Bouanani El Idrissi Jalila: Revue Française D'economie Et de Gestion
Bouanani El Idrissi Jalila: Revue Française D'economie Et de Gestion
Bouanani El Idrissi Jalila: Revue Française D'economie Et de Gestion
Economic recovery during the state of health crisis COVID 19: Impact
study on the activity of industrial companies in Morocco
LADRAA Salwa
Docteur en Sciences de Gestion
Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Marrakech
Université Cadi Ayyad-Maroc
Laboratoire de Recherche et d’étude en Qualité, Marketing, Management des PME et
Transfert de Technologie (L-QUALIMAT)
[email protected]
Résumé
La crise liée à la propagation du Covid-19 a eu un impact considérable sur l’économie
mondiale. En effet, cette crise sanitaire n’a pas tardé à se transformer en une réelle crise
économique, appelant ainsi les gouvernements à faire preuve de vigilance mais également de
flexibilité afin de s’adapter à ce contexte instable.
Au Maroc, l’état s’est mobilisé en proposant différentes mesures dès le début de la crise
sanitaire afin de minimiser l’impact de cette pandémie et de préserver la stabilité sociale d’un
côté et le maintien d’une activité économique stable d’un autre, et ce malgré le ralentissement
que celle-ci a connu.
Ainsi, le présent article cherche à explorer la relance économique pendant l’état de crise
sanitaire COVID-19 au Maroc. Pour ce faire, une étude exploratoire visant 5 entreprises du
secteur industriel a été conduite afin de mettre la lumière sur les l’impact des mesures
entreprises par l’état marocain pour faire face à cette situation de crise.
Mots clés :
Crise sanitaire ; Covid 19 ; Impact économique ; Entreprises industrielles ; Maroc.
Abstract
The crisis linked to the spread of Covid-19 has had a considerable impact on the world
economy. Indeed, this health crisis soon turned into a real economic crisis, calling on
governments to be vigilant but also flexible in order to adapt to this unstable context.
In Morocco, the state has mobilized by proposing various measures from the beginning of the
health crisis in order to minimize the impact of this pandemic and to preserve social stability
on one hand and the maintenance of stable economic activity on the other, despite the
slowdown it has experienced.
Thus, this article seeks to explore the economic recovery during the state of health crisis
COVID-19 in Morocco. To this end, an exploratory study targeting 5 companies in the
industrial sector was conducted in order to shed light on the impact of the measures
undertaken by the Moroccan state to deal with this situation.
Keywords:
Health crisis; Covid 19; Economic impact; Industrial enterprises; Morocco.
Introduction
Déclenchée à Wuhan capital de la province du Hubei dans la Chine centrale en Décembre
2019, le corona Virus a atterrit au Maroc en Mars 2020. La crise actuelle a eu des retombées
conséquentes sur la situation économique et sociale du monde entier, et continue toujours de
générer des conséquences tant que la situation n’est pas encore maitrisée.
Le Maroc n’a pas été épargné de ces retombées, d’un point de vue macro-économique,
l’ensemble des indicateurs ont fortement régressé dégageant ainsi, un déficit budgétaire très
prononcé, une augmentation de la dette publique, une aggravation de l’écart de la balance de
paiement et une chute drastique du Produit Intérieur Brut et des réserves en devise de l’année
2020.
Aussi, beaucoup d’entreprises de service ou de production opérants dans différents secteurs
tels que le secteur touristique ou industriel ont été en arrêt provisoire ou définitif engendrant
une baisse voir un arrêt d’activité et par conséquent beaucoup de pertes d’emploi.
Afin de faire face à cette situation compliquée, l’Etat Marocain n’a épargné aucun effort dans
sa gestion de la première phase de cette pandémie. Des décisions rapides et fermes ont été
prises, ce qui lui a permis d’être classé parmi les premiers pays à avoir bien géré cette crise et
qui ont consacré le plus de moyens financiers rapportés au PIB.
Un comité de veille économique a également été constitué dans le but de discuter et de
décider les différentes mesures à entreprendre afin de préserver la situation économique et
sociale du pays contre cette pandémie.
C’est dans cette logique que nous avons choisi de mener une étude exploratoire du terrain
marocain afin de répondre à la problématique suivante :
« Quel est l’impact de la crise sanitaire du COVID 19 sur l’évolution de l’activité des
entreprises industrielles au Maroc ? Et comment celles-ci ont pu profiter des mesures
entreprises par l’Etat ? »
Pour ce faire, nous allons commencer notre article par une présentation des impacts macro et
micro-économiques de la crise sanitaire du COVID 19 sur l’économie marocaine, ensuite
nous exposerons un état des lieux des mesures entreprises par le Maroc pour faire face à cette
situation crise. Finalement nous présenterons une étude qualitative exploratoire portant sur
échantillon de 5 entreprises opérantes dans le secteur industriel pour mieux cerner et répondre
à notre problématique de départ.
