Cours Psychose Et Délires Chroniques+ Neuroleptiques PDF

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PSYCHOSE ET

DELIRE CHRONIQUE
Généralités
 Le terme ‘psychose’ a été créé par Ernst von
Feuchtersleben (1847) pour désigner l’aspect aigu de
la folie
 L’usage du terme a été élargi et il s’applique mainte-
nant aux patients présentant un délire et/ou une
importante altération du sens de la réalité et de soi
 On distingue schématiquement 2 types de psychoses:
– la schizophrénie
– les délires chroniques non schizophréniques

2
I - La schizophrénie

3
Introduction

 Affection fréquente, généralement sévère,


hétérogène, d’évolution prolongée et
invalidante, appartenant au groupe des
psychoses chroniques
 Symptomatologie variable d’un patient à l’autre.
 maladie, mais pas de cause unique mise en
évidence à ce jour

4
Historique

 Kraepelin (1899) a regroupé sous le nom de


démence précoce les patients atteints
d’hébéphrénie (Hecker), de catatonie (Kahlbaum)
et de démence paranoïde du fait d’une évolution
vers un déficit intellectuel qui paraissait
inéluctable.
 Bleuler (1911) a créé le terme schizophrénie,
signifiant étymologiquement "esprit scindé », pour
désigner ces malades. Le déficit intellectuel ne
représenterait pas une évolution inéluctable,
même s’il persiste presque toujours des séquelles.
5
Historique

 Selon Bleuler (1911), les schizophrènes auraient en


commun une “altération de la pensée, du sentiment
et des relations avec le monde extérieur d’un type
spécifique et qu’on ne rencontre nul part ailleurs”.
 Cette altération serait due à une scission des
fonctions psychiques ou dissociation se traduisant au
niveau clinique par la discordance (Chaslin, 1912).
 Pour Bleuler, la schizophrénie représenterait plus un
groupe de maladies qu’une entité nosologique
proprement dite. 6
Définition critérielle (DSM IV)
 Critère A. Symptômes caractéristiques : présence de 2 ou
plus des manifestations suivantes pendant au moins 1 mois (ou moins en
cas de traitement) :
– idées délirantes,
– hallucinations,
– discours désorganisé (coq-à-l’âne fréquents ou incohérence),
– comportement grossièrement désorganisé ou catatonique,
– symptômes négatifs (émoussement affectif, alogie, aboulie).
 Critère B. Dysfonctionnement social.
 Critère C. Durée > 6 mois (dont critère A > 1 mois)
 Critère D. Pas de tr. de l ’humeur, ni tr. schizo-affectif.
 Critère E. Pas d ’affection médicale générale ni effet iatrogène
7
 Critère F. Pas de tr. envahissant du développement.
Epidémiologie

