Arganier Colloque Avril2007 Rabat Partie1 PDF

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Colloque international

_ ’arganier
Levier du développement humain
du milieu rural marocain

organisé par

L’association Ibn Al Baytar

en collaboration avec

La Faculté des sciences de Rabat

Le Haut Commissariat aux Eaux


et Forêts et à la Lutte
contre la Désertification

27 28 avril 2007
Faculté des Sciences, Université Mohammed V-Agdal, Rabat
Colloque international • 27-28 avril 2007 • Rabat

_ ’arganier
Levier du développement humain
du milieu rural marocain

Sommaire

3 20 ans de recherche-action pour faire de l’arganier un levier du développement durable du milieu


rural marocain
Zoubida Charrouf

15 Problématique de la conservation et du développement de l’arganeraie


Benhammou Bouzemouri

20 Dynamique socio-économique dans la réserve de biosphère arganeraie (RBA)


Brahim Hafidi

23 L’arganier, produit de terroir et développement local


Mohamed Ouraiss, Asmae Benslimane

26 Projet de loi relative aux signes distinctifs d’origine et de qualité des produits agricoles et des
denrées alimentaires
Abderrahmane Hilali, Martine Hrouch

27 Etat d’avancement du « projet arganier ADS/UE »


Ali Benkiran

28 Authenticité de l’huile d’argane et influence de l’origine sur sa composition chimique


D. Guillaume, M. Hilali, A. El Aziz Soulhi, L. Hachimi, Z. Charrouf

31 Coopératives d’huile d’argane : activités et impact sur le développement durable


Khadija Ibnou El Kadi

35 Alphabétisation fonctionnelle, outil du développement humain


Jamal El Achmit

38 Activité cosmétologique de l’huile d’argane et des dérivés de l’arganier


Gilles Pauly, Florence Henry, Zoubida Charrouf

41 La consommation d’huile d’argane : un bénéfice pour notre cœur et nos neurones


Abdelfettah Derouiche

43 Rôle de l’huile d’argane dans la prévention des maladies cardiovasculaires


Ahmed Adlouni

47 Introduction de l’huile d’argane dans l’alimentation parentérale


Y. Bensouda, N. Cherkaoui

48 Effet de l’huile d’argane et des dérivés de l’arganier sur le cancer et le diabète


S. Samane, J. Noël, Z. Charrouf, H. Amarouch, P.S. Haddad

50 Bénéfices de l’ingestion d’huile d’argane sur la fonction cardiaque en conditions physiopathologiques


N. Benajiba, J. De Leiris, Z. Charrouf, N. Mokhtar, H. Aguenaou

59 Effet des composants mineurs de l’huile d’argane sur le cancer de la prostate


Houda Bennani

61 L’huile d’argane, intérêts nutritionnels et effets immunomodulateurs


Nadia Meskini, A. Benzaria, A.F. Prigent, M. Lagarde
Colloque international • 27-28 avril 2007 • Rabat

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Levier du développement humain
du milieu rural marocain

20 ans de recherche-action pour faire


de l’arganier un levier du développement
durable du milieu rural marocain
Zoubida Charrouf
Professeur à la Faculté des sciences, Université Mohammed V-Agdal, Rabat
Laboratoire de chimie des plantes et de synthèse organique et bio-organique
Présidente de l’Association Ibn Al Baytar

Introduction
La présente communication a pour objet d’informer les participants, d’une part, sur les recherches scientifiques
entreprises sur l’arganier par notre Laboratoire et, d’autre part, sur les actions entreprises sur le terrain par
l’Association Ibn Baytar pour appliquer les résultats de recherche obtenus et pour contribuer au développement
local de la zone de l’arganeraie. L’objet de la communication va au-delà de l’information sur le bilan ; elle
cherche à relancer la réflexion sur les perspectives d’avenir afin de faire de notre arganeraie un levier encore
plus puissant pour le développement durable de notre milieu rural.
Après la présentation de notre patrimoine arganier, en termes de potentiel et de menace, la communication
s’articulera autour de 3 axes :
• la recherche scientifique qui traite des programmes développés, des résultats obtenus et de leurs impacts sur
les plans de la médecine et de la pharmacopée ainsi que des thèmes à développer dans l’avenir ;
• les résultats économiques obtenus par les femmes productrices et leurs coopératives et les perspectives qui leur
seront ouvertes par la labellisation et la reconnaissance d’huile d’argane comme indication géographique ;
• le développement humain qui traite des améliorations enregistrées par les femmes aux niveaux individuels, de
leurs familles, de leurs coopératives et de la communauté communale auxquelles elles appartiennent.
Cette présentation serait incomplète sans la mention de l’effort déployé pour la formation qui ouvre les
perspectives de la relève par la jeune génération.

I. Présentation de l’arganeraie
I.1. L’arganier
Sa situation géographique, son climat, ses vastes plaines et plateaux et l’importance de ses chaînes de montagnes
confèrent au Maroc une grande variété bioclimatique et une importante diversité bio-écologique. L’arganier
(Argania spinosa (L.) Skeels), arbre endémique au Maroc, constitue dans ce contexte, la deuxième essence
forestière du pays, après le chêne vert et juste avant le thuya. C’est un arbre qui peut vivre jusqu’à 200 ans ;
certains sujets de 250 ans ont pu être observés. La forêt d’arganiers, aussi appelée arganeraie, s’étend sur plus
800 000 ha et compte plus de 20 millions de pieds. Cet arbre de la famille des sapotacées est particulièrement
résistant aux conditions sèches et arides de cette région. Il peut en effet supporter des températures allant de
3 à 50 °C et se contenter d’une pluviométrie très faible.
L’arganier pousse d’une façon sauvage et en abondance dans les zones arides et semi-arides du Sud-ouest
marocain, où il joue un rôle irremplaçable dans l’équilibre écologique et dans la préservation de la biodiversité.
Grâce à son système racinaire puissant, il contribue au maintien du sol et permet de lutter contre l’érosion
hydrique et éolienne qui menace de désertification une bonne partie de la région. L’arganier présente également
un grand intérêt économique grâce à ses usages multiples. Chaque partie de l’arbre est utilisable et constitue
une source de revenus ou de nourriture pour l’usager : le bois est utilisé comme combustible, les feuilles et les
fruits sont un fourrage pour les caprins et les camelins, et l’huile extraite de l’amande est utilisée pour
l’alimentation humaine et en médecine traditionnelle. L’arganeraie assure ainsi la subsistance de près de

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2 millions de personnes, dont approximativement un million en milieu rural. Les différentes productions de
l’arganeraie fournissent plus de 20 millions de journées de travail, dont 7,5 millions de journées essentiellement
féminines pour la seule extraction de l’huile d’argane.
L’arganeraie joue donc un rôle socio-économique et environnemental de première importance. Son statut
législatif particulier (dahir du 4 mars 1925 et cahier des charges relatif aux pratiques agraires sous l’arganier du
20 juillet 1983) en fait une forêt domaniale dont le droit d’usage dédié aux populations locales est très étendu:
droit de cueillette des fruits et de ramassage de bois à usage domestique, droit de parcours, droit de plantation
sous les arbres.

I.2. L’huile d’argane


L’arganier produit de petits fruits de forme ovale, verts à jaunes, devenant bruns à maturité et contenant une
coque très dure renfermant une à trois amandes. Ces dernières permettent l’extraction de la fameuse huile
d’argane. Aujourd’hui, la renommée de l’huile d’argane dépasse largement les frontières du Maroc.
L’engouement croissant que l’huile d’argane suscite auprès des populations occidentales (Europe, USA) et
extrême-orientales (Japon) en témoigne aisément. Ces populations, qui n’ont découvert l’huile d’argane que
récemment, voient en elle un produit rare, pur, naturel, inaltéré et qui permet l’alliance d’une alimentation
savoureuse et saine et d’une hygiène alimentaire préservée et de qualité.

Préparation de l’huile d’argane


L’huile d’argane est une huile alimentaire et diététique, elle est préparée selon un protocole rigoureux et
ancestral, transmis de génération en génération depuis des siècles.
Les différentes étapes de la préparation de l’huile d’argane ont longtemps été entièrement manuelles, de la
récolte des fruits de l’arganier jusqu’à l’extraction proprement dite de l’huile. Elle est accomplie selon un savoir-
faire ancestral réservé aux femmes de l’arganeraie. Cependant, depuis 1996, les coopératives et quelques
industriels ont mis au point une méthode d’extraction semi-mécanisée. Cette technique permet la préparation
reproductible, dans des conditions moins pénibles pour les femmes, d’une huile de meilleure qualité sanitaire et
analytique.
L’extraction de l’huile d’argane selon la méthode artisanale nécessite de longues heures d’un travail physique et
difficile. En effet, il faut compter en moyenne une vingtaine d’heures de travail pour produire un litre d’huile.
Le rendement d’extraction est d’environ 1 % par rapport aux fruits et de 30 % par rapport aux amandons. Ceci
explique aisément pourquoi l’huile d’argane est actuellement l’une des huiles les plus rares et les plus chères du
monde. Le fruit débarrassé de la pulpe donne un noyau qui est concassé manuellement pour en garder l’amande.
Celle-ci est ensuite pressée pour obtenir l’huile.
Pour la préparation de l’huile de qualité alimentaire, les amandes sont d’abord torréfiées puis pressées. Cette
étape supplémentaire confère à l’huile une légère odeur de noisette qui lui est caractéristique.

Utilisation en médecine traditionnelle


Outre son emploi dans l’alimentation humaine, l’huile d’argane est utilisée en médecine traditionnelle pour les
soins corporels et pour le traitement de l’acné juvénile, de la varicelle et des rhumatismes. Par ses propriétés
hypocholestérolémiantes, elle serait indiquée pour la prévention de l'athérosclérose. Produit de soin complet,
l’huile d’argane aurait des propriétés nutritives, protectrices et adoucissantes, régénératrices de la peau et des
cheveux ternes et cassants. L’huile d’argane est utilisée aussi bien pour les soins des cheveux et du cuir chevelu
que de la peau sèche et ridée. On la conseille pour les irritations, les eczémas, les gerçures et les brûlures. Elle
apaiserait les rhumatismes et les douleurs articulaires, elle stimulerait et développerait les capacités cérébrales.
Elle préviendrait les risques de fausse-couche et stimulerait la production de sperme (lutte contre
l’azoospermie).

I.3. Problématique
Malheureusement, victime de sa générosité, mais aussi de l’évolution du mode de vie rural et du climat,
l’arganeraie est fragilisée. Sa surexploitation agricole, l’érosion des sols et l’avancée du désert constituent
autant d’agressions contre ce patrimoine unique. En moins d’un siècle, plus de la moitié de la forêt a disparu,
et sa densité moyenne est passée de 100 à 30 arbres par ha. Pourtant, tous les travaux de recherche montrent
que l’arganier n’est pas un fossile en voie de disparition, mais au contraire un arbre d’avenir pour certaines zones
arides. Il est donc impératif d’améliorer les potentialités de production de l’arganier, pour que cet arbre retrouve
sa place dans les systèmes agraires du Sud-ouest marocain.

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L’importance de protéger l’arganeraie n’a échappé ni aux autorités locales ni aux autorités internationales. De
nombreuses initiatives ont vu le jour pour préserver et développer l’arganeraie et enrayer sa régression.
L’UNESCO et l’Etat marocain ont classé l’arganeraie marocaine « Réserve de biosphère (RBA) » en 1998.
Préoccupé par cette problématique, le Laboratoire de la faculté des sciences de l’Université Mohammed V-Agdal
a lancé dès 1986 un programme de recherche fondamentale, de recherche appliquée et de recherche-action afin
de contribuer à la préservation de ce patrimoine qui constitue le dernier rempart contre la désertification. Ce
programme de recherche a pour finalité la préservation et le développement de l’arganeraie. Il est réalisé avec
la conviction que la valorisation des produits de l’arganier et l’implication des communautés locales permettent
un développement durable de notre ressource phytogénétique. Les retombées de ce programme sont aussi bien
scientifiques, socio-économiques qu’environnementales.

II. Programme scientifique, résultats et impacts


L’action entreprise par le Laboratoire s’inscrit dans la complémentarités et l’harmonisation avec les travaux de
d’agroforesterie entreprise par le Haut Commissariat des Eaux et Forêts et à la Lutte contre la Désertification,
les universités, les instituts…
Nos travaux permettent, d’une part, de donner confiance aux consommateurs d’huile d’argane via une qualité
améliorée, ciblée par rapport aux diverses utilisations (sécurisation du marché) et un itinéraire technique optimisé
et, d’autre part, de proposer de nouvelles voies de valorisation des co-produits d’extraction de l’huile d’argane et
des produits issus de l’arganier afin de diversifier ses usages commerciaux.
Notre Laboratoire concentre son activité autant sur la recherche fondamentale que sur la recherche appliquée.
Dans le domaine de la recherche appliquée, nous nous sommes particulièrement concentrés sur la valorisation
de l’huile d’argane. Nos efforts ont porté sur l’étude des facteurs influençant la qualité de l’huile, l’amélioration
de ses procédés de préparation, sa conservation, l’identification de techniques de détection des fraudes et
l’influence de l’origine (géographique et technique) des fruits sur la qualité de l’huile et ses propriétés
organoleptiques. Ces études nous ont permis d’identifier plusieurs facteurs essentiels pour la production d’une
huile de qualité et nous ont conduit à proposer des résultats vulgarisables à toute la filière d’huile d’argane
(modification du mode de pressage, de séchage, refus du dépulpage par les chèvres....). Ces travaux ont donc
permis un perfectionnement des méthodes artisanales bénéficiant à toutes les catégories de producteurs. Les
procédés de fabrication de l’huile (séchage, dépulpage, pressage…) ont été en conséquence immédiatement
modifiés au sein des coopératives de femmes, très impliquées dans ce secteur.
Un second aspect de notre travail de recherche fondamentale a été la démonstration scientifique des propriétés
pharmacologiques traditionnellement attribuées à l’huile d’argane. Cette démonstration est essentielle pour
asseoir l’image de l’huile d’argane auprès des consommateurs et donc pour assurer dans le temps sa
commercialisation. Nos recherches ont porté sur l’huile d’argane totale et sur plusieurs de ses constituants
minoritaires isolés. La démonstration de l’existence de composés possédant des propriétés pharmacologiques
établies conférerait à l’huile d’argane une spécificité inégalable dans le domaine des huiles alimentaires.
Le même travail a été réalisé pour identifier de nouvelles molécules de différentes parties de l’arganier afin de
les promouvoir comme produits pharmacodynamiques ou composés industriels. Nous nous sommes
particulièrement intéressés à l’isolement, au fractionnement et à l’élucidation structurale des saponosides,
flavonoides, triterpènes et stérols issus des sous-produits de l’extraction de l’huile d’argane (pulpe, coque et
tourteau), des feuilles et du bois de l’arbre.

