Coupe Des Métaux 2 - Chapitre IV - Master 1 - FMetP
Coupe Des Métaux 2 - Chapitre IV - Master 1 - FMetP
Coupe Des Métaux 2 - Chapitre IV - Master 1 - FMetP
Afin de modéliser les procédés de coupe industriels (le tournage, le fraisage, le perçage,...),
il est nécessaire de comprendre les phénomènes physiques existants dans des opérations de
coupe simples telles que la coupe orthogonale ou oblique avec une arête droite.
Comme vous le savez, l'usinage des métaux met en jeu deux processus élémentaires de
formation du copeau qui sont :
la création d'un copeau,
l'évacuation d'un copeau.
Ces processus font jouer, et on l'a vu auparavant, deux mécanismes physiques de base qui
sont :
― la déformation plastique au sein du copeau ;
― le contact de celui-ci avec l'outil.
C'est ainsi que la modélisation du process de coupe est actuellement orientée principalement
vers la modélisation de la formation du copeau. Celle-ci repose sur la compréhension de ces
deux mécanismes physiques. Elle a pour objectifs :
la prévision de la géométrie du copeau,
la prévision des forces de coupe
la prévision des échauffements
Elle devrait donc permettre notamment d'aider à une gestion rationnelle des banques de
données sur la coupe et fournir des éléments d'appréciation de divers problèmes pratiques:
― usinabilité d'un matériau, c'est-à-dire son aptitude à l'usinage (forces nécessaires,
longueur et forme du copeau...);
― déformation élastique de l'ensemble outil - porte-outil - machine-outil
Modélisation analytique
Merchant suppose également que l’on se place dans des conditions stationnaires en
déformation plane.
L’objet de l’étude est de prédire les efforts de coupe lors d’une opération simple de coupe
orthogonale avec une arête droite.
Le modèle est basé sur les principales hypothèses suivantes :
- le matériau usiné a un comportement parfaitement plastique,
- la zone de cisaillement primaire est assimilée à un plan,
- l’interface outil-copeau est le siège d’un frottement de type Coulomb (angle de
frottement λ) supposé constant quelles que soient les conditions de coupe,
- le contact est supposé glissant,
- le rayon du bec de l'outil est nul
- le système machine-pièce-outil-porte outil est supposé parfaitement rigide
- l'épaisseur du copeau est constante
- la vitesse de coupe est choisie de façon à obtenir une formation du copeau sans zone
morte
- l'avance par tour est grande devant la dimension moyenne des cristaux
- le copeau se forme par glissement interne, suivant des "plans de glissement".
Les relations précédentes permettent alors de donner les expressions des efforts de coupe.
Limites du modèle
Les résultats obtenus par ce modèle montrent que les efforts de coupe sont proportionnels à la
limite d’élasticité en cisaillement τ, à la largeur de coupe w, et à l’avance t1.
Or, il a été montré expérimentalement que ceci n’est pas en accord avec la réalité. A titre
d’exemple, il est possible de citer l’effet de la vitesse de coupe qui n’est pas reproduit par le
modèle de Merchant.
Contrairement a ce que propose Merchant, l’écoulement de la matière ne peut se faire
brusquement a travers le plan OA, mais de manière progressive.
De plus, Merchant suppose que le matériau usiné est parfaitement plastique. Ainsi, il n’y a pas
de prise en compte des effets de la vitesse de déformation et de la température sur la
contrainte et donc, sur les efforts de coupe.
Merchant néglige également les effets des paramètres de coupe (V, α, t1) sur les conditions de
frottement. Or, de nombreuses études tribologiques ont montré que le coefficient de
frottement à l’interface outil-copeau est très sensible aux conditions de coupe et à la
température lors des essais.
2. Modèle d’Oxley
Oxley est le premier à présenter une approche thermomécanique de l’usinage. Le modèle
donne, en fonction des conditions de coupe, les efforts et les températures moyennes dans les
zones primaires et secondaires ainsi que la géométrie du copeau (longueur de contact et
épaisseur du copeau).
Son modèle comprend une partie mécanique et une partie thermique issue des travaux de
Boothroyd (1963). Le modèle s’appuie sur deux observations fondamentales faites à partir de
micrographies :
a. le cisaillement primaire s’effectue dans une zone d’une certaine épaisseur,
b. le copeau s’écoule le long de la face de coupe de l’outil, ce qui induit une zone de
cisaillement secondaire d’épaisseur constante δt2 (Figure ci-dessous).
Figure 4.2 : Approche d’Oxley (1989) ; prise en compte des zones primaire
et secondaire de cisaillement dans la modélisation.
Points faibles
Le cadre classique de l'approche numérique est celui des éléments finis. L'utilisation de
logiciels généralistes est possible pour la modélisation thermomécanique de la coupe. On peut
citer par exemple le logiciel ABAQUS/Explicit avec lequel est classiquement mené la
simulation bidimensionnelle de la coupe orthogonale, comme le montre la figure ci-après.
Figure 4.3 : Simulation de la formation d'un copeau avec ABAQUS/Explicit
(contrainte équivalente de Von Mises)
D'autres logiciels commerciaux génériques tels que MSC Marc ou Deform sont parfois
utilisés.
Les simulations, menées par les chercheurs, avec cette approche, concernent :
l'étude des bandes de cisaillement et de la segmentation des copeaux en coupe
orthogonale,
la détection des zones de cisaillement et d'échauffement, par exemple pour des outils à
arête arrondie ou chanfreinée,
l'étude des phénomènes thermomécaniques à l'interface outil/copeau, pour des outils
revêtus par exemple,
l'analyse des contraintes résiduelles sur la surface usinée,
l'étude de la déflexion de parois minces usinées.
Les logiciels, comme AdvantEdge de Third Wave et System, utilisant cette approche, ont été
carrément destinés à la coupe.
Figure 4.4 : Contrainte xx dans un copeau formé avec différentes arêtes de coupe.
(a) arête parfaitement tranchante, (b) arête chanfreinée, (c) arête arrondie.
Mais les remaillages nécessaires de la pièce avec l'approche "éléments finis" offre des limites
à cette approche et pour cause, la matière subit d'importantes déformations dans le cas de la
coupe. La coupe oblique et les opérations de fraisage ont montrés ces difficultés de
simulation.
Modélisation C-NEM
Comme le processus d'usinage engendre des grandes déformations, des grandes rotations et
des grands déplacements, l'approche numérique, comme en approche analytique, utilise
aussi des modèles de comportement de la matière usinée et de contacts outil/matière avec
plus de développement en formulation Lagrangienne. Le mode couplé, Lagrangien/Eulérien
nommé ALE (Arbitrary Lagrangian Eulerian), existe aussi. Il est applicable dans l’étude de
la coupe.
Modélisation (SPH)