Pénologie - Francais
Pénologie - Francais
Pénologie - Francais
Définition de la pénologie
Étymologie :
Une discipline dénommée science pénitentiaire jusque dans les années 1970 car
la pénalité se résumait essentiellement aux peines privatives de liberté
Ensuite sont apparus 2 principes essentiels en droit de la peine
le principe d’individualisation des peines : il faut trouver une peine juste et
adaptée à l’infraction commise et au profil du délinquant
le principe de traitement des délinquants : le système pénal a pour charge de
réinsérer le délinquant pour qu’il ne récidive pas
La substitution de la Pénologie :
Une étude de la peine, du traitement pénal de la délinquance et des délinquants
Une science sociale qui rend compte des pratiques pénales, c'est-à-dire des
punitions infligées aux délinquants
Elle inclut tous les travaux qui conçoivent la pénalité comme un phénomène social
et qui tentent d'identifier les fonctions sociales de l‘institution pénale.
Elle étudie les buts, les fonctions ou encore le régime des peines.
Elle étudie aussi les méthodes utilisées pour réadapter les délinquants
1.2 Les rapports entre la pénologie et les autres disciplines des sciences criminelles
a. Entre pénologie et droit pénal
Le double rôle du droit pénal :
Il est possible de mettre en évidence trois fonctions essentielles du droit pénal.
La première est sans aucun doute sa fonction répressive. Le droit pénal est
élaboré pour sanctionner dans l’intérêt général certains comportements dangereux
pour l’ordre public ou contraires aux exigences de la vie en société.
Sa deuxième fonction est, en réprimant les atteintes qui leur sont portées,
d’exprimer les valeurs essentielles de la société. Il a donc une fonction expressive. Les
incriminations pénales, et les peines qui leur sont associées, témoignent de l’importance
accordée par le législateur au respect de certaines valeurs. Ainsi, le fait de tuer
quelqu’un et puni bien plus lourdement que le fait de voler. Le droit pénal se présente
finalement comme une hiérarchisation sociale de certaines valeurs.
Enfin, sa troisième fonction est protectrice. Il protège bien sûr la société contre la
délinquance mais également les citoyens, qu’ils soient ou non auteurs d’infractions,
contre les abus de la répression. Il a pour objet immédiat de protéger la société de
manière à assurer la sécurité sans laquelle aucune liberté ne peut être pleinement
exercée. Mais en même temps qu’il permet la répression, le droit pénal la régule. En
cela, il est une garantie fondamentale de la liberté individuelle le droit pénal des
sociétés démocratiques est en effet dominé par le principe de la légalité des délits et
des peines, héritée du siècle des lumières, de la pensée de Montesquieu (l’esprit des
lois, 1748) et de Beccaria (traité des délits et des peines, 1764). Ce principe est inscrit à
l’article 8 de la déclaration des droits de l’homme ainsi que dans de nombreux textes
internationaux, dont la Convention européenne des droits de l’homme. Il signifie que
nul ne peut être condamné pour un fait acquis, au moment où il a été commis, ne
constituait pas une infraction selon le droit alors en vigueur.
Indiquer les peines auxquelles s’exposent les individus qui commettent de tels
agissements
Selon la gravité des faits, le droit français retient une classification tripartite des
infractions : Article 111-1 du code pénal
Cette distinction est importante du point de vue des peines qui peuvent être
prononcées, nous y reviendrons, mais aussi sur le plan de la procédure, notamment
quant à la juridiction compétente. De façon très schématique, car il y a en réalité des
juridictions spécialisées (comme les juridictions pour mineurs) :
Pour les étudiants sociologues : quelques notions de base sur les ordres juridictionnels
et les différentes juridictions
En France, la justice se compose de deux ordres de juridiction bien distincts :
- l'ordre judiciaire : Les juridictions de l'ordre judiciaire règlent les litiges opposant les
citoyens entre eux et sanctionnent les auteurs d'infractions aux lois pénales. Il regroupe
donc les juridictions civiles et les juridictions pénales.
