais cette étape est indispensable pour assurer aux consommateurs une
qualité constante qui les rassurera et les fidélisera.
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Introduction
En partant de mon expérience de coordinatrice du projet de création des coopératives de concassage, mené par
l’association Ibn Al Baytar sur la période 2004-2006 pour bien structurer la filière de production de l’huile
d’argane, la présente communication a un double objectif :
• Premièrement, illustrer comment les activités coordonnées et observées dans ce cadre ont contribué, en
suivant une démarche de développement durable, à une amélioration significative de la situation de la femme
rurale du Sud-Ouest marocain.
• Deuxièmement, sensibiliser le large public, et en particulier les acteurs du développement, afin de les inciter
à conjuguer leurs efforts pour entreprendre des actions conjointes de consolidation et d’expansion de la
dynamique impulsée par l’association Ibn Al Baytar et ses partenaires.
Avant de procéder à cette illustration, un rappel de la situation problématique de la femme rurale, et notamment
celle de l’arganeraie, s’avère important. En effet, ce rappel permettra de mieux exposer comment l’intervention
d’Ibn Al Baytar, à travers ses différents projets, a permis d’apporter une solution intégrée, respectueuse des
principes du développement durable.
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II. Les initiatives d’Ibn Al Baytar : « une réponse économiquement efficace, socialement
équitable et écologiquement viable »
Le projet d’amener les femmes de l’arganeraie à s’organiser en coopératives semblait évident et très pertinent,
malgré la méfiance qu’elles manifestèrent au départ à l’égard de cette idée. En effet, cette structure
organisationnelle de l’économie sociale et solidaire présente un cadre idéal et des avantages indéniables
puisqu’elle se base sur des principes qui s’inscrivent pleinement dans l’optique du développement durable :
• la solidarité : les adhérentes sont solidaires pour résoudre un problème qu’elles n’auraient pas été en mesure
de résoudre individuellement ;
• l’indépendance : les coopératives ne sont pas des organisations gouvernementales, elles sont le fruit de la
volonté de leurs membres ;
• la participation : chaque adhérente participe selon ses possibilités à la gestion de la coopérative ;
• la démocratie : chaque adhérente représente une voix dans les assemblées où les décisions sont prises à la
majorité ;
• la responsabilité : chaque adhérente est sensée être responsable autant vis-à-vis des autres adhérentes que
vis-à-vis des bénéficiaires.
En aboutissant, à travers un travail de longue haleine et un appui permanent, à la création de plusieurs
coopératives féminines et à leur structuration au sein d’une filière des produits de l’arganier, l’action de
l’association Ibn Al Baytar a eu des impacts positifs, à plusieurs niveaux :
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Conclusion
Malgré ces progrès, certaines difficultés persistent et doivent être surmontées pour entretenir et renforcer la
dynamique enclenchée par les diverses actions menées par l’association Ibn Al Baytar et ses partenaires au profit
des coopératives de la filière d’argane.
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Alphabétisation fonctionnelle,
outil du développement humain
Jamal El Achmit
Directeur du Centre national de développement et d’alphabétisation (CNDA)
et professeur à la Faculté des lettres, Université Ibnou Zohr, Agadir
L’analphabétisme continue de constituer un challenge de taille au Maroc et une véritable pierre d’achoppement
face à sa modernisation et son progrès. Certes, depuis les premières années de l’Indépendance, les efforts n’ont
jamais cessé d’être déployés par les gouvernements qui se sont succédé afin de contrecarrer ce fléau. Des
budgets colossaux ont été engagés et des ressources humaines importantes ont été mobilisées. Cependant, les
rapports sur les réalisations font ressortir que les progrès accomplis sont loin d’être satisfaisants.
En fait, au Maroc comme dans plusieurs autres pays en voie de développement, les actions en matière
d’alphabétisation ont été menées dans des contextes souvent imprégnés par les orientations des instances
internationales spécialisées, et précisément l’UNESCO. Cette dernière concevait des politiques à suivre par les
gouvernements des pays concernés en se référant aux définitions déterminées par ses experts. Le souci de doter
les populations cibles des compétences en lecture, écriture et calcul, pour qu’elles puissent disposer d’une
certaine autonomie de gestion de leur vie quotidienne, était l’enjeu des premières conceptions en matière
d’alphabétisation. Raison pour laquelle tous les programmes mis en oeuvre étaient conçus et réalisés au profit
des populations-cibles de manière généralisée, abstraction faite des particularités existantes entre les
populations-cibles et de leurs besoins particuliers.
