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République d'HAITI
BUREAU DES MINES ET DE L'ENERGIE
LES CARRIERES DE SABLE: RICHESSE OU PLAIE ?
LA PROBLEMATIQUE DE L'EXPLOITATION DES CARRIERES DANS LE DEPARTEMENT DE L'OUEST
Situation des exploitations
" Il a été dénombré dans le LE MOT DU Département de l'Ouest près d'une DIRECTEUR D epuis la cessation de l'exploitation de la bauxite à Miragoâne en 1982, l'exploitation des carrières de cinquantaine de carrières en activité. Elles produisent annuellement environ roches et de sable est 1.7 millions de m3 de matériaux dont considérée,jusqu'à aujourd'hui, comme 12% de roches, 15% de remblai et 73% la plus importante des activités de sable. Cette production représente extractives entreprises en Haiti. Dans 80% de la production nationale estimée à plus de 2 millions de m3/an, soit une L a Direction Générale du Bureau des Mines et de l'Energie (BME) prend plaisir à livrer au public cette première l'ensemble, les carrières représentent une véritable industrie dont les consommation de 0.30 m3/hab./an (la principaux indicateurs sont les consommation dans les pays publication sur les carrières. Richesse ou industrialisés est estimée à environ 4 plaie, l'exploitation des carrières suscite suivants: m3/hab./an). de sérieuses controverses suivant l'angle sous lequel elle est approchée.Il demeure " Les roches et les granulats toutefois une évidence: la rationalisation PRODUCTION DE GRANULATS sont extraits sur tout le territoire du système d'exploitation et DANS LE DEPARTEMENT DE national, soit dans les lits de rivières L'OUEST. d'approvisionnement est aujourd'hui une (matériaux alluvionnaires), soit sur les impérieuse nécessité compte tenu de flancs des montagnes. Dans les villes l'importance des carrières dans le marché 12% 15% de la construction et des méfaits créés de province, l'exploitation s'effectue, par leurs exploitations en grande partie, dans les lits de surl'environnement. rivières, alors que dans le Département de l'Ouest et plus particulièrement à Cette publication vise à informer et Port-au-Prince et ses environs où la surtout à améliorer l'indispensable 73% demande est la plus forte, l'extraction dialogue entre tous les intéressés. Elle s'effectue à 80% dans les montagnes et TOUT-VENANT DE RIVIÈRE s'adresse plus particulièrement aux à 20% dans les rivières bien que les TOUT-VENANT DE MONTAGNE BROYÉE responsables des collectivités territoriales matériaux provenant de ces dernières ROCHES DE MONTAGNE ET DE RIVIÈRE et des administrations,aux associations de défense de la nature,aux soient considérés comme les meilleurs exploitants,aux constructeurs,aux pour la fabrication des bétons de consommateurs et, d'une manière ciment. " La production du Département générale,à toutes les personnes ou de l'Ouest est fournie à 24% par les organismes concernés à différents titres " A Port-au-Prince et ses en- carrières du versant Sud du Morne par l'exploitation des carrières et ses virons où les données sont disponibles, l'Hôpital (Laboule et Désiré), 17% par conséquences sur le milieu ambiant. les Sources Puantes, 16% par le versant les carrières en activité sont localisées au Morne l'Hôpital (versants Nord et Nord du Morne l'Hôpital (Sanatorium, Le BME émet le vœu que cette publication fournisse à tous les intéressés Sud), au Carrefour Dufort, à Fond Fontamara, Décayette), 14% par la des éléments de réflexion permettant Parisien (Est de Port-au-Prince), au Rivière Grise, 11% par le Fond Parisien, d'aboutir à une concertation et à la Morne à Cabrits, aux Sources Puantes, 6% par le Carrefour Dufort et 12% par définition conjointe d'objectifs à Ti Tanyen, à Lafiteau et Montrouis. les autres régions. Il est à noter que le susceptibles de rendre les exploitations En ce qui a trait aux matériaux Morne l'Hôpital (versants Nord et Sud) compatibles avec la sauvegarde de alluvionnaires, ils sont extraits fournit à lui seul près de la moitié de la l'environnement ! essentiellement dans les lits vifs de la production du Département. Rivière Grise et de la Rivière Momance. Direction de la Géologie et des Mines Publication du BME ,# 1, Avril 1998 page 1 Production journalière moyenne des carrières du Département de l'Ouest.(BME,mars 1997) ( * Valeur estimée)
