Plan D'action Pour Le Relevement Et Le Developpement D' Haiti - Mars 2010
Plan D'action Pour Le Relevement Et Le Developpement D' Haiti - Mars 2010
Plan D'action Pour Le Relevement Et Le Developpement D' Haiti - Mars 2010
1. INTRODUCTION......................................................................................5
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Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
Avant-propos
Le Plan d’action pour le Relèvement et le Développement d’Haïti que nous présentons à nos partenaires
de la communauté internationale constitue l’expression des besoins à satisfaire pour que le séisme, qui
a si cruellement frappé notre pays, devienne une fenêtre d’opportunité pour, selon l’expression du Chef
de l’État, une refondation d’Haïti. C’est un rendez-vous avec l’Histoire que notre pays ne peut rater. Il y a
obligation de résultats dont nous sommes redevables envers nos enfants et les enfants de nos enfants.
La solidarité exprimée spontanément dans les heures qui ont suivi la catastrophe, celle des Haïtiens et
Haïtiennes au pays et à l’étranger ainsi que celle de la communauté internationale envers notre peuple
nous inspire la confiance nécessaire dans ce devoir historique.
Le plan qui vous est proposé s’appuie sur un effort collectif de réflexion et de concertation. Au niveau
diplomatique, des échanges soutenus et constructifs ont permis de nous sensibiliser aux attentes de
nos partenaires internationaux et de leur expliquer nos choix pour l’avenir. Sur le plan technique, des
cadres nationaux appuyés par des experts internationaux ont procédé à une évaluation des pertes et des
dommages connue sous son sigle de PDNA (Post Disaster Needs Assessment) qui constitue l’un des piliers
de ce plan.
Cette proposition est haïtienne, car malgré le calendrier très court, les principaux secteurs de la société
haïtienne ont été consultés. C’est aussi le cas des Haïtiens et Haïtiennes vivant à l’étranger qui se sont
mobilisés et qui ont montré que leur engagement envers l’avenir du pays demeurait un ciment fort de
cette solidarité agissante. Ces efforts, ces consultations se poursuivent et se poursuivront au cours des
semaines et des mois à venir.
Nous devons tirer les leçons de cette tragédie nationale et c’est pourquoi la proposition qui est faite
englobe non seulement les zones dévastées mais appelle à des changements structurels touchant
l’ensemble du territoire national. Il nous faut inverser la spirale de vulnérabilité en protégeant nos 3
populations des catastrophes naturelles, en aménageant nos bassins versants pour les sécuriser et les
rendre productifs de manière durable, en stimulant le développement des pôles régionaux capables d’offrir
une qualité de vie et des perspectives d’avenir à une population sans cesse croissante.
Le défi qui nous attend est de taille. C’est pourquoi, comme nous le rappelle le Secrétaire général de
l’OCDE et le Président du Comité d’aide au Développement, il nous faut trouver une nouvelle façon de
coopérer en nous appuyant sur les principes de la Déclaration de Paris et sur les principes afférents aux
interventions dans les États Fragiles, notamment celui de placer le renforcement de l’État au centre des
interventions.
Dans cette perspective, il nous faut renforcer les liens entre toutes les régions du pays, favoriser le
renforcement de solidarités régionales nouvelles et porteuses d’ouverture sur le pays et, plus largement,
sur la Caraïbe et au delà.
Nous devons relier toutes nos régions par un maillage routier à compléter, par des installations
portuaires et aéroportuaires adéquates, par une desserte de services publics appropriée aux impératifs
du développement économique et social, notamment en matière d’éducation et d’accès à des services de
santé de qualité.
Nous devons agir maintenant, mais avec une vision claire de l’avenir. Il nous faut nous mettre d’accord
sur un programme à court terme tout en créant les mécanismes qui rendront possible l’instruction et
l’implantation détaillées des programmes et des projets qui permettront de concrétiser les actions sur un
horizon de dix ans.
Nous connaissons l’importance de revoir notre gouvernance politique, économique et sociale. Nous nous
engageons à agir dans ce sens.
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
1. INTRODUCTION
Le séisme du 12 janvier 2010 a frappé Haïti au cœur de sa capitale Port-au-Prince et des villes de
Léogâne, Jacmel et Petit Goâve. Les dommages et les pertes, dont on mesure chaque jour davantage
l’ampleur, sont estimés à près de 8 milliards de dollars US selon l’évaluation des pertes et des dommages
produites au cours des dernières semaines.
Très tôt après le séisme une évidence s’est imposée. Un bilan aussi terrible ne résulte pas seulement de la
force de la secousse sismique. Il est le fait de la densité de population excessive, de l’absence de normes
de construction adéquates, de l’état catastrophique de l’environnement, de l’utilisation désordonnée des
sols et du déséquilibre dans la répartition des activités économiques. La capitale compte pour plus de
65 % de l’activité économique et 85 % des recettes fiscales à Port-au-Prince.
Reconstruire Haïti, ce n’est pas revenir à la situation qui prévalait à la veille du séisme. C’est s’attaquer à
tous ces facteurs de vulnérabilité pour que plus jamais les aléas de la nature ou les cataclysmes naturels
n’infligent de telles souffrances, ne causent autant de dommages et de pertes.
Le plan qui est proposé s’inspire d’une vision qui va au-delà de la réponse aux pertes et dommages causés
par le tremblement de terre, même s’il présente les activités des dix-huit prochains mois et chiffre les
coûts afférents. Il vise à lancer des grands chantiers pour agir maintenant tout en mettant en place les
conditions pour s’attaquer aux causes structurelles du sous-développement d’Haïti.
La situation à laquelle fait face le pays est difficile mais non désespérée. Elle représente même à
plusieurs égards une opportunité d’unir les Haïtiens et les Haïtiennes, toutes classes et provenances
confondues, dans un projet commun de refondation du pays sur des bases nouvelles. Personne n’a été
épargné, et personne ne pourra se relever seul. Il faut tabler sur cette solidarité nouvelle qui devrait
permettre d’apporter des changements profonds dans les comportements et attitudes des uns et des
autres. 5
C’est pour cela que le plan qui est proposé n’est pas uniquement celui de l’État, du Gouvernement et
du Parlement. Il est celui de tous les secteurs de la société haïtienne où chacun est appelé à jouer sa
partition dans la recherche de l’intérêt collectif qui est au demeurant le meilleur garant des intérêts
individuels dans une société inclusive.
Les priorités du Plan d’Action pour le Relèvement et le Développement National sont de faire face à
l’urgence dans l’immédiat, redémarrer les activités économiques, gouvernementales et sociales, réduire la
vulnérabilité du pays face aux catastrophes naturelles et relancer Haïti sur la voie du développement.
Ce plan se décline en deux temps. Soit l’immédiat qui porte sur une période de dix-huit mois qui
comprend la fin de la période d’urgence et la préparation des projets déclencheurs du véritable
renouveau. Le second temps s’ouvre sur une perspective temporelle de dix ans, permettant ainsi de tenir
compte de trois cycles de programmation des Stratégies Nationales de Croissance et de Réduction de la
Pauvreté.
C’est pourquoi le Plan propose la mise en place d’une Commission intérimaire pour la Reconstruction
d’Haïti et qui deviendra en temps opportun l’Agence pour le Développement d’Haïti ainsi qu’un Fonds
Fiduciaire Multi-Bailleurs qui permettront l’instruction des dossiers, la formulation des programmes et
projets, leurs financements et leurs exécutions, tout cela dans une approche coordonnée et cohérente.
Le Plan porte prioritairement sur les activités financées par l’aide publique au développement puisqu’il
s’agit d’une conférence de donateurs. Il laisse cependant une large place aux autres intervenants du
secteur privé et des ONG qui sont des opérateurs incontournables du renouveau d’Haïti. Il propose un
cadre macro-économique axé sur la croissance et un train de mesures qui faciliteront la création de
richesses par le secteur privé.
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
La démarche entreprise au cours des derrières années doit se poursuivre. Les objectifs fixés alors gardent
tous leur pertinence. Le séisme ne doit pas faire oublier le but à atteindre : la construction d’une Haïti
démocratique, respectueuse des droits de l’homme, inclusive.
C’est pourquoi le processus électoral se poursuivra dès que les conditions seront réunies pour la tenue
d’élections crédibles aux différents niveaux des institutions démocratiques et tous les efforts seront mis
pour tenter de respecter le calendrier constitutionnel.
L’État s’engage également à maintenir ses efforts dans la lutte contre la corruption et la mise en place
des mécanismes capables d’assurer la plus grande transparence dans la gestion des fonds publics.
Haïti demande aux partenaires internationaux de mobiliser dans l’immédiat les ressources financières
nécessaires pour répondre à la situation d’urgence. Pour ce faire, il faut créer des emplois, reloger les
sinistrés, ouvrir les écoles et les institutions d’enseignement supérieur tout en préparant la nouvelle
rentrée scolaire, donner accès aux soins de santé, préparer la saison cyclonique, combler le déficit dans
les recettes fiscales de l’État, redémarrer l’administration publique et relancer les circuits économiques.
À ces fins, des montants doivent être décaissés sur un horizon de douze à dix-huit mois. L’appui
budgétaire est une urgence et apparaît comme le mécanisme financier le plus approprié dans les
circonstances sans attendre la mise en place des mécanismes prévus : le Fonds fiduciaire et la Commission
Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti.
Le présent chapitre rend compte du sommaire des conclusions de l’exercice. Le contenu détaillé sur les
pertes et les dommages sont présentés sous couvert séparé en annexe à ce document.
(incluant les communes de Port-au-Prince, Carrefour, Pétionville, Delmas, Tabarre, Cité Soleil et Kenscoff)
a subi des dégâts extrêmement importants. La ville de Léogâne a été détruite à 80 %.
Le séisme a créé une situation sans précédent, amplifiée par le fait qu’il a touché la zone la plus peuplée
du pays ainsi que son centre économique et administratif. La situation est d’autant plus tragique que le
pays a connu depuis trois années un élan de stabilisation de la situation sociopolitique, de sécurité, de
croissance économique et de début d’amélioration des conditions de vie des populations.
L’impact humain
L’impact humain est immense. Environ 1,5 million de personnes, représentant 15 % de la population
nationale, ont été affectées d’une façon directe. Plus de 300 000 personnes, selon les autorités
nationales, ont perdu la vie et autant de blessés. Environ 1,3 million vivent dans des abris provisoires
dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Plus de 600 000 personnes ont quitté les zones sinistrées
pour trouver refuge dans le reste du pays. Il en résulte une exacerbation des difficultés déjà existantes
pour l’accès à la nourriture et les services de base. En frappant au cœur l’économie et l’administration
haïtienne, le séisme a touché de façon aiguë les capacités humaines et institutionnelles des secteurs
public et privé, ainsi que des partenaires techniques et financiers internationaux et de certaines
Organisations non gouvernementales (ONG).
