POLYNOMES
POLYNOMES
G.EGUETHER
26 août 2016
Table des matières
1 Division euclidienne 1
3 Racines multiples 21
4 Factorisation 37
5 Divisibilité 51
6 PGCD 63
8 Nombres entiers 79
10 Divers 99
i
ii TABLE DES MATIÈRES
Avertissement
On trouvera dans ce qui suit de nombreux exercices sur les polynômes classés en onze grands thèmes.
On proposera pour chaque exercice une démonstration, mais il peut, bien sûr, y avoir d’autres moyens
de procéder.
Dans ces exercices, on utilise parfois un minimum d’analyse (monotonie et signe de la dérivée par
exemple) ou un peu d’algèbre linéaire (base de polynômes).
Notations
Excepté dans le chapitre 11, les polynômes considérés sont à coefficients dans R ou C. Si K est un
corps (ou un anneau), on notera P ou P (X) un polynôme de K[X]. On notera également P et parfois
Pe la fonction polynomiale associée à P .
Lorsque l’on pose une division, on a pris le parti de changer le signe des termes pour les additionner à
la ligne précédente.
X8 −1 X 3 −1
− X8 + X5 X 5 +X 2
+ X5
− X5 + X2
+ X 2 −1
Chapitre 1
Division euclidienne
Exercice 1
Effectuer la division euclidienne de X 8 − 1 par X 3 − 1.
Solution
−X 5 +X 2
+X 2 −1
Donc
X 8 − 1 = (X 5 + X 2 )(X 3 − 1) + X 2 − 1 .
Exercice 2
Effectuer la division euclidienne de
Solution
Donc
P (X) = (X 3 − 2X 2 + 3X − 1)S(X) + X + 1 .
Les racines de S sont
1 √ 1 √
z1 = (−1 + i 7) et z2 = z̄1 = (−1 − i 7) .
2 2
Alors
1 √ 1 √
P (z1 ) = z1 + 1 = (1 + i 7) et P (z2 ) = z2 + 1 = (1 − i 7) .
2 2
Exercice 3
Effectuer la division euclidienne de
Solution
On a donc
Mais
U 2 + U − 6 = (U − 2)(U + 3) ,
donc
P (X) = (X 2 + 3X − 2)(X 2 + 3X + 3) .
Le trinôme X 2 + 3X + 3 a un discriminant négatif, alors que X 2 + 3X − 2 a un discriminant positif et
donc des racines réelles. On obtient finalement la factorisation sur R suivante,
√ ! √ !
3 + 17 3 − 17
P (X) = X + X+ (X 2 + 3X + 3) .
2 2
Exercice 4
Soit m et p deux entiers tels que 0 < p < m, et a un nombre complexe. Effectuer la division
euclidienne de X m − am par X p − ap . A quelle condition le reste est-il nul ?
Solution
m = pq + r ,
donc
q−1
X
m−r p p
X = (X − a ) X pk ap(q−1−k) + am−r ,
k=0
puis
" q−1
#
X
m m r p p pk p(q−1−k) m−r
X −a =X (X − a ) X a +a − am ,
k=0
et finalement " #
q−1
X
m m p p r pk p(q−1−k)
X −a = (X − a ) X X a + am−r X r − am .
k=0
4 CHAPITRE 1. DIVISION EUCLIDIENNE
Comme le polynôme am−r X r − am est de degré strictement plus petit que p, on a donc bien ainsi la
division euclidienne de X m − am par X p − ap .
Le reste am−r X r − am est nul dans deux cas possibles : d’une part si a = 0, d’autre part si r = 0,
c’est-à-dire si p divise m.
Exercice 5
Soit un nombre réel θ et un entier n ≥ 1. Effectuer la division euclidienne de
Solution
puis
1 h n+1 i(n−1)θ i
P (X) = X (e + e−i(n−1)θ ) − X n (einθ + e−inθ ) − X(eiθ + e−iθ ) + 2 .
2
En faisant apparaître les termes Xeiθ − 1 et Xe−iθ − 1, on a alors
1 h i
P (X) = (Xe−iθ − 1)(X n einθ − 1) + (Xeiθ − 1)(X n e−inθ − 1) .
2
puis en mettant Q(X) en facteur
Q(X) X n einθ − 1 X n e−inθ − 1
P (X) = +
2 Xeiθ − 1 Xe−iθ − 1
"n−1 n−1
#
Q(X) X iθ k
X
−iθ k
= (Xe ) + (Xe )
2
k=0 k=0
n−1
X
Q(X)
= X k (eikθ + e−ikθ ) .
2
k=0
Finalement
n−1
X
P (X) = Q(X) X k cos kθ .
k=0
5
Exercice 6
Soit un nombre réel θ et un entier n ≥ 2. Effectuer la division euclidienne de
Solution
" #
Q(X) X n−1 − ei(n−1)θ X n−1 − e−i(n−1)θ
P (X) = −
2i Xe−iθ − 1 Xeiθ − 1
Q(X) i(n−1)θ 1 − (Xe−iθ )n−1 −i(n−1)θ 1 − (Xe )
iθ n−1
= e −e
2i 1 − (Xe−iθ ) 1 − (Xeiθ )
" n−2 n−2
#
Q(X) i(n−1)θ X −iθ k −i(n−1)θ
X
iθ k
= e (Xe ) − e (Xe )
2i
k=0 k=0
n−2
X
Q(X)
= X k (ei(n−1−k)θ − e−i(n−1−k)θ ) .
2i
k=0
Finalement
n−2
X
P (X) = Q(X) X k sin(n − 1 − k)θ .
k=0
Exercice 7
Vérifier que α = 1 + i est racine du polynôme
Solution
On a
α2 = 2i et α3 = −2 + 2i ,
donc
Donc
P (X) = (X − (1 + i))(X 2 − 3X + 3 − i) .
Pour obtenir les autres racines de P , on cherche les racines du polynôme
Q(X) = X 2 − 3X + 3 − i .
On a
∆ = 9 − 4(3 − i) = −3 + 4i = δ2 = (x + iy)2 .
On se ramène au système
x2 − y 2 = −3
2xy = 4
avec de plus
|∆| = 5 = x2 + y 2 .
On en déduit
x2 = 1 et y2 = 4 ,
et puisque x et y ont le même signe, on peut prendre
δ = 1 + 2i .
3 + (1 + 2i) 3 − (1 + 2i)
z2 = = 2 + i et z3 = = 1 − i.
2 2
7
Exercice 8
Soit le polynôme
P (X) = X 6 − X 4 + 2X 3 − X + 1 .
√
Calculer P (1 + i) et P (1 + 3).
Solution
X6 −X 4 +2X 3 −X +1 X 2 −2X +2
−X 6 +2X 5 −2X 4 X +2X +X 2 − 2
4 3
Donc
P (X) = (X 4 + 2X 3 + X 2 − 2)A(X) − 5X + 5 .
P (1 + i) = −5(1 + i) + 5 = −5i .
√
Le nombre 1 + 3 est racine du polynôme
√ √
A(X) = (X − (1 + 3))(X − (1 − 3)) = X 2 − 2X − 2 .
8 CHAPITRE 1. DIVISION EUCLIDIENNE
X6 −X 4 +2X 3 −X +1 X 2 −2X −2
−X 6 +2X 5 +2X 4 X +2X +5X 2 +16X +42
4 3
+2X 5 +X 4 +2X 3
−2X 5 +4X 4 +4X 3
+5X 4 +6X 3
−5X 4 +10X 3 +10X 2
+16X 3 +10X 2 −X
−16X 3 +32X 2 +32X
+42X 2 +31X +1
−42X 2 +84X +84
+115X +85
Donc
√
Alors, puisque A(1 + 3) est nul, on a
√ √ √
P (1 + 3) = 115(1 + 3) + 85 = 200 + 115 3 .
Exercice 9
Soit le polynôme
P (X) = X 6 − 3X 5 + X 4 − 8X 3 + X 2 − 1 .
√
Calculer P (1 + i) et P (1 + 5) .
Solution
Donc
P (X) = (X 4 − X 3 − 3X 2 − 12X − 17)A(X) − 10X + 33 .
Alors, puisque A(1 + i) est nul, on a
P (1 + i) = −10(1 + i) + 33 = 23 − 10i .
√
Le nombre 1 + 5 est racine du polynôme
√ √
A(X) = (X − (1 + 5))(X − (1 − 5)) = X 2 − 2X − 4 .
−X 5 +5X 4 −8X 3
+X 5 −2X 4 −4X 3
+3X 4 −12X 3 +X 2
−3X 4 +6X +12X 2
3
−6X 3 +13X 2
+6X 3 −12X 2 −24X
+X 2 −24X −1
−X 2 +2X +4
−22X +3
Donc
P (X) = (X 4 − X 3 + 3X 2 − 6X + 1)A(X) − 22X + 3 .
√
Alors, puisque A(1 + 5) est nul, on a
√ √ √
P (1 + 5) = −22(1 + 5) + 3 = −19 − 22 5 .
10 CHAPITRE 1. DIVISION EUCLIDIENNE
Exercice 10
Soit P un polynôme de degré au moins 2. Ecrire la division euclidienne de P par P ′ .
Solution
Ecrivons
n
X
P (X) = ap X p ,
p=0
avec an non nul. Le polynôme P ′ est de degré n − 1. Si l’on effectue la division euclidienne de P par
P ′ , on a donc
P (X) = α(X + β)P ′ (X) + Q(X) ,
où Q est de degré n − 2 au plus. En étudiant le coefficient de X n on constate que l’on doit avoir
α = 1/n. On calcule alors
1
Q(X) = P (X) − (X + β)P ′ (X) .
n
On obtient
n
X X n
1
p
Q(X) = ap X − (X + β) pap X p−1
n
p=0 p=1
Xn n
X n
1 1 X
= ap X p − pap X p − βpap X p−1
n n
p=0 p=0 p=1
n
X n n−1
1 X 1 X
= ap X p − pap X p − β(p + 1)ap+1 X p
n n
p=0 p=0 p=0
n−1
1 X
= [ap (n − p) − β(p + 1)ap+1 ]X p .
n p=0
Si l’on veut que Q soit de degré au plus n−2, il faut donc que le coefficent de X n−1 soit nul, c’est-à-dire
an−1 − βnan = 0 .
Alors
n−2
1 an−1 1 X an−1
P (X) = X+ ′
P (X) + ap (n − p) − (p + 1)ap+1 X p .
n nan n p=0 nan
Chapitre 2
Exercice 11
Soit n un entier naturel non nul. Quel est le reste de la division euclidienne de
Solution
Exercice 12
Déterminer le reste de la division euclidienne de X 12 + X 10 + X 8 par X 3 + X 2 + X + 1.
Solution
On remarque que
X 3 + X 2 + X + 1 = (X + 1)(X 2 + 1)
a pour racines −1, i et −i. Le reste de la division est de degré 2 au plus. En partant de l’égalité
X 12 + X 10 + X 8 = (X 3 + X 2 + X + 1)Q(X) + aX 2 + bX + c ,
que l’on applique successivement à X = −1, X = i et X = −i, on obtient le système
a−b+c = 3
−a + ib + c = 1 .
−a − ib + c = 1
12 CHAPITRE 2. RESTE DE LA DIVISION EUCLIDIENNE
Exercice 13
Pour tout entier naturel n, déterminer le reste de la division euclidienne de X n par X 3 + X 2 + X + 1.
Solution
On remarque que
X 3 + X 2 + X + 1 = (X + 1)(X 2 + 1)
a pour racines −1, i et −i. Le reste de la division est de degré 2 au plus. En partant de l’égalité
X n = (X 3 + X 2 + X + 1)Q(X) + aX 2 + bX + c ,
et donne
1 + (−1)s 1 − (−1)s
c= et a= .
2 2
Le reste est donc X 2 si s est impair, et 1 si s est pair.
Si n = 2s + 1, le système devient
a−b+c = −1
−a + ib + c = (−1)s i .
−a − ib + c = −(−1)s i
13
En soustrayant les deux dernières lignes, on trouve b = (−1)s . Le système se réduit alors à
a + c = −1 + (−1)s
,
−a + c = 0
et donne
−1 + (−1)s
a=c= .
2
Le reste est donc X si s est pair, et −(X 2 + X + 1) si s est impair.
En résumé
n = 4k 1
n = 4k + 1 X
.
n = 4k + 2 X2
n = 4k + 3 −(X 2 + X + 1)
Exercice 14
Pour tout entier naturel n, déterminer le reste de la division euclidienne de X n par X 3 − 2X 2 + X.
Solution
On remarque que
X 3 − 2X 2 + X = X(X − 1)2
a pour racine simple 0, et pour racine double 1. Le reste de la division est de degré 2 au plus. En
partant de l’égalité
X n = (X 3 − 2X 2 + X)Q(X) + aX 2 + bX + c ,
appliquée à X = 0 et X = 1, on obtient, si n ≥ 1,
c = 0 et a + b + c = 1 .
Exercice 15
Soit a et b deux nombres complexes distincts, et soit P (X) un polynôme. Calculer en fonction de
P (a) et de P (b) le reste de la division euclidienne de P (X) par (X − a)(X − b).
Solution
En particulier
P (a) = αa + β
.
P (b) = αb + β
On résout ce système par combinaison. En soustrayant les deux lignes on obtient
Exercice 16
Soit p et q deux entiers naturels. Calculer le reste de la division de X p + X q + 1 par X 2 + X + 1.
A quelles conditions sur p et q, le polynôme X 2 + X + 1 divise-t-il X p + X q + 1 ?
Solution
Comme on divise par un polynôme de degré 2, le reste R(X) est de degré 1 au plus. On a donc
X p + X q + 1 = Q(X)(X 2 + X + 1) + αX + β .
j p + j q + 1 = αj + β .
15
Comme on sait que j 3 = 1, il reste à étudier le résultat suivant les restes de la division de p et q par
3. Il y a donc trois possibilités pour p (p = 3k, 3k + 1 ou 3k + 2), et trois pour q (q = 3k ′ , 3k′ + 1 ou
3k′ + 2), donc neuf cas en tout.
uj + v = u′ j + v ′
implique l’égalité
(u − u′ )j = v ′ − v .
Mais v ′ − v est réel, et (u − u′ )j ne l’est pas si u − u′ n’est pas nul. On en déduit donc que u = u′ et
v = v ′ . (Le couple (1, j) est une base du R−espace vectoriel C). De plus
j2 + j + 1 = 0 .
p q j p + j q + 1 = αj + β α β R(X)
(1) 3k 3k ′ 3 0 3 3
(2) 3k + 1 3k ′ j+2 1 2 X +2
(3) 3k 3k′ + 1 j+2 1 2 X +2
(4) 3k + 2 3k ′ 2
j + 2 = −j + 1 −1 1 −X + 1
(5) 3k 3k′ + 2 j 2 + 2 = −j + 1 −1 1 −X + 1
(6) 3k + 1 ′
3k + 1 2j + 1 2 1 2X + 1
(7) 3k + 2 3k′ + 1 j2 + j + 1 = 0 0 0 0
(8) 3k + 1 ′
3k + 2 2
j +j +1 = 0 0 0 0
(9) 3k + 2 3k′ + 2 2j 2 + 1 = −2j − 1 −2 −1 −2X − 1
Exercice 17
Soit n un entier naturel. Calculer le reste de la division euclidienne de
Solution
−1 − j = j 2 et j 3 = 1 .
16 CHAPITRE 2. RESTE DE LA DIVISION EUCLIDIENNE
et −j est racine de P . Comme ce polynôme est à coefficients réels, le polynôme P est divisible par
X 2 − X + 1. Le reste de la division est donc nul.
Exercice 18
Soit α un nombre réel et n un entier naturel. Quel est le reste de la division euclidienne de
Solution
En particulier, si X = i, on obtient
donc
R(X) = X sin nα + cos nα .
Exercice 19
Les restes de la division euclidienne du polynôme A par X − 1, X − 2 et X − 3 sont respectivement
3, 7 et 13. Calculer le reste de la division de A par (X − 1)(X − 2)(X − 3).
Solution
On a donc
A(1) = 3 , A(2) = 7 et A(3) = 13 .
Exercice 20
Soit P dans R[X]. On suppose que le reste de la division euclidienne de P par (X − 1)2 vaut 2X + 1,
et que le reste de la division euclidienne de P par X + 2 vaut 3.
Solution
On a tout d’abord
P (X) = (X − 1)2 Q(X) + 2X + 1 ,
donc en dérivant
P ′ (X) = (X − 1)(2Q(X) + (X − 1)Q′ (X)) + 2 ,
Par ailleurs
P (X) = (X − 1)2 (X + 2)S(X) + aX 2 + bX + c ,
et en dérivant
P ′ (X) = (X − 1) 2(X + 2)S(X) + (X − 1)[(X + 2)S ′ (X) + S(X)] + 2aX + b .
On obtient le système
P (1) = a + b + c = 3
P (−2) = 4a − 2b + c = 3 .
′
P (1) = 2a + b = 2
Exercice 21
1) Montrer que, quel que soit le polynôme C, le reste de la division euclidienne d’un polynôme A
par un polynôme B est le même que celui de la division de A + BC par B.
Solution
1) Si l’on a
A = QB + R
avec deg R < deg B, alors
A + BC = (Q + C)B + R
avec les mêmes conditions de degré. Donc R est aussi le reste de la division euclidienne de A+BC par B.
2) On veut avoir
c’est-à-dire
C(X)(X 2 − X + 1) = X (X − 1)n − (X 2 )n .
On peut encore factoriser
n−1
X
C(X)(X 2 − X + 1) = X(X − 1 − X 2 ) (X − 1)k X 2(n−1−k) .
k=0
donc le reste cherché est nul. D’ailleurs, puisque B a pour racines complexes −j et −j 2 , on constate
que
A(−j) = (−j − 1)n+2 + (−j)2n+1 = j 2n+4 − j 2n+1 = 0 .
19
Exercice 22
1) Soit p un entier naturel non nul et a un réel non nul. Montrer que, pour tout polynôme P , il
existe des polynômes P0 , . . . , Pp−1 tels que
p−1
X
P (X) = Pk (X p )X k .
k=0
2) Soit m et p deux entiers tels que 0 < p < m, trouver le reste de la division euclidienne de X m −am
par X p − ap et de X m + am par X p + ap . Donner les conditions pour que ces restes soient nuls.
Solution
X n = (X p )q X r .
En prenant
X q si k = r
Pk (X) = ,
0 si k 6= r
on constate que la décomposition est vraie pour le monôme X n et, par linéarité, le résultat sera vrai
pour un polynôme P quelconque.
Comme le polynôme Pk (X) − Pk (a) est divisible par X − a, le polynôme Pk (X p ) − Pk (a) est divisible
par X p − a. Alors le polynôme
p−1
X
S(X) = (Pk (X p ) − Pk (a))X k
k=0
Comme le polynôme
p−1
X
R(X) = Pk (a)X k
k=0
est de degré au plus p − 1, c’est donc le reste de la division euclidienne de P par X p − a.
2) Soit m et p deux entiers tels que 0 < p < m. En effectuant la division euclidienne de m par p, il
existe q et r entiers, tels que
m = pq + r ,
20 CHAPITRE 2. RESTE DE LA DIVISION EUCLIDIENNE
avec 0 ≤ r < p.