Aires d’exploitation Sables % Roches % Remblais % Total %
" La production de roches est 1.700.000m3 en 1993. La même ten- " Aucun des exploitants ne estimée annuellement à plus de dance a été observée pour la détient un permis d'exploitation comme 200.000 m3 pour le Département de consommation du ciment: 127.000 le réclame l'article 6 du décret du 2mars l'Ouest. Les roches sont prélevées à tonnes en 1973, 262.000 tonnes en 1984 réglementant les exploitations. 71% dans les montagnes (roches 1983 et environ 750.000 tonnes litées) et à 29% dans les rivières aujourd'hui . Situation du transport (roches roulées). La plus grande région productrice de roches est " Le tiers des exploitations de celle des Sources Puantes qui fournit près de 46% de la carrières à Port-au-Prince se fait par voie semi-mécanisé (chargeur, " D ans le Département de l’Ouest, le nombre moyen de production totale. Ces roches bulldozer). Elles accusent une transporteurs à fréquenter proviennent de l'écaillage du versant production supérieure à 150m3/j et quotidiennement les zones Sud des Matheux sur une distance fournissent près de 70% de la d’exploitation est de 703. 25% de ces de 20 km de route en longeant la production de la région. Les autres véhicules sont des " canters" de capacité Nationale no. 1, entre les Sources deux tiers sont des carrières inférieure à 5 m3 et 75% sont des Puantes et Sources Matelas. artisanales à faible production (20 à camions de plus de 5m3 (jusqu'à 16m3). 150m3/j) exploitées en sous-cavage Environ 38% de ces véhicules " La production de granulats et de façon anarchique avec des effectuent plus d’un voyage ou d’un à Port-au-Prince et ses environs a outils rudimentaires ( pics, pelles, chargement dans une carrière ou dans augmenté de 95% de 1983 à 1990. pioches). plusieurs zones d’extraction, d’où la Une baisse de production de 24 % difficulté de donner avec précision le a été enregistrée entre 1990 et 1995 Situation des exploitants nombre exact de camions s'adonnant au (période d'embargo ). Le nombre de transport et au commerce du sable. carrières a augmenté de 52% entre Toutefois, le flux journalier moyen de 1983 et 1990 et de 17% entre 1990 et 1995, malgré la baisse de " P lus de 95% des carrières sont exploitées par des personnes physiques,propriétaires du transport de matériaux de carrières est estimé à 971 aller à vide dans les production signalée pour la même sol ou liées aux propriétaires par des carrières et à 971 retours chargés, soit un période. En fait, la production se contrats d'affermage. total de 1942 camions /jour. double chaque dix (10) ans: 455.000
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volume a été de 2.8% en 96 et de " Les matériaux exploités sont Le flux de transport le plus élevé a 1.1% en 97, accroissement dû en vendus au point d’extraction pour un été enregistré à Laboule. En effet, grande partie à la branche BTP. montant de plus de 250.000 gourdes par la route de Pétion-Ville/Laboule jour, soit un chiffre d’affaires annuel de reçoit quotidiennement 33% des " La valeur ajoutée de la plus de 75 millions de gourdes. véhicules assurant le transport des branche Industries extractives matériaux . constituée en grande partie de sable " La production journalière est et de roches a enregistré une hausse livrée sur des chantiers par des camions " Le Carrefour Shada, à La de près de 9% en 96 et de 10.5% en et vendue pour un montant de plus de Plaine du Cul-de-Sac, est le point de 97. 