PELIZZARI 2017 Archivage PDF
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Présentée par
Benjamin Pelizzari
Pascal Villard
Professeur, Université Grenoble Alpes, Président
Pierre Breul
Professeur, Université Blaise Pascal, Rapporteur
Moulay Saı̈d El Youssoufi
Professeur, Université de Montpellier, Rapporteur
Antonin Fabbri
Chargé de recherche, ENTPE, Examinateur
Olivier Plé
Professeur, Université de Savoie Mont Blanc, Directeur de thèse
Simon Salager
MCF, Université Grenoble Alpes, Encadrant de Thèse
Luc Boutonier
Responsable service Ouvrages et Bâtiments, Egis Géotechnique, Invité
Remerciements
À toi, si tu te reconnais...
Je souhaite tout d’abord remercier les membres du jury, ainsi que mes encadrants Olivier et
Simon pour l’aide qu’ils m’ont apportée au cours de mon travail.
Je veux aussi passer un grand merci à ma famille pour le soutien et les dépannages réguliers en
pièces détachées et bricolages de dernière minute
Je passe aussi mes salutations à tous ceux avec qui j’ai fait route pendant toutes ces années, qui
m’ont fourni un socle sur lequel m’appuyer pendant les temps durs.
Et, pour finir, j’ai une pensée pour ma mère, qui avait, encore une fois, raison...
I
Table des matières
Nomenclature X
Introduction 3
II
TABLE DES MATIÈRES III
Conclusions 131
Bibliographie 135
Annexes 143
Table des figures
IV
Table des figures V
2.18 Graphique type récapitulatif par plot de compactage, première couche uniquement
(normalement compacté en noir et sur compacté en magenta) . . . . . . . . . . . . 50
2.19 Valeurs moyennes et minimums des pénétrogrammes par plot . . . . . . . . . . . . . 52
2.20 Pénétrogramme du dépôt 18P2 avant extraction du matériau . . . . . . . . . . . . . 54
2.21 Matériel de mesure de perméabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2.22 Principe de la mesure au gammadensimètre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
2.23 Valeurs moyennes des densités sèches mesurées sur carottes . . . . . . . . . . . . . . 58
2.24 Exemple de résultat de porométrie mercure (Daı̈an 2007) pour une argilite . . . . . 59
2.25 Répartition volumique des tailles de pores pour le plot 7 (pulvimixé, humide, V5) . . 60
2.26 Valeurs moyennes de succion par plot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
2.27 Domaine succion, densité, saturation (deux angles différents) . . . . . . . . . . . . . 64
2.28 Corrélation entre les différentes variables d’état par plot de compactage . . . . . . . 65
3.1 Schéma des moules type pour essai Proctor AFNOR 1999 . . . . . . . . . . . . . . 68
3.2 Courbes types d’un essai Proctor avec domaine (Chapitre 1) de saturation . . . . . . 69
3.3 Proctor à différentes énergies et courbes d’iso succion (Romero, Gens et Lloret
1999) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
3.4 Comparaison entre compactages Proctor et statique (Olivier 1986) . . . . . . . . . 73
3.5 Courbe Proctor de la marne de l’A304 pour séchage naturel et séchage 110◦ C . . . . 74
3.6 Comparaison entre Proctor préparé en laboratoire et Proctor exécuté du chantier . . 75
3.7 Comparaison entre Proctor préparés en laboratoire et mesures sur carottes de la
planche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.8 Évolution de la succion au cours du compactage pour matériaux séchés naturellement
(mouture laboratoire) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
3.9 Courbes de saturation en fonction de la succion pour les 3 densités de référence . . . 78
3.10 Comportement des pores au sur-compactage, cas 1 : augmentation de volume du pore
adjacent, cas 2 : augmentation de volume du pore liaison . . . . . . . . . . . . . . . 79
3.11 Courbes de saturation en fonction de la teneur en eau pour les 3 densités de référence 80
3.12 Courbes d’indice des vides en fonction de la teneur en eau pour les 3 densités de
référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
3.13 Courbes d’indice des vides en fonction de la succion pour les 3 densités de référence 82
3.14 Courbes de teneur en eau en fonction de la succion pour les 3 densités de référence . 83
3.15 Courbes de saturation (séchage naturel) en fonction de la succion, comparées aux
points de rétention obtenus avec séchage à 110◦ C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
3.16 Courbes d’indice des vides (séchage naturel) en fonction de la succion, comparées
aux points de rétention obtenus avec séchage à 110◦ C . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
3.17 Mesures sur les carottes de la planche de compactage comparées à l’enveloppe des
courbes de rétention . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
3.18 Courbes CBR/w et CBR/succion pour différents mélanges de sables et d’argile (Purwana
2013) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
3.19 Courbe montrant l’hystérésis de la réponse au cisaillement à différents degrés de
compactage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
3.20 Courbes de chargement lors de l’essai IPI pour le matériau séché naturellement (a)
côté sec (b) côté humide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
3.21 Courbes de chargement lors de l’essai IPI pour le matériau séché à 110◦ C (a) côté
sec (b) coté humide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
3.22 Régressions sur les valeurs d’IPI en fonction de la teneur en eau et de la succion . . 91
3.23 Comparaison des points IPI chantier (passant à φ20mm) et laboratoire (passant à
φ5mm) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
3.24 Comparaison des courbes IPI pour des succions égales (a) 440kP a, naturel (b)
2200kP a, 110◦ C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
3.25 Régressions sur les valeurs du Panda (Planche) en fonction de la teneur en eau . . . 93
VI Table des figures
3.26 Comparaison des courbes IPI pour des densités égales (a) 1.5kg · cm−3 , 110◦ C (b)
1.6kg · cm−3 , 110◦ C (c)1.5kg · cm−3 , naturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
2.1 Classification des sols fins selon GTR (LCPC et SETRA 2000) . . . . . . . . . . . . 34
2.2 Sous-classes hydriques selon le GTR (LCPC et SETRA 2000) . . . . . . . . . . . . 34
2.3 Propriétés physiques de la marne support d’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.4 Sous-classes d’états hydriques au sens du GTR pour un matériau A2 . . . . . . . . . 39
2.5 Données sur les deux compacteurs de la planche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.6 Nombre de passes recommandées par le GTR pour un matériau à l’état naturel . . . 41
2.7 Désignation des planches par paramètres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.8 Comparaison des valeurs moyennes des pénétrogrammes . . . . . . . . . . . . . . . . 53
2.9 Perméabilités mesurées sur planche de compactage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2.10 Comparaison des valeurs de densités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
2.11 Porosités mesurées par porométrie mercure sur carottes de la planche . . . . . . . . 60
2.12 Comparaison des valeurs de succion pour la variation du paramètre ”sur compactage” 62
4.1 Résumé et erreurs moyennes des méthodes estimées pour un échantillon de 200cm3
(Geiser, Laloui et Vulliet 2000) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
4.2 Paramètres matériaux utilisés pour la simulation de la cellule . . . . . . . . . . . . . 108
4.3 Écarts de mesure sur les deux grilles à différentes hauteurs de presse . . . . . . . . . 114
4.4 Valeurs maximales de contrainte au passage d’un compacteur et estimation (Rinehart,
Mooney et Berger 2008 ; Rinehart et Mooney 2009) . . . . . . . . . . . . . . . 117
4.5 Détermination de l’échelle pour chaque photo sur un essai . . . . . . . . . . . . . . . 121
VII
Nomenclature
IX
X Introduction
Symboles latins
A Constante de Hamaker [J]
c Concentration [mol/l]
d Épaisseur du film adsorbé [m]
Dmoy Diamètre moyen de l’échantillon triaxial [m]
Eb Barrière énergétique de la CNT [J]
e Indice des vides [−]
emax Indice des vides maximum à teneur en eau donnée [−]
donné
G Module de cisaillement [P a]
h Constante de dissolution (Henry) [P a]
hEch Hauteur de l’échantillon triaxial par corrélation [m]
HR Humidité relative [%]
Ic Indice de consistance [−]
Ip Indice de plasticité [−] −1
k Perméabilité m · s −1
M Masse molaire g · mol −3
n Concentration molaire mol · m
n Indice des vides [−]
n Indice de réfraction optique [−]
Patm Pression atmosphérique [P a]
Qd Résistance en pointe du pénétromètre [P a]
J · mol−1 · K −1
R Constante des gaz parfaits
Rc Résistance à la compression simple [N ]
r Rayon de pore [m]
rc Rayon critique de nucléation [m]
3
SEch Surface de l’échantillon triaxial par corrélation m
Sr Degré de saturation [%]
Sre Degré de saturation à l’arrivée des pressions posistives [%]
s Succion [P a]
T Température [−]
u Pression d’une phase [P a]
uatm Pression atmosphérique [P a]
uint Pression interne liée aux forces de van der Waals [P a]
W Énergie nécessaire à la création d’une bulle [J]
w Teneur en eau massique [%]
3
V olEch Volume de l’échantillon triaxial par corrélation m
wl Limite de liquidité [%]
wp Limite de plasticité [%]
wsat Teneur en eau à la saturation [%]
x Fraction molaire dans une phase [−]
Nomenclature XI
Symboles Grecs
α Coefficient d’entré d’air du modèle de Genuchten [−]
γ Coefficient d’entré d’air du modèle de Brooks et Corey [−]
−2
ψ Potentiel énergétique a] ou−3J · m
[P
ρd Masse volumique sèche kg · m−3
ρs Masse volumique des grains kg · m−3
ρ Masse volumique kg · m −1
σ Tension superficielle kN · m
θ Angle d’adsorption (contact sol/eau) [◦ ]
θ Angle de réfraction optique [◦ ]
θ Température en Celsius [◦ C]
1
2 Introduction
Cette thèse s’inscrit dans le cadre de l’ANR TerreDurable (Boutonnier et al. 2012b), re-
groupant pour collaboration des laboratoires de recherche universitaires (3SR, ENTPE, LOMC),
des praticiens (Valerian et VINCI), un bureau d’étude (Egis géotechnique) et une institution
nationale (l’IFSTTAR). Le Projet s’attache à analyser des sols fins (argile, marne, limon) et à
étudier leur comportement dans le cadre de la construction de remblais et déblais. TerreDurable
porte aussi bien sur l’état naturel du sol (support d’ouvrages) que sur l’état remanié (compacté).
La réalisation des ouvrages en terre est soumise à des normes spécifiques en fonction des
pays et des ouvrages construits. Pour la France, le Guide des Terrassements Routiers (GTR)
fait référence. Malgré des améliorations par rapport au référentiel précédent (Corté et al. 1992)
- Recommandation pour les Terrassements Routiers (RTR) - il demeure certaines restrictions, en
particulier sur l’utilisation de certains matériaux. Cette évolution (1976-1992) avait déjà permis
d’affiner la classification des sols (types de roches, produits d’origine organique). apparaissent
alors des bornes légales sur l’état hydrique (s,h,...) découlants d’essais, ou encore la prise en
compte de certaines tranches granulométriques du matériau dans sa préparation au compactage.
Les évolutions plus récentes, et la sensibilisation croissante aux problématiques environnemen-
tales, couplées à des enjeux de rentabilité, mènent les prescripteurs à de nouveaux challenges,
repoussant les limites de l’existant. Le coût financier et écologique de la mise en dépôt d’un
matériau inexploitable au GTR, et l’acheminement d’un substitut pour le chantier interrogent
l’extension des limites règlementaires. Les sols fins (de classe ”A” pour le GTR92), telles les
marnes étudiées ici, représentent le cœur du problème. De plus, le problème reste posé en termes
de bilan économique et écologique si des prescriptions mènent à ne pas utiliser le matériau ou
à le traiter. Pour finir, un certain nombre de pathologies, après ou pendant la densification,
peuvent parfois apparaı̂tre, du fait de la mauvaise maı̂trise du compactage ou des propriétés du
matériau, défauts rarement pris en compte par le GTR92 jusqu’alors.
Les retours d’expérience des praticiens amènent des interrogations sur les usages de chantier
et sur les effets que des défauts de compactage (feuilletage, matelassage, orniérage) génèrent. Les
paramètres de compactage (compacteur, humidité, etc.) représentent donc les clés de la maı̂trise
des remblais à l’échelle des chantiers, clés qui nécessitent, dès lors, une interprétation par le
spectre de la mécanique des sols non saturés.
La réalisation des ouvrages en matériaux fins amène ainsi la problématique des sols fins non
saturés. Ce domaine aborde notamment la succion, pression négative du fluide interstitiel présent
dans le sol, et générant des comportements différents de ceux observés sur le même matériau
saturé. L’étude de la succion présente des complications liées à sa mesure. Sa prise en compte
dans les simulations est souvent soumise à l’interprétation de différents modèles. De plus, le lien
entre les problématiques ouvrages (réels comme expérimentaux) in-situ et la succion, surtout
lors du compactage n’est que trop peu mis en évidence. Il faut faire la relation, pour ces sols,
entre compactage, défauts et variables d’état.
Le premier chapitre présente les éléments clés de la mécanique des sols non saturés exploités
tout au long de la thèse et communs à tous les chapitres, couplé à une analyse critique des
méthodes expérimentales existantes. Les parties suivantes s’attacheront à décrire les résultats
expérimentaux obtenus, soutenus par une bibliographie propre à chacune des parties.
Introduction 3
De manière à cadrer les résultats de la planche, des compactages Proctor couplés à des
Indices Portant Immédiats (IPI) sont réalisés, et accompagnés d’une bibliographie sur le com-
pactage en laboratoire. Ce troisième chapitre complète l’expertise faite de la planche et renforce
les hypothèses proposées. Les méthodes de préparation du sol avant compactage subissent une
attention particulière qui mène à des conclusions sur les disparités expérimentales observées
en chantier. Alors que le Proctor nous fournit des indications sur l’état du matériau après
compactage dynamique, l’IPI permet de caractériser la résistance à l’enfoncement d’un piston.
Ces résultats de laboratoire seront comparés aux pénétromètres de la planche. Des courbes de
rétention sont établies à partir des compactages effectués pour mieux comprendre l’évolution du
matériau et offrir un cadre plus structuré aux résultats de la planche.
Sommaire
1.1 Thermodynamique des films d’interface et des phases présentes dans le sol . . 6
1.2 Méthodes de mesure de la succion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.3 Méthodes de contrôle de la succion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.4 Bilan des différentes méthodes de mesure et contrôle . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.5 Étude de la rétention des sols . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.6 Discussion sur les biais apportés par les méthodes de contrôle . . . . . . . . . 25
1.7 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
La mécanique des sols concerne l’étude des deux phases le composant : l’eau et
le squelette granulaire. La mécanique des sols non saturés amène une troisième
phase : l’air. Cet ajout mène à la complexification des mesures des variables d’état
du sol (densité, saturation, pression interstitielle). L’objectif est d’introduire
dans ce chapitre les bases de la mécanique des sols non saturés, comprenant
les éléments communs et nécessaires à l’ensemble du rapport. Chaque chapitre
contiendra alors une bibliographie propre à ses besoins de compréhension. Ce
parti pris a été préféré à la rédaction d’un chapitre bibliographique unique. Ce
premier chapitre s’attachera à définir les phases et leur comportement individuel
comme d’interface. Dans un deuxième temps seront étudiés les moyens de mesurer
et de contrôler la succion. S’ensuivra une introduction à la problématique de
rétention des sols. Enfin, le chapitre se terminera par une étude critique sur les
mesures et les contrôles de la succion.
5
CHAPITRE 1. THÉORIE ET PRATIQUE DE LA MÉCANIQUE DES SOLS NON
6 SATURÉS
D1 D2 D3 D4
Hygroscopique
Pendulaire Funiculaire Saturé
Figure 1.2 – Différents domaines de saturation
et doivent être prises en compte dans le comportement du sol. De même, les pressions peuvent
augmenter (compactage, remplissage de barrage) menant à des pressions positives alors que l’air
est encore prisonnier. Dans ce cadre, il est préférable d’utiliser la dénomination proposée par
Boutonnier (2007) :
— Domaine D1 : la phase d’air est continue à travers le sol. Lors d’une désaturation, l’entrée
d’air aurait déjà eu lieu dans le sol (domaines hygroscopique et pendulaire).
— Domaine D2 : l’air est occlus sous forme de clusters. Dans ce domaine, l’eau accroı̂t les
forces de contact inter-granulaires. Les pressions d’eau sont inférieures à celles de l’air
(domaine funiculaire).
— Domaine D3 : les clusters d’air ne sont plus que des bulles d’air. Les pressions d’eau
peuvent alors être supérieures à celles de l’air extérieur. Les bulles agiront alors comme
des ressorts influençant la compressibilité du fluide interstitiel (domaine funiculaire).
— Domaine D4 : le sol est complètement saturé et les bulles d’air sont dissoutes dans le
fluide interstitiel (domaine saturé)
Ce choix de domaines de saturation s’applique bien à la mécanique des sols dans le cadre
des terrassements. Les transitions des domaines sont en fait basées sur les différents domaines
de comportement observables sur les essais Proctor, présentés en chapitre 3.
Cette définition des domaines, surtout dans le cas saturé, permet de prendre en compte un
comportement plus détaillé du fluide interstitiel dans la zone quasi-saturée. L’eau est généralement
considérée comme incompressible. Or, la présence de bulles permet de définir le fluide interstitiel
comme compressible. Un incrément de pression permettra de faire varier la taille des bulles, le
fluide aura donc une compressibilité reliée à la taille et à la pression des bulles. Wheeler (1986)
avait établi les premières idées appliquées à la mécanique des sols non saturés concernant le sujet
des bulles et de leur lien à la compressibilité du fluide. L’équation liant bulles et compressibilité
permet d’arriver à un fluide interstitiel compressible considéré comme une seule phase, et de
résoudre des problèmes de mécanique des sols non saturés en n’utilisant que deux phases, au
lieu de trois généralement (Mahmutovic et al. 2014).
la saturation, le domaine funiculaire (D2, D3), où le rayon r peut être assimilé au diamètre du
pore. Ici, ua est la pression de l’air, ul la pression du liquide, r le rayon du tube et θ l’angle
de contact entre le tube et l’eau au point triple (Fig. 1.1). Pour les sols, il est généralement
considéré que cos(θ) vaut 1. Cela correspond au comportement parfaitement mouillant du sol.
σw représente la tension superficielle de l’eau.
2 · σw · cos(θ)
ua − uw = (1.1)
r
Ici apparaı̂t une nouvelle variable d’état macroscopique de la mécanique des sols non saturés,
à savoir la différence de pression entre l’eau et le sol, nommée succion matricielle et notée s (Eq.
1.2). La succion totale peut être décomposée entre la succion matricielle représentant la pression
du fluide interstitiel et les effets chimiques, qui peuvent provenir de certains éléments dans le sol
(sels par exemple). Ce sont des effets osmotiques.
s = ua − uw (1.2)
La tension superficielle de l’eau σw représente la traction admissible à l’interface eau/air.
Cette dernière est souvent représentée par un trait. Pour autant, il s’agit plutôt d’un phénomène
progressif sur plusieurs couches de molécules. La densité de molécule dans l’eau liquide est très
forte, et définie par deux éléments : d’une part, les forces de répulsion tendant à éloigner les
molécules d’eau les unes des autres, et d’autre part, les forces de van der Waals, menant à une
attraction entre molécules. Cet équilibre peut être retranscrit à travers l’équation. 1.3
En revanche, l’air présente une densité très faible de molécules, et une densité de molécules
d’eau encore plus faible. Seules les forces de répulsion sont à l’œuvre. Cette quantité de molécules
est définie par l’humidité relative (Eq. 1.4), rapport entre la pression relative des molécules d’eau
dans l’air (xgw · ua ici présenté comme le produit du pourcentage de molécule d’eau dans l’air
et sa pression),en rapport à lz pression de vapeur saturante (usat w ). Cette différence de densité
de molécule doit être progressivement équilibrée par la transition entre l’eau liquide et la va-
peur dans l’air. Au fur à mesure de l’avancée à travers l’interface, la densité des molécules va
se réduire, mais pas sans générer un déséquilibre mécanique tendant à courber l’interface, d’où
la forme de ménisque observable. Pour finir, ce ménisque, tel un pont, doit être en équilibre
mécanique, et transmet donc sa force résultante au sol, tel que montré en figure 1.3.
xgw · ua
HR = (1.4)
usat
w
Cet équilibre d’interface peut aussi être vu comme l’égalité de deux potentiels chimiques. La
densité des molécules d’eau, définie par la pression, est en équilibre avec le nombre de molécules
d’eau dans l’air ψw , menant à la loi de Kelvin (Eq. 1.5), et qui donne le lien entre succion et
humidité relative de l’air. La succion définie ici est globale, et subit les effets des dissolutions de
sels (osmotiques).
1.1. THERMODYNAMIQUE DES FILMS D’INTERFACE ET DES PHASES PRÉSENTES
DANS LE SOL 9
ρlw · R · T
ua − uw = ψw = · ln(HR) (1.5)
Mw
où ρlw est la densité de l’eau et Mw est la masse molaire de l’eau.
La littérature présente régulièrement des valeurs de succion qui peuvent aller au-delà de
20MPa (Baker et Frydman 2009). À ces valeurs, la plupart des sols sont quasiment secs. À
l’opposé, une faible succion implique un sol fortement saturé. L’état de saturation d’un sol à
une succion donnée est fortement lié à sa géométrie et à sa minéralogie. Un sable lâche sera
pratiquement désaturé à une succion inférieure à 100kP a, alors que certaines argiles seront
toujours quasi-saturées à des succions pouvant atteindre quelques mégapascals. Il ressort ici la
problématique majeure de la mécanique des sols non saturés, à savoir une forte dépendance au
matériau et à sa structure poreuse. La saturation et la succion seront fortement influencées par
ces deux éléments.
De telles valeurs de succion impliquent des valeurs de pression d’eau négatives. Or, en re-
gardant de plus près le diagramme de phase de l’eau présenté en figure 1.4, si la pression de
l’eau à 20◦ C descend en dessous de 2.3kP a, l’eau se gazéifie, excepté l’eau adsorbée qui est liée
physiquement au sol.
La vaporisation de l’eau est donc partiellement empêchée dans les sols, permettant d’atteindre
les pressions négatives observées. L’eau est donc en tension, maintenue en place par les forces
de van der Waals. Ce potentiel d’attraction uint atteint 134.9M P a pour une eau à 20◦ C. La
CHAPITRE 1. THÉORIE ET PRATIQUE DE LA MÉCANIQUE DES SOLS NON
10 SATURÉS
vaporisation de l’eau passe par le phénomène de la nucléation, qui peut être empêché dans les
sols.
4
W = · π · rc3 · (ulw − usat 2
w ) + 4 · π · rc · σw (1.6)
3
Où rc est le rayon de la bulle, aussi appelé rayon critique. Cette équation peut être décomposée
en l’addition de deux termes, le premier correspond à l’énergie utile permettant le changement
de phase liquide-gaz, le deuxième correspond à l’énergie requise pour pouvoir former l’inter-
face sphérique entre les deux phases. La compétition entre les deux termes crée une barrière
énergétique à la nucléation qui doit être dépassée, présentée par l’équation 1.7 (Caupin et Her-
bert 2006). Cette barrière provient de l’équilibre nécessaire entre l’énergie utile pour vaporiser
un volume d’eau et l’énergie requise pour créer son interface. Même une fois cette pression at-
teinte, la nucléation n’est que probable : elle est intimement liée au potentiel de Gibbs, définissant
l’agitation des molécules, et au temps offert, qui feront basculer l’état de liquide à vapeur.
16 · π σ3
Eb = · l w sat (1.7)
3 uw − uw
La valeur du rayon critique est déduite de la loi de Laplace. La pression de la bulle a une pression
égale à la pression référence. Dans le cadre de l’eau pure, c’est la pression de vapeur saturante à
la température donnée qui est utilisée, comme en équation 1.8. Si la nucléation est le résultat de
la résurgence d’un gaz dissout dans le fluide, dont la pression de vapeur saturante n’existe pas
à 20◦ C, la pression de référence sera alors la pression partielle de ce gaz dans l’environnement
extérieur (Liger-Belair 2014).
2 · σw
rc = (1.8)
ulw− usat
w
Ce rayon est critique dans le sens où, s’il ne peut exister (espace trop petit), la bulle ne peut
se former et le fluide sera métastable. La nucléation ne se déclenchera que si la pression dans
le pore descend suffisamment pour atteindre un rayon critique de taille inférieure au pore. Cela
n’est plus vrai dans le cadre d’une relation de non-mouillage/fluide sol (cos(θ) → 0)). Dans ce
cas, la nucléation peut économiser la création d’une partie de l’interface en se calant contre le
sol. Elle est alors facilitée et coûte moins cher en énergie (Rasmussen, Gor et Neimark 2012).
1.1. THERMODYNAMIQUE DES FILMS D’INTERFACE ET DES PHASES PRÉSENTES
DANS LE SOL 11
A
ψs = (1.9)
6 · π · d3
Où A est la constante de Hamaker (A = −6 · 10−20 Joules pour le couple eau/sol (Frydman et
Baker 2009)), et d l’épaisseur du film adsorbé, qui peut mesurer entre 10−10 et 10−9 m (Leão et
Tuller 2014). Ce film est en équilibre chimique avec la phase de vapeur dans l’air. L’équilibre
chimique est exprimé par l’égalité du potentiel ψs d’adsorption du sol(Eq. 1.9) et du potentiel
de vapeur dans l’air ψw exprimé par la loi de Kelvin (Eq. 1.5).
Figure 1.5 – Film adsorbé dans un sol, cas 1 : domaine saturé, cas 2 : Domaine sec
La notion de film adsorbé peut aussi entrer en jeu dans le cas saturé. Une bulle de gaz
présente dans le sol, grandissant par variation de la pression du fluide l’entourant, peut arri-
ver au contact du sol. Un film se créera alors entre le sol et la phase gazeuse (sous condition
d’adsorption). L’épaisseur de ce film sera elle aussi dictée par la constante de Hamaker, comme
présenté en figure 1.5, cas 1.
La circulation de l’eau dans les sols dans les domaines désaturés est assurée par deux modes.
Le premier est l’échange avec l’air présent dans le sol, menant à des transferts par air humide et
équilibre chimique. Les molécules d’eau se déplacent alors en utilisant l’air comme médium. Le
deuxième mode de transport utilise les films adsorbés. L’eau circulera à travers les films (Kébré
CHAPITRE 1. THÉORIE ET PRATIQUE DE LA MÉCANIQUE DES SOLS NON
12 SATURÉS
2013).
Figure 1.6 – Concept d’un mini-tensiomètre haute performance (Ridley et Burland 1993)
Pour parer à ce défaut, plutôt que d’utiliser un capteur de pression seul, ce dernier va être
couplé à un matériau poreux indéformable, saturé, permettant de conserver la continuité comme
présenté en figure 1.6. Pour descendre plus bas que le seuil de nucléation (Marinho et Chand-
ler 1995 ; Lourenço et al. 2008), la pierre poreuse intermédiaire doit posséder une taille de
pore suffisamment petite. Les pierres sont d’ailleurs souvent référencées par leur pression d’entrée
d’air. De même, la réserve d’eau entre pierre et capteur doit être minimisée.
Le tensiomètre classique utilise une pierre à faible entrée d’air (1bar) correspondant plus
ou moins au seuil de nucléation de l’eau (1bar). Ces tensiomètres sont destinés aux sables. La
1.2. MÉTHODES DE MESURE DE LA SUCCION 13
méthode de contrôle de l’entrée d’air (ASTM 1999) des pierres poreuses utilise la loi de Laplace
(Eq. 1.1) et un fluide à haute volatilité (leur tension superficielle plus faible facilite l’entrée
d’air, et mène donc à des pressions d’essai plus faibles). La perméabilité des pierres poreuses est
mesurée à l’aide de gaz purs (AFNOR 1987). Avant la démocratisation des capteurs de pression
à ponts de jauge, les mesures étaient faites à l’aide de colonnes d’eau (Brull 1977 ; Sormail
1969). Il est à noter que l’apparition de bulles dans le réseau de capillaire pour ces systèmes
ou une discontinuité sol/pierre poreuse n’empêchent pas totalement la mesure. L’équilibrage du
capteur pourra toujours se faire par phase de vapeur, mais avec des temps de réaction fortement
augmentés.
Dans le cadre de la mesure de succions plus importantes, les pierres utilisées montrent des
entrées d’air de l’ordre de 3 − 4M P a jusqu’à 15M P a. Couplées avec des capteurs de pression
relative de haute capacité, elles permettent de mesurer des valeurs de succion du même ordre
(Ridley et Burland 1993). En revanche, la réactivité du capteur est beaucoup plus longue
en raison des faibles perméabilités de ces pierres. Dans le cadre des argiles et marnes, la faible
vitesse de réaction est plus souvent due à la perméabilité du sol lui-même qu’à la pierre. Dans
les sables, la mesure physique de succions supérieures à 100kP a est impossible par une méthode
directe, la plupart des sables n’ayant à ce stade plus de phases continues d’eau, mais des films
adsorbés.
- l’effet Pelletier : deux thermocouples placés dans une chambre poreuse en équilibre avec
l’environnement sont utilisés. L’un sert de référence pendant que l’autre est traversé par
un courant le refroidissant. L’objectif est de mesurer la différence de tension entre les
deux en maintenant une température constante dans l’espace confiné. Cette différence de
potentiel permet de revenir à l’humidité relative (Fig. 1.7). L’étalonnage est en général
réalisé par contrôle de phase vapeur (Chap. 1.3.2)˙
- le point de rosée : il s’agit de deux fils électriques nus espacés, enroulés en spirale au-
tour d’un système poreux contenant une solution de chlorure de lithium. La solution
absorbe l’eau dans l’air, augmentant la conduction des fils jusqu’à l’évaporation d’une
partie de l’eau absorbée. Cette eau est immédiatement réabsorbée par rétroaction jus-
qu’à un équilibre absorption/évaporation. La température des fils est alors mesurée pour
calculer le point de rosée et revenir alors à l’humidité relative. Ce système est autonome,
mais doit en général être calibré à l’aide du précédent.
CHAPITRE 1. THÉORIE ET PRATIQUE DE LA MÉCANIQUE DES SOLS NON
14 SATURÉS
Il est extrêmement difficile selon les appareillages d’obtenir une mesure au-delà de 95% d’hu-
midité relative, soit une succion aux alentours de 7M P a (Delage et Cui 2000).
Watman #42
6
4
Suction Log(kPa)
0
0 20 40 60 80 100
Filter paper water content (%)
Figure 1.8 – Courbe de rétention proposée par la norme ASTM pour filtre Watman 42
La procédure (ASTM 2010) de mesure consiste à placer un papier filtre, soit dans l’échantillon
de sol comme en figure 1.9 (succion matricielle), soit placée en présence du sol, mais sans contact
direct (succion globale) dans un récipient fermé. Le temps concédé par les normes à l’équilibrage
est de 7 jours. Le filtre est alors pesé humide, puis étuvé, et pesé sec (Arsenie 2009) pour
déterminer sa teneur en eau. Pour améliorer la précision de la méthode, il est recommandé
d’établir une courbe de calibration pour chaque lot de papiers filtres (Bicalho et al. 2010)
à l’aide d’une méthode par contrôle de phase vapeur. (Chap. 1.3.2). Dans le cadre du projet
TerreDurable (Boutonnier et al. 2012b), pour harmoniser toutes les mesures entre tous les
1.3. MÉTHODES DE CONTRÔLE DE LA SUCCION 15
Figure 1.9 – Placement d’un papier filtre entre deux autres de protection dans un sol
Les variations de température durant l’équilibrage posent de grands problèmes, car les cycles
d’absorption/désorption des papiers filtres présentent une hystérésis. De plus, la pesée demandée
par les normes (ASTM 2010) est au déci-milligramme. Cette mesure est gênée par les change-
ments rapides de teneur en eau des filtres à l’air libre pendant la pesée.