(ap )q X r − am = am−r X r − am ,
et le reste est nul si et seulement si r = 0 et q est impair, c’est-à-dire si et seulement si m/p est un
nombre entier impair.
Chapitre 3
Racines multiples
Exercice 23
Soit n un entier naturel et a et b deux nombres réels. A quelle condition le polynôme
n
X
P (X) = X p+2 + aX + b
p=0
Solution
1) Le nombre 1 est racine double de P si et seulement si P (1) et P ′ (1) sont nuls et P ′′ (1) ne l’est pas.
On a
P (1) = (n + 1) + a + b ,
puis
n
X
P ′ (X) = (p + 2)X p+1 + a .
p=0
Alors
n
X n
X
′ n(n + 1) (n + 1)(n + 4)
P (1) = (p + 2) + a = p + 2(n + 1) + a = + 2(n + 1) + a = + a.
2 2
p=0 p=0
On a donc
(n + 1)(n + 4) (n + 1)(n + 2)
a=− et b = −a − (n + 1) = ,
2 2
et puisque
n
X
P ′′ (X) = (p + 2)(p + 1)X p ,
p=0
22 CHAPITRE 3. RACINES MULTIPLES
on constate que
n
X
P ′′ (1) = (p + 2)(p + 1) > 0 .
p=0
donc
1 − a + b si n = 2s
P (−1) = .
−a + b si n = 2s + 1
Ensuite
n
X
′
P (−1) = (p + 2)(−1)p+1 + a .
p=0
On calcule cette somme en séparant les termes suivant la parité des indices de sommations.
Si n = 2s
2s
X s
X s
X
p+1 2k+1
(p + 2)(−1) = (2k + 2)(−1) + (2k + 1)(−1)2k
p=0 k=0 k=1
Xs
= (2k + 2)(−1)2k+1 + (2k + 1)(−1)2k − 2
k=1
s
X
= (−1) − 2 = −s − 2 .
k=1
Si n = 2s + 1
2s+1
X s
X s
X
p+1 2k+1
(p + 2)(−1) = (2k + 2)(−1) + (2k + 3)(−1)2k+2
p=0 k=0 k=0
Xs
= (2k + 2)(−1)2k+1 + (2k + 3)(−1)2k+2
k=0
s
X
= 1 = s + 1.
k=0
Donc
′ −s − 2 + a si n = 2s
P (−1) = .
s + 1 + a si n = 2s + 1
23
Finalement
a = s+2 b=s+1 si n = 2s
.
a = −s − 1 b = −s − 1 si n = 2s + 1
Il reste à voir que la dérivée seconde ne s’annule pas en −1.
Si n = 2s
2s
X s
X s
X
P ′′ (−1) = (p + 2)(p + 1)(−1)p = (2k + 2)(2k + 1)(−1)2k + (2k + 1)2k(−1)2k−1
p=0 k=0 k=1
Xs
= (2k + 2)(2k + 1) − (2k + 1)2k + 2
k=1
Xs
= 2 (2k + 1) + 2 > 0 .
k=1
Si n = 2s + 1
2s+1
X s
X s
X
p 2k
′′
P (−1) = (p + 2)(p + 1)(−1) = (2k + 2)(2k + 1)(−1) + (2k + 3)(2k + 2)(−1)2k+1
p=0 k=0 k=0
Xs
= (2k + 2)(2k + 1) − (2k + 3)(2k + 2)
k=0
s
X
= −2 (2k + 2) < 0 .
k=0
Exercice 24
Trouver les nombres a, b, c, pour que le polynôme
P (X) = X 7 − 2X 6 + 2X 5 − 3X 4 + 3X 3 + aX 2 + bX + c
Solution
Donc
P (X) = (X − 1)3 (X 4 + X 3 + 2X 2 + X + 1) = (X − 1)3 (X 4 + X 3 + X 2 ) + (X 2 + X + 1) .
Exercice 25
1) Soit a, p, q trois nombres complexes. Ecrire les conditions pour que a soit racine double du
polynôme X 3 + pX + q.
2) Quelle condition nécessaire et suffisante doivent satisfaire p et q pour que le polynôme X 3 +pX +q
ait une racine (au moins) double ?
25
Solution
1) Le nombre a est racine double de P si et seulement si les nombres P (a) et P ′ (a) sont nuls sans que
P ′′ (a) le soit. Puisque
P ′ (X) = 3X 2 + p et P ′′ (X) = 6X ,
on a donc le système
3
a + pa + q = 0
3a2 + p = 0 .
a 6= 0
Ce système équivaut à
p = −3a2
q = 2a3 .
a 6= 0
Remarquons que le cas a = 0 n’est possible que si p = q = 0, c’est-à-dire P (X) = X 3 et, dans ce cas,
3q
a = 0 est racine triple. Dans le cas contraire on a a = − .
2p
2) Il résulte de ce qui précède que l’on a
p3 = −27a6 et q 2 = 4a6 ,
Cette condition est donc nécessaire pour avoir une racine multiple.
et
27q 2 4p3 + 27q 2
P ′ (a) = 3a2 + p = + p = = 0.
4p2 4p2
De plus P ′′ (a) = 6a 6= 0. Donc P (a) = P ′ (a) = 0 et a est bien racine double de P . La condition (C)
est suffisante.
26 CHAPITRE 3. RACINES MULTIPLES
Exercice 26
1) Soit n un entier naturel non nul. Quelle est la multiplicité pn de la racine 1 dans le polynôme
4) Montrer que
5) On pose
(n + 1)(n + 2)
an = 1 + · · · + (n + 1) = .
2
Déduire de ce qui précède par récurrence que
Solution
donc
Pn(3) (1) = (2n + 1) 2n(2n − 1) − n(n + 1)(n − 1) + n(n − 1)(n − 2) = (2n + 1)(n2 + n) 6= 0 .
2) On a
Pn+1 (X) − XPn (X) = X 2n+3 − (2n + 3)X n+2 + (2n + 3)X n+1 − 1
−X(X 2n+1 − (2n + 1)X n+1 + (2n + 1)X n − 1)
= (X − 1)X 2n+2 − 2(X − 1)X n+1 + X − 1
= (X − 1)(X 2n+2 − 2X n+1 + 1)
= (X − 1)(X n+1 − 1)2 .
X n+1 − 1 = (X − 1)(1 + X + · · · + X n ) ,
on trouve
Pn+1 (X) − XPn (X) = (X − 1)3 (1 + X + · · · + X n )2 ,
et puisque
Pn+1 (X) = (X − 1)3 Qn+1 (X) et Pn (X) = (X − 1)3 Qn (X) ,
on en déduit
Qn+1 (X) − XQn (X) = (1 + X + · · · + X n )2 .
3) On constate que
P1 (X) = X 3 − 3X 2 + 3X − 1 = (X − 1)3 ,
donc Q1 (X) = 1. En appliquant la relation obtenue dans la question 2) on obtient alors
puis
Q3 (X) = XQ2 (X) + (1 + X + X 2 )2 = X 4 + 3X 3 + 6X 2 + 3X + 1 ,
et enfin
0 ≤ p ≤ n et 0 ≤ k − p ≤ n ,
c’est-à-dire
0 ≤ p ≤ n et k − n ≤ p ≤ k .
Il y a deux cas possibles.
On a donc bien
Mais, si k ≥ 1, on a
ak−1 + k + 1 = (1 + · · · + k) + (k + 1) = ak ,
d’où
Qn+1 (X) = a0 + a1 X + · · · + an X n + an−1 X n+1 + · · · + a1 X 2n−1 + a0 X 2n .
La propriété est vraie à l’ordre n + 1, donc pour tout entier n ≥ 1.
Exercice 27
Si n ≥ 2, trouver l’ordre de multiplicité des racines 1 et −1 dans le polynôme
Solution
1) Tout d’abord, on constate que P (1) est nul. On calcule ensuite les valeurs des dérivées successives
en 1. On trouve
puis
P ′′′ (X) = 2n(2n − 1)(2n − 2)X 2n−3 − n2 (n + 1)(n − 1)X n−2 + n(n − 1)(n − 2)(n − 3)X n−4 ,
et
P ′′′ (1) = 2n(2n − 1)(2n − 2) − n2 (n + 1)(n − 1) + n(n − 1)(n − 2)(n − 3) = 2n(n − 1)(n + 1) .
29
Donc, si n ≥ 2, on a
P (1) = P ′ (1) = P ′′ (1) = 0 et P ′′′ (1) 6= 0 ,
ce qui montre que 1 est racine triple de P .
D’autre part, si n est impair, le polynôme P est pair, et donc −1 a même ordre de multiplicité que 1.
Exercice 28
Trouver l’ordre de multiplicité de a dans le polynôme
P (X) = X 5 − 6aX 4 + 2(6a2 + 1)X 3 − 2a(5a2 + 3)X 2 + 3a2 (a2 + 2)X − 2a3 ,
Solution
On constate tout d’abord que P (a) est nul. On calcule les valeurs en a des dérivées successives. On
trouve
Donc si a2 6= 1, le nombre P ′′′ (a) n’est pas nul et a est racine d’ordre 3 de P . Le polynôme P s’écrit
alors
P (X) = (X − a)3 (X 2 + bX + c) = (X 3 − 3aX 2 + 3a2 X − a3 )(X 2 + bX + c) .
Les coefficients de X 4 et X 3 dans ce produit valent
donc
P (X) = (X − a)3 (X 2 − 3aX + 2) .
Il reste à factoriser le trinôme. Si le discriminant ∆ = 9a2 − 8 est strictement positif, on obtient
√ ! √ !
3 3a + 9a2 − 8 3a − 9a2 − 8
P (X) = (X − a) X − X− ,
2 2
P (X) = (X − a)4 (X − b) .
Exercice 29
Si n ≥ 1, montrer qu’il existe un polynôme Pn et un seul de la forme
Pn (X) = an X n+1 + bn X n + 1 ,
Calculer Pn − Pn−1 , puis trouver le quotient de la division euclidienne de Pn (X) par (X − 1)2 .
31
Solution
On a
Pn′ (X) = (n + 1)an X n + nbn X n−1 .
Les nombres Pn (1) et Pn′ (1) doivent être nuls, ce qui conduit au système
a n + bn + 1 = 0
,
(n + 1)an + nbn = 0
qui a comme unique solution
an = n et bn = −(n + 1) .
On trouve
Pn (X) = nX n+1 − (n + 1)X n + 1 .
Alors
Pn′′ (X) = (n + 1)n2 X n−1 − n(n − 1)(n + 1)X n−2 ,
et
Pn′′ (1) = n2 + n
n’est pas nul, donc 1 est racine double de Pn .
On obtient alors
Pn (X) − Pn−1 (X) = nX n+1 − (n + 1)X n − (n − 1)X n − nX n−1 = nX n−1 (X − 1)2 ,
avec
P1 (X) = (X − 1)2 .
Alors
n
X n
X
2
Pn (X) = (Pk (X) − Pk−1 (X)) + P1 (X) = (X − 1) kX k−1 .
k=2 k=1
Exercice 30
Pour tout entier k strictement positf, on pose
Pk (X) = kX k − (X k−1 + · · · + X + 1) .
2) En déduire que les racines de Pk autres que 1 sont de module strictement plus petit que 1.
Solution
1) Si |z| > 1, alors, pour tout entier p tel que 0 ≤ p ≤ k − 1, on a |z|p < |z|k et donc
|z + 1| < 2 .
z k−1 + · · · + z + 1 = kz k .
Alors
Alors
k = k|z k | ≤ |1 + z| (1 + |z 2 | + · · · + |z 2p−2 |) + |z 2p | < 2p + 1 = k ,
d’où une contradiction.
Finalement, ou bien z = 1, ou bien |z| < 1. Remarquons que 1 est bien racine de Pk .
3) En développant
Qk (X) = (X −1)kX k −(X −1)(X k−1 +· · ·+X +1) = k(X −1)X k −(X k −1) = kX k+1 −(k +1)X k +1 .
33
Donc
Q′k (X) = k(k + 1)X k − k(k + 1)X k−1 = k(k + 1)X k−1 (X − 1) ,
et Q′k admet comme seules racines 0 et 1.
Comme 1 est racine de Pk , les racines de Qk sont alors les mêmes que celles de Pk . En particulier 0
n’étant pas racine de Pk n’est pas non plus racine de Qk .
Si z est racine double de Qk , alors elle est racine de Q′k donc vaut 0 ou 1. La valeur 0 étant exclue,
on en déduit que 1 est racine de Qk et racine simple de Q′k donc racine double de Qk et que toutes les
autres racines de Qk sont simples. Alors 1 est racine simple de Pk et toutes les autres racines de Pk
sont simples également.
Exercice 31
Soit P un polynôme de degré 2n + 1 vérifiant la relation
Montrer
1) que 0 n’est pas racine de P ,
2) que −1 est racine de P et que si elle est multiple elle est racine triple au moins,
3) que si 1 est racine de P c’est une racine double au moins,
4) que si α est racine de P alors 1/α est racine de P au même ordre.
Solution
1) Si l’on pose
2n+1
X
P (X) = ak X k ,
k=0
avec a2n+1 non nul, alors
2n+1
X 2n+1
X
X 2n+1 P (1/X) = ak X 2n+1−k = a2n+1−k X k ,
k=0 k=0
2) On obtient
n
X n
X
P (−1) = ak (−1)k + (−1)2n+1−k = ak (−1)k − (−1)k = 0 ,
k=0 k=0
En dérivant
n
X
P ′ (X) = (2n + 1)a0 X 2n + ak kX k−1 + (2n + 1 − k)X 2n−k ,
k=1
puis
n
X
2n−1 2n−2
′′
P (X) = (2n+1)(2n)a0 X +(2n)(2n−1)a1 X + ak k(k−1)X k−2 +(2n+1−k)(2n−k)X 2n−k−1 ,
k=2
On a donc
n
X n
X
P ′ (−1) = (2n+1)a0 + ak k(−1)k−1 +(2n+1−k)(−1)2n−k = (2n+1)a0 + ak (−1)k (−k+(2n+1−k)) ,
k=1 k=1
d’où
n
X
′
P (−1) = (−1)k (2n − 2k + 1)ak .
k=0
De même
n
X
′′
P (−1) = −(2n + 1)(2n)a0 + (2n)(2n − 1)a1 + (−1)k ak (k(k − 1) − (2n + 1 − k)(2n − k)) ,
k=2
d’où
n
X
P ′′ (−1) = −2n (−1)k (2n − 2k + 1)ak = −2nP ′ (−1) .
k=0
Donc, si P ′ (−1) est nul, il en est de même de P ′′ (−1) et le nombre −1 est au moins racine triple de P .
3) D’autre part
n
X n
X 2n + 1
P (1) = 2 ak et P ′ (1) = (2n + 1) ak = P (1) .
2
k=0 k=0
Alors, si P (1) est nul, il en est de même de P ′ (1) et le nombre 1 est au moins racine double de P .
alors !
s
Y s
Y s
Y r k
1
P (X) = X 2n+1
P (1/X) = (1 − αk X)rk
= αrkk −X .
αk
k=1 k=1 k=1
Donc si αk est racine de P d’ordre rk , alors 1/αk l’est aussi.
Exercice 32
Soit a et b deux nombres réels. On considère le polynôme
P (X) = X 5 + aX 4 + bX 3 + bX 2 + aX + 1 .
Etudier à quelle condition le polynôme P admet au moins une racine multiple, dont on précisera
l’ordre de multiplicité. On pourra commencer par étudier les cas où cette racine vaut −1 ou 1.
Solution
P ′ (X) = 5X 4 +4aX 3 +3bX 2 +2bX+a , P ′′ (X) = 20X 3 +12aX 2 +6bX+2b , P ′′′ (X) = 60X 2 +24aX+6b .
On a dans ce cas
P (−1) = 0 , P ′ (−1) = 5 − 3a + b ,
puis
donc −1 est toujours racine de P et sera racine multiple lorsque 5 − 3a + b est nul. Dans ce cas elle est
au moins racine triple. Lorsque P ′′′ (−1) est nulle on a alors le système
3a − b = 5
,
4a − b = 10
qui a comme solution a = 5 et b = 10. Dans ce cas
On a cette fois
P (1) = 2(1 + a + b) , P ′ (1) = 5(1 + a + b) , P ′′ (1) = 4(5 + 3a + 2b) , P ′′′ (1) = 6(10 + 4a + b) .
36 CHAPITRE 3. RACINES MULTIPLES
Donc 1 est racine multiple si et seulement si 1 + a + b est nul, et dans ce cas c’est une racine double
au moins. Elle sera de multiplicité supérieure si a et b sont solutions du système
a + b = −1
,
3a + 2b = −5
c’est-à-dire a = −3 et b = 2. Dans ce cas P ′′′ (1) est nulle également. Donc 1 est racine de multiplicité
quatre. Alors, puisque −1 est toujours racine, on a
P (X) = (X + 1)(X − 1)4 .
Remarque : lorsque l’on a à la fois 3a − b = 5 et a + b = −1, c’est-à-dire lorsque (a, b) = (1, −2), alors
P (X) = (X + 1)3 (X − 1)2 .
(3) Si α est une racine double de P différente de 1 et −1, alors 1/α l’est aussi (voir exercice précédent)
et, puisque −1 est toujours racine, on a nécessairement
P (X) = (X − α)2 (X − 1/α)2 (X + 1) = (X 2 − λX + 1)2 (X + 1) ,
où
1
λ=α+ .
α
En développant
P (X) = (X 4 − 2λX 3 + (λ2 + 2)X 2 − 2λX + 1)(X + 1)
= X 5 + (1 − 2λ)X 4 + (λ2 − 2λ + 2)X 3 + (λ2 − 2λ + 2)X 2 + (1 − 2λ)X + 1 .
On a donc
a = 1 − 2λ
.
b = λ2 − 2λ + 2
On en tire
1−a
λ= ,
2
puis
1−a 2 a2 + 2a + 5
b= − (1 − a) + 2 = .
2 4
On obtient donc une racine multiple α si et seulement si
4b = a2 + 2a + 5 ,
et α est solution de l’équation
α2 − λα + 1 = 0 ,
c’est-à-dire
1−a
α2 − α + 1 = 0,
2
dont le discriminant vaut
1−a 2 1−a 1−a (a + 3)(a − 5)
∆= −4= −2 +2 = .
2 2 2 4
On obtient deux racines doubles inverses l’une de l’autre, sauf lorsque ∆ est nul. Dans ce cas, l’on
retrouve comme cas particuliers les couples (a, b) = (5, 10) et (a, b) = (−3, 2) obtenus dans (1) et (2).
Chapitre 4
Factorisation
Exercice 33
Trouver une racine simple puis factoriser sur C le polynôme P (X) = X 3 + X − 10 .
Solution
P (X) = (X − 2)(X 2 + 2X + 5) ,
puis
P (X) = (X − 2)(X + 1 + 2i)(X + 1 − 2i) .
Exercice 34
Trouver des racines simples puis factoriser sur C le polynôme P (X) = X 4 + 6X 3 − 4X 2 − 6X + 3 .
Solution
P (X) = (X − 1)(X 3 + 7X 2 + 3X − 3) .
et pour finir √ √
P (X) = (X − 1)(X + 1)(X + 3 + 2 3)(X + 3 − 2 3) .
38 CHAPITRE 4. FACTORISATION
Exercice 35
Factoriser sur C le polynôme P (X) = X 4 + 11X 3 − 4X 2 + 11X − 5 .