II.1. Résultats obtenus pour l’huile d’argane


La technologie améliorée de l’extraction de l’huile d’argane et son nouveau packaging permettent de mieux la
conserver. L’huile ainsi obtenue possède une composition chimique reproductible et stable dans le temps.
Les acides gras constitutifs des triglycérides rencontrés dans l’huile d’argane sont à 80 % des acides gras
insaturés. La teneur en acides gras varie légèrement selon le lieu de récolte des noix d’argane. L’acide oléique,
dont les propriétés encourageantes pour le traitement du cancer du sein ont été récemment démontrées,
représente près de 48 % de ces acides gras. L’acide linoléique (vitamine F) est présent à hauteur de 32 %. Les
acides gras saturés sont l’acide palmitique (environ 13 %) et l’acide stéarique (environ 5 %). Les autres acides
gras rencontrés sont présents à l’état de traces. Ces différents acides gras et leur concentration respective
confèrent à l’huile d’argane une valeur nutritionnelle et diététique certaine et justifient son emploi dans le
traitement des maladies cardiovasculaires et du dessèchement et du vieillissement physiologique de la peau.

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La spécificité de l’huile d’argane est sa forte teneur en acide linoléique (acide gras essentiel de la série oméga 6)
dont les bienfaits pour la santé humaine ont été démontrés. La teneur en acide linoléique de l’huile d’argane
peut être 10 fois supérieure à celle de l’huile d’olive, elle atteint une teneur proche de celle rencontrée pour
l’huile d’arachide ou de sésame.
La fraction insaponifiable de l’huile d’argane renferme en quantité égale (20 %) des phytostérols et des triterpènes.
Le schotténol et le spinastérol sont les deux stérols majoritaires, et ces molécules possèdent des propriétés
protectrices pour l’épiderme. Enfin, l’huile d’argane est riche en tocophérols (7,5 %), composés aussi appelés
vitamines E. La teneur en tocophérols de l’huile d’argane est deux fois supérieure à celle de l’huile d’olive. En
particulier, l’huile d’argane contient des taux élevés en gamma-tocophérol, le tocophérol le plus protecteur contre
les radicaux libres. Avec les polyphénols rencontrés dans l’huile d’argane à l’état de traces, les tocophérols
participent sans aucun doute à la conservation de l’huile d’argane et à ses propriétés anti-radicaux libres.
Des études scientifiques récentes ont montré que l’application cutanée d’huile d’argane redynamise la peau,
relance les fonctions vitales des certaines cellules épidermiques, restaure la barrière cutanée et neutralise les
radicaux libres responsables du vieillissement cutané. Ces derniers sont largement générés par le rayonnement
UV solaire, l’ozone et l’exposition à la fumée du tabac. En application dermatologique l’huile d’argane exerce
donc un effet nourrissant, et elle stimule l’irrigation. Elle contribue à prévenir l’apparition des rides, de la
cellulite, des vergetures et des pattes d’oie.
Sur le système cardiovasculaire, des tests cliniques ont démontré que l’huile d’argane abaisse les teneurs en
cholestérol sanguin et en triglycérides. Ces résultats confirment que la consommation d’huile d’argane pourrait
contribuer efficacement à la prévention des maladies cardiovasculaires.

II.2. Valorisation des autres tissus de l’arganier


L’étude des métabolites secondaires de l’arganier a été entreprise dans le but d’identifier des composés
nouveaux conduisant à une augmentation de la valeur industrielle, donc commerciale, de l’arganier. En cas de
succès, la protection de l’arganier et l’extension de l’arganeraie se trouveraient fortement stimulées.
Des feuilles de l’arganier, plusieurs flavonoides ont été isolés: la myrécitine, la quercétine et quatre de leur dérivés
glycolsylés. L’extrait flavonoïdique total des feuilles de l’arganier possède une activité anti-microbienne, une
activité anti-radicalaire et anti-oxydante ainsi que des capacités de protection cellulaire contre le rayonnement
UV-A et UV-B. L’extrait flavonoïdique des feuilles d’arganier peut donc être proposé en cosmétologie comme
protecteur de la peau. La confirmation de ces effets in vivo permettrait une forte valorisation des feuilles de
l’arganier, leur récolte pouvant survenir lors du dépressage de l’arganeraie réalisé pour améliorer sa productivité.
Les feuilles de l’arganier contiennent également des substances volatiles et des huiles essentielles. Quarante-
cinq dérivés ont été identifiés. De la pulpe du fruit de l’arganier, la (+)-catéchine, la (—)-épicatéchine, la rutine,
l’acide p-hydroxybenzoïque et le résorcinol ont été isolés. L’érythrodiol, le lupéol, le spinastérol et la bétuline
ont aussi été identifiés. Ces métabolites secondaires sont courants et n’apportent que peu de valeur à l’arganier.
De façon plus intéressante, l’arganier est riche en saponines, et la structure de quinze de ces composés, issus de
différentes parties de l’arbre, a été identifiée. La majorité de ces molécules sont de nouvelles substances
naturelles, décrites pour la première fois dans la littérature. Toutes les saponines identifiées à ce jour ont comme
génine un dérivé de type ∆-12oléanane fortement hydroxylé (l’acide protobassique ou acide 16α-
hydroxyprotobassique pour les saponines issues des fruits ou la bayogénine pour les saponines extraites du bois).
De nombreuses saponines sont de type bidesmosidique avec une chaîne de sucres en position 3 et 28 de la génine.
Les chaînes de sucres peuvent être linéaires ou ramifiées et contenir jusqu’à cinq résidus osidiques.
Quelques propriétés biologiques des saponines isolées du tourteau (le résidu d’extraction de l’huile d’argane) ont
été déterminées. Ces saponines sont mollusquicides et antifongiques. Elles possèdent également une activité anti-
inflammatoire consécutive à une interaction avec les leucotriènes. La toxicité aiguë des saponines du tourteau de
l’arganier est réduite (DL50 de 1,3 g/kg). Suite à une administration chronique, les saponines du tourteau
provoquent une diminution de la glycémie et induisent une toxicité rénale. Ces saponines présentent aussi une
activité anti-oxydante et stimulent la lipolyse in vitro. Elles protègent aussi des effets néfastes des UV-B.
La qualité des travaux scientifiques réalisés sur l’arganier par notre équipe est attestée par le nombre d’articles
scientifiques publiés sur ce sujet. Plus de quarante articles conduisant à l’approfondissement de la connaissance
de l’arganier ont été publiés dans des journaux scientifiques de haut niveau, américains pour la plupart, et une
centaine de communications dans des congrès nationaux et internationaux. Ces travaux sont très souvent réalisés
par des chercheurs marocains en partenariat avec des chercheurs européens ou nord-américains.
Ceci permet la formation des futurs cadres de nos laboratoires.

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III. La croissance économique


III.1. Régénération de l’arganeraie et amélioration de la commercialisation de l’huile
Parallèlement à son axe scientifique, notre programme a un côté socio-économique très marqué, qui reposait sur
la constitution de coopératives de femmes productrices des huiles. Le réseau des premières coopératives de
production d’huile d’argane a été fondé par la Faculté des sciences de Rabat et l’Association Ibn Al Baytar en
1996. Il avait pour objectif de sauvegarder l’arganeraie en informant les populations de la richesse de leur
patrimoine naturel, en les formant à sa protection et en leur apportant les moyens d’organiser la production
artisanale de l’huile puis d’en développer la commercialisation en commun. Ces coopératives, composées et
dirigées exclusivement par des femmes, comme le veut la tradition de la production d’huile d’argane, avaient
comme premier objectif leur sensibilisation à une récolte respectueuse de l’arganeraie et leur participation à sa
reforestation, en engageant chaque femme à replanter 10 arganiers par an.
Mais au-delà de ce premier objectif il s’agissait d’améliorer leur statut social en leur assurant revenu et emploi.
Il a été difficile au départ d’intéresser les femmes au projet des coopératives. Cependant, les plus vulnérables
et marginalisées ont peu à peu acquis un sentiment de sécurité, de stabilité, de respect et de dignité.
L’organisation rigoureuse de la production et de la commercialisation de l’huile d’argane a permis un accès plus
direct aux marchés de l’exportation, plus rémunérateurs que le marché local. De 1996 à 2005, accompagnant
directement l’amélioration de la qualité de l’huile d’argane, le prix du litre est passé de 35 à 200 dirhams. Le
montant versé aux productrices, calculé pour leur permettre un revenu décent, représente au moins 50 % du prix
de vente à l’exportation ; le reste couvre les frais de transformation, de fonctionnement de la coopérative et de
commercialisation.
Une nouvelle génération d’organisations a vu le jour suite à la formation par les coopératives d’une association
professionnelle qui défend leurs intérêts, négocie avec les autres producteurs, définit des stratégies avec les
autres acteurs de la filière pour améliorer l’image de l’huile d’argane et pour assurer la pérennité de la filière.
Le chiffre d’affaires des coopératives fondées par l’Association Ibn Al Baytar, qui était presque nul en 1997, est
passé à 6 000 000 Dh en 2004 et à 8 000 000 Dh en 2005. De plus, les coopératives dont le sérieux est reconnu
peuvent soumettre maintenant des projets auprès de différents bailleurs de fonds et obtenir des financements.
L’amélioration consécutive du niveau de vie des femmes travaillant dans les coopératives a conduit à leur
meilleure intégration dans la vie communautaire et dans les circuits de commercialisation.
Les coopératives ont non seulement permis aux femmes d’améliorer leur niveau de vie, mais aussi leur
compétence professionnelle, leur statut social et le bien-être de leur famille. De nombreuses activités de
formation ont été organisées au sein des coopératives ainsi que des voyages sur le territoire national et à
l’étranger pour la promotion de l’huile d’argane. Les contacts entre les diverses coopératives ont aussi permis
aux femmes de rencontrer des personnes qu’elles n’auraient jamais eu l’occasion d’approcher sans ce projet.
Les femmes ont ainsi retrouvé un pouvoir de décision et la capacité de gérer leurs revenus.

III.2. L’organisation en GIE


Du fait de l’engouement rencontré par l’huile d’argane sur les marchés étrangers (Japon, Etats-Unis, Europe,
Canada…), il nous a semblé opportun de fédérer les premières coopératives, fondées par l’Association Ibn Al
Baytar, en un Groupement d’Intérêt Économique (GIE) Targanine. Basé à Agadir, le GIE a pour mission d’aider les
coopératives à commercialiser et à promouvoir leurs produits, notamment auprès des marchés d’exportation. Son
conseil d’administration est constitué des présidentes des coopératives.
Le GIE travaille notamment sur les axes suivants :
• achats groupés ;
• commercialisation à l’export et sur le marché marocain ;
• communication promotionnelle autour des coopératives ;
• marketing-produit ;
• label-qualité et commerce équitable ;
• formation du personnel encadrant des coopératives.
Cette initiative a servi d’exemple pour la création d’autres GIE, notamment à Taroudant et à Essaouira.

III.3. La labellisation « commerce équitable »


Les valeurs du GIE Targanine s’intègrent parfaitement dans celles du commerce équitable : solidarité,
indépendance, participation, démocratie et responsabilité. C’est pourquoi l’association Ibn Al Baytar a entrepris

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une étude concernant l’intégration du GIE dans le réseau du commerce équitable (CE), car le produit et le projet
social et environnemental de Targanine correspondaient déjà à ce type de clientèle.
Plusieurs éléments nous ont incité à conseiller au GIE Targanine de s’orienter vers le CE en raison des
caractéristiques du marché des produits de l’arganier : un marché déstabilisé, une augmentation de la
concurrence au niveau local, la multiplication des coopératives adhérentes au GIE Targanine. Pour ce faire, une
évaluation de la structure selon les critères du commerce équitable a été entreprise. Les résultats ont souligné
les atouts de Targanine qui ont servi à convaincre les partenaires potentiels, et ils ont mis en exergue les points
faibles sur lesquels il faut travailler pour réaliser les progrès nécessaires.
Le GIE Targanine a actuellement 8 partenaires de commerce équitable. Ces partenaires se situent dans différents
pays : France, Italie, Autriche, Belgique et Maroc. Leurs relations avec le GIE Targanine sont récentes pour la
plupart. Les relations en commerce équitable étant un peu plus complexes que de simples relations commerciales,
beaucoup d’organismes n’ont pas encore finalisé leur projet de partenariat.
Le chiffre d’affaires des produits Targanine avec les partenaires travaillant dans un esprit de commerce équitable
a doublé entre 2005 et 2006 et pourrait être multiplié par 30 en 2007.

III.4. La labellisation indication géographique


Une autre fenêtre est ouverte au développement de l’arganier à travers la labellisation. En effet, l’huile d’argane
est susceptible d’obtenir la reconnaissance, au Maroc et dans le monde entier, d’une indication géographique
(IG). Une telle reconnaissance lui ferait bénéficier du statut de protection intellectuelle, la protégeant contre
toute concurrence déloyale. En effet, l’indication géographique constitue un droit de propriété intellectuelle,
autonome, au même titre que la marque. Ce droit est expressément reconnu dans les accords de l’OMC qui
touchent au commerce, plus connus sous le sigle ADPIC ou TRIPS (en anglais).
Face à la mondialisation et à la concurrence de l’agro-industrie, il est primordial que l’huile d’argane bénéficie
d’un label IG. En effet, la qualité et l’origine certifiée sont deux valeurs importantes pour le consommateur
d’aujourd’hui. Or, l’huile d’argane a une qualité, une histoire et une réputation liées à son origine géographique.
Pour ces raisons, l’huile d’argane doit être protégée à l’échelle internationale contre les usurpations. Ainsi, la
valeur ajoutée liée à la production et à la transformation reste dans la région et permet aux producteurs et
artisans locaux de s’assurer un revenu avec leurs produits originaux et de haute qualité. Ce bien de haute valeur
culturelle ainsi que des connaissances locales peuvent ainsi être préservés et maintenus pour les générations
futures.
La protection de l’huile d’argane sous le système des indications géographiques permettrait :
• l’affectation de la dénomination « huile d’argane » ou « argane » exclusivement pour les produits provenant du
Sud-ouest du Maroc et élaborés selon des méthodes bien définies ;
• l’organisation rationnelle de la filière ;
• la valorisation des zones rurales où est produite l’huile (valeur ajoutée des produits à la vente, répartition des
revenus au profit des producteurs, exportations, aménagement des coopératives, etc.) ;
• des perspectives de développement de l’activité touristique dans cette zone (dégustations, gîtes, restaurants,
etc.).
L’ensemble de ces mesures sont de nature à ouvrir des perspectives prometteuses pour l’amélioration du revenu
des populations locales et du développement local.
Le Maroc dispose d’une législation sur la protection de la propriété industrielle qui donne un cadre légal à
l’enregistrement des IG au sein de l’Office marocain de la propriété industrielle et du commerce (OMPIC) : loi
n° 17/97 amendée par la loi n° 31/05.
Le projet de loi n° 25/06 relatif aux signes distinctifs d’origine et de qualité des produits agricoles et des denrées
alimentaires a été préparé par la DPVCTRF relevant du ministère de l’Agriculture. Ce projet de loi permettrait
au Maroc de disposer d’une procédure de reconnaissance des IG ainsi que de règles de protection permettant
d’assurer le respect de la qualité des produits qui seront protégés sous IG. Ce projet de loi, une fois approuvé
par le parlement, permettrait de protéger l’huile d’argane.
Parallèlement aux textes juridiques, la Région Souss-Massa-Drâa, consciente des enjeux de cette labellisation, a
initié une importante étude pour faire des produits de l’arganier des « produits du terroir ». En partenariat avec
la région Aquitaine, elle prépare déjà l’évolution attendue en déployant de gros efforts pour mettre en place un
plan stratégique IG « huile d’argane ».

