Bilan Fiancier
Bilan Fiancier
Bilan Fiancier
Chapitre I :
LE BILAN FINANCIER
INTRODUCTION
Avant de prendre une décision qui engage l’entreprise, le financier doit porter un
diagnostic sur la situation de son entreprise. Ce diagnostic est établi sur la base des
documents financiers.
Ce chapitre sera donc consacré à la présentation du bilan de l’entreprise selon
l’optique financière. Cette présentation tente de s’adapter à la réalité économique de
l’entreprise puisque la présentation comptable est imprécise et incomplète.
Ainsi dans ce chapitre on essayera d’abord de :
- Montrer l’imperfection des documents comptables.
- Retraiter le bilan comptable.
- Présenter le bilan financier détaillé et le bilan de synthèse.
Un bilan comptable est établi sur la base, des règles, de présentation et d’évaluation
qui émanent d’un formalisme inhérent de la normalisation comptable. Malgré les
améliorations récentes introduites par le système comptable tunisien appliqué depuis le
01/01/97 la distorsion entre la présentation comptable et financière persiste, en effet l’analyste
financier se trouve au contraire plus soucieux d’efficacité que de formalisme.
Si on veut détailler encore plus les origines de la divergence ente les deux disciplines
comptable et financière on pourra se référer à quelques exemples :
1) L’inflation
Selon le principe du coût historique les actifs doivent être comptabilisés à leurs coûts
d’acquisition, la réévaluation n’est pas possible (principe du coût historique et principe de
prudence) ainsi la dépréciation monétaire n’est pas prise en compte et la valeur des actifs ne
représente pas la réalité économique.
comptes est le 31/12 de chaque année ceci peut ne pas coïncider avec les différentes phases du
cycle d’exploitation. L’analyste financier peut être donc induit en erreur.
Exemple
Imaginer que nous faisons notre analyse financière de la société « THALJA » sur la
base d’un bilan arrêté le 31/12. La société est spécialisée dans la vente de produits
frigorifiques, à cette date nous ne trouvons pas de stocks de produits finis, donc ce bilan n’est
pas représentatif de l’activité réelle de l’entreprise.
3) Les utilisateurs de l’information comptable
Le bilan comptable est destiné à plusieurs utilisateurs dont les objectifs sont
divergents. Exemple : le dirigeant de l’entreprise peut décider une augmentation des charges
de l’exercice pour diminuer le résultat afin de payer moins d’impôt sur le bénéfice. Ainsi une
méthode d’amortissement dégressif est plus recommandée dans cette situation puisque la
charge d’amortissement est plus importante les premières années. Ce choix donc n’est pas
tributaire des conditions d’utilisation réelle. D’où il est difficile de faire confiance à une
information donnée par un bilan comptable.
Les actifs de l’entreprise comprennent les moyens de production et les actifs circulants
qui vont permettre à l’entreprise d’accomplir son cycle d’exploitation. Pour corriger ces actifs
il convient :
-D’éliminer les non-valeurs.
-D’intégrer les plus et moins values non comptabilisées.
-De prendre en compte les engagements hors bilan.
Bilan comptable
Bilan financier non équilibré
Emplois Ressources Emplois Ressources
Actifs non courants Capitaux propres Actifs non courants Capitaux propres
Autres actifs non Autres actifs non
courants courants
frais préliminaires Passifs non courants frais préliminaires Passifs non courants
charges à répartir charges à répartir
frais d’émission et frais d’émission et
prime de Passifs courants prime de Passifs courants
remboursement remboursement
écarts de écarts de conversion
conversion
Actifs
Actifs
courants
courants
TOTAL X TOTAL X TOTAL Y = X-Z TOTAL X
En éliminant les actifs fictifs, le bilan ne garde pas son équilibre c.à.d. le total des
emplois et différent du total des ressources Y ≠ X. Ainsi il faut suivre cette opération par une
diminution d’un même montant au niveau des fonds propres (réserve spéciale de
réévaluation).
Bilan financier
Emplois Ressources
Actifs non courants Capitaux propres
Autres actifs non courants Ainsi l’équilibre entre les emplois et les
frais préliminaires réserve spéciale de ressources est respecté, total des actifs =
charges à répartir réévaluation (Z) total des capitaux propres et passifs
frais d’émission et
prime de Passifs non courants
remboursement
écarts de conversion
Passifs courants
Actifs courants
TOTAL Y TOTAL Y
Exemple
L’entreprise « 3S » a acheté le 01/01/1980 un terrain d’une superficie de 5000 m2 à la
région de zarouk Gafsa, au prix de 0,200 dinars le m2.
Le 31/12/2001, à cette région le m2 se vend à 50 dinars.