 Une des affections mentales les plus


fréquentes

 Prévalence de l’ordre de 0,5%

 Tauxd’incidence compris entre 2 et 4


pour 10 000

 Sex-ratio proche de 1 8
Age de début et caractéristiques
prémorbides
A la fin de l’adolescence ou chez l’adulte jeune
(Entre 15 et 35 ans).
 Début plus précoce chez l’homme que chez la
femme.
 Avant la décompensation proprement dite, on a
pu noter des difficultés chez les futurs
schizophrènes : retard d’apprentissage, maladresse ;
caractère rêveur, isolement (personnalité schizoïde) ;
idées de référence, méfiance, pensée magique,
croyances irrationnelles (personnalité schizoptypique
9
).
Début aigu
 Bouffée délirante aiguë polymorphe. Eclosion brutale
d’un délire polymorphe dans ses thèmes et mécanismes.
Fluctuations thymiques. Angoisse. Entrée dans une
schizophrénie qui évoluera par poussées entrecoupées
d’intervalles libres ou alors évolution dès la fin de l’accès
aigu vers la chronicité. Facteurs de mauvais pronostic
d’une BDA : atypicité, absence d’angoisse, évolution
subaiguë, pauvreté du délire, absence ou rareté des
signes thymiques, bizarerrie.
 Manie ou dépression atypique. Asyntonie, froideur
affective, réticence, incohérence, bizarrerie, agressivité
 Fugue, acte médico-légal, automutilation, suicide. 10
Début progressif
 Fléchissement scolaire. Baisse du rendement
intellectuel. Pas de contexte familial explicatif.
 Modifications des croyances. Engouement pour
des activités ésotériques (magie, activités occultes,
ésotériques) pouvant s’accompagner de l’adhésion à
une secte. Croyance à des phénomènes surnaturels.
 Modifications de l’affectivité. Isolement, opposition
Pensée allusive. Discours digressif. Présentation
bizarre. Hermétisme. Agressivité.
 Troubledes conduites (addiction, anorexie, er-
rance pathologique). Caractère immotivé, étrangeté 11
Début progressif
 Apparition progressive d’idées délirantes, d’halluci-
nations ou de symptômes dépressifs atypiques.
 Hypochondrie et dysmorphophobie. Plaintes
changeantes, désorganisées, peu précises.
Impressions de modifications corporelles (signe du
miroir). Sentiment d’étrangeté de dépersonnalisation.
 Pseudo-obsessionnel. Pas de lutte. Bizarrerie.
 Pseudo-phobique. Pas d’évitement ni réassurance.
 Pseudo-hystérique. Mais froideur, pas de bénéfice II
 Pseudo-psychopathique. comportement inexplicable
12
Période d’état
 Syndrome délirant.

 Syndrome dissociatif.

 Syndrome autistique.

 Atteinte des fonctions cognitives

13
Le délire
 Le délire est la conséquence d’une expérience
pathologique (le sujet vit une expérience
anormale de son esprit, son corps et du monde).
 Paranoïde : polymorphe, mal organisé, n’ayant ni
structure ni lien cohérent entre ses thèmes.
 Illogisme, non systématisation, bizarreries
 Adhésion parfois relative.

14
Le délire
 Thémes multiples :
– syndrome d’influence (pensées imposées ou
suggérées, actes imposées, etc.).
– Dépersonnalisation:impressions de transformation
corporelle
– Déréalisation: impression de ne plus être dans le
monde réel
– idées de référence, persécution, possession,
hypochondrie, mystique, érotomanie, divination,
mégalomanie, cosmique, indignité, etc.
15
Le délire
 Mécanismes multiples (polymorphe). Aucun
n’est spécifique :
– Automatisme mental quasi-constant.
– Hallucinations psychiques et psycho-sensorielles:
hallucinations acoustico-verbales et cénesthésiques
fréquentes.
– Interprétations, imagination, intuitions.
 Angoisse associée, majeure, pouvant entraîner des
troubles du comportement auto- ou hétéro-agressifs

16
La dissociation

 Perte de cohésion et d’unité de la personnalité.


 Touche toutes les dimensions de la vie
psychique : intellectuelle, affective et
comportementale.
 Les idées ne s’enchaînent plus de manière
logique: trouble du cours de la pensée.
 La dissociation s’exprime au niveau clinique par
la discordance.
17
Dissociation intellectuelle

 Pensée diffluente
 Barrages : suspensions du discours, non
motivées, dont le sujet est conscient
mais auxquelles il est indifférent.
 rationalisme morbide

18
Dissociation intellectuelle

 Troubles du langage :
– néologismes
– Paralogismes
– Agramatisme
– A l’extrême: schizophasie
 troubles du cours de la pensée:
– barrages
– fading mental

19
Dissociation / vie affective

 Indifférenceaffective, athymormie
 Réactions émotives inappropriées, paradoxales
 Ambivalence émotionnelle

20
Dissociation comportementale

 Maniérisme: préciosité
 Sourires immotivés ou inadaptés
 Négativisme, réactions d’opposition
 bizzarrerie

21
L ’autisme
 Barrière opaque établie par le sujet entre
son monde intérieur et le monde
extérieur.
 Hermétisme psychique
 Vie imaginaire et émotionnelle intense.