8 20 ans de recherche-action pour faire de l’arganier un levier du développement durable du milieu rural marocain
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’arganier
Levier du développement humain du milieu rural marocain

IV. L’arganier : levier du développement humain


L’action entreprise par l’Association Ibn Baytar sur le plan économique s’est prolongée aussi sur le plan humain
afin d’améliorer les conditions de vie des femmes — en tant que personnes et mères de famille — de renforcer
l’action des coopératives auxquelles elles appartiennent et, enfin, de contribuer au développement de leurs
communes et de leur région.

IV.1. Sur le plan personnel et familial


Dans le cadre de son accompagnement régulier des coopératives, l’association Ibn Al Baytar a relevé des
témoignages émouvants de femmes des coopératives. A titre d’exemple, lors d’un atelier de suivi, les points qui
revenaient le plus souvent étaient : l’autonomie financière, la capacité de pouvoir faire des économies, la
possibilité pour la première fois de fêter son anniversaire, la capacité de répondre convenablement à ses besoins,
avoir un travail stable, pouvoir faire sa prière en lisant le Coran sans faute, être devenue une « star » dans son
douar depuis que deux chaînes marocaines ont diffusé un documentaire sur la coopérative, se sentir utile à
quelque chose, avoir confiance en soi, avoir sa place dans la société, pouvoir voyager, avoir sa dignité, avoir
gagné le respect du caïd et pouvoir lui parler, avoir de nouveaux contacts, se familiariser avec les institutions
publiques, utiliser son propre argent et en connaître la valeur, avoir signé un chèque pour la première fois.
Le nouveau pouvoir d’achat des femmes des coopératives a eu une incidence importante sur le bien-être général
de leur famille. En effet, elles disposent dorénavant de revenus et peuvent désormais accéder aux soins
médicaux et prestations sociales de base, scolariser leurs enfants, notamment les filles, et, d’une manière
générale, améliorer leurs conditions de vie.

IV.2. Au niveau de la coopérative


Le relèvement du niveau intellectuel et culturel des femmes a eu des répercussions positives, non seulement sur
la famille, mais aussi sur le fonctionnement des coopératives. Malgré les contraintes encore persistantes, des
améliorations notables ont été constatées au niveau des réunions des organes de gestion, de l’application de la
démarche participative, de la planification et du suivi-évaluation des activités, de la tenue de la comptabilité,
etc. Ainsi, les premières coopératives créées ont servi d’exemple pour favoriser leur multiplication.
Actuellement, on en compte environ quatre-vingt-dix, employant près de quatre mille personnes.

IV.3. Aux niveaux de la commune et de la région


La commune
Les coopératives participent ainsi au développement de leur commune où elles sont implantées, et leur activité a
un effet d’entraînement sur la vie commerciale locale. Par exemple, les voyageurs se rendant de Essaouira à Agadir
ont pu sans aucun doute remarquer la transformation de la ville de Tamanar au cours des dernières années.

La région
Il ne fait aucun doute que l’activité des coopératives et les efforts de promotion de l’huile d’argane faits au cours
des dernières années ont contribué au développement du Sud-ouest marocain et à la promotion du tourisme
régional. On ne compte plus les reportages présentés sur les chaînes marocaines, françaises, canadiennes,
américaines, italiennes, japonaises, malaisiennes, belges, allemandes, argentines et monégasques et sur TV5,
Ushuaia, National Geographic, ni les articles publiés dans différentes revues. Toutes ces activités ont attiré dans
la région de nombreux touristes. Les activités du projet y ont aussi amené de nombreux fonctionnaires des
différentes coopérations impliquées dans le financement des projets sur l’arganier, des industriels d’Europe et
d’Amérique du Nord s’intéressant maintenant à l’huile d’argane et des chercheurs travaillant sur le sujet.

V. Vers une approche écosystémique durable


Objet d’exploitation pour la production du bois et de l’huile, l’arganeraie est également un lieu d’élevage caprin
et de céréaliculture. Malgré ses grandes potentialités, elle est menacée par la pression anthropique croissante.
La sauvegarde de l’arganeraie dépend donc d’une gestion sociale conciliant restauration des écosystèmes
dégradés et réhabilitation d’un système agraire équilibré. Le rétablissement du rôle joué par les populations
usagères pour la préservation de ses ressources naturelles est essentiel.

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Levier du développement humain du milieu rural marocain

Le développement d’une technologie améliorée pour l’extraction de l’huile d’argane, la production d’une huile
de meilleure qualité et les efforts déployés par le projet pour ouvrir de nouveaux marchés ont suscité un grand
intérêt pour l’arganier un peu partout dans le monde. Ceci a eu pour conséquence d’ouvrir les yeux des
populations locales sur la grande valeur de l’arganier et de renforcer l’attachement affectif qu’elles lui portent.
Ce regain d’intérêt contribue à la valorisation de l’arbre et de son milieu aux yeux des communautés
bénéficiaires. Certaines coopératives investissent désormais dans le reboisement et le dépressage de
l’arganeraie, et quelques communes ont recruté des gardiens de la forêt. Des arganiers sont maintenant plantés,
et la multiplication des plants dans les pépinières des services publics augmente de façon exponentielle. Les
surfaces reboisées ont été multipliées par 35 entre 1995 et 2005.
La création des coopératives participe à cette dynamique, favorable à l’implication de la population dans la
sauvegarde de l’arganeraie.
Les actions des coopératives doivent maintenant être renforcées et complétées par la mise en œuvre de projets
concrets pour la restauration, la protection et la gestion durable du milieu naturel local. Dans ce sens,
l’association Ibn Al Baytar a initié un Projet de développement sylvo-pastoral à Tiout qui se propose de jeter les
bases d’un ambitieux programme de gestion et de préservation de l’espace rural concerné. Ce projet, basé sur
une étude comprenant un diagnostic paysager, une analyse socio-économique et des ateliers de concertation avec
la population villageoise, propose un plan d’action visant :
• la réhabilitation des écosystèmes et des parcours forestiers (régénération d’arganiers, enrichissements
pastoraux, gestion raisonnée des parcours, lutte contre l’érosion) ;
• le respect de la réglementation de l’accès aux parcours forestiers ;
• le renforcement et la création d’activités basées sur la valorisation des ressources naturelles forestières
(élevage caprin, production d’huile d’argane, apiculture, cultures de plantes médicinales, valorisation des
figues de barbarie et sous-produits du cactus) ;
• la production fourragère complémentaire aux parcours forestiers (Opuntia ficus indica, Atriplexe Nummularia,
Ceratonia siliqua).
Ce dernier point est actuellement expérimenté pour tenter de diminuer la pression des caprins sur la forêt de
Tiout. En cas de réussite, il serait intéressant de l’appliquer dans toutes les zones dégradées de l’arganeraie.
L’association Ibn Al Baytar a opté pour un ensemble de formations sur la préservation de l’arganier au sein des
douars où elle intervient. Ce module de formation a été enrichi par des actions de reboisement en mai et juin
2005. Les femmes ont appris à régénérer les arganiers par semis de graines et les ont plantés aux mois de
novembre et décembre 2005.
En plus de ces actions, l’association Ibn Al Baytar a aussi organisé plusieurs rencontres et réunions avec la
DREF-SO pour la préparation et la signature de conventions avec le GIE-Targanine. Ce partenariat a permis de
réaliser aussi bien des activités de régénération que des activités de dépressage.
Ces succès ne doivent cependant pas masquer les dangers qui menacent toujours l’arganeraie, particulièrement
en raison du surpâturage (Tiout et Tinzert dans la province de Taroudant) et de la pression immobilière.

VI. La formation
On ne peut terminer ce bref aperçu sans faire mention, même brièvement, de l’action de la Faculté et de
l’Association en matière de formation. L’objectif attendu est double. Il s’agit, d’une part, d’impacter
positivement le fonctionnement de la filière « arganier » et, d’autre part, d’assurer la relève de la génération
qui a initié et mis en œuvre le processus.
Au niveau de la Faculté, en 30 ans d’enseignement, des milliers de lauréats ont été formés. 26 étudiants de
3e cycle ont par leur mémoire apporté une précieuse contribution.
Au niveau de l’Association, la formation a concerné 60 techniciens et agents de développement, que l’on
retrouve actuellement au niveau des différents maillons de la filière, depuis l’encadrement des coopératives
jusqu’à l’export en passant par le mouvement associatif et l’emploi dans les services techniques de
l’Administration. 45 étudiants appartenant à des universités étrangères ont également participé au programme
de formation en effectuant des stages dans les coopératives.
La formation a concerné également les femmes productrices et a couvert pratiquement toutes les disciplines
(techniques et autres) qui leur sont nécessaires dans leur vie quotidienne telles que l’alphabétisation de base,
l’hygiène, l’alphabétisation fonctionnelle, etc.

10 20 ans de recherche-action pour faire de l’arganier un levier du développement durable du milieu rural marocain
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Conclusion
Ces vingt dernières années ont vu le succès certain de la politique volontariste menée par le gouvernement
marocain et la société civile en faveur du développement de l’arganier. La mobilisation des associations, dont
Ibn Baytar est pionnière, la volonté du MEN et du Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la
Désertification et le soutien sans faille des autorités locales et des élus ont permis de lancer le processus de
développement de l’arganier pour en faire un levier du développement du milieu rural marocain.
Le premier résultat de cette mobilisation réside dans l’intéressement des organismes financiers et du secteur
privé national et leur volonté de s’y investir.
Actuellement, on peut enregistrer avec satisfaction que :
• des résultats scientifiques sont disponibles pour multiplier et régénérer l’arganier, pour produire des huiles de
qualité et pour confirmer les usages en médecine traditionnelle par les sciences exactes ;
• un marché mondial à très forte demande pour les produits de l’arganier a été créé, et les revenus des femmes
productrices s’est amélioré ;
• un système d’encadrement des femmes productrices a été instauré à travers de nombreuses coopératives et un
vaste tissu associatif ; le niveau socioculturel des femmes productrices s’est nettement amélioré, leur permettant
d’accéder à un nouveau statut et de mieux contribuer au fonctionnement de leurs coopératives, à l’amélioration
des conditions de vie de leurs familles et de leurs communautés villageoises, locales et régionales ;
• un système de formation a été instauré à tous les niveaux pour doter la filière des compétences requises ;
• de nombreux emplois ont été créés ;
• le rythme des plantations de l’arganier s’est fortement accéléré.
Cependant, malgré les résultats enregistrés, on ne peut oublier que nous sommes encore au stade du lancement
d’un nouveau processus et que les défis à relever sont encore assez grands :
• le renforcement des capacités des différents intervenants est nécessaire, ainsi que celui des mécanismes de
coopération et de fonctionnement en synergie. Une plus grande mobilisation de ces opérateurs est nécessaire
pour intensifier l’encadrement des coopératives en vue d’améliorer leur performance de management et le
niveau socioculturel des adhérentes ;
• davantage d’efforts doivent être déployés en vue d’obtenir le plus tôt possible la loi sur les IG, d’instaurer le
système de labellisation des produits du terroir et d’améliorer le revenu des femmes productrices dans le cadre
du concept de commerce équitable ;
• les recherches doivent être intensifiées en vue de valoriser au mieux toutes les parties de la plante et ses
dérivés : feuilles, pulpes et tourteaux ;
• le rythme de reboisement dans le site naturel actuel de l’arganier doit être relevé, et des prospections doivent
être entreprises pour identifier de nouveaux sites d’extension et contribuer ainsi à résorber la crise de la
céréaliculture en bour ;
• le passage du système d’intervention sur l’arganier à une approche écosystémique plus globale intégrant
l’élevage, l’agroforesterie, la mise en valeur du sous-bois herbacé par les plantes aromatiques et médicinales,
les cultures biologiques, l’écotourisme, etc. doit être accéléré.
Pour terminer, je voudrais espérer que l’on puisse tous travailler ensemble, la main dans la main, pour le
développement durable de notre pays et pour le bien-être de l’ensemble des citoyens. Ce n’est qu’ainsi que nous
pourrons accompagner les efforts déployés par notre jeune Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste.

Publications and Zoubida Charrouf. Structure Elucidation of Three


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12 20 ans de recherche-action pour faire de l’arganier un levier du développement durable du milieu rural marocain
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Remerciements

Tous ces travaux n’auraient pas été menés à terme sans le soutien et l’aide des personnes et institutions
ci-après :
Pr Mohammed Soufiaoui, Directeur du Laboratoire de chimie des plantes et de synthèse organique et bio-organique
(LCPSOB) ; Pr Souad Fkih Tetouani, Responsable de la section Chimie des plantes au LCPSOB ; Pr M’Hamed
Charrouf, Professeur à la Faculté des sciences Ben M’sik.
Les enseignants du LCPSOB : Professeurs A. Alami, A Berrada, K. Bougrin, R. Chekti, B. Daou, A. El Louzi,
R. El Yacoubi, F. Hlimi, A. Il Idrissi, H. Jazouli, M. Jazouli, S. Lafquih-Titouani, N. Naji.
Les étudiants du LCPSOB qui ont participé à ces travaux : Ali Oulad Ali, Addi Nait Mbarek, Adil El Kabouss,
Asmae Alaoui , Hakima Bel-Kassaoui, Halima El Hamchi, Hicham El Harhar, Nadia Fakher, Miloudi Hilali Abdelkrim
Al Bouazzaoui Fatima Aounti, Redouane El Goummadi , Mohamed Ghanmi, Aïcha Raji, Omar Safir, Bachir Qaboul,
Younos El Karfadi, Badr Kartah, Kamal Essabri, Moncif Ahmed.
Les partenaires nationaux de l’Association Ibn Al Baytar : l’Initiative Nationale pour le Développement Humain
(INDH) ; la Fondation Mohammed V ; le Haut commissariat des Eaux et Forêts et à la Lutte contre la
Désertification ; la Wilaya d’Agadir, les autorités provinciales d’Essaouira, Taroudant, Tiznit, Chtouka-Aït Baha et
Agadir ; l’Université Mohammed V-Agdal ; la Faculté des sciences de Rabat ; le Conseil régional de Souss-Massa-
Darâa ; la Fondation du Sud ; l’Agence de développement social ; l’Office du développement de la coopération
(ODCO) ; les directions provinciales de l’Agriculture ; l’Etablissement autonome de contrôle et de coordination à
l’exportation ; le Laboratoire officiel d’analyse et de recherches chimiques ; Lesieur ; Groupe Bel Hassan (GBH) ;
la Ligue nationale de lutte contre les maladies cardiovasculaires ; le Collège marocain interdisciplinaire du cœur
et des vaisseaux ; le Centre national de développement et d’alphabétisation (CNDA) ; AMAPPE ; Club de
l’environnement (Ribat El Fath) : Réseau marocain d’économie sociale et solidaire (membre-fondateur).
Les partenaires internationaux de l’Association Ibn Al Baytar : la Principauté de Monaco ; le Gouvernement
flamand ; l’Ambassade du Canada ; l’Ambassade du Japon ; l’Ambassade et le Consulat d’Angleterre ;
l’Ambassade d’Allemagne ; le Centre de recherches pour le développement international (CRDI, Canada) ; la
Maison de l’argane ; la Commission européenne ; Agropolis ; les ONG internationales (Oxfam-Québec, le Comité
d’entraide internationale, Slow Food, la Fondation SQLI), ORIGIN ; la région Aquitaine ; l’Université de
technologie de Lille, l’Université de Metz, l’Université de Montréal, l’Université de Reims, l’Institut des
nutraceutiques et des aliments fonctionnels (Québec) ; les Laboratoires sérobiologiques Cognis (France)
Mon époux, Mohamed Chafchaouni, la famille Chafchaouni et Charrouf.
Tous les sponsors et les personnes qui nous ont aidés de près ou de loin dans nos réalisations.