Entre les années 50 et les années 80, les définitions changeaient constamment chaque fois que l’on se rendait
compte de l’inefficacité de l’approche adoptée. La définition de l’analphabète comme étant celui qui ignore les
principes de la lecture se trouva dépassée. En 1987, une définition nouvelle est donnée par l’UNESCO, et le
traitement du problème prend alors une autre tournure, centrant l’acte d’apprentissage sur le vécu du
bénéficiaire et l’orientation de ses acquis vers la résolution de ses problèmes. Autrement dit, l’objectif est
désormais la fonctionnalisation de l’apprentissage, de telle sorte que le savoir ne soit pas purement théorique
et abstrait. Il va être jumelé à un savoir-faire et à un savoir-être pratiques et concrets.
Le CNDA, qui se veut, depuis sa création en 1998, un acteur de la société civile, s’est inscrit dans cette logique
et s’est fixé comme mission la contribution à la promotion de l’élément humain local. Le thème d’action choisi
était l’alphabétisation et la formation continue. Sa première expérience dans le domaine s’est réalisée en
partenariat avec la Direction de l’Alphabétisation. Les taux d’alphabétisation approchaient les 61 %, dont 80 %
étaient des femmes. La stratégie de l’Etat avait alors commencé à changer, optant pour l’approche partenariale.
Ce qui permettra par la suite aux organisations de la société civile, vu leur proximité, d’intervenir pour
contribuer à gérer ce dossier.
De 1998 à 2003, le CNDA put capitaliser suffisamment d’expérience, devenant un expert en la matière. Il se
rendit compte dans la région de l’abîme séparant les intentions de l’Etat qui se voulait innovateur en matière
d’alphabétisation, et la mise en œuvre sur le terrain des conceptions et programmes, par les différents
intervenants qui continuaient de se référer aux méthodes classiques.
Les modules de l’alphabétisation conçus pour une masse horaire de 260 heures ont suscité un intérêt particulier
chez les populations-cibles. Et c’était une œuvre louable. Mais au bout de 5 ans, la question de l’utilité
socioéconomique des savoirs acquis a émergé et a poussé vers la révision de la stratégie. Le constat a mis en
évidence l’attachement des populations au module réservé à l’alphabétisation, ce qui se traduisait par une grande
assiduité des bénéficiaires tous les centres d’alphabétisation. En revanche, les taux de déperdition pendant la
réalisation des deux autres modules étaient inquiétants. Ce qui a mené à s’interroger sur la compatibilité et la
commodité de ces modules avec les soucis de la population ciblée et à se demander à quel point les besoins
différentiels de celle-ci sont satisfaits et pris en compte par ces modules.
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Le CNDA, de son côté, ne va pas tarder à développer une partie de la réponse qui va le démarquer et mettre en
avant sa position d’expert en matière de formation des adultes et d’alphabétisation. Deux expériences majeures
peuvent être présentées pour illustrer cette vérité.
En 2003, le CNDA, en partenariat avec l’Association Ibn Al Baytar pour la promotion des plantes médicinales va
se voir concrétiser les premiers pas dans sa stratégie et se réjouir des premiers fruits de son expérience. Environ
60 groupements de femmes constitués de presque 2000 femmes et jeunes filles rurales qui appartenaient à la zone
située dans la sphère de l’arganeraie vont être ciblés. La philosophie des deux partenaires partait du fait que pour
réussir un programme d’alphabétisation, son contenu doit être particulier et spécifique. Les savoirs et les acquis
doivent être en étroite liaison avec les activités quotidiennes des bénéficiaires et répondre de manière concrète
aux attentes de la population cible.
Les 2 000 femmes et jeunes filles ont d’abord bénéficié d’un programme de 200 heures d’alphabétisation de base
et ensuite un programme de 160 heures avec un contenu purement fonctionnel. Le résultat visé était de mettre
l’alphabétisation au service de l’amélioration de la situation socio-économique des femmes ciblées. L’incitation
à la constitution des coopératives féminines gérées par les femmes alphabétisées elles-mêmes et d’en assurer la
pérennité. Les sujets choisis visaient la maîtrise par les femmes des connaissances juridiques et des compétences
pratiques liées à la gestion des coopératives. Le staff chargé de dispenser ce programme auprès des femmes a
adopté une méthodologie qui a permis d’atteindre les résultats escomptés : la conversion de la majorité des
groupements en coopératives agréées.