- l'ordre administratif : les juridictions de l'ordre administratif, jugent les litiges
opposant un citoyen à l'Etat, à une collectivité territoriale ou à un organisme chargé
d'une mission de service public.
Une délimitation de son champ d’étude : les peines définies dans le Code pénal
Une détermination :
La pénologie s’appuie sur le droit pénal pour savoir qui peut être condamné à telle ou
telle peine : les personnes physiques majeures, les mineurs, les personnes morales. Elle
s’appuie sur le droit pénal pour savoir quelles sont les peines qui s’appliquent à telle ou
telle incrimination (criminelles, délictuelles, contraventionnelles).
Ex :L'article 132-24 du Code pénal, remplacé en 2014 par les articles 130-1 et 132-1
Cet article nous renseigne bien sur la philosophie pénale qui régit notre système de
justice :
Assemblée Nationale
Sénat
Les infractions, et les peines associées, se situent pour la plupart dans le code pénal.
Mais ATTENTION, on peut trouver des infractions pénales dans d'autres codes (du
travail, de commerce, etc.).
CODE PÉNAL
Sous-section 6 : Des effets des condamnations prononcées par les juridictions pénales
d'un Etat membre de l'Union européenne (Articles 132-23-1 à 132-23-2
Paragraphe 1 : Des conditions d'octroi du sursis avec mise à l'épreuve (Articles 132-40 à
132-42
Paragraphe 4 : Des effets du sursis avec mise à l'épreuve (Articles 132-52 à 132-53
En 1958, a été instauré dans le code de procédure pénale un livre consacré aux
« procédures d’exécution » : règles qui définissent la mise à exécution et le
déroulement de la peine une fois celle-ci prononcée par les juridictions de jugement.
II. - Le régime d'exécution des peines privatives et restrictives de liberté vise à préparer
l'insertion ou la réinsertion de la personne condamnée afin de lui permettre d'agir en
personne responsable, respectueuse des règles et des intérêts de la société et d'éviter
la commission de nouvelles infractions.
Ce régime est adapté au fur et à mesure de l'exécution de la peine, en fonction de
l'évolution de la personnalité et de la situation matérielle, familiale et sociale de la
personne condamnée, qui font l'objet d'évaluations régulières.
III. - Toute personne condamnée incarcérée en exécution d'une peine privative de
liberté bénéficie, chaque fois que cela est possible, d'un retour progressif à la liberté
en tenant compte des conditions matérielles de détention et du taux d'occupation de
l'établissement pénitentiaire, dans le cadre d'une mesure de semi-liberté, de placement
à l'extérieur, de placement sous surveillance électronique, de libération conditionnelle ou
d'une libération sous contrainte, afin d'éviter une remise en liberté sans aucune forme
de suivi judiciaire.
au rôle et aux prérogatives du ministère public, du parquet, dans la mise à
exécution des peines
Pour les étudiants sociologues : précisions sur les magistrats du parquet dans la
Section 2 de l'introduction - la notion de peine.
Livre V : Des procédures d'exécution Titre Ier : De l'exécution des sentences pénales
......
Titre Ier bis : De la contrainte pénale (Articles 713-42 à 713-49
Titre II : De la détention
Titre VII ter : Du placement sous surveillance électronique mobile à titre de mesure de
sûreté (Articles 763-10 à 763-14
Chapitre Ier : Dispositions applicables aux personnes physiques (Articles 785 à 798-1
Pour lutter efficacement contre la récidive et définir des peines adéquates, il est
nécessaire de connaître les facteurs de délinquance et le processus de l’action
criminelle.
L'efficacité des peines selon les types d'infractions et les types de délinquants
Au-delà des disciplines juridiques, il faut bien comprendre que les savoirs sur la peine
sont extrêmement fragmentés. Lorsque l’on mène des recherches en pénologie, il faut
être attentif aux enseignements de la philosophie, de l’histoire, de la sociologie, de la
science politique, etc.