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Problématique de la conservation
et du développement de l’arganeraie
Benhammou Bouzemouri
Directeur du Développement forestier au Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la lutte contre la Désertification

I. Données monographiques
L’arganier est une essence spécifiquement marocaine, à affinités tropicales, unique espèce de son genre.
L’arganier se contente d’une tranche pluviométrique qui peut baisser jusqu’à 120 mm/an et supporte des
températures élevées pouvant atteindre 50 °C. L’isotherme 3°8 limite son extension en altitude. Cette espèce
couvre actuellement 870 000 ha représentant environ 17 % de la superficie forestière nationale. L’espace à
arganier s’étale essentiellement sur le territoire des provinces d’Essaouira : 130 000 ha, Agadir : 37 000 ha,
Chtouka-Aït Baha : 90 000 ha, Tiznit : 140 000 ha, Taroudant : 360 000 ha et Inzeguane-Aït Melloul : 13 000 ha.
La population de la région est passée de près d’un million d’habitants en 1960 à plus de 2,5 millions d’habitants
en 2004 dont 55 % en milieu rural, soit un taux d’accroissement de 2,2 %. La densité moyenne est de 65 hab/km2
en 2004, soit 44 % de plus que la moyenne nationale (45 hab/km2).

II. Importance et rôles de l’arganier


• Rôle économique : un potentiel important, sous-exploité et mal valorisé. L’écosystème « arganier » est
intimement lié à la vie quotidienne des populations de la région à travers les produits qu’il procure.
La production fruitière (noix d’argane) varie en fonction de l’âge et de la densité (20 à 100 kg/arbre) avec une
moyenne de 40 kg/arbre/an. Sur la base de la densité moyenne des peuplements d’arganier (environ 50 arbres
par hectare) et du rendement en huile d’argane (3 litres pour 100 kg de noix d’argane sèches), la production
potentielle est estimée à 32 000 tonnes d’huile d’argane par an.
La production pastorale moyenne de l’arganeraie est estimée à 200 UF/ha/an, soit près de 174 millions d’unités
fourragères, équivalente à 1 740 000 quintaux d’orge. Cette production contribue à hauteur de 40 % des besoins
du cheptel estimé à 1,5 million de têtes dont 65 % de caprins.
• Rôle écologique : un rempart contre la progression du désert. La latitude géographique de l’arganeraie
correspond théoriquement à un climat désertique. L’arganier s’y maintient non seulement grâce à sa rusticité et
à sa résistance à l’aridité, mais aussi grâce à sa grande variabilité génétique. L’arganeraie constitue un rempart
biologique de lutte contre la désertification. L’écosystème arganeraie assure la protection du sol contre
l’érosion éolienne et contre le ruissellement favorisant ainsi l’alimentation en eau des nappes phréatiques,
notamment au niveau de la plaine du Souss-Massa.
• Rôle social : une filière à segments désarticulés et à valeur ajoutée mal répartie. Le revenu familial dont
l’arganeraie participe à hauteur de 25 à 45 % selon les zones varie de 9 000 à 15 000 Dh/an/ménage.
L’organisation des populations à travers la création des coopératives féminines est initiée autour de la
valorisation des produits de l’arganier et plus particulièrement l’huile d’argane.
Actuellement, 25 coopératives féminines regroupant près de 1 000 adhérentes, soit 200 ménages, produisent près
de 100 000 litres d’huile par an. Cependant, ces coopératives connaissent une forte concurrence sur l’acquisition
de la matière première par des opérateurs privés opérant notamment dans les produits cosmétiques à haute valeur
ajoutée. L’amont de la filière est réduit à une économie de cueillette et de subsistance, et la valeur ajoutée est
concentrée sur les segments terminaux à profit maximum et à risque minimum.
Par ailleurs, le secteur de l’arganier permet :
• la procuration de 7 millions de journées de travail familial par an ;
• la production de 80 000 tonnes de coques utilisées comme combustible ;
• la production de 5 400 tonnes de tourteau utilisé dans l’engraissement des bovins.

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’arganier
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III. Statut juridique de l’arganier


Des droits d’usage incompatibles avec la pérennité de l’arganeraie. La législation spéciale de l’arganeraie (dahir
du 4 mars 1925 sur la protection et la délimitation des forêts d’arganier) reconnaît aux populations des droits de
jouissance élargis notamment :
• la cueillette des fruits ;
• le parcours des troupeaux ;
• l’utilisation du sol pour la culture ;
• le ramassage de bois mort ;
• la coupe de bois de chauffage, de charbonnage et de service.
Les dispositions de cette législation sont confrontées aux impératifs de gestion durable de l’arganeraie, et les
possibilités de celle-ci ne s’accommodent plus de la demande croissante engendrant une forte pression sur la
ressource.

IV. Contraintes au développement de l’arganeraie


• Contraintes climatiques : un écosystème résistant mais vulnérable aux conditions extrêmes. L’arganier est une
essence qui résiste, dans une large mesure, aux sécheresses résultant de variations climatiques : irrégularité des
pluies ; variations saisonnières des températures. Au-delà d’un certain seuil d’accroissement de l’aridité et
d’élévation de la température dû à un changement climatique important, l’arganeraie pourrait subir de graves
perturbations.
• Pratique des droits d’usage : la protection de l’arganier mais pas de l’arganeraie. Le bénéfice des dispositions
du dahir de 1925 sur l’arganier constitue une réelle entrave à la préservation à long terme de l’arganeraie. Cette
loi ne protège que l’arganier, en tant qu’arbre uniquement. Le fait d’autoriser le labour et la mise en culture
sous les arbres contribue à une perturbation profonde des structures fonctionnelles des écosystèmes.
Le ramassage systématique des noix d’argane, permis par la même loi, ne laisse aucune possibilité à la
régénération naturelle et condamne par conséquent la pérennité de l’écosystème arganeraie.
Les mises en culture intensives dans l’arganeraie portent actuellement sur une superficie totale de 7 100 ha, dont
6 800 ha en plein champ et 300 ha sous serre. Ce mode de culture toléré depuis 1983 affecte sérieusement
l’équilibre de l’écosystème à arganier.
• Parcours en forêt : une surcharge pastorale aggravant les déséquilibres. La charge pastorale varie suivant les
zones forestières de 1,5 à 4 UPB/ha, soit près de 3 fois la charge d’équilibre.
La pression pastorale sur l’arganeraie est aussi aggravée par les troupeaux camelins transhumants
appartenant à des spéculateurs qui pratiquent une économie de rente basée sur la gratuité de la ressource,
mettant ainsi en danger le devenir écologique de la région.
L’élevage extensif pratiqué appauvrit la biodiversité de l’arganeraie, déséquilibre physiologiquement les arbres,
et engendre une réduction de la production fruitière se traduisant par une moins-value sur la production de
l’huile d’argane.
• Prélèvements de bois de feu : une consommation qui se fait au détriment de la régénération. Le déséquilibre
entre les potentialités (350 000 m3/an) de l’arganeraie et les prélèvements qui s’élèvent à trois fois ses
possibilités (1 150 000 m3/an) conduit inévitablement à la consommation du capital ligneux.
• L’état de la filière : une désarticulation des segments qui contrecarre le développement durable. La filière de
l’arganier est caractérisée par la désarticulation des différents segments dans la mesure où seul le segment « huile
d’argane » est développé. L’engouement autour de ce segment provoque davantage de dysfonctionnements de
l’ensemble de la filière avec comme conséquence la dégradation de l’arganeraie. La viabilité des activités
économiques liées à la production et à la commercialisation de l’huile d’argane se trouve ainsi compromise.
Urbanisation : une extension aux dépens de la forêt d’arganier. L’urbanisation et la réalisation des équipements
sociaux ont requis la soustraction, au cours des dix dernières années, du domaine de l’arganier d’une superficie
de l’ordre de 4 300 ha.
Ces usages qui concourent inévitablement à la dégradation de l’arganeraie imposent la réadaptation de la
législation de l’arganeraie.

Problématique de la conservation et du développement de l’arganeraie 17


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V. Conséquences
Les effets cumulés de tous ces facteurs conduisent, à terme, à une situation lourde de conséquences en matière de :
• Stress hydrique : l’intensification de l’agriculture dans la région a provoqué une exploitation incontrôlée des
eaux souterraines, le déficit en eau de la région est de 250 millions de m3/an avec un rabattement de la nappe
phréatique de l’ordre de 3 à 5 m/an.
• Erosion hydrique et éolienne : la dégradation des terres dans la région est de l’ordre de 500 tonnes/km2/an.
Cette dégradation est inquiétante dans la mesure où la reconstitution des sols est lente dans des milieux
caractérisés par l’aridité. La zone à haut risque d’érosion représente près de 40 % de la superficie totale de la
région du Souss-Massa, soit 1,12 million d’hectares.
• Recul de l’arganeraie : l’étude d’évaluation de la régression des peuplements d’arganier sur une période de
20 ans par des analyses diachroniques des photographies aériennes fait ressortir un recul de l’équivalent de
600 ha/an pour le seul massif forestier d’Admine qui s’étend sur 22 000 ha dans la plaine du Souss.

VI. Atouts
L’arganier est une espèce relique d’une rare vitalité qui s’adapte au climat aride et aux sols pauvres et fragiles
et constitue le dernier rideau face à l’avancée du désert.
Les travaux de recherche forestière ont permis la maîtrise de l’itinéraire technique de régénération de l’arganier
par plantation.
L’arganeraie offre des opportunités de valorisation des produits au profit des populations de la région,
notamment les fruits qui donnent une huile comestible et cosmétique à haute valeur ajoutée.
La région est caractérisée par une dynamique associative prédisposée pour une intégration de la filière arganier
prenant en considération les impératifs de gestion durable de l’arganeraie et l’intérêt des populations usagères.

VII. Scénarios de valorisation de l’arganeraie


L’estimation de la valeur ajoutée au niveau local de l’exploitation de l’arganeraie à travers une intégration entre
l’exploitation du fruit, les prélèvements de bois et l’élevage extensif serait de l’ordre de 3 600,00 Dh/ha/an.
La comparaison de la situation actuelle par rapport à une exploitation axée principalement sur la production de
fruits à travers une mise en défens de la forêt ne montre pas de moins-value liée à l’élevage. La projection de
la situation actuelle sur une période de dix ans et sans mise en défens montre une baisse de près de 30 % de la
valeur ajoutée.
A travers cette analyse purement économique, il y a lieu de préciser que l’utilisation rationnelle de cet
écosystème passe par un meilleur équilibre entre l’expression du potentiel de l’arganeraie en production de
fruits et le droit d’usage des populations.
Selon l’état des connaissances actuelles, la domestication de l’arganier en tant qu’arbre fruitier strict n’offre
pas d’atouts comparatifs par rapport aux spéculations concurrentes, et qui plus est, retranche à l’arganier une
fonction essentielle, celle d’un écosystème aride où, à latitudes similaires, il reste unique par sa capacité de
résistance et d’adaptation.

VIII. Stratégie d’intervention


Il ressort de l’analyse diagnostic de l’état actuel que l’écosystème arganeraie est en dégradation progressive.
Face à cette situation, le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification a élaboré
une stratégie basée sur deux principales dimensions : (i) la lutte contre la désertification par le développement
durable de l’arganeraie ; (ii) le développement humain par l’intégration de la filière arganier à travers des
actions et projets territorialisés en partenariat avec les usagers.
Cette stratégie s’appuie sur deux approches : (i) participative, par l’intégration de l’ensemble des usagers dans
le processus de développement intégré de l’arganeraie ; (ii) partenariale par la responsabilisation des différents
intervenants et la mise en commun des moyens pour une meilleure cohérence des actions.
Pour la mise en œuvre de cette stratégie, le Haut aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification a engagé
un processus de planification opérationnelle qui a retenu pour l’arganeraie 13 projets territorialisés.

18 Problématique de la conservation et du développement de l’arganeraie


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Ces projets s’articulent autour des principales composantes suivantes pour une période de dix ans :
• la reconstitution de l’arganeraie sur 40 000 ha ;
• l’élaboration de plans de gestion concertés des massifs forestiers sur 200 000 ha ;
• l’aménagement de l’ensemble des aires protégées en relation avec le zonage de la Réserve de Biosphère
Arganeraie ;
• l’organisation des usagers en groupements sylvo-pastoraux ;
• l’organisation de la filière dans l’objectif de restituer une part de la valeur ajoutée générée à l’aval pour
participer à l’effort de reconstitution de l’écosystème arganier ;
• la valorisation des produits de terroir par la labellisation pour protéger les intérêts des usagers en améliorant
leur revenu.
Pour soutenir ces actions de développement, les mesures d’accompagnement mises en place consistent en :
• la compensation des mises en défens par l’octroi aux usagers d’une indemnité de 350 Dh/ha/an ;
• l’appui aux actions de développement local dans les zones périforestières.

Conclusion
La multiplicité des acteurs et intervenants dans l’arganeraie, qui prévaut jusqu’à présent, est caractérisée
par la dispersion des actions avec des visions sectorielles. La stratégie mise en place par le Haut
Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification est à même d’assurer la conservation
de l’arganeraie, la gestion durable des ressources naturelles et le développement humain de la région.
Aussi, les initiatives de tous les intervenants gagneraient à être mises en commun à travers cette stratégie pour
une meilleure synergie des moyens mis en œuvre afin d’inverser la tendance de dégradation de l’arganeraie.