1.3 millions de gourdes soit un volume convergence des camions en annuel de vente de plus de 400 millions provenance des Sources Puantes, " Le commerce du sable est de gourdes à la livraison. Il est à noter Découverte, Morne-à-Cabrits, Fond une activité lucrative car l’exploi- que c’est le transport des matériaux qui Parisien et Rivière Grise. Le tant d’une carrière artisanale ne coûte cher (environ 5 fois le prix tronçon qui mène au centre-ville supporte aucun coût d’exploitation, il d’achat). reçoit quotidiennement 40% des partage les revenus de la vente avec transporteurs. les piocheurs et ne paie aucune taxe à l'Etat haïtien. " L’exploitation des matériaux " La flotte des transporteurs de carrières n’est sujette à aucune de sable dans le Département de " Un propriétaire de carrière taxation. l’Ouest utilise près de 20% du non mécanisée est assuré d’un gasoil consommé par le transport revenu journalier de 150 à plus de routier national, soit l’équivalent de " Dans un pays où le taux de 600 gourdes. chômage est supérieur à 70% l’ouverture 3.000.000 de dollars américains par d’une carrière est devenue une source an. " Plus de 180.000 gourdes de d’emplois, où il est possible d’em- salaire sont distribuées baucher directement 5 à 20 personnes Situation Socio-économique quotidiennement aux piocheurs et par carrière et où le commerce informel aux pelleteurs. Ceci représente un de nourriture se crée automatiquement revenu annuel total de plus de 50
L es matériaux extraits se sont
avérés des produits de base millions de gourdes. " Dans le Département de l’Ouest, entre 3.000 et 4.000 individus indispensables à l’économie. Ils " Un travailleur gagne au vivent directement de l’exploitation des assurent à tous des services en minimum 20.00 gourdes par carrières. Ils sont utilisés à titre de raison de leurs utilisations dans les chargement d’un camion de 5m3. S’il piocheurs, pelleteurs, contrôleurs et secteurs du bâtiment et des travaux arrive à charger seulement deux (2) conducteurs d'engins. publics. En effet: camions au cours d’une journée, il réalise déjà un montant supérieur au " D’après l’Institut Haïtien salaire journalier fixé par la loi qui " Une région en exploitation peut de Statistiques et d’Informatique est 36.00 gourdes. rendre des services à la population qui (IHSI) , la branche d’activité utilise par exemple les camions de sable Bâtiments et Travaux Publics " En 1973, le m3 de sable se pour le transport des écoliers et de l’eau (BTP) a subi des accroissements de vendait à 4.00 gourdes à la carrière, où il n’existe pas de transport public et 17.2 % en 96 et de 11.4 % en 97. en 1983 il était à 5.00 gourdes, en de réservoir d’eau potable. Le BTP a 1993 à 10.00 gourdes et aujourd’hui représenté plus de 10 % du PIB en à plus de 50.00 gourdes. 96 et 11.5 % en 97. Rappelons que le taux de croissance du PIB en
Bâtiments et Travaux Publics 318138 303048 398230 466769 520272
PIB au prix du marché 4525046 41501189 4334338 4451111 4502116
PIB en milliers de gourdes de 1976 suivant les secteurs liés à la construction (Source IHSI)
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Situation environnementale La Politique nationale en matière Outre ces conséquences générales d'exploitation, de transport et de reconnues désastreuses pour l’envi- commercialisation des matériaux de L ’exploitation des matériaux de carrières est conduite généralement de façon anarchique et ronnement, il existe encore des problèmes particuliers à chaque carrières se veut un instrument régulateur visant à CONCILIER LE sauvage dans le mépris total des zone d’exploitation et qui méritent DEVELOPPEMENT DES règles techniques mêmes des solutions urgentes, vu l’am- INFRASTRUCTURES ET LA élémentaires. Dans le Département de pleur des dégats constatés. PRESERVATION DE l’Ouest et surtout dans la région L'ENVIRONNEMENT. Les objectifs métropolitaine où l’on rencontre plus fondamentaux de cette Politique sont de 75% des carrières, l’impact