Cette méthode a aussi permis d’étendre l’utilisation des tensiomètres. La pression de l’air
est augmentée sans drainage possible, puis l’essai est exécuté en mesurant la pression d’eau au
CHAPITRE 1. THÉORIE ET PRATIQUE DE LA MÉCANIQUE DES SOLS NON
16 SATURÉS
lieu de la contrôler. Là où la mesure était coupée pour une succion autour de 80 − 100kP a, elle
le sera aux alentours de 500kP a.
s = 11 · c2 (1.10)
tante.
La méthode papier filtre pose aussi problème dans le cadre de variations de température.
Les variations génèrent des cycles de drainage humidification du papier filtre. Or, la courbe
d’étalonnage proposée par la norme ASTM ne donne le comportement du papier que pour une
humidification simple. Il est donc difficile d’attester des erreurs engendrées par ces cycles. L’autre
erreur va venir globalement de la pesée. La balance requise au déci-milligramme va générer une
erreur de pesée qui se traduira par une erreur de ±2kP a pour une succion de 100kP a et ±10kP a
pour une succion de ±1000kP a. L’erreur sur le résultat n’est pas linéaire dû à l’échelle logarith-
mique de la courbe d’étalonnage. En prenant en compte une légère humidification/séchage du
papier pendant la pesée (±0.1mg → ±0.5mg), l’erreur atteint alors ±8kP a pour une succion de
100kP a et ±50kP a pour une succion de ±1000kP a. La figure 1.14 montre les fuseaux d’erreur
estimés. Augmenter le nombre de papiers filtres peut limiter l’erreur, dans la limite de la taille
de l’échantillon disponible.
6·102
Erreur à ±0.1mg
-
4·102
Erreur à ±0.4dmg
Erreur de mesure (kPa)
-
2·102
-2·102
-4·102
-6·102
102 103 104 105
Succion mesurée (kpa)
Figure 1.14 – Fuseau d’erreur de mesure pour la méthode papier filtre
L’erreur subie par la translation d’axe est liée aux méthodes de contrôle de la pression. Les
contrôleurs classiques trouvés sur le marché atteignent généralement des précisions de contrôle
en pression autour de ±1kP a. Il est conseillé de rajouter des capteurs de pression locaux au plus
proche de l’échantillon pour contrer les erreurs dues aux tubulures (dilatation par exemple). Le
CHAPITRE 1. THÉORIE ET PRATIQUE DE LA MÉCANIQUE DES SOLS NON
20 SATURÉS
contrôle de succion obtenue avoisine donc ±2kP a dans la configuration avec capteurs déportés.
Le contrôle de la phase vapeur est plus difficile. Jouant sur les concentrations de sel dissout
dans la phase liquide, puis ensuite envoyé vers le sol, un faible écart de concentration peut en-
gendrer une forte variation de l’humidité relative. Les conséquences en termes de succion tendent
donc à être importantes. Le contrôle peut être complété par un psychromètre. Pour contourner
le problème de la concentration, des solutions saturées peuvent être utilisées, en revanche les
valeurs de succion obtenues seront dictées par le type de sel utilisé, limitant les valeurs de succion
utilisables.
Finalement, la figure 1.2 présente un bilan sur les différentes méthodes de mesure et de
contrôle.
Les courbes de séchage et d’humidification présentent une hystérésis. Celle-ci est principa-
lement liée à des contraintes géométriques. L’eau reste enfermée dans des pores de taille plus
importante cachés derrière des pores de plus petite taille, menant à une valeur de saturation
différente pour la même succion, selon que le sol soit en cours de séchage ou d’humidification.
1.5. ÉTUDE DE LA RÉTENTION DES SOLS 21
Cette hystérésis est fortement visible au regard de la succion, par rapport à l’indice des vides,
la saturation et la teneur en eau, comme présenté en figure 1.15. En revanche, dans le cadre de
la mécanique des sols, l’hystérésis n’est généralement pas visible pour l’indice des vides et pour
la saturation, exprimés en fonction de la teneur en eau.
Il est possible d’observer la valeur d’entrée d’air de l’échantillon, point important pour la
transition entre les domaines de saturation (domaine D2 vers domaine D1 au séchage). Elle est
généralement prise comme le point de croisement de la tangente de la partie la plus verticale de
la courbe de séchage et de la ligne de saturation à 100%. Elle donne les valeurs nécessaires aux
modélisations que sont la succion d’entrée d’air sair et la saturation à l’entrée d’air Srair .
Il est parfois difficile de complètement resaturer un matériau. La transition entre les domaines
D1 et D2 va permettre d’enfermer de l’air dans l’échantillon qui ne parviendra pas à s’échapper
ou à se dissoudre totalement dans l’eau. Ce phénomène peut aussi bien être observé sur des
sables (Khaddour 2015) que sur des argiles.
Dans les cas de mesures autres qu’œdométriques, la mesure du degré de saturation est
nécessaire. L’échantillon est d’abord préparé à la succion voulue (séchage naturel, contrôle os-
motique ou phase de vapeur). Dans le cas d’un séchage naturel, la succion devra être mesurée.
La méthode classique pour mesurer la densité est la pesée hydrostatique. L’objectif est d’utiliser
le principe d’Archimède pour déterminer le volume total de l’échantillon. Une fois l’échantillon
à succion ou teneur en eau ciblée, il est pesé humide sur une balance classique. Il est ensuite
pesé une fois immergé. Pour que l’eau de la pesée hydrostatique n’entre pas dans le matériau,
l’échantillon peut être préalablement paraffiné. Pour diminuer les erreurs possibles liées au vo-
lume de paraffine ajouté à l’échantillon et à sa densité, l’eau peut être substituée par un fluide
non mouillant comme le pétrole désaromatisé (Kerdane) et l’échantillon plongé sans paraffine.
Cette méthode apporte aussi l’avantage de ne pas risquer de sécher l’échantillon lors de la trempe
dans la paraffine. L’échantillon est alors pesé une fois séché à l’étuve. De ces trois mesures est
tirée la densité sèche (et indice des vides) du matériau, sa teneur en eau et son degré de satura-
tion.
L’erreur de la méthode peut largement être maı̂trisée, même sur des échantillons de 10 à 15g
en utilisant une balance de précision (déci-milligramme). Avec un tel équipement, les erreurs
de mesure seront totalement négligeables (Erreur ≤ 1/1000) pour la densité sèche, la teneur
en eau et le degré de saturation. Les écarts rencontrés ne seront donc dus qu’à la dispersion
du matériau et autres effets interférant avec la mesure (température par exemple). Il faut en
revanche faire très attention aux pertes de matériau lors de la pesée, qui peuvent mener à des
disparités importantes.
Interprétations classiques
Plusieurs modèles cherchent à simuler les courbes de rétention, de manière à pouvoir les
appliquer dans des simulations numériques.
Brooks et Corey (1964) ont présenté un des premiers modèles de représentation de la
courbe de rétention(Eq. 1.11). Ce modèle se base sur la valeur de succion relative à la succion
d’entrée d’air (sair ). Le coefficient γ est lui un paramètre matériau. Le modèle fonctionne plutôt
bien pour les degrés de saturation bas, mais pose problème à forte saturation.
γ
s
Sr = (1.11)
sair
Genuchten (1980) présente un modèle prenant mieux en compte la partie saturée de la
courbe de rétention, permettant donc une meilleure approche sur tous les domaines. Les coeffi-
cients n et m de l’équation 1.12 gèrent la forme de la courbe. Le coefficient α est lui relié soit à
l’entrée d’air, soit au diamètre dominant des pores (Yang et You 2013).
Dans l’objectif de l’étude des terrassements, Mahmutovic et al. (2014) ont modifié l’in-
terprétation de la courbe de rétention de manière à l’adapter aux domaines D1 à D4 (Bou-
tonnier 2007), en y ajoutant la problématique de la compressibilité du fluide interstitiel et de
l’enfermement de bulles d’air dans le sol.
La courbe de rétention est ici divisée en quatre équations représentant chacune un domaine
de rétention (D1 à D4). Dans le domaine D1, la formule de Brooks et Corey (1964) est utilisée,
car ayant fait ses preuves pour les faibles saturations (Eq. 1.13). Elle est juste modulée par Srair
de manière à garder la continuité avec les équations suivantes. L’importance de la courbe de
rétention apparaı̂t ici, la saturation à l’entrée d’air Srair étant le point de continuité entre les
domaines D1 et D2.
ua − uw γ
Sr = · Srair (1.13)
ua − ulair
Dans le domaine D2, l’air commence à être emprisonné dans le fluide interstitiel. L’entrée
d’air est donc passée. Le fluide est toujours dans des pressions négatives. La saturation est alors
simulée par l’équation 1.14 avec Sre le degré de saturation à l’arrivée des pressions positives et
ulair la pression du fluide interstitiel à l’entrée d’air.
uw
Sr = Sre − · (Sre − Srair ) (1.14)
ulair
Une fois arrivé dans les pressions positives, l’air, toujours présent dans le sol, est sous forme
de bulles, qui vont alors moduler la compressibilité du fluide interstitiel. Cette hypothèse permet
de simplifier la modélisation dans ce domaine gérant la phase liquide comme une seule phase
CHAPITRE 1. THÉORIE ET PRATIQUE DE LA MÉCANIQUE DES SOLS NON
24 SATURÉS
avec un coefficient de compressibilité variable. Ici ressort la valeur de pression relative entre
fluide et bulles (sbm ), la pression atmosphérique uatm et la constante de dissolution (Henry) de
l’air dans l’eau ha . Ce comportement peut alors être décris par l’équation 1.15.
1
Sr = (1.15)
+ha ·Sre sbm +uatm −uwg
1 − ha + 1+SreSre
· uw +sbm +uatm −uwg
Arrivé à une certaine pression, le milieu se sature et toutes les bulles d’air sont dissoutes
dans l’eau, d’où l’équation 1.16. La saturation du sol est alors totale. En cas de desaturation,
les bulles réapparaitront progressivement par nucléation.
Sr = 1 (1.16)
L’intérêt de ce modèle est la prise en compte des bulles d’air emprisonnées lors du compactage
du sol, mais aussi son apparition lors de la désaturation du matériau. Les modèles classiques
sont généralement plus tournés vers des matériaux peu saturés. Le modèle permet un passage
du cas saturé au cas sec sans discontinuité, tout en amenant la présence de bulles dans le
matériau, cas classique des terrassements. Il utilise beaucoup de paramètres, mais la plupart
d’entre eux sont directement lisibles sur une courbe de rétention expérimentale, ce qui permet
un paramétrage sans régression. Il apparaı̂t donc important de connaı̂tre les biais que pourrait
amener une méthode de mesure sur l’existence de bulles.
1.6. DISCUSSION SUR LES BIAIS APPORTÉS PAR LES MÉTHODES DE CONTRÔLE25
uatm = uga + ugvap = ugN2 + ugO2 + ugAr + ugCO2 + ugw = (xgN2 + xgO2 + xgAr + xgCO2 + xgw ) · uatm (1.17)
Avec ugi la pression partielle de chaque composant du mélange et xgi la proportion de molécules
dans l’air de chaque composant. En considérant qu’il n’y a pas d’autre composant dans l’air,
l’équation 1.18 représentant la loi des mélanges est respectée.
gaz ri hi (kPa)
Azote (N2 ) 0.7808 3.35 · 107
Oxygène (O2 ) 0.2095 1.57 · 107
Argon (Ar) 0.0934 1.46 · 107
Dioxyde de carbone 3.82 · 10−4 2.77 · 103
Table 1.3 – Composition d’une mole d’air et constante de dissolution dans l’eau (de Henry)
(Sander 2015)
n
xgi = xgN2 + xgO2 + xgAr + xgCO2 + xgw = 1
X
(1.18)
i=1
n
X
usat
l = xli · usat
i (1.20)
i=1
Où usat
i est la pression de vapeur saturante du fluide. Si la pression de vapeur saturante du
composant n’existe pas à la température d’analyse (ici 25◦ C), c’est sa pression partielle dans le
gaz adjacent qui sera considérée en place (Liger-Belair 2014).
En couplant les équations 1.18 et 1.4, il est possible de calculer la proportion de chaque
élément dans l’air, et de calculer sa dissolution dans l’eau.
Hr · usat
xgi
= ri · 1 − w
(1.21)
uatm
uatm · xgi Hr · usat
l uatm w
xi = = · 1− (1.22)
hi hi uatm
Les équations 1.19 et 1.21 permettent alors d’établir la fraction de chaque composant dans
le fluide interstitiel.
n−1
Xh i
usat
l = xli · usat
i + xlw · usat
l
i=1
(1.23)
n−1 n−1
" #
Xh i X
= xli · usat
i + 1− xli · usat
l
i=1 i=1
En utilisant l’équation 1.20, il est alors possible de calculer la pression de vapeur saturante
du fluide interstitiel en fonction de deux variables : la pression d’air (influencée par la transla-
tion d’axe) et l’humidité relative (influencée par la succion). Cette équation n’est valable que s’il
n’y a pas d’autre constituant dans le fluide, et donc en supposant que l’équation 1.24 est vérifiée.
n
X
xli = 1 (1.24)
x=1
Au final, les équations montrent que la pression ou l’humidité relative n’ont que très peu
d’incidence sur la pression de vapeur saturante (ordre de 10−4 ) du fluide interstitiel, en particu-
lier comparé à la température (le passage de 20 à 25◦ C entraı̂ne une augmentation de 39% de
usat
w par exemple). Il est donc raisonnable en toute circonstance d’utiliser la pression de vapeur
saturante de l’eau, quelle que soit la pression d’air.
−5
x 10
1
Taille de pore se vidant (Jurin)
0.9 Taille de pore nucléant
Nucléation impossible avant cette pression
0.8 rjurin / rnuc = 0.99
0.7
Taille de pore (m)
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0 4 5 6 7 8
10 10 10 10 10
Succion (Pa)
Un sol est un agencement de pores de tailles variables, et répartis de manière aléatoire. Or,
dans ce cas, les pores de plus grande taille ne se videront que s’ils sont en contact direct avec
l’air. Si un pore saturé de plus petite taille bloque le passage, le pore plus grand ne se videra
que quand la pression sera suffisamment basse pour vider le petit. En revanche, le pore le plus
grand peut présenter de la nucléation avant la vidange du plus petit pore.
Figure 1.18 – État de l’espace poreux modèle en fonction de la pression d’air à l’interface
(r = 0.291; 0.347; 0.582µm) pour une succion de 500kP a
Table 1.4 – Exemple d’un cas de nucléation avec effet de la translation d’axe
La figure 1.19 présente la nucléation de pores cachés, sous la forme de courbes limites. Chaque
courbe représente la taille minimale du pore caché pour qu’il puisse nucléer (exprimé en pour-
centage du pore le liant à l’extérieur). Chaque courbe représente une valeur de translation d’axe.
En dessous de la courbe, le pore peut nucléer ; en dessus, il ne peut pas. Il est clairement visible
que dans la zone de pores dominants de certaines argiles (0.1µm), la translation d’axe a des
effets largement néfastes sur la nucléation par un fort accroissement de la taille nécessaire pour
faire nucléer un pore.
1.7. CONCLUSIONS 29
u a = 100kPa
u a = 250kPa
u a = 500kPa
102
10-9 10-8 10-7 10-6 10-5
Taille du pore d'entrée (m)
Figure 1.19 – Taille minimum du pore caché pouvant nucléer en fonction du pore d’entrée
1.7 Conclusions
La mécanique des sols non saturés est gérée par des interactions complexes entre les différentes
phases se trouvant dans le sol. Des équilibres chimiques et physiques mènent à la génération de
pressions négatives du fluide interstitiel. Cette pression interstitielle aura alors des conséquences
mécaniques sur le comportement macroscopique du sol qui seront discutées dans les chapitres
suivants. La variabilité du comportement mécanique du sol en fonction de sa valeur de succion
mène à la création de domaines de saturation. Chaque domaine établit une réponse différente du
sol (hydrique et mécanique). Les domaines secs (D1, hygroscopique ou pendulaire) présentent
principalement des interactions de grains avec des phénomènes hydriques moins prévalent. Les
domaines plus proche de la saturation, correspondant plus aux problématiques de terrassement
(D2, D3, funiculaire), présentent de l’air enfermé qui jouera sur la compressibilité du fluide in-
terstitiel.
C’est d’ailleurs dans ces domaines que la nucléation va jouer un rôle clé dans la désaturation
du matériau, avec la génération de bulles (air/vapeur) dans le sol, mais seulement dans les pores
de taille suffisamment grande comparé au rayon critique de nucléation. Ce dernier ne dépend,
lui, que de la pression du fluide interstitiel et de la pression de vapeur saturante. C’est ce lien
entre géométrie de pore et rayon critique qui permet d’observer des pressions fortement négatives
dans le fluide interstitiel. Cette traction est liée aux forces de van der Waals entre molécules,
permettant la mise en traction de l’eau.
La diversité des méthodes de mesures de succion mène à des choix difficiles, qui sont gou-
vernés principalement par les conditions expérimentales rencontrées. Il est nécessaire, pour pou-
voir fournir des résultats pertinents, de connaı̂tre non seulement les portées de mesure de chaque
méthode, mais aussi les erreurs de mesures relatives qu’elles peuvent amener.
La modélisation des sols nécessite l’étude de ses états de saturation et de son comportement
de retrait gonflement. Les courbes de rétention permettent d’anticiper les points clés du com-
portement du sol, plus particulièrement l’entrée d’air. Cette dernière est généralement établie
comme la séparation entre domaines D1 et D2, passant donc d’une phase d’air continue dans
le sol à l’enfermement progressif de l’air dans la matrice liquide. Plus la pression du fluide
CHAPITRE 1. THÉORIE ET PRATIQUE DE LA MÉCANIQUE DES SOLS NON
30 SATURÉS
augmente, plus l’air va prendre la forme de bulles, finissant par la dissolution totale du fluide
interstitiel.
Au-delà des erreurs et des problématiques de portée, il est aussi nécessaire de se pencher
sur les biais que certaines méthodes de mesure ou de contrôle peuvent amener lors de l’étude
d’un matériau. La nucléation est régie par la pression du fluide interstitiel et non la succion
elle-même. De là, un écart de comportement apparaı̂t pour une succion donnée dans le cadre de
la translation d’axe. Plus la pression d’air appliquée sera grande, moins la pression de l’eau sera
haute pour une succion donnée. Une augmentation de la pression mène alors à une augmentation
du rayon critique, et empêche donc partiellement, voire totalement, la nucléation. Il y aura alors
des conséquences à une succion donnée sur la compressibilité du fluide interstitiel équivalent, tel
que décrit dans certains modèles de comportement. Ce problème est d’autant plus important
que les domaines de l’air occlus sont ceux correspondant aux problématiques de terrassement et
de compactage des sols fins.
Chapitre 2
Sommaire
2.1 Conception des ouvrages en terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.2 Définition de la planche de compactage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.3 Observations d’ordre général sur la planche de compactage . . . . . . . . . . . 42
2.4 Caractérisation des variables d’état hydromécanique de la planche de compactage 46
2.5 Conclusions et hypothèses de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Les terrassements routiers sont relativement bien cadrés par les normes. Mal-
heureusement, ces dernières ne couvrent pas tous les domaines où des problèmes
peuvent être rencontrés, particulièrement concernant la mise en œuvre des sols
fins. Matelassage, feuilletage et orniérage présentent des défis à relever pour
les terrassiers. Ces derniers sont généralement résolus par l’ajout d’adjuvants,
alors que des moyens plus économiques pourraient être utilisés. Dans ce cadre,
une planche de compactage court terme a été réalisée, dans le but d’analyser
le comportement des marnes pendant leur compactage. Pour ce faire, plusieurs
plots ont été construits suivant différents paramètres, puis une série complète
d’essais a été réalisée sur ces derniers. Dans ce chapitre seront exposées les
problématiques menant au choix des paramètres de la planche, appuyées par
une étude bibliographique. Un bilan visuel, puis chiffré, sera alors présenté par
l’exploitation des essais réalisés.
31
CHAPITRE 2. PLANCHE DE COMPACTAGE POUR LA CARACTÉRISATION DU
32 COMPORTEMENT DES MARNES À LA MISE EN ŒUVRE
Selon les pays, différentes approches existent pour la réalisation des terrassements routiers,
plus particulièrement pour les matériaux fins. En France ou au Royaume-Uni, les matériaux fins
sont en général mis en place à l’aide d’un compactage normal (peu de passes de compacteur), et
à une teneur en eau moyenne. Cette pratique convient bien aux environnements relativement hu-
mides. Dans des cas présentant des complications, des liants hydrauliques ou aérauliques (ciment,
chaux) seront ajoutés. Des renforcements par géotextiles sont aussi envisageables, ces dernier
permettent d’ailleurs de contré d’autres problématiques tel que les cavités ou la répartition de
charge sur des inclusions rigides (Huckert et al. 2016 ; Villard, Huckert et Brian¸con
2016). La pratique espagnole est tout autre : le compactage est beaucoup plus fort (compac-
teurs plus imposants et plus de passes), et appliqué sur un matériau sec. Cette méthode permet
d’obtenir des densités plus importantes et se prête bien aux environnements relativement secs.
En revanche, en cas de forte humidification du remblai (pluies importantes), un fort gonflement,
voire un effondrement, peuvent apparaı̂tre. À l’opposé, les pays scandinaves jouent de patience
dans la réalisation des remblais. Ici, pas de compactage, mais de la consolidation naturelle. Les
ouvrages sont mis en place à des teneurs en eau naturelle importantes, avec des successions
de couches drainantes et de matériaux fins. Entre plusieurs mois et un an sont alors laissés à
l’ouvrage pour effectuer son tassement. Des interventions ont lieu par la suite pour régler les
hauteurs d’assise aux valeurs voulues. Cela fait ressortir ici l’importance de l’étude des matériaux
fins, secs ou humides, pour comprendre de manière plus approfondie les effets du compactage,
quel que soit leur état initial, et mieux comprendre leur évolution au cours de celui-ci.
Dans le cadre de la réalisation des barrages, les pratiques se tournent plutôt vers une
mise en place de matériaux humides. L’objectif du barrage-poids est de mettre en œuvre une
barrière étanche. Les prescripteurs recherchent alors l’homogénéité plutôt que les performances
mécaniques, comme ce serait le cas dans les ouvrages routiers. Des disparités dans le matériau
compacté peuvent mener à des gradients hydrauliques pouvant générer des désordres. Certaines
dispositions structurelles peuvent être prises en compte pour améliorer les performances de l’en-
semble, plus particulièrement sous la forme de noyaux de barrage en argile humide entouré de
matériau plus grossier pour le protéger de l’érosion. L’utilisation d’un matériau plus humide
tend à diminuer les performances (densité, résistance), mais à améliorer l’homogénéité de ces
variables sur l’épaisseur de couche compactée (Leflaive et Schaeffner 1980).
2.1. CONCEPTION DES OUVRAGES EN TERRE 33
La granulométrie
La granulométrie représente la répartition des grains composant le sol par taille. Elle est
généralement exécutée par tamisage à sec, les tamis utilisés étant définis par une norme (AF-
NOR 1996), en fonction de la taille maximale du grain du matériau étudié. Cette méthode
fonctionne bien pour les matériaux de taille supérieure à 80µm. Pour la partie inférieure, il faut
recourir à une sédimentographie (AFNOR 1992), où le fractile de moins de 80µm sera dé-floculé
dans de l’eau, et le volume de dépôt sera mesuré à intervalles réguliers. Le temps de constitution
du dépôt est directement relié au diamètre des particules qui sont parvenues à se déposer.
La granulométrie est d’une importance capitale dans le cadre des terrassements, car c’est
par elle qu’apparaı̂t le premier point de classement du matériau à compacter. En effet, le Guide
des Terrassements Routiers (GTR), (LCPC et SETRA 2000) donne comme premier indicateur
de classement les passants à différents tamis. Il existe selon cette norme française six grandes
familles de sols. Les sols fins classifiés A, possédant au moins 35% de passant à 80µm et un
diamètre maximum de 50mm. La classe B représente les sols sableux et graveleux avec fines.
Leur passant à 80µm est inférieur à 35% et leur diamètre maximum est inférieur à 50mm. La
classe C comporte de gros éléments, mélangés avec une faible proportion de sol A ou B (passant
à 80µm inférieur à 12%). La classe D représente les sols insensibles à l’eau, qui ne possèdent donc
pas de cohésion, et donc très peu de matériaux fins. La classe R comprend tous les matériaux
rocheux, dont certains peuvent se fracturer au compactage et générer des fines (craies, calcaires).
La dernière classe, F, représente les matériaux organiques ou les sous-produits industriels.
La blocométrie, selon les normes européennes, se traite de manière analogue aux prescrip-
tions du GTR. Si la fraction de matériau grossier reste très inférieure à celle de matériau fin, on
peut alors considérer que le comportement global est celui du matériau fin. Cela est vrai pour des
matériaux dont les blocs sont insensibles à l’eau et non poreux. Des critères granulométriques
permettent de définir cette limite, qui est implicitement utilisée dans les critères de classement
des matériaux du GTR (limite entre les matériaux A et B).
La limite d’Atterberg s’applique aux fractions de sol fin, et plus particulièrement aux sols argi-
leux ou marneux. L’objectif de l’essai est de trouver deux limites du comportement du matériau.
rouleau présentant une fissuration au diamètre de 5mm, sa teneur en eau est mesurée : il s’agit
de la limite recherchée.
La deuxième limite est celle de liquidité wl . Deux méthodes existent : celle à la coupelle
(AFNOR 1993) consiste à placer le matériau à différentes teneurs en eau dans une coupelle.
Une rainure est alors exécutée au cœur de la coupelle à l’aide d’un outil standardisé. Des chocs
sont appliqués jusqu’à fermeture de la rainure. Un graphique nombre de coups/teneur en eau
est réalisé, la limite de liquidité wl correspondra à la teneur en eau à 25 chocs. La deuxième
méthode (AFNOR 1995) consiste à placer de l’argile dans un récipient. On mesure alors la pro-
fondeur d’enfoncement d’un cône (30◦ , 80g, hauteur supérieure à 35mm) tombant dans l’argile
d’une hauteur normalisée pour des teneurs en eau différentes (w). Après régression linéaire (w,
enfoncement) pour les points obtenus, la limite de liquidité est la valeur pour un enfoncement
de 17mm.
L’indice de plasticité (Ip) correspond à l’écart entre la limite de liquidité (wl ) et la limite
de plasticité (wp ). Il est le deuxième critère de la classification GTR pour les matériaux fins et
définit la sous-classe (table 2.1).
Appellation A1 A2 A3 A4
Loess, Limons, Argile marneuse Argile marneuse
Type de sols
Silts Marnes plastiques très plastique
Ip jusqu’à 12 12 à 25 25 à 40 40 ou plus
Table 2.1 – Classification des sols fins selon GTR (LCPC et SETRA 2000)
Les limites d’Atterberg peuvent aussi servir à déterminer l’état hydrique d’un matériau. En
effet, le guide des terrassements routiers prévoit une série de sous-classes concernant la teneur
en eau du matériau avant compactage. Elles utilisent l’indice de consistance du matériau, défini
comme en équation 2.1. Ce dernier permet de définir la malléabilité du matériau en fonction de
sa teneur en eau. Les sous-classes s’étendent de l’état très sec à l’état très humide et définiront
les paramètres adaptés pour le compactage. Elles sont présentées en table 2.2.
wl − w
Ic = (2.1)
Ip
Appellation ts s m h th
très très
Type de sols sec medium humide
sec humide
Ic jusqu’à 0.9 0.9 à 1.05 1.05 à 1.15 1.15 à 1.3 1.3 ou plus
Pour déterminer l’argilosité d’un sol et son affinité à l’eau, une autre méthode existe : la va-
leur au bleu de méthylène (AFNOR 1998), couramment utilisée pour vérifier la présence d’argile
dans les fines des granulats destinés au béton. Cette méthode a été par la suite proposée pour la
détermination des taux d’argiles dans les sols (Ngoc Lan 1981), et de manière à être appliquée
au GTR. L’essai consiste à trouver le volume de bleu adsorbé à saturation par l’argile pour une
masse donnée de sol coupée à la granulométrie souhaitée. Cela s’observe par la réalisation de
tâches du mélange sol/eau/bleu sur du papier filtre. La saturation est observée par l’apparition
2.2. DÉFINITION DE LA PLANCHE DE COMPACTAGE 35
Cette méthode a vite été adoptée par les chantiers de terrassement, car le résultat dépend
moins de l’opérateur. En revanche, il est facile d’observer des faux virages. Une auréole se forme,
mais disparaı̂t au bout de quelques minutes. Les 5 minutes données par la norme ne sont pas
suffisantes pour l’observation de matériaux trop plastiques. Sans une vérification plus adéquate,
une argile A1 peut donc être facilement confondue avec une A3, ce qui peut engendrer des diffi-
cultés sur chantier. Certains terrassiers, Vinci par exemple, ont donc préféré abandonner l’essai
pour se rabattre sur la limite d’Atterberg.
Il s’agit ici d’une marne grise du Pliensbachien/Toarcien (Ponsart 2010 ; l’Atelier des
territoires 2011). Elle a été extraite durant la réalisation du déblai D9B (TOARC D) de
l’A304 (Charleville-Mézières), puis placée dans le dépôt 17P2. Ce dépôt étant destiné à devenir
un merlon visuel, il a été compacté selon les règles de l’art. L’extraction du matériau s’est ef-
fectuée sur le matériau compacté, et de manière frontale. Le matériau brut présente des mottes
de taille allant jusqu’à 600mm, avec quelques mottes exceptionnelles de taille plus conséquente
(Fig. 2.1). Des blocs rocheux peuvent aussi être rencontrés parfois, et un certain nombre de
cailloux sont présents. Il s’agit ici des restes des alternances du Toarcien, compactées de couches
de calcaires (fracturés) à bélemnites Dupont 1859 et de marnes grises. Quelques nodules ferreux
peuvent y être trouvés.
Une fois les mottes brisées, la granulométrie de la marne s’apparente à celle d’un matériau
fin. La figure 2.2 présente la sédimentographie réalisée sur le matériau. Ayant plus de 80% de
passant au tamis de 80µm (100% pour les mottes elles-mêmes), il s’agit, au regard du GTR, d’un
matériau fin de type A. La table 2.3 présente les valeurs descriptives de la marne. Son Ip de 24
la classe comme matériau A2 selon le GTR. La densité des grains a été obtenue au pycnomètre.
100
90
80
Tamisat (%)
70
60
50
40
30
1 2 5 10 20 50 80 100
Diamètre Equivalent (µm)
Propriété valeur
Limite de liquidité wl 46%
Limite de plasticité wp 22%
Indice de plasticité Ip 24%
Humidité naturelle wn 20%
Densité des grains ρs 2.665g · cm−3
ce cadre, il est d’abord nécessaire de faire un état des lieux des phénomènes problématiques
rencontrés lors de la mise en œuvre de matériaux fins. Dès lors, les variations de paramètres de
la planche découleront des observations faites dans l’objectif de pouvoir étudier ces phénomènes.
feuilletage, et le matelassage. Ils peuvent être séparés en deux familles : les phénomènes liés
directement au compactage et ceux liés à la circulation des véhicules. Certains éléments d’in-
formation proviennent de réunions et discussions régulières entre les différents intervenants du
projet, les praticiens étant le plus souvent à l’origine des observations. Une compilation de ces ob-
servations a progressivement été construite pour apparaı̂tre dans le futur guide méthodologique
de TerreDurable (Boutonnier et al. 2012a).