-La philosophie pour étudier les rationalités pénales, les fondements, le sens et les
fonctions de la peine. Platon, Hobbes, Aristote, Saint-Augustin, Kant, Bentham et bien
d’autres ont développé différentes conceptions de l’homme criminel et du crime. Ces
conceptions influencent considérablement les fondements de la peine.
-La sociologie pour étudier les pratiques pénales par le biais d'études empiriques.
Définition
Étymologie : la peine est la rançon de l’acte antisocial commis
Juridique : toute sanction liée à une incrimination pénale et prononcée par une
juridiction pénale
et
Pour approfondir :
Rosenfeld Emmanuel, Veil Jean, « Sanctions administratives, sanctions pénales
», Pouvoirs, 2009/1 (n° 128), p. 61-73.
des sanctions pénales qui ne sont pas des peines au sens strict
En effet, toutes les sanctions pénales ne font pas l’objet d’un prononcé par un juge
pénal, à l’issue d’une procédure contradictoire.
Généralement, ces sanctions pénales visent un évitement du procès pénal.
Elles visent bien à sanctionner une infraction pénale, mais ces sanctions ne sont pas
prononcées par un juge, mais par un magistrat du parquet.
Missions :
Diriger la police judiciaire, les enquêtes
Exercer l’action publique
Principe de l’opportunité des poursuites : le Procureur peut classer une affaire,
même si tous les éléments de preuve sont réunis
Le Parquet est également libre de choisir la procédure de jugement, voire
certaines sanctions
En cas de poursuites, requérir auprès des magistrats du siège l’application de la
loi, de requérir une peine au nom de la société
Mettre à exécution les peines prononcées par les juridictions de jugement
Représenter l’institution judiciaire dans les dispositifs partenariaux au niveau local
(avec les élus, les associations, etc.)
Statut :
Une moindre indépendance que les magistrats du siège du fait des règles de
nomination et d’avancement. Au point que la Cour européenne des droits de l’homme a
contesté l’appartenance du parquet français à « l’autorité judiciaire »
Or les magistrats du parquet ont des pouvoirs de sanction, parfois mis en œuvre par
d'autres institutions.
Depuis le début des années 1990, les magistrats du parquet ont récupéré de plus en
plus de pouvoirs, y compris dans le champ des sanctions, avec pour objectif de
désengorger les juridictions de jugement des petites affaires de faible gravité.
Ce ne sont pas des peines au sens strict, car le procureur décide seul de la sanction, qui
n’est donc pas prononcée par une juridiction de jugement. Juridiquement, il s’agit
même de classements sans suite.
Le rappel à la loi consiste, « dans le cadre d’un entretien solennel, à signifier à l’auteur la
règle de droit, la peine prévue et les risques de sanction encourue en cas de réitération
des faits. Il doit favoriser une prise de conscience chez l’auteur des conséquences de son
acte, pour la société, pour la victime et pour lui-même sans se réduire à de simples
considérations morales ».
Circulaire du 16 mars 2004 relative à la politique pénale en matière de réponses
alternatives aux poursuites et de recours aux délégués du procureur, Bulletin Officiel du
ministère de la Justice, 2004, 93.
L’injonction thérapeutique
Il s’agit d’une obligation de soin, que le parquet propose en contrepartie d’un
classement sans suite. La durée de la mesure est de six mois, renouvelable trois fois. Le
parquet classera l’affaire si le prévenu se soumet à la mesure d'injonction thérapeutique
et la suit jusqu'à son terme.
La médiation pénale
Les stages
Plusieurs types de stages :
-de sensibilisation à la sécurité routière
-de citoyenneté
-de sensibilisation aux dangers des produits stupéfiants
-de responsabilité parentale
-de responsabilisation pour la prévention et la lutte contre les violences au sein du
couple et sexistes
Le coût du stage (variable selon les sites, mais en moyenne environ 250€) est le plus
souvent à la charge du prévenu.
Les sanctions qui peuvent être prononcées dans ce cadre s’apparentent fortement à des
peines stricto sensu : amende de composition, remise du permis de conduire, travail non
rémunéré, etc.