22
Atteinte des fonctions cognitives
 pas d’atteinte des capacités intellectuelles, mais
impossibilité de leur utilisation. Pas de trouble
de la vigilance
 difficultés de concentration
 troubles attentionnels
 trouble des fonctions exécutives: difficultés de
traitement du contexte, difficulté d’abstraction
 atteintes de la mémoire à long terme et de
travail
23
Symptômes positifs et négatifs
– symptômes positifs : délire
– symptômes négatifs : appauvrissement (du
discours, de la pensée, moteur : apragmatisme,
aboulie, manque d’énergie physique, troubles de
l’attention, retrait social, isolement, perte des
initiatives, anhédonie, froideur affective, pauvreté
des affects et de l’expression gestuelle, aspect figé).
– On peut ajouter une 3e dimension clinique: la
désorganisation (dissociation).

24
Formes cliniques:
schizophrénie paranoïde

 Forme la plus fréquente


 Association des syndromes délirant, autistique et
dissociatif.
 Délire et hallucinations (auditives, cénesthésiques,
psychiques, au 1er plan.

25
Formes cliniques:
schizophrénie catatonique
 Forme assez rare avec prédominance de la discordance
comportementale
 Catalepsie: flexibilité cireuse (signe de l’oreiller)
 Négativisme: attitudes de refus actif
 Stupeur: perte de toute initiative motrice, patient re-plié sur
lui-même, absence de réaction aux stimulations
 échopraxie (ou échokinésie), échomimie, écholalie.
 Persévération motrice
 Suggestibilité (obéissance automatique aux ordres).
 Hyperkinésies (décharges motrices parfois clastiques activité
motrice sans finalité évidente, stéréotypies, impulsions
verbales ou motrices)

26
Formes cliniques:
l’hébéphrénie
 Dissociation et autisme au 1er plan.
 Pas de délire manifeste
 Impression d’une importante détérioration.
 Evolution, parfois entrecoupée de poussées
délirantes, vers un autisme
 Pronostic médiocre.

27
Autres formes cliniques
 Schizophrénie simple : installation insidieuse et
progressive de symptômes négatifs. Pas de délire ni
d’hallucinations.
 Héboïdophrénie : pseudo-psychopathie+dissociation
 Schizophrénie résiduelle : forme évolutive comprenant
la persistance de symptômes négatifs
 Schizophrénie indifférenciée ne répond pas aux critères des
formes précédentes
 Trouble schizo-affectif :
– présence conjointe de symptômes thymiques et de
symptômes schizophréniques
– évolution par poussées sans déficit marqué dans les
intervalles libres 28
Evolution
 Taux de mortalité élevé (10% de décès par
suicide)
 Par poussées
 Continue
 Mixte : fond symptomatique permanent (symptômes
négatifs en particulier) et recrudescences transitoires
(symptômes productifs).

29
Evolution
 20-25% des patients ne présenteront plus de signe
patent de la maladie et auront une insertion socio-
professionnelle considérée comme normale.
 50% de forme intermédiaire (accès récurrents ou
symptomatologie modérée) provoquant une altération
variable des domaines affectif, relationnel et
professionnel.
 20-25% présenteront une forme grave de la maladie
(délire permanent ou symptômes déficitaires
interdisant toute activité soutenue) nécessitant le
maintien dans un milieu exerçant une surveillance
30
Etiologie multifactorielle
 Facteurs génétiques. Risque morbide de l’ordre de
10 à 12% chez les frères et sœurs et enfants de
schizophrènes. Concordance de 50% chez les jumeaux
homozygotes (même élevés séparément).
 Facteurs environnementaux précoces.
Complications obsétricales anté et péri-natales.
Carence nutritionnelle ou infection virale pendant la
gestation
 Facteurs environnementaux tardifs. Rôle du
contexte familliale et des émotions exprimées dans la
famille.
31
Traitement bio-psycho-social
 Chimiothérapie : neuroleptiques classiques (NL),
antipsychotiques atypiques (=NL sans EI neurologiques à
dose thérapeutique).
 Psychothérapie : individuelle (de soutien,
comportementale, etc.), institutionnelle, familiale,
groupale (entraînement aux habiletés sociales, gestion
des émotions, gestion du traitement).
 Sociothérapie et mesures sociales : ergothérapie,
loisirs accompagnés, centres d’aide par le travail,
ateliers protégés, emplois protégés (reclassement
professionnel/COTOREP), mesure financière (AAH),
mesure de protection des biens. 32
Traitement pharmacologique
 Intérêt : le taux de rechute à un an est estimé à
– 70% sous placebo
– 25% sous neuroleptique
 Instauration la plus précoce possible :le délai entre
les 1ers symptômes et l’instauration du ttt est encore
de 6 à 24 mois