Problématique de la conservation et du développement de l’arganeraie 19


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Dynamique socio-économique dans la réserve


de biosphère arganeraie (RBA)
Pr Brahim Hafidi
IAV Hassan II, Complexe Horticole d’Agadir
Association Agrotechnologies Souss-Massa-Drâa

1. Introduction
L’arganeraie s’étend sur une superficie d’environ 800 000 ha d’Essaouira jusqu’au sud de Tiznit. Au cours du
XXe siècle, la forêt de l’arganier a connu une importante dégradation puisque sa densité a évolué de
300 arbres/ha au début du siècle à 100 arbres/ha durant les années 90 soit une perte de 2/3 du patrimoine
forestier. Cette dégradation est essentiellement due aux facteurs anthropiques, au surpâturage, à la coupe du
bois pour des besoins de chauffage, à l’agriculture intensive et à l’urbanisation.
L’arganeraie a été reconnue comme réserve de biosphère depuis 1998. Cette reconnaissance comme patrimoine
international par l’UNESCO a permis l’établissement d’un zonage qui distingue les zones A de conservation, les
zones B d’entretien et les zones C ouvertes aux activités de développement.
La présente intervention traite quelques éléments de la dynamique socio-économique constatée au niveau de
l’arganeraie essentiellement depuis sa renaissance en tant que réserve de biosphère. Outre les acteurs des
départements ministériels qui mènent des actions sectorielles, l’intervention apporte un éclairage sur le mouvement
associatif, les principaux projets de coopération qui ont induit la création et l’encadrement des coopératives, la
recherche scientifique et la nouvelle stratégie du conseil régional du Souss-Massa-Drâa relative à l’arganeraie.

2. Développement économique
Plus de 80 % de la superficie de l’arganeraie est située dans la région Souss-Massa-Drâa.
Cette région constitue le deuxième pôle économique du pays. Les principales activités économiques s’articulent
autour du tourisme, de l’agriculture et de la pêche.
Le tourisme est l’activité économique la plus importante, générant un PIB de 7 milliards de dirhams en 2001. La
région s’inscrit dans la stratégie nationale de développement du secteur tourisme et prévoit un PIB de 21 milliards
à l’horizon 2015.
La pêche, dont le PIB fut de 3 milliards de dirhams en 2001 ne connaitra qu’une faible croissance. Les estimations
prévoient un PIB de 4 milliards en 2015 à cause de la surexploitation des ressources halieutiques.
L’agriculture, essentiellement intensive destinée à l’export, a connu un développement très important durant les
3 dernières décennies. La région d’Agadir, première région horticole du pays, produit plus de 90 % de la
production nationale de tomate destinée à l’export et plus de 60 % des agrumes avec seulement 30 % de la
superficie nationale. L’agriculture moderne a contribué de façon significative à la diminution de la forêt
d’arganier et s’est faite de façon non durable puisque les dernières extensions ont abouti à la surexploitation de
la nappe phréatique qui accuse aujourd’hui un déficit annuel d’environ 260 millions de m3. Ce secteur ne
connaîtra pas une évolution substantielle d’ici 2015. Le maintien de son rôle économique en termes de PIB et de
création d’emploi à l’horizon 2015 est tributaire de la gestion de la crise hydrique.

3. Dynamique associative dans l’arganeraie


Depuis 1994, le développement du mouvement associatif a connu un essor considérable dans l’aire de
l’arganeraie. Les populations rurales se sont organisées en associations villageoises qui sont devenues de
véritables acteurs du développement local. Les associations villageoises ont développé des partenariats avec les

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collectivités locales, les administrations et les projets de coopération pour subvenir au déficit du monde rural en
matière d’infrastructures de base (eau potable, désenclavement, électrification rurale). Certaines associations
ont pu évoluer pour assurer l’autopromotion des communautés villageoises.
En 1998, plusieurs associations intermédiaires qui œuvrent au niveau provincial ont émergé pour accompagner la
dynamique associative locale. Ces associations provinciales se sont fixé les objectifs suivants :
(1) l’accompagnement des associations locales en vue de leur autopromotion ; (2) la sensibilisation à la gestion
des ressources naturelles et (3) la conservation et la valorisation du patrimoine culturel.
En 2002, après 4 années de reconnaissance de la RBA, aucune structure institutionnelle de gestion de la RBA n’a
été identifiée. Ceci a poussé les acteurs de la société civile à s’organiser en réseau pour devenir un acteur de
développement reconnu au niveau de la RBA. Le réseau des associations de la réserve de biosphère arganeraie
(RARBA) a été créé au mois de mai 2002 à l’initiative de 150 associations émanant de préfectures et provinces de
la RBA. Le RARBA est organisé en une structure régionale et 5 coordinations provinciales (Essaouira, Agadir
Idaoutanane et et Inezgne Aït Melloul, Chtouka Aït Baha, Taroudant et Tiznit).
Un autre réseau d’associations de l’environnement qui opèrent dans la région a été créé en 2005 pour promouvoir
l’éducation environnementale et l’écotourisme dans les aires protégées de l’arganeraie.
En 2004, deux fondations à caractère social et environnemental ont vu le jour. Il s’agit de :
• La Fondation du Sud qui contribue à combler un déficit en matière de prise en charge de certaines catégories
sociales marginalisées (enfance en situation difficile, filles sans domicile fixe…) et à la préservation de
l’environnement par des actions de reboisement et d’encadrement de la population des zones de montagne.
La fondation du Sud a également entamé un programme ambitieux de valorisation du patrimoine culturel.
• La Fondation Abbès Kabbage qui s’intéresse à la prise en charge des enfants en bas âge en milieu rural en
matière d’éducation préscolaire et d’encadrement de jeunes dans la province de Taroudant.
Ce processus d’évolution de la dynamique associative dans l’arganeraie est enrichi par les échanges entre acteurs
et par le développement de partenariats et de coopérations avec d’autres acteurs associatifs nationaux et
internationaux, entre autres l’AMSED, l’Association Ibn Al Baytar, le CNDA, les Amis de la Nature…

4. Projets de coopération
Plusieurs projets de coopération ont contribué au développement de l’arganeraie. Le Projet de conservation et
de développement de l’arganeraie (PCDA) mené en collaboration entre la Direction régionale des Eaux et forêts
et la Coopération technique allemande a été à l’initiative de la préparation du dossier de reconnaissance de
l’arganeraie comme réserve de biosphère.
Les initiatives de Pr Zoubida Charrouf, en collaboration avec la coopération canadienne et la principauté de Monaco,
entre autres, ont permis de promouvoir les activités des femmes rurales en matière d’organisation et de
valorisation de l’huile d’argane.
Le projet arganier, qui s’inscrit dans le programme « appui à l’amélioration de la situation de l’emploi de la
femme rurale et gestion durable de l’arganeraie dans le Sud-Ouest du Maroc » mis en œuvre par l’Agence de
développement social (ADS) avec le soutien financier de l’Union européenne, a également renforcé les capacités
des femmes rurales à valoriser les produits de l’arganeraie.
Ces principaux projets de coopération, qui œuvrent sur des sites pilotes, ont permis d’accompagner les femmes
rurales et de les organiser en une cinquantaine de coopératives de production de l’huile d’argane, ce qui a permis
la valorisation de l’huile et d’autres sous-produits de l’arganier et, par conséquent, un regain d’intérêt pour le
reboisement et la conservation de l’arganier.

5. La recherche scientifique
En guise de mise en œuvre de la RBA, les chercheurs émanant de différentes institutions scientifiques de la RBA
se sont concertés pour la détermination d’un programme de recherche relatif à l’arganeraie. Certaines actions
de recherche ont été menées pour résoudre des problèmes au niveau de la régénération et de la transplantation
des arganiers. Une plateforme de concertation a été créée. Il s’agit d’une commission de suivi et d’évaluation
de la recherche (CSE) multi-institutionnelle et multidisciplinaire.
Les recherches menées au niveau du CSE ont été renforcées par les recherches menées au niveau d’autres
institutions nationales telles que l’université de Rabat, notamment ses facultés des Sciences et de Pharmacie. La
Fondation Mohammed VI pour la recherche et la sauvegarde de l’arganier, créée en mai 2004, offre un cadre qui
permet de fédérer les efforts et de renforcer les recherches visant la sauvegarde de la valorisation de l’arganeraie
et de ses produits.

Dynamique socio-économique dans la réserve de biosphère arganeraie (RBA) 21


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6. Les orientations du conseil régional Souss-Massa-Drâa


La stratégie de développement régional menée par le conseil régional Sous-Massa-Drâa prévoit la mise en place
de l’Agrotech, association multi-institutionnelle dont la mission est de servir de plateforme de concertation pour
une meilleure synergie des différentes parties prenantes en vue du développement durable dans la région.
L’Agrotech accompagnera la mise en œuvre de la politique du conseil régional dans les domaines de l’agriculture
et de l’agroalimentaire. L’association Agrotech s’est fixé 5 axes de travail qui concernent la problématique de
l’eau, les produits de terroir, les filières maraichère et agrumicole et la création d’entreprises et d’un hub de
technologies.
Une étude relative à la mise en place d’une agriculture durable ayant pour objectif de structurer la filière de
production et de commercialisation des produits de terroir Souss-Massa Drâa a été confiée au bureau d’étude
« Résilience ». Cette étude vient d’être présentée et validée par les membres du conseil régional durant sa
dernière session.
Dans le cadre de la coopération décentralisée entre la région SMD et la région de l’Aquitaine, un axe de travail
relatif à la mise en place de l’Indication géographique (IG) de l’huile d’argane a été retenu. Le processus
d’élaboration de l’IG est déjà entamé.

7. Perspectives de la RBA
La reconnaissance de l’arganeraie comme réserve de biosphère par l’UNESCO est normalement valable pour une
durée de 10 ans. En 2008, cette reconnaissance doit être renouvelée. Une mission d’évaluation de la RBA s’est
déroulée au mois de mars 2007 à la demande du projet Arganier et de la DREF. Au terme de la mission
d’évaluation, il s’est avéré que la RBA n’a toujours pas une structure institutionnelle de gestion. Les membres
de la mission ont proposé une unité de coordination provisoire constituée par la Région Souss-Massa-Drâa et la
DREF. Ils ont également proposé un plan d’actions urgentes à mener durant les deux années 2007 et 2008 pour la
reconduction de la reconnaissance de l’arganeraie comme réserve de biosphère.
La stratégie de développement durable tracée par le conseil régional Souss-Massa-Drâa, le dynamisme des
acteurs économiques et sociaux, l’esprit d’entreprenariat et de solidarité qui caractérisent la population de
l’arganeraie augurent du renversement de la tendance de désertification et de la réhabilitation progressive de
l’arganeraie véritable barrière contre l’avancée du désert.

22 Dynamique socio-économique dans la réserve de biosphère arganeraie (RBA)


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L’arganier, produit de terroir


et développement local *
Mohamed Ouraiss1, Asmae Benslimane2
1
Membre du bureau du Conseil régional SMD
2
Directeur général de Résilience, Cabinet de conseil en développement durable

Le monde sera dans un avenir proche confronté à des enjeux incontournables et majeurs. Que nous l’acceptions
ou pas, il devra faire face à une augmentation structurelle du prix de l’énergie et — c’est aujourd’hui
scientifiquement démontré — à un changement climatique certain. Ces données à caractère mondial se
retrouvent concentrées dans un pays comme le nôtre et sont même démultipliées dans le contexte marocain.
En effet, le Maroc importe 97 % de ses hydrocarbures. Nous avons tous pu constater l’impact de la moindre
évolution à la hausse du prix du baril sur son économie et notamment lors des années 2005 et 2006. De même,
l’agriculture représente une part importante du PIB dont la stabilité reste tributaire du résultat des campagnes
agricoles. Or, le changement climatique se traduira immanquablement par une baisse des précipitations,
certaines sources parlent même d’une réduction de 20 % dans un avenir proche.
Si la fourchette des possibilités peut être sujette à caution et donner lieu à de multiples débats d’experts,
certaines réalités ne peuvent plus être niées : l’augmentation du prix des énergies fossiles et le changement
climatique auront bien lieu. La question fondamentale qui se pose alors est la suivante : serons-nous prêts ?
Certains, conscients de ces enjeux, ont décidé de prendre le problème à bras le corps. C’est le cas de la Région
du Souss-Massa-Drâa. Celle-ci s’est fixé comme mission d’inscrire son agriculture dans un futur intégrant ces
nouvelles donnes et s’appuyant sur la valorisation de ses spécificités. Une démarche a donc été menée en ce sens
avec les objectifs suivants :
• accroître le revenu des agriculteurs de manière pérenne ;
• permettre une sédentarisation des jeunes générations par une meilleure attractivité des revenus et du niveau
de vie ;
• capter l’essentiel de la valeur ajoutée dans la région ;
• renouveler et améliorer le rapport entre les différentes régions productrices et leurs différents marchés ;
• protéger et valoriser de manière nationale et internationale les produits spécifiques du Souss-Massa-Drâa.
Dans la démarche préliminaire d’identification des cultures du terroir, c’est sans surprise que l’arganier s’est
imposé comme l’une des cultures majeures de cette région. La culture de l’arganier s’inscrit dans une filière
débutant du producteur jusqu’au consommateur final, que ce soit sur le marché national ou international. Cette
filière a fait l’objet d’une analyse critique à travers un filtre agriculture durable puis à travers la chaîne de
valeur. Ce filtre était constitué de 11 critères qui se veulaient être de grandes clés d’entrée nécessaires et
suffisantes pour juger du niveau de durabilité de chaque produit agricole de la région. Ces critères se répartissent
selon 3 domaines spécifiques : le domaine économique, social et environnemental. C’est plus particulièrement
dans ces 2 derniers domaines que l’arganier déploie toute sa séduction et permet de prendre la mesure de son
importance. Il est en effet peu consommateur en eau et en énergie. Il permet un couvert végétal tout le long de
l’année et le maintien d’un écosystème fondamental dans la lutte contre la désertification et pour la
conservation des sols. Il ne nécessite aucun intrant d’origine synthétique, et il est le pilier de toute une économie
rurale. De plus, il participe fortement à la valorisation du travail féminin.

* Etude relative à la mise en place d’une agriculture durable ayant pour objectif de structurer la filière production et commercialisation de produits issus
du terroir Souss-Massa-Drâa.