1. Revue de la littérature
1.1.L’impact économique de la crise du COVID 19 sur l’économie marocaine
Selon une étude menée par la délégation de l’Union Européenne le 26 Mars 2020 portant sur
l’impact économique du COVID 19 au Maroc, l’économie marocaine a souffert des
retombées de cette pandémie.
D’un point de vue macro-économique tous les agrégats économiques affichent une régression
qui ne fait que s’aggraver au fil du temps. On parle notamment de :
o Une baisse de la croissance marocaine de 3,8% à 2,3% soit une baisse de 39,47%,
tandis que le centre marocain de conjoncture prévoit une croissance limitée à 0,8% en
2020 ;
o Une dégradation du PIB estimé à -3,8 points, soit une baisse de 10,9 milliard de DH
au second trimestre 2020
o Une baisse d’exportation de 22,8% au lieu d’une estimation d’augmentation de 1, 1,%
o Une aggravation du déficit de la balance commerciale soit une augmentation de 23,8%
à la fin du premier trimestre 2020.
D’un point de vue sectoriel les principaux secteurs touchés sont :
- le tourisme avec 94% des établissements hôteliers classés qui étaient en arrêt jusqu’à fin
Mai 2020, la perte estimée de ce secteur est de 34 milliard de dh en 2020 en termes de Chiffre
d’Affaire touristique global, et 14milliard de Dhs du CA pour l’hôtellerie soit une perte de
98% des touristes.
- le transport aérien avec une perte de 4,9 millions de passagers et un manque à gagner 728
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Revue Française d’Economie et de Gestion
ISSN : 2728- 0128
Volume 1 : Numéro 2
Selon l’étude menée par le Haut-Commissariat au Plan1 au 1er Avril, 142 000 entreprises soit
57% des entreprises au Maroc ont arrêté leur activité. 3% de ces entreprises ont procédé à
un arrêt définitif soit 6300 entreprises contre 54% ont arrêté temporairement leur activité soit
un total de 135 000 entreprises.
Les secteurs les plus touchés par cette crise et ont subi les conséquences d’arrêt de leur
activité sont comme suit : Le secteur d’hébergement et la restauration viens en tête de liste
avec un taux de 89% d’entreprises en arrêt suivi des secteurs d’industries textiles et du cuir et
les industries métalliques et mécaniques avec des taux de 76% et 73%, respectivement, enfin
le secteur de construction qui vient en dernier lieu avec un taux de 60% d’entreprises en arrêt.
1
Haut-Commissariat au Plan ; -
; Avril 2020.
Le graphique ci-dessous montre en détail la répartition des 57% des entreprises en arrêt
définitif ou provisoire selon leur secteur d’activité.
Graphique 1 : Proportion des entreprises en arrêt provisoire et définitif par secteur
d’activité
En ce qui concerne les entreprises qui sont restées en activité et qui représente 43% du total
des entreprises au Maroc, elles ont été influencées directement ou indirectement par cette
crise. Ceci s’est traduit par la perte d’emploi, la baisse de production, et la dégradation des
exportations pour les entreprises exportatrices.
- Conséquences sur l’emploi : 27% des entreprises en activités ont réduit temporairement ou
définitivement leurs effectifs. Les secteurs les plus touchés par les pertes d’emplois sont le
secteur des services 34% suivi du secteur industriel 27%, puis les secteurs de construction et
de commerce avec des taux de 23% et 16% respectivement.
- Conséquences sur la production : sur les 43% des entreprises restant en activité qu’elles
soient des TPME ou Grandes entreprises, nous constatons qu’en moyenne 40% des
entreprises ont connu une baisse de de 50% et plus de leur production afin de s’adapter aux
conditions imposées de la situation. Tandis qu’en moyenne 10% d’entreprise ont réduit leur
activité mais une réduction de moins de 50%. Les secteurs qui ont connu le plus de baisse de
production sont comme suit : le secteur de construction 62%, suivi du secteur de services
54%, ensuite le secteur d’industrie 46% et finalement le secteur de commerce 41%.
