La Politique Nationale de L Eau Et de L Assainissement Du Niger PDF
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Hassane KIMBA
Spécialiste en évaluation environnementale et Gestion de l’Environnement, Conseiller
Technique en environnement du Haut Commissaire à l’Aménagement de la vallée du
Niger, Président de l’Association Nigérienne des Professionnels en EIE (ANPEIE),
(Niger)
INTRODUCTION
Le contexte actuel nécessitant une approche plus globale au niveau des ressources
naturelles, il en résulte que le schéma directeur doit être à présent à la fois actualisé et
harmonisé afin de s’intégrer dans un plan national plus vaste, celui de l’Environnement pour
un Développement Durable (PNEDD) dont il est l’une des principales composantes.
Comme la gestion de l’eau relève d’une responsabilité collective, une véritable démarche
participative a été mise en œuvre tout au long de ce processus d’élaboration de la politique
nationale en matière d’eau et d’assainissement afin de fédérer, dans un REFERENTIEL
UNIQUE des interventions futures, les préoccupations de tous les acteurs du secteur tout en
ayant une vision prospective de long terme.
Avec une superficie de 1.267.000 km2, le Niger, pays totalement enclavé, s’étend entre les
latitudes 12° et 23° Nord et les longitudes O° et 16° Est.
La plus grande partie du pays est désertique, et la zone située la plus au sud connaît un
climat soudanien. Toutefois au cours des dernières décennies, le Niger a subi les effets d’une
sécheresse persistante qui a accéléré le processus de désertification que connaît le pays.
Malgré tout, le secteur agro-pastoral contribue pour près de 40% au PIB (dont environ 12%
pour l’élevage) alors que l’industrie et la construction contribuent pour 14% et les services
pour 46% (dont plus de 17% pour le commerce).
Au cours des 15 dernières années, le PIB par habitant a baissé régulièrement, faisant du
Niger l’un des pays les plus pauvres au monde. Son PNB par habitant était estimé à 270 $
US en 1993. On estime qu’en moyenne 66% de la population rurale vit au-dessous du seuil
de pauvreté et 36% au-dessous du seuil d’extrême pauvreté.
1.2. Les Ressources en Eau
Les ressources en eau sont constituées des eaux météoriques et des ressources en eaux
superficielles et souterraines.
• dans l’espace : l’essentiel des précipitations se produit par "lignes de grains", et leur
répartition au sol, au cours d’une même averse est extrêmement irrégulière. La moyenne
des précipitations annuelles varie du Nord au Sud de moins de 150 mm en zone
saharienne, 150/300 mm en zone sahélienne "nomade", 300/600 en zone sahélienne
"sédentaire" à 600/800 mm en zone sahélo-soudanienne.
• Dans le temps : le rapport entre les précipitations annuelles de l’année décennale humide
et de l’année décennale sèche atteint 2,5 vers l’isohyète 500 mm(en zone sahélienne
sédentaire) et plus de 3 vers l’isohyète 200 mm (en zone sahélienne nomade). En outre,
on assiste à des successions d’années sèches et d’années humides. La dernière période
humide est intervenue entre 1950 et 1968. Depuis, on se trouve dans une période sèche à
très sèche avec souvent des années exceptionnellement humides comme 1994 et 1998.
Elles représentent :
• 2,5 milliards de m3 renouvelables par an dont moins de 20% sont mobilisés et 2.000
milliards de m3 non renouvelables dont une partie infime est exploitée pour les besoins
des activités minières du Nord du Pays : le potentiel en eau souterraine du Niger est
considérable.
• Cependant les difficultés d’exploitation (en raison des profondeurs excessives des nappes
très productives) constituent parfois un handicap pour leur mise en valeur.