L’orniérage apparaı̂t plus particulièrement après le compactage, lorsque les véhicules doivent
passer sur le remblai alors qu’il vient d’être compacté. Il s’agit donc d’un état fini. Ce phénomène
apparaı̂t plus particulièrement sur les matériaux fins humides. Dans cette configuration, le
matériau est suffisamment plastique, il se déforme sous le passage des roues des véhicules et
forme des ornières. Ce phénomène est problématique, non seulement pour l’état final du remblai,
mais aussi pour la praticabilité du site lors de la réalisation des travaux. Les recommandations
à ce sujet sont relativement vagues. Elles passent d’abord par un séchage du matériau avant
compactage ou par l’utilisation d’adjuvant permettant de renforcer sa structure (Li 2015).
Le feuilletage (Fig. 2.3) se caractérise par une rupture sur un plan quasi horizontal du sol
lors du compactage. Il est généré par le cisaillement appliqué par la bille du compacteur et
accentué par collage à cette dernière. Tomi (1998) attribue le feuilletage à la faible cohésion
sur les matériaux compactés secs (s). Le rôle joué par l’état sec du matériau est aussi mis en
évidence lors du traitement à la chaux ou au séchage naturel des matériaux fins (Rigot 1984). Ce
phénomène peut donner des modules de résistance suffisants selon les normes, car il n’engendre
pas un défaut de portance vertical, mais une faiblesse au cisaillement. Il est donc souvent invisible
aussi bien à l’œil qu’aux essais classiques de restitution des ouvrages, mais peut-être accentué par
des passes complémentaires de compacteur (sur compactage ou fortes énergies) (Quibel 1978).
Son effet sur le comportement à long terme n’est pas connu. Certains ouvrages endommagés
semblent mettre en évidence des facteurs liés au feuilletage dans la rupture observée avec :
- un angle de frottement résiduel selon les plans du feuilletage, mettant en péril les ouvrages
généralement dimensionnés avec l’angle effectif
- une perméabilité plus faible au travers du feuilletage, engendrant des risques de gradient
de pression dans le sol (cas des barrages)
Le feuilletage n’est observable que sur les matériaux fins secs ou certaines graves (Dandjinou
1988). Les normes, quelles que soient leurs origines, ne fournissent que très peu d’informations à
son sujet. L’usage des praticiens montre qu’il semble relativement facile d’éviter ce phénomène
en utilisant des compacteurs pieds dameurs au lieu de compacteurs lisses.
Le matelassage (fig . 2.4) est lui aussi peu documenté. Il apparaı̂t principalement sur des
matériaux fins, relativement plastiques (A2, A3), et présentant des teneurs en eau relativement
élevées (Leflaive et al. 1974). Lors du passage de la bille du compacteur, le matériau reprend
sa hauteur initiale comme si le compactage n’avait eu aucun effet. Le matériau se présente donc
comme élastique. Contrairement au feuilletage, le matelassage est relativement facile à repérer :
il se présente comme une vague à la surface du sol. Une théorie (Mahmutovic et al. 2014)
attribuerait ce phénomène à la présence d’air occlus dans le matériau, qui serait comprimé au
passage de la bille et reprendrait son état initial à la relaxation de contraintes. Les normes ne
font pas forcément état de son existence, sauf la norme anglaise, qui préconise le séchage du
matériau préalablement à son compactage. SETRA-LCPC (1982) recommande le traitement
et la diminution de l’énergie de compactage pour pallier au phénomène. L’utilisation d’un com-
CHAPITRE 2. PLANCHE DE COMPACTAGE POUR LA CARACTÉRISATION DU
38 COMPORTEMENT DES MARNES À LA MISE EN ŒUVRE
plexe drainant peut permettre la dissipation des pressions interstitielles dans certains cas (Paig
et Blivet 1973). L’ajout d’énergie de compactage ne permet pas d’étouffer le problème : il
a tendance à dégrader le matériau par l’augmentation répétée des pressions interstitielles, ce
dernier étant quasi saturé (Quibel 1978).
montrant que le compactage au rouleau lisse ne remanie pas les mottes, mais les écrase les
unes contre les autres. Cette problématique, croisée avec les objectifs de compactage estimés en
laboratoire, se manifeste sous les deux formes suivantes :
- comment réaliser un essai de compactage de laboratoire permettant la prise en compte
des mottes, et surtout leur effet sur le résultat final du compactage ? Les normes donnent
en général une mouture à étudier non représentative du matériau en l’état sur chantier.
- comment contrôler l’homogénéité du matériau après compactage si les mottes constituant
sa mouture ne sont pas maı̂trisées en densité initiale et teneur en eau ?
Ces deux aspects sont d’autant plus importants et problématiques qu’ils sont très peu pris en
compte par les normes. En effet, une taille de motte calibrée est généralement recommandée pour
la réalisation des essais de compactage en laboratoire. De même, le temps d’homogénéisation
de la teneur en eau est en général dicté par les normes. À l’opposé, sur chantier, les matériaux
sont en général mis en œuvre bruts d’extraction, menant donc à une différence extrêmement
importante entre la réalité sur site et les actions de laboratoire. Dans ce cadre, la mouture du
matériau de laboratoire est toujours beaucoup plus petite que celle du matériau de chantier,
alors que son temps d’homogénéisation est toujours plus important que celui laissé lors de la
réalisation des travaux.
Dans un premier temps, au regard des différentes pratiques internationales, il est intéressant
de regarder l’effet de la teneur en eau. Les essais seront réalisés dans le cadre règlementaire. Les
humidités testées seront donc exprimées comme dans le GTR (LCPC et SETRA 2000). Trois
états hydriques ont été choisies : sec (s), médium (m) et humide (h). Leur définition est présentée
en table 2.4. Le côté sec représente les pratiques du sud de l’Europe, alors que le compactage
à teneur en eau médium résulte typiquement de la pratique française. Le côté humide intéresse
plutôt les constructions de barrage-poids. Qui plus est, le matériau s (sec) tend au feuilletage,
alors que h (humide) tend au matelassage.
Le deuxième paramètre testé est la mouture, pour effectuer des observations sur la capacité
des compacteurs à effacer l’histoire du matériau. Les mottes peuvent générer des problèmes à la
mise en œuvre en limitant la densification du matériau. Deux moutures sont testées :
- brut d’extraction : les tailles de mottes sont directement liées à la procédure d’extraction
et présentent des tailles pouvant aller jusqu’à 600mm (0/600) de diamètre avec quelques
mottes parfois plus importantes.
- pulvimixé : les mottes du matériau sont brisées à l’aide d’un pulvimixeur. La mouture
obtenue possède alors des mottes allant jusqu’à 50mm (0/50)
CHAPITRE 2. PLANCHE DE COMPACTAGE POUR LA CARACTÉRISATION DU
40 COMPORTEMENT DES MARNES À LA MISE EN ŒUVRE
Le troisième paramètre est le type de compacteur. Le but est de pouvoir juger de l’effet de
chacun d’entre eux, surtout vis-à-vis de la mouture. Deux compacteurs sont utilisés : le rouleau
lisse V5 et le rouleau pied dameur VP5 comme présenté sur la figure 2.5. De plus, le premier
d’entre eux est notamment connu pour favoriser l’apparition des phénomènes de feuilletage et
matelassage.
Pour pouvoir comparer de manière raisonnable les deux compacteurs, il faut que leurs pro-
priétés soient aussi proches que possible. Les données concernant les compacteurs figurent en
table 3.4. Leurs charges sur bille, leurs excentriques de vibration et leurs fréquences sont suffi-
samment proches pour justifier la comparaison.
La quatrième et dernière modalité testée est choisie pour tenir compte des pratiques locales.
Pour ce faire, deux énergies de compactage ont été appliquées : 4 passes qualifiées de compac-
tage normal (NC), et 12 passes qualifiées de compactage forcé (FC). L’intérêt de pousser le
nombre de passes de compacteur à une valeur aussi extrême est de pouvoir faire apparaı̂tre du
feuilletage sur les plots secs (s) et du matelassage sur les plots humides (h), l’intensification de
l’énergie étant un facteur aggravant. Le choix des quatre passes est issu du GTR. La table 2.6
présente le nombre de passes recommandées par ce dernier pour les matériaux de la planche.
Le guide des terrassements routiers tend à prohiber l’utilisation des matériaux à des teneurs en
eau trop extrêmes. L’énergie de compactage moyenne sera préférée sur des matériaux proches
de la condition m de teneur en eau. De plus, l’accroissement de l’énergie sur certains matériaux
fins a tendance à améliorer leur réponse mécanique (Hansbo et Pramborg 1980). De manière
2.2. DÉFINITION DE LA PLANCHE DE COMPACTAGE 41
à obtenir un compactage optimal, le matériau sera donc ramené à une teneur en eau proche de
l’état m. Il y aurait donc traitement pour les matériaux humides et humidification par injection
pour les matériaux secs selon la norme.
Table 2.6 – Nombre de passes recommandées par le GTR pour un matériau à l’état naturel
En rapport à l’énergie de compactage, deux autres paramètres doivent rester constants lors
des compactages : la vitesse des compacteurs et l’épaisseur de couche. L’augmentation de la
vitesse aura tendance à diminuer la densité finale, l’augmentation de l’épaisseur mènera à des
fonds de couche moins compacts. (Khay et Morel 1980).
Le matériau est extrait du dépôt de manière frontale à la pelle mécanique pour être soit chargé
dans les camions (planche sur couche support), soit directement régalé (dépôt). Le matériau une
fois sur site est alors régalé à l’aide d’un bulldozer. Lors des premiers essais, les épaisseurs après
régalage et après compactage sont levées à l’aide d’une station GPS ou d’un théodolite (selon
disponibilité), de manière à améliorer le contrôle de l’épaisseur finale des couches. Le matériau
est régalé sur une largeur égale à 4 fois celle des billes de compacteur, sauf planches 7 et 8, par
manque de temps, qui ne font que deux largeurs de bille.
Le matériau extrait possède une humidité relativement proche de l’optimum Proctor, soit un
matériau m. De manière à obtenir les deux autres teneurs en eau visées, deux procédures sont
mises en place. Pour obtenir le matériau s, une scarification est faite et le matériau est laissé à
l’air pour faciliter les échanges avec l’extérieur (Fig. 2.6). Les conditions météo, soleil et léger
vent, ont fortement facilité le séchage. Malgré cela, le temps nécessaire au séchage dépasse la
journée. Pour éviter une ré-humidification nocturne, la planche est refermée en fin de journée à
l’aide d’une passe de rouleau lisse, pour être re-scarifiée le lendemain. Pour obtenir un matériau
h, il a été fait appel à une arroseuse-enfouisseuse qui a injecté l’eau directement dans le régalage.
Plusieurs heures ont été laissées au sol pour l’homogénéiser. Si nécessaire, le matériau régalé est
pulvimixé (Fig. 2.7).
Une fois le matériau régalé et à humidité voulue, il est compacté. Les plots sont préparés
par lot de deux, de même humidité et de même mouture. Le compactage a alors lieu, les deux
engins (lisse et pied dameur) se faisant face, chacun sur sa moitié de planche, et exécutant leurs
4 passes sur toute la largeur. Les passes sont exécutées en aller-retour. Les plots 1 à 6 sont
réalisés en 3 couches d’une épaisseur de 30cm. Les trois derniers plots sont réalisés en une seule
CHAPITRE 2. PLANCHE DE COMPACTAGE POUR LA CARACTÉRISATION DU
42 COMPORTEMENT DES MARNES À LA MISE EN ŒUVRE
couche, directement dans le dépôt. Ce dernier ayant été préalablement compacté, il est raison-
nable d’estimer qu’il a un comportement proche des couches réalisées pour les autres planches.
Une augmentation de la résistance du sol support mène à une augmentation des densités obser-
vables (Valeux et Morel 1980), il est donc indispensable de garder un support aussi constant
que possible. Sur la couche finale, 8 passes sont ajoutées sur deux largeurs de bille, de manière
à atteindre la deuxième énergie de compactage. Le compactage a eu lieu dans les règles de l’art
avec une vitesse aux alentours de 2.5km · h−1 , disques à l’appui, et en évitant de serpenter lors
des passes.
Dans le reste du document, les plots seront désignés sous ces noms.
2.3. OBSERVATIONS D’ORDRE GÉNÉRAL SUR LA PLANCHE DE COMPACTAGE 43
Les empreintes laissées par le rouleau pied dameur présentent une érosion aux angles, comme
présentée sur la figure 2.8, montrant que le matériau est proche de sa limite de plasticité. Les
mottes les plus petites restent visibles dans les empreintes du compacteur. La dessiccation qui
s’est opérée au cours des jours suivants a d’ailleurs aggravé l’effet d’érosion des empreintes. Le
matériau compacté à l’aide du pied dameur paraı̂t toujours plus sec que celui compacté au rou-
leau lisse.
Plot 2BMV5
La surface du compactage est relativement lisse, pouvant présumer d’un manque d’accroche
entre deux couches successives de compactage. En revanche, on peut voir les traces de passage
de la bille. Ces zones de transition (parfois quelques cm) entre deux lignes de passage du com-
pacteur laissent supposer une épaisseur de couche non homogène. Cela provient probablement
d’un mauvais régalage, difficile à contrôler par topographie.
La surface présente des écailles qui ressemblent fortement à du feuilletage, mais ces dernières
n’apparaissent que sur une épaisseur de l’ordre du centimètre, et en présence d’un bloc rocheux
sous-jacent. Cela montre clairement l’effet cisaillant par tranche du compacteur, généralement
responsable du feuilletage, résultant de la rotation des contraintes sous la bille (Dandjinou
1988). Aucun feuilletage réel n’a pu être observé sur les plots.
En raison de la forte dessiccation, la surface lisse du compactage présente une forte fissuration
due aux conditions météorologiques (fort vent et ensoleillement). Une journée complémentaire
d’ensoleillement a accentué l’effet de la fissuration. Après trois jours, les fissures présentent entre
0.5 et 2cm d’ouverture pour une profondeur active entre 2 et 3cm. L’entraxe des fissures ap-
proche les 50cm. Il est donc important de prendre en compte les temps entre deux interventions
CHAPITRE 2. PLANCHE DE COMPACTAGE POUR LA CARACTÉRISATION DU
44 COMPORTEMENT DES MARNES À LA MISE EN ŒUVRE
Plot 3BSVP5
2.3. OBSERVATIONS D’ORDRE GÉNÉRAL SUR LA PLANCHE DE COMPACTAGE 45
La qualité du matériau est plus faible en surface, avec des manques aux angles des traces du
pied dameur. L’état est encore plus dégradé que celui de la planche 1BMVP5. En revanche, la
dessiccation semble avoir eu moins d’effet sur l’érosion globale des empreintes, le matériau étant
déjà côté sec.
Plot 4BSV5
L’état final ressemble fortement à la planche 2BMV5, sauf pour la couleur du matériau, plus
pâle à cause de sa plus faible humidité. Le plot a très peu fissuré au cours du temps, en raison
sûrement de l’humidité plus faible.
Les résultats de ces deux plots ne présentent pas de grandes différences avec les plots 1 et 2,
excepté pour la fissuration, qui n’a pas eu lieu en raison des conditions météorologiques moins
clémentes.
Une zone significative du plot 6 a présenté un manque (flash) après compactage sur la zone
sur compactée. Celui-ci est sûrement dû à la proximité du bord du plot avec le talus du dépôt,
couplé à un manque d’apport au régalage.
Plot 7PHV5
Une fois humidifié, le matériau présente tout de suite une plus forte plasticité. La surface
de compactage présente les traces du passage des pneus du compacteur (quelques millimètres
de profondeur). La résistance de surface est donc relativement faible. L’affaissement relatif de
la couche en fonction du nombre de passages du compacteur est important, comme montré en
figure 2.12. La surface de compactage n’est pas plane, indiquant une hétérogénéité de l’épaisseur
de couche (présence de flashs), comportement moins visible sur les autres planches.
Ce plot, au sur compactage, a présenté du matelassage sur certaines portions. Lors des passes
répétées de la bille, le matériau a atteint un état proche de la saturation, ce qui a dès lors rendu
le compactage impossible. La remontée du sol après le passage de la bille était clairement vi-
sible, sous forme de vague. La surface est restée lisse et n’a pas présenté de résurgence d’eau,
CHAPITRE 2. PLANCHE DE COMPACTAGE POUR LA CARACTÉRISATION DU
46 COMPORTEMENT DES MARNES À LA MISE EN ŒUVRE
Les empreintes du pied dameur sont nettes et propres, comme visible sur la figure 2.13 (sauf
endroits légèrement plus secs). La mouture n’est plus apparente : elle a été effacée au compactage
par la plasticité du matériau. Quelques traces de pneu sont visibles en surface. La non-uniformité
des teneurs en eau est aussi visible en surface.
Le plot 9PBHVP5 présente encore plus d’hétérogénéité d’humidité visible. Aucun pulvi-
mixage n’ayant eu lieu, les mottes de taille importante n’ont pu être humidifiées correctement.
Plots 10BHV5
Ce plot, initialement prévu dans le jeu de paramètres, n’a pu être réalisé. Le rouleau lisse ne
pouvait en effet circuler sur le matériau régalé sans que la bille se mette à glisser. Le compactage
n’était donc pas possible dans des conditions de sécurité adéquates.
Les carottages ont été effectués avec les moyens à disposition. Le carottier est un tube acier,
de 100mm de diamètre intérieur et de 500mm de longueur, équipé sur le côté de charnières
permettant de l’ouvrir en deux et de récupérer la carotte. Le carottier est graissé avant chaque
carottage pour faciliter la récupération et limiter les effets de bord. Le prélèvement s’effectue par
fonçage à l’aide d’une pelle mécanique, la récupération du carottier à l’aide de sangles attachées
au godet de la pelle. Une fois la carotte extraite, elle est filmée et placée dans un tube PVC pour
être protégée des chocs et des variations d’humidité. La procédure est présentée en figure 2.14.
Figure 2.14 – Mode opératoire des carottages sur les plots de la planche
Les carottes fissurent parfois lorsqu’elles sont extraites du carottier. La rupture a lieu au
milieu ou à l’interface entre les deux couches, rappelant que l’interface entre deux couches n’est
pas toujours bonne.
Présentation du PANDA
Le PANDA se présente sous la forme d’un jeu de tiges à visser qui vont être enfoncées dans
le sol. Une tête de frappe est montée sur les tiges 2.15. À chaque coup de marteau porté par
l’utilisateur sont enregistrées les valeurs d’enfoncement et d’énergie d’impact. L’énergie est alors
retranscrite sous la forme d’une contrainte résistante du sol. Les résultats d’essais se présentent
sous la forme de pénétrogrammes, présentant une résistance en pointe, calculée en fonction de
la profondeur. Du point de vue du contrôle de compactage, des critères sont définis en fonction
du type de matériau. Ils se présentent sous la forme de fuseaux, où le pénétrogramme doit se
trouver pour valider le compactage (Bacconet, Gourvès et Zhou 1995).
Le pénétrogramme manuel dynamique est un outil particulièrement apprécié pour sa fa-
cilité et sa rapidité d’utilisation. À l’origine développé pour le contrôle de tranchée, il s’est
démocratisé sur les chantiers de terrassement au cours des dernières années. Il est un bon indi-
cateur de la réponse mécanique d’un remblai. Il permet aussi de caractériser des l’épaisseur des
dépots archéologiques en mileu urbain (Galinié et al. 2003). Dans le cas du PANDA, plusieurs
pointes (2cm2 et 4cm2 ) sont à disposition pour la réalisation des essais selon le matériau étudié.
2. Laboratoire Ondes et Milieux Complexes, UMR CNRS 6294, thèse d’Andrianatrehina (2016)
CHAPITRE 2. PLANCHE DE COMPACTAGE POUR LA CARACTÉRISATION DU
48 COMPORTEMENT DES MARNES À LA MISE EN ŒUVRE
La présence importante de blocs dans le matériau pose quelques problèmes pour le post-
traitement des essais. Les cailloux génèrent des pics de résistance conséquents, lorsqu’ils sont
poussés par la pointe du pénétrogramme. Les blocs plus larges vont soit bloquer le pénétrogramme,
soit être poussés, augmentant artificiellement la résistance de pointe mesurée.
Dans le cadre de la planche, les essais pénétrométriques bruts sont traités à l’aide d’une
moyenne glissante. Une hauteur proche de 5cm a été choisie pour le lissage. Cette profondeur
correspond à 5 points de mesure pour les matériaux les plus raides, et descend à 3 points pour
les matériaux plus humides. Elle permet de faire disparaı̂tre les plus petites irrégularités de la
courbe. Le deuxième problème à résoudre est de faire disparaı̂tre les blocs des courbes brutes.
Pour pallier à ce problème en toute objectivité, les points dépassant un critère de résistance,
basés sur la valeur moyenne des points précédents, ont été éliminés (3 fois la moyenne des 5
points précédents). L’intérêt de l’objectivité de ces critères est de pouvoir traiter des futurs
pénétrogrammes dans le cadre du projet avec une influence minimale de l’opérateur. Dans le
cas de cette étude, une série de pénétrogrammes a été exécutée après avoir laissé certains plots
aux intempéries. Le critère permet donc de traiter ces mesures de la même manière que les
précédentes. L’inconvénient est que certaines anomalies ne parviennent pas à être effacées.
La figure 2.16 présente un pénétrogramme type réalisé sur la planche. Celui-ci ne montre pas
de problème de bloc. Il est facile de détecter sur la version lissée les trois couches réalisées, se
finissant chacune à −0.26, −0.47 et −0.82m de profondeur, soit des couches respectives de 26cm,
21cm et 35cm. Le pénétrogramme d’une couche compactée présente une évolution identique à
celle généralement observée pour les densités (Flavigny et Dendani 1984 ; Holtz et Kovacs
2.4. CARACTÉRISATION DES VARIABLES D’ÉTAT HYDROMÉCANIQUE DE LA
PLANCHE DE COMPACTAGE 49
0 0
−0.2 −0.2
−0.4 −0.4
Profondeur (m)
Profondeur (m)
−0.6 −0.6
−0.8 −0.8
−1 −1
0 5 10 15 0 5 10 15
Résistance en pointe Qd (MPa) Résistance en pointe Qd (MPa)
1981 ; LCPC et SETRA 2000). Les épaisseurs de couches estimées montrent la divergence de
taille de ces dernières, principalement due au mauvais contrôle du régalage du matériau. Des
relevés topographiques ont été utilisés pour limiter le problème. Malgré cela, le contrôle de
l’épaisseur finale compactée est difficile de par la nature même du matériau (Froumentin et
Morel 1981). Un matériau compacté en couches plus fines recevra donc une énergie de com-
pactage plus importante menant à une densité plus importante (Moussaı̈ 1993). L’utilisation
d’un bulldozer équipé d’un GPS aurait permis d’améliorer la précision du régalage. Après les
82cm de compactage, on trouve le support du plot bien plus résistant que la planche. Tous les
raisonnements et analyses seront exécutés sur la dernière couche compactée, les autres ne servant
que d’intermédiaire effaçant l’histoire du matériau support.
La figure 2.17 présente trois pénétrogrammes issus du même plot de compactage (donc même
jeu de paramètres). L’hétérogénéité du matériau apparaı̂t de manière franche, d’une part de par
les légères différences de profondeur de couche, mais aussi du point de vue de la résistance en
pointe. Apparaı̂t donc la nécessité de générer une courbe moyenne par plot pour effacer la va-
riabilité du matériau pour des comparaisons objectives entre jeux de paramètres. La variabilité
de l’épaisseur de couche étant un problème lors des comparaisons, une homothétie a été réalisée
pour normaliser l’épaisseur de chaque pénétrogramme. Cela permet aussi de faciliter le calcul
du pénétrogramme moyen.
Au final, les pénétrogrammes réunis dans un seul graphe montrent la réponse mécanique
moyenne d’un plot, comme présenté sur la figure 2.18 (une seule couche affichée). Ces graphes
fournissent également une idée des fuseaux des courbes. À gauche se trouvent les courbes brutes,
CHAPITRE 2. PLANCHE DE COMPACTAGE POUR LA CARACTÉRISATION DU
50 COMPORTEMENT DES MARNES À LA MISE EN ŒUVRE
0 0 0
Profondeur (m)
Profondeur (m)
−0.6 −0.6 −0.6
−1 −1 −1
0 5 10 15 0 5 10 15 0 5 10 15
Résistance en pointe Qd (MPa) Résistance en pointe Qd (MPa) Résistance en pointe Qd (MPa)
−0.4 −0.4
−0.5 −0.5
−0.6 −0.6
C3 Haut C3 Haut
=4.37/3.9 =4.25/3.57
−0.7 −0.7
C3 Bas C3 Bas
=4.86/4.48 =4.74/4.28
C2 Haut C2 Haut
=4.91/4.74 −0.8 =5.19/5.03 −0.8
C2 Bas C2 Bas
=3.8/3.05 =3.72/2.98
C1 Bas C1 Bas
=8.44/4.07 =4.5/3.89
−1 −1
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Resistance en pointe Qc (MPa) Resistance en pointe Qc (MPa)
Figure 2.18 – Graphique type récapitulatif par plot de compactage, première couche unique-
ment (normalement compacté en noir et sur compacté en magenta)
2.4. CARACTÉRISATION DES VARIABLES D’ÉTAT HYDROMÉCANIQUE DE LA
PLANCHE DE COMPACTAGE 51
à droite les courbes lissées. Les courbes pointillées présentent chaque pénétrogramme effectué sur
le plot, alors que la courbe pleine représente la courbe moyenne. Le noir représente le matériau
compacté normalement, le magenta représente le matériau sur compacté. Les valeurs sur le
côté du graphique présentent les valeurs moyennes et minimales (moyenne/minimum) de chaque
demi-couche de compactage (C1 à C3). Dans ce cas d’exemple, le sur compactage apparaı̂t clai-
rement comme un gain de résistance mécanique.
Pour chaque plot de compactage, une double page récapitulative, présentée en annexe 1,
donne les résultats de tous les essais effectués, y compris toutes les mesures pénétrométriques.
De manière à pouvoir faciliter les comparaisons, et en raison de la forme typique des mesures
pénétrométriques d’une couche, quatre valeurs ont été extraites. D’abord, les valeurs moyennes
sur la première et la deuxième moitié de la couche compactée, puis la valeur minimum sur les
deux mêmes portions. Ce sont ces graphiques qui serviront de référence pour l’étude. Il est à no-
ter que le sur compactage n’a eu lieu que sur la dernière couche de compactage (0 à -1). L’intérêt
des valeurs minimales est qu’elles sont obligatoirement représentatives du matériau compacté,
et non d’un bloc poussé, et permettent donc de mieux juger la couche.
La table 2.8 (p. 53) et la figure 2.19 (52) présentent les valeurs de résistance en pointe
moyennes et minimales de la courbe moyenne des pénétrogrammes d’un plot, séparé entre la
partie haute et la partie basse de la couche compactée. Ces valeurs sont extraites de la courbe
moyenne de chaque plot, présentée en annexe 1. Deux représentations sont données selon les
préférences de lecture : un histogramme et un tableau. Le magenta représente le sur compactage
(forcé) et le noir le compactage normal. Les pointillés représentent la base de couche, le trait
plein le haut.
Du point de vue des teneurs en eau, de faibles résistances pour les milieux humides sont ob-
servées. La résistance du matériau médium sont les plus fortes. Celle du matériau sec se trouve
entre les deux, mais reste relativement proche du matériau médium. Les matériaux humides
présentent des résistances en pointe autour de 2M P a, avec une courbe très linéaire, indiquant
une forte homogénéité de la résistance tout au long de la couche. À l’opposé, les matériaux
médiums présentent des différences de résistance importantes entre surface et fond de couche,
faisant ressortir le manque de compactage en fond de couche. Leur résistance moyenne avoisine
les 4 à 5M P a. Les matériaux secs présentent dans une moindre mesure ces écarts avec une
résistance moyenne autour de 3.5M P a. L’homogénéité du matériau humide oriente son usage
vers les barrages, une résistance en pointe de 2M P a étant suffisante pour ce type d’ouvrage.
Les deux autres teneurs en eau seront plus orientées routier et ferroviaire pour leurs portances
accrues.
La visibilité de l’effet de la mouture sur les résistances est relativement effacée en raison du
manque de résistance des mottes. La résistance reste autour de 4M P a pour le matériau médium
au VP5 alors qu’un léger gain de 0.5M P a peut être observé au rouleau lisse sur ce même
matériau. Une légère perte (0.5M P a) est observable du côté humide. Si les mottes avaient été
plus résistantes, elles n’auraient pas pu être écrasées par le compactage et auraient gardé leur
histoire. Les carottes auraient alors produit des points de rupture en plus grand nombre et les
pénétrogrammes auraient présenté des alternances plus marquées sur leur pression de pointe. La
figure 2.20 présente deux pénétrogrammes réalisés avant l’extraction du matériau. La résistance
en pointe alterne entre 2 et 5M P a, ce qui correspond globalement aux résistances vues sur la
planche. L’extraction et le pulvimixage ont pu par ailleurs apporter une diminution de cette
CHAPITRE 2. PLANCHE DE COMPACTAGE POUR LA CARACTÉRISATION DU
52 COMPORTEMENT DES MARNES À LA MISE EN ŒUVRE
4
Qc Moyen
0
3BSVP5 4BSV5 1BMVP5 2BMV5 5PMVP5 6PMV5 7PHV5 8PHVP5 9BHVP5
Plot de compactage
4
Qc Minimum
0
3BSVP5 4BSV5 1BMVP5 2BMV5 5PMVP5 6PMV5 7PHV5 8PHVP5 9BHVP5
Plot de compactage
résistance par déconfinement du matériau lors de l’extraction. La figure 2.20 (b) permet d’an-
ticiper la présence des blocs avant extraction par l’augmentation de la résistance en pointe sur
une plage de profondeur.
Les différences dans l’efficacité des compacteurs sont aussi bien visibles. Les dix premiers
centimètres des plots exécutés au pied dameur présentent une résistance plus faible que le rou-
leau lisse, en général 1M P a d’écart, en raison des empreintes laissées. Les couches du pied
dameur sont en principe plus homogènes, incitant son usage en barrage malgré des résistances
plus faibles, sauf du côté humide. Globalement, le rouleau pied dameur fournit un compactage
plus homogène. Cela se remarque par des fuseaux de pénétrogrammes beaucoup plus restreints
que ceux fournis par le rouleau lisse (c.f. annexe 1).
Le sur compactage des matériaux du côté sec a permis une augmentation de la résistance
mécanique (gain de 1 à 2M P a). L’effet du type de compacteur est renforcé, avec peu de change-
ment de résistance en fond de couche au V5, alors que le VP5 l’améliore nettement, de l’ordre de
1.5M P a. En revanche, du côté humide, une perte de résistance mécanique entre 0.7 et 1, 5M P a
apparaı̂t. Le matériau médium se place plutôt comme dans une zone de transition, avec des
gains (plots 1, 5 et 6) et des pertes au sur compactage (plot 4).
