Arrêt N°09 La Sonatel C Commune de Mboumba

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ARRÊT N°09

du 09 février 2017 RÉPUBLIQUE DU SÉNÉGAL


AU NOM DU PEUPLE SÉNÉGALAIS
N° AFFAIRE ----------------
J/205/RG/16 COUR SUPRÊME
Du 21/09/15 ----------------
CHAMBRE ADMINISTRATIVE
Administrative ----------------
------ A L’AUDIENCE PUBLIQUE ORDINAIRE
DU NEUF FEVRIER DEUX MILLE DIX SEPT
La SONATEL
ENTRE :
Contre 
La Société Nationale des Télécommunications du Sénégal dite
-Commune de Mboumba S.O.N.A.T.E.L. S.A., poursuites et diligences de son Directeur Général,
-Etat du Sénégal en ses bureaux sis à Dakar, 46, Boulevard de la République, ayant
domicile élu en l’étude de Maître Guédel NDIAYE & associés, avocats
PRÉSENTS : à la cour, 73 bis, Rue Amadou Assane Ndoye à Dakar ;
Abdoulaye NDIAYE Demanderesse
Mahamadou Mansour MBAYE D’UNE PART
Waly FAYE
Adama NDIAYE ET :
Aïssé Gassama TALL
-La Commune de Mboumba, prise en la personne du Maire, Sadel
RAPPORTEUR : NDIAYE, en ses bureaux sis à Mboumba, Département de Podor,
Abdoulaye NDIAYE Région de Saint-Louis, faisant élection de domicile en l’étude de Maitre
Pape Seyni MBODJ, avocat à la cour, à Dakar ;
PARQUET GENERAL:
Jean Aloïse NDIAYE -L’Etat du Sénégal, pris en la personne de l’Agent Judiciaire de l’Etat,
Avenue Carde x Boulevard de la République ;
GREFFIER : Défenderesse 
Macodou NDIAYE
D’AUTRE PART
AUDIENCE:
09 février 2017 La COUR,
MATIÈRE :
Administrative Vu la requête reçue le 21 septembre 2015 au greffe central par laquelle
la Société Nationale des Télécommunications dite SONATEL, élisant
RECOURS : domicile en l’étude de Maîtres Guédel Ndiaye et associés, avocats à la
Excès de pouvoir Cour, sollicite l’annulation de la délibération du 22 décembre 2014 du
Conseil municipal de Mboumba, approuvée par arrêté n°21 ACC/SP du
13 avril 2015, fixant les taux et les modalités d’assiette de la redevance
relative aux prérogatives et servitudes des exploitants des réseaux de
télécommunications ouverts au public ;
Vu la Constitution ;
Vu la loi organique n°2008-35 du 8 août 2008 sur la Cour suprême ;

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Vu la loi n°64-46 du 17 juin 1964 relative au domaine national ;
Vu la loi n°76-66 du 2 juillet 1976 portant Code du domaine de l’État ;
Vu la loi n°2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des
Collectivités locales ;
Vu le décret n°2005-1185 du 6 décembre 2005 relatif aux prérogatives
et servitudes des exploitants de réseaux de télécommunications ouverts
au public ;
Vu les exploits des 2 et 8 octobre 2015 de Maîtres Fatma Haris Diop et
Fatimata Fall, huissiers de justice, portant signification de la requête ;
Vu le mémoire en défense de la commune de Mboumba reçu le 26
novembre 2015 au greffe ;

Vu le mémoire en défense de l’Agent judiciaire de l’Etat reçu le 30


novembre 2015 au greffe ;

Vu le mémoire en réponse de la SONATEL reçu le 26 février 2016 au


greffe ;

Vu l’acte attaqué ;
Vu les autres pièces du dossier ;
Ouï Monsieur Abdoulaye Ndiaye, président de chambre, en son
rapport ;
Ouï Monsieur Jean Aloyse Ndiaye, avocat général, en ses conclusions
tendant à l’annulation de la décision attaquée ;
Après en avoir délibéré conformément à la loi ;
Considérant que par délibération du 22 décembre 2014, approuvée par
arrêté n°21 ACC/SP du 13 avril 2015 du Sous-préfet de Cas-Cas
(département de Podor), le Conseil municipal de Mboumba a fixé les
taux et les modalités d’assiette de la redevance relative
aux prérogatives et servitudes des exploitants des réseaux de
télécommunications ouverts au public ; que la SONATEL a introduit le
présent recours contre cette décision en développant deux moyens dont
le second est divisé en six branches ;
Considérant que la Commune de Mboumba soulève la déchéance de la
SONATEL de son recours au motif que l’huissier a mentionné dans son
acte qu’il a signifié aussi bien la délibération du 22 décembre 2014 du
Conseil municipal de Mboumba que l’arrêté n°21/ACC/SP du 13 avril
2015 du Sous-préfet de Podor alors que cet arrêté, qui n’existe pas
puisqu’il n’y a pas de Sous-préfet à Podor, ne lui a pas été signifié ;