Une alternative spécifique aux mineurs : la mesure de réparation pénale : article 12-1
de l’Ordonnance du 2 février 1945
Schéma récapitulatif 2
Ces alternatives aux poursuites portent plutôt mal leur nom, car il s'agit plutôt d'une
alternative au classement sans suite, qui ont considérablement diminué depuis.
Document 3
Depuis, elles représentent une part importante des réponses pénales : environ 40%.
Document 5 - Mineurs
Art. 34
« La loi est votée par le Parlement. La loi fixe les règles concernant : […] la
détermination des crimes et délits ainsi que les peines qui leur sont applicables ; la
procédure pénale ; l'amnistie ; la création de nouveaux ordres de juridiction et le statut
des magistrats
Art. 66
Texte de la DDHC
Lorsque le Conseil constitutionnel est amené à se prononcer sur un texte de loi, il doit
vérifier sa conformité à l'aune du bloc de constitutionnalité.
Article 111-2
La loi détermine les crimes et délits et fixe les peines applicables à leurs auteurs.
Le règlement détermine les contraventions et fixe, dans les limites et selon les
distinctions établies par la loi, les peines applicables aux contrevenants.
Article 111-3
Nul ne peut être puni pour un crime ou pour un délit dont les éléments ne sont pas
définis par la loi, ou pour une contravention dont les éléments ne sont pas définis par le
règlement.
Nul ne peut être puni d'une peine qui n'est pas prévue par la loi, si l'infraction est un
crime ou un délit, ou par le règlement, si l'infraction est une contravention.
Des lois non codifiées : toutes les dispositions des lois ne sont pas toujours
intégrées dans les codes, par exemple certaines dispositions de :
la loi pénitentiaire de 2009
la loi Taubira de 2014
Une place croissante est réservée à la loi dans le champ de l’application et de
l’exécution des peines. Jusqu’aux réformes de 2000 et 2004, les sources réglementaires
étaient prédominantes. Mais depuis les lois du 15 juin 2000 et du 9 mars 2004 (Perben
2), puis 2009, la loi a pris une place beaucoup plus importante.
c. Le Règlement
Les dispositions réglementaires sont adoptées par le pouvoir exécutif. Elles viennent
souvent détailler le contenu d'une loi (décret d'application).
Aujourd’hui encore, ces sources réglementaires conservent une place non négligeable.
Toutefois, toutes les dispositions de ces textes ne sont pas toujours codifiées.
Pour tous les textes de droit français, mais aussi la jurisprudence : v. le site legifrance
Ces recommandations n’ont pas une portée normative contraignante, mais une
portée incitative.
Elles sont élaborées en son sein par le Comité Européen pour les Problèmes Criminels
(CDPC)
Elles sont signées par les États, dont la France, qui s'engage donc (en théorie) à les
mettre en œuvre, malgré leur caractère incitatif.
Deux recommandations sont essentielles pour ce cours (et pour les concours) :
Extraits :
1. Les personnes privées de liberté doivent être traitées dans le respect des droits de
l’homme.
2. Les personnes privées de liberté conservent tous les droits qui ne leur ont pas été
retirés selon la loi par la décision les condamnant à une peine d’emprisonnement ou les
plaçant en détention provisoire.
3 Les restrictions imposées aux personnes privées de liberté doivent être réduites au
strict nécessaire et doivent être proportionnelles aux objectifs légitimes pour lesquelles
elles ont été imposées.
4. Le manque de ressources ne saurait justifier des conditions de détention violant les
droits de l’homme.
5. La vie en prison est alignée aussi étroitement que possible sur les aspects positifs de
la vie à l’extérieur de la prison.
6. Chaque détention est gérée de manière à faciliter la réintégration dans la société
libre des personnes privées de liberté.
7. La coopération avec les services sociaux externes et, autant que possible, la
participation de la société civile à la vie pénitentiaire doivent être encouragées.
8. Le personnel pénitentiaire exécute une importante mission de service public et son
recrutement, sa formation et ses conditions de travail doivent lui permettre de fournir un
haut niveau de prise en charge des détenus.