Solution
On écrit
P (X) = X 4 − 4X 2 − 5 + 11X(X 2 + 1) .
Par ailleurs
U 2 − 4U − 5 = (U + 1)(U − 5) ,
et donc
P (X) = (X 2 + 1)(X 2 − 5) + 11X(X 2 + 1) = (X 2 + 1)(X 2 + 11X − 5) .
Finalement √ ! √ !
11 + 141 11 − 141
P (X) = (X + i)(X − i) X + X+ .
2 2
Exercice 36
Vérifier que i est racine du polynôme
P (X) = X 4 − 5X 3 + 7X 2 − 5X + 6 ,
et factoriser P sur C.
Solution
On a
P (i) = i4 − 5i3 + 7i2 − 5i + 6 = 1 + 5i − 7 − 5i + 6 = 0 .
Donc i est racine de P (X). Comme le polynôme P est à coefficients réels, si i est racine, le nombre
conjugué −i l’est aussi. Donc P (X) est divisible par (X − i)(X + i) = X 2 + 1. On peut effectuer la
division euclidienne. On peut également remarquer que
X 4 + 7X 2 + 6 = (X 2 + 1)(X 2 + 6) et − 5X 3 − 5X = −5X(X 2 + 1) ,
ce qui donne
Exercice 37
Factoriser sur R le polynôme P (X) = X 6 + X 5 + X 4 + X 3 + X 2 + X + 1.
Solution
Remarquons que
(X − 1)P (X) = X 7 − 1 .
Le nombre 1 n’est pas racine de P , donc les racines de P sont les racines 7−ièmes de l’unité autres
que 1, c’est-à-dire e2ikπ/7 pour k variant de 1 à 6. On peut donc factoriser sur C.
P (X) = (X − e2iπ/7 )(X − e4iπ/7 )(X − e6iπ/7 )(X − e8iπ/7 )(X − e10iπ/7 )(X − e12iπ/7 ) .
Exercice 38
Factoriser sur C et R le polynôme P (X) = X 10 + X 5 + 1.
Solution
P (X) = X 10 + X 5 + 1 .
z 5 = j = e2iπ/3 .
z1 = e2iπ/15
z2 = e8iπ/15 = −e−7iπ/15
z3 = e14iπ/15 = −e−iπ/15 .
z4 = e20iπ/15 = e 4iπ/3 =j 2
z5 = e26iπ/15 = e−4iπ/15
Exercice 39
Déterminer les nombres a et b pour que
P (X) = X 4 + 2aX 3 + bX 2 + 2X + 1
Solution
Partons de
P (X) = (X 2 + cX + d)2 = X 4 + 2cX 3 + (c2 + 2d)X 2 + 2cdX + d2 .
d = c = a = 1 , b = 3 et a = b = c = d = −1 ,
d’où
X 4 + 2X 3 + 3X 2 + 2X + 1 = (X 2 + X + 1)2 et X 4 − 2X 3 − X 2 + 2X + 1 = (X 2 − X − 1)2 .
Exercice 40
Factoriser sur R le polynôme
P (X) = X 3 + 3X 2 + 4X + 4
sachant qu’il peut se mettre sous la forme
P (X) = λ (X 2 + mX + n)2 − X 4 .
Solution
Partons de
P (X) = λ (X 2 + mX + n)2 − X 4 = λ 2mX 3 + (m2 + 2n)X 2 + 2mnX + n2 .
donc 2
m + 2n = 6m
n = 4 ,
n2 = 8m
et finalement m = 2 et n = 4. D’où
1 2
P (X) = (X + 2X + 4)2 − X 4 = (X + 2)(X 2 + X + 2) .
4
Exercice 41
Montrer que le polynôme
Solution
Supposons a 6= 0, et partons de
P (X) = (X 2 + bX + c)2 .
On doit avoir
En particulier, pour le coefficient de X 3 , on obtient 6a = 2b, donc b = 3a. D’autre part, comme 0 est
racine du membre de droite, on doit avoir c + a2 = 0 ou c − a2 = 0.
Le terme constant vaut 6a3 dans le membre de gauche et −2a2 b dans celui de droite, donc b = −3a,
ce qui n’est pas possible.
et
X(X + a)(X + 2a)(X + 3a) = (X 2 + 3aX + a2 )2 − a4 .
43
Alors, si a = 1,
X(X + 1)(X + 2)(X + 3) = (X 2 + 3X + 1)2 − 1 ,
d’où
et la factorisation sur R,
√ ! √ !
3− 17 3 + 17
P (X) = X+ X+ (X 2 + 3X + 4) .
2 2
Exercice 42
Factoriser sur C et R le polynôme P (X) = 3X 4 + 8X 3 + 14X 2 + 8X + 3.
Solution
P (X) = X 4 P (1/X) ,
1
Y 2 = X2 + + 2,
X2
d’où
P (X) = X 2 3(Y 2 − 2) + 8Y + 14 = X 2 (3Y 2 + 8Y + 8) = X 2 Q(Y ) .
Le polynôme Q a des racines complexes conjugées. Partons de la racine
√
4 + 2i 2
β=− .
3
L’égalité Y = β équivaut à
X 2 − βX + 1 = 0 .
On résout cette équation du second degré en cherchant une racine carrée δ du discriminant
∆ = β2 − 4 ,
44 CHAPITRE 4. FACTORISATION
On a √
−7 + 4i 2 4 4
∆=4 = δ2 = (a + ib)2 = (a2 − b2 + 2abi) .
9 9 9
On doit donc avoir √
a2 − b2 = −7 et 2ab = 4 2 > 0 ,
avec de plus, en calculant le module,
a 2 + b2 = 9 .
On en tire
a2 = 1 et b2 = 8 .
Comme a et b ont le même signe, on peut prendre
2 √
δ= (1 + 2i 2) .
3
On obtient les deux solutions
√
√ −1 + i 2 1
α1 = −(1 + i 2) et α2 = = .
3 α1
Les autres racines de P sont les conjuguées des précédentes, c’est-à-dire
√
√ −1 − i 2 1
α3 = −(1 − i 2) et α4 = = .
3 α3
On a donc la factorisation sur C,
√ ! √ !
√ √ 1+i 2 1−i 2
P (X) = 3(X + 1 + i 2)(X + 1 − i 2) X + X+ ,
3 3
puis sur R,
P (X) = (X 2 + 2X + 3)(3X 2 + 2X + 1) .
Exercice 43
Soit a un nombre réel. Factoriser sur R
Solution
On écrit
P (X) = (X 5 + 1) + aX(X 3 + 1) − (a + 1)X 2 (X + 1) ,
45
On a donc
P (X) = (X + 1)(X − 1)2 (X 2 + (a + 1)X + 1) .
Le trinôme X 2 + (a + 1)X + 1 a pour discriminant
∆ = (a + 1)2 − 4 = (a + 3)(a − 1) .
√
Si ∆ > 0, c’est-à-dire si a > 1 ou a < −3, le trinôme a deux racines réelles (−(a + 1) ± ∆)/2, d’où
la factorisation
p ! p !
2 a+1+ (a + 3)(a − 1) a+1− (a + 3)(a − 1)
P (X) = (X + 1)(X − 1) X+ X+ .
2 2
Si a = 1, on a
P (X) = (X + 1)3 (X − 1)2 ,
et, si a = −3,
P (X) = (X + 1)(X − 1)4 .
Exercice 44
Factoriser sur R le polynôme X 2n − 2X n cos α + 1.
Solution
Si l’on pose
P (X) = X 2 − 2X cos α + 1
46 CHAPITRE 4. FACTORISATION
on veut factoriser P (X n ). Le polynôme P (X) admet pour racines eiα et e−iα , donc
ak = eiα/n+2ikπ/n pour 0 ≤ k ≤ n − 1 .
Cette décomposition sera la décomposition sur R si aucune racine eiα/n+2ikπ/n n’est réelle.
Dire que eiα/n+2ikπ/n est réelle équivaut à dire que l’argument (α + 2kπ)/n est un multiple entier du
nombre π. Mais l’égalité
α + 2kπ
= pπ ,
n
équivaut à
α = (np − 2k)π .
Il en résulte que α doit être un multiple entier de π, et même un multiple entier de 2π si n est pair. Il
y a donc quatre cas possibles.
P (X n ) = X 2n − 2X n + 1 = (X n − 1)2 = (X 2s − 1)2 .
Les racines 2s−ième de l’unité sont ekiπ/s pour k compris entre 0 et 2s − 1. En particulier k = 0
donne la racine 1, et k = s, la racine −1. De plus, si 1 ≤ k ≤ s − 1, les racines ekiπ/s et e(2s−k)iπ/s
sont conjuguées. On obtient la factorisation
Y
s−1
kπ
2
n 2 2 2
P (X ) = (X − 1) (X + 1) X − 2X cos +1 .
s
k=1
Les racines 2s + 1−ième de l’unité sont e2kiπ/(2s+1) pour k compris entre 0 et 2s. En particulier k = 0
donne la racine 1. De plus, si 1 ≤ k ≤ s, les racines e2kiπ/(2s+1) et e(2s+1−k)2iπ/(2s+1) sont conjuguées.
On obtient la factorisation
Ys 2
n 2 2 2kπ
P (X ) = (X − 1) X − 2X cos +1 .
2s + 1
k=1
47
Exercice 45
Pour tout nombre entier naturel non nul n, soit le polynôme
1 iX n iX n
Pn (X) = 1+ − 1− .
2i n n
Solution
Si l’on pose n
iX
U (X) = 1+ ,
n
on a
1
P (X) = U (X) − U (X) = Im U (X) ,
2i
donc le polynôme Pn (X) est à coefficients réels.
Si n = 2p est pair, le terme de degré n disparaît. Cherchons le terme de degré 2p − 1. D’après la formule
du binôme, on obtient
" 2p−1 # n−1
1 n iX n iX 2p−1 X (−1)p−1 n−1
− − = n(−1)p−1 = X .
2i n−1 n n−1 n n nn−2
48 CHAPITRE 4. FACTORISATION
n e2ikπ/n − 1
α= .
i e2ikπ/n + 1
Puis, en multipliant au numérateur et au dénominateur par e−ikπ/n ,
n eikπ/n − e−ikπ/n
α= .
i eikπ/n + e−ikπ/n
Mais
kπ kπ
eikπ/n − e−ikπ/n = 2i sin et eikπ/n + e−ikπ/n = 2 cos ,
n n
et l’on obtient finalement
kπ
α = n tan .
n
Remarquons que k = 0 donne la racine nulle.
(2p + 1 − k)π kπ
n tan = −n tan ,
n n
donc
p
Y
(−1)p kπ kπ
Pn (X) = X X − n tan X + n tan .
nn n n
k=1
49
(−1)p−1 Y
p−1
kπ Y
n−1
kπ
Pn (X) = X X − n tan X − n tan .
nn−2 n n
k=1 k=p+1
Là encore, si p + 1 ≤ k ≤ n − 1, on a
(2p − k)π kπ
n tan = −n tan ,
n n
donc
(−1)p−1 Y
p−1
kπ
kπ
Pn (X) = X X − n tan X + n tan .
nn−2 n n
k=1
On constate bien que Pn est impair dans tous les cas.
Exercice 46
Soit p et q des nombres réels. Donner une méthode pour décomposer en facteurs irréductibles dans
R le polynôme
P (X) = X 4 + pX 3 + qX 2 − pX + 1 .
Application : P (X) = X 4 + 4X 3 + X 2 − 4X + 1 puis P (X) = X 4 + X 3 + X 2 /2 − X + 1.
Solution
On écrit
1 1
P (X) = X 2 X2 + +p X − +q .
X2 X
Si l’on pose
1
Y =X− ,
X
alors
1
Y 2 = X2 + − 2,
X2
et donc
P (X) = X 2 (Y 2 + pY + q + 2) .
On pose
R(Y ) = Y 2 + pY + q + 2 .
(1) Si ∆ = p2 − 4(q + 2) ≥ 0 , alors R possède deux racines réelles α et β et donc
Y 2 + pY + q + 2 = (Y − α)(Y − β)
puis
P (X) = (X 2 − αX − 1)(X 2 − βX − 1) .
50 CHAPITRE 4. FACTORISATION
Les deux trinômes ci-dessus ont des racines réelles de produit −1 : λ, −1/λ, µ et −1/µ, d’où la
factorisation
P (X) = (X − λ)(X + 1/λ)(X − µ)(X + 1/µ) .
(2) Si ∆ = p2 − 4(q + 2) < 0 , alors R possède deux racines complexes conjuguées α et ᾱ et donc
Y 2 + pY + q + 2 = (Y − α)(Y − ᾱ)
puis
P (X) = (X 2 − αX − 1)(X 2 − ᾱX − 1) .
Les deux trinômes ci-dessus ont des racines complexes de produit −1 : λ, −1/λ, λ̄ et −1/λ̄, d’où la
factorisation
P (X) = (X − λ)(X − λ̄)(X + 1/λ)(X + 1/λ̄) .
On en déduit la factorisation sur R
Application
(1) P (X) = X 4 + 4X 3 + X 2 − 4X + 1.
On a ici p = 4 et q = 1, donc
R(Y ) = Y 2 + 4Y + 3 ,
qui a pour racines α = −1 et β = −3. On en déduit λ et µ en cherchant une racine de X 2 + X − 1 et
une de X 2 + 3X − 1, d’où
√ ! √ ! √ ! √ !
1+ 5 1− 5 3 + 13 3 − 13
P (X) = X + X+ X+ X+ .
2 2 2 2
(2) P (X) = X 4 + X 3 + X 2 /2 − X + 1
P (X) = (X 2 − X + 1/2)(X 2 + 2X + 2) .
Chapitre 5
Divisibilité
Exercice 47
Trouver une condition nécessaire et suffisante pour que le polynôme X 3 + pX + q soit divisible par
X 2 + mX − 1.
Solution
X3 +pX +q X 2 +mX −1
−X 3 −mX 2 +X X −m
−mX 2 +(p + 1)X +q
+mX 2 +m2 X −m
+(p + 1 + m2 )X +(q − m)
On a donc
X 3 + pX + q = (X 2 + mX − 1)(X − m) + (p + 1 + m2 )X + (q − m) ,
et le polynôme X 3 + pX + q est divisible par X 2 + mX − 1 si et seulement si le reste est nul, c’est-à-dire
p + 1 + m2 = 0
,
q−m = 0
soit
q = m et p = −1 − m2 .
On a alors
X 3 − (1 + m2 )X + m = (X 2 + mX − 1)(X − m) .
52 CHAPITRE 5. DIVISIBILITÉ
Exercice 48
Montrer que, quels que soient les nombres entiers a, b, c, le polynôme
Solution
Si X = j, on a
j 3a + j 3b+1 + j 3c+2 = 1 + j + j 2 = 0 .
Donc j est racine de P . Comme P est à coefficients réels, il en sera de même de j̄, et donc P est
divisible par
(X − j)(X − j̄) = X 2 + X + 1 .
Exercice 49
1) Soit m et n deux entiers naturels non nuls. Montrer que le polynôme X m − 1 divise le polynôme
X nm − 1.
2) Soit p et q deux entiers naturels non nuls. A quelle condition (sur p et q) le polynôme X p − 1
divise-t-il le polynôme X q − 1 ?
Solution
1) En utilisant la relation
(X n − 1) = (X − 1)(X n−1 + · · · + X + 1) ,
(X nm − 1) = (X m − 1)(X m(n−1) + · · · + X m + 1) ,
et X m − 1 divise X nm − 1.
On peut aussi vérifier que les racines de X m −1 qui sont les racines simples e2ikπ/m pour 0 ≤ k ≤ m−1,
sont aussi racines de X nm − 1 puisque
(e2ikπ/p )q = 1 .
(e2ikπ/p )q = e2ikqπ/p = 1 .
Exercice 50
Soit P un polynôme. Montrer que si P (X n ) est divisible par X − 1, il est aussi divisible par X n − 1.
Solution
Si X − 1 divise P (X n ), alors 1 est racine de P (X n ), donc P (1) est nul et il en résulte que X − 1 divise
P (X). Il existe donc un polynôme Q(X) tel que
P (X) = (X − 1)Q(X) .
P (X n ) = (X n − 1)Q(X n ) ,
et X n − 1 divise P (X n ).
Exercice 51
Déterminer n pour que le polynôme
P (X) = (X + 1)n − X n − 1
Solution
On doit avoir P (j) = P (j 2 ) = 0, et même seulement P (j) = 0 puisque P est à coefficients réels. Or
Alors, si n = 3p,
P (j) = (−1)p − 2 6= 0 .
Si n = 3p + 1,
P (j) = (−1)3p+1 j 2 − j − 1 = ((−1)3p+1 + 1)j 2 ,
et cette expression est nulle si et seulement si (−1)3p+1 = −1, c’est-à-dire si p est pair.
Si n = 3p + 2,
P (j) = (−1)3p j − j 2 − 1 = ((−1)3p + 1)j ,
et cette expression est nulle si et seulement si (−1)3p = −1, c’est-à-dire si p est impair.
Exercice 52
Trouver les polynômes P de degré 3 tels que P soit divisible par X + 1 et P ′ par (X − 1)2 .
Solution
Comme le polynôme P ′ est de degré 2 et est divisible par (X − 1)2 , il est de la forme
et en intégrant
P (X) = a(X − 1)3 + b .
Alors
P (−1) = −8a + b = 0 ,
donc
et finalement
P (X) = a(X + 1)(X 2 − 4X + 7) .
55
Exercice 53
Montrer que si le polynôme P ′ est divisible par (X − a)n , il existe un polynôme Q tel que
Solution
Le polynôme P − P (a) s’annule pour a et sa dérivée est divisible par (X − a)n . Alors P − P (a) est
divisible par (X − a)n+1 , d’où le résultat.
Exercice 54
Trouver les polynômes P de degré 3 tels que P soit divisible par X + 1 et tel que les restes de la
division euclidienne de P par X − 2, X − 3, X − 4 respectivement soient égaux.
Solution
On a donc
P (X) = (X + 1)(aX 2 + bX + c) .
Appelons 60λ la valeur commune des restes. Alors comme le reste de la division euclidienne de P par
(X − s) vaut P (s), on obtient le système
P (2) = 3(4a + 2b + c) = 60λ
P (3) = 4(9a + 3b + c) = 60λ .
P (4) = 5(16a + 4b + c) = 60λ
ou en simplifiant
4a + 2b + c = 20λ
9a + 3b + c = 15λ .
16a + 4b + c = 12λ
En soustrayant le première ligne aux deux autres, on trouve
5a + b = −5λ
,
12a + 2b = −8λ
Exercice 55
Montrer que, pour tout polynôme P à coefficients dans un anneau commutatif, le polynôme
P (P (X)) − X est divisible par P (X) − X.
Solution
Si l’on a
n
X
P (X) = ak X k ,
k=0
alors
n
X
P (P (X)) − P (X) = ak (P (X)k − X k ) .
k=0
Mais
k−1
X
k k
P (X) − X = (P (X) − X) P (X)s X k−1−s ,
s=0
donc
" n k−1
#
X X
P (P (X)) − X = P (P (X)) − P (X) + P (X) − X = (P (X) − X) ak P (X)s X k−1−s + 1 ,
k=0 s=0
Exercice 56
Montrer qu’il existe un unique polynôme P de R7 [X] tel que
(a) P (X) + 1 est divisible par (X − 1)4 , (b) P (X) − 1 est divisible par (X + 1)4 .