33
Mode d’action des neuroleptiques

 Ils bloquent les récepteurs dopaminergiques


 L ’effet clinique est corrélé au taux d’occupation des
récepteurs D2
 Les effets peuvent toucher les 4 voies dopaminergiques
issues du mésencéphale :
– méso-limbique (à l’origine des effets thérapeutiques, en
particulier sur le délire)
– méso-corticale (à l’origine des effets thérapeutiques, en
particulier sur les émotions)
– Nigro-striée (à l’origine du syndrome parkinsonien)
34
– tubéro-infundibulaire (à l’origine de l’hyperprolactinémie)
Choix du neuroleptique

 choisir de préférence 1 atypique en 1ère


intention
 attendre 4 à 6 semaines à posologie efficace
avant de juger de l’effet
 les associations de NL doivent être évitées
 la posologie doit être la dose minimale efficace;

35
Bilan initial
 ECG (QTc)
 NFS (impératif pour la clozapine)
 bilan hépatique
 IMC

 Bilan lipidique, glycémie


 Etreprudent en cas d’antécédent allergique,
chez les toxicomanes, en cas de pathologie
cardiaque grave, chez l’épileptique, en cas
de glaucome
36
Stratégie thérapeutique

-En cas de non réponse à 2


neuroleptiques :
– - associer un thymorégulateur
(valproate, lithium, carbamazépine)
– - substituer la clozapine
– - envisager une sismothérapie

37
Le traitement pharmacologique au
long cours
 doit être bien toléré par le patient (peu ou pas d’effets
indésirables pour augmenter l’observance
thérapeutique)
 peut reposer sur l’utilisation d’un NAP (en cas de
mauvaise observance)
 privilégier une monothérapie (évite des EI, favorise
l’observance)
 peut être poursuivi au long cours

38
Neuroleptiques
 Les antipsychotiques ou neuroleptiques
atypiques : olanzapine (5-20mg/j), risperidone (2-
6mg/j), clozapine (150-600mg/j - contrôle de la NFS)
 Les neuroleptiques sédatifs : lévomépromazine
(100-300mg/j), loxapine (100-300mg/j).
 Les neuroleptiques incisifs : halopéridol (10-
20mg/j), pipothiazine (10mg/j).
 Les antidéficitaires : amisulpride (50-200mg/j).
 Les neuroleptiques d’action prolongée (NAP) :
décanoate d’halopéridol (100-300mg/mois), palmitate de
pipothiazine (75-150mg/mois).
39
EI psychiques des neuroleptiques

 Sédation - Somnolence
 Indifférence psychomotrice
 Confusion mentale
 Réactivation anxieuse, agressive ou
délirante
 Dépression - Suicide

40
EI neurologiques des neuroleptiqes

 Syndrome extrapyramidal
– - dystonies aiguës
– - parkinsonisme
– - Akathisie - Tasikinésie
– - dyskinésies tardives
– - rabbit syndrome

 Epilepsie

41
EI neurovégétatifs des neuroleptiques
 Effets de type adrénolytique
– - accroissent la sédation
– - hypotension (orthostatique)

 Effets de type anticholinergique


– - sécheresse buccale → caries dentaires
– - constipation → risque occlusif
– - dysurie (adénome prostatique ++)
– - syndrome anticholinergique central(hyperthermie,
confusion, altération de la conscience, convulsions)

 Syndrome malin des NL


42
EI endocriniens et métaboliques

 Hyperprolactinémie :
Aménorrhée -Galactorrhée -
Gynécomastie

 Impuissance - Frigidité

 Prise de poids
43
EI cardiaques et hématologiques

 Allongement de l’intervalle QT
 Troubles du rythme (torsade de pointe,
tachycardie ventriculaire)

 Leucopénie
Risque de mort subite
 Agranulocytose (clozapine)