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Considérant que la SONATEL conclut au rejet de ce moyen ;
Considérant que selon l’article 38 de la loi organique sur la Cour
suprême, la requête, accompagnée d'une copie de la décision
administrative attaquée, doit être signifiée dans le délai de deux mois à
la partie adverse, par acte extrajudiciaire contenant élection de
domicile ;
Considérant, certes, que la délibération attaquée est approuvée par le
Sous-préfet de l’Arrondissement de Cas-Cas, mais que cette
approbation, qui fait corps avec elle, ne constitue pas un acte distinct ;
que dès lors, la signification de la délibération emporte celle de
l’approbation ;
Qu’ainsi, la déchéance n’est pas encourue ;
Considérant que la Commune de Mboumba a, en outre, excipé de
l’irrecevabilité du recours aux motifs que la délibération attaquée, ayant
pour objet de définir les règles d’occupation du domaine public et de
mettre un terme à l’occupation anarchique de cet espace, a
un caractère général et impersonnel et n’est nullement dirigée contre la
SONATEL qui, au surplus, ne peut justifier d’aucune délibération lui
affectant une terre du domaine national ou autorisant l’installation de ses
ouvrages dans le périmètre communal et n’a jamais bénéficié d’une
concession de voirie ;

Considérant que la SONATEL conclut au rejet du moyen


d’irrecevabilité ;

Considérant que le recours pour excès de pouvoir n’est ouvert qu’à


ceux qui peuvent justifier que l’annulation qu’ils demandent, présente
pour eux un intérêt personnel, la notion d’intérêt s’entendant comme le
droit de ne pas souffrir personnellement de l’illégalité ;
Considérant que la délibération attaquée fixe les taux et modalités
d’assiette de la redevance pour occupation du domaine public ; qu’en
son article 4, elle vise les sociétés concessionnaires du service de l’eau,
de l’électricité ou des télécommunications, lesquelles doivent, contre
paiement d’une redevance, obtenir une permission de voirie pour
l’installation et l’utilisation de leurs infrastructures dans le périmètre de
la commune ;

Que la société requérante, qui exploite un réseau de télécommunication


sur le territoire communal et à qui il est réclamé le paiement de la
redevance ainsi qu’il ressort de l’extrait de délibération du 28 août 2015
de la Commune de Mboumba, a personnellement intérêt à obtenir
l’annulation de la décision ;

Qu’il s’ensuit que le moyen n’est pas fondé ;

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Considérant que l’Etat du Sénégal a également soulevé l’irrecevabilité
motif pris de ce que le recours introduit le 21 septembre 2015 contre la
délibération du 22 décembre 2014 du Conseil municipal de Mboumba et
l’arrêté d’approbation n°21/ACC/SP du 13 avril 2015 a été déposé hors
du délai légal de deux mois ;

Considérant que la SONATEL a soutenu que ce n’est pas la date


d’établissement des actes qui fait courir les délais, mais plutôt la date à
laquelle les actes ont été notifiés ;

Considérant qu’il ressort de l’article 73-1 de la loi organique que le


délai pour se pourvoir est de deux mois ; qu’il court à compter de la date
de la publication de la décision attaquée, à moins qu'elle ne doive être
notifiée ou signifiée, auquel cas le délai court de la date
de la notification ou de la signification ;

Considérant qu’en l’espèce, il n’est pas établi que la délibération


attaquée qui a un caractère réglementaire a été publiée pour faire courir
le délai de recours ; qu’en outre, il n’est pas contesté que la SONATEL a
reçu notification de la délibération le 22 juillet 2015 ; que par
conséquent, le recours formé le 21 septembre 2015, soit avant
l’expiration du délai légal de deux mois, est recevable ;

Sur le premier moyen tiré de l’incompétence ratione materiae du


Conseil municipal de Mboumba en ce que dans son rapport de
présentation, la délibération indique que son objet est de « généraliser la
portée des redevances pour occupation du domaine public pour l’étendre
aux occupations avec emprise au sol jamais recouvrées par la
commune » alors qu’aux termes de l’article 67 de la Constitution « la loi
fixe les règles concernant ... l’assiette, le taux et les modalités de
recouvrement des impositions de toutes natures » ;
Considérant que la Commune de Mboumba conclut au rejet du
recours ;

Considérant que l’article 67 de la Constitution donne compétence au


législateur pour fixer les règles relatives à l’assiette, au taux et aux
modalités de recouvrement des impositions de toutes natures ;

Considérant qu’en l’espèce, la délibération attaquée porte sur une


redevance qui, ne faisant pas partie des impositions de toutes natures en
ce qu’elle est la rémunération d’un service rendu, peut être fixée par
voie réglementaire ;

Qu’il s’ensuit que le Conseil municipal de Mboumba est compétent pour


fixer les montants et modalités de recouvrement d’une redevance pour
l’utilisation du domaine public situé sur son périmètre communal ;