• Les dommages sont estimés à la valeur de remplacement des actifs physiques détruits en
totalité ou en partie, construits aux mêmes normes qui ont prévalu avant la catastrophe ;
• Les pertes sont estimées à partir des flux économiques résultant de l’absence temporaire des
actifs endommagés ;
• À partir des dommages et des pertes, on évalue l’impact du désastre sur la performance
économique, l’emploi et la pauvreté ;
• Les besoins prennent en compte les activités de relèvement, de reconstruction et de
refondation de l’État haïtien.
La valeur totale des dommages et des pertes causés par le tremblement de terre du 12 janvier 2010 est
estimée à 7,9 milliards de dollars ce qui équivaut à un peu plus de 120 % du produit intérieur brut du
pays en 2009. De fait, depuis 35 ans d’application de la méthodologie d’estimation des dommages et des
pertes DALA, c’est la première fois que le coût d’un désastre est aussi élevé relatif à l’économie d’un pays.
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
La plupart des dommages et pertes ont été subis par le secteur privé (5,5 milliards de dollars, soit 70 %
du total), tandis que la part du secteur public s’élève à 2,4 milliards de dollars soit 30 %.
La valeur des actifs matériels détruits, entre autres les unités de logement, les écoles, les hôpitaux, les
bâtiments, les routes et les ponts, les ports et aéroports - a été estimée à 4,3 milliards de dollars (55 %
des effets totaux de la catastrophe). La variation des flux économiques (perte de production, réduction
des chiffres d’affaires, perte d’emploi et de salaires, augmentation des coûts de production, etc.) atteint
3,6 milliards de dollars (équivalant à 45 % du total).
Le logement est sans aucun doute le secteur le plus touché par le séisme compte tenu du fait que les
dommages totaux s’élèvent à 2,3 milliards de dollars. Ce chiffre comprend la valeur de la destruction
d’unités de logements de différents types et qualités, la valeur des maisons partiellement endommagées
et les biens des ménages. Les pertes pour le logement sont estimées à 739 millions de dollars. Le secteur
du logement représente donc approximativement 40 % des effets du séisme. Les autres secteurs, par ordre
d’importance décroissante en ce qui concerne les effets subis, sont ceux du commerce (dommages et
pertes de 639 millions de dollars, soit 8 % du total), les transports et les bâtiments de l’administration
publique (595 millions de dollars chacun) et l’éducation et la santé (avec une moyenne de 6 % du total).
La valeur totale des besoins s’élève à 11,5 milliards de dollars et se répartit comme suit : 50 % pour les
secteurs sociaux, 17 % pour les infrastructures, logement compris, et 15 % pour l’environnement et la
gestion des risques et des désastres. L’estimation des besoins a été réalisée comme décrite ci-dessus,
à partir de la compilation du travail des huit équipes thématiques. (Ces estimations n’ont pas encore
bénéficié d’un arbitrage, ni d’une priorisation et d’une validation du Gouvernement. Cela ne constitue
que la première étape d’un travail plus approfondi pour la conférence des bailleurs de fonds prévue à New
York pour le 31 mars 2010.)
Une société équitable, juste, solidaire et conviviale, vivant en harmonie avec son environnement, sa
culture, une société moderne où l’État de droit, la liberté d’association et d’expression et l’aménagement
du territoire sont établis.
• Une société dotée d’une économie moderne, diversifiée, forte, dynamique, compétitive,
ouverte, inclusive, et à large base territoriale.
• Une société où l’ensemble des besoins de base de la population sont satisfaits en termes
quantitatif et qualitatif.
• Une société apprenante dans laquelle l’accès universel à l’éducation de base, la maîtrise des
qualifications dérivant d’un système de formation professionnelle pertinent, et la capacité
d’innovation scientifique et technique nourrie par un système universitaire moderne et
efficace, façonnent le nouveau type de citoyen dont notre pays a besoin pour sa refondation.
• Tout ceci, avec l’encadrement d’un État unitaire, responsable, garant de l’application des lois
et de l’intérêt des citoyens, fortement déconcentré et décentralisé.
Il poursuivait en précisant que pour assurer une bonne cohérence aux interventions, le Gouvernement, en
s’appuyant sur les différentes propositions reçues, a établi le cadre de la reconstruction qui s’articulera
autour de quatre grands chantiers :
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
1. La refondation territoriale, qui passe par l’identification, la planification et la gestion des nouveaux
pôles de développement, la stimulation du développement local, la reconstruction des zones affectées,
la mise en place des infrastructures économiques nécessaires à la croissance (routes, énergie et
communication), la gestion du foncier garantissant la protection de la propriété et facilitant l’avancement
des grands projets.
2. La refondation économique, qui avec la valorisation des secteurs clés, doit viser la modernisation
du secteur agricole dans ses composantes offrant un potentiel exportable comme les fruits et tubercules,
l’élevage et la pêche avec comme objectif la sécurité alimentaire, le développement d’un secteur
de la construction professionnelle, doté de lois et règlements antisismiques et anticycloniques et
des structures d’application et de contrôle, la poursuite des activités de l’industrie manufacturière,
l’organisation du développement touristique.
3. La refondation sociale priorisant en tout premier lieu un système éducatif garantissant l’accès à
l’école à tous les enfants, offrant une éducation professionnelle et universitaire en adéquation avec
l’exigence de modernisation de notre économie, un système de santé assurant une couverture maximum
sur tout le territoire, une protection sociale pour les salariés et les plus vulnérables.
Cet idéal à atteindre sur un horizon de vingt ans appelle la mobilisation de tous les efforts, de toutes
les ressources pour « réussir le saut qualitatif », thème de la Stratégie Nationale de Croissance et de
Réduction de la Pauvreté présentée en novembre 2007. Cette stratégie demeure un point de repère
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important dans l’énoncé des objectifs à atteindre.
Le séisme du 12 janvier marque cependant une rupture dans les approches utilisées jusque là.
L’importance des problèmes à résoudre, des moyens à mobiliser appellent de nouvelles façons de faire,
véritablement une nouvelle forme de coopération, une responsabilité mutuelle Haïti – Communauté
internationale dans les résultats à atteindre.
Le Plan d’action doit conjuguer l’impératif d’agir maintenant tout en mettant en place les conditions de
la croissance structurelle nécessaire dans la durée. Aussi, les « trois grands moments » de la planification
des interventions, les échéances sur lesquelles Haïti demande l’appui de la communauté internationale
pour réussir cette refondation qui s’avère un devoir historique pour chaque Haïtien et chaque Haïtienne,
sont :
• La période d’urgence, qui doit servir à améliorer les conditions d’hébergement des sans-abris,
à retourner les élèves à l’école et les étudiants à l’Université et aux centres de formation
professionnelle, à préparer la prochaine saison cyclonique de l’été, à poursuivre les efforts
pour redonner une normalité à la vie économique notamment en créant massivement des
emplois par des activités à haute intensité de main d’œuvre, en garantissant la stabilité du
système financier et l’accès au crédit aux micro, petites et moyennes entreprises, à continuer
la réorganisation des structures de l’État. Durant cette période, il faudra travailler sur les
stratégies et plans de développement des nouveaux pôles choisis, poursuivre les actions en
faveur de l’équipement des zones d’accueil des populations déplacées par le séisme, mettre en
place le processus électoral pour éviter tout vide constitutionnel.
• La période d’implantation (dix-huit mois) des projets déclencheurs pour cette Haïti de demain
et la mise en place du cadre d’incitation et d’encadrement à l’investissement privé sur lequel
est fondé le choix de croissance économique fait par Haïti. En effet, comme le prévoient les
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
Les plans d’actions spécifiques à chaque domaine sont regroupés de la manière suivante :
10 Refondation territoriale : reconstruction des zones dévastées et la rénovation urbaine, le réseau routier,
les pôles régionaux de développement et la rénovation urbaine, la préparation de la saison cyclonique et
l’aménagement du territoire et développement local.
La structure adoptée pour le document présente les plans d’actions selon les objets d’intervention. Les
thèmes dits transversaux, égalité des sexes, jeunesse, handicapés sont traités à l’intérieur de chacun
des plans présentés. Ainsi les chapitres portant sur la réduction de la vulnérabilité des populations, la
santé, le filet de protection social ciblent particulièrement les femmes, les enfants et les handicapés. Le
thème de l’environnement est en filigrane de toutes les interventions en agriculture, en aménagement des
bassins versants et en aménagement du territoire.
L’estimation des coûts pour chaque item est basée sur les données du PDNA, celles qui ont été produites
par les ministères et organises nationaux et sur une estimation de la capacité d’absorption de chacun des
secteurs au cours des dix-huit prochains mois. Cette estimation a aussi tenu compte de diverses sources
de financement autre que l’aide publique au développement, notamment les investissements privés ou les
fonds de l’aide humanitaire.
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
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Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
La reconstruction des zones dévastées pose des problèmes de plusieurs ordres, notamment :
L’État veut affirmer son leadership dans ce domaine pour éviter que les reconstructions ne limitent
les options dans l’élaboration du plan d’urbanisme ou que le prix pour récupérer ces terres ne monte
12
en flèche.
Il reviendra aux communes de jouer un rôle clef dans ce domaine en étroite collaboration avec les
autorités nationales. Pour remplir ce mandat, elles auront besoin d’un appui massif en termes de
ressources humaines et matérielles ainsi que d’une assistance technique importante pour former le
personnel et mettre en place le système de surveillance des travaux.
Un premier Arrêté d’utilité publique a été émis le 19 mars 2010 déclarant certains périmètres d’utilité
publique pour répondre à la nécessité d’un nouvel aménagement du territoire suite au séisme. Cet Arrêté
porte sur la région métropolitaine de Port-au-Prince, de Croix des Bouquets et la commune de Léogâne.
Il permet également de disposer des terrains requis pour relocaliser les familles affectées par
le tremblement de terre. Il reste à identifier les autres périmètres qui feront l’objet des arrêtés à venir.
Cela illustre la volonté et la capacité juridique de l’État de rendre disponibles les terrains nécessaires
à la réalisation du Plan d’action pour le relèvement et le développement national.
C’est le rôle du plan d’urbanisme qui doit régir toute l’affectation des terres entre celles qui seront
utilisées par l’État et celles qui seront rétrocédées aux propriétaires privés à la valeur actualisée des
terres ainsi valorisées.
C’est une opération complexe pour en arriver à une décision finale appuyée par un consensus suffisant
des différentes parties en cause. Par conséquent, dès que les périmètres seront identifiés, il conviendra de
lancer la production du plan d’urbanisme.