44
Autres EI des neuroleptiques
 Nausées - Vomissements
 Constipation - Risque d’occlusion
 Hépatotoxicité

 Photosensibilisation

 Dépôts pigmentaires oculaires


 Tératogénicité

45
La psychothérapie
 Elle est avant tout institutionnelle, reposant sur une
équipe multidisciplinaire intervenant dans un cadre
hospitalier (rassurant en soi).
 Individuelle, elle doit être adaptée au patient
psychotique.
 Implication de la famille dans le soin autant que
possible
 Méthodes groupales (de type cognitivo-
comportementales) pour favoriser l’implication du
patient dans son traitement et aider le patient à se
réinsérer socialement (affirmation de soi,
entraînement aux habiletés sociales).
46
La psychothérapie
 On s’efforcera de réduire au maximum les événements
traumatisants (intervention des forces de l’ordre,
isolement trop prolongée, traitement trop important à
l’origine d’EI mal supportés) pour ne pas oblitérer les
chances d’adhésion ultérieure du patient à son
traitement.

47
II - Les délires chroniques

48
Introduction
 Il s’agit de pathologies ayant en commun avec la
schizophrénie :
– l’existence d’un délire (plus structuré dans ce cas)
– un caractère chronique

 On n’observe pas les signes négatifs et la


désorganisation à l’origine du handicap des
schizophrènes
 Le délire se caractérise par la construction de
convictions non fondées sur les données du réel et
non partagées par le groupe auquel le patient
appartient. Le patient n’a pas conscience qu’il se
trompe et adhère totalement à sa conviction
49
Introduction
 La nosologie française traditionnelle distingue
plusieurs types de délires chroniques non
schizophréniques (DCNS):
– la psychose hallucinatoire chronique
– la paraphrénie (mécanismes imaginatifs)
– les délires paranoïaques (mécanismes interprétatifs au
premier plan)

50
Les thèmes délirants
 Les plus fréquents sont les suivants :
– persécution (on en veut au sujet, on le spolie, on le vole, etc.)
– grandeur (il a des pouvoirs spéciaux, est de descendance illustre...)
– jalousie (le sujet croit que son conjoint est infidèle)
– amour (érotomanie délirante:la patiente croit qu’une personne l’aime)
– revendication (délires quérulents et processifs au cours desquels le
sujet entreprend des actions judiciaires)
– religion (le sujet vit une expérience mystique pathologique)

51
Personnalité prémorbide
 Personnalité sensitive (décrite par Kretschmer et
prédisposant au délire de relation des sensitifs)
 Personnalité paranoïaque:
– sensibilité excessive aux remontrances et aux échecs
– méfiance
– tendance à interpréter comme hostiles, humiliants,
méprisants les agissements d’autrui
– incapacité à faire confiance ou à se confier
– susceptibilité agressive
– conception inappropriée de ses droits personnels52
Diagnostic différentiel
 Confusion: délire transitoire et non structuré,
comportement inadapté, irritable ou agressif
 Démence: le délire pouvant précéder la détérioration
des fonctions supérieures
 Dépression: délire secondaire, culpabilité,
ralentissement, persécution vécue comme justifiée
 Manie: agitation, délire mégalomaniaque
 Schizophrénie, bouffée délirante aiguë (trouble
psychotique bref, trouble schizophréniforme) : délire
bizarre non structuré, hallucinations, retentissement
notable sur les activités socio-professionnelles 53
Epidémiologie
 Dans une étude concernant 5000 personnes âgées de
+ de 65 ans, la prévalence du trouble délirant était 3
fois moins importante que celle de la schizophrénie
(Copeland et coll, 1998)
 Thèmes du délire (Hsiao et coll., 1999):
– persécution: 71%
– jalousie: 8%
– hypochondriaque: 2%
– érotomaniaque: 1%
– mégalomaniaque: 1% (le reste: mixte ou non spécifié)

54
Clinique du trouble délirant

 Construction délirante permanente et inébran-


lable (conviction délirante)
 Développement insidieux chez une personne en
milieu de vie ou plus âgée
 Pas d’altération des autres fonctions mentales
(Le patient garde souvent une bonne insertion professionnelle et
sa vie sociale peut rester satisfaisante)