Solution
Il résulte de (a) que P ′ (X) est divisible par (X − 1)3 et de (b) par (X + 1)3 . Comme P ′ est de degré
au plus 6, on a donc
Alors, en intégrant,
X 7 3X 5
P (X) = λ − + X3 − X + µ.
7 5
57
donc
P (1) = −1 et P (−1) = 1 ,
ce qui conduit au système
16
− 35 λ + µ = −1
.
16
λ+µ = 1
35
On obtient
35
µ = 0 et λ = ,
16
et finalement
35 X 7 3X 5
P (X) = − + X3 − X .
16 7 5
Réciproquement, considérons le polynôme P ainsi obtenu. Le polynôme P (X) + 1 s’annule pour X = 1
et sa dérivée est divisible par (X − 1)3 , donc il est divisible par (X − 1)4 . De même P (X) − 1 s’annule
pour X = −1 et sa dérivée est divisible par (X + 1)3 , donc il est divisible par (X + 1)4 : alors, P est
l’unique polynôme de degré 7 répondant à la question.
Exercice 57
1) Montrer que si P et Q sont deux polynômes de C[X] premiers entre eux, alors P + Q et P Q le
sont aussi.
2) Trouver les polynômes P et Q tels que P + Q divise P Q, puis tels que P + Q divise P 2 + Q2 .
Solution
1) S’il existe un polynôme non constant divisant à la fois P + Q et P Q, alors ces deux polynômes ont
une racine complexe α commune. Comme α est racine de P Q, elle est racine soit de P soit de Q, mais
comme elle est aussi racine de P + Q elle sera racine de P et de Q et P et Q ne sont pas premiers
entre eux. Donc si P et Q sont premiers entre eux, il en est de même de P + Q et P Q.
P = ∆P1 et Q = ∆Q1 ,
P + Q = ∆(P1 + Q1 ) et P Q = ∆2 P1 Q1 .
58 CHAPITRE 5. DIVISIBILITÉ
Exercice 58
Trouver les polynômes P non constants tels que P (X + 1) divise (X + 1)P (X).
Solution
avec pn ≥ 1. On en déduit
Ce polynôme divise
Cela nécessite
1 ≤ pn ≤ pn−1 ≤ . . . ≤ p0 ≤ 1 ,
donc
P (X) = λX(X − 1) · · · (X − n) .
Exercice 59
Déterminer les polynômes P non constants de C[X] tels que P ′ divise P .
Solution
où les nombres ai sont les racines distinctes de P ′ et les nombres entiers ki sont non nuls. Alors
n = k1 + · · · + kr .
Mais
deg P = deg P ′ + 1 = n + 1 .
Il en résulte que n + 1 est plus grand que n + r et donc que r = 1. Alors P a une seule racine d’ordre
n + 1 et
P (X) = λ(X − a)n+1 .
Exercice 60
Déterminer les polynômes P de R[X] de degré n ≥ 2 tels que P ′′ divise P . Expliciter les cas n = 2,
n = 3, n = 4.
Solution
Tous les polynômes de degré 2 conviennent. Supposons n ≥ 3. Remarquons que si P convient, alors les
polynômes λP et P (X − α) conviennent quels que soient α et λ.
60 CHAPITRE 5. DIVISIBILITÉ
(1) P = QP ′′ .
Q(X) = λ(X 2 + a) .
1
Le terme de degré n de P permet d’obtenir λ = .
n(n − 1)
En dérivant la relation (1) par la formule de Leibniz, on trouve
1 h i
P (k) (X) = (X 2 + a)P (k+2) (X) + 2kXP (k+1) (X) + k(k − 1)P (k) (X) ,
n(n − 1)
d’où
k(k − 1) 1 h i
1− P (k) (X) = (X 2 + a)P (k+2) (X) + 2kXP (k+1) (X) .
n(n − 1) n(n − 1)
En particulier, si X = 0,
k(k − 1) a
1− P (k) (0) = P (k+2) (0) ,
n(n − 1) n(n − 1)
donc
(n(n − 1) − k(k − 1))P (k) (0) = (n − k)(n + k − 1)P (k) (0) = aP (k+2) (0) ,
ou encore, si k < n,
a
P (k) (0) = P (k+2) (0) .
(n − k)(n + k − 1)
En particulier
a
P (n−1) (0) = P (n+1) (0) = 0 ,
2n − 2
et par récurrence, pour tout entier p ≤ (n + 1)/2,
P (n−2p+1) (0) = 0 .
Si p ≤ n/2, les dérivées d’ordre n−2p en 0 se calculent en fonction de P (n) (0). On obtient par récurrence
ap
P (n−2p) (0) = p P (n) (0) ,
Y
2p p! (2n − 2k − 1)
k=1
61
On peut écrire le produit des nombres impairs avec des factorielles en le multipliant par un produit de
nombres pairs. En partant de
p
Y p
Y
p (n − 1)!
(2n − 2k) = 2 (n − k) = 2p ,
(n − p − 1)!
k=1 k=1
on a alors
p
Y p
Y 2p+1
Y (2n − 2)!
(2n − 2k − 1) (2n − 2k) = (2n − k) = ,
(2n − 2p − 2)!
k=1 k=1 k=2
et donc
p
Y (2n − 2)! (n − p − 1)!
(2n − 2k − 1) = ,
(2n − 2p − 2)! 2p (n − 1)!
k=1
puis
1 1 (2n − 2p − 2)!(n − 1)!
p = .
Y (n − 2p)! p!(2n − 2)!(n − p − 1)!(n − 2p)!
2p p! (2n − 2k − 1)
k=1
Cette dernière expression peut s’écrire à l’aide des coefficients binomiaux. En effet
(n − 1)! n−1 (2n − 2p − 2)! 2n − 2p − 2
= et = (n − 2)! ,
p!(n − p − 1)! p (n − 2p)! n−2
d’où
(2n − 2p − 2)!(n − 1)! (n − 2)! 2n − 2p − 2 n−1
= .
p!(2n − 2)!(n − p − 1)!(n − 2p)! (2n − 2)! n−2 p
On obtient finalement
X
(n − 2)! (n) p 2n − 2p − 2 n−1
P (X) = P (0) a X n−2p .
(2n − 2)! n−2 p
0≤p≤n/2
On a successivement
X
p 2n − 2p − 2 n−1
′′
P (X) = µ a (n − 2p)(n − 2p − 1)X n−2p−2 ,
n−2 p
0≤p≤n/2
X
2 2n − 2p − 2 n−1 p
(X + a)P (X) = µ ′′
a (n − 2p)(n − 2p − 1)X n−2p
n−2 p
0≤p≤n/2
X
p+1 2n − 2p − 2 n−1
+µ a (n − 2p)(n − 2p − 1)X n−2p−2 .
n−2 p
0≤p≤n/2
et en fait
X
2 2n − 2p − 2 n−1 p
(X + a)P (X) = µ ′′
a (n − 2p)(n − 2p − 1)X n−2p
n−2 p
0≤p≤n/2
X
p 2n − 2p n−1
+µ a (n − 2p + 2)(n − 2p + 1)X n−2p .
n−2 p−1
1≤p≤n/2
car si p = 1 + n/2 le terme correspondant de la deuxième somme est nul. Alors, si 1 ≤ p ≤ n/2, le
coefficient de ap X n−2p vaut
2n − 2p − 2 n−1 (2n − 2p)(2n − 2p − 1) p
(n − 2p)(n − 2p − 1) + (n − 2p + 2)(n − 2p + 1) ,
n−2 p (n − 2p + 2)(n − 2p + 1) n − p
qui après simplification donne
2n − 2p − 2 n−1 h i 2n − 2p − 2 n−1
(n − 2p)(n − 2p − 1) + 2p(2n − 2p − 1) = n(n − 1) ,
n−2 p n−2 p
ce qui reste vrai si p = 0. On retrouve bien le polynôme n(n − 1)P (X).
Il en résulte que les polynômes P de degré n divisibles par P ′′ sont, pour n ≥ 3, les polynômes
X
p 2n − 2p − 2 n−1
P (X) = µ a (X − α)n−2p .
n−2 p
0≤p≤n/2
PGCD
Exercice 61
Trouver un PGCD des polynômes
Solution
On a d’une part,
d’autre part,
2
Q(X) = (X 2 − 1)(X 2 + 1)(X 4 + 1) = (X − 1)2 (X + 1)2 (X − i)2 (X + i)2 (X 4 + 1)2 .
∆(X) = (X − 1)2 (X + 1) .
Exercice 62
Trouver un PGCD des polynômes
Solution
On a d’une part,
P (X) = (X − 1)2 (X + 1)2 (X 2 − X + 1) ,
d’autre part,
Q(X) = (X + 1)3 (X 2 − X + 1)3 (X − 1)(X + 1)(X 2 + 1) .
On obtient comme PGCD le polynôme
Exercice 63
Trouver un PGCD des polynômes
P (X) = X 6 − 7X 4 + 8X 3 − 7X + 7 et Q(X) = 3X 5 − 7X 3 + 3X 2 − 7 .
Solution
Tout d’abord
3P (X) = XQ(X) − 7(2X 4 − 3X 3 + 2X − 3) .
Mais on factorise facilement
et
2X 4 − 3X 3 + 2X − 3 = 2X(X 3 + 1) − 3(X 3 + 1) = (2X − 3)(X 3 + 1) .
Alors
ce qui donne
P (X) = (X 3 + 1)(X 3 − 7X + 7) = (X 3 + 1)(X(X 2 − 7) + 7) .
Comme X 3 − 7X + 7 et 3X 2 − 7 n’ont pas de racine commune, ils sont premiers entre eux et
∆(X) = X 3 + 1
est un PGCD de P et Q.
65
Exercice 64
Trouver un PGCD des polynômes
P (X) = X 7 + 3X 6 + 5X 5 + 8X 4 + 3X 3 − 5X 2 − 9X − 6 et Q(X) = X 5 + X 4 − 2X 3 − X 2 − X + 2 ,
Solution
On divise P par Q :
X 7 +3X 6 +5X 5 +8X 4 +3X 3 −5X 2 −9X −6 X 5 +X 4 −2X 3 −X 2 −X +2
−X 7 −X 6 +2X 5 +X 4 +X 3 −2X 2 2
X +2X + 5
+2X 6 +7X 5 +9X 4 +4X 3 −7X 2 −9X
−2X 6 −2X 5 +4X 4 +2X 3 +2X 2 −4X
+5X 5 +13X 4 +6X 3 −5X 2 −13X −6
−5X 5 −5X 4 +10X 3 +5X 2 +5X −10
+8X 4 +16X 3 −8X −16
donc
P (X) = Q(X)(X 2 + 2X + 5) + 8(X 4 + 2X 3 − X − 2) .
On divise maintenant Q(X) par R(X) = X 4 + 2X 3 − X − 2 :
X 5 +X 4 −2X 3 −X 2 −X +2 X 4 +2X 3 −X −2
−X 5 −2X 4 +X 2 +2X X −1
4
−X −2X 3 +X +2
+X 4 +2X 3 −X −2
0
Donc R est un PGCD cherché. Celui-ci se factorise facilement
R(X) = X 3 (X + 2) − (X + 2) = (X + 2)(X 3 − 1) = (X + 2)(X − 1)(X − j)(X − j 2 ) .
On a ensuite
Q(X) = (X − 1)R(X) = (X + 2)(X − 1)2 (X − j)(X − j 2 ) .
Enfin
P (X) = Q(X)(X 2 + 2X + 5) + 8R(X)
= R(X)((X 2 + 2X + 5)(X − 1) + 8)
= R(X)(X 3 + X 2 + 3X + 3)
= R(X)(X 2 (X + 1) + 3(X + 1))
= R(X)(X + 1)(X 2 + 3) .
On factorise finalement
√ √
P (X) = (X + 1)(X + 2)(X − 1)(X − j)(X − j 2 )(X + i 3)(X − i 3) .
66 CHAPITRE 6. PGCD
Exercice 65
Trouver un PGCD des polynômes
P (X) = X 4 − X 3 + 5X 2 − 2X + 6 et Q(X) = X 4 − 4 ,
Solution
On a donc
Q(X) = (X + 5)(Q(X) − P (X)) + 23(X 2 + 2) .
Puis on divise Q − P par le reste X 2 + 2 :
ce qui donne
Q(X) − P (X) = (X 2 + 2)(X − 5) .
Un PGCD de P et Q est donc X 2 + 2.
On a alors
Puis
qui n’a pas de racines réelles. La factorisation sur R ci-dessus donne alors celle sur C
√ ! √ !
√ √ 1 + i 11 1 − i 11
P (X) = (X + i 2)(X − i 2) X − X− .
2 2
Exercice 66
Montrer que les polynômes
P (X) = 2X 4 + X 3 − X 2 + 2X − 1 et Q(X) = 4X 3 + 4X 2 − X − 1
Solution
2X 4 +X 3 −X 2 +2X −1 4X 3 +4X 2 −X −1
4 3 2
−2X −2X +X /2 +X/2 X/2 −1/4
3 2
−X −X /2 +5X/2 −1
+X 3 +X 2 −X/4 −1/4
+X 2 /2 +9X/4 −5/4
R(X) = 2X 2 + 9X − 5 .
4X 3 +4X 2 −X −1 2X 2 +9X −5
−4X 3 −18X 2 +10X 2X −7
−14X 2 +9X −1
+14X 2 +63X −35
+72X −36
On a donc
4X 3 + 4X 2 − X − 1 = (2X − 7)(2X 2 + 9X − 5) + 36(2X − 1) .
Enfin
2X 2 + 9X − 5 = (2X − 1)(X + 5) .
Un PGCD de P et Q est donc 2X − 1, et 1/2 est une racine commune à P et Q.
68 CHAPITRE 6. PGCD
Exercice 67
A quelle condition les polynômes
P (X) = X 2 + bX + c et Q(X) = X 3 + pX + q
Solution
X 3 + pX + q = (X − b)(X 2 + bX + c) + X(p + b2 − c) + q + bc .
Dire que P et Q ont un PGCD non constant signifie qu’ils ont une racine complexe commune α et que
cette racine est aussi celle du reste de la division euclidienne. Cela implique que
α(p + b2 − c) + q + bc = 0 .
q + bc
α=− .
p + b2 − c
Si l’on note
∆ = (q + bc)2 − b(q + bc)(p + b2 − c) + c(p + b2 − c)2 ,
une condition nécessaire pour que P et Q aient une racine commune est que ∆ soit nul.
q + bc
α=−
p + b2 − c
est racine de P . Alors l’égalité de division euclidienne implique que α est aussi racine de Q.
La condition ∆ = 0 est donc nécessaire et suffisante pour que P et Q aient une racine commune.
Exercice 68
Factoriser le polynôme
P (X) = 16X 5 − 20X 3 + 5X − 1
sachant que P admet au moins une racine multiple.
Solution
Donc
X ′
P (X) = P (X) + (−8X 3 + 4X − 1) .
5
Il en résulte que α est aussi racine de −8X 3 + 4X − 1. On divise de nouveau :
Donc
16X 4 − 12X 2 + 1 = 2X(8X 3 − 4X + 1) − 4X 2 − 2X + 1 .
70 CHAPITRE 6. PGCD
Exercice 69
Factoriser le polynôme
P (X) = X 6 + 4X 5 + 2X 4 − 8X 3 − 7X 2 + 4X + 4 ,
Solution
On cherche un PGCD de P et de P ′ . On a
P ′ (X) = 6X 5 + 20X 4 + 8X 3 − 24X 2 − 14X + 4 ,
et l’on effectue la division euclidienne de P par P ′ :
X 6 +4X 5 +2X 4 −8X 3 −7X 2 +4X +4 6X 5 +20X 4 +8X 3 −24X 2 −14X +4
−X 6 −10X 5 /3 −4X 4 /3 +4X 3 +7X 2 /3 −2X/3 X/6 +1/9
5 4
+2X /3 +2X /3 −4X 3 −14X 2 /3 +10X/3 +4
−2X 5 /3 −20X 4 /9 −8X 3 /9 +8X 2 /3 +14X/9 −4/9
−14X 4 /9 −44X 3 /9 −2X 2 +44X/9 +32/9
71
On factorise facilement B
Les nombres −2, −1 et 1 sont racines de P et de P ′ donc racines doubles de P . Comme P est de degré
6 et que le coefficient du terme de plus haut degré vaut 1, on a alors
Exercice 70
Montrer que les polynômes
Solution
4 − 7i 2 5 + 3i X 14 − 15i
−X 3 + X + X −
1 + 10i 1 + 10i 1 + 10i (1 + 10i)2
14 − 15i 2 15 − 5i
− X − X −1
1 + 10i 1 + 10i
16 − 13i 16 − 13i
− X −
(1 + 10i)2 (1 + 10i)2
Exercice 71
Effectuer la division suivant les puissances croissantes à l’ordre 3 de
Solution
1 −X +2X 2 −3X 3 1 +X −X 2
−1 −X +X 2 1 −2X +5X 2
−2X +3X 2 −3X 3
+2X +2X 2 −2X 3
+5X 2 −5X 3
−5X 2 −5X 3 +5X 4
+5X 4
Donc
P (X) = (1 − 2X + 5X 2 )A(X) + 5X 4 .
Exercice 72
Effectuer la division suivant les puissances croissantes à l’ordre 3 de
X X2 X3 X X2 X3
P (X) = 1 − + − par A(X) = 1 + + + .
2 3 4 2 3 4
74 CHAPITRE 7. DIVISION SUIVANT LES PUISSANCES CROISSANTES
Solution
1 −X/2 +X 2 /3 −X 3 /4 1 +X/2 +X 2 /3 +X 3 /4
−1 −X/2 −X 2 /3 −X /43 1 −X +X 2 /2 −5X 3 /12
−X −X 3 /2
+X +X 2 /2 +X 3 /3 +X 4 /4
+X 2 /2 −X 3 /6 +X 4 /4
−X 2 /2 −X /43 −X 4 /6 −X 5 /8
3
−5X /12 +X /124 −X 5 /8
+5X 3 /12 +5X 4 /24 +5X 5 /36 +5X 6 /48
+7X 4 /24 +X 5 /72 +5X 6 /48
Donc
X 2 5X 3 4 7 X 5X 2
P (X) = 1−X + − A(X) + X + + .
2 12 24 72 48
Exercice 73
Pour tout entier naturel n, on pose
n
X
Pn (X) = (k + 1)X k .
k=0
1) Calculer (X + 1)2 Pn (X 2 ).
Solution
1) En développant, on obtient,
n
X
(X + 1)2 Pn (X 2 ) = (1 + 2X + X 2 ) (k + 1)X 2k
k=0
n
X Xn n
X
= (k + 1)X 2k + 2(k + 1)X 2k+1 + (k + 1)X 2k+2 ,
k=0 k=0 k=0
75
Exercice 74
1) Soit n entier naturel. On pose
n
X Xk
E(X) = .
k!
k=0
2) On pose
P (X) = E(X)E(−X) .
Montrer que P ′ (X) est divisible par X n . En déduire que P (X) − 1 est divisible par X n+1 . Quel est
le quotient de la division suivant les puissances croissantes à l’ordre n de 1 par E(X) ?