Légende
Système aquifère
Ténéré - Djado
Unité de Gestion
Remarque:
Goulbi-Tarka
Manga
Korama-Damagaram Mounio
ak
o
KM
Au Niger, les besoins en Points d’Eau Modernes(PEM) villageois sont évalués selon les
critères ci-après définis lors du lancement de la Décennie Internationale de l’Eau Potable et
de l’Assainissement (DIEPA) 1981/1990 :
• 20 litres par jour et par habitant ce qui correspond, compte tenu du débit des pompes à
motricité humaine et du temps d’utilisation journalier des ouvrages, à un PEM pour 250
habitants ;
• Un point d’eau moderne (un puits cimenté ou un forage équipé d’une pompe à motricité
humaine) pour : tout village ou groupement humain comptant au moins 250 habitants ;
tout village administratif même s’il compte moins de 250 habitants ; tout village,
administratif ou non, même s’il compte moins de 250 habitants à condition qu’il soit
éloigné de plus de 5 km d’un point d’eau moderne existant. Enfin il doit y avoir autant de
points d’eau modernes que de tranches de 250 habitants, pour les villages dont la
population est comprise entre 250 habitants et 1500 habitants ;
• Les PEM, lorsque la population de l’agglomération est supérieure à 1500 habitants, mais
inférieure à 2000 habitants et à la condition que la distance à parcourir par l’habitant le
plus éloigné de ce point d’eau soit supérieure à 1000 m, sont remplacés par un poste
d’eau autonome comprenant un forage équipé d’un groupe motopompe thermique ou
solaire, un château d’eau et deux rampes ;
• Une Mini-Adduction d’Eau Potable (Mini-AEP) pour toute agglomération peuplée d’au
moins 2000 habitants. Dans de telles conditions, les installations comprennent un forage
équipé d’un groupe motopompe thermique ou solaire, un château d’eau et quatre bornes-
fontaines.
Ces critères techniques d’attribution d’infrastructures hydrauliques sont complétés par les
résultats d’enquêtes socio-économiques portant sur la volonté de prise en charge, la
participation physique et financière préalable et l’organisation de la gestion des équipements
par la population.
Cette rénovation vise à rétablir le système productif du pays et faire de l’eau un facteur de
développement socio-économique et un élément déterminant dans la sauvegarde de
l’environnement.
"La bonne gestion des ressources en eau exige une approche globale qui concilie
développement socio-économique et protection des ressources naturelles. Une gestion
efficace intégrera l’utilisation du sol et de l’eau sur la superficie d’un bassin versant ou
d’un système aquifère".
" La gestion et la mise en valeur des ressources en eau doivent associer usagers,
planificateurs et décideurs à tous les échelons. Pour ce faire, il faut que les décideurs,
comme l’ensemble de la population, soient bien conscients de l’importance des
ressources en eau. Les décisions seront donc prises à l’échelon compétent le plus bas
en accord avec l’opinion publique et en associant les usagers à la planification et à
l’exécution des projets relatifs à l’eau".
" Les femmes jouent un rôle essentiel dans l’approvisionnement, la gestion et la
préservation de l’eau et doivent occuper la place qui leur revient pour la mise en valeur
des ressources en eau".
"L’eau, utilisée à des multiples fins, a une valeur économique et doit donc être reconnue
comme bien économique. En vertu de ce principe, il est primordial de promouvoir le
droit fondamental de l’homme à une eau salubre et une hygiène adéquate pour un
prix abordable".
Pour satisfaire à ces principes il convient d’adopter une approche intégrée qui tienne
compte des besoins à long terme comme des besoins immédiats. Tous les facteurs
(écologiques, économiques et sociaux) doivent être pris en considération dans la perspective
d’un développement durable, l’eau étant un bien économique dont la valeur correspond à la
meilleure utilisation qui peut en être faite.