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C’est sur le plan économique que le tableau est plus nuancé, car la filière est moyennement organisée, comme
le confirme l’analyse critique de la filière à travers la chaîne de valeur.
Celle-ci fait ressortir les points suivants :
• son organisation révèle une forte diversité des acteurs et des situations : on trouve aussi bien des producteurs
isolés que de gros producteurs industriels ou encore des coopératives elles-mêmes de types divers (industrielles
et artisanales) ;
• le niveau de transformation est élevé à l’échelle nationale, avec cependant une exportation encore faible bien
qu’en forte croissance ;
• la création de la valeur ajoutée locale varie fortement en fonction de l’adhésion ou pas à une coopérative et
en fonction de la mécanisation ;
• le niveau de création d’emplois est important à tous les niveaux de la filière.
Dans les cultures à développer prioritairement, l’arganier s’impose, car il représente 11 % du chiffre d’affaires
de la région après le figuier de barbarie 57,3 %, et le palmier-dattier, 19,6 %. Ce chiffre démontre à lui seul toutes
les possibilités de développement de la filière. De plus, le SMD représente 86 % de la production d’arganier au
Maroc, ce qui confirme sa particularité régionale agricole et culturelle et implique la présence d’un fort potentiel
de différenciation et de valeur ajoutée.
Une démarche-produit couplée à une démarche-marché a permis de déterminer les différents usages des produits
de l’arganier dans la région et dans le monde et d’évaluer ceux qui sont le plus appropriés à chaque marché
(national et international).
Ainsi l’arganier se décliner en :
• huile alimentaire, fortement recommandée pour le marché du bio et de la diététique pour le marché national
et international ;
• huile cosmétique, pour le marché du bio, du cosmétique de luxe et pour les grandes boîtes pharmaceutiques à
l’échelle nationale et internationale ;
• produits traditionnels tel qu’amlou, produit caractéristique du terroir, à mettre en valeur sur le marché
national et le marché touristique ;
• tourteau, riche en acides gras et qui représente un bon aliment pour le bétail malgré une faible rentabilité ;
• pulpes également pour l’alimentation animale ;
• coques pour la production de feu.
L’analyse de la chaîne de valeur fait également apparaître que l’arganier est un produit à forte valeur ajoutée.
Les filières organisées ne concernent que 10 % des producteurs, alors que 90 % de la production est le fait de
productions autonomes. L’exportation ne concerne que 1,5 % de la production, et les marchés d’exportation sont
généralement à forte valeur ajoutée. Les marchés d’exportation identifiés sont les suivants : biologiques,
cosmétiques et d’huiles alimentaires pour le Maroc, les principaux pays européens ainsi que l’Amérique du Nord
et l’Asie, avec principalement le Japon.
Le développement de la vente des produits de l’arganier doit se faire dans le cadre de 2 approches
complémentaires : la première est le développement de la filière par un travail de rééquilibrage des rapports de
forces et des marges ainsi que par la concentration de la valeur ajoutée dans la région. La seconde est le
développement de marchés, avec un travail de recherche de débouchés pour les produits existants sur les
marchés national et international.
Dans ce cadre, un fonctionnement général adapté doit être mis en place avec un choix à réaliser entre 2 types
de stratégie possibles : une stratégie de marque indépendante et une stratégie de partenariat avec des grossistes
existants.
Enfin, il est nécessaire de protéger l’huile d’argane de manière internationale à travers un label approprié. En
effet, s’il est prouvé dans le cadre de la pénétration des marchés et en tant qu’impulseur de vente que les labels
ne semblent pas tout à fait indiqués, par contre, des labels tels que l’IGP semblent être extrêmement
intéressants.
C’est un système de qualité européen inspiré du système mis en place en France, qui affirme l’importance des
produits du terroir en tant que patrimoine national. Il défend la spécificité et le savoir-faire régional et permet
également de protéger les appellations contre une quelconque usurpation ou imitation d’autres pays.
Ainsi, l’arganier représente une grande opportunité de développement pour une région comme le Souss-Massa-
Drâa. C’est une culture qui a fait ses preuves et qui est un véritable levier de croissance pour la région. Il est
nécessaire, cependant, de transformer le plus possible d’huile d’argane — notamment cosmétique — dans la
région, afin d’arriver à un produit final de haute qualité commerciale et compétitif sur les marché
internationaux. Cette stratégie nécessite d’intégrer la filière et de créer des unités aussi bien industrielles

24 L’arganier, produit de terroir et développement local


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Colloque international • 27-28 avril 2007 • Rabat

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qu’artisanales compatibles avec les normes internationales. Cette activité doit être organisée dans le cadre de
nombreux regroupements (agriculteurs, industriels, intermédiaires) et à tous les niveaux de la filière.
Il reste que cette organisation concerne aujourd’hui uniquement 10% de la filière. Près de 90% de la production
de la région est issue d’un secteur informel encore peu organisé, où la richesse et les marges sont encore
inéquitablement réparties.
Cette culture a un potentiel de développement considérable. La modernisation des processus, l’appui à la
recherche et développement (orienté produit), la recherche marketing peuvent en faire une activité à très forte
valeur ajoutée, notamment sur des marchés d’exportation (le marché des cosmétiques bio est en devenir et
affiche d’intéressantes croissances).
De bonnes pratiques existent : les organisations actuelles peuvent être d’excellents modèles à généraliser et à
soutenir. Tous les acteurs doivent être parties prenantes d’un projet de modernisation de la filière afin que celle-
ci acquière les outils nécessaires à son développement sur le marché national et international.

L’arganier, produit de terroir et développement local 25


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Levier du développement humain
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Projet de loi relative aux signes distinctifs


d’origine et de qualité des produits agricoles
et des denrées alimentaires
Abderrahmane Hilali 1, Martine Hrouch 2
1
DPVCTRF, Département de l'Agriculture et du Développement rural
2
Enseignant-chercheur

Le projet de loi relative aux signes distinctifs d’origine et de qualité des produits agricoles et des denrées
alimentaires, initié par le département de l’Agriculture et du Développement rural, permet aux produits de
terroir d’être mis en valeur grâce à la reconnaissance de spécificités dues à leur origine géographique, au savoir-
faire des populations locales et/ou à leurs conditions d’obtention ou de transformation.
Trois signes distinctifs sont ainsi proposés à la réglementation : l’indication géographique (IG), l’appellation
d’origine (AO) et le label agricole (LA).
Ces signes, reconnus par l’administration, feront l’objet d’une publication et pourront alors être utilisés par tout
producteur ou transformateur d’un produit agricole (alimentaire ou à usage cosmétique ou médicinal dans
certains cas), pourvu que ce producteur ou ce transformateur respecte, au cours de l’élaboration dudit produit,
les exigences du cahier des charges attaché au signe distinctif concerné.
Les critères retenus peuvent être exclusivement d’ordre géographique (indication géographique) ou combiner un
critère géographique et un mode de production (appellation d’origine) ou encore concerner essentiellement les
qualités intrinsèques au produit et des modes de production combinés à des méthodes d’obtention (label agricole).
Pour pouvoir utiliser un signe distinctif pour un produit agricole, son producteur ou son transformateur devront
obtenir une certification dudit produit par l’engagement qu’ils auront pris de se conformer au cahier des charges
correspondant, la certification et le suivi des produits ainsi certifiés étant assurés par l’administration ou un
organisme agréé à cet effet.
Cette législation, déjà largement répandue chez les principaux pays de l’Union européenne partenaires du Maroc
est exclusivement réservée aux produits agricoles. Favorable aux terroirs et aux savoir-faire traditionnels, elle a
permis à ces pays de valoriser leurs produits agricoles et surtout de préserver leur patrimoine traditionnel dans
ce domaine.
Dans l’approche retenue dans le présent projet de loi, le ministère de l’Agriculture s’est placé dans une optique
globale de développement rural, de promotion de la qualité des produits et de protection du consommateur, en
proposant un système collectivement accessible à tous les producteurs et transformateurs de produits agricoles,
notamment les petits producteurs.
En effet, les signes distinctifs d’origine et de qualité, notamment le label agricole, s’inscrivent dans une
démarche d’unicité d’un produit et concerne chaque étape de la filière, y compris les conditions de conservation,
d’emballage et de présentation.
Par ailleurs, afin de se conformer à la nouvelle législation relative à la protection de la propriété industrielle,
laquelle prévoit depuis 2006 un enregistrement des indications géographiques et des appellations d’origine, le
projet de loi charge l’autorité gouvernementale ayant reconnu une indication géographique ou une appellation
d’origine de procéder à cet enregistrement auprès de l’Office marocaine de la propriété industrielle et
commerciale (OMPIC), avant d’en assurer la publication au Bulletin officiel.
Par cet enregistrement et cette publication, l’Etat devient le propriétaire de l’indication ou de l’appellation,
s’assurant ainsi qu’un utilisateur privé ne pourra s’emparer, à titre personnel, de l’appellation d’un terroir, d’une
tradition ou d’un savoir-faire qui sont un héritage collectif.

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Etat d’avancement du
« projet arganier ADS/UE »
Ali Benkiran
ADS/DAGR

Présentation du projet
Le projet « appui à l’amélioration de la situation de l’emploi de la femme rurale et gestion durable de
l’arganeraie dans le Sud-Ouest du Maroc (Projet Arganier) » est le fruit d’un partenariat, conclu en mars 2003,
entre l’Agence de développement social et l’Union européenne ; il vise essentiellement à :
• aider les femmes rurales à améliorer les techniques d’extraction et de commercialisation de l’huile d’argane,
ainsi que celles de la préservation et de la gestion durable de la matière première ;
• aider à la mise en place d’une réglementation protégeant le produit (huile) et permettant à la fois la
préservation de la ressource naturelle “arganier” et la lutte contre la désertification, et
• appuyer la recherche pour une meilleure valorisation des produits et sous-produits de l’arganeraie et pour
améliorer les qualités de la matière première.

Objectifs du projet
• Organiser et structurer un système de coopératives de femmes pour la production d’une huile de qualité.
• Consolider la structure réglementaire et commerciale du marché de l’huile (par l’Indication géographique IG,
la certification BIO des produits, l’Appellation d’origine contrôlée (AOC), etc.).
• Contribuer à la conservation et à la gestion durable de la ressource naturelle constituée par l’arganeraie.
• Développer la valorisation des sous-produits résultant de l’extraction de l’huile d’argane.
• Mettre en place des actions facilitatrices (pistes, écoles, eau potable, etc.).
• Soutenir et encourager d’autres activités génératrices de revenus induites par le projet (tourisme rural,
artisanat, etc.).
• Renforcer des capacités institutionnelles dans la promotion et l’encouragement à la création d’associations et
coopératives, dans la sensibilisation des populations à l’intérêt du projet “arganier”.

Etat d’avancement du projet


Depuis le lancement du projet en mars 2003, des actions ont été entreprises par rapport à chaque composante
du programme. La communication fera le bilan des actions entreprises en faveur de l’appui à la filière, à la
recherche, à la préservation, au développement durable, à la réglementation et à la coordination et gestion du
programme.

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Authenticité de l’huile d’argane et influence


de l’origine sur sa composition chimique
D. Guillaume, M. Hilali, A. El Aziz Soulhi, L. Hachimi, Z. Charrouf
FRE2715 • 51, rue Cognac Jay, 51100 Reims, France
Laboratoire officiel d’analyses et de recherches chimiques • 25, rue R. Nichakra, Casablanca, Maroc
Laboratoire de chimie des plantes et de synthèse organique et bio-organique • Faculté des sciences • Université Mohammed V-Agdal,
Rabat

Introduction
Depuis très longtemps, l’huile d’argane est traditionnellement préparée par les populations amazighes du Maroc.
Néanmoins, les quinze dernières années ont été le témoin du passage d’une production artisanale de l’huile
d’argane à une production semi-automatisée au sein de coopératives. Alors que l’huile produite artisanalement
n’était destinée qu’à satisfaire une consommation locale, quotidienne et familiale, éventuellement la curiosité
de quelques touristes en mal d’exotisme, la production d’huile d’argane par les coopératives à l’aide de presses
électriques a permis la mise à disposition de larges volumes d’une huile d’argane de qualité reproductible et
irréprochable sur le plan sanitaire et analytique. La conservation de l’huile s’en est trouvée nettement
améliorée, ce qui a alors permis d’en envisager la commercialisation bien au-delà des frontières du Maroc.
La tradition a montré que l’huile d’argane possède à la fois des caractères gustatifs et nutritionnels exceptionnels
en plus de propriétés thérapeutiques nombreuses et incomparables. La réunion de ces multiples avantages au
sein d’une même huile végétale, associée à l’abondance des fruits et la possibilité de production d’huile de
qualité, explique son succès commercial fulgurant sur le marché mondial. Pour pérenniser une telle position, la
contrepartie est la capacité à assurer une qualité constante aux consommateurs d’huile d’argane et, en
conséquence, le pouvoir d’assurer l’authenticité de l’huile d’argane et d’en détecter les fraudes.

Les contraintes associées à l’authentification


L’authentification de l’huile d’argane correspond au besoin de la certification de sa qualité. La réponse à deux
questions distinctes doit être apportée au consommateur par le producteur pour lui certifier sans ambiguïté
l’authenticité de son huile.
La première question est généralement posée pour toutes les huiles végétales et consiste à assurer l’origine de
l’huile. Dans le cas de l’huile d’argane, elle permettra d’assurer que l’huile commercialisée provient exclusivement
des amandons des fruits de l’arganier et n’est pas une huile d’une autre origine ou mélangée à une autre huile
(végétale ou non).
La seconde question est spécifique à l’huile d’argane et permettra d’assurer que l’huile d’argane commercialisée
a été obtenue à partir des amandons des fruits de l’arganier selon les règles sanitaires acceptables et qu’elle a
été conservée dans des conditions préservant ses bienfaits.
Pour résoudre ces deux problèmes, nous étudions les propriétés physico-chimiques de l’huile d’argane afin
d’identifier des marqueurs fiables et reproductifs attestant de la qualité de l’huile. S’il est clair que ces
marqueurs doivent assurer l’origine “botanique” de l’huile, ils doivent également permettre d’écarter l’huile
fabriquée à partir d’amandons dépulpés par les chèvres, mais ils doivent cependant respecter éventuellement la
commercialisation de l’huile artisanale si elle est préparée à partir de fruits dépulpés manuellement. De plus, il
est nécessaire que la ou les méthode(s) retenue(s) pour répondre à ces questions soit(ent) si possible simple(s)
à mettre en œuvre et puissent fournir rapidement une réponse.

Résultats
Le problème de l’absence d’adultération de l’huile d’argane par une autre huile peut dans certains cas être
simplement résolu par une analyse de la composition en acides gras de l’échantillon d’huile à évaluer. L’huile
d’argane est riche en acide oléique, linoléique et palmitique (entre 43 et 50 %, de 28 à 36 %, et 10 à 15 % ;

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respectivement) (tableau). Une quantification relative inadéquate de la teneur en ces trois acides gras peut donc
servir de critère pour distinguer l’huile d’argane de l’huile de tournesol, par exemple. Cependant, il faut aussi
considérer que certaines huiles (arachide ou sésame, par exemple) présentent, pour ces trois acides gras
majoritaires, une teneur respective proche de celle de l’huile d’argane (tableau). La seule détermination de la
teneur en acides oléique, linoléique et palmitique est donc insuffisante. De plus, il est aussi nécessaire
d’envisager la préparation, dans un but frauduleux, d’un mélange d’huiles bon marché dont la teneur finale en
acide oléique, linoléique et palmitique avoisinerait celle de l’huile d’argane. Si la mesure des taux en acide
oléique, linoléique et palmitique peut donc être considérée comme une première étape nécessaire, elle n’est
pas clairement suffisante pour certifier l’authenticité de l’huile d’argane.