76 CHAPITRE 7. DIVISION SUIVANT LES PUISSANCES CROISSANTES
Solution
1) On a
n−1
X Xk
E ′ (X) = ,
k!
k=0
donc
Xn
E(X) − E ′ (X) = .
n!
2) Alors
Le polynôme (P (X) − 1)′ = P ′ (X) est divisible par X n et P (0) − 1 est nul. Donc P (X) − 1 est divisible
par X n+1 . Si Q est le quotient de cette division, on a
ce qui signifie que le quotient dans la division suivant les puissances croissantes de 1 par E(X) à l’ordre
n est E(−X).
Exercice 75
Soit θ un nombre réel distinct de 2kπ, k entier. Effectuer la division suivant les puissances croissantes
de 1 − X 2 par 1 − 2X cos θ + X 2 . En déduire la valeur de la somme
1
Sn = + cos θ + cos 2θ + · · · + cos nθ .
2
Solution
1 −X 2 1 −2X cos θ +X 2
−1 +2X cos θ −X 2 1 +2X cos θ +2X 2 cos 2θ
+2X cos θ −2X 2
−2X cos θ +4X 2 cos2 θ −2X 3 cos θ
+2X (2 cos2 θ − 1)
2 −2X 3 cos θ
+2X 2 cos 2θ −2X 3 cos θ
−2X 2 cos 2θ +4X cos θ cos 2θ −2X 4 cos 2θ
3
Or, en développant,
1 − X 2 = (1 − 2X cos θ + X 2 )(1 + 2X cos θ + · · · + 2X n cos nθ) + 2X n+1 cos(n + 1)θ − 2X n+2 cos nθ ,
que l’on va démontrer par récurrence, ce qui donnera la division à l’ordre n cherchée.
∆ = (1 − 2X cos θ + X 2 )(1 + 2X cos θ + · · · + 2X n cos nθ) + (1 − 2X cos θ + X 2 )2X n+1 cos(n + 1)θ
= 1 − X 2 − 2X n+1 cos(n + 1)θ + 2X n+2 cos nθ + (1 − 2X cos θ + X 2 )2X n+1 cos(n + 1)θ
= 1 − X 2 − 2X n+2 (2 cos θ cos(n + 1)θ − cos nθ) + 2X n+3 cos(n + 1)θ .
Il reste à transformer 2 cos θ cos(n + 1)θ − cos nθ. En utilisant les nombres complexes,
ce qui donne
1−X 2 = (1−2X cos θ+X 2 )(1+2X cos θ+· · ·+2X n+1 cos(n+1)θ)+2X n+2 cos(n+2)θ−2X n+3 cos(n+1)θ .
On obtient ainsi la formule à l’ordre n + 1. Elle est donc vraie quel que soit n.
En faisant X = 1 dans la formule de division suivant les puissances croissantes à l’ordre n, on trouve
donc
0 = 2(1 − cos θ)Sn + cos(n + 1)θ − cos nθ ,
d’où, si θ 6= 2kπ,
1
sin n + θ
cos nθ − cos(n + 1)θ 2
Sn = = .
2(1 − cos θ) θ
2 sin
2
Remarque : si θ = 2kπ, on obtient directement
1
Sn = + n.
2
Chapitre 8
Nombres entiers
Exercice 76
Soit n un nombre entier plus grand que 1. On pose
X(X − 1) · · · (X − n + 1)
P (X) = .
n!
Montrer que P prend des valeurs entières sur les nombres entiers.
Solution
Exercice 77
Soit P un polynôme à coefficients entiers. Que peut-on dire des racines entières de P , en particulier
si P (0) est un nombre premier ?
Solution
Si l’on a
n
X
P (X) = ak X k
k=0
Il en résulte que λ divise a0 = P (0). En particulier, si P (0) est un nombre premier, les seules valeurs
possibles pour λ sont 1, −1, P (0), −P (0).
Application. Comme les coefficients de P sont tous positifs, les racines de P sont nécessairement
négatives. Les seules racines entières possibles divisent 3 et sont donc −1 et −3. On constate que
P (−1) = −2, alors que P (−3) = 0. Donc −3 est la seule racine entière de P .
Exercice 78
Soit
X n (a − X)n
P (X) =
n!
où a est un nombre entier. Montrer que, pour tout nombre entier naturel p, les nombres P (p) (0) et
P (p) (a) sont entiers.
Solution
Le polynôme P est de degré 2n. Donc si p > 2n, le polynôme P (p) est nul. Supposon p ≤ 2n.
Si 0 ≤ p < n, le terme constant est nul dans ce polynôme et donc P (p) (0) = 0.
81
Si n ≤ p ≤ 2n, on a
n
X 1
P (p) (X) = (n + k)(n + k − 1) · · · (n + k − p + 1)(−1)k X n+k−p an−k .
k!(n − k)!
k=p−n
et il en résulte que
P (p) (a) = (−1)p P (p) (0)
est également un nombre entier.
Exercice 79
Le polynôme P (X) = X 8 + 3X 7 + 2X 5 + 3X 3 + 2X 2 + 6 a-t-il une racine entière ?
Solution
Si x ≥ 0, on a
P (x) ≥ 6 ,
donc une racine réelle de P ne peut être que négative.
et p2 divise 6. Alors p2 = 1 et p = −1. Mais P (−1) = 1. Donc P n’a pas de racine entière.
Exercice 80
Le polynôme P (X) = 3X 5 + 4X 3 + 2X 2 + X + 7 a-t-il une racine rationnelle ?
82 CHAPITRE 8. NOMBRES ENTIERS
Solution
Si x ≥ 0, on a
P (x) ≥ 7 ,
donc une racine réelle de P ne peut être que négative.
Supposons l’existence d’une racine rationnelle α = p/q avec p entier négatif et q entier strictement
positif, p et q premiers entre eux. Alors
donc
−3p5 = q 2 (4p3 + 2p2 q + pq 2 + 7q 3 ) .
Comme p et q sont premiers entre eux, l’on en déduit que q 2 divise 3, donc q = 1 et α = p est un
nombre entier négatif. Alors
donc p divise 7 et l’on ne peut avoir que p = −1 ou p = −7. On constate facilement que P (−1) = 1
n’est pas nul. Par ailleurs, si p = −7, on aurait
ce qui est faux car p devrait diviser 2. Donc le polynôme P n’a pas de racine rationnelle.
Chapitre 9
Exercice 81
Soit α et β les racines du polynôme X 2 + bX + c. Trouver un polynôme de degré 2 dont les racines
sont α2 et β 2 .
Solution
On a
α + β = −b et αβ = c ,
alors
α2 + β 2 = (α + β)2 − 2αβ = b2 − 2c et α2 β 2 = c2 .
Donc α2 et β 2 sont racines du polynôme
X 2 − (b2 − 2c)X + c2 .
Exercice 82
Soit a et b deux nombres réels (a 6= 0). Donner une condition nécessaire et suffisante pour que le
polynôme
P (X) = a3 X 2 + bX + c3
ait une racine qui soit le carré de l’autre.
84 CHAPITRE 9. RELATIONS ENTRE LES COEFFICIENTS ET LES RACINES
Solution
c3
= uv = u3 ,
a3
donc u = c/a doit être racine de P , ce qui donne
bc c
0 = P (c/a) = ac2 + + c3 = (ac(a + c) + b) .
a a
On a donc, ou bien c = 0, et dans ce cas le polynôme P a pour racines 0 et −b/a3 , ce qui implique
b = 0, ou bien
b = −ac(a + c) ,
et dans ce cas le polynôme devient
3 3 2 3 3 3 c c2 c c2
P (X) = a X − ac(a + c)X + c = a X − + 2 X+
a a a a2
et a pour racines c/a et (c/a)2 , donc répond à la question. En remarquant que le cas b = c = 0 est un
cas particulier du précédent, la condition nécessaire et suffisante cherchée est donc
b = −ac(a + c) .
Exercice 83
Soit a et b deux nombres réels strictement positifs, et P le polynôme
P (X) = X 2 − aX + b
de racines u et v.
1) Montrer qu’il est possible de construire deux triangles isocèles distincts dont les longueurs des
côtés soient u et v si et seulement si
9b > 2a2 > 8b .
2) Donner une condition nécessaire et suffisante pour que l’un des triangles isocèles soit rectangle.
Solution
1) Une première condition est que le discriminant soit positif, pour que les racines soient réelles. Dans ce
cas, puisque le produit et la somme des racines sont strictement positifs, les racines seront strictement
positives. Les longueurs des côtés seront donc (u, u, v) et (v, v, u). Ensuite, si l’on veut obtenir deux
85
triangles distincts, ils ne peuvent être équilatéraux et les racines de P doivent être distinctes. Finalement
l’existence de racines réelles positives distinctes a lieu si et seulement si
∆ = a2 − 4b > 0 .
Alors, en raison des inégalités triangulaires, pour pouvoir obtenir deux triangles, on doit avoir à la fois
u < 2v et v < 2u ,
ou encore
a = u + v < 3v et a = u + v < 3u .
Le nombre a/3 doit donc être inférieur aux racines de P . Comme a/3 est inférieur à la demi-somme
des racines a/2, la condition a lieu si et seulement si P (a/3) est positif. Donc
a2 a2 1
P (a/3) = − + b = (9b − 2a2 ) > 0 .
9 3 9
On obtient bien la condition
9b > 2a2 > 8b .
2) Si l’on veut que l’un des triangles soit rectangle, on a donc, d’après le théorème de Pythagore,
√
u = 2v
a2 a2
√ − √ + b = 0,
(1 + 2)2 1 + 2
ce qui donne √ 2 √ √
2 a = (1 + 2)2 b = (3 + 2 2)b ,
√
et finalement, en multipliant par 2 √
2a2 = (4 + 3 2)b .
En remarquant que √
9 > 3 2 + 4 > 8,
la condition
9b > 2a2 > 8b ,
est satisfaite dans ce cas, et la condition est suffisante pour que l’un des triangles soit rectangle.
D’ailleurs, on peut expliciter le polynôme. On a
√
2 √ √ √
b= √ a2 = 2 (3 − 2 2)a2 = (3 2 − 4)a2 ,
3+2 2
86 CHAPITRE 9. RELATIONS ENTRE LES COEFFICIENTS ET LES RACINES
donc
√
P (X) = X 2 − aX + (3 2 − 4)a2 ,
√ √ √ √
qui a pour racines ( 2 − 1)a et (2 − 2)a = 2( 2 − 1)a.
Exercice 84
Trouver trois nombres entiers a, b, c tels que
a+b+c=8 , a2 + b2 + c2 = 30 , a3 + b3 + c3 = 134 .
Solution
On a
a2 + b2 + c2 = (a + b + c)2 − 2(ab + bc + ca) ,
donc
1 1
ab + bc + ca = [(a + b + c)2 − (a2 + b2 + c2 )] = (64 − 30) = 17 .
2 2
Alors les nombres a, b, c sont les racines du polynôme
et donc
abc = 10 .
P (X) = X 3 − 8X 2 + 17X − 10 .
Les racines entières divisent 10. On constate alors que les nombres 1, 2, 5 conviennent.
87
Exercice 85
Soit a, b, c, d quatre nombres complexes avec a 6= 0. On note z1 , z2 , z3 les trois racines (distinctes
ou confondues) du polynôme
P (Z) = aZ 3 + bZ 2 + cZ + d .
1) En utilisant la factorisation de P en facteurs du premier degré, calculer en fonction de a, b, c, d
les expressions
z1 + z2 + z3 , z1 z2 + z2 z3 + z3 z1 , z1 z2 z3 .
2) Exprimer en fonction de a, b, c, d les expressions
3) A quelle condition peut-on être sûr que 0 n’est pas racine de l’équation ? Dans ce cas calculer
(toujours en fonction de a, b, c, d) l’expression
1 1 1
+ + .
z1 z2 z3
Solution
En développant, il vient
P (Z) = a Z 3 − (z1 + z2 + z3 )Z 2 + (z1 z2 + z2 z3 + z3 z1 )Z − z1 z2 z3 ,
et en identifiant,
d’où
b c d
z1 + z2 + z3 = − , z1 z2 + z2 z3 + z3 z1 = et z1 z2 z3 = − .
a a a
2) On a
(z1 + z2 + z3 )2 = (z12 + z22 + z32 ) + 2(z1 z2 + z2 z3 + z3 z1 ) .
Donc 2
b c b2 − 2ac
z12 + z22 + z32 2
= (z1 + z2 + z3 ) − 2(z1 z2 + z2 z3 + z3 z1 ) = −2 = .
a a a2
Pour la somme des cubes des racines, on remarque que P (z1 ) + P (z2 ) + P (z3 ) est nulle et donc
P (z1 ) + P (z2 ) + P (z3 ) = a(z13 + z23 + z33 ) + b(z12 + z22 + z32 ) + c(z1 + z2 + z3 ) + 3d = 0 ,
1 2
z13 + z23 + z33 = − b(z1 + z22 + z32 ) + c(z1 + z2 + z3 ) + 3d
a
1 b2 − 2ac bc
= − b − + 3d
a a2 a
−b3 + 3abc − 3da2
= .
a3
3) Le produit des racines vaut −d/a. Donc ce produit est nul si et seulement si d = 0.
1 1 1 z1 z2 + z2 z3 + z3 z1 c
+ + = =− .
z1 z2 z3 z1 z2 z2 d
Exercice 86
Soit a, b, c les racines du polynôme
P (X) = X 3 − 2X 2 + 3X − 4 .
1) Calculer
S = c(a − b)2 + b(c − a)2 + a(b − c)2 .
2) Trouver un polynôme Q de degré 3 et de racines a + b, b + c, c + a.
Solution
1) On a
σ1 = a + b + c = 2 , σ2 = ab + bc + ca = 3 et σ3 = abc = 4 .
Alors
S = ca2 + cb2 + bc2 + ba2 + ab2 + ac2 − 6abc = (a + b + c)(ab + bc + ca) − 9abc = 6 − 36 = −30 .
2) Posons
A=b+c , B = c + a et C = a + b .
On obtient successivement
Σ1 = A + B + C = 2(a + b + c) = 4 ,
Σ3 = ABC = 2abc + ba2 + ca2 + ac2 + bc2 + ab2 + cb2 = (a + b + c)(ab + bc + ca) − abc = 2 .
89
Q(X) = X 3 − 4X 2 + 7X − 2 .
Exercice 87
Si P est un polynôme unitaire de degré 3 de racines a, b, c, distinctes ou non, on appelle discriminant
de P le nombre 2
∆(P ) = (a − b)(b − c)(c − a) .
Soit le polynôme
P (X) = X 3 + pX + q ,
1) Montrer que
∆(P ) = −P ′ (a)P ′ (b)P ′ (c) ,
et en déduire ∆(P ) en fonction de p et q.
2) Lorsque p et q sont réels, donner une condition nécessaire et suffisante pour que les racines de P
soient réelles.
Q(X) = X 3 + uX 2 + vX + w
Exprimer P à l’aide des dérivées de Q en −u/3 et déduire de 2) une condition nécessaire et suffisante
pour que les racines de P soient réelles.
Solution
a + b + c = 0.
On a
P (X) = (X − a)(X − b)(X − c) = X 3 + pX + q ,
et donc en dérivant
On en déduit
d’où
2
P ′ (a)P ′ (b)P ′ (c) = (a − b)(a − c)(b − c)(b − a)(c − b)(c − a) = − (a − b)(b − c)(c − a) = −∆(P ) .
Alors, on a aussi,
Or
a2 + b2 + c2 = (a + b + c)2 − 2(ab + bc + ca)
et
Comme
a+b+c=0 , ab + bc + ca = p et abc = −q ,
on en déduit
a2 + b2 + c2 = −2p et a2 b2 + b2 c2 + c2 a2 = p2 ,
et finalement
∆(P ) = − p3 + 3(−2p)p2 + 9p2 p + 27q 2 = −(4p3 + 27q 2 ) .
2) Si p et q sont réels, alors P a trois racines réelles, ou une racine réelle et deux racines complexes
non réelles conjuguées.
Si a, b, c sont réelles, alors ∆(P ) est positif. (Il est nul si l’on a une racine multiple).
et donc
∆(P ) = −4|a − b̄|4 (Im b)2 < 0 .
Donc le polynôme P a trois racines réelles si et seulement si
donc
3
X Q(k) (−u/3)
P (X) = Q(X − u/3) = Xk .
k!
k=0
Alors
2u3 − 9uv + 27w
Q(−u/3) = ,
27
puis, en dérivant, on obtient successivement
3v − u2
Q′ (X) = 3X 2 + 2uX + v et Q′ (−u/3) = ,
3
La condition nécessaire et suffisante pour que P ou Q ait trois racines réelles est donc
Exercice 88
1) Soit a1 , . . . , an des nombres réels et σ1 , . . . , σn les expressions symétriques élémentaires de ces n
nombres. Montrer que a1 , . . . , an sont strictement positifs si et seulement si σ1 , . . . , σn sont stricte-
ment positifs.
Solution
Alors
n−1
X
P ′ (X) = nX n−1 + (n − i)σi X n−i−1 .
i=1
Si α est strictement positif, il en est de même de P (α) et de P ′ (α). Le nombre −αi est soit racine d’ordre
impair de P , soit racine d’ordre impair de P ′ et P ou P ′ change de signe en −αi . Donc −αi est négative
ou nulle. Elle n’est pas nulle, sinon σn = a1 · · · an le serait aussi. Donc les racines (−a1 , . . . , −an ) sont
strictement négatives. Il en résulte que les nombres a1 , . . . , an sont strictement positifs.
a1 + a2 = 2r cos θ et a1 a2 = r 2 .
Donc, si θ appartient à l’intervalle ] 0, π/2 [ , les nombres a1 + a2 et a1 a2 sont strictement positifs, alors
que a1 et a2 ne sont pas réels.
Exercice 89
Trouver le nombre réel λ tel que le polynôme
P (X) = X 3 + 3X 2 + λX − 3
Solution
Notons a, b, c les racines, avec a < b < c. Dire qu’elles forment une suite arithmétique équivaut à dire
que
b − a = c − b,
ou encore
a + b + c = 3b .
Comme a + b + c = −3, on en déduit que b = −1 est racine de P . Or P (−1) vaut −λ − 1 . Cela implique
λ = −1. Alors
Un nombre complexe α est dit algébrique, s’il existe un polynôme P , à coefficients entiers tel
que P (α) soit nul. On note A l’ensemble des nombres algébriques.
3) Montrer que si α est un nombre algébrique non nul, le nombre 1/α est algébrique.
4) Montrer que si α est un nombre algébrique et n un entier, toute racine n−ième de α est algébrique.
√ √
5) Soit a et √
b deux entiers positifs. On veut montrer que α1 = a + b est algébrique. On introduit
√
α2 = a − b. Etudier le polynôme
et conclure.
(Remarque : on peut démontrer de manière générale que la somme de deux nombres algébriques est
algébrique).
Solution
p
1) Le nombre rationnel α = , où p et q sont entiers et q 6= 0, est racine du polynôme
q
P (X) = qX − p ,
donc est algébrique.