C’est donc à partir du plan d’urbanisme que la conception finale des travaux requis pourra être faite. Il
importe de prévoir les fonds nécessaires à l’exécution de ces travaux qui sont préalables ou concurrents
aux travaux de reconstruction.
Sa mise en place rend possible un réseau de routes secondaires à partir du réseau principal facilitant
l’accès à toutes les zones du pays. C’est par-là que les intrants à la production arrivent, que les produits
finis circulent, que les touristes ont accès au potentiel culturel et géographique, que les malades ont
accès aux réseaux de services de santé et que les étudiants ont accès aux réseaux d’éducation. C’est aussi
une condition essentielle pour une véritable décentralisation et déconcentration, incluant celle de l’État.
L’inclusion de tous les citoyens passe aussi par un accès géographique à toutes les régions du pays.
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
Pour compléter le maillage routier, il faut construire 600 kilomètres de routes et les ouvrages d’art
nécessaires au désenclavement de régions entières. La carte produite ci-dessus identifie les tronçons à
14 construire et le tableau ci-dessous présente les coûts estimatifs des routes et ouvrages d’art du réseau
prioritaire. Il mentionne aussi les coûts récurrents pour l’entretien du réseau routier.
Le complément naturel au réseau routier pour un pays insulaire est l’établissement de liaisons fiables
donnant accès aux principales îles du pays que sont l’île de la Gonâve, l’île de la Tortue et l’Île-à-Vache.
Ouvrir le pays sur la région et sur le monde : les aéroports et les ports
Haïti ne peut compter jusqu’à maintenant que sur un seul aéroport international, celui de Port-au-
Prince qui a d’ailleurs été fortement endommagé par le tremblement de terre. Les jours qui ont suivi le
séisme ont démontré que cette dépendance à un seul aéroport international rendait le pays vulnérable et
handicapait lourdement sa capacité de faire face aux besoins d’approvisionnement par voie aérienne.
C’est pourquoi, le Plan d’action prévoit de réhabiliter et d’accroître la capacité d’accueil de l’aéroport de
Port-au-Prince et doter le pays de deux autres aéroports internationaux situés à proximité des villes du
Cap Haïtien et des Cayes. Ainsi les trois aéroports du pays seront en mesure de répondre aux besoins du
développement économique et du tourisme.
Le port de la capitale a été lourdement endommagé par le séisme et est devenu inutilisable pendant
plusieurs semaines. Il faut dire que ces installations ne répondaient pas aux besoins réels des activités
économiques du pays. Sa localisation pose aussi problème puisqu’il est situé au centre de Port-au-
Prince, où il bloque en partie depuis longtemps l’ouverture de la ville à la baie de Port-au-Prince et la
réaffectation de la zone à des fins institutionnelles, commerciales et récréatives, plus appropriées à un
centre-ville d’une capitale moderne à construire.
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
De plus, son emplacement ne permet pas son agrandissement nécessaire à l’expansion des trafics, ni
l’amarrage de bateaux à fort tonnage. Il devrait donc être reconstruit dans un endroit plus approprié à ses
fonctions.
La déconcentration des activités économiques appelle la construction de deux autres ports en eau
profonde. Cela permettra de faciliter les importations et les exportations et favoriser l’émergence
d’activités industrielles et commerciales dans les autres régions du pays. D’autres ports de moindre
envergure complèteront les équipements nationaux.
Le financement de ces infrastructures devrait se faire par des partenariats publics-privés de type B.O.T.
(Build, Operate and Transfer).
Chaque année et particulièrement cette année 2010 où le séisme du 12 janvier a affecté tout le pays 15
par les déplacements de population, la saison pluvieuse et cyclonique représente un défi de taille
pour le pays étant donné que la totalité du territoire est exposée à des risques climatiques sévères et
des contraintes infrastructurelles aigües. Il faut donc réduire la vulnérabilité des populations et des
territoires dans les zones à risques : protéger les populations des zones traditionnellement frappées par
les catastrophes naturelles telles que Gonaïves, Jacmel et Cabaret ; curer et reprofiler certaines rivières
et certains canaux de drainage ; protéger et corriger les berges de certaines rivières et ravines, construire
des ouvrages d’art nécessaires pour les traversées dans les zones à risques. Pour répondre à ces priorités
à court terme, un plan de contingence pour la préparation et la réponse aux intempéries est en court de
préparation. Dans les aires du séisme, il est impératif de mettre en place des travaux de curage préventif
des canaux de drainage, de collecteurs et dégradeurs et de stabilisation des berges des ravines dans les
zones sinistrées pour éviter des catastrophes et sauvegarder les reliquats d’infrastructures et de biens
publics et privés restants.
Ces mêmes activités devront être multipliées et renforcées, dans le cadre d’un vaste programme dans une
perspective de moyen et de long terme.
De plus, l’expérience des récents événements catastrophiques (ouragans de 2008 et séisme de 2010)
plaide pour la mise en place de vigoureux mécanismes de gouvernance de crise. Il conviendra d’examiner
la gestion des risques selon les axes principaux suivants :
• Du point de vue opérationnel, les moyens locaux de la protection civile seront renforcés dans
le prolongement des actions déjà en cours : formation, encadrement, équipement des effectifs
communaux et départementaux, recrutement d’un responsable de sécurité civile par commune,
recrutement d’un coordonnateur par département, placé auprès du Délégué départemental. Pour les
événements appelant une réponse nationale, le rôle du Ministre de l’Intérieur et des collectivités
territoriales sera confirmé en tant que responsable unique de la gestion opérationnelle de crise.
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
• Du point de vue de la gouvernance de crise, les autorités publiques seront mises dans une
posture de préparation en tout temps des crises qui menacent le pays, quelle qu’en soit l’origine :
catastrophe naturelle, industrielle ou technologique, accidents majeurs, crise sanitaire, atteintes
à l’environnement, etc. À cet effet, un Conseil National de la Protection Civile réunissant les
ministres les plus directement concernés par la gestion des crises sera créé et aura la responsabilité
de définir la stratégie de réduction des vulnérabilités et de réponse aux crises majeures. Il sera
l’instance politique de gestion des crises majeures et de leurs suites jusqu’au retour à la normale.
Un Secrétariat général permanent placé auprès du Premier ministre assurera la préparation des
décisions du Conseil et à leur mise en œuvre ; à cet effet, il disposera du centre de commandement
(COU) équipé et géré par la DPC.
• La politique de prévention des risques sera poursuivie et assortie de mesures d’encadrement :
délimitation des zones à risques, réglementation d’urbanisme, prescriptions de construction,
notamment antisismiques, normalisation des procédés et des matériaux de construction, règles
de prévention des pollutions etc. Le Ministère des Travaux Publics, Transports et Communication,
le Ministère de l’Agriculture et des Ressources Naturelles, le Ministère de l’Environnement devront
disposer à cet effet d’un corps unique de contrôle constitué, avant 2020, d’un contrôleur par
département en commençant par doter avant 2015 les départements les plus exposés aux risques
d’inondation.
• La Loi sur l’État d’Urgence sera révisée afin de permettre au gouvernement de mieux répondre aux
situations exceptionnelles telles que celle du 12 janvier 2010.
Les principales zones de développement sont associées à des centres urbains qui ont un rôle déterminant
à jouer dans le développement économique et social de leurs régions. Certaines villes émergent du groupe
depuis longtemps par leur dynamisme et l’attrait qu’elles ont toujours exercé sur la population.
La carte ci-jointe illustre les pôles de développement identifiés soit le Cap Haïtien, les Gonaïves, St-Marc,
Hinche, Port-au-Prince et les Cayes. Le choix de ces villes va dans le sens de l’Histoire et d’une meilleure
structuration du territoire. Ces villes rassemblent un volume important de population et comptent déjà
des avantages comparatifs de développement qui leur sont particuliers, tels que leur potentiel industriel,
portuaire et aéroportuaire aussi bien qu’en termes de développement agricole, agro-industriel ou
touristique. Dans un premier temps, outre Port-au–Prince, la priorité portera sur les villes de St-Marc,
Cap Haïtien et les Cayes et de leurs zones de rayonnement.
Le succès de l’implantation des pôles régionaux dépendra largement des incitations au développement
industriel, commercial et touristique. À ce chapitre, la loi Hope II fournit un premier cadre pour utiliser
les avantages comparés d’Haïti, pour mettre à profit sa main d’œuvre, la proximité du marché nord-
américain et le savoir-faire de son secteur privé. Des négociations sont en cours pour bonifier les
dispositions de cette loi envers Haïti et trouver d’autres moyens de faciliter l’accès au marché nord-
américain.
On doit aussi trouver les moyens de concrétiser les bénéfices potentiels de l’adhésion d’Haïti à
la CARICOM, des facilités disponibles auprès des organismes internationaux pour stimuler les
investissements directs. De plus, la diaspora demeure un réservoir non suffisamment exploité de
ressources tant humaines que financières.
Le Plan fournit une occasion de progresser dans ce domaine. À court terme, outre les négociations et les
mesures légales et règlementaires, l’État haïtien veut favoriser les investissements dans ce secteur en
soutenant l’installation de parcs industriels et de zones franches. Des projets bancables existent en ce
sens. Ces projets à rentabilité interne seront financés par les fonds propres des entreprises nationales et
étrangères et des crédits bancaires à des conditions privilégiées, étant entendu que l’État interviendra
directement toutes les fois qu’il faudra mettre en place les infrastructures indispensables et assurer une
répartition géographique plus équilibrée de la création d’emplois.
À l’échelon national du territoire, les propositions incluses dans les différents programmes de ce Plan
d’Action pour le Relèvement et le Développement d’Haïti constituent une avancée significative pour
l’élaboration d’un schéma national d’aménagement du territoire et l’élaboration de stratégies régionales
ciblées de développement. Les avancées sont moindres eu égard aux besoins locaux de planification du
développement et de l’aménagement du territoire.
Par ailleurs, dans la mesure où la réalisation de plans et de schémas requiert du temps, des mesures
exceptionnelles doivent pouvoir être mises en œuvre pour résoudre des problèmes actuels de
développement.
À cet égard, le développement local s’avère un complément essentiel pour concrétiser l’aménagement
du territoire. Il requiert la mise en place et l’exploitation de plusieurs infrastructures et équipements
relevant de l’administration gouvernementale et des collectivités territoriales de base. Celles-ci peuvent
s’effectuer en partenariat avec le secteur privé et la société civile.
La construction des routes secondaires et de voirie locale, dont les parcours, devra également être
convenue en consultation avec les intervenants locaux. De plus, la réalisation de réseaux d’alimentation
en eau potable, de réseaux d’assainissement (drainage / réhabilitation et construction de dégraveurs /
curage des ravines) et de réseaux de collecte et de gestion des déchets solides sont prévus dans la
rubrique eau et assainissement.