9 Toutes les prisons doivent faire l’objet d’une inspection gouvernementale régulière
ainsi que du contrôle d’une autorité indépendante.
Définitions
Probation : ce terme décrit l’exécution en milieu ouvert de sanctions et mesures définies
par la loi et prononcées à l’encontre d’un auteur d’infraction. Elle consiste en toute une
série d’activités et d’interventions, qui impliquent suivi, conseil et assistance dans le but
de réintégrer socialement l’auteur d’infraction dans la société et de contribuer à la
sécurité collective.
Service de probation : tout organisme désigné par la loi pour remplir les tâches et
responsabilités décrites ci-dessus. Suivant le système national, le travail du service de
probation peut également inclure la transmission d’informations et d’avis aux autorités
judiciaires et aux autres autorités décisionnaires pour les aider à prendre des décisions
équitables en connaissance de cause ; le conseil et l’assistance aux auteurs d’infraction
pendant leur détention pour préparer leur libération et leur réinsertion ; l’assistance aux
personnes en libération anticipée et leur contrôle ; des interventions de justice
réparatrice ; et l’offre d’une assistance aux victimes de crime.
Sanctions et mesures appliquées dans la communauté : sanctions et mesures qui
maintiennent l’auteur d’infraction dans la communauté et impliquent certaines
restrictions de liberté par l’imposition de conditions et/ou d’obligations. L’expression
désigne les sanctions décidées par une autorité judiciaire ou administrative et les
mesures prises avant la décision imposant la sanction ou à la place d’une telle décision,
de même que les modalités d’exécution d’une peine d’emprisonnement hors d’un
établissement pénitentiaire.
Aide à la réadaptation : processus consistant à réintégrer de manière volontaire dans la
société un auteur d’infraction, après sa sortie définitive de prison, d’une manière à la fois
positive, planifiée et encadrée. Dans les présentes règles, ce terme est distinct du terme
« réinsertion », qui fait référence à une intervention prévue par la loi et mise en place
après la sortie.
Principes fondamentaux
1. Les services de probation ont pour but de réduire la commission de nouvelles
infractions en établissant des relations positives avec les auteurs d’infraction afin
d’assurer le suivi (y compris un contrôle, le cas échéant), de les guider et de les assister
pour favoriser la réussite de leur insertion sociale. De cette manière, la probation
contribue à la sécurité collective et à la bonne administration de la justice
4. Les services de probation tiennent pleinement compte des particularités, de la
situation et des besoins individuels des auteurs d’infraction, de manière à ce que chaque
cas soit traité avec justice et équité. Les interventions des services de probation sont
menées sans discrimination fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue,
la religion, le handicap, l’orientation sexuelle, les opinions politiques ou autres, l'origine
nationale ou sociale, l'appartenance à un groupe ethnique minoritaire, la fortune, la
naissance ou toute autre situation.
Cette convention a été signée à Rome le 4 novembre 1950 et ratifiée par la France en
1974.
Texte de la convention
En vertu de l’article 55 de la Constitution, elle a une valeur supérieure à celle des
dispositions de droit interne.
Les juridictions nationales doivent donc faire prévaloir les dispositions de la convention
sur les règles prévues par notre droit pénal. Autant le juge pénal ne peut être juge de la
constitutionnalité des lois, autant il est juge de la conventionnalité des lois.
Toutefois, les autorités françaises ont parfois tendance à contester l’application des
dispositions de la CEDH à la situation des détenus concernant le droit à un procès
équitable.
Le Commissaire effectue des visites dans tous les États membres pour surveiller et
évaluer la situation des droits de l'homme. Lors de ces visites, il rencontre les plus hauts
représentants du gouvernement, du parlement, de l'appareil judiciaire, de la société
civile et des structures nationales des droits de l'homme. Il se rend dans l'ensemble des
lieux de privation de liberté : prisons, hôpitaux psychiatriques, structures d'accueil des
demandeurs d'asile, locaux de garde à vue.