√
2) Le nombre a + b est racine de
√ √
P (X) = (X − a + b)(X − a − b) = (X − a)2 − b = X 2 − 2aX + a2 − b ,
√
et a + i b est racine de
√ √
P (X) = (X − a + i b)(X − a − i b) = (X − a)2 + b = X 2 − 2aX + a2 + b ,
qui sont des polynômes à coefficients entiers. Ils sont donc algébriques.
On peut donc se ramener au cas où le terme constant n’est pas nul. On suppose donc que α est racine
du polynôme
P (X) = a0 + a1 X + · · · + an X n
avec a0 et an non nuls. Alors
Donc 1/α est racine du polynôme R dont les coefficients sont entiers. C’est bien un nombre algébrique.
4) On suppose que α est racine du polynôme P (X) à coefficients entiers. Alors si ω est une racine
n−ième de α
P (ω n ) = P (α) = 0 .
Il en résulte que ω est racine du polynôme P (X n ) qui est aussi à coefficients entiers. C’est bien un
nombre algébrique.
Mais √ √ √ √
α21 + α22 = (a + 2 a b + b) + (a − 2 a b + b) = 2a + 2b ,
et
α21 α22 = (α1 α2 )2 = (a − b)2 .
Donc
P (X) = X 4 − 2(a + b)X 2 + (a − b)2
est un polynôme à coefficients entiers. Comme α1 est racine de P , c’est donc un nombre algébrique.
6) Si
P (X) = aX 3 + bX 2 + cX + d ,
on a
b c d
α1 + α2 + α3 = − , α1 α2 + α2 α3 + α3 α1 = , α1 α2 α3 = − ,
a a a
d’où
b2 − 2ac
α21 + α22 + α23 = (α1 + α2 + α3 )2 − 2(α1 α2 + α2 α3 + α3 α1 ) = .
a2
95
On obtient aussi
d2
α21 α22 α23 = (α1 α2 α3 )2 = .
a2
Enfin
α21 α22 + α22 α23 + α23 α21 = (α1 α2 + α2 α3 + α3 α1 )2 − 2(α21 α2 α3 + α1 α22 α3 + α1 α2 α23 )
= (α1 α2 + α2 α3 + α3 α1 )2 − 2α1 α2 α3 (α1 + α2 + α3 )
c 2 bd
= −2
a aa
c2 − 2bd
= .
a2
Alors
b2 − 2ac 2 c2 − 2bd d2
(X − α21 )(X − α22 )(X − α23 ) = X 3 − X + X − .
a2 a2 a2
Donc, en multipliant par a2 , les nombres α2k sont racines du polynôme à coefficients entiers
Exercice 91
Trouver les nombres réels λ tels que le polynôme
P (X) = 3X 4 + λX 3 − 2X 2 + 12X − 8
possède deux racines dont le produit vaut −4. Trouver alors les racines de P .
Solution
λ 2
σ1 = a + b + c + d = − , σ2 = ab + ac + ad + bc + bd + cd = ab + cd + (a + b)(c + d) = − ,
3 3
8
σ3 = abc + abd + acd + bcd = ab(c + d) + cd(a + b) = −4 , σ4 = abcd = − .
3
Si l’on suppose ab = −4, on tire de σ4 la valeur cd = 2/3, puis de σ2 et σ3
8 2
(a + b)(c + d) = et (a + b) − 4(c + d) = −4 .
3 3
Si l’on pose
U = a + b et V = −6(c + d) ,
96 CHAPITRE 9. RELATIONS ENTRE LES COEFFICIENTS ET LES RACINES
U + V = −6 et U V = −16 ,
X 2 + 6X − 16 = (X − 2)(X + 8) .
Exercice 92
Soit n un entier plus grand que 1. On note Un l’ensemble des racines n−ième de l’unité. Soit a, b,
c, d, quatre nombres réels tels que ad − bc soit non nul et |c| =
6 |d|.
2) Calculer
1 X aω + b
sn = ,
n cω + d
ω∈Un
Solution
λ = dn − (−c)n .
97
Soit α une racine de P . Si le nombre −cα + a est nul, alors le nombre dα − b l’est également. Cela
signifie que le système
−cx + ay = 0
dx − by = 0
possède une solution non nulle (α, 1). Ce n’est donc pas un système de Cramer et son déterminant
bc − ad est nul, ce qui n’est pas le cas.
c’est-à-dire si et seulement si
dα − b
ω=
−cα + a
appartient à Un . En résolvant cette équation, on trouve
Le nombre d + ωc n’est pas nul, sinon on aurait |d| = |ωc| = |c| ce qui n’est pas le cas. Finalement
aω + b
α= .
cω + d
aω + b aω ′ + b
= ′ ,
cω + d cω + d
conduit à
(ad − bc)(ω − ω ′ ) = 0 ,
et, puisque ad − bc est non nul, à ω = ω ′ . Les n nombres trouvés sont donc les n racines de P .
2) La somme sn n’est autre que la moyenne des racines du polynôme P . Si µ est le coefficient de X n−1
dans P , on a alors
1 −µ
sn = .
n λ
En développant P à l’aide de la formule du binôme, on obtient
n
X n
X
n k k n−k n
P (X) = d X (−b) − (−c)k X k an−k .
k k
k=0 k=0
Donc
µ = n(dn−1 (−b) − (−c)n−1 a) ,
98 CHAPITRE 9. RELATIONS ENTRE LES COEFFICIENTS ET LES RACINES
ce qui donne
dn−1 (−b) − (−c)n−1 a
sn = − .
dn − (−c)n
Si |d| < |c|, on divise numérateur et dénominateur par (−c)n . Alors
b d n−1 a
− −
c −c c
sn = n ,
d
−1
−c
et, puisque la suite ((d/(−c))n ) converge vers 0, la suite (sn ) converge vers a/c.
et, puisque la suite ((−c/d)n ) converge vers 0, la suite (sn ) converge vers b/d.
Chapitre 10
Divers
Exercice 93
Soit a, b, c trois nombres complexes. Trouver une condition nécessaire et suffisante pour que l’équa-
tion
(a − X)(X + b) = c
soit équivalente à
a − X = c ou X + b = c .
Solution
P (X) = (a − X)(X + b) − c .
On a
P (a − c) = P (c − b) = c(a + b − c − 1) .
Donc
P (a − c) = P (c − b) = 0
si et seulement si c = 0 ou a + b − c = 1.
Exercice 94
Montrer que le polynôme
P (X) = X 3 − 3X + 1
admet trois racines réelles.
100 CHAPITRE 10. DIVERS
Solution
Le polynôme P est de degré 3. S’il avait une racine non réelle a, il aurait aussi la racine conjuguée ā
et sa troisième racine c serait réelle. Il se factoriserait sous la forme
Mais alors, pour tout x réel, le nombre x2 − 2xRe a + |a|2 est positif, et le nombre P (x) est du signe
de x − c. Comme on a
P (0) = 1 et P (1) = −1 ,
on obtient une contradiction car on devrait avoir à la fois 0 > c et 1 < c. Donc le polynôme P possède
trois racines réelles. (On peut également utiliser l’exercice 87).
Est-il unique ?
3) Soit α, β, γ, trois nombres réels quelconques. Trouver un polynôme Q de degré inférieur ou égal
à 2, tel que
Q(a) = α, Q(b) = β, Q(c) = γ ,
en le cherchant comme combinaison des polynômes P1 , P2 , P3 . Ce polynôme Q est-il unique ?
Solution
1) Le polynôme est de degré au plus 2, et admet pour racines b et c. Il se factorise donc sous la forme
ce qui donne
(X − b)(X − c)
P1 (X) = ,
(a − b)(a − c)
et l’on trouve un seul polynôme répondant à la question.
(X − a)(X − c) (X − a)(X − b)
P2 (X) = et P3 (X) = .
(b − a)(b − c) (c − a)(c − b)
Q = λ1 P1 + λ2 P2 + λ3 P3 .
On a alors
α = Q(a) = λ1 P1 (a) + λ2 P2 (a) + λ3 P3 (a) = λ1 ,
β = Q(b) = λ1 P1 (b) + λ2 P2 (b) + λ3 P3 (b) = λ2 ,
γ = Q(c) = λ1 P1 (c) + λ2 P2 (c) + λ3 P3 (c) = λ3 .
On trouve donc comme solution le polynôme
Remarque : ce résultat signifie que les polynômes P0 , . . . , Pn forment une base de Rn [X].
102 CHAPITRE 10. DIVERS
Exercice 96
Si n est un entier naturel, on pose
Pn (k) = (−1)k ,
2) Calculer Pn−1 (n). En déduire Pn − Pn−1 . Puis exprimer Pn dans la base des polynômes Ek .
4) Montrer que
Pn (n − X) = (−1)n Pn (X)
′ (s) est nul.
et en déduire que, pour tout entier naturel s, le nombre P2s
|Pn (x)| ≤ 1 .
Solution
1) Si l’on pose
Qk (X) = X(X − 1) · · · (X − (k − 1))(X − (k + 1)) · · · (X − n) ,
on a
Qk (k) = k(k − 1) · · · (k − (k − 1))(k − (k + 1)) · · · (k − n) = k!(−1)n−k (n − k)! ,
Pn (k) = (−1)k
est
n
X n
kQk (X) (−1)n X n
Pn (X) = (−1) = Qk (X) .
Qk (k) n! k
k=0 k=0
103
2) On obtient alors
n−1
X
(−1)n−1 n−1 1
Pn−1 (n) = En (n) .
(n − 1)! k n−k
k=0
Le nombre En (n) vaut n!, et, si l’on isole le premier terme de la somme,
n−1 !
n−1 1 X n−1 1
Pn−1 (n) = n(−1) +
n k n−k
k=1
!
X n n − 1
n−1
= (−1)n−1 1+ .
n−k k
k=1
Mais
n n−1 n
= ,
n−k k k
donc
X
n−1 !
n−1 n
Pn−1 (n) = (−1) 1+ .
k
k=1
Pour finir, on remarque que
X
n−1
n
n
X n
= − 2 = 2n − 2 ,
k k
k=1 k=0
et l’on obtient
Pn−1 (n) = (−1)n−1 (2n − 1) .
Le polynôme Pn − Pn−1 est de degré n et s’annule pour les nombres entiers compris entre 0 et n − 1.
C’est donc un multiple de En . Comme En est de degré n également, il existe un nombre réel an tel que
Pn − Pn−1 = an En .
Alors
Pn (n) − Pn−1 (n) = an En (n) = an n! ,
et donc
1 1 2n
an = (Pn (n) − Pn−1 (n)) = ((−1)n − (−1)n−1 (2n − 1)) = (−1)n ,
n! n! n!
et finalement
2n
Pn − Pn−1 = (−1)n En .
n!
Alors, compte tenu du fait que P0 = E0 = 1, on obtient
n
X n
X n
X
2n 2n
Pn = (Pk − Pk−1 ) + P0 = (−1)n En + E0 = (−1)n En .
n! n!
k=1 k=1 k=0
104 CHAPITRE 10. DIVERS
P1 (X) − 1 = −2X ,
En dérivant, on obtient
Sn′ (X) = (−1)n+1 Pn′ (n − X) = Pn′ (X) ,
donc, si n = 2s est pair
′ ′ ′
−P2s (s) = −P2s (n − s) = P2s (s) .
′ (s) est nul, ce que l’on vérifie par exemple pour n = 2 et n = 4.
Il en résulte que P2s
Exercice 97
Soit P dans R[X] non constant. Montrer que P (x) est positif pour tout x réel si et seulement si P
s’écrit comme somme de carrés de deux polynômes de R[X].
Solution
Supposons que P (x) est positif pour tout x réel. On décompose P sur R comme produit de facteurs
irréductibles et unitaires sous la forme
Yn
P =λ Pknk ,
k=1
où λ est un nombre réel, et Pk est un polynôme irréductible de degré 1 ou 2.
Si Pk est de degré 2 alors son discriminant est strictement négatif et Pk (x) est positif pour tout x réel.
Si Pk est de degré 1 c’est-à-dire Pk = X − αk , alors αk est une racine réelle de P . Cette racine est
nécessairement d’ordre pair, sinon P (x) changerait de signe quand x varie dans un voisinage de αk .
Donc (X − αk )2 figure nécesairement dans la décomposition.
Si m = 1, alors
P (X) = λ(X 2 + bX + c) ,
avec
∆ = b2 − 4c ≤ 0 .
On peut écrire
2 √ 2
√ b −λ∆
P (X) = λ X+ + ,
2 2
et la propriété est vraie à l’ordre 1.
On a vu que Qm s’écrivait comme somme de deux carrés, et, en appliquant l’hypothèse de récurrence,
le polynôme R également. Il existe donc quatre polynômes U , V , S, T tels que
R = U2 + V 2 et Qm = S 2 + T 2 .
On en déduit que
P = (U 2 + V 2 )(S 2 + T 2 ) = (T U + SV )2 + (T V − SU )2
est somme de carrés de deux polynômes, ce qui donne la propriété à l’ordre m. Elle est donc vraie pour
tout m ≥ 1.
106 CHAPITRE 10. DIVERS
Exercice 98
Le but de cet exercice est de calculer les sommes
n
X
σp (n) = kp .
k=1
1) Soit G un polynôme de R[X]. Montrer qu’il existe un polynôme F de R[X] et un seul, admettant
pour racine 0, et tel que
F (X) − F (X − 1) = G(X) .
2) On note Fp le polynôme obtenu lorsque G(X) = X p . Montrer que si p ≥ 1, le polynôme Fp est
divisible par X + 1, et que σp (n) = Fp (n).
3) Montrer que, si p ≥ 1,
Fp′ (X) = pFp−1 (X) + Fp′ (0) .
4) Soit Hp le polynôme dont la dérivée est Fp et qui s’annule en zéro. Montrer que
Fp+1 (X) = (p + 1)Hp (X) − (p + 1)Hp (1) − 1 X .
Solution
1) On remarque que si F est de degré au plus n + 1, alors F (X) − F (X − 1) est de degré au plus n.
Soit En l’ensemble des polynômes de Rn+1 [X] nuls en 0. C’est un sous-espace de dimension n + 1 de
Rn+1 [X]. On peut considérer l’application linéaire Φ de En dans Rn [X] qui à F associe le polynôme
F (X) − F (X − 1). Si Φ(P ) est nul, on a donc
P (X) = P (X − 1) ,
avec P (0) = 0. On en déduit par récurrence que P (n) est nul pour tout entier naturel n et le polynôme
P a une infinité de racines. C’est donc le polynôme zéro, ce qui montre que Φ est injective. Comme En
et Rn [X] ont même dimension, l’application Φ est aussi surjective, et pour tout G de Rn [X], il existe
F unique dans En tel que
Φ(F ) = G .
2) On a
X p = Fp (X) − Fp (X − 1) ,
donc, si p ≥ 1,
0 = Fp (0) − Fp (−1) = −Fp (−1) ,
ce qui montre que Fp est divisible par X + 1.
107
Par ailleurs
n
X n
X
Fp (n) = (Fp (k) − Fp (k − 1)) = kp = σp (n) .
k=1 k=1
3) Si p ≥ 1, en dérivant la relation
X p = Fp (X) − Fp (X − 1) ,
on obtient
pX p−1 = Fp′ (X) − Fp′ (X − 1) .
Si l’on pose
1 ′
Up−1 (X) = (F (X) − Fp′ (0)) ,
p p
on obient un polynôme nul en zéro tel que
1 ′
Up−1 (X) − Up−1 (X − 1) = (F (X) − Fp′ (X − 1)) = X p−1 .
p p
Alors, par unicité, Up−1 n’est autre que Fp−1 , d’où
1 ′
Fp−1 (X) = (F (X) − Fp′ (0)) ,
p p
ce qui donne l’égalité
Fp′ (X) = pFp−1 (X) + Fp′ (0) .
4) Partons de la relation
Fp (X) − Fp (X − 1) = X p .
En prenant la primitive nulle en zéro, on obtient
X p+1
Hp (X) − (Hp (X − 1) − Hp (−1)) = .
p+1
En particulier, si X = 1,
1
Hp (1) + Hp (−1) = .
p+1
Posons
Vp+1 (X) = (p + 1)(Hp (X) − XHp (1)) + X .
Tout d’abord, Vp+1 (0) est nul. Ensuite
Alors, par unicité Vp+1 n’est autre que Fp+1 . On obtient donc
Fp+1 (X) = (p + 1)Hp (X) − (p + 1)Hp (1) − 1 X .
5) En partant de p = 0, pour lequel on a de manière évidente F0 (X) = X, On calcule
X2 X2 + X
H0 (X) = puis F1 (X) = H0 (X) − (H0 (1) − 1)X = .
2 2
Ensuite
1 X3 X2 2X 3 + 3X 2 + X
H1 (X) = + puis F2 (X) = 2H1 (X) − (2H1 (1) − 1)X = .
2 3 2 6
On poursuit avec
1 X4 3 X2 X 4 + 2X 3 + X 2
H2 (X) = +X + puis F3 (X) = 3H2 (X) − (3H2 (1) − 1)X = .
6 2 2 4
Enfin
1 X5 X4 X3 6X 5 + 15X 4 + 10X 3 − X
H3 (X) = + + puis F4 (X) = 4H3 (X)−(4H3 (1)−1)X = .
4 5 2 3 30
Alors, en mettant n(n + 1) en facteur dans les différentes expressions
2
n(n + 1) n(n + 1)(2n + 1) n(n + 1)
σ1 (n) = F1 (n) = , σ2 (n) = F2 (n) = , σ3 (n) = F3 (n) = ,
2 6 2
et
6n5 + 15n4 + 10n3 − n n(n + 1)(6n3 + 9n2 + n − 1)
σ4 (n) = F4 (n) = = .
30 30
Exercice 99
Soit P et Q deux polynômes non constants de R[X] de degrés respectifs p et q. On définit par
récurrence une suite (Un )n≥0 de polynômes, en posant U0 = Q et, pour n ≥ 1,
Un = P ◦ Un−1 .
1) Calculer le degré de Un .
2) a) Montrer qu’il existe un couple (a, b) de nombres réels tel que, pour tout entier n,
Un (a) = b
Solution
deg Un = q pn .
2) a) Si l’on a Un (a) = b pour tout entier n, c’est vrai en particulier si n = 0 et donc Q(a) = b. Alors
on a aussi
b = U1 (a) = P (Q(a)) = P (b) .
Réciproquement, si P (b) = Q(a) = b, on montre par réccurence que, pour tout n, on a Un (a) = b.
C’est vrai si n = 0, puisque
U0 (a) = Q(a) = b .
Supposons la propriété vraie à l’ordre n − 1, alors
2) c) Si P est de degré impair, et si P (X) − X n’est pas constant, c’est un polynôme de degré impair
qui possède au moins une racine réelle b. Alors Q(X) − b est aussi de degré impair et possède au moins
une racine réelle a. Il existe donc au moins un couple (a, b) répondant à la question.
Exercice 100
Soit la suite (Pn )n≥0 de polynômes définie par P0 (X) = 1, P1 (X) = X, et, pour tout entier n,
1) Montrer que Pn est un polynôme de degré n, de même parité que n et à coefficients entiers.
Solution
Supposons la propriété vraie aux ordres n et n + 1. Alors puisque Pn+1 est de degré n + 1, et Pn de
degré n, le polynôme XPn+1 est de degré n + 2 et Pn+2 également.
Si Pn a même parité que n et Pn+1 a même parité que n + 1, alors Pn et XPn+1 ont même parité que
n + 2. Donc Pn+2 a bien même parité que n + 2.