En utilisant un paramètre complémentaire, il est possible de clarifier par des hypothèses les
résultats présentés par les plots médiums et humides. Le pulvimixage apporte aux matériaux
une granulométrie de mottes plus fine. Ce dernier, couplé à la vibration, dont l’utilité initiale
est plus propre aux matériaux granulaires, permet de les réarranger dans une configuration plus
dense que ce qu’elle aurait été sur le matériau brut avant compactage. Le gain en densité est
donc plus important lors de celui-ci. Cette hypothèse est confirmée en partie par des résistances
plus importantes sur les plots médiums pulvimixés (N ◦ 5, 6) que sur les plots médiums bruts
(N ◦ 1, 2). Cela apporte une explication possible pour le gain de résistance du plot N ◦ 8, qui est le
CHAPITRE 2. PLANCHE DE COMPACTAGE POUR LA CARACTÉRISATION DU
54 COMPORTEMENT DES MARNES À LA MISE EN ŒUVRE
0 0
−0.2 −0.2
−0.4 −0.4
−0.6 −0.6
−0.8 −0.8
Profondeur (m)
Profondeur (m)
−1 −1
−1.2 −1.2
−1.4 −1.4
−1.6 −1.6
−1.8 −1.8
−2 −2
0 5 10 15 0 5 10 15
Résistance en pointe Qd (MPa) Résistance en pointe Qd (MPa)
(a) (b)
Normal Bloc à −1.1m
Figure 2.20 – Pénétrogramme du dépôt 18P2 avant extraction du matériau
seul plot humide à gagner en résistance au sur compactage. L’utilisation du pulvimixeur a aussi
tendance à entraı̂ner un séchage du matériau, le rapprochant du comportement d’un matériau
médium. Une très forte perte de teneur en eau (4 points) est d’ailleurs observée sur les carottes
de ce plot. L’injection d’eau a aussi pu être mal menée.
Le matelassage du plot 7 peut lui aussi être imputé à l’enfermement de l’air occlus du côté
humide. Il implique une forte perte de résistance. À noter qu’une perte de résistance importante
a été vue sur le plot 9, là où le pied dameur est plus efficace. Le matelassage n’est peut-être pas
visible en surface au pied dameur, mais apparaı̂trait en fond de couche.
foncer un tube métallique fermé en tête par une plaque, de manière à ce que sa liaison avec les
sols soit bien étanche. Avant le fonçage du perméamètre, la surface du plot a été raclée à la pelle
mécanique de façon à obtenir une surface plane, et éviter les biais de mesure liés à la différence de
finition entre compacteurs. De manière à mesurer une perméabilité à charge variable, la plaque
de tête est équipée d’un évent permettant de soustraire l’air du système, et d’une entrée pour
l’eau, reliée à une burette graduée. Une nuit est laissée au perméamètre pour saturer le plus
possible de sol et pouvoir alors faire la mesure. Pour limiter le gonflement que le sol pourrait
subir dans le perméamètre, du gravier grossier est déposé pour charger le sol, sur un papier-filtre.
Les mesures effectuées sur chantier sont présentées dans la table 2.9. Seuls les plots norma-
lement compactés ont été mesurés. Les trois plots humides n’ont pu être caractérisés faute de
temps.
L’effet de la teneur en eau peut être observé en regardant le compactage au VP5. Le matériau
plus sec s’est moins déformé, et a laissé des macropores potentiellement plus importants et fa-
vorisant la perméabilité du matériau, qui s’est vue multipliée par cinq (7.1 · 10−10 m · s−1 →
35.0 · 10−10 m · s−1 ).
Les conclusions précédentes mènent à dire que le pied dameur possède la capacité de re-
manier le matériau, sans la nécessité d’intervention du pulvimixeur. La perméabilité au pied
dameur est quasiment la même, quelle que soit la mouture (brut à 7.1 · 10−10 m · s−1 et pulvi-
mixé à 8.0 · 10−10 m · s−1 ). Les plots compactés au V5 avec matériau pulvimixé présentent une
perméabilité analogue (10.0 · 10−10 m·−1 ), renforçant les observations faites au PANDA sur l’ef-
ficacité du couple Pulvimixeur/rouleau lisse V5. La perméabilité du plot 2 (470.0 · 10−10 m · s−1 )
semble présenter une anomalie. La valeur enregistrée peut potentiellement être attribuée à la
fissuration que le plot a présentée.
Les matériaux compactés au pied dameur (les autres paramètres restent constants) présentent
des perméabilités plus fortes que ceux compactés au rouleau lisse. Le rouleau lisse montre une
CHAPITRE 2. PLANCHE DE COMPACTAGE POUR LA CARACTÉRISATION DU
56 COMPORTEMENT DES MARNES À LA MISE EN ŒUVRE
Globalement, les perméabilités se corrèlent relativement bien aux résistances en pointes. Là
où sont observées les résistances les plus faibles, seront observées les perméabilités les plus faibles.
Pour obtenir des mesures de densité, deux méthodes sont utilisées. La première est le gam-
madensimètre. Il permet d’obtenir une mesure quasi directe de la densité sur chantier. La mesure
consiste à introduire, dans un trou vertical préalablement foré, une source radioactive (137 Cs)
émettrice de photons γ et un détecteur en surface du sol. Le comptage des photons γ transmis
à travers le sol par le détecteur permet d’obtenir la masse volumique du sol. Le principe de la
mesure est présenté en figure 2.22. Pour chaque point de mesure, trois valeurs sont relevées en
effectuant à chaque fois une rotation de 120◦ de l’appareil. De plus, deux profondeurs de mesures
sont utilisées : 15cm et 25cm. La nécessité d’une surface plane (besoin d’effacer les empreintes
pour le pied dameur) et le peu de temps pour la réalisation de la planche ont poussé à limiter le
nombre de mesures. Ces dernières nécessitent une correction (faite ici) par rapport à la teneur en
eau réelle du matériau. En conséquence, des tarières pour mesurer les teneur en eau sont réalisées
à chaque point de mesure. Chaque plot contrôlé a subi 4 mesures (2 sur compactage normal et
2 sur compactage forcé). La deuxième méthode de mesure adoptée est la pesée hydrostatique
sur des prélèvements venant des carottes. La table 2.10 et la figure 2.23 (p. 58) présentent les
valeurs de densité mesurées au gammadensimètre et sur les carottes de la planche.
La première observation montre un écart flagrant, mais anticipé par les praticiens, des valeurs
mesurées sur les carottes et celles du gammadensimètre, car ce dernier sous-estime fortement
les valeurs de densité mesurées, alors que le carottage tend à les surestimer par compression
au fonçage. La sous-estimation par rayonnement vient du fait que la surface du récepteur n’est
pas en bon contact avec les sols. La surface du compactage n’étant pas forcement lisse, si un
2.4. CARACTÉRISATION DES VARIABLES D’ÉTAT HYDROMÉCANIQUE DE LA
PLANCHE DE COMPACTAGE 57
espace existe entre le sol et le récepteur, la mesure de densité peut être fortement sous-estimée
(lubking et al. 1980). Pour parer aux faiblesses du gammadensimètre, un double gammaden-
simètre a été créé (Stengel et al. 1986). Celui-ci présente l’avantage d’effectuer une mesure de
manière transversale à l’aide de tiges descendues dans un forage, et évite l’erreur générée par la
mesure diagonale du gammadensimètre simple. Il ne s’est pourtant pas démocratisé et est très
peu sollicité sur chantier car il demande une foreuse (problème de coût et temps d’intervention)
et nécessite une source radioactive plus forte (problème de stockage).
Les teneurs en eau médiums présentent des densités plus importantes que les deux autres te-
neurs en eau. Le matériau sec perd globalement (−0.03g ·cm−3 ). Le matériau humide présente en
général des valeurs de densité encore plus faibles que le matériau sec (−0.03g · cm−3 ), mais avec
une relative homogénéité sur l’épaisseur de couche, également observée pour le pénétrogramme.
Il est difficile de tirer des conclusions quant à l’effet du pulvimixage. Les mottes présentent
une résistance avant compactage proche des planches finales. De même, leur densité initiale est
proche de celle finale, ce qui occulte l’effet du compactage sur les densités vis-à-vis de la mouture.
Celui-ci n’a donc servi qu’à déformer les mottes de sol pour remplir les espaces entre ces dernières.
En comparant les deux compacteurs, une différence flagrante apparaı̂t : le VP5 donne des den-
sités de surface de compactage plus faibles, surtout sur matériaux médium et sec (−0.04g · cm−3
à (−0.10g · cm−3 ), rappelant les résultats de loudieu (1980). En revanche, les densités ob-
servées en fond de couche compactée au pied dameur sont meilleures que celles du rouleau lisse
(+0.04g · cm−3 ), excepté pour le croisement pulvimixage/rouleau lisse. Celui-ci donne à l’opposé
des surfaces très compactes, mais des fonds de couche moins performants. Sur matériau humide,
en revanche, le compactage semble plus homogène, quel que soit le compacteur choisi.
Carottes Gammadensimètre
Mouture Humidité compacteur N◦ niveau normal forcé normal forcé
Brut médium VP5 1 Haut 1.69 1.74 - -
Bas 1.75 1.71 - -
Brut médium V5 2 Haut 1.79 1.78 1.67 1.69
Bas 1.78 1.71 1.66 1.68
Brut sec VP5 3 Haut 1.72 1.72 - -
Bas 1.76 1.74 - -
Brut sec V5 4 Haut 1.76 1.74 1.66 1.69
Bas 1.77 1.74 1.64 1.69
Pulvimixé médium VP5 5 Haut 1.73 1.78 - -
Bas 1.70 1.74 - -
Pulvimixé médium V5 6 Haut 1.76 1.78 1.67 1.68
Bas 1.76 1.73 1.66 1.66
Pulvimixé humide V5 7 Haut 1.70 1.67 - -
Bas 1.70 1.70 - -
Pulvimixé humide VP5 8 Haut 1.58 1.67 - -
Bas 1.60 1.67 - -
Brut humide VP5 9 Haut 1.71 1.61 - -
Bas 1.73 1.73 - -
(g/cm3 ) (g/cm3 ) (g/cm3 ) (g/cm3 )
1.8
Compactage normal, bas
Compactage forcé, bas
Sec Médium Humide Compactage normal, haut
Compactage forcé, haut
1.75
Densité sèche Moyenne \rho_d (g\cm^3)
1.7
1.65
1.6
1.55
1.5
3BSVP5 4BSV5 1BMVP5 2BMV5 5PMVP5 6PMV5 7PHV5 8PHVP5 9BHVP5
Plot de compactage
Figure 2.23 – Valeurs moyennes des densités sèches mesurées sur carottes
2.4. CARACTÉRISATION DES VARIABLES D’ÉTAT HYDROMÉCANIQUE DE LA
PLANCHE DE COMPACTAGE 59
Un échantillon du matériau poreux à étudier est placé dans un fluide non mouillant, générale-
ment du mercure. Le fluide est alors soumis à des incréments de pression. Pour chaque incrément,
le volume injecté est mesuré. Or, à une pression donnée, le mercure ne peut entrer que dans une
taille de pore donnée. La taille en question est inversement proportionnelle à la pression par la
loi de Laplace (Eq. 1.1). Grâce à cette méthode, et en émettant une hypothèse quant à la forme
des pores (tubulaires), il est possible d’obtenir une idée de la répartition de leur taille comme
présentée en figure 2.24.
Figure 2.24 – Exemple de résultat de porométrie mercure (Daı̈an 2007) pour une argilite
La méthode présente néanmoins certains problèmes et biais que l’on doit connaı̂tre. Les
matériaux de type sol doivent être préparés avec soin et l’injection doit être très progressive,
de manière à éviter l’éclatement de l’échantillon (ou la destruction de son espace poral) due à
l’injection de mercure. De plus, l’échantillon doit être sec avant l’essai, menant à un retrait. Le
retrait par séchage implique une diminution de l’espace poral : l’échantillon n’est plus totalement
représentatif de son état initial. Un autre biais provient des porosités cachées. Il peut s’agir de
pores ne voyant les conditions extérieures qu’au travers de pores de plus petites tailles. Ces pores
seront lors de l’essai considérés comme des pores de taille inférieure à ce qu’ils sont réellement.
Pour connaı̂tre l’étendue du phénomène, il est d’usage de procéder à une extraction du mercure
par pression décroissante. Le mercure restera enfermé dans ces pores à l’extraction. Le volume
des pores cachés peut être estimé en comparant les courbes d’intrusion et d’extraction, .
Les mesures de porosité au mercure sont exécutées par le LOMC (Laboratoire Ondes et
Milieux complexes, Le Havre) Andrianatrehina 2016. Seules les injections ont été exécutées,
le matériel en place ne permettant pas de mesurer l’extraction. L’ensemble des résultats sont
présentés en annexe 1.
Deux phénomènes peuvent être mis en évidence par l’intermédiaire des porométries mer-
cure : le premier est la variation du volume total de porosité dans le matériau ; le second est le
déplacement de la taille de porosité dominante au sein du matériau compacté.
La valeur totale de l’intrusion nous donne une information sur la variation totale de volume.
Toutes deux sont présentées en table 2.11. Globalement, il y a une faible variation de porosité
CHAPITRE 2. PLANCHE DE COMPACTAGE POUR LA CARACTÉRISATION DU
60 COMPORTEMENT DES MARNES À LA MISE EN ŒUVRE
Table 2.11 – Porosités mesurées par porométrie mercure sur carottes de la planche
sur les carottes de sol médium et sec, avec une légère perte de porosité observée pour les plots 1
(médium, brut, VP5) et 4 (sec, brut, V5). Des pertes plus franches sont en revanche observables
pour les plots humides, mis à part le plot 9 (brut, VP5). L’observation des densités corrobore
ces observations.
0.012
4 passes
Intrusion Incrémentale (mLg−1)
12 passes
0.01
0.008 7PHV5
0.006
0.004
0.002
0 −3 −2 −1 0 1 2 3
10 10 10 10 10 10 10
Diamètre de pore (µm)
Figure 2.25 – Répartition volumique des tailles de pores pour le plot 7 (pulvimixé, humide,
V5) 6
Différence des taux d’occupation (%)
0
Usuellement, l’augmentation de l’énergie de compactage mène à une diminution de la taille
−2
des pores dominants (Richard et al. 2001 ; Bruand et Cousin 1995). Ici, en observant les
−4 Compactage forcé dominant
répartitions des porosités, d’autres informations sont accessibles. En regardant le plot numéro
7, où−6 le matelassage est apparu, il y a un déplacement clair de la valeur principale de taille
−3 −2 −1 0 1 2 3
10
de pores dominants10vers une valeur 10
plus forte par10
Diamètre de l’effet
10 10 10
pore (µm) du compactage. La figure 2.25 montre
clairement un décalage de la porosité par l’effet du sur compactage d’une valeur de 0.1µm vers
une valeur de 0.3µm.
Les matériaux médiums pulvimixés présentent une très faible variation du volume de vide.
Un léger déplacement de la taille de porosité dominante peut être observé au sur compactage.
Les matériaux médiums bruts ne présentent pas de décalage probant de la porosité au sur
compactage. Ce dernier entraı̂ne une augmentation du volume de porosité pour les plots 7, 8
et 9, dans le cadre des matériaux humides, avec une forte augmentation de la taille des pores
dominants pour le plot 7, mais aucune pour les autres.
2.4. CARACTÉRISATION DES VARIABLES D’ÉTAT HYDROMÉCANIQUE DE LA
PLANCHE DE COMPACTAGE 61
Il apparaı̂t que le pulvimixage a peu d’effet sur les valeurs de succion après compactage.
De la même manière que pour les autres paramètres, le plot N ◦ 8 présente une anomalie, avec
des succions très faibles au premier compactage et des succions plus importantes après un sur
compactage, probablement dû à l’hétérogénéité du plot.
Du point de vue du sur compactage, le compactage au pied dameur, aussi bien sur matériau
sec que médium, tend à garder une succion constante, alors que l’utilisation du rouleau lisse
présente une diminution relativement importante de succion pour ces humidités. Le matériau
humide présente globalement une forte perte de succion lors du sur compactage. Le plot N ◦ 9 sur
compacté présente une forte succion sur le fond de couche, probablement due à l’hétérogénéité
de ce plot, qui a été humidifié sans pulvimixage.
CHAPITRE 2. PLANCHE DE COMPACTAGE POUR LA CARACTÉRISATION DU
62 COMPORTEMENT DES MARNES À LA MISE EN ŒUVRE
√
mouture Humidité compacteur N◦ niveau normal forcé √round(normal)
round(f orce)
Brut médium VP5 1 Haut 456 533 1
Bas 424 724 1
Brut médium V5 2 Haut 2072 618 2
Bas 2143 584 2
Brut sec VP5 3 Haut 969 1041 1
Bas 1410 630 2
Brut sec V5 4 Haut 1558 624 2
Bas 1464 721 1
Pulvimixé médium VP5 5 Haut 922 1112 1
Bas 933 1372 1
Pulvimixé médium V5 6 Haut 1474 308 2
Bas 1813 520 2
Pulvimixé humide V5 7 Haut 877 100 3
Bas 796 202 2
Pulvimixé humide VP5 8 Haut 71 637 0
Bas 84 409 1
Brut humide VP5 9 Haut 579 180 2
Bas 679 1561 1
(kP a) (kP a)
Table 2.12 – Comparaison des valeurs de succion pour la variation du paramètre ”sur com-
pactage”
2
Succion s (kPa)
10
1
10
0
10
3BSVP5 4BSV5 1BMVP5 2BMV5 5PMVP5 6PMV5 7PHV5 8PHVP5 9BHVP5
Plot de compactage
Les données sont d’abord exploitées de manière tridimensionnelle de façon à fournir une
approche globale à leur croisement. La figure 2.27 présente tous les résultats précédents dans le
domaine densité-succion-saturation.
Il est difficile de faire la part des choses de manière évidente, notamment en raison de la
disparité des densités, expliquée par le mode de prélèvement. Tous les plots montrent une sa-
turation forte (supérieure à 90%). Les plots humides (7 à 9) présentent tout de même les plus
fortes saturations (proches de 100%). Des saturations aussi importantes sont certainement dues
au carottier, ayant entraı̂né une surdensification du sol. Le premier point clé de l’analyse se
trouve à une succion de 200kP a. Les plots humides s’alignent relativement bien sur une droite
proche de la saturation partant d’une densité de 1.55g/cm−3 vers une densité de 1.70g/cm−3 .
Passé 200kP a, il y a un éclatement clair des points ne permettant pas de fournir de corrélation.
Ceux-ci restent néanmoins enfermés dans un cône.
En représentant tous ces points dans un graphique de rétention (Fig. 2.28), il devient possible
de compléter la réflexion. La dispersion des points après une succion de 200kPa est clairement
visible dans le domaine succion/saturation. Le domaine teneur en eau/indice des vides confirme
la saturation par la proximité des points humides avec la ligne de compacité maximum. La dis-
parité des teneurs en eau apparaı̂t aussi, mais reste relativement bien corrélée aux succions. Ces
dernières semblent s’accorder de manière linéaire.
Les écarts entre fond et surface de compactage sont en général plus importants pour les
points au V5. Les points au VP5 sont en général mieux groupés, surtout en densité. Les écarts
de teneur en eau ne sont pas très importants au regard des plots s et m. En revanche, les plots
h présentent des disparités importantes de teneur en eau. Le pulvimixage efface une partie des
hétérogénéités de teneur en eau, mais se montre moins efficace sur les plots humides, plus par-
ticulièrement le plot 8.
Tous ces résultats, issus du compactage, mènent à la réflexion de leur positionnement. L’en-
semble des points est compris entre deux surfaces de rétention limites, dont l’une présenterait
une entrée d’air minimum aux alentours de 200kP a. Une infinité de surfaces pourrait alors être
dessinée entre ces deux limites, chacune d’entre elles présentant une entrée d’air différente et
dépendante de son degré de densification. Ce phénomène apparaı̂trait aussi bien dans le domaine
Sr(w) que Sr(s)
CHAPITRE 2. PLANCHE DE COMPACTAGE POUR LA CARACTÉRISATION DU
64 COMPORTEMENT DES MARNES À LA MISE EN ŒUVRE
100
99
98
97
Degré de saturation (%)
96
95
94
93
92
91
2
10
90
1.5
1.55
1.6
3
1.65 10
1.7
1.75
Densité sèche ρd (g/cm3) 1.8 Succion s (kPa)
100
99
98
97
Degrée de saturation (%)
96
95
94
93
92
1.8
91
1.7
90 1.6
2
Densité sèche ρd (g/cm3)
10
Succion s (kPa) 10
3 1.5
0.5 0.5
0.4 0.4 2 3
18 20 22 24 26 10 10
Teneur en eau w (%) Succion s (kPa)
100 100
Degré de saturation Sr (%)
96 96
94 94
92 92
90 90 2 3
18 20 22 24 26 10 10
Teneur en eau w (%) Succion s (kPa)
26
Compactage Normal, Haut
Teneur en eau w (%)
20
18
2 3
10 10
Succion s (kPa)
Figure 2.28 – Corrélation entre les différentes variables d’état par plot de compactage
CHAPITRE 2. PLANCHE DE COMPACTAGE POUR LA CARACTÉRISATION DU
66 COMPORTEMENT DES MARNES À LA MISE EN ŒUVRE
Du point de vue des praticiens, tournés vers la réalisation des ouvrages, plusieurs éléments
de la pratique du compactage émergent. Dans un objectif d’homogénéité, cas souvent recherché
pour les barrages, le rouleau pied dameur fournira un compactage homogène, quelle que soit la
mouture du matériau. Des résultats encore plus probants peuvent être obtenus avec un rouleau
lisse, à condition de lui fournir un matériau pulvimixé. Un des éléments-clés de la planche est
l’étude de l’effet du sur-compactage. Ce dernier fournit de bonnes résistances dans le cadre du
compactage de matériaux secs, rappelant fortement les pratiques espagnoles. En revanche, en
passant sur matériaux humides, le sur-compactage aura pour effet de réduire les résistances me-
surées, principalement dues à des densités et succions diminuées.
En raison de l’hétérogénéité des plots, il est difficile d’observer en détails les évolutions
des succions, des teneurs en eau et des densités. Ces résultats conduisent à une étude plus
approfondie des phénomènes en jeu, par l’intermédiaire d’une série d’essais de laboratoire. Ces
essais permettront de fournir des éléments complémentaires quant à la réponse physique du sol
après différents degrés de compactage.
Chapitre 3
Sommaire
3.1 Recherche de l’optimum de compactage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.2 Étude de l’évolution des composantes hydromécaniques au compactage . . . . 71
3.3 Analyse du comportement hydromécanique du matériau . . . . . . . . . . . . . 76
3.4 Réponse mécanique par essais de portance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
3.5 Conclusions et comportements observés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
67
CHAPITRE 3. ÉTUDE PROCTOR DE L’EFFET DU COMPACTAGE SUR LES
68 MATÉRIAUX FINS
Pour pouvoir fixer des objectifs de compactage in situ, il faut d’abord déterminer la réponse
du matériau à cette sollicitation. L’essai Proctor est le plus répandu dans ce domaine. Il consiste
en un compactage dynamique du sol, par couches, dans un moule cylindrique. La taille, la
masse et la hauteur de chute de la dame de compactage sont normalisées (AFNOR 1999). Deux
moules peuvent être utilisés, le moule Proctor et le moule CBR, comme présentés en figure 3.1.
L’essai permet de prendre en compte plusieurs niveaux de compactage, dont deux sont nor-
malisés : le Proctor normal, principalement utilisé en France, et le Proctor modifié, présentant
456% de l’énergie normale, présenté en table 3.1. L’intérêt d’avoir plusieurs énergies permet de
cadrer le compactage in situ et les variations possibles sur chantier (compactage faible à intense).
L’essai est répété à différentes teneurs en eau. Les résultats sont alors présentés sous la forme
d’un graphique teneur en eau/densité sèche. Les points peuvent subir une régression polynomiale
de degré 2 (Fig. 3.2), même si les praticiens préfèrent un tracé manuel de la courbe Proctor.
Ils indiquent que la densité sèche du côté très sec de l’optimum Proctor peut tendre vers une
constante, voire remonter légèrement. La courbe fournit une densité optimale ρdopn pour un
Proctor normal, ou ρdopm pour un Proctor modifié, ainsi qu’une teneur en eau optimale, res-
pectivement wopn ou wopm . Les courbes de saturation peuvent être ajoutées pour obtenir une
référence complémentaire. Elles sont établies à partir de la densité des grains ρs . Dans le cha-
pitre 1.1, une classification des domaines de saturation a été proposée. Cette dernière est ici
représentée par rapport au domaine Proctor (Boutonnier 2007) et montre que le compactage
des sols in situ se trouve dans des domaines proches de la saturation, surtout du côté humide
de l’optimum. Le découpage de domaines de saturation basé sur l’optimum Proctor est retrouvé
dans des publications antérieures. Lambe (1958) cité par Camp Devernay (2008) considérait
déjà deux domaines de comportement du côté sec et du côté humide de l’optimum. Le côté
sec présente un état du sol dit floculé , dû a l’historique des grains de la mouture, qui est
toujours visible après compactage. Le côté humide est, quant à lui, appelé état dispersé .
Cette définition est plus ou moins reprise par Cetin et al. (2007), mais à une échelle plus fine.
Les feuillets d’argile sont disposés et orientés de manière aléatoire du côté sec de l’optimum, sans
orientation préférentielle. En approchant l’optimum par le côté sec (variation de teneur en eau
Figure 3.1 – Schéma des moules type pour essai Proctor AFNOR 1999
3.1. RECHERCHE DE L’OPTIMUM DE COMPACTAGE 69
Figure 3.2 – Courbes types d’un essai Proctor avec domaine (Chapitre 1) de saturation
avant compactage), les feuillets vont avoir tendance à se mettre tous selon l’orientation parallèle
à la surface de compactage. Une fois passé l’optimum, les feuillets resteront globalement dans
ces directions.
La préparation du matériau dans le cas des argiles et marnes est primordiale. Ces matériaux
ont tendance à générer des mottes de sol une fois humidifiés. Les conseils d’usage montrent que
le choix de la mouture avant préparation peut générer des décalages de l’optimum Proctor. Il est
préférable de se fixer une mouture constante pour pouvoir comparer raisonnablement les essais.
Dans un autre contexte, le temps de repos offert après l’humidification joue lui aussi un rôle clé.
Par exemple, certaines argiles d’altération (Ferrier et al. 1980) montrent un décalage de l’opti-
mum de compactage de 4 points du côté humide pour la teneur en eau, et d’une perte de 6% de
densité optimum pour une durée d’humidification passant de 2 à 10 jours. Les problématiques
de moutures ont par la suite été confirmées par Benson et Daniel (1990), ainsi que Mazzieri
et Van Impe (2001), qui ont montré qu’une granulométrie bien étalée avec des grains secs per-
CHAPITRE 3. ÉTUDE PROCTOR DE L’EFFET DU COMPACTAGE SUR LES
70 MATÉRIAUX FINS
met de parfois effacer l’effet de la mouture malgré des mottes importantes. Les mottes les plus
petites iront alors combler les vides entre les plus gros agrégats. Pour finir, les agrégats d’argile
secs présentent plus de réactivité à l’effet de la mouture de par leur forte résistance mécanique
qui empêchera leur déformation (Ahmed, Lovell et Diamond 1974). Le problème est moins
marqué du côté humide, où les agrégats seront alors fortement déformables (Olson 1963).
La classification des sols du GTR complète la définition des sols utilisés dans le cadre des
compactages par une sous-classe hydrique. Cette sous-classe est rattachée, pour les matériaux
fins (A), à la teneur en eau naturelle du matériau par rapport à la teneur en eau de référence du
Proctor normal. Le matériau m sera aux alentours de wopn . Les matériaux h et th seront, eux,
plus humides, alors que les matériaux s et ts plus secs. Cet élément est d’une importance capi-
tale, car il fournira les informations nécessaires pour la bonne préparation du chantier (besoin
de traitement, matériel, préparation du matériau avant compactage ...).
L’étude de la succion en parallèle des essais de compactage a beaucoup été utilisée. Elle
s’opère généralement à l’aide de la méthode papier filtre (Chap. 1.2.3). Le papier filtre de mesure
et ses deux papiers de protection sont généralement insérés entre deux couches de compactage
directement dans le moule. Ils sont ensuite récupérés pour mesure après que le bloc de sol
compacté a passé une semaine dans un sac, pour éviter sa dessiccation et laisser le temps
au papier de s’équilibrer. Les résultats montrent peu d’effet de la part du compactage sur la
succion du côté sec de l’optimum Proctor pour les argiles (Romero, Gens et Lloret 1999), à
l’œdomètre par exemple, les courbes d’iso succion restant verticales quelle que soit l’énergie (Fig.
3.3). En revanche, du côté humide de l’optimum, une nette perte de succion est observable en
fonction de l’énergie de compactage. Cela a été confirmé globalement par la littérature. Baker
et Frydman (2009) présentent un condensé de résultats de différents auteurs et amènent les
conclusions suivantes :
- du côté sec, l’eau se trouve dans les micropores du sol ou est adsorbée. Ces pores ne seront
pas touchés par le compactage, ces derniers étant rattachés à la structure des grains et
non au squelette granulaire. Le compactage réduira la macroporosité vide sans changer
la teneur en eau massique.
- du côté humide, de la même manière, les macropores vont être diminués, augmentant
la saturation locale du matériau, et donc diminuant sa succion. Ce comportement est
d’ailleurs confirmé par la porosimétrie, qui montre un déplacement du volume total de
macroporosité vers le volume de microporosité, jusqu’à la disparition quasi totale de ce
premier.
La répartition des domaines de Boutonnier (2007) telle que présentée en figure 3.2 est en
partie basée sur ces hypothèses. Du côté sec, la succion ne varie pas avec l’énergie de compac-
tage. Ce résultat se retrouve sur des argilites (Yang, Lin et Huang 2012 ; Tripathy, Leong
3.2. ÉTUDE DE L’ÉVOLUTION DES COMPOSANTES HYDROMÉCANIQUES AU
COMPACTAGE 71
et Rahardjo 2005). À l’opposé, il y a variation du côté humide sur les matériaux argileux. En
revanche, Sawangsuriya, Edil et Bosscher (2008) montrent que les sables ne présentent pas
de variation du côté humide, résultat confirmé sur des silts (Heitor, Indraratna et Ruji-
kiatkamjorn 2014).Rao et Revanasiddappa (2000) montrent dans leur étude que la succion
peut être liée à l’indice de plasticité. Pour une teneur en eau donnée, plus l’indice de plasticité
est grand, plus la succion après compactage sera importante.
L’étude du compactage statique est issue principalement de la réalisation des briques de sol
(Olivier 1986 ; Olivier et al. 1997). Le compactage se fait dans un moule cylindrique libre. Un
premier cylindre est placé à la base et équipé d’un capteur de force. En tête, un cylindre est foncé
progressivement dans le moule, et le déplacement est mesuré pour pouvoir appliquer l’énergie
de compactage voulue (directement liée au déplacement appliqué). La comparaison entre cet
essai et la fabrication des briques de terre vibro foncées montre que la vibration apporte une
différence notable : un décalage de la teneur en eau de 2 à 3 points du côté humide à l’optimum
de compactage, pour une même énergie.
Certains chercheurs se sont penchés sur cet essai et l’ont comparé à la méthode Proctor
(Mesbah, Morel et Olivier 1999). La figure 3.4 montre clairement que le mode de compac-
tage joue un rôle sur l’optimum obtenu. En effet, pour une énergie de compactage équivalente
(550kJ/m3 ), on obtient une densité et une teneur en eau à l’optimum différentes entre compac-
tages statique et Proctor. Ce résultat a été confirmé plus tard par Sivakumar et Wheeler
(2000) et Wheeler et Sivakumar (2000). La différence est souvent attribuée à des pertes
d’énergie par frottements entre le sol et le moule. Ces résultats ont été confirmés par Daoud
(1996) et Kouassi et al. (2000).
L’avantage certain de l’essai statique est l’homogénéité de l’échantillon généré. En effet, Hei-
brock, Zeh et Witt (2003) montrent qu’il y a une forte variation de densité entre les fonds
du moule Proctor et la surface de ce dernier. L’énergie de compactage reçue par la première
couche est en fin de compte plus importante, car elle soutient les couches suivantes compactées.
Il y a donc un gradient de densité dans le moule fini. Dans le cadre du compactage statique, le
matériau sera plus homogène avec l’apport d’une vibration (Moussaı̈ 1993).