Cette expérience a été couronnée par l’élaboration d’un manuel d’alphabétisation fonctionnelle conçu
spécifiquement pour les femmes, qui peuvent être potentiellement ou effectivement membres des coopératives
d’argane. Le manuel a été imprimé à 2 000 exemplaires et distribué aux partenaires et aux acteurs pour en tirer
les enseignements et en faire une référence.
La réussite de l’expérience a encouragé le Centre à poursuivre son expérience. Le marché qu’il a conclu en 2006
avec l’ADS pour la réalisation d’une action d’alphabétisation fonctionnelle similaire à la précédente du point de
vue technique et pédagogique va lui permettre d’améliorer son expertise et produire de la valeur ajoutée.
1 600 femmes membres effectives de 42 coopératives arganières siégeant dans les provinces de Tiznit,
Taroudant, Chtouka Aït Baha, Agadir Idaoutanane (région Sous-Massa-Drâa) et la province d’Essaouira (région
Tensift-El Haouz) vont être concernées par cette action.
Selon les termes du marché, la mission du Centre consiste à concevoir les modules de formation (programme
d’alphabétisation), former le staff (formatrices et superviseurs), assurer le contrôle et le suivi de l’exécution sur
le terrain et, bien évidemment, produire les supports pédagogiques (essentiellement le Manuel de la bénéficiaire
et le Guide de la formatrice).
Le programme d’alphabétisation en question est conçu pour une masse horaire de 360 heures : 100 heures pour
l’alphabétisation alphabétique et 260 heures pour l’alphabétisation fonctionnelle. Le volet fonctionnel est conçu
selon deux modules :
— Le premier module traite les thèmes portant sur :
• l’environnement socioéconomique de la coopérative ;
• la biosphère de l’argane ;
• la gestion de la coopérative.
— Le secnd module traite les thèmes portant sur :
• la qualité et la traçabilité ;
• les bonnes pratiques de fabrication ;
• les techniques de commercialisation et de marketing.
A la différence de la première expérience, les manuels vont être préparés à l’avance et mis à la disposition des
bénéficiaires pour servir de supports et assurer un apprentissage optimal. L’objectif reste généralement
identique et consiste à doter les coopératrices des compétences nécessaires aussi bien cognitives et pratiques
que comportementales, pour assurer la pérennité de leurs coopératives et améliorer leur situation
socioéconomique.
Le passage en revue de ce contenu permet de percevoir la détermination du Centre à rendre un service
qui réponde aux besoins spécifiques de la population-cible. Faire connaître aux femmes coopérantes
l’environnement juridique, social et géographique de leurs coopératives leur servira de tableau de bord pour
avoir une vision claire du secteur et des contraintes du marché.
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Les Laboratoires Sérobiologiques (LS) et le GIE Targanine : un partenariat basé sur les
valeurs fondamentales du developpement durable
Les LS, impliqués depuis de nombreuses années dans une approche ethnobotanique et, plus récemment, dans une
démarche de développement durable, se sont intéressés aux initiatives de préservation de l’arganeraie
marocaine. Pendant plus de 4 ans, les Laboratoires Sérobiologiques (LS) et le réseau de coopératives Targanine,
sous l’impulsion et avec l’étroite collaboration du Pr Zoubida Charrouf, ont mis en place un partenariat visant à
identifier des sources originales d’actifs cosmétiques, selon une condition expresse : que ces nouveaux
développements soutiennent et encouragent la protection et la valorisation de l’arganeraie marocaine.
Ce partenariat s’est organisé autour de trois axes majeurs :
• Identification de fractions spécifiques (feuilles et tourteaux) de l’arganier pouvant être valorisées par
l’industrie cosmétique et permettant d’assurer des revenus supplémentaires aux femmes marocaines.
• Réalisation d’une étude d’impact permettant d’évaluer la meilleure méthode de récolte des feuilles,
notamment par la valorisation des sous-produits des opérations sylvicoles, et de définir le cahier des charges
le plus approprié.
• Implication des populations locales dans la démarche de protection et de valorisation de l’arganeraie, en
particulier par l’intermédiaire de l’étude de la mise en place d’une pépinière.
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Conclusion
L’arganier, arbre symbolique du Maroc, est une source de richesses incontestable, qu’il faut cependant savoir
préserver afin de pouvoir en pérenniser l’existence et assurer l’avenir écologique et économique de cette région
du Maroc.
Le programme Arganier LS combine l’identification de sources d’actifs originales et attractives, pour le bien-être
de chacun et dans le respect de l’homme et de son environnement, avec des actions concrètes en faveur du
développement durable et de la préservation de l’arganeraie.