sur de: Que faire face à de l’envionnement est particulièrement tels constats? néfaste: - Assurer une meilleure gestion des réserves disponibles # es données fournies dans ce Des paysages de mornes en- tourant la capitale. L panorama nous amènent à considérer les carrières tantôt - Veiller à ce que les carrières soient exploitées de façon rationnelle # Accélération de l’érosion en comme une richesse tantôt comme dans les zones autorisées par l'Etat zone sensible. une plaie.Il importe aujourd'hui de se tourner vers l'avenir car dans dix - Assurer, dans les meilleures # Nombreux accidents dûs à (10) ans encore,suivant l'impulsion conditions possibles,la continuité une technicité des exploitations trop donnée au développement des des approvisionnements du marché rudimentaire (éboulements et infrastructures, la consommation de des matériaux glissements de terrain. granulats va doubler ou même tripler. Si rien n'est fait maintenant - Veiller à ce que les inconvénients # Difficultés futures de remise ,le nombre des transporteurs subira et nuisances,les risques d'accidents en état des carrières après une certainement une augmentation et dûs aux exploitations et au exploitation anarchique. il sera de plus en plus difficile de transport soient réduits à un niveau circuler sur les principales artères de aussi faible que possible # Erosion de berges et la région métropolitaine sans être perturbation du régime des eaux inquiété par ces "poids lourds".On - Veiller au rapport qualité/prix au d’étiage et de crues par les gravières continuera à assister avec bénéfice des utilisateurs installées dans le lit des rivières. impuissance aux pertes de vies humaines dues aux éboulements - Sauvegarder l'environnement en # Risques d’accidents dûs au enregistrés dans les carrières.Et faisant procéder à la réhabilitation transport des matériaux. l'environnement continuera bien sûr des carrières abandonnées ou en à se dégrader et notre pays, à se cours d'exploitation # Pollution de l’air, désertifier au point que ces détérioration des chaussées et ressources naturelles non Les stratégies de cette Politique seront entreposage anarchique des matériaux renouvelables ,mal exploitées et définies dans un Plan directeur conçu sur la voie publique. gaspillées ,vont commencer à se par le Bureau des Mines et de l'Energie raréfier avec toutes les mais reflétant les préoccupations de L’évaluation de la dégradation de conséquences qu'une telle pénurie l'Etat haïtien et du secteur privé lié aux l’environnement résultant de l’im- peut entraîner sur le secteur branches d'activités de l'industrie pact de l’exploitation des carrières est Bâtiment et Travaux Publics. extractive,du Bâtiment et des Travaux bien évidemment très difficile à publics. chiffrer, en particulier dans les Le Bureau des Mines et de l'Energie conditions économiques actuelles où dont l'une de ses missions prin- Il est indispensable d'agir maintenant elle n’est vraiment perçue que par les cipales est de promouvoir la en vue de préserver et de protéger nos habitants des résidences recherche et l'exploitation des ressources et notre environnement ! environnantes et par les touristes. ressources minérales et Toutefois, l’image négative de ces énergétiques, lance un appel à tous carrières qui blessent les mornes les concernés et les enjoint à trouver BUREAU DES MINES ET DE L'ENERGIE visibles de la capitale accentue le des solutions du-rables permettant Delmas 19, Rue Nina # 14 sentiment d’une dégradation générale une meilleure ges-tion des Boite Postale BME 2174, Port-au-Prince, Haïti Tel : 46-2853/46-2852/46-1517/46-1163 de l’environnement et nuit à l’image matériaux tout en rendant les Fax : 46-2248 de marque touristique de Port-au- exploitations et le transport com- Email: [email protected] Prince. patibles avec la sauvegarde de l'environnement.
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