un niveau local qui, à l’échelle du village (avec une dimension gestion des terroirs)
permet l’expression des besoins en eau par les usagers eux-mêmes. Cette intervention
prépondérante des populations est novatrice. Elle doit permettre la pérennité des actions
proposées par les principaux intéressés ;
un niveau régional (régions du pays) qui, à l’échelle des bassins versants et/ou des
grands systèmes aquifères (voir carte N°2) , permet d’assurer l’intégration entre les
besoins en eau des utilisateurs, les ressources disponibles et les solutions techniques les
plus appropriées en tenant compte de la protection de la ressource (tant en quantité qu’en
qualité) ;
un niveau national qui, à l’échelle du pays (voir carte N° 1) et dans l’optique d’un
aménagement équilibré du territoire, permet : i) de rendre compte de l’équilibre général
entre les ressources disponibles et les besoins identifiés, (ii) d’agréger les différents
programmes de mise en valeur des ressources en eau retenus au niveau des études
régionales ou sous-sectorielles, (iii) de définir et de choisir les priorités nationales en
matière du développement de la demande en eau et de l’aménagement des ressources
en eau, (iv) de préconiser des objectifs de qualité de l’eau et de protection de
l’environnement et enfin (v) de définir l’articulation des divers programmes sectoriels avec
les fonctions d’appui qui s’imposent ;
TAHOUA
REPUBLIQUE DU NIGER Légende
Plan de situation
UNITE DE GESTION DES EAUX Canton de l'unité
LIPTAKO GOURMA 20°
1 15°16'
00°09'
Département
E
Unité du Liptako Gourma
Ayorou 15°
Gorouol
Anzourou 1° 5° 10° 15°
Dessa
r
Sinde Sakoira
Kokoro
TILLABERI
Téra
Dargol Kourtey
Karma
Diagorou
Namaro
Liboré
N'Dounga
Lamordé DOSSO
dio
Torodi
Say
éla
Gu
KM
Kirtachi
Tamou 20 60 100
1 11°55'
00°09'
11°55'
1
03°00'
Planche 1
Mai 2000
un niveau international qui, à l’échelle d’un grand bassin trans-frontalier (voir carte n° 3
et N°4) , permet une gestion concertée des eaux partagées avec l’ensemble des pays
riverains.
CARTE N°3 : Une partie du bassin versant du Fleuve Niger partagée par trois pays :
Niger, Mali et Burkina Fasso, Devant le problème les trois pays bien chercher les solutions
ensemble à travers la GIRE
CARTE N° 4 : niveau international à l’échelle du bassin du fleuve Niger
Carte du bassin du Fleuve Niger : de la Guinée au Cameroun les pays membres de l’autorité
du Bassin du Niger peuvent unir leurs efforts à travers une Gestion intégrée des ressources
en eau de l’ensemble du bassin
Quant à la politique de l’assainissement des eaux pluviales et résiduaires, elle est fondée
sur le concept de la complémentarité entre la fourniture de l’eau (à usage domestique,
industriel, agricole...) et le traitement des eaux résiduaires, ainsi qu’entre les aménagements
perturbant le régime des eaux (urbanisation, pistes remblais, surface imperméabilisées...) et
les mesures visant à en corriger les effets nuisibles.
Satisfaire à moyen et long terme les besoins en eau des villes de Tillabéri et Niamey ;
Fournir de l’électricité à moindre coût ;
Augmenter le potentiel irrigable ;
Favoriser le développement du secteur minier dans le Liptako-Gourma ;
Améliorer la navigation sur le tronçon nigérien du fleuve ;
Favoriser le développement du tourisme ;
Réguler les écoulements du Fleuve.
Elles sont détaillées dans le Schéma Directeur de Mise en Valeur et de Gestion des
Ressources en Eau. Une première version de ce document date de 1993 et a largement été
diffusée auprès des Partenaires du Développement du Niger.
2.4.3. Atténuation en milieu rural des disparités entre approvisionnement en eau des
populations et assainissement des eaux pluviales et usées.
Le principe retenu ici est de mener de pair hydraulique villageoise et assainissement rural.
Les collectivités sont appelées à devenir les Maîtres d’ouvrage de leurs points d’eau et de
leurs infrastructures sanitaires. Les programmes assujettiront la création de nouveaux points
d’eau et/ou l’amélioration des points d’eau existants à la mise en œuvre, par les collectivités
de travaux d’évacuation des eaux pluviales, de comblement des cuvettes insalubres, de
protection rapprochée des points d’eau .... Ces travaux représenteront la contre partie
villageoise aux subventions de l’Etat ou d’autres partenaires financiers : un point d’eau = un
village salubre.
2.4.5. Intégration des travaux d’AEP et d’assainissement urbain dans les projets
d’aménagement (travaux neufs) chaque fois que cela est possible: Ainsi, le drainage des
eaux pluviales accompagnera les travaux routiers et d’urbanisme. Les ouvrages d’épuration
des eaux usées industrielles devront nécessairement être compris dans les projets de
construction des établissements polluants, et en l’absence d’assainissement collectif, un
système d’assainissement individuel, conforme aux normes en vigueur, sera imposé pour
l’obtention des permis de construire.