Tableau : Pourcentage en acides gras de quelques huiles alimentaires


Arachide Noisette Olive Sésame Tournesol Argane
Acide oléique 48-66 66-83 55-83 37-42 15-25 43-50
Acide palmitique 8-13 5-9 8-14 8-11 8-13 10-15
Acide linoléique 14-28 8-25 3-14 39-47 50-62 28-36

La recherche de marqueur(s) minoritaire(s) est donc indispensble. Un tel marqueur doit, par sa rareté, permettre
d’empêcher l’addition minime d’une huile qui le renfermerait en quantité importante et décourager son
élimination d’une huile aux caractéristiques voisines en acides gras et son addition directe à l’état de traces.
Nous nous sommes tournés vers le campestérol, un stérol minoritaire et rarement rencontré dans l’huile d’argane
et qui présente, en chromatographie en phase gazeuse, un temps de rétention tel que sa quantification est facile,
standardisable et non ambiguë.
Nous avons procédé au dosage du campestérol dans les stérols totaux de neuf huiles alimentaires (argane, olive,
soja, colza, tournesol, noisette, arachide, sésame et abricot) et au sein de mélanges d’une de ces huiles avec
l’huile d’argane. Nous avons clairement établi qu’une pureté supérieure à 95 % peut être certifiée par application
de cette méthodologie [1].
Combinée à la détermination de la composition en acides gras, la détermination de la teneur en campestérol est
donc une méthode envisageable pour la certification de l’absence d’adultération de l’huile d’argane.
La seconde question à résoudre est la certification de la qualité des méthodes de préparation et de conservation
de l’huile d’argane. Il est nécessaire de conserver à l’esprit qu’il est inévitable que des variations de qualité
analytique de l’huile d’argane soient une conséquence de l’origine géographique des fruits, de différences
génétiques entre les arganiers ou de modifications climatiques. Une répartition autour d’une valeur moyenne doit
donc être retenue, et il est impossible d’envisager qu’une marge trop stricte élimine une production spécifique de
qualité convenable. Inversement, une marge trop grande n’aurait aucun caractère sélectif et serait inutile.
Nous avons déjà démontré que la composition en produits minoritaires de l’huile d’argane obtenue à partir
d’amandons dépulpés par les chèvres est différente de celle obtenue à partir d’amandons dépulpés manuellement [2].
Nous avons aussi procédé à l’analyse d’une vingtaine d’échantillons obtenus par différentes techniques (artisanale,
semi-automatisée…) et d’origine géographique différente afin d’identifier des marqueurs potentiels d’adultération de
l’huile d’argane [3]. Des critères tels que l’indice d’acide, de saponification, de peroxyde, de refraction, l’extinction
spécifique, l’insaponifiable, le pourcentages d’acides gras, le pourcentage en stérols… ont été déterminés. Nos
résultats préliminaires suggèrent que la détermination de l’indice de peroxyde est un bon marqueur pour identifier à
la fois l’huile d’argane préparée avec des amandons dépulpés par les chèvres et/ou conservée de façon inappropriée.
La confirmation de ces résultats par une étude sur plusieurs années reste cependant à réaliser.
En conclusion, la détermination de méthodes fiables, reproductibles et rapides permettant la certification de la
qualité de l’huile d’argane est difficile, mais cette étape est indispensable pour assurer aux consommateurs une
qualité constante qui les rassurera et les fidélisera.

Références bibliographiques on argane Oil Odorant Composition, Nat. Prod.


Commun., 2006, 1, 399-404.
[1] M. Hilali, Z. Charrouf, A. El Aziz Soulhi, L. Hachimi, D. [3] M. Hilali, Z. Charrouf, A. El Aziz Soulhi, L. Hachimi,
Guillaume, Detection of argane oil adulteration using D. Guillaume, Influence of Origin and Extraction Method
quantitative campesterol analysis, J. Am. Oil Chem. on argane Oil Physico-Chemical Characteristics and
Soc. Soumis. Composition, J. Agric. Food Chem., 2005, 53, 2081-
[2] Z. Charrouf, H. El Hamchi, S. Mallia, G. Licitra, 2087.
D. Guillaume, Influence of Roasting and Seed Collection

Authenticité de l’huile d’argane et influence de l’origine sur sa composition chimique 29


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du milieu rural marocain

Coopératives d’huile d’argane : activités


et impact sur le développement durable
Khadija Ibnou El Kadi
Coordinatrice des projets de l’Association Ibn Al Baytar à Agadir

Introduction
En partant de mon expérience de coordinatrice du projet de création des coopératives de concassage, mené par
l’association Ibn Al Baytar sur la période 2004-2006 pour bien structurer la filière de production de l’huile
d’argane, la présente communication a un double objectif :
• Premièrement, illustrer comment les activités coordonnées et observées dans ce cadre ont contribué, en
suivant une démarche de développement durable, à une amélioration significative de la situation de la femme
rurale du Sud-Ouest marocain.
• Deuxièmement, sensibiliser le large public, et en particulier les acteurs du développement, afin de les inciter
à conjuguer leurs efforts pour entreprendre des actions conjointes de consolidation et d’expansion de la
dynamique impulsée par l’association Ibn Al Baytar et ses partenaires.
Avant de procéder à cette illustration, un rappel de la situation problématique de la femme rurale, et notamment
celle de l’arganeraie, s’avère important. En effet, ce rappel permettra de mieux exposer comment l’intervention
d’Ibn Al Baytar, à travers ses différents projets, a permis d’apporter une solution intégrée, respectueuse des
principes du développement durable.

I. Rappel de la situation problématique


Bien que la situation générale de la femme marocaine ait enregistré des améliorations remarquables ces dernières
années, grâce au récentes réformes de son statut, celle de la femme rurale en particulier reste assez précaire.
Celle-ci, contrairement à la femme urbaine, se heurte encore à l’exclusion et à une forte pauvreté dues
principalement à :
• la dégradation de l’environnement qui se traduit par l’épuisement des ressources naturelles qu’elle exploite
pour assurer les besoins alimentaires et domestiques de la famille ;
• l’analphabétisme et le manque d’accès aux formes institutionnelles d’éducation ;
• le manque d’accès aux soins de santé et aux services de base ;
• l’exode rural des hommes qui entraîne une surcharge de travail pour elle et fragilise son statut social
traditionnel au sein de la communauté.
A cause de cette situation, la femme rurale est amenée à exercer des activités économiques informelles, très
peu rémunératrices et sans horaires fixes de travail. Ces activités varient généralement entre des petites
productions agricoles et artisanales dont le revenu est généralement capté par leur mari ou un parent de sexe
masculin. Cette forme d’exploitation peut atteindre son extrême lorsque les jeunes filles rurales sont envoyées
en ville pour servir d’aides familiales.
Convaincue qu’il ne peut y avoir de développement durable sans que les femmes, et en particuliers celles du
milieu rural, y soient actrices et bénéficiaires, l’association Ibn Al Baytar a décidé d’agir dans ce sens à travers
la conjugaison de plusieurs projets de création de coopératives et leur regroupement.
Ces projets ont atteints des résultats satisfaisants parce qu’ils ont, dès le départ, été élaborés dans l’esprit et
l’enjeu d’un développement durable, en cherchant à conjuguer des éléments interdépendants, à savoir les
sphères économique, sociale et environnementale.

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Colloque international • 27-28 avril 2007 • Rabat

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Levier du développement humain du milieu rural marocain

II. Les initiatives d’Ibn Al Baytar : « une réponse économiquement efficace, socialement
équitable et écologiquement viable »
Le projet d’amener les femmes de l’arganeraie à s’organiser en coopératives semblait évident et très pertinent,
malgré la méfiance qu’elles manifestèrent au départ à l’égard de cette idée. En effet, cette structure
organisationnelle de l’économie sociale et solidaire présente un cadre idéal et des avantages indéniables
puisqu’elle se base sur des principes qui s’inscrivent pleinement dans l’optique du développement durable :
• la solidarité : les adhérentes sont solidaires pour résoudre un problème qu’elles n’auraient pas été en mesure
de résoudre individuellement ;
• l’indépendance : les coopératives ne sont pas des organisations gouvernementales, elles sont le fruit de la
volonté de leurs membres ;
• la participation : chaque adhérente participe selon ses possibilités à la gestion de la coopérative ;
• la démocratie : chaque adhérente représente une voix dans les assemblées où les décisions sont prises à la
majorité ;
• la responsabilité : chaque adhérente est sensée être responsable autant vis-à-vis des autres adhérentes que
vis-à-vis des bénéficiaires.
En aboutissant, à travers un travail de longue haleine et un appui permanent, à la création de plusieurs
coopératives féminines et à leur structuration au sein d’une filière des produits de l’arganier, l’action de
l’association Ibn Al Baytar a eu des impacts positifs, à plusieurs niveaux :

II.1. Au niveau économique


Avant leur adhésion aux coopératives initiées par l’association Ibn Al Baytar, les femmes amazighes produisaient
traditionnellement, de génération en génération, l’huile d’argane dans leur foyer en parallèle à leurs tâches
domestiques. Après la récolte et le séchage des fruits, elles procédaient manuellement, étape par étape, à
l’extraction de cette huile sachant que, pour en extraire 1 litre, elles y consacraient environ 20 heures de travail,
ce qui est énorme. Une fois extraite, cette huile était autoconsommée et/ou vendue par les hommes,
généralement au bord de la route ou au souk, à un prix dérisoire.
Si les conditions de sa production au foyer restent incertaines au niveau de l’hygiène, sa vente dans des contenants
recyclés, généralement en plastique, laisse encore plus douter de sa qualité et de ses incidences sur la santé.

Impact économique direct


Aujourd’hui, les coopératives qui ont été accompagnées par l’association sont au nombre de 20 et se situent dans
plusieurs provinces du Sud-Ouest marocain. Le nombre total des coopératives de l’arganeraie atteint
90 coopératives en 2007 et emploient près de 4 000 personnes.
L’impact économique direct de la commercialisation de l’huile d’argane par les coopératives féminines a été
immédiat, en effet :
• en améliorant considérablement la qualité (intrinsèque et extrinsèque) de l’huile d’argane, elle a pu être
certifiée et exportée à un prix qui permet de bien rémunérer le travail des productrices ;
• en assurant un revenu décent et stable aux coopérantes de la filière, leur pouvoir d’achat — et par conséquent,
celui de leurs familles — a considérablement augmenté ;
• en introduisant un procédé mécanique d’extraction de l’huile, le temps de travail et sa pénibilité ont été
réduits ce qui a sensiblement amélioré la productivité.
Pour mieux illustrer l’impact économique direct, voici quelques chiffres-clés :

Avant l’intervention d’Ibn Al Baytar Après l’intervention d’Ibn Al Baytar


Prix du litre de l’huile d’argane (vendue au bord des routes et Prix de vente à l’exportation du litre d’huile produite par les
dans les souks sans contrôle de qualité) : 35 Dh coopératives selon les normes du CE : 200 Dh
Les femmes ne disposent pas d’un revenu propre Les femmes sont rémunérées, selon leur productivité, par un
salaire unitaire représentant presque 50 % du prix de vente de
l’huile, ce qui équivaut en moyenne à un salaire journalier de
60 Dh
Les coopératives d’huile d’argane étaient rares et très peu L’ensemble des coopératives encadrées dégagent un chiffre
rentables d’affaire cumulé important et qui s’améliore d’un exercice à
l’autre :
• CA en 2004 : 6 millions de Dh
• CA en 2005 : 8 millions de Dh

Coopératives d’huile d’argane : activités et impact sur le développement durable 33


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Colloque international • 27-28 avril 2007 • Rabat

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Levier du développement humain du milieu rural marocain

Impact économique indirect


Le succès des projets de l’association ainsi que leur médiatisation à l’échelle nationale et internationale, ont
entrainé des effets positif en termes d’activité économique des zones d’implantation des coopératives. En effet,
les coopératives d’argane ont attiré la curiosité des touristes, surtout les étrangers, qui ont de plus en plus afflué
pour acheter les produits commercialisés et, par la même occasion, découvrir les traditions et particularités de
la région.
Par ailleurs, plusieurs emplois ont été créés à l’échelle local suite à l’intérêt suscité autour de l’arganier et aux
divers partenariats, publics et privés, qui ont été noués dans le cadre des projets et activités de l’association.

II.2. Au niveau social


Les coopératives d’argane, initiées par l’association Ibn Al Baytar, comprennent des femmes veuves ou divorcées
qui doivent subvenir elles-mêmes à leur besoins quotidiens et à ceux de leurs enfants. On retrouve aussi de plus
en plus de femmes qui restent célibataires à cause de l’accentuation de l’exode rural des hommes vers les villes.
Du fait de leur situation familiale et leur manque d’éducation, ces femmes étaient particulièrement défavorisées
au sein de leurs communes rurales, mais suite au succès connu par les projets initiés par Ibn Al baytar en leur
faveur et leur médiatisation nationale et internationale, ces femmes ont dorénavant acquis :
• un meilleur statut social grâce à l’activité économique qu’elles exercent, statut qui leur donne une dignité et
leur vaut le respect de leur entourage (petits et grands, simples habitants ou dirigeants) ;
• un accès aux soins de santé et à des biens et services de base grâce à un revenu stable sur lequel elles peuvent
compter (certaines ont même pu faire pour la première fois des investissements) ;
• une indépendance financière en n’étant plus subordonnées, par rapport aux hommes, dans la gestion des
revenus tirés de l’arganier ; cette nouvelle situation aurait même contribué à une amélioration générale des
rapports entre les hommes et les femmes dans les villages où sont implantées les coopératives ;
• une éducation de base et une qualification professionnelle dans la gestion de leur structure productive grâce
à des programmes pédagogiques conçus spécifiquement pour les coopératives et réalisés en leur sein. Ces
programmes leur ont fait prendre conscience de l’importance de l’éducation et les ont fortement incitées à
scolariser leurs enfants, notamment les filles.
La formation est l’un des axes forts développés à travers les projets intégrés de l’association Ibn Al Baytar. Celle-
ci n’a épargné aucun effort pour mobiliser des formateurs spécialisés et des experts pour assurer la bonne
formation de toutes les ressources humaines impliquées dans ses projets, que ce soient les équipes
opérationnelle de terrain, les animateurs, les salariés des GIE ou les femmes des coopératives et leurs
encadrant(e)s.

II.3. Au niveau environnemental


Conscientes aujourd’hui de l’intérêt qu’elles ont à préserver jalousement l’arganier, ces femmes ont été initiées,
au sein des coopératives et à travers un module spécifique de formation, à la plantation.
Depuis leur formation, elles procèdent non seulement de manière régulière aux plans pour la sauvegarde et la
réhabilitation de l’arganeraie mais aussi, elles sensibilisent, à leur tour, leur entourage et l’incite à suivre leur
exemple.
Ainsi, la plantation de plusieurs milliers d’arbre a été réalisée dans les provinces d’Agadir, de Taroudant, de
Chtouka, de Tiznit, etc.