Enfin, si Pn et Pn+1 sont à coefficients entiers, il en est de mème de Pn+2 . La propriété est donc vraie
à l’ordre n + 2, et donc quel que soit n.
2) On peut considérer (Pen (x))n≥0 comme une suite récurrente linéaire, de polynôme caractéristique
Q(X) = X 2 + 2xX − 1 ,
dont les racines sont réelles et valent
p p
α = −x + x2 + 1 et β = −x − x2 + 1 .
Alors
Pen (x) = λαn + µβ n .
En étudiant les cas n = 0 et n = 1, on trouve le système
λ+µ = 1
,
λα + µβ = x
qui se résout facilement et donne
√ √
β−x 2x + x2 + 1 x−α −2x + x2 + 1
λ= = √ et µ = = √ .
β−α 2 x2 + 1 β−α 2 x2 + 1
Finalement
√ √
2x + x 2+1 p 2x − x2 + 1 p
Pen (x) = √ n
(−x + x2 + 1) − √ (−x − x2 + 1)n .
2 x2 + 1 2 x2 + 1
Exercice 101
Soit a et b deux nombres réels.
′′
1) Montrer que l’application Φ de R[X] dans lui même qui à S associe (X −a)2 S(X) est surjective.
Solution
′′
(X − a)n (X − a)n
Φ = (X − a)2 = (X − a)n ,
(n + 1)(n + 2) (n + 1)(n + 2)
P ′ (X) = (X − b)K(X) ,
Φ(S) = K .
Alors
P ′ (X) = (X − b)[(X − a)2 S(X)]′′ .
′
P (X) = (X − b) (X − a)2 S(X) − (X − a)2 S(X) + k
= (X − b)(X − a) 2S(X) + (X − a)S ′ (X) − (X − a)2 S(X) + k .
Exercice 102
Soit P un polynôme distinct du polynôme zéro, tel que
P (X 2 ) = P (X)P (X + 1) .
n
1) Montrer que si α est racine de P , il en est de même de α2 , pour toute entier naturel n, de
(α − 1)2 et de (α2 − 1)2 .
|α| = |α − 1| = |α2 − 1| = 1 .
Solution
1) On a
n+1 n n n
P (α2 ) = P ((α2 )2 ) = P (α2 )P (α2 + 1) .
n n+1
Donc si α2 est racine de P , il en est de même de α2 . Alors, par récurrence, si α est racine de P , il
n
en est de même de α2 , pour toute entier naturel n.
On a aussi
P ((α − 1)2 ) = P (α − 1)P (α) = 0 ,
donc (α − 1)2 est racine de P . Alors comme α2 est racine de P , il en sera de même de (α2 − 1)2 .
p q
2) Supposons que, quels que soient p et q distincts, les nombres α2 et α2 soient distincts. Alors P
aurait une infinité de racines et serait le polynôme nul ce qui n’est pas possible. Donc il existe p > q
tels que
p q
α2 = α2
3) Si l’on avait
|α| = |α − 1| = |α2 − 1| = 1 ,
on aurait aussi
|α| = |α − 1| = |α + 1| = 1 ,
113
et l’image dans le plan du nombre complexe α appartiendrait à trois cercles distincts de même rayon
1, et de centres alignés (0, 0), (1, 0) et (−1, 0) ce qui n’est pas possible.
4) Si α est racine de P , il en est de même de (α − 1)2 et de (α2 − 1)2 , donc d’après 2), les nombres
|α|, |α − 1| et |α2 − 1| ne peuvent valoir que 0 ou 1, et ils ne peuvent pas tous valoir 1 d’après 3). On
ne peut avoir α = −1 car (α − 1)2 = 4 n’est pas de module 1. Donc les seules racines possibles de P
sont 0 et 1.
c’est-à-dire
λX 2p (X − 1)q (X + 1)q = λ2 X p+q (X − 1)q (X + 1)p ,
qui a lieu si et seulement si λ = 1 et p = q. Les polynômes cherchés sont donc
p
P (X) = X(X − 1) .
Exercice 103
Soit l’ensemble A des polynômes non constants de R[X] vérifiant la relation
P (X 2 ) = P (X)P (−X) .
1) Montrer que A est stable par multiplication, par division (si P et Q sont dans A et si Q divise
P , le quotient P/Q est dans A ) et par l’application P 7→ P (X 2n+1 ) , (n entier naturel).
2) Trouver les éléments de A de degré 1. En déduire, que pour tout entier naturel n non nul, le
polynôme 1 + X + · · · X 2n est dans A .
3) Si P est dans A , montrer que les racines non nulles de P sont des racines de l’unité. Quelles sont
les valeurs possibles de P (0). Calculer P (−1). Quelles sont les racines réelles possibles pour P ?
Solution
d’où
(P Q)(X 2 ) = P (X 2 )Q(X 2 ) = P (X)P (−X)Q(X)Q(−X) = (P Q)(X)(P Q)(−X) ,
et P Q est dans A .
P P (X 2 ) P (X)P (−X) P P
(X 2 ) = 2
= = (X) (−X) ,
Q Q(X ) Q(X)Q(−X) Q Q
Q(X 2 ) = P ((X 2 )2n+1 ) = P ((X 2n+1 )2 ) = P (X 2n+1 )P (−X 2n+1 ) = P (X 2n+1 )P ((−X)2n+1 ) ,
et donc
Q(X 2 ) = Q(X)Q(−X) ,
ce qui montre que Q est dans A .
aX 2 + b = (aX + b)(−aX + b) = b2 − a2 X 2 ,
donc
a = −a2 et b = b2 .
On en déduit a = −1 et b = 1 ou b = 0, ce qui donne les deux polynômes −X et 1 − X.
Alors, d’après 1), le polynôme 1 − X 2n+1 est aussi dans A , puis le polynôme
1 − X 2n+1
= 1 + X + · · · + X 2n
1−X
est dans A .
ou encore
p −2q
α2 = 1,
115
ce qui signifie que α est une racine de l’unité. En particulier si α est réelle, elle ne peut valoir que 1 ou −1.
On a aussi
P (1) = P (1)P (−1) .
Si 1 n’est pas racine de P , on en déduit que P (−1) = 1.
Si 1 est racine de P de multiplicité p, alors le polynôme (1 − X)p est dans A , puis le polynôme
Q(X) = P (X)/(1 − X)p est dans A et 1 n’est pas racine de Q. Alors Q(−1) = 1, et donc
P (−1) = 2p .
Il en résulte que −1 n’est jamais racine de P . Les seules racines réelles possibles de P sont 0 et 1.
Exercice 104
1) Soit P un polynôme. On pose Q(X) = P (X 2 ) . Montrer que, pour tout entier naturel n, il existe
des nombres entiers λn,k où k est un nombre entier compris entre 0 et n/2, tels que
E(n/2)
X
(n)
(Rn ) Q (X) = λn,k X n−2k P (n−k) (X 2 ) ,
k=0
X
n−1
n−1
2) Montrer que la dérivée n−ième de P (X)2 vaut 2 P (k) (X)P (n−k) (X) .
k
k=0
3) Soit P un polynôme non constant vérifiant la relation
(C) P (X 2 ) = P (X)2 .
Montrer que si α est une racine non nulle au moins d’ordre n de P , alors α2 est une racine au moins
d’ordre n + 1 de P . En déduire les polynômes P possibles, puis retrouver le résultat en montrant
que P aurait une infinité de racines s’il avait une racine non nulle.
116 CHAPITRE 10. DIVERS
Solution
1) La relation (R0 ) est vraie (en posant λ0,0 = 1). Supposons que (Rn ) soit vraie et dérivons cette
relation. On obtient
E(n/2)
X
Q(n+1) (X) = (n − 2k)λn,k X n−2k−1 P (n−k) (X 2 ) + 2λn,k X n−2k+1 P (n−k+1) (X 2 )
k=0
E(n/2) E(n/2)
X X
= (n − 2k)λn,k X n−2k−1 P (n−k) (X 2 ) + 2λn,k X n−2k+1 P (n−k+1) (X 2 ) .
k=0 k=0
E(n/2)+1 E(n/2)
X X
(n+1) n−2k+1 (n−k+1) 2
Q (X) = (n − 2k + 2)λn,k−1 X P (X ) + 2λn,k X n−2k+1 P (n−k+1) (X 2 )
k=1 k=0
E(n/2)
X
= 2λn,0 X n+1 P (n+1) (X 2 ) + (n − 2k + 2)λn,k−1 + 2λn,k X n−2k+1 P (n−k+1) (X 2 )
k=1
+(n − 2 E(n/2))λn,E(n/2) X n−2 E(n/2)−1 P (n−E(n/2)) (X 2 ) .
Mais
0 si n est pair
n − 2 E(n/2) = ,
1 si n est impair
et
E(n/2) si n est pair
E((n + 1)/2) = .
E(n/2) + 1 si n est impair
Donc, si l’on pose,
λn+1,0 = 2λn,0 ,
si 1 ≤ k ≤ E(n/2)
λn+1,k = (n − 2k + 2)λn,k−1 + 2λn,k ,
et, si n est impair,
λn+1,E((n+1)/2) = λn+1,E(n/2)+1 = λn,E(n/2) ,
on obtient
E((n+1)/2)
X
(n+1)
Q (X) = λn+1,k X n+1−2k P (n+1−k) (X 2 ) ,
k=0
λn,0 = 2n .
117
2) Posons
S(X) = P (X)2 donc S ′ (X) = 2P (X)P ′ (X) .
En dérivant à l’ordre n − 1 grâce à la formule de Leibniz, il vient
X
n−1
n−1
(n) ′ (n−1)
S (X) = (S ) (X) = 2 P (k) (X)P (n−k) (X) .
k
k=0
3) On démontre par récurence sur n que, pour toute racine α non nulle au moins d’ordre n ≥ 1 de P ,
alors α2 est racine au moins d’ordre n + 1 de P .
Tout d’abord si α est racine de P , le nombre P (α2 ) = P (α)2 est nul, donc α2 est racine de P . Mais en
dérivant la relation (C),
2XP ′ (X 2 ) = 2P (X)P ′ (X) ,
et donc P ′ (α2 ) est nul. Il en résulte que α est au moins racine d’ordre 2 de P . La propriété est vraie
au rang 1.
Supposons la propriété vraie au rang n − 1. Alors si α est racine d’ordre n au moins de P , elle est
racine d’ordre n − 1 au moins de P , et, d’après l’hypothèse de récurrence, α2 est racine d’ordre n au
moins de P . Il en résulte que, si 0 ≤ k ≤ n − 1,
d’où l’on déduit que P (n) (α2 ) est nulle, donc que α2 est racine d’ordre n + 1 au moins. La propriété
est vraie au rang n, donc pour tout n ≥ 1.
p
Alors, si α est racine non nulle de P , quel que soit p, le nombre α2 est racine d’ordre p + 1 au moins
de P et le degré de P est plus grand que p + 1 quel que soit p ce qui n’est pas possible. Il en résulte
que la seule racine de P est 0 et donc que P est de la forme
P (X) = λX r .
On peut retrouver simplement ce résultat en remarquant que si α est racine non nulle de P , alors ses
deux racines carrées le sont aussi et, par récurrence, ses 2n racines 2n −ièmes sont racines de P . Alors
P aurait une infinité de racines et serait le polynôme nul. La seule racine possible de P est 0.
118 CHAPITRE 10. DIVERS
Exercice 105
Soit C une constante. Trouver les polynômes P vérifiant la relation
Solution
Par ailleurs
(X + 1)3 − (X − 1)3 = (X 3 + 3X 2 + 3X + 1) − (X 3 − 3X 2 + 3X − 1) = 6X 2 + 2 ,
donc X 3 vérifie l’équation E(1), et tout polynôme de degré 3 vérifiera aussi E(1).
Enfin, si P vérifie E(C), alors P ′ vérifie E(0), donc est de degré inférieur à 2, et P est de degré au plus
3. Il n’y a donc pas d’autres constantes C possibles que 0 et 1. Finalement,
Exercice 106
Trouver les polynômes P non constants vérifiant la relation
Solution
On constate tout d’abord que tous les polynômes de degré au plus 1 conviennent car
Si maintenant P vérifie (1), alors le polynôme dérivé P ′ vérifie (2), donc P ′ est un polynôme de degré 1
et P est de degré 2. En partant de
P (X) = aX 2 + bX + c
on obtient comme ci-dessus,
P (X + 1) + P (X − 1) = 2P (X) + 2a ,
donc
P (X + 1) + P (X − 1) = 2(P (X) + P (1)) − 2(b + c) ,
et P satisfait à l’équation (1) si et seulement si c = −b. Les polynômes cherchés sont donc les polynômes
P (X) = aX 2 + bX − b .
Exercice 107
1) Soit P un polynôme de degré n ≥ 1, à coefficients réels, ayant r (r ≥ 2) racines réelles (comptées
avec leur multiplicité) telles que
αr ≤ αr−1 ≤ · · · ≤ α1 .
Montrer que P ′ a au moins r − 1 racines βi (comptées avec leur multiplicité) telles que
αr ≤ βr−1 ≤ αr−1 ≤ · · · ≤ α2 ≤ β1 ≤ α1 .
2) On suppose de plus que le coefficient de X n dans P est positif. Montrer que si les nombres P (k) (λ)
sont positifs lorsque 0 ≤ k ≤ n − 1, alors le nombre réel λ est plus grand que la plus grande racine
réelle de P (s’il en existe),
3) Soit le polynôme
P (X) = X 3 − aX 2 + bX − c .
On suppose que P a trois racines réelles distinctes (il existe pour cela une condition nécessaire et
suffisante portant sur a, b, c que l’on n’écrira pas, voir exercice 87). A quelles conditions supplé-
mentaires, portant toujours sur a, b, c, ces racines sont-elles les longueurs des côtés d’un triangle
du plan.
120 CHAPITRE 10. DIVERS
Solution
1) Lorsque αi+1 6= αi , si P ′ n’avait pas de racine réelle dans l’intervalle ] αi+1 , αi [ , alors la fonction P
serait strictement monotone sur l’intervalle [ αi+1 , αi ] et P (ai+1 ) serait différent de P (αi ) d’où une
contradiction.
Lorsque αi+k < αi+k−1 = · · · = αi < αi−1 , cela signifie que αi est une racine d’ordre k de P . Alors αi
est racine d’ordre k − 1 de P ′ .
2) Remarquons que le nombre P (x) est positif pour x assez grand, puisque le coefficient du terme de
plus haut degré de P est positif, et d’autre part, si P a une racine réelle unique α (donc simple), alors
la fonction P change de signe en α et P (λ) est positif si et seulement si λ est plus grand que α. La
propriété est vraie dans ce cas, et en particulier si P est de degré 1.
On démontre la propriété par récurrence sur n. Elle est vraie à l’ordre 1 d’après ce qui précède. Suppo-
sons la vraie à l’ordre n (n ≥ 1). Soit P de degré n + 1 tel que P (k) (λ) soit positif si 0 ≤ k ≤ n et dont
le coefficient de X n+1 soit positif. On peut appliquer l’hypothèse de récurrence à P ′ car le coefficient
de X n est positif dans P ′ et (P ′ )(k) (λ) = P (k+1) (λ) est positif si 0 ≤ k ≤ n − 1. Donc λ est plus grand
que la plus grande racine de P ′ s’il en existe.
Si P a au moins deux racines réelles, soit α sa plus grande racine. Il existe d’après 1) au moins une
une racine de P ′ . Soit alors β la plus grande racine de P ′ . Il y a deux cas possibles.
(1) Si β ≥ α, alors λ ≥ β ≥ α.
(2) Si β < α, alors α est racine simple de P et la fonction P change de signe en α. Elle est donc
négative sur [ β, α ] . Donc si P (λ) est positif, c’est que λ est plus grand que α.
Alors, la propriété est vraie à l’ordre n + 1, donc pour tout n ≥ 1.
3) Dire que les racines u, v, w de P sont les longueurs des côtés d’un triangle, signifie que ces trois
nombres sont strictement positifs et vérifient les inégalités triangulaires
ou encore
8c < a(4b − a2 ) .
Etudions la réciproque. Supposons a, b, c strictement positifs et tels que
8c < a(4b − a2 ) .
Tout d’abord, si a, b et c sont strictement positifs, les polynômes
P (X) = (X + u)(X + v)(X + w) = X 3 + aX 2 + bX + c et P ′ (X) = 3X 2 + 2aX + b
sont strictement positifs pour tout X positif et suivant son ordre de multiplicité, une racine de P est
racine d’ordre impaire de P ou de P ′ , et P ou P ′ change de signe pour cette racine. Donc P ne peut
avoir que des racines négatives. De plus ces racines ne peuvent être nulles puisque leur produit c ne l’est
pas. Cela implique que −u, −v, −w sont strictement négatifs, donc que u, v, w sont strictement positifs.
D’autre part,
1
P (a/2) = (a(4b − a2 ) − 8c) > 0 ,
8
puis
a2 2c
P ′ (X) = 3X 2 − 2aX + b et P ′ (a/2) = b − > > 0,
4 a
enfin
P ′′ (X) = 6X − 2a et P ′′ (a/2) = a > 0 .
Alors, d’après 2), le nombre a/2 est supérieur aux racines de P , ce qui donne les inégalités triangulaires.
Soit P un polynôme à coefficients complexes de degré n ≥ 2, dont les racines (distinctes ou non)
sont a1 , . . . , an et dont le coefficient du terme de plus haut degré vaut λ. On appelle discriminant
de P le nombre Y
∆(P ) = λ2n−2 (ai − aj )2 .
1≤i<j≤n
2) Montrer que
P ′ (ai ) = λ(ai − a1 ) · · · (ai − ai−1 )(ai − ai+1 ) · · · (ai − an ) ,
et retrouver la relation (1) de manière directe.
3) Donner une condition nécessaire et suffisante pour que P ait une racine multiple.
4) La condition ∆(P ) ≥ 0 est-elle une condition suffisante pour qu’un polynôme P à coefficients
réels ait des racines toutes réelles ?
122 CHAPITRE 10. DIVERS
Solution
−b + δ −b − δ
a1 = et a2 =
2λ 2λ
et donc
δ
a1 − a2 = ,
λ
d’où
∆(P ) = λ2 (a1 − a2 )2 = δ2 = b2 − 4λc .
On retrouve le discriminant habituel d’un polynôme de degré 2. Alors
P ′ (X) = 2λX + b ,
donc
P ′ (a1 ) = −P ′ (a2 ) = δ ,
et
∆(P ) = δ2 = −P ′ (a1 )P ′ (a2 ) .
Supposons la propriété vraie pour les polynômes de degré n (n ≥ 2). Si
n+1
Y
Pn+1 (X) = λ (X − ai ) ,
i=1
posons
n
Y
Pn (X) = λ (X − ai ) ,
i=1
donc
Pn+1 (X) = Pn (X)(X − an+1 ) ,
puis
′
Pn+1 (X) = Pn′ (X)(X − an+1 ) + Pn (X) .
Alors
′ Pn′ (ai )(ai − an+1 ) si 1 ≤ i ≤ n
Pn+1 (ai ) = ,
Pn (an+1 ) si i = n + 1
et !
n
Y
2
∆(Pn+1 ) = ∆(Pn ) λ (ai − an+1 )2 .
i=1
123
ou encore
n
! n
!