A l'issue de ses visites, le Commissaire adresse aux autorités du pays concerné un
rapport d'évaluation de la situation des droits de l'homme et des recommandations
indiquant comment remédier aux insuffisances constatées dans la législation et la
pratique.
Rapport de M. Alvaro Gil-Robles sur le respect effectif des droits de l’homme en France
suite à sa visite du 5 au 21 septembre 2005
« Mon impression générale reste assez mitigée. Ce qui frappe le plus est le problème de
la surpopulation et le manque de moyens nécessaires au fonctionnement de la plupart
des établissements visité. […] « Certaines scènes que j’ai pu observer lors de ma visite
ont été très dures et choquantes. Elles résultent en grande partie des problèmes de
surpopulation, qui privent un grand nombre de détenus de l’exercice de leurs droits
élémentaires. Ainsi, les cellules insalubres, les sanitaires en mauvais état, le nombre
réglementé de douches que les prisonniers peuvent prendre par semaine, le linge et les
couvertures médiocres nous ont été dénoncés sur la quasi-totalité de notre visite. Il m’a
été difficile de recevoir des plaintes au début du XXIème siècle en France décrivant
l’insuffisance du nombre de douches et l’impossibilité d’en prendre une
quotidiennement, même en été à un moment où les températures sont souvent
caniculaires. Le peu de mesures de protection contre la chaleur a été également évoqué
à de nombreuses reprises. J’estime qu’il est important de trouver des moyens
nécessaires pour améliorer la situation sans plus tarder. […]
« Ainsi, j’ai été choqué par les conditions de vie observées à la Santé ou aux Baumettes
. Ces établissements m’ont semblé particulièrement démunis. Le maintien de détenus en
leur sein me paraît être à la limite de l’acceptable, et à la limite de la dignité humaine »
« La surpopulation empêche donc de mettre en pratique une véritable politique
pénitentiaire, de séparer les prévenus des condamnés, les mineurs des adultes. Elle ne
permet pas la mise en œuvre d’un traitement social, psychologique..., ni d’une action
spécifique à la situation de chaque détenu. Cela a un effet totalement négatif sur le
principe de réinsertion. Si on ne peut pas faire un travail dans ce sens, on touche à la
sécurité future, car la prison devient un dépôt et non un lieu où se prépare la
réinsertion »
De plus, le Commissaire a le droit d' intervenir en qualité de tierce partie dans les
procédures devant la Cour européenne des droits de l'homme, en présentant des
observations écrites ou en prenant part aux audiences.
Avis sur les visites familiales aux personnes privées de liberté, 16 juin 2008
Texte
Il s'agit également d'un texte adopté sous l'égide du Conseil de l'Europe, le 26 novembre
1987.
Ce comité peut visiter les lieux où des personnes sont privées de liberté et s’entretenir
avec elles.
Mais ses pouvoirs sont limités, car il ne peut qu’établir un rapport et émettre des
recommandations à l’attention des États.
Sesrapports
ont été très critiques envers la France. Il dénonce essentiellement les conséquences de
la surpopulation et de l'état des prisons, mais aussi le régime disciplinaire, les pratiques
d'isolement, les défauts de prise en charge des détenus souffrant de troubles
psychiatriques, d'addictions, etc.
Le CPT ne l'a pas constaté dans tous les établissements visités, mais ne fait pas l'impasse
sur l'existence de violences.
Le CPT est préoccupé par les informations recueillies à la maison d’arrêt des hommes de
Fresnes. De nombreuses allégations crédibles d’insultes, notamment à caractère raciste,
de comportements inadaptés (bousculades, rudoiement) et de recours excessif à la force
ont été recueillies. Surtout, un nombre non négligeable de détenus se sont plaints d’avoir
reçu des coups portés délibérément par des surveillants notamment alors qu’ils étaient
immobilisés au sol, avec ou sans menottes. Des personnes travaillant dans
l’établissement ont également corroboré les informations collectées. Ces incidents
violents concernaient principalement des agents pénitentiaires, y compris des «gradés»,
de la division III. La description d’un agent, qualifié par les détenus de «lieutenant»,
particulièrement méprisant à l’égard des détenus et ayant à l’occasion des accès de
violence,a été entendue à plusieurs reprises par différents membres de la délégation.