Figure 3.3 – Proctor à différentes énergies et courbes d’iso succion (Romero, Gens et Lloret
1999)
en eau souhaitée par séchage/humidification. Deux modes de séchage ont été considérés : le
premier utilise une étuve réglée à 110◦ C pour sécher le matériau, puis il est réhumidifié ; dans
le deuxième cas, le matériau sèche naturellement à l’air sans intervention thermique. Dans les
deux cas, une fois le matériau à la teneur en eau souhaitée, il est mis en sac, puis laissé une
semaine au repos pour homogénéisation avant compactage. Deux énergies ont été appliquées,
normale et modifiée, et seuls des moules CBR ont été utilisés. Suite aux premiers essais (sol
séché à 110◦ C) où un sac était préparé pour un moule, le mode opératoire a été corrigé pour
préparer un sac pour deux moules (un normal, un modifié). Cette méthode permet d’avoir un
Proctor normal et un Proctor modifié dans des conditions hydriques initiales proches, facilitant
ainsi la comparaison. Toutes les mesures de teneur en eau ont été exécutées à l’étuve à 110◦ C de
manière à avoir une référence identique et formelle de cette valeur, quelle que soit la préparation
initiale. La durée d’usage était de 24 heures pour tous les échantillons.
La figure 3.5 présente les résultats de l’essai Proctor pour les deux modes de séchage. Il
apparaı̂t clairement que le mode de séchage joue un rôle dans la valeur de la teneur en eau
d’optimum Proctor normal trouvée, le décalant de deux points du côté sec. L’optimum normal
pour le séchage naturel se trouve aux alentours de 21% alors que pour le séchage à 110◦ C il
se trouve vers 19%. La densité d’optimum est peu influencée, avec des valeurs respectives de
1.65gcm−3 et 1.64gcm−3 . Un décalage entre les deux modes de préparation peut être observé,
avec une proximité plus importante de la courbe de saturation pour le séchage naturel, et ce
pour les deux énergies de compactage. Ce résultat importe beaucoup dans le cadre des essais de
terrassement, où les essais de contrôle réalisés sur chantier sont souvent faits le plus rapidement
3.2. ÉTUDE DE L’ÉVOLUTION DES COMPOSANTES HYDROMÉCANIQUES AU
COMPACTAGE 73
possible, avec des séchages trop forts menant à des décalages étude/chantier/contrôle. Il s’inscrit
dans ce qui a pu être mis en évidence par Blight (2013) sur les sols résiduels. Le décalage est
imputé à deux phénomènes : tout d’abord, la température trop forte, qui permet de séparer une
partie de l’eau chimiquement liée ; ensuite, une forme de cuisson de la marne, qui mène à la
transformation chimique de sa composition, et change donc son comportement relatif à l’eau. Il
est à noter que peu d’observations ont été faites sur le sujet. Certains essais faits à température
donnée indiquent de fortes variations du comportement du matériau (Abu-Zreig, Al-Akhras
et Attom 2001), mais peu apportent des éléments quant au mode de préparation.
CHAPITRE 3. ÉTUDE PROCTOR DE L’EFFET DU COMPACTAGE SUR LES
74 MATÉRIAUX FINS
1.85
Optimum Nat.: w =14.4%, ρ =1.835g/cm 3, Proctor Normal naturel
d 1869kPa
3310kPa 51
72
1693kPa Proctor Modifié naturel
34
Saturation : 100%
1.8 Saturation : 80%
° 3
Optimum 110 C : w =16.0%, ρ d=1.776g/cm ,
423kPa
1.75 15
Densité sèche ρd (g/cm 3)
IPI
1.7 Succion
137kPa
7
22 4
2988kPa 80kPa
1.55
26
4011kPa
1.5
10 12 14 16 18 20 22 24 26
Teneur en eau w (%)
1.85
3
Optimum Nat.: w =14.4%, ρ d=1.835g/cm ,
Proctor Normal 110 °C
Proctor Modifié 110 °C
1.8 Saturation : 100%
2281kPa
Saturation : 80%
Optimum 110 °C : w =16.0%, ρ d=1.776g/cm 3,
14
1.75
Densité sèche ρd (g/cm 3)
3632kPa 971kPa
29 6
IPI
1.7 946kPa Succion
9
10
Optimum 110 °C : w =19.3% ρ d=1.615g/cm 3, 11 3473kPa
2449kPa
15 8 347kPa
1.6 2044kPa 1244kPa 4
6
1.55 730kPa
4kPa
3 1
250kPa
1.5
10 12 14 16 18 20 22 24 26 28
Teneur en eau w (%)
Figure 3.5 – Courbe Proctor de la marne de l’A304 pour séchage naturel et séchage 110◦ C
3.2. ÉTUDE DE L’ÉVOLUTION DES COMPOSANTES HYDROMÉCANIQUES AU
COMPACTAGE 75
De même, la taille de la mouture joue un rôle clé dans l’optimum de compactage. Les mesures
faites sur des mottes plus importantes (tamis de 20mm) prélevées sur chantier, présentées en
figure 3.6, donnent une densité optimale plus faible que la mouture fine de laboratoire, mais sa
teneur en eau ayant été obtenue par séchage naturel, il reste une bonne correspondance entre les
deux valeurs de teneur en eau à l’optimum. Le potentiel de déformabilité des mottes apparaı̂t
bien, avec un Proctor du côté humide très proche de celui préparé en laboratoire, alors que
plus on sèche le matériau, moins il arrive à atteindre les densités observées en laboratoire. La
disparité des points est plus importante, en raison de la réalisation manuelle de ces Proctors.
De même, l’hétérogénéité de la teneur en eau de la planche apparaı̂t aussi avec des écarts allant
jusqu’à 1.5 points.
En plaçant le nuage de points de la planche (Fig. 3.7), une forte proximité avec le Proctor
modifié est observée. Les échantillons sont tous dans un état quasi saturé (> 90%). La proximité
avec le Proctor modifié n’est pas une aberration, étant donné que le compactage chantier est
souvent estimé être à une énergie plus importante que le Proctor normal (selon les praticiens).
Il est en effet difficile de mesurer directement l’énergie volumique appliquée par le compacteur.
La méthode du Q/D incluse dans le GTR (LCPC et SETRA 2000) ne permet que d’estimer
cette valeur. Le compactage reçu en chantier dépend fortement de la constance de la vitesse
du compacteur et de l’épaisseur de couche compactée. Il faut noter, comme présupposé dans le
chapitre précédent, que les fortes densités et la quasi-saturation pour toutes les teneurs en eau
proviennent de l’effet du carottage qui a engendré de plus fortes densités par fonçage.
1.7
Proctor Normal naturel
Proctor Normal Chantier
1.68 Saturation : 100%
Saturation : 80%
1.66
1.64
Densité sèche ρd (g/cm 3)
1.62
1.6
1.58
1.56
1.54
1.52
1.5
16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26
Teneur en eau w (%)
Figure 3.6 – Comparaison entre Proctor préparé en laboratoire et Proctor exécuté du chantier
CHAPITRE 3. ÉTUDE PROCTOR DE L’EFFET DU COMPACTAGE SUR LES
76 MATÉRIAUX FINS
1.85
Proctor Normal naturel
Proctor Modifié naturel
Carottes Planche
1.8 Saturation : 100%
Saturation : 80%
1.75
Densité sèche ρd (g/cm 3)
1.7
1.65
1.6
1.55
1.5
10 12 14 16 18 20 22 24 26
Teneur en eau w (%)
Figure 3.7 – Comparaison entre Proctor préparés en laboratoire et mesures sur carottes de la
planche
4
10
Avant Compactage
Proctor Normal
Proctor Modifé
3
10
Succion s (kPa)
2
10
1
10
12 14 16 18 20 22 24 26
Teneur en eau w (%)
Figure 3.8 – Évolution de la succion au cours du compactage pour matériaux séchés naturel-
lement (mouture laboratoire)
pactage. Les mesures réalisées sur les carottes de la planche ne descendaient pas en dessous des
90% de saturation. De manière à mieux interpréter l’état du matériau de la planche, des courbes
de rétention ont étés réalisées sur des échantillons prélevés sur les Proctor. Seules les parties
proches de la saturation des courbes ont été mesurées, pour des Proctor réalisés plutôt du côté
humide de l’optimum normal.
Les mesures sont exécutées sur de petits échantillons cubiques (∼ 1.5cm de côté). Pour ob-
tenir les courbes de séchage, les échantillons sont placés en dessiccateur, à une humidité relative
ambiante de 85% (chlorure de potassium). Cette hygrométrie permet de limiter la vitesse de
séchage des échantillons pour une meilleure maı̂trise des teneurs en eau visées. La saturation est
exécutée par ajout d’eau. La quantité d’eau nécessaire pour atteindre le point visé est progres-
sivement ajoutée à la pipette. Un temps de repos est laissé à l’échantillon dans une atmosphère
proche de 100% d’humidité relative pour homogénéisation. Certains échantillons, une fois sa-
turés, sont alors placés en dessiccateur pour obtenir des points pour la courbe de séchage, mais
à un degré de saturation plus élevé que les points Proctor initiaux.
Une fois l’échantillon à la teneur en eau ciblée, il est emmailloté dans un film avec un papier
filtre de manière à mesurer sa succion. Après une semaine d’homogénéisation, le papier filtre
est pesé ; l’échantillon subit alors une pesée hydrostatique (liquide non mouillant) et un séchage
pour connaı̂tre sa densité, sa teneur en eau et son degré de saturation. Cette méthode a d’abord
été éprouvée sur les matériaux préparés à 110◦ C d’oú un manque de points, puis réitérée sur les
matériaux obtenus par séchage naturel.
La figure 3.9 présente les trois courbes de rétention pour un matériau séché naturellement,
Ind
Ind
Ind
0.5 0.5 0.9 0.5 0.9 0.9 0.9 0.9 0.9
0.4
CHAPITRE 0.4
3. ÉTUDE PROCTOR0.8 DE0.4L’EFFET0.8DU COMPACTAGE
0.8 0.8 SUR
0.8 LES 0.8
1 1 1
0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5
s =1160kPa s =2511kPa
air air
1
0.95 0.95 0.95
0.4 0.4 0.4 0.4 0.4 0.4
0.9
0.9 0.9 0.9
e (−) Sr (−)
1 1 1 1 1 1
s =1160kPa
devides
0.6
Indice
, ρ =1.62
ifié w=23.0% d 0.75 Point en séchage Point Proctor Point en séchage
Pnormal w=19.5%, ρd=1.63 Point Proctor Point Proctor
Pnormal0.2 ρ =1.65
0.15 0.15 Pmodifié w=22.0% ρd=1.63
w=22.0% d
Pmodifié0.2 ρ =1.68 0.2
w=22.0% d
0.7 Pnormal w=24.0%, ρd=1.65
Pmodifié w=23.0%, ρd=1.62 Pmodifié w=19.5%, ρd=1.75
Pnormal w=19.5%, ρd=1.63
0.15 0.15 0.15
0.65
0.1 1 2 3 4
0.1 1 2 3 4
10 10 10 10 10 10 10 10
0.6 1 2
Succion s (kPa) 3 4
Succion
0.1 s (kPa) 0.1 1 0.1 1 4
0.2 0.25 0.3 0.35 10 10 10 10 1 2 3 2 3
10 10 10 10 10 1010 10
neur en eau w (−) Succion s (kPa) Succion s (kPa) Succion s (kPa)
be de saturation
be de séchage avec
0.25des densités initiales différentes. Ce choix est fait sur la base des observations de Sivakumar
t en saturation
t en séchage et Wheeler (2000) montrant que le mode de compactage importe peu : seule la densité initiale
t Proctor
ρ =1.68
ifié w=22.0% d
compte
0.2 lorsqu’il s’agit de la rétention. Une séparation a tout de même été gardée entre Proctor
, ρd=1.75
ifié w=19.5% normal et modifié pour les densités voisines de 1.64g/cm3 . La pente des droites de saturation
augmente
0.15 à mesure que la densité initiale augmente. La pente est directement liée à la progres-
sivité de la vidange du sol au regard de la succion : plus la vidange est progressive, plus elle
suggère
0.1
10
des tailles10 de pores mieux 1
10
réparties.
2
10
À mesure que des densités plus fortes sont atteintes,
3 4
Succion s (kPa)
les plus gros pores rétrécissent progressivement, menant ainsi à une taille plus homogène de ces
pores. Plus la taille des pores est homogène, plus la désaturation du matériau sera brutale. Cette
disparition des porosités les plus grandes est confirmée par l’évolution de la succion d’entrée d’air
(sair ). L’entrée d’air augmente à mesure que la densité initiale augmente (1160kP a, 2511kP a,
3168kP a). Une densité initiale plus faible conduit à une taille moyenne de pore plus faible. Pour
autant, les deux courbes autour de 1.64g/cm3 montrent des entrées d’air différentes, et donc
un agencement de pores différent. L’énergie de compactage plus forte aurait potentiellement
augmenté la taille du pore moyen par des pressions de fluide interstitiel plus importantes. Les
pores sur-compactés seraient donc de plus grande taille pour une densité équivalente. Les pores
les plus grands, une fois saturés par le compactage, vont se déformer (rétrécissement) par le
travail complémentaire apporté par le sur-compactage. L’eau est donc chassée des pores vers
les pores de plus petite taille qui l’entourent ; ceux-ci vont donc se déformer, car ils ne peuvent
pas dissiper facilement la surpression (Fig. 3.10). La densité reste en revanche inchangée grâce à
un équilibre entre pores augmentant de taille et pores rétrécissant, au détail près des variations
des tailles de bulles d’air. Ce comportement de circulation d’eau couplé à la compressibilité des
bulles d’air explique le matelassage, l’air reprend une pression plus faible après le passage de la
3.3. ANALYSE DU COMPORTEMENT HYDROMÉCANIQUE DU MATÉRIAU 79
Les courbes de rétention présentent une hystérésis. Elles se resserrent à mesure que la densité
initiale augmente. Ce phénomène est lié à la disparition de la porosité de plus grande taille cachée
derrière des pores de plus petite taille. Ces derniers ne sont que peu influencés par le compac-
tage. La courbe de rétention pour une densité initiale de 1.64g/cm3 (b) montre des difficultés à
atteindre une saturation. Le degré de saturation est bloqué à une valeur de 90%. Ce blocage est
dû à l’enfermement de bulles d’air dans le sol, bloquant sa saturation. Ce comportement tend
à renforcer les hypothèses proposées par Mahmutovic et al. (2014). Les bulles sont enfermées
dans le fluide interstitiel, changeant sa compressibilité et donc le comportement hydromécanique
du sol. Ce phénomène n’apparaı̂t pas sur le matériau sur-compacté. Une porosité plus uniforme
en termes de taille mènera à diminuer les chances d’enfermer de l’air. Passé en dessous d’une
succion autour de 100kP a, le sol change de comportement, se rapprochant d’une boue, et les
bulles ont disparu, probablement dissoutes.
La figure 3.11 présente le degré de saturation en fonction de la teneur en eau lors des chemins
de drainage et humidification pour chaque densité initiale. Les observations sont proches de celles
faites pour la saturation en fonction de la succion, au détail près qu’il n’y a pas d’hystérésis,
sauf en cas d’enfermement d’air dans l’échantillon (saturation bloquée à 90%). La pente de la
courbe de saturation augmente à mesure que la densité initiale augmente. Plus la taille moyenne
de porosité sera faible, plus elle sera saturée à une teneur en eau plus faible.
Les variations d’indice des vides en fonction de la teneur en eau sont présentées en figure
3.12. Il n’y a pas d’hystérésis comme à l’usage, même lorsque les bulles d’air sont emprisonnées.
Le comportement avant entrée d’air ne diffère que très peu entre les différents niveaux de compa-
cité, longeant globalement la courbe d’optimum de compacité. En revanche, la courbe post-entrée
In
In
In
0.5 1 0.5 0.5 1 1 1 1 0.5 1
CHAPITRE
0.4 3. ÉTUDE PROCTOR
0.9 0.4 DE0.4 L’EFFET
0.9 0.9 DU COMPACTAGE
0.9 0.9 0.4 SUR LES
0.9
0.9 0.9
0.9 0.4 0.9 0.9 0.4 0.4 0.4 0.4 0.9 0.4
e (−) Sr (−)
e (−) Sr (−)
saturation
0.1 0.2 0.25 0.3
0.1 0.35
0.15 0.2101 0.25 0.3
0.1 0.35
0.15
10
2 0.25 3
0.3
10 0.35
10
2
1010 10
3 2
10
4
10
Teneur en eau w (−) Teneur en eau w (−) Teneur en eau
Succion w (−)
s (kPa) Succion s (kPa) Succio
devides
devides
0.8
0.7 1 0.8
0.7 0.8 1 1 1 1 0.8 1
s =1160kPa s =251
air air
des
des
0.75 0.95 0.75 0.75 0.95 0.95 0.95 0.95 0.75 0.95
Degré
Degré
0.6 0.6
Indice
Indice
0.9 0.9 0.9 0.9 0.9 0.9
Srw(−)
Courbe de saturation
Courbe de saturation courbe de séchage
en eau
Courbe de saturation
courbe de séchage 0.25
Point en saturation
Point en séchage
d’air montre des pentes de plus en plus faibles
0.2 à mesure que la densité initiale augmente. Ces
Point Proctor
Pmodifié w=22.0% ρd=1.68
variations de pente Pmontrent que les matériaux avec une densité initiale plus faible présenteront
, ρ =1.75
modifié w=19.5% d
1 1 1 1 1 1
0.9 0.5 0.9 0.9 0.5 0.5 0.5 0.5 0.9 0.5
0.5 0.9 0.5 0.5 0.9 0.9 0.9 0.9 0.5 0.9
Degré de saturation Sr (−)
e (−) Sr (−)
saturation
devides
0.8
0.7 0.8
0.7 0.8 0.8
Teneur en eau w (−)
des
Degré
Indice
Point en séchage
Point en séchage Point Proctor Point en séchage
0.7 0.7 Point Proctor 0.7 Point Proctor 0.7
Pnormal0.2 ρ =1.65
0.5 0.5 Pmodifié w=22.0% ρd=1.63 w=22.0% d
Pmodifié0.2 ρ =1.68 0.2
w=22.0% d
Pnormal w=24.0%, ρd=1.65
0.65 0.65 Pmodifié w=23.0%, 0.65
ρd=1.62 Pmodifié w=19.5%, ρd=1.75
0.65
Pnormal w=19.5%, ρd=1.63
0.4 0.4 0.15 0.15 0.15
0.6 0.6 1 0.6 0.6 4 1
0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 10 0.1 1020.15 0.2 0.25103 0.3 0.35 10
10
2
10 10
3
Srw(−)
Courbe de saturation
Courbe de saturation courbe de séchage
en eau
0.65 0.65
0.1 1 2 3
0.1 4 1 2 3
10 10 10 10
10 10 10
0.6 0.6 1 2
Succion s (kPa) 3 4
Succion s (kPa)
0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 10 10 10 10
Teneur en eau w (−) Succion s (kPa)
0.35
0.3
Teneur en eau w (−)
Courbe de saturation
courbe de séchage 0.25
Point en saturation
Point en séchage
Point Proctor
0.2
Pmodifié w=22.0% ρd=1.68
CHAPITRE 3. ÉTUDE PROCTOR DE L’EFFET DU COMPACTAGE SUR LES
82 MATÉRIAUX FINS
1 1 1 1 1 1
1 1 1
0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5
0.85
0.8 0.85 0.85
saturation
référence
0.9 Courbe de saturation
Sr w
, ρ =1.62
ifié w=23.0% d 0.75
Pnormal w=19.5%, ρd=1.63
0.15 0.15
0.7
0.65
0.1 1 2 3 4
0.1 1 2 3 4
10 10 10 10 10 10 10 10
0.6 1 2
Succion s (kPa) 3 4
Succion s (kPa)
0.2 0.25 0.3 0.35 10 10 10 10
neur en eau w (−) Succion s (kPa)
0.35
0.3
Teneur en eau w (−)
be de saturation
be de séchage 0.25
t en saturation
t en séchage
t Proctor
ρ =1.68 0.2
ifié w=22.0% d
, ρd=1.75
ifié w=19.5%
0.15
0.4 0.4 0.4
3.3. ANALYSE DU COMPORTEMENT HYDROMÉCANIQUE DU MATÉRIAU 83
0.3 1 2
0.3 3 4
0.3 1 2 3 4
0.2 0.25 0.3 0.35 10 10 0.1 0.15
10 0.2 0.25 100.3 0.35 10 10 10 10
neur en eau w (−) Succion s (kPa) Teneur en eau w (−) Succion s (kPa)
1 1 1
s =1160kPa s =2511kPa
air air
1
0.95 0.95 0.95
0.9
0.9 0.9 0.9
e (−) Sr (−)
1 1 1 1 1 1
des
0.6
Indice
t en saturation sair=1160kPa
Point en séchage
t en séchage Point Proctor 0.95 0.95 0.95 0.95 0.95 0.95
Teneur
, ρd=1.62 0.75
ifié w=23.0%
Pnormal w=19.5%, ρd=1.63 0.85 0.85 0.85 0.85 0.85 0.85
0.15 0.15
0.7 0.8 0.8 0.8 0.8 0.8 0.8
La figure 3.13 présente les variations d’indice des vides en fonction de la succion. On retrouve
ici la hiérarchie des indices des vides à l’entrée d’air en fonction de la densité initiale. Les observa-
tions post-entrée d’air correspondent à celles faites pour les graphiques dépendant de la teneur
en eau. En revanche, la partie avant l’entrée d’air fournit des informations complémentaires.
L’hystérésis entre séchage et humidification apparaı̂t de nouveau. Sa taille augmente d’autant
que la densité initiale faiblit. Les pentes de la courbe d’humidification et de séchage montrent des
pentes plus importantes à mesure que la densité initiale augmente. Une pente plus importante
pour l’humidification implique que pour une variation de succion négative donnée, un matériau
présentant une densité initiale plus importante entraı̂ne un gonflement plus important, pouvant
aboutir à des désordres importants sur un ouvrage. Le matériau présentant des bulles d’air
montre un virage de la courbe lors de la dissipation des bulles d’air, changeant le comportement
du matériau. Ce dernier approche visuellement le comportement d’une boue.
0.6 0.6
0.6 0.6
0.6 0.6 0.6
La figure 3.15
0.5 0.5
présente0.5
une comparaison
0.5
entre les
0.5
courbes0.5de saturation en fonction 0.5
de la
succion présentée précédemment aux points mesurés sur un matériau séché à 110◦ C, pour une
0.4 0.4 0.4 0.4
densité
0.4
initiale équivalente. 0.4
Une hystérésis plus importante
0.4
peut être observée, avec une succion
d’entrée
0.3
d’air plus
0.3
0.1 importante
0.15 0.2
0.3 0.25
pour
0.3 0.35 les 10
0.3
matériaux10séchés
0.3
au 10four.0.1 La
0.3
0.15raison
100.2 de 0.3cette
0.25 0.35 entrée
0.3
10 d’air 1 2 3 4 1 2
10 10
3
0.35 0.35
0.6 1 2
0.6 3 4
0.6 1 2 3 4
0.2 0.25 0.3 0.35 10 10 0.1 0.15
10 0.2 0.25 100.3 0.35 10 10 10 10
neur en eau w (−) Succion s (kPa) Teneur en eau w (−) Succion s (kPa)
0.3 0.3
Teneur en eau w (−)
de saturation (naturelle) Pnormal (110° C) w=20.0%, ρd=1.62 Pmodifié (110° C) w=18.5%, ρd=1.72
de séchage (naturelle) Courbe de saturation
Pmodifié (110° C) w=23.5%, ρd=1.60
saturation (110° C) 0.25 courbe de séchage 0.25
0.15 0.15
° Point en saturation
séchage (110 C)
° Point en séchage
octor (110 C)
° ρ =1.60
Figure
0.2
3.15 – Courbes de saturation (séchage naturel) 0.2
en fonction de la succion, comparées
0.1
Point Proctor
0.1 1
10 C) w=22.0% d 10 ◦ 10 10 10 Pmodifié (110° C) w=21.0%
10 ρd=1.68
2 3 4 1 2
10 10
3
°
10 C) w=20.0%
, ρ =1.62
d
aux points de rétention obtenus
P
avec séchage
, ρ =1.72
à 110 CSuccion s (kPa)
°
Succion s (kPa)
modifié (110 C) w=18.5% d
°
110 C) w=23.5%
, ρd=1.60
0.15 0.15
0.1 1 2 3 4
0.1 1 2 3 4
10 10 10 10 10 10 10 10
Succion s (kPa) Succion s (kPa)
Indi
Indi
Indi
Indi
0.5 0.5 0.5 0.5
3.3. ANALYSE
0.4 DU COMPORTEMENT
0.4 HYDROMÉCANIQUE
0.4 DU MATÉRIAU 0.4 85
0.3 0.3 1 2 3
0.3 4
0.3 1 2 3
0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 10 10 10 0.1 0.15 100.2 0.25 0.3 0.35 10 10 10
Teneur en eau w (−) Succion s (kPa) Teneur en eau w (−) Succion s (kPa)
1 1 1 1
s =2511kPa
1 1 1 air
0.95 0.95 0.95 0.95
0.35 0.35
0.3 1 2
0.3 3 4
0.3 1 2 3 4
0.2 0.25 0.3 0.35 10 10 0.1 0.15
10 0.2 0.25 100.3 0.35 10 10 10 10
neur en eau w (−) Succion s (kPa) Teneur en eau w (−) Succion s (kPa)
0.3 0.3
1 1 1
Teneur en eau w (−)
0.6 1 2
0.6 3 4
0.6 1 2 3 4
0.2 0.25 0.3 0.35
neur en eau w (−) liée 0.1sau
plus 10haute peut 10êtreSuccion 0.15
graphique
10 0.2 0.25 100.3
(kPa) Teneur en eau w (−)
0.35
présenté en figure
10 3.16, montrant
10 l’indice
10
Succion s (kPa)
des vides
10 en
fonction de la succion. Le potentiel de retrait-gonflement semble plus faible, manifesté par une
0.35
pente moins importante. Cette plus faible réduction 0.35 d’indice des vides mène à la supposition d’un
changement chimique du matériau. Des quantités (faibles) de montmorillonites sont observées
0.3 0.3
pour le matériau naturel. La cuisson du matériau a pu potentiellement désactiver ces dernières,
Teneur en eau w (−)
de saturation (naturelle)
de séchage (naturelle) menant à la sous-estimation Courbe du deretrait/gonflement.
saturation Moins de retrait implique une variation
saturation (110° C) 0.25 courbe de séchage 0.25
séchage (110° C)
moins rapide de la taille des pores de l’échantillon, et donc à une entrée d’air plus tardive. Les
Point en saturation
L’ensemble des points se trouve dans la partie fortement saturée, comme présentée en figure 3.17.
L’étude du degré de saturation permet d’avancer l’hypothèse qu’une forte quantité d’air est en-
fermée dans le sol lors du compactage. En effet, sans l’effet d’enfermement de bulle bloquant la
saturation aux alentours de 90% entre des succions de 100 à 2000kP a, une grande partie des
points de la planche se seraient retrouvés hors des limites de l’enveloppe.
Du point de vue de l’indice des vides, les points se trouvent relativement bien corrélés avec la
teneur en eau. En revanche, il y a une légère discordance en fonction de la succion. Notons que
l’indice des vides mesuré sur les carottes n’est pas le résultat d’un séchage ou d’une humidifica-
tion. La succion mesurée est donc la conséquence d’une densification et non d’un changement
hydrique. Au contraire, la teneur en eau restant constante lors du compactage, couplé à la quasi-
CHAPITRE 3. ÉTUDE PROCTOR DE L’EFFET DU COMPACTAGE SUR LES
86 MATÉRIAUX FINS
1 1
1 1
Degré de saturation Sr (-)
0.9 0.9
0.8 0.8
0.7 0.7
0.6 0.6
0.1 0.2 0.3 101 102 103 104
Teneur en eau w (-)
0.35
Teneur en eau w (-)
0.3
0.25
0.2
0.15
0.1
Enveloppe des courbes de rétention
Mesures sur carottes de la planche
101 102 103 104
Succion s (kPa)
Figure 3.17 – Mesures sur les carottes de la planche de compactage comparées à l’enveloppe
des courbes de rétention
saturation, permet une meilleure corrélation avec les courbes de saturation. En effet, les points
restent proches de la courbe de compacité maximale, tout comme les courbes de saturation.
Pour finir, les points de la planche ne restent pas tous dans l’enveloppe pour la relation
teneur en eau / succion. Les points les plus humides sont bien placés relativement à l’enveloppe
des rétentions. Ce sont les fortes succions qui semblent ne pas suivre l’enveloppe.
3.4. RÉPONSE MÉCANIQUE PAR ESSAIS DE PORTANCE 87
L’essai classique issu de la géotechnique routière est l’IPI (Indice de Portance Immédiat),
aussi appelé CBR (Californian Bearing Ration) aux États-Unis. Comme son nom l’indique, l’es-
sai s’effectue sur un matériau compacté en moule CBR. Il consiste en l’enfoncement progressif
à vitesse constante d’un piston de 5mm de diamètre dans le sol arasé. Les forces requises à la
pénétration sont prises à des profondeurs normalisées. L’essai est généralement arrêté à 10mm
d’enfoncement. La valeur d’IPI est définie par les forces mesurées à 2.5mm et 5mm, rapportées
à une force de référence, comme présentée en équation 3.1.
F2.5 F5.0
IP I = M ax · 100 ; · 100 (3.1)
13.35 19.93
Les valeurs de 13.35kN et 19.93kN sont les valeurs conventionnelles fournies par la norme issues
d’un matériau de référence (AFNOR 1997).
D’autres essais mécaniques peuvent apporter des informations complémentaires sur le maté-
riau. L’essai le plus basique à mettre en œuvre reste la compression simple. Souvent référé RC, il
s’agit d’un essai dérivé d’études sur les bétons. Comme pour les essais présentés précédemment,
la résistance mécanique diminue fortement avec une augmentation de la teneur en eau, la succion
jouant un rôle primordial (Cui, Alzoghbi et Delage 2001 ; Cabot et Le Bihan 1993). De
même que l’IPI, l’essai de compression simple est sensible à la teneur en eau du matériau.
La résistance du matériau sera faible à basse teneur en eau, et subira un pic de résistance
au niveau de la teneur en eau de l’optimum Proctor. Une fois passé ce seuil, la résistance
diminuera. La variation d’énergie de compactage sera peu visible du côté humide de l’essai,
mais tendra à augmenter la résistance aux abords de l’optimum Proctor (Camp, Gourc et Plé
2010 ; Cui, Alzoghbi et Delage 2001). Camp et al. (2007) et Plé et al. (2012) montrent que
CHAPITRE 3. ÉTUDE PROCTOR DE L’EFFET DU COMPACTAGE SUR LES
88 MATÉRIAUX FINS
90 90
Sable seul
90% sable,10% arigile
80 95% sable,5% arigile 80
wopt Sable
w 90/10
opt
70 wopt 955 70
60 60
50 50
IPI (−)
40 40
30 30
Sable seul
20 20
90% sable,10% arigile
95% sable,5% arigile
sair Sable
10 10
sair 90/10
sair 955
0 0
0 5 10 15 20 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Teneur en eau w (−) Succion s (kPa)
Figure 3.18 – Courbes CBR/w et CBR/succion pour différents mélanges de sables et d’argile
(Purwana 2013)
l’augmentation de la teneur en eau mène à des déformations avant rupture plus importantes,
mais à des résistances mécaniques de rupture plus faibles.