On demande à partir du bilan comptable d’établir le retraitement nécessaire pour
déterminer le bilan financier.
Bilan comptable au 31/12/2001 Bilan financier non équilibré
Emplois Ressources Emplois Ressources
Actifs non courants Capitaux propres Actifs non courants Capitaux propres
Bilan retraité
Emplois Ressources
Actifs non courants Capitaux propres
Ainsi l’équilibre entre les emplois et les
Terrain 250.000 * réserve spéciale de
réévaluation 249.000
ressources est respecté total des actifs = total
des capitaux propres et passifs
Passifs non courants
Actifs Passifs courants
courants
TOTAL Y TOTAL Y
Pour les immobilisations financières, il s’agit des titres de participation, des prêts et
des dépôts et cautionnements. Ces biens financiers ne peuvent être considérés comme
immobilisés que si l’entreprise a l’intention de les détenir pour une période supérieure à 12
mois. Une entreprise ne peut pas considérer des actions achetées dans un objectif spéculatif
comme des immobilisations financières. Si l’échéance d’un prêt est devenue inférieure à une
année un reclassement des immobilisations financières deviendra nécessaire.
3) Les stocks
Plusieurs problèmes peuvent se présenter à propos des stocks :
- L’obsolescence de certains produits, le risque d’invendu peuvent causer la
diminution de la valeur des stocks. Le financier doit ainsi être vigilant pour constater l’effet
de ce risque sur les stocks et par suite diminuer la réserve spéciale de réévaluation dans
l’objectif de garder l’équilibre du bilan.
- Les méthodes d’évaluation des stocks sont multiples, le système comptable tunisien
laisse le choix entre deux méthodes seulement à savoir le coût moyen unitaire pondéré et la
méthode premier entré premier sorti (FIFO). Toutefois d’autres méthodes peuvent être
étudiées telles que la méthode du dernier entré premier sorti (LIFO), la méthode des coûts
d’achats identifiés, la méthode des coûts de remplacement ou dite aussi méthode
économique…
En période d’inflation, la méthode FIFO permet de dégager un bénéfice supérieur aux
autres méthodes. L’analyste financier doit être attentif aux modifications intervenues dans la
méthode d’évaluation pour ne pas gonfler ou réduire artificiellement un bénéfice ou une perte.
Le choix de la méthode doit être basé sur le souci de la représentation d’une réalité
économique.
Certaines entreprises dans leurs politiques d’approvisionnement fixent un stock appelé
stock de sécurité. La société n’a recours à ce stock que dans des cas rares (brusque
accroissement des besoins ou important dépassement des délais de livraison) pour ne pas
arrêter la production.
Ainsi la conclusion du financier, c’est que ce stock n’est pas fréquemment utilisé et
donc il ne doit pas constituer un actif circulant. Il s’agit plutôt du stock outil qui reste dans
l’entreprise pour une longue période. Ce stock est éliminé des actifs circulants et est classé au
niveau des valeurs immobilisées.
30/03/N
Trésorerie 12.000
31/12/N
1) Le résultat de l’exercice
Le résultat de l’exercice représente l’excédent du total des revenus et des gains d’un
exercice donné sur le total des charges et des pertes de ce même exercice. Que cette différence
soit positive (bénéfice net) ou négative, elle est présentée sous la rubrique des capitaux
propres.
a. Perte de l’exercice
La perte constitue du point de vue financier une « non valeur ». Pour établir le bilan
financier, il y a lieu de retrancher le résultat déficitaire du montant du poste des capitaux
propres (déjà effectué dans le bilan comptable).
b. Bénéfice de l’exercice
L’analyse financière utilise le bilan après répartition des bénéfices pour distinguer la part
revenant à l’entreprise (qui vient augmenter les capitaux propres) et la part qui sera distribuée
aux actionnaires (qui vient augmenter les dettes à court terme hors exploitation).
En effet, le résultat bénéficiaire qui figure au bilan sous le nom de « bénéfice net » est soumis
à l’assemblée générale des actionnaires ou associés appelé à examiner et approuver
notamment le bilan, l’état de résultat et décider les modalités de répartition des bénéfices.
Comment affecter le résultat d’un exercice ?
La répartition des bénéfices obéit à des considérations légales, statutaires ainsi qu’aux
décisions de l’assemblée générale ordinaire des actionnaires.