Y Y
n(n−1)/2 n−1
∆(Pn+1 ) = (−1) λ Pn′ (ai )(ai − an+1 ) λ (ai − an+1 )
i=1 i=1
n
!
Y
= (−1)n(n−1)/2 λn−1 Pn′ (ai )(ai − an+1 ) (−1)n Pn (an+1 )
i=1
n+1
Y
= (−1)n(n+1)/2 λn−1 ′
Pn+1 (ai ) ,
i=1
ce qui donne la formule pour un polynôme de degré n + 1. Elle est donc vraie quel que soit n ≥ 2.
2) On a en dérivant
n
X
P ′ (X) = λ (X − a1 ) · · · (X − ai−1 )(X − ai+1 ) · · · (X − an ) ,
i=1
donc
P ′ (ai ) = λ(ai − a1 ) · · · (ai − ai−1 )(ai − ai+1 ) · · · (ai − an ) ,
Alors
n
Y n
Y
′
P (ai ) = λ(ai − a1 ) · · · (ai − ai−1 )(ai − ai+1 ) · · · (ai − an ) .
i=1 i=1
n
n(n−1)
Dans cette expression on trouve tous les produits (ai − aj )(aj − ai ), et il y a 2 = 2 produits de
ce type, donc
Yn Y
P ′ (ai ) = λn (−1)n(n−1)/2 (ai − aj )2 .
i=1 1≤i<j≤n
Finalement
Y n
Y n
Y
2n−2 2 2n−2 −n n(n−1)/2 ′ n−2 n(n−1)/2
∆(P ) = λ (ai − aj ) = λ λ (−1) P (ai ) = λ (−1) P ′ (ai ) .
1≤i<j≤n i=1 i=1
3) Il est clair que si, pour un couple (i, j), on a ai = aj alors ∆(P ) est nul, et réciproquement, si ∆(P )
est nul, alors un des facteurs (ai − aj ) est nul, donc ai = aj . Une condition nécessaire et suffisante pour
avoir une racine multiple est donc que ∆(P ) soit nul. On peut aussi voir ce résultat sur l’autre formule
donnant ∆(P ), car ai est une racine multiple de P si et seulement si P ′ (ai ) est nul.
124 CHAPITRE 10. DIVERS
4) La condition ∆(P ) ≥ 0 pour un polynôme de degré 2 implique que les racines sont réelles. C’est
encore vrai pour un polynôme de degré 3. (Voir exercice 87). Etudions le cas du degré 4. Supposons
que P ait quatre racines non réelles distinctes a, ā, b, b̄. Alors
2
∆(P ) = λ6 (a − ā)(a − b)(a − b̄)(ā − b)(ā − b̄)(b − b̄)
2
= λ6 (a − ā)(b − b̄) (a − b)(ā − b̄) (a − b̄)(ā − b)
2
= λ6 (2i Im a)(2i Im b)|a − b|2 |a − b̄|2
2
= 16λ6 Im a Im b |a − b|2 |a − b̄|2 ,
et ∆(P ) est positif. Donc cette condition n’est plus suffisante pour que P ait des racines toutes réelles.
Soit f une fonction définie sur [ 0, 1 ] à valeurs réelles et n un entier plus grand que 1. On appelle
n−ième polynôme de Bernstein de la fonction f le polynôme
n
X
j n
Bn (f )(X) = f (1 − X)n−j X j .
n j
j=0
X
n−1
j+1
j n−1
Bn (f )′ (X) = n f −f (1 − X)n−1−j X j .
n n j
j=0
k
1 X
Bn (fk )(X) = k ak,j Φj (n) X j ,
n
j=1
Solution
1) On obtient
2) En dérivant, on trouve
n
X
j n
′
Bn (f ) (X) = f j(1 − X)n−j X j−1 − (n − j)(1 − X)n−1−j X j ,
n j
j=0
ou encore
n
X X j n
n−1
j n n−j j−1
′
Bn (f ) (X) = f j(1 − X) X − f (n − j)(1 − X)n−1−j X j .
n j n j
j=1 j=0
et finalement
X
n−1
j+1
j n−1
Bn (f )′ (X) = n f −f (1 − X)n−1−j X j ,
n n j
j=0
3b) D’après 2)
n−1
X k k !
j+1 j n−1
Bn (fk )′ (X) = n − (1 − X)n−1−j X j ,
n n j
j=0
c’est-à-dire
k−1
X
1 k
Bn (fk )′ (X) = (n − 1)i Bn−1 (fi )(X) .
nk−1 i
i=0
Bn (f1 )(X) = X .
Ensuite, si n ≥ 2,
1 1
Bn (f2 )′ (X) = (Bn−1 (f0 )(X) + 2(n − 1)Bn−1 (f1 )(X)) = (1 + 2(n − 1)X) ,
n n
d’où, puisque Bn (f2 )(0) est nul,
1 1
Bn (f2 )(X) = (X + (n − 1)X 2 ) = 2 (nX + n(n − 1)X 2 ) ,
n n
127
Le calcul de Bn (f1 ) et Bn (f2 ) montre que la propriété est vraie aux rangs 1 et 2 en prenant
On remarque que
Φj+1 (n)
Φj (n − 1) = (n − 1)(n − 2) · · · (n − 1 − j + 1) = (n − 1) · · · (n − (j + 1) + 1) = .
n
En intégrant, on obtient alors, puisque Bn (fk )(0) est nul,
k−1
X k−1
X j+1
1 k X
Bn (fk )(X) = k nX + Φj+1 (n) ai,j ,
n i j+1
j=1 i=j
ou encore, en changeant j en j − 1,
k
X k−1
1 1 X k
Bn (fk )(X) = k Φ1 (n)X + Φj (n) ai,j−1 X j .
n j i
j=2 i=j−1
on a bien
k
1 X
Bn (fk )(X) = ak,j Φj (n) X j ,
nk
j=1
128 CHAPITRE 10. DIVERS
ce qui reste vrai si n = 1 car Φj (1) est nul si j 6= 1 et vaut 1 si j = 1. Alors, la propriété est vraie au
rang k, donc pour tout entier k ≥ 1.
On en déduit en particulier
ak,k = ak−1,k−1 ,
et ces nombres sont égaux à a1,1 = 1. On a aussi, si k ≥ 2,
k−1 k−1 k
!
1 X k 1 X k 1 X k
ak,2 = ai,1 = = − 2 = 2k−1 − 1 .
2 i 2 i 2 i
i=1 i=1 i=0
Alors
1
(X + 3(n − 1)X 2 + (n − 1)(n − 2)X 3 ) .
Bn (f3 )(X) =
n2
3e) En développant par la formule du binôme, on a
X n k X n−j
j n i n−j
Bn (fk )(X) = (−1) X i+j .
n j i
j=0 i=0
Le coefficient de X r dans Bn (fk ), lorsque 1 ≤ r ≤ n, est donc obtenu pour les couples (i, j) tels que
i + j = r et vaut donc
X r k
j n n−j
(−1)r−j .
n j r−j
j=0
En utilisant l’autre expression de Bn (fk )(X), on obtient l’égalité
r k
X
1 j n r−j n − j
ak,r Φr (n) = (−1) .
nk n j r−j
j=0
Comme on a
n!
,
Φr (n) =
(n − r)!
on en tire, en explicitant les coefficients binomiaux,
r
X r r
k r−j n! (n − j)! (n − r)! X j k (−1)r−j 1 X r
ak,r = j (−1) = = (−1)r−j j k .
j!(n − j)! (n − r)!(r − j)! n! j!(r − j)! r! j
j=0 j=0 j=0
c’est-à-dire
r
X j k+1
(−1)r−j = ak+1,r .
j!(r − j)!
j=0
Alors une récurrence immédiate montre que ces nombres sont entiers. Les nombres ak,r sont appelés
« nombres de Stirling de deuxième espèce » .
Chapitre 11
On notera comme des nombres usuels, les éléments de Z/nZ, et donc n = 0 par exemple.
Exercice 110
On pose K = Z/2Z = {0, 1}. Si P est dans K[X], on note ℓ(P ) le nombre de monômes non nuls
constituant le polynôme P .
1) Donner une condition nécessaire et suffisante portant sur ℓ(P ) pour que 1 soit racine de P .
En déduire que ℓ(P Q) et ℓ(P )ℓ(Q) sont deux nombres ayant la même parité.
3) Factoriser H(X) = X 6 + X 3 + X + 1.
Solution
1) Dans K, les coefficients de P non nuls sont égaux à 1. Un polynôme s’écrit donc
P (X) = X α1 + X α2 + · · · + X αℓ(P ) ,
où les nombres αi sont des entiers positifs distincts. Alors P (1) = ℓ(P ), et 1 est racine de P si et
seulement si ℓ(P ) est pair.
Si 1 est racine de P ou de Q, un des nombres ℓ(P ) ou ℓ(Q) est pair, donc ℓ(P )ℓ(Q) est pair. Mais 1
est aussi racine de P Q, donc ℓ(P Q) est pair.
Si 1 n’est racine ni de P , ni de Q, les deux nombres ℓ(P ) et ℓ(Q) sont impairs et ℓ(P )ℓ(Q) aussi. Mais
1 ne peut pas être racine de P Q, donc ℓ(P Q) est impair. Il en résulte que dans tous les cas ℓ(P Q) et
ℓ(P )ℓ(Q) ont la même parité.
130 CHAPITRE 11. POLYNÔMES DANS Z/N Z
Lorsque le degré est plus grand que 2, les polynômes irréductibles ont nécessaitement un terme constant
égal à 1 (sinon 0 serait racine de P ), et sont constitués d’un nombre impair de monômes (sinon 1 serait
racine de P ). Cherchons, suivant le degré n, les polynômes vérifiant ces conditions.
(X 2 + X + 1)2 = X 4 + X 2 + 1 .
lorsque ℓ(P ) = 5
X 5 +X 4 +X 3 +X 2 +1 , X 5 +X 4 +X 3 +X +1 , X 5 +X 4 +X 2 +X +1 , X 5 +X 3 +X 2 +X +1 ,
lorsque ℓ(P ) = 3
X5 + X4 + 1 , X5 + X3 + 1 , X5 + X2 + 1 , X5 + X + 1 .
Les seules factorisations possibles sont le produit d’un polynôme irréductible de degré 3 par le polynôme
irréductible de degré 2 c’est-à-dire
(X 2 + X + 1)(X 3 + X 2 + 1) = X 5 + X + 1 et (X 2 + X + 1)(X 3 + X + 1) = X 5 + X 4 + 1 .
H(X) = (X + 1)(X 5 + X 4 + X 3 + 1) .
H(X) = (X + 1)2 (X 4 + X 2 + X + 1) .
H(X) = (X + 1)3 (X 3 + X 2 + 1) ,
Exercice 111
Soit p un nombre premier. Montrer que toute fonction du corps Z/pZ dans lui-même est une fonction
polynomiale.
Solution
Remarque : si deux polynômes ont la même fonction polynomiale, alors leur différence s’annule en tout
point de Z/pZ et est donc divisible par le produit Π = X(X −1) · · · (X −p+1). Il y a unicité modulo Π.
Exercice 112
p
1) Soit p un nombre premier. Montrer que, si 1 ≤ q ≤ p − 1, le coefficient binomial est divisible
q
par p. En déduire dans Z/pZ l’égalité (dite égalité des élèves de troisième)
(a + b)p = ap + bp .
Solution
1) On a
p
q! = p(p − 1) · · · (p − q + 1) ,
q
p p
et p divise q! . Mais p est premier avec q! donc divise . Alors, dans Z/pZ,
q q
p
= 0,
k
132 CHAPITRE 11. POLYNÔMES DANS Z/N Z
2) On montre, par récurrence sur a, que, pour tout entier a on a dans Z/pZ,
ap = a .
(a + 1)p = ap + 1 .
(a + 1)p = a + 1 .
ce qui montre l’égalité au rang a. Elle est donc vraie pour tout a ≥ 0.
X p − X = X(X − 1) · · · (X − p + 1) ,
puis
X p−1 − 1 = (X − 1) · · · (X − p + 1) .
3) Dans le polynôme précédent, le terme constant vaut
(p − 1)! + 1 = 0 ,
Exercice 113
Dans Z/5Z factoriser les polynômes
P (X) = X 4 + 2X 3 + X + 1 et Q(X) = X 3 + 2X + 2 .
133
Solution
(X − 1)(X − 2) = X 2 + 2X + 2 .
On écrit
P (X) = X 4 + 2X 3 + 2X 2 − 2X 2 + X + 1
= X 2 (X 2 + 2X + 2) + 3X 2 + 6X + 6
= (X 2 + 2X + 1)(X 2 + 3) = (X − 1)(X − 2)(X 2 + 3) ,
Le polynôme Q possède deux racines 1 et 3. Comme il est de degré 3, une des racines est double. On
peut mettre en facteur dans Q le polynôme
(X − 1)(X − 3) = X 2 + X + 3 .
On écrit
Q(X) = X(X 2 + X + 3) − X 2 − X + 2
= X(X 2 + X + 3) − (X 2 + X + 3)
= (X 2 + X + 3)(X − 1) = (X − 1)2 (X − 3) .
Exercice 114
Dans Z/3Z montrer que les polynômes
P (X) = X 4 + 2X 3 + X + 1 et Q(X) = X 3 + 2X + 2 ,
Solution
X 4 +2X 3 +X +1 X 3 +2X +2
−X 4 2
−2X −2X X +2
3
+2X −2X 2 −X +1
−2X 3 −4X −4
−2X 2 −5X −3
On a
Q(0) = Q(1) = Q(2) = 2 ,
On a aussi
P (0) = 1 et P (1) = P (2) = 2 ,
P (X) = (X 2 + aX + b)(X 2 + cX + d) ,
Exercice 115
Effectuer la division euclidienne de
successivement dans
a) Z/3Z , b) Z/5Z , c) R.
Solution
a)
X 4 +2X 3 +X 2 +1 2X 2 +X +1
4 3
−4X −2X −2X 2 2X 2 +1
−X 2 +1
−2X 2 −X −1
−X
donc
P (X) = (2X 2 + 1)Q(X) + 2X .
b)
X 4 +2X 3 +X 2 +1 2X 2 +X +1
−6X 4 −3X 3 −3X 2 3X 2 +2X −2
3
−X −2X 2
Exercice 116
Factoriser en produit de polynômes irréductibles le polynôme 3X 4 + 2X 2 − 1 successivement sur
a) Q , b) R , c) C , d) Z/5Z.
Solution
3X 2 + 2X − 1 = (3X − 1)(X + 1) .
Alors
P (X) = (3X 2 − 1)(X 2 + 1) ,
ce qui donne la factorisation sur Q.
b) Sur R, on a alors
1 1
P (X) = 3 X − √ X+√ (X 2 + 1) .
3 3
c) Sur C, on termine par
1 1
P (X) = 3 X − √ X+√ (X + i)(X − i) .
3 3
d) Sur Z/5Z, on constate que X 2 + 1 s’annule pour 2 et 3, et se factorise donc sous la forme
(X − 2)(X − 3) = X 2 + 1 .
Exercice 117
Dans Z/3Z trouver les polynômes unitaires irréductibles de degré 2 et 3.
Solution
X , X +1 , X + 2,
pour former les polynômes de degré 2 ayant des racines dans le corps.
137
X(X + 1) = X2 + X
X(X + 2) = X 2 + 2X
(X + 1)(X + 2) = X2 + 2
X2 = X2
(X + 1)2 = X 2 + 2X + 1
(X + 2)2 = X2 + X + 1
Il y a neuf polynômes unitaires de degré 2, donc il reste trois polynômes unitaires irréductibles
X2 + 1 , X2 + X + 2 , X 2 + 2X + 2 .
Il y a 27 polynòmes unitaires de degré 3. Cherchons tout d’abord les polynômes ayant plusieurs racines.
X3 = X3
(X + 1) = X 3 + 1
3
(X + 2)3 = X 3 + 2
Il y a ensuite six polynômes ayant une racine double et une simple
X(X + 1)2 = X 3 + 2X 2 + X
X(X + 2)2 = X3 + X2 + X
(X + 1)X 2 = X3 + X2
(X + 1)(X + 2)2 = X + 2X 2 + 2X + 1
3
(X + 2)X 2 = X 3 + 2X 2
(X + 2)(X + 1)2 = X 3 + X 2 + 2X + 2
Il y a un polynôme ayant trois racines distinctes
X(X + 1)(X + 2) = X 3 + 2X 2 .
Les polynômes ayant une seule racine sont alors au nombre de neuf
X(X 2 + 1) = X3 + X
X(X 2 + X + 2) = X + X 2 + 2X
3
X(X 2 + 2X + 2) = X 3 + 2X 2 + 2X
(X + 1)(X 2 + 1) = X3 + X2 + X + 1
(X + 1)(X 2 + X + 2) = X 3 + 2X 2 + 2
(X + 1)(X 2 + 2X + 2) = X3 + X + 2
(X + 2)(X 2 + 1) = X + 2X 2 + X + 2
3
(X + 2)(X 2 + X + 2) = X3 + X + 1
(X + 2)(X 2 + 2X + 2) = X3 + X2 + 1
Il reste 27 − 19 = 8 polynômes unitaires irréductibles de degré 3
X 3 + X 2 + X + 2 X 3 + 2X 2 + X + 1 X 3 + 2X + 1
X 3 + X 2 + 2X + 1 X 3 + 2X 2 + 2X + 2 X 3 + 2X + 2
X3 + X2 + 2 X 3 + 2X 2 + 1
138 CHAPITRE 11. POLYNÔMES DANS Z/N Z
Exercice 118
On se place dans l’anneau Z/6Z.
et en déduire que les fonctions polynomiales ne donnent pas toutes les fonctions de Z/6Z dans Z/6Z.
4) Ecrire tous les polynômes de degré 1 sans racine dans Z/6Z, et montrer que le polynôme X + 1
peut s’écrire comme le produit de deux tels polynômes de deux manières possibles.
5) Montrer que les polynômes X + 1 et 2 ont un diviseur commun ∆(X) qui est le générateur de
l’idéal engendré par ces deux polynômes.
Solution
× 1 2 3 4 5
1 1 2 3 4 5
2 2 4 0 2 4
3 3 0 3 0 3
4 4 2 0 4 2
5 5 4 3 2 1
1) On a
(X + 4)(X + 3) = X 2 + 7X + 12 = X 2 + X = X(X + 1) .
Ce polynôme a pour racines 2, 3, 0 et 5.
2) Le polynôme X 3 − X s’annule pour tous les éléments de Z/6Z. On peut alors l’écrire
on obtient
aX + b = aX + ca = a(X + c)
a pour racine −c. Par ailleurs, le nombre a doit être différent de 1 et 5 = −1 qui sont les seuls éléments
inversibles de l’anneau.
On obtient alors
2X + 1 2X + 3 2X + 5
3X + 1 3X + 2 3X + 4 3X + 5
4X + 1 4X + 3 4X + 5
et aucun de ces polynòmes ne s’annule sur Z/6Z.
5) On a
2 = 2(3X + 1) et (X + 1) = (4X + 1)(3X + 1) ,
donc
∆(X) = 3X + 1
divise 2 et X + 1. Comme d’autre part
∆(X) = 3(X + 1) + 2 × 2 ,