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Sur le second moyen tiré de la violation de la loi, en ses première,
deuxième, troisième, quatrième et cinquième branches réunies en ce
que :
- l’article 81 de la loi n°2013-10 du 28 décembre 2013 portant
Code général des Collectivités locales ne cite aucune compétence
de la commune en matière de gestion du domaine public ;
- la Commune de Mboumba a outrepassé les compétences
limitativement énumérées par les articles 296 à 299 du Code
général des Collectivités locales en matière de gestion du
domaine public ;
- la taxe d’occupation du domaine public ne fait pas partie des
recettes de la commune énumérées à l’article 195 du Code
général des Collectivités locales ;
- la loi sur le domaine national ainsi que ses décrets d’application
ne prévoient une quelconque redevance pour l’affectation d’une
parcelle du domaine national ;
- la commune n’a pas de compétence pour la gestion du domaine
public selon le Code du domaine de l’Etat ;
-
Considérant que l’article 11 de la loi portant Code du domaine de l’Etat
dispose que « le domaine public peut faire l’objet de permissions de
voirie, d’autorisation d’occuper, de concession et d’autorisations
d’exploitation donnant lieu, sauf dans les cas prévus à l’article 18 ci-
après, au paiement de redevances » ;

Que l’article 121 in fine de la loi n°2013-10 du 28 décembre 2013


portant Code général des Collectivités locales ajoute que le maire «
accorde les permissions de voirie, à titre précaire et essentiellement
révocable, sur les voies publiques dans des conditions précisées par les
lois et règlements. Ces permissions ont pour objet, notamment,
l'établissement dans le sol de la voie publique, des canalisations
destinées au passage ou à la conduite de l'eau, du gaz, de l'énergie
électrique ou du téléphone » ;

Que l’article 15 du décret n°2005-1185 du 6 décembre 2005 relatif aux


prérogatives et servitudes des exploitants de réseaux de
télécommunications ouverts au public précise que « l’occupation du
domaine public par un exploitant donne lieu au paiement de redevances.
Le produit de ces redevances est versé dans les conditions fixées par la
permission de voirie accordée en vertu de la loi 96-06 du 22 mars 1996
portant code des collectivités locales » ;

Qu’il résulte de la combinaison de ces dispositions que les autorités


locales, qui sont habilitées à accorder des permissions de voirie en vertu
du Code général des Collectivités locales pour l’utilisation du domaine
public situé sur le périmètre communal, ont le pouvoir de fixer les
modalités de paiement de la redevance qui en est la contrepartie, dans le
respect des montants maximum prévus par le décret précité ;

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Qu’ainsi, en fixant les redevances pour l’utilisation du domaine public
conformément aux dispositions susvisées, le Conseil municipal de
Mboumba n’a commis aucune violation de la loi ;

Sur le second moyen tiré de la violation de la loi en sa sixième


branche, en ce que, l’Etat lui a cédé l’ensemble des biens dont il
disposait dans le cadre de l’exploitation du réseau de
télécommunications,  en vertu du décret n° 97-715 du 19 juillet 1997
portant approbation de la Convention de concession de la SONATEL ;

Considérant que la cession des biens prévue par la convention de


concession ne saurait concerner le domaine sur lequel la SONATEL ne
justifie d’aucun droit ni titre, mais plutôt les biens mobiliers et
immobiliers appartenant à l’Etat au moment de sa signature et servant à
l’exploitation du réseau des télécommunications ;

Qu’il s’y ajoute que le paiement de la redevance est une exigence


résultant de la loi sur le domaine de l’Etat, du Code général des
Collectivités locales et, plus spécifiquement, du décret n°2005-1185 du
6 décembre 2005 relatif aux prérogatives et servitudes des exploitants de
réseaux de télécommunications ouverts au public ;
Qu’il s’ensuit que ce moyen n’est pas fondé ;

Par ces motifs,

Rejette le recours de la SONATEL formé contre la délibération du 22


décembre 2014 du Conseil municipal de Mboumba, approuvée par arrêté
n° 21 ACC/SP du 13 avril 2015 du Sous préfet de Cas-Cas.

Ainsi fait, jugé et prononcé par la Cour suprême, Chambre


administrative, en son audience publique ordinaire tenue les jour, mois
et an que dessus et où étaient présents :

Abdoulaye NDIAYE, Président de Chambre - rapporteur ;


Mahamadou Mansour MBAYE,
Waly FAYE,
Adama NDIAYE,
Aïssé Gassama TALL, Conseillers;
Macodou NDIAYE, Greffier ;

6
En foi de quoi le présent arrêt a été signé par le Président, les Conseillers
et le Greffier.
Le Président

Abdoulaye NDIAYE

Les Conseillers

Mahamadou Mansour MBAYE Waly FAYE

Adama NDIAYE Aïssé Gassama TALL

Le Greffier

Macodou NDIAYE