Réserve légale :
La loi impose aux sociétés « un prélèvement obligatoire de 5% des bénéfices nets
après déduction des déficits reportables est alloué au titre de la réserve légale. Toutefois ce
prélèvement cesse d’être obligatoire lorsque la réserve légale atteindra le 1/10 du capital
social. »
Exemple
La société « 3S » a été créée le 01/01/1995 au capital de 300.000 DT. Le 30/06/2000
son capital est passé à 400.000 DT, elle a réalisé depuis 1995 jusqu'à 2001 les résultats
suivants :
Corrigé
Eléments Montant
- Reserve légale
= Bénéfice distribuable
- Réserves facultatives
- Réserves statutaires
- Autres réserves
= Reliquat
- Deuxième dividende
- Part de fondateurs
- Tantième
= Résultat reporté
Remarques importantes
Avant la promulgation du nouveau code des sociétés du 3 novembre 2000, la
répartition des bénéfices était plus compliquée. Les dividendes étaient composés d’intérêt
statutaire et de super dividende et une part des bénéfices était destinée aux fondateurs.
Exemple
La société « 3S » est une société anonyme au capital de 500.000
DT composé de 100.000 actions. Au bilan du 31/12/N on trouve les
comptes suivants :
Réserve légale…………………….48.000
Réserve statuaire………………….24.000
Réserve facultative………………..40.000
Résultat de l’exercice……………100.000
Résultat reporté…………………….2.000
Correction
1) Tableau de répartition du résultat
Eléments Montant
Actifs courants
Réserve facultative 40.000
Résultat reporté 2.000
Actifs Réserve facultative 50.000
Résultat reporté 9.000
Résultat
Passifs non courants
100.000 courants
Passifs non courants
Passifs courants
Passifs courants D.C.T hors.exp. 80.000
TOTAL X TOTAL X TOTAL X TOTAL X
3) La subvention d’investissement
Elle est généralement accordée par l’Etat dans le but d’aider les entreprises à
l’acquisition de biens d’équipement.
La subvention d’investissement, sur le plan comptable et sur le plan financier, a un
traitement particulier et différent.
Comptablement une subvention d’investissement constitue des capitaux propres, une
partie de la subvention sera annuellement incorporée dans le bénéfice imposable de chaque
exercice en fonction des amortissements effectivement appliqués sur le bien acquis par
l’intermédiaire de la dite subvention.
Exemple
La société « 3S » a acheté le 30/06/N une machine pour 100.000 DT. L’Etat a
subventionné cet investissement à 50%. La méthode d’amortissements de la machine est
linéaire sur 5 ans, le taux d’impôt sur le bénéfice est de 30%.
L’opération sur le plan comptable s’analyse ainsi :
Compte de 30/06/N
capitaux
50.000
propres Compte de trésorerie
1451 Subvention d’investissement 50.000
dito
2234 Matériel industriel 100.000
Compte de trésorerie 100.000
31/12/N
681 Dotation aux amortissements 100.000 x 1/2 x 1/5
281 Amortissement matériel industriel 10.000 10.000
31/12/N
Cette opération est faite annuellement jusqu' à ce que la subvention soit transférée en
totalité au compte de résultat.
De cette manière l’Etat va récupérer une partie de la subvention qu’il a accordée sous
forme d’impôt sur le bénéfice. L’analyste financier décompose donc la subvention en deux
parts :
-Une part acquise par l’entreprise et qui est définitive et vient en augmentation
effective des capitaux propres. Cette partie est égale au :
-Une part récupérée par l’Etat, représentant des impôts sur les bénéfices à payer les
années à venir. Il s’agit de D.C.T hors exploitation pour la partie à moins d’un an et de
D.M.L.T pour la partie à plus d’un an.
Z
Valeurs disponibles
TOTAL X TOTAL X TOTAL X+Z TOTAL X+Z
Stocks de 10.000
marchandises
Clients et comptes
rattachés
Caisse
TOTAL 280.000 TOTAL 280.000
Situation Nette Réelle = Capital social et primes d’émission + Réserves légales + Autres
réserves + Résultat reporté + Plus ou moins value latents (réserve spéciale de réévaluation)
+ Provision à caractère de réserves+ Provision pour risques et charges non justifiés + une
partie de la subvention d’investissement.
Le bilan financier est en principe un bilan détaillé, mais pour faciliter l’analyse
financière on utilise souvent un bilan de synthèse dit bilan condensé. Ce bilan permet de
regrouper les nombreuses rubriques du bilan financier en grandes masses significatives afin
de percevoir les éléments caractéristiques de l’entreprise.
Bilan de Synthèse
Conclusion
Une bonne gestion dans l’entreprise suppose que les ressources stables financent les emplois
stables et les ressources courantes financent les emplois courants, ceci pour assurer un
équilibre des flux financiers et par la suite la continuité d’exploitation de l’entreprise. Le bilan
condensé facilite la lecture de la structure financière de l’entreprise. Pour bien suivre
l’évolution de cette structure, les financiers ont créé des indicateurs assurant et facilitant
l’analyse de l’équilibre financier.