Pour s’assurer la participation des intervenants locaux et donner aux instances locales les moyens
appropriés il faudra constituer un fonds local de développement et d’aménagement du territoire qui leur
permettra de financer la mise en place graduelle des autres types d’équipements ou d’infrastructures de
développement local, tels des réseaux de transport interurbains et urbains, des marchés publics, des
places publiques, des équipements culturels et sportifs et des parcs et espaces verts.
Une approche intersectorielle s’avère nécessaire. La mise en œuvre de ces sous-programmes devra être
étroitement coordonnée pour la relance et la modernisation de la production agricole.
En effet, les travaux de protection et de correction dans les bassins versants permettront de reboiser
des aires essentielles pour la protection des sols et d’apporter des corrections aux ravines et aux berges,
d’endiguer des rivières et de construire des retenues collinaires pour contrôler l’écoulement des eaux et
ainsi protéger les populations et les équipements et infrastructures en aval des cours d’eau. Les pratiques
agricoles devront aussi être modifiées pour ne pas surcharger les écosystèmes et s’inscrire dans une
perspective de développement durable.
Des mesures de réglementation de l’utilisation des sols, des prescriptions d’urbanisme et de construction
accompagneront ces sous-programmes.
Étant donné que la problématique des bassins versants concerne plusieurs ministères, et que les activités
afférentes sont à haute intensité de main d’œuvre, les besoins financiers sont comptabilisés sous
plusieurs chapitres, notamment l’agriculture et la création d’emplois.
19
(credit: UNDP)
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
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Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
La diversité des milieux liée à l’altitude, au type de sol ou de climat, entraîne une grande diversité des
cultures en Haïti. Cette variété de produits est un atout. Aux plaines côtières succèdent des plateaux
puis les mornes qui n’ont pas les mêmes potentiels ni les mêmes contraintes. Globalement, l’érosion
de la couche fertile du sol est rapide et se produit dès que la couverture boisée ou arbustive d’une
culture n’est pas reconstituée. La propriété foncière est ténébreuse et les exploitations agricoles sont
généralement de petite taille, ce qui ajoute aux difficultés des agriculteurs.
22
Certaines pratiques agraires et des choix de cultures qui sont motivés par la dynamique des prix sur
le marché des produits agricoles entraînent une réduction des couverts boisés, ce qui a pour effet
d’augmenter les processus d’érosion, de réduire la qualité des sols et des zones côtières de pêche,
d’accroître la fréquence et la force des inondations qui à leur tour, provoquent régulièrement la
destruction d’équipements et d’infrastructures de transport qui sont stratégiques pour l’agriculture et
l’économie en général; la destruction de maisons; la destruction de récoltes et des pertes significatives
de terres agricoles.
L’agriculture et la structure de commercialisation des produits agricoles ont donc un impact significatif
sur l’environnement du pays et sur le niveau de vulnérabilité du territoire et de sa population. Ces
impacts au niveau environnemental constituent une menace à la viabilité même du territoire et l’État
haïtien. Du côté de la pêche, certaines pratiques favorisent la surexploitation de certains sites et, à
terme, la perte de leur potentiel.
Le paysan comme le pêcheur travaillent généralement avec des outils rudimentaires. La modernisation
des équipements, lorsqu’elle est souhaitée par le paysan ou le pêcheur, nécessite un financement qui
est actuellement difficilement accessible.
Les systèmes d’irrigation ne fonctionnent pas toujours de manière efficiente et sont loin de satisfaire
les besoins des exploitations. Les crues endommagent ou détruisent les seuils, les canaux, les murs de
protection. Les difficultés d’accès à l’énergie électrique constituent une autre contrainte commune à la
majeure partie des filières. Le réseau est pratiquement inexistant en milieu rural. L’absence de routes
de pénétration en bon état et l’absence d’unités de conservation et de transformation des produits sont
aussi des contraintes majeures à l’approvisionnement régulier des marchés en produits bien conservés.
Beaucoup de problèmes socioéconomiques sont liés à ces carences. L’économie rurale est largement
une économie de subsistance notamment parce que les possibilités d’échanges commerciaux sont
réduites par les difficultés et les coûts du déplacement par voie routière et par l’absence de possibilités
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
de conservation et de transformation. Les pertes après la récolte sont considérables. Ce ne sont pas
seulement les fruits les plus sensibles qui sont affectés par ces mauvaises conditions, mais également les
légumes, les tubercules et les produits de rente exportables. C’est également le cas des produits d’élevage
et de la pêche dont la mise en marché souffre des mêmes carences structurelles.
23
Elle comporte en particulier les objectifs suivants : (i) une augmentation de l’offre de produits
alimentaires agricoles dans le pays, à travers la disponibilité des intrants agricoles au niveau des
différentes zones de production et l’amélioration des circuits de commercialisation, (ii) la définition
de stratégies d’intégration des populations déplacées, (iii) l’amélioration de l’accessibilité aux produits
alimentaires par une augmentation de la circulation monétaire à travers la création d’emplois dans le
milieu rural, (iv) la recherche d’une intégration de la production nationale et de l’aide alimentaire et
(v) la préparation de la prochaine saison cyclonique traitée par ailleurs plus globalement.
L’augmentation nécessaire des investissements directs étrangers aura aussi besoin d’un système financier
capable de répondre aux besoins des investisseurs et d’assurer la fluidité des fonds et les services
bancaires et d’assurances pertinents.
Fonds de garantie
Selon un document conjoint du Ministère de l’Économie et des Finances et de la Banque de la République
d’Haïti, une des conséquences du séisme du 12 janvier dernier est « la décapitalisation brutale des clients
emprunteurs de Port-au-Prince et des autres villes sinistrées. »
Cela devrait donc accroître la demande de crédit de la part des clients emprunteurs existants pour se
recapitaliser. On doit aussi prendre en compte les besoins des petites, moyennes et grandes entreprises
qui obtiendront les marchés publics et privés de travaux.
Pour répondre à ces besoins et ainsi assurer une capacité d’exécution à la hauteur des besoins, il faut que
l’intermédiation financière fonctionne au mieux.
Selon le document déjà cité, les réserves de liquidités des banques sont suffisantes puisque celles-ci
pratiquent un ratio prêts / dépôts de 36 % contre une moyenne de 56 % dans la région. L’explication d’un
aussi faible recyclage de l’épargne en crédit tient à l’absence de demande solvable de crédit et à la faible
disponibilité de capital de risque.
Pour améliorer cette performance tout en assurant la stabilité du système bancaire, la création de fonds
de garantie sera nécessaire. Il importe cependant de s’assurer que ces garanties seront offertes pour des
investissements productifs et non pour sécuriser ou effacer les créances douteuses dues au séisme ou
autres aléas de l’économie.
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
Le crédit à la reconstruction
La reconstruction du parc de logements privés va aussi nécessiter des facilités de crédit à des taux
acceptables, abordables par ceux qui voudront reconstruire leurs maisons. De telles facilités sont
embryonnaires à l’heure actuelle mais on peut prévoir une explosion de la demande dès que la classe
moyenne qui a été durement décapitalisée, va se reloger.
Il est probable qu’il reviendra au système bancaire de fournir une large part des facilités de crédit
nécessaires. Là encore, compte tenu du niveau de risque et des taux, une intervention de l’État et des
bailleurs de fonds sera nécessaire sous forme de fonds de garantie et autres pour satisfaire à la demande.
Les modalités restent à définir entre les interlocuteurs nationaux et internationaux, mais des solutions
devront être trouvées et mises en place dans les meilleurs délais pour limiter les effets néfastes d’une crise
majeure de l’habitat dans les zones dévastées, mais également à la taille du pays si on souhaite voir se
concrétiser la déconcentration de la population sur le territoire.
Plusieurs formules peuvent être envisagées selon le statut du propriétaire des terrains et des constructions,
parmi lesquelles la mise en place par le système bancaire haïtien de prêts à taux zéro garantis par l’État
et rémunérés selon un taux conventionnel négocié entre l’État et les banques. Il s’agirait d’un système de
place ouvert à l’ensemble des banques inscrites en Haïti auprès desquelles chaque emprunteur aurait la
possibilité de présenter son dossier à la banque de son choix.
L’octroi de ces prêts serait subordonné à l’application des normes minimales de reconstruction et leur
montant calculé en fonction du revenu des emprunteurs. Ce dispositif nécessiterait des financements pour
la couverture de la bonification des taux d’intérêt et la constitution de fonds de garantie. Cette proposition
consoliderait la reconstitution proposée par ailleurs d’un dispositif d’identification des biens fonciers
(cadastre et registre foncier). Elle permettrait de créer dans la durée une demande pour les entreprises et
artisans du secteur du bâtiment avec un fort impact en termes de création d’emplois.
25
La Micro-finance
Les institutions de micro-finance (IMF) ont été durement touchées. Leur capacité à répondre aux besoins
des 200 000 familles et micro-entrepreneurs qui dépendent d’elles pour leurs besoins de financement est
aussi gravement atteinte.
Les mesures suivantes doivent être considérées de manière séparée pour ce secteur :
1. Octroi de dons humanitaires aux micro-entrepreneurs qu’on arrivera à retracer, en vue notamment de
leur permettre : (i) de faire face à leurs besoins de consommation immédiats ; et (ii) de reconstituer
leurs actifs fixes et circulants, en complément des microcrédits qu’ils devraient recevoir des IMF. La
distribution de tels dons devrait logiquement s’appuyer sur les IMF elles-mêmes, de façon à bénéficier
de leur connaissance des bénéficiaires et de leur capacité à les atteindre à travers leur réseau.
2. Établissement de fonds de garantie partiels destinés à relancer le microcrédit aux clients des zones
touchées par le séisme et répondant aux spécificités propres à la micro finance, fonds répondant
toutefois à la même logique que celle des fonds à développer pour le système bancaire. Ces fonds
de garantie viseraient aussi bien les crédits futurs que le refinancement de crédits existants avant le
séisme.
3. Établissement de mécanismes de recapitalisation des IMF, prévoyant notamment le rachat de
portefeuilles de créances en souffrance par un fonds ou une entité financière dédiée à cette fin. Pour
Haïti, il serait toutefois indiqué d’envisager que le recouvrement des créances rachetées des IMF soit
confié à ces mêmes entités sur base de commissions liées aux sommes effectivement recouvrées, de
façon à bénéficier au mieux de leur expérience dans le domaine.
4. Établissement de fonds de garantie ou autres formes d’assurance couvrant les risques futurs liés à
l’avènement de catastrophes naturelles ou autres chocs externes à l’activité des IMF.