De manière à affiner ces études, l’essai triaxial prend le relais. Dans l’ensemble, le comporte-
ment vis-à-vis de la teneur en eau est le même que celui du RC, impliquant des pertes de cohésion
non drainée (cu ) à mesure que la teneur en eau augmente (Craig et Gallagher 1997). Des
essais sur des kaolinites compactées à −4 et −1 points de wopn , à différentes énergies et modes de
compactage, ont montré que (Sivakumar et Wheeler 2000 ; Wheeler et Sivakumar 2000) :
— quelles que soient les conditions de préparation, si la succion est augmentée, la résistance
au cisaillement augmente (s = 0; 100; 300kP a)
— le mode, l’énergie et la teneur en eau de compactage ne changent pas la ligne d’état
critique du matériau
— la ligne de compression normale est différente pour chaque matériau, elle dépend de la
préparation
— à densité constante, quel que soit le mode de compactage (statique/dynamique), la ligne
de compression normale ne change pas
Ces résultats montrent que la densité, et donc l’agencement de l’espace poral, jouent sur la
résistance du matériau. La densité et la succion sont des paramètres essentiels qui pilotent le
comportement élastoplastique. En revanche, la ligne d’état critique n’est pas influencée, car l’in-
dice des vides critique est le même, quelle que soit la préparation.
Du point de vue du comportement élastique, plusieurs études ont été faites à l’aide de Bender
Elements. L’objectif de l’essai est de générer une onde de cisaillement élastique dans l’échantillon
et de mesurer le temps de traversée. Un module de cisaillement élastique G0 est alors déduit.
Sur des sables silteux ou argileux, toute augmentation de la succion entraı̂ne une augmentation
de G0 . De même, plus la teneur en eau de fabrication est haute, plus G0 diminuera, et ce en
n’importe quel point de la courbe de rétention du matériau compacté (Sawangsuriya, Edil et
Bosscher 2009). L’énergie de compactage joue elle aussi un rôle dans l’élasticité. Toute aug-
mentation de cette dernière mènera à une augmentation de G0 sur toute la courbe de rétention
du matériau (Sawangsuriya, Edil et Bosscher 2008). Heitor, Indraratna et Rujikiat-
3.4. RÉPONSE MÉCANIQUE PAR ESSAIS DE PORTANCE 89
280
260
Module de cisaillement élastique G0 (MPa)
240
220
200
180
160
Energie de compactage = 254kJ/m3
Energie de compactage = 529kJ/m3
Energie de compactage = 838kJ/m3
140 1 2 3
10 10 10
Succion s (kPa)
kamjorn (2014) montrent des résultats similaires, mais avec un cycle saturation/désaturation
sur des sables silteux. L’hystérésis généralement observée sur la courbe de rétention se répercute
sur la valeur de G0 en fonction de la succion(Fig. 3.19).
Les figures 3.20 et 3.21 présentent les courbes IPI pour les deux matériaux, celui préparé à
l’étuve et celui séché naturellement. Les courbes ont été séparées entre côté sec et côté humide.
Les graphiques montrent clairement que pour une teneur en eau constante, la réponse mécanique
n’est pas la même entre Proctor modifié et normal. Deux comportements émergent selon que
l’essai se passe du côté sec ou du côté humide de l’optimum Proctor normal.
Dans le cas des essais du côté sec, la variation de succion semble avoir peu de conséquences
sur les comportements du matériau. Les pertes relatives de succion observées dans la figure 3.8
ont un faible effet sur le comportement mécanique du matériau, comparé à l’effet de la den-
sification du matériau par l’énergie apportée. Le matériau se densifie fortement, menant à un
meilleur squelette granulaire. Les pertes de succion, quant à elles, ne fournissent pas une perte
CHAPITRE 3. ÉTUDE PROCTOR DE L’EFFET DU COMPACTAGE SUR LES
90 MATÉRIAUX FINS
25 5
IPI, w = 12.0%, compactage normal IPI, w = 19.5%, compactage normal
591s
IPI, w = 12.0%, compactage Modifié IPI, w = 19.5%, compactage Modifié
IPI, w = 16.0%, compactage normal 4.5 IPI, w = 21.5%, compactage normal 472s
IPI, w = 16.0%, compactage Modifié 591s IPI, w = 21.5%, compactage Modifié
20 IPI, w = 17.5%, compactage normal 4 IPI, w = 23.0%, compactage normal
472s 354s
IPI, w = 17.5%, compactage Modifié IPI, w = 23.0%, compactage Modifié
354s 3.5
236s
15 3
236s
force (kN)
force (kN)
2.5
118s
94s
10 118s 2
94s 59s
1.5
30s
5 59s 1
30s
0.5
0s 0s
0 0
0 2 4 6 8 10 12 14 0 2 4 6 8 10 12 14
Enfoncement (mm) Enfoncement (mm)
(a) (b)
Figure 3.20 – Courbes de chargement lors de l’essai IPI pour le matériau séché naturellement
(a) côté sec (b) côté humide
10 2.5
IPI, w = 16.0%, compactage normal IPI, w = 22.0%, compactage normal
IPI, w = 12.0%, compactage Modifié IPI, w = 21.0%, compactage Modifié
9 IPI, w = 18.0%, compactage normal IPI, w = 23.0%, compactage normal
IPI, w = 16.0%, compactage Modifié IPI, w = 23.5%, compactage Modifié
8 IPI, w = 19.0%, compactage normal 2 IPI, w = 25.0%, compactage normal
236s
6 118s 1.5
force (kN)
force (kN)
5
94s
94s
4 1 59s
59s
3 30s
30s
2 0.5
0s 0s
0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 0 1 2 3 4 5 6 7 8
Enfoncement (mm) Enfoncement (mm)
(a) (b)
Figure 3.21 – Courbes de chargement lors de l’essai IPI pour le matériau séché à 110◦ C (a)
côté sec (b) coté humide
3.4. RÉPONSE MÉCANIQUE PAR ESSAIS DE PORTANCE 91
80 80
Proctor Normal naturel Proctor Normal naturel
Proctor Modifié naturel Proctor Modifié naturel
60 60
50 50
IPI (-)
IPI (-)
40 40
30 30
20 20
10 10
0 0
10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 10 0 10 1 10 2 10 3
Teneur en eau w (%) Succion (kPa)
(a) (b)
Figure 3.22 – Régressions sur les valeurs d’IPI en fonction de la teneur en eau et de la succion
Du côté humide, le matériau est déjà proche de la saturation, plus particulièrement au-delà
d’une teneur en eau de 21%. Le sur-compactage tend donc vers une limite maximale de densité
à mesure qu’il approche de la saturation, en considérant que les matériaux sont dans une situa-
tion non drainée, hypothèse valable par les faibles perméabilités observées. Le compactage est
supposé à teneur en eau constante. Dans ce cadre, la plus grande partie de l’énergie apportée par
le compactage va être non plus utilisée à la densification, mais à la modification des pressions
interstitielles. Cette dernière augmente au cours du compactage, menant à des succions plus
faibles. Le matériau ne se densifiant que peu, il ne gagne que peu de résistance mécanique. La
diminution de la succion entraı̂ne une forte perte de résistance mécanique dans le matériau, le
menant à des portances trop faibles pour supporter le trafic des engins de chantier, impliquant
l’orniérage du matériau. La valeur de son IPI est donc diminuée.
La figure 3.22 présente les valeurs d’IPI retenues selon la norme. En traçant les régressions
linéaires correspondant aux points issus du Proctor normal et aux points issus du Proctor mo-
difié, une zone de croisement est observable aux alentours d’une teneur en eau de 21%. Le même
type de croisement peut être observé avec des régressions exponentielles, mais cette fois-ci en
prenant en compte la succion au lieu de la teneur en eau. Le croisement a alors lieu aux alen-
tours de 400kP a. Dans les deux cas, le croisement correspond aux valeurs observées à l’optimum
normal de compactage.
La mesure de l’IPI en fonction de la teneur en eau (Fig. 3.23) ne montre pas de perte de
portance observable à mesure que la teneur en eau de l’échantillon diminue. À l’opposé, la
planche montre une perte de résistance en pointe du côté sec par rapport à l’optimum Proc-
tor. La différence de comportement vient des différences entre les deux essais. D’un côté, le
pénétromètre présente une surface de contact moindre, une forme en pointe, et un chargement
dynamique. À l’opposé, l’IPI est quasi-statique (vitesse faible) et utilise une surface plate. Il est
à penser que le premier tend à solliciter de manière plus importante la résistance au cisaillement
du sol, alors que le second ressentira une résistance au cisaillement, couplée à une résistance à
la compression du matériau.
CHAPITRE 3. ÉTUDE PROCTOR DE L’EFFET DU COMPACTAGE SUR LES
92 MATÉRIAUX FINS
30
Proctor Normal laboratoire
Proctor Normal chantier
25
20
IPI (-)
15
10
0
10 12 14 16 18 20 22 24 26 28
Teneur en eau w (%)
Figure 3.23 – Comparaison des points IPI chantier (passant à φ20mm) et laboratoire (passant
à φ5mm)
20 5
IPI, w = 19.5%, s=434kPa, pd = 1.62gcm−3, compactage normal IPI, w = 18.0%, s=2449kPa, pd = 1.32gcm−3, compactage normal
18 IPI, w = 19.5%, s=423kPa, pd = 1.75gcm−3, compactage Modifié 4.5 IPI, w = 16.0%, s=2281kPa, pd = 1.78gcm−3, compactage Modifié
16 4
236s
14 3.5
12 3
118s
force (kN)
force (kN)
10 2.5
8 2
94s
6 1.5 59s
591s
472s
354s
4 1 30s
236s
118s
94s
2 59s 0.5
30s
0s 0s
0 0
0 2 4 6 8 10 12 14 0 1 2 3 4 5 6 7 8
Enfoncement (mm) Enfoncement (mm)
(a) (b)
Figure 3.24 – Comparaison des courbes IPI pour des succions égales (a) 440kP a, naturel (b)
2200kP a, 110◦ C
La figure 3.26 montre les courbes IPI précédentes groupées par valeurs de densités proches.
Une évolution claire de la résistance corrélée à l’augmentation de la succion apparaı̂t.
De la même manière, en comparant les courbes pour des succions proches, mais des densités
différentes (3.24), il apparaı̂t un incrément de résistance couplé à l’augmentation de la densité.
Ces résultats soutiennent les raisonnements précédents concernant le comportement du matériau
au sur-compactage.
3.4. RÉPONSE MÉCANIQUE PAR ESSAIS DE PORTANCE 93
7 7
6 6
Resistance en Pointe Qd (MPa)
4 4
3 3
2 2
La figure 3.25 présente les valeurs minimales de Panda pour les parties hautes (a) et basses
(b) de la couche pour un compactage au V5 (brut et pulvimixé). La baisse de résistance vue pour
l’IPI lors du passage du côté sec du matériau réapparaı̂t. Les graphiques présentent bien la zone
de transition entre humide et sec, avec le matériau à teneur en eau médium donnant des gains et
des pertes par effet du sur-compactage. Le croisement de deux régressions polynomiales fournit
aussi une zone où les valeurs de la teneur en eau de l’optimum Proctor sont entre 18.5% et 21.5%.
La bibliographie précédente présente des éléments qui confirment les rôles joués par la suc-
cion et la densité dans le cadre des IPI. En regardant les résultats précédents sous d’autres
angles, il est possible de confirmer ces tendances, dans un premier temps, en observant le com-
portement du matériau pour des succions proches, puis en observant sa réponse mécanique pour
des densités proches.
CHAPITRE 3. ÉTUDE PROCTOR DE L’EFFET DU COMPACTAGE SUR LES
94 MATÉRIAUX FINS
1 5
IPI, w = 25.0%, s=250kPa, pd = 1.51gcm−3, compactage normal IPI, w = 16.0%, s=2044kPa, pd = 1.60gcm−3, compactage normal
0.9 −3
IPI, w = 28.5%, s=004kPa, pd = 1.52gcm , compactage Modifié 4.5 IPI, w = 22.0%, s=1244kPa, pd = 1.60gcm−3, compactage normal
IPI, w = 23.5%, s=0346kPa, pd = 1.60gcm−3, compactage Modifié
0.8 4
force (kN)
118s
0.5 2.5
94s
0.4 94s
2 59s
59s
30s
0.3 30s 1.5
0.2 1
0.1 0.5
0s 0s
0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 0 1 2 3 4 5 6 7 8
Enfoncement (mm) Enfoncement (mm)
(a) (b)
6
IPI, w = 19.5%, s=434kPa, pd = 1.62gcm−3, compactage normal
IPI, w = 21.5%, s=175kPa, pd = 1.63gcm−3, compactage normal
5 IPI, w = 23.0%, s=060kPa, pd = 1.63gcm−3, compactage Modifié
591s
472s
4 354s
force (kN)
236s
118s
94s
2
59s
30s
1
0s
0
0 2 4 6 8 10 12 14
Enfoncement (mm)
(c)
Figure 3.26 – Comparaison des courbes IPI pour des densités égales (a) 1.5kg · cm−3 , 110◦ C
(b) 1.6kg · cm−3 , 110◦ C (c)1.5kg · cm−3 , naturel
Le résultat d’un essai Proctor dépend fortement de la préparation initiale du matériau avant
3.5. CONCLUSIONS ET COMPORTEMENTS OBSERVÉS 95
son compactage.
C’est le cas tout d’abord au séchage, où la norme préconise un étuvage à 50◦ C avant la mise à
teneur en eau. Cette valeur, motivée par des risques d’altération des argiles par la chaleur, n’est
pas toujours respectée sur chantier, pour des impératifs de temps. Or, les résultats montrent
qu’une température trop élevée décale la valeur de teneur en eau de l’optimum Proctor de 2
points du côté sec dans le cas des marnes, et ne reflète donc plus le matériau qui va être utilisé
sur chantier.
De même, le mode de séchage influe sur le comportement en rétention. Il n’est plus représenta-
tif de celui du matériau en place. Une diminution du degré de saturation apparaı̂t à teneur en
eau identique et une augmentation de la succion d’entrée d’air pour une densité initiale donnée.
Cette variation témoigne aussi d’une modification du comportement de retrait/gonflement. Le
chauffage intense a mené à une diminution des capacités de gonflement de la marne, probable-
ment par modification chimique.
sont recherchées. En revanche, il sera important de protéger l’ouvrage des apports d’eau. Pour
les barrages, une densité initiale plus faible limitera les gonflements à la mise en eau du matériau.
Les essais IPI ont permis de mettre en évidence de manière probante les observations ap-
portées par la planche, plus particulièrement concernant l’effet du sur-compactage et de la
compétition entre succion et densité. La séparation des comportements entre côtés humide et sec
est retrouvée, avec une zone de virage autour de l’optimum Proctor. Ce virage était observable
sur la planche pour une teneur en eau m, soit autour de l’optimum, l’accroissement de la succion
menant à une résistance plus importante, tout comme l’incrément de densité.
Du côté humide, le sur-compactage mène à une densification de plus en plus difficile. L’énergie
du compactage est donc dérivée vers le potentiel de l’eau, menant à une perte de succion. Cette
perte de succion mise en compétition avec la faible densification, limitée par la proximité de
la saturation et l’air occlus, engendre donc une perte de résistance. Les plots de la planche du
côté humide présentaient les mêmes phénomènes avec des densités plus faibles et des pertes de
succion pour 12 passes de compacteur.
Du côté sec, le matériau se densifie plus facilement à l’aide de l’incrément d’énergie. L’eau,
quant à elle, reste globalement dans les micropores et n’est que peu affectée par l’énergie de com-
pactage. La densification et les faibles pertes de succion mènent donc à une forte amélioration de
la résistance mécanique du matériau. De même, les plots de compactage in situ montraient un
gain de densité avec parfois des pertes de succion, mais une hausse de la résistance mécanique
au sur-compactage.
Sommaire
4.1 Description de l’essai triaxial de révolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
4.2 Développement d’un appareil triaxial pour mesure de succion et changement
de volumes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
4.3 Simulation du sur-compactage au sein d’une cellule triaxiale . . . . . . . . . . 115
4.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
Les chapitres précédents ont apporté des éléments quant au comportement des
marnes au sur-compactage. L’objectif est d’aller plus loin, en passant par le
développement d’un outil permettant de suivre de plus près l’effet du compac-
tage. Pour ce faire, deux variables doivent être suivies au cours du compactage :
la pression interstitielle et le volume de l’échantillon observé. Un appareil triaxial
a donc été développé, permettant des mesures de succion par tensiométrie, ainsi
que la mesure des changements de volume par corrélation d’images. Ce chapitre
démarre par le descriptif d’appareils existants et des méthodes utilisées pour par-
venir à ces deux mesures. Sont ensuite présentés le concept de la cellule, ainsi que
son processus de conception. Pour finir, une première étude a été réalisée, per-
mettant la prise en main du matériel, et apportant des réponses complémentaires
concernant le sur-compactage des marnes. Des échantillons de marne, compactés
à l’énergie Proctor normale, sont soumis à des cycles de charge-décharge repro-
duisant le passage d’un compacteur à l’aide de la cellule triaxiale.
97
CHAPITRE 4. ÉTUDE ET DÉVELOPPEMENT D’UNE CELLULE TRIAXIALE POUR
98 SIMULER L’EFFET DU COMPACTAGE
La mesure du déplacement n’est en général pas un problème, cette dernière étant réalisée
par un capteur LVDT (Linear Variable Differential Transformer) à l’extérieur de l’enceinte de
confinement. De plus, la plupart des presses basiques trouvées dans le commerce peuvent fournir
des déplacements contrôlés au micromètre près. En revanche, la mesure de force peut poser
problème. En effet, si le capteur est placé à l’extérieur de l’enceinte de confinement, le frottement
entre l’axe de charge et l’enceinte est à déduire de la mesure. Il est préférable de placer la
mesure dans l’enceinte de manière à pallier ce défaut (Georgopoulos 2010). Lors des phases
de confinement, il sera aussi préférable d’avoir un bon glissement de l’axe de chargement, la
mesure de déplacement se trouvant sur ce dernier. Dans le cas contraire, il sera très difficile
4.1. DESCRIPTION DE L’ESSAI TRIAXIAL DE RÉVOLUTION 99
La mesure de la pression interstitielle repose sur plus d’un élément. Même si elle peut être
généralement considérée comme évidente pour les pressions positives, il n’en reste pas moins
quelques pièges à éviter pour avoir une mesure fiable et réactive. Bien souvent, la mesure repose
sur le capteur de pression placé dans le contrôleur pression/volume permettant la mesure des
entrants/sortants en eau de l’échantillon. Cela implique généralement un chemin conséquent
pour l’eau dans une tubulure (Georgopoulos 2010). Les pertes de charge jouent alors un rôle
important non seulement pour la réactivité de la mesure, mais aussi pour sa précision. Il est
préférable de placer toutes les mesures directement au pied ou en tête de l’échantillon, sous
la pierre poreuse intermédiaire entre sol et entrées/sorties d’eau. Cela vaut d’autant plus pour
la mesure de succion où la nucléation pourrait venir interférer dans les tubulures. La taille de
l’échantillon est un des problèmes principaux rencontrés pour l’étude des matériaux à faible
perméabilité (argiles, marnes). Plus l’échantillon sera grand, plus les temps d’homogénéisation
de pression/succion au sein de l’échantillon seront importants, menant à des essais pouvant du-
rer plusieurs mois.
La mesure de succion dans les cellules triaxiales passe en général par l’intermédiaire d’un de
ces deux outils : le tensiomètre et le psychromètre.
Plusieurs solutions existent pour le placement du tensiomètre. Certains utiliseront des ten-
siomètres adaptés directement dans l’embase de la cellule. La cellule peut aussi utiliser direc-
tement la pierre d’embase couplée avec un capteur de pression. L’avantage présenté est une
resaturation possible de l’espace entre pierre et capteur par l’intermédiaire des contrôleurs de
pression/volume. En revanche, ce type de montage dépassera difficilement des succions de 80kP a.
D’autres préfèreront modifier la cellule pour adjoindre dans l’embase un tensiomètre de haute
capacité trouvable sur le marché. Cela peut poser problème vis-à-vis des drainages de la cellule,
les tensiomètres du marché étant souvent encombrants (Simms et Grabinsky 2009), comme
présenté en figure 4.2. Or, une embase plus grande implique un échantillon plus grand, et donc
un temps d’homogénéisation des pressions interstitielles plus long. L’installation hors embase
est aussi pratiquée, adaptée à la membrane latérale de l’échantillon et mesurant la succion en
partie centrale de ce dernier (Munoz-CastelBlanco et al. 2014 ; Milatz et Grabe 2014).
Les psychromètres sont en général placés sur le côté de l’échantillon (Fig 4.3), adaptés à
la membrane. Le problème est la limitation que cela induit pour les confinements appliqués à
l’échantillon en raison de la fragilité des capteurs. D’autres vont jusqu’à des placements en in-
terne dans l’échantillon, malgré la gêne et les points de fragilité créés par cette procédure (Blatz
et Graham 2000 ; Zerhoumi 1995).
Ces appareils de mesure sont difficilement utilisables dans le cadre des études thermiques où
leur étalonnage sera totalement dépendant de la température appliquée à l’échantillon. Dans ce
cas, une méthode de contrôle de succion sera plus facile à maı̂triser.
CHAPITRE 4. ÉTUDE ET DÉVELOPPEMENT D’UNE CELLULE TRIAXIALE POUR
100 SIMULER L’EFFET DU COMPACTAGE
Figure 4.2 – Embase triaxiale avec capteur tensiométrique (Simms et Grabinsky 2009)
Figure 4.3 – Échantillon pour essais triaxiaux avec capteur latéral monté sur membrane
Contrôle de la succion
Les cellules triaxiales se prêtent bien à deux méthodes de contrôle de succion : la translation
4.1. DESCRIPTION DE L’ESSAI TRIAXIAL DE RÉVOLUTION 101
d’axe et le contrôle par phase vapeur, ceux-ci ne demandant pas de fortes modifications.
La translation d’axe est généralement la méthode la plus répandue et la plus appréciée pour
sa facilité de mise en œuvre, même si certains débats persistent quant à ses effets sur la nucléation
(Chap. 1.3.1). La cellule est équipée d’une pierre poreuse à forte entrée d’air à la base du drai-
nage, et d’un drainage complémentaire en tête pour pouvoir appliquer la surpression d’air (Fig.
4.4). Même si les systèmes de mise en pression de l’air présentaient des complications dans les
années 80 (Ho et Fredlund 1982), la démocratisation de la méthode a mené à la création
de matériel fortement simplifié. Cette méthode a l’avantage de se prêter facilement aux essais
thermiques (Salager 2007 ; Romero 1999) sans nécessiter de calibration complémentaire.
Le contrôle de succion par phase de vapeur ne demande qu’à attribuer deux entrées à l’air,
une en tête et une en pied d’échantillon (Fig. 4.5). L’objectif est de réussir à créer une circulation
d’air à une humidité relative contrôlée. Cette méthode présente tout de suite des problèmes pour
des matériaux dont la perméabilité à l’air est très faible. Les temps d’homogénéisation seront
tout de suite très importants, ce mode de contrôle se prête donc mieux à des limons ou à des
sables (Nishimura et Fredlund 2003). Plusieurs psychromètres peuvent être placés autour
de l’échantillon pour s’assurer de la bonne homogénéité du matériau lors de l’essai (Blatz et
Graham 2000 ; Blatz, Cui et Oldecop 2009). Cette procédure demande des calibrations plus
complexes pour les études thermiques, car la pression de vapeur saturante de l’eau usat w dépend
fortement de la température.
Figure 4.5 – Principe d’adaptation du contrôle de phase de vapeur sur un échantillon triaxial
(Blatz et Graham 2000)
mations est de pouvoir établir les modules élastiques et plastiques, ainsi que le coefficient de
Poisson du sol dans un état de contrainte donné. Le but est de s’assurer d’avoir la donnée la plus
précise possible pour pouvoir appliquer cette dernière dans les modèles, ou simplement calibrer
ces derniers. De nombreuses méthodes se sont développées au cours des années pour parvenir à
obtenir cette donnée.
Dans le cadre d’un essai saturé, il est relativement facile de mesurer les changements de
volume de l’échantillon. En effet, l’eau sortant de l’échantillon lors d’une consolidation ou d’un
cisaillement drainé donne une valeur précise, au millimètre cube près. En revanche, les sols non
saturés, comprenant une phase d’air et une phase d’eau, voire un fluide interstitiel compressible,
ne permettent pas une telle approche.
Si la mesure de l’eau sortant de l’échantillon n’est pas possible, il reste l’étude du fluide de
confinement. L’eau entrant et sortant dans l’espace de confinement est un bon indicateur des
changements de volume ayant lieu dans la cellule, et donc de l’échantillon. Malheureusement,
l’utilisation d’une cellule classique pour cette mesure comporte quelques biais. D’une part, des
bulles d’air peuvent être facilement emprisonnées dans la cellule. La mesure est alors gênée par
le changement de volume des bulles selon le confinement appliqué. La déformation des parois
de la cellule mène aussi à des erreurs importantes sur le changement de volume mesuré. Pour
finir, toute variation importante de température dans le laboratoire génère des déformations de
l’enceinte de confinement, et donc des erreurs de mesure (Head et Epps 1986).
Pour pallier toutes ces problématiques, des modifications importantes ont été apportées
aux cellules triaxiales : tout d’abord, la cellule double paroi (Fig. 4.6). La pression étant la
4.1. DESCRIPTION DE L’ESSAI TRIAXIAL DE RÉVOLUTION 103
même des deux côtés de la paroi, et en mesurant les variations du (petit) volume de fluide entre
l’échantillon et la paroi, une précision beaucoup plus importante est obtenue grâce à la limitation
des déformations possibles (Wheeler 1986 ; Sivakumar et Wheeler 1993). Il s’agit en fait
d’une variante de la technique de mesure par paroi interne, qui est plus compliquée à mettre
en place, car elle demande un utilisateur pour réguler les pressions (Bishop et Donald 1961).
Cette méthode utilise un cylindre ouvert et deux fluides différents en contact (l’un à l’intérieur
du cylindre et l’autre à l’extérieur). La mesure se fait par réglage manuel du niveau du fluide
intérieur pour parvenir à la mesure des changements de volume.
Figure 4.6 – Principe d’une mesure de variation de volume par double paroi
Reprenant les principes de base de mesure de volume dans les sols saturés, certains se sont
intéressés à la mesure de l’air sortant de l’échantillon (Adams, Wulfsohn et Fredlund 1996).
Cette méthode se couple très bien à la méthode de contrôle par translation d’axe, les matériels
modernes permettant à la fois la mesure des volumes d’air entrant-sortant couplés à un contrôle
de la pression. Le problème de cette méthode réside dans les grandes quantités d’air en présence
et leur forte sensibilité aux variations de température quand il s’agit de mesurer un volume. De
plus, des pertes, certes très faibles, peuvent être observées à travers les tubulures plastiques. Pour
compenser les erreurs lors des phases d’essais à faible changement de volume (cisaillement), un
système de mise en pression de l’air par de l’eau a été mis en place (Geiser 1999). Cela permet
de limiter fortement les volumes d’air pour la mesure.
Trois grandes méthodes sont généralement utilisées pour mesurer directement les change-
ments de volume. En revanche, ces méthodes ont l’inconvénient d’être plus ou moins ponc-
tuelles, menant à une reconstruction d’un volume par l’estimation de l’effet tonneau visible sur
CHAPITRE 4. ÉTUDE ET DÉVELOPPEMENT D’UNE CELLULE TRIAXIALE POUR
104 SIMULER L’EFFET DU COMPACTAGE
les échantillons.
La plus basique utilise des capteurs de déplacement locaux type effet Hall (Fig. 4.7), ou des
TDR pour mesurer l’accroissement de la circonférence de l’échantillon en une tranche donnée
(Munoz-CastelBlanco et al. 2014 ; Boyd et Sivakumar 2011). En complément, plusieurs
tranches peuvent être instrumentées pour affiner la mesure. Des capteurs peuvent être ajoutés
verticalement pour permettre les mesures des déplacements verticaux. Des capteurs à induction
peuvent être utilisés pour estimer cette déformation et éviter tout contact avec l’échantillon
(Salager 2007).
Figure 4.7 – Principe d’une estimation de variation de volume par capteur à effet Hall
La dernière méthode consiste en l’utilisation d’un laser, qui mesurera les temps d’aller-retour
de la lumière. Le laser est placé à l’extérieur de la cellule de confinement, et passe donc à travers
le PVC et l’eau (Fig. 4.8). Cette méthode demande donc une calibration préalable. La mesure
s’effectue en plusieurs points, donnant le tonnelage de l’échantillon sur une ligne verticale. Par
révolution, il est possible d’estimer le volume à tout moment de l’essai (Romero et al. 1997).
Dans une première approche, une caméra a été utilisée pour observer les contours de l’échan-
tillon (Gachet et al. 2007). La photo a été prise à travers la cellule plexiglas transparente, une
forte déformation optique a donc été observée. Cette méthode fonctionnait par l’intermédiaire
d’une calibration effectuée sur une série de faux échantillons dont les dimensions étaient connues
de manière précise (Fig. 4.9). Une courbe de calibration en a été tirée, permettant de corriger
4.1. DESCRIPTION DE L’ESSAI TRIAXIAL DE RÉVOLUTION 105
la photo de l’échantillon pour obtenir ses dimensions réelles. Bhandari, Powrie et Hark-
ness (2012) ont poussé l’expérience plus loin en estimant les champs de déformation locaux sur
l’échantillon, recouvert d’une grille, toujours avec un besoin de correction dû à la circonférence
de la cellule. Le principal problème rencontré vient de l’estimation des déformations hors champ
(en direction de l’appareil photo) qui ne peuvent être prises en compte. Une corrélation faite à
l’aide de deux caméras peut résoudre le problème.
Figure 4.9 – Photos d’échantillon dans une cellule triaxiale (Gachet et al. 2007)
Une méthode plus poussée utilise la tomographie rayon X. L’objectif est de pouvoir voir
au cœur de l’échantillon. Grâce à cette méthode et à de puissants algorithmes de calcul, il est
possible de reconstruire des échantillons complets en trois dimensions, et ce à partir d’une série
d’images réalisée par rotation de l’échantillon (Khaddour 2015). Cette méthode, très efficace
pour l’observation de milieux artificiels (billes de verre) ou de sable, présente néanmoins des
complications dans le cadre de l’étude des argiles non saturées. Il est, en effet, dans ce cadre
difficile de pouvoir séparer l’eau du sol sur les images, en raison du manque de précision.
CHAPITRE 4. ÉTUDE ET DÉVELOPPEMENT D’UNE CELLULE TRIAXIALE POUR
106 SIMULER L’EFFET DU COMPACTAGE
Dans le cadre de l’étude des sols, il est tout de même intéressant de pouvoir comparer toutes
les méthodes, et plus particulièrement leur précision. Le tableau 4.1 présente un bilan rapide
des erreurs relatives de la plupart des méthodes, ainsi qu’un rappel de leurs défauts principaux.
La cellule de révolution possède un avantage certain : sa forme cylindrique lui permet de bien
résister à la pression appliquée à l’intérieur, et limite fortement les déformations. L’adjonction
de fenêtres plates induit donc un problème de résistance et de déformation de la cellule. Qui plus
est, la taille de fenêtre doit être adaptée à la taille de l’échantillon qui sera observé sous peine de
perdre une partie de l’image. La figure 4.10 présente la prise en compte des réfractions. Le choix
d’un échantillon de 50mm de diamètre vient, d’une part, d’un équilibre entre les durées d’ho-
mogénéisation pouvant être longues dans des marnes et, d’autre part, de la volonté de conserver
un échantillon de taille suffisamment représentative. Une seule fenêtre ne serait pas suffisante.