Cette déclaration a été adoptée par les nations unies le 10 décembre 1948. Elle prévoit
notamment l’interdiction de la torture et des peines ou traitements cruels inhumains ou
dégradants, le droit à un jugement par un tribunal impartial et indépendant.
Art. 5
Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou
dégradants.
Art. 8
Toute personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales
compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par
la constitution ou par la loi.
Art. 9
Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé.
Art. 10
Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue
équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera,
soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière
pénale dirigée contre elle.
Toutefois la Déclaration universelle des droits de l’homme n’est pas un instrument
juridique contraignant et ne créé pas d’obligations pour les États. Elle ne peut être
utilement invoquée devant le juge interne.
Ce pacte a été adopté par l’assemblée générale des nations unies le 16 décembre 1966.
Il a été publié en France par un décret du 29 janvier 1981.
Il bénéficie d’une applicabilité directe. Ses dispositions peuvent être invoquées à l’appui
d’un recours devant les juridictions internes.
Article 6
1. Le droit à la vie est inhérent à la personne humaine. Ce droit doit être protégé par la
loi. Nul ne peut être arbitrairement privé de la vie.
2. Dans les pays où la peine de mort n'a pas été abolie, une sentence de mort ne peut
être prononcée que pour les crimes les plus graves, conformément à la législation en
vigueur au moment où le crime a été commis et qui ne doit pas être en contradiction
avec les dispositions du présent Pacte ni avec la Convention pour la prévention et la
répression du crime de génocide. Cette peine ne peut être appliquée qu'en vertu d'un
jugement définitif rendu par un tribunal compétent.
3. Lorsque la privation de la vie constitue le crime de génocide, il est entendu
qu'aucune disposition du présent article n'autorise un Etat partie au présent Pacte à
déroger d'aucune manière à une obligation quelconque assumée en vertu des
dispositions de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.
4. Tout condamné à mort a le droit de solliciter la grâce ou la commutation de la peine.
L'amnistie, la grâce ou la commutation de la peine de mort peuvent dans tous les cas
être accordées.
5. Une sentence de mort ne peut être imposée pour des crimes commis par des
personnes âgées de moins de 18 ans et ne peut être exécutée contre des femmes
enceintes.
6. Aucune disposition du présent article ne peut être invoquée pour retarder ou
empêcher l'abolition de la peine capitale par un Etat partie au présent Pacte.
Article 7
Nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou
dégradants. En particulier, il est interdit de soumettre une personne sans son libre
consentement à une expérience médicale ou scientifique.
Article 8
1. Nul ne sera tenu en esclavage; l'esclavage et la traite des esclaves, sous toutes leurs
formes, sont interdits.
2. Nul ne sera tenu en servitude.
3. a) Nul ne sera astreint à accomplir un travail forcé ou obligatoire; […]
Article 10
1. Toute personne privée de sa liberté est traitée avec humanité et avec le respect de la
dignité inhérente à la personne humaine.
2.
a) Les prévenus sont, sauf dans des circonstances exceptionnelles, séparés des
condamnés et sont soumis à un régime distinct, approprié à leur condition de personnes
non condamnées;
b) Les jeunes prévenus sont séparés des adultes et il est décidé de leur cas aussi
rapidement que possible.
3. Le régime pénitentiaire comporte un traitement des condamnés dont le but essentiel
est leur amendement et leur reclassement social. Les jeunes délinquants sont séparés
des adultes et soumis à un régime approprié à leur âge et à leur statut légal.
Article 11
Nul ne peut être emprisonné pour la seule raison qu'il n'est pas en mesure d'exécuter
une obligation contractuelle.
Tout particulier qui prétend être victime d'une violation de l'un quelconque des droits
énoncés dans le Pacte et qui a épuisé tous les recours internes disponibles peut
présenter une communication écrite au Comité pour qu'il l'examine.