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
L’investissement privé
Les investissements directs étrangers et nationaux seront déterminants pour assurer la relance de
l’économie haïtienne. L’État s’engage à favoriser ces investissements par la révision du cadre légal et
financier régissant les investissements dans les secteurs de la production, de la transformation, de
la distribution et des services. Une politique d’incitation adéquate sera aussi élaborée pour favoriser
notamment l’implantation d’industries manufacturières, de zones franches, de parcs industriels et de
zones de développement touristique.
Un ensemble de mesures incitatives seront mises en place pour l’instruction diligente des dossiers et la
facilitation des investissements. Le Ministère du Commerce et de l’Industrie et le Centre de Facilitation
des Investissements sont à pied d’œuvre pour avancer dans ces domaines.
Les modèles de partenariat public-privé (PPP) diffèrent selon leurs grands objets : grandes infrastructures
productives, grands équipements sociaux, projets de développement économique. À l’intérieur de ces
grands objets, des principes/objectifs structurants doivent être poursuivis afin d’assurer la convergence et
la cohérence des actions.
26
Indications budgétaires pour 18 mois :
Subvention au taux hypothécaire et micro finance : 50 M$
Fonds de garantie : 350 M$
Total 400 M$*
*non comptabilisé car objet de partenariats spécifiques avec des institutions financières privées
Selon une étude récente, plus de 75 % des pertes du secteur privé, estimées aujourd’hui à près de
2 milliards de dollars, se retrouvent au niveau des PME. Ces entreprises, généralement dans le secteur
dit « informel », étaient déjà décapitalisées par l’absence d’accès à des crédits à des taux supportables.
Il faut donc aider les entreprises haïtiennes à surmonter leur perte, notamment en leur fournissant des
prêts palliatifs pour couvrir leurs obligations immédiates. Cette assistance devra aussi inclure un effort
de formalisation élargissant l’assiette fiscale du pays afin d’augmenter les recettes de l’État.
Dans un premier temps, le secteur privé prévoit la création de quelques 500 000 emplois, en particulier
à travers le renforcement et la création des petites et moyennes entreprises, notamment dans la
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construction et l’agriculture. Pour atteindre ces objectifs, la reconstruction d’Haïti devra être inclusive et
favoriser l’emploi de la main d’œuvre et des entreprises locales, ainsi que la production locale, quelle que
soit la source de financement.
Afin de favoriser les entreprises locales et les aider à faire face au défi de la reconstruction, un fonds de
garantie devra être établi pour les petites et moyennes entreprises afin de fournir des crédits à court et
moyen terme à des taux tolérables.
La création des pôles de développement est urgente, faute de quoi l’hypertrophie de Port-au-Prince risque
non seulement de perdurer mais aussi d’augmenter. Un développement harmonieux du pays passe par un
développement des régions et des entreprises à travers tout le territoire. Les pôles de développement, en
plus de Port-au-Prince, ont été identifiés comme suit : au Nord, l’axe Cap Haïtien–Ouanaminthe pour le
tourisme, le textile et l’agriculture ; la région des Gonaïves pour l’agriculture et le tourisme ; le Sud pour
l’agriculture, le textile et le tourisme.
Le Gouvernement devra faciliter la création de ces pôles par des accords commerciaux et une politique
monétaire favorable. De plus les infrastructures nécessaires en termes de routes, ports et aéroports
devront être construites comme colonne vertébrale du développement de ces pôles.
Les lois sur le travail devront être modernisées ; et les efforts en cours sur la modernisation du secteur
des affaires et les investissements devront s’accélérer.
Le manque de clarté quant aux titres de propriétés est un obstacle majeur à l’investissement privé et
décourage les prêts bancaires. La création d’un cadastre est une condition sine qua non à un apport
massif d’investissements.
Des efforts immédiats doivent être entrepris par le gouvernement et le secteur privé pour élargir
l’assiette fiscale afin que les revenus fiscaux passent du taux actuel avant le séisme de 9 % vers un taux 27
de 16-18 %. Cela ne pourra se faire qu’avec un dialogue renforcé entre les pouvoirs publics et le secteur
des affaires et une participation plus grande de ce dernier dans les décisions, notamment sur la création
des pôles de développement et leur gestion.
Au-delà de cette récupération, le développement du pays exige que l’accès à l’électricité soit généralisé
dans les pôles régionaux pour desservir la population croissante et pour répondre aux besoins du
développement économique.
Des centrales thermiques devront être construites et mises en opération dans les zones où
l’hydroélectricité n’est pas disponible et aux besoins suscités par les activités économiques notamment
dans les zones franches et les pôles de développement).
La réhabilitation des réseaux de distribution d’énergie électrique situés dans les principales zones
affectées par le séisme doit être poursuivie à court terme. Toutefois, afin de contribuer à la relance de
l’activité économique en région, au développement d’économies régionales et locales et à la création
d’emplois partout sur le territoire, il faudra développer les différents réseaux locaux de distribution
d’énergie électrique pour alimenter des secteurs porteurs et des secteurs où des niveaux de rentabilité
de la clientèle sont favorables et pour satisfaire des besoins de base de la population.
Un effort significatif devra être aussi apporté à la gestion adéquate du réseau de distribution. Le
phénomène des branchements illégaux devra être contenu et réduit à son minimum et la maintenance
des réseaux devra être adéquate afin de réduire les pertes techniques.
28 L’augmentation de la capacité de production et une certaine amélioration du transport et de la
distribution ont cependant eu des répercutions importantes sur le budget national qui doit prendre
en charge une part importante des coûts du pétrole nécessaire à la production de l’énergie. Il est
impératif de revoir les coûts de production de l’électricité pour l’équilibrer avec la capacité de payer des
consommateurs industriels, commerciaux et touristiques ainsi que pour la consommation individuelle.
Ici aussi, les partenariats publics-privés et le recours à la formule B.O.T. devront être utilisés pour fournir
une part importante des investissements requis.
Lors du Forum organisé sous le patronage de l’Organisation des États Américains (21 et 22 mars
2010), la diaspora a reconnu et appuyé les efforts du Gouvernement et du secteur privé pour le
relèvement et la reconstruction du pays. Ce rassemblement largement représentatif a proposé une série
de recommandations portant sur tous les aspects du PPARDN, avec une insistance particulière sur le
développement économique.
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
Tous conviennent que la diaspora a un rôle important à jouer dans la reconstruction du pays et qu’il faut
trouver les moyens pour mettre les compétences des Haïtien et Haïtiennes vivant à l’étranger au service
de ce devoir de refondation.
Il faut également trouver des formules pour que les transferts d’argent de la diaspora vers Haïti
deviennent des sources d’investissements pour le développement économique et social.
La réflexion doit se poursuivre et le dialogue amorcé suite au tremblement de terre doit se transformer en
une recherche active de solutions et de mécanismes de contribution.
Il reste beaucoup à faire mais il faut saisir cette opportunité au moment où le pays a besoin de mobiliser
toutes les ressources disponibles.
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Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
Le gouvernement a identifié cinq sites qui doivent être aménagés en toute urgence afin de pouvoir
accommoder 100 000 personnes ou plus si nécessaire. Dans un premier temps, des abris provisoires
devront y être installés. Il est cependant prévu que ces sites deviennent de nouveaux quartiers
permanents où les abris seront graduellement remplacés par des habitations permanentes et des
infrastructures et services de base durables. Il est impératif que le plus grand nombre des 21 sites
susmentionnés soient évacués avant la saison des pluies et certainement avant la saison cyclonique.
Pour les habitants des autres camps, plusieurs initiatives seront prises visant à améliorer la situation des
camps, à continuer d’identifier de nouveaux sites plus adéquats ou, lorsque c’est possible, les inciter à
rentrer chez eux. Un accompagnement dans cette démarche serait alors fourni.
32
Une assistance technique sera fournie aux autorités locales sous forme d’équipes pluridisciplinaire
notamment pour l’urbanisme, le régime foncier, ainsi que le contrôle de la qualité des matériaux de
construction. Un fonds de sécurisation sera également créé pour soutenir les efforts de reconstruction
des communes et des quartiers. D’autre part une assistance financière sera accordée qui inclura des
mécanismes d’accès à des prêts, par la création d’un fonds de reconstruction du logement.
Au-delà de ses effets économiques, cette création d’emplois répond à un souci de placer le plus
rapidement possible la nation haïtienne dans la voie du relèvement et de raccourcir autant que possible
une phase humanitaire vitale mais qui risque de mettre une large couche de la population en situation
de dépendance. Créer des emplois d’utilité publique redonne un sens et une dignité pour tout Haïtien qui
souhaite pouvoir subvenir à ses besoins par le fruit de son travail.
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
La situation actuelle offre de nombreuses opportunités de travaux à haute intensité de main d’œuvre.
Cela concerne les activités en milieu rural à travers la réhabilitation des infrastructures de production
(systèmes d’irrigation, pistes agricoles) et l’aménagement des bassins versants (reboisement,
établissement de parcelles fourragères, travaux de correction de ravines dans les zones périurbaines,
arboriculture fruitière). Les programmes d’entretien routier répondent également à cet objectif selon
la méthodologie qui a été utilisée depuis plusieurs années par le fonds d’entretien routier et selon
un calendrier qui doit être accéléré. Les petites infrastructures communautaires (chemins, sentiers,
passerelles, magasins et centres communautaires, petits réservoirs d’eau et tuyaux d’alimentation,
etc.) et urbaines (pavage de voierie, placettes, curage de réseaux d’assainissement) sont également
dans cette logique, de même que les projets de nettoyage et de recyclage de matériaux générés par
l’effondrement d’immeubles dans les zones les plus touchées par le séisme.
Le potentiel de création d’emplois est considérable. Ainsi le seul programme proposé par le MARNDR
représente un potentiel de création d’emplois d’environ 40 millions de personnes/jour.
Cette création d’emplois doit se faire dans le respect d’un certain nombre de principes: (i) au-
delà de l’emploi direct, le choix des investissements doit tenir compte de leur intérêt économique
et social ainsi que de leur viabilité, (ii) une attention particulière doit être portée à l’appui et la
responsabilisation des structures locales en position de maîtrise d’ouvrage, (iii) les travaux doivent
être bien organisés et supervisés par des professionnels, afin de ne pas donner aux travailleurs et à
la population en général l’impression négative que l’on peut gagner de l’argent en s’engageant dans
une activité sans utilité ou mal conduite, (iv) le salaire payé doit être décent tout en évitant de faire
concurrence à ceux payés sur le marché régulier pour ne pas alimenter une migration de la force de
travail en dehors de ses activités courantes, (v) il est fondamental que les enfants haïtiens soient
protégés du travail infantile, surtout des formes les plus nocives (respect des droits fondamentaux et
standards internationaux de travail) pendant les premières étapes de la reconstruction compte tenu
des tentations qui surgissent pendant que les habitants reconstruisent leur vie, (vi) les familles qui 33
assistent des personnes handicapées devront recevoir une attention prioritaire pour leur permettre
d’assumer leur responsabilité (vii) les femmes qui ont subi le plus fortement les contrecoups du séisme
devront être recrutées en priorité.