L’existence de déplacement hors plan fausse l’analyse d’image. Pour contrer ce problème, il faut
4.2. DÉVELOPPEMENT D’UN APPAREIL TRIAXIAL POUR MESURE DE SUCCION
ET CHANGEMENT DE VOLUMES 107
au moins deux appareils photos, pour une mesure tridimensionnelle surfacique, et donc deux
fenêtres.
Figure 4.10 – Principe optique de la cellule triaxiale pour corrélation d’images avec deux
appareils
par la montée en pression pour le confinement. Or, l’ajout des fenêtres implique leur poussée vers
l’extérieur par le confinement. Ces dernières risqueraient, sous l’effet de la pression, de rompre
les assemblages nécessaires à leur maintien. Pour ce faire, une modélisation éléments finis a été
réalisée de manière à observer les effets de la pression sur le corps de cellule. La simulation
permettra aussi d’obtenir des informations quant aux contraintes de montage des fenêtres. Une
déformation trop importante des fenêtres pourrait aussi mener à une modification de leur com-
portement diffractant et gênerait la mesure par prise d’image.
Les simulations sont réalisées à l’aide de Cast3m (CEA), logiciel éléments finis. Le corps
de la cellule en aluminium, ainsi que les fenêtres, sont modélisés en 3D. Les matériaux sont
représentés par des modèles élasto-plastiques parfaits (Tab. 4.2), l’objectif étant que la cellule
ne plastifie pas lors de la mise en pression.
Le maillage présenté en figure 4.11 a été réalisé par une série d’extrusions verticales. Le for-
mat a été simplifié au maximum, s’agissant ici d’un prédimensionnement. Il est composé de 35434
nœuds pour 57664 éléments. L’interface entre les fenêtres et l’aluminium a été considérée par-
faite. L’exploitation des états de contraintes à cette interface donne les informations nécessaires
au dimensionnement de l’assemblage. L’application du chargement se fait à l’aide de l’opérateur
P RES. Ce dernier calcule les forces nodales équivalentes d’une pression appliquée sur un ob-
jet. Le calcul part de 0 pour se finir à une valeur de pression de 2M P a au sein de la cellule.
L’uniformité de la répartition n’est pas forcement optimale, principalement à cause des effets
de bords, tels que montrés en figure 4.12-a. Les conditions limites sont appliquées sur les deux
lignes rouges de la figure 4.12-b. Les déplacements empêchés sont selon les axes X et Y en tête,
et selon X, Y et Z en pied. Les rotations sont laissées libres pour refléter au mieux les montages
choisis.
La simulation effectuée à l’aide d’une méthode pas à pas n’a pas présenté de plastification
des matériaux. Les contraintes (Fig. 4.13) montrent quelques points faibles, particulièrement
aux angles des fenêtres, en particulier pour l’aluminium. Les contraintes (projetées selon la
méthode de Von Mises) observées restent pour autant raisonnables, ne dépassant pas 44M P a.
Les contraintes dans la partie massive sont suffisamment faibles (inférieures à 20M P a) et per-
mettent la création de poches dans le corps, de manière à alléger la cellule, mais aussi à garder
un centre de gravité centré, facilitant la fermeture de cellule.
Les déformations présentées en figure 4.14 subies par la cellule sont faibles. Les déplacements
maximums au centre des fenêtres n’excèdent pas 0.2mm. La version finale de la cellule présente
4.2. DÉVELOPPEMENT D’UN APPAREIL TRIAXIAL POUR MESURE DE SUCCION
ET CHANGEMENT DE VOLUMES 109
(a) (b)
Figure 4.12 – Chargement de la cellule (a) et conditions limites (b) pour Cast3m
des fenêtres non plus en plexiglas, mais en polycarbonate, qui présente de meilleures propriétés
mécaniques. Les déformations ne seront donc pas un problème en soi.
Tullins-Fures, 38). Deux modifications ont été faites par rapport au concept original. La première
concerne l’utilisation de tiges de serrage, présentes sur la plupart des cellules triaxiales. Leur
présence gêne le champ de vision de l’appareil photo, nécessitant de les placer à des angles com-
pliqués. Il a été décidé de les supprimer au profit d’un assemblage vissé directement sur l’embase,
et d’un couvercle fixe supportant le piston. La deuxième modification porte sur les poches pour
les fenêtres en polycarbonate. L’usinage de ces dernières à l’intérieur du corps aluminium de-
mandait du matériel non disponible, les poches ont donc été effectuées à l’extérieur. Le plexiglas
ne supporte pas des incréments de volume trop importants (car très peu déformable), il est
donc impossible de visser directement dans ce dernier. Des plaques ont donc été utilisées pour
maintenir les fenêtres à leur place lors de la mise en pression. La cellule une fois terminée est
présentée en figure 4.15. Une deuxième fenêtre a été ajoutée plus haut pour observer le bon
centrage de l’échantillon vis-à-vis du piston.
Les tensiomètres commerciaux permettent de fournir des amplitudes de mesure plus grandes
mais présentent un encombrement trop important, ne permettant pas l’installation dans l’em-
base en conservant un échantillon de 50mm de diamètre, tout en conservant les fonctionnalités
de drainage de l’embase.
Le tensiomètre est présenté en figure 4.16, le choix s’est donc porté sur l’utilisation d’un
capteur de pression relative compact de chez Mesurex de portée 500kP a (−100 à +400). Le
système a été conçu de telle sorte que la pierre poreuse de surface serve à la fois de tensiomètre
et de contact avec le sol. Un conduit très fin de drainage a été placé, allant de l’alimentation
en eau vers la sortie, tout en passant par le capteur de pression, de manière à pouvoir restaurer
l’espace entre mesure et pierre. De manière à minimiser cet espace pour éviter un décrochage
à trop basse succion, le capteur a été monté alors qu’il était branché, pour détecter le premier
contact avec la pierre et pouvoir légèrement le dévisser. Le point de contact capteur/pierre est
trouvé par le premier incrément de contrainte ayant lieu. Dès ce point atteint, le capteur est très
légèrement dévissé pour faire retomber sa mesure à zéro. Le filetage de capteur a été monté à
l’aide d’une colle permettant l’étanchéité qui garantira le maintien de la distance.
Le choix de la pierre poreuse s’est fait en fonction des objectifs expérimentaux. En travaillant
plutôt du côté humide de l’optimum Proctor et sur le matériau séché naturellement, les succions
observées ne montaient pas au-delà de 400kP a. Une pierre poreuse avec une entrée d’air de
500kP a a donc été choisie pour éviter sa désaturation, même si la mesure est limitée à 100kP a.
Le processus expérimental a donc été adapté à cette plage de mesure et sera expliqué dans la
partie suivante.
La saturation de la pierre poreuse est une problématique importante. Le choix s’est porté sur
la mise sous vide de la cellule triaxiale. Après au moins 24 heures de vide, une contre-pression
d’eau (25kP a) est appliquée sous la pierre poreuse. Plusieurs cycles d’ouverture du drainage
sont exécutés après remontée en pression pour chasser le peu d’air restant dans le réseau sous la
pierre. La pression est alors laissée jusqu’à un perlage homogène de l’eau sur la pierre poreuse,
indiquant la saturation. De manière à contrôler la bonne tenue du tensiomètre, une partie du
fluide du réseau est pompée à l’aide du contrôleur pression volume, et une lecture de tensiomètre
est faite. Si la pression se maintient et descend jusqu’à −80kP a, cela signifie que la pierre est
bien saturée et que le tensiomètre est prêt à l’emploi.
Pour avoir une idée de la vitesse de réponse du tensiomètre, un échantillon de sol (com-
CHAPITRE 4. ÉTUDE ET DÉVELOPPEMENT D’UNE CELLULE TRIAXIALE POUR
112 SIMULER L’EFFET DU COMPACTAGE
pacté manuellement au Proctor normal) est d’abord saturé longuement par contre-pression, puis
consolidé-drainé à un confinement (σ3 ) de 800kP a (valeur arbitraire). De manière à générer de la
succion dans le sol, le drainage est d’abord fermé, puis le confinement est relâché. L’échantillon
augmente alors de volume, diminuant sa saturation (teneur en eau constante). Cela génère alors
de la succion dans l’échantillon. La figure 4.17 présente la mesure exécutée. Le temps global de
mesure semble être entre 15 et 20 heures.
40
-20
-60
σ 3 = 350 → 100 kPa
-80
-100
19.7 19.8 19.9 20 20.1 20.2 20.3 20.4 20.5 20.6
Temps (jours)
L’influence des variations de température dans la salle constitue le dernier problème. La salle
expérimentale à disposition présente une baie vitrée, simple vitrage exposé plein sud. Il est donc
nécessaire de vérifier si la mesure n’est pas influencée excessivement par la température. Deux
essais ont été exécutés : un essai avec tensiomètre en contact libre avec un volume d’eau et un
autre avec tensiomètre fermé. Globalement, les deux essais ont présenté des variations relative-
ment faibles avec un ordre de grandeur de 1kP a. L’utilisation de graisse hydrophobe pour fermer
le tensiomètre dans le cadre du deuxième essai a généré une succion artificielle (∼ 25kP a), et a
mené à la contamination de la pierre poreuse.
Un éclairage extérieur à la cellule est placé de telle sorte à éviter un reflet, l’appareil photo
est aussi recouvert d’un tissu noir non réfléchissant pour éviter qu’il ne se reflète dans la vitre.
Pour finir, un voile noir est placé autour de l’ensemble pour obturer la lumière naturelle (soleil)
4.2. DÉVELOPPEMENT D’UN APPAREIL TRIAXIAL POUR MESURE DE SUCCION
ET CHANGEMENT DE VOLUMES 113
Figure 4.18 – Dispositif de prise d’image pour la cellule triaxiale (avec échantillon)
qui varie en fonction du moment de la journée. Pour les essais présentés, la prise de photo est
faite manuellement, à l’aide d’un déclencheur déporté, fixé pour éviter de faire bouger l’appareil
en cours d’essai. Les essais triaxiaux étant longs, la luminosité sur les photos doit rester la plus
constante possible pour limiter les distorsions de résultats lors du post-traitement des photos.
Le réglage de l’appareil joue aussi un rôle clé dans la qualité d’image obtenue, l’ouverture et le
temps de pose permettant d’améliorer les contrastes observés sur les photos.
De manière à traiter ce problème, des cibles présentant un damier dont les cases mesurent
3mm par 3mm sont placées dans la cellule, au niveau de l’axe de l’échantillon. Ces cibles sont
prises en photo à plusieurs hauteurs de déplacement pour simuler un essai (cisaillement).
Les photos sont présentées en figure 4.19. L’appareil photo est placé sur un trépied fixe vis-
CHAPITRE 4. ÉTUDE ET DÉVELOPPEMENT D’UNE CELLULE TRIAXIALE POUR
114 SIMULER L’EFFET DU COMPACTAGE
à-vis de la cellule, les cibles se déplacent donc par rapport à ce dernier. Le cadre violet présente
la zone la plus fiable de la photo. L’objectif à focale fixe de 55mm présente l’inconvénient de
déformer l’extérieur de la photo (effet Fisheye), d’où l’importance de bien placer l’appareil vis-
à-vis de l’échantillon.
Le traitement des photos est fait en utilisant ImageJ. Les mesures sont exécutées sur chaque
ligne de 5 cases noires (27mm), verticalement et horizontalement. La mesure est faite à l’aide
d’un seuil, le même pour toutes les photos, puis d’une mesure faite en traçant un histogramme
sur une ligne (Fig. 4.20). La mesure moyenne pour les deux grilles sur toutes les images est de
384.78px, soit une échelle de 0.07mm/px. La table 4.3 présente les écarts à la moyenne pour les
cibles des trois photos présentées en figure 4.19. Globalement, l’écart ne dépasse pas ±1.5px,
soit ±0.1mm, sauf pour la grille la plus haute, hors de la zone de fiabilité, où l’effet fish-eye
génère une déformation verticale (−3.8px) de la mesure. En revanche, la mesure est toujours
fiable horizontalement.
300
250
150
100
50
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400
Distance (px)
Image initiale Après seuil Mesure obtenue sur une ligne de cases
Table 4.3 – Écarts de mesure sur les deux grilles à différentes hauteurs de presse
Pour pouvoir effectuer une mesure sur un échantillon, il faut une distance de référence fixe au
cours de l’essai. Le choix s’est porté sur une mire en plastique noir, composée d’un centrage sur
l’embase de l’essai, avec deux pastilles blanches. L’écart entre les deux pastilles est parfaitement
4.3. SIMULATION DU SUR-COMPACTAGE AU SEIN D’UNE CELLULE TRIAXIALE 115
connu et sert de référence pour tout l’essai. Au cours des différents essais réalisés, la mesure de
cette mire est constante, au pixel près, d’une photo à l’autre (pour un placement d’appareil, ce
dernier étant déplacé entre deux essais), l’échelle est donc fiable pour toutes les photos au cours
d’un essai. La précision peut encore être améliorée, avec un CCD plus performant, ainsi qu’un
objectif offrant un zoom plus adapté (sans pour autant mener à des déformations trop impor-
tantes). Pour améliorer la qualité de la mesure, il est nécessaire d’augmenter le contraste de la
photo. Pour ce faire, un fond noir est placé dans la cellule au moyen de la mire. De même, les
membranes des échantillons sont préalablement peintes en blanc. Un mélange de latex vulcanisé
et d’acrylique blanc est utilisé comme peinture, directement appliqué sur la membrane. Une fois
séchée, la peinture se comporte comme une deuxième peau souple autour de la membrane de
l’échantillon.
Le passage d’une bille de compacteur et son effet sur le sol sont complexes. Dandjinou
(1988) présente un certain nombre d’éléments : en premier lieu, l’état du sol à un instant donné
sous la bille du compacteur. La figure 4.21 présente le sol sous la bille. Ce dernier se comporte
de trois manières différentes : il peut d’une part être en butée, zone qui maintient le sol en place.
C’est la zone où le matelassage se manifestera s’il a lieu. Il existe une zone de transition, où
le sol passe de butée à poussée. Le sol est principalement en poussée sous la bille, où il subit
la charge la plus importante, et donc la densification. Il faut noter que si le sol a une cohésion
suffisante, la partie en poussée à l’arrière de la bille peut partiellement rester collée à celle-ci,
et aider au déconfinement. C’est aussi ce phénomène qui permettra éventuellement de voir un
feuilletage. La taille exacte de chaque zone est complexe et dépend des facteurs suivants :
— la taille de la bille et la charge sur l’essieu,
— l’effet de collage sur la bille, qui peut diminuer la poussée à l’arrière de cette dernière,
— le sens de déplacement par rapport au reste du véhicule (bille poussée ou tirée).
Cette image, vue à un instant donné, amène le deuxième problème pour comprendre l’état
de contrainte : la rotation. Au fur et à mesure que la bille avance, un point donné du sol va
passer de l’état de butée à celui de poussée pour revenir à la butée, puis au repos. Il y a rotation
de contraintes en un point donné du sol.
CHAPITRE 4. ÉTUDE ET DÉVELOPPEMENT D’UNE CELLULE TRIAXIALE POUR
116 SIMULER L’EFFET DU COMPACTAGE
Figure 4.21 – État du sol sous la bille d’un compacteur Dandjinou 1988
De manière à avoir une image plus poussée, Rinehart et Mooney (2009) ont effectué une
série d’essais in situ. Des plaques de pression totale sont placées dans le sol à l’horizontale et,
dans certains essais, à la verticale, dans les deux directions. Grâce à ce système, il est possible
d’obtenir des éléments sur les contraintes subies par le sol au passage de la bille d’un com-
pacteur. Certains essais comprenaient différents niveaux de plaques horizontales pour pouvoir
aussi estimer les déperditions de contraintes en fonction de la profondeur (Rinehart, Mooney
et Berger 2008). Les plaques possédaient d’ailleurs une vitesse d’acquisition suffisante pour
pouvoir aussi observer l’effet des vibrations du compacteur (Mooney et Rinehart 2009). Des
exemples de résultats sont présentés en figure4.22. Les vibrations ont principalement pour effet
de multiplier la contrainte totale maximale subie par le sol. Un facteur de 1.5 à 2 entre les
compactages statique et vibrant est observable.
Figure 4.22 – Mesures tridimensionnelles au passage d’une bille (Rinehart et Mooney 2009)
et mesures à plusieurs profondeurs (vibrant et statique) (Rinehart, Mooney et Berger 2008)
Deux éléments majeurs peuvent être tirés de la figure 4.22. Le premier porte sur l’état de
contrainte tridimensionnel. De manière logique, la contrainte monte progressivement à mesure
que la bille approche, particulièrement selon l’axe vertical et l’axe de la bille. En revanche, les
4.3. SIMULATION DU SUR-COMPACTAGE AU SEIN D’UNE CELLULE TRIAXIALE 117
La cellule triaxiale ne permet pas de dissocier les deux axes horizontaux pour ce qui est de la
valeur de contrainte. Elle ne permet donc pas de reproduire le déphasage entre l’axe de roulement
et l’axe de la bille, comme observé par (Rinehart et Mooney 2009). De même, l’application
de vibration n’est pas réalisable. L’objectif de la simulation sera donc de se rapprocher le plus
possible des conditions réelles.
Les contraintes maximales verticale et horizontale sont estimées par proportionnalité des va-
leurs observées pour différentes masses d’essieux, le but étant de simuler les compacteurs utilisés
pour la planche in situ. La table 4.4 présente les différentes valeurs, ainsi que celles retenues
pour les essais.
La cellule triaxiale ne permet pas d’atteindre les vitesses observables sur chantier. La rapidité
du passage du compacteur et les hypothèses sur le compactage mènent à définir le comportement
du sol comme non drainé. Dans ce cas, la durée de l’essai en cellule importe peu du point de vue
hydrologique (Boutonnier 2007). La montée en charge se fera donc lentement. Cela permet de
plus d’éviter des interférences trop fortes entre le maintien de la pression de confinement et le
mouvement du piston (incrément de pression notable par l’entrée du piston dans la cellule). Le
chargement se fera en deux temps. Au début d’essai, l’échantillon est chargé de manière quasi
isotrope à 25kP a. Un léger déviateur est conservé pour éviter l’extension de l’échantillon lors
de l’augmentation de pression de la cellule. Le confinement est alors augmenté jusqu’à 130kPa,
valeur tirée du tableau 4.4. Pendant cette montée, le léger déviateur est maintenu à l’aide d’un
contrôle en force sur le piston. Une fois le palier atteint, le déviateur est alors augmenté pour
atteindre une pression verticale de 320kP a (tab. 4.4). Le déchargement se passe en ordre inverse,
avec tout d’abord une diminution du déviateur, puis du confinement pour revenir aux valeurs
initiales. La figure 4.29 résume ce plan de chargement. Le fait de pouvoir contrôler en force et
de ne pas aller trop vite au déchargement permet d’éviter tout espacement entre le piston et
l’échantillon. Ce cycle sera répété pour imiter les passages successifs du compacteur. Un temps
est laissé entre deux cycles pour la mesure de la succion par le tensiomètre (une journée pour
équilibrage de la mesure). À chaque point clé du chargement, une photo est prise pour calculer
les variations de volume.
CHAPITRE 4. ÉTUDE ET DÉVELOPPEMENT D’UNE CELLULE TRIAXIALE POUR
118 SIMULER L’EFFET DU COMPACTAGE
L’objectif étant de simuler le sur-compactage, l’échantillon de base doit déjà être dans un
état compacté avant l’essai. Pour ce faire, le sol est préparé au Proctor normal dans un moule
CBR (méthode identique à celle présentée en chapitre 3). Une fois l’échantillon compacté, il
est mis en forme pour la cellule triaxiale (φ = 50mm h = 100mm). La découpe se fait depuis
le bloc compacté, en supprimant d’abord le plus gros de l’excès de sol par découpe. Le bloc
restant est placé sur un touret (Fig. 4.24-a et b). Le touret est composé de deux cales et d’une
partie rotative, maintenant le sol en place et permettant la réalisation d’un cylindre de 50mm
de diamètre. L’échantillon est progressivement détouré à l’aide d’une lame (lissage Proctor)
au diamètre souhaité (Fig. 4.24-c). Pour finaliser la hauteur de l’échantillon et s’assurer de la
perpendicularité entre le cylindre et sa base, l’échantillon est placé dans un guide (Fig. 4.24-d),
puis est coupé à la taille requise (Fig. 4.24-e). Une fois à la bonne taille, il est placé dans la
cellule triaxiale. Avant de lancer l’essai, une journée est laissée au tensiomètre pour s’équilibrer.
La découpe étant manuelle, donc longue (∼ 1h), un échantillon de sol est prélevé avant
découpe et un autre après découpe, pour vérifier que la perte de teneur en eau n’est pas trop
grande. Les échantillons ont montré des pertes de 0.2 point de pourcentage, variations considérées
comme raisonnables.
La découpe est un moment clé de l’essai, car si l’échantillon est mal détouré ou présente un
défaut, il risque de cisailler sous un chargement plus faible que prévu. La figure 4.25 présente
un échantillon dont la tête à été endommagée lors de la préparation. Un cisaillement partiel est
observable sur les 4 premiers centimètres.
La mesure des changements de volume est nécessaire pour l’observation du compactage, car
elle permet d’observer la contraction du matériau à chaque passe. La mesure est réalisée à l’aide
des photos prises, ces dernières nécessitant un post-traitement pour parvenir aux variations. La
figure 4.26 présente les différentes étapes de l’analyse d’image. Dans un premier temps, la photo
est d’abord convertie en niveau de gris valant de 0 à 255 (Fig. 4.26[a → b]). Un seuil est ensuite
appliqué arbitrairement, mais le même est utilisé pour toutes les images d’un essai. L’éclairage
étant le même pour toutes les photos, le seuil utilisé est le même pour chacune d’entre elles. La
valeur du seuil est choisie manuellement de manière à obtenir la meilleure transition échantillon-
environnement, sans pour autant avoir trop d’artefacts, causés par des petites tâches sur l’image
qui nécessitent une correction manuelle (Fig. 4.26[b → c]). Seuls deux niveaux de couleurs restent
(0 et 255).
CHAPITRE 4. ÉTUDE ET DÉVELOPPEMENT D’UNE CELLULE TRIAXIALE POUR
120 SIMULER L’EFFET DU COMPACTAGE
Les transitions entre l’échantillon et l’embase, tout comme la transition avec l’en-tête, sont
problématiques, car elles génèrent des difficultés pour la mesure aux conditions limites de
l’échantillon. A cet endroit, l’échantillon va réduire de diamètre, sans que son support ne
se déforme. Toute mesure sur cette zone ne sera donc pas représentative du volume réel de
l’échantillon, qui sera alors retirée de l’analyse. Pour ce faire, la tête et la base de l’échantillon
sont découpées à partir de points de référence. Le haut de la photo est une référence fixe pour le
post-traitement, la presse déplaçant l’embase de l’échantillon. La partie haute de la photo sera
donc coupée à une distance fixe de ce point. Le bas sera, lui, découpé depuis le point haut de
la mire qui accompagne le déplacement de la presse. (Fig. 4.26[c → d]). Au cours de l’essai, la
tête de l’échantillon, reliée par rotule au piston (cellule de force), reste verticale, ce qui confirme
le bon parallélisme relatif entre la base et la tête de l’échantillon. Cette découpe graphique est
donc acceptable. Pour finir, la photo est purgée de tous les éléments non nécessaires au post-
traitement. En figure 4.26[e]), il ne reste alors plus que l’ombre de l’échantillon, libéré de tout
élément d’interférence, prêt pour la mesure.
250
Niveau de Gris (-)
200
150
100
50
0
0 200 400 600 800 1000 1200
Mesure de longueur (Px)
Le volume de l’échantillon est estimé par deux méthodes. La première consiste au calcul d’un
diamètre moyen (Dmoy ) de l’échantillon (Eq. 4.1). Il est estimé en utilisant la hauteur (hEch )
mesurée sur la photo et la surface visible de l’échantillon (SEch ). Le volume (V olEch ) est alors
considéré comme un cylindre parfait et déduit de la hauteur et du diamètre.
2
π · Dmoy
SEch
Dmoy = V olEch = · hEch (4.1)
hEch 4
La deuxième méthode se présente comme la somme des tranches sur la hauteur complète de
la photo traitée (Fig. 4.28). Pour chaque ligne de pixels, un rayon est mesuré en comptant le
nombre de pixels noirs. Ils sont alors convertis en rayons (Di ). Le volume représente la somme
de chaque tranche cylindrique d’épaisseur (hi = 1px). Le volume est alors exprimé en équation
4.2.
n
X π · D2 i
V olmoy = · hi (4.2)
4
i=1
Les deux méthodes donnent globalement les mêmes valeurs. L’intérêt de la deuxième serait
de pouvoir ajouter des points d’interpolation pour affiner la mesure (Gachet et al. 2007). De
CHAPITRE 4. ÉTUDE ET DÉVELOPPEMENT D’UNE CELLULE TRIAXIALE POUR
122 SIMULER L’EFFET DU COMPACTAGE
plus, une estimation du plan de déclenchement de cisaillement (si visible) pourrait être ajoutée
par l’intermédiaire de pentes observées sur les bords de l’échantillon.
Du point de vue de l’erreur de mesure, il faut d’abord considérer l’échelle vallant 0.069mm/px.
L’erreur sur la mesure de la mire est donc, à un pixel près, de 0.069mm. L’erreur sur la hauteur
est donc, elle, de 0.138mm, soit 0.138% pour une hauteur proche de 100mm. L’erreur sur le
rayon est elle aussi de 0.138mm, soit 0.276% pour un rayon proche de 50mm. En cumulant
l’erreur de la mire, celle du rayon, celle de la hauteur et la propagation par le calcul du volume,
l’erreur pour un échantillon de 200cm3 atteint 0.69%. Cette erreur est inférieure à celle présentée
par Gachet et al. 2007 qui est de 1.27%, en utilisant la même procédure de calcul. Il est en-
core possible de diminuer l’erreur par l’utilisation d’un dispositif photographique plus adapté
(CCD plus performant et objectif plus adapté à l’objet observé), mais aussi avec une procédure
mathématique d’affinement des bords. Il ne faut pas oublier que cette erreur est soumise à une
hypothèse importante : l’axi-symétrie de l’échantillon.
Un échantillon préparé à une teneur en eau de 23.5% a été placé dans la cellule triaxiale
dans le but de simuler le sur-compactage. Initialement compactée à l’énergie Proctor normale,
les cycles successifs simulant le passage d’une bille de compacteur vont permettre de visualiser
l’évolution de la succion et du volume au cours de l’essai.
Une fois l’échantillon stabilisé du point de vue des pressions interstitielles, il subit un charge-
ment. L’homogénéisation de la pression interstitielle n’est effectuée qu’après les cycles de char-
gement. Cette méthode se rapproche au mieux du terrain : lors du passage d’un compacteur, qui
dure moins d’une minute en réalité, les pressions n’ont pas le temps de se dissiper entre char-
gement et déchargement. La figure 4.29 met en évidence le chargement subi par l’échantillon.
Plusieurs cycles ont été appliqués, et le détail d’un cycle est présenté. La valeur de pression
moyenne (au sens de Mohr-Coulomb) est aussi présentée par la variable p, comme montré en
équation 4.3.
T r(σ) σ1 + 2 · σ3
p= = et p0 = p − uw (4.3)
3 3
Les photos sont prises à des moments clés de l’essai. Le premier cycle étant le plus important,
il est photographié : au début de l’essai, après la montée du confinement, après l’augmentation
du déviateur, après la baisse du déviateur et, pour finir, après la baisse du confinement. Les
cycles suivants ne sont pris en photo qu’avant et après. Notons que les cycles 3 à 5 ont été
effectués à la suite pour observer l’effet d’une non-retombée des pressions interstitielles dans
l’échantillon entre deux cycles.
Dans un premier temps, il est intéressant de porter un regard sur la fiabilité des mesures
par corrélation d’images. La déformation verticale de l’échantillon peut être mesurée de deux
manières lors de l’essai : d’une part, avec le capteur LVDT à l’extérieur de la cellule ; d’autre part,
avec la corrélation. La figure 4.30 présente l’évolution de la déformation verticale h (Eq. 4.4).
Les deux courbes sont quasi confondues avec un très léger écart sur deux photos. La courbe de
corrélation n’est en revanche pas continue, certaines photos (représentées par des croix) n’ayant
pas été prises sur l’ensemble de l’essai.
δh h0 − h δv v0 − v
h = = v = = (4.4)
h0 h0 v0 v0
Les déformations volumiques v présentées en figure 4.31-a montrent globalement un compor-
tement contractant du matériau. Exprimées en fonction des déformations verticales (Fig. 4.31-
4.3. SIMULATION DU SUR-COMPACTAGE AU SEIN D’UNE CELLULE TRIAXIALE 123
250
200
180
200
160
150 140
Contrainte (kPa)
Contrainte (kPa)
120
100
100
50 80
60
0 Déviateur σ1 Déviateur σ1
40
confinement σ3 confinement σ3
Pression moyenne p 20 Pression moyenne p
-50
0 20 40 60 80 100 120 140 22 22.5 23 23.5 24 24.5 25 25.5 26 26.5
Temps (h) Temps (h)
0.02
-0.02
Déformation verticale ǫh (-)
-0.04
-0.06
-0.08
-0.1
-0.12
-0.14
Figure 4.30 – Déformation verticale de l’échantillon mesuré par LVDT et corrélation d’images
b), on observe bel et bien une contraction du matériau sous l’effet des cycles de chargements
appliqués. Le matériau, sous l’effet du chargement, se contracte ; le déviateur appliqué après
le confinement génère alors une deuxième contraction, plus importante. Après déchargement,
l’échantillon subit un léger gonflement, et conserve une contraction résiduelle, attestant du com-
pactage effectif du matériau. Durant la période d’homogénéisation de la pression interstitielle, la
déformation verticale reste constante (−0.065) alors que les déformations volumiques présentent
une légère augmentation de volume (−0.015 → −0.012).
0
0
-0.005 -0.005
-0.01 -0.01
-0.015 -0.015
-0.02 -0.02
-0.025 -0.025
-0.03 -0.03
-0.035 -0.035
-0.04 -0.04
(a) (b)
Figure 4.31 – Déformations volumiques de l’échantillon
Les cycles de chargement 3, 4 et 5 ont été appliqués dans la foulée, sans laisser le temps à
la pression interstitielle de retomber. Il est raisonnable de penser que c’est ce qui se passe dans
la réalité d’un chantier de compactage. En effet, l’intervalle de temps entre deux passes de com-
pacteur se comptant en minutes, il est impossible pour la pression interstitielle de se rééquilibrer
dans un matériau fin. Les perméabilités ne permettent pas à la pression de se dissiper.
L’échantillon se trouvant du côté humide de l’optimum Proctor, les chapitres précédents ta-
blaient sur une diminution de la succion. Or, la succion augmente après chaque cycle. L’analyse
de la retombée des pressions interstitielles peut fournir une première explication. La fréquence
du compactage (Proctor ou chantier) étant fortement différente de celle utilisée ici, le fait de
laisser les pressions retomber entre deux chargements (ici pour permettre la mesure de la suc-
cion) mène à un résultat à l’opposé des attentes. Le Proctor ne laisse pas les pressions retomber
entre deux déviateurs. L’hypothèse serait alors que les plus forts incréments de pression in-
terstitielle mèneraient à une déstructuration de l’espace poral, inatteignable dans les conditions
expérimentales de la cellule. La deuxième explication peut venir d’un chargement trop important
de l’échantillon, menant à son cisaillement. Le comportement de la succion serait alors difficile
à prévoir, d’autant plus que le cisaillement a lieu en général en milieu d’échantillon, et non à la
base, à savoir le point de mesure expérimental.