Mais ce Comité ne dispose d’aucun pouvoir de sanction. Son contrôle se limite à des
« constatations » purement incitatives.
Le Comité transmet ses conclusions à l’État partie intéressé, avec tous les
commentaires ou suggestions qu'il juge appropriés compte tenu de la situation.
La CJUE est donc de plus en plus amenée à se prononcer sur les aspects qui relèvent des
compétences de l'Union Européenne.
L’arrêt rendu le 5 avril 2016, à la suite d'une question préjudicielle, dans lesaffaires
jointes C-404/15 et C-659/15 PPU Pál Aranyosi et Robert Căldăraru
, est éloquent à cet égard.
Article 1
La dignité humaine est inviolable. Elle doit être respectée et protégée.
Article 2
Droit à la vie
1. Toute personne a droit à la vie.
2. Nul ne peut être condamné à la peine de mort, ni exécuté.
Article 4
Nul ne peut être soumis à la torture, ni à des peines ou traitements inhumains ou
dégradants.
Article 5
Interdiction de l'esclavage et du travail forcé
1. Nul ne peut être tenu en esclavage ni en servitude.
2. Nul ne peut être astreint à accomplir un travail forcé ou obligatoire.
3. La traite des êtres humains est interdite.
Article 6
Droit à la liberté et à la sûreté
Toute personne a droit à la liberté et à la sûreté.
Article 47
Droit à un recours effectif et à accéder à un tribunal impartial
Toute personne dont les droits et libertés garantis par le droit de l'Union ont été violés a
droit à un recours effectif devant un tribunal dans le respect des conditions prévues au
présent article.
Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et
dans un délai raisonnable par un tribunal indépendant et impartial, établi préalablement
par la loi. Toute personne a la possibilité de se faire conseiller, défendre et représenter.
Une aide juridictionnelle est accordée à ceux qui ne disposent pas de ressources
suffisantes, dans la mesure où cette aide serait nécessaire pour assurer l'effectivité de
l'accès à la justice.
Article 48
Présomption d'innocence et droits de la défense
1. Tout accusé est présumé innocent jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement
établie.
2. Le respect des droits de la défense est garanti à tout accusé.
Article 49
Principes de légalité et de proportionnalité des délits et des peines
1. Nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui, au moment où elle
a été commise, ne constituait pas une infraction d'après le droit national ou le droit
international. De même, il n'est infligé aucune peine plus forte que celle qui était
applicable au moment où l'infraction a été commise. Si, postérieurement à cette
infraction, la loi prévoit une peine plus légère, celle-ci doit être appliquée.
2. Le présent article ne porte pas atteinte au jugement et à la punition d'une personne
coupable d'une action ou d'une omission qui, au moment où elle a été commise, était
criminelle d'après les principes généraux reconnus par l'ensemble des nations.
3. L'intensité des peines ne doit pas être disproportionnée par rapport à l'infraction.
Conclusion :
Pour autant, nous verrons dans le cadre de ce cours que les écarts sont importants
entre le droit et la réalité des pratiques.
On peut dès lors se demander si les textes ne visent pas simplement à afficher une
dimension humaniste pourtant théorique, à légitimer, par des mots, des dispositifs de
prise en charge qui sont loin de toujours respecter les droits de l'homme.
La promotion du droit dans les prisons aboutit à « une apparence de droit ou, pire, à un
ravalement de façade, une mise en forme légaliste – et par là une légitimation – des
mécanismes d’exercice de la violence étatique, désormais « à visage humain » »
Reynaert P., "La prison entre immobilisme et mouvement perpétuel", in Kaminski D.,
Kokoreff M. (dir.), Sociologie pénale : système et expérience, Toulouse, Erès, 2004., p.
239.
V. également :
Chantraine G., "Le temps des prisons. Inertie, réformes et reproduction d’un dispositif
institutionnel", in Artieres P., Lascoumes P. (dir.), Gouverner et enfermer, La prison, un
modèle indépassable ?, Paris, Presses de Sciences Po, 2004.