La création d’emplois ne concerne pas que des travaux. Elle intéresse également des projets tels que la
constitution d’un état civil, la réalisation du cadastre, les enquêtes à mener par l’Observatoire National
de la Pauvreté et de l’Exclusion sociale (ONPES) et d’autres structures, qui sont tous à haute intensité
de main d’œuvre avec une bonne répartition sur le territoire. La réalisation de ce type de projet doit
recevoir une attention prioritaire.
L’État a un rôle prépondérant à jouer dans la relance de l’emploi à travers les activités HIMO dans cette
première phase de relèvement du pays, et devrait pouvoir employer quelques 200 000 personnes. Un
nombre équivalent d’emplois HIMO devrait pouvoir être créés par les autres acteurs internationaux et
nationaux.
Il faudra aussi tenir compte de la vulnérabilité accrue de milliers de femmes qui ont perdu leur emploi
ou encouru des pertes importantes surtout dans le secteur informel ; les dizaines de milliers de jeunes
qui ne vont plus à l’école, et plus de 100 000 enfants sans protection familiale suite au séisme,
avec tous les risques potentiels de violence et d’exploitation. Il y a aussi les milliers de nouveaux
handicapés qu’il faudra aider dans leurs efforts de réinsertion. Un système de protection sociale de
base devra été mis en place et testé durant cette première phase du relèvement du pays. À ce compte,
les systèmes existants seront renforcés par la fourniture directe de service de base aux familles
34 nécessiteuses à travers des partenariats avec les opérateurs privés.
3. Tableau résume des besoins à très court terme (6 mois), court terme (18 mois) et
moyen terme (3 ans) – Besoins en milliers M$ :
Très court terme 60 M$
Court terme 100 M$
Moyen terme 40 M$
Total 200 M$
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
La relance des activités scolaires sur le très court terme est l’une des grandes priorités de l’État. Il s’agit
à travers la stratégie élaborée par le MENFP, et en concertation étroite avec le secteur privé de :
• Garantir le retour à l’école en toute équité des élèves des trois départements
directement affectés et de ceux qui ont migré vers les autres départements ;
• Fournir un appui à la scolarisation de tous les enfants fréquentant les structures
scolaires existantes ;
• Apporter le soutien et l’encadrement nécessaire aux enseignants et aux autres personnels de
l’éducation ;
• Appuyer le redémarrage de l’enseignement supérieur et technique ;
• Préparer la rentrée scolaire prochaine ;
• Poursuivre la démarche de l’éducation pour tous.
• d’organiser l’accueil des élèves dans les départements directement touchés et dans ceux qui le
sont indirectement par l’établissement de plus de 4 000 abris temporaires.
• de mettre en place des paquets distincts pour chacune des catégories d’acteurs (élèves,
enseignants, directions des établissements), incluant la fourniture d’une assistance
36 psychosociale. À titre d’illustration, à très court terme, les charges scolaires seront prises en
charge par l’État.
• de fournir un appui spécifique au secteur de la formation professionnelle et de l’enseignement
supérieur qui a été particulièrement affecté, de procéder à des adaptations du calendrier
scolaire, des curricula et des systèmes d’évaluation et de fournir les équipements et les
moyens nécessaires à ce démarrage.
• de mettre en place les bases de la reconfiguration du système éducatif ;
• de reconfigurer l’offre de formation.
C’est dans ce contexte que, pour assurer une couverture sanitaire optimum, le MSPP compte innover
le partenariat avec le secteur privé qui consistera à consolider les acquis existants avant le séisme
et à mettre à profit les capacités de délivrance de soins des opérateurs privés à travers de nouveaux
programmes de prise en charge par le biais des réseaux de prestataires de soins organisés Ces programmes
viseront aussi en même temps la recapitalisation des opérateurs privés qui devront assurer la relève des
systèmes mis en place pendant la période d’urgence. Les sommes importantes déjà mobilisées à travers
l’appel humanitaire d’urgence ne couvrent qu’une petite partie des besoins réels pour le relèvement de
ce secteur, y compris la reconstruction ou la réhabilitation de certaines infrastructures détruites et la
construction d’hôpitaux de référence et de centres de santé à travers le pays, nécessaire à la politique
37
d’aménagement du territoire prônée par le Gouvernement. Il faudra mieux reconstruire 30 hôpitaux sur
les 49 qui existaient dans les 3 régions affectées par le séisme, ainsi que les infrastructures étatiques
et de formation. Il s’avère également impératif de lancer la construction de huit hôpitaux de référence
dans les chefs-lieux des départements, à commencer par Port-au-Prince, Cap Haïtien, les Cayes et Jacmel.
Les projets déjà en cours tels que la planification d’un hôpital de référence aux Gonaïves, qui s’intègrent
dans la politique d’offre de services renforcée et sur une base géographique déconcentrée, devront
être poursuivis et accélérés. Dans le court terme, il s’agit également d’investir massivement dans le
renforcement des ressources humaines et l’équipement afin d’assurer un meilleur accès à un nombre accru
de personnes. Il va falloir aussi renforcer la gestion des intrants et médicaments essentiels.
Eau et assainissement
La stratégie de relèvement et de reconstruction pour l’accès à l’eau potable et l’assainissement s’articule
autour de la stratégie sectorielle existante. Il est important d’améliorer dans le court terme (12 à 18
mois) la gestion des déchets solides de manière à accroître la qualité de vie en assurant la collecte et la
mise en site de plus de 200 000 m3/mois de déchets solides dans la capitale et des dix agglomérations
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
urbaines les plus importantes. La priorité sera accordée à la mise en place de 8 sites de décharges
pour la desserte effective de la zone métropolitaine et des 10 agglomérations urbaines regroupant une
population de 5 millions d’habitants.
De plus, il faudra assurer la cessation progressive de la fourniture précaire des services de base
temporaire pour, sur une période de 3 ans, assurer la construction d’un système d’approvisionnement en
eau potable et d’assainissement dans le pays en favorisant les technologies à faible coût et socialement
adaptées. Les objectifs à atteindre sont : une couverture en eau potable de 60 % en zone métropolitaine
et de 73 % dans les autres agglomérations urbaines et en milieu rural ; une couverture en assainissement
de 58 % en zone métropolitaine et de 50 % dans les autres agglomérations urbaines et en milieu rural. La
mise en place de la politique nationale dans le secteur Eau Potable et Assainissement sera soutenue par
le renforcement du développement technique de la gestion et de l’autonomie financière des opérateurs
du pays et par une campagne nationale pour l’amélioration des pratiques d’hygiène et de promotion de
l’assainissement de l’ensemble de la population – avec pour cible dans les dix-huit premiers mois les 5
millions de la zone métropolitaine et des 10 grandes agglomérations urbaines.
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Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
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Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
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Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
Le Corps législatif doit pouvoir jouer pleinement son rôle dans les années difficiles à venir. Il
fonctionnait déjà dans des conditions difficiles en termes d’accès aux ressources humaines et matérielles.
Le tremblement de terre a rendu encore plus ardu la tâche des parlementaires.
Il faut remplacer les cadres de haut niveau qui ont perdu la vie ou qui ont été blessés. Un appui
technique substantiel sera nécessaire pour ce faire, cela alors qu’Haïti entre dans une phase critique avec
des échéances électorales proches et le danger d’un vide constitutionnel qui risque de déstabiliser les
institutions gouvernementales existantes.
Il faut reloger les activités temporairement en attendant la construction d’un nouveau Palais législatif
avec les facilités adéquates pour l’exercice de leurs fonctions constitutionnelles. Le PARDN prévoit un
appui au fonctionnement du Parlement pou l’aider dans ce sens.
42 L’appui aux institutions démocratiques doit aussi permettre, dans la mesure où les conditions sont réunies
pour un scrutin crédible, le respect du calendrier constitutionnel pour les rendez-vous électoraux. C’est
pourquoi les fonds sont prévus à cet égard.
Il faut donc rechercher dans les plus brefs délais un consensus politique pendant cette phase
de relèvement et de reconstruction, et redoubler d’efforts pour intégrer la société civile et plus
généralement, les citoyens dans la recherche de ce consensus. Des institutions telles que le CEP et l’ONI
(Office Nationale d’Identification) devront être renforcées. Des activités d’appui à la société civile, au
Parlement et aux partis politiques devront également être initiées de façon concertée pour leur permettre
de jouer pleinement leurs rôles respectifs, par des consultations régulières et en leur donnant les moyens
de faire entendre leurs voix.
aux besoins fonctionnels de ces pouvoirs mais également pour rétablir les symboles de l’État et de la
division des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire. La relocalisation des activités de ces
institutions dans des locaux temporaires est impérative. Il faudra aussi, à court terme entreprendre les
études pour la construction des locaux définitifs et lancer les différentes procédures spécifiques à ce
genre de construction qui affirme la pérennité de l’État.
Certaines administrations ont déjà entamé le démarrage de leurs activités sur les sites de leurs anciens
bâtiments (MENFP, MJSP, MARNDR) ou dans des espaces qui leur étaient rattachés (MEF, MTPTC). La
grande majorité des ministères n’a cependant pas encore résolu ses problèmes de locaux. Certains
bâtiments disponibles sont en réaménagement pour être affectés et des espaces supplémentaires
provisoires doivent être construits.
Ces espaces ne pourront pas contenir l’ensemble des services et des fonctionnaires des ministères.
Le démarrage devra se faire à partir d’un noyau dur de services essentiels pour assurer un fonctionnement
minimal, mais satisfaisant. Dans ces implantations provisoires, on veillera au rapprochement des
administrations qui sont appelées à travailler ensemble, notamment dans la gestion des crises et du
relèvement du pays.
Il faut aussi prévoir les équipements de bureau et de communication pour saisir l’opportunité de
doter l’administration d’une capacité d’utiliser les technologies de communication dans ses opérations
quotidiennes.
La priorité sera accordée aux administrations qui sont cruciales pour la relance du pays, notamment la
Présidence, la Primature, le Ministère de l’Économie et des Finances (priorité à la Direction Générale des
Impôts et à la Douane), le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales (Gestion des risques et
des désastres), le Ministère du Plan et de la Coopération Externe, le Ministère des Travaux Publics et des
Télécommunications, le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle, le Ministère
43
de la Santé Publique et de la Population, le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (traitée
séparément ci-dessous), le Ministère de l’Agriculture et des Ressources Naturelles.