Conclusion
Malgré ces progrès, certaines difficultés persistent et doivent être surmontées pour entretenir et renforcer la
dynamique enclenchée par les diverses actions menées par l’association Ibn Al Baytar et ses partenaires au profit
des coopératives de la filière d’argane.

34 Coopératives d’huile d’argane : activités et impact sur le développement durable


Colloque international • 27-28 avri 2007 • Rabat

_ ’arganier
Levier du développement humain
du milieu rural marocain

Alphabétisation fonctionnelle,
outil du développement humain
Jamal El Achmit
Directeur du Centre national de développement et d’alphabétisation (CNDA)
et professeur à la Faculté des lettres, Université Ibnou Zohr, Agadir

L’analphabétisme continue de constituer un challenge de taille au Maroc et une véritable pierre d’achoppement
face à sa modernisation et son progrès. Certes, depuis les premières années de l’Indépendance, les efforts n’ont
jamais cessé d’être déployés par les gouvernements qui se sont succédé afin de contrecarrer ce fléau. Des
budgets colossaux ont été engagés et des ressources humaines importantes ont été mobilisées. Cependant, les
rapports sur les réalisations font ressortir que les progrès accomplis sont loin d’être satisfaisants.
En fait, au Maroc comme dans plusieurs autres pays en voie de développement, les actions en matière
d’alphabétisation ont été menées dans des contextes souvent imprégnés par les orientations des instances
internationales spécialisées, et précisément l’UNESCO. Cette dernière concevait des politiques à suivre par les
gouvernements des pays concernés en se référant aux définitions déterminées par ses experts. Le souci de doter
les populations cibles des compétences en lecture, écriture et calcul, pour qu’elles puissent disposer d’une
certaine autonomie de gestion de leur vie quotidienne, était l’enjeu des premières conceptions en matière
d’alphabétisation. Raison pour laquelle tous les programmes mis en oeuvre étaient conçus et réalisés au profit
des populations-cibles de manière généralisée, abstraction faite des particularités existantes entre les
populations-cibles et de leurs besoins particuliers.
Entre les années 50 et les années 80, les définitions changeaient constamment chaque fois que l’on se rendait
compte de l’inefficacité de l’approche adoptée. La définition de l’analphabète comme étant celui qui ignore les
principes de la lecture se trouva dépassée. En 1987, une définition nouvelle est donnée par l’UNESCO, et le
traitement du problème prend alors une autre tournure, centrant l’acte d’apprentissage sur le vécu du
bénéficiaire et l’orientation de ses acquis vers la résolution de ses problèmes. Autrement dit, l’objectif est
désormais la fonctionnalisation de l’apprentissage, de telle sorte que le savoir ne soit pas purement théorique
et abstrait. Il va être jumelé à un savoir-faire et à un savoir-être pratiques et concrets.
Le CNDA, qui se veut, depuis sa création en 1998, un acteur de la société civile, s’est inscrit dans cette logique
et s’est fixé comme mission la contribution à la promotion de l’élément humain local. Le thème d’action choisi
était l’alphabétisation et la formation continue. Sa première expérience dans le domaine s’est réalisée en
partenariat avec la Direction de l’Alphabétisation. Les taux d’alphabétisation approchaient les 61 %, dont 80 %
étaient des femmes. La stratégie de l’Etat avait alors commencé à changer, optant pour l’approche partenariale.
Ce qui permettra par la suite aux organisations de la société civile, vu leur proximité, d’intervenir pour
contribuer à gérer ce dossier.
De 1998 à 2003, le CNDA put capitaliser suffisamment d’expérience, devenant un expert en la matière. Il se
rendit compte dans la région de l’abîme séparant les intentions de l’Etat qui se voulait innovateur en matière
d’alphabétisation, et la mise en œuvre sur le terrain des conceptions et programmes, par les différents
intervenants qui continuaient de se référer aux méthodes classiques.
Les modules de l’alphabétisation conçus pour une masse horaire de 260 heures ont suscité un intérêt particulier
chez les populations-cibles. Et c’était une œuvre louable. Mais au bout de 5 ans, la question de l’utilité
socioéconomique des savoirs acquis a émergé et a poussé vers la révision de la stratégie. Le constat a mis en
évidence l’attachement des populations au module réservé à l’alphabétisation, ce qui se traduisait par une grande
assiduité des bénéficiaires tous les centres d’alphabétisation. En revanche, les taux de déperdition pendant la
réalisation des deux autres modules étaient inquiétants. Ce qui a mené à s’interroger sur la compatibilité et la
commodité de ces modules avec les soucis de la population ciblée et à se demander à quel point les besoins
différentiels de celle-ci sont satisfaits et pris en compte par ces modules.

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Colloque international • 27-28 avril 2007 • Rabat

’arganier
Levier du développement humain du milieu rural marocain

Le CNDA, de son côté, ne va pas tarder à développer une partie de la réponse qui va le démarquer et mettre en
avant sa position d’expert en matière de formation des adultes et d’alphabétisation. Deux expériences majeures
peuvent être présentées pour illustrer cette vérité.
En 2003, le CNDA, en partenariat avec l’Association Ibn Al Baytar pour la promotion des plantes médicinales va
se voir concrétiser les premiers pas dans sa stratégie et se réjouir des premiers fruits de son expérience. Environ
60 groupements de femmes constitués de presque 2000 femmes et jeunes filles rurales qui appartenaient à la zone
située dans la sphère de l’arganeraie vont être ciblés. La philosophie des deux partenaires partait du fait que pour
réussir un programme d’alphabétisation, son contenu doit être particulier et spécifique. Les savoirs et les acquis
doivent être en étroite liaison avec les activités quotidiennes des bénéficiaires et répondre de manière concrète
aux attentes de la population cible.
Les 2 000 femmes et jeunes filles ont d’abord bénéficié d’un programme de 200 heures d’alphabétisation de base
et ensuite un programme de 160 heures avec un contenu purement fonctionnel. Le résultat visé était de mettre
l’alphabétisation au service de l’amélioration de la situation socio-économique des femmes ciblées. L’incitation
à la constitution des coopératives féminines gérées par les femmes alphabétisées elles-mêmes et d’en assurer la
pérennité. Les sujets choisis visaient la maîtrise par les femmes des connaissances juridiques et des compétences
pratiques liées à la gestion des coopératives. Le staff chargé de dispenser ce programme auprès des femmes a
adopté une méthodologie qui a permis d’atteindre les résultats escomptés : la conversion de la majorité des
groupements en coopératives agréées.
Cette expérience a été couronnée par l’élaboration d’un manuel d’alphabétisation fonctionnelle conçu
spécifiquement pour les femmes, qui peuvent être potentiellement ou effectivement membres des coopératives
d’argane. Le manuel a été imprimé à 2 000 exemplaires et distribué aux partenaires et aux acteurs pour en tirer
les enseignements et en faire une référence.
La réussite de l’expérience a encouragé le Centre à poursuivre son expérience. Le marché qu’il a conclu en 2006
avec l’ADS pour la réalisation d’une action d’alphabétisation fonctionnelle similaire à la précédente du point de
vue technique et pédagogique va lui permettre d’améliorer son expertise et produire de la valeur ajoutée.
1 600 femmes membres effectives de 42 coopératives arganières siégeant dans les provinces de Tiznit,
Taroudant, Chtouka Aït Baha, Agadir Idaoutanane (région Sous-Massa-Drâa) et la province d’Essaouira (région
Tensift-El Haouz) vont être concernées par cette action.
Selon les termes du marché, la mission du Centre consiste à concevoir les modules de formation (programme
d’alphabétisation), former le staff (formatrices et superviseurs), assurer le contrôle et le suivi de l’exécution sur
le terrain et, bien évidemment, produire les supports pédagogiques (essentiellement le Manuel de la bénéficiaire
et le Guide de la formatrice).
Le programme d’alphabétisation en question est conçu pour une masse horaire de 360 heures : 100 heures pour
l’alphabétisation alphabétique et 260 heures pour l’alphabétisation fonctionnelle. Le volet fonctionnel est conçu
selon deux modules :
— Le premier module traite les thèmes portant sur :
• l’environnement socioéconomique de la coopérative ;
• la biosphère de l’argane ;
• la gestion de la coopérative.
— Le secnd module traite les thèmes portant sur :
• la qualité et la traçabilité ;
• les bonnes pratiques de fabrication ;
• les techniques de commercialisation et de marketing.
A la différence de la première expérience, les manuels vont être préparés à l’avance et mis à la disposition des
bénéficiaires pour servir de supports et assurer un apprentissage optimal. L’objectif reste généralement
identique et consiste à doter les coopératrices des compétences nécessaires aussi bien cognitives et pratiques
que comportementales, pour assurer la pérennité de leurs coopératives et améliorer leur situation
socioéconomique.
Le passage en revue de ce contenu permet de percevoir la détermination du Centre à rendre un service
qui réponde aux besoins spécifiques de la population-cible. Faire connaître aux femmes coopérantes
l’environnement juridique, social et géographique de leurs coopératives leur servira de tableau de bord pour
avoir une vision claire du secteur et des contraintes du marché.

36 Alphabétisation fonctionnelle, outil du développement humain


Colloque international • 27-28 avril 2007 • Rabat

_ ’arganier
Levier du développement humain
du milieu rural marocain

Activité cosmétologique de l’huile


d’argane et des dérivés de l’arganier
Gilles Pauly *, Florence Henry *, Pr Zoubida Charrouf **
* Laboratoires sérobiologiques, division de Cognis France, 3, rue de Seichamps, 54425 PULNOY, France
** Laboratoire de chimie des plantes et de synthèse organique et bio-organique, Département de chimie, Faculté des sciences, Université
Mohamed V, avenue Ibn Batouta, B.P. 1014, Rabat

Les Laboratoires Sérobiologiques (LS) et le GIE Targanine : un partenariat basé sur les
valeurs fondamentales du developpement durable
Les LS, impliqués depuis de nombreuses années dans une approche ethnobotanique et, plus récemment, dans une
démarche de développement durable, se sont intéressés aux initiatives de préservation de l’arganeraie
marocaine. Pendant plus de 4 ans, les Laboratoires Sérobiologiques (LS) et le réseau de coopératives Targanine,
sous l’impulsion et avec l’étroite collaboration du Pr Zoubida Charrouf, ont mis en place un partenariat visant à
identifier des sources originales d’actifs cosmétiques, selon une condition expresse : que ces nouveaux
développements soutiennent et encouragent la protection et la valorisation de l’arganeraie marocaine.
Ce partenariat s’est organisé autour de trois axes majeurs :
• Identification de fractions spécifiques (feuilles et tourteaux) de l’arganier pouvant être valorisées par
l’industrie cosmétique et permettant d’assurer des revenus supplémentaires aux femmes marocaines.
• Réalisation d’une étude d’impact permettant d’évaluer la meilleure méthode de récolte des feuilles,
notamment par la valorisation des sous-produits des opérations sylvicoles, et de définir le cahier des charges
le plus approprié.
• Implication des populations locales dans la démarche de protection et de valorisation de l’arganeraie, en
particulier par l’intermédiaire de l’étude de la mise en place d’une pépinière.

le Programme arganier LS : une gamme de principes actifs cosmétiques issus de l’arganier,


pour le soin de la peau et du cheveu
Alors que l’arganier est essentiellement connu pour son huile, les Laboratoires Sérobiologiques ont élargi leurs
travaux vers différentes fractions. En associant les connaissances traditionnelles locales et leur expertise
scientifique, ils ont développé une gamme complète de plusieurs actifs cosmétiques pour le soin de la peau,
créée dans le respect des valeurs fondamentales que sont le développement durable et le commerce équitable.

Extraits des feuilles d’arganier : les polyphénols – ARGANYL™


Afin d’encourager les populations locales à baliver l’arganeraie sous le contrôle de l’Administration marocaine
des Eaux et Forêts selon les préconisations de l’étude d’impact, les LS ont étudié des valorisations potentielles
de ces feuilles, via une analyse phytochimique. Les feuilles de l’arganier ont une teneur particulièrement
intéressante en polyphénols, connus pour leurs propriétés anti-radicaux libres et préventives du vieillissement
cutané.
ARGANYL™ se propose de lutter contre l’effet délétère des MMP sur le réseau de fibres de collagène et donc de
préserver la qualité des tissus de soutien de la peau. Son activité est complétée par une action en amont, grâce
un effet anti-radicaux libres. Ces radicaux libres, dont la production est boostée lors de l’exposition aux stress
environnementaux tels que les UV, participent au phénomène de vieillissement cutané.
ARGANYL™ est une solution originale et naturelle pour préserver la peau contre le vieillissement prématuré et,
en particulier, le vieillissement UV induit.

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Colloque international • 27-28 avril 2007 • Rabat

’arganier
Levier du développement humain du milieu rural marocain

Extraits du fruit — Amande du noyau


Les protéines : ARGATENSYL™
Afin d’améliorer le revenu des coopératives productrices d’huile d’argane, les LS ont étudié des applications
cosmétiques potentielles pour les co-produits de cette exploitation.
Une fraction riche en protéines de poids moléculaire élevé (> 200 000 daltons) a été identifiée et isolée à partir
des tourteaux. Sa composition lui confère des propriétés de surface particulièrement intéressantes. Lors de
l’application sur la peau, ces molécules forment un réseau ayant une très bonne affinité pour la surface cutanée
et développent un effet tenseur immédiatement perceptible.

L’huile d’argane : LIPOFRUCTYL ARGAN™


Les fruits de l’arganier contiennent une coque très dure, renfermant une à trois amandes, dont on extrait une
huile utilisée depuis plusieurs décennies par les populations berbères.
LIPOFRUCTYL ARGAN™ est préparé par extraction mécanique (pression à froid) et répond au critère d’huile
“extra-vierge”. Grâce aux efforts tout particuliers en matière de qualité du réseau Targanine, cette huile a été
certifiée Ecocert, et a reçu le prix Slowfood en 2001.
D’un point de vue composition, l’huile d’argane est exceptionnellement riche en acides gras poly-insaturés (dont
acide linoléique, oméga-6) et en tocophérols naturels.
L’huile d’argane est largement utilisée par les femmes marocaines en cuisine pour ses qualités gustatives, mais
aussi pour de nombreux rituels de beauté ancestraux : pour le soin de la peau, des cheveux et des ongles, et ce
depuis des siècles. De nombreux secrets de beauté traditionnels sont basés sur l’huile d’argane. Par exemple, les
femmes berbères s’enduisent d’un mélange en égales proportions d’huile d’argane et d’huile d’amande douce
avant d’aller au hammam.

Conclusion
L’arganier, arbre symbolique du Maroc, est une source de richesses incontestable, qu’il faut cependant savoir
préserver afin de pouvoir en pérenniser l’existence et assurer l’avenir écologique et économique de cette région
du Maroc.
Le programme Arganier LS combine l’identification de sources d’actifs originales et attractives, pour le bien-être
de chacun et dans le respect de l’homme et de son environnement, avec des actions concrètes en faveur du
développement durable et de la préservation de l’arganeraie.

Activité cosmétologique de l’huile d’argane et des dérivés de l’arganier 39

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