- Conséquences sur les entreprises exportatrices : Le secteur d’exportation est considéré un
des secteurs les plus touché par cette pandémie à cause des restrictions mise en place par la
majorité des pays au niveau international. Après même pas un mois de la fermeture des
frontières, seul le 1/3 des entreprises exportatrices marocaines sont resté en activité mais avec
une baisse de production. Ce qui a engendré une perte de plus de 133 000 emplois ce qui
représente 18% du total des emplois réduits tous secteurs confondus.
1.2. Les mesures entreprises par l’Etat pour gérer les retombées de la crise
sanitaire
Le Maroc a été parmi les premiers pays à déclarer l’état d’urgence sanitaire et à imposer le
confinement. Cette décision rapide s’explique par le fait que l’Etat a tiré des leçons des
expériences des autres pays voisins. Conscient de la gravité de la situation et de
l’importance des mesures proactives afin d’anticiper les conséquences sur le court, moyen
et long terme de cette pandémie sur l’économie marocaine, le gouvernement marocain a
mis en œuvre plusieurs initiatives amortir le choc de cette crise d’accélérer la reprise de
l'activité économique nationale.
2. Etude exploratoire
Nous avons choisi de nous rapprocher du terrain à travers une étude exploratoire concernant
des entreprises marocaines issues du secteur industriel. Une approche qualitative sera adoptée
2
f f b g 2020 : Note de présentation
Notre guide d’entretien semi-directive est composé de 8 questions (Annexe 1) qui se sont
réparties en deux thèmes principaux :
L’impact de la crise sanitaire sur l’économie marocaine et sur l’entreprise ;
Les mesures entreprises par l’état marocain pendant la crise sanitaire.
3 entretiens ont été conduits par téléphone, le contexte restrictive de la crise sanitaire nous a
imposé ce mode d’entretien qui s’est révélé être le plus adéquat au vu des circonstances,
tandis que les deux autres ont été conduits en face à face en prenant en compte les mesures
sanitaires préconisées.
Aussi, nos entretiens ont pris place pendant la période allant du 1er Juin au 30 Juin 2020, et
leur durée était de 10 à 20 minutes.
En ce qui concerne le traitement de nos données, nous avons opté pour l’Analyse de contenu
manuelle. Cette méthode a pour objectif de rendre compte des dits des interviewés de la façon
la plus objective.
2.2.Résultats et discussions
Tous nos interviewés ont qualifié la situation actuelle d’état de crise qui a causé une récession
économique. En effet, et malgré leur activité qui a continué pendant la période de crise, ils
notent une baisse du chiffre d’affaire et d’activité allant de 20% à 50%.
Nos cinq interviewés ont également souligné que le niveau d’impact de la pandémie dépend
du type d’activité : « Pour le secteur cimentier, l’impact s’est fait ressentir pendant la
première et la deuxième période de confinement à cause de l’arrêt partiel de l’activité de
construction surtout pour les grands chantiers structurés qui ont arrêté leur activité pendant
cette période, et dès la fin du confinement, la demande du ciment a rapidement repris »
(Répondant 2).
Aussi, trois de nos répondants ont mentionné l’impact de la crise sanitaire sur les différents
éléments managériaux tels que l’adoption du télétravail, la façon d’interagir avec leurs parties
prenantes, avec un constat d’un effet de dématérialisation et de digitalisation accélérée des
processus : « Cette crise a poussé les entreprises à repenser la vie, la consommation, et le
travail» (Répondant 1).
Quant aux mesures entreprises par l’Etat, les 5 entreprises n’ont en pas bénéficié car leur
chiffres d’affaires n’a pas été impacté en comparaison avec d’autres entreprises du secteur
industriel et notamment celles qui ont été contraintes d’arrêter leur activité pendant cette
période : « Nous n’avons pas bénéficié de l’aide étatique malgré le ralentissement de
l’activité et baisse de la demande client. Mais malgré tout, nous n’avons pas été gravement
touché par cette crise en comparaison avec d’autres entreprises » (Répondant 5).
Aussi, et quoique ces mesures soient louables pour l’ensemble nos interviewés, ils considèrent
à l’unanimité qu’il faudrait consolider ce volet et notamment pour les TPE et PME, afin que
l’état puisse jouer pleinement son rôle de régulateur : « Il faudrait venir en aide aux petites
structures car ce sont celles qui ont le plus souffert de cette crise. L’état doit s’engager à
leurs côtés afin de garantir une relance saine » (Répondant 3).
Deux de nos répondants évoquent la nécessité de la baisse des charges fiscales (baisse des
taux d’IS et de TVA pendant cette période de crise afin d’alléger les entreprises.