• Un objectif : dans un délai de 5 ans, réduire à 20 % la part des fonctionnaires de l’État
en administrations centrales, et porter à 80 % celle des services déconcentrés (hors PNH,
enseignants et les agents des services de santé). Cet objectif est de nature à conforter les
pôles régionaux de développement, et à mieux répartir la prestation publique sur le territoire.
• Des mesures concrètes d’accompagnement : compléter la construction de centres
administratifs dans les départements et les arrondissements, inciter les fonctionnaires à
s’établir en province par des mesures indemnitaires et des aides au logement ainsi que par des
avantages de carrière.
• Une redéfinition des rôles respectifs de l’administration centrale et des services déconcentrés,
conduisant à modifier les modes de relation entre eux : recentrage de l’administration centrale
sur les fonctions de prospective, d’élaboration des textes législatifs et réglementaires, de
pilotage des services déconcentrés, d’évaluation des politiques publiques, de contrôle de
la marche des services ; renforcement des services déconcentrés sur la mise en œuvre des
44 politiques ministérielles et interministérielles, développement des procédures de concertation
entre centre et périphérie, notamment dans l’évaluation des besoins budgétaires et humains,
affirmation du rôle du délégué départemental et du vice-délégué dans la coordination des
services sur le terrain.
• Une montée en charge progressive des compétences décentralisées, en mettant l’accent sur
les services collectifs à la population. L’objectif est que d’ici à 5 ans, la population haïtienne
habitant un pôle de développement bénéficiera de services de proximité fournis par leur
commune (eau, assainissement, ordures ménagères, entretien de la voirie communale), soit
environ 50 % de la population totale ; cette couverture devra augmenter dans les années
suivantes pour être généralisée à l’ensemble du territoire en 2020.
• Un renforcement du rôle des communes dans la réduction des vulnérabilités et la protection
des populations, à travers une décentralisation des règles d’urbanisme et une augmentation
des moyens de protection civile dans les communes et sections communales.
• Des mesures concrètes d’accompagnement de la décentralisation : formation et recrutement de
cadres (au moins 3 cadres supérieurs par commune, dont un administratif et deux techniques,
soit environ 500 cadres à former d’ici à 2020), dotation en bureaux et équipements
techniques, en commençant par les pôles de développement.
• Une augmentation progressive des ressources locales : si les collectivités territoriales resteront
au début principalement dépendantes des dotations de l’État, elles devront développer leurs
ressources propres par une fiscalité locale adaptée. À l’horizon de 2020, les dotations de l’État
ne devront plus représenter que 50 %, au maximum, des recettes de fonctionnement des
communes pôles de développement, et à l’horizon de 2025 pour les autres communes.
• En vue de la réinstallation des administrations dans les locaux définitifs, l’étude et la mise
en œuvre des moyens d’assurer un meilleur accueil du public et de développer les techniques
d’information et de communication modernes dans les services publics :
– Ouverture d’un portail internet gouvernemental
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
Pour atteindre le premier objectif, il faudra doter les services du Ministère de la Justice et de la
Sécurité Publique (Ministère, PNH, DAP) et les institutions judiciaires d’équipements et d’infrastructures
provisoires adéquats leur permettant de fonctionner dans les zones affectées par le tremblement de
terre et dans les zones de réception des populations déplacées. Il faut des tentes et des conteneurs
pour loger les Services du Ministère et de la Police Nationale, pour la Direction de l’Administration
Pénitentiaire, pour les Tribunaux de première instance et les Tribunaux de paix. Il faut entreprendre la
réhabilitation des locaux affectés, mais jugés sécuritaires. Il faut relancer et accélérer le processus de
recrutement de nouveaux agents de la PNH. Il faudra aussi renforcer le personnel des services du MJSP
et des institutions judiciaires afin de répondre aux besoins dans les zones affectés et dans celles qui
accueillent des populations déplacées.
Le second objectif se réalisera par le développement par la PNH d’une stratégie préventive pour
assurer la sécurité des personnes et particulièrement des populations vulnérables et déplacées, par le
renforcement à l’accès au droit et à la justice des populations affectées et particulièrement des femmes
et par la capacité des communautés affectées de développer des stratégies de prévention de la violence.
Quant au troisième objectif, il sera atteint par le respect des procédures et des délais, par le
renforcement des juridictions civiles, par le respect des droits de la personne dans le fonctionnement de
la chaine pénale, par la capacité de la PNH de mieux gérer les nouveaux défis en matière de sécurité,
par l’amélioration des conditions de détention dans les prisons, tout cela couronné par la relance du
processus judiciaire.
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
Le cadre macroéconomique pour les prochaines années est articulé pour permettre d’aborder le problème
urgent et crucial de la pauvreté massive et de la grande vulnérabilité des populations et de l’impératif
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
de reconstruire l’économie, la société, l’espace sur des bases plus équilibrées et soutenables. Le cap
sera mis sur une dynamique inclusive de rattrapage et d’augmentation du niveau et de la qualité de vie.
Les politiques et réformes conduites sur les dernières années ont généré des acquis positifs qui devront
faciliter la gestion macroéconomique.
Pour prévenir un effondrement possible de l’économie, la relance est prioritaire et la croissance doit
être vigoureuse. Cependant, en raison des dommages et pertes et du net ralentissement de l’activité
économique causé par le séisme, le PIB de cette année devrait chuter de 8.5 % environ avec les mesures
d’urgence et pour le relèvement qui s’étend sur 18 mois après le séisme. Dans ce cadre, un ensemble de
défis devront être adressés. D’une part, la stratégie de croissance doit favoriser une intégration forte des
secteurs, branches d’activités et populations afin de limiter les fuites et de permettre une répartition plus
équitable des fruits de la croissance. Un autre défi est de pouvoir sécuriser les ressources indispensables
pour réaliser les investissements, notamment en infrastructures, et fournir les services de base sociaux et
économiques nécessaires. Pour cela le pays devra compter sur des flux d’aide externe suffisants et selon
un calendrier compatible avec la mise en œuvre des réformes pour renforcer la capacité et les structures
internes de financement et l’autonomie financière de l’État
• Une croissance moyenne annuelle de 3,5 % du PIB per capita en termes réels d’ici à 2015.
Cela implique une récupération rapide qui porte le taux de croissance du PIB réel à 10,4 %
en 2010/2011, taux qui devrait baisser graduellement jusqu’à 6,2 % environ d’ici 2015. Cela
permettra de faire reculer le taux de pauvreté de 54 % en 2009 à 40 % en 2015, compte non
tenu de la distribution des revenus.
• Un taux d’inflation maintenu en dessous de 10 % sur la période. Il devra augmenter à 8,5 %
48 cette année et s’y maintenir en 2011 en raison des pressions engendrées surtout par un
accroissement de la demande lié à la croissance. Il devra chuter progressivement jusqu’ à 5 %
en 2015.
• L’augmentation progressive de la pression fiscale après une chute à 7,3 % en 2010 pour
atteindre plus de 13 % en 2015.
•L’augmentation du niveau des réserves nettes de changes, même si son poids dans les
importations, 3,1 % en 2009, devrait chuter à 2,4 % en raison de la montée des importations
liés à l’accroissement des investissements en 2010 et 2011, pour remonter progressivement.
•Le solde budgétaire incluant les dons devra augmenter à 7,3 % en 2010 pour chuter
graduellement à 4,7 % en 2015.
•Le déficit du solde courant de la balance des paiements hors dons connaitra une forte
détérioration en passant de -10,6 % en 2009 à 24,6 % puis 26,6 % en 2010 et 2011
respectivement. Il baissera progressivement pour atteindre 13 % en 2015.
publics dans les infrastructures et services de base ; c) une politique macroéconomique proactive ;
d) le développement de partenariats avec le secteur privé basés sur une approche pragmatique axée
sur l’identification des opportunités, la dynamisation des investissements ; e) la structuration des corps
de métiers et la formalisation du secteur informel ; f) la promotion et l’encadrement des petites et
moyennes entreprises dans différents secteurs ; g) l’accès au crédit pour les différents secteurs d’activité ;
h) le développement de pôles régionaux de croissance et la mise en valeur des ressources locales sur
l’ensemble du territoire ; i) la production accélérée de capital humain ; j) l’harmonisation
et la révision du cadre légal et règlementaire des affaires.
Au cours de cette deuxième phase, la croissance sera stimulée par la construction, l’agriculture et
l’agro-transformation, le tourisme, la manufacture et l’artisanat. Cela permettra de créer de l’emploi
particulièrement dans la construction et BTP, dont la valeur ajoutée devra croître de 49 % et 34 % en 2011
et 2012 respectivement. On estime qu’environ 250 000 bâtiments et maisons devront être reconstruits
dans les zones touchées par le séisme et presque l’équivalent de nouveaux logements sera nécessaire pour
loger les 500 000 personnes en déplacement vers la province. Compte tenu de la configuration actuelle
des firmes locales de construction, il est prévu que le marché sera dominé dans les prochaines cinq années
par les firmes étrangères et une petite minorité de firmes haïtiennes. Une attention particulière sera
accordée aux PME du secteur pour les habiliter à une intégration plus importante dans les activités de
réhabilitation/reconstruction et le développement des capacités additionnelles d’intervention. La faiblesse
du pouvoir d’achat des ménages et la question des normes de construction seront pris en compte à travers
la mise en vigueur d’un code de construction et du bâtiment, un système d’accompagnement et de crédit
à la construction résidentielle, et ce, afin de favoriser la mise en place des pôles de développement, donc
d’un développement spatial plus harmonieux.
Les recettes fiscales pour 2009-2010 ne représenteraient que 50 % des prévisions budgétaires. Avec les
dépenses budgétaires inchangées mais réorientées en fonction des nouvelles réalités, un déficit budgétaire
de 19 milliards de gourdes reste à combler. Les autorités haïtiennes comptent sur des appuis budgétaires
de la communauté internationale pour combler ce déficit, pour ne pas avoir à recourir au financement
monétaire et donc pour préserver la stabilité macroéconomique des dernières années.
Les autorités fiscales, dans cette perspective pour diminuer cette dépendance dans les prochaines années,
entendent résolument poursuivre et approfondir les reformes entreprises et en initier d’autres pour
moderniser le système fiscal et en accroître la productivité et améliorant de fait la capacité financière de
l’État.
La base monétaire devra croître à un rythme proche de celui du taux de croissance économique projeté
pour cette période et les autorités éviteront de recourir au financement monétaire du déficit public sauf en
cas de besoin justifié par la non matérialisation de l’aide externe engagée.
1. L’établissement de fonds de garantie partielle, couvrant les crédits offerts par les banques, ces
dispositions s’étendront aux institutions de micro-crédit;
2. L ’encouragement aux banques à utiliser au mieux les mécanismes juridiques disponibles, tels le
leasing d’équipement.