L’extension des grands périmètres à vocation rizicole est en grande partie conditionnée par
la réalisation du barrage de Kandadji. Cependant la création de nouveaux périmètres est liée
à la réalisation d’aménagements autorisant des coûts d’investissement et d’amortissement
réduits.
2.5.1. Priorités
Satisfaire d’abord les besoins essentiels des populations de façon que chaque nigérien
puisse voir sa santé et son niveau de vie s’améliorer (priorité sociale)
Réserver ensuite l’eau aux activités productrices dégageant une valeur ajoutée
significative (priorité économique) tout en garantissant la pérennité de la ressource
(exigence environnementale).
Enfin, pour assurer une véritable responsabilisation des populations, la politique de gestion
des eaux par unité hydraulique sera l’occasion de tester les capacités locales de gestion des
équipements et de la ressource ainsi que la mobilisation de ressources internes. Il sera étudié
les mécanismes de constitution et de gestion de fonds (fonds locaux , régionaux et national)
de l’eau et de l’assainissement dont l’objectif à terme sera de financer ou participer au
financement d’opérations propres au domaine et même d’autres secteurs. Ces fonds pourront
également servir à alimenter, avec d’autres financements, des actions de crédits à des
organisations locales et même des particuliers désireux de contribuer au développement
desdits secteurs.
Une meilleure cohérence et synergie entre les intervenants est à rechercher par le biais de
fonctions d’appui. Citons notamment :
La mise en place d’un cadre de concertation périodique entre les différents acteurs ;
la recherche-développement avec prise en compte des compétences locales et des
acquis au niveau de la sous-région. L’accent sera mis ici sur un choix de technologies
propres, et peu coûteuses (en investissement et en maintenance) et une amélioration du
rendement de l’eau (économie et recyclage) ;
la vulgarisation et le transfert de technologies appropriées aux usagers ;
l’information et la sensibilisation du public ;
la formation et le renforcement des capacités à tous les niveaux :
le financement du monde rural par des opérations de crédit avec l’appui d’ONG
spécialisées dans les systèmes financiers décentralisés (SFD).
2.7. Suivi-évaluation
Des audits indépendants dont les missions consisteront à évaluer certains aspects liés à
la mobilisation de la ressource ;
Des études d’impact sur l’environnement notamment pour tous les grands projets
réalisés dans les bassins compte tenu des préoccupations sociales, sanitaires,
économiques et écologiques.
CONCLUSION
Cette initiative doit décharger l’État de certaines fonctions pouvant être convenablement
remplies par d’autres institutions nationales moyennant un renforcement de leurs capacités,
en est encore à un stade exploratoire. Elle demande suffisamment de temps, et est très
exigeante en ressources car elle est participative et itérative. Elle a conséquemment un coût
qu’il faut accepter de supporter car son succès est un défi en raison des énormes enjeux d'un
secteur très sensible.
Dans la sous-région, le Niger apparaît comme un pionnier dans une telle démarche, et les
premières impressions qui se dégagent des actions déjà initiées, sont réconfortantes au
regard de la perception de la problématique de la gestion des eaux par les acteurs locaux et
du constat des initiatives localement développées dans le secteur par les collectivités
territoriales pour garantir une gestion intégrée et rationnelle de la ressource. Ce processus,
qui s’inscrit dans un ensemble plus vaste prescrit par la loi sur la décentralisation, est
irréversible et doit rester porteur, à condition qu’il soit constamment soutenu par la même
volonté politique de départ. Il produira alors les effets escomptés à savoir une rentabilisation
des investissements réalisés et futurs et une gestion patrimoniale de la ressource par des
organisations communautaires de base, conscientes à la fois de la place de l’eau dans leurs
valeurs culturelles et spirituelles et de son rôle en tant que bien économique et facteur de
sauvegarde des écosystèmes.
Les autorités nigériennes et leurs partenaires au développement pourront alors être fières
d’avoir fait œuvre utile pour les futures générations nigériennes et d’autres communautés
pourront s’inspirer de cas concrets de gestion durable et décentralisée de cette ressource
extrêmement précieuse qu'est l'eau.