En ce qui concerne les axes de développement post crise, nos cinq interviewés soulignent la
nécessité d’investir dans des éléments managériaux tel que :
Digitalisation ;
E-learning ;
Conclusion
Le secteur industriel marocain a souffert des répercussions de la crise liée au Covid-19,
malgré le fait que les spécialistes concèdent que ce dernier a été moins touché que d’autres
puissances mondiales et ce, grâce aux efforts entrepris par le gouvernement marocain sous
l’égide du Roi Mohammed VI pour lutter contre cette pandémie. En effet, l’Etat marocain a
entrepris des mesures afin de relancer ce secteur névralgique en proposant notamment des
aides aux entreprises impactées par cette crise.
Aussi, et malgré ces initiatives, différents opérateurs du secteur estiment que ces mesures sont
insuffisantes pour garantir une relance solide pour l’économie globalement et pour l’industrie
spécifiquement.
En 2021, les finances publiques devraient subir des pressions budgétaires et cela suite à une
baisse des recettes fiscales impactées principalement par des résultats en repli des entreprises
marocaines, menaçant ainsi le budget alloué à la relance économique.
Aussi, lors du discours royal du 29 Juillet 2020, sa Majesté le Roi Mohamed VI a évoqué la
mise en place d’un plan de relance économique pour le pays. Le souverain a annoncé
l’injection de 120 milliards de DH, soit l’équivalent de 11% du PIB. «Ce taux inscrit le
Maroc parmi les pays les plus audacieux en matière de politique de relance économique post-
crise».
Ce fond d’investissement permettra donc de créer une vague de relance économique tout
secteur confondus au niveau du royaume chérifien : «Nous avons estimé qu’un Fonds
d’investissement stratégique devait être créé pour remplir une mission d’appui aux activités
de production, d’accompagnement et de financement des grands projets d’investissement
public-privé, dans une diversité de domaines».
D’un point de vue managérial, il faudrait également souligner l’importance d’une mise à
niveau quant aux outils de travail utilisés par les entreprises marocaines. La crise sanitaire a
également mis à l’épreuve le fonctionnement managérial des entreprises avec la digitalisation
imposée. Ce mode exigé par les dictats de cette crise a poussé les entreprises marocaines à
repenser leur modèle de management en s’ouvrant sur les nouvelles technologies et
notamment en adoptant le télétravail ou le travail à distance.
Aussi, l’état est appelé à mettre en place un accompagnement solide doublé d’une
communication transparente. La sensibilisation à ce changement permettra de rassurer les
acteurs économiques et d’accompagner la transition numérique.
En effet, la mise en place d’une communication envers les différentes parties prenantes aura
pour objectif de « manifester un haut niveau d’empathie et d'authenticité et de montrer au
consommateur qu’on comprend sa douleur, et d’arrêter toute diffusion automatisée » (Amin et
Ouahi, 2020) pourrait instaurer un lien de confiance avec les différentes instances de l’état et
permettre une réelle relance économique.
Bibliographie
AMIN. R. & OUAHI.L. (2020),«Covid-19: L’impact sur les banques et le rôle des
médias sociaux dans le marketing bancaire. Cas des banques commerciales au
Maroc», Revue Internationale des Sciences de Gestion «Volume 3: Numéro 3» pp
:91-117
Discours de sa Majesté le Roi Mohammed VI, Fête du trône, 29 Juillet 2020.
Eisenhardt, K. (1989). Building Theories from Case Study Research. The Academy of
Management Review, 14(4), 532-550. Retrieved August 11, 2020, from
www.jstor.org/stable/258557
Haut-commissariat au plan (2020), « Rapport sur les Principaux résultats de l’enquête
de conjoncture sur les effets du Covid-19 sur l’activité des entreprises », Avril 2020.
Ministère de l’économie et des finances (2020), « Projet de loi de finance rectificative
pour l’année budgétaire 2020 », Note de présentation. Juillet 2020.
Ministère de l’économie des finances et de la réforme des administrations (2020), «la
CCG lance la "garantie autoentrepreneurs covid-19 » Avril 2020.
Annexes
Guide d’entretien
6. Selon vous, faudrait-il entreprendre d’autres mesures pour atténuer l’impact du COVID
19 sur le secteur d’activité de votre entreprise ?
7. Que pensez-vous des initiatives entreprises par l’Etat ? sont-elles suffisantes ? Pensez-
vous que l’Etat a rempli son rôle de régulateur ?
8. A votre avis, Quels sont les axes de développement liés à votre activité dans les prochains
mois ?