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
3. D
es mesures visant à baisser l’écart entre taux débiteurs et taux créditeurs.
4. L’établissement de fonds de garantie ou autres formes d’assurance couvrant les risques futurs
liés à l’avènement de catastrophes naturelles ou autres chocs externes liés à l’activité des IMFs.
Il y a là obligation de résultats. L’expérience des six dernières années montre que ce ne fut pas le cas.
Il faut faire autrement et innover, notamment au chapitre des conditionnalités. Le cadre de gestion
des différents mécanismes doit comporter toutes les garanties pertinentes pour une gestion saine et
transparente des fonds engagés. Ces garanties doivent se limiter au contrôle effectif des fonds et ne pas
inclure de conditionnalités « extra-gestion » qui porteraient sur des actions à poser sans rapport avec
l’approbation et le suivi d’exécution des programmes et projets.
Les engagements pris à la Conférence de New York portent essentiellement sur les ressources provenant
de l’aide publique au développement. Les mécanismes abordés dans ce chapitre traitent prioritairement
de ce volet du PARDN mais abordent également les initiatives à prendre pour intégrer les contributions
50 des uns et des autres dans un effort collectif et solidaire pour, non seulement, se relever du désastre du
12 janvier mais aussi pour vraiment relancer le pays sur la voie du développement conformément à la
vision exprimée.
Les installations pour la perception des impôts et droits de douanes ont été pratiquement détruites.
Plus grave encore, les infrastructures commerciales et financières ont aussi été très affectées par le
tremblement de terre, annonçant du fait même une réduction des recettes fiscales de l’État pour une
période assez longue.
Par ailleurs, l’État doit répondre aux besoins énormes de la population affectée directement par le séisme
aux chapitres de l’habitat temporaire, de la création d’emplois pour permettre aux victimes de survivre et
pour créer une demande solvable pour les biens et services produits localement. Il doit de plus prendre
les initiatives nécessaires pour la relocalisation des populations, le soutien aux autres régions du pays
afin de leur permettre d’accueillir ces flux de population et d’offrir les services de proximité en matière
de santé et d’éducation.
Il lui faut également reloger temporairement les activités des différents ministères et organismes dont les
locaux ont été détruits, remplacer les équipements et reconstituer les archives.
Bref, il lui faut créer un espoir et affirmer sa légitimité comme leader de la refondation du pays.
La réponse doit être massive et immédiate. Le mécanisme privilégié pour répondre à ces exigences est le
recours au budget de l’État qui dépend dans le contexte actuel de l’appui budgétaire pour l’équilibrer.
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
Pour le moyen terme, horizon à cinq ans, l’État doit pouvoir compter sur une capacité d’intervention
propre pour occuper la place qui lui revient et exercer le leadership souhaité. Il doit disposer de moyens
conséquents, fiables et prévisibles, dont une part importante proviendra de l’appui budgétaire et de celui
à la balance des paiements.
Les besoins en appui budgétaire sont nécessaires parce que les organismes de perception de l’État
(DGI, AGD), sévèrement affectés, ont vu leur capacité de collecte largement réduite pendant qu’une
augmentation des charges publiques consécutive aux nouveaux besoins découlant du séisme est
attendue.
Les prévisions de recettes, revues à la baisse, ne permettront pas de faire face aux exigences de l’heure.
Bien qu’une reprise progressive des activités soient en cours à la DGI et à l’AGD, et qu’une certaine
amélioration soit notée au niveau de la perception des recettes, les difficultés pour l’État de faire
face à ses obligations de base, comme par exemple le paiement des salaires des fonctionnaires, vont
subsister jusqu’à la fin de l’année. En clair, l’État ne pourra pas faire face à ses obligations sans une aide
budgétaire évaluée à 350 millions de dollars américains. L’aide budgétaire prévue est destinée à financer
des dépenses de fonctionnement notamment de salaires, et d’investissement.
51
Dépenses de fonctionnement
Ces dépenses, représentant 25 % du support .attendu, serviront à financer en particulier les salaires
du personnel des institutions suivantes : Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation
Professionnelle, Ministère de la Santé Publique et de la Population et Police Nationale d’Haïti pour
un total de 54,2 millions de dollars US sur les six (6) prochains mois de l’exercice. L’Ed’H et la PNH
bénéficieront également d’un support respectivement pour l’amélioration de la fourniture d’énergie
électrique et les dépenses de carburant.
Dépenses d’investissement
Ces dépenses, évaluées à 75 % du support, seront allouées au financement de divers projets susceptibles
de favoriser à court terme la reprise des activités économiques dans le pays, d’apporter une réponse
immédiate à la question des abris et du relogement des déplacés à la préparation de la saison pluvieuse
et cyclonique et à la protection environnementale et des couches de population les plus vulnérables. Ces
projets sont repartis dans plusieurs secteurs de développement notamment : l’éducation à hauteur de
20 % la production agricole 17 %, les travaux publics 13 %, la santé et le commerce 5 % chacun.
Il n’est pas superflu de rappeler que près de deux mois et demi après le séisme, les établissements
scolaires dans les zones affectées (tous les niveaux), confrontés à d’énormes difficultés, sont encore
fermés. Le Gouvernement est déterminé à ce que les enfants reprennent le chemin de l’école à partir
du mois d’avril. Des travaux sont prévus pour garantir aux écoles un environnement physique adéquat.
La garantie du paiement des salaires réguliers aux professeurs, une aide financière aux parents et aux
établissements publics et privés, la mise à disposition de mobilier et de matériel pédagogique, de
fournitures scolaires complètent l’apport du Gouvernement dans le cadre de la réouverture scolaire.
La subvention accordée à l’EDH devrait lui permettre d’améliorer ses services en vue de favoriser la reprise
des activités économiques et faciliter le travail de la PNH dans le sens d’un renforcement de la sécurité.
En général, les projets susmentionnés ont un objectif commun : la réduction de la vulnérabilité dans
les zones sinistrées et des conditions précaires de vie de la population, la création d’emplois à haute
intensité de main d’œuvre, et la reprise des activités éducatives sociales et économiques.
Les besoins exprimés pour l’année financière 2009-2010 (les deux semestres restants) est de 350 millions
de dollars US. Le tableau qui suit présente les détails de l’utilisation des fonds.
Il est probable qu’une part plus grande des financements à venir transitera par le FFMD mais, pour des
raisons pragmatiques, les financements bilatéraux vont se poursuivre. Il reste à mettre en place les
mécanismes de coordination adéquats pour ce faire.
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
La CIRH doit pouvoir accepter les programmes et projets qui incluent les modalités de financement bilatéral
ainsi qu’un mode de mise en œuvre qui relève des règles et procédures du partenaire technique et financier.
À court terme et pour des raisons d’efficacité, les ententes bilatérales peuvent permettre la réalisation
de programmes et projets « clefs en main ». Cette approche sera sans doute nécessaire durant la période
de rodage du FFMD car des mesures immédiates doivent être prises, des programmes lancés maintenant.
Les ententes bilatérales peuvent s’avérer un complément aux initiatives et activités financées par l’appui
budgétaire et conséquemment, via le budget national.
Son mandat consiste à mettre en œuvre le Plan de Développement pour Haïti soumis par le
Gouvernement. Elle donne son approbation à des propositions de projets évalués en fonction de leur
conformité et de leur coordination avec le Plan de développement pour Haïti, élaborer et solliciter des
projets compatibles avec les priorités du Plan de développement pour Haïti et décide de la recevabilité
des soumissions externes.
À la fin de son mandat, les fonctions de la CIRH seront transférées à la Régie pour le Développement
d’Haïti (RDH), laquelle aura pour tâche d’assurer la planification et la coordination à long terme requises
pour la mise au point et la validation des stratégies de reconstruction, la préparation et l’évaluation des
projets proposés aux fins de financement et de mise en œuvre, ainsi que la coordination et le suivi de
l’aide globale. Les missions, les attributions ainsi que la durée du mandat de la RDH seront établies par
la loi.
Les attributions de la CIRH seront exercées dans le cadre de l’état d’urgence. Elle dispose, en
conséquence, des pouvoirs nécessaires en vue d’exercer efficacement sa mission.
Pour être exécutoires, les décisions de la CIRH doivent être confirmées par le Président de la République.
Plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti
Les modalités de fonctionnement seront définies ultérieurement et soumises pour approbation au Conseil.
Haïti a demandé la création d’un Fonds Fiduciaire Multi-Donateurs dont l’administration sera confiée à la
Banque mondiale. Un partenariat regroupant la Banque Interaméricaine de Développement, les Nations
Unies et la Banque Mondiale doit permettre d’atteindre les objectifs cités au paragraphe précédent,
mais il doit y avoir obligation de résultats, i.e. (1) permettre de mobiliser davantage de fonds et
les rendre disponibles plus rapidement, (2) accroître la fluidité des flux financiers, (3) accélérer les
procédures d’approvisionnement et de mobilisation des opérateurs pour l’exécution des programmes,
(4) fournir, aux partenaires contributeurs, les garanties de probité et de diligence dans l’utilisation des
ressources financières et (5) réduire les coûts de transaction de l’aide. L’organisation responsable de la
gestion du FFMD est redevable de l’atteinte de ces résultats, tant à la partie haïtienne que vis-à-vis des
contributeurs.
55
Il doit aussi y avoir une rationalisation du recours à ce mécanisme de financement. Des fonds fiduciaires
existent déjà et d’autres sont en voie d’élaboration. On doit viser à coordonner la gestion de ces sources
de financement pour éviter les duplications et les dépenses afférentes. Les coûts de gestion de tels fonds
sont relativement élevés et doivent se justifier par une performance accrue. Cet aspect doit montrer la
même transparence que tous les autres.
Il est peu prévisible, même si c’est là le souhait du Gouvernement d’Haïti, que tous les fonds disponibles,
y compris ceux qui transitent par les agences multilatérales et les ONG, vont effectivement être gérés
via ce fonds. Il est donc impératif de préciser la portée effective de la compétence de ce fonds et de ses
modalités d’approvisionnement et de décaissement.
Le FRDH est déjà techniquement constitué. Il faudra harmoniser les mandats respectifs entre le FFMD et
la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH) et définir les attentes précises envers le
rôle joué par l’agent fiscal responsable de réunir et de décaisser les fonds.
Les détails de fonctionnement entre ces deux entités feront l’objet d’une entente à intervenir le plus
rapidement possible ainsi que d’un accord sur les modalités de fonctionnement et les procédures qui
seront appliqués. Par ailleurs, pour tenir compte des impératifs de déboursements à très court terme,
un mécanisme de décaissement rapide devra être mis en place.