55
Formes particulières de délire

 Jalousie pathologique = délire de jalousie


 Erotomanie délirante
 Délires quérulents et processifs

56
Jalousie pathologique
 Plus fréquente chez l’homme
 Dangerosité potentielle : risque d’agression physique,
d’homicide ou de suicide (lorsque le conjoint le quitte)
 Croyance anormale (fondée sur des bases erronées et
inaccessible aux arguments rationnels) que le conjoint
est devenu infidèle
 D’autres idées délirantes peuvent être associées :
complot du conjoint contre le patient, tentative
d’empoisonnement, d’affaiblissement de ses capacités
sexuelles ou de transmission d’une maladie vénérienne
57
Jalousie pathologique
 Le patient surveille son conjoint, se montre inquisiteur,
irrité, agressif, voire menaçant ou violent
 Sa personnalité serait caractérisée par une faible
estime de soi, un décalage entre ambitions et succès
et une grande importance accordée à son statut social
 La jalousie pathologique peut être associée aux
troubles suivants :
– schizophrénie paranoïde
– alcoolisme
– trouble de la personnalité
– dépression
– toxicomanie
58
– atteinte cérébrale organique : infection, tumeur, affection dégénérative (Tsai
(Tsai et coll,1997)
coll,1997)
Jalousie pathologique
 Pronostic réservé : la jalousie est résistante ou
récurrente dans 50% des cas (Langfeldt, 1961)
 Evaluer le risque de violence qui peut nécessiter le
recours à une hospitalisation
 En cas de délire franc, essayer un antipsychotique
(résultat en général décevant)
 En cas d’idée prévalente ou de syndrome dépressif
primaire ou secondaire, prescrire un ISRS (non validé)
 Psychothérapie en cas de trouble de personnalité. La
thérapie cognitive (identification des fausses
suppositions et contrôle des émotions) a montré son
59
efficacité (Dolan et Bishay, 1996)
Erotomanie délirante
 Elle touche les femmes dans l ’immense majorité des
cas
 La patiente (une femme seule), est convaincue qu’une
personne célèbre ou inaccessible est amoureuse d’elle.
 Elle croit que c’est cette personne qui l’a aimée en
premier et elle en éprouve de la fierté. Elle pense que
l’amoureux supposé est incapable de lui révéler son
amour, qu’il est contraint de le lui cacher et d ’agir de
manière contradictoire pour diverses raisons, mais
qu’il lui fait passer des messages implicites.
60
Erotomanie délirante
 La conviction est généralement très forte

 Evolution en 3 phases:espoir, dépit, rancune


(la troisième étant associée à la dangerosité)

61
Délires quérulents et processifs

 Le patient effectue plaintes et revendications à


l’égard des autorités (forme quérulente) ou
entreprend une succession d’actions judiciaires
(forme processive)
 Les délires de revendication peuvent également
prendre d ’autres formes :
– délires réformistes (Baruk, 1959)
– délires de filiation
– sinistrose délirante
– délires d’inventeur méconnu 62
Traitement :
prise en charge psychologique
 Très difficile du fait de la méfiance du patient, porté à croire
que le traitement est destiné à lui nuire ou qu’il n’en a pas
besoin.
 Le psychiatre s’efforcera d’instaurer une bonne relation avec
son patient, en évitant de condamner son délire ou d’y adhérer
 La psychothérapie peut être de soutien (fondée sur l’empathie
et apportant un étayage) ou cognitive (cherchant à modifier les
croyances du patient)
 L’hospitalisation doit être envisagée lorsqu’il existe un risque de
violence. Celui-ci sera évalué en rencontrant l’entourage du
patient pour obtenir des informations sur son comportement
antérieur. Une HDT peut être justifiée pour protéger le patient
ou son entourage. 63
Traitement pharmacologique
 Le délire paranoïaque peut être atténué par les
antipsychotiques, mais les résultats sont souvent incomplets
(Silva et coll, 1998)
 L’échec du traitement médicamenteux peut être dû une
mauvaise observance, pouvant nécessiter le recours à un
neuroleptique d’action prolongé (décanoate de fluphénazine
par exemple)

64

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