Pour étayer la réflexion, l’observation des photos prises sur l’échantillon permet de présupposer
un cisaillement de celui-ci. S’il est difficile à voir sur les premières photos, la comparaison entre
la photo initiale et finale, une fois superposée, montre un plan possible de cisaillement. La figure
4.33 montre clairement la réduction verticale de l’échantillon, mais aussi un plan possible de
glissement, donnant un intervalle-angle de rupture compris entre 28◦ et 35◦ . En reportant les
intervalles-angles dans le domaine de Mohr-Coulomb (q fonction de p0 ), présenté en figure 4.34,
et en les comparant au chargement subi par l’échantillon, il est clair que les deux premiers cycles
montrent un dépassement de la limite de rupture. La cohésion est ici négligée, elle aurait pour
effet d’augmenter le domaine avant rupture.
σ1 − σ3
q= (4.5)
2
La succion initiale de l’échantillon semble, elle aussi, donner un élément d’interprétation
4.3. SIMULATION DU SUR-COMPACTAGE AU SEIN D’UNE CELLULE TRIAXIALE 125
40
30
20
Succion s (kPa)
10
-10
-20
Pression interstitielle
-30
0 20 40 60 80 100 120 140
Temps (h)
Le premier essai fournit des éléments de réflexion, plus particulièrement par rapport à l’ef-
fet du cisaillement. L’observation d’une augmentation de succion du côté humide de l’optimum
Proctor est contre- indicative des observations faites sur la planche comme sur les essais de labo-
ratoire. De manière à évaluer l’incidence du cisaillement, les essais suivants ont été exécutés sans
la phase de montée du déviateur. Chaque essai est réalisé avec un chargement quasi-isotrope,
avec un léger déviateur pour permettre de maintenir un bon contact entre le sol et le tensiomètre
CHAPITRE 4. ÉTUDE ET DÉVELOPPEMENT D’UNE CELLULE TRIAXIALE POUR
126 SIMULER L’EFFET DU COMPACTAGE
150
100
Cisaillement q (kPa)
50
-50
-100
Chargement subit
Domaine de Mohr-Coulomb 28, 32, 35°
-150
0 50 100 150 200
Pression moyenne effective p' (kPa)
(Fig. 4.35), et d’éviter un cisaillement en extension. Des deux essais exécutés, les deux ont posé
problème, chacun à sa propre manière.
150
100
Cisaillement q (kPa)
50
-50
-100
Chargement subit
Domaine de Mohr-Coulomb 28°, 32 °, 35 °
-150
0 50 100 150 200
Pression moyenne effective p' (kPa)
Le premier échantillon, un peu plus humide que l’échantillon précédent, a présenté un léger
glissement du LVDT au départ. L’échantillon est cette fois-ci un peu plus humide, avoisinant les
24% de teneur en eau, et n’a pas présenté de variations de volume mesurables par la corrélation.
Il est à noter que l’échantillon présente un rétrécissement vertical de l’ordre de 1 pixel, soit la
résolution de la photo. Une fois la mesure corrigée, les mesures LVDT et par corrélation s’ac-
cordent bien (Fig. 4.36).
La mesure de la succion, présentée en figure 4.37, montre en revanche une variation plus
proche des résultats attendus. Le cycle de chargement isotrope a mené à une diminution de la
succion au sein de l’échantillon, résultats rappelant les observations précédentes.
4.3. SIMULATION DU SUR-COMPACTAGE AU SEIN D’UNE CELLULE TRIAXIALE 127
×10-3 ×10-3
6 6
5 5
Déformation verticale ǫh (-)
3 3
2 2
1 1
déformation verticale (Photos) déformation verticale (Photos)
déformation verticale (LVDT) déformation verticale (LVDT)
0 0
0 10 20 30 40 50 0 10 20 30 40 50
Temps (h) Temps (h)
25
20
15
Succion s (kPa)
10
-5
Pression interstitielle
-10
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Temps (h)
4.4 Conclusion
Dans le cadre de l’étude expérimentale des sols non saturés, une cellule triaxiale a été
développée, s’inspirant et améliorant certains principes existants, dans l’objectif de mesurer
les pressions interstitielles négatives, ainsi que les changements de volume d’un échantillon. Au-
delà du développement, une première expérimentation a été réalisée dans l’objectif de mieux
comprendre l’effet du compactage.
de l’optimum (23%).
L’usage en l’état de la cellule triaxiale n’est pas évident. Comme pour tout essai de ce type,
la préparation de l’échantillon est une étape clé et difficile, en raison tout d’abord du temps de
préparation d’un échantillon, comprenant une semaine d’homogénéisation de la teneur en eau
du sol avant compactage (sac de 6kg de sol). La découpe présente le point critique, où une erreur
de lame rend un échantillon inexploitable. Les essais sont longs, avec un cycle de chargement-
déchargement par jour pour une mesure de succion journalière (20 heures d’homogénéisation du
tensiomètre).
Le premier essai montre un défaut de procédure. La forte augmentation des pressions in-
terstitielles dans l’échantillon ne permet pas de reproduire réellement l’activité de compactage
de chantier. L’objectif de mesurer la succion entre deux passes de compacteur est incompatible
avec le temps nécessaire à la mesure. Les modalités expérimentales sont donc à adapter pour
obtenir un essai reproduisant au mieux les conditions in situ. De même, des essais in situ ou en
laboratoire de compactage avec un temps de repos apporteraient des éléments complémentaires.
131
132 Conclusions
Inscrit dans le contexte de l’ANR TerreDurable, ce mémoire suit une partie du projet dont
la ligne directrice est résolument orientée vers la pratique. Dans un contexte où les chantiers
de terrassement ont un réemploi grandissant des matériaux fins, la maı̂trise de leurs mises en
œuvre reste souvent difficile, mais aussi limitée par le cadre réglementaire. De plus, le manque
de retours d’expériences sur les défauts de compactage comme le matelassage et/ou le feuilletage
est un handicap pour la profession qui aimerait anticiper ces phénomènes.
À partir de cet état des lieux, et avec les informations fournies par les praticiens et complétées
par bon nombre de données bibliographiques, un plan expérimental a été créé, permettant de
s’approcher des conditions réelles d’apparition de ces défauts. Pour le compléter, une approche en
amont, basée sur la mécanique des milieux non saturés, a été menée. Pour ce faire, le programme
comportait deux volets expérimentaux :
- le premier in situ, par l’intermédiaire de 20 plots de compactage et d’une planche d’essai.
Cette dernière a permis la variation de 4 paramètres chantier : la teneur en eau, la
mouture, le type de compacteur, et l’énergie de compactage ;
- le deuxième volet comportait une étude en laboratoire, comprenant deux objectifs : le
premier était de fournir un cadre non saturé aux résultats de la planche de compac-
tage, et le deuxième visait à étudier l’effet du compacteur sur le sol. Pour ce dernier, une
étude triaxiale a été menée, et une cellule spécifique réalisée.
Dans l’ensemble, les résultats de la thèse peuvent s’articuler et être croisés autour de trois
axes majeurs. Le premier concerne les pratiques de chantier, et les choix à effectuer selon l’ob-
jectif de compactage. Le deuxième axe porte sur les problématiques de laboratoire dans un cadre
de représentativité des essais effectués vis-à-vis de la réalité du chantier. Pour finir, le troisième
axe porte sur des problématiques plus spécifiques de la mécanique des milieux non saturés, à
savoir, interactions succion-densité-saturation.
Dans le cadre de la réalisation d’ouvrages, les objectifs vont être le moteur des choix à opérer
vis-à-vis du compactage. Dans le cadre des barrages-poids, c’est l’homogénéité du matériau qui
prime, les objectifs de résistance mécanique étant secondaires. Dans ce cadre, la planche montre
que l’utilisation d’un matériau du côté humide de l’optimum Proctor est tout indiquée. Une
fois compacté, le sol présentera des résistances suffisantes et homogènes sur toute la profondeur
de couche. Par contre, l’énergie de compactage se devra de rester faible, sous peine de pertes
importantes de résistance mécanique. L’utilisation d’un rouleau lisse entraı̂ne de forts risques de
matelassage, ce dernier empêchant tout compactage. Il est à noter que le matelassage n’a pu être
empêché par le surcompactage. Une fois le matériau compacté, les jours non travaillés risque-
ront de poser problème. Toute dessiccation importante de l’ouvrage entraı̂nera une fissuration
du matériau. En effet, les faibles densités obtenues impliquent une entrée d’air à teneur en eau
plus importante que pour un matériau plus dense. Il faudra rester vigilant quand la teneur en
eau sera obtenue à l’aide d’une injection. En effet, sans un pulvimixage conséquent, les teneurs
seront fortement disparates, menant à une hétérogénéité de l’ouvrage.
Dans le cas des ouvrages routiers, l’objectif du compactage est la densité de fond de couche,
mais aussi la résistance mécanique. Dans ce cadre, le surcompactage d’un matériau sec fournit
un résultat plutôt positif, avec une augmentation des deux valeurs à mesure de l’augmentation
du nombre de passes de compacteur. Pour autant, de par sa forte densité, le comportement en
retrait-gonflement risque de poser problème pour le long terme. La moindre variation hydrique
provoquera des gradients de succion plus importants que pour un matériau medium, pouvant
Conclusions 133
mener l’ouvrage à des désordres. Cette solution semble donc abordable uniquement si l’ouvrage
est protégé des intrusions d’eau. Les choix de compactage pour le routier se porteront donc plus
vers un matériau humide normalement compacté. Dans ce cas, le surcompactage sera prohibé.
Les différences entre rouleaux sont dans l’ensemble celles attendues. Les couches sont plus ho-
mogènes au pied dameur, mais présentent des résistances-pics plus faibles qu’au rouleau lisse, où
le fond de couche peut laisser à désirer. Il reste à noter les très bonnes performances du couple
rouleau lisse-pulvimixeur sur matériau medium, ces dernières pouvant être en partie attribuées
au fait que le pulvimixeur tend à sécher légèrement le matériau.
L’analyse de l’effet à long terme du compactage sur les ouvrages découlant de l’analyse des
courbes de rétention, une planche de compactage à long terme serait nécessaire pour affiner les
conclusions présentées. Dans ce cadre, de meilleures méthodes seraient à mettre en place pour
éviter les problèmes rencontrés. D’abord, l’accès à des compacteurs équipés de GPS permettrait
un meilleur contrôle de l’épaisseur de couche et dissiperait les errements quant à leur influence
sur les résultats expérimentaux. Les méthodes de prélèvement seraient, elles aussi, à revoir. Une
méthode de prélèvement par blocs de sol taillés serait probablement moins interférente vis-à-vis
des mesures que le carottage foncé. Des essais à long terme, observés sur plusieurs années, per-
mettraient de mieux anticiper les déformations et désordres rencontrés au cours de la vie des
ouvrages de terrassement.
Le suivi des chantiers de terrassement nécessite la réalisation de bon nombre d’essais Proc-
tors et IPI. Or, plusieurs questions peuvent se présenter sur la représentativité de ces essais, et
la cohérence avec leurs homologues effectués en amont du chantier. Le temps d’action limité sur
chantier et l’avance rapide de ce dernier ne permettent pas toujours le bon respect de prérogatives
expérimentales. Or, l’essai Proctor montre une forte dépendance à la préparation du matériau.
Un séchage à l’étuve trop fort peut mener à des écarts importants, non seulement sur la teneur
en eau d’optimum, mais aussi sur la densité observée. Le séchage du matériau aura aussi une
influence sur la courbe de rétention. L’augmentation de la température de séchage mène à un
incrément de la succion d’entrée d’air. De même, les comportements de retrait-gonflement se-
ront changés pour un matériau subissant de trop fortes températures. De même, la mouture du
matériau influe fortement sur la valeur de la densité à l’optimum. Une mouture grossière n’at-
teindra pas des densités aussi importantes, faute à l’énergie perdue servant à déformer les mottes
lors du serrage du matériau. La pertinence d’un optimum de densité basé sur une mouture de
quelques millimètres pose alors problème au regard de celle, bien plus importante, observée sur
chantier. En ajoutant à cette problématique les différences induites entre un compactage de
laboratoire dynamique et un compactage quasi-statique vibrant de chantier, apparaı̂t alors le
problème de prescription de compactage, surtout quand les critères de contrôle découlent des
essais de laboratoire.
La plupart des essais présentés confirment les difficultés de saturation des matériaux fins
compactés. Cette difficulté de saturation est causée par la présence de bulles d’air occlus, mises
en équations par la Classical Nucleation Theory (CNT). La CNT apporte un élément de
réflexion quant aux usages expérimentaux en mécanique des sols non saturés, principalement au
regard de la translation d’axe. Cette dernière mène à une forte sous-estimation des effets liés
aux bulles d’air. Les bulles sous translation d’axe sont de tailles réduites, et dans le cadre d’une
désaturation, ne peuvent parfois pas se former. Or, dans le domaine proche de la saturation,
les bulles d’air influencent la compressibilité de fluide interstitiel et jouent un rôle prépondérant
dans les réponses mécaniques du sol. Ces phénomènes incitent à l’abandon de la translation
134 Conclusions
La planche de compactage et les pénétromètres utilisés ont mis en évidence une zone de
virage pour la réponse hydromécanique du sol en cas de surcompactage. Du côté humide, le
sol perd sa résistance sous l’effet du sur-compactage. À l’opposé, ce dernier aura tendance à
augmenter la résistance mécanique du sol. La zone medium se comporte alors comme une zone
de transition. Ces résultats sont confirmés et affinés par les essais IPI, où le virage de comporte-
ment se trouve à l’optimum Proctor. Le gain du côté sec est lié à la densification apportée par
l’énergie de compactage complémentaire, avec une influence faible sur la succion. En revanche,
l’énergie complémentaire du côté humide aura tendance à diminuer drastiquement la succion.
Cette perte, malgré une densification notable, conduit à une perte de la résistance mécanique.
L’eau et les bulles prisonnières du sol jouent un rôle prédominant du côté humide. Le surcom-
pactage va mener d’abord à une déstructuration de l’espace poral, avec une augmentation de la
taille moyenne des pores, mais aussi à une réponse élastique du sol par compression - dépression
des bulles d’air susceptibles de générer du matelassage. Ces problématiques renforcent le besoin
de modèles prenant en compte la présence des bulles d’air dans le fluide interstitiel. La simula-
tion du comportement des sols non saturés au compactage doit tenir compte de ces éléments.
La conception d’une cellule optimisée pour une mesure originale par inter-corrélation d’images
a permis d’apporter des éléments complémentaires au regard des chargements subis par le sol.
L’observation des contraintes générées par un compacteur de type lisse (parmi les plus lourds
du marché), reproduites en cellule triaxiale, amène un nouveau problème. Les chargements ap-
pliqués ont conduit à un cisaillement des échantillons lors de la simulation du passage d’un
compacteur. Ce cisaillement mène à des interrogations quant à l’effet réel des compacteurs, au
regard de leurs tailles et masses actives, et il permettrait, peut-être, d’expliquer certaines dispa-
rités de la planche de compactage. La succion initiale du matériau joue alors un rôle important
sur la sensibilité du matériau au cisaillement générée par le compacteur. Plus la succion ini-
tiale sera importante, moins le matériau risque le cisaillement. Cela montre que l’état initial du
matériau mène à une nouvelle séparation de la réponse hydromécanique entre côtés humide et
sec de l’optimum. La bonne performance, encore améliorable, sur la mesure de changements de
volumes à l’aide de la cellule triaxiale, incite à la création d’une campagne d’essais plus poussés,
avec mesure de champs de déplacement 3D surfaciques, qui permettrait peut-être de détecter
les plans de rupture. Cette campagne permettrait aussi de nourrir, de façon plus complète, le
modèle développé dans le cadre du projet, et ainsi parvenir à une interprétation plus poussée
de l’effet du compactage de chantier sur les matériaux fins. La cellule serait alors un outil clé
pour la calibration du modèle et permettrait de simuler des ouvrages grandeur nature, selon leur
compactage, à partir des données obtenues.
Bibliographie
135
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138 BIBLIOGRAPHIE
143
144 Annexes
Planche 1 : 1BMVP5
Compactage normal (4) Compactage Forcé (12)
Succion ka kw Sr suction ka kw Sr
Haut 456 - - 100% 533 - - 97%
Bas 424 - - 96% 724 - - 98%
LOMC 815 7.7 · 8.0 · 88% 961 - - 79%
10−12 10−16
Porométrie Mercure
0.012
4 passes
Intrusion Incrémentale (mLg )
12 passes
−1
0.01
0.008 1BMVP
0.006
0.004
0.002
0 −3 −2 −1 0 1 2 3
10 10 10 10 10 10 10
Diamètre de pore (µm)
6
Différence des taux d’occupation (%)
−2
−6
−3 −2 −1 0 1 2 3
10 10 10 10 10 10 10
Diamètre de pore (µm)
148
−1.5 −1.5
C2 Haut C2 Haut
=3.56/3.27 =4.19/4
C1 Haut C1 Haut
=3.13/2.74 =3.9/3.78
C1 Bas C1 Bas
=4.16/2.99 =4.57/3.78
−3 −3
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Resistance en pointe Qc (MPa) Resistance en pointe Qc (MPa)
Annexes
Annexes 149
Planche 2 : 2BMV5
Compactage normal (4) Compactage Forcé (12)
Succion ka kw Sr suction ka kw Sr
Haut 2072 - - 97% 618 - - 100%
Bas 2143 - - 100% 584 - - 99%
LOMC - - - 88% 961 - - 79%
Porométrie Mercure
0.012
4 passes
Intrusion Incrémentale (mLg )
12 passes
−1
0.01
0.008 2BMV5
0.006
0.004
0.002
0 −3 −2 −1 0 1 2 3
10 10 10 10 10 10 10
Diamètre de pore (µm)
6
Différence des taux d’occupation (%)
−2
−6
−3 −2 −1 0 1 2 3
10 10 10 10 10 10 10
Diamètre de pore (µm)
150
−1.5 −1.5
C2 Haut C2 Haut
=4.93/4.56 =5.29/4.98
C1 Haut C1 Haut
=6.79/5.08 =6.52/5.82
C1 Bas C1 Bas
=6.14/5.08 =6.7/6.14
−3 −3
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Resistance en pointe Qc (MPa) Resistance en pointe Qc (MPa)
Annexes
Annexes 151
Planche 3 : 3BSVP5
Compactage normal (4) Compactage Forcé (12)
Succion ka kw Sr suction ka kw Sr
Haut 969 - - 96% 1041 - - 97%
Bas 1410 - - 96% 630 - - 98%
LOMC 1190 - - 74% 1060 1.7 · 1.0 · 71%
10−12 10−15
Porométrie Mercure
0.012
4 passes
Intrusion Incrémentale (mLg )
12 passes
−1
0.01
0.008 3BSVP
0.006
0.004
0.002
0 −3 −2 −1 0 1 2 3
10 10 10 10 10 10 10
Diamètre de pore (µm)
6
Différence des taux d’occupation (%)
−2
−6
−3 −2 −1 0 1 2 3
10 10 10 10 10 10 10
Diamètre de pore (µm)
152
−1.5 −1.5
C3 Bas C3 Bas
=4.86/4.48 =4.74/4.28
C2 Haut C2 Haut
=4.91/4.74 =5.19/5.03
C1 Haut C1 Haut
=4.14/3.99 =4.28/4.18
C1 Bas C1 Bas
=8.44/4.07 =4.5/3.89
−3 −3
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Resistance en pointe Qc (MPa) Resistance en pointe Qc (MPa)
Annexes
Annexes 153
Planche 4 : 4BSV5
Compactage normal (4) Compactage Forcé (12)
Succion kw kw Sr suction kw kw Sr
Haut 1558 - - 97% 624 - - 99%
Bas 1464 - - 97% 721 - - 96%
LOMC 1190 1.6 · 2.0 · 84% 730 1.5 · 1.0 · 85%
10−15 10−16 10−13 10−12
Porométrie Mercure
0.012
4 passes
Intrusion Incrémentale (mLg )
12 passes
−1
0.01
0.008 4BSV5
0.006
0.004
0.002
0 −3 −2 −1 0 1 2 3
10 10 10 10 10 10 10
Diamètre de pore (µm)
6
Différence des taux d’occupation (%)
−2
−6
−3 −2 −1 0 1 2 3
10 10 10 10 10 10 10
Diamètre de pore (µm)
154
−1.5 −1.5
C2 Haut C2 Haut
=6.39/5.7 =6.31/5.97
C1 Haut C1 Haut
=6.45/5.3 =5.15/4.65
C1 Bas C1 Bas
=12.67/7.42 =6.19/4.29
−3 −3
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Resistance en pointe Qc (MPa) Resistance en pointe Qc (MPa)
Annexes
Annexes 155
Planche 5 : 5BMVP5
Compactage normal (4) Compactage Forcé (12)
Succion ka kw Sr suction ka kw Sr
Haut 922 - - 96% 1112 - - 99%
Bas 933 - - 95% 1372 - - 98%
LOMC 1190 - - 78% 1511 - - 76%
Porométrie Mercure
0.012
4 passes
Intrusion Incrémentale (mLg )
12 passes
−1
0.01
0.008 5PMV5
0.006
0.004
0.002
0 −3 −2 −1 0 1 2 3
10 10 10 10 10 10 10
Diamètre de pore (µm)
6
Différence des taux d’occupation (%)
−2
−6
−3 −2 −1 0 1 2 3
10 10 10 10 10 10 10
Diamètre de pore (µm)
156
−1.5 −1.5
C2 Haut C2 Haut
=5.07/4.77 =5.13/4.98
C1 Haut C1 Haut
=5.88/5.49 =6.13/5.57
C1 Bas C1 Bas
=7.02/4.32 =5.16/4.28
−3 −3
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Resistance en pointe Qc (MPa) Resistance en pointe Qc (MPa)
Annexes
Annexes 157
Planche 6 : 6BMV5
Compactage normal (4) Compactage Forcé (12)
Succion ka kw Sr suction ka kw Sr
Haut 1474 - - 99% 308 - - 94%
Bas 1813 - - 96% 520 - - 95%
LOMC 985 2.5 · 2.0 · 87% 727 - - 62%
10−12 10−15
Porométrie Mercure
0.012
4 passes
Intrusion Incrémentale (mLg )
12 passes
−1
0.01
0.008 6PMV5
0.006
0.004
0.002
0 −3 −2 −1 0 1 2 3
10 10 10 10 10 10 10
Diamètre de pore (µm)
6
Différence des taux d’occupation (%)
−2
−6
−3 −2 −1 0 1 2 3
10 10 10 10 10 10 10
Diamètre de pore (µm)
158
C1 Haut C1 Haut
=6.94/5.53 =6.92/5.71
−1 −1
C1 Bas C1 Bas
=5.52/4.47 =5.8/5.19
−1.5 −1.5
C2 Haut C2 Haut
=5.54/5.04 =5.49/5.02
C1 Haut C1 Haut
=7.12/6.74 =7.09/6.79
C1 Bas C1 Bas
=4.85/3.24 =5.04/3.89
−3 −3
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Resistance en pointe Qc (MPa) Resistance en pointe Qc (MPa)
Annexes
Annexes 159
Planche 7 : 7PHV5
Compactage normal (4) Compactage Forcé (12)
Succion ka kw Sr suction ka kw Sr
Haut 877 - - 99% 100 - - 99%
Bas 796 - - 100% 202 - - 99%
LOMC 445 2.5 · 2.0 · 91% 820 - - 83%
10−12 10−15
Porométrie Mercure
0.012
4 passes
Intrusion Incrémentale (mLg )
12 passes
−1
0.01
0.008 7PHV5
0.006
0.004
0.002
0 −3 −2 −1 0 1 2 3
10 10 10 10 10 10 10
Diamètre de pore (µm)
6
Différence des taux d’occupation (%)
−2
−6
−3 −2 −1 0 1 2 3
10 10 10 10 10 10 10
Diamètre de pore (µm)
160
−1.5 −1.5
C2 Haut C2 Haut
=10.08/8.78 =NaN/NaN
C1 Haut C1 Haut
=NaN/NaN =NaN/NaN
C1 Bas C1 Bas
=NaN/NaN =NaN/NaN
−3 −3
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Resistance en pointe Qc (MPa) Resistance en pointe Qc (MPa)
Annexes
Annexes 161
Planche 8 : 8PHVP5
Compactage normal (4) Compactage Forcé (12)
Succion ka kw Sr suction ka kw Sr
Haut 71 - - 99% 637 - - 99%
Bas 84 - - 100% 409 - - 98%
LOMC 120 1.6 · 1.0 · 90% 961 - - 79%
10−14 10−15
Porométrie Mercure
0.012
4 passes
Intrusion Incrémentale (mLg )
12 passes
−1
0.01
0.008 8PHVP
0.006
0.004
0.002
0 −3 −2 −1 0 1 2 3
10 10 10 10 10 10 10
Diamètre de pore (µm)
6
Différence des taux d’occupation (%)
−2
−6
−3 −2 −1 0 1 2 3
10 10 10 10 10 10 10
Diamètre de pore (µm)
162
−1.5 −1.5
C2 Haut C2 Haut
=3.83/3.51 =3.74/3.38
C1 Haut C1 Haut
=NaN/NaN =NaN/NaN
C1 Bas C1 Bas
=NaN/NaN =NaN/NaN
−3 −3
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Resistance en pointe Qc (MPa) Resistance en pointe Qc (MPa)
Annexes
Annexes 163
Planche 9 : 9BHVP5
Compactage normal (4) Compactage Forcé (12)
Succion ka kw Sr suction ka kw Sr
Haut 579 - - 100% 180 - - 100%
Bas 679 - - 100% 1561( !) - - 98%
LOMC 1200 - - 82% 18 7.8 · 1.0 · 92%
10−14 10−14
Porométrie Mercure
0.012
4 passes
Intrusion Incrémentale (mLg )
12 passes
−1
0.01
0.008 9BHVP
0.006
0.004
0.002
0 −3 −2 −1 0 1 2 3
10 10 10 10 10 10 10
Diamètre de pore (µm)
6
Différence des taux d’occupation (%)
−2
−6
−3 −2 −1 0 1 2 3
10 10 10 10 10 10 10
Diamètre de pore (µm)
164
−1.5 −1.5
C2 Haut C2 Haut
=2.25/1.97 =2.07/1.91
C1 Haut C1 Haut
=NaN/5.21 =NaN/5.05
C1 Bas C1 Bas
=NaN/NaN =NaN/NaN
−3 −3
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Resistance en pointe Qc (MPa) Resistance en pointe Qc (MPa)
Annexes
Annexes 165
0.9 0.9
0.8 0.8
Indice des vides e (−)
0.6 0.6
0.5 0.5
0.4 0.4
0.3 0.3 1 2 3 4
0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 10 10 10 10
Teneur en eau w (−) Succion s (kPa)
1 1
sair=1160kPa
0.95 0.95
0.9 0.9
Degré de saturation Sr (−)
0.85 0.85
0.8 0.8
0.75 0.75
0.7 0.7
0.65 0.65
0.6 0.6 1 2 3 4
0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 10 10 10 10
Teneur en eau w (−) Succion s (kPa)
0.35
0.3
Teneur en eau w (−)
Courbe de saturation
courbe de séchage 0.25
Point en saturation
Point en séchage
Point Proctor
Pmodifié w=22.0% ρd=1.63 0.2
0.15
0.1 1 2 3 4
10 10 10 10
Succion s (kPa)
Annexes 167
0.9 0.9
0.8 0.8
Indice des vides e (−)
0.6 0.6
0.5 0.5
0.4 0.4
0.3 0.3 1 2 3 4
0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 10 10 10 10
Teneur en eau w (−) Succion s (kPa)
1 1
sair=2511kPa
0.95 0.95
0.9 0.9
Degré de saturation Sr (−)
0.85 0.85
0.8 0.8
0.75 0.75
0.7 0.7
0.65 0.65
0.6 0.6 1 2 3 4
0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 10 10 10 10
Teneur en eau w (−) Succion s (kPa)
0.35
0.3
Teneur en eau w (−)
Courbe de saturation
courbe de séchage
0.25
Point en saturation
Point en séchage
Point Proctor
P ρ =1.65 0.2
normal w=22.0% d
Pnormal w=24.0%, ρd=1.65
Pnormal w=19.5%, ρd=1.63
0.15
0.1 1 2 3 4
10 10 10 10
Succion s (kPa)
168 Annexes
0.9 0.9
0.8 0.8
Indice des vides e (−)
0.6 0.6
0.5 0.5
0.4 0.4
0.3 0.3 1 2 3 4
0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 10 10 10 10
Teneur en eau w (−) Succion s (kPa)
1 1
sair=3168kPa
0.95 0.95
0.9 0.9
Degré de saturation Sr (−)
0.85 0.85
0.8 0.8
0.75 0.75
0.7 0.7
0.65 0.65
0.6 0.6 1 2 3 4
0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 10 10 10 10
Teneur en eau w (−) Succion s (kPa)
0.35
0.3
Teneur en eau w (−)
Courbe de saturation
courbe de séchage 0.25
Point en saturation
Point en séchage
Point Proctor
Pmodifié w=22.0% ρd=1.68 0.2
0.15
0.1 1 2 3 4
10 10 10 10
Succion s (kPa)
Annexes 169
Points pd ' 1.52g · cm−3 , séchage 110◦ C avec courbe équivalente séchage naturel
1 1
0.9 0.9
0.8 0.8
Indice des vides e (−)
0.6 0.6
0.5 0.5
0.4 0.4
0.3 0.3 1 2 3 4
0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 10 10 10 10
Teneur en eau w (−) Succion s (kPa)
1 1
sair=1160kPa
0.95 0.95
0.9 0.9
Degré de saturation Sr (−)
0.85 0.85
0.8 0.8
0.75 0.75
0.7 0.7
0.65 0.65
0.6 0.6 1 2 3 4
0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 10 10 10 10
Teneur en eau w (−) Succion s (kPa)
0.35
0.3
Teneur en eau w (−)
0.1 1 2 3 4
10 10 10 10
Succion s (kPa)
170 Annexes
Points pd ' 1.62g · cm−3 , séchage 110◦ C avec courbe équivalente séchage naturel
1 1
0.9 0.9
0.8 0.8
Indice des vides e (−)
0.6 0.6
0.5 0.5
0.4 0.4
0.3 0.3 1 2 3 4
0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 10 10 10 10
Teneur en eau w (−) Succion s (kPa)
1 1
sair=2511kPa
0.95 0.95
0.9 0.9
Degré de saturation Sr (−)
0.85 0.85
0.8 0.8
0.75 0.75
0.7 0.7
0.65 0.65
0.6 0.6 1 2 3 4
0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 10 10 10 10
Teneur en eau w (−) Succion s (kPa)
0.35
0.3
Teneur en eau w (−)
0.1 1 2 3 4
10 10 10 10
Succion s (kPa)
Annexes 171
Points pd ' 1.70g · cm−3 , séchage 110◦ C avec courbe équivalente séchage naturel
1 1
0.9 0.9
0.8 0.8
Indice des vides e (−)
0.6 0.6
0.5 0.5
0.4 0.4
0.3 0.3 1 2 3 4
0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 10 10 10 10
Teneur en eau w (−) Succion s (kPa)
1 1
sair=3168kPa
0.95 0.95
0.9 0.9
Degré de saturation Sr (−)
0.85 0.85
0.8 0.8
0.75 0.75
0.7 0.7
0.65 0.65
0.6 0.6 1 2 3 4
0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 10 10 10 10
Teneur en eau w (−) Succion s (kPa)
0.35
0.3
Teneur en eau w (−)
Courbe de saturation
courbe de séchage 0.25
Point en saturation
Point en séchage
Point Proctor
Pmodifié (110° C) w=21.0% ρd=1.68 0.2
0.15
0.1 1 2 3 4
10 10 10